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Si la plupart des gens bien éduqués et élevés dans un minimum de luxe auraient eu de grandes difficultés à dormir dans un endroit aussi insalubre et mal famé que ce camp perdu au milieu des égouts, craignant de se faire attaquer à tout instant ou craignant d’attraper la mort s’ils en venaient à toucher quelque chose qu’ils ne devraient pas, mais les individus ici présents avaient réussi à s’endormir sans trop de soucis. L’habitude de l’inconfort ? Pour certains d’entre eux, très certainement, mais la raison de cette aisance était surtout liée à la fatigue qui s’était emparée de tout ce petit groupe. Si vivre sous terre avait de quoi en stresser plus d’un, la dernière et violente attaque de ces immondes créatures avait mis à mal même les plus téméraires d’entre eux, à commencer par le jedi qui s’était porté volontaire pour être le premier rempart face à ces monstres.
Alors vous vous doutez bien qu’après une journée aussi riche en émotions que celle-ci, le sommeil ne se fit pas prier pour pointer le bout de son nez et arracher le colosse à l’inconfort et la douleur qui s’étaient emparés de lui. Oh oui il lui était arrivé de dormir dans des endroits tout aussi spartiates que celui-ci, mais tout fatigué qu’il était, il n’allait pas faire son difficile et s’endormit donc bien rapidement.

Comme toutes les nuits son sommeil fut agité par des visions du passés, les visions d’actes dont il n’était pas très fier et qui l’extirpèrent de son sommeil quelques heures plus tard, sans qu’il n’ait vraiment vu le temps passer. Pendant un court instant son esprit fut tellement embrumé qu’il en oublia l’endroit dans lequel il avait passé la nuit, mais l’odeur fort désagréable qui régnait dans les égouts lui rafraichit bien vite la mémoire. Une fois levé et après quelques étirements histoire de vérifier son état physique général, le jeune homme se rapprocha de sa camarade de toujours et la réveilla le plus doucement possible, la caressant doucement du bout des doigts jusqu’à ce que la belle au bois dormant se réveille et attrape doucement la main qui l’avait réveillée.
Piégés dans les égouts, entourés par des créatures mortelles et avec une planète en proie au chaos au-dessus de leurs têtes, les deux individus parvenaient tout de même à faire abstraction de tout ça pour passer un court moment intime et agréable. Après tout ils restaient des êtres humains et prenaient le bonheur partout où ils le pouvaient, dans chaque petit moment de la vie de tous les jours, mêmes dans les improbables et inhospitaliers des endroits. Ce petit moment de douceur ne dura qu’un court instant, puisque le devoir les appelait, mais ce court moment réchauffa le cœur du colosse qui s’en retrouva plus revigoré que jamais.

Laissant à sa déesse à la crinière de feu le temps d’émerger et de se lever, le colosse resta de marbre quand la demoiselle vint à s’appliquer à lui poser un bandage afin que tout reste suffisamment en place pour ne pas rouvrir ses blessures qui n’étaient pas encore complètement guéries. Il aurait aimé lui dire que le pire était passé et qu’un bandage un peu serré ne lui faisait pas plus peur que ça, mais il n’avait pas besoin de le dire parce que sa camarade le savait déjà, elle connaissait la capacité que le colosse avait à serrer les dents pour faire fi de la douleur, il n’y avait personne dans ce monde qui le connaissait mieux qu’elle hormis son propre maître. Alors oui, les mots étaient inutiles ici, elle savait qu’il tiendrait bon jusqu’à la fin de cette mission et bien plus encore.

Laissant sa camarade vaquer à ses occupations, le jeune homme resta un instant les yeux fermés à faire le vide dans sa tête en prévision de la petite ballade à laquelle il allait participer sous peu, préférant se mettre dans de bonnes conditions plutôt que d’y aller en touriste, les mains dans les poches. Enfilant ensuite un pantalon et une veste au ton sombre qui lui allaient comme un gant, le colosse arqua un sourcil de surprise en voyant trois de ses nouveaux camarades arriver. Ce fut le grognon qui prit la parole et, lui tendant un pistolet blaster, lui lança :

« Tenez. Ce n’est pas grand-chose mais puisque vous avez été blessé vous pourriez avoir besoin de prendre un peu de distance. »

