Ubarhy Naash
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Le plan de mon compagnon semblait infaillible concernant notre relation aux yeux du grand publique. Il avait raison, les plus gros mensonges sont souvent ceux qui passent le mieux et j’acquiesçait donc avec un sourire rassuré. Je ne fis pas de cas des latents reproches à ses collègues que je comprenais ne pas être haut dans l’estime du docteur, après tout je ne connaissais pas grand-chose à ce monde huppé où tous jouent la mascarade.

- D'accord, tu me semble sur de toi, je suivrai ce plan. Suite à la flatterie de mon interlocuteur, je souris de plus belle en ajoutant : Il me fera plaisir d’illuminer jours et nuits pour vous mon cher.

Le déjeuner terminé, au bras de mon compagnon sous mes atours féminins, j’assistais à une scène qui, n’eut été de mes bonnes manières, m’aurait fait éclater de rire. La réceptionniste, charmée par le mystérieux docteur aux gestes suaves, s’empressait de suivre chacune de ses directives comme l’aurait fait un petit animal de compagnie cherchant l’accréditation et l’amour de son propriétaire. Cette danse pathétique était menée d’une main de maître par mon camarade qui semblait en connaître chacun des pas par cœur. Il aurait pu la faire se jeter dans une fosse infestée d’Akul pour ses beaux yeux, j’aurais parié ma paye que la jolie réceptionniste n’aurait même pas regardé en bas avant de sauter. Impressionnant comment la confiance est corrélée avec un visage que l’on trouve attirant. Or, là n’était pas ce que j’avais trouvé le plus comique. La vraie hilarité se trouvait dans le regard perçant qu’elle m’avait jeté comme si j’étais un obstacle à ses rêves de procréation. Ha, elle était mignonne à vouloir éradiquer la concurrence dans les quelques menues secondes où nous avions fait connaissance. Enfin, où elle avait fait connaissance avec mon bras entrelacé à celui de son beau mâle plus précisément.

Malgré ma folle envie de pouffer de rire alors que le dialogue s’enfonçait dans un ridicule grotesque pour la pauvre humaine, je gardais simplement mon joli sourire sans dire mot, savourant la scène comme je l’aurais fait au théâtre.

- Quel acteur, soufflais-je finalement lorsqu’il prit congé de la damoiselle en un aimable au revoir, impressionnante performance.

Le taxi qui nous attendait nous mena finalement devant une allée marchande, suivant d’un même pas mon cher docteur vers la première boutique. À peine avait-on mis le pied dans le magasin que déjà un homme svelte dans des vêtements sans doute taillés sur mesure nous accosta. Enfin, je dis « nous », mais j’aurais pu faire parti des meubles et le directeur ne m’aurait pas accordé plus d’attention. C’est bien le docteur Lokred qu’il était venu voir et personne d’autre, je retrouvais donc mon siège confortable dans mon esprit pour assister à cette nouvelle pièce de théâtre qui venait de commencer. Lui avait de toutes autres intentions face au vénérable médecin, lui faisant une danse nuptiale non pas pour les amours, mais bien pour le déplumer autant que possible.

Or, Torhyn fit comprendre à l'enthousiaste personnage bien vite qu’il dirigeait sa parade à la mauvaise personne ce qui manqua à nouveau de me faire pouffer. Je n’en laissais rien paraître, accueillant simplement ses compliments creux dans la plus grande indifférence, mais toujours avec le sourire de mise dans cette situation. Sacré Hollister, il n’avait pas manqué de culot pour me couvrir de si mièvres flatteries. À ses yeux, je vis tout de suite que je n’étais là qu’un bibelot à embellir pour que mon homme puisse se pavaner avec plus d’ardeur et d’assurance. À quoi d’autre pouvait bien servir une femme de toute façon? Qui plus est une porteuse de Lekku! Il me faisait bien rire, ce Hollister.

- Merci pour ce chaleureux accueil, monsieur. Il me fera grand plaisir d’essayer les parures que vous avez à offrir.

Il appela finalement ses esclaves -n’allez pas me faire croire qu’on appelle des employés en claquant des doigts- pour venir à moi et je m’engouffrais dans une spacieuse cabine d’essayage avec les deux Twi’lek portant robes et soies. Un peu plus loin des oreilles indiscrètes, je m’adressais aux deux femmes dans un murmure.

- Bonjour, heureuse de faire votre connaissance, je m’appelle Naasha et vous?

Les yeux des deux Twi’lek s’étaient écarquillés à ma demande, comme si j’avais parlé dans une autre langue.

- Hem… Je suis Danya, répondis finalement la plus grande d’un air gêné avant de pointer la seconde. Elle c’est ma sœur, Losha. Enchantée.

Un sourire, franc cette fois-là, illumina mes lèvres à cette réponse. De se faire considérer comme des êtres égaux semblait manquer à ces pauvres filles qui devaient travailler d’arrache-pied pour gagner un salaire de crève-faim là où une humaine aurait eu une paye tout à fait respectable. C’était courant pour les races peu représentées de se faire exploiter, je connaissais bien ce problème et encore plus lorsqu’une situation de domination se trouvait entre le client ou l’employeur et l’employé. Avec mon métier, j’en connaissais un rayon là-dessus. C’était pourtant si simple de demander leurs noms à ces gens, de les faire exister comme autre chose que par leur fonction de soubrettes. Je savais bien que ça ne mettrait pas plus de pain sur leurs tables, mais au moins je pouvais rendre leur labeur moins pénible.

- Excellent, et bien je pense avoir besoin d’un coup de main pour enfiler ces tenues. Danya, voudriez-vous disposer de mes vêtements actuels? Losha, la robe pourpre que vous tenez est ravissante, je voudrais bien commencer par celle-ci.

Les femmes habiles se mirent alors au travail, ne remarquant pas, ou ignorant, mes prothèses comme si rien n’était. Chacune des robes avaient un style très différent et je paradais toujours quelques secondes devant les yeux souvent occupés de mon compagnon ainsi que sous le regard toujours plein de bons mots du directeur du magasin. Au final, trois robes permettant à ma coiffe de passer et ne détonnant pas trop avec ma couleur de peau sortirent du lot. Une rouge, une noire et une bleue.

- Laquelle me sied le mieux chéri? As-tu eu un coup de cœur? minaudais-je en prenant le rôle qu’on m’avait attribué dans cette comédie. Ou as-tu vue une autre robe parmi les étals qui m’irait mieux que celles-ci? Je te laisse le choix, c’est toi qui vas me regarder après tout.

Mon envie de plaire à Torhyn étant sincère, tout le flafla autour l’était beaucoup moins. C’était davantage pour bien m’intégrer au décor, afin que mon cher Hollister ne se sente pas trop menacé dans son détestable empire de la soumission.

Torhyn Lokred
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Naasha – je l’appelais ainsi puisqu’elle avait endossé ce rôle – m’avait complimenté sur ma capacité d’acteur. Elle était futée. Elle avait donc bien repéré mon manège. C’était amusant de rencontrer quelqu’un qui avait suffisamment de sens de l’observation de de plomb dans la cervelle pour s’en rendre compte. Elle me rappelait He’Thu à cet instant. Et cela me confortait pleinement dans mon choix de m’associer pour quelques jours à cette jeune Togruta.

Assis dans un des fauteuils de la boutique, je suivais l’extraordinaire et ravissant ballet des essayages de ma « moitié ». En même temps je prenais connaissance des données que m’envoyaient mes collègues du Symposium. Un exercice assez amusant. J’hochais la tête avec un grand sourire pour signifier que la pièce était intéressante. Dans le cas contraire je secouais la tête négativement en pinçant des lèvres. De temps en temps ma tête oscillait de droite à gauche, pour montrer mon indécision devant une tenue.

Le directeur s’était approché de moi. Je ne lui accordais même pas un regard, plongé dans mon travail sur mon datapad.

- Alors Docteur, comment cela se passe ? Bien je crois ?

- Je crois qu’il va falloir davantage de flatterie.

- Très bien monsieur…Hrem. Vous êtes bel homme et vous avez le génie, je ne me trompe pas dès que je vois quelqu’un comme vous qui…

- Hollister ?

- Oui monsieur ?

- Pas moi… je désignais Naasha : elle.

- Ho…bien sûr monsieur !

Et la séance d’essayage se poursuivait. Finalement Naasha m’interpela pour que je donne mon avis entre trois robes. Elles étaient toutes magnifiques. Mais…devant son hésitation, il me fallait trancher. Je devais bien avouer que la rouge était magnifique. Je trouvais la bleur belle mais un peu fade… Je me levais, sans quitter des yeux la jeune Togruta…affichant toujours mon sourire radieux. Je me tournais vers Hollister :

- N’auriez-vous pas ce modèle rouge en noir ?

Chiant ? Moi ? Pensez-vous.

Je venais de mettre ce pauvre petit humain dans l’embarras et immédiatement son reflexe fut de se reporter sur ses « assistantes » twi-leks. Elles se précipitèrent en réserve pour enfin revenir avec le « Graal ». L’objet de mon désir. J’avais invité Naasha à la passer pour un dernier « test ». Elle était superbe dedans. Je lui donnais également l’occasion de se sélectionner une belle paire de chaussures pour compléter sa tenue.

La séance shopping terminée, nous revîmes à l’hôtel avec nos précieux achats. Puis j’avais invité la demoiselle à se restaurer dans un petit restaurant non loin de l’hôtel. Mais les bonnes choses étaient de courtes durées. Et avisant l’heure, je devais me résoudre à m’arracher à la délicieuse compagnie de ma « moitié ».

- Je suis désolé. Mais je dois y aller. Sans quoi ils vont m’arracher définitivement la tête. Tu as quartier libre pour ton après-midi. Profites-en pour faire ce que tu veux. Je reviendrai en fin d’après-midi. Le temps d’une douche et de me vêtir, avant d’aller à la soirée.

J’avais pris congé, non m’être penché au-dessus d’elle pour lui voler un doux baiser. Puis je m’étais fait conduire au lieu du symposium. Je fus acceuillis avec un mélange d’acidité et de soulagement.

- HA ! Docteur Lokred. Quel honneur.

- Messieurs, navré de mon retard.

- Vous avez manqué…

- Rien du tout. J’ai reçu toutes les données de ce matin et j’ai eu le temps de les analayser. Nous pouvons commencer.

Les autres me regardèrent avec surprise. Ils ne soupçonnaient pas ma formidable capacité d’analyse grâce à mon palais mental. J’avais encore une fois briller par ma méthode peut…commune. Mais j’y était habitué désormais.





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Torhyn avait donc jeté son dévolu sur la coupe de la robe rouge, mais préférait le noir allant sans doute mieux avec ma peau terreuse. J’acquiesçait à cette décision, voyant Losha et Danya accourir de l’autre côté d’une petite porte en bois pour finalement revenir avec l’habit tant attendu. Paradant une dernière fois avec l’objet de son désir, j’appréciais également l’élégance délicate du tissu qui restait somme toute assez discret. C’était parfait pour moi, et c’est donc avec un sourire satisfait que je revins de la salle d’essayage avec la robe sous le bras.

- Ce choix me va à merveille, merci de m’avoir accompagné pour cette cession magasinage chéri!

Et sur ces mots pleins d’entrain, je reparti entre les rayons pour me faire conseiller par Losha sur une paire de soulier adéquat avec la robe en question. Le seul problème était que tout ce qu’elle me montrait impliquait des talons extravagants. Or, bien que je portais des chaussures à cet instant pour bien paraître au près de mon compagnon, je n’avais pas du tout l’habitude d’avoir les pieds couverts et encore moins des talons hauts. Ce trait était hérité de ma culture, on disait dans ma tribu que le Shili’neh grriva émanait de la terre et des vents et devait pouvoir nous traverser pour nous transmettre son énergie. C’est pourquoi je n’avais pas pris l’habitude de me chausser, mais vu la situation j’allais difficilement pouvoir y échapper.

C’est donc à regret que je choisis une paire d’escarpin noirs aux talons s'élevant à environ cinq centimètres du sol sans laisser paraître mon léger malaise. Lorsque je les enfilais, je senti mes genoux devenir plus chambranlants, ma posture complète étant affectée, mais je me consolais en me disant que je n’en avais que pour une soirée.

- Tout va bien milady?

Losha avait de suite remarqué ma démarche fort peu assurée dans ces nouveaux souliers. Au moins nous étions loin des deux hommes qui m’attendaient, je ne souhaitais pas que ni l’un ni l’autre ne me vois ainsi marcher comme un nouveau-né. Pour Torhyn, j’avais bon espoir de pouvoir me pratiquer discrètement lors de ses absences. Il n’y verrait que du feu!

- Oui tout va bien Losha, répondis-je finalement en lui remettant les charmants souliers, je vais les prendre et avec un peu de pratique tout ira pour le mieux.

Tirant notre révérence à ce cher Hollister nos emplettes terminées, retournant à l’hôtel pour rassasier nos appétits, mon compagnon m’annonça finalement devoir quitter pour rejoindre ses collègues. Je lui souhaitais donc une bonne journée alors qu’il m’embrassait en au revoir, puis lui envoya la main alors qu'il disparaissait de l’établissement. Je m’étais fait vite à cette nouvelle condition de fiancée, le souvenir de la veille où je dansais au casino en petite tenue me semblait bien lointain…

D’ailleurs, je devais aller voir Klyffa aujourd’hui. Je quittais donc l’hôtel avec le strict minimum, me revêtant de mes amples vêtements habituels pour filer vers le centre-ville. Je quittais les rues lumineuses pour les quartiers gris où vivaient le commun des mortels, passant à côté de poubelles renversées et de murs vandalisés sans que ça ne me rende vraiment inconfortable. J’étais habitué à la vie de bas étage. Tant que je pouvais dormir et me laver dans des endroits convenables, le reste du temps je pouvais bien le passer en côtoyant les ordures sans que ça ne me répugne.

Au bout de quelques longues minutes de marche, j’arrivais finalement devant le maigre appartement que Klyffa avait réussi à dénicher. De l’extérieur il ne payait pas de mine, mais dès qu’on déverrouillait la porte à l’aide de la carte de sécurité astucieusement cachée derrière une fausse pierre, on trouvait un endroit assez douillet et bien aménagé par la Twi’lek. Enfin, d’habitude.

- Klyffa, je suis rentrée! Dis-je en passant le pas de la porte. J’ai une très bonne excuse pour mon retard, tu ne me croiras pas, j’ai- me stoppant net dans mes explications et mon enthousiasme, je remarquais que personne ne m’attendait dans la maisonnée. Klyffa? Tu es là?

Ne m’attendant pas à revenir sur une maison vide, je fermais la porte et avançais un peu plus loin. Peut-être était-elle sortie faire des courses? C’était bien possible après tout. Cependant, les fleurs fanées au centre de la table et les mouches virevoltantes au-dessus du panier de fruit commencèrent à faire poindre une inquiétude en moi. Ce n’était pas son genre. Elle gardait toujours sa maison avec une propreté impeccable et s’occupait de ses plantes comme une mère s’occuperait de ses enfants. En regardant un peu plus loin, entrant dans sa chambre, je remarquais tout de suite que son lit n’avait pas bougé depuis que nous l’avions quitté. J’y retrouvais même l’un de mes soutien-gorge abandonnés sous les draps. Klyffa n’était donc définitivement pas revenu passé la nuit.

- Salut Klyffa, c’est Naasha. Hem, écoute, si tu reçois ce message communique avec l’hôtel « Le Palace », chambre 205. Je… je m’inquiète pour toi alors fait vite. Bisou.

