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Sly Keto était Reine d’Umbara, mais aussi un nom dans les milieux des affaires. Du moins sur Corellia et Brentaal IV au sein de la République seulement… Sa récente sortie de l’isolationnisme Umbaran l’avait fait ressortir quelques peu, comme son soutien à Grendo S’orn affiché. De part ses investissements réalisés au sein de Baktoid Automata, une entreprise spécialisée dans la construction de droïdes de sécurité ayant mené le projet SCAR qui a été avorté et réaffecté. Les crédits apportés par plusieurs investisseurs dont ceux de Sly avaient permis d’éviter à cette société d’éviter la banqueroute. Aujourd’hui se tenait une réception plutôt chic et huppée rassemblant la plupart des investisseurs de Baktoid Automata. Une quarantaine d’hommes et de femmes d’affaires étaient présents et rassemblés dans une grande pièce occupant le dernier étage de la tour Baktoid, réservée pour les réceptions grandioses. Le crépuscule tombait doucement sur Brentaal, teintant son ciel de couleurs rosâtres et laissant même la lune timidement apparaitre dans la partie plongée dans les ténèbres du ciel.

Sly était venue avec des éléments de sa garde royale qui sécurisèrent les entrées aux côtés de droïdes de sécurité et de gardes du corps privés. L’endroit était majoritairement peuplé d’humains, même si certains Mon Calamaris, Grans, Muuns, Neimoidiens, Bothans, Bith et autres Sullustéens étaient également présents. Tous ici étaient des businessmans ou responsables politiques, à l’exception de trois personnes qui semblaient plus aguerries au combat que d’autres.
L’un était un humain, un officier de la République en uniforme qui était là envoyé par l’État-major pour s’assurer que les investissements réalisés par l’armée avaient accouché d’un modèle de droïde parfait pour assurer la sécurité de certains sites, ou venir en renfort à des forces de sécurité civiles.
A sa droite se trouvait un zabrak au visage balafré et borgne qui trahissait son passé de soldat en dépit de son élégant costume. Celui-ci représentant une société militaire privée de moindre envergure dont les agissements étaient tolérés par la République. C’était des mercenaires, mais sérieux et professionnels qui étaient spécialisés dans le conseil et formation de forces paramilitaires destinées à assurer la sécurité civile et militaire sur des mondes neutres de la bordure extérieure. Rarement la République les payait afin de faire de la reconnaissance ou des offensives ciblées sur des objectifs impériaux à grande valeur stratégique.
La troisième personne était un bothan bien vêtu qui était en retrait du rassemblement. Le fait qu’il mettait régulièrement son doigt griffu à son oreille révélait sa nature de chef de la sécurité visiblement, recevant des rapports ici et là venant de ses agents qui communiquaient avec lui.

Les conversations allaient bon train, et étaient partagées entre échanges de banalités, relations client/fournisseurs entre businessman, tractations commerciales, félicitations réciproques des excellents résultats de leurs corporations et entreprises, mais aussi les élections à venir concernant la Chancellerie. Plusieurs de ces pontes et capitaines d’industrie avaient pris parti concernant Grendo S’orn, d’autres se faisaient plus discrets dans leurs choix politiques, estimant la situation trop fragile pour risquer de parier sur le mauvais étalon. Sly Keto avait plusieurs fois été approchée à ce sujet, certains préférant passer par elle afin de faire savoir le soutien qu’ils apportaient à la candidature du président du Front Libéral Républicain. D’aucuns s’étonnaient qu’Umbara ne soit pas rattachée au parti de l’étoile montante qu’était Grendo S’orn, ce à quoi Sly répondait que les pourparlers étaient en cours. Mais elle n’était pas dupe, certains l’interrogeaient à ce sujet et la haïssaient pour son ascension politique assez fulgurante après la déclaration du sénateur Detchi d’Umbara de soutien à la candidature du neimoidien.

Sans doute que les fidèles adhérents du Front Libéral voyaient en elle, un outsider capable de porter atteinte à leurs ambitions politiques, mais Sly Keto préféra leur mentir un peu sur ses propres desseins politiques. L’umbarane se sentait à son aise à cette réception, discutant avec le plus de monde possible pour tisser son réseau de relations, mais sa cible principale restait un humain : Farben Dalius, un directeur général d’une filiale de BlasTech Industries localisée à proximité de Corellia, fabriquant de blaster dotant aussi bien les armées régulières de la République que les forces de sécurité gouvernementales locales des mondes républicains afin de donner à ces policiers des modèles efficaces dans l’exercice de leurs missions. L’humain n’avait pas une réputation des plus sulfureuses hormis ses trois divorces au compteur. Farben Dalius était quelqu’un de propre sur lui officiellement, de respectable et respecté au sein de BlasTech comme auprès de ses clients. Seules certaines voix de journalistes un peu trop curieux décrivaient le portrait d’un homme ayant de trop grandes connivences avec le pouvoir politique de Brentaal IV au point d’influer sur celle-ci.

Ses liens avec la banque d’Aargau étaient officiels, mais pour l’heure rien ne pouvait entacher sa réputation. Il n’était suspecté d’aucun crime ou de délit, ni de corruption. Du moins dans ce dernier cas, Farben Dalius avait soigneusement réussi à éviter des enquêtes le reliant à des financements illégaux de campagne politique avec de l’argent douteux provenant de ventes d’armes à la limite de la légalité. Farben Dalius plaisait à Sly, c’était quelqu’un de brillant, un homme d’affaires compétent et habile qui savait jouer avec les zones grises de la législation fédérale grâce à l’aide de ses avocats et conseillers juridiques afin de tirer son épingle du jeu. Il était plus jeune qu’elle, de sept ans son cadet, mais avait déjà réussi à se tailler une bonne part du gâteau en étant un responsable de secteur d’un fleuron de l’industrie républicaine en matière d’armements. Bien entendu, c’était aussi un fournisseur d’armes de Baktoid Automata, armant les droïdes de sécurité avec des modèles militaire standards mais particulièrement récents pour sa série SCAR. Dalius n’avait pourtant pas encore appuyé la candidature de S’orn à l’heure actuelle, et Sly espérait passer par lui afin que BlasTech prenne officiellement position. Aussi, c’était en représentante du neimoidien que Sly Keto approcha du quadragénaire flamboyant et élégant afin qu’il puisse convaincre le Président Directeur Général de BlasTech de soutenir S’orn.

Lorsqu’elle s’approcha de lui, l’humain la remarqua immédiatement et lui offrit un sourire de séducteur tandis qu’il faisait de l’espace avec ses mains afin d’intégrer l’umbarane au groupe de trois personnes dont il faisait partie. Son ton chaleureux et son allure détendue

- Reine Keto ! Mes hommages, je constate avec plaisir que les racontars sur votre charme ne sont pas usurpés.
- Vous me flattez monsieur Dalius !

A ses côtés se trouvait le conseiller en sécurité zabrak répondant au nom de Sivrus Cumis, et un muun –représentant le clan bancaire- qui s’appelait Hego Vimusk. Sly Keto les salua également d’un hochement de tête.

- Je ne flatte jamais personne, je suis quelqu’un d’honnête quand je fais un compliment votre majesté.
- C’est tout à votre honneur Dalius.


Dit-elle simplement tout en s’approchant du buffet pour se saisir d’une coupe de champagne avec élégance. Vimusk prit la parole immédiatement d’un ton plutôt obséquieux mais très respectueux à l’égard de l’umbarane.

- Votre majesté, sachez que le clan bancaire se réjouit de votre surprenant support à la candidature du candidat de notre parti.
- C’est le candidat dont la République à besoin, les mandats de la chancelière Kira étaient synonymes d’espoir, mais c’est bien la seule chose positive qui a pu émerger de sa gouvernance. J’ose espérer que le peuple aura la clairvoyance de le désigner comme Chancelier.


Dalius restait sur la réserve mais vint à nouveau prendre la parole.

- Dans tous les cas, BlasTech est ravi de voir Umbara prendre sa place dans l’arène politique et économique de la République. J’ai bon espoir que votre ouverture à la galaxie réussisse à conjuguer opportunités et prospérité.
- Moi de même naturellement. Les affaires se déroulent plutôt bien en ce moment n’est-ce pas ?
- Tout à fait, notre chiffre d’affaires a été multiplié par 3, mais nous craignons que la… situation diplomatique actuelle soit le début d’un certain ralentissement dans notre croissance.


Ce n’était pas étonnant. Farben Dalius était un marchand d’armes. L’annonce du Sommet Galactique pour la Paix prévu sur Ossus ne rassurait pas les pontes de l’industrie militaire, contrairement aux banquiers de Muunilists qui sauraient profiter de la paix pour investir les richesses engendrées au cours de la guerre dans des secteurs rentables.
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Depuis la mort de Maître Gedrag, Sxyd se devait de trouver des revenus afin de ne pas voyager et vivre sur ses économies, qui fondraient comme neige au soleil. La perspective de se vendre comme mercenaire ne l'enchantait pas. A ses oreilles, “mercenaire” sonnait plutôt péjorativement. Ce mot désignait en substance toute personne plus intéressée par l'agent que par la finalité de ses actions. Or, pour Sxyd, l'argent était à l'inverse un moyen et non une fin en soi. Son but était de rétablir un certain équilibre social dans la galaxie, entre ceux qui avaient tout et en voulaient toujours plus quitte à manigancer, et ceux qui avaient peu et étaient écrasés par ces premiers. Il savait que ce serait une lutte infinie, la galaxie parfaite n'existerait jamais, mais si personne ne maintenait cette lutte, alors cela ne servirait plus à rien d'y vivre.

Plutôt donc que de se vendre comme mercenaire, Sxyd avait dû chercher d'autres groupes activistes, et ainsi obtenir des soutiens logistiques, financiers et parfois même paramilitaires, afin de continuer à œuvrer pour les bonnes causes. De cette façon, il pouvait voyager de planète en planète, trouver un point de chute, avoir le gîte et le couvert en prêtant de sa personne pour des missions de plus ou moins grande envergure. Parfois il s'agissait de toutes petites choses, insignifiantes à l'échelle de la planète voire même du pays, mais d'une grande importance pour les locaux. Et tant que Sxyd se sentait utile et dans la bonne direction, c'était toujours un bon moyen de subvenir à ses besoins tout en élargissant son cercle de contacts.

L'affaire qui le préoccupait à ce jour était cependant, pour le coup, de grande envergure. Son objectif ne consistait pas à faire un coup d'éclat retentissant, au contraire : ça y mènerait à terme si tout se passait bien, mais l'ordre du jour était l'anonymat. Il devait simplement s'inviter à une réception d'investisseurs et placer un mouchard sur un individu en particulier. Voilà qui était donc tout à fait dans ses cordes.

La République était en pleine vibration. La guerre actuelle contre l'Empire défrayait les débats, et le Sommet Galactique pour la Paix qui devait incessamment se tenir sur Ossus faisait grand bruit, soulevant toutes les espérances. S'ajoutait à cela les élections proches pour la Chancellerie Suprême, avec comme l'un des favoris aux sondages, l'actuel Ministre de la Sécurité Intérieure, Grendo S'orn, un bon gros pourri notoire comme le pouvoir sait bien en fabriquer. Sxyd était persuadé que la guerre arrangeait bien les affaires de Grendo S'orn et que le Sommet Galactique pour la Paix causait à cette pourriture plus d'inquiétudes que d'espoirs. Il faut dire aussi que la guerre, ça stimule le chiffre d'affaires de grandes sociétés telles que BlasTech Industries spécialisées dans la fabrication de blasters servant notamment à fournir l'armée régulière de la République. L'une des filiales de cette société avait pour directeur général un tout autre pourri, comme par hasard un Humain, un certain Farben Dalius qui comptait parmi les principaux actionnaires de Baktoid Automata, société de fabrication de droïdes. Droïdes armés par les produits de BlasTech Industries, évidemment.

Ce sont justement les différents investisseurs de Baktoid Automata qui étaient invités ce soir, dont Farben Dalius. Officiellement, Farben Dalius n'avait pas encore affiché son soutien pour la candidature à la Chancellerie Suprême de Grendo S'orn. C'en était presque étonnant, tant le Neimoidien belliqueux, magouilleur et tyrannique faisait office de monture idéale sur laquelle miser pour lui. Cependant, il avait de quoi influencer son accession au pouvoir ; après tout, cela ne faisait plus de doute qu'il avait déjà suffisamment d'influence sur le pouvoir de Brentaal IV, planète sur laquelle se trouvait le siège de Baktoid Automata, lieu de la réception du soir. Sachant que Brentaal IV était une planète d'importance pour la République, située au croisement de deux des plus importantes routes commerciales, proche de Coruscant, il n'y avait nul doute que Farben Dalius pesait dans la partie. Et ce n'était pas la seule chose qui inquiétait Sxyd et les autres activistes à qui il s'était allié.
Les journalistes bien informés peinaient à divulguer des affaires douteuses concernant Farben Dalius et à enclencher des enquêtes officielles. Farben Dalius n'avait pas seulement des connivences avec le pouvoir de Brentaal IV, mais aussi avec des marchands d'armes pas toujours très républicains et pas toujours très respectables. Ainsi, les armes vendues à la République servaient aussi à armer des dictatures, des esclavagistes, et peut-être même des alliés de l'Empire, qui pouvait dire jusqu'où ces affaires allaient ? Tout ça pour obtenir de l'argent sale servant à financer illégalement des campagnes politiques. Et cet argent pouvait très bien finir par serrvir – si ce n'était pas déjà le cas – la campagne de Grendo S'orn. Evidemment, si Farben Dalius réussissait si bien à esquiver les enquêtes et à faire taire les journalistes, c'est qu'il était entouré d'une batterie de juristes, d'avocats et d'économistes, qui le guidaient au travers des zones grises de la législation.

En somme, toute cette affaire puait au plus haut point, et Farben Dalius représentait l'exact stéréotype des cibles à abattre dans l'esprit de Sxyd.

L'ordre du jour n'était toutefois pas de le tuer. Sxyd avait déjà participé à des attentats, mais sa mission actuelle visait une méthode plus douce. Farben Dalius devait être confondu publiquement. Nul doute qu'il allait tenir des propos très intéressants tout au long de la réception de ce soir. Tout ce que Sxyd avait à faire, c'est lui placer furtivement un mouchard. En régie, tous les propos de Dalius seraient ainsi enregistrés et divulgués aux journalistes compétents. Ce serait une véritable bombe médiatique.

Pour s'inviter à la réception, Sxyd s'était vu fournir de faux papiers, avec une fausse identité. Pour ce soir, son nom serait Kaasxalid Thsio, sous-directeur de l'entreprise Ruton, réel fournisseur en puces électroniques de Baktoid Automata. Pour préparer cette mission, le groupe d'activistes avait fait en sorte que le directeur de Ruton eût un “empêchement”. Ainsi, c'est Kaasxalid Thsio qui le représentait.

Sxyd alias Kaasxalid repéra bien vite sa cible, alors que le crépuscule laissait encore le temps au ciel de plonger la tour Baktoid dans une ambiance ocre réconfortante et chaleureuse. Ce n'était encore que le début de la réception, tout le monde était en tenue de gala, y compris Sxyd pour le coup, portant une élégante chemise noire surmontée d'une veste vert de chrome, et ce costume était assortie d'une ceinture démarquant son torse et sa queue.

