Invité
Anonymous


Vu depuis l’orbite, Sy Myrth semblait magnifique, un véritable joyau coruscant flottant au milieu de l’espace obscur et sans vie. Depuis le poste de pilotage de la navette, les étoiles qui peuplaient habituellement l’espace avaient disparu derrière le voile de matière et d’énergie noire, et seule la courbure bleutée de la bille autour de laquelle l’appareil orbitait venait distordre cette impression de vide absolu. Sans les cliquetis et les bips du tableau de bord, je me serais imaginé en suspend, dans une scène aux bruits étouffés mais au paysage splendide. D’un geste lent sur les commandes, je venais renverser la navette sur le dos pour m’offrir une scène plus belle encore. Grâce aux absorbeurs d’inerties de l’appareil, la manœuvre passa inaperçue pour l’équipage et seul mon regard posé sur le vaste continent qui défilait au-dessus de ma tête aurait pu suffire pour me donner le vertige ou le mal de l’espace, mais la beauté de la chose prenait aisément le pas sur le reste de mes sensations. Mes pupilles restaient figées sur les formes nuageuses blanchâtres complexes et immobiles au-dessus de cette vaste terre qui disparaissait rapidement de mon champ de vision. Au-delà se dessinait un rassemblement continental, un archipel de vastes terres striées et escarpées : notre destination.

Mon attention retrouvée, je ramenais la navette dans sa position initiale, avant de laisser ma main droite glisser sur l’écran tactile du système de communication pour l’activer et ouvrir un canal à l’intention du contrôle planétaire du monde autour duquel nous tournions.

« Contrôle planétaire de Sy Myrth de navette républicaine Delta » lançais-je au travers du microphone intégré au tableau de bord. En retour, cependant, seul un mélange incompréhensible de grésillement et de sifflement résonna dans le poste de pilotage au travers des multiples haut-parleurs disposés de part et d’autre de l’habitacle. « Contrôle planétaire, contrôle planétaire de navette consulaire républicaine Delta, répondez s’il-vous-plait. » répétais-je une nouvelle fois alors que le grésillement revenait sans cesse perturber mes oreilles et celles du pilote dont j’avais supplanté les prérogatives. Après un nouvel essai ayant mené au même résultat, j’avais réactivé les propulseurs pour ne pas perdre notre fenêtre de rentrée dans l’atmosphère.

« Andersen, continuez d’émettre pour tenter d’établir le contact. Je nous fais descendre, sinon nous risquons d’être en retard pour notre rendez-vous » expliquais-je simplement à mon voisin alors que j’appuyais sur la manette du régime des propulseurs pour lancer l’appareil vers la planète.
Laissant mon doigt glisser sur l’intercom, j’annonçais simplement notre situation au reste de l’équipage : « Maitre Von, Maitre Vocklan, nous entamons note descente et nous devrions atteindre notre destination d’ici une dizaine de minutes. »

L’entrée dans l’atmosphère s’effectua sans difficultés et la navettes s’était tranquillement laisser glisser pour rapidement se mettre à avaler les kilomètres de plaines et de forêts qui nous séparait de la capitale. Les premières flèches firent leur apparition, trahissant le cœur de la cité dont les faubourgs aux structures moins effilées et plus petites semblaient surgir de terre.

« Toujours pas de réponse du contrôle planétaire, maison a deux appareils en approche rapide sur nos trois-heures, à douze kilomètres. Vu leur vitesse, ce sont des chasseurs » s’exclama Andersen pour donner l’alerte. Son ton plus anxieux qu’à l’accoutumée attira mon attention et je portais mon regard sur les deux points noirs qui venaient d’apparaître à l’horizon et qui ne faisaient que grossir au fil des secondes. Il n’eut de ma part qu’une professionnelle réponse de ma part tant j’étais concentré sur la recherche d’une possible solution d’évasion face à deux appareils plus maniables, plus rapides et potentiellement hostiles :

« Activez les systèmes de contremesures. »

La tension redescendit néanmoins bien vite dès lors que le contact fut établit avec les deux appareils, ces derniers venant frôler la navette pour venir se positionner sur notre flanc droit.
« Navette Delta de Blade One, force atmosphérique du gouvernement légitime de Sy Myrth. Navré pour cet accueil mais tout nos communications vers l’extérieurs sont brouillées depuis deux jours. Suivez-nous, on va vous protéger jusqu’à votre aide de débarquement. Le Sénateur Grant vous y attend. »

« Bien reçu Blade One, on vous suit de près. Delta terminé. » Cette simple réponse le contenta et j’avais aussitôt aligné notre volumineuse navette entre les deux chasseurs. Les faubourgs défilèrent rapidement, certains ayant déjà été ravagés par les précédents affrontements. Dans certains, des volutes de fumée s’échappaient encore des bâtiments en ruines. Même le centre de la capitale, son cœur administratif, semblait avoir été meurtri pas les récents échanges cordiaux des différents camps. Nous ne tardâmes pas à ralentir alors que nous approchâmes de l’aire d’atterrissage balisée. Sur la gauche, on pouvait discerner plusieurs speeders atmosphériques et une délégation de quelques hommes qui semblaient nous attendre et nous pointer du doigt. Il devait s’agir du Sénateur Grant, sans aucuns doutes.

Avec Andersen, nous stabilisâmes la navette avant de sortir les patins d’atterrissage et nous finîmes par nous laisser dériver jusqu’à la plateforme avant d’y poser notre appareil dans un crissement de duracier. Andersen s’occupa de réduire la puissance des moteurs avant de les éteindre tandis que je quittais mon fauteuil.

« Andersen, je vous laisse notre oiseau. Enfin… le votre. Veillez à ce qu’il reste entier, voulez-vous ? » Lançais-je à son égard sur le ton de la plaisanterie avant de disparaître derrière la porte du poste de pilotage. J’avais immédiatement rejoins les deux Maitres d’Armes et leur escorte devant la rampe, vérifiant une dernière fois que je n’avais rien oublié avant de sortir. Je me permettais d’ailleurs une remarque prudente avant de faire pression sur la commande d’ouverture de la rampe :

« Il y a une douzaine d’individus, la plupart son armés. Il y a également quatre speeders amarrés sur notre gauche dont deux équipés d’armements lourds. Les communications vers l’extérieur sont également brouillées ou coupées. Nous sommes seuls, Maitres. Nous devrions rester sur nos gardes, comme vous nous l’avez sagement recommandé durant notre voyage, major. » finissais-je en portant mon regard sur Olson, qui se trouvait derrière nous avec une petite poignée de soldats. Au total, nous ne formions qu'une troupe d'une dizaine d'individus.

Invité
Anonymous
Qui a dit que la vie d’un jedi était de tout repos ? La plupart des non-initiés imaginaient les jedis comme des pantouflards bien-pensants qui passaient leur temps à flemmarder dans leur Temple, à s’interroger sur le sens de la vie et leur place dans cette galaxie, et rares étaient ceux qui voyaient ces jedis comme ce qu’ils étaient réellement : des ferveurs défenseurs de l’équilibre. Mais malheureusement la galaxie était parfois capricieuse et forçait les jedis à devenir des guerriers, des généraux qui se battraient au front et risqueraient leur vie pour une cause qui n’était peut-être pas la leur mais qu’ils devaient défendre malgré tout. Aussi les jedis présents dans cette navette avaient été forcés d’intervenir sur Aargau quelques jours auparavant, et le moins que l’on puisse dire là-dessus était que les choses avaient pris une tournure des plus mouvementée.
Lorn avait été assez salement touché au torse à tel point que la chaleur et l’irritation à chacune de ses respirations n’avaient pas encore totalement disparu, mais il savait aussi qu’il en allait de même pour la dame de son cœur. Comment le savait-il ? Il ne savait, tout simplement, tout comme il savait que les longues manches de la demoiselle étaient-là pour cacher des blessures ou brulures qui étaient encore présentes. La plupart des soldats avaient un temps de repos pour récupérer de leurs blessures avant d’être envoyés de nouveau sur le terrain, les jedis n’avaient pas forcément ce luxe de pouvoir attendre car la galaxie avait grand besoin de leurs services.
Une session de soin, un peu kolto ou de bacta, un petit peu de repos et ils étaient de nouveau sur pieds, prêts à reprendre du service. Alors, étaient-ils vraiment des pantouflards ? Mais revenons-en à nos moutons, voulez-vous ?

Quelques jours après leurs déboires sur Aargau, les deux maîtres d’armes et le chevalier avaient été rassemblés afin de régler le conflit grandissant qui avait lieu sur la planète Sy Myrth. Des citoyens mécontents du traité de paix, des groupes profitant de ce mécontentement général pour essayer de faire bouger les choses dans la direction qu’ils souhaitaient, ajoutez à cela des affrontements, un soupçon de loi martiale et vous obtenez la poudrière qu’était cette planète au moment de la venue de ce petit groupe de joyeux lurons.
Aujourd’hui la chancelière était donc là pour jouer le rôle d’arbitre entre l’autorité en place sur la planète et les représentants des deux principaux groupes tentant de mettre le feu aux poudres, et le rôle des deux autres jedis et des soldats présents dans cette navette était, bien sûr, d’assurer la protection de la Chancelière. Rien de bien compliqué, non ? Mais dans une telle poudrière il valait mieux se préparer aux pires scénarios catastrophe possibles…sait-on jamais.


Ayant enfin pu se séparer de son armure de combat pour une tenue traditionnelle un peu plus légère et confortable, le jeune maître était assis sur un des bancs de la navette, fermant les yeux et puisant dans la Force afin de tenter de calmer cette irritation au niveau de sa cage thoracique. Il savait que la douleur finirait par partir avec le temps et que les sessions de soin ne pouvaient pas changer grand-chose à ce sujet, mais c’était tout de même chiant de ne pouvoir respirer sans que son corps lui rappelle à quel point il avait été imprudent sur Aargau.
Oh certes ses prouesses lui avaient valu un titre assez ronflant et le respect des soldats, y compris ceux qui étaient présents dans cette navette, cependant il ne voyait pas les blessures comme des médailles de soldat mais comme des échecs. Il aurait pu éviter cette roquette tout en sauvant ces soldats, il aurait pu trouver une solution mais la fureur du combat lui était montée à la tête, sans doute.

Les yeux ouverts, la main droite toujours posée à plat au niveau de sa cage thoracique meurtrie, le jeune homme brisa le silence qui régnait dans la navette en s’adressant à sa compagne à la crinière de feu.

« Tu as réussi à récupérer un peu, depuis Aargau ? »

Eh bien quoi ? Il fallait bien engager la conversation d’une façon ou d’une autre car depuis Aargau ils n’avaient guère eu le temps de se retrouver, ne serait-ce que pour échanger quelques mots. L’appel du devoir, tout ça. N’étaient-ils pas camarades avant d’être amants ? Enfin bref, le pilote parvint enfin à prendre contact avec la planète et leur moyen de transport atterrit enfin.
Se redressant sans plus attendre, vérifiant sur son sabre était toujours accroché à sa ceinture, le jeune homme s’ouvrit à la Force pour être le plus aux aguets possible tout en écoutant Joclad leur faire le topo de la situation. Ils étaient attendus, pour ainsi dire, et sachant cela le maître d’armes se tourna vers les soldats et conclut par un simple :

« Je compte sur vous, les gars. Ouvrez l’œil et tout se passera bien. »

Certains le connaissaient, d’autres ne le connaissaient que de réputation mais c’était bien suffisant pour écouter ce qu’il avait à leur dire. Ainsi le petit groupe s’extirpa de la navette la Chancelière en son centre, et c’est sans perte de temps qu’ils furent menés en speeder vers le lieu de la réunion où ils étaient plus que vivement attendus. Seuls en territoire inconnu, ils allaient devoir redoubler de vigilance comme jamais auparavant.
Invité
Anonymous
Assise sur son confortable siège au sein de la navette républicaine qui la menait vers Sy Mirth, les yeux fermés, Alyria se laissait aller à une légère méditation dans la Force, profitant du silence relatif qui régnait autour d’elle. Après plusieurs heures à compulser ses notes sur la situation qui l’attendait et les différents protagonistes de cette sinistre affaire, elle estimait avoir mérité un peu de repos avant de s’attaquer à de longues et difficiles négociations. Mais maintenant, elle avait l’expérience d’Aargau derrière elle, d’heures passées avec des sénateurs aussi retors que vicieux… Elle serait à la hauteur. La sécurité du nord de la République en dépendait.

L’essentiel du trajet s’était déroulé à bord de croiseurs républicains, Alyria ayant calé leur transport en fonction des patrouilles dans l’espace, afin de minimiser le temps passé en voyage et de maximiser l’efficacité. Tant qu’à faire, autant inspecter une partie des troupes pendant ce temps non ? Et rencontrer quelques grands pontes de l’Etat-Major afin de parler stratégie, et d’aviser quoi faire au cas où les négociations échoueraient. Elle savait que certains amiraux, parmi les plus bellicistes, prônaient ouvertement le blocus de Sy Mirth et la mise au pas par la force des forces armées locales. Leur argument était simple : puisque Aargau avait été un succès, pourquoi ne pas recommencer avec la même stratégie sur une autre planète ? Sauf que le contexte était différent, miné, et le malheureux Fenter et sa Chancelière s’arrachaient les cheveux pour essayer de trouver une solution moins… brutale. Mais l’urgence se faisait de plus en plus pressante, et bientôt, la maîtresse d’armes s’était rendue à la raison : elle devait intervenir, et vite.

L’appel de Sy Mirth à l’Ordre jedi avait été l’aubaine qu’elle attendait. Il n’avait pas fallu longtemps pour qu’elle l’apprenne et demande donc à être reçue également lors des négociations à venir, ce que le sénateur Grant s’était empressé d’accepter. De fait, elle était une jedi aussi, mais surtout la Chancelière Suprême, et le pauvre homme complètement dépassé ne pouvait qu’accueillir cette aide bienvenue avec joie. Les autres protagonistes semblaient avoir été plus réticents, ce qui était logique. Avoir une personnalité à la table des échanges n’était pas à leur avantage. De son expérience sur Aargau, Alyria avait en effet retenu une leçon importante : ceux qui tiraient les ficelles dans l’ombre n’aimaient pas être dérangés par des officiels. Pas du tout.

Du reste, c’était là l’occasion parfaite de s’éloigner du marais politique de Coruscant et des effluves nauséabondes qu’elle avait de plus en plus de mal à supporter. Sans doute que ses quelques semaines à la tête de la République avait commencé à prélever leur lourd tribut sur la trentenaire, et pas forcément pour le meilleur. Lassée, endurcie, la jedi qui avait toujours cru à une entente nécessaire et cordiale entre l’Ordre et l’Etat pseudo-démocratique commençait à revoir son jugement avec une amertume qu’elle cachait de son mieux, mais qui menaçait de refaire surface à tout instant. Pour quelques hommes et femmes de devoir, et qui constituaient l’exception, combien d’arrivistes vulgaires et fielleux ? Elle accomplirait sa tâche de transition de son mieux, mais après, elle songeait de plus en plus à se retirer pour un temps dans les marges de la galaxie, ou du moins des Bordures, afin de méditer et de retrouver un sens à son engagement.

Aussi aller sur Sy Mirth présentait un double avantage : lui donner l’occasion de se vouer corps et âme à sa volonté de préservation des valeurs républicaines et de ses peuples, tout en lui offrant la possibilité d’être dans l’action et non le vil calcul politicien. Le Conseil des Ministres était passé, les décisions prises et enclenchées, autour de personnes compétentes et mieux acceptées par la Rotonde qu’elle-même, Fenter resterait sur Coruscant pour assurer la liaison entre tous. En cette période trouble, à l’heure où les conflits premiers s’estompaient pour laisser place à une incertitude traîtresse, Alyria ne pouvait se permettre de traverser une nouvelle crise sur Sy Mirth. Alors elle allait agir, et pas seule.

Savoir que l’envoyé du Conseil jedi était Lorn l’avait ravie, il ne fallait pas le cacher. Sans compter que le savoir accompagné par Joclad mettait du baume au cœur de la guerrière echanie, qui se retrouvait dans un univers familier, sans crainte d’être trompée par ses partenaires de négociations, une option qu’elle avait dû traverser peu de temps auparavant. Et qui avait laissé des traces, quoiqu’elle puisse en dire.

Malgré ses propres blessures, Alyria avait tenu à recevoir les généraux vainqueurs sur Aargau, ce qui lui avait occasionné une forte consommation de stimulants pour tenir le temps nécessaire à la rencontre, et une journée complète à dormir le jour suivant au vu de l’effort demandé à son organisme en pleine cicatrisation à peine commencée. Elle avait félicité les maîtres jedis déployés, le chef des artoriens, les officiers aargauniens pour leur efficacité, et échangé quelques mots très officiels avec Lorn, mais rien de plus, évidemment. Depuis, le tourbillon médical et politique l’avait à nouveau entraînée dans son sillage.

Aussi elle manqua sursauter en entendant sa question qui la sortit de sa transe méditative, et elle mit un moment avant d’ouvrir les yeux et de focaliser son regard sur le visage aux traits fins à ses côtés. Ne désirant pas s’épancher excessivement, surtout que les paroles qu’elle percevait de leur pilote lui indiquaient qu’ils n’allaient pas tarder à approcher, la sang-mêlée finit par répondre dans un murmure sibyllin, que seul le maître d’armes pourrait entendre :

« Autant que faire se peut. »

Traduction : pas autant qu’elle l’aurait voulu, et essentiellement sur le plan physique. Le reste… Elle avait connu mieux. Mais comme à son habitude, la native d’Hapès ferait de son mieux et serrerait les dents pour ne rien laisser transparaître au monde extérieur. Elle avait l’habitude en même temps. Cette impassibilité que certains prenaient pour de la froideur était en réalité une protection, et un moyen de donner le change plus que nécessaire en ces temps difficiles. Essayant néanmoins de ne pas paraître trop détaché ou impolie, elle relança leur semblant de conversation tant bien que mal :

« Et toi ? »

Sa respiration quelque peu heurtée lui apprenait déjà la réponse, mais elle l’aurait de vive voix. Elle préférait de toute façon. Parfois, entendre la vérité directement était salutaire, et avait l’avantage de la communication après un long moment sans réel échange.

Mais déjà, ils amorçaient leur descente, et bientôt, le paysage urbain qu’elle voyait à travers le hublot lui apprit qu’ils étaient arrivés à destination. Joclad ouvrit la marche, puis Lorn, suivi des quelques soldats des forces spéciales les accompagnant, commandés comme d’habitude désormais par l’expérimenté Major Olson, avec Pir Mand l’umbaran comme fidèle second. Ce dernier gratta son crâne chauve dans un tic révélateur de sa nervosité, qu’Alyria pouvait sentir facilement à travers la Force. Quant au troisième membre du trio, Leda Hans, cette dernière tapotait nerveusement sur son dapatad portable, et l’informaticienne togruta paraissait partager l’angoisse de son collègue.

De fait, elle comprit le malaise des deux soldats en posant le pied dehors : des volutes de fumée noire peu engageante se faisaient voir au loin, et l’ensemble de la délégation venue les accueillir semblait pressée de s’en aller. Entendant les mots d’encouragement de Lorn et Joclad à leur maigre troupe, Alyria acquiesça avant d’ajouter :

« J’ai toute confiance en vous tous pour assurer que cette entrevue se déroule dans de bonnes conditions. Mais pas de décisions hâtives : c’est une véritable poudrière, certes, mais qui n’a pas encore complètement pris feu. Autant ne pas allumer la mèche nous-mêmes… »

Un hochement de tête généralisé suivit ce briefing simple et concis, aussi la maîtresse d’armes se mit en marche vers la délégation qui attendait sur le tarmac à grand pas, pressée de quitter cet endroit pour le moins peu agréable, une fine pluie achevant de donner un aspect grisâtre à l’ensemble. Faisant fi des éléments, la trentenaire s’empressa de serrer la main du Sénateur de Sy Mirth, l’opulent et grassouillet Abédo Grant, qui était littéralement trempé, même si Alyria se demandait si toute cette eau provenait de la météo ou bien de sa capacité à suer, comme en témoignait l’imposant mouchoir dont il se servait pour s’éponger le front.

« Mes respects, Votre Excellence, et navré pour cet accueil indigne … Les circonstances sont… »

« Délicates, je sais, Sénateur. Mais l’essentiel est que nous soyons tous là, n’est-ce pas ? Puis-je me permettre de vous présenter les envoyés du Conseil jedi ?

Voici le Maître Vocklan, et le Chevalier Draayi. »

L’homme s’inclina de tout son corps potelé vers les deux jedis, avant d’affirmer avec plus de force dans la voix :

« C’est un honneur de vous rencontrer… Et voilà le Général Brensalor. C’est lui qui dirige les troupes de notre planète. »

Cheveux poivre et sel, plutôt grand, des favoris soigneusement taillés, l’homme avait de quoi en imposer, Alyria devait le reconnaître. Avec sa machoîre carrée et ses épaules larges, le militaire inspirait un respect naturel, même si d’après ce qu’elle en avait entendu dire, il n’était pas le plus diplomate des personnalités présentes. En même temps, eu égard à sa formation, le contraire aurait été étonnant. Claquant ses bottes sur le sol détrempé, le général la salua :

« Votre Excellence, Maître, Chevalier… Nous avons la situation en main, mes hommes ont préparé un chemin sûr pour rejoindre le palais sénatorial. Si vous voulez bien me suivre… »

D’un hochement de tête, la Chancelière lui signifia son accord, et la troupe se mit en marche vers plusieurs navettes disposées près d’eux. Alyria monta dans la première Lorn et Joclad à sa suite, en face du Sénateur Grant et du Général Brensalor, qui entreprirent de leur faire un exposé général de la situation, qu’ils connaissaient déjà de toute manière. Dire que les heures qui allaient suivre s’annonçaient longues était un doux euphémisme.

A leur arrivée pour la réunion, ils furent accueillis par les envoyés des deux autres forces en présence, soit un géant à la mine patibulaire et un type partiellement défiguré dans une vieille veste de contrebandier élimée, la main gluée à son blaster. La confiance régnait. Et cette fois les salutations furent beaucoup plus froides, pour ne pas dire insolentes de la part du leader des pro-empires. La maîtresse d’armes ne releva pas, se contentant de broyer la main de la masse de muscles avec application et un grand sourire, ce qui eut pour effet d’effacer la mine réjouie du gaillard. Se faire écraser les phalanges par une prothèse mécanique pouvait déplaire…

Une fois à l’intérieur de la salle de réunion, Alyria veilla à se placer en bout de table, afin de signifier subtilement qu’elle avait la préséance, le général Grant à sa droite, Lorn et Joclad à sa gauche, les autres se répartissant selon leur bon plaisir. Et les discussions commencèrent.
Rapidement, elle dût se rendre à l’évidence : les trois hommes réunis autour de la table n’avaient strictement rien pour s’entendre, et pas un n’essayait de faire illusion en ce sens de toute manière. L’un faisant semblant d’ignorer la situation critique en parlant de justice et de matage de rébellion désormais sous contrôle, l’autre vitupérait contre «l’occupation illégale de l’espace légitimement occupé par le peuple libre de Sy Mirth », tandis que le dernier semblait prendre un malin plaisir à jeter de l’huile sur le feu en attisant les tensions entre les deux premiers protagonistes. Malgré ses airs de brute épaisse, l’homme n’était pas idiot, et rapidement, Alyria commença à se demander s’il n’essayait pas de monter les anarchistes et les loyalistes les uns contre les autres afin de cueillir la planète exsangue comme un fruit bien mûr afin de l’offrir à ses sombres maîtres. Mais ce n’était là que des supputations.

Alors que Grant essayait désespérément de faire revenir tout le monde à la raison, Alyria sut qu’il était temps qu’elle intervienne avant que le tout ne dégénère davantage. Aussi elle enchaîna rapidement et éleva la voix pour se faire entendre :

« Messieurs, je crois que nous devons… »

Elle n’acheva pas. Un terrible tremblement l’interrompit. Dans un violent souffle, les vitres éclatèrent, tandis que le plancher céda sous leur poids combinés. Les murs s’effondrèrent dans un fracas atroce, et tous chutèrent. Dans un réflexe inutile, Alyria tenta de se rattraper à un pied de chaise, mais c’était inutile. Ils chutaient tous, emportés par cette coulée qui les avait enserrés dans son filet dévastateur et les attirait vers les abysses.

Dans un ultime sursaut de conscience, la maîtresse d’armes ne put s’empêcher de penser que décidément, elle avait tendance à attirer les catastrophes partout où elle allait… A son plus grand désarroi.
Invité
Anonymous


Comme l’avait si justement rappelé la chancelière avant notre descente de la navette consulaire, cette ville –que dis-je, cette planète, était une véritable poudrière et il suffisait d’un rien pour que tout explose. M’étant placé aux côtés de l’Epicanthix, sur sa gauche, je descendis la rampe de la navette derrière cette même chancelière pour découvrir à mon tour cette ville meurtrie de mes propres yeux sans la moindre interface de transparacier. Mes sens en éveil, je regardais naturellement à gauche et à droite alors qu’une légère pluie venait s’abattre sur mes épaules. Ce temps grisonnant rabattait l’odeur de cramoisi et de brûlé des bâtiments adjacents jusqu’à mon visage alors que le mince filet d’eau ne suffisait en rien à étouffer les flammèches à l’origine des colonnes de fumées qui s’échappaient de quelques bâtiments perceptibles à l’horizon. Cette ambiance quelque peu sinistre était accentuée par la nervosité de notre escorte, qui transparaissait dans la Force. Bien que mon don d’empathie ne soit pas aussi développé que celui des maitres Von et Vocklan, ce sentiment de tension m’était aisément reconnaissable.

Lorsque nous arrivâmes devant la délégation je ramenais doucement mes bras devant moi, mes mains glissant dans les manches amples de ma bure pour finalement s’y perdre. Tandis que l’eau de pluie coulait le long de ma large et protectrice capuche, je m’inclinais à mon tour en direction de la délégation du sénateur Grant pour déclarer d’un ton d’apparence confiant :

« Sénateur, général, l’honneur est pour nous. Nous ferons au mieux pour régler cette situation. »

Une fois les présentations premières terminées, je pris place comme souhaité dans le speeder atmosphérique du sénateur. Prenant position en face du représentant, je laissais mon regard vagabonder sur le paysage extérieur qui nous était si gracieusement offert. Pourtant, ce même paysage originellement magnifique avait perdu son charme et le temps maussade n’arrangeait rien à la chose et lui donnant au contraire l’air d’une zone de guerre en suspend, ou bien encore d’une ville à demi-morte. Bien que certains de mes sens dérivaient à ces contemplations, j’avais gardé l’ouïe en éveil pour écouter la mise en situation du sénateur Grant. Rien de nouveau en perspective, car tout ce qu’il énonça avait déjà été dit dans le briefing de début de mission.