J’avais coupé la ligne sur ces mots. J’avais la gorge serrée, mais pas le temps de me morfondre, je devais faire quelque chose. Au fil de mes recherches, chacun de mes nouveaux indices confirmait des théories auxquelles je ne voulais pas croire. Après quelques heures à courir dans tous les sens, d’appels infructueux et de veines questions au voisinage, je m’écroulais sur une chaise de la cuisine en fixant les fleurs mortes. De l’inquiétude naquit l’angoisse. Je devais me rendre à l’évidence. Klyffa avait disparu.

Torhyn Lokred
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- Alors ?

- Alors quoi ?

- Hier soir ? Vous avez conclu avec la jeune Togruta ?

Voila donc ce qui émoustillait mes « collègues » avec lesquels j’étais sorti hier soir. Savoir jusqu’où j’étais allé avec Naasha.

- Holala…répondis-je dans un soupir traduisant une forme d’épuisement. Mes pauvres amis…vous n’avez pas idée…

Ils prirent des airs surpris, et subitement une lueur de curiosité lubrique s’était illuminée dans leurs iris.

- Racontez-nous !

- Messieurs. Tous tressaillirent, je ne doute pas que les prouesses du Docteur Lokred puissent être fort passionnantes pour vous, mais la pause est terminée.

Nous quittâmes le coin café pour regagner nos groupes de travail. Le doute que j’avais semé dans leurs esprits les tourmentera certainement tout le restant de l’après-midi. Je me demandais ce qu’Ubarhy faisait de son après-midi. Je l’imaginais se reposer…Et je l’enviais presque. Moi qui était coincé ici.

- Docteur Lokred ?

- Hum ?

- Vous êtes avec nous ?

- Mais bien entendu…je vous en prie…Continuez.

- Trop aimable. Donc reprenons. La patiente X voit son état s’aggraver avec des troubles intellectuels intermittent, exactement comme ceux du langage.

- Vu les derniers symptômes il est clair que cela progresse dans le tronc cérébral. Bientôt elle ne pourra plus marcher, elle sera aveugle de façon permanant. Et son appareil respiratoire lâchera.

- On a combien de temps ?

- Si c’est une tumeur peut être un pois ou deux, si c’est infectieux, quelques semaines, si c’est vasculaire, là cela va aller très vite. Environs une semaine.

- En effet. Alors que proposez-vous ?

Il y eu un silence complet dans le groupe de travail. Finalement je répondis avec un calme des plus inquiétant :

- On va la regarder mourir.

- Quoi ?

- Mais…que voulez-vous dire ?

- Plus précisément on va regarder à quelle vitesse elle meurt. Chaque diagnostic a un calendrier précis, on regarde à quelle vitesse cela la tue, et on saura ce que c’est.

- Mais il se pourrait qu’il soit ensuite trop tard pour qu’on intervienne !

- Vous voyez autre chose ? Parce que moi là je ne vois pas…Mais allez-y je vous écoute ?

Il y eu à nouveau un long silence. Je venais d’apporter une solution qui ne faisait pas l’unanimité. Mais au moins c’était la seule plausible sur le cas présenté. Que c’était ennuyeux…

Je ne fus donc pas fâché de quitter tout cela en fin d’après-midi. J’étais resté des plus courtois et je n’avais insulté personne. Malgré mon idée quelque peu « crue », personne ne s’était insurgé contre moi. C’était une bonne chose. Je faisais des progrès ! A moins que ce ne soit en raison de la présence d’Ubarhy ?

Je revins à l’hôte, je fus accueilli par la standardiste qui m’expliqua avoir récupéré mon costule au pressing, selon mes instructions. Mon sourire lumineux vint la remercier. Je gagnais l’élévateur, les portes coulissèrent pour me céder le passage. Il y avait un couple dont la femme portait un nourrisson dans les bras. Ils me saluèrent et je leur rendis la pareille aimablement.

Mon regard s’attarda sur le bambin qui dormait paisiblement.

- Il est beau n’est-ce pas ?

- En effet, fis-je poliment, quoique je ne trouvais pas cet enfant plus ou moins beau…A cet âge, c’était difficile de juger.

- Allons ma chérie, il est forcement beau à nos yeux. C’est le nôtre.

- Oui…répondit-elle en rosissant.

- Ne vous sentez pas gênée, votre réaction est normale sur le plan biologique.

- Vous avez des enfants ?

- Non…J’avais dit cela avec plus de dureté que je ne l’aurai souhaité. La question s’était déjà naturellement posée. Mais à la réflexion que ferai-je bien d’un enfant ?

Le petit « ding » de l’élévateur me fit quitter mes pensées. J’étais arrivé à mon étage. Je pris congé du couple en leur souhaitant « bon courage, et mes félicitations ». En passant la porte de ma chambre, je cherchais des yeux Ubarhy tout en lançant à la cantonade :

- Je suis rentré ! Comment s’est passé ton après-midi ?









Ubarhy Naash
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J'étais resté le plus longtemps possible à l'appartement de Klyffa dans l'espoir de la voir franchir la porte. Je l'imaginais me faire quelques remontrances pour les paroles que je n'avais pas tenu, mais j'aurais préféré mille fois affronter son courroux et me jeter dans ses bras que d'être tourmenté par les noires présomptions du silence. Or, mon amie ne réapparut pas magiquement. Je n'avais pas droit à la salvation. Voyant l'heure filée, je laissais une demie douzaines de notes un peu partout dans la maison pour être certain qu'elle en trouve au moins un pour me contacter si elle venait à réapparaîte. Je jetais un dernier regard à l'appartement vide, les fleurs blanches ayant remplacées les tiges mortes au centre de la table, puis refermais la porte pour retourner à l'hôtel.

Arrivé à la chambre, je m'étais de suite dirigé vers la douche. L'eau chaude et la vapeur m'enveloppaient comme des bras réconfortants, mais malgré ma tentative de laver -en quelque sorte- mon esprit, je n'arrivais pas à dissiper le noeud logé dans mon ventre. Cepenant, ce long moment de réflexion me permis d'aborder un autre sujet avec moi-même; Torhyn. Que devais-je faire? Lui en parler ou non?

Pesant le pour et le contre de ces deux choix en nettoyant minutieusement mes lekkus, j'entendis au-dela des eaux et des portes closes un son qui me mit en alerte. Tout ouïe, attendant la confirmation de mes espoirs, la mélodie du communicateur de service retentit de nouveau. Ni une ni deux, je bondis hors de la douche, ne prenant même pas la peine d'enfiler une serviette, le coeur battant la chamade. Je répondis en toute hâte :

- Klyffa? C'est toi??

Silence. Ce silence n'augurait rien de bon. Le sourire plein d'espoir qui s'était dessiné sur mes lèvres s'évanouit aussi vite qu'il était apparut alors que j'entendais le toussotement gêné, puis une voix bien familière.

- Bonsoir mademoiselle, c'est la réception, vous direz au doteur Lokred que ses habits sont prêts a être récupérés.

Silence.

- Mademoiselle?

Je n'avais pas la force de répondre. L'eau chaude ruisselant sur mon corps avait tiédi. Un frisson me parcourut l'échine et je regagnais la douche d'un pas pesant après avoir coupé la communication. Le choc de mes espoirs réduient en miettes avait fait se serrer mon coeur meurtri par les doutes. Un premier hocquet me secoua en repensant au visage de ma belle amie perdue. Mes yeux se remplirent de remords et bientôt il fut impossible de discerner les larmes de l'eau douce. Le sel sur mes lèvres m'accompagnait comme l'Atropa, les pleurs incontrôlés calmant mon mal être à coups de violents soubresauts. La douche fut longue, interminable.

Finalement, j'en sorti en ayant pris ma décision. Je camouflais abilement les traces des derniers évènements avec mon maquillage, me regardant longuement dans le miroir en souriant comme si rien ne s'était passé. Après tout, Torhyn payait pour un service d'escorte, pas pour entendre des lamentations. J'allais donc être proffessionnel, enfouir mes tracas le temps de notre entente et profiter de mes temps solitaires pour mener discrètement l'enquête. Sur mes lèvres, j'appliquais la touche finale, une pincée d'Atropa pour m'aider a soutenir mes décisions. Puis, à mieux y réfléchir, j'en ajoutais une demie dose suplémentaire pour la chance.

C'est à ce moment que Torhyn entra d'un air joyeux dans notre chambre. Je sorti la tête de la salle de bain pour l'accueillir, cachant la poudre d'atropine parmis les autres phares dans ma trousse de maquillage.

- Bon retour! dis-je en souriant, j'ai passé du bon temps, j'en ai profité pour explorer un peu la ville. J'aurais presque pu me croire tant je mentais avec conviction, mais de dissimuler des informations était devenu naturel chez moi. Et toi? Tu as trouvé les présentations intéressantes? J'ai pris un peu d'avance, ne me reste qu'a enfiler mes habits pour te suivre à la soirée.

Torhyn Lokred
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- Ce ne fut pas inintéressant. Mais tellement prévisible. Je vais prendre une douche rapide, ils m’ont donné quelques sueurs froides. Ce ne sera pas long.

J’avais gagné la salle de bain, arborant un sourire charmant à l’intention d’Ubarhy. Je déposais un furtif baiser sur sa joue, pour ne pas ruiner son maquillage. Puis je me dévêtis rapidement, sans une once de pudeur. Puis j'entrais dans la cabine de douche et profiter de la chaleur de l’eau qui s’écoulait sur mon corps qui s’était crispé d’agacement tout au long de la journée. Mes cheveux étaient relevés et n’avaient nul besoin d’être lavés de nouveau.

Ce fut rapide et efficace. Mon costume, qui avait été nettoyé et soigneusement repassé, m’attendait, étalé sur le lit. En quelques minutes j’étais fin prêt. Je me présentais devant Ubarhy.

- Qu’en penses-tu ? Il en avait profité pour terminer de se préparer. Mes iris bleutées le détaillaient avec attention, et admiration. Il était impressionnant de voir comme le jeune Togruta était capable de passer d’un genre à l’autre avec aisance tout en étant parfaitement convainquant. Je restais quelqu’un instant sans voix…avant d’être en mesure de formuler : Waw…Tu es vraiment magnifique !

Cette robe lui allait à ravir ! Un costume plus masculin ne l’aurait pas déplu, je n’aurai eu aucun problème à m’afficher avec sa partie plus masculine. Mais je respectais son choix ! Avec un sourire et des étoiles plein les yeux, je lui donnais mon bras :

- Nous y allons ? Je viens d’apprendre que le cocktail de ce soir sera au casino Merdian. Nous ne serons pas en terrain inconnu.

Le taxi que j’avais commandé nous attendait. Et il ne nous fallut pas longtemps pour rejoindre le lieu où nous nous étions rencontré la veille. Nous fûmes accueillis par un foutu droïde de protocole qui jouait les majordomes.

- Bonsoir, venez-vous pour la soirée des scientifiques du symposium des maladies infectieuses ?

- En effet.

- Quel est votre nom ?

- Docteur Torhyn Lokred, avais-je claqué un peu sèchement…Saleté de droïde.

- L’analyse de mes fichiers m’indique que vous êtes bel et bien sur la liste docteur. C’est à l’étage, dans le salon de réception.

Je ne pris même pas la peine de le remercier et entrainais ma compagne en direction d’un des deux énormes escaliers qui partait de chaque côté de l’entrée pour se rejoindre sur le perron de l’étage. Il y avait d’autres salles de jeux plus privatives, mais aussi des salons de réceptions pour accueillir les soirées comme celle qui nous attendait.

- Ha ! Lokred !

- Vous voila !

En entrant dans l’immense salle à la décoration tout aussi exubérante que le reste du casino, nous fûmes immédiatement « harponnés » par mes « amis ». Il y avait beaucoup d’invités, entre les organisateurs, mais aussi les participants du symposium, sans oublier les têtes pensantes et émérites du monde Scientifique de Raltiir.

Mes trois pots-de-colles réguliers étaient tous accompagnés de leurs dulcinées. Quand ils portèrent leur regard sur Naasha, ils eurent un temps d’arrêt…un doute…le silence…puis l’un d’entre eux commença :

- Mais…heu…n’est-ce pas la jeune personne que…

- Mais oui, poursuivis un autre.

- C’est la jeune demoiselle que vous avez rencontré hier soir ? acheva le suivant.

Je souris aimablement…un peu énigmatique.

- Messieurs, qui a dit que nous ne nous connaissions pas ? Ils me fixèrent sans comprendre. Vous avez supputé que mademoiselle m’était inconnue. Pourtant, je l’ai immédiatement emmenée boire un verre pour mieux profiter de sa présence. Pas de réaction de mes collègues visiblement sous le choc. J’assenais le coup final : hé bien quoi ? Vous estimez qu’un médecin ne peut être en couple avec une artiste ? Il y eut le résultat escompté, et tous se confondirent en excuse, d’autant plus qu’ils n’avaient pas été avares de sous-entendus douteux la veille. Ils se précipitèrent vers Naasha pour prendre sa main à tour de rôle et la saluer comme il se devait dans la bonne société.

- Par les étoiles ! Je suis confus, mademoiselle ! Nous avions bêtement cru…Et vous êtes si ravissante !

- Bien entendu Docteur Lokred…vous êtes en couple avec qui vous souhaitez…Il n’y a pas de sot métier après tout…

- Permettez nous de vous présentez nos compagnes.

J’avais répondu au salut de chacune d’entre elle par un doux sourire charmeur, baisant la main de chacune d’en elle en les complimentant personnellement. Elles avaient porté leur attention sur Naasha. Peu d’entre elles pouvaient rivaliser en grâce et beauté ce soir…










Ubarhy Naash
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Lorsque Torhyn s’éclipsa dans la douche, j’allais m’assoir lourdement sur le lit quelques secondes. Il fallait que j’occulte mes pensées personnelles, après tout, je pourrais investiguer davantage en ayant quelques sous en poche une fois ce contrat terminé. À cette pensée, je surpris mon regard fixé sur le communicateur de service. Un soupire plus tard, j’étais à nouveau debout à enfiler la jolie robe noire que nous avions choisis en matinée. En entendant l’eau de la douche se couper, j’enfilais mon plus beau sourire et apporta l’habit minutieusement préparé sur le lit en bonne compagne. Le médecin aux traits plus détendus qu’à son arrivée enfila donc ce costume lui allant à ravir, je pensais alors à tous les regards jaloux qui allaient forcément s’en suivre. Ça me fit rigoler intérieurement.

- Tu es charmant, comme toujours, répondis-je avec sincérité à la question de mon hôte quant à son apparence. Puis, le court silence alors que Torhyn m’observait me fit sourire avant même qu’il ne me fasse de commentaire. Ses yeux avaient parlé avant sa bouche. Merci, mais garde toi des réserves de compliments pour la soirée, beaucoup de femmes n’attendront que ça ce soir, dis-je avec un brin de malice. Par contre, poursuivis-je en me retournant, sans l’aide de Losha je suis bien embêté, je n’arrive pas à lacer le dos de la robe. Tu pourrais me donner un coup de main?

En effet, la robe avait été conçue dans l’idée que servantes ou droïdes allaient pouvoir porter assistance à la digne porteuse puisqu’il était tout bonnement impossible de lasser la délicate cordelette adéquatement seule. Je m’étais donc retourné, offrant mon dos nu pour que mon camarade puisse terminer ce que j’avais commencé. Je tassais également mon lekku arrière pour qu’il ne nuise pas à l’opération, attendant sagement qu’il termine avant de le remercier pour son service. Alors que j’allais attraper son bras pour partir, je me rappelais soudainement d’un léger détail que j’aurais préféré oublier; les chaussures. J’allais donc chercher les fameux souliers que je n’avais évidemment pas porté du tout depuis leur achat. Je les enfilais non sans une certaine appréhension, me redressant lentement pour rejoindre le bras du docteur. C’était ça de pris, au moins j’avais un point d’accroche.

