Le précédent combat n’avait pas été simple. J’avais dû y affronter une connaissance, une alliée. Et même si elle avait tenté de me tromper en faisant usage de son don racial, je n’avais eu aucun intérêt à lui régler son compte. Cependant, cela n’expliquait pas mon incapacité à la vaincre facilement. Il m’avait fallu attendre un long moment avant de porter des coups suffisamment incapacitant à son égard. Lorsqu’elle eut décidé enfin de se rendre, je m’étais sentit soulagée. Je n’avais pas eu à me surpasser, à m’épuiser, car la suite du tournoi risquait d’être ardue. A ce sujet, je ne m’étais pas trompée. Nous n’avions pas beaucoup de temps pour nous reposer et panser nos blessures. C’était un choix logique de la part des organisateurs car cela favorisait les meilleurs combattants, moins épuisés et moins blessés, au dépend des autres. Je ne m’étais pas assez appliquée mais j’avais préféré faire usage du temps qui m’avait été donné pour mieux me ressourcer et reposer mon esprit et mes muscles. De toute manière, je n’avais aucun moyen de panser mes plaies de manière rapide et efficace et je comptais bien sur mes capacités dans la Force pour venir récupérer ce qui me manquer sur le corps d’un ou d’une de mes camarades.

Et quel camarade… Lorsque le nom de mon adversaire tomba au creux de mon oreille, je masquai au mieux mon incertitude. Etait-ce réellement une bonne ou une mauvaise chose d’affronter le Zabrak avec qui j’avais conversé au cœur de la bibliothèque et dont j’avais pu constater la bonne maitrise de la Force lors du cours de l’Impératrice. D’un autre côté, il m’avait démontré qu’il n’était pas très intéressé par ce genre de combat et qu’il préférait de loin s’intéresser à des choses moins agressives. C’était un point de vue qui se défendait, mais je préférais sincèrement mêler les deux concepts. J’étais friande de duel, de sang et de mort mais je ne rechignais jamais à l’idée de prendre du plaisir, par exemple, dans des occupations diverses et variées.

Ce combat était également un bon moyen de vérifier mes hypothèses au sujet de Yawto et de justifier ou non sa présence sur la liste que j’avais proposée à ma maitresse. Il avait tout de même éliminé son premier adversaire, ce qui était une bonne et une mauvaise chose. Il prouvait qu’il était compétent, intelligent et donc dangereux. IIl me restait donc à savoir s’il oserait me frapper pour tenter de se substituer à moi et donc tenter de ravir ma place ou s’il se contenterait d’un combat plus… amical.

Je m’avançais finalement vers le centre de l’arène, me dévoilant au Zabrak que je toisais du regard. Cette fois-ci, je ne commettrais pas la même erreur que lors de mon combat face à ma comparse Zeltronne. Au lieu de me jeter sur ma proie, j’allais plutôt chercher à la tester.

J’écoutais avec peu d’attention les propos de notre arbitre pour mieux me concentrer sur Yawto et lui offrir un visage amical qui mentait bien sur mes véritables intentions. Un léger sourire, faux, venait s’étirer sur mes lèvres alors que mon sabre tombait dans ma main et laissait jaillir la lame alizarine qu’il détenait. Et alors que le top du combat était donné, je me laissais aller à tourner, me décalant d’un pas après l’autre sur le sable de l’arène. Je le défiais.

« Moi qui croyais que tu détestais ça… Tu es venu jusqu’ici juste pour me faire plaisir ? Ou bien est-ce pour mieux subir ton humiliation ? » Un nouveau sourire, moqueur, s’afficha sur mon visage. « Peut-être que t’aimes ça, en fait… »

Je faisais appel à la Force en parallèle, dans l’idée de mieux profiter de ces quelques paroles pour préparer ma frappe, qui n’aurait pas d’apparence physique. Je profitais de ces quelques paroles provocatrices pour mieux poser mes pions, dans l’espoir de pouvoir le mettre en échec.