Finalement, ce périple entre les flèches de duracier et de durabéton prit fin et je descendis à la suite des deux Maitres d’Armes. Le nouveau comité d’accueil indiquait clairement un changement de situation, que nous entrions enfin dans le vif du sujet. Alors que Maitre Von venait serrer les mains des deux autres protagonistes de cette folle histoire, je me contentais de me tenir à une forme plus protocolaire : je m’inclinais donc à nouveau pour les saluer mais aussi pour montrer une volonté de dialogue éloignée de la violence pure des combats au blaster. D’ailleurs, l’idée de savoir les délégations armée me dérangeait car c’était là le meilleur moyen de mettre le feu à la poudrière. Néanmoins, il était inenvisageable de demander leur désarmement car nous devrions en faire de même. Etant donné la situation planétaire, il était donc préférable de ne pas perdre de temps avec ces discussion futiles mais bien de le mettre à profit pour régler au plus vite la situation explosive.

C’est pourquoi je pris place à la table des négociations sans plus attendre, à la gauche de Maitre Von qui, elle, présidait clairement la séance depuis sont bout de table. Evidemment, le dialogue rit rapidement une tournure de guerre ouverte o chaque camp venait insulter l’autre pour voir qui aurait la plus longue liste d’arguments véhéments et invraisemblables. Je préférais soupirer et m’affaler quelque peu dans mon fauteuil avec l’idée de potentiellement répliquer à l’intention de chacun des camps présents pour tenter de leur ouvrir les yeux.
D’abord celui des pro-Empire. Peut-être était-il temps d’éclaircir leurs yeux sur les dangers qu’encourrait Sy Myrth à se rapprocher d’un système des plus totalitaire et autocratique : l’asservissement, la suppression ou la suspension du gouvernement actuel pour y placer un nouveau plus coopératif. Et cela sans parler du risquer élevé de répression. Il faudrait également appuyer sur le fait que la clique présente devant nous se verrait rapidement éliminée pour éradiquer toute leur influence sur leurs soutiens au sein de la population !
Ensuite, le parti des pro-indépendance. Étaient-ils prêts à se soustraire de la République et donc par conséquent perdre sa protection ? Les planètes neutres étaient désormais vulnérables à la véhémence des Sith et Dubrillon en était la preuve. Étaient-ils également prêts à voir l’économie de leur monde s’écrouler lorsque les accords qu’offraient la République disparaîtraient ? Et le système de santé ? Les arguments ne manquaient pas.
Quand au général Brensalor, peut-être devait-il comprendre que la répression ne réglerait et, qu’au contraire, une action de la sorte ferait seulement le jeu des deux autres camps…

Fort heureusement, je n’eus pas à prendre la parole et je laissais bien volontiers la place à la chancelière. Hélas, elle n’eut guère le temps de terminer sa phrase qu’un terrible tremblement mit en haleine toute la réunion, et l’explosion des vitres en transparacier me força à me jeter au sol. Je vis ce dernier se craqueler tandis que mon regard se porta sur les murs dont les piliers porteurs se brisaient les uns après les autres. Puis ce fut la chute. J’avais instinctivement dressé un bouclier autour de nous, le plus vaste possible, mais il céda aussitôt que le plafond vînt nous rejoindre dans notre descente infernale. Puis l’inconscience me prit lorsque mon dos vînt heurter les gravats de plancher qui continuaient leur chute infernale….



< ---------------- Une dizaine de minutes plus tard ---------------- >


Un long sifflement puissant et strident vînt m’accueillir au creux de mes oreilles alors que je reprenais péniblement connaissance. Bougeant lentement la tête de gauche à droite, j’avais l’impression que mon visage était enserré dans les deux oreillers moelleux de mon lit d’Ondéron. Lorsque j’avais finalement ouvert les yeux, seule la pénombre et l’obscurité se dévoilèrent à moi. Je tentais alors de me mouvoir mais je comprenais bien vite qu’une de mes jambes était coincée sous un amas de gravats. Encore sonné, je laissais ma main droite glisser le long de mon flanc pour finalement parvenir à agripper la poignée de mon arme. Rapidement, le grésillement de la lame bleutée de ma lame et sa lumière révéla alors ma piètre condition : ma bure n’était plus, out tout du moins les maigres restes ne me seraient plus d’aucune utilité. Je m’en défaussais donc à la lueur bleutée de ma lame qui éclairait la nuée de poussières en suspension dans l’air. Mon regard glissa alors sur ma jambe pour découvrir un bloc obstruant mon pied et ma cheville et cela jusqu’au milieu de mon tibia. Je réalisais alors qu’une partie de la douleur ressentie était issue de cette partie de mon corps. Avec la volonté de me dégager, je faisais donc appel à la Force avant de faire délicatement rouler le bloc de durabéton jusqu’à pouvoir bouger et libérer ma jambe. Je toussotais également alors que je tentais de me déplacer mais je manquais de chuter en avant. Face à l’échec, je découvrais de nouvelles blessures : mes bras étaient meurtris et tachés de sang et de poussières. Mes jambes étaient dans un état similaire et mon front n’était pas en reste. Ma tunique, quand à elle, était en lambeaux mais tenait encore parfaitement au corps. Je me posais donc, faisant appel une nouvelle fois à la Force pour identifier mes blessures, calmer la douleur et agir sur les dommages les plus importants. Détail étonnant, mon dos était presque indemne si on oubliait les nombreux coups et éraflures. Pendant ce temps, mes prunelles brunes observaient la scène de désolation pour découvrir un long corridor. Bientôt, l’odeur de poussière laissa place à une puanteur des moins attirantes et je compris rapidement que je me trouvais dans les égouts mais que je n’étais pas le seul. Dans la Force, je pouvais sentir les lueurs des deux Maitres d’Armes. Poussant un long soupir de soulagement, je me redressais.

« Maitre Vocklan, Maitre Von ? Etes-vous là ? Ohé, il y a quelqu’un qui pourrait m’aider ? » lançais-je fortement pour faire résonner ma voix sur les murs et le tas de gravats.

Finalement, je me redressais en prenant appuis sur ce même tas. Regardant vers le haut, je ne décelais aucune sortie. Debout sur mes jambes encore tremblantes, je déglutissais en acceptant la douleur qui, il faut l’admettre, était désormais supportable. Avec quelques instants de plus, je devrais être apte à me déplacer sans aide. En attendant, je prenais une nouvelle fois appui de ma main gauche pour me déplacer vers les deux autres Jedi, sabre en main.


Invité
Anonymous
Sans vouloir se vanter, quoiqu’il n’y ait rien dont il pourrait se vanter en vérité, le jeunz maître était habitué aux situations conflictuelles et il n’appréciait rien de moins que le côté clair et franc d’un champ de bataille. Un camp contre l’autre, chacun défendant ses positions et que le plus fin stratège et celui avec le plus de ressources remporte la victoire. En vérité ce n’était pas qu’il aimait ce genre de situation mais il en appréciait la clarté : pas de questions à se poser, le conflit était évident et aisément repérable. En revanche lorsqu’il s’agissait de guerre civile ou d’insurrection c’était une toute autre paire de manches, les nerfs étaient à fleur de peau d’un côté comme de l’autre et il fallait marcher sur des œufs pour éviter de faire tout sauter.

Bien entendu le maître d’armes était très au fait que sa fonction de jedi l’amenait de temps à autres à jouer les médiateurs afin de tuer des conflits dans l’œuf ou de les faire taire avant qu’ils ne prennent des proportions trop importantes, mais quand la possibilité lui était donnée il préférait nettement laisser ce rôle de médiateur à ses autres collègues. Même si son maître lui avait appris la tempérance et la nécessité de réfléchir avant d’agir ou de parler, il n’y avait rien que le colosse ne méprise plus que ces réunions interminables à base de langue de bois et de ronds de jambes, lui il préférait l’action et aller à l’essentiel sans chemins détournés. Qu’y pouvait-il ? C’était dans sa nature profonde.

Écoutant sa camarade lui annoncer à demi-mots qu’elle n’avait pas été capable de se reposer autant qu’elle l’aurait bien voulue, le jeune maître crut bon de répondre par un :

« Si l’esprit est prêt, le corps suivra. »

Amusé par le fait qu’il commençait à parler en énigmes comme certains vieux maîtres jedis, le jeune homme gageait que sa camarade pourrait aisément comprendre ce qu’il voulait dire : son corps n’était pas pleinement opérationnel mais sa détermination et sa communion avec la Force rempliraient le vide formé par les blessures pas encore totalement guéries et le corps encore un peu groggy et endolori. Mais cela importait peu, il n’avait pas le luxe de se permettre de paraître affaibli en entrant dans une telle poudrière, il se devait de faire honneur à sa nouvelle réputation et au respect que les soldats ici présents lui portaient. Roc il était, roc il serait.

Avec le temps et les missions qui jalonnaient sa vie de jedi, le jeune maître avait mis son corps à rude épreuve et si les soins reçus avaient permis d’effacer une grande partie de ses blessures les plus récentes, les plus anciennes et terribles lui rappelaient à quel point personne dans cette galaxie n’était tout puissant. Il avait beau surclasser presque tout le monde au sein de l’ordre dans le maniement du sabre laser, il n’était pourtant pas immunisé contre la douleur et Aargau avait au moins eu le mérite de lui rappeler cette triste réalité. Le devoir l’appelait et ne pouvait attendre, de ce fait il se devait de puiser dans la Force et de serrer les dents afin de faire taire cette douleur sourde et de continuer d’avancer. À son retour sur Coruscant il plongerait dans une méditation apaisante ou demanderait quelques soins de nouveau, pour faire bonne mesure, mais aujourd’hui il devait laisser son côté douillet au placard et se préparer aux évènements à venir.

Le petit groupe arriva donc bien vite sur le lieu de la réunion et ils purent assez aisément prendre la température dès les premières secondes. Une négociation était toujours quelque chose qui demandait du temps ainsi que de la délicatesse et, dans le cas présent, Lorn ne s’avançait pas trop en affirmant que cette médiation prendrait plusieurs jours ou semaines. Qui pouvait garantir que les choses n’allaient pas empirer pendant leur présence ici, rendant l’arbitrage encore plus compliqué ? Une poudrière n’avait besoin que d’une simple braise pour exploser, rien de plus.
En voyant l’hostilité évidente qui rendait presque irrespirable l’air dans cette pièce, Lorn eut presque de la peine pour le sénateur et sa camarade qui allaient devoir gérer tout cela. Lui ? Oh il n’était là que pour la sécurité et ce rôle lui convenait à la perfection, il fallait bien le dire. Mais bien vite toutes ces questions furent balayées dans l’esprit de Lorn quand celui-ci fut projeté à terre, sa tête frappant si violemment le sol qu’il tomba dans l’inconscience presque aussitôt.

Il n’aurait su dire ce qu’il c’était passé ni combien de temps il était resté inconscient mais, lorsque ses yeux se rouvrirent enfin, la première sensation qui l’envahit fut celle de la suffocation. Déjà qu’il avait la cage thoracique en feu alors là il avait l’impression qu’un bantha était assis sur lui et l’empêchait de respirer, il lui fallut quelques secondes pour identifier ce bloc de béton comme étant la source de cet inconfort.

Serrant les dents pour juguler la douleur qui se répandait dans son corps tout entier, refusant de hurler de frustration pour évacuer toute tension, le colosse s’aida sa la Force pour repousser ce bloc qui appuyait sur son torse et l’envoya valser d’un revers de bras rageur. Toussotant un bon coup, profitant enfin du fait de pouvoir respirer correctement de nouveau, Lorn entendit la voix du chevalier qui appelait à l’aide pour ainsi dire. Prenant une énième inspiration en s’aidant d’un bloc à côté de lui pour se relever, le maître d’armes répondit à haute et intelligible voix :

« Tout va bien, chevalier. Du calme. »

Bien sûr que nous, tout était très loin d’aller bien mais c’était dans les temps de crise que le sang-froid d’un individu était mis à l’épreuve, que sa capacité à prendre les bonnes décisions sous la pression était testé. Et aujourd’hui, apparemment, était un de ces jours.
Toujours affaibli par l’explosion, la chute et l’ensevelissement, il ne fallaut pas longtemps au colosse pour se rendre compte que les choses dégénéraient assez violemment au-dessus de leurs tête, autant dire qu’il faudrait se dépêcher de secourir les blessés avant de penser à aller régler la situation au-dessus.
Tentant d’oublier l’odeur nauséabonde des égouts qui emplissait désormais ses narines, Lorn commença à marcher d’un pas quelconque et incertain en direction du boyau devant lui. Interpellé par des bruits qu’il n’était pas en mesure d’identifier, il se stoppa et plissa les yeux pour essayer de percer la pénombre mais, à sa grande surprise, ce fut la pénombre qui vint à lui…ou ce qui était caché dedans en tout cas.

Lentement, délicatement, c’est tel un fauve s’approchant de sa proie qu’une créature au tain livide sortit des ombres et arbora face à Lorn une rangée de dents dans un état assez précaire. D’une carrure certaine mais néanmoins voutée, marchant à quatre pattes dans un première temps, la créature était dotée de griffes et son apparence singulière sidéra Lorn. Oh non, il savait très bien ce qu’était cette créature face à lui mais il ne s’attendait absolument pas à en trouver hors de Taris.

En un éclair le maître d’armes de l’Ordre Jedi se redressa et, dégainant sa lame violacée qui vint éclairer les ténèbres, abattit sans pitié la créature qui s’effondra en arrière, sa mort fut aussitôt suivie d’un profond hurlement bestial provenant des profondeurs des égouts. Se tournant vers le chevalier et son amante qu’il sentait toujours dans la Force, Lorn alla à l’essentiel en hurlant le nom de la menace qu’il venait d’abattre :

« Rakgoules ! »

Invité
Anonymous
Debout.

Debout !

DEBOUT !

Comme mue par un ordre impérieux de son subconscient, Alyria ouvrit les yeux, des ombres de différentes couleurs devant ses paupières encore papillonnantes. Après plusieurs secondes d’attente pour s’habituer à l’obscurité, la maîtresse d’armes tenta de se relever, et retomba aussitôt par terre, terrassée par la douleur qu’elle ressentait dans toutes les fibres de son corps.

Tentant de garder son calme, la gardienne essaya de faire le vide dans sa tête, se concentra sur sa respiration qui se calma peu à peu, reprenant un rythme normal, lent. Se plongeant dans la Force, elle sentit dans les environs les auras lumineuses de Joclad et de Lorn… mais ce fut tout. Impossible de trouver une autre présence vivante autour d’elle, du moins, qu’elle connaissait.

Toujours au sol, l’esprit désormais à peu près clair malgré la douleur qui lui vrillait le crâne et le bourdonnement dans ses tympans, la trentenaire réfléchit un instant à la situation. Il y avait eu cette explosion, puis un éboulement… Et le trou noir. Où avait-elle donc atterri ? Sur ce point, l’odeur pestilentielle, l’absence d’aération et l’obscurité étaient des indications précieuses. Il y avait fort à parier que l’écroulement du bâtiment les avait précipités sous terre… Donc dans le réseau souterrain de Myrth City.

Rassemblant toute sa détermination, Alyria souleva à nouveau son torse de terre, pour sentir que son bras droit était très clairement retenu en arrière, la tension menaçant de déboîter son épaule. C’était mauvais. Se tortillant pour réussir à mettre sa tête dans le bon sens, elle porta dans le même temps sa main à sa ceinture, pour constater que ses sabres étaient toujours là. Tripotant le cordon d’attache, elle finit par saisir avec sa prothèse, son gant ayant été déchiré de part en part par les chocs répétés, son sabre et une lueur mauve éclaira les alentours. Elle l’approcha alors de la source de sa douleur, pour constater que son bras s’était encastré dans la table de négociation, enfermant son poignet dans une gangue atrocement serrée.

Il n’y avait pas énormément de solutions à sa disposition, aussi elle prit une profonde inspiration et entreprit de découper un cercle autour de sa main blessée, qu’elle arracha d’un coup sec, brisant le bois exceptionnellement dur originaire de Kashyyk dont avait été constitué le meuble, désormais en mille morceaux. Il lui faudrait sans doute arracher un certain nombre d’échardes de son poignet et soigner la chair à vif, mais pour le moment, elle avait plus urgent à régler.

Elle se releva tant bien que mal pour constater avec soulagement que, par un miracle qu’elle ne s’expliquait pas, elle n’avait aucune blessure grave. Tout au plus une arcade sourcilière fendue, sans doute en cognant contre un mur ou un bloc de métal quelconque, mais c’était très mineur, et une rapide Guérison permit d’arrêter le saignement et de mettre en place le processus de cicatrisation. Quant à ses vêtements, elle arracha les lambeaux de gants qui lui restaient, laissant donc à l’air libre sa main intacte et sa sœur métallique, qui enserrait toujours son sabre. Ses manches et son pantalon avaient connus des jours meilleurs, étant donné les lacérations dont ils avaient été victimes, mais les tissus n’étaient pas trop endommagés, ce qui était également un soulagement.

Les voix de ses deux compagnons déchirèrent alors le silence, et Alyria sentit une pointe d’inquiétude transpercer son cœur quand elle entendit l’appel de son jeune cousin. D’une voix qu’elle désirait ferme, elle répondit, en écho à l’assurance de son amant :

« Nous arrivons Joclad. Tu es blessé ? »

Occupé à parler, elle ne vit pas la forme étendue devant elle et manqua s’étaler de tout son long en trébuchant dessus. Retrouvant in extremis son équilibre, la jedi se pencha, pour découvrir avec horreur le cadavre du Sénateur Grant devant elle, le cou rompu et la jambe disloquée. Sans doute avait-il été soufflé par l’explosion et propulsé contre un mur avec suffisamment de violence pour le tuer sur le coup. Il n’avait pas dû souffrir. Maigre consolation. Fixant les yeux vitreux du défunt politicien, elle abaissa les paupières du mort d’un geste rapide, et murmura quelques paroles pour recommander l’âme du défunt. L’homme avait ses défauts et ses qualités, cela dit il s’était montré responsable et sincèrement soucieux de la crise sur sa planète, ainsi que relativement intègre. Il ne méritait pas une telle mort. Même si, en vérité, personne ne la méritait vraiment.

Progressant toujours à l’aide de la lumière projetée par son sabre, son ouie relativement fine entendit une sorte de fracas devant elle, et soudain, le cri de Lorn retentit, puissant, afin de donner l’alerte, et qui gela sur place Alyria pendant plusieurs interminables secondes. Il n’avait pas… Elle avait sans doute mal entendu. Les rackghoules, ces créatures infernales qui avaient proliféré sur Taris, ici ?

C’est alors que dans un flash, elle revit les notes que les Services Secrets lui avaient transmis peu de temps avant son départ, et l’inquiétude de la chef de ses derniers en raison d’une brusque réapparition du fameux virus sur Sy Mirth. L’information ayant été classée dans les rumeurs, la Chancelière n’y avait pas prêté grande attention, et elle s’en mordait les doigts à présents. En tout cas, elle devait se souvenir de ses vieux cours de xénobiologie avancée et d’histoire de l’Ordre pour trouver un moyen sûr de ne pas se faire transformer… Bon, leur morsure propageait le virus, donc, à moins d’une absolue nécessité, l’attaque au corps à corps était déconseillée. Donc, elle allait privilégier la Force en cas de rencontre impromptue.

Alors qu’elle avait presque rejoint l’endroit où était Lorn, à en juger par l’écho de sa voix, elle sentit dans la Force une présence à l’autre bout du boyau. Faible, peu consciente… mais bel et bien présente. Se retournant avec célérité, Alyria fixa les quelques mètres devant elle, pour finalement voir plusieurs paires d’yeux rouges apparaître dans l’obscurité. Sans réfléchir, elle réagit à l’instinct, étendant sa main droite ensanglantée et se concentrant pour attirer les filaments résiduelles d’énergie autour d’elle.

Alors que les silhouettes devenaient visibles, Alyria déclencha une formidable Vague de Force qui envoya s’écraser les créatures contre divers débris, rompant leurs os au passage. Sans demander son reste, elle détala et se mit à courir dans la direction opposée, jusqu’à voir l’imposante masse de Lorn se découper derrière elle.

Bifurquant pour récupérer Joclad, elle passa devant lui en soufflant :

« Ne restons pas là ! »

Puis elle ajouta, sa voix rendue rauque par l’effort se répercutant sans effort dans les conduits rouillés :

« Joclad, tout va bien ?! »
Invité
Anonymous


Encore sonné par le choc, les sens en partie endormi et la tête prête à exploser, je venais me stopper contre le mur de la galerie dans laquelle nous venions d’échouer. Doucement, je respirais, avant de faire un pas, puis un deuxième pour venir m’échouer en partie contre le tas de gravats. Les yeux hagards, mon regard glissait de gauche à droite pour vaguement discerner des ombres visibles grâce à la lumière produite par la lame de mon sabre laser tandis que le sifflement furieux qui étouffait mes oreilles semblait enfin se dissiper. Le silence affolant des précédentes minutes ne tarda pas à laisser place au brouhaha causé par l’accentuation des échos des chutes de blocs de durabéton entre lesquelles je pouvais enfin entendre des sons plus spécifique comme la voix puissante et sérieuse de Maitre Vocklan ou celle plus alerte de Maitre Von. Dans les deux cas, je n’étais pas certains d’avoir compris ne serait-ce que le sens de leurs paroles. Encore étourdit, leurs mots s’étaient transformés en une splendide cacophonie que mon esprit en feu ne parvenait pas à déchiffrer.

Il était donc préférable que je me pose là quelques instants, convaincu que le plafond ne s’effondrerait guère plus maintenant que les blocs de gravas s’étaient tassés pour renforcer leur prise. Fermant donc les yeux, je laissais mon alliée agir à ma place pour guérir ou atténuer mes maux. Rapidement, le mal de tête diminua en amplitude et je pus retrouver ma capacité à raisonner pleinement. Hélas, étant donné l’état de mon corps, l’application de la guérison se devait d’être constante si je ne voulais pas replonger dans un flot de douleurs qui me forcerait de nouveau à me reposer. Les yeux que j’avais au préalable fermé se rouvrirent subitement lorsque, intrigué par un soubresaut dans le flot de la Force, je m’attendais à l’apparition d‘un danger quelconque et soudain. Pensant d’abord à une possible chute de gravats, je m’en écartais subitement pour revenir me plaquer contre le mur de la galerie, ce qui me permit enfin de discerner les deux Maitres d’Armes et les cadavres qui jonchaient le sol ou bien encore les corps ensevelis sous les décombres.

Mais ce n’est pas le relent pestilentiel des égouts ou cette vision de mort qui me fit revenir à la réalité de laquelle je m’étais écarté pour pouvoir me soigner, mais plutôt l’alerte lancée par l’Epicanthix au sujet de la menace que j’avais ressentie au travers du flot mystique. Ce n’était donc pas une chute de gravats qui nous menaçait, mais quelque chose qui dépassait de loin le danger engendré par un glissement de terrain. Le terme de « rakgoule » ne fit pas deux tours dans mon esprit que je ramenais mon sabre devant moi pour observer de chaque côté de ma position. Pendant ce temps, j’en venais à me demander si le Maitre d’Armes ne s’était pas emporté, ou trompé. Des rakgoules, sur Sy Myrth ? Voyons, c’est impossible, il n’y en a que sur Taris !

ZVASH !

Par réflexe, je venais d’abattre mon sabre devant moi, dans une attaque tranchante venant de droite à gauche pour venir découper une ombre qui s’était présentée par surprise sous mon nez. Et tandis que l’ensemble venait s’écrouler sur le sol humide et répugnant des égouts, je venais faire le constat impitoyable que nous étions dans une situation vraiment, mais alors vraiment, merdique : « Oh bhesj* ! »
Surpris, j’effectuais un mouvement de recul pour me placer le plus loin possible de la créature porteuse du virus infectieux qui avait tendance à transformer tout être bipède pensant en monstre morbide et brutal. Derrière-moi, je pouvais distinguer une scène similaire alors que deux de ces mêmes créatures se voyait projetées contre le mur contre lesquelles elles périrent. Surveillant le couloir obscur qui s’allongeait devant moi, je restais désormais en alerte, la tension, et d’une certaine manière la peur, venait étourdir mes sens et apaiser des douleurs qui reviendraient bien vite au galop sitôt la situation calmée et l’adrénaline redescendue.

Reculant donc lentement, le regard toujours rivé vers l’endroit d’où s’était élancée mon assaillante, mes pieds vinrent cogner contre un bloc de durabéton et je manquais de chuter en arrière dans un grognement de mécontentement. Fort heureusement, le mur proche empêcha ma chute mais le contact fit aussitôt réagir la blessure de mon pied et de mon tibia.

« Petchuk**… » grognais-je en réaction, alors que j’entendais des pas se rapprocher vivement sur ma droite. Inclinant mon regard et pivotant en posture d’attaque pour faire face à l’arrivant, un manque de sang froid aurait suffit pour que ma lame s’abatte sur la demi-Echanie désireuse de s’éloigner le plus possible de notre position de chute. Un choix judicieux auquel mon esprit encore quelque peu endormi n’avait pas pensé : notre chute avait dû provoquer un sacré brouhaha qui avait dû alerter toute une meute, si bien que nous devions nous éloigner le plus possible si nous voulions réduire les risques de voir toute la colonie nous tomber dessus.

Abaissant mon sabre alors qu’elle passait à côté de moi, je prenais au vol son conseil et je ne tardais pas à m’élancer derrière elle. La course ne tarda pas à accentuer ma blessure à la cheville et je manquais de chuter à plusieurs reprises dans ma course. Malgré un convainquant hochement de la tête suivit d’un « Oui, ça va ! » à l’intonation similaire en réponse à l'inquiétude de la Chancelière, je devais admettre que non, je n’allais pas bien et que d’ici quelques instants, je risquais de m’écrouler pour de bon. Car toujours en contact avec la Force, je savais clairement que mon corps ne s’était jamais retrouvé dans pareille situation de détresse, et même Shaar-là n’avait osé me meurtrir comme l’avait fait ce glissement de terrain sous nos pieds : mes bras étaient en feu, ma tête continuait de résonner, mes jambes manquaient de me lâcher et mon dos me faisait clairement savoir que sans la Force, il m’aurait terrassé pour de bon. Et cela pour plusieurs jours. Je devais me rendre à l’évidence : seul, je ne pourrais refermer les blessures et réparer les déchirures plus vite qu’elles ne s’accentuaient. Si bien que mon visage n’arborait rien d’autre qu’une profonde grimace alors que nous ne cession d’avaler les mètres sous nos pieds.