- Ça y est, je suis prête. Mes mouvements n’étaient pas vraiment assurés et je savais que mes genoux branlants n’allaient pas passer inaperçu malgré tous mes efforts pour le cacher. Merveilleux, je me sens plus à l’aise au casino que dans une grande réception, répondis-je finalement à Torhyn alors que nous prenions la route vers le taxi. Une fois assis à l’intérieur, mes pieds me faisant déjà savoir leur frustration d’être ainsi encarcanés dans ces souliers inconfortables, je soufflais quelques mots sur l’inévitable. Je n’ai pas encore beaucoup de grâce dans ces talons, mais ne t’en ait pas, je ferai bien attention de ne pas porter l’attention sur moi durant cette soirée. En espérant que tes collègues ne soient pas aussi fins observateurs que toi.

Arrivés à la fameuse salle où se tenait le cocktail du symposium sur les maladies infectieuses -charmant titre- nous fûmes accueillis par une délégation de scientifiques dont je me souvenais très bien les visages. D’ailleurs, ces derniers ne se gênèrent pas pour m’analyser avec l’incompréhension plein les yeux, comme s’ils m’auscultaient, mais j’étais bien préparée à cet affrontement et je les laissais faire en souriant de plus belle.

- Mes salutations messieurs.

C’est tout ce que j’avais à dire alors qu’ils balbutiaient leurs incertitudes, comme si j’avais été une sorte d’animal exotique ne comprenant pas leur langue. Finalement, l’exposition d’une lenteur exquise de Torhyn apprenant aux hommes effarés notre condition d’amants me fit jubiler. Ha, comme il était beau cet air déconfit et je savais que je n’étais pas le seul à profiter du spectacle. Un bref coup d’œil à mon compagnon me fit comprendre que nous partagions le même plaisir à cet instant, il me faisait penser à son jeu de maître au Sabacc la veille, son contrôle était impressionnant. Alors que tous redoublaient d’inventivité pour m’ensevelir de vides compliments pour masquer leurs bévues, je les laissais prendre ma main sans que mon chaleureux sourire ne bronche.

- Ravie de faire votre connaissance, je m’appelle Naasha. Merci pour vos doux mots, ça me touche beaucoup, avais-je simplement répondu à leur intention. Je saluais également les compagnes des messieurs d’un geste de la tête, remarquant leurs regards joint à dix centimètres au-dessus de mes yeux. Je n’allais définitivement pas passer inaperçu avec ma coiffe ce soir.

- Mes dames, avait repris l’un des collègues de Torhyn, vous seriez charmantes de nous apporter un verre, puis-je vous demander ce service?

Les trois femmes acquiescèrent toute en même temps, assez pour que je me demande s’il ne se cachait pas quelques androïdes bien maquillées là-dessous, puis je fis de même. Or, mes charmantes amies n’avaient pas attendues ma réponse pour se diriger d’un pas rapide vers les grandes tables où se trouvaient différents plats et boissons. J’allais les rejoindre avec autant d’assurance que mes jambes me le permettaient, les trois s’étant bien pressées de quitter leurs maris, mais semblant étrangement moins à la hâte pour retourner avec leurs commandes.

- À quoi bon l’écouter je ne comprends rien quand il me parle, marmonna la première. Même, tu sais quoi Anna? Je pense qu’il me porterait plus d’attention si j’étais morte!

- Allons Alice ne dis pas ça, repris la seconde d’un air désolé.

- Oui je le dis! repris finalement la dénommée Alice avec colère, il aurait plus de plaisir à me toucher si j’étais un cadavre qu’il devait disséquer!

La troisième se racla finalement la gorge pour remettre à l’ordre les deux autres cessant brusquement de bavarder en me voyant arriver, elles ne pouvaient pas savoir que j’avais l’ouïe fine, mais je jouais le jeu de l’ignorance.

- Bonsoir, j’espère ne pas vous déranger, vous permettez que je me joigne à votre groupe?

- Bien sûr, répondit finalement la troisième femme, une petite brune aux cheveux attachés en chignon, après avoir constaté le silence de ses camarades.

- Merci de votre accueil! Fis-je en ignorant en bloc les signaux peu avenants des épouses, après tout je devais m’intégrer d'une manière ou d'une autre pour bien remplir ma mission.

Torhyn Lokred
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J’avais senti qu’elle n’était pas à l’aise enfermée dans ces chaussures. Cela me navrait de devoir l’obliger à une telle chose. Elle avait rejoint le groupe de femme qui avaient été envoyées par mes comparses pour « chercher quelque chose à boire ». J’avais reprimé un soupire de mécontentement. Où étaient passé les bonnes manières de la galanterie ? Je me consolais en imaginant le sors que leur aurait réservé ma mère si elle avait été présente.

- A quoi pensez-vous Torhyn ?

- Hum ?

- Vous souriez…ai-je dis quelque chose d’amusant ?

- Ha…pardonnez-moi, j’ai eu une pensée pour ma mère.

- Ho ! Ainsi donc même le Docteur Lokred a eu une mère. Je le regardais sans comprendre. Vous êtes si particulier…c’est à se demander si vous n’avez pas été créé de tout de pièce.

- Je vois…hé bien, soyez rassuré de n’avoir jamais connu mon père. Il vous aurait étonné également.

- Etait-il médecin ?

- Oui…sur Corellia…Un simple petit médecin de campagne.

- Hum…malgré tout vous avez reçu une éducation stricte docteur Lokred.

- Oui…mon père était de la vieille école.

Les regards s’étaient tournés vers nos compagnes.

- Elles en mettent du temps pour ramener un simple verre.

- Baaah laissez-les donc. Elles doivent sans nul doute se raconter les derniers potins.

- Typiquement féminin…

- Quoi donc ?

- Vous savez bien…Les racontars et autres histoires de bonnes femmes.

Ils rirent tous. Moi pas. Je les observais, et eut un sourire mesquin :

- N’est-ce pas ce que vous êtes en train de faire à leur propos ?

- Décidément mon bon Torhyn, vous n’y entendez rien aux femmes.

- Je suis surpris que vous ayez une compagne, j’avais cru comprendre que vous étiez…enfin vous voyez…

- Pas vraiment mon cher…Pourriez-vous préciser ? J’avais parfaitement saisi ce qu’il cherchait à sous-entendre. Mais je voulais le mettre dans l’embarras de sa propre curiosité.

- Hé bien vous savez…à voile et à vapeur comme on dit…

- Haaa…vous parliez de cela. Et bien disons les deux.

- Haaaaa…d’accord.

Visiblement j’étais un drôle de loustic à leurs yeux. Et c’était moi qui étais de la vieille école…Misère…Je jetais un coup d’œil à Naasha, elle s’emblait s’être intégrée au groupe d’épouses. C’était une bonne chose.

- Qu’en pensez-vous Torhyn ?

- Hum ?

- Vous savez, ces maladies qui touchent des espèces en particulier ?

- Ha oui…

- Nous disions qu’une étude sur la Grippe des Twi-Lek allait sortir.

Subitement j’eus un soubresaut d’intérêt :

- La grippe Twi-lek ?

- Oui. Normalement une prochaine étude devrait sortir. Je le tiens de source sûre.

- C’est le Docteur martins si je ne m’abuse qui en est à l’origine ?

- Oui, il avait été invité au Symposium, mais il croule sous le travail apparemment.

- Et j’ai entendu dire que ce n’était pas son genre les réceptions de ce type.

- Bahhh…c’est un Lorrdien…ils sont spéciaux ces gens-là. Ils se sont faits bouffer par l’Empire.

- D’ailleurs il n’a pas eu de séquelle ?

- Oh il n’est plus sur Lorrd depuis bien longtemps. Martins a quitté le Centre Hospitalier de Lorrd-City depuis des années…

- Ho ? Il était reconnu pourtant.

- Un désaccord je crois avec un autre médecin. Il vit sur Ryloth, quoi de mieux pour étudier une maladie qui touche les porteurs de Lekku.

Outre la remarque sur mon peuple j’étais surtout attentif à tout le reste.

- Vous parlez du docteur Martins…Hermahus Martins ?

- Lui-même. Vous le connaissez ?

- J’avais suivi de loin les travaux sur cette grippe fis-je innocemment. Intérieurement je bouillonnais. Ainsi donc, Martins avait repris les recherches…mes recherches…Après m’avoir éjecté du projet…il avait poursuivis. L’enfoiré ! Il ne perdait rien pour attendre ! Je le retrouverai en temps et en heure. Je dus faire un effort surhumain pour ne pas laisser paraître ma colère d’apprendre une telle nouvelle en cet instant. Je me recentrais sur la soirée, espérant ne pas avoir d’autres petites surprises du genre qui me rappelleraient mon sombre passé. Je leur montrerai en quoi les lorrdiens peuvent être spéciaux. Nous étions des survivants…notre histoire l’avait prouvé. Je n’avais pas noté le retour de nos compagnes avec nos verres, trop occupé à me calmer intérieurement.

- Docteur Lokred, je me suis laissé dire que vous jouiez du piano. Avec une compagne danseuse vous devez produire de magnifiques duos. Elle est si ravissante. Je le regardais d’un air quelque peu choqué, comme si le fait qu’il détaille à ce point ma moitié pouvait me mettre en émoi. Il se rattrapa : pardonnez-moi, mais votre compagne a si merveilleusement bien dansé hier. Quelle troupe était-ce très chère ? demanda-t-il directement à l’intéressée.












Ubarhy Naash
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- De quoi discutiez-vous? Repris-je innocemment en m’intégrant au cercle que les trois femmes avaient créé.

- De rien. Répondit sans doute plus sèchement qu’elle l’aurait voulu Alice qui tentait de contenir son dernier éclat de colère. Nous parlions de…

- … De la boisson que nous allons ramener à nos époux, compléta Anna avec complicité. Il y a tant de choix, difficile de savoir ce qui saura combler nos moitiés.

J’hochais la tête en souriant. Je ne voulais pas mettre ces pauvres femmes dans l’embarras lors de nos premières minutes de discussion, s’aurait été bien dommage. Même, je les plaignais du malheur d’être la possession sociale d’un homme de la haute ayant plus de passion pour son travail que pour sa famille. Alice avait soupiré, comme pour expulser ses énergies négatives de son corps. Or, c’est la troisième femme, Selmyr, une coupe de vin à la main, qui poursuivis le dialogue à la surprise générale.

- Pour les boissons, avait-elle reprit, je vous conseille ce vin ci. C’est un Renan qui a été fermenté pendant je dirais… soixante ans. C’est le meilleur fût proposé ici en tout cas.

Toutes, moi y compris, s’étaient retournés vers la petite brune avec un regard impressionné. Lors de notre court échange, elle avait eu le temps d’observer tous les vins sur la table, d’en choisir un et de l’analyser en le faisant tournoyer dans sa coupe

- Je ne devrais même plus être surprise de toi, avait répondu Anna dans un sourire, tu arrives toujours à m’impressionner malgré les années. Oh, une petite introduction ne ferait pas de mal pour la nouvelle venue, avait-elle poursuivit en se tournant vers moi. Selmyr était sommelière avant son mariage, elle a un flair hors du commun et identifie les vins mieux que personne même à l’œil nu!

- Allons Anna, tu me gêne… Avait soufflé la petite femme en rosissant, visiblement n’ayant pas été habituée à recevoir autant d’attention.

- Non, Anna a raison, c’est un fantastique capacité que vous avez là, avais-je repris dans un sourire chaleureux. Je vous prends donc au mot, je suis certaine que cette expertise saura ravir les papilles de nos hommes. Remarquant d’ailleurs qu’ils jetaient des regards dans notre direction, j’apportais une coupe pour chacune de mes camarades avant d’ajouter : Nous aurons sans doute le temps de parler de nos expériences un peu plus tard, j’ai hâte d’en savoir plus, mais je crois que certains tardent de s’humecter le gosier.

Nous repartions donc de la table un peu plus décontractées qu’à notre arrivée, offrant les coupes à nos compagnons respectifs. En arrivant, je touchais doucement le bras de Torhyn qui semblait perdu dans ses pensées. Quant au commentaire de son collègue sur ses talents de pianistes et mes talents de… enfin, d’être jolie apparemment, je souris à nouveau avec un peu moins de sincérité.

- Le piano fait parti de l'un de ses charme bien caché. Quant à hier, il s’agissait d’un consortium d’artistes. Mon cœur se serra dans ma poitrine en pensant à mon amie disparue. Je devais me retenir, me retenir de trop penser, harnacher mes doutes. J’ai été invitée sur scène par Klyffa, une danseuse d’un formidable talent. D’ailleurs, si vous pouvez passer ces bons mots au personnel du casino, c’est toujours fort apprécié par les artistes.

- Je n’y manquerai pas. L’homme prit une courte pause, puis fronça les sourcils en me regardant avec une insistance qui eut tôt fait de me mettre mal à l’aise. Pardonnez mon intrusion, mais vos pupilles… Il semblerait qu’elles sont en mydriase. Vous sentez-vous bien ma chère? Auriez-vous besoin d’un verre d’eau.

Je restais un instant interdit à mon tour. Je ne savais pas ce que « mydriase » voulait dire, mais je devinais assez vite que ça avait rapport avec la dose de drogue qui circulait dans mes veines. Avais-je abusé sur l’Atropa? C’était si visible? Je commençais à peine à en sentir les effets. À quoi avais-je pensé? J’étais littéralement entouré de médecins, c’était inévitable.

- Non, non, ne vous inquiétez pas, je, hum… Réfléchissant à toute allure à une excuse, je me heurtais à un autre problème. J’étais en face de médecins, je ne pouvais pas leur balancer mon charabia habituel. J’étais coincé.

Torhyn Lokred
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Naasha était fidèle à elle-même, attentive à mon encontre, délicate et polie avec les autres. Ces dames nous avaient donc rapporté nos verres et j’avais pu savourer le vin choisi avec beaucoup de plaisir. La soirée était libre coté nourriture, un buffet avait été disposé, et des employés avaient commencer à circuler parmi les convives pour proposer des amuse-bouche pour nous mettre en appétit. C’était plus sympathique que d’être vissé à une table avec les mêmes convives…en dévorant un repas bien trop copieux pour le soir.

Je fus cependant « happé » par la conversation entre un de mes collègues et Naasha. Il parlait de mydriase ? Ses yeux ? Je me tournais vers eux, fixant Naasha. Elle semblait en fâcheuse posture, ne sachant quoi répondre. Je volais à son secours,

- Ho, c’est surement dû au collyre que tu as mis tout à l’heure pour soulager la sensation désagréable que tu avais. Je souris à mon collègue : elle a les yeux sensibles et l’air de cette planète ne lui réussi guère.

- Ha ! Je comprends, ma pauvre, il est vrai que le climat de Raltiir ne se prête pas à ce genre de désagrément.

J’eus un signe de tête et tendis le bras à Naasha :

- Viens, je vais regarder cela de plus près.

Mon regard était doux, je ne montrais nulle contrariété ou agacement. En bon conjoint prévenant, je m'assurai que tout allait au mieux par rapport au mensonge que nous venions de servir. Mais je voulais comprendre. Je l’entrainais vers le sas qui menait aux toilettes. Je m’étais assuré que personne ne s’y trouvais et entrais avec Naasha. Je me tournais vivement vers elle pour attraper doucement son joli visage de mes mains et observer ses yeux à la lumière blanche qu’offrait l’endroit d’une propreté impeccable.

- C’est bien vrai…tes pupilles sont totalement dilatées. Je réfléchis quelques instants…je m’étais déjà fait la remarque la veille en la rencontrant. Hier déjà elles étaient ainsi, mais pas quand nous nous sommes endormis. J'avais mis cela sur l'alcool que nous avions bu. Mais ce n'était pas cela...Je marquais une pause avant de donner ma conclusion: Tu prends quelque chose…n’est-ce pas ?