Une personne, puis une autre, vinrent à tour de rôle saluer Farben Dalius. Sxyd examina la configuration du lieu de réception, repérant notamment le Bothan chef de la sécurité, mais également un Zabrak borgne reconnaissable à sa belle balafre : Sxyd avait été briefé et savait que ce Zabrak dirigeait un groupe paramilitaire collaborant avec la République pour soutenir des forces de sécurité comme ici mais aussi dans les mondes neutres où ils apprtaient conseil et formation.
Avec un peu de latence, Sxyd se décida à approcher une première fois pour faire un premier contact avec sa cible. Il n'avait pas le droit à l'erreur au moment où il placerait le mouchard, car si son geste était remarqué, la mission serait échouée. Farben Dalius recevait les compliment d'une haute personnalité, la Reine d'Umbara en personne, Sly Keto. On avait informé Sxyd qu'elle serait présente à la soirée. Sxyd attendit de pouvoir s'introduire avec révérence.

SXYD – Monsieur Dalius, enchanté de faire votre rencontre. Je représente Ruton, notre directeur n'a pas eu la possibilité de se déplacer lui-même.
FARBEN – Oh, oui, c'est regrettable, j'ai entendu cela. J'espère qu'il sera rétabli très vite. Enchanté.
SXYD – C'est en bonne voie, je n'ai aucun doute sur son prompt rétablissement.

Après un serrage de mains formel, Sxyd ne manqua pas de saluer la Reine d'Umbara d'une élégante révérence.

SXYD – Quel honneur également de rencontrer Sa Majesté Keto d'Umbara. Vous êtes éblouissante.

Sxyd devait bien reconnaître un certain trac. Il ne s'était jamais adressé à la reine d'une planète, et ne savait pas s'il faisait déjà trop de zèle. Il essayait donc simplement d'imiter l'attitude de Farben afin de ne pas faire tache, mais son compliment était forcé, et son ton absolument pas naturel.
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Voici qu’un Sluissi s’approchait du petit groupe constitué du zabrak, du muun, de l’humain et de l’umbarane. S’introduisant dans le carré de personnes, il salua Farben Dalius en annonçant représenter la société Ruton qui, si la mémoire de Sly ne lui faisait pas défaut, concevait et commercialisait certains composants électroniques à Baktoid Automata pour ses droïdes de sécurité. Visiblement le directeur de cette entreprise n’avait pas pu se déplacer en personne pour représenter sa société à cette réception. Un contretemps sans doute, même si cela ne semblait pas troubler Dalius qui laissa échapper l’information qu’il devait sans doute être souffrant. L’umbarane garda cette information en mémoire pour plus tard, et fut la prochaine à être saluée de la sorte. Il s’inclina dans une impeccable révérence, et se fendit même d’un compliment à l’égard de Sly Keto. Verre dans une main, elle rabattit sa main devant sa bouche avec grâce comme pour dissimuler sa gène à l’idée d’être flattée de la sorte. Ce jeune Sluissi était assez nerveux visiblement, tout sauf naturel et le compliment avait été forcé de sortir entre ses crocs, mais l’umbarane n’en prit pas ombrage : tout le monde se comportait comme cela dans ces milieux d’affaires… Ce Sluissi semblait juste ne pas être bon acteur, ou habitué à représenter le directeur général de Ruton. Ne laissant rien paraître, Sly Keto parut amusée de cette flatterie et répondit d’une voix des plus agréables…

- Je vous remercie, monsieur… quel est votre nom au fait ?

Le Muun resta silencieux observant la conversation en surplombant les autres de sa hauteur naturelle, Farben Dalius termina rapidement sa gorgée de vin comme pour ne pas faillir à sa qualité d’homme d’affaires reconnu. Coupant court à toute reprise de la part du Sluissi, l’humain fit les présentations.

- Il est vrai que nous n’avons pas encore été complètement présentés. Mesdames et messieurs, voici Kaasxalid Thsio –vous me corrigerez si j’ai écorché votre nom-, sous directeur de Ruton.

Farben Dalius semblait avoir eu accès à la liste des invités et connaissait visiblement le directeur de Ruton s’il était au courant de son état de santé actuel. Du moins c’était ce qu’en concluait Sly Keto. Le Muun s’avança et inclina la tête pour se présenter au jeune Sluissi lui faisant face.

- Je suis Hego Vimusk, je représente le Clan Bancaire Intergalactique.

Tandis que Vimusk sirotait son verre, le zabrak s’avança d’un air assez sévère et tendu vis-à-vis du Sluissi et lui serra la main d’une poigne ferme et serrée. A dire vrai, c’était le seul ici qui ne buvait pas et semblait assez crispé au niveau des épaules.

- Commandant Sivrus Cumis, d’AlterStar Private Security Consulting.

Dit-il avec politesse mais aussi un sérieux et un aplomb ayant de quoi déconcerter. En tant qu’ancien militaire, il était peu porté sur la boisson et sans doute qu’il n’éprouvait aucune animosité à l’égard des invités (Sxyd compris), mais était toujours aussi froid et glacial dans ses rapports. Son œil vide semblait fixer et dévisager en permanence le reptile ici présent. Sly Keto reprit donc la parole pour remercier Thsio de son compliment.

- Et bien maintenant que je peux vous nommer, je vous remercie monsieur Thsio. C’est un plaisir partagé de vous rencontrer et une belle découverte de mettre un nom sur votre visage.

Farben Dalius emboita le pas de la reine immédiatement. Il prit la parole pour poser une question en apparence plutôt innocente mais qui visait à déstabiliser et tester le Sluissi.

- C’est vrai que nous ne vous avons encore jamais rencontré monsieur Thsio. Si ce n’est pas indiscret, vous n’accompagniez pas du tout le directeur dans ses réceptions ? D’ordinaire quand il ne vient pas, c’est monsieur Zohrean qui le représente, il travaille toujours pour Ruton ?
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La Reine d'Umbara ne prit pas ombrage de sa nervosité ni de sa flagornerie gauche, et lui répondit même aimablement, en lui demandant son nom. Sxyd réalisa alors sa première erreur : ne pas s'être présenté lui-même, trop occupé qu'il avait été à saluer et à complimenter ses interlocuteurs. Tout le sang-froid du monde n'allait pas en soi lui apprendre l'étiquette, ni à se sentir à l'aise au milieu d'une réception mondaine comprenant une reine planétaire, de riches actionnaires et des grands patrons d'entreprise, dont une cible sur laquelle il devait placer un mouchard. Sxyd goûtait très peu à ce genre de situations. Si toutefois il avait été choisi pour cette mission, c'est justement parce qu'il possédait un énorme sang-froid, et de fait une impressionnante résistance à la pression, et qu'il avait donc très peu de risques de paniquer et de perdre ses moyens en se faisant poser des questions auxquelles il ne savait pas répondre. Sans parler du fait que ses émotions étaient moins facilement lisibles sur son visage de serpent que sur un visage humain.

Toutes ces qualités se révélèrent déjà très tôt utiles. Après que Dalius eut par délicatesse présenté lui-même le « sous-directeur de Ruton » comme s'il le connaissait, Sxyd sentit le Zabrak le juger de son seul œil valide. Un regard glacial, implacable, et un peu trop fixé sur lui. Pour peu, Sxyd aurait pu s'imaginer que le Zabrak avait déjà des soupçons sur sa véritable identité. Le Sluissi contrôla sa respiration et garda une allure innocente.

SXYD – Enchanté, Monsieur.

répéta Sxyd machinalement au Muun puis au Zabrak alors qu'ils se présentèrent eux-mêmes en offrant une poignée de main. Une poignée bien virile, concernant le Zabrak. Sivrus Cumis. Le Sluissi ne manqua pas de mémoriser son odeur, lui tirant la langue répétitivement sans aucune grossièreté, tout en restant impassible. Nerveux, oui, mais ne se laissant pas écraser, malgré l'impression que même l'œil invalide lisait dans son esprit et perçait déjà sa fausse identité.

DARTH ORACCI – Eh bien maintenant que je peux vous nommer, je vous remercie monsieur Thsio. C'est un plaisir partagé de vous rencontrer et une belle découverte de mettre un nom sur votre visage.

Sxyd fit semblant de bien accueillir ces minauderies, le faisant de plus en plus se sentir “pas à sa place”. Parler face à face avec une reine planétaire, cela ne lui était encore jamais arrivé et il doutait de revivre encore souvent ce genre d'expériences ; et franchement, il n'était pas du tout demandeur. Il ne savait pas à quel moment toutes ces formules de politesse devaient se terminer. Il glissa un œil vers Farben Dalius, essayant de se calquer sur son attitude à lui, et estima, un peu comme ça, que ça ne servait plus de répondre à la Reine d'Umbara. Le malaise était toutefois palpable, et les questions de Dalius ne furent pas pour améliorer les choses :

FARBEN – C'est vrai que nous ne vous avons encore jamais rencontré, Monsieur Thsio. Si ce n'est pas indiscret, vous n'accompagniez pas du tout le directeur dans ses réceptions ? D'ordinaire quand il ne vient pas, c'est Monsieur Zohrean qui le représente, il travaille toujours pour Ruton ?

Sxyd ne disposait pas d'informations précises sur Ruton, ni sur son président, encore moins sur ce Monsieur Zohrean. Quand on l'avait briefé pour la mission, on lui avait dit d'éviter les questions sur Ruton, et de ne jamais ramener la conversation à lui. Il fallait éviter un maximum de parler de Ruton, et cette première question de Farben sonnait déjà comme un risque de faux-pas. Voilà pourquoi Sxyd avait été choisi : à défaut d'être un beau-parleur et d'avoir le don de retourner les conversations comme un politicien, il savait au moins réprimer toute panique face à ces questions. Il répondit donc peut-être maladroitement mais avec calme, comme s'il n'avait rien à cacher :

SXYD – C'est exceptionnel que je représente Ruton, effectivement. Je n'ai pas l'habitude de participer à ce genre de réceptions, et je préfère ne pas m'avancer sur les affaires internes de notre entreprise. Nous avons été... bousculés par les imprévus de dernière minute. J'espère que je saurai quand même faire bonne impression ! Mais ma présence n'est rien, comparée à celle d'une Reine. J'espère que j'aurai bientôt l'occasion de visiter Umbara.

Il avait déjà pris trop de phrases à parler de lui avant d'écarter le sujet. Ce n'était pas naturel chez lui, de diriger une conversation...
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Le zabrak était particulièrement tendu. Bien qu’un rapide coup d’œil à sa hanche indiquait qu’il n’était pas armé, son corps, sa carrure et ses blessures suffisait à faire comprendre à tous qu’il n’avait pas besoin d’un blaster pour tuer, et qu’une bouteille brisée serait amplement suffisante pour trancher la gorge des invités présents. Le Munn semblait un peu absent, comme préoccupé par ses pensées, mais le fait qu’il était particulièrement détendu n’était pas à prendre à la légère. Bien que distants, et d’apparence distraits, Hego Vismusk était très attentif. Croisant le regard du Sluissi l’espace d’un instant, ce dernier pouvait comprendre que le représentant du Clan Bancaire observait et était tout sauf crédule. Revenant sur la Reine, Thsio prit la peine de dire qu’il était lui-même quelques peu insignifiant vis-à-vis de Sly ce qui surpris quelques peu cette dernière et attira l’attention de Farben et des deux autres invités directement sur elle. Dalius releva le menton quelques peu et haussa les sourcils comme pour signifier à l’umbarane qu’elle avait visiblement tapé dans l’œil de quelqu’un ce soir. Ce qui agaça quelques peu cette dernière d’être courtisée par un inconnu. Mais son habitude de la politique et à donner le change lui permis de ne rien laisser paraître dans son visage. Très poliment elle lui répondit avec calme et sérénité dans sa voix.

- Vous me flattez. Cela demandera une autorisation expresse, mais rien d’insurmontable monsieur Thsio. Umbara réserve bien des mystères à ceux qui s’y rendent.

Elle avait quelques peu l’impression de revivre ce grand gala de charité s’étant déroulé sur Ossus, la liste des personnes devant visiter Umbara s’agrandissait en un sens. Les umbarans étaient plutôt méfiants vis-à-vis des étrangers en règle générale, surtout si ceux-ci pénétraient dans le système. La haute estime d’eux-mêmes et les contacts hostiles avec les Hutts avaient rendu les umbarans réfractaires à accueillir dans leur système des étrangers. La conversation devenait quelques peu gênante, et le muun comme le zabrak semblaient trouver que le sluissi manquait de tact. L’umbarane chercha à changer de sujet mais Farben Dalius lui coupa l’herbe sous le pied en changeant de sujet frontalement et sans craindre quoique ce soit en interrogeant le nouvel arrivant.

- Que pensez-vous de l’approche des élections au sein de la République ? Je pense que le favori actuel est le meilleur choix à faire pour Ruton exact ?

Dit-il sans prendre de gants. Sly Keto fronça légèrement les sourcils car ce n’était pas dans les habitudes de Farben Dalius d’être aussi direct et affirmatif dans ses questions. Il prêchait le faux pour avoir le vrai. Avait-il une information à l’égard de Ruton que n’avait pas la Reine d’Umbara ? Ou alors était-ce l’alcool ? Même si l’humain en règle générale s’arrêtait de boire bien avant que les effets de cette boisson ne fassent effet. Une sagesse peu reconnue dans le milieu politico-industriel soit dit en passant. Mais c’était encore déconcertant car des quatre individus présents pour le moment, Farben Dalius et Sivrus Cumis étaient les plus sceptiques concernant leur choix en faveur de Grendo S’orn. Pour Farben Dalius, s’aligner sur le neimoidien en sachant qu’il participerait aux discussions pour la paix n’était pas un choix naturel, la paix impliquait naturellement une baisse de profits s’il ne pouvait pas vendre d’armes. Pour Sivrus Cumis c’était différent cependant, ce dernier s’interrogeait encore sur son choix à faire : si la paix avec l’Empire était signée, cela n’entraverait pas davantage les rentrées de crédits de son entreprise pour autant, mais il n’avait pas encore fait son choix.
Contrairement aux apparences de soldat nerveux prêt à attendre le moindre prétexte pour vous sauter à la gorge, Sivrus Cumis était patient. Il prendrait position qu’au dernier moment, et le partenariat avec BlasTech que sa société avait, dépendrait intégralement du soutien ou non de Farben Dalius à Grendo S’orn. Au contraire Hego Vimusk et Sly Keto avaient tous deux pris position de manière officielle en soutien de Grendo S’orn. Sans doute que Farben Dalius cherchait à obtenir un soutien de la part du Sluissi, ce qui en soit contrarierait peut-être les projets de l’umbarane sur ce terrain.

- Ruton n’a visiblement pas encore pris parti pour le ministre S’orn en effet, mais cela n’est qu’une question de temps n’est-ce pas monsieur Thsio ?

Lança avec une certaine assurance la reine d’Umbara, le regard du Muun qu’il échangea avec elle révéla que les deux étaient de connivence politique pour convaincre Farben de s’aligner sur eux. De facto le mercenaire zabrak les rejoindrait après. Restait à voir qui Sxyd préférait s’attirer la méfiance : celle de Farben Dalius ou de Sly Keto ?
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Pourquoi donc le Zabrak était-il si tendu ? Peut-être était-ce simplement son charisme naturel. Une froideur implacable le faisant toujours paraître tendu, prêt à vous dévisser la tête au moindre geste de travers, insensible au moindre trait d'humour. Quant au Muun, il n'avait peut-être pas de posture agressive, mais Sxyd sentait bien qu'il n'allait pas lui faire gober tout et n'importe quoi. En cas de situation périlleuse, il restait toujours la Force comme solution, mais ce n'était pas fiable à coup sûr. Dans la mesure du possible, Sxyd essaierait de ne pas y faire appel.

DARTH ORACCI – Vous me flattez. Cela demandera une autorisation expresse, mais rien d'insurmontable Monsieur Thsio. Umbara réserve bien des mystères à ceux qui s'y rendent.