POF !

Et ce qui devait arriver arriva. « AAH ! » Emporté par ma course, mes bottes éclaboussant les environs à chaque foulée dans le sol humide et quelque peu ruisselant du tunnel obscur, mon pied gauche vînt heurter une brique tombée du mur et mon corps partît en avant pour venir s’étaler de tout son long sur le sol sur lequel mes membres inférieur endoloris et mes mains encore indemnes vinrent riper et frotter. Je me raidis presque instantanément avant de me redresser à genoux, pour constater que ma chute avait fait stopper tout le groupe.

« Bhesj, bhesj, bhesj !* » lançais-je pour moi-même avec véhémence, comme pour tenter de chasser la malédiction qui me hantais aujourd’hui alors qu’en réalité, je n’étais simplement pas capable de tout gérer correctement à cause de ce maudit mal de crâne. « Je.. je suis navré.. Je ne peux pas continuer comme ça, Maitres. » préférais-je conclure, quelque peu paniqué et prit de court par la situation alors que je regardais déjà derrière-moi pour voir si nous étions oui ou non poursuivis et si ma chute allait nous causer de véritables ennuis…




* : Juron Corellien, se traduit par « mince », « bon sang » ou encore « merde ».
** : Juron Corellien, se traduit par « imbécile » ou « crétin ».
Invité
Anonymous
Le boulot de jedi ne consistait pas uniquement à s’entraîner, à entraîner les élèves et à jouer de diplomatie pour faire taire les conflits qui gangrénaient cette immense et sombre galaxie, leurs prérogatives les amenaient parfois à faire face à des situations plus ou moins inattendues et c’était également leur rôle que de savoir s’adapter et faire face. Si eux reculaient face à une bête sauvage méconnue, qui lui ferait face ? Ils étaient les parangons de la justice, les garants de l’équilibre et les défenseurs des faibles : c’était leur rôle que de se tenir debout et de faire face ave rien d’autre que de la détermination dans leur regard et un sabre laser dans leur main.
Pour une raison qu’il ne parvenait pas à comprendre, peut-être était-ce la chance, un meilleur placement ou une meilleure constitution, Lorn était celui qui s’en sortait avec le moins de bobos dans la salle car à part quelques égratignures et une cage thoracique qui le faisait souffrir assez vivement, il s’en sortait plutôt pas mal. Il avait du mal à respirer, du mal à reprendre son souffle comme de bien entendu mais à part cela ses bras et ses jambes étaient en assez bon état : sa capacité à combattre n’était donc pas trop mise à mal.

Lorn en avait affronté des créatures en tout genre, à force d’arpenter la galaxie il en avait fait des rencontres mais aujourd’hui il faisait face à des créatures qu’il n’avait croisées que dans des ouvrages. Sauvages et belliqueuses comme beaucoup de créatures, ces choses étaient cependant connues pour un tout autre trait de leur personne : une simple griffure ou morsure transformait quiconque en l’une de ces choses ne l’espace de quelques secondes ou minutes selon les cas. Terrifiant non ? Surtout que personne dans ce petit groupe n’avait un remède sur lui.

Alors que le maître d’armes venait de se charger de l’une de ces choses, il sentit plusieurs présences similaires qui se terraient dans l’ombre, quelques dizaines de mètres devant lui. Ni une ni deux, puisant dans la Force, il fit s’écrouler les briques du plafond de ce petit couloir qui, dans leur chute, entraînèrent d’autres briques. Boucher le passage était une solution simple, certes, mais elle lui ferait gagner un peu de temps. Ni une ni deux, le groupe s’engouffra donc dans un autre couloir qui semblait un peu plus vide et, au fur et à mesure de son avancée, l’epicanthix remarqua les difficultés que le chevalier avait à suivre le rythme. Il était blessé et cela l’handicapait grandement, c’est donc pour le pousser un petit peu que Lorn lâcha un :

« Prends une profonde inspiration et puise dans la Force, une fois que nous serons à la surface nous pourrons nous occuper de tes blessures. »

Lorn aurait aisément pu rappeler au chevalier la situation périlleuse dans laquelle le groupe se trouvait actuellement, mais un seul regard lui suffit pour comprendre que le jeune homme s’en voulait déjà de ne pas être capable de suivre le rythme du fait de ses blessures. À quoi bon l’accabler davantage ? Il était épuisé, cela pouvait se comprendre, mais il n’avait besoin que d’un petit coup de pouce pour se redresser et ce coup de pouce vint du colosse.
Ce dernier, désirant voir le chevalier se relever de lui-même sans aide extérieure, se tourna vers le couloir d’où ils venaient. Plongeant son regard dans les ténèbres à l’affut de la moindre forme qui s’y dessinerait, il lança à l’attention du chevalier un discours pour qu’il se sorte les doigts des fondements.

« Je sais que c’est dur, mais si nous t’avons amené avec nous c’est que nous te savons capable de faire face à ce genre de situation. Nous avons confiance, alors il est temps pour toi de l’avoir aussi et de puiser dans tes tripes. Tu vas puiser dans la Force, te relever et reprendre ta route vers la sortie. Est-ce que c’est clair ? »

Quoi ? Oui eh bien dans une situation aussi délicate que celle-ci le jeune maître d’armes n’avait ni le temps ni la volonté de prendre des gants avec son camarade, fusse-t-il blessé ou non, car c’était dans ce genre de situation que l’on reconnaissait la valeur d’un individu. Tous les grands discours ne vaudraient jamais la pratique, toutes les belles paroles ne seraient jamais aussi criantes de vérité que la réaction spontanée d’un homme face à une situation où sa vie était clairement mise en danger.
Tomber – de fatigue ou de blessures – n’était pas dramatique, cela arrivait même aux meilleurs, le plus dramatique serait de ne pas avoir la force ou la détermination suffisantes pour se relever et mettre un pied devant l’autre de nouveau. Baisser les bras avait la fâcheuse tendance à se répercuter sur l’ensemble de l’existence d’un individu qui, et si d’aventure il venait à abandonner totalement alors il lui serait extrêmement difficile de se relever ou de se regarder dans le miroir sans éprouver de la honte. Lorn avait chuté plus d’une fois, sa camarade aussi sans doute et aujourd’hui c’était au tour du jeune chevalier que d’apprendre les limites de son corps et de son esprit.
Mais il avait la chance de ne pas être seul, il avait la chance d’avoir des individus à ses côtés pour l’épauler et l’aider à mettre un pied devant l’autre. Ils n’étaient cependant là que pour aider car l’effort devait venir de lui et uniquement de lui.

Oh non Lorn se savait assez mauvais orateur, il savait qu’il était parfois trop sec et franc pour son propre bien mais Aargau avait au moins eu le mérite de lui montrer que ce genre de discours sec pouvait marcher sur certains types d’individus. Serait-ce le cas pour Joclad ? Le maître allait le savoir bien vite.
S’ouvrant à la Force le temps que son camarade puise en lui la Force de se relever, toujours face au couloir d’où il venait, Lorn tourna légèrement la tête pour s’adresser à sa camarade et lui demanda :

« Alyria, est-ce que tu sens de t’occuper de lui, le temps que nous trouvions un accès vers la surface ? Je me charge de couvrir notre retraite. »

Ils allaient être ralentis le temps que Joclad retrouve un peu de ses forces, c’était certain, pour assurer la survie du groupe il fallait donc que quelqu’un se charge de toutes ces viles créatures et Lorn était tout désigné pour cette tâche : après tout il était le plus en forme des trois. Tendant l’oreille et tous ces sens vers le couloir où il sentait des formes approcher, tapis dans l’ombre, Lorn leva son sabre en une garde neutre, le sabre tenu parallèlement à son visage.
Puis, une fois en position, de simples mots sortirent de sa bouche :

« Allez, il est temps d’avancer. Elles arrivent. »

Son sabre était son arme, la Force était son alliée, le terrain était son outil : il se servirait de tous ces éléments pour venir à bout de ces choses, aussi nombreuses soient-elles, mais pas une créature ne franchirait sa défense, pas une créature ne toucherait à un cheveu de ses deux camarades. Il était temps que son surnom de roc soit mis à l’épreuve.
Invité
Anonymous
En voyant la lueur bleutée du sabre de Joclad, Alyria ne put retenir un soupir de soulagement. S’il était capable de tenir son arme droit devant lui, c’était qu’il était debout, donc qu’il allait bien, non ? Enfin tout du moins, il était en vie. Etant donné leur chute impressionante, c’était un miracle en soi. Que les trois jedis de l’assemblée soit apparemment les seuls survivants de l’explosion était sans doute un cadeau de la Force. Ou alors, le résultat d’un entraînement physique rude et d’une résistance supérieure à la moyenne, suivant les différentes interprétations que l’on pouvait donner. En tout cas, le résultat était là : ils étaient en vie, plus ou moins blessés, mais avec toute leur conscience. Ne restait donc plus qu’à distancer les rackghoules et sortir des égouts… Soit une sacrée épreuve.

Immédiatement, en voyant l’air un peu hagard du jeune Chevalier et sa démarche heurtée, la maîtresse d’armes comprit que quelque chose n’allait pas, mais elle ne pouvait s’offrir le luxe de s’inquiéter et de s’arrêter pour vérifier elle-même que son cadet allait bien. S’il le lui affirmait, elle devait le croire. Il était assez âgé pour savoir s’il pouvait marcher, ou demander de l’aide. Aussi, malgré ses doutes, elle acquiesça et prit la tête de leur colonne, son sabre mauve éclairant doucement le passage, se reflétant sur l’acier de sa main métallique désormais à l’air libre, chose exceptionnelle quand on la connaissait.

Alyria devait reconnaître que voir la prothèse ainsi exposée la mettait mal à l’aise, et devoir se reposer uniquement sur cette main pour le moment encore plus. Elle n’était pas tranquille, sachant pertinemment que malgré son ambidextrie au combat, elle était bien moins douée de sa main gauche que de la dextre, phénomène accentué qui plus est ces dernières années par l'amputation qu’elle avait subie. En clair, en cas de combat, elle devrait se servir au maximum de la Force et éviter le combat au corps à corps, au moins jusqu’à ce qu’ils se soient reposés et qu’elle ait trouvé le temps d’examiner plus en profondeur son poignet à la chair écorchée et meurtrie. Heureusement, contre des rackghoules, rester à distance était de toute façon la mesure conseillée.

Cependant, alors qu’ils progressaient, ce qu’elle avait redouté et pressenti se produisit : Joclad n’avait pas dit la vérité, et avait du mal à suivre leur rythme de marche. Bientôt, il trébucha et s’écroula, non sans avoir prononcé au passage quelques paroles qu’Alyria ne comprit pas, étant donné leur sonorité corellienne étrangère à son oreille, mais dont le ton la renseigna abondamment sur leur signification grossière.

S’agenouillant auprès du garçon, elle entreprit de sonder la Force pour regarder d’un peu plus près ses blessures, silencieuse pendant que Lorn essayait d’encourager le Chevalier… A sa façon. Et la trentenaire ne put s’empêcher de prier pour que Joclad ne prenne pas la mouche en entendant la deuxième partie de l’admonestation du maître d’armes, connaissant trop bien la susceptibilité du jeune homme qui lui avait jouée bien des tours dans sa jeunesse. Bien sûr, il s’était assagi depuis le temps, mais elle n’était pas sûr que ce genre de conseils marche très bien sur un garçon de vingt-et-un-an blessé et épuisé. Peut-être que son amant avait un peu trop fréquenté des militaires chevronnés sur Aargau. Prenant sur elle d’éteindre l’incendie avant de le voir s’allumer, Alyria souffla doucement, effleurant la jambe de son ancien élève de sa main métallique :

« Toute la volonté du monde n’aidera guère, Lorn. Sa cheville est foulée, et je pense que le choc a déchiré le muscle en partie.

Et continuer à marcher dessus n’a pas arrangé les choses… »


Oui, c’était un reproche. Clair, net, dit d’une voix douce, mais sévère. La demi-echanie ne lui reprochait pas d’être blessé, mais de ne pas le leur avoir dit :

« Tu aurais dû nous le dire Joclad, plutôt que d’essayer de passer outre. Endurer la douleur est une chose, l’aggraver en est une autre. »

Enfin, ce qui était fait était fait. Ne restait plus qu’à arranger au mieux les choses, et à limiter la casse, pour parler comme dans un mess de soldats. Répondant à Lorn sans lever les yeux de la jambe du Chevalier, Alyria répondit avec aplomb :

« Evidemment. Mais je vais avoir besoin d’un peu de temps pour stabiliser tout ça. La Force peut aider, pas produire des miracles. »

Il faudrait donc que l’épicanthix tienne le temps qu’elle soigne du mieux qu’elle le pouvait le garçon allongé par terre. Puisant dans la Force Vivante autant qu’elle le pouvait, la sang-mêlée ferma les yeux et entrepris de se laisser guider par cette dernière, sentant les tissus pulser sous sa main alors qu’elle commençait le travail de régénération cellulaire en alimentant l’énergie demandée par cette manœuvre gourmande avec son propre fluide vital. Quelques minutes s’écoulèrent dans un silence de plomb, le temps que le corps de Joclad absorbe cet apport nouveau et ne l’utilise sous la direction douce mais ferme de la Chancelière jedi. Quand elle sentit que poursuivre risquait de la fatiguer de façon trop importante, Alyria s’arrêta, et sentit sa connexion profonde avec la Force refluer, puis diminuer petit à petit. Elle souffla tout en écartant la sueur de son front, sa tête bourdonnant à nouveau sous l’effort. Respirant profondément, elle se releva sans brusquerie, pour éviter de vaciller, et tendit sa main au jeune gardien :

« Je vais t’aider pour continuer. En route. »

Une fois relevé, la maîtresse d’armes passa son bras autour des épaules du garçon, profitant de leur taille relativement similaire afin de le soutenir, puis commença à avancer, laissant Lorn les couvrir comme convenu, ne se préoccupant pas des combats derrière elle. Il fallait avancer, c’était tout ce qui comptait. L’ennui était de savoir vers où…

Alors qu’ils progressaient toujours, un hurlement déchira soudain l’espace. Et ce n’était pas un grognement bestial, mais au contraire…

« Quelqu’un appelle à l’aide… Je crois. »

Manifestement, ils n’étaient pas les seuls à arpenter les égouts, et sans doute pas les derniers à avoir maille à partir avec les rackghoules…
Invité
Anonymous


Les yeux clos, je déployais lentement mes jambes alors que je cherchais à me redresser, ou plus exactement me décaler pour laisser reposer mon dos contre le mur humide du tunnel. Relevant la tête, je finissais par porter mon regard devant moi pour y découvrir la demi-Echanie agenouillée à mes côtés. Je lui offrais un visage aux traits navrés. Navrés de ne pas avoir été à la hauteur. Navrés de ne pas lui avoir dit la vérité sur mon état de santé plus tôt. Face à la réalité de notre situation, j’avais préféré privilégier le groupe plutôt que ma propre personne. Je m’étais estimé en condition suffisante pour poursuivre ce que nous avions entrepris : s’éloigner le plus possible de la meute Rakghoule et trouver une sortie qui nous permettrait de nous extirper de ces tunnels. Je reconnaissais néanmoins mon erreur de jugement et mon excès de confiance. Cela aurait pu trahir un manque de contrôle et une méconnaissance de mon corps, mais c’était bien le mal de crâne intense dont je subissais les assauts répétés qui avait entaché mon jugement. Mal de tête qui, d’ailleurs, redoublait d’intensité.

Faisant la grimace, je tournais doucement la tête vers le grand Epicanthix qui se trouvait sur ma gauche et qui tentait, comme il le pouvait, de me motiver à continuer. Ses propos quelque peu déformés par oreilles encore bourdonnantes vinrent se répercuter dans mon esprit et je ne tirais qu’une grimace plus large en retour. Bien que je n’appréciais pas le ton u la forme employée par le Maître d’Armes, je comprenais parfaitement son attention. Il avait cependant de la chance de ne pas avoir à traiter avec ce que l’on pourrait nommer l’ancien Joclad, car ce dernier lui aurait offert un retour cinglant imprégné de Force. Epicanthix ou pas, Maître d’Armes ou pas, il n’aurait pas fait de différence. Mais j’avais finis par me tempérer avec le temps et à accepter les remarques autres « conseils » de la sorte sans réellement sourciller. Et puis, au fond, il avait raison et seul mon état m’empêchait de répondre favorablement à sa requête.

En revanche, la remarque de Maître Von à mon égard passa difficilement bien que je ne pouvais, là encore, pas la contredire entièrement. Pourtant, mon regard s’était reporté sur elle, plus dur, alors que je pensais qu’elle aurait saisi la raison qui m’avait poussé à ne rien dire. Visiblement, une explication s’imposait :

« J’aurais dû, oui. Mais j’ai d’abord pensé à l’intérêt général. Nous devions partir, rapidement. Je pensais être capable de tenir la distance, mais j’ai mal estimé l’état de mon corps. Je crois que.. » Grimaçant une nouvelle fois en réponse à une pointe de douleur plus intense que les autres, je passais finalement une main à l’arrière de mon crâne. Glissant mes doigts dans ma chevelure, je finissais par ramener une main tachée de sang devant moi, sous les yeux de Maître Von et des miens.

Mon regard croisa le sien, et je sentis presque aussitôt la pression chaleureuse de la Force agissant sous l’impulsion de la Maîtresse d’Armes. Je lui ouvrais donc aussitôt mon esprit, pour qu’elle puisse se laisser guider plus aisément vers la source d’un des problèmes. J’avais pleinement confiance en ses capacités –elle était Maître Jedi, ce n’est pas rien !- et c’est pourquoi je la laissais agir seule. Je profitais de ce soulagement pour m’attaquer à quelque chose qui désormais m’inquiétait. Ayant compris l’origine de mon mal de crâne, je me plongeais moi aussi dans la Force Vivante pour en retirer les bienfaits et je venais sonder mon propre esprit ainsi que mon crâne. Je recherchais des lésions, et j’en trouvais une très légère sous la blessure. Ce n’était vraiment pas bon signe, mais la gravité n’était pas trop importante pour autant. Ainsi, si je ne reprenais pas un coup fort derrière la tête, j’étais à l’abri de toute complication. Conjointement avec mon alliée la Force, je venais lentement, mais avec précision, refermer la blessure qui se trouvait derrière ma tête tout en stoppant le saignement qui était devenu minime avec le temps. Cela fait, je pus m’atteler à cette fameuse lésion et je faisais de mon mieux pour l’atténuer. C’était une tâche difficile que je ne maîtrisais pas à mon niveau, mais avec le temps je devais être capable d’obtenir un résultat correct.

C’est justement le temps qui nous manqua, et c’est en pleine méditation que je compris qu’il était temps de repartir. Maitre Von avait fait du bon travail et la douleur avait grandement disparue. Mais je pouvais aisément ressentir une légère pointe qui ne tarderait pas à se faire sentir pleinement si me devais me retrouver à courir trop longtemps. Concernant mon esprit, je me sentais déjà plus à l’aise et je pouvais enfin profiter d’un calme relatif qui s’était installé en lieu et place des tambours battants. Je redressais plus rapidement la tête, preuve que je me sentais déjà un peu mieux après cette petite pause vivifiante. Puis je pris la main qui m’était tendu pour me relever, n’osant pas poser trop vite mon pied sur le sol du tunnel.

« Oui, allons-y. Je me sens déjà mieux, même si je n’ai pas pu régler mon mal de crâne comme je l’aurais souhaité.

Une fois sur mes deux pieds, j’eus l’envie de me décaler pour montrer ma détermination à ne pas ralentir le groupe. Je ne voulais pas être un arbre mort que l’on traîne difficilement derrière soi. Pourtant, je ne bougeais pas. J’avais déjà tenté ce coup là quelques instants plus tôt et le retour de bâton s’était fait sentir. J’attrapais donc le bras avec un certain plaisir, et j’espérais pouvoir me déplacer suffisamment rapidement.

Le rythme fut d’abord lent, puis il s’accéléra dès que j’eus osé poser totalement sur le sol. J’évitais néanmoins de trop plier la cheville pour ne pas rouvrir ce qu’Alyria avait refermé. Je n’avais pas la moindre idée de la direction que nous prenions, mais je profitais de l’assistance offerte pour porter mon attention ailleurs, et vers des indices qui pourraient s’avérer utiles. Il y avait des striures et des formes géométriques étranges à certains endroits, et espacés de manière régulière. Ce devait sans doute être un moyen de se repérer, mais les symboles ne semblaient pas avoir de sens à mes yeux. Et puis ce pouvait aussi être un effet résidu de mon coup sur la tête.

Nous nous immobilisâmes néanmoins lorsque un hurlement se répéta dans les couloirs à notre arrivée à une intersection, et Maitre Von fut la première à définir clairement ce que nous avions entendu. Pour ma part, je me contentais d’indiquer la direction d’un bras mi-tendu sur notre gauche :

« Ca venait de là, et ça ne devait pas être très loin. »

Je me décalais, et nous prîmes aussitôt le couloir de gauche pour venir, j’imagine, aider la personne qui venait de hurler. Visiblement, nous n’étions pas les seuls à devoir affronter les Rakhgoules, et savoir que d’autres personnes exploraient les tunnels signifiaient aussi qu’ils devaient en connaître les issues. Rapidement, nous entendîmes les bruits de pas, rapides et lourds, se répercuter sur le sol. La personne, dont la voie avait semblé féminine, n’était bel et bien pas seule. De suite après, nous pûmes discerner l’individu en question, une jeune fille, qui courait. Sentant le danger derrière elle la rattraper, je projetais mon esprit et la Force en avant, avec la détermination de dresser un mur invisible puissant pour bloquer les créatures. Les deux premières furent repoussées sans problèmes, mais cela permit à la jeune femme de se rapprocher de nous. Le prochain assaut fit flancher mon bouclier et je m’étais aussitôt séparé du bras de Maitre Von pour me porter à ses côtés, face à la meute qui approchait. Mon sabre était prêt, tout comme moi. Mais si quelqu’un avait le moyen de les neutraliser avant qu’elles n’arrivent sur notre groupe et l’adolescente, il était prié de se montrer de suite.

« Derrière-nous, vite ! »

Invité
Anonymous
Avant même ses péripéties sur Byss et sur Aargau le jeune maître d’armes avait toujours été connu, au sein de l’Ordre Jedi du moins, pour son honnêteté et son manque flagrant et total de toute forme de diplomatie. Son maître avait bien essayé de lui inculquer les bonnes manières et la diplomatie inhérente au rôle de jedi, cette diplomatie avait réussi à s’intégrer en partie à l’esprit du jeune colosse, mais ce dernier n’avait aucun mal et aucun scrupule à balayer ces ronds de jambe d’un revers de main quand il ne se sentait pas d’humeur. Confondre manque de diplomatie et manque de respect de la part de Lorn serait une bien grave erreur car Lorn savait respecter ses pairs et ses camarades, du plus jeune apprenti au plus ancien membre du Conseil, mais son tempérament de feu et son attitude brute de décoffrage ne laissaient chez lui que peu de place pour les discussions basées sur un usage intensif de la langue de bois.
Il était un homme d’action et non de paroles, si cela n’était pas assez évident comme cela, il savait ses discours capables de remotiver les plus épuisés des soldats comme les évènements sur Aargau avaient su le montrer, mais lui arrivait parfois d’oublier que tous n’étaient pas aussi rigides et endurants que lui. Tous n’avaient pas la discipline d’un soldat et tous n’étaient pas capables de serrer les dents et d’endurer la douleur aussi longtemps que lui. À force de cotoyer des soldats et de rester à s’entraîner dans son coin, seul, il avait oublié que tous les jedis n’étaient pas comme lui…qu’il était un cas à part au sein de l’Ordre.

Si pour lui la motivation suffisait à passer outre la douleur, pourquoi ce serait différent chez les autres ? Voilà ce qu’il s’était dit au moment où il tentait de remotiver le chevalier avec un discours un peu sec mais efficace…efficace chez les soldats du moins. Mais sa camarade de toujours le ramena à la réalité assez durement. Quand avait-il oublié qu’il était un jedi et non un guerrier ? Il n’aurait su le dire, il n’aurait su dire à partir de quel moment il avait commencé à être plus sec que ses collègues mais il était devenu ainsi. La fin justifie les moyens. Peu importe la manière, seuls comptent les résultats : autant de phrases pour justifier sa façon d’être mais avait-il raison d’agir ainsi ? Il ne le savait pas, il avait été ainsi pendant tellement de temps qu’il ne s’était jamais posé la question de savoir si c’était bien ou mal.

Sa discipline lui avait valu son talent au sabre laser et son titre de maître d’armes, on reconnaissait l’efficacité de ses méthodes alors pourquoi vouloir changer ça ? Non, ce n’était pas le moment de se poser cette question, s’il demandait à Alyria s’il lui trouvait trop autoritaire elle lui répondrait par l’affirmative à coup sûr, il devait se concentrer sur sa mission et se préoccuperait de son attitude une fois de retour sur Coruscant.

Alors qu’il sentait sa camarade aider le chevalier en puisant dans la Force pour accélérer sa guérison, le jeune homme observa trois formes qui s’extirpèrent de l’ombre. Crocs en avant et bave aux lèvres, ces trois créatures foncèrent dans sa direction comme trois fauves fonçant sur leur proie blessée…mais il n’était pas une vulgaire proie. En un instant, communiant avec la Force, il fit usage de télékinésie et souleva deux des créatures. Le premier mouvement de sa main gauche servit à les projeter au plafond et le second les expédia sur le mur de droit dans un craquement qui se passait de commentaire. Oh oui c’était sans doute violent, trop pour un jedi mais ces créatures n’avaient pas ce genre de considération morale. Elles ne désiraient que tuer et répandre leur satané virus : il n’avait pas le temps de faire autant de chichis.

