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Anonymous
« Puisque nous sommes enfin tous réunis … Je propose de commencer la réunion. »

La tension dans la salle était à son comble, à tel point qu’Alyria avait l’impression qu’elle aurait pu la découper en allumant son sabre laser. L’atmosphère était pesante, comme si une chappe de plomb s’était abattue sur leurs épaules et les paralysait tous. Chacun surveillait ses voisins du coin de l’œil, et il avait été impossible de convaincre qui que ce soit de venir sans armes. De guerre lasse, la jedi avait fini par abandonner ce point, jugeant que la présence de trois membres de l’Ordre, deux maîtres aguerris et un Chevalier prometteur et talentueux serait suffisante pour maîtriser une situation qui pouvait potentiellement dégénérer. Déjà être parvenu à réunir tout ce beau monde relevait de la gageure, aussi la maîtresse d’armes s’estimait d’ores et déjà en partie satisfaite. On ne pourrait pas lui dire qu’elle n’avait pas tout essayé pour régler la foultitude de problèmes qui s’enchâssaient sur cette maudite planète. Restait évidemment le plus dur, à savoir mettre tout ce petit monde face à ces contradictions et en profiter pour tenter un début de règlement … Ou au moins arracher un cessez-le-feu. Au point où Sy Mirth en était … Ce serait une première victoire.

Pour ce faire, il avait fallu négocier la venue de chacun, décider d’un endroit à peu près neutre, ce qui n’avait pas été sans difficulté … Bref, pendant qu’elle tentait de conserver son calme et de ne pas étrangler tous ses interlocuteurs aussi obtus les uns que les autres, ne pouvant compter que sur les présences d’Olson chez les républicains et Jorg chez les séparatistes pour raisonner tous les belligérants, elle avait demandé à Pir Mand et à la jeune Callista de travailler en commun pour finir de déchiffrer les logs obtenus par Joclad. L’umbaran et l’adolescente n’avaient pas mis longtemps à progresser, Alyria ayant choisi le médecin en raison de ses capacités intellectuelles, certes, mais aussi et surtout pour son flegme, pariant sur le fait qu’il n’aurait guère de problème à travailler avec la fille d’un indépendantiste. En cela, elle avait eu raison. A vrai dire, la gardienne avait même eu l’impression, les quelques fois où elle était venue leur parler et s’enquérir de leurs découvertes, que le scientifique éprouvait un certain intérêt pour la jeune fille, de l’ordre du professeur qui se découvre soudainement une élève à fort potentiel.

Il avait fallu travailler d’arrache-pied avec les informations parcellaires récoltées et ce que Lorn et Joclad lui avaient rapporté pour assembler peu à peu les pièces du puzzle. Evidemment, certaines manquaient … Mais désormais, Alyria avait enfin l’impression de savoir où elle allait, ce qui représentait là encore un progrès certain. Il convenait désormais de mettre à profit l’ensemble de leurs connaissances à travers son statut de Chancelière et ses aptitudes bourgeonnantes d’oratrice, perfectionnées à la hâte durant tout son mandat pour arracher la vérité … Et en obtenir une amélioration de la situation sur Sy Mirth.

Son regard vert balayait l’assemblée devant elle. La table était divisée en trois pôles, deux sur les côtés et le dernier au bout. Au milieu de ce dernier se tenait donc la jedi, avec à ses côtés Octavius Grant qui suait déjà à grosses gouttes et Hectyr Sarlan, dont le visage oscillait entre la férocité et le franc dégoûts quand ses yeux avaient le malheur de se poser sur un non-républicain. Histoire d’éviter les ennuis, la demi-echanie avait tenue à flanquer aux deux extrémités le Major Olson et Pir Mand. Du côté du colosse blond se déclinaient chaise après chaise les intervenants séparatistes, menés par Jorg, tandis que, solidement ligoté et encadré par des hommes de main ainsi que Lorn se tenait le dénommé Sangar Hellstern, qui fusillait tout le monde de ses billes grises furibondes. Vers l’umbaran se tenaient les partisans de l’Empire, Joclad se tenant proche de leur chef, un certain Farhan, dans une réplique en miroir du camp d’en face puisqu’un dénommé Jaders était lui aussi tenu en joue sur sa chaise. Manifestement, il y en avait deux qui avaient des explications à donner …

« Je pourrais vous faire un discours sur la nécessité de l’unité en ces temps difficiles. Parler de ma conviction que Sy Mirth doit devenir autre chose qu’un champ de ruines intersidéral. Je ne vais pas le faire. Du moins pas tout de suite. Car ce qui est en jeu à ce moment précis dépasse largement les querelles politiques.