Il la flattait, oui, et bien gauchement. Il se jura d'arrêter là définitivement. Au moins sa dernière phrase eut l'avantage de faire réagir Sly Keto sur autre chose que la flatterie, et il s'agissait d'une certaine façon d'une parole sincère de sa part : il n'avait encore jamais glissé sa queue sur Umbara, et il était toujours curieux de découvrir de nouvelles planètes, et d'étendre la justice partout dans la galaxie.

FARBEN – Que pensez-vous de l'approche des élections au sein de la République ? Je pense que le favori actuel est le meilleur choix à faire pour Ruton, exact ?

Pourquoi fallait-il que Dalius revienne aussitôt se pencher sur le sujet de Ruton et sur les opinions personnelles de Sxyd alias Kaasxalid alors que ce dernier venait péniblement de réussir à orienter le sujet ailleurs que sur sa personne ?
Si, dans un premier temps, cela put paraître ennuyeux, Sxyd y trouva finalement un certain intérêt. Dalius venait d'aborder le sujet des élections à la Chancellerie Suprême, ainsi Sxyd allait pouvoir lui aussi le faire parler sans avoir eu à aborder lui-même le sujet, ce qui ainsi serait bien moins suspect. Néanmoins, il n'avait pas encore placé le mouchard sur Dalius, et ce serait dommage de le faire parler sans pouvoir enregistrer ses propos. Alors que Sxyd réfléchissait rapidement à cette problématique, Sly Keto sembla vouloir forcer une réponse :

DARTH ORACCI – Ruton n'a visiblement pas encore pris parti pour le ministre S'orn en effet, mais cela n'est qu'une question de temps, n'est-ce pas Monsieur Thsio ?

« Monsieur Thsio » par-ci, « Monsieur Thsio » par-là... Décidemment, Sxyd venait à peine entrer dans la conversation qu'il n'y en avait déjà que pour lui ! Alors qu'il cherchait tout le contraire !
Il serait impoli de ne pas répodnre à la question, avant de la retourner à Dalius. Sxyd se demanda s'il serait mieux vu de se prononcer favorablement au « favori » – ce qui devait sans nul doute désigner Grendo S'orn – ou défavorablement. Sxyd se rappela encore son briefing : ne pas trop parler de lui, ne pas s'avancer sur n'importe quel sujet. Mais en même temps, il fallait bien trouver une réponse...

SXYD – Je pense que ce qui nous intéresse, c'est surtout d'avoir un ministre qui ira dans nos intérêts. D'un côté, Grendo S'orn affirme agir pour la paix, alors que la guerre a toujours boosté notre activité. D'un autre côté, sa politique militariste peut aussi nous être profitable.

Décidemment, il n'arrivait pas à éviter de parler de lui, il n'avait pas l'art de boter en touche avec de la langue de bois. Au lieu de ça, il affichait une réponse délibérément cynique, comme pour tester la réaction de ses interlocuteurs et en particulier celle de Dalius. C'était un risque, Sxyd ne savait pas si ce cynisme serait de bon goût même au milieu de ces hommes d'affaires véreux, actionnaires cupides et autres monarques planétaires. Mais le cynisme n'était-il pas une marque réputée chez les Humains, après tout ?...
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Le problème à ne choisir aucun camp, c’est parfois de frustrer les deux en question. Sxyd allait en faire l’expérience. Son refus de prendre parti avait jeté un froid dans la conversation. Mais ce n’était pas en soit le plus grave, le fait qu’il ait été des plus directs et sans la moindre once de subtilité dans son propos en revanche l’avait été davantage. Certes tous ici étaient presque cyniques, mais aucun n’abordait les choses de façon aussi frontale. Parler aussi ouvertement sans annoncer de choix donnait l’impression de parler à une anguille cherchant à éviter de se faire avoir. Sly Keto se demanda si cette personne était bien habituée à représenter la société Ruton tant elle cumulait les maladresses et donnait l’impression de ne pas être dans son milieu naturel. Fort heureusement pour le sluissi, personne n’eut l’impolitesse de le contredire. Un long silence s’installa ajoutant au malaise jusqu’à ce que Farben Dalius ne se décide à crever l’abcès en affichant un large sourire tout en tapotant l’épaule du sluissi comme pour l’encourager quelques peu.

- Je vois que vous faites partie des indécis ou des non téméraires.

Dit-il d’un ton léger afin de plaisanter, cette remarque n’était pas à prendre comme une moquerie, mais plus comme une taquinerie qui n’avait pas pour objectif de causer du tort au sluissi. Pour l’heure Farben Dalius semblait être le plus amical vis-à-vis de Sxyd, il ajouta d’un ton plus sérieux et familier.

- Vous avez encore le temps de faire votre choix, ne vous laissez pas influencer par les militants de S’orn ici présents. J’ai deviné que vous et moi sommes des businessmans prudents… nous nous comprenons exact ?

Le muun et l’umbarane étaient visés par cette petite remarque qui là encore n’avait rien de malveillant. Ce fut d’ailleurs le premier qui s’exprima d’une voix très calme qui sonnait comme un conseil à suivre dans le milieu des affaires.

- Il faut parfois prendre des risques Dalius. Vous devriez le savoir compte tenu de votre place. Donnez une chance à S’orn de vous convaincre.
- Et compte tenu du contexte global actuel, sa … « politique militariste » est tout sauf une option.


Ajouta le zabrak qui avait pris soin d’appuyer sur « politique militariste » pour reprendre les termes du sluissi. Visiblement Sivrus Cumis avait été quelques peu échaudé par l’idéalisme apparent de Sxyd. Son statut de vétéran n’en faisait pas quelqu’un d’intéressé par la paix avec l’Empire : cette guerre devait s’achever avec la défaite impériale, rien de moins. Ne serait-ce que par respect pour ses compagnons d’armes tombés au combat. Il était conscient de l’existence d’une économie de guerre au sein de la République, mais il s’en fichait tant que cela permettait de triompher des Sith.

- Ne soyez pas si fermé Dalius, Grendo S’orn représente le meilleur candidat possible de la République, il a déjà prouvé à plusieurs reprises être capable de gérer les situations de crise. C’est quelqu’un qui a les pieds sur terre en matière d’économie de surcroit.

Déclara simplement Sly Keto qui cherchait à convaincre Farben de se rallier à elle et à Vimusk. Le banquier serait sans doute plus à même de convaincre l’humain qui récupérait un petit canapé proposé sur le buffet.

- Comme l’a dit notre ami, le commandant Cumis, nous sommes en guerre et la paix avec l’Empire n’est qu’une illusion, je ne comprends pas pourquoi S’orn ne le voit pas. Nous n’avons pas besoin d’idéalistes mais de pragmatiques au pouvoir. J’ose espérer qu’il le réalisera pendant le grand sommet sur Ossus : on ne peut pas négocier avec l’Empire Sith. Pas après ce qu’ils ont pu faire. Et je pense que monsieur Thsio ne me contredira pas là-dessus n’est-ce pas ?

Le zabrak acquiesçait également. Mais cela était assez révélateur : Farben Dalius n’appuyait pas Grendo S’orn pour ce motif : il participait à des négociations de paix. Sans s’en apercevoir, il venait de donner une ouverture à Sly Keto et Hego Vimusk pour tenter d’argumenter plus en détail pour le convaincre.
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Ah, il avait voulu tester la réaction de ses interlocuteurs, alors la voilà la réaction : un silence gêné. Sxyd venait juste de jeter un froid dans la conversation. Ca n'avait pas été la réaction espérée. Il sut qu'il eut été trop frontal dans sa tentative de faire parler Dalius. Il se donna contenance en réajustant son costume du soir, essayant de faire comme si son approche cynique n'avait rien d'anormal. Il voulait dévêtir ces hommes d'affaires, les pousser à admettre qu'ils avaient bel et bien une vision cynique de la vie, et que seuls leurs propres profits les intéressaient, aux dépens parfois d'une population qui ne les méritait pas. Mais ce n'était pas avec cette attitude, poussée par le mépris que Sxyd éprouvait pour ses interlocuteurs, qu'il allait adoucir le regard implacable de Cumis ou dérider Vimusk.

Enfin Dalius décoinça la situation, enjoignant chacun à sourire et donnant une tape amicale à l'épaule du soi-disant sous-directeur de Ruton. Sxyd se demanda si ce geste était déplacé ou s'il pourrait le faire aussi en retour sans faire grincer aucune dent.

FARBEN – Je vois que vous faites partie des indécis ou des non téméraires. Vous avez encore le temps de faire votre choix, ne vous laissez pas influencer par les militants de S'orn ici présents. J'ai deviné que vous et moi sommes des businessmans prudents... nous nous comprenons, exact ?

C'était étrange, cette impression que Dalius essayait de se mettre Sxyd dans sa poche. Il était le seul à afficher une mine décontractée, et à rattraper ses maladresses. Ca arrangeait bien Sxyd, il fallait le dire.
Et même s'il s'adressa à Sxyd en toute fin de phrase, Dalius venait surtout d'envoyer une petite pique auxdits « militants de S'orn », et cela ne manqua pas de les faire réagir, dispensant Sxyd d'une réaction particulière à manifester.

Enfin, l'attention se détacha pendant quelques instants de Sxyd, et ça, ce dernier le devait à Dalius. Il n'avait pas été capable d'arriver à cela tout seul, mais une pique de Dalius venait de suffire à relancer la conversation, et à cristalliser le débat autour de S'orn. C'était parfait. Sxyd se contenta donc d'écouter. Effectivement, Cumis, Vimusk et Keto étaient tous trois favorables à Grendo S'orn, et eurent l'air de chercher à acquérir Dalius à leur opinion. Cumis reprit les mots “politique militariste” en les soulignant bien, fallait-il y voir une moquerie ou une ironie, peu importe, Sxyd resta sans rien dire, car le moins il avait à parler, le mieux c'était. Dalius récupéra un petit-four avant de s'exprimer plus clairement sur le sujet :

FARBEN – Comme l'a dit notre ami, le Commandant Cumis, nous sommes en guerre et la paix avec l'Empire n'est qu'une illusion, je ne comprends pas pourquoi S'orn ne le voit pas. Nous n'avons pas besoin d'idéalistes mais de pragmatiques au pouvoir. J'ose espérer qu'il le réalisera pendant le grand sommet sur Ossus : on ne peut pas négocier avec l'Empire Sith. Pas après ce qu'ils ont pu faire. Et je pense que monsieur Thsio ne me contredira pas là-dessus, n'est-ce pas ?

Deux choses.
Premièrement, Dalius se mettait à dire des choses intéressantes, et il semblait manifestement défavorable à S'orn, ce qui contredisait les affaires qui avaient motivé la mission confiée à Sxyd. Ou peut-être pas... Dalius était très certainement véreux, corrompu, corrupteur aussi peut-être, et l'affaire d'argent sale obtenu par la vente d'armes à des marchands déloyaux à la République était très crédible. Quant à se servir de l'argent sale pour financer la campagne de S'orn, Dalius ne semblait pas avoir de mobile pour le faire ; mais s'il finançait la campagne d'un autre candidat, opposé à S'orn ? Peu importe sur qui Dalius misait, après tout. L'essentiel était d'obtenir des aveux involontaires.
Deuxièmement, l'urgence de placer le microphone sur Dalius se faisait plus pressante, maintenant qu'il disait des choses intéressantes. Et justement, en voyant du coin de l'œil le serveur faire le tour des participants à la conversation avec un plateaux d'amuse-gueule et de coupes de digestif, Sxyd eut une idée. Mais il ne pouvait pas l'appliquer sans répondre à la sollicitation de Dalius, ce serait impoli et attirerait l'attention.

Dalius demandait simplement à Sxyd de confirmer que l'on ne pouvait pas négocier avec l'Empire Sith après ce qu'ils avaient pu faire. La réponse fut facile, convenue même :

SXYD – Qui, de toute façon, peut bien pardonner à l'Empire tout ce qu'ils ont pu commettre, et continuent encore à commettre ?

Voilà que Sxyd se mettait à faire de la vraie langue de bois, comme un bon petit politicard. Ca lui allait mal. Mais mission oblige. Et cette réponse consensuelle avait été trop facile à trouver. Mais Sxyd ne laissa pas le temps à ses interlocuteurs de réagir à cette question rhétorique. Sa main droite s'arma du microfilm adhésif contenant le microphone de haute technologie, tout plat, tout fin, quasi invisible à l'œil nu, encore plus si on ne se doutait pas de sa présence. Sûrement que ce petit truc avait été acheté au marché noir. Sxyd fit mine de vouloir quitter la conversation un instant en prenant la direction des toilettes.

SXYD – Pardonnez-moi un instant.

Il passa derrière Dalius, mais avait soigneusement repéré le moment où le serveur allait faire la même chose, lui venant de face. Ainsi, Sxyd et le serveur se gênèrent, et tout naturellement, Sxyd posa la main derrière l'épaule de Dalius, mine de lui signifier qu'il était juste derrière lui.

SXYD – Pardon, attention...

Un petit sourire gêné par courtoisie, un geste pour laisser le serveur passer, un petit regard vers les jambes de ce dernier afin de ne pas l'entraver, et hop ! L'affaire fut dans le sac, Sxyd passa derrière Dalius et se dirigea vers les toilettes, en ayant dans un geste tout à fait anodin et naturel déposé le microfilm adhésif sur Dalius, dont les propos allaient dès à présent être enregistrés contre son gré.

Evidemment, Sxyd se rendit bien aux toilettes, sans envie, uniquement pour donner le change. Il attendit deux minutes, se lava les mains et ressortit, pour revenir dans le groupe de conversation parmi Dalius, Cumis, Vimusk et Keto.
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La réponse de Sxyd était des plus policées, mais avait au moins le mérite de ne pas engendrer de silence gênant cette fois-ci. Personne ici ne contredirait cette phrase car c’était une vérité. Sly Keto le sentait comme étant quelqu’un cherchant à être le plus insaisissable possible, sa nervosité était palpable et l’umbarane avait l’intime conviction de ne pas avoir été la seule à le déceler. Une fois qu’il eut quitté le petit groupe pour se rendre aux toilettes, le groupe le laissa partir et dès qu’il fut à bonne distance, Farben Dalius sirota son verre d’alcool et se tourna vers ses trois compagnons pour poser une question qui, explicitement semblait plus profonde qu’elle n’en n’avait l’air.

- Comment le trouvez-vous ?
- Pfeuh, encore un idéaliste à trois crédits…
- Il m’a paru particulièrement mal à l’aise. Il n’a clairement pas l’habitude des réceptions ou du public…
- Je pense la même chose, il est nerveux et n’a pas l’air de se sentir à sa place. Je ne serai pas surprise qu’il soit ici pour accomplir quelque chose d’autre que de représenter Ruton, peut-être négocier un contrat particulier, ou se montrer vicieux dans les affaires…
- Vicieux ? Qu’est-ce qui vous fait dire ça ?


Il y eut un moment de silence pendant lequel la Reine d’Umbara put profiter d’une gorgée de son verre de vin blanc de Naboo. Puis elle reprit d’une voix plus légère.

- Disons que suite à un certain gala de charité sur Ossus, j’ai toujours eu tendance à me méfier des espèces ressemblant à des serpents… Il est difficile de lire en eux, mais ce Sluissi a le mérite d’avoir un visage plus humanoïde que celui que j’ai pu croiser…
- Vous faites référence au sénateur Qademanda exact ?
- Tout à fait, il est vrai que vous étiez présent à cette occasion Vimusk.
- Dans tous les cas je suis d’accord, Thsio est louche.
- Et vous Cumis qu’est-ce qui vous fait dire ça ?
- Appelez ça l’instinct ou l’expérience, mais je ne le sens pas. J’ai un sixième sens pour ça…


Le zabrak semblait avoir pris Thsio en grippe depuis le début, mais son côté vétéran faisait que certains le prenaient pour un paranoïaque n’ayant que très peu confiance vis-à-vis des autres, surtout dans le milieu d’affaires après avoir négocié un mauvais contrat.