Les deux créatures retombèrent donc, leurs os fracassés, mais cela n’arrêta pas la troisième qui bondit vers le colosse. Ce dernier se décala sur la gauche, évitant une patte griffue de peu, avant d’effectuer une frappe oblique de gauche à droite qui coupa la créature en deux. Ça, c’est fait.
D’autres ne tarderaient pas à arriver, il ne se faisait pas d’illusions à ce sujet mais au moins le trio se remettait enfin en mouvement. Bientôt ils tournèrent et firent une rencontre pour le moins inattendue. Alors que la protection de Joclad repoussait les deux premières créatures, Lorn demanda :

« Vous pouvez nous dire qui vous êtes et ce que vous faites dans le coin ? Ce n’est pas un endroit recommandable pour une jeune fille. »

Ni une ni deux, voyant les deux créatures repartir à la charge, Lorn puisa dans la Force et bondit au-dessus du groupe, abattant son sabre sur la première créature avant de repousser la seconde d’un coup de pied au menton. La créature déséquilibrée par ce choc laissa sa place à deux autres qui, attaquant de concert, forcèrent le maître d’armes à plonger en avant entre elles. Évitant leurs griffes de peu, il pivota vers la droite et trancha les jambes de la première créature – puis sa tête - avant de fracasser la seconde contre le mur grâce à la Force. Se tournant vers la gauche une toute dernière fois, Lorn se baissa juste à temps pour éviter la morsure de la seconde créature de nouveau sur pieds. Relevant la tête en un coup de boule magistral, il profita d’un moment de répit pour abattre la dernière créature d’un coup de tranchant au niveau du coup. Le dernier bruit fut celui d’une tête roulant sur le sol humide des égouts.

La respiration accélérée par cet effort soudain, chaque respiration était un peu plus douloureuse que la précédente, Lorn serra les dents et se mit en position. Ce n’était pas le moment de se plaindre de sa cage thoracique en feu, ils devaient avoir une chose et une seule en tête :

« Ne restons pas ici. »

Il ne savait pas combien de créatures il serait capable encore d’abattre à ce rythme, ni combien de temps il pourrait combattre avant que ses capacités physique s’en trouvent trop diminuées, mais il ferait bonne figure et ferait face car tel était son boulot.
Invité
Anonymous
Manifestement, les deux jedis l’accompagnant se ressemblaient un peu trop à son goût sur certains points. Entre les explications avec le ton clairement grognon de l’un et le silence renfermé de l’autre, Alyria avait apparemment réussi à les bousculer suffisamment pour qu’ils lui en veuillent tous les deux. Ah les hommes !

Enfin, il n’était plus temps de maugréer sur les raisons des uns et des autres, et peu importait ce que ses compagnons pensaient. Indéniablement, du trio, la jedi était la plus expérimentée en matière de soins, et si Lorn et Joclad avaient sans doutes de bonnes bases, comme tout membre de l’Ordre un peu avancé dans la hiérarchie, en cas de blessures graves, elle savait parfaitement que ce serait à elle de tenter de sauver ce qui pouvait l’être. Alors pas question de devoir deviner les résultats de toutes les chutes et combats : elle avait besoin de franchise pour faire correctement son travail et les maintenir tous en vie. Point.

Aussi tout en aidant le Chevalier Draayi à avancer, elle expliqua avec plus de douceur dans la voix que la première fois, mais avec la même fermeté :

« Le collectif ici, c’est que je puisse savoir quand un membre de cette équipe ne va pas bien, parce que sans soin approprié, les blessures s’aggravent, et on prend encore plus de retard. Donc à partir de maintenant, en cas de doutes, de douleur, j’aimerais que vous me le disiez. Comme nous n’avons pas de membre du Medcorps ou de Consulaire avec nous, je vais assurer l’office de guérisseur temporaire.

Je pense que vous n’y verrez pas d’objections. »


Alyria avait légèrement haussé le volume sonore de sa déclaration sur la fin, signifiant ainsi que sa demande valait pour tout le monde, pas seulement Joclad. De toute façon, avec sa main droite encore douloureuse, elle ne risquait pas forcément d’être la plus efficace au combat pour le moment, autant rester en retrait et couvrir les arrières de leur petit groupe à l’aide de la Force. Au pire, elle avait quelques armes dans sa panoplie pour contraindre leurs contagieux poursuivants à rester à distance.

Cependant, alors qu’elle profitait de leur mise en marche pour récupérer de ses efforts précédents, s’immergeant dans la Force afin de se baigner dans sa présence bienfaisante, ses quelques minutes de répit trouvèrent bientôt une fin brutale. Protégée par son lointain parent qui semblait avoir correctement récupéré de sa commotion et défendue par un Lorn tout en férocité et en force, apanage de la forme V, une jeune fille venait de se réfugier auprès d’eux, serrant son bras droit contre sa poitrine, un blaster pendant à sa ceinture, de la boue mélangée aux larmes versées à cause de la douleur maculant ses joues encore rondes d’adolescente.

Manifestement, l’arrivante devait avoir aux alentours de seize ans, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. Quant à savoir ce qu’elle faisait dans les égouts, armée… Eh bien, il faudrait poser la question, ce que venait de faire l’imposant Epicanthix, qui ne reçut en réponse qu’un :

« Pourquoi, vous avez votre pass spécial égout plein de bestioles baveuses ? »

Oui, une adolescente, indubitablement, pensa Alyria en réprimant un soupir mi- contrarié, mi- amusé. Le sarcasme était une arme commune en cas de choc, face à des étrangers, aussi il convenait cependant de ne pas s’en formaliser. S’approchant de leur inconnue avec précaution, la maîtresse d’armes décida d’engager la conversation en répondant sur le ton de la confidence :

« Il se peut qu’on l’ait perdu. Cependant… Je peux examiner ton bras ? »

L’air méfiante, et alors que les dernières rakhgoules s’effondraient sous les coups de butoir du colosse à ses côtés, la gamine répondit avec une morgue de façade, les tremblements dans sa voix produisant un effet assez contradictoire avec celui voulu initialement :

« Vous savez guérir des fractures, vous ? Sans kolto, ou bacta ? »

« Précisément. Nous sommes des jedis. Tu peux m’appeler Maître… »

Elle hésita l’espace d’une seconde. Malgré son envie de secourir la jeune fille, elle devait laisser cette envie de côté un tout petit instant et réfléchir. Elle ne savait pas qui elle était, et sa position de Chancelière compliquait les choses. Pas mal de personnes mal intentionnées payeraient cher pour savoir où se trouvait la tête de la République à l’heure actuelle. Et vu le contexte explosif de sa venue sur Sy Mirth, un brin de prudence s’imposait. Aussi elle dit le premier nom qui lui vint à l’esprit :

« Helm. »

Ne restait plus qu’à prier la Force pour que ses compagnons comprennent rapidement ses raisons et aient entendu pour éviter de commettre un impair. Bon, techniquement, elle n’avait pas vraiment menti, c’était bien son nom… Juste pas celui qu’elle employait habituellement. En même temps, elle n’avait plus utilisé le nom de sa mère depuis… Eh bien, ses années sur Hapès, ou quand elle avait besoin d’une couverture. Avec un peu de chance, Lorn se souviendrait de leurs années de chevalerie communes et de leurs enquêtes où il lui arrivait de se présenter sous ce nom-là pour éviter que quelqu’un ne puisse après obtenir des informations sur eux.

« Des jedis ? Ceux qui nous ont vendu à cet Empire ? »

Ah. Bon, premier point, l’adolescente n’était pas parmi leurs partisans. Hum, voilà qui n’allait pas aider. Pour le coup, Alyria ne voyait qu’une seule solution, et s’excusa silencieusement auprès de son ami Halussius pour ce qu’elle allait dire.

« Plutôt ceux qui vont tout faire pour essayer que ça n’arrive pas. Ce traité était une erreur, et la situation de ta planète le prouve. »

La jeune fille lui offrit une moue un peu dubitative, avant de dire :

« Mouais… Z’êtes moins idiot que l’autre jedi alors. »

Pinçant ses lèvres presque imperceptiblement, la trentenaire prit une profonde inspiration pour éviter de répliquer vertement, et finit par dire :

« Donc… Ton bras ? Je peux ? »

« Ouais. »

L’examinant avec précaution, la demi-echanie ne mit pas longtemps avant de voir ce qui n’allait pas. En même temps, pour le coup, l’examen pouvait se faire à l’œil nu : une esquille d’os perçait la peau, sans doute le radius, et le bras formait un angle tout sauf naturel. Bon, il allait falloir refermer la plaie, déjà, et pour le reste…

Presque sans avoir à y penser, la Force commença à agir par son intermédiaire, Alyria devenant son réceptacle pour la mener à réparer l’équilibre d’une santé brisée, de la vie mise en danger. Peu à peu, sous les yeux ébahis de la jeune fille, les tissus travaillaient, leur cadence de régénération augmentée à son maximum par l’influence du côté lumineux. Bientôt, il ne resta plus qu’une ecchymose et le même angle étrange, quoique diminué. Consciente qu’ils devaient reprendre leur marche rapidement, la jedi avait paré au plus pressé. Avisant deux barres de fer qui traînaient par-là, sans doute les vestiges d’un meuble quelconque, elle les ramassa et entreprit de caler le bras blessé avec, avant de lier le tout par quelques morceaux de tissus arrachés à la manche de son bras droit en lambeau, ce qui laissait entrevoir les dernières cicatrices causées par les brûlures reçues sur Aargau. Une attelle sommairement fabriquée, elle déclara finalement :

« Voilà, ça fera l’affaire pour un temps au moins. Il faut filer d’ici au plus vite. »

Se tournant vers ses deux comparses, elle ajouta :

« Des idées d’un chemin ? »

Alors qu’elle écoutait les réponses éventuelles des deux hommes, la voix de la jeune fille, nettement plus timide se fit alors entendre :

« Si vous voulez… Je peux toujours vous guider jusqu’à notre campement. »

« Notre ? »

Avec un léger sourire, la jeune fille souffla :

« Les rats de Mirth City savent se cacher… Il faut suivre les triangles… Attendez je vais vous montrer, sur les murs, là ! »

Tandis qu’elle posait sa main sur un des signes gravés, Alyria réfléchissait. Le nom que l’adolescente avait employé lui disait quelque chose. Au bout d’une bonne minute, elle eut enfin l’illumination tant attendue ! Evidemment qu’il lui disait quelque chose, elle l’avait lu quelques heures auparavant sur les notes transmises par l’Etat-Major et le sénateur local. C’était un petit groupuscule anarchiste affilié au Crépuscule Ecarlate. Mais alors…

Passant rapidement devant la jeune fille pour faire mine de rejoindre Lorn, elle glissa à Joclad :

« Surveille-là, vu ce que je crois être la nature de son…. Campement, mieux vaut éviter une entourloupe. Et elle sera moins sur ses gardes avec quelqu’un d’environ son âge. »

C’était un calcul volontaire, et elle espérait que l’humain comprendrait sa manœuvre. La mettre en confiance, endormir sa méfiance, jusqu’à ce qu’ils soient fixés sur ses réelles intentions.
Invité
Anonymous


Il était éprouvé que je fusse une personne plutôt têtue, avec un fort caractère et une détermination non feinte. J’avais hérité de certains traits typiquement Corellien qui, il faut le dire, m’avait de nombreuses fois causé des problèmes. Mon comportement obstiné était typique du clan des Dragons, et je n’avais pu que réduire cette partie de mon caractère à quelque chose contrôlable mais qui reprenait souvent vie lorsque je le trouvais dans des situations chaotiques pour ne pas dire catastrophiques. Je n’étais pas passé loin de manquer ces dix dernières années à parcourir la galaxie avec maitres Herambra et TIanesli et offrir ma petite contribution à des évènements majeurs. Si je n’avais pas compris le chemin que je me traçais à l’époque, c’est aux Corps que j’aurais passé la moitié de ma vie. Pire, j’aurais peut-être même été exclu. Qui pourrait en avoir la certitude, de toute manière ?

J’avais souvent caché mes problèmes aux autres en sachant que je pouvais les résoudre seul. Cela m’avait aidé à progresser et à évoluer plus rapidement que la moyenne. La preuve était que rare furent les Padawan adoubé en arrivant sur leur vingtaine. En général, c’était deux ou trois ans plus tard qu’ils parvenaient au stade de réussir les Epreuves. De fait, le Conseil avait sans doute raison sur un point : j’étais un cas quelque peu « précoce » qu’il était nécessaire de suivre voir d’encadrer.

Le fait était que ce comportement presque naturel dans de pareilles situations était préjudiciable à l’ensemble du groupe, et j’en prenais bien vite conscience. Ces piqures de rappel, comme la remarque de Maitre Von, suffisaient à me concentrer de nouveau et il n’était plus question désormais de garder mes défauts de santé pour moi-même.

Hélas, la situation était critique et je m’apprêtais à m’élancer contre les rakhgoules malgré l’état de ma cheville. Ma surprise fut totale lorsque je vis Maitre Vocklan voltiger par delà ma personne pour retomber sur la première créature avant de se retourner vers la seconde avec la férocité et la puissance de la Forme V. J’aurais voulu venir me porter à ses côtés, pour l’assister, mais le maitre d’armes semblait s’en sortir sans mon aide. Qui plus est, aucune ouverture utilisable ne s’était réellement présentée. Observant le combat dans le cas de figure où celui-ci ne tournerait pas à l’avantage de l’Epicanthix qui broyait les créatures, j’attrapais les bribes de la discussion entre ma cousine éloignée et la toute nouvelle rescapée.

Je pouvais aisément comprendre la méfiance de la jeune adolescente face aux dires de Maitre Von. Rare étaient ceux qui avaient vu des Jedi à l’œuvre lors de guérisons, et les légendes qui courraient sur nos capacités étaient souvent exagérées ou trop nébuleuses. Certains, comme elle, ne savaient rien de nos capacités. Je venais néanmoins tiquer sur le nom qu’Alyria se donna, et que je n’avais encore jamais entendu : Helm. Etait-ce là un nom d’emprunt, ou bien quelque chose de plus profond ? Je l’ignorais, mais j’avais vite compris que je ne devais pas commettre d’impair. Peut-être Maire Von savait-elle des choses que j’ignorais sur la situation de ce monde ? C’était en fait une réalité.

Je grinçais néanmoins des dents en entendant la réprimande faite à notre égard, et je venais me déplacer à l’opposé de Maitre Vocklan de sorte à ce que nous encadrions la position d’Alyria et de l’adolescente. J’étais d’accord avec les propos de l’Epicanthix : nous devions bouger et nous éloigner de cette position le plus tôt possible. Les rakghoules n’allaient pas tarder à refaire surface, à la recherche des tueurs de cette avant-garde que le maitre d’armes venait de faucher de sa lame.

A la lumière de la mienne, j’observais le couloir qui s’étendait devant moi. J’étais attentif au moindre son et à la moindre perturbation qui viendrait trahir la présence de ces monstres infectieux qui n’hésiteraient pas une seconde à répandre leur maladie. L’origine de celle-ci était d’ailleurs presque inconnue, et l’on suspectait les Sith d’en avoir été les maitres d’œuvres. Néanmoins, les conséquences de l’infection par ces animaux autrefois êtres pensants étaient simples : la prolifération et la mise en quarantaine de mondes entiers. Il était étonnant que Sy Myrth ne fasse partie de cette liste de planètes soumises à une forme d’embargo strict.

Réagissant à la question de la chancelière, je baissais très légèrement ma garde pour tourner la tête dans sa direction et proposer avant d’être interrompu par l’adolescente :

« On pourrait essayer de remonter le coul… »

Mon regard dévia aussitôt vers le mur, là où j’avais aperçu les précédentes formes géométriques. Ainsi, les triangles indiquaient le chemin à suivre, et les autres devaient surement être des leurres visant à tromper et perdre d’éventuels poursuivants. Il était évident que les rakghoules n’étaient visées par ce subterfuge car leur esprit se révélait être très limité. Il fallait donc comprendre qu’ils se cachaient de quelque chose d’autres.

C’est pourquoi j’acquiesçais simplement à l’injonction de la chancelière. Je comprenais sa méfiance vis-à-vis de cette jeune personne qui semblait pourtant innocente. Alors que celle-ci nous expliquait la manière dont il fallait suivre les formes géométriques, je venais me porter vers l’arrière de la colonne qui semblait s’être formée. Nous ne tardâmes pas à nous mettre en route à un rythme lent mais prudent. Me portant à la hauteur de l’adolescente, j’illuminais le tunnel de ma lame bleutée alors que je tentais de rompre le fossé qui nous séparait, à la demande de Maitre Von :

« Je vois que tu as fais connaissance avec le Maitre Helm. Le grand là-bas, c’est le Maitre Vocklan. Je suis le Chevalier Draayi, mais Joclad sera plus simple. Et toi, tu t’appelles comment ? »

« Callista.. »

L’hésitation que je perçu dans sa voix était naturelle, et son air de surprise semblait me rassurer. Elle ne connaissait réellement pas nos identités, mais je me demandais bien quelles étaient els raisons qui les avaient poussés à se réfugier sous terre alors que la planète était assez grande pour tout le monde en surface. Peut-être étaient-ils traqués, là-haut ?

Néanmoins, le sourire qu’elle essaya d’afficher était un bon signe. Elle comprenait la nécessité de faire connaissance, et de se faire confiance ne serait-ce que le temps de rejoindre son campement. Il était peu probable que tout ceci ne soit en réalité un piège : qui aurait souhaité risquer de jeter en pâture une personne aussi jeune alors qu’il n’était même pas garanti que nous arrivions à temps pour la sauver ? Personne, évidemment.

« C’est un plaisir. C’est la première fois que tu croises des Jedi ? »

« Oui, et c’est assez déroutant. Je… votre magie, ça existe vraiment, alors ! »

Je laissais échapper un sourire amical dans sa direction, tandis que mon regard se portait dans un couloir adjacent qui filait après un croisement.

« Ah, ça. Ce n’est pas de la magie, c’est plus compliqué. C’est… non, je t’expliquerais ça lorsque nous serons en sécurité.»

D’un geste discret de la main, je faisais comprendre à l’Epicanthix que j’avais remarqué quelque chose de suspect dans le dit couloir. Sans doute une petite meute de rakghoules qui nous observait. Il fut néanmoins surprenant qu’elle n’ait pas chargé, à moins qu’elles aient compris que nous étions un réel danger qu’il était préférable de ne pas affronter. Mais était-ce seulement possible ?

« Si tu le dis… Mais qu’est-ce qui vous z’amènes dans les égouts… Joclad ? Vous nous cherchiez vous aussi ? »

Je masquais une certaine appréhension concernant sa question. Néanmoins, je pensais qu’il était préférable de jouer franc jeu. Enfin, presque. C‘est pourquoi je repris calmement :

« Pas vraiment, non. On était en surface lorsque un tremblement de terre à fissurer le sol et nous avaler vers les profondeurs. Nous sommes les seuls rescapés de l’endroit où nous nous trouvions. Pourquoi, vous fuyez quelqu’un ou quelque chose pour venir vous terrer dans les égouts, parmi les rakhgoules ? »

Je vis son sourire s’agrandir puis disparaître alors qu’elle semblait assimiler mes propos. Visiblement, ma question dérangeait ou semblait déplacée. Elle préféra rester silencieuse un instant, avant d’indiquer le chemin à suivre avant de changer tout simplement de sujet :

« Je ne sais pas trop, Joclad. Mais nous arrivons, ce n’est plus très loin. On vous expliquera surement tout au campement ! »


Invité
Anonymous
Ce n’était pas vraiment la première fois que le jeune maître était forcé de défendre sa vie dans un vieux couloir sombre et humide, encerclé de partout par des assaillants dont les intentions étaient clairement identifiables, mais ce n’était pas pour autant qu’il était à l’aise dans cet environnement. Sans pour autant avoir un style qui le forçait à bondit dans tous les sens et qui demandait de l’espace comme cela pouvait être le cas de l’Ataru, le jeune colosse n’était jamais aussi à l’aise que quand il avait de la place tout autour de lui pour se mouvoir aussi aisément qu’il le désirait. Pouvoir bondir sur les côtés sans risquer de se manger un mur dans la tronche, pouvoir brandir son sabre laser et trancher l’air sans devoir faire attention de vérifier s’il avait la place suffisante pour faire des mouvements aussi amples…enfin vous voyez où je veux en venir, non ?
Alors certes les créatures qui sortaient ici de l’ombre n’étaient pas de terribles adversaires car leur sauvagerie ne leur permettait pas d’avoir une quelconque tactique guerrière, elles se contentaient de charger toutes griffes dehors sans avoir l’ombre d’une stratégie ce qui facilitait quelque peu le travail du jeune maître, mais ce dernier n’était pas très à l’aise avec le fait de combattre dans un environnement aussi confiné. Vivement qu’ils soient tous dehors !

Tandis qu’il se dressait face à ces horribles créatures, le jeune homme entendit la réponse de la jeune inconnue mais n’y sourit pas pour autant. Était-ce vraiment le moment de faire de l’humour et de tenter de se moquer de celui qui venait de lui sauver les miches ? Décidément soit Lorn était devenu trop vieux et ne comprenait plus du tout l’humour et l’attitude des jeunes d’aujourd’hui, soit la demoiselle allait devoir sérieusement revoir ses manières et sa façon de remercier ses sauveurs.

Laissant sa camarade soigner les blessures de l’inconnue et Joclad faire connaissance avec elle pour briser la glace, le jeune homme maintint sa position face à la direction de laquelle étaient venues ces créatures. Rien ne garantissait que d’autres n’attendaient pas, tapies dans l’ombre, son boulot n’était donc pas encore terminé et même si le simple fait de respirer le faisait souffrir le martyr il devait continuer à serrer les dents. Tout simplement.
Quelques instants plus tard le groupe se remit donc en marche vers le campement indiqué par la demoiselle et, alors que Lorn fermait la marche de ce convoi de fortune, il manqua presque de trébucher à un moment, se redressant rapidement sans que personne – sans doute – ne se rende compte de rien. Que lui arrivait-il ? Son corps commençait à ressentir les effets de sa difficulté à retrouver une respiration régulière, peut-être que son corps n’était plus assez alimenté en oxygène et qu’il commençait à voir des vertiges, mais en tous les cas il allait bientôt devoir s’assoir un instant pour tenter de réparer tout ça.

Il fallut quelques minutes au petit groupe pour arriver devant une section des égouts qui était censée servir à entreposer des matériaux au cas où les égouts auraient besoin d’entretien ou de réparation très certainement, mais l’entrée de cette partie était bloquée par une barricade derrière laquelle trois individus ne manquèrent pas de pointer leurs blasters en direction du groupe. Sans plus attendre la demoiselle s’écria à voix haute :

« Ne tirez pas, ils sont avec moi ! »

Les trois hommes observèrent la demoiselle et baissèrent leurs armes une fois qu’ils la reconnurent enfin, déplaçant quelques éléments de leur barricade afin de laisser au groupe la place pour passer. Une fois ceci fait, l’un des deux hommes s’adressa à la demoiselle en lui demandant sèchement :

« Tu traînes avec des jedis maintenant, Calli ? Es-tu devenue folle ? »

Était-ce réellement le meilleur moment pour laisser sa rancœur obscurcir son jugement ? Non, Lorn ne désirait pas perdre de temps avec ces chamailleries ridicules. Aussi il se tourna vers l’individu concerné et lui lâcha sèchement :

« Non, elle est juste devenue sensée. »

Ne s’attendant pas vraiment à ce que quelqu’un d’autre que la demoiselle ne lui réponde, l’homme bourru leva les yeux vers le colosse et tenta de regagner un semblant de répartie :

« Ce n’est pas à toi que je m’adresse, jedi. Mêle-toi de tes affaires. »

Oh, alors c’était comme cela que cet individu voulait la jouer ? Envoyer chier ceux qui étaient là avec les meilleures intentions du monde ? Décidément l’ingratitude humaine ne cesserait jamais de surprendre le maître d’armes. Plongeant son regard glacial dans les yeux de ce pauvre individu, Lorn lui lança alors :

« Et c’est pourtant à toi que moi je m’adresse, qui que tu sois. Les créatures qui rampent dans ces couloirs, ces mêmes créatures que vous fuyez en vous terrant comme des rats n’ont que faire de la politique ou des idéaux qui sont les vôtres. Ce sont des rakgoules, des créatures qui tuent et répandent leur virus, elles ne s’arrêteront que lorsque tous les habitants de cette planète seront morts ou transformés à leur tour en rakgoules. Et à ce moment-là, pense-tu toujours que tes petites barricades sauront te protéger ? »

Cet homme savait-il à quoi il avait réellement affaire, dehors ? Cela n’avait pas d’importance car Lorn était là pour lui rappeler la précarité de sa situation et le danger qui guettait au dehors. Cet ingrat pouvait-il se permettre de refuser un coup de main quand ces frêles barricades étaient les seules choses qui les empêchaient de rencontrer un funeste destin ? Non, bien sûr que non.
N’attendant pas que cet individu ait fini d’enregistrer ces informations, ne lui permettant pas de rajouter quoi que ce soit, Lorn conclut par un :

« Alors maintenant tu vas être gentil, tu vas mettre ta rancœur de côté et nous indiquer qui dirige votre petit groupe. Et nous, pendant ce temps-là, nous tâcherons de trouver une solution à ce merdier en faisant fi de ce que vous pouvez bien penser de nous. »

Tout grognon et vexé qu’il était désormais, le garde s’enfonça immédiatement vers le fond du camp afin d’aller chercher celui qui serait en charge. Bien, voilà au moins une bonne chose de réglée. Se tournant vers sa camarade de toujours alors qu’il reprenait son souffle, se dirigeant vers la barricade désormais fermée, le maître d’armes lui souffla un :

« Je te laisse t’occuper de ça, je monterai la garde à la sortie du camp pendant ce temps. »

Sans perdre davantage de temps le colosse s’approcha des deux gardes en faction derrière la barricade et, s’asseyant sur un bidon vide en guise de tabouret de fortune, il leur lança :

« Vous pouvez aller vous reposer un peu, messieurs, je me charge de monter la garde pour le moment. Je vous appellerai au besoin. »

Tous deux se regardèrent pendant quelques secondes, décontenancés et surpris par cette proposition sortie de nulle part. Devaient-ils accepter l’aide d’un jedi alors qu’ils avaient un bien piètre opinion d’eux ? Ils hésitèrent un moment et Lorn rajouta quelque chose qui acheva de les convaincre :

« Ne vous faites pas prier, dépêchez-vous avant que je ne change d’avis. »

Après quelques secondes le guerrier était enfin seul prêt de la barricade et, enfin, loin des regards des autres, il se pencha en avant et desserra enfin les dents. Il avait mal et faisait appel à la Force pour apaiser la douleur et soigner cette cage thoracique, il pouvait enfin profiter de ce moment de répit pour souffler et laisser sa respiration lourde et saccadée reprendre le dessus. Il respirait lentement et lourdement comme si une enclume était posée sur son torse, pour vous donner une petite idée de son état, mais le fait de pouvoir enfin s’assoir le soulageait un tout petit peu. Les mains posées sur les genoux, penché en avant, la tête penchée vers le sol, il tentait de reprendre son souffle tout en restant aux aguets. Ce n’était pas aujourd’hui qu’il laisserait une de ces viles créatures le surprendre.
Invité
Anonymous
En voyant la jeune fille discuter avec Joclad à bâtons rompus après quelques instants de flottement, Alyria laissa se dessiner sur son visage un léger sourire en coin. Quelque part, elle s’en voulait de profiter de la jeunesse de la dénommée Callista, puisque tel était apparemment son nom, pour gagner sa confiance et la maintenir dans l’ignorance de sa véritable identité. Cependant, elle se devait d’être pragmatique, et cela passait par une analyse rationnelle de la situation. Or, les conclusions actuelles étaient claires. La gamine faisait partie d’un réseau anarchiste, à n’en pas douter, donc au vu de la situation sur Sy Mirth, sans doute pas très bien disposée à l’égard des jedis en général, et de sa personne en particulier. Un guet-apens n’était pas à exclure non plus, en tentant de jouer sur la fibre compassionnelle des membres de l’Ordre pour les attirer dans les filets d’une organisation malhonnête… Alors oui, peut-être que la maîtresse d’armes paraissant un peu paranoïaque, cependant, selon elle, quand les enjeux étaient aussi importants, mieux valait trop de prudence plutôt que pas assez.