J’avais lâché son visage, toujours aussi calme, je témoignais une légère inquiétude au sujet de l’état de Naasha. Réalisant qu’elle pouvait se sentir agressée par ma question je repris toujours sur mon ton avenant :

- Ne te méprends pas. Je n’ai nulle intention de te juger ou autre. Simplement, je me questionne. Les causes de la mydriase sont variées. Si tu avais une maladie qui en était responsable tu l’aurais formulé sans souci. J’en déduis donc que tu as pris quelque chose. Cela peut être dangereux pour toi…les overdoses ne sont pas à prendre à la légère. Je levais la main pour caresser de mes doigts sont beau visage. Je suis inquiet pour toi. Et en même temps, je me dis que si tu as ressenti le besoin de prendre quelque chose c’est que, soit c’est une habitude, soit tu as eu besoin d’une sorte de remontant. Qu’est-ce qu’il se passe ? Dis-moi ? Si tu as des soucis tu peux me le dire, je ferai ce que je peux pour t’aider.

Mon regard planté dans le sien, le bleu de mes iris plongeait dans ces pupilles rondes comme des soucoupes qui lui donnaient certes un air particulièrement mignon, mais qui, pour le médecin que j’étais, ne laissait rien présagé de bon. J’espérais sincèrement qu’elle me répondra sincèrement. En cet instant, je doutais qu’elle trouve une pirouette pour me mener en bateau. Et si je me fichais qu’elle me mente sur qui elle était ou autre, à ce moment-là, je voulais connaitre la vérité et savoir si quelque chose la préoccupais. Je l’estimais et j’avais un réel désir de l’aider.





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Alors que je cherchais une bonne excuse à offrir au groupe de médecins qui s’étaient tous penchés pour m’observer, je fus on ne peut plus heureux de voir Torhyn s’interposer pour leur servir un mensonge crédible. Au moins j’avais évité le pire, s’il avait fallu qu’il me questionne à son tour en face de ses collègues j’aurais été fichu. J’acquiesçait donc en souriant, me laissant traîner par cette nouvelle histoire pour me tirer de cette fâcheuse situation. Quoi qu’en observant le groupe de médecins, j’aperçu presque une once de déception suite à l’explication de mon camarade avant de complètement se désintéresser de ma personne à mon grand bonheur. Je n'étais donc pas un cas clinique intéressant, je comprenais mieux le ressentiment d'Alice qui devait vivre pareille déception au quotidien avec son époux. Cependant, il y en avait un qui n’était pas prêt de me laisser filer en douce. En effet, Torhyn m’avait proposé son bras pour m’amener loin de ses collègues.

- Bien sûr, je te suis, lui avais-je répondu en prenant son bras. Vous excuserez notre absence, je ne retiendrai pas Torhyn très longtemps, ajoutais-je à l’intention des autres docteurs avant de les quitter.

Une fois à l’abri des regards indiscrets, mon compagnon ne s’était pas fait attendre pour se rapprocher et prendre mon menton entre son pouce et son indexe. Je ne résistais pas, clignant machinalement des yeux comme la lumière blanche agressait ma rétine, or je devais assumer mes erreurs et cet examen était inévitable. Cependant, plus que la honte de voir mon petit secret percé à jour ou la peur de perdre sa confiance, je sentis surtout une certaine tendresse qu’il m’avait longtemps été privé de recevoir. Était-ce l’atropine qui embuait ainsi mes pensées rationnelles ou simplement une forme de désir qui naissait sous les coups de cette inquiétude qui me réchauffait la poitrine? Je n’en savais rien, mais la situation m’était finalement beaucoup moins désagréable que ce que j’avais anticipé.

Lorsque le verdict tomba, ainsi que ses remarques sur la veille, je ne pu que féliciter secrètement le sens de la déduction de mon cher compagnon qui ne m'avait pas quitté des yeux.

- Et bien tu ne m’as pas mentis en me disant hier que tu étais bon observateur, soufflais-je finalement après une courte pause.

Il avait lâché mon visage, pas que son contact m’avait déplu, puis avait poursuivi sa suite de déductions. Son inquiétude était charmante, il se voulait rassurant… Peu importe s’il jouait la comédie, j’avais envie, non, besoin, d’entendre ce récital de l’amant tourmenté. Oui, il me faisait un bien fou d’entendre ces délicatesses. Je me sentais protégé, comme dans un cocon de soie à l’intérieur d’un monde où j’avais l’habitude de côtoyer le plus laid.

Mes joues s’étaient peut-être réchauffées à cause de l’Atropa, mais ma main se posant délicatement sur celle de Torhyn lorsqu’il revint caresser mon visage n’était dû qu’à ma volonté. J’avais ainsi ramené sa paume sur ma joue, puis avait passé ma main libre sur son épaule avant de me rapprocher pour longuement l’embrasser. Ses lèvres étaient douces, sa chaleur précieuse, son odeur envoutante.

- Ne t’inquiète pas, murmurais-je finalement au-dessus de ses lèvres après avoir brisé notre baiser, considère ce que je prends comme un médicament. Je connais bien les limites, je serai plus prudente en présence de tes amis… Ne lui laissant pas le temps de répliquer, je ressoudais mes lèvres aux siennes, laissant libre mes ardeurs nouvelles et mon envie de retrouver la douceur qu'il me tardait de consumer.

Torhyn Lokred
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Que dire ? Je ne m’étais pas attendu à une telle réaction en lui faisant un tel examen et en lui demandant de me dire la vérité sur ce qu’elle prenait. Ce fut sans doute à cet instant que ma compagne réalisa que oui, j’avais un excellent sens de l’observation et une mémoire très particulière. Et pour toute réponse ? Elle s’était approchée pour m’embrasser. Alors oui je n’allais pas m’en plaindre, car ce contact était loin d’être repoussant. Bien au contraire. Mais je ne m’étais pas préparé à une telle réaction en la trainant vers les commodités.

Il aurait été très impoli de ma part de ne pas répondre à une telle attention. Ce fut Ubarhy qui rompit le contact, mais il ne s’éloigna pas. Se contenant de me donner une explication vague aussi rassurante que possible. Toi mon gaillard, tu essayais de noyer le poisson et de rebondir par une pirouette. C’était mal me connaitre, je trouverai la réponse à ma question, d’une façon ou d’une autre. Mais je n’eus pas le temps de répondre, car immédiatement, le jeune Togruta vint fougueusement chercher mes lèvres. Cette fois je ne pus rester stoïque…et je sentis mon bras libre venir l’enlacer par la taille pour le garder contre moi aussi longtemps que possible. Mon cœur battait plus fort, et je sentais une chaleur papillonner au creux de mon ventre.

Cette passion déferlante était-elle sincère chez Ubarhy ? Ou bien était-ce la conséquence du produit ingéré ? Ou les deux ? Comment le savoir. Ce doute affreux me ramena à la dure réalité. Comme de coutume je doutais de la sincérité de la personne qui m’accordait un peu (beaucoup ?) d’affection. J’avais doucement mis fin à notre long et dévorant baiser sans pour autant m’écarter ou libérer mon compagnon de mon étreinte. Je le fixais encore…humectant doucement mes lèvres, comme pour venir capter le gout de celles d’Ubarhy. Je fronçais les sourcils, un instant pensif…Mais je ne dis rien, et finalement je m'éloignais doucement.

- Notre absence va paraître suspecte. Mais…je lui décrochais un clin d’œil taquin qui en disait long : tu ne perds rien pour attendre.

Mon sourire se fit ravageur sur l’instant. Je rajustais le col de ma chemise et tendis mon bras à la douche Naasha… Cela dit, je ne serais pas fâché de reprendre avec Ubarhy l’instant que je venais d’interrompre, dans un endroit plus approprié. Comme une chambre d’hôtel par exemple.

Nous revîmes dans la salle de réception où nous fûmes de nouveau avalés par la populace présente. La bienséance et la bonne éducation empêchait qui que ce soit de laisser sous-entendre que nous aurions pu profiter d’une manière quelconque de notre petite escapade aux toilettes, à l’abris des regards.

Alors que je me saisis d’un petit four et le dégustais avec retenue, on annonça un petit divertissement.

« Mesdames et Messieurs, elles sont encore parmi nous ce soir, elles nous en ont mis plein les yeux hier soir et ravis nos cœurs ! Je vous demande un tonnerre d’applaudissements pour Les Danseuses du Sud ! ».

La lumière se tamisa soudainement, et les spots se concentrèrent sur une estrade. Elles apparurent alors. Nous applaudîmes. J’avais tourné la tête en direction de Naasha, un petit sourire en coin, j’imaginais qu’elle serait ravie de voir ses amis. La musique me rappela à l’ordre et je me recentrais sur l’animation produite par ces ravissantes Twi-Leks qui ondulaient devant nous avec grâce et délicatesse. Je remarquais alors autre chose grâce à mon sens de l’observation et ma bonne mémoire…Celle qui était en duo avec Naasha la veille n’était pas là. Était-ce parce que Naasha ne participait pas ? Ou bien était-elle le clou du spectacle ? A moins qu’il n’y ait autre chose ?

A nouveau mes yeux se posèrent discrètement sur ma compagne Togruta, je me penchais doucement vers elle et demandais innocemment :

- Où es ta binôme ? Je ne la vois pas. A moins que mes yeux ne soient abusés par l’alcool, le manque de lumière…ou…autre chose…

Bien sûr cette autre chose était son baiser…sulfureux. Et par sulfureux, j’entendais la vigueur et la chaleur de cet échange, mais aussi la sensation laissée par ses lèvres sur les miennes…Sans doute due à un produit…Je n’étais pas un spécialiste des substances psychotropes ou autre, mais j’avais suffisamment évolué dans le monde des cartels pour reconnaitre certaines spécificités…Ce médicament à quoi serait-il donc ? A oublier ? A surmonter ? Se donner du courage ? Ceux qui en consommaient avaient toujours une raison valable à leurs yeux. Je me demandais quelle était celle de Naasha.






Ubarhy Naash
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L’espace d’un instant, mes angoisses s’étaient dissipées, consumées par l’ardente fièvre qui m’avait habité le temps d’un baiser. Mon compagnon avait enlacé ma taille, rapprochant nos corps curieux l’un de l’autre, mais un baiser n’était jamais assez long. Lorsque Torhyn rompit notre étreinte, je devais bien me résoudre à capituler. Je relâchais lentement sa main captive de la mienne, un sourire flottant sur mes lèvres. Cependant, je ne remarquais pas l’analyse bien plus méthodique du docteur qui avait profité de ce baiser pour pousser ses investigations. Le traitre goût de l’Atropa y résidait encore, bien que la concentration fût minime comme j’avais déjà largement métabolisé la jolie poudre, les effluves du subtil mélange de baie sucrée et astringente était tenace.

Mon compagnon me ramenait finalement à la réalité, mentionnant qu’une absence prolongée était assez de matière pour faire parler les pipelettes de la soirée. Il fallait donc y retourner, mes yeux sensibles remerciant le retour à l’obscurité, mais mes hormones échauffées se languissant toujours du feu que nous venions d’éteindre. Or, la dernière remarque pleine de sous-entendu du galant homme eut tôt fait de me faire rigoler, mon sourire enjôleur répondant au sien bien mieux que des mots ne l’auraient fait. Replaçant ma robe comme lui rajustais son col, je repris le bras de mon amant du soir et nous regagnâmes la grande salle dans le secret de nos désirs.

La soirée se passait somme toute sans accrocs. J’avais pu discuter un peu avec les épouses en périphérie du cercle fermé des médecins, retrouvait le bras de Torhyn lorsque mes chevilles chancelantes menaçaient de me laisser tomber avec mes talons, bref, je n’avais pas le temps de penser à mes tracas dans un environnement si bourdonnant d’action. Néanmoins, c’était sans compter sur le spectacle qui venait d’être annoncé et qui me figea littéralement sur place quelques secondes. De toutes les troupes de danses de cette fichue planète, il fallait que ce soit celle-là qui soit réinvitée. Instinctivement, je me mis légèrement en retrait, ma main se posant contre le mur, l’annonce m’ayant frappé comme un coup de blaster. Je ne m’étais pas préparé à faire face à mon incommensurable incompétence, mais le destin était ainsi fait qu’il n’avait de cesse de hanter les âmes damnées par leurs fautes. Je regardais le sol. Je ne pouvais pas regarder la scène. Enfin, peut-être Klyffa était-elle là, parmi les danseuses? Peut-être qu’elle n’était pas rentrée chez elle et avait dormi au casino, c’était possible, non?

Ce sont les mots de Torhyn qui vinrent clouer douloureusement mon cercueil. Je n’avais pas levé les yeux, mais je ne pouvais toujours pas fuir la réalité. Klyffa n’était pas là. Je le savais, au fond, mais comment l’accepter?

- Je ne t’ai rien transmis qui ait pu affecter tes sens, commençais-je d’un ton monocorde à l’insinuation que l’homme venait de faire quant au «autre chose». Je relevais finalement les yeux et observa par moi-même la scène. Non… Klyffa n’est pas là. Elle doit être malade.

Un mensonge de plus ou de moins, quelle était la différence? Mon amertume de l’instant rivalisait avec l’ardeur passée, je ne savais pas comment gérer la situation, si bien qu’il m’avait paru plus simple de sceller tous mes sentiments. Malgré ma personnalité naturellement chaleureuse et colorée, ma coquille s’était brusquement fermée. Il m’aurait été possible de continuer mon théâtre de bonne épouse toute la soirée et d’en parler à Torhyn plus tard après avoir moi-même digéré l’information, mais d’être mis ainsi face à face avec l’une des plus grandes bêtises de ma vie était une épreuve trop difficile à encaisser. Je me retrouvais muet, mes émotions combattant avec rage derrière la porte que j’avais refermé.

Finalement, comme le clou du spectacle, un malheur n’arrivant jamais seul, je croisais brièvement le regard de la Twi’lek qui m’avait intercepté la veille en coulisse. Je vis dans ses yeux la colère succéder à la surprise de me voir de ce côté de la scène et à cet instant j’aurais tout donné pour pouvoir disparaître dans la nature. Malgré l’effet de l’atropine, j’avais pâli lorsqu’elle m’avait fusillé du regard. Je savais que l’épée de Damoclès au-dessus de ma tête ne tenait maintenant plus qu’à un fil.

- Écoute, réussis-je à articuler après un effort colossal à l’intention de Torhyn, il me fera grand plaisir de t’expliquer tout ce sur quoi tu enquêtes, mais pour le bien de notre contrat et de ton image, je t’en supplie, ne me pose pas de questions.

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Klyffa, oui, c’était ainsi qu’elle s’appelait. Et elle n’était donc pas là. Voila qui était fort étrange. Selon ma douce compagne, son amie serait malade ? Pourquoi pas. Je n’insistais pas pour l’heure. Mais je me disais que quelque chose d’étrange avait lieu. Pourquoi cette Twi-lek avait regardé dans notre direction avec une expression aussi haineuse. Ce fut fugace, mais j’étais sûr de l’avoir distingué. Et c’était forcement destiné au jeune Togruta m’accompagnant. Sa supplique suivante confirma mes doutes.

« Pour le bien de notre contrat et ton image » avait-il dit. Il était si trognon…il s’inquiétait pour mon image ? Par les étoiles…s’il savait…Mes iris s’étaient tournées vers Ubarhy, il était devenu si pâle…Que diable se passait-il bon sang ! Je soupirais, et finalement, avec une grande douceur, ma main vint saisir celle d’Ubarhy. Un geste discret, noyé au milieu de notre groupe du symposium. Je lui témoignais ainsi mon soutien…et l’impulsion de ma main sur la sienne, emprisonnant ses doigts dans une subtile pression qui ne dura qu’un court instant, montrait que je n’aimais pas qu’il se sente aussi mal. N’avait-il pas réalisé que je voulais l’aider ? Que je n’avais pas peur ? Et surtout, n’avait-il pas remarqué que même s’il faisait tous les efforts possibles et imaginables pour me préserver et garder ses distances, je découvrirai, d’une façon ou d’une autre ce qu’il me cachait ?