Il s’agit ni plus ni moins d’une menace qui nous concerne tous, et que certains ici présents ont cru pouvoir utiliser pour soutenir leurs propres petites ambitions … Avant d’en perdre le contrôle. »

Immédiatement, tous prirent la parole en même temps, dans une cacophonie indescriptible. Les uns invectivaient les autres, des insultes furent échangés et bientôt un Sarlan rouge comme un zeltron se retrouva mis en joue par un Farlan particulièrement énervé. Sentant qu’il fallait reprendre le contrôle de la situation au plus vite, Alyria s’ouvrit à la Force, et arracha le blaster des mains du pro-empire pour le faire léviter jusqu’à elle, ce qui eut le mérite de calmer tout le monde … Pour un temps. Du coup, les pro-impériaux hurlèrent que la jedi voulait les déposséder de leurs armes, c’était une tentative de les affaiblir … Bref. Décidément, elle ne s’en sortait pas. Et la moutarde commençait sévèrement à lui monter au nez, malgré son calme pourtant ordinairement olympien.

La sang-mêlée avait toujours eu une réputation d’être raisonnable et difficile à agacer. Si elle avait voué sa vie au corps des gardiens, elle n’en demeurait pas une diplomate correcte, qui répugnait à employer la force pour régler les litiges et appréciait l’art délicat de la négociation. Cependant, ces derniers mois passés à la Chancellerie lui avaient appris que parfois, quand des camps complètement bornés se faisaient face … Il convenait d’abandonner la voie douce pour employer la manière forte. En résumé : parfois, il fallait taper du poing sur la table. Ce qu’elle fit. Au sens propre. Avec sa main métallique qui résonna comme un gong en faisant trembler le pauvre meuble les séparant tous.

« Assez ! »

Sa voix avait claqué tel un fouet, et la table portait désormais la marque de son poing enfoncé. Cela eut le mérite de calmer instantanément tout ce petit monde. Face à ces hommes pour la plupart rompus aux combats, la force restait un moyen relativement sûr de se faire entendre, au moins pour un temps. Or, c’est tout ce dont elle avait besoin : du temps.

« Des rackghoules envahissent vos égouts ! Elles pullulent en liberté et bientôt trouveront un moyen de remonter à la surface si rien n’est fait. Et que croyez-vous qu’il se passera, à ce moment précis, quand vous vous serez tous entre-massacrés comme des imbéciles, parce que vous avez été manipulés de bout en bout ?

Il n’y aura plus de Sy Mirth. Pour personne. Ni la République, ni l’Empire, ni que sais-je encore !
Ouvrez un peu les yeux ! »


Un silence suivit cet éclat. Cependant, il menaçait de ne pas durer, et déjà Farlan comme Sarlan ouvraient la bouche pour répliquer … Mais ils furent battus par Jorg qui leur coupa sous le pied pour déclarer, l’air grave :

« La Chancelière a raison … Je les ai vues. Tous mes hommes les ont vues. Il y en a des dizaines, et elles sont totalement incontrôlables. Nous leur avons échappé de justesse, grâce à l’aide de Maître Vocklan notamment qui les a tenus à distance … »

Son visage se durcit considérablement alors qu’il continuait :

« Mais surtout … Nous avons vu où elles ont été fabriquées … Comment … Cette épidémie n’est pas naturelle. La souche a été cultivée ici, sur Sy Mirth, dans un but précis. »

Son poing se serra convulsivement tandis qu’il se tournait lentement vers son ancien camarade ligoté et il laissa tomber, la rage au cœur :

« J’accuse Sangar Hellstern d’avoir persuadé Korth, notre ancien leader, de collaborer avec un hutt du nom de Klogar pour répandre l’épidémie et s’en servir contre nos adversaires afin de prendre Sy Mirth de la livrer à cette limace. »

Alyria savait que Jorg n’avait pas fait cela de gaieté de cœur. En disant cela, il disqualifiait fortement son mouvement, l’œuvre de sa vie, au nom de son idéal de justice. Elle ne s’était pas trompée sur son compte. L’homme était certes concerné, pétri de conviction … mais c’était un être droit, honnête, qui n’aurait pas supporté de prendre le pouvoir en s’asseyant sur une vérité qu’il aurait pourtant été si commode de nier. Néanmoins, il convenait de pousser l’avantage vers les autres camps en profitant de ses propres découvertes … Ce que la jedi s’empressa de faire en reprenant la parole.