Pour autant, la trentenaire ne pouvait s’empêcher de trouver les interactions entre les deux jeunes gens rafraîchissantes. D’une certaine façon, ils lui rappelaient l’innoncence de ses vingt ans, quand discuter avec un autre adolescent ou jeune adulte semblait la chose la plus naturelle du monde, et que les préjugés partaient rapidement pour laisser la place à des questions emplies de curiosité ou à une complicité qui transcendait la frontière entre les êtres sensibles à la Force et ceux qui ne l’étaient pas. C’était une période bénie, celle ou tout paraissaient encore possible, ou les illusions demeuraient reines et les amitiés faciles. Puis venaient fatalement les peines, les regrets, les constats amers d’échec et d’impuissance, et la confrontation douloureuse avec un monde qu’ils défendaient et qui pourtant les repoussaient. Bientôt, il n’y aurait plus que méfiance ou relations superficielles, mais cela, la vie, cette maîtresse cruelle, se chargerait de le leur enseigner. Si dans le laps de temps restant, Joclad et Callista pouvait apprécier la compagnie d’un pair malgré le danger et passer quelques minutes dans une conversation agréable… Ce n’était pas elle qui s’y opposerait, qui plus est quand ceci pouvait leur être profitable. Du reste, une petite voix lui soufflait également que le garçon pourrait préférer une compagnie plus proche de celle de son âge que celle que pouvaient lui offrir Lorn et elle. Ce qui, au demeurant, était tout à fait profitable : avec presque quinze ans d’écart, le duo de maîtres n’avait pas forcément beaucoup en commun avec le cadet, et s’ils partageaient des valeurs communes et une mission à accomplir, au-delà même du lien maître et élève ou familial qui existait entre Alyria et son cousin éloigné, il n’en demeurait pas moins que la différence était grande.

Laissant les deux jeunes gens les distancer, elle en profita pour se rapprocher de Lorn et lui souffler discrètement à l’oreille :

« Ils ne te rappellent personne ? »

Cependant, alors que le fameux campement était en vue, la demi-echanie reprit sa place sur le côté de leur petit groupe, dirigeant son regard émeraude sur l’enchevêtrement d’objets épars qui se tenait là. Elle commença à compter les membres du petit commando qu’elle apercevait, les mains nonchalamment posées sur sa taille, en réalité tenant fermement les poignées de ses deux sabres. En cas d’attaques, il ne faudrait pas faire preuve de sensiblerie et surpasser la douleur qu’elle ressentait en utilisant son poignet à vif.

Comme elle s’y était attendue, l’accueil fut d’une froideur glaciale, néanmoins, ce n’était rien à côté de la réplique furieuse qu’adressa à leur interlocuteur mal luné son amant, tout aussi en verve apparemment. Un instant, elle raffermit sa prise sur ses sabres, s’attendant presque à ce qu’une pluie de tirs mette fin immédiatement à ce petit échange tout en brutale franchise. Cela dit, son aplomb devait avoir interrogé le petit groupe barricadé, qui finit par les laisser passer. Bien. Maintenant… A elle de réparer les dégâts faits à l’ego des uns et des autres, n’est-ce pas ? Misère, à force, ce genre de situations lui faisait sérieusement revoir sa vocation de gardienne, parce que là, elle avait plus l’impression de faire office de consulaire un peu trop souvent à son goût. Il était vraiment temps que le Temple apprenne à ses guerriers à faire preuve d’un peu plus de tact, et à ne pas se reposer sur les plus volubiles d’entre eux. Si la méthode brutale avait en effet marché jusqu’à présent, Alyria pressentait qu’elle n’était pas de taille à leur faire obtenir un quelconque crédit auprès de leurs alliés de circonstance. Les secouer dans leurs certitudes en revanche… Ça oui, définitivement.

Tournant la tête vers l’homme qui avait parlé à Callista à leur arrivée, elle lui demanda avec une certaine humilité dans la voix :

« Merci de nous avoir laissés entrer. Serait-il possible de nous entretenir avec votre chef ?

D’abord pour qu’il nous donne l’autorisation officielle de rester parmi vous, et discuter éventuellement d’une… entraide entre nos deux groupes.

Nous ne sommes que trois, mais deux maîtres et un chevalier jedi peuvent être d’un secours précieux face aux créatures qui hantent ces égouts ou pour prendre soin de vos blessés. »


L’homme grommela quelque chose dans sa barbe, qu’Alyria ne parvint pas à saisir, puis lui fit signe de la suivre d’un bref :

« Par ici. »

Sentant des vagues de colère et d’orgueil blessé venir troubler la Force autour de l’individu, la maîtresse d’armes préféra ne pas tenter de lui faire la conversation consciente qu’elle se heurterait à un mur peu aimable. Mieux valait ne pas aggraver la situation et laisser le guérillero digérer l’altercation pour repartir ensuite sur des bases plus saines. Parfois, il fallait savoir laisser la colère s’apaiser naturellement. Les émotions n’étaient qu’une vague éphémère, qui refluait fatalement passé le moment de leur déclenchement. En ce sens, il n’y avait pas d’émotions, seulement la paix… Ou le vide, pour ceux incapables de vivre en harmonie avec eux-mêmes, et qui pensait trouver le salut, la puissance dans le remplissage de la coquille vide qui leur servait d’âme en cherchant sans cesse à ressentir pour échapper au trou noir de leur inexistence propre.

Bientôt elle fut devant un homme d’une cinquantaine d’années, aux favoris grisonnants qui lui rappelèrent un instant l’image de son dévoué ministre de la Défense. Seulement, contrairement à l’Amiral Fenter, toujours rasé impeccablement, l’individu en face semblait porter une barbe plus par manque d’entrain à la tailler convenablement qu’autre chose. Ses cheveux poivre et sel étaient emmêlés, sales, tenus à distance de ses yeux par un bandeau dont l’état permettait difficilement de déterminer la couleur d’origine. Cependant, alors qu’il dirigeait son regard vers les arrivants, Alyria put noter la détermination qui se lisait dans ses yeux gris cerclés de rides et de cernes. Il se dégageait une aura d’autorité naturelle de cet individu aux vêtements rafistolés, qui tenait dans la fermeté de sa pose et l’expérience qui suintait de tous les pores de sa peau. Cet homme savait ce qu’il faisait, et pourquoi il le faisait. Il serait d’une toute autre trempe à convaincre que la jeune Callista.

« Des jedis… Je pensais ne jamais en rencontrer de ma vie, et pour être franc, ça ne m’aurait pas gêné que les choses en restent là.

M’enfin… Vous êtes là, et je ne crache jamais sur des bonnes volontés. Si c’est bien ce que vous êtes. »


Une ombre de fatigue planait sur le visage buriné de l’homme alors qu’il parlait, et Alyria sentait que la situation l’amenait à être plus diplomate que s’ils s’étaient rencontrés dans d’autres circonstances.

« Je crois en effet que nous avons tout intérêt à collaborer. Vous connaissez mieux les égouts que nous, si j’ai bien compris, mais en échange, nous avons plus de chance de mettre en déroute les rackghoules qui traînent dans les parages, servir d’éclaireurs ou de guérisseurs. »

Le grisonnant la fixa de son regard d’acier puis finit par souffler, l’air soudainement méfiant :

« Vous devez bien avoir compris qu’on est pas forcément des amis… Par rapport à la situation en surface.

Oh, ne faites pas les innocents. Je sais bien que des jedis devaient venir pour les négociations autour du bordel avec le traité, l’Empire, et tout le reste. C’était vous non ? »


« Nous faisions partie de la délégation, c’est exact. »

« Bon bah, on va jouer carte sur table direct. Nous, on veut l’indépendance, et on se bat pour ça. »

Et ? Voilà très clairement ce qu’Alyria avait envie de répondre à cet instant précis. Qu’est-ce qu’il s’imaginait ? Que le trio allait soudainement les abandonner à leur sort à cause de ça ? Qu’ils allaient tous les passer au fil du sabre. Ils n’étaient pas des siths.

« J’avais compris. Il n’y avait pas beaucoup d’autres explications à votre présence ici. Les groupes rebelles ont souvent tendance à utiliser des relais de communications en dehors des antennes traditionnelles. Et de mon expérience, les égouts sont souvent une cible clé. »

« Vous vous y connaissez, dis donc. »

Alyria lui adressa un mince sourire un peu mystérieux, avant de dire :

« Les jedis sont souvent confrontés à ce genre de situations. Alors… on finit par connaître quelques trucs. »

Et avoir été la padawan d’une Ombre jedi aidait beaucoup pour être courant de toutes ces petites astuces, évidemment.

« Et vous étiez de quel côté, à chaque fois ? La République, encore et toujours ? »

« Pas nécessairement. Du côté des plus faibles, surtout. Et de la préservation de l’ordre, autant que possible. »

Un silence suivit cette affirmation faite du tac-au-tac, sur un ton tranquille, assuré. Puis, alors qu’elle craignait d’avoir froissé l’homme, ce dernier finit par grommeler :

« Restez si vous voulez. On partira demain matin, pour le moment, ma femme est trop faible pour bouger. »

« Elle est blessée ? »

A sa grande surprise, le combattant ne répondit pas immédiatement, et finit par dire d’une voix nettement moins assurée :

« Elle est enceinte. »

Voilà qui n’était définitivement pas prévu.

« Et vous n’avez pas de médecins ? »

« Non. »

Misère de misère. La Force avait décidément un sacré sens de l’humour, pour vouloir faire naître une vie entourée de créatures se nourrissant de cette dernière.
Invité
Anonymous


« Sans aucun doute, Callista. Et ton bras, ça va mieux ? » fis-je simplement en retour de sa réponse alors que nous distinguions les lumières du campement qui semblait se profiler au bout du tunnel.

Mon regard s’était porté sur l’atèle de fortune que la jeune humaine portait contre son torse, une main venant soutenir le bras meurtri. J’avais la certitude que Maitre Von avait faite de l’excellent travail malgré le manque de temps. La plaie que j’avais remarquée lors de notre rencontre avait disparu, et le bras semblait clairement en meilleur état qu’auparavant. Et si Alyria était parvenu à régénérer le bras de la sorte avec une telle rapidité, je m’en savais incapable. Néanmoins, maintenant que le tout semblait avoir commencé à reprendre sa place, mes compétences étaient suffisantes pour finir de régler le problème.

« C’est douloureux, mais je n’ai plus l’impression qu’on me le brulait à vif. C’est déjà ça. »

Elle m’adressa un très léger sourire, tandis que je venais questionner la Force sur l’état de son bras. Sans contact, c’était une tâche plus difficile et complexe.

« Oui, Maitre Helm a bien œuvré. Je peux regarder ça de plus près ? »

« Là, comme ça, en marchant ? »

« Oui, je vais seulement regarder s’il est possible de guérir un peu mieux ton bras une fois que nous serons arrivé au campement. »

Acquiesçant d’un simple signe de la tête, je la vis tenter de tendre son bras dans ma direction. Je l’arrêtais lorsque je la vis grimacer, il était inutile qu’elle se fasse mal pour une simple observation. Je m’approchais donc un peu plus et venais poser doucement une de mes mains froides sur l’avant –bras meurtri. Aussitôt, le contact de la Force avec la blessure se fit plus simple et je pouvais discerner la mer agitée par la douleur que ressentait Callista et le fait que le corps l’alertait sur le danger auquel il faisait face.

Lorsque le groupe fit halte suite à l’intervention du garde et de Callista, je laissais mon regard se porter sur Maitre Vocklan tandis que mon esprit restait à l’écoute de la Force. Je discernais les muscles déchirés et l’os désolidarisé du coude de l’adolescente. Il y avait du travail, mais rien d’insurmontable. Léonard m’avait déjà montré comment réparer une fracture, et grâce à l’intervention d’Alyria, il ne restait plus grand-chose à faire pour qu’elle puisse à nouveau se servir de son bras. Evidemment, la guérison ne suffirait pas à supplanter la petite rééducation nécessaire pour que son corps comprenne que son bras était de nouveau disponible, mais ce serait déjà un grand pas en avant d’effectué.

Je vis l’adolescente rire en remarquant la réaction du garde désemparé face à l’argumentaire lourde et offensive de l’Epicanthix, et je ne pus m’empêcher de pouffer à mon tour en découvrant la scène. Ce n’est que lorsque nous fûmes autorisés à entrer dans le campement de fortune que je reprenais la parole :

« Je devrais pouvoir finir te guérir ton bras, si tu le veux bien. A moins que vous ayez un médecin ? »

« Nous n’avons pas de médecin. Il a été infecté il y a trois jours lorsque des Rakghoules nous ont attaqués dans un tunnel. On a dû le... le tuer avant qu’il ne s’en prenne à nous.

Et ce serait avec plaisir, Joclad. Je n’aime pas avoir mon bras en compote, surtout que la douleur revient à la charge.»


J’acquiesçais d’un léger signe de tête, mon regard se dirigeant vers Alyria alors qu’elle entrait dans le semblant de baraquement qui servait de repaire pour le chef de ce groupuscule avant de revenir vers l’adolescente de presque mon âge. Je la suivais vers le fond du campement, où elle ne tarda pas à s’asseoir sur une caisse. Je venais la rejoindre, me posant à côté d’elle. De là, je pouvais aisément discerner l’Epicanthix qui montait la garde. Il semblait enfin se relâcher, et ce n’était pas si mal. Nous devions tous profiter de cet instant de répis pour nous ressourcer, et je le faisais depuis le début : j’avais calmé la douleur à ma cheville et les complaintes de mon dos. Mais à présent, c’était du bras de Callista qu’il fallait s’occuper.

J’attendis qu’elle ne me tende à nouveau son bras, que je retournais doucement pour qu’elle puisse le poser à plat sur mes genoux sans qu’elle n’ait à serrer les dents pour contenir la douleur. Entrant en contact avec la Force, devenant le lien qui la connectait à la blessure, je laissais le flot mystique nous entourer et ses répandre dans mes veines pour finalement interagir avec le bras blessé. Je faisais disparaître la douleur restante pour finalement m’attarder sur le plus compliqué : remettre l’os à sa place et réparer les muscles et ligaments endommagés.

« Vous êtes tous capable de faire ça ? »

« Hélas non. C’est quelque chose qui demande beaucoup de patience et d’ouverture d’esprit. La Force est une entité qu’il ne faut pas forcer. Elle est une amie, une alliée sur laquelle on s’appuie. Dans ce cas, pour guérir, nous avons besoin de sa bienveillance pour accélérer la régénération des cellules, souder un os, ce genre de choses. «

« J’comprends… C’est plus une connaissance du corps et de ses constituants qui te permet d’agir de la sorte. »

« Précisément. Mais du coup, si vous n’avez pas de médecin, comment faîtes-vous quand vous avez des blessés ? »

Je souriais, surpris de voir une telle ouverture d’esprit de la part de quelqu’un qui nous avait presque désignés comme des sorciers quelques minutes plus tôt. Callista était la preuve parfaite du problème que rencontrait l’Ordre. Son manque de reconnaissance et le fait que les mondes républicains évitaient de parler de son fonctionnement et de ses coutumes faisait que beaucoup voyaient les Jedi comme des magiciens ou des sorciers kidnappeurs d’enfants.

Tandis que nous parlions, l’adolescente avait regardé avec une certaine stupéfaction la légère bosse de son avant-bras disparaître tandis que je le remettais doucement en place avec l’aide de la Force. Il ne restait désormais plus qu’à reconstituer les ligaments déchirer. Une tâche complexe mais aisée maintenant que l’ensemble avait retrouvé sa place. Délicatement, je retirais donc l’attelle de fortune tout en écoutant sa réponse.

« On faisait sortir les blessés par les sorties du Grand Quartier. Mais c’est désormais inaccessible. Et sans médecin, je ne sais pas ce que nous allons faire si ma mère venait à accoucher et …»

« Ta mère est enceinte ? Ici ? » la coupais-je presque aussitôt, intrigué par la tournure que prenait la situation.

Le regard de Callista vînt alors se porter sur moi, comme pour soutenir mon regard interrogateur. Le sien était quelque peu pétillant, preuve qu’elle s’inquiétait pour sa famille. Pour ma part, je continuais mon office, bien que ce ne fût pas encore terminé.

« Oui. Elle est là-bas. Les contractions se font de plus en plus fréquentes. Je crois que… »

« Allons la voir. Je suis sûr qu’elle sera soulagée de te savoir de retour, non ? »

« Oui, tu as sans doute raison, Joclad. Je peux ? » fit-elle, en soulevant doucement son bras en signe d’interrogation.

J’acquiesçais doucement, alors que je retirais ma main de son avant bras. Je n’avais pas encore terminé, mais il ne restait plus grand-chose à faire. Arrachant un morceau de bure qui pendait de mon avant-bras, je le déchirais avant de venir en faire une écharpe pour le bras de l’adolescente. Elle devait garder son bras dans cette position un temps. Puis je l’aidais à descendre, avant de nous diriger vers l’endroit où était entré Alyria à notre arrivée. Je ne tardais pas à entrer, laissant Callista passer devant et se diriger vers son père avant de s’éclipser derrière une tenture tachée. Pour ma part, je me tournais vers Alyria et l’individu aux traits aguerris, que je saluais respectueusement.

« Callista m’a dit que sa mère n’allait pas tarder à accoucher, Maitre. Du coup, si je peux aider d’une quelconque manière… »

Ce n’était pas la meilleure entrée en matière, mais je laissais volontairement l’interrogation planer pour laisser la Maitre d’Armes ou le père de l’adolescente prendre la parole.


Invité
Anonymous
Alors que la demoiselle à la crinière de feu allait rencontrer le chef de ce petit groupe et que le jeune chevalier allait s’occuper de sa nouvelle camarade rencontrée dans les égouts, le maître d’armes s’était assis sur un bidon et faisait désormais le vide dans sa tête afin de pouvoir en appeler à la Force pour l’aider à soulager sa douloureuse cage thoracique. La tête baissée en direction du sol, les yeux fermés, il sentit quelque chose au fond de sa bouche et lorsqu’il cracha par terre il découvrit une petite tâche d’un liquide carmin qu’il ne connaissait que trop bien. Du sang dans sa bouche ? Il ne se souvenait pourtant pas de s’être mordu la langue ou la joue à un moment ou à un autre durant leur petite escapade, mais alors d’où est-ce que cette blessure pouvait bien venir ? Peut-être était-ce la blessure à la poitrine qui était plus grave et généralisée qu’il le soupçonnait.
Enfin bon, cela importait peu car il n’avait pas le temps de chercher la cause de la présence de ce liquide carmin, il devait se concentrer sur son torse afin de pouvoir retrouver son niveau martial habituel. Comment pouvait-il espérer combattre des hordes de ces immondices s’il peinait à respirer et s’il perdait son souffle à la moindre échauffourée ? Non, il devait vraiment se remettre en forme même si le soin n’était clairement pas son domaine de prédilection.

Posant délicatement sa main gauche sur son torse, il s’ouvrit à la Force et fit appel à cette dernière pour l’aider à réparer ses tissus endommagés, ses os abimés et permettre à la douleur de s’envoler le temps de pouvoir obtenir de véritables soins à proprement parler. En d’autres circonstances il aurait volontiers fait appel à sa camarade à la crinière de feu, étant la meilleure soigneuse des environs, mais sa présence était retenue ailleurs et il fallait donc faire avec les moyens du bord.
Pendant quelques minutes le jeune maître resta donc ainsi prostré, silencieux, tentant toutes les méthodes possibles pour garder sa concentration et ne pas tout relâcher maintenant, mais malheureusement la Force tint à l’avertir qu’il y avait quelque chose en approche qui nécessitait son entière attention. Rouvrant les yeux en pestant contre ce contretemps, le jeune maître ouvrit ses sens à ce que voulait lui montrer la Force et, effectivement, il pouvait sentir plusieurs présences approcher à vitesse raisonnable. Inutile de se demande qui cela pouvait bien être, cela crevait les yeux.

Se redressant et appelant le garde de tout à l’heure d’un simple signe de la main, ce dernier arriva avec un collègue et écouta le maître s’adresser à eux :

« Les bestioles sont de retour. Allez prévenir vos camarades et postez-vous derrière la barricade, prêts à faire feu s’il y en a une qui approche trop. Je tenterai de les contenir autant que possible, mais soyez prêts à faire feu à mon signal. Vous pensez pouvoir faire ça ? »

Les deux hommes se regardèrent avec une lueur de surprise dans un premier temps, ne comprenant pas comment ce colosse pouvait affirmer une telle chose alors que rien ne se profilait encore à l’horizon, mais l’air sérieux qui transparaissait sur son visage acheva de les convaincre qu’il ne plaisantait pas le moins du monde. L’homme prit donc un air grognon face à cette question qui semblait presque insulte à ses oreilles et, dans un élan, cracha :

«Évidemment. Pour qui nous prenez vous, jedi ? »

Préférant se retenir de faire un commentaire désagréable qui n’aiderait en rien la situation, Lorn précisa un dernier détail aux deux gardes

«Dernière chose, si à un moment je vous dis que j’ai été blessé par une de ces bestioles, je vous demanderai de m’abattre sur le champ. »

Le grognon arqua un sourcil en guise d’incompréhension avant de lâcher :

« Hein ? Qu’est-ce que vous racontez, encore ? »

Évidemment une telle demande était inhabituelle venant d’un être doué d’intelligence, la plupart de ces gens préféraient vivre à tout prix et rares étaient ceux qui demandaient à un être extérieur de les tuer, mais le maître d’armes tint à préciser la raison de cette étrange demande :

« Aucun de nous n’a en sa possession un remède pour arrêter la propagation du virus répandu par ces créatures, et la transformation qui en résulte se produit en quelques secondes dans les cas les plus rapides. À partir du moment où j‘aurais été touché, je serais condamné. Donc, si je vous dis que je suis blessé vous m’abattrez sans discuter, c’est clair ? »

Les deux gardes se regardèrent une nouvelle fois et, semblant se résigner, le grognon lâcha finalement un :

« Ça ne me plaît pas, mais puisque vous insistez… »

La Force avertit une nouvelle fois le colosse que les créatures s’approchaient un peu plus, d’autres les suivaient d’assez près et elles seraient bientôt en vue : l’heure n’était donc plus à la parole. Faisant signe aux gardes de s’en aller, le maître jedi leur demanda une dernière chose :

« Elles arrivent. Allez prévenir vos camarades, et que l’un de vous aille avertir votre patron. Dites-lui que la situation est où sous contrôle mais que je préconise un déménagement dans les plus brefs délais. Vous n’êtes plus en sécurité ici, et je gage que la fréquence des attaques ne va pas décroître, au contraire. Allez, maintenant.»

Voyant les deux gardes s’enfoncer à l’intérieure du camp, l’un se dirigeant vers son chef et l’autre allant prévenir ses petits copains, Lorn se redressa enfin et s’écarta de son bidon qui lui servait de siège, avant de puiser dans la Force et de bondir au-dessus de la barricade. C’était la seule entrée qui menait à ce camp, celle-ci était au croisement de deux couloirs ce qui voulait dire que les créatures pourraient venir de deux directions différentes : génial !
S’avançant dans le couloir, regardant à gauche et à droite comme s’il s’attendait à voir le museau d’une de ces choses jaillir des ténèbres, le maître d’armes fut on ne peut mieux servi car c’est de la gauche que vinrent les premières créatures au nombre de cinq. Deux d’entre elles, sans doute plus pressées que leurs camarades, foncèrent en tête de peloton, toutes griffes dehors. Souriant en éclairant enfin ce sombre couloir d’une lueur violacée, Lorn pointa son arme en direction des créatures avant de les appeler d’un :

« Allez mes jolies, venez voir papa. Il est temps que quelqu’un vous donne une correction.»

Campant sur ses positions, laissant les deux premières créatures approcher à pleine vitesse, Lorn trancha la première ‘un coup oblique de la droite vers la gauche avant de faire un pas sur le côté, esquivant la main griffue de cette créature qui manqua de peu d’entailler ses mouvements et peut-être même sa peau, mais cette dernière rendit l’âme d’un coup d’estoc de ce sabre-laser au travers de ce qui lui servait de tête. Repoussant le corps de cette créature, Lorn vit les trois dernières bestioles arriver non sans remarquer que d’autres émergeaient des ténèbres derrière elles : ça n’allait pas être un combat reposant.

Au lieu d’attendre tranquillement, Lorn fit appel à la Force et projeta le cadavre d’une de ces bestioles sur une de ces amies qui fut projetée en arrière, le souffle coupé, ce qui n’arrêta par ses deux amies un seul instant. Usant de nouveau de la Force pour fracasser la seconde créature contre le mûr, assez violemment pour qu’elle ne puisse jamais pu se relever, le maître d’armes accueillit la troisième créature en se baissant pour esquiver ses pattes griffues avant de se relever et de la couper en deux dans le sens de la longueur. Voyant la première créature se relever enfin, bientôt rejoint par quelques-unes de ses petites amies qui mouraient d’envie de faire de Lorn leur prochain repas, le colosse se redressa sans attendre. Il était grand, majestueux et impressionnant par sa posture inflexible face à ces redoutables créatures.
Redressant son sabre dans une posture neutre, la lame dressée parallèlement à son visage, il afficha un petit sourire amusé en s’adressant à la foule :

« Alors quoi ? Vous pensiez être en haut de la chaîne alimentaire ? Navré de vous décevoir, mais il y a quelque chose de fondamentalement différent entre moi et les victimes de votre sauvagerie insatiable.»