Je réalisais alors que…non…le jeune Togruta ne pouvait pas savoir. J’étais un si bon comédien, j’interprétais le gentil et doux docteur Torhyn Lokred depuis un moment à présent. Tout mes gestes, mon comportement, mes expressions, tout était savamment calculé depuis le début de ce rôle que je m’étais donné. Ainsi, il était aisé de se méprendre sur moi…et sur le monstre qui sommeillait dans les tréfonds de mon être.

*Il te plait bien ce gamin on dirait…voila que tu t’agaces et que tu songes…à faire des dégâts à ta manière?.*

*Garde tes sarcasmes. *

*Allons, allons, Ryden. Je te connais. Après tout je suis le fruit de tes peurs, de tes peines, de tes frustrations…Tu as besoin de moi…*

*Un jour, je me débarrasserai de toi…*

*Tu es si naïf Ryden. C’est pour cela que ta vie est un perpétuel échec. Tu n’as toujours pas compris ? Regarde-toi en ce moment…Ce gosse t’as tapé dans l’œil et tu veux l’aider à un tel point que tu tuerai pour le satisfaire. C’est le grand drame de ta vie mon cher petit docteur. Ce besoin d’amour et de reconnaissance perpétuel qui te ronge depuis toujours…Tu es prêt à commettre les pires horreurs pour gratter ne serait-ce qu’une once d’affection…*

Ma main sur celle d’Ubarhy se resserra un peu plus alors que, enfermé dans mon palais mental, j’affrontais mon double qui se délectait toujours de mes doutes et de mes questionnements.

* Je ne cherche pas l’affection ! Je n’y peux rien si les gens me trahissent*

*C’est dans la nature de bien des êtres vivants Ryden. Tu es si romantique…c’est pathétique. Regarde toi…Il t’as embrassé et te voila désireux de mettre le monde à ses pieds. Tsss…tu as toujours eu le cœur trop tendre…et ton idéalisation de l’amour est écœurante. Tu crois que tu manipule ce gamin Togruta ? Regarde toi…C’est lui qui te tient dans le creux de sa main…*

*Silence…tu m’empêche de réfléchir !*

*Hahaha…tu verras Ryden, j’ai raison…*

Il s’évanouis dans l’obscurité de mon esprit. L’enfoiré…Je le détestais tant. Toujours à appuyer là où cela faisait le plus mal ! Je tournais de nouveau mon regard sur Ubarhy… Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué dans la vie.

Le spectacle se terminait, forcement avec l’absence de Klyffa et Naasha, la représentation avait variée par rapport à la dernière fois. Les danseuses reçurent un tonnerre d’applaudissements. Aucun des convives présents ne se doutait quelque chose ne tournait pas rond. Ils étaient tous subjugués. De mon côté, je scrutais la Twi-Lek, elle avait à nouveau lancé un regard noir à Ubarhy…Si ses yeux avaient été des blasters, mon doux ami aurait été tué sur le coup…La Twi-lek avait-elle senti mes iris sur elle ? Dans la semi-obscurité, j’avais esquissé un sourire mauvais en la fixant. La lueur bestiale qui s’était allumée au fond du bleu de mes yeux n’avait pas pu lui échapper. D'une voix douce, mais désormais teintée d'un petit quelque chose d'inquiétant, je demandais à Ubarhy en me penchant légèrement pour qu'il soit le seul à m'entendre:

- Je n'insisterai pas auprès de toi...ne t'inquiète pas. Je refuse simplement que tu souffres de quelque manière que ce soi. Je ne te poserai qu'une seule question en cet instant...dis-moi franchement...que désires-tu ?

Si le jeune Togruta était observateur, il avait sans doute pu noter le léger changement chez moi. J'allais lui apparaître sous un autre jour en fonction de sa réponse. Car je respecterai sa demande. Que ce soit de contniuer dans cette soirée comme si de rien n'était? Rentrer à l'hôtel et reprendre notre conversation précédente? Ou bien nous allier pour découvrir ce qui se cachait derrière la disparition de son amie? J'étais prêt à faire comme il le souhaiterait...

Savez-vous pourquoi les conversations entre moi et Torhyn m’énervaient au plus haut niveau ? Parce que mon double avait souvent (toujours ?) raison à mon propos…Que ne ferai-je dans le seul but d'avoir un peu d'attention, de tendresse, d'amours de toute sorte.






Ubarhy Naash
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Mes yeux étaient fixés sur la scène, mais je ne regardais pas vraiment. Combien étaient-elles à danser, trois? douze? je n’aurais su le dire. J’étais trop concentré sur les battements de mon cœur, rythme funambule oscillant entre la course douloureuse et l’arrêt complet. Cependant, une chaleur enveloppa délicatement ma main et je ne su déterminer si le picotement que j’avais senti dans ma poitrine était l’effet du feu réchauffant lentement la glace ou une décharge sournoise de culpabilité. Voulant parier sur le meilleur, je serrais la main de Torhyn en retour. Finalement, ne supportant plus l’absence de Klyffa sur la scène, je me réfugiais dans la douceur qui m’avait été si gentiment offerte en me concentrant sur le contact protecteur de mon compagnon.

Je m’étais rapproché et j’avais posé le côté de ma tête contre l’épaule de Torhyn pour y fermer les yeux. Ce n’était pas par fatigue, mais plutôt pour mieux me préparer aux explications inévitables que j’allais devoir formuler à mon hôte. Pouvais-je lui faire confiance? J’espérais que oui, mais cette confiance aveugle n’était-elle pas la cause de la disparition de mon amie? Après tout, on ne connaît pas grand-chose de l’autre en à peine une journée. D’un autre côté, quels étaient mes moyens de retrouver Klyffa seul? Plus j’y pensais, plus je trouvais de questions et de moins en moins de réponses. Mon lekku courrait le long de nos bras unis. Dans d’autres circonstances, j’aurais sans doute été mort de gêne ou au contraire en pleine chasse au client de mes services, mais pour le moment je me contentais de m’imprégner du réconfort que mon âme en peine quémandait. Même, je remerciais Torhyn d’être à mes côtés tant j’aurais été misérable si j’avais dû faire face à ce désastre seul.

Alors que tout le monde applaudissait les artistes, ni moi ni le docteur n’avions bougé d’un poil. Ce n’était pas par manque de respect ou de gratitude, non, mais, semble-t-il, nous avions tout deux passer ce spectacle ailleurs. Néanmoins, je me redressais des quelques minutes méditatives que j’avais passé au bras de mon époux du soir juste à temps pour me faire transpercer à nouveau par le regard assassin de la Twi’lek à la peau verte, Elnyr, qui ne comptait pas me laisser quitter en si bon terme. Or, juste avant qu’elle ne se retourne pour quitter la scène, je vis ses yeux fugacement changer, mais l’obscurité m’avait peut-être joué des tours.

Je m’apprêtais à inviter mon cher ami à vite nous mêler à la foule pour que la Twi’lek ne me retrouve pas, eut été son intention de planter des poignards moins métaphoriques dans mes chairs, quand il prit la parole d’un ton que je ne lui connaissais pas. Il ne voulait pas me voir souffrir? C’était charmant, vraiment, et d’une galanterie sans pareil, mais… Quel était donc ce frisson qui me parcourait l’échine à l’entendre? Pris de court, je restais un instant interdit, puis je tentais de me rassurer quant à ce pré-sentiment qui ne devait être que le fruit de mon esprit abîmé par le chagrin et l’atropine.

- Qu’est-ce que je désire… La question était vague, mais j’envisageais déjà les quelques possibilités qui s’offraient à nous. Je pouvais encore jouer la comédie auprès des médecins du symposium, mais je sentais que de revêtir un sourire dans telle tourmente m’allait être difficile. Alors quoi? Partir avec mon compagnon pour tout lui expliquer dans le calme? Rester sur le lieu du crime et enquêter à ses côtés? Cette dernière option était tentante, mais c’était peut-être dangereux de fouiner avec autant de monde autour. J’aimerais rentrer, je crois. Mais je me dois d’honorer nos accords, je resterai avec toi ici le temps qu’il le faudra pour que tu n’aies pas trop de questions demain de tes comparses.

Ne restait plus qu’à prier pour qu’il me dise que nous avions fait acte de présence assez longtemps. Or, le groupe de gentilhommes et de bonnes femmes vinrent interrompre ce petit échange que nous avions en s’agglutinant autour de nous.

- Ha, quel spectacle fantastique! Un divertissement aussi agréable à l’oreille qu’à l’œil!

- Oui elles sont toutes splendides ces danseuses! L’homme se tourna alors vers moi avant d’ajouter sans doute sans malice n’eut été de votre présence à nos côtés, votre grâce aurait j’en suis sûr sublimé cette représentation ma chère.

- Mes camarades sont très douées, répondis-je avec un sourire légèrement moins naturel qu’à mon habitude, elles ont très bien performé. Je remarquais d’abord l’odeur, puis les coupes au trois quart vide de ces messieurs qui semblaient se permettre bien des excès dans ce type de fête. Ils n’en étaient plus à leur première consommation, ça jouerait probablement en notre faveur.

- Oh? Mais qui voilà? Une de vos amies?

Je me figeais à ces mots. Elnyr avait fait vite, trop vite. Mon regard n’avait pas encore croisé le sien, mais je savais que c’était elle.

- Elnyr! Quel bon vent t’amène! Dis-je sitôt en me retournant vers elle, cette dernière haussant un sourcil, comme désarçonnée par tant de camaraderie. Je ne pouvais pas me permettre de lui laisser le temps de réfléchir, si elle faisait une scène devant tout le monde je ne me le pardonnerais pas. N’importunons pas ces gens, viens, je te dirai tout.

La jeune femme me regarda de bas en haut, m’évalua, perça mon âme avec un air dubitatif à cette mascarade alors que je sentais la sueur perler sur mon front.

- D’accord, fit-elle finalement d’un ton sec avant de toiser le groupe du regard pour s’arrêter sur Torhyn d’un air presque défiant. Excusez-nous, je vous l’emprunte quelques petites minutes.

Elle m’empoigna finalement le bras, sans doute pour éviter que je me défile, et nous partîmes vers les coulisses loin des oreilles indiscrètes. Je lançais un ultime regard à Torhyn, ne sachant pas trop s’il allait y lire « gagne du temps » ou « à l’aide ! ». Dans tous les cas, Elnyr me relâcha une fois seuls pour reprendre d’un ton menaçant.

- J’ai joué à ton jeu et Klyffa n’est pas revenue. Donne-moi une bonne raison de ne pas t’étriper là, tout de suite.

- Écoute, je suis désolée. À quel point devais-je la prendre au sérieux? Aucune idée, mais je n’allais pas tenter ma chance. J’ai… J’ai vraiment été la pire des demeurées, j’aurais jamais du entraîner Klyffa dans mes histoires. Son absence me hante à chaque minute, je comprends que tu sois fâchée…

- Fâchée? Fâchée?! Je ne suis pas fâchée, Naasha, je suis en colère et morte d’inquiétude! Et toi, toi la petite nouvelle, tu penses que tu comprends quoi que ce soit? J’avais fait exploser la bombe, pas de retour en arrière. Non, toi tu ne peux pas comprendre. Tu ne comprends rien. Tout allait bien avant que tu débarque de nul part pour empoisonner nos vies!

- Écoute… fis-je pour calmer le jeu, mais Elnyr me coupa aussitôt.

- Non je ne t’écouterai pas! Il n’y a que des maléfices qui sortent de ta bouche, je devrais peut-être t’arracher la langue pour rompre la malédiction.

Je dégluti, la peur s’accumulant à chaque éclat de la Twi’lek qui marchait devant moi comme un fauve enragé. La peur, mais aussi la honte et le remord qui étaient bien plus insidieux comme poisons. Je sentais mon cœur se serrer dans ma poitrine. Comment lui en vouloir? J’avais jeté son amie dans un abyme infini, bien sûr qu’elle voulait me faire la peau. À sa place j’aurais fait pareil. Acculé entre mes erreurs et la fureur de la jeune femme, je me mordis la lèvre et repris d’une voix tremblotante.

- Je suis désolée… je retint un soubresaut, mais me força à continuer. Je suis désolée Elnyr, si tu savais… si tu savais comme j’ai honte. Des larmes se formèrent au coin de mes yeux, la Twi’lek s’était arrêtée devant moi l’œil perçant. Je vais la ramener, je te le jure. Je ne dormirai pas une nuit sans que l’absence de Klyffa me tourmente dans mes rêves. Ma lèvre tremblait, j’étais véritablement misérable, pitoyable.

- Tu as intérêt. murmura-t-elle après quelques secondes de silence. Tu as intérêt à me la ramener saine et sauve. Je vis alors couler sur ses joues des larmes, amer et pleines de reproches sur un visage fier et droit. Et je t’interdis de pleurer devant moi.

Me mordant la lèvre de plus belle pour retenir mes larmes, hochant la tête avant de souffler;

- C’est trop dur.

- Quoi?

- C’est trop dur de retenir mes larmes. Gifle-moi une fois, de toute ta haine, et là j’aurai une bonne raison de pleurer.

Je n’eus pas le courage de relever mes yeux embués de souffrance vers Elnyr. La seule chose que j’entendis c’est le son clair de la claque qu’elle venait d’asséner sur ma joue, puis le bruit de ses pas s’éloignant dans le couloir. Je n’eus même pas mal sur le moment, m’effondrant au sol pour laisser libre mes larmes et mes sanglots. Ce n’est que quelques secondes plus tard que je sentis la chaleur brûlante de la claque qui avait engourdie ma joue, ce mal physique venant en quelque sorte atténuer mon mal psychique, le canaliser en d’autres mots, vers un mal qui lui pouvait être soigné. J’avais dû marcher sur nombres de mes principes pour l’autoriser comme ça à blesser mon visage que j’entretenais avec tant d’attention, mais je trouvais étonnamment du réconfort dans cette pénétrante douleur.

Torhyn Lokred
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Rentrer… ? Il voulait rentrer…moi aussi. Cela tombait bien. J’avais doucement hoché la tête avant que la troupe de docteurs et leurs compagnes nous aborde pour vanter les mérites de la troupe. Naasha répondit avec politesse comme à son habitude. Quand la Twi-Lek, Elnyr de son nom, avait fait son apparition. Mon délicieux Togruta eu tout juste le temps de lui faire comprendre qu’il valait mieux que leur discussion n’aie pas lieu devant les invités de la soirée.

- Excusez-nous, je vous l’emprunte quelques petites minutes.

Je n’avais pas aimé son regard. Elnyr n’avait même pas daigné attendre la moindre réaction de ma part pour entrainer Naasha avec elle.

- Haha les artistes aiment toujours discuter de leurs performances après une représentation.

- Oui, ils sont tous les mêmes, quoi qu’on en dise.

- Ce serait digne d’une étude psychologique…

- Haha oui, c’est fort possible, qu’en pensez-vous docteur Lokred ? Docteur Lokred ?

- Hum ?

- Ma parole vous voilà de nouveau songeur. Je n’aime pas quand vous faites cela. Car lorsque vous revenez parmi nous vous avez toujours des idées terrifiantes.

- Vous n’avez pas l’air bien Torhyn.

- Oui vous êtes pâle.

Je levais les yeux vers eux sans trop comprendre. J’étais inquiet pour Ubarhy. Le regard de la Twi-lek ne m’inspirais aucune confiance. Je ne pouvais alarmer mes collègues. Aussi eus-je le reflexe de porter la main sur mon torse. L’opération que j’avais subie quelques mois plus tôt n’était pas un secret. Ils eurent l’air de comprendre.