- Quelqu’un sait pourquoi il a été envoyé par Ruton plutôt que Zohrean ?
- J’ignore pourquoi Zohrean n’est pas venu, c’est lui qui se déplace quand leur PDG est indisponible comme c’est le cas aujourd’hui… Mais je n’ai jamais entendu parler de ce monsieur Thsio…
- A tous les coups c’est un concurrent de Ruton qui se fait passer pour eux pour chercher à obtenir des contrats et contacts pour son entreprise d’escrocs. J’ai le don pour les flairer ces imposteurs…


Cumis avait lancé cette information dans le plus grand des calmes. Et déclencha quelques ricanements de la part d’Hego Vimusk, mais Farben Dalius et Sly Keto étaient restés étonnamment silencieux. Le zabrak avait sans doute mis le doigt sur quelque chose qui avait fait tiquer ces deux là.

- Cumis, vous ne pensez pas que c’est un peu trop gros comme théorie ?
- Et comment vous expliquez l’absence de Zohrean vous ?
- Il a sans doute eu un empêchement… et peut-être que Thsio profite de cette réception pour voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs ou tenter de prendre sa place...
- Vous êtes bien silencieux Dalius… d’ailleurs vous n’avez pas donné votre opinion.


Sly Keto semblait mettre le doigt sur quelque chose et suspectait Farben Dallius d’avoir un coup d’avance sur les autres. L’humain avala son verre puis fit un geste à sa secrétaire, une twi’lek apprêtée qui approcha directement. Visiblement elle gardait à l’œil son supérieur hiérarchique.

- J’ai eu accès à la liste des invités, il n’était pas prévu à la base mais rajouté à la dernière minute…

Il se tourna vers sa secrétaire et lui donna une directive d’une voix douce.
- Pouvez-vous contacter le PDG de Ruton Corporation ou son assistant M. Zorhean pour que je puisse être mis en contact avec lui s’il vous plait ?
- Tout de suite monsieur Dalius.

Elle s’en alla tandis que le muun indiqua d’un geste de la tête que le Sluissi revenait vers eux. Tournant le dos à Sxyd, Dalius se détendit et se retourna pour afficher un large sourire à son nouvel associé. Sa secrétaire lui ferait signe dès que la liaison serait établie.

- Alors mon ami ? Vous profitez de la soirée ? Qui connaissez-vous ici ?

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HRP: Petit retournement de situation, mais tu auras une bonne surprise, fais moi confiance. :)
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En chemin, Sxyd balaya les lieux du regard, l'air innocent, pour surveiller un peu les déplacements du personnel de sécurité, recompter leur nombre, et évaluer ses chances si les choses se passaient mal. Pour l'instant, Sxyd n'avait presque aucun signe de dérapage, mais il valait toujours mieux assurer ses arrières. En tout cas, son premier objectif était accompli. Le plus dur était peut-être fait, pensait-il. Il avait trouvé le moyen de déposer le mouchard sur Dalius de façon furtive, en un geste n'ayant aucun risque d'éveiller la suspicion. A partir de maintenant, il lui restait à essayer de pousser Dalius à parler un peu, à livrer des informations compromettantes, sans attirer l'attention sur lui-même. Il ne savait pas trop comment s'y prendre mais il avait toute la soirée pour y parvenir, et il était patient. En régie, on devait déjà être content de capter distinctement tout ce que disait le directeur de la filiale de BlasTech Industries.

A peine Sxyd eut-il réintégré le groupe que Dalius s'adressa à lui.

FARBEN – Alors mon ami ? Vous profitez de la soirée ? Qui connaissez-vous ici ?

On revenait encore à centrer le sujet de conversation sur lui, ça devenait exéspérant. Sxyd allait cette fois encore devoir vite répondre pour ensuite déporter le sujet de conversation sur quelqu'un d'autre. Il était loin de connaître tout le monde, mais au moins avait-il été soigneusement briefé sur les plus grosses têtes, et notamment les collaborateurs de Ruton. Il chercha donc à reconnaître lesdites personnes et cita leurs noms en les pointant du regard :

SXYD – Eh bien je connais Jarven Laoqui... mmmh, Dasnide Dibrensia, et Karlo Notenn qui discute avec elle... mmmh... je vois aussi Terencizir Tofozar...

et ne voulant pas perdre trop de temps à essayer de reconnaître d'autres personnes, il revint à son groupe de conversation :

SXYD – ... et bien sûr Sa Majesté Keto d'Umbara, même si ce n'est pas réciproque, de même que j'ai bien sûr entendu parler de vous, Monsieur Cumis. Et je ne parle pas de Monsieur Dalius, c'est évident.

Voilà, il avait répondu au mieux à la question de Dalius, maintenant il devait décentrer le sujet. Jusqu'à présent, il n'avait pas réussi à diriger la conversation, et avait beaucoup trop parlé de lui. Allait-il avoir un peu plus de directivité et de réussite cette fois-ci ?

SXYD – Mais c'est vrai que j'ai plus souvent la tête dans des process et des études scientifiques, qu'à rencontrer les gens en personne et à me rendre à ce genre de réceptions. J'ai notamment lu récemment une étude stupéfiante sur un minerai découvert sur Balamak, et d'autres études devraient apparaître sur le sujet pour approfondir. Ce serait un atout s'il nous était possible de financer nous-mêmes ces études, pour être les premiers à exploiter ce minerai. L'impact sur nos entreprises respectives pourrait être sensible.
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Sly Keto et le groupe écoutèrent leur jeune interlocuteur revenir dans la conversation en présentant l’ensemble des personnalités qu’il connaissait ici. Il était normal qu’il soit au centre des discussions car après tout c’était lui qui était le grand inconnu de la réception. Tous ici se connaissaient de prêt ou de loin, voir un Sluissi que personne n’avait vu avant avait de quoi interloquer et susciter la curiosité de tous ceux présents ici. Le représentant de Ruton révéla un peu plus son rôle en affirmant être plutôt affecté à tout ce qui semblait être de la direction des études, en somme de la recherche et développement. Pas vraiment le genre de profil que l’on envoie pour les mondanités car préférant bien souvent un laboratoire à des salles de réception bondées. Il éveilla les attentions de Vimusk et de Dalius en évoquant la découverte d’un minerai découvert sur Balamak. Le Muun fut le premier à rebondir là-dessus d’un air quelques peu intrigué.

- Je n’ai jamais entendu parler de Balamak, ou est-ce situé ?
- Balamak est sur un monde agricole neutre perdu entre la République et les territoires Hutts après Kashyyyk.


Précisa Sly Keto d’un ton assez neutre. En effet la Reine d’Umbara connaissait cet espace car son système n’était pas très éloigné, et la surveillance effectuée par les services secrets du DIRACTEX était présente dans ce secteur afin de se prémunir de toute attaque de la part des Cartels Hutts. Les relations entre les umbarans et les hutts étaient tout sauf au beau fixe. A dire vrai, les tensions de part la présence d’un Kajidic favorable à l’Empire aussi prêt d’Umbara pouvaient très bien déboucher sur un conflit armé entre la République et ce cartel dans ce secteur de la République. Cependant, Balamak n’intéressait pas vraiment les umbarans pour ses qualités propres ou ses ressources. Dalius semblait pensif face à cette découverte, et prit la parole à son tour pour interroger le Sluissi quant à ce qu’il venait de révéler au milieu de la réception.

- Et que pouvez-vous dire de plus sur ce minerai monsieur Thsio ? Qu’est-ce qui le rend aussi intéressant ?

Sxyd avait capté l’attention du groupe, pour l’heure l’ensemble des interlocuteurs présents semblaient quelques peu perplexes mais attentifs aux paroles du Sluissi. Il avait réussi à piquer leur curiosité. Tous s’apprêtèrent à l’entendre en dire davantage, mais Dalius vit que son assistante lui faisait signe, aussi il prit la parole pour s’éclipser quelques instants.

- Si vous voulez bien m’excuser, j’ai un coup de fil très urgent à passer.

Farben Dalius déposa son verre sur la table et rejoignit sa secrétaire. A bonne distance et avec la musique ainsi que le bourdonnement ambiant des différentes conversations, impossible d’entendre ce que Dalius et son assistante pouvaient se dire. Farben Dalius nourrissait quelques soupçons sur le Sluissi, aussi il avait naturellement demandé à prendre contact avec le directeur de Ruton pour avoir des preuves allant dans le sens de ses doutes ou au contraire infirmer ceux-ci.

- Je vous en prie, continuez Monsieur Thsio.

Insista le Muun qui avait l’air intéressé par les découvertes de Ruton, ce qui n’était pas une grande surprise compte tenu de son statut au sein du Clan Bancaire Intergalactique. Sa nature d’investisseur et de banquier d’affaires refaisait surface, toujours à l’affut d’opportunités d’investissement, ou de mise en relation de financeurs et de personnes à la recherche de financement. De son côté, Dalius put obtenir directement un canal de communication vis-à-vis du PDG de la Ruton. Bien que souffrant et malade (et cela s’entendait dans sa voix), Dalius demanda s’il avait bien envoyé quelqu’un à la réception pour le représenter, et la voix assurée du patron le rassura : Monsieur Thsio avait été mandaté par Ruton pour représenter les intérêts de la société. Ce qu’il ignorait, c’était qu’un des complices de Sxyd s’était fait passer pour le président de Ruton. Ceux-ci avaient entendu les échanges entre Sly Keto, Dalius, Cumis et Vimusk à propos de leur agent et s’étaient dépêchés d’agir pour se prémunir de ceci. Dalius prit congé du PDG de Ruton en lui souhaitant un bon rétablissement pour revenir vers le Sluissi qui terminait de parler.
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HEGO – Je n’ai jamais entendu parler de Balamak, où est-ce situé ?
DARTH ORACCI – Balamak est un monde agricole neutre perdu entre la République et les territoires hutts après Kashyyyk.

Sxyd confirma d'un léger hochement de tête. Il ne s'était encore jamais rendu sur Balamak mais avait quand même regardé sa localisation dans la galaxie par curiosité. Et puis il n'aurait pas fait mine de s'être intéressé à une étude concernant une planète dont il aurait tout ignoré.

FARBEN – Et que pouvez-vous dire de plus sur ce minerai, Monsieur Thsio ? Qu’est-ce qui le rend aussi intéressant ?

L'attention était toujours posée sur lui, mais la conversation ne tournait plus autour de lui, et voilà tout ce qu'il cherchait. De fait, maintenant, il pouvait discuter naturellement de sujets externes, et petit à petit, espérait-il, amener Dalius à revenir aborder des sujets véritablement intéressants pour sa mission.
Ce minerai sur Balamak, c'était une vraie étude qu'il avait lue sur l'holonet un jour, mais il ignorait totalement si l'entreprise Ruton s'était penchée sur le sujet, si ça ne l'intéressait pas au contraire, voire si personne dans le centre de recherche et de développement n'était au fait de cette étude. Sxyd avait juste sorti cette carte pour lancer un nouveau sujet de conversation sur quelque chose de crédible vu sa couverture de sous-directeur de Ruton en charge des process et des études scientifiques. Puisqu'il était lui-même fils d'une scientifique et porté sur les sciences physiques et chimiques, il se sentait suffisamment à l'aise pour parler de cette étude pour paraître crédible dans son rôle.

Il n'eut toutefois pas le temps de répondre immédiatement à Dalius car ce dernier fut appelé par son assistante. Dalius s'excusa en prétendant un coup de fil à passer. La conversation allait donc devoir temporairement continuer sans lui, ce qui était bien dommage, mais le Muun issu du Clan Bancaire Intergalactique avait plus particulièrement envie que les autres de savoir ce que disait l'étude que Sxyd venait de citer.

HEGO – Je vous en prie, continuez, Monsieur Thsio.

Sxyd aurait aimé que Dalius entende et participe, mais il ne pouvait pas laisser tout le monde en suspens comme ça. Il avait de toute façon encore tout le temps pour engager Dalius dans une conversation et aborder les sujets qui l'intéressaient vraiment ce soir.

SXYD – Eh bien, c'est encore difficile de vraiment décrire ce minerai car les recherches restent à approfondir. En résumé, ce minerai a un potentiel de polarité électromagnétique, qui... comment dire sans utiliser des termes trop techniques... eh bien qui pourrait, peut-être, c'est cela qu'il faut vérifier, canalyser de l'énergie et la redistribuer dans un circuit fermé. Si les études à venir se révèlent concluantes, il pourrait, par exemple, permettre d'augmenter l'autonomie des batteries de petits appareils électroniques du quotidien. Un espoir serait aussi qu'il permette de booster la puissance potentielle de puces électroniques, et Baktoid Automata pourrait grâce à notre technologie fabriquer des droïdes utilisant plus d'énergie sans nécessiter de plus gros générateurs. Gain d'autonomie, gain de puissance, gain de volume, et donc de matière, donc de coût... Mais voilà, pour l'instant, tout cela reste très théorique. On a juste relevé un potentiel, des choses qui intriguent les scientifiques ayant mené les premières études. Tout reste à confirmer, à analyser, cela prendra du temps, pour peut-être se rendre compte que ça n'est pas exploitable.

Dalius revint un instant après que Sxyd eut fini son petit exposé. Sxyd observa la réaction du Muun, et s'attendit en même temps à ce que Dalius veuille qu'on lui répète ce qui venait d'être dit.
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Tout au long de l’explication du sluissi, Hego Vimusk fut sans doute le plus intéressé du groupe. Son cerveau de comptable et d’investisseur carburait à plein régime cherchant à déterminer plusieurs hypothèses et théories financières afin de voir combien pourrait lui rapporter le financement de ces recherches et les applications qu’elles pourraient avoir. Pour l’heure tout semblait être à prendre avec des pincettes, et la prudence du financier qu’il était l’incitait à se montrer patient mais à garder son attention fixée sur les résultats de ces études. Certes sur le papier cela semblait prometteur, mais la longue expérience du banquier d’affaires d’Hego Vimusk lui avait appris à ne pas s’emballer sans avoir suffisamment de données portées à sa connaissance.

Après tout, ce minerai pouvait s’avérer très pratique en poussant au maximum l’autonomie des batteries de droïdes (et de bien d’autres machines ou équipements dans l’esprit du Muun), mais restait à voir le coût d’extraction du minerai, son transport, ses méthodes de raffinage, les taxes éventuelles, et la rareté du minerai en soit. Même si celui-ci était supérieur sur le papier, s’il n’était pas rentable, le Clan Bancaire n’investirait aucun crédit dans ces recherches. Pour cela il fallait attendre les résultats préliminaires de ces recherches et enquêter sur ce minerai afin de voir si cet investissement était intéressant ou non.

Sly Keto quant à elle semblait intéressée mais sans plus, c’était l’intérêt scientifique plus que financier qui avait capté son attention. Quand à Cumis, ce dernier semblait éprouver que peu d’intérêt à l’aspect financier ou scientifique de cette découverte de minerai. Mais l’aspect pratique de ce rocher l’intéressait sur un seul plan : qu’est-ce que ses applications pouvaient apporter à son armée et son matériel.

Lorsque Farben Dalius revint, Hego Vimusk lui fit un bref résumé de la situation et des propriétés présentées concernant le minerai en question. Farben Dalius parut quelques peu sceptique devant ces présentations : restait à voir combien coûtait sa production.

- Oh je vois, et quel nom avez-vous donné à ce minerai ? Comment avez-vous fait cette découverte ? Vous avez pu négocier avec le gouvernement local concernant son exploitation ? Les mondes neutres ont l’habitude d’être assez méfiants vis-à-vis de la République et tiennent souvent à leur indépendance…

Dalius semblait quelques peu intéressé, mais ce fut Sly Keto qui s’exprima en plissant légèrement des yeux après une gorgée de vin.