« Attention mon chou, j’attaque ! »

Sans attendre, je feintais une projection dans sa direction, restant en réalité campé sur mes positions alors que je déployait dans sa direction des filaments de Force aux volontés perverses et douloureuses…

Raté, raté, et encore raté ! J’en venais à sérieusement me demander si Isobel ne m’avait pas jeté un sort pour que je fusse aussi mauvaise et incompétente ! La Force ne venait pas se plier à ma volonté et voilà que le Zabrak venait se fendre d’une remarque tout aussi déplacée qu’assassine. Avait-il réellement osé m’humilier en prononçant ces paroles ou cherchait-il seulement à me provoquer ? Comment osait-il insinuer que j’étais faible alors que je m’étais débarrassée de Darth Jugal seule et sans l’aide quiconque ? Avait-il oublié que ce combat pouvait très bien se transformer en un duel à mort ? Etait-ce cela qu’il souhaitait, que je le démembre ?

Je n’étais peut-être pas fière de mon échec, mais Yawto allait bien vite regretter ses propos. J’avais décidé de ne pas la jouer brute de décoffrage mais les circonstances avaient changé la donne : j’allais me montrer agressive et il allait devoir tenir face à la pression que j’allais exercer sur lui. Patience mon chou, ce n’était pas ton air habituellement timide et apeuré qui allait me faire retenir les coups ! J’avais décidé de remporter ce tournoi et je comptais bien le mener à son terme pour le remporter.

Yana m’avait en effet entrevoir certaines choses comme la nécessité d’aller le plus loin possible. Cela montrerait ma détermination mais aussi le fait que j’étais capable de protéger la place que j’avais acquise, que je ne me cachais pas uniquement derrière une brume opaque de mensonges et de tromperies. D’une certaine manière, le voir résister m’amusait. Yana s’était rendue après de longues péripéties mais je m’étais attendu à ce que le Zabrak lâche très rapidement l’affaire. J’étais donc satisfaite qu’il ne l’ait pas fait d’entrée de jeu.

Ce que je n’expliquais pas, c’était pourquoi il avait osé s’approcher si près de moi pour venir m’insulter. Était-il donc à ce point fou pour ouvrir sa garde de la sorte et s’offrir à mon sabre ? Quoi qu’il en soit, s’en était presque risible. C’est pourquoi je ne lui offris qu’un large sourire alors qu’il semblait vouloir se raviser. Avait-il compris l’erreur qu’il avait commise ? Sans aucun doute, ça se voyait dans son regard qu’il voulait soutenu.

« Es-tu si stupide de venir aussi près pour m’insulter, petite chose ? »

Je ne lui laissais pas le temps de répondre que j’armais déjà mon bras pour abattre ma lame sur son flanc, chose que je fis sans la moindre hésitation et dans un rire des plus malsains.

Cependant, je ne pouvais pas en rester sur si peu, et c’est pourquoi je comptais bien réitérer ma précédente expérience surtout que je le ressentais plus en forme que je ne l’étais. Il ne pouvait pas être contre l’idée de m’offrir un peu de son essence vitale pour pimenter notre duel, n’est-ce pas ? Ce n’était pas que j’étais en manque mais je ressentais presque l’obligation de venir me gaver de sa vie pour mieux savourer l’instant de souffrance qui accompagnait généralement la ponction vitale…

La vision de Yawto à genoux en train de me supplier d’arrêter venait hanter mon esprit alors que je bondissais de côté pour mieux le contempler tout en m’offrant une distance suffisante pour me protéger et riposter. On est jamais trop prudente…

« Mon chou... Tu ferais mieux de t'excuser. »

Bon. Ok.

Une fois, je veux bien. Mais parvenir à me stopper coup sur coup, et par deux fois ? Non, c’était juste impossible. Étais-je si nulle que ça pour ne pas parvenir à terrasser un type de l’acabit de ce Zabrak ? Personne n’avait encore réellement résisté à mon don d’absorption vitale et voilà qu’un pauvre apprenti à peine débarqué sur Korriban me bloquait parfaitement ? Yawto avait-il des dons qui m’avaient échappés ? Me serais-je trompé sur son compte en privilégiant Rhaenys plutôt que lui auprès d’Isobel ? Si c’était le cas, alors la Zeltronne n’hésiterait pas à me le faire savoir. Mine de rien, je me faisais malmener par ce pauvre petit être à peine formé alors que j’étais sur le point d’atteindre un palier, un niveau de compétence qui devait me permettre de me détacher définitivement du lot.