« Sangar Hellstern n’est pas le seul à avoir trahi les siens. A vrai dire, Klogar le hutt a tissé patiemment sa toile pour enserrer dans ses filets Sy Mirth. Il a financé un scientifique radié de l’Ordre des médecins, Koris Zind, qui a travaillé sur une souche de la maladie des rackghoules pendant des années en vue d’y apporter quelques … améliorations. Klogar lui a fourni des spécimens venant de Taris quand il a eu vent de ses projets … Et y a associé un sith qui passait par lui pour se fournir en esclaves pour mener à bien des expériences similaires. »

Se tournant vers l’impérial tenu en joue, la gardienne souffla :

« Ce que vous n’ignoriez pas, Monsieur Jaders. Ou plus exactement, que ceux pour qui vous travaillez n’ignoraient pas. Vous avez obtenu l’information quand Klogar a cherché à remplacer ses deux collaborateurs morts et n’avez pas eu trop de mal à vous infiltrer sur Sy Mirth. Là, vous avez effectué vos propres recherches et vous êtes servis des ambitions pro-impériales nées après le Traité d’Artorias et agir. Je présume que votre but était de pousser au bombardement du maximum de zones pour espérer voir les rackghoules s’échapper, ceci afin de les utiliser à votre propre compte.

Je me trompe ? »

La bouche de l’agent resta obstinément close, mais ses yeux qui roulaient dans leurs orbites laissaient comprendre sa frustration. Alyria sortit alors de sa sacoche le datapad soigneusement préparé à cette intention et le posa devant elle avant d’expliquer :

« Vous trouverez ici toutes les informations décodées que nous avons obtenues. »

Un nouveau silence religieux s’installa, tous lisant attentivement. Au bout d’un moment, Sarlan finit par grommeler :

« Bon, des indépendantistes et des pro-impériaux ont voulu vendre notre planète … Comme si on ne s’en doutait pas ! »

« Allons Sarlan, la République n’est pas non plus complètement innocente dans cette affaire. Quand le Général Brensalor a eu vent qu’une épidémie se déclenchait dans les égouts dans les parties favorables à la rébellion, il a insisté auprès du Sénateur Grant pour que l’armée n’intervienne pas … A vrai dire, je ne serais même pas étonnée qu’il ait envoyé quelques équipes de saboteurs sous couvert de s’occuper des canalisations et couper l’apport en eau de ces zones … Avec en tête de lâcher les rackghoules sur ses adversaires et de laisser faire la nature avant de pouvoir bombarder le tout sans vergogne. »

Elle sortit un nouveau datapad, et déclara :

« Octavius Grant ici présent a assisté à une réunion entre feu son père et le Général. Je vous laisse juger des paroles échangées. »

La voix des deux défunts s’éleva dans la pièce et tous écoutèrent l’échange entre les deux hommes ainsi que la timide tentative pour s’interposer du timide Octavius, qui n’avait pas manqué de se faire rabrouer par le militaire. Il n’avait pas été très difficile d’amener le jeune héritier à collaborer. Rongé par sa conscience, lâche par nature et horrifié par les révélations d’Alyria, il avait rapidement révélé, une fois en privé, tout ce qu’il savait et fourni sans barguigner les preuves accablantes. Le malheureux n’avait pas l’âme d’un héros … Mais il avait cette volonté propre aux peureux de se venger secrètement de ceux qui leur avaient fait du tort. La trentenaire ne doutait pas, en effet, qu’une part de lui avait dénoncé les agissements de feu le Général Brensalor pour lui faire payer a posteriori ses humiliations répétées.

« Aucune partie n’est totalement blanche dans ce qu’il s’est passé. Certains ont fait tout leur possible pour envenimer une situation douloureuse afin d’en tirer profit … Et de la transformer en un cauchemar planétaire.