- En effet, j’espère que vous disposez de solides contacts et des affinités avec le gouvernement local afin de discuter de son exploitation. Je doute qu’ils vous laissent extraire le minerai sans exiger une contrepartie, voire une partie de ce que vous exploitez…

Thsio ne serait sans doute pas chargé de la négociation compte tenu de son statut au sein de Ruton. La Reine d’Umbara doutait que le sluissi lui faisant face avait la moindre idée de la longueur éventuelle des négociations avec le gouvernement local de Balamak. Ce genre d’échanges prenait du temps, surtout si le monde en question était une démocratie avec les enjeux électoraux et politiques locaux présents. Certains partis d’opposition pouvaient littéralement plomber les négociations en jouant sur la peur des sociétés galactiques par exemple. Une royauté ou un système dictatorial n’était pas foncièrement plus facile pour négocier avec cela dit, tout dépendait des intérêts ou de l’alignement sur lequel était ce souverain ou dictateur. Et enfin, les théocraties étaient sans doute les pires systèmes avec lesquels négocier : en effet avec les dérives sectaires et fanatiques, toute discussion était bien souvent impossible dans ces cas là.
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Sans surprise, c'est Vimusk qui prit l'initiative de faire une résumé à Dalius de ce que Sxyd alias Kaasxalid Thsio venait d'évoquer. Si le Muun avait paru le plus intéressé en l'absence de l'Humain, ce dernier fut presque aussi songeur que lui, et contrairement au banquier qui était resté muet dans ses réflexions, lui, eut plusieurs questions montrant son intérêt :

FARBEN – Oh je vois, et quel nom avez-vous donné à ce minerai ? Comment avez-vous fait cette découverte ?
SXYD – Oh, je vous parle là d'une étude sur laquelle je suis tombé, mais qui n'a pas été menée par Ruton. Pour l'instant, ce minerai possède au mieux un nom de code.
FARBEN – Vous avez pu négocier avec le gouvernement local concernant son exploitation ? Les mondes neutres ont l’habitude d’être assez méfiants vis-à-vis de la République et tiennent souvent à leur indépendance...
DARTH ORACCI – En effet, j’espère que vous disposez de solides contacts et des affinités avec le gouvernement local afin de discuter de son exploitation. Je doute qu’ils vous laissent extraire le minerai sans exiger une contrepartie, voire une partie de ce que vous exploitez...

Sxyd n'avait jamais été chef d'entreprise ni négociant, pourtant Dalius et Keto ne lui apprenaient rien. Quant une entreprise veut s'installer sur une planète ou même dans un pays étranger pour en exploiter une ressource, cela passe par des négociations et des signatures de contrat qui assureront à la localité détentrice de la ressource de ne pas être abusée dans l'histoire. Aucun pays, aucune planète, n'accepte de laisser une entreprise étrangère venir exploiter une ressource sur son sol, comme ça, gracieusement, par bonté d'âme.

A cette fin, il y a plusieurs méthodes. Les gens civilisés essaient de trouver un compromis, un gain mutuel. Une entreprise qui part exploiter une ressource dans un pays pauvre peut par exemple promettre d'utiliser une part des recettes pour investir dans des écoles, des hôpitaux, ou pour régler des conflits locaux. Bref, répondre à une demande locale. Le pays ou la planète en question dit : « Nous, cette ressource ne nous intéresse pas, mais si nous vous laissons exploiter, alors voici ce qui nous intéresse et que vous pouvez nous fournir. ».
D'autres entreprises, celles qui brassent des masses inconsidérables d'argent, sont suffisamment puissantes pour corrompre les gouvernement locaux. Dans ce genre de “négociations”, seules les élites bénéficient de la venue de l'entreprise étrangère, et l'exploitation de la ressource ne fait qu'aider cette élite à écraser un peu plus les basses classes sociales. En général, tout ce que l'entreprise apporte alors à la localité, c'est une guerre civile, ou au moins l'agitation.
Enfin, une autre méthode est l'occupation militaire. Le pays ou la planète est opressé et la ressource est pillée sans le consentement de qui que ce soit. Cela implique que l'entreprise exploitante soit de mèche avec une puissance militaire supérieure. En l'occurence, la République pourrait occuper un monde neutre comme Balamak, tout en mettant au point une savante campagne de désinformation pour dorer la pilule.

Sxyd espérait que Dalius sente qu'il avait là une opportunité d'être le premier à véritablement s'intéresser au minerai dont il parlait. Ce serait alors intéressant de voir comment il s'y prendrait pour que Baktoid Automata soit la première entreprise à exploiter, même indirectement par une de ses filiales, cette ressource. En montrant que Ruton n'était pas encore sur le coup, il lui laissait la porte ouverte.

SXYD – Pour l'instant, chez Ruton, nous devons encore nous concerter, évaluer le pour et le contre. Ces études sont toutes fraîches, elles viennent de sortir. Et de toute manière, même si nous décidons de nous pencher plus près sur cette ressource, ce ne sera pas moi qui prendrai contact pour des négociations.

Sxyd coula un regard vers Dalius, attendant une réaction.
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Farben Dalius était quelques peu pensif, ne sachant pas vraiment quoi penser de tout ça, du moins c’était l’impression qu’il donnait. Il y avait une porte ouverte pour les associés présents de Dalius plus que pour la société dont il était cadre. A dire vrai le seul intéressé financièrement était surtout Hego Vimusk. Sevrus Cumis quant à lui restait plus en retrait et semblait doucement se détendre un peu comme l’exprimaient ses épaules. Il avala sèchement son verre d’alcool

- Je pense que cette découverte intéressera plus Baktoid Automata que BlasTech. A part peut-être sur les accessoires électroniques aux armes, mais ce n’est pas le marché le plus porteur pour la société que je représente. Vous devriez leur en toucher un mot Monsieur Thsio…
- Madame, messieurs, je suis demandé un peu plus loin. Je vous dis à plus tard peut-être.

Les trois autres lui retournèrent la politesse et laissèrent le zabrak s’éclipser pour discuter avec quelques politiciens et officiers de la République qui lui avaient fait signe. Dalius le suivit du regard s’éclipser tout en avalant une gorgée de son verre d’alcool. Gardant Cumis à l’œil il reprit la parole à l’attention du Sluissi d’une voix quelques peu sceptique sur ce qu’avait pu évoquer le Sluissi.

- Quoiqu’il en soit, je m’étonne que vous ne vous soyez pas encore penché sur cette petite pépite…

Puis il pivota sa tête vers son vis-à-vis, et ajouta d’une voix un peu plus suspicieuse.

- Et plus encore que vous nous en fassiez profiter Monsieur Thsio, ce n’est pas dans les habitudes de Ruton de laisser une porte aussi grande ouverte… certains ici ne diraient pas non à l’opportunité de vous doubler…

Une telle erreur de jugement étonnait quelques peu Farben Dalius qui se demandait quel était le degré de compétence de son interlocuteur. En effet le Sluissi semblait ne pas être conscient d’être au milieu d’un océan dans lequel plusieurs requins recherchaient ce genre de bon tuyau pour obtenir un avantage commercial sur leurs rivaux. Et Ruton n’était pas seul ici que cette donnée pouvait intéresser : le fabriquant de cervo-droïde ici présent ou même d’autres concepteurs et entrepreneurs dans l’électronique comme les systèmes de visée pouvaient être très intéressés par cette donnée. Par son acte, le Sluissi s’était attiré la suspicion de Dalius pour lequel, même un directeur de recherches et de développement de prototypes était conscient de l’impact que ce genre de révélation pouvait avoir sur le marché. Ne serait-ce qu’avec les législations relatives aux brevets par exemple, et il était improbable que quelqu’un de sa fonction ne soit pas sensibilisé à ces questions. Farben posa une main sur l’épaule de Sxyd et le fixa dans les yeux avant de lui poser une question à voix basse mais également assez grave…

- Vous en avez discuté à quelqu’un d’autre avant de nous rejoindre ?

Pour Sly Keto, c’était la même chose. Celle-ci s’était demandée un peu pourquoi révéler autant d’informations si Ruton n’avait pas déjà un brevet d’exploitation ou finalisé ses études. La société Ruton n’était pas du genre à faire des cadeaux à ses concurrents, loin de là. Elle avait déjà engagé plusieurs procédures judiciaires à l’encontre de ses rivaux pour des affaires moins importantes que ce genre de découvertes. L’umbarane se demanda alors si cette affaire était bien crédible ou réelle en un sens, et s’il ne s’agissait pas d’une fausse information lancée à dessein pour forcer ses concurrents à engager des recherches et négociations pour un minerai très peu utile ou à l’exploitation beaucoup trop coûteuse pour être rentable. Alors qu’elle allait ajouter quelque chose, Sly Keto sans le savoir offrit une porte de sortie, un répit pour Sxyd, une opportunité de bien réfléchir à ses propos.

- On dirait que le président de Baktoid Automata va faire son discours d’ouverture de la réception…

Un humain dans la fin de trentaine s’avança sur un balcon intérieur surplombant la salle, encadré par deux droïdes de gamme SSAR, de son ingénieur en chef une nautolane jeune, d’une assistante twi’lek, de son associé un bothan plus âgé et d’un droïde de protocole.
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Dalius prit le temps de réfléchir un peu, chacun semblant vouloir lui laisser la parole.

FARBEN – Je pense que cette découverte intéressera plus Baktoid Automata que BlasTech. A part peut-être sur les accessoires électroniques aux armes, mais ce n'est pas le marché le plus porteur pour la société que je représente. Vous devriez leur en toucher un mot Monsieur Thsio...

Sxyd fut à deux doigts d'insister, arguant qu'un tel minerai, utilisé dans le matériau de blasters, pourrait aider à augmenter la puissance de tir pour un même calibre. Il était assez étonné que Dalius ne vît pas cet intérêt-là pour sa filiale de BlasTech Industries. Peut-être n'avait-il pas su bien exposer les espoirs qui reposaient sur ce minerai. De toute façon, c'est Vimusk qui lui avait fait un résumé. Sxyd se dit qu'il aurait dû attendre le retour de Dalius dans la conversation pour parler de cette étude, mais sur le coup, il n'avait pas su le faire sans paraître impoli. Il n'était décidemment pas à l'aise dans cette marée d'hommes d'affaires, de financiers, de négociateurs, d'actionnaires et de souverains politiques. Il était entouré de gens pour lesquels il ne pouvait éprouver que du mépris à défaut d'indifférence.

La bouche ouverte, il fut coupé dans son élan de prise de parole par Cumis qui annonça prendre congé du groupe. Sxyd suivit des yeux le Zabrak, craignant que quelque chose lui ait été signalé, mais Cumis sembla se lancer dans une autre conversation anodine avec des personnes n'étant pas en charge de la sécurité de la réception. Pour finir de se rasséréner, Sxyd glissa un regard vers un autre Zabrak, à peu près du même âge que Cumis, mais sans cicatrice sur le visage. Il s'agissait de Medd, un complice infiltré parmi les forces de sécurité. Si une alerte concernant Sxyd était donnée, son rôle serait de transmettre l'alerte à l'espion. Son autre rôle était, en cas de complication, de permettre au Jedi Gris d'accéder à son sabre-laser. A cause de la forme de ce dernier, Sxyd ne pouvait pas le garder sur lui discrètement. Il avait donc été caché par Medd, derrière un panneau mural juste à côté des toilettes. Si Sxyd ne pouvait pas y accéder à un moment où le combat devenait inévitable, c'est Medd qui aurait la tâche de lui apporter son arme.
Medd ne fit aucun signe de tête, lui retournant même pas le regard, faisant mine de l'ignorer. Cela signifiait donc que tout allait bien.

FARBEN – Quoiqu'il en soit, je m'étonne que vous ne vous soyez pas encore penché sur cette petite pépite... Et plus encore que vous nous en fassiez profiter, Monsieur Thsio, ce n'est pas dans les habitudes de Ruton de laisser une porte aussi grande ouverte... certains ici ne diraient pas non à l'opportunité de vous doubler...

Parce que ce n'était pas le genre de Dalius lui-même, peut-être ? Sxyd venait de lui tendre une perche, et c'est lui qui fut assez étonné par sa réaction. Quoi qu'il en soit, Sxyd devait aussi réviser son attitude : il risquait à ce rythme que l'on lise un peu trop dans son petit jeu. Et il allait devenir suspicieux. Sxyd sursauta presque quand, pour la seconde fois, Dalius lui posa une main franche sur l'épaule. Il se demanda si c'était tant de coutume entre directeurs d'entreprise que d'être ainsi tactiles et familiers.

FARBEN – Vous en avez discuté à quelqu'un d'autre avant de nous rejoindre ?

Heureusement le Sluissi sut ne pas bafouiller, gardant son calme derrière le masque impassible de son visage de serpent.

SXYD – Non, Monsieur Dalius. Mais au vu des bonnes relations qu'entretiennent nos entreprises, je trouvais normal de vous parler de cette étude. Je ne pense pas être naïf en vous faisant confiance.

C'est là que, bien qu'il ne fût pas doué pour les négociations ou les discussions mondaines, l'on ne pouvait pas retirer à Sxyd d'être un bon menteur malgré tout. Il prononça sa dernière phrase avec un aplomb olympien alors qu'il en pensait tout le contraire. Dalius était un Humain pourri de l'intérieur – ce qui sonnait comme un pléonasme pour Sxyd – et il fallait au contraire être extrêmement naïf pour faire confiance à quelqu'un comme lui.

DARTH ORACCI – On dirait que le président de Baktoid Automata va faire son discours d'ouverture de la réception...

Ouf ! Ce fut bienvenu. Sxyd allait pouvoir souffler un peu, et réfléchir à la manière d'aborder Dalius par la suite. Il se tourna vers le balcon, levant la tête vers cet autre Humain sûrement méprisable, assez jeune pour un directeur d'une entreprise comme Baktoid Automata, entouré de son équipe dont pas un seul autre Humain.

Peut-être que ce discours, à défaut d'être passionnant en soi, allait offrir quelques sujets de conversations pouvant mener Dalius sur les enquêtes qu'il avait su esquiver jusqu'à présent.
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Artis Retrun, président directeur général de Baktoid Automata n’était qu’un jeune étudiant au moment de fonder cette société. Cet entrepreneur avait réussi à convaincre des investisseurs de placer leurs capitaux dans son entreprise, lui qui était parti de rien était devenu un homme important et intègre. Malgré des débuts difficiles à cause de l’échec du projet SCAR (Système de Combat Avancé Robotisé). Baktoid Combat Automata fut sauvée de la banqueroute par un rachat de la société par Duwani Mechanical Products. Artis Retrun parvint à négocier sa place de PDG afin de conserver une marge de manœuvre sur sa société. A la base devant construire des droïdes de combat, Baktoid fut réorganisée afin de se placer sur le créneau de la sécurité plus que du combat militaire. Le projet SCAR et ses prototypes furent vendus aux enchères, et le projet SSAR (ou 2SAR pour Système de Sécurité Avancé Robotisé) fut lancé en partant sur les résultats des prototypes SCAR. La gamme de droïdes 2SAR se base sur un châssis similaire au SCAR, mais sa programmation est beaucoup plus basique, et il est plus fragile que son grand frère. Tout avait été fait pour faire de ces droïdes des machines moins complexes et coûteuses que ceux de la gamme SCAR qui, bien qu’excellents au combat représentaient un investissement beaucoup trop élevé pour de nombreux systèmes neutres, ou mêmes affiliés à la République. Artis Retrun s’approcha du balcon surplombant la foule et adressant quelques salutations à ses plus proches connaissances.