Sauf que j’en venais à réellement douter de mes capacités, ce qui n’était pas du tout une bonne chose au vu de la situation. J’étais au cœur d’un combat à mort et je ne pouvais pas me laisser aller à un débat personnel de cette envergure. Je me sentais soudainement si faible, si éloigné du niveau que l’on m’estimait. Je devais absolument faire quelque chose et me ressaisir pour me montrer sous un jour meilleur.

Pour cela, je n’allais tout d’abord pas répondre à ses nouvelles provocations. Mine de rien, j’avais réussi à placer mes coups. De fait, je ne pouvais pas douter de mes compétences et j’avais clairement le niveau pour affronter le Zabrak. En revanche, ce dernier semblait à l’aise avec mon style de combat et j’allais donc devoir en changer. Cela voulait dire abandonner le style terre à terre du Makashi, que je ne maitrisais pas à la perfection mais que je me devais de développer pour revenir à mon bon vieil Ataru. Je devais donc griller des cartouches et dévoiler mon jeu plus tôt que prévu.

Tant pis. Je devais m’adapter. Finis les assauts rapides et accompagnés de la Force, il était temps de la jouer plus finement, dans un mélange d’attaque vives et de replis rapides. La Forme IV allait m’y aider, car elle m’offrait une dimension supplémentaire dans laquelle me mouvoir et me permettait donc de faire totalement usage de mon agilité.

Je toisais donc Yawto du regard sans même lui offrir un seul mot en réponse. Je ne voulais plus discuter. J’étais venu dans l’arène avec l’idée de passer au tour suivant. Désormais, je voulais d’abord m’assurer que je disposais toujours de mes capacités ; que je n’avais rien perdu. Ensuite, je chercherais à le terrasser. Ce n’était pas une estimation revue à la baisse, mais un simple changement de stratégie dont Yawto allait devoir faire les frais. Du moins, c’est ce qui était prévu à la base.

Je laissais la Force de côté, ne gardant que son effet passif et transcendant. Je comptais en faire l’usage pour rendre mes déplacements plus vifs mais sans plus. En somme, l’application basique du flux mystique pour l’utilisation des katas de la forme IV. Ce n’est que lorsque le rythme s’accélèrerait que je monterais en puissance pour mieux surprendre le Zabrak.

Et c’est ce que je fis en bondissant soudainement dans sa direction, sautillant légèrement avant de prendre une grande impulsion et le frapper d’une tranche bien placée, diagonale. Je retombais bien vite sur son côté mais je ne lui offrais pas le temps de la riposte.

En effet, je bondissais déjà hors de sa portée, ne lui offrant donc que pour seuls choix de me suivre ou de rester à distance pour un round d’observation. Dans les deux cas, j’estimais profiter d’un certain avantage…

Je posais de nouveau mes pieds à terre, les talons de mes bottes s’enfonçant dans le sable alors que je lui tendais un regard des plus obscurs. Mes yeux avaient abandonnés leur couleur de glace pour arborer celle des ténèbres, noire et obscure.

S’il voulait m’affronter, alors il devra venir me chercher…

Cet affrontement ne sentait clairement pas bon. Je n’étais peut-être pas une experte en divination mais je savais reconnaître quand les choses venaient jouer contre moi. C’était ben le cas aujourd’hui, et pas seulement depuis le début de ma confrontation avec Yawto. Tout ceci avait commencé lors de mon affrontement avec Yana. J’avais clairement pu y constater la surestimation que j’avais faite de mes capacités et je me maudissais depuis lord de ne pas avoir insisté auprès d’Isobel pour apprendre plus malgré certaines de ses ignorances. Non pas que je venais faire une critique de ma Maitresse, elle avait parfaitement le droit d’avoir d’autres occupations. J’étais la seule fautive, à cause de la peur qu’elle inspirait au cœur de sa propre puissance. Je ne pouvais que constater l’évidence, je n’avais clairement pas le niveau pour ce qu’elle m’avait suggéré, et ainsi gagner quelques considérations vis-à-vis de tout le monde.