Seule une union complète de tous permettra de circonvenir la menace. Je propose la mise en place d’un cessez-le-feu, et d’un commandement tripartite mené par Messieurs Farlan, Jorg et Sarlan afin de circonscrire la menace. Dans un premier temps, le maître Vocklan, le Chevalier Draayi et moi-même resterons pour vous aider. Puis, afin de pérenniser cet effort et conserver un élément neutre, je suggère d’envoyer plusieurs jedis pour nous remplacer. »

« Eh, c’est pas parce qu’on a des bestioles à nos portes qu’on va soudainement s’entendre comme larrons en foire ! »

« Je ne veux pas de la République ! Pas question de renoncer et de se laisser entourlouper sous prétexte qu’il y a une urgence que nous comprenons tous très bien ! »

Sarlan et Farlan avaient hurlé en même temps. On aurait dit une véritable hydre à deux têtes que ce duo de têtes de mule. En même temps, réussir directement à convaincre tout ce petit monde aurait relevé de l’improbable.

« Il existe un temps pour l’urgence et un temps pour la politique, messieurs. Vous pouvez avoir les convictions que vous voulez … Il n’empêche que la logique, ici, est d’arrêter ces querelles un moment, le temps d’éviter que Sy Mirth ne se transforme en une nouvelle Taris ! »

L’évocation de la planète au destin tragique doucha légèrement l’enthousiasme des deux récalcitrants … Pour un temps du moins. Aussi Alyria ne leur laissa pas le temps d’en placer une et enchaîna :

« Le cessez-le-feu est pour éviter d’ajouter de la confusion et permettre une collaboration qui va s’annoncer délicate. Après … Un cycle de négociations pourra s’ouvrir … Et si ce dernier ne mène à rien, alors vous pourrez organiser un référendum sur l’avenir de Sy Mirth. Que le peuple décide, à la lumière des informations que je rendrais publique. Chaque camp pourra défendre sa vision, et avant d’en venir là, la République rencontrera chaque partie pour entendre ses doléances et discuter d’une éventuelle résolution de cette façon. »

En vérité, la jedi fondait tous ses espoirs sur Jorg. Son mouvement serait totalement décrédibilisé, ses membres sans doute découragés … Elle espérait que les revendications qu’il ferait parvenir à la République permettrait à cette dernière d’emporter deux camps sur trois, ce qui reviendrait à obtenir la majorité et donc à conserver Sy Mirth dans son giron. L’homme lui paraissait avisé, et pas particulièrement belliqueux. Il avait sans doute compris que seule, sa planète aurait tôt fait de se faire avaler par les cartels hutts. Bien sûr, elle prenait un risque … Mais il était calculé, et au final, il ne lui appartenait pas d’imposer à un peuple sa destinée.

« Je crois que nous n’avons pas le choix. Je suis prêt à collaborer, pour le bien de Sy Mirth. J’aime ma planète plus que tout … Je n’accepterais pas d’être le jouet de puissances étrangères, hutts, siths, ou je ne sais quoi.

Après nous verrons. Nous discuterons. Mais maintenant … maintenant, nous devons protéger nos familles. Et juger ces pourritures. »


Farlan approuva vivement de la tête ces dernières paroles, et finit par lâcher :

« On peut toujours essayer … »

Il fallut encore plusieurs heures pour parvenir à un accord sur les termes du cessez-le-feu. Mais quand le soleil s’apprêtait à se coucher, Alyria et ses compagnons se retiraient avec une promesse d’arrêter les combats et des clauses permettant la reprise des négociations après le nettoyage rackghoule. La Chancelière avait promis l’envoi de troupes pour aider à cette entreprise, malgré la méfiance de Farlan qui avait néanmoins dû se ranger à l’évidence : il fallait toutes les forces possibles pour éradiquer l’épidémie. Quant à l’Ordre jedi, il recevrait rapidement un compte-rendu complet ainsi qu’une demande de remplacements pour permettre à Lorn et Joclad de quitter les lieux tout en laissant des observateurs attentifs superviser ce qui s’annonçait comme une nouvelle épreuve pour Sy Mirth. Cependant, en attendant, les trois jedis avaient survécu à une explosion, combattu des rackghoules, fait naître un bébé, résolu une énigme aux multiples ramifications, convaincu des adversaires farouches de collaborer … Ce n’était pas si mal.

Alors qu’ils sortaient du bâtiment, Alyria se tourna vers ses deux compagnons et déclara après un petit silence, tandis qu’ils profitaient de l’air frais qui leur ébouriffait les cheveux :

« Ondéron et Coruscant nous attendent. »
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