- Ho ! Vous avez encore des séquelles !

- Evidemment qu’il en a. Une double transplantation ce n’est pas anodin du tout. Torhyn si vous éprouvez le besoin de vous reposer ne vous retenez pas pour nous.

J’eus un sourire pour les remercier. Bien entendu je n’avais aucune séquelle, mais je me gardais de leur signifier l’origine de mon inquiétude. Je me dirigeais dans la direction prise par Elnyr et Naasha pour « parler ». Un couloir plus loin, je fus attiré par deux voix puis un claquement soudain. Elnyr déboula devant moi. Nous nous scrutâmes quelques instants puis :

- Vous…vous dégagez quelque chose…Qui êtes-vous ?

Un sourire malsain s’était dessiné sur mes lèvres, je répondis avec douceur :

- Je suis un homme compliqué.

Ce n’était pas rassurant du tout comme réponse.

- Vous vous donnez l’air de quelqu’un de bien. Mais…vous ne l’êtes pas.

Elle s’éloigna avant que je puisse réagir. Elle était possiblement moins bête que je ne l’aurai cru. Haussant les épaules, je poursuivis ma progression pour rejoindre Ubarhy. Il était au sol, pleurant comme un enfant qui venait de se faire sévèrement sermonner. En d’autres situations, pour quelqu’un d’autre, j’aurai pu considérer sa peine comme pitoyable. Je soupirai, et m’approchais pour saisir ses épaules et venir l’aider à se relever. Je n’avais pas entendu l’échange qu’il avait eu avec Elnyr. Visiblement elle avait su « frapper » là où cela faisait mal chez le jeune Togruta. C’était confirmer. Cette Twi-lek ne me plaisait pas…du tout.

- Allons…viens. Rentrons. J’ai pris congé pour nous, personne ne nous en voudra.

Avec douceur, j’essuyais ses larmes, et lui souris avec tendresse avant de l’entrainer avec moi pour quitter le Casino et tout ce qui s’y rapportait. Je le soutenais tout en hélant un taxi. Je demeurai silencieux tout le trajet qui nous ramenait à l’hôtel. Heureusement, vu l’heure, il n’y avait personne à la réception autre qu’un droïde. Pas de jugement, pas de remarque. Nous ne croisâmes personnes pour regagner la chambre. Je verrouillais la porte une fois que nous fûmes entrés. J’observais Ubarhy, lui laissant l’espace qu’il souhaitait. S’il avait besoin de moi je serai là. Je ne voulais qu’il se sente oppressé.

Je réfléchissais alors que je desserrais mon col et entrouvrais ma chemise. Vu le retournement de la situation, mon jeune ami allait devoir s’expliquer, à un moment où à un autre. Je m’assis sur un fauteuil, attendant que le Togruta se sente mieux. D’un geste je tirais sur le chignon et libérais mes cheveux qui vinrent cascader sur mes épaules et le haut de mon dos. Il y avait un souci entre Naasha et Elnyr. Que pouvait-il être ? Klyffa peut-être ? Toutes les hypothèses circulaient dans mon esprit.











Ubarhy Naash
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Je chialais comme un gosse, j’en aurais été gêné si toutes mes capacités cérébrales n’étaient pas monopolisées à tenter de seulement calmer mes soubresauts. La brûlure foudroyante de la claque s’était estompée, mais mes larmes elles ne se tarissaient pas. Ce que j’avais dit à Elnyr était on ne peut plus sincère; l’absence de Klyffa allait me hanter sans relâche jusqu’à ce que je trouve un moyen de corriger mes erreurs.

Or, au milieu de mes pleurs, je vis apparaître deux chaussures noires, brossées et en parfait état. Cette apparition me fit presque sursauter, mais pourtant je ne sentais pas d'animosité envers moi d'aucune sorte. Ayant finalement une raison plus que motivante de me reprendre, je retins mes larmes au mieux, hoquetant en relevant mes yeux rougis par tant de chagrin jusqu’à retrouver une chemise, puis un visage que je connaissais bien. Torhyn se tenait devant moi sans que je ne décèle de jugement de sa part, et pourtant s’aurait été plus que naturel qu’il me trouve ridicule ainsi diminué par mes états d’âme, et posa ses mains sur mes épaules tremblantes. Bien que j’aurais préféré qu’il n’assiste pas à cette scène, je prenais volontiers son aide pour me relever en essuyant mon visage. Mon maquillage n’avait pas bougé, mais mes yeux trahissaient mes larmes et c’est avec infini précaution que mon compagnon passa le pouce sur ma joue pour faire disparaître les derniers vestiges de ma détresse. Sa main avait été comme un baume sur ma plaie, la gifle m’avait presque fait oublier qu’une main pouvait aussi être outil de tendresse. La voix de mon ami était calme et profonde, il m’avait rassuré avant de me guider doucement vers la sortie, j’avais hoché la tête et le suivait en silence.

Une fois arrivés à notre chambre, je m’étais promptement débarrassé de mes souliers à talons pour au moins regagner cette once de confort avant de m’assoir sur le lit. Lors du trajet j’avais eu le temps de reprendre mes sens et de réfléchir à comment apporter la situation à mon hôte qui m’avait porté en bon gentleman jusqu’à l’intimité. Alors qu’il libérait ses cheveux, une idée me traversa l’esprit et je parti quelques instants dans la salle de bain avant de me glisser derrière Torhyn. La brosse en main, je commençais à très doucement démêler la coiffe de mon camarade, mèche par mèche.

- C’est… C’est plus facile de parler en faisant autre chose, expliquais-je en brossant ses cheveux. J’aimais bien cette texture et cette longueur, entre deux coups de brosse je me surprenais même à juste y passer les doigts. Je suis désolée que tu ai eu à assister à ça, vraiment, je ne pensais pas qu’Elnyr allait oser venir me voir malgré le groupe du symposium. Silence. Klyffa, elle n’est pas malade. Je me mordais la lèvre, les mots coincés en travers de la gorge. Elle a… disparut. Par ma faute. Elnyr a fait son devoir d’amie en venant me demander des comptes. Je vais la retrouver, Klyffa, d’une manière ou d’une autre, j’ai juste besoin… d’un miracle. Après avoir réfléchi quelques secondes, je m’étais tût. Même avec un million de crédits, comment pouvais-je retrouver une Twi’lek sur une planète inconnue? Et même, était-elle encore seulement sur Raaltiir? Je soupirais en donnant un nouveau coup de brosse. J’ai juste besoin de sommeil. La nuit porte conseil non?

C’était sans grande conviction que j’avais soufflé cette dernière phrase, bien que je me sentais éreinté d'avoir tant pleuré. Or, bien que je sentais mes yeux lourds, je me savais trop tourmenté pour vraiment aller dormir. Je posais finalement la brosse sur la petite table à côté du fauteuil,. Je m’étais amélioré depuis la dernière fois, presque aucun nœud ne m’avait résisté et la chevelure délicate du docteur était maintenant impeccable. Je repassais alors devant Torhyn, remarquant la grande cicatrice déchirant son torse. J'eus un pâle sourire fatigué en me demandant si lui aussi se sentait aussi démuni que moi, à la recherche de cette seule personne perdue dans l'univers pouvant guérir ses maux.

Torhyn Lokred
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Je l’avais laissé démêler mes cheveux, si cela l’aidait à m’expliquer de quoi il s’agissait, je n’allais pas l’en empêcher. Sans oublier que la chose n’était pas désagréable de mon point de vue. Ubarhy avait vite appris comment traiter mes ondulations rebelles.
J’avais écouté ses propos sans piper mot. Droit dans mon fauteuil, je respirais calmement, songeur. La belle affaire que voilà. Tant de bruit pour une danseuse disparue. Je pourrai lui dire qu’elle était sans nulle doute morte après avoir été le jouet sexuel d’un type qui avait souhaité s’amuser. A moins qu’elle ne soit devenue un cobaye d’un savant du même acabit que moi. Le symposium avait attiré moults éminences grises en matière médicale. Qui se soucierait d’une pauvre Twi-lek. Elle était la cible idéale. Après tout, si Ubarhy avait manqué de saveur et s’il n’avait pas éveillé ma curiosité et mon intérêt, il aurait pu finir comme incubateur à l’un de mes virus en phase de test.

Je réfléchissais encore alors que le jeune Togruta terminait avec mes cheveux et repassait devant moi. Mes yeux à la couleur de l’eau s’étaient fixés dans le vide. Mon bras accoudé était relevé, tandis que les pulpes de mes doigts se frôlaient les unes sur les autres dans un mouvement régulier. Un toc que j’avais pris quand je partais dans mes réflexions. Cette Klyffa était donc son amie. Un fugace instant je grimaçais, m’interrogeant sur la nature de leur relation. Mais une autre question surgit de la barrière de mes lèvres :

- Je ne comprends pas…en quoi est-ce ta faute ? Qu’as-tu donc fait pour que tu sentes à ce point responsable de la disparition de cette jeune femme ?

J’avais relevé les yeux vers lui, cherchant à décrypter ses gestes et ses expression faciales. Cette fille avait l’air importante pour qu’il se mette dans un tel état…pour…elle.

- Cette demoiselle Klyffa semble beaucoup compter pour toi…murmurai-je finalement presque sans m’en rendre compte. De la jalousie ? Sans doute.

Finalement, je me relevais, et annonçais gravement :

- Très bien…je mets fin à notre contrat. Tu n’es plus tenu de me servir. Bien entendu tu seras rémunéré comme promis. J’étais tout ce qu’il y a de plus sérieux. Je m’approchais alors de lui avant de reprendre : C’est moi qui passe à ton service. Je ne suis qu’un médecin sans grande renommée, j’ai peu de relations, et je n’ai guère d’amis. Mais…je saisis d’une main son menton pour le lever délicatement vers moi avant d’achever ma phrase : je mets mes maigres compétences à ta disposition.

Il fallait dire que quelques instants plus tôt, en observant le visage meurtri de mon jeune ami il m’avait fendu l’âme…J’avais compris que, même si je trouvais tout ceci grotesque, j’allais faire ce que je pouvais pour le consoler, et l’aider. Que ne ferais-je pour de beaux yeux bleus comme les siens ? J’y trouverai certainement, à un moment ou à un autre, un avantage certain, quel qu’il soit.
Avec douceur, je passais mon bras autour de lui pour le guider vers le lit et le faire s’assoir.

- Tu as raison. On dit que la nuit porte conseil. Tu as besoin de déconnecter et de penser à autre chose. Je vois bien que tu es inquiet. Mais en l’état actuel, nous ne pourrons rien faire. Il faut une stratégie, déterminer par où commencer. Et pour cela, il faut te reposer.

J'étais prêt à me plier à ses désirs sur l'instant. Même le bercer contre moi si c'était ce qu'il souhaitait. Même les monstres avaient des accès d'humanité.


Ubarhy Naash
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Son silence était terrible à soutenir. J’observais ses traits fins mû d’une profonde réflexion, aucune lueur d’empathie ne s’était éveillée au fond de l’océan de ses yeux. J’aurais payé cher pour savoir à quoi il pensait en cet instant, l’angoisse me prenant soudainement aux tripes. Son air songeur avait sapé toute la chaleur que je connaissais au docteur, que pouvais-je faire d’autre que d’angoisser et attendre?

Après quelques secondes qui me parurent interminables, Torhyn brisa le lourd silence pour me poser une question à laquelle je m’attendais. La question sur ma responsabilité quant à la disparition de Klyffa fit se serrer un peu plus ma gorge, j’étais immensément vulnérable face à mon charmant compagnon qui lui était en pleine possession de ses moyens. Ce rapport de force me rendait un peu plus nerveux que d’ordinaire, je passais une main sur mon lekku avant de répondre.

- J’ai poussé Klyffa à mettre un pied dans, comment dire, mes pratiques. Voyant que ma phrase évasive pouvait mener à confusion je me repris immédiatement en balbutiant quelques explications supplémentaires. Elle ne voulait pas vendre son corps, c’est une femme qui se respecte, juste passer un peu de bon temps au crochet d’un messieurs appréciant sa compagnie. Une situation gagnante pour tout le monde… Enfin c’est ce que je pensais…

À ainsi le verbaliser, je me rendais compte au fil de mon discours que je me sentais autant coupable de la disparition de mon amie que de l’avoir entraîner dans mon monde de vice et de déchéance. « Tu es certaine que ça va bien se passer? Je suis une danseuse, pas une, enfin… une pute. » j’entendais ces dernières phrases comme autant d’accusations dans mon esprit. Ce malaise qu’elle ressentait, je n’en avais rien compris, trop aveuglé par mon stupide désir de bien faire.

- Je voulais l’aider, repris-je les yeux rivés vers le sol, rendre un peu plus festive sa soirée comme elle m’avait recueilli à mon arrivée errante sur cette planète. Je me serais lavé les mains de cette disparition si ça n’avait été de ce temps où j’ai appris à la connaître.

Mon code moral avait été ainsi conçu que le sort d’autrui ne m’importait guère tant que je n’avais rien partagé avec cette personne. Qu’un vaisseau entier d’enfants se face trucider par ma faute n’allait pas me tirer un soupir, mais il suffisait que j’aie croisé l’humanité de l’un d’entre eux pour que mon cœur chavire. Un système purement égoïste et souvent embêtant, mais je ne pouvais rien y faire, c’était plus fort que moi. Je n’avais d’empathie qu’envers ceux ayant marché avec moi sur mon chemin de vie. Au murmure de Torhyn quant à l’importance de Klyffa, ce dogme qui m’était imposé par mon esprit me revint en force. Comptait-elle vraiment pour moi? Si je transposais la situation à une autre Twi’lek comme Losha, jamais je ne me serais mis en tête de la retrouver. La façon dont mon cerveau était connecté était véritablement catastrophique. Ceci étant, je ne pouvais me résoudre à oublier la jeune danseuse, une fois la machine du remord lancée, il était tout bonnement impossible de l’arrêter.

- Ma conscience ne me laissera pas tranquille avant que j’aie retrouvé sa trace, répondis-je finalement à son murmure.

Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est que le docteur se relève de son siège, solennel et grave. Lorsqu’il m’annonça que notre contrat était rompu, j’ai pensé que mon cœur s’était arrêté. En une fraction de seconde, j’étais devenu aussi livide que ma peau ocre me le permettait. J’étais tellement déstabilisé que je me senti même chanceler, les yeux écarquillés, cette annonce comme la plus terrible des fatalités. Lorsque Torhyn fit un pas vers moi, je du me faire violence pour ne pas reculer d’un pas en réponse. Quand finalement le docteur reprit l’ahurissement succéda la terreur de la première annonce alors qu’il disait vouloir lui-même passer à mon service. Cette surcharge d’informations toutes plus incongrues et inattendues les unes que les autres me laissèrent figé, incapable de réagir.

Tant de choses se bousculaient dans ma tête, mais finalement, lorsqu’il prit mon menton entre ses doigts comme il l’avait fait au casino plus tôt, un vide aussi grand que mon incompréhension se forma dans mon esprit en aspirant toutes mes pensées. Qu’est-ce que je sentais de cet homme? Tapis dans l’ombre de sa chaleur et de ses gestes suaves, je discernais un danger, un grave danger. J’étais plongé dans ses yeux bleus, l’eau calme en surface cachant le tumulte sombre juste en-dessous, si près et à la fois si lointain. Une tension venait de se former entre nous, mais bien que j’étais terrifié par cet abysse secret, l’envie de plonger dans ses eaux m’était infreinable. Qu’est-ce qui m’attirais? Le mystère ou le danger? L’ivresse de la chute ou la curiosité sauvage ne pouvant s’empêcher de trouver magnifique les plus noirs océans obscurs?