Devais-je pour autant baisser les bras et laisser le sort faire pour disposer au plus vite de temps pour me perfectionner ou fuir le potentiel courroux d’Isobel ? Bien évidemment que non. Cette série de confrontations qu’offrait le tournoi était une aubaine, car je pouvais tester l’intégralité de mes limites, de mes capacités. Certes, c’était dangereux. Je pouvais y perdre la vie. Mais au final, n’était-ce pas pour toutes ces raisons que je restais là, face au Zabrak ? J’adorais le goût du risque et même me retrouver en difficultés. Je pouvais ainsi goûter à mes retranchements et puiser dans certaines émotions qui se galvanisaient, m’offrant ainsi un terreau fertile pour semer les graines de la riposte.

La riposte n’aurait pas lieu immédiatement, cependant. Je ne voulais pas gâcher mes cartouches, et cela même si le risque était de me mettre en plus grande difficulté. Yawto était impressionnant, je n’avais jamais vu d’adversaire résister aussi facilement. En revanche, ma dernière attaque l’avait visiblement déstabilisé, même s’il avait été capable de la parer. Que faire alors que nous étions tout les deux à distance, hors de portée l’un de l’autre ?

Attaquer n’était pas la bonne solution, car elle viendrait m’exposer. La Force pourrait m’aider à contrecarrer le risque, mais je ne me sentais guère capable d’y faire appel sans m’épuiser définitivement. Attendre semblait donc la meilleure option, car ainsi je pourrais anticiper son attaque et profiter de son rapprochement pour le contrer et peut-être même contre-attaquer. Ou alors je pourrais une nouvelle fois reculer et tester sa patience comme sa frustration.

De toute manière, la première idée fut soudainement balayée lorsque je sentis un appel d’air dans la Force, une volonté de saisir, d’écraser ma main pour en voler le contenu. Résister fut une idée qui me traversa l’esprit, mais ce n’était clairement pas la bonne. Mon sabre-laser était un outil, mais la véritable arme restait la Force, et ma force résidait dans mes émotions. Si j’avais voulu le déconcentrer pour l’empêcher de regagner ses forces, j’aurais agis de la même manière. Posséder son arme était plus sécurisant.

J’adore le goût du risque, et c’est pourquoi j’avais desserré mon étreinte pour laisser mon arme quitter le creux de main non sans offrir un sourire malicieux à mon adversaire du jour. J’avais d’autres idées dans la poche. En revanche, je profitais de notre éloignement pour venir puiser dans mes émotions et saisir le mince filet mystique qui m’entourait. Le but de la manœuvre était simple : raviver la toile de Force qui me transcendait.

Et puis de toute manière, même si Yawto récupérait mon sabre, il ne pourrait rien en faire…

Nouvelle erreur tactique. A peine avais-je lâché mon sabre que je regrettais déjà ma décision. J’offrais en effet l’opportunité à Yawto de se galvaniser et de me charger à souhait. Je n’avais pas encore récupéré de mon épuisement dans la Force et j’allais devoir riposter à ses assauts grâce à mon agilité et la force de poings. Une situation bien épouvantable qui ne risquait pas de s’arranger si le Zabrak réalisait qu’il ne lui restait plus qu’à me mettre la pression pour me terrasser. Moi qui avait l’habitude de chercher à dominer l’adversaire pour mieux le prendre de haut et l’abattre d’un simple coup de sabre, je me retrouvais à devoir ramper pour espérer éviter les coups d’un acolyte que je trouvais bien trop expérimenté, ou plutôt chanceux. Mon égo reprenait inévitablement le dessus, quoi qu’il arrivait. Je ne pouvais pas imaginer que Yawto puisse être capable de me vaincre et je comptais bien lui montrer qu’il n’était rien face à l’apprentie d’Isobel Takan. J’allais renverser la tendance et lui faire payer son insolence.