Son regard se fit immédiatement plus dur et sec qu’il ne l’avait été jusqu’à maintenant et, se fichant bien de savoir si ces créatures pouvaient le comprendre ou non, c’est avec puissance qu’il mit au défi ces choses de l’approcher et de le blesser, en lâchant un :

« Je n’ai pas peur. »

Invité
Anonymous
En voyant Joclad et sa nouvelle amie arriver, Alyria manqua pousser un soupir de soulagement. Mentalement, elle essayait de se souvenir de l'ensemble de ses cours d'anatomie et d'obstétrique, même si en raison de sa vocation de gardienne, ces derniers s'étaient limités au strict minimum, soit la biologie générale enseignée aux padawans, et quelques bases sur la manière de traiter les douleurs pelviennes, arrêter les menstruations... Bref, de quoi aider une guerrière qui devait constamment être en forme et prête pour le champ de bataille, pas faire l'accoucheuse au milieu des égouts. Enfin, au moins, elle ne serait pas seule dans cette galère, même si elle doutait fortement que le tout jeune chevalier en sache beaucoup sur les mystères de la vie. Au moins, il aurait une expérience de première main.

« En effet Joclad, tu es plus que le bienvenue. Un peu d'aide ne sera pas de trop. »

Se tournant vers le chef des guérilleros, elle inclina légèrement sa tête et déclara d'une voix qu'elle voulait aussi assurée que possible :

« Nous ferons tout pour aider votre femme à mettre cet enfant au monde, ou à apaiser sa douleur s'il n'est pas encore temps. »

Même si apparemment, il était au contraire plus que temps. Se tournant vers les deux jeunes gens, elle leur demanda :

« Bien, je vais avoir besoin de linges propres et d'eau chaude. Débrouillez-vous pour faire un feu, et emmenez-moi le tout. »

Bon jusque là, c'était la base de la base. La suite allait évidemment être beaucoup plus compliqué. Sans un mot, l'homme commença à la guider à travers le camp, jusqu'à un petit coin à l'écart, où une femme allongée sur un brancard de fortune gémissait bruyamment en tenant un ventre très arrondi, signe d'une grossesse avancée. Le mari glissa quelques mots à sa femme, qui tourna ses yeux perlés de larmes vers Alyria, et souffla d'une voix étranglée :

« Vous êtes médecin ? »

« On... va dire ça. En fait, je suis une jedi. »

Évidemment, elle avait connu mieux comme manière de rassurer la malheureuse, mais dans le même temps, la trentenaire se voyait mal lui mentir. Non, elle n'était clairement pas gynécologue, ni chirurgienne, n'avait pas de matériel dernier cri à sa disposition, seulement ses maigres connaissances et la Force. D'aucun aurait dit que cela faisait déjà un solide bagage, tout de même.

S'accroupissant aux pieds de la parturiente, Alyria questionna :

« Vous en êtes à combien de mois ? »

« Huit mois et demi. »

L'air interdite, et légèrement réprobatrice, la demi-echanie ne put s'empêcher de dire :

« Vous étiez dans les égouts en étant enceinte de huit mois et demi ? »

De l'inconscience, voilà ce que c'était. Sentant la réprobation dans sa voix, le chef du groupe la dévisagea durement et siffla :

« Certains n'ont pas la possibilité de rester dans un Temple à l'abri du monde. Et se battent pour leurs convictions, peu importe l'état. »

Tout en examinant le ventre distendu, la maîtresse d'armes répliqua vertement, sentant l'agacement monter en elle :

« Eh bien certains feraient bien de réfléchir aux conséquences de leur engagement la prochaine fois. »

Sa phrase pouvait avoir bien des significations, ce dont elle se rendit compte après coup. Pour autant, elle ne chercha pas à se rattraper, et s'agenouilla face à la pauvre femme qui suait à grosses gouttes, avant de demander :

« Vous vous appelez ? »

« Andra. »

« Bien, je sais que ce n'est pas forcément très... agréable, mais je vais avoir besoin d'examiner plus en détail... »

« Oh... Oui, oui, allez-y. »

Alyria lui offrit un mince sourire d'encouragement, puis posa sa main sur le ventre de la femme et appela la Force à elle, examinant le corps tendu par terre, remontant les organes pour localiser le futur nouveau-né, qui paraissait complètement formé, ce qui était normal, au vu de l'avancée de la grossesse. Cependant, la forme de l'enfant semblait... étrange. Elle devait en avoir le cœur net.

« Ca va peut-être faire un peu mal. »


Comme elle s'y était attendue, le col était déjà dilaté de manière importante, et la tête de l'enfant était visible. Cependant, ce n'était pas tout. Il y avait autre chose, et cela ne l'enchantait pas. Du tout. Passe encore de réaliser un accouchement à l'arrache sans aucune mesure sanitaire, mais si en plus il fallait s’embarrasser de complications.

« Tout va bien ? »

La voix du mari la sortit de ses pensées, comme elle devait avoir l'air inquiète. Ne désirant pas l'affoler, Alyria prit une profonde inspiration et finit par secouer sa tête pour finalement affirmer :

« Oui oui... Je... réfléchis juste. »

L'homme paraissait sceptique, mais il n'eut pas le temps d'en demander beaucoup plus, car un de ses hommes, apparemment hors d'haleine, déboula dans leur champ de vision pour éructer :

« Les rackghoules ! Elles arrivent ! »

« Je... »


Comme déchiré entre ses frères d'armes et sa compagne, le regard du meneur allait de l'un à l'autre, et il paraissait incapable de se décider. Aussi Alyria prit sur elle pour lui dire fermement :

« Allez-y. Vous serez plus utile là-bas. »

Elle ajouta avec insistance :

« Je vais mettre votre enfant au monde avec mon compagnon jedi. Faites-moi confiance. »

Visiblement, c'était beaucoup demander, et en un sens, la gardienne comprenait ses réticences, mais il n'était plus temps de reculer. Parce que quelque part, elle aussi comptait sur ces inconnus pour aider un être qui lui était cher. Elle n'avait pas eu besoin de le demander : Lorn était forcément déjà au cœur de la mêlée, mais pas contre des adversaires normaux, non, contre des bêtes dont la moindre morsure était contagieuse. Il y avait plus rassurant comme perspective, et pourtant, elle devait faire confiance à une poignée de semi-révolutionnaires pour soutenir l'effort de son amant. Mais elle faisait passer son devoir avant tout, même si son cœur lui hurlait de prendre son sabre, de bondir vers celui qui partageait sa vie et d'abandonner là cette femme qui ne lui était rien. Sauf qu'elle était une jedi, et que ses sentiments personnels n'entraient pas en ligne de compte. Jamais. Que d'autres ne l'oublient pas en retour.

« Bien. »

Après un dernier baiser à sa femme, leur hôte sortit un blaster de sa ceinture et tourna les talons vers la barricade, rameutant toute la troupe disponible autour de lui. Poussant un léger soupir, Alyria se tourna vers Callista et lui demanda :

« Tu peux tenir la main de ta mère. Elle va en avoir besoin. »

Sa motivation n'était pas uniquement la sollicitude, pour le coup, autant se l'avouer. En réalité, elle désirait éloigner la jeune fille pour parler seule à seule au jeune Chevalier. Elle attendit que l'adolescente s'asseye en tailleur près de sa mère, tenant fermement sa main dans la sienne et lui parlant de choses et d'autres pour la distraire, avant de fixer Joclad la mine grave, et de lui chuchoter :

« L'épaule de l'enfant est en opposition. En résumé, elle empêche sa tête de passer et fait pression sur l'utérus. Si on tente de mener l'accouchement comme ça, ce dernier va se rompre, et elle va faire une hémorragie que nous n'arriverons pas à arrêter. »

Au loin, elle entendait les cris de rage de ceux qui combattaient leurs assaillants monstrueux. Mais elle et Joclad avaient leur propre combat à mener, tout aussi important. Une nouvelle vie se devait d'apparaître dans cette galaxie et elle viendrait. Les jedis protégeaient la vie, et il n'y avait pas d'acte plus sacré en ce sens que d'aider la Force à envahir un nouvel être, à le guider sur le fil de l'existence. Cependant, le jeune homme devait se demander pourquoi elle lui disait cela. Oh, l'explication allait venir très vite...

« Tu vas introduire ta main, le col est suffisamment dilaté pour ça... Et tu vas appuyer sur l'épaule du bébé jusqu'à la fracturer. Ses os se ressouderont rapidement, et cela permettra de le bouger légèrement pour procéder à l'accouchement. »

Anticipant déjà le concert de protestation, Alyria lui montra ses propres mains :

« L'une de mes mains est en métal. Outre le risque sanitaire pour la mère, je risque de ne pas seulement lui briser l' épaule, mais de le blesser bien plus gravement. Et l'autre... La chair est à vif, parcourue à cet instant d'un bon paquet de bactéries, et je n'ai pas le temps de la désinfecter. Je ne tiens pas à ce que cette femme soit atteinte de septicémie.

Les tiennes en revanche... Sont saines. Il faut juste que tu les laves rapidement. »


Regardant la parturiente, la maîtresse d'armes poussa un nouveau soupir, puis lui dit finalement :

« Je serais là pour t'assister et je contrôlerais la douleur de la mère et son rythme cardiaque pour éviter un arrêt.

Je comprends que … ce ne soit pas franchement le genre de choses qui soit très … hum... disons facile à faire, mais là, il va falloir mettre tes appréhensions de côté et agir en gardant la tête froide, en faisant fi de ta gêne. »


Oh, elle savait que cette dernière serait fatalement là. Vu la situation, et l'âge du concerné, le contraire eut été proprement ahurissant. S'adressant à la pauvre femme en travail, Alyria lui expliqua :

« Mon compagnon va faire sortir le bébé, mais pour ça, nous allons devoir... le bouger. Je serais là pour m'occuper de votre propre santé, d'accord. »

« Je... Oui... »

Un cri de douleur lui échappa, et Alyria sut qu'il était temps. S'immergeant dans la Force, tenant l'autre main de la femme dans la sienne, elle se mit à l'unisson des midi-chloriens les parcourant toutes deux, et envoya le signal en pensée à Joclad :

* Vas-y. *
Invité
Anonymous


Je savais notre situation chaotique et j’avais pensé trouver un peu de calme dans l’enceinte de ce camp de fortune avant de reprendre notre route vers la surface. Hélas, c’était bien dans ce genre de situations incongrues que la Force venait vous pousser dans vos derniers retranchements. Mon corps me lançait toujours les mêmes alertes concernant mon dos ou encore mes chevilles, bien que Maitre Von ait grandement arrangé ces dernières blessures. Je savais parfaitement qu’un effort prononcé ou prolongé suffirait à alimenter de nouveau la douleur et accentuerait mes blessures une fois de plus.

Acquiesçant à la confirmation d’Alyria, mon regard revenait se porter sur Callista, laquelle s’affairait déjà à trouver et récupérer des linges propres. C’est tout naturellement que je vins l’aider, à la fois pour la soulager dans sa tâche mais surtout pour la rassurer et l’apaiser. Je laissais de fait Maitre Von et le parent de l’adolescente partir vers le coin à l’écart où devait sans doute se trouver la mère enceinte.

« Ça va aller ? »

« Je… ne sais pas. Cet endroit, toutes ces choses… j’ai un peu peur… »

«… Maitre Helm sait ce qu’elle fait. Il n’y a pas matière à s’inquiéter. Tout va bien se passer, d’accord ? Ais confiance, Callista. Tout ira bien.»

Mon ton était calme et amical mais empreint d’une détermination certaine. Néanmoins, bien que je paraisse convaincu que Maitre Von devait être compétente sur le sujet, je restais tout de même sceptique. Je n’avais personnellement aucune expérience et j’émettais certaines réserves sur l’expérience de la maitre d’armes. C’est vrai, après tout ce n’était pas là une tâche que l’on demandait naturellement à un Jedi, Gardien de surcroît.

Saisissant un récipient rempli d’eau chaude, j’invitais la jeune femme à passer devant :

« Bien, allons-y. »

Sur ces paroles, nous traversâmes rapidement le campement pour rejoindre ma cousine éloignée sous les regards de certains indépendantistes intrigués. Repoussant la devanture, je me décalais sur la gauche pour observer le ventre rebondit de la procréatrice tout en écoutant l’échange qu’elle avait avec Alyria au sujet de sa santé. Je posais aussitôt le récipient non loin avant de m’approcher pour observer le comportement de Maitre Von. Tel un bon Padawan, je me plaçais dans la situation où tout apprentissage était bon à prendre, et je ne voulais surtout pas manquer celui-ci.
Et visiblement, quelque chose n’allait pas, et il suffisait de lire entre ligne pour comprendre le silence qui avait suivit la première analyse d’Alyria. Attentif à la Force, je m’ouvrais à cette dernière pour tenter de sonder à mon tour, et à distance, l’état de santé de l’enfant. Hélas, mes piètres qualités dans ce domaine faisaient que je ne discernais que peu de détails sur sa situation. Je m’en remettais donc au jugement de la chancelière.

C’est seulement quelques secondes plus tard que je fus mis au courant, tout comme le reste de l’assemblée, de l’attaque imminente de Rackghoules et j’eus envie de sortir de la pièce pour porter assistance aux défenseurs. Je n’eu pas l’occasion de soumettre l’idée qu’Alyria me donna indirectement l’ordre de rester à ses côtés tandis que le père partait rejoindre ses hommes et l’Epicanthix qui servaient de rempart aux monstruosités contagieuses. Pour ma part, j’offrais un sourire confiant à la jeune adolescente pour appuyer les propos de la demie-Echanie avant de m’approcher un peu plus de cette dernière.

Je restais pensif tandis qu’elle m’expliquait la situation et je tentais de m’imaginer la position dans laquelle devait se trouver l’enfant alors que nous discutions de la survie ou non de sa procréatrice. Et je me dois de l’admettre, je ne compris son explication qu’à moitié, le reste restant plus une certaine forme d’imagination tentant de coller à la réalité de la chose.

Au temps dire que la suite ne me plût guère et j’écarquillais les yeux en signe de surprise, mais aussi et surtout de crainte à l’idée de faire une telle chose. Je ne pouvais tout simplement pas faire ça, je n’avais strictement aucune expérience ! Je voulais lui demander qu’elle le fasse elle-même, mais la justification de la maitre d’armes était tout à fait juste. Oh, mes mains n’étaient pas dans un état parfait, mais elles ‘étaient déjà bien plus propres et saines que les siennes.

« Oui mais… » … je n’ai jamais fais ça !

J’eu envie de protester et de faire valoir mes craintes, mais que pouvais-je faire d’autre si ce n’est accepter ? Après tout, qui d’autre pouvait agir de la sorte dans cette pièce à part moi ? Personne, hélas. Reportant mon regard vers Callista puis vers sa mère, je déglutissais longuement tandis que mon air passablement serein et confiant laissait doucement place à l’incertitude et une légère forme d’incompréhension et de crainte face à l’inconnu.

Lentement, je me décalais pour venir me rincer proprement les mains avant de prendre la place d’Alyria, posant mes genoux à terre pour trouver une position stable et adéquate. Ma gêne était immense, et bien que la maitre Jedi m’ait clairement expliqué la marche à suivre, j’en avais d’ors-et-déjà oublié une partie. C’est pourquoi je cherchais à calmer mon agitation et mon mal-être en laissant mon esprit naviguer sur les flots de la Force à la recherche d’une mer plate et calme.

Je soufflais calmement, le regard se portant vers le sol dans l’attente de l’instant fatidique. L’esprit dans un autre monde, je n’entendais plus rien si ce n’est la Force. Et lorsque j’entendis le soubresaut de cette dernière suite à l’impulsion de Maitre Von, j’agissais méthodiquement, sans réellement réfléchir. Je déglutissais péniblement alors que j’introduisais ma main droite à la recherche de l’enfant. Mon regard toujours rivé vers le sol, je n’osais détourner les yeux alors que je sentais mon ventre se nouer et ma poitrine se comprimer. Finalement, je venais sentir le corps faible de l’enfant et je venais faire pression sur ce que j’avais reconnu comme son épaule. Lentement mais surement, j’accentuais cette même pression jusqu’à sentir dans la Force le très léger remous qui accompagnement mon impression lorsque son épaule se brisa avant d’énoncer, tout haut et quelque peu haletant :

« Là, voilà, c’est fait ! »

Je sentais le mouvement de l’enfant, et mes doigts glisser vers sa tête alors qu’il venait de lui-même se placer dans une position bien plus acceptable, ou du moins comme l’avait espéré Maitre Von. Et justement, ma main toujours à l’intérieur du ventre de la procréatrice, je laissais mon regard paniqué vers la Jedi.

« Et… et maintenant je fais quoi ?! »


Invité
Anonymous
Ce serait mentir que de dire que le jeune homme se fichait pas mal de ce que ses petits camarades pouvaient rester faire alors qu’il était évident qu’ils devaient ressentir la présence de ces créatures corruptrices à travers la Force, comme autour de petites billes noires au milieu des ténèbres. Que faisaient-ils ? De quoi pouvaient-ils parler de si important ? Non pas que Lorn n’apprécie pas une occasion de mettre ses capacités martiales à l’épreuve en affrontement des adversaires qui ne suivaient aucune stratégie ni aucun style de combat connu, mais il avait la désagréable impression que les quelques créatures qui se ruaient vers lui n’étaient rien de plus que le sommet de l’iceberg. Avez-vous déjà eu la sensation que, malgré l’obstacle qui vous faisait face, il existait un obstacle encore plus grand et insurmontable derrière ? Voilà exactement l’impression qui enserrait le cœur du jeune maître en ce moment même.

Mais il pouvait affirmer, sans se vanter, qu’il en avait vu d’autres et qui n’en était pas à son coup d’essai en matière de mission périlleuse, la seule différence était que d’habitude il pouvait se permettre de se faire blesser par la créature qui lui faisait face sans que ce soit trop grave. Ici ? La moindre blessure ou la moindre égratignure causeraient la fin de sa carrière et plus simplement sa mort. Par le passé, à l’époque de Revan, les siths présents sur Taris avaient réussi à synthétiser un vaccin contre cette épidémie mais ce vaccin, bien trop rare et difficile à mettre au point, avait probablement pratiquement disparu. Bien sur les jedis auraient pu en demander à en faire fabriquer mais ils n’avaient simplement pas prévu de devoir faire face à une invasion de cette ampleur et n’étaient donc clairement pas prévu. Du coup, interdiction totale de se faire toucher par ces bestioles.

Les gardes derrière, qui observaient la scène depuis derrière la barricade, ne risquaient rien. Pour certains c’était sans doute la première fois qu’ils voyaient un jedi se battre, la première fois qu’ils voyaient un jedi prendre leur défense donc autant dire que cela faisait son petit effet, mais aussi longtemps que le maître d’armes serait devant la barricade alors ils ne risqueraient aucune mauvaise surprise.
Il se dressait là, fièrement droit tel un colosse inébranlable, une lueur de détermination illuminant ses prunelles d’un bleu éclatant, sa lame violacée à la main, faisant face à d’autres créatures s’élançant vers lui sans être ébranlées un seul instant par la mort de leurs camarades, quelques secondes plus tôt. La plupart des êtres doués d’intelligence et d’émotions ressentaient un petit quelque chose en voyant leurs camarades ou congénères être fauchés bien avant leur heure, que ce soit un sentiment de tristesse ou un désir de vengeance, mais ces créatures ne faisaient même pas attention à tout ça et se contentaient d’avancer, tout aveuglées qu’elles étaient par leur appétit insatiable.

Elles ne semblaient pas vouloir entendre raison, elles ne semblaient même pas capable de comprendre ce que Lorn venait de leur dire, mais tout jedi qu’il était-il devait être capable de savoir quand sacrifier une vie pour en sauver beaucoup d’autres et aujourd’hui il avait devoir faucher toutes ces créatures de sa lame irradiante pour sauver ces hommes et ces femmes derrière lui. Fermement campé sur ses positions, telle une falaise faisant face aux vagues qui venaient s’éclater sur elle sans jamais la faire bouger d’un millimètre, le maître d’armes attendit ces choses et les accueillit avec toute la bienveillance dont il disposait à ce moment-là.

Sauvagerie contre discipline, brutalité contre force contrôlée et maîtrisée, instincts animaux contre instincts guerriers éprouvés par des décennies d’entraînement : c’était le choc entre la bête et le guerrier. Les amateurs auraient sans doute hésité sur les chances des deux camps mais les soldats aguerris derrière la barricade savaient qu’un combattant entraîné et discipliné pouvait faire face à n’importe quel genre de bête sauvage, celle-ci ne fit d’ailleurs pas exception à la règle. C’est donc en début une sorte de danse aux mouvements fluides et rythmés par sa respiration saccadée que le jeune colosse esquive, repoussa et faucha chacune de ces créatures sans qu’une seule d’entre elles ne parvienne à faire couler son sang pour, le plus grand soulagement des gardes derrière qui auraient aimé ne pas avoir à exécuter son dernier ordre évoqué quelques instants plus tôt.

Il avait du mal à tenir le rythme, ses bras lui semblaient de plus en plus lourd au fil des secondes et il avait la désagréable impression de sentir ses jambes trembler sous son propre poids, comme si son corps tout entier lui criait d'arrêter ce qu’il était en train de faire. Il savait que c’était une mauvaise idée de combattre dans cet état, il savait que c’était idiot de s’entêter en mettant sa vie en danger car tôt ou tard cette douleur lui ferait perdre sa vigilance et il ferait une erreur qui lui serait fatale, mais il avait donné sa parole qu’il protègerait sa barricade et il n’avait qu’une seule parole.

Aussi respectueux puisse-t-il être envers ceux qui n’avaient pas la chance d’être sensibles à la Force, Lorn doutait que ces hommes soient capables de faire face à ces monstres, il avait même la certitude que la panique se répandrait au sein de leur groupe si l’un d’entre eux venait à être infecté. Et, tel un brasier, la panique et la peur pouvaient difficilement être contenues. Dans ce cas, il valait mieux laisser faire un professionnel qui avait l’habitude de ce genre de situation et sur qui la peur n’avait absolument aucune emprise.

L’affrontement dura encore plusieurs minutes et, au bout d’un moment, dans un mouvement lent et synonyme d’une fatigue profonde, l’épicanthix coup en deux la tête d’une de ces créatures qui vint s’étaler à terre en rejoignant les nombreux corps de ses congénères. Un silence s’installa pendant quelques secondes et, reprenant très difficilement son souffle, Lorn s’autorisa à s’ouvrir à la Force pour ressentir l’arrivée d’un groupe plus massif que le précédent. Quelle était la différence cette fois ? À part cette masse il ne ressentait plus d’autre présence dans les environs, ce qui voulait dire que c’était là le dernier rassemblement de cette infection dans les environs.

Se tournant vers les gardes, voyant que certains d’entre eux saluaient respectueusement le dernier d’entre eux à être arrivé comme si c’était leur patron, Lorn leur lâcha d’un ton calme mais concentré :

« Elles arrivent pour le dernier assaut. Messieurs, à vos blasters ! »

Ce fut sans doute le mot « dernier » qui fit réaliser à tous l’ampleur de la tâche qui les attendait, car généralement le dernier assaut d’une attaque était toujours le plus dangereux d’entre eux. Était-ce le cas ici aussi ? Très certainement. Certains d’entre eux déglutirent bruyamment, d’autres ne pouvaient contrôler le tremblement de leurs mains mais c’est là que leur patron intervint pour leur remonter les bretelles et le moral en quelques mots qui firent mouches. Ils étaient toujours stressés mais au moins ils étaient concentrés, voilà bien tout ce que Lorn voulait.

Hochant la tête en direction du patron pour le remercier de cette intervention, Lorn leva la main gauche en sentant le groupe arriver, en sentant presque le sol trembler sous ses pieds. D’instincts tous comprirent que ce bras levé était le signal et ils brandirent tous leurs pistolets et fusils blasters en direction de l’autre bout du couloir, en direction des ténèbres.
Si les premières créatures de tout à l’heure avaient clairement pris leur temps pour apparaître, c’est une petite marée qui émergea à grande vitesse des ténèbres, comme si plus rien d’autre que leur soif de sang et de cadavres ne les contrôlait. D’ordinaire ces hommes et ces femmes paniqueraient sans doute, mais voir le jedi rester calme et imperturbable leur montra très certainement l’exemple.

La main toujours leva, le jeune homme attendit quelques secondes et, une fois que la première créature eut atteint la moitié du couloir, le jedi bondit en arrière et abaissa sa main gauche en lâchant à haute voix :

« Feu à volonté ! »

En un instant les ténèbres disparurent et furent remplacées par un festival son et lumière, le couloir fut rempli de projectiles lumineux qui fauchèrent les premières rangées de ces créatures, les suivantes piétinèrent les corps encore chauds de leurs congénères et continuèrent d’avancer avant d’être fauchées à leur tour et ainsi de suite. Ce tir de barrage dura facilement plusieurs bonnes minutes, comme si toutes les créatures des égouts s’étaient donné rendez-vous ici, mais par chance aucune ne réussit à passer pour le moment. Pour le moment disais-je car finalement quelques-unes arrivèrent à proximité de la barricade et si la plupart d’entre elles furent fauchées par Lorn comme de bien entendu, d’autres se montrèrent un peu plus entreprenantes.

Lorn commença lui aussi à être débordées et ce fut à ce moment-là que les choses dérapèrent pour lui. Il ne sentit pas arriver deux des dernières rakghoules qui furent fauchées par les tirs de blasters. La première créature tomba sur lui, la tête la première et cogna la tête du jedi avant de plonger celui-ci dans l’inconscience. La seconde créature tomba la tête la première et percuta la cage thoracique du jedi. Vous imaginez la suite ? Dans un mouvement rageur et pris de panique, le jedi usa de la Force et éjecta les corps de ces créatures s’agglutinant sur lui avant de se relever en trombe.
En quelques secondes les dernières créatures furent fauchées et le calme revint, mais pour Lorn les choses n’étaient pas aussi simples. Le dernier choc contre sa cage thoracique provocation chez lui une lente suffocation et ainsi il se sentit mourir à petit feu. Autant dire que sa détresse était clairement perceptible à travers la Force.
Titubant, essayant de prendre appui sur le mur pour se relever, le jeune homme aurait voulu s’arracher la cage thoracique pour pouvoir respirer de nouveau mais il n’en fit rien, il n’arrivait tout simplement plus à respirer ses mains se refermèrent sur les prises qu’il avait sur le mur jusqu’à presque l’en faire saigner. Combien de temps tiendrait-il comme ça ? Aucune idée.