Prisonnier de ses doigts, mes passions se déchaînèrent, tiraillant mes entrailles entre le besoin de retrouver une amie perdue et l’attraction irrépressible qu’il menait sur moi. Sans oublier l’inversement du contrat que je n’avais toujours pas digéré, mes émotions s’étaient mélangées en une masse informe et instable qui ne pouvaient être exprimés. Même, supplantant mes émotions, ce sont mes instincts qui prirent le contrôle de mon frêle corps, instinct muant la tension entre nous en érotisme certain. Sans réfléchir, je m’étais naturellement rapproché du visage sérieux de Torhyn, mais mon élan fut arrêté par son soudain mouvement me guidant vers le lit.

Reprenant brusquement le contrôle de mon être alors que je sentais la chaleur humaine revenir dans le regard de mon compagnon, je m’étais assis sur le lit sans faire état du geste que je m’étais apprêté à poser. Tant de sentiments m’avaient traversé dans les dernières heures qu’il était difficile de les démêler, tout ce que je pouvais en tirer c’était que Torhyn comptait rester auprès de moi d’une manière ou d’une autre et cette seule conclusion avait quelque chose de rassurant. Mon compagnon était redevenu celui que je connaissais, sa voix douce énonçant avec calme que nous devions effectivement nous reposer. J’acquiesçait comme un enfant, dans ce genre de situation il me semblait beaucoup plus facile de suivre sagement des directives que de prendre moi-même des décisions. Aussi, bien que je sentais toujours un poids sur ma poitrine, le tumulte d’émotions se faisait plus lointain comme la fatigue prenait sa place. Néanmoins, je trouvais le courage d’ajouter :

- Je ne peux pas permettre que notre contrat soit brisé. Je veux bien accepter ton aide, mais l’ordre des choses doit être maintenu. Je resterai ton escorte, tu pourras continuer tes activités, seulement je me permettrai de te demander conseils au sujet de la disparition et je resterai transparent quant à mes investigations.

J’avais moi-même retrouvé un semblant de calme, mais je ne pouvais effectivement pas concevoir que notre contrat soit brisé. Après tout, qu’est-ce que je ferais de cette liberté? Cette seule pensée me fit frissonner. Pensant quitter Torhyn sur ces mots pour le laisser réfléchir, mon élan fut arrêté par l’élégante robe de soirée que je portais encore. Soupirant doucement, je me mis dos au docteur, à genoux sur le lit, pour lui présenter les lacets striant mes omoplates.

- Moi qui pensais pouvoir m’enfuir quelques instants pour te donner le temps de réfléchir à ma contre-offre… dis-je d’un ton résigné. Pourrais-tu délacer ma robe? Je n’arriverai pas à l’enlever par moi-même avec ma coiffe.

Torhyn Lokred
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Il avait voulu l’aider ? Jouer les escortes, faisant payer pour leurs compagnies…Comme il le disait si bien cela satisfaisait tout le monde. Une fraction de seconde je me sentais pitoyable d’avoir eu besoin des services d’un escorte. Mais tel était le prix de la solitude. J’avais toujours eu tendance à m’attacher rapidement. A fondre devant de jolis traits. J’avais appris que finalement les sentiments n’étaient pas toujours à double sens. Et les êtres qui avaient pu compter pour moi m’avaient été arrachés. J’en venais à me dire que la seule personne qui m’avait réellement aimé, c’était ma mère…La seule qui n’avait cessé de me témoigner toute son affection malgré…toutes les déceptions que j’avais pu lui occasionner. A force d’avoir entendu les autres me dire que j’étais fou, ou monstrueux, j’en étais arrivé à me demander si je méritais d’être aimé.

Je chassais mes sombres pensées, revenant à la réalité. Ubarhy n’avait pas pleinement répondu à ma question concernant sa relation avec cette Twi-lek. Simplement elle était suffisamment importante à ses yeux pour qu’il cherche à la retrouver, au point de ne pas trouver la paix tant que cela ne sera pas fait. J’allais lui demander si son âme serait apaisée si c’était un cadavre qui lui était rendu. Mais je me tus. Ce n’était pas le moment de remuer le couteau dans la plaie.

D'autant plus qu'il avait l'air perdu...complètement. Un court instant j'avais cru qu'il allait s'abandonner pleinement. Mais mon action lui avait permis de se ressaisir. Je ne saurai dire si cela me soulageait ou me frustrait. Il était devenu une proie facile, mais cela ne voulait pas dire que je désirais cesser ce jeu entre nous. Bien au contraire en réalité. Mais j'espérai qu'il ne se sente pas forcé d'être proche de moi, à cause de ce contrat justement...ou parce que son désarroi était trop grand à lui faire perdre ses moyens. Je le voulais consentant et lucide.

Je fus quelque peu surpris de sa contre-proposition. Il acceptait mon aide, mais voulait rester à mon service. Je soupirais avec un petit sourire :

- Tu es incorrigible…

Il s’était tourné pour me présenter le dos de sa robe à défaire. Avec douceur, j’entrepris de le libérer de l’emprise du tissu sombre de sa tenue de soirée. Puis, j’écartais doucement les côtés de la robe non sans attarder mes doigts sur l’ocre de sa peau.

- C’est bon, murmurai-je. Et...nul besoin de réflexion, on fera comme tu le souhaites. Je profiterai du symposium pour en savoir plus…il n’est pas impossible qu’il y ait un lien avec le monde médical…

J’avais bien une petite idée…sur le fait que ce soit précisément une Twi-lek qui ait disparue…Je le regardais s’échapper en direction de la salle de bain. Je me laissais choir totalement sur le lit…toujours vêtu, quoi que débraillé il fallait le reconnaitre. Je fermais les yeux…réfléchissant à nouveau…Soudain…il ressurgit :

*Héhé…bravo…j’ai presque cru à ton petit numéro de charme…Il va devenir complètement accro à ce train là.*

*C’est le but…*

*Mais tu vas faire quoi de lui ? *

*Qui sait…un jour il pourrait nous être utile…Il est débrouillard malgré son apparente innocence. Et suffisamment futé…*

*Un échange de bons procédés…*

*Comme toujours *

Je procédais toujours ainsi. Mon esprit bouillonnant avait sans cesse besoin d’apprendre, de se lier, de comprendre toujours plus loin.

*Tu t’imagines toujours que tu maitrises la situation ? Sous tes airs de grand chevalier blanc tu empeste la peur Ryden…tu empestes la peur mais tu ne t’enfuis pas pour autant. Tu crains de perdre l’affection de ce jeune homme. Tu as peur de perdre pied face à lui…N’oublie jamais Ryden…toi et moi sommes pareil. Sans cette formidable imagination qui nous caractérise nous ne vaudrions pas mieux que les imbéciles qui nous entourent…La peur est le prix à payer de cet instrument…Je peux t’aider à le supporter. Cesse de me repousser, il ne nous reste pas beaucoup de temps à vivre…je peux nous aider… *

*Suffit !*

J’avais rouvert les yeux en grand et m’était redressé brusquement chassant mes démons pour retrouver le réel de la chambre de l’hôtel. Ma main s’était posée sur ma poitrine comme pour en extraire l’oppression que je ressentais. Je soupirais…réalisant que je ne risquais rien en un tel lieu. Mon double devenait de plus en plus avide. Peut-être allais-je vraiment devoir songer à consulter pour cela ?

Je tâchais de ne plus songer à ces désagréments qu’étaient les miens, et me concentrer sur la situation. Je me rallongeais de nouveau, puisant dans mes souvenirs de la soirée au casino. Il fallait que mon jeune ami me détaille l’individu sur lequel Klyffa avait jeté son dévolu…Je me souvenais de la scène…ce n’était pas vieux, et je n’avais pas encore « traité les données » retenues par ma formidable mémoire. Le Togruta avait jeté son étole sur moi…et Klyffa avait fait de même sur un autre homme …Hraaa…la partie de sabacc m’avait empêché d’être plus attentif…les images m’échappaient. A quoi ressemblait-il ? Je le tenais presque…Si ma mémoire daignait bien cesser de se montrer capricieuse. Mes bras en guise d’oreiller, je regardais le plafond, perdu dans les réminiscences de la fameuse soirée, je n’avais pas perçu le retour d’Ubarhy…






Ubarhy Naash
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Le sourire de Torhyn apaisa mes craintes. Oui, le sourire lui allait à merveille et faisait apparaître de jolies pattes d’oies au coin de ses yeux secrets. J’espérais ne pas avoir à réaffronter son air grave de si tôt, son visage illuminé ainsi étant on ne peut plus rassurant. Une partie du poids me serrant la poitrine s’effaça autant dans mon esprit que dans mon corps alors que mon compagnon s’attelait à la tâche de me libérer de ma robe de soirée. Ses gestes étaient assurés, je me surprenais toujours de la douceur de ses doigts et sa grande minutie sans doute hérité de son métier. Également, je n’étais pas sans remarquer la fugace caresse de mon échine, je n’en attendais pas moins, mais sa délicatesse me faisait toujours un petit quelque chose. Une fois la robe délacée, je pris une grande inspiration avant de me retourner vers le docteur.

- Merci pour ton aide, dis-je en souriant. Mon sourire s’élargit en entendant la capitulation du gentleman quant à ma requête. Il acceptait de garder notre contrat, j’avais évité la catastrophe. Tu me vois ravi de cette décision et sache que ma position n’a rien de déplorable.

Je voulais le rassurer. En fait, de ma vie de vagabond, je n’avais jamais été aussi bien traité et libre qu’avec ce contrat. Peut-être l’une des raisons pour laquelle j’avais cru mourir quand Torhyn m’avait annoncé qu’il voulait y mettre fin. Quant à son second commentaire, un frisson sinistre me traversait à la mention d’une possible liaison avec le monde médical. Immédiatement mon esprit imaginait le pire. Qu’est-ce qui était le mieux entre se retrouver dans un marché de traite d’humanoïdes et devenir esclave sexuel ou de se retrouver rat de laboratoire? Je préférais ne pas pousser ma réflexion.

- Si tu peux trouver des indices ce sera ça de pris. Je t’avoue que je n’avais pas songé aux médecins comme de potentiels suspects. Soudainement, tous les visages cordiaux que j’avais vu au symposium me paraissaient soupçonnables. Mais tu as raison, il ne faut écarter aucune piste. Je m’arrêtais finalement en me frottant le front, relevant les yeux avec un faible sourire en coin. Dans tous les cas, comme tu l’as si sagement souligné, je pense qu’on a fait le tour de la question pour ce soir. Je viens te rejoindre dans quelques minutes.

Je m’éclipsais sur ces mots, tenant la robe sur mes prothèses avant de disparaître dans la salle de bain. J’enlevais d’ailleurs lesdites prothèses, soupirant de confort en massant mes pectoraux suffoquant sous la pression des seins artificiels, puis sauta dans la douche. Une poignée de minutes s’écoulèrent avant que je ne réapparaisse en tant qu’Ubarhy, débarbouillé de mon maquillage et complètement dégrisé de l’atropine. Les émotions fortes avaient sans doute à jouer avec la taille de mes pupilles redevenues normales, mais au moins je n’avais pas à en prendre une troisième dose comme mes pleurs m’avaient complètements vidés de mon énergie. J’étais habillé d’une simple tunique ample m’arrivant à mi-cuisse, comme la veille, et je tombais sur un Torhyn en pleine réflexion, les yeux perdus dans le vague.

Me faisant discret, je vins le rejoindre dans le lit sur la pointe des pieds et imita sa pose, les bras sous la base de mes montrals pour que mon lekku arrière ne soit pas trop écrasé par mon poids, le regard fixé au plafond.

- Merci Torhyn. Pour tout. Je n’allais pas m’épandre en remerciements laborieux, je n’avais pas pour objectif de flatter son égo ou de l’ériger en bon cavalier servant. Non, je voulais juste… le remercier. Sans autre attente. Je peux te poser une question? poursuivis-je avec douceur. Sens-toi bien aise de me mentir si tu le souhaite, mais je suis curieux. Pourquoi tu ne te sers pas de ton pouvoir? Je laissais une seconde de suspend avant d'ajouter sans malice: Si tu es pour me mentir, évite juste de me dire quelques choses à la mords-moi le nœud à base de grands principes de justice et d’altruisme. Ce serait dégradant pour tout le monde.

Torhyn Lokred
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Il s’était fait discret, si bien que je n’avais même pas réalisé qu’il était à mes côtés. Quand je partais dans les tréfonds de mon palais mental, je ne prenais plus attention à ce qui m’entourait. Autant dire que je me devais de rester prudent quand je faisais cela. Il me fallut un temps de réflexion pour comprendre ce qu’il appelait mon « pouvoir ». En un sens, sa question était amusante. Il m’autorisait même à mentir ? Je ris de bon cœur…un rire éclatant.

- A quoi bon mentir ? Et n’aies crainte, il y a bien longtemps que j’ai abandonné l’altruisme ou la justice. Je ne crois plus ni en l’un, ni en l’autre. Seuls les puissants ou les idéalistes peuvent se permettre cela. Je me rendis soudainement compte que mes propos que je ne donnais pas une vision très positive de mes ressentis face à cette diablesse de vie. Mais qu’y pouvais-je. J’entrais alors dans le vif du sujet : ces facultés dont tu parles, je les utilise autant que faire ce peu, mais avec prudence désormais. Autrefois j’ai pris des décisions irréfléchies. J’ai manqué de jugement, aveuglé par ma suffisance et mon impétuosité. Le prix d’avoir un cerveau génial…J’étais en colère parce que les autres ne raisonnaient pas aussi vite que moi, ou réfutaient mes idées parce qu’ils n’en comprenaient pas le génie. J’ai donc pris les devants et agis seul…sans réfléchir aux conséquences. J’ai payé cher mes actions…très cher. Je ne précisais bien entendu pas ce dont je voulais parler. Je ne pouvais révéler tous les secrets de mon histoire. Sans quoi je devrais le tuer. Ce serait fort dommage. Il avait suffisamment d’imagination et de bon sens pour faire un lien avec cette énorme cicatrice qui fendait mon torse. En un sens tout était lié…même si j’omettais volontairement un large pan de mon passé. Je repris avec gravité : j’ai appris à m’adapter, ployer quand il le fallait et mettre de côté cette véhémence qu’était la mienne plus jeune. J’ai compris que pour parvenir à mes fins…il me fallait des amis puissants. Mais quand on est un inconnu, avec peu de moyens, il faut faire preuve de patience et de persévérance. Voila pourquoi j’utilise ces capacités en sous-régime si l’on peut dire. Tout dépend de la personne avec qui on interagit.

Je ne me voyais pas jouer à ce genre chose face à Absalom. J’avais été honnête avec l’ancien Sith dès le début. Il était un des rares à savoir tout…au même titre qu’He’Thu. Il fallait dire qu’ils avaient un moyen très…convainquant de me tenir en laisse : leur maîtrise de la Force.

Je songeais que mon jeune ami n’avait eu qu’un léger aperçu de ces capacités. Malgré tout il avait été capable de noter ces détails qui faisaient parti de mon jeu. Je devinais que la raison était fort simple : il savait jouer lui aussi. Tromper pour parvenir à ses fins était également un de ses points forts. Ne s’apprêtait-il pas pour semer le doute et mentir sur son genre ? C’était une forme de tromperie…Et ce n’était qu’une facette du jeune Togruta. Il en avait surement bien d’autres. L’honnêteté apparente dont il faisait preuve avec moi n’était sans doute pas révélatrice de la nature de mon nouvel ami. Ce qui le rendait d’autant plus fascinant comme sujet d’étude pour le lorrdien que j’étais. Je tournais la tête vers lui :

- Si tu veux un conseil, ne sois pas comme moi. Et n’agis jamais dans la précipitation. Avant de bouger tu dois anticiper tous les risques et les conséquences potentielles. A présent je me rends compte que j’ai perdu bien des années à tâcher de réparer mes erreurs. Et à présent le temps me manque. Machinalement mes doigts s’étaient posés sur mon torse. Mon corps n’était que temporairement remis, et la mort planait au-dessus de moi. Dis-toi que c’est le principe de l’animal qui feint d’être docile…attendant patiemment son heure pour s’échapper, et retrouver sa place parmi les siens.