Je comptais bien le frapper, encore et encore. Faire bloc pour inverser la tendance qui s’installait et le forcer à plier. Oh, je n’allais pas le tuer. Le Zabrak était trop intéressant et prometteur pour que je vienne le sacrifier. Le marquer était plus intéressant. Adopter la technique déjà mise en place contre Yana était bien plus savoureux. Mais pour cela, j’allais d’abord devoir trouver un moyen de lui porter des coups plus percutants qu’avec mes simples poings. J’allais devoir récupérer mon arme, ou la sienne, pour me repositionner sur un pied d’égalité avec lui.

Je le toisais du regard, cherchant à découvrir son état d’esprit. Était-il gonflé à bloc, comme j’avais pu le penser ? Ou bien était-il en train de douter de la raison qui m’avait forcé à lui céder aussi facilement mon sabre ? Peut-être avait-il entrevu le petit rayon de soleil capable de lui dicter mes intentions.

Au final, ça m’importait peu. J’étais déterminée à renverser la tendance en le laissant s’approcher et me frapper avec son arme. Lorsqu’il serait au contact, j’aurais les moyens de mettre mon plan en action à condition que je fusse capable de repousser suffisamment son assaut pour y mettre halte. Rester attentive et aux aguets allait être déterminant, et c’était d’ailleurs grâce à ces capacités que je parvenais à démasquer ses différentes feintes et ferme toutes les ouvertures faciles que je pouvais lui offrir en me déplaçant. Une chance pour moi que je pratiquais la course et les sauts avec des talons depuis plus d’un an. Vous imaginez la catastrophe si je venais à me tordre la cheville et à chuter ? Je n’osais même pas y penser, j’étais trop sûre de mes capacités pour entrevoir la minuscule possibilité que ce genre de chose puisse m’arriver dans pareille situation.

Je me décalais de côté alors qu’il se décidait à cesser ses feintes. S’élançant dans ma direction à l’aide de grandes enjambées, il venait jusqu’à moi. Attentive, je constatais sa trajectoire et je m’apprêtais à réagir en conséquence. Sa feinte me semblait réelle, et je m’inclinais en arrière pour éviter la lame qui venait ricocher devant moi dans le sable. Perdant un instant l’équilibre, je me rattrapais in-extrémis en positionnant le talon d’une de mes bottes en arrière. Mes yeux suivirent son mouvement alors qu’il passait derrière-moi. Mon corps se permit de réagir instinctivement et je pivotais sur mes deux appuis pour lui faire de nouveau face et affronter sa véritable attaque.

Sa lame s’abattit soudainement sur moi et je sautais sur moi-même pour tenter de l’éviter. Manque de chance, je n’avais pas été assez rapide et l’arme du Zabrak vînt ripper contre ma botte, entaillant légèrement la chair. Pour autant, je n’abandonnais pas mon idée de base. La douleur était réelle, mais la volonté d’aller de l’avant venait uniquement du mental, ce dont je ne manquais pas. D’un bond soudain, j’avalais les quelques pas qui me séparait de Yawto pour venir me réceptionner contre lui. Nos corps s’épousèrent pendant une seconde, leurs chaleurs s’échangeant brièvement.

Je lui offrais un coup de coude gratuit dans la mâchoire, plus pour le principe que pour faire mal, pour faire diversion, alors que ma main venait écarter son bras armé pour se glisser vers la garde de mon sabre.

« Rend-moi ça ! »

Dans mon mouvement, je m’inclinais pour tournoyer et reculer de quelques pas tout en lui faisant face. Mon arme en main, je lui faisais face pendant ma maigre retraite, ma lame alizarine revenant en protection.

Désormais que nous étions de nouveau sur le même pied d’égalité, je pouvais de nouveau rivaliser.