- Mesdames, mesdemoiselles, messieurs… merci à vous d’avoir répondu présent à mon invitation. Je suis heureux et ravi de vous avoir réuni pour vous dire à tous : merci pour votre confiance et votre soutien dans cette aventure.

Avait prononcé sur une voix chaleureuse et solennelle le jeune homme. Quelques applaudissements retentirent dans la salle pour s’éteindre et laisser à nouveau la parole à l’hôte de cette réception qui ajouta quelques mots.

- J’aimerai remercier chacun d’entre vous, mais, et je vais faire des jaloux mais je souhaiterai exprimer plus personnellement ma gratitude à monsieur Kirun ici présent, président de Duwani Mechanicals Products. Sans son aide et son précieux soutien, nous ne serions pas réunis ce soir. Et je serai sûrement ailleurs à chercher à fuir mes créanciers quelque part dans la Bordure Extérieure !

Dit-il avec une assurance et un large sourire sur le visage. Ce trait d’esprit déclencha parmi la foule de nombreux éclats de rire d’amusement. Il est vrai que les débuts prometteurs de Baktoid Combat Automata avaient été aussi particulièrement chaotiques. D’autres entrepreneurs n’avaient pas eu la chance qu’avait eue Artis Retrun. Il reprit.

- Comme vous le savez, le projet 2SAR est l’aboutissement de nombreuses recherches et d’une certaine vision. Je vais sans doute rien n’apprendre à qui que ce soit, mais la galaxie est de moins en moins sûre. L’Empire et les criminels n’attendent qu’une chose : des systèmes à piller. C’est pour cela qu’il y a sept ans, j’ai eu envie de proposer quelque chose afin de faire ma part pour une galaxie plus sûre et prospère pour tous : concevoir des droïdes pour protéger les populations face au chaos de la guerre ou de la criminalité. Ils sont là pour résoudre ces problèmes en coordination avec les forces de sécurité locales afin de gonfler les effectifs humains, mais aussi de leur donner un appui fiable en permanence lors de leurs missions de surveillance, sécurité rapprochée, patrouille ou d’interpellation. Vendus à des gouvernements, institutions ou des corporations sur des zones à risque, ils sont l’outil idéal pour garantir à vos travailleurs une sécurité contre tout risque d’intrusion.


Spoiler:

Certaines portes sur les côtés de la pièce s’ouvrirent pour laisser passer des droïdes de couleur blanche. Ils étaient armés, mais leur armes étaient déchargées afin d’éviter tout incident. Ils étaient embarqués avec des armes non-létales seulement. Farben Dalius croisa les bras d’un air très fier en voyant ces automates équipés de ses modèles de carabine blaster courtes idéales en milieu urbain ou espaces exigus. Il prit une gorgée de vin avant de se retourner vers Artis Retrun qui apaisait les applaudissements de la foule plutôt impressionnée par les résultats de leurs investissements pour certains, ou perspectives d’achats pour les clients de la République ou ambassadeurs de mondes neutres présents ici. Ramenant l’attention sur lui-même, et toujours souriant il reprit.

- Mes chers invités, voici aujourd’hui le visage des futures forces de sécurité dont les systèmes neutres et la République a besoin pour maintenir l’ordre et la sûreté à chacun de ses citoyens. Certains de nos clients les ont déjà adoptés et aucun n’a été déçu par la qualité de nos produits. Et pour cela je remercie notre ingénieure en chef, directrice des recherches, mais surtout associée de longue date Sinlee Iktas pour son travail indispensable et de qualité.

La nautolane ne semblait pas vraiment à l’aise devant autant de personnes et se contenta de sourire d’un air un peu gênée tandis que ses joues devinrent un peu oranges à cause de sa couleur de peau verte.

- La République doit se doter des moyens de se défendre comme les systèmes neutres. Chaque individu et citoyen à droit à la sécurité. C’est un droit fondamental. Les Jedi ne peuvent pas assurer ce rôle seul de part leurs effectifs et un contexte de guerre ouverte avec l’Empire, et nous ne pouvons pas non plus tout attendre de leur part. Nous devons prendre l’initiative de nous défendre par nous-mêmes face à aux menaces car ces dernières constituent un défi.

Si Sxyd pouvait ressentir ses émotions, il ressentirait surtout de l’honnêteté dans les propos du jeune humain. A dire vrai Artis était quelqu’un qui pouvant trancher avec certains de ses invités, a la rigueur pouvait-on lui reprocher d’être proche du Clan Bancaire en matière d’optimisation fiscale, mais il ne faisait rien d’illégal, et cela pouvait se comprendre en un sens : sa société commençait tout juste à sortir la tête de l’océan de dettes à rembourser. De surcroit il croyait à ce qu’il disait et en ses idéaux. Artis Retrun reprit la parole pour poursuivre son discours.

- Je sais que les actes pèsent plus que les mots, aussi je vais laisser mon associé, monsieur Kaar Neset vous inviter à vous rendre vers la terrasse à l’extérieur ou vous aurez une vue imprenable sur une petite démonstration. Et je vous dis à tout à l’heure pour la suite.

Le bothan dans la cinquantaine s’avança à son tour et invita les personnes présentes à se rendre vers l’extérieur ou aurait lieu la démonstration. Farben Dalius semblait un peu agacé et lâcha quelques mots qui sonnaient comme une certaine critique de leur hôte.

- Toujours aussi bavard… et il est devenu presque arrogant...
- C’est dans son droit Farben, vous ne pouvez pas lui reprocher de savourer son succès après ce par quoi il est passé…
- A moins que vous ne soyez pas satisfait du prix auquel il a acheté les armes que vous lui avez vendues ?


Le reprit Sly Keto qui fut approuvée par Hego Vimusk d’un mouvement de tête. A deux contre un, l’humain n’en dit pas plus. Mais pour la Reine d’Umbara, il était évident que Farben jalousait un peu le succès de son client. Hego Vimusk avait vu juste visiblement car l’humain écarta ce sous-entendu d’un revers de la main : il n’avait pas envie d’en parler davantage, mais lâcha une nouvelle pique à l’adresse de leur hôte.

- Heureusement que je ne compte pas que sur Baktoid afin de vendre…

Se souvenant de la conversation avec le Sluissi, il reprit la conversation avec son nouvel « ami » après une nouvelle gorgée d’alcool.

- Au fait monsieur Thsio, vous avez bien fait de n’en parler à personne d’autre concernant ces minéraux… il n’est pas question de faire ou ne pas faire confiance aux gens ou entreprises, mais de bien savoir à qui accorder sa confiance plutôt. Qu’avez-vous pensé du discours de notre cher hôte ?

Si Sxyd était assez sensible aux odeurs, sans doute parviendrait-il à sentir que son interlocuteur avait une haleine légèrement alcoolisée. En la jouant suffisamment fine, peut-être qu’il serait plus bavard et moins alerte. Mais là encore tout était une question de finesse. Offrir un nouveau verre à Farben pousserait sans doute celui-ci à la méfiance.

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Sxyd n'était pas renseigné en détail sur Artis Retrun, le Président Directeur Général Humain de Baktoid Automata. Il avait retenu que sa société avait été à l'origine des droïdes de type SCAR et que cela avait été un échec commercial – et il aurait bien du mal à expliquer pourquoi, toutes ces choses le dépassaient un petit peu, car c'étaient des questions d'investissement, de financement auprès des banques, et peut-être d'autres paramètres, appartenant au domaine du commerce et non de la science. D'un point de vue purement technologique, les droïdes SCAR avaient pourtant eu de quoi susciter l'intérêt.

Désormais, Baktoid Automata, par le visage de son Président Directeur Général, présentait sa “nouvelle version”, dirait-on, des droïdes SCAR : le nom de cette “nouvelle version” n'allait pas chercher bien loin puisqu'il suffisait de changer seulement une lettre. Le discours de Retrun fut donc axé sur cette nouvelle gamme de produits, enrobé bien sûr de banalités, comme celle notamment de remercier le Président de la société Duwani Mechanicals Products pour avoir sauvé Baktoid Automata de la faillite à cause du projet SCAR. Retrun ponctua son discours d'un trait d'humour à ce sujet, qui déclencha une vague de rires forcés de convenance. Sxyd lui-même resta de marbre, navré d'être baigné dans cette mélasse de faux-semblant.

Retrun expliqua l'ambition du projet 2SAR – qui avait déjà été celle du projet SCAR. Des portes sur les côtés de la pièce s'ouvrirent pour exposer plusieurs droïdes de couleur blanche. Voilà à quoi Ruton avait donc contribué. Et BlasTech Industries aussi. Dalius ne cachait pas sa fierté. Sxyd eut de l'empathie en revanche pour la Nautolane verte, présentée comme ingénieure en chef et directrice des recherches, qui semblait intimidée par ce parterre d'auditeurs. Retrun se permit enfin de rappeler à chacun que la République ne pouvait pas compter uniquement sur les Jedis. C'était une vérité en soi, peu de gens devaient en douter à vrai dire, au point que Sxyd se demanda si c'était bien utile de chercher à les dénigrer gratuitement dans ce discours. Quoi qu'il en soi, bien que son défunt maître eût été un ancien Jedi, Sxyd ne se sentait pas concerné. Et il n'était pas là pour défendre « la République », cela ne voulait rien dire à son sens.

Le discours ne fut pas trop long, Sxyd s'était attendu à pire ; cela se termina quand Retrun laissa son associé Bothan, Kaar Neset, orchestrer une petite démonstration qui devait se tenir à l'extérieur dans quelques instants, le temps pour toutes les convives voulant y assister de prendre place sur une terrasse.

FARBEN – Toujours aussi bavard... et il est devenu presque arrogant...

Pour le coup, Sxyd avait déjà entendu des discours plus longs. Dalius semblait avoir un petit ressentiment envers Retrun, pour manquer ainsi d'objectivité. Il fut d'ailleurs repris par Keto et Vimusk, ce dernier faisant allusion au fait que Dalius n'avait pas su vendre ses armes au prix espéré. Sxyd mit cette information dans un coin de sa tête, sans savoir si elle allait lui être utile. Dalius, lui, noya son envie de maugréer dans un nouveau verre d'alcool. Puis il lâcha une bombe sans le savoir :

FARBEN – Heureusement que je ne compte pas que sur Baktoid afin de vendre...

Sxyd dut faire un effort considérable pour ne pas tout de suite montrer son intérêt à l'entente de cette phrase. En soi cette dernière n'avait rien du tout d'étonnant : heureusement pour BlasTech Industries que Baktoid Automata n'était pas leur seul client. Mais c'était peut-être leur plus gros, et si Dalius était si frustré de devoir vendre à bas prix à son plus gros client, alors il devait grossir les prix pour les autres... ou chercher des clients moins conventionnels prêt à acheter plus chers pour doubler la République...

Sxyd ne put pas le questionner tout de suite, car le temps de chercher une approche pas trop suspecte, il fut lui-même abordé par Dalius. Sa langue bifide capta tout de suite les relents d'alcool qui imprégnaient le sang, la sueur et l'haleine de l'Humain. S'il se laissait devenir un peu trop joyeux, Dalius aurait moins d'inhibiteur et lâcherait plus facilement des informations qu'il tairait en temps normal.

FARBEN – Au fait Monsieur Thsio, vous avez bien fait de n'en parler à personne d'autre concernant ces minéraux... Il n'est pas question de faire ou ne pas faire confiance aux gens ou entreprises, mais de bien savoir à qui accorder sa confiance plutôt.

Sxyd ne fut pas sûr de saisir la nuance, mais hocha la tête pour bien faire. Après tout, savoir à qui accorder sa confiance, c'était donc choisir de faire ou de ne pas faire confiance à telle personne ou à telle autre.

FARBEN – Qu'avez-vous pensé du discours de notre cher hôte ?

C'était le moment d'essayer de se mettre Farben Dalius dans sa poche pour de bon. Le complimenter serait trop grossier, alors peut-être que simplement abonder dans son sens serait plus subtile. Dalius pourrait alors se dire que « Monsieur Thsio » était sur la même longueur d'onde que lui, qu'il avait l'intelligence de le comprendre, et qu'il était digne de rentrer dans certaines confidences. Les choses n'allaient évidemment pas être aussi simples, mais il fallait bien commencer par une tactique.

SXYD – Mmmh... C'est un discours bien enrobé. Monsieur Retrun semble vite passer l'échec du projet SCAR. Au lieu de nous montrer qu'il en a tiré les bonnes leçons, il s'enorgueillit un peu vite du projet 2SAR. Il parle beaucoup, vante son équipe, mais nous ne savons pas en quoi ce projet 2SAR n'est pas voué au même échec que le précédent.

Sxyd fit un signe au serveur, qu'il avait fait exprès de gêner en partant aux toilettes précédemment. Dalius venait de finir son verre, et sous ses yeux, Sxyd s'en servit un autre. Ce n'était que son second verre, à lui, tandis que Dalius en avait déjà descendu trois ou quatre – depuis que Sxyd avait intégré le groupe de conversation, et Dalius avait peut-être déjà commencé à boire avant...

Son geste fut assez lent, dans le but de faire traîner le serveur devant Dalius et de susciter l'envie chez ce dernier. Avec un peu de chance, le serveur proposerait lui-même un nouveau verre à l'Humain, et ainsi Sxyd n'aurait pas à dévoiler son jeu. Histoire de faire traîner un peu plus le serveur, Sxyd lui dit quelques mots banals :

SXYD – Excusez-moi pour tout à l'heure. Vraiment, je m'en serais voulu de vous bousculer, surtout si votre plateau avait chaviré...

Le serveur se contenta poliment de dire que ce n'était rien.
Puis il demanda aux autres personnes présentes – Keto, Vimusk et Dalius – s'il devait les resservir.
Bingo !
Mais encore fallait-il que Dalius se resserve...
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- Ravi de voir que nous avons le même point de vue sur ce sujet monsieur Thsio, je me sens moins seul.

Soupira Farben d’un air quelques peu soulagé. En finesse et avec subtilité, Sxyd avait réussi à convaincre Farben de continuer à baisser sa garde en acceptant un autre verre d’alcool. D’un geste ample, il se servit d’un verre sur le plateau, imité par Vimusk.

- Bien volontiers.

Sly Keto quant à elle montra son verre à moitié plein et refusa poliment la proposition. Visiblement c’était son dernier verre, ce qui pouvait probablement interloquer quelques peu Sxyd. Restait à voir quelle tolérance à l’alcool pouvait avoir un Muun… La Reine d’Umbara garda son verre dans sa main et fixait quelques peu le Sluissi, son regard pénétrant et perçant son âme. Elle marque une pause, puis reprit la parole pour répondre à Sxyd concernant Baktoid Automata et son président directeur général.

- Le projet SCAR était beaucoup trop ambitieux pour sa structure, il s’est laissé marcher dessus par ses investisseurs et des demandes trop contradictoires en plus d’autres problèmes. Une succession de problèmes ont causé l’échec de ce projet. On peut le mettre sur le compte de l’inexpérience, mais monsieur Retrun a retenu les leçons : il a conscience d’avoir eu une seconde chance et qu’il ne fallait pas la gâcher. Le projet 2SAR est clairement dans les cordes de sa société : ce droïde est conçu pour faire de la sécurité, pas du combat comme c’était le cas du projet SCAR… Certains gouvernements de la bordure extérieure ont, à titre expérimental, accepté quelques-uns des prototypes pour des essais de terrain. D’après ce que j’ai entendu, ces tests ont été concluants. Et cette annonce va en ce sens, sinon il n’aurait pas pu aborder cette question ce soir, et un second échec aurait poussé Duwani à liquider l’entreprise de Retrun pour ne pas prendre davantage de risques et limiter la casse de cet investissement. Ces simples faits constituent déjà une réussite en soit par rapport au projet SCAR qui n’avait jamais dépassé le stade de prototype.