Il aurait voulu hurler pour extérioriser sa douleur mais il se contenta de serrer les dents, les yeux presque exorbités par la douleur, mais aucun son ne sortit de sa bouche. Pourquoi ? Parce que hurler serait prendre le risque d’attirer d’autres créatures et ce n’était clairement pas le moment.

Lentement, lentement mais sûrement il était en train de mourir.

Invité
Anonymous
« Maintenant ? Tu enlèves ta main et laisse la nature faire son œuvre. »

Alyria n’avait pu retenir un sourire légèrement amusé de se former sur ses lèvres en voyant l’air paniqué du jeune Chevalier, qu’elle réprima cependant bien vite, afin d’afficher une mine plus sérieuse. Elle devait reconnaître qu’à son âge, elle n’aurait pas aimé être à la place du jeune homme. Enfin, il était temps d’arrêter de jouer les pudibonds, et ce serait une bonne expérience pour le jedi. Parfois, il était nécessaire de mettre les mains dans le cambouis… Au sens littéral du terme.

La respiration de la mère, bien que saccadée en raison de la douleur ressentie, était cependant relativement normale et elle ne sentait pas de dommages internes. Se tournant vers la parturiente à terre, elle lui souffla doucement, une lueur de compassion dans le regard :

« Allez-y Andra. La suite ne dépend que de vous. »

A cet instant, la maîtresse d’armes offrait sans doute son visage le plus humain, bien éloigné de la Chancelière à la volonté régalienne ou de la jedi en apparence si froide. Contrairement à ce que certains pensaient, les jedis n’étaient pas des robots sans âme, ils savaient seulement se détacher mieux que les autres de leurs sentiments, mais n’avaient pas de honte à laisser parfois ressortir leurs qualités les plus altruistes. Elle se doutait que la malheureuse souffrait le martyre, et aurait préféré donner naissance à son enfant à autre endroit, avec son mari à ses côtés et non une inconnue dont elle ne savait rien, même pas le vrai nom de famille. Pourtant, c’était bien ce qui allait se passer, et quelque part, la trentenaire avait conscience que cet événement resterait dans sa mémoire comme l’un des rares de son existence où elle avait tenté d’apporter un peu de lumière autrement que par les armes. Tel était le fardeau des gardiens, et la beauté de ce geste, malgré les circonstances et les difficultés imprévues.

Prenant de l’eau, elle en versa rapidement sur sa main droite, grimaçant face à la brûlure que provoqua le contact, avant de prendre la place de Joclad après lui avoir posé ses doigts métalliques sur l’épaule, lui signifiant ainsi qu’il pouvait se reculer, qu’elle prenait le relais. L’épaule ne faisant plus obstruction, la tête de l’enfant pointait déjà à l’air libre, et elle murmura vers le jeune homme rapidement :

« Va surveiller la mère. »

Les minutes suivantes furent ponctuées uniquement par les cris déchirants de l’accouchée qui n’arrivait même plus à prononcer le moindre son articulé. Seuls des grognements s’échappaient de sa gorge, et son visage tordu par la douleur et couvert de sueur était un indicateur de l’enfer traversé. En réponse, Alyria percevait les chuchotements d’encouragements de Callista, tandis qu’au loin, les brefs rayons de lumière mauve et les éclairs verts rappelaient que d’autres menaient leur propre combat, pour s’assurer que cette nouvelle vie s’épanouisse pleinement.

Finalement, la délivrance vint, et une demi-echanie inhabituellement émue récupéra dans ses bras une petite créature gluante et rougeaude, qui se mit à vider l’air contenu dans ses jeunes poumons pour exprimer sa venue au monde. La jedi entreprit d’envelopper le nouveau-né dans un des linges qu’elle avait demandés, puis s’approcha avec son précieux paquet de la mère épuisée, et cala l’enfant dans ses bras, avec une douceur presque déplacée de la part de cette femme au visage ravagé par la guerre.

« Vous avez un fils en bonne santé. Félicitations Andra. »

Techniquement, elle devait encore s’assurer que l’enfant ne souffrirait pas de complications en raison de sa naissance légèrement prématurée, donner les consignes sanitaires élémentaires à suivre malgré les conditions précaires dans lesquelles ils se trouvaient… Mais pour le moment, elle s’accordait un instant de repos. Qui n’allait pas durer. Comme une métaphore de son existence, la paix ne serait hélas qu’éphémère.

Les voies de la Force étaient inexplicables. Pour autant, certains phénomènes, bien qu’imprévisibles dans leur formation, avaient longuement été étudiés, disséqués par les sages jedis de tout temps. Parmi les manifestations de sa volonté les plus fascinantes se trouvait la formation de lien entre individus, si puissants que leurs destins, leurs existences paraissaient liées. Généralement, c’était ce lien qui permettait à un maître de savoir où se trouvait son padawan, même si le duo était séparé par des centaines de kilomètres. Mais ce n’était pas le seul type de relation pouvant être à l’origine d’une telle attache. On comptait aussi les liens du sang… Et aussi ceux choisis librement par les individus, comme les relations d’amitié.

Malgré l’inviolabilité de son esprit, elle avait toujours deviné à travers la Force ce que Lorn ressentait, et ce depuis leur plus jeune âge. Après plus d’un quart de siècle à se côtoyer, elle était capable de repérer son aura instinctivement, de capter les variations de la Force autour de lui. Du reste, depuis leur première nuit ensemble, leur connexion s’était encore affinée, tous deux partageant une intimité de corps et d’esprits à présent complète. Alors, quand le colosse s’effondra devant la barricade, l’onde de choc qui se propagea vers Alyria fut semblable à celle qu’elle aurait senti face à un tremblement de terre, la forçant à fermer les yeux un bref instant. Avait-il inconsciemment cherché sa présence dans la Force ? Etait-ce le résultat de leur lien ? Impossible de le savoir.

Cependant, à cet instant précis, cela n’avait aucune importance. Déchirée par une douleur qui n’était pas la sienne, la trentenaire eut la vision précise de son amant en train de s’effondrer au sol, et quand elle rouvrit les yeux, il n’y brillait plus cette lueur joyeuse des secondes précédentes, seulement le feu sombre de l’inquiétude.

Tournant les talons, elle déglutit, puis laissa échapper la vérité, essentiellement pour Joclad :

« Lorn est tombé. J’y vais. »

L’enfant et la mère allait bien. Son parent était auprès d’eux. Il n’y avait pas de séquelles visibles, et un rapide examen dans la Force ne lui révélait aucune lésion importante. Elle avait fait son devoir de jedi. Elle était restée. Mais un pair avait besoin de son aide, et elle était la plus expérimentée en traumatologie de l’ensemble des personnes présentes. Quand bien même ce n’eut pas été son partenaire au sol, le résultat n’aurait pas été différent : elle aurait pris la même décision. Sauf que c’était bien son amant qui était en danger, et ce simple facteur la poussait à accélérer sa foulée plus que nécessaire.

Rapidement, elle rejoignit la barricade. Sans dire un mot, elle fendit le petit groupe de défenseurs qui restaient là, silencieux, à contempler leur défenseur se tordre au sol de douleur et s’agenouilla auprès de l’épicanthix suffoquant, murmurant pour que seul lui l’entende :

« Je suis là, Lorn, c’est moi, s’il te plaît reste avec moi. »

Il fallait lui parler, éviter qu’il ne perde conscience maintenant. Pour autant, ces mots, elle les pensait réellement. Ils n’étaient que pour lui, que pour eux. Se tournant vers les défenseurs, elle leur fit d’un ton sec, qui ne soufflait aucune réplique :

« Qu’attendez-vous ? Aidez-moi à le transporter à l’abri. »

Quelques hommes et femmes se détachèrent alors et lentement, ils parvinrent à soulever le colosse. Ce n’était définitivement pas la meilleure chose à faire, mais elle ne pouvait le laisser à l’extérieur. Il avait besoin de soins, et il était hors de question de se mettre à la merci d’une autre attaque de rackghoules. Ils le déposèrent sur un tas de sac de couchage récupéré elle ne savait trop où, mais peu importait.

La respiration de Lorn était inquiétante, aussi elle passa rapidement sa main sur son torse, puis constatant que ce n’était pas suffisant, finit par employer les grands moyens et déchira le haut de sa bure pour avoir un accès plus direct. Mettant sa main droite sur son thorax tout en s’immergeant dans la Force, Alyria commença à noter les signes cliniques, murmurant pour elle-même :

« Immobilité du côté droit… bruit creux au moment de la percussion… transit de la Force saccadé… »

Frénétiquement, elle essayait de se souvenir de ses lectures en traumatologie et cardio-thoracique, et tous regardaient avec inquiétude la jedi murmurant des paroles sans queue ni tête et agitant ses mains comme une possédée. Soudain, l’illumination vint, et elle s’exclama avec fracas :

« Pneumothorax ! »

La maîtresse d’armes avait trouvé. Evidemment, au vu de la couleur violacée qui se formait sur le côté de son amant, il avait dû recevoir un choc qui avait achevé le travail commencé lors de leur chute et endommagé une côte, ce qui avait dû se répercuter sur l’appareil respiratoire et créer un choc interne ayant entraîné des lésions, remplissant la cage thoracique d’air et provoquant les douleurs présentes. Un rapide coup d’œil à l’état de Lorn lui fit comprendre qu’elle avait intérêt à agir très vite, si elle ne voulait que pas que le gardien ne meurt par suffocation.

« Il me faudrait un objet perçant. Une aiguille… Quelque chose comme ça. Vite ! »

Son ton impérieux fit comprendre à tous ceux autour d’elle qu’il n’était pas question de l’interroger sur ce qu’elle comptait en faire, et qu’elle ne plaisantait absolument pas en disant qu’il le lui fallait de toute urgence.

« Une… barrette à cheveux, ça vous irait ? »

Une femme un peu plus jeune qu’elle, les cheveux tenus en arrière par un chignon grossier et un blaster en main, venait de parler. Pour toute réponse, Alyria lui tendit sa main gauche, et son interlocutrice déposa l’objet au creux de la prothèse. En fait de barrette, l’objet ressemblait plus à un pic, caractéristique des objets féminins d’ornementations de certaines coiffures, notamment en ce qui concernait les chignons précisément, certaines passant ce type de décorations à l’intérieur.

« C’est parfait. »

Fermant les yeux, la trentenaire se concentra, tentant de visualiser la page précise parlant du traitement en urgence de ce type de complications :

« Deuxième intercostale… »

Se penchant d’un air désolée vers son patient, elle lui murmura :

« Ça va faire mal. Je ne peux pas faire autrement. »

Enroulant sa main métallique autour de celles de l’épicanthix, elle les serra brièvement… Puis enfonça l’aiguille d’un coup sec à l’endroit indiqué, entre les côtes de son amant, produisant un son étrange, comme un léger chuintement, tandis que l’air s’échappait par la fente ouverte. Immédiatement, elle appela la Force à elle et entreprit de s’engouffrer dans la brèche, remontant le cours de l’air pour trouver la source du mal, et quand enfin son esprit localisa la lésion, elle commença son travail de reconstruction, parant au plus pressé en poussant son propre corps aux limites de son endurance, déjà bien entamée par son usage intensif de la Force depuis leur arrivée dans l’égout.

Epuisée, Alyria prit néanmoins encore le temps de ressouder au moins partiellement la côte endommagée, puis ouvrit les yeux et croassa, tant sa gorge était sèche :

« C’est… bon. »

Incapable de se relever, elle s’assit à côté de son amant, et finit par dire au chef du camp, qui n’avait pas bougé lui non plus :

« Votre femme a accouché. Et je crois qu’il va falloir attendre demain matin pour bouger. Elle n’est pas en état…

Et mon camarade non plus. »


A vrai dire, elle-même était au bord de la rupture, et son corps fatigué lui rappelait dangereusement qu’elle devait impérativement se reposer. A sa grande surprise, néanmoins, l’homme se contenta d’acquiescer, et de dire avec une note presque amicale dans la voix :

« Bien sûr. Et… merci. »

Alyria lui adressa un sourire las, avant de reporter son attention sur Lorn, leurs mains toujours entrelacées lui arrachant cependant un minuscule sourire. Il ne restait plus qu’à attendre, là encore que la nature, et la Force, fassent leur œuvre. A la fin, malgré tous leurs efforts, elles étaient les seules juges à même de décider qui devait vivre… ou mourir. Elle espérait simplement que le verdict serait clément.

Il le fallait.
Invité
Anonymous


A peine la réponse d’Alyria eut-elle sifflée à mon oreille que je retirais ma main, mon regard osant pour la première fois se porter vers l’endroit où se passait l’action. Je déglutissais, alors que je sentais le liquide qui courait le long de ma main et de mon poignet. Je pouvais aisément discerner la tête de l’enfant qui tentait de s’extirper du ventre de sa mère, mais je n’osais pas agir par crainte de commettre une erreur irréversible. Interdit, je contemplais la scène d’un air particulièrement absent, et ce n’est que lorsque je sentis les doigts métalliques de ma cousine éloignée que je revenais à la réalité. Tournant la tête dans sa direction, le regard remontant vers les hauteurs, j’acquiesçais doucement avant de me relever pour céder ma place avec un plaisir non feint.

Je ne pouvais cacher mon soulagement à l’idée qu’Alyria vienne prendre le relais, et je fonçais directement me laver les mains comme si je cherchais à me débarrasser d’un corps étranger. Je n’offrais sans doute pas la meilleure vision de ma personne, mais il s’agissait là du genre de situations qui me faisait perdre tout mes moyens ou presque. Il n’y avait rien de pire pour moi que de ne pas savoir quoi faire pour participer aux événements de la meilleure façon possible et de devoir attendre les instructions d’une tierce personne. De toute manière, que pouvais-je faire d’autre si ce n’est rester dans l’attentisme le temps que la façon d’agir me soit dictée par la maitre d’armes ?

Et dire que pendant ce temps, des gens se battaient corps et âmes là dehors pour assurer notre survie et celle de cet enfant mis au monde. Je restais là sans savoir quoi faire, perdu au milieu d’une situation totalement inconnue alors qu’il me suffisait de dégainer mon sabre pour faire une des choses que je faisais le mieux : combattre au sabre mes adversaires et préserver la vie des innocents. Maitre Vocklan devait d’ailleurs se demander ce qui pouvait bien nous retenir alors qu’il affrontait sans aucun doute une horde de créatures en furie ne rêvant que de ne nous dévorer pour agrandir leur collège de monstruosité.

Sondant l’état de la mère dans la Force, je ne pouvais que constater la stabilité de sa santé alors que je venais apaiser au mieux sa douleur en posant une main délicate et chaleureuse sur le sommet de son ventre. Mon regard, lui, restait rivé sur elle et sur sa fille, un sourire timide aux lèvres pour seul réconfort. Oui, tout se passait bien et finirait de la meilleure façon qui soit. Maitre Von allait terminé l’accouchement et s’assurer que l’enfant allait bien tandis que Maitre Vocklan allait faire qu’une bouchée de nos assaillants mortifères.

Finalement, Maitre Von parvînt à saisir l’enfant et les cris de la mère s’atténuèrent dans un soulagement rauque. Un sourire plus large s’étira sur mes lèvres alors que je découvrais le nouveau né que j’avais aidé à mettre au monde. Soufflant de soulagement, je m’écartais quelque peu, portant ma tête entre mes mains alors que je prenais le temps de souffler. Voilà une situation qui se débloquait, et il n’en restait plus qu’une à régler : les Rackghoules. Du moins, ce fut le cas que quelques instants, car les coups de feu cessèrent rapidement et je ne ressentais plus de réel danger dans la Force. Maitre Vocklan devait avoir réussi, c’était la seule explication plausible.

Pourtant, le soulagement ne fut que de courte durée, car je sentis bien vite le malaise de Maitre Von. Mon regard se porta aussitôt sur elle et je plissais des yeux alors que je cherchais dans la Force l’origine de ce ressenti soudain. Je n’eux malheureusement pas à chercher bien loin, et les propos de la demie-Echanie suffirent à confirmer ma crainte. Portant mon regard vers l’extérieur, je ne distinguais que la devanture qui nous masquait du reste du campement, pour finalement répondre à Alyria :

« Je vais rester avec eux pour m’assurer que tout va bien. »

La regardant filer à toute vitesse, je me redressais à nouveau pour finalement faire le tour de la pièce et me porter aux côtés de la mère et de son enfant. Cette dernière le portait sur elle, une de ses maisn venant caresser sa peau quelque peu rougeaude tandis que sa fille les bordaient tout les deux. Il s’agissait sans doute de la plus belle scène que j’eu pu voir de cette maudite journée, et je restais là quelques instants à contempler la scène avant de remarquer le cordon toujours présent et qui maintenait les deux êtres liés malgré les apparences, et d’un léger geste de la main vers le dit cordon, je venais exposer mes pensées avec une légère hésitation :

« Ahem.. de tête, il ne faudrait pas le couper, normalement ? »

Presque aussitôt, le regard de la mère quitta son enfant pour se porter vers la direction que je pointais, puis vers moi. Je fixais son regard fatigué alors qu’elle venait confirmer mes pensées :

« Si… il le faut. A ce niveau… Vous voulez bien.. le faire ?»

« Je… d’accord mais… avec quoi ? Vous avez une paire de ciseaux, ou quelque chose de similaire ? »

Un simple hochement négatif de la tête suffit à me faire comprendre que ce n’était pas le cas. Evidemment. Nous n’étions pas une clinique mais bien au fin fond de ces maudits égouts infestés de créatures infectieuses. Et c’était dans ce lieu immonde qu’avait dû naître cette merveilleuse chose ! Bon, tant pis, il ne restait plus qu’une solution. Sondant le dit cordon avec la Force, je ne ressentais aucun nerf, aucun danger à agir de la sorte. Prenant mon sabre laser en main, je vis immédiatement Callista réagir :

« Heu… tu vas vraiment… ? »

« Ne t’en fais pas Callista, je sais ce que je fais.

Enfin, je crois. En fait, je n’en suis pas sûr de tout et il fut facile pour elle de le remarquer sur mon visage alors que j’activais mon arme juste en dessous du dit cordon, que je tenais de mon autre main.

« Surtout ne bougez plus, madame. »

En effet, un seul faux mouvement et ma simple action pourrait se transformer en drame. La lame d’un sabre laser pourrait aisément transpercer sa peau ou celle de l’enfant si elle venait à bouger alors que j’agissais. Soufflant doucement, je faisais une nouvelle fois appel à la Force pour me guider dans mon mouvement. En un rien de temps et d’un mouvement très léger du poignet, je finissais mon office et libérais l’enfant du corps de sa mère. Je me reculais ensuite, venant ranger mon arme à ma cuisse gauche comme si elle ne l’avait jamais quitté avant de fermer les yeux.

Je soufflais lentement alors que j’essayais d’évacuer la fatigue accumulée après tant d’efforts. J’étais éreinté et mon corps me le faisait facilement savoir. Sans hésiter, je venais me poser sur le rebord d’une caisse toute proche pour regarder une fois de plus la mère et son enfant.

« Callista, vas chercher ton père, veux-tu ? Et vas… vas trouver un endroit où ce jeune homme puisse se reposer… Il est éreinté, ça se voit… »

A peine assis, et déjà debout ! Callista n’avait pas tardé à faire le tour de sa mère pour venir me rejoindre et me tirer au dehors. Une traversée et nous échouâmes bien vite devant le père et chef du mouvement séparatiste des superbes égouts de « Myrth City ». La jeune femme ne tarda pas à lui expliquer la situation, mais alors qu’il s’apprêtait à partir, je venais le retenir d’une simple question :

« Est-ce que Maitre Vocklan va bien ? Vous savez, l’Epicanthix… »

« Bien je ne sais pas. Mieux, sans aucuns doutes. Il est avec votre comparse, là-bas. Ils se reposent. Ah et… merci encore, pour tout. »

« Ce n’est rien, j’ai fais ce qui étais à faire, simplement… »

Cela dit, il disparût aussitôt vers l’autre extrémité du campement, alors que nous reprenions notre route vers l’endroit qu’il nous avait indiqué. Après quelques foulées, nous ne tardâmes pas à arriver et je poussais lentement la toile avant de pivoter vers l’adolescente.

« Il doit y avoir de la place pour te reposer toi aussi, Joclad. Encore merci pour ce que tu as fais pour ma mère.. »

« J’ai fais ce que j’ai pu.. Sans Maitre Helm, je n’aurais pas pu faire grand-chose… Tu ferais mieux d’aller les retrouver, pour profiter du moment. Ce n’est pas le lieu de vie approprié pour un bébé. Ni pour toi, d’ailleurs. Vous devriez partir avec nous, tous autant que vous êtes… »

« Je sais… Mais c’est mon père qu’il faut convaincre, pas moi. Reposes-toi bien, Joclad. »

Oui, c’est ça. Reposons nous bien, car si cette journée avait été laborieuse, celle de demain risquait d’être pire encore. Saluant une dernière fois Callista, je la regardais s’éloigner et se retourner, avant que je disparaisse moi-même derrière la toile pour venir récupérer un peu et finir de soigner ces blessures qui venaient toujours hurler leurs douleurs à mon esprit.

Un léger coup d’œil vers les deux maitre d’armes, la Force ne me signalant rien de grave au sujet de l’Epicanthix, je n’aurais pas de problème à trouver le sommeil.


Invité
Anonymous
Le jeune maître s’était toujours efforcé de repousser ses limites de son corps toujours plus loin afin d’être capable de se battre plus intensément et plus longtemps que tous ses pairs, afin que le bouclier de l’ordre jedi soit toujours debout quand tous les autres seraient écroulés de fatigue car tel était son rôle, mais ces entraînements réguliers lui permirent aussi de connaître mieux que quiconque le point jusqu’au-quel il pouvait pousser son corps. Certes la détermination pouvait permettre à un individu de faire fi de la douleur pendant un temps, cela lui permettait de se battre un peu plus longtemps, mais au final chaque corps avait au point au-delà duquel il ne pouvait plus se battre et celui du maître d’armes ne faisait nullement exception à la règle.
Alors oui il était entraîné et sur le plan technique il ne craignait personne mais malheureusement tout l’entraînement du monde ne pouvait surmonter la douleur d’une blessure et la diminution des réflexes qui s’en suivait, ainsi avait-il commencé à sentir son corps s’engourdir petit à petit depuis son entrée dans les égouts sans le dire à personne. Une erreur ? Non, des gens comptaient sur lui et il devait donc continuer à serrer les dents et avancer.

Mais malheureusement les choses ne firent qu’empirer et ce fut au cours du dernier assaut qu’il sentit sa poitrine s’affaissait en lui et l’empêcher de respirer. Problématique, non ? Parce que sans air il allait mourir dans les minutes qui suivraient. Il était là, prostré face au mûr à supplier quelqu’un de le délivrer de cette douleur et ce fut sa camarade de toujours qui vint à sa rescousse. Avec un ton presque suppliant elle demanda à Lorn de rester avec elle, ce dernier aurait bien voulu répondre qu’il ne pouvait et voulait aller nulle part mais il ne pouvait pas gâcher le peu d’oxygène encore dans ses poumons. Il lui dirait tout ça plus tard.

Se laissant transporter jusqu’à des matelas étalés à la va-vite pour lui permettre de l’accueillir confortablement, le jeune maître entendait tout ce qui se disait autour de lui sans pouvoir rien dire. Serrant les mains jusqu’à ce que ses jointures ne blanchissent, le colosse entendit sa camarade le prévenir que ça allait faire mal et, l’instinct d’après, il senti cette barrette lui percer le flanc sauvagement.
Aussi libérateur que puisse être ce mouvement, la douleur fut telle que le colosse se redressa sans crier gare, les yeux presque exorbités et les poings toujours serrés. Oui il sentait l’air quitter son corps, oui il sentait ses os se reformer et se ressouder mais devinez quoi ? Ça faisait un mal de chien ! Oh oui il en avait connu des blessures durant sa carrière mais celle-ci était particulièrement vive et horriblement douloureuse.

Les individus présents tout autour de la scène commencèrent à paniquer en voyant certains objets bouger de leur plein gré ou être éjectés à l’autre bout de la pièce comme si quelqu’un en colère venait de les lancer, mais non, ce n’était rien de tout ça, c’était juste la Force qui passait à travers le corps de douleur et libérait sa douleur du mieux qu’elle le pouvait. Cela ne dura que quelques secondes, certes, mais cet évènement fut assez intense pour épuiser qui s’écroula aussitôt sur le matelas.

Lentement mais sûrement tous finirent par s’écarter lorsqu’ils surent Lorn hors de danger et ce dernier, encore un peu groggy, sentit la présence de sa camarade à ses côtés. Se tournant lentement vers elle, il usa de sa première véritable respiration pour lui souffler sur un ton assez faible :

« Moi qui croyais...que…c’était à moi de veiller sur toi. »

Il aurait voulu rire de cette situation mais il était tout simplement trop faible pour en avoir la force, il se contenta d’essayer de se redresser en lâchant un

« Il faut que je retourne…à la barricade. »

Quoi ? Vous ne saviez pas qu’il était têtu, peut-être ? Si d’habitude son entêtement remportait toujours la partie, aujourd’hui son corps était le vainqueur et le pic de douleur qu’il ressentit en tentant de se redresser lui arracha un râle de douleur. Se rallongeant aussitôt, il avoua finalement que :

« En fait non, mauvaise idée. Je vais attendre un peu. »

Petit à petit, à mesure que les minutes défilaient et que les souvenirs de cette bataille repassaient dans sa tête, Lorn se repassa plusieurs fois le moment de sa chute et il serra les dents sous le coup de la frustration. À quoi bon tous ces entraînements s’il tombait face à de vulgaires bêtes décérébrées ? Il était la honte de l’ordre et l’avoua clairement.