C’était mon cas…outre mes problèmes de santé, j’attendais mon heure pour reprendre ma place parmi les miens…Je comptais sur l’aide d’un certain Hapien et d’une enfant de Kiffu pour cela.

Un petit sourire amusé s’était dessiné sur mes lèvres alors que reprenais ma contemplation du plafond…

- Il faut que tu saches qu’être médecin n’est pas forcement synonyme de bienveillance. Et maintenant que j’en sais plus sur la position de ton amie…un détail de cette soirée me revient. Il parait qu’un article sur la Grippe Twi-lek va bientôt sortir. Cela signifie que de nouvelles études ont été tentées…et…quelque chose me dit qu’elles sont en dehors des sentiers battus prônés par le spécialiste en la matière qui s’est retiré sur Ryloth depuis bien longtemps. Cela tombe à pique que c’est précisément une Twi-lek qui a disparue…

Je tenais ce que je considérais comme un os à ronger. Intérieurement j’étais exalté par cette idée de mener une enquête…et bien que j’avais conseillé à Ubarhy de se reposer, la recommandation ne semblait pas s’appliquer pour moi.









Ubarhy Naash
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Un éclat de rire, ne se faisait dans ce monde aucune musique plus belle. Loin de lui l’idée de se moquer, ce que je discernais était à l’instar tout à fait authentique et m’arrachait un sourire. Comme je m’en doutais, le docteur balaya du revers de la main les idées de justices, ce que j’avais fait aussi, et j'acquiesçait à ses propos. C’est son discours sur le pouvoir qui devint intéressant, lui admettant qu’il l’utilisait avec prudence suite à quelques déboires dans sa vie antérieure. Bien que ma curiosité fût piquée, il aurait été mal venu de lui demander plus de détails sur ces erreurs dont il faisait mention et je continuais donc sagement d’écouter mon compagnon. J’avais bien remarqué que Torhyn était un être exceptionnellement intelligent, ses tendances misanthropes étant un symptôme typique des génies incompris de leurs pairs. Pas que j’en fasse parti, loin de là même, mais j’avais croisé dans ma tribu shamans et autres prêtresses qui s’étaient isolés du monde, lassé par la médiocrité de leurs semblables.

C’est avec un air plus sérieux qu’il poursuivit, admettant les sacrifices dont il avait dû faire preuve pour avancer vers son objectif quel qu’il soit. Un sourire traversa mon visage, je me reconnaissais tout à fait dans les mots du docteur. Courber l’échine, patienter, ravaler son dégoût et son amour propre pour ramper dans la boue et se rapprocher, un centimètre à la fois, de ce but qui nous meut. Je repensais donc instinctivement à ma mère, Naasha, sa beauté et sa sagesse sans limite ayant envoyé son enfant prodige récupérer un artefact aux confins de l’univers. Torhyn devait travailler à une autre échelle, nos vies n’avaient sans doute pas grand-chose en commun, mais je trouvais amusant de constater que nos chemins de pensés étaient en routes parallèles.

Lorsque mon compagnon tourna la tête vers moi, je fis de même. Il avait la voix de celui qui a vécu, mes grands yeux bleus étaient fixés dans les siens, attentifs et absorbant volontiers les expériences qu’il me partageait. Je n’étais généralement pas friand de conseil, mais pour lui je ferais une exception. À ses côtés je me savais immature, s’il pouvait me faire grandir s’aurait-été bête de ne pas l’accepter. Ceci dit, son conseil allait être difficile à appliquer dans ma vie… Comment anticiper tous les risques dans un métier comme le miens consistant précisément à se mettre à nu? Surtout vu ma constitution, ma seule arme étaient mes poisons… et là encore je n’avais sous la main que ce que j’arrivais à synthétiser ou récupérer sur le marché noir. Rien de bien méchant en somme. Alors que je réfléchissais à comment appliquer tel conseil, je remarquais les doigts de mon hôte glisser sur sa cicatrice. Le temps lui manquait? Je ne connaissais strictement rien aux transplantations de poumons, ne suffisait-il pas de changer pour de nouveaux poumons artificiels lorsque les premiers fatiguaient? Surement pas vu l’air de mon compagnon, ce devait être terrible de sentir l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête en permanence. Par réflexe, comme pour le consoler, j’avais posé ma main sur celle qui s’était porté à sa cicatrice. Le rouge sur la pâleur de sa peau, comme un écrin de neige sur la montagne.

Finalement, de son cas Torhyn avait fait un bon vers ses collègues médecins en brisant notre regard. Pourtant, je regardais toujours le côté de son visage bien découpé par sa barbe finement taillée, n’arrivant pas à déchiffrer le sourire qui flottait sur ses lèvres alors qu’il disait pourtant des choses pour le moins angoissantes.

- La Grippe Twi’lek? Qu’est-ce que c’est? Le nom n’a pas l’air si terrible, mais quelque chose me dit que ça fait office d’euphémisme… Tu penses vraiment qu’on aurait pu enlever Klyffa pour faire des tests?

Question stupide évidemment, le docteur ne m’aurait pas fait telle mention s’il ne se doutait pas de quelque chose. Je me sentais incroyablement démuni face à cette nouvelle réalité. Autant m’infiltrer dans une chaîne de trafique humanoïde ça pouvait se jouer, autant là, la bulle fermée des médecins m’étaient inaccessibles. J’étais donc entièrement dépendant de Torhyn, encore heureux qu’il n’use de son pouvoir qu’avec parcimonie…

- Je ne peux pas te laisser faire tout le travail seul, mais il faudra que tu me guide, que tu me dises quoi faire pour aider. Je me tus quelque seconde, sondant le visage de mon ami avant de reprendre lentement. Ce monde de cobayes que tu m’apportes… ça me terrifie. Tout ce que j’imagine c’est un brancard blanc avec des sangles, des scalpels et des aiguilles, de la douleur… mon regard tomba quelques secondes sur nos mains toujours enlacées. Et du sang. Du sang rouge sur des draps blancs. Je ne pu réprimer un frisson de peur qui me secoua tout entier. Les images dans ma tête étaient terribles, je m’imaginais une seconde sur ce brancard que j’avais décrit et je sentais mon âme me quitter. Rassure-moi, soufflais-je d’une petite voix, tu pense qu’on y arrivera? Il est déjà trop tard?

Torhyn Lokred
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Ses doigts étaient venus se mêler aux miens, un geste de soutien face à cette souffrance que je lui avais présenté. C’était si attentionné de sa part.

Mes explications sur le fait qu’un ou des médecins pourraient être responsables de la disparition de Klyffa l’atteignirent plus que je ne l’aurais cru. Il s’interrogeait, à juste titre, sur la dangerosité de la maladie qui m’avait mis la puce à l’oreille.

La grippe Twi-Lek…je connaissais intimement cette maladie. J’avais longuement travaillé dessus avec un éminent médecin. Un des rares à avoir gagné mon respect. Hermahus Martins. Un homme bon et intègre…un idéaliste. Nous étions amis, du moins je l’avais cru. Mais quand il se rendit compte que pour tester le vaccin que nous avions mis au point j’avais sciemment inoculé la maladie à des spécimens…il me dénonça. Au nom de quoi ? Une pseudo morale. J’avais été sanctionné par le comité d’Ethique. Mis à pied pendant un long moment. De quoi alimenter ma colère et ma frustration d’avoir, encore une fois, été incompris.

Mon sourire s’était élargi…Se pourrait-il que quelqu’un cherche à copier mes méthodes ? Je me résolus à apporter un peu plus de détails à mon jeune ami.

- C’est une foutue maladie. Elle peut tuer…c’est pour ça que la mise au point du vaccin fut primordiale. Le premier fut découvert il y a quelques années, par des chercheurs lorrdiens. Il fut efficace les premiers temps. Mais il existe plusieurs souches et le vaccin n’en couvrait qu’une partie. Sans oublier la capacité du virus à muter. Les recherches sont toujours en cours. Certains estiment que celui qui parviendra à trouver un vaccin capable de couvrir un maximum de risque empochera l’exclusivité sur les recherches, et les gains qui vont avec. C’est une course à la notoriété et l’argent…rien de plus. Pour cela, tous les moyens sont bons.

Je me demandais bien s’il s’agissait de cela et si oui…qui ? Qui dans le symposium avait décidé de faire cela ? Cette pensée me hantait…

- Ce monde de cobayes que tu m’apportes… ça me terrifie. Tout ce que j’imagine c’est un brancard blanc avec des sangles, des scalpels et des aiguilles, de la douleur…

Sans même vraiment m’en rendre compte, car toujours réfléchissant, je répondis doucement :

- Un bon chercheur prends soin de ses cobayes. Certes, il y a du vrai dans ta description. Mais nous faisons tout pour éviter la douleur de nos spécimens en observation. Il en est de même pour tous les types de cobayes. Du moins…si le chercheur est consciencieux. C’est pas gagné s’il est pris par le temps.

Je réalisais que mes mots pouvaient sembler froids et dénués d’émotions, et Ubarhy était dans en proie à une forme d’effroi. Il avait besoin d’être rassuré, pas entendre ce genre de choses. Je m’étais alors redressé, et l’attirais vers moi pour le prendre dans mes bras.

- Mon doux ami...Je suis désolé…La recherche en matière d’infectiologie est loin d’être quelque chose de beau. Bien au contraire. Ne te mine pas. Nous ne savons même pas si ton amie a été emmenée dans ce but. En un sens je le lui souhaite…Il sera plus aisé pour nous de la retrouver. J’ai une marge de manœuvre plus grande pour tout ce qui touche au domaine médical. Et je connais bien tout ce qui concerne cette maladie. Je l’ai déjà étudiée (forcement…). On va la retrouver…ça va aller...certes il faut rester réaliste, mais...nul besoin de dramatiser inutilement. Je le berçais presque contre moi…avant de finalement lui avouer un léger détail que j’avais omis : la Grippe Twi-Lek porte assez mal son nom. En vérité, elle s’attaque aux porteurs de Lekku car ce sont eux qui sont atteints. Cela inclus donc…les Togrutas…Et il n’est pas question que l’on prenne le moindre risque à ton encontre. Il faudra que je te vaccine. Si tu venais à contracter la maladie d’une façon ou d’une autre…une de mes mains s’était tendrement posée sur son visage que j’avais légèrement écarté de moi pour mieux le voir avant de murmurer : je ne me le pardonnerai pas…

Bon sang qu’il était trognon…Je terminais ma phrase en venant déposer un long baiser sur ses lèvres. Et pour la peine, j’étais parfaitement sincère, je ne voulais pas qu’il se mette en danger.



Ubarhy Naash
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Je n’arrivais pas à déterminer ce qui était le plus glaçant entre l’expression toute normale de mon ami et le cœur de ses propos quant à l'utilisation de cobayes sensibles. Aussi, son utilisation du « nous » me fit tiquer, mais je me repris en me disant que des cobayes il en avait forcément eu, or ils pouvaient très bien être de nature animale. Malgré tout, je n’étais pas rassuré par son explication qui n’avait au final pas grand-chose d’encourageant.

Cependant, quand Torhyn me prit dans ses bras, je ne résistais pas. Je me laissais enlacé, écoutant toujours attentivement ses mots soudainement bien plus chaleureux et attentionnés. Je passais un bras dans son dos pour lui rendre son étreinte, ma coiffe collée à son torse me laissait percevoir les vibrations de son cœur, un cœur bien vivant battant à un rythme régulier. Je me réfugiais dans ses paroles apaisantes, me consolant ainsi pour éviter de me repasser les images d’horreur qui me tournaient en tête.

Quand mon cher compagnon reprit pourtant, c’était pour me mettre en garde. Donc la grippe Twi’lek pouvait aussi m’atteindre. Instinctivement, je passais une main sur mon lekku droit, ne sachant quoi faire de cette information. Si quelqu’un avait effectivement enlevé Klyffa pour ses sordides expériences, il n’aurait sans doute pas le culot de s’en prendre à la compagne d’un collègue, mais tout de même. J’allais devoir faire bien attention, j’en venais même à m’inquiéter quant au verre que j’avais pris au casino. Si les seuls attaqués étaient les porteurs de lekku, qu’est-ce qui empêchait un docteur d’inoculer cette maladie dans tous les verres? Je ne m’en faisais sûrement pour rien, une maladie et un poison ne se disséminaient sans doute pas de la même manière, mais je ne pouvais m’empêcher de devenir craintif.

Au moins je pouvais prétendre à une certaine sécurité au près de Torhyn. Il venait de doucement relever mon visage vers le sien, mes yeux témoignant mes inquiétudes. Or, les siens étaient d’un calme profond et je voulais de tout cœur croire en sa sincérité lorsqu’il murmurait sur mes lèvres ne pas se pardonner si je venais à attraper la fameuse Grippe. Je n’avais pas le choix de le croire. Lorsqu’il vint m’embrasser tendrement, je fermais les yeux. Pour vu qu’il soit honnête. De mon bras dans son dos, je le serrais contre moi. C’était sans doute l’entreprise la plus terrifiante que j’ai jamais eu à faire face. Mon cher ami, mon tendre ami, puisse-tu tenir les paroles que tu m’as dite.

Je me séparais quelques secondes de notre passionné baiser, soufflant doucement :
- Comment on la contracté cette maladie? Et tu penses qu’il est impératif de me vacciner? Les procédures médicales… ça n’est pas mon fort. En fait, je ne pense jamais avoir eu à faire à un médecin de toute ma vie. Un sourire dépité se glissa sur mon visage. Mon discours était digne d’un enfant, sans doute tout à fait ridicule en face d’un professionnel. Une chose de plus qui m’effraie. Comme pour me rassurer, je vins doucement requérir les lèvres de mon ami quelques secondes avant de reprendre. D’autant plus que si ce vaccin n’est que peu efficace comme tu me l’as expliqué, je ne sais pas si c’est absolument nécessaire.

J’allais essayer de me défiler autant que faire ce peu. Un vaccin, j’en savais peu sur le sujet, mais la seule idée de me faire injecter un corps étranger suffisait à me rendre mal alaise. De plus, ma crainte quant à tout ce qui allait désormais entrer dans mon corps d’une manière ou d’une autre avait été exacerbé par cette histoire de cobaye. Sans que je ne remette vraiment les intentions de Torhyn en question, je n’allais pas faire confiance à quelconque autre médecin. Je doutais que mon hôte traîne dans sa valise sa trousse personnel de vaccin, surtout pour une maladie qu’il n’avait aucune chance d’attraper. Alors, dans quelles mains allait passer la seringue? Comment savoir si une personne mal intentionnée décidait de faire de moi un sujet de test dont Torhyn allait forcément prendre soin à son insu? Peut-être étais-je paranoïaque, mais toutes ces affaires médicales ne me mettaient pas en confiance.

- Demain, quel est ton plan? Je pourrais passer en ville dans tes premières heures de symposium pour aller chercher un communicateur, comme ça au moins on pourra se contacter facilement. Je pourrais aller te le porter directement ou te le laisser aux abords de l’établissement hébergeant l’évènement. De pouvoir communiquer avec toi me rassurerait bien plus que d’avoir un vaccin. Je soupirais en me pressant contre mon compagnon, l’un de mes lekku tombant sur son torse chaud, mon nez sur le flanc de son cou. Cette mission est bien plus compliquée que je ne l’avais imaginé, mais je suis plus qu’heureux que tu sois à mes côtés. Je sent qu’on a au moins une chance.

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