Dit-elle simplement, mais en gardant à l’œil son interlocuteur. Elle se méfiait de lui, c’était évident. Fort heureusement pour l’umbarane, le Muun après avoir siroté son verre reprit la parole.

- Je peux confirmer, le Clan Bancaire a déjà accordé des emprunts à ces gouvernements pour financer ces achats de droïdes.


Il y eu du mouvement en contrebas. Un grand terrain ressemblant à une reconstitution de quelques rues avec bâtiments était visible. Quelques humains jouaient le rôle de criminels, occupant plusieurs secteurs clef tandis qu’une escouade de droïdes de sécurité furent déployés d’un côté de la carte avec deux autres humains. Tous étaient armés, mais avec des armes factices paralysantes pour tous ceux qui étaient présents.

- La démonstration va commencer !

Résonna la voix de Kaar Neset dans les haut-parleurs. Restait désormais à voir ces droïdes en action. Tout avait été pensé et millimétré au préalable pour qu’il n’y ait aucun incident. Farben Dalius plissait des yeux et cherchait à se concentrer, son front laissait perler quelques gouttes de sueur tandis qu’il semblait avoir plutôt chaud. La démonstration débuta, les droïdes se séparèrent pour neutraliser ces criminels ayant pris possession de deux bâtiments. Cette simulation suivait le scénario suivant : des bandits attaquent un bâtiment important, et ont pu positionner des tireurs sur les toits ainsi que des mercenaires dans ces mêmes bâtiments annexes pour fortifier la zone et se couvrir. Il fallait agir avec rapidité et discrétion. Mais ces droïdes n’étant pas très intelligents devaient être déployés en compléments d’unités humaines classiques afin d’optimiser leur utilisation et prévoir les imprévus. Et des imprévus, il y en aurait plusieurs…
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FARBEN – Ravi de voir que nous avons le même point de vue sur ce sujet, Monsieur Thsio, je me sens moins seul.

Sxyd venait de marquer un point, et fut intérieurement fier de lui : petit à petit, il se mettait Dalius dans la poche, et ce n'était pas rien de le dire, car Dalius restait un Humain, et Sxyd devait donc se forcer à taire le mépris qu'il avait naturellement pour lui.
Quand Dalius se servit même un nouveau verre, Sxyd marqua un autre point. Dalius était déjà un peu imbibé, mais avec ce verre de plus, il allait moins s'inhiber, et en conséquence lâcher plus facilement les informations que le Sluissi escomptait lui tirer du nez. Cumis, qui s'était montré froid au point que Sxyd se demandait s'il était soupçonneux, avait déjà quitté le groupe de conversation depuis plusieurs minutes. Il restait Vimusk, qui ne semblait se douter de rien, l'esprit tout entier à ses calculs de banquier, et la Reine Keto d'Umbara, moins lisible, mais qui n'avait pas plus de raison que Vimusk de soupçonner quoi que ce soit. En tout cas, elle semblait moins portée sur l'alcool que Dalius, car elle fit comme si elle avait déjà eu sa dose.

Sxyd ne reprit pas immédiatement la parole. Il devait laisser ce nouveau verre d'alcool faire effet sur l'esprit de Dalius. Il voulut donc laisser ses interlocuteurs nourrir par eux-mêmes la conversation. Il ne voulait pas prendre de place.
C'est la Reine Keto d'Umbara qui prit la parole, en s'adressant à lui, justement, rebondissant sur l'opinion – feinte – du « directeur adjoint de Ruton » : elle essaya de lui expliquer en quoi les investisseurs pouvaient bel et bien avoir plus d'espoirs en le projet 2SAR, rappelant pour conclure que le projet SCAR n'avait même pas dépassé le stade de prototype, tandis que le projet 2SAR avait déjà reçu des commandes de prototypes, à titre expérimental, par des gouvernements de la Bordure Extérieure. Sxyd lui-même avait déjà lu quelques articles sur le projet 2SAR et se montrait en réalité plus curieux que ce qu'il venait de prétendre. D'une certaine manière, cette argumentation de Sly Keto représentait pour Sxyd un intérêt en-dehors de la mission.

HEGO – Je peux confirmer, le Clan Bancaire a déjà accordé des emprunts à ces gouvernements pour financer ces achats de droïdes.

Ca devenait assez palpitant, en fait, de se retrouver plongé au milieu de ces hommes et femmes d'affaires et d'entendre directement de leurs bouches quels étaient les investissements opérés dans des domaines qui appartenaient aux centres d'intérêt de Sxyd. Ce dernier était plus penché sur la biologie, la chimie, la physique, les mathématiques, mais s'intéressait également à l'informatique, la robotique et les nouvelles technologies en général. Aussi, quand il entendit une voix annoncer que la démonstration allait commencer – il dut jeter un regard pour voir qu'il s'agissait du Bothan associé de Retrun – il se dit que c'était là encore l'occasion de nourrir sa curiosité en-dehors de la mission. Et encore, cela avait quand même un petit rapport.

Sxyd ne savait pas vraiment à quoi il devait s'attendre, ni à quel point cette démonstration avait été programmée, chorégraphiée. Les gens, suite au discours de Retrun, s'était déjà pressés sur la terrasse en surplomb. Sxyd et Dalius eurent les dernières place, et ne voyaient donc pas aussi bien. Les droïdes se séparèrent, dans un décor reproduisant des rues et des bâtiments. Ils étaient assistés par deux Humains tout de même, en tenue militaire. Plusieurs personnes de différentes races jouaient le rôle de criminels et avaient déjà pris position sur différents points stratégiques. Quelque peu excité d'assister à cette avant-première, Sxyd dut contrôler les mouvements de sa queue, mais dardait sa langue frénétiquement. Il sentait l'odeur alcoolisée de Dalius à côté de lui, et lui jeta un regard.
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Un grand silence régnait dans les rangs de la foule, tous pouvaient voir la démonstration soit en direct, soit via les écrans qui rediffusaient les images captées par un drone en vol stationnaire au dessus de la zone d’entrainement. Au top donné, les deux escouades se dispersèrent, laissant deviner leur plan d’action : chaque équipe prenait un immeuble pour ensuite converger vers leur cible rapidement. Les deux équipes s’approchèrent des bâtiments sans être vus, enfin jusqu’à un certain point seulement. Car ils furent assez vite repérés au moment ou ils pénétrèrent dans le bâtiment. Pour l’une des deux équipes, ce serait plus compliqué d’atteindre l’objectif visiblement. L’équipe B eut tout juste le temps d’entrer dans le bâtiment et d’atteindre l’escalier pour être arrêtés par les gangsters. L’équipe A eut un peu plus de succès et put atteindre le premier étage pour tomber sur les criminels. Les bâtiments représentaient des bureaux, avec plusieurs couverts derrière lesquels ils prirent position. La précision des droïdes dans leurs tirs furent efficaces pour prendre de court la première garde envoyée. L’équipe B coincée dans les escaliers lança une grenade incapacitante pour se frayer un chemin. L’opérateur humain de ce groupe de droïde se mit derrière l’une des machines pour bénéficier d’un couvert mobile. Le droïde encaissa un tir perdu en pleine poitrine et se désactiva sous l’effet de l’arme ionique. Le chef d’escouade se jeta sur la droite et élimina la cible d’un tir paralysant. Le premier étage venait d’être conquis par l’équipe B qui neutralisa les criminels. L’équipe A n’eut pas de mal à nettoyer leur étage pour poursuivre leur ascension, mais les escaliers étaient défendus. La moitié du groupe resta ici pour occuper les gangsters et le reste se dirigea vers les fenêtres. Après les avoir brisées, ils se servirent de leurs grappins pour se hisser jusqu’au rebord du toit et en prendre possession. Ils surprirent les tireurs qui s’attendaient à voir les droïdes débarquer depuis les escaliers. Là encore, la précision mortelle des droïdes fit mouche, et les gangsters coincés dans les escaliers furent forcés de se rendre, pris en tenaille.

Mais avec le retard de l’équipe B, un droïde tomba sous les tirs ioniques d’un tireur posté sur le toit de l’autre bâtiment. Les autres droïdes se hâtèrent de descendre les escaliers pour s’y mettre à couvert. L’équipe B continuait d’avance difficilement, mais sûrement, l’emploi de fumigènes et le passage par d’autres escaliers permirent de tenter de contourner les gangsters qui avaient cependant prévu cette opportunité. L’un des criminels surgit de derrière un mur pour frapper un droïde avec une matraque. Celle-ci se brisa sous le choc, mais il avait frappé suffisamment fort pour jeter le droïde au sol, un autre automate tira une matraque paralysante télescopique depuis son avant bras gauche et vengea son frère d’armes tombé en assénant un coup. Il s’effondra d’un coup, paralysé. L’équipe B contacta la première pour demander de faire diversion. Ce qu’ils firent afin d’occuper les tireurs sur le toit. Puis ils empruntèrent les fenêtres de la même façon que la première équipe pour parvenir à leurs fins. Rapidement les deux équipes de droïdes purent, en travaillant de concert, prendre les deux bâtiments. La première étape de la démonstration fut interrompue ce qui n’était pas prévu apparemment. Une voix féminine se fit entendre.

- Une équipe médicale est demandée sur le bâtiment de l’équipe B.

Le gangster frappé par la matraqua n’avait rien de bien sérieux comme blessures, cependant Artis Retrun ne voulait pas que son public puisse penser que les choses tournent mal. Mieux valait se montrer précautionneux.

- Plutôt impressionnant… La coordination des tactiques des opérateurs avec les droïdes est efficace.

Lâcha Sly Keto devant ces droïdes qui faisaient partie de ses investissements. La deuxième partie de la démonstration commença après que le gangster soit évacué. Cette-fois ce fut plus rapide et le dernier bâtiment fut pris assez vite. Lorsque l’annonce officielle donna les forces 2SAR gagnants. Un tonnerre d’applaudissement retentit alors.

- Si ce n’est pas joué d’avance… je dois dire que ces droïdes sont pas mauvais et pourraient même remplacer des droïdes sentinelle au combat…

Annonça Hego Vimusk qui semblait plutôt apprécier le spectacle. Restait à voir ce qu’en avait pensé Thsio.
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Heureusement, des écrans géants avaient été disposés afin de permettre aux spectateurs les moins bien placés de suivre l'action en direct. Sxyd, Dalius, Vimusk et la Reine Keto se servirent donc de ces écrans plus qu'ils n'observèrent directement la scène par eux-mêmes. La démonstration rappela quelques souvenirs à Sxyd, de ses expériences d' « activiste » – puisque c'était ainsi qu'il était le plus souvent qualifié, indirectement, par les médias. C'était une scène de guérilla urbaine comme il en avait lui-même vécues. Il regardait les droïdes 2SAR comme de futurs opposants à ses actions et à ses alliés. Il se revoyait à la place de ces faux criminels ; eux, à l'instant, jouaient un rôle, mais lui, avait réellement été traité ainsi. Il en vint presque à espérer que la démonstration tourne mal et que les « criminels » prennent le dessus sur l'escouade 2SAR.

Evidemment, tout avait été chorégraphié et répété, le but était de promouvoir les 2SAR, Retrun n'allait pas prendre le risque de montrer une défaite des 2SAR lors d'un tel gala d'investisseurs. Et encore, malgré ça, il eut un petit dérapage, si bien qu'une équipe médicale fut requise pour évacuer un acteur ayant joué un criminel, qui avait pris un mauvais coup. Il n'y avait apparemment rien de trop sérieux, mais toutes les précautions étaient prises.
Dans ces conditions, il n'y avait donc aucune chance de voir l'équipe des criminels l'emporter. Le match était truqué, si l'on pouvait dire les choses ainsi. Quoi qu'il en soit, Sxyd se sentait tout de même privilégié, dans le cadre de sa mission, de pouvoir assister par lui-même à cette avant-première destinée à attirer des clients pour Baktoid Automata et à lever des fonds supplémentaires.
Il ne put pas s'empêcher d'analyser le déroulement de la fausse opération et de lister, dans sa tête, ce qui allait et ce qui n'allait pas. Il trouva par exemple étonnant que l'équipe d'intervention n'eût pas utilisé de drone ou un quelconque autre outils de reconnaissance, qui leur aurait permit de repérer l'un des tireurs embusqué sur un toit et de sauver un droïde. Mais il devait reconnaître que dans l'ensemble, l'escouade avait été efficace.

DARTH ORACCI – Plutôt impressionnant... La coordination des tactiques des opérateurs avec les droïdes est efficace.
HEGO – Si ce n'est pas joué d'avance… je dois dire que ces droïdes sont pas mauvais et pourraient même remplacer des droïdes sentinelle au combat...

Eh bien ! Sxyd avait, en toute honnêteté, du mal à s'emballer autant que la Reine Keto et que le banquier Vimusk.

SXYD – Oui... Oui... Il y a du potentiel...

commença-t-il à s'exprimer d'un ton analytique, les yeux plissés, l'air songeur, une main sous l'aisselle et l'autre sous le museau.

SXYD – Toutefois quelque chose me chagrine, pas vous ? Cette démonstration... Il est évident que Monsieur Retrun a tout prévu pour que cela soit vendeur pour les droïdes 2SAR, cette scène que nous venons de voir a donc dû être répétée, et nous savions à l'avance que l'escouade 2SAR allait réussir sa mission, Monsieur Retrun n'aurait pas pris le risque de faire cette démonstration ici et maintenant s'il n'en avait pas été sûr. Et malgré cela, avez-vous compté le nombre de droïdes tombés ? Trois. Juste pour une démonstration. Sans parler qu'un droïde semble avoir frappé un peu trop fort un des acteurs. Je ne pense pas qu'il était prévu que l'équipe médicale soit appelée. Alors, si ça se passe comme ça pour une démonstration biaisée, prévue à l'avance, comment ça va se passer en situation bien réelle ?...

Sxyd était, pour le coup, tout à fait sincère dans cet avis. Et cela collait aussi à sa mission, ce qui tombait bien, il n'avait pas à se forcer. La question qu'il espérait que Dalius se pose, c'est : cela valait-il le coup de distribuer une grande proportion d'armes signées BlasTech Industries à Baktoid Automata si c'était pour les retrouver associées à des droïdes peu fiables ? Et surtout : Dalius avait-il prévu autre chose ? Il avait déjà lâché avoir d'autres clients que Baktoid Automata. Mais lesquels ?...
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Les commentaires de Thsio agacèrent l’ensemble de l’entourage présent, Dalius y compris qui laissa un léger rire méprisant s’échapper de ses lèvres. Vimusk se retourna pour le voir avant de faire mine de rien avoir entendu, considérant son analyse comme non pertinente. Vimusk et Keto avaient contribué au projet et avaient leurs parts chez Baktoid Automata certes, cependant ils n’étaient pas dupes pour autant. La reine d’Umbara soupira un peu, devant le pessimisme affiché et le « prétendu » complot de Baktoid Automata. Elle termina de boire son verre d’alcool d’une traite afin de noyer son agacement mais aussi se donner le temps de préparer ses mots. Sly Keto commençait à trouver les agissements et certains propos du Sluissi comme étant plus que suspect, elle haussa un sourcil d’interrogation et s’approcha quelques peu de son interlocuteur avant de prendre la parole d’un ton méfiant et lourd de sous-entendus.

- Vous ne connaissez visiblement pas grand-chose aux affaires Thsio, ou alors vous ne vous êtes jamais renseigné sur cette réception, monsieur Retrun et ses droïdes…

Sly se doutait de plus en plus que quelque chose ne tournait pas rond avec le Sluissi. Ca en devenait flagrant, mais elle semblait être la seule à nourrir des soupçons à l’égard de la crédibilité du dénommé Thsio.