« Tu m’excuseras de ne pas être restée tout près de toi, mais tu n’es pas vraiment mon genre… »

Mon action lui avait peut-être remit les idées en place. La démonstration que je pouvais encore le frapper sans disposer de mon arme en était surement la raison. J’avais pris d’énormes risques en venant au contact pour arracher mon sabre à sa ceinture mais mon succès dans cette tâche –j’étais indemne- l’avait sans doute déstabilisé et mon cadeau de passage allait le hanter pendant quelque temps. Je le voyais se tenir la mâchoire et je réalisais que je l’avais peut-être frappé un poil trop fort. Mais vous savez quoi ? J’en riais en constatant sa réaction ainsi que la présence de son sang sur mon coude. Il se mit soudainement à zozoter et je riais de plus belle, presque hilare et ignorante des blessures qu’il m’avait précédemment infligées. Le voir dans cet état reboostait ma motivation tout en lui adressant l’avertissement qu’il méritait : je n’avais pas encore donné mon dernier mot et il allait devoir se montrer bien meilleur s’il souhaitait me terrasser.

En revanche je ne pouvais pas nier son efficacité. Il me tenait tête depuis le début et se montrait endurant et intelligent. Il ne se jetait pas bêtement et essayait de prendre des initiatives. Son potentiel n’était pas à ignorer, car je l’avais presque tout le temps vu réussir ses actions. Son premier échec était tout juste récent, lorsque j’avais justement esquivé sa riposte lors de mon rapprochement, et donc avant qu’il ne prenne à nouveau ses distances. A vrai dire, j’étais même extrêmement fière d’avoir été la première à relever ses capacités au sein de l’académie.

J’entrouvrais déjà les protes de l’avenir en me laissant aller en conjecture sur ses infinies possibilités. J’avais proposé son nom auprès de Darth Takan au côté de celui de Rhaenys et je savais que la Zeltronne avait une réelle préférence pour la seconde. De fait, dans ce cas, si elle le refusait en tant que serviteur, peut-être pourrait-il devenir ce même « allié » à mes côtés ! D’une certaine façon, ce serait là le premier pas logique suivant ma nomination en tant que « Guerrière ».

Je le toisais, me complaisant dans l’idée de pouvoir lui faire se souvenir de ce moment gênant où il m’avait blessé… à ma manière. Son regard se voulait sérieux mais je savais qu’il ne se sentait pas aussi confiant. Ses paroles étaient futiles, ce qui m’amusait encore plus. Je lui offrait un sourire malsain, pervers, alors que j’hésitais encore entre profiter de son état et lui sauter dessus pour abattre mon arme sur son corps ou bien encore patienter et faire durer le spectacle pour tenter d’en finir sur un coup de Maître.

« Tu feras attention mon chou, je crois que tu saignes ! »


J’avais une préférence pour la seconde, car elle me permettait de jouer un peu plus avec lui et donc de mieux le tester. S’il devait effectivement devenir un de ces proches « alliés », je préférais le connaître au mieux pour pouvoir parer à toute traitrise éventuelle. Par allié, comprenait bien serviteur, hein. On n’est clairement pas au même niveau ! Je suis Arkanienne et lui non. Il perd déjà des points ! Et puis, pour être au même niveau que Shaar-là, par exemple, il lui faudrait être bien mieux placé dans la hiérarchie Sith, ou bien encore être capable de se faire respecter par les autres. Et franchement, ce n’était pas encore le cas ! Et puis bon, il avait l’air d’être plutôt du genre soumis. Enfin, c’est que mon avis, hein…

Bon, du coup je n’allais pas avaler la distance qui nous séparait. J’allais renforcer ma connexion dans la Force. Je faisais appel au flux mystique, une nouvelle fois, dans une volonté de consolider le lien que j’avais avec elle. Plus forte serait ma connexion, plus aisée serait mon utilisation de la Force. La suite, j’allais la garder pour moi. Une chose était certaine, je n’allais pas me laisser faire.

De fait, je lui souriait.

« Bah alors ? Un petit coup au visage et tu ne tiens plus debout ? »