« J’aurais merdé jusqu’au bout. Fait chier. »

Ne manquant pas de remercier sa camarade pour lui avoir clairement sauvé la vie, il fallait bien l’avouer, le blessé invita la demoiselle à s’allonger à ses côtés afin de prendre un repos bien mérité. Oh oui elle était inquiète pour lui mais il ne fallait pas que cette inquiétude prenne le pas sur sa santé, sinon le duo rentrerait à coup sûr dans un cercle sans fin. C’est donc fatigué et épuisé que Lorn finit par s’endormir quelques minutes plus tard pour ne se réveiller qu’au matin.
Il était habitué à se réveiller dans ses quartiers mais l’horrible odeur qui monta à ses narines lui rappela bien vite où il se trouvait. À ses côtés se trouvait sa camarade endormie dont le magnifique et paisible visage lui décrocha un sourire soulagé et amoureux. Non, ce n’était pas le moment ou l’endroit pour se permettre ce genre de familiarité, mais il était heureux de la voir se reposer. C’est donc le plus silencieusement du monde qu’il se leva de ce lit improvisé, torse nu comme la veille, avant de se diriger vers les quelques gardes qu’il reconnut aisément. À l’inverse de la veille, ces hommes l’accueillirent avec un sourire soulagé, preuve que les épreuves renforçaient les hommes même quand ils étaient séparés par les idéaux.

« Bonjour messieurs et merci d’avoir veillé sur la barricade en mon absence. Il y a eu du grabuge, cette nuit ? »

Les quelques hommes se rapprochèrent tous de lui et ce fut le ronchon d’hier qui, aujourd’hui beaucoup plus souriant et ouvert, répondit :

« Rien de grave, quelques créatures isolées ont été abattues par les gardes. Mais à part ça rien à signaler. Vous ne réveillez pas votre camarade ? »

Au moins c’était un soulagement de voir que Lorn pouvait compter sur ces hommes même sans être derrière eux pour les coacher, leur patron avait très certainement dû reprendre les commandes et l’avait fait avec brio, de toute évidence. Se tournant vers la demoiselle pour la voir toujours endormie, à quelques mètres de là, il répondit :

« Non, les évènements d’hier l’ont épuisée. Elle a bien mérité de pouvoir se reposer encore un peu, j’irais la réveiller tout à l’heure. »

Le garde acquiesça d’un discret hochement de tête avant de demander :

« Je comprends. Et vous, comment allez-vous depuis hier ? »

Lorn passa rapidement sa main vers l’endroit où la barrette avait percé le trou libérateur mais la douleur n’était quasiment plus perceptible, il avait récupéré sa capacité à respirer proprement et se sentait plus libre. Plus libre, certes, mais pas totalement car il lui faudrait encore un peu de repos pour être pleinement remis sur pied.

« Bien mieux. Je me sens encore un peu engourdi mais tout finira par revenir à la normale. Une fois que mes camarades seront réveillés il faudra que nous discutions avec votre patron, après hier vous devez sans doute avoir compris que vous ne pouvez plus rester ici. Encore moins avec un enfant en bas-âge. En tout cas je voulais vous remercier pour hier, vous avez fait du bon boulot, sans vous je ne serais certainement plus de ce monde. Merci.»

Le petit groupe resta discuter encore pendant quelques minutes, échangeant pour la plupart quelques informations sans intérêt mais qui leur faisait oublier la tâche qui les attendait. Ce n’était peut-être pas plus mal ainsi mais au bout de quelques temps Lorn prit congé du groupe et retourna s’assoir sur le matelas sur lequel il avait passé la nuit. Prenant soin de regarder si personne ne l’épiait, juste pour être sûr, il s’approcha de la demoiselle et lui caressa doucement la joue de sa main droite avant de la réveiller tout doucement. Eh bien quoi ? Il savait être doux quand il voulait, et puis il n’allait pas la réveiller en lui gueulant dessus.
Un gentil réveil de temps en temps ça pouvait faire du bien !
Invité
Anonymous
Ce fut le contact de la main de Lorn sur sa joue qui fit sortir Alyria des brumes du sommeil dans lesquelles elle était plongée. La veille, elle avait tenu à veiller l’épicanthix le temps qu’il s’endorme, avant de consentir à son tour seulement à fermer les yeux, la fatigue venant finalement réclamer son dû à son corps fatigué par l’usage continu de la Force. Si la ressource était virtuellement illimité, puiser en elle aussi longuement et avec une telle précision avait toujours un coût qu’il fallait payer tôt ou tard.

Emergeant de ses rêves de plomb, tant elle avait reposé du sommeil du juste, la maîtresse d’armes mit quelques instants avant de se souvenir où elle était, et de réaliser ce qui se passait. Presque instinctivement, ses doigts vinrent se porter à son visage pour entourer ceux de Lorn en une étreinte agréable et légère. Cependant, la jedi reprit bien vite ses esprits et se releva alors de sa couche, lâchant la main de son amant pour passer la sienne sur sa face, étouffant tant bien que mal un bâillement malvenu.

Histoire de se remettre les idées en place, elle commença machinalement quelques étirements, l’effort physique ayant toujours eu un effet bénéfique sur son esprit, comme s’il l’aidait à s’éclaircir, et elle en aurait besoin. Cet échauffement rapide fait, la demi-echanie se sentit enfin prête à affronter sa journée, qui commençait par vérifier que ses patients étaient en bon état. Se tournant vers Lorn, elle lui dit doucement :

« Il faut que je vérifie ta blessure. »

Appuyant sa main contre le flanc blessé avec moult précautions, elle sonda la Force et constata avec satisfaction que le pneumothorax s’était résorbé sans mal, même si les côtes du colosse allaient mettre plus de temps à se ressouder complètement. Elle était allée au maximum de ses capacités de guérison auparavant, et continua pendant quelques minutes son coup de pouce à la régénération naturelle du trentenaire, mais il y avait tout de même des limites à ce qu’il était humainement possible de faire.

« Je vais voir pour appliquer un bandage serré sur ton flanc… Même si la marche risque de ne pas être très agréable. »

Elle préférait le prévenir, même si elle savait parfaitement que son partenaire endurerait la souffrance que leur fuite ne manquerait pas de provoquer. Avisant une femme qui passait, elle lui demanda où se trouvait les réserves de leur médecin, et piocha dans le maigre kit de secours conservé précieusement de quoi bander correctement Lorn. Une fois cette tache faite, elle se leva pour lui annoncer :

« Je vais aller voir comment va notre accouchée et son bébé. Tu peux réveiller Joclad s’il dort encore ? »

Quittant à nouveau son comparse, Alyria parcourut sans mal le petit campement en quelques grandes enjambées, remarquant non sans plaisir que les membres de la petite bande la saluait sans hostilité, parfois même avec le sourire. Sans doute que leurs démonstrations d’aide avaient fait leur œuvre et diminué la méfiance que ces gens arboraient à l’égard de leur Ordre. Au moins pourraient-ils collaborer efficacement pour se sortir de ce pétrin dans lequel ils étaient fourrés.

La mère et l’enfant se portaient bien, à son grand soulagement, même si la trentenaire continuait de craindre des risques de septicémie pour la mère ou d’infections pour l’enfant. Dans un environnement aussi vicié, les bactéries proliféraient, et constituaient une menace sérieuse pour la vie d’un nouveau-né. Après un check-up complet, elle fut cependant un peu rassurée, et elle salua donc Andra qui allaitait paisiblement, pour se retrouver nez-à-nez avec son mari. Ce dernier la regarda un instant puis soupira :

« Vous devriez changer vos vêtements. On en a quelques-uns… Pas en très bon état, mais ce sera toujours mieux que… ça. »

En effet, avec tous ces événements, la jedi n’avait pas véritablement pensé au fait qu’elle portait encore ces loques déchirées et rapiécées par la chute et les bandages de fortune. Quant à Lorn, il était dans un état pire encore, comme elle avait dû réduire en lambeau son haut pour accéder à sa blessure. Se rendant à l’évidence, elle acquiesça :

« Ce serait pour le mieux, oui. »

Il lui indiqua l’endroit où ils avaient entreposé les affaires personnelles des victimes, et même si Alyria se sentait assez gênée de prendre ainsi les vêtements des morts, elle décida de faire fi de ce sentiment désagréable pour se concentrer sur la nécessité induite par la situation : il n’était pas temps de faire la fine bouche. Elle trouva une chemise large à peu près à sa taille ainsi qu’un pantalon brun assez large, qu’elle enfila dans le coin des femmes bâti à la hâte, histoire d’offrir un peu d’intimité à celles désireuses de se changer ou de faire un brin de toilettes. Sans un mot, elle se glissa dans un coin et entreprit de revêtir ses nouveaux habits, sous l’œil curieux des personnes présentes.

Aucune n’avait jamais vu une jedi d’aussi près et elle sentait bien que toutes ces femmes cherchaient à s’assurer qu’elle était bien leur semblable. Pour autant, force était de constater que son corps tout en muscles et strié de multiples cicatrices n’avait pas grand-chose à voir avec celui de ses consœurs. C’était un corps de guerrière qui portait les marques d’une vie de combats et de sacrifices, qui était le reflet d’une existence dévouée à la sauvegarde d’autrui, sur lequel était imprimé profondément les preuves des batailles menées en ce sens.

« Votre main… Vous euh… Désolée, mais je me demandais… »

Une femme un peu plus jeune qu’elle venait de poser cette question, qui sortit Alyria de ses pensées. Un instant, elle regarda son membre métallique, puis finit par dire doucement :

« Je l’ai perdu contre un sith. »

« Oh… C’est vrai que vous ne les aimez pas, vous les jedis. »

Agacée, Alyria acheva de passer sa chemise propre, puis répliqua, un peu plus brutalement qu’elle ne l’aurait voulu :

« C’était un esclavagiste ayant une tendance sadique à faire des expériences sur les personnes qu’il achetait.

Donc non, je n’ai pas eu une grande affection pour lui en trouvant les cadavres dans son vaisseau. Navrée. »


Un profond silence s’abattit sur le petit groupe, et, consciente qu’elle était sans doute allée un peu trop loin, Alyria finit par soupirer avant de s’excuser :

« Je n’aurais pas dû dire ça. Désolée. »

« Non, non… Je… C’est vrai ce que vous venez de dire ? »

« Vous pensez que je mentirais sur ce genre de choses ? »

« Je… Non, évidemment. C’est moi qui suis désolée. C’est qu’on entend toutes sortes de choses sur les jedis, et… »

« Vous nous voyez en ce moment même non ? C’est sans doute mieux que ces bruits qui sortent dont ne sais où, vous ne croyez pas ? »

Les lèvres de la fille s’étirèrent en un mince sourire, même si Alyria sentait qu’elle était encore un peu choquée par la froide honnêteté dont elle venait de faire preuve.

« Oui. Vous avez raison. »

Peu à peu, toutes se replongèrent dans leur discussion, et la maîtresse d’armes prit congé. Elle récupéra au passage quelques vêtements pour ces deux acolytes, essayant de trouver les plus amples possibles pour Lorn, avant de revenir vers eux, et de leur souffler :

« Tenez, ce sera sans doute mieux que de rester dans nos vieux habits déchirés de partout.»

Elle s’éloigna pour les laisser s’habiller, et en profita pour demander au chef du campement s’il pouvait réunir ses lieutenants histoire de discuter de la marche à suivre pour la suite, ce dernier acceptant. Ceci fait, la sang-mêlée revint vers ses camarades et leur expliqua qu’une réunion allait se tenir d’ici peu pour décider de ce qu’il convenait de faire. Bientôt les trois jedis se retrouvèrent au centre du campement, avec le chef et celui qui les avait accueillis au départ, ainsi que Callista, qui n’avait sans doute pas voulu quitter son père.

« Vous avez de quoi transporter vos blessés ? »

« Oui, nous avons fait un brancard de fortune pour ma femme et le bébé, les autres iront à pied. »

« On se relayera pour porter Andra, tu peux compter sur nous, Jorg. »

Alyria en profita pour enregistrer le nom de l’homme, qu’elle n’avait pas demandé auparavant, avant d’enchaîner :

« Vous avez l’habitude d’opérer dans les égouts, d’après ce que j’ai compris. Vous avez une idée de comment procéder ? »

Jorg grogna puis sortit de sa veste militaire couverte de saleté une sorte de carte en papier, une véritable antiquité à l’heure des datapad. Il s’agenouilla et la déplia par terre, avant de commencer à dire :

« Au nord, c’est bloqué par l’éboulement, on vient de là. Comme au sud. A l’ouest, d’où vous venez, il y a l’air d’avoir un paquet de bestioles… Callista était chargée de vérifier si la voie était dégagée par là… Et apparemment, ce n’est pas franchement envisageable. Donc il ne reste qu’une solution… »

L’homme désigna en grimaçant la quatrième extrémité de sa carte avant de dire :

« On n’a pas beaucoup d’informations sur cette partie des égouts, mon père n’a travaillé à la réfection de la partie ouest de la ville… »

« Votre père ? »

« Il était ingénieur. Il y a cinquante ans, ils ont voulu refaire les canalisations, et avec son équipe, il a cartographié cet endroit. »

« Il n’y avait pas der rackghoules à l’époque ? »

« Non. Enfin, il n’en a jamais rencontré. »

Enregistrant les informations données, Alyria hocha la tête avant de questionner :

« Et vous avez une idée de ce qu’il y a à l’est d’ici ? »

« Pas vraiment. Enfin, au niveau des bâtiments au-dessus de nous, je crois qu’il y a une vieille usine, mais elle a fermé il y a des années, et le gouvernement n’a jamais trouvé de repreneur. Il y a peut-être un accès au niveau des égouts, pour balancer les déchets à l’époque… »

C’était maigre comme informations, mais ils n’avaient de toute façon pas le choix.

« Très bien, allons-y alors. »

Et au bout d’une petite heure à tout empaqueter, leur petite colonne se mit en marche, progressant dans la pénombre des égouts afin de s’éloigner des cadavres de rackghoules laissés à pourrir derrière eux. Il fallait s’éloigner, sous peine de rejoindre ces prédateurs dans la tombe.
Invité
Anonymous


Dire que j’avais passé une bonne nuit serait un poil exagéré. Mon corps n’avait pas tardé à me relancer sur le fait que je ne lui avais pas porté d’attention depuis trop longtemps et que je ne l’avais pas managé depuis notre arrivée sur Sy Myrth. Il ne me fallut que peu de temps pour calmer les quelques douleurs encore présentes avant de me laisser dériver vers un sommeil que j’aurais souhaité sans rêve. Hélas, les premières heures se révélèrent guère bienfaitrices et je dû batailler avec mon propres esprit pour dissiper les lésions presque invisibles de mon crâne causées par notre chute qui nous avait fait nous échouer dans les souterrains de la capitale planétaire. Ensuite, ce fut au tour de mon appréhension de venir s’immiscer dans mon esprit par l’intermédiaire de mes rêves pour me rappeler que j’osais me reposer au fin fond d’un souterrain dont la seule issue était gardée par une possible armée de rackgoules dont la seule volonté était de me contaminer pour me transformer à mon tour en une de ces monstruosités. Fort heureusement j’avais finis au bout de quelques heures par trouver un sommeil paisible et bienfaiteur qui fut hélas bien trop court pour permettre à mon corps de récupérer pleinement, et ce malgré la présence associée de la Force.

Émerger de ce sommeil finalement sans rêve fut difficile et il me fallut plusieurs minutes pour reprendre pleinement conscience de la situation à l’aide d’une méditation courte et légère que je voulais apaisante et rassurante. J’avais finis par me redresser pour constater que j’étais le premier debout. Les deux Maitres dormaient encore, c’est pourquoi j’avais préféré effectuer mes étirements dehors, constatant au passage que l’état de ma cheville s’était nettement amélioré.

Je n’avais évidemment pas rechigné à saluer les quelques individus déjà –ou encore debout et qui semblaient désormais nous considérer comme des personnes plus ou moins fiables suite aux péripéties de la veille. Comme quoi tout le monde n’était pas aveugle, comme certains le laissaient penser croire et j’espérais qu’après ces événements, nos « hôtes » accepteraient de quitter cet endroit. Je ne pouvais réellement espérer un changement d’opinions de la part de certains d’entre eux quand à la position de leur monde dans le grand échiquier galactique car ce genre de choses venaient avec le temps or, en ces lieux, encore fallait-il ne pas en perdre le fil.

Je fus sortis de mes exercices matinaux par l’apparition de Callista qui, je l’avais vu, avait quelque peu hésité avant de se diriger vers ma personne avec un léger sourire amical que j’avais déjà remarqué la veille. Pour ma part, je m’étais contenté de me redresser pour l’accueillir mais ce fut elle qui prit la parole :

« Bonjour Joclad. Tu as pu te reposer, j’espère ? »

« Callista. » répondis-je à sa salutation, « J’ai pu me reposer, oui. Ça m’a fait un bien fou. Et toi, ton bras ? »

La jeune adulte sourit plus largement et souleva le dit bras dans son écharpe, avant de le déplier lentement jusqu’à presque former un angle plat avant de le replier, et cela plusieurs fois. C’était bon signe, mais cela indiquait aussi qu’il restait un peu de travail à effectuer pour que le bras retrouve sa totale mobilité sans forcer et surtout sans douleur. Elle déclara :

« Il va mieux, comme tu le voir. Il me faudra encore un peu de temps mais c’est en bonne voie de guérison, grâce à toi Joclad. Et à Maitre… Helm, c’est ça ? »

Je souriais à mon tour, acceptant les remerciements bien que mon action fut naturelle et désintéressée. J’acquiesçais à l’énonciation du nom d’emprunt de Maitre Von –bien que j’ignorais en réalité qu’il s’agissait du sien, véritable.

« Tu n’as pas besoin de me remercier, tu sais. En plus, je n’ai visiblement pas terminé. Trouvons une caisse ou une chaise, je vais t’arranger ça. » fis-je remarquer alors que j’examinais avec douceur et délicatesse son bras surement encore endolori pour l’examiner à l’aide de la Force.

Il n’y avait plus grand-chose à faire, si ce n’était d'apaiser la maigre douleur et débloquer une articulation meurtri qui refusait de réagir correctement. Le temps aurait régler ce problème, mais je pouvais faire de même avec la Force. C’est pourquoi je la laissais nous éloigner du centre du campement qui commençait à pleinement s’éveiller pour venir se porter dans un coin plus calme où je pourrais agir paisiblement tout en restant visible et disponible pour quiconque d’autre aurait besoin d’une aide de ma part. Je la laissais s’installer sur une caisse avant de prendre place sur sa gauche, réitérant ainsi la même scène que la veille lorsque la mère de Callista n’allait pas tarder à accoucher.

Je ne tardais pas à lui retirer l’écharpe de fortune pour venir prendre délicatement son bras et ainsi le poser à plat sur mes deux jambes. Je ne tardais pas à venir suspendre ma main au dessus de l’articulation du coude qui avait elle aussi souffert et je laissais la Force me transcender. Je laissais la chaleur apaisante de la Force nous entourer et suivre ma force vitale pour se canaliser dans la paume de ma main et finalement agir sur le bras de Callista. Littéralement concentré sur ma tache, je ne sentis pas de suite l’autre main de la jeune adulte glisser sur ma cuisse pour venir entrelacer ses doigts fins avec ceux de main libre qui reposait sur mes genoux. Ce fut un léger soubresaut de mon ressenti empathique qui me fit revenir à la réalité et mon regard ne tarda pas à glisser vers nos deux mains enlacées avec un air intrigué pour finalement se reporter vers le visage de la jeune femme, qui ne tarda pas à virer au pourpre, lorsque celle-ci remarqua l’air interrogateur et absent qui lui faisait face.

« Ahem... désolée… » commença-t-elle, le teint de ses joues rougissant plus encore pour exprimer sa gêne.

Étonnamment, mon air intrigué laissa alors place à de la compréhension et j’esquissais un sourire amical et sincère alors que je laissais en suspens toute mon opération de guérison pour m’interroger sur le ressenti étrange de réconfort qui venait m’assaillir.

« Non… Laisse. »

J’arrivais généralement à mettre un mot sur la situation mais je m’en trouvais incapable en cet instant. Je ne comprenais pas vraiment ce qu’il se passait, ou plus exactement, je me refusais inconsciemment à l’admettre. Je n’étais pas idiot pour autant, mais je cherchais encore à analyser le ressenti que j’avais et qu’elle exprimait en cet instant, et notamment une certaine sincérité. Ne serait-ce pas tout simplement une recherche du réconfort de sa part après avoir passé tant de temps dans des souterrains obscurs sans avoir pu revenir à une certaine forme de civilisation ? Et de mon côté, une volonté inconsciente de vouloir l’aider, la soulager ? Après tout, j’aurais sans doute remarqué bien plus tôt qu’il y ait pu avoir de son côté plus qu’une simple amitié toute nouvelle, vous ne croyez pas ? Et pourtant, tout cela semblait être bien sincère et l’idée même ne m’avait pas effleuré un seul instant. Je n’avais pas connu pareille situation depuis bien des années, et encore, il ne s’agissait là que d’un malaise léger et passager.

Je restais presque inerte, serrant tout doucement sa main dans la mienne avant de détourner mon regard. Je ne savais pas quoi rajouter de plus. La situation, elle, m’échappait et me dépassait totalement. Qui plus est, dire que Callista n’était pas attirante n’aurait été que pur mensonge. Les traits fins et gracieux de son visage de mariaient à merveille avec ses joues rondes et ses yeux aux tendances noisette venait fasciner quiconque croisait son regard. Pourtant, mon ressenti semblait aller au-delà des considérations physiques. Callista était une personne aimable et agréable, et son franc-parler avait immédiatement attiré mon attention. Pourtant, je connaissais les risques qui se cachaient derrière ces choses. Je me demandais si j’avais réellement opté pour la meilleure solution en acceptant ce rapprochement, surtout avec la proximité de Maitre Von et de Maitre Vocklan. Qu’allaient-ils dirent s’ils nous voyaient ? Je ne pouvais cependant repenser à ma mère et le fait qu’elle n’avait pas caché sa liaison avec mon père. Mais il s’agissait désormais d’une relation éprouvée.

« Callista… Je… »

Je cherchais mes mots, et lorsque je pensais les avoir enfin trouvé, j’ouvrais la bouche pour la refermer aussitôt. Tout se chamboulait dans mon esprit, et j’étais persuadé que ces mots là n’étaient pas les bons. Tout comme les précédents, ou les suivants. Pourtant, il me fallait rétorquer, et la seule phrase qui s’échappa de mes lèvres se révéla confuse et désordonnée.

« Désolé, c’est que… Je ne sais pas vraiment quoi dire, Callista. Comment se fait-il que… »

Je me sentais quelque peu oppressé par tant de bouleversement, mais l’intervention de la jeune femme eut la bienveillance de me redonner contenance car elle venait mettre un terme à cette situation pesante et oppressante :

« Est-ce vraiment important ? Tu sais… j’ai plusieurs fois demandé à ce que l’on quitte cet endroit mais Père a toujours refuser. Mais maintenant que vous êtes là…» Je la vis relever le regard pour observer le centre du campement où Maitre Vocklan venait d’apparaître, avant qu’elle ne reporte son regard sur ma personne. « … J’espère enfin pouvoir reprendre une vie normale. »

Je souriais à nouveau, exprimant ainsi ma compréhension et je venais à mon tour porter mon regard sur Lorn alors que ce dernier devait désormais nous avoir remarqué, ne serait-ce que par ma présence dans la Force. Il me cherchait, et il était donc temps d’aller le retrouver. Je me redressais donc, passant mon bras dans le dos de Callista, au niveau de ses reins avant de venir doucement délier nos mains :

« Nous allons tous quitter ces tunnels, Callista. J’en ai la conviction. D’accord ? »

Sans plus attendre, je me laissais glisser de concert avec la jeune femme pour retomber sur nos pieds et je l’entrainais sur quelques mètres en direction de Maitre Vocklan et du reste du campement avant de laisser retomber mon bras pour adopter une marche plus singulière. Ce fut en arrivant à sa hauteur que je vis Maitre Von se diriger vers notre petit rassemblement. Callista ? elle, préféra s’éloigner et mon regard ne la quitta pas jusqu’à ce qu’elle disparaisse, ou plus exactement lorsqu’Alyria me tendit des effets nettement plus décent. Je les pris sans rechigner ni même me poser la question de leur origine.

Remerciant Maitre Von, je suivis Maitre Vocklan jusque dans ce qui était devenu notre logement temporaire. Là, je pris le temps d’enfiler ce qui n’était autre qu’un pantalon et une tunique un poil trop grande. Je ne récupérais que ma ceinture à laquelle pendait toujours mon sabre-laser ainsi que ce qu’il restait de mon datapad. Ce dernier n’était peut-être plus utilisable, mais sa mémoire devait avoir survécu à la chute.

Je ne tardais pas à venir retrouver mes deux confrères Jedi pour ce qui ressemblait beaucoup à un briefing. Mon regard s’était porté vers Callista, lui offrant un sourire apaisant avant de me concentrer sur les indications données par son père. La situation, en soi, était plutôt sommaire. Nous avions des blessés, ce qui allait nous ralentir. A cela venait s’ajouter l’impossibilité d’emprunter un chemin bis si nous rencontrions un problème pendant notre longue marche vers la sortie. Sortie dont les autochtones ignoraient visiblement la localisation et ce ne fut qu’avec des suppositions qu’il nous fallut empaqueter les affaires indispensables avant de nous mettre en route vers notre destination méconnue.

« Ok, passez devant. Il faut absolument garder le brancard au centre. Surveillez les embranchements. Maitres, je vais rester quelque peu en arrière pour m’assurer que nous ne perdions personne en route. »

C’était ainsi que je me retrouvais vers le centre de notre colonne dont la marche était fermé par quelques individus armés. De cette manière, je pouvais aisément me porter à leur aide si jamais elle était requise tout en restant assez proche d’Alyria et Lorn. Tandis que nous marchions, je pouvais aisément ressentir la tension qui régnait dans l’esprit de certains et le soulagement qui rayonnait des autres. Mais c’était bien aux côtés de Callista que je me tenais, entretenant la conversation tout en étant attentif à l’état de son bras qui semblait désormais totalement guéri.

« … Et que faisais-tu avant de te retrouver ici ?

« Avant que tout ne dérape ? J’étudiais. J’étais sur le point d’obtenir une place à l’Université d’Alderaan. Mais les circonstances ont fait que j’ai dû suivre mon père… »

« Aldéraan, vraiment ? Mais… qu’étudiais-tu avant de te… »

Je me stoppais net alors que nous passions un croisement, Callista suivant mon mouvement, avant de porter mon regard vers le fond d’un des couloirs qui venaient rejoindre le nôtre. Rapidement, je plissais des yeux avant d’interpeller l’ensemble de la cohorte en interpellant Alyria et Lorn :

« Attendez, Maitres ! Il y a de la lumière vive qui s’échappe du fond de ce couloir. Là-bas. »

D’un geste de la main, je désignais le fond du dit couloir alors que je m’ouvrais à la Force pour en sonder l’extrémité. C’était la première fois que l’on rencontrait cela dans les souterrains et il s’agissait peut-être d’une sortie. Ou de tout autre chose.

Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by