- En effet, il y a eu quelques imprévus au cours de la démonstration, mais le fait que le scénario ait été choisi en amont ne signifiait pas que nos droïdes avaient été avantagés, ils auraient très bien pu tous échouer Monsieur Thsio. De surcroit ces droïdes viennent en complément d’opérateurs humanoïdes et effectivement ne pourraient pas faire le poids face à des troupes paramilitaires entrainées, disciplinées et équipées pour une raison très simple : les 2SAR ne sont pas prévus pour le champ de bataille, mais pour les forces de police et de maintient de l’ordre tout simplement. S’ils ne vous conviennent pas, rien ne vous empêche de voir ce que proposent nos concurrents pour un tout autre prix…

Une voix s’élevait derrière Thsio et avait parlé d’une voix un peu cassante mais très courtoise. Il s’agissait d’une nautolane d’environ trente-cinq ans à la peau verte. Ce n’était pas n’importe qui puisqu’il s’agissait de Sinlee Iktas, associée d’Artis Retrun, ingénieure en chef et directrice des recherches de Baktoid Automata. Plus à l’aise en petit comité qu’en public, elle était vêtue d’une robe longue qui ne laissait pas croire une seule seconde à ses fonctions ou métier d’ingénieure. Pourtant elle avait été derrière les projets SCAR et 2SAR, et ces deux modèles de droïdes étaient en quelques sortes ses « enfants ». Et comme toute mère qui se respecte, elle les défendait pour ce qu’ils étaient. Dalius et BlasTech ne risquaient pas de se décrédibiliser en vendant à Baktoid.

- Dalius, Vimusk et votre majesté Keto, j’espère que vous sauriez apprécier la suite de la démonstration dans quelques minutes.

Tous trois saluèrent la jeune nautolante. Farben Dalius un peu aviné reprit la parole immédiatement afin de raffermir ses liens avec Baktoid en tant que client ; s’il fournissait des armes à Baktoid pour les droïdes, il n’était pas exclu que BlasTech achète quelques modèles pour la sécurité de ses sites de production, ou assurer la protection des livraisons d’armement à des planètes, systèmes ou… d’autres clients.

- Je dois bien admettre que certains modèles armés plus légèrement pour assurer une sécurité de certains lieux intéresseraient sans doute BlasTech Industries.
- Vos carabines blasters sont de qualité et seront à notre avis l’arme standard pour équiper nos modèles de droïdes en effet. Concernant les modèles à venir, nous avons travaillé sur plusieurs modèles dérivés consacrés à occuper des fonctions bien spécifiques en matière de sécurité, nous vous présenteront nos travaux à la fin. Je ne doute pas que nos accords avec BlasTech sauront nous être profitables. Surtout compte tenu des armes que nous vous achèterons pour les 20.000 premiers droïdes déjà prêts, ainsi que les 100.000 suivants qui arrivent.


Visiblement, Farben Dalius parut un peu plus serein d’apprendre que 100.000 unités supplémentaires seraient produites. Lui qui pour l’heure n’avait vendu que pour 20.000 comprit mieux ou voulait en venir Artis Retrun. Même s’il vendait ses armes à hauteur de 33% moins cher que leur prix habituel, il pourrait compenser ses pertes en vendant du volume. Le modèle de carabine qu’il vendait était assez facile à produire, et les récents investissements de BlasTech pourraient permettre de suivre les commandes sur ce modèle.

- Me voilà rassuré. Je n’avais pas été informé du volume d’armes qui seraient nécessaires et m’était basé que sur les chiffres de 20.000. Baktoid a réalisé des investissements massifs au niveau de ses infrastructures pour en produire autant.
- Tout à fait. Les apports en capitaux et conseils de notre banquier ici présent, Monsieur Vimusk nous ont permis de réaliser des placements intéressants. Monsieur Retrun ne vous en a pas encore parlé car c’était encore en cours de négociations…


Puis la nautolane pivota vers Hego Vimusk et Sly Keto pour ajouter quelques mots.

- Et avec l’appui d’Umbara et du Clan Bancaire, vous bénéficierez également d’une remise appréciable compte tenu de vos statuts d’actionnaires.
- En effet, le Clan Bancaire a besoin de renforcer sa sécurité pour les transferts éventuels. Nos clients sont en règle générale, très soucieux de leur fortune.
- Umbara se chargera d’acheter une licence concernant vos droïdes pour que nous puissions les fabriquer nous-mêmes. La Guilde Marchande tient à ses monopoles…
- Ce qui complique les choses en matière de commerce avec votre système votre majesté…
- La Guilde Marchande joue le rôle d’intermédiaire entre le système Umbara et le reste de la galaxie en matière de commerce, ils ne sont pas là pour faire concurrence directe avec vous Dalius. De surcroit notre isolationnisme nous as permis de ne dépendre d’aucun autre monde pour être autonomes.


Farben Dalius continua à boire à son verre, visiblement beaucoup plus détendu en ayant appris cette bonne nouvelle. Puis la nautolane reprit la parole d’une voix douce et très polie à l’égard de Sly Keto.

- Votre majesté, je ne doute pas que certains modèles vous plairont sans doute.
- Je vous en remercie Madame Iktas.

Quelque chose continuait cependant de tracasser quelques peu l’humain. Farben savoura son alcool avant de reprendre la parole pour bien prévenir la jeune nautolane que la révélation de cette donnée allait avoir des conséquences.

- J’aurai apprécié cependant avoir cette information avant de signer davantage de contrats Madame Iktas. Notre production n’avait pas cette donnée avant de définir leur planning, bien entendu nous pourrons modifier notre planning de production, mais cela risque de retarder notre livraison de trois semaines ou un mois. Mes autres clients tiennent à être livrés en temps et en heure… et n’hésitent pas à exiger des compensations sur les retards de livraison… Je ne pourrais pas « détourner » leur commande à votre profit comme vous vous en doutez, même en vertu de nos relations commerciales. Et leur demander d'attendre la prochaine livraison.
- Je n’en doute pas, j’agirai sans doute pareil à leur place. Mais monsieur Retrun s’est chargé de tout. Et Duwani Mechanicals Products a accepté de nous transférer une partie des modèles de carabine qu’ils vous ont déjà achetée il y a deux mois. De surcroit Artis avait prévu et anticipé la chose, nos clients seront avertis sur le petit délai de livraison qui les aura en amont avant toute signature.


Farben Dalius parut quelques peu rassuré, mais encore un peu anxieux. Il semblait craindre certains de ses clients. Un œil attentif pouvait remarquer la présence d’une bague à l’annulaire droit de Sinlee Iktas, il s’agissait du même anneau que portait également Artis Retrun. Cela pouvait paraitre quelques peu insignifiant, mais pouvait donner quelques indices. Sly Keto l’avait remarqué : l’ingénieure et le pdg étaient mariés depuis peu, trois mois tout au plus…
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Dalius émit un rictus difficile à décrypter. Approbateur, méprisant, interloqué ? Toutefois Sxyd sentit le malaise chez ses deux autres interlocuteurs. Il y eut encore une fois un froid dans la conversation, pourtant Sxyd n'avait pas l'impression d'avoir dit quelque chose de déplacé, mais il dut bien se remettre en question, car si la Reine Keto, Vimusk et peut-être Dalius étaient tous trois “choqués” par ses propos, c'est que le problème ne venait peut-être pas d'eux. Enfin, ils restaient des hommes et femmes d'affaires, qui despotes, qui banquiers, qui Humain de surcroît, en somme que des personnes à l'esprit tordu, le genre de personnes en qui Sxyd ne pouvait pas avoir confiance et ne pouvaitt même que mépriser. Sxyd avait donc du mal à les dédouaner entièrement, à ne pas se dire que c'est parce qu'ils partageaient tous la même cupidité et le même fanatisme pour la sécurité oppressive au service du capitalisme, qu'ils réagissaient froidement à son avis réservé sur cette démonstration. La Reine Keto et Vimusk avaient tous deux affiché leur soutien à la candidature du tyran S'orn, ce n'était pas pour rien. Et Dalius... était un Humain, de toute façon.

Toutefois, Sxyd avait une mission, qui implicait de ne pas se rendre suspect ; il se remit donc en question dans le sens où il aurait dû plutôt se mêler à l'avis général, car en se positionnant ainsi en marge, il attirait forcément l'attention sur lui, toutle contraire de ce qu'il voulait. Ce fut donc une leçon pour lui, et désormais il allait éviter de s'exposer aussi grossièrement.

DARTH ORACCI – Vous ne connaissez visiblement pas grand-chose aux affaires, Thsio, ou alors vous ne vous êtes jamais renseigné sur cette réception, Monsieur Retrun et ses droïdes...

A son tour, Sxyd jeta un regard glacial à la Reine Keto. S'il avait réellement été sous-directeur de Ruton, il aurait eu de quoi être vexé par cette phrase incroyablement condescendante. Heureusement, Sxyd avait suffisamment de détachement pour ne pas se sentir piqué personnellement. Et puis, qu'est-ce que c'était que cette façon soudaine de l'appeler directement pas son nom de famille sans préposer “Monsieur” ?! Il se retint de corriger son interlocutrice, assumant que cela ne se faisait certainement pas de reprendre une reine de cette manière. Mais parce qu'elle était reine planétaire, justement, cette Keto se permettait une attitude inacceptable.

Seulement, Sxyd venait de se dire qu'il devait se faire plus discret. Il s'interdit donc de tomber dans le jeu de la Reine Keto. Il ne la reprit pas et ne se défendit même pas. Après tout, que pouvait-il bien en avoir à faire qu'elle pensât qu'il n'y connaissait pas grand-chose aux affaires ? Il jouait un rôle, juste un rôle ; et sans se voiler la face, en réalité, c'était assez vrai.

Dès la fin de la phrase de la Reine Keto, le Sluissi sentit des pas s'approcher de lui par derrière. Il tourna légèrement la tête par-dessus son épaule en dardant sa langue, pour découvrir l'odeur et le visage d'une Nautolane pas très âgée à la peau verte. C'était en fait la Nautolane qui s'était trouvée aux côtés de Retrun au moment du discours de ce dernier : elle était l'ingénieure en chef de Baktoid Automata. Elle avait entendu les remarques de Sxyd et avait décidé de s'approcher pour lui répondre directement.

SINLEE – En effet, il y a eu quelques imprévus au cours de la démonstration, mais le fait que le scénario ait été choisi en amont ne signifiait pas que nos droïdes avaient été avantagés, ils auraient très bien pu tous échouer Monsieur Thsio.

Alors ça, Sxyd n'y croyait pas une seconde. Retrun n'aurait vraisemblablement jamais pris un tel risque. Sxyd n'y connaissait peut-être pas grand-chose aux affaires, mais il n'était pas naïf. Dans ce gala, tout ce beau monde était venu voir les fruits de leurs investissements, et allait sans doute être encouragé à investir plus. Il suffisait d'écouter la suite de la conversation entre la Nautolane et Dalius pour s'en convaincre : Dalius se retrouva mis dos au mur avec une commande inattendue, et ça ressemblait à une belle tactique de forçage de la part de Retrun et de la société Baktoid Automata. Dalius était juste trop aviné pour s'en rendre compte. Mais Retrun était là pour faire des affaires, et ça aurait été la catastrophe si cette démonstration avait mal tourné. L'ingénieure en chef pouvait bien raconter ce qu'elle voulait, Sxyd n'allait pas se laisser duper.

Il la laissa donc parler, converser avec Dalius, Vimusk et la Reine Keto, n'intervenant pas mais n'en pensant pas moins. Il avait bien vu que toutes les pensées n'étaient pas bonnes à dire, alors il se tut. Mais tout ce qu'il entendait lui donnait envie de vomir. Tous ces gens se laissaient caresser dans le sens du poil par fierté, et acceptaient de se laisser duper pour ne pas avoir de regrets.
Reine Keto, vous êtes une dupe comme les autres, et votre cupidité et soif de domination sur votre peuple vous fait tomber dans les pièges que ces requins ont tendus pour vous.

Sxyd attendit que Sinlee Iktas s'en allât vers d'autres personnes à un autre endroit de la réception, pour se remettre à faire parler Dalius, d'une manière qui paraissait innocente :

SXYD – Bon, eh bien, je suppose que cette annonce de Madame Iktas est une bonne nouvelle pour vous ? Malgré les autres clients qui vous ont déjà passé commande...
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Sly Keto resta de marbre devant le regard glacial que lui adressa Thsio, il s’était décrédibilisé en prenant la parole et l’umbarane avait juste remis les pendules à l’heure le concernant. Baktoid ne pouvait pas se permettre un nouvel échec commercial, et vendre des produits défectueux ou survendus à leurs clients ne conduirait qu’à des procès qui signeraient la banqueroute de l’entreprise, et cette fois-ci Duwani Mechanicals Products ne viendrait pas renflouer les caisses de la société. Ces droïdes seraient un atout pour toutes les forces policières les ayant mis en dotation par leur gouvernements, c’était un fait avéré et qui se vérifierait dans les mois ou années à venir. Sly Keto ne fit pas de commentaire supplémentaire, et laissa la conversation aller et venir jusqu’à ce que la nautolane ne s’en aille en assurant que Grendo S’orn aurait le soutient de Baktoid Automata pour sa campagne au poste de chancelier suprême. Il y eut un léger moment de flottement, puis Farben Dalius écouta ce que le Sluissi avait à lui dire. Il haussa les épaules d’un air désinvolte puis se contenta de répondre sans stress et avec un naturel qui pouvait peut-être trancher quelques peu avec son attitude précédente.

- Je vous le fais pas dire, ils sont tout sauf compréhensifs et commodes… cela dit ils paient bien et rapidement donc c’est l’essentiel vous me direz… Ce sont des gens importants dans leur branche.

Il était commun dans le commerce de payer les commandes en fin de mois en général. Les délais de paiement pouvaient parfois s’avérer quelques peu compliqués pour certaines entreprises, mais la République autorisait un délai pour régler les factures.
Les mauvais payeurs subissaient relances avant d’être mis en demeure par d’autres sociétés chargées d’effectuer du recouvrement de dettes. Si cela n’était pas suffisant, l’affaire se réglait devant les tribunaux de commerce de la République, ou leurs équivalents dans les systèmes neutres en fonction de la législation locale afin de régler ces différends. Cependant les précisions laissées par Farben Dalius indiquaient que visiblement certains de ses clients préféraient payer directement à la livraison chose assez inhabituelle pour des entreprises classiques qui préféraient se donner du temps afin de bénéficier des intérêts des sommes sur leurs comptes avant de procéder au paiement. Sans doute payaient-ils également en liquide ou en matériaux ayant une valeur équivalente aux containers d’armes livrés… restait ensuite à revendre cette marchandise pour obtenir des crédits, et compte tenu de son réseau Dalius ne devait pas avoir de soucis à trouver d’éventuels clients… Par ailleurs le corellien semblait plutôt s’être repris. Son cerveau avait sans doute déjà trouvé un début de solution à appliquer, comme l’indiquait sa prise de parole plutôt détendue et confiante.

- Mais oui, ça reste une bonne nouvelle. Quelques heures supplémentaires et des coups de fils à passer n’ont jamais tué personne…

Venant de la part d’un marchand d’armes, cette phrase avait une tournure un peu sarcastique. Bien qu’il n’ait jamais tué personne, ni fait exécuté qui que ce soit, d’aucuns pourraient dire que les armes vendues le rendaient complice de ceux qui étaient tués par les blasters qu’il vendait à ses clients. Mais ceci constituait plus une opinion que d’un crime en soit. Farben sirota son verre qu’il termina à nouveau. Le Muun fut appelé par un de ses autres clients et prit un congé temporaire du groupe, ne laissant que l’umbarane, le corellien et le sluissi seuls.
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