Quelques heures plus tôt cet homme ne pouvait pas voir le jedi en peinture et maintenant il lui faisait cadeau d’une arme, autant dire que le colosse était touché de cette intention et du fait que ces hommes s’inquiétaient de le voir prendre des risques aussi inconsidérés qu’hier. Décrochant un sourire, le jedi accrocha le blaster – livré avec son petit holster – au flanc droit de sa ceinture avant de répondre :

« Merci pour le cadeau, je tâcherai d’en faire bon usage. »

Quelques dizaines de minutes plus tard la cohorte put enfin se mettre en marche et le jeune chevalier annonça aux deux maîtres qu’il resterait au plus près de la cohorte pour la protéger, il resterait également tout proche de la nouvelle amie qu’il s’était fait mais au moins il ne serait pas tenté d’abandonner le petit groupe. Les deux maîtres partirent donc en tête du groupe, explorant les sombres et humides couloirs qui ne semblaient les mener nulle part pour le moment. Le sabre laser désactivé logé dans sa main droite, le jeune maître continuait donc sa petite progression à travers les ténèbres et, histoire de briser ce silence pesant, s’adressa à sa camarade de toujours en lâchant :

« C’est dans ces moment-là que je souhaiterai, au moins une fois, participer à une mission où tout se passerait bien. Sans imprévu, sans catastrophe. Ce serait chiant mais au moins ce serait reposant. Pas toi ? »

Bien sûr qu’il ne pensait pas vraiment ce qu’il disait car il était un homme d’action qui ne se sentait jamais aussi vivant que quand tout dérapait et qu’il était obligé de donner le meilleur de lui-même, mais c’était dans les moments de douleur et de fatigue qu’il en venait à envier les enseignants de l’Ordre jedi qui ne faisaient que rarement face à des imprévus. Ils vivaient une existence plutôt tranquille et beaucoup d’hommes de terrain voudraient pouvoir avoir la même vie.
Arrivé à un croisement, le jeune maître s’immobilisa en entendant le chevalier l’avertir qu’il venait de repérer une lumière au fond de l’autre couloir. Curieux, le jeune maître revint en arrière et s’engouffra dans l’autre embranchement en direction de la source de lumière qu’il reconnut comme étant une forme holographique au teint bleuté. De loin il était difficile d’entendre ce que cet hologramme disait mais Lorn s’approcha et ramassa le petit appareil rond qui émettait cette forme bleutée. Là se tenait la forme d’un humain d’environ une soixantaine d’année et vêtu de ce qui semblait être une blouse blanche…difficile d’être certain de la couleur mais c’était ce que Lorn supposait.

« Journal du docteur Koris Zind, xénobiologiste exerçant sur la planète Sy Myrth. Puisque je ne peux laisser aucune trace écrite de mes travaux, ce journal de bord sera le seul enregistrement du suivi de mon travail. À terme je le transmettrai à mes confrères pour qu’ils puissent continuer mon œuvre. »

Regardant avec intérêt cette forme qui apparaissait désormais dans le creux de sa main, le jeune maître se tourna vers sa camarade de toujours pour l’inviter à contempler cette transmission avec lui, deux paires d’yeux étaient toujours plus utiles qu’une seule. Appuyant sur un bouton pour passer à l’entrée suivante du journal, le maître écouta le docteur déblatérer de nouveau :

« ...repéré par les autorités qui ne comprennent pas l’importance de mes travaux, j’ai donc été forcé de déplacer mon laboratoire dans ce trou à rat. Comment ai-je pu tomber si bas ? Major de ma promotion, pionnier de la xenobiologie, obligé de me terrer dans les égouts comme un vulgaire rat. Quelle déchéance ! »

Ce qui intrigua le jeune maître ne fut pas que le docteur avait bougé ses installations mais plutôt la raison qui l’avait poussé à agir ainsi : quelle pouvait être la nature de travaux tels qu’ils poussaient les autorités à rechercher celui qui les conduisait ? Voilà ce qui inquiétait le jeune maître mais, si ces enregistrements représentaient bien un journal de bord, il ne tarderait pas à avoir sa réponse.

« …sais pas qui tombera sur ce journal de bord mais, je vous en conjure, ne laissez pas ces travaux tomber dans l’oubli. J’ai caché mon laboratoire aux yeux du monde entier mais je ne peux concevoir qu’il puisse être perdu si je venais à disparaître. Aussi, si vous partagez la même soif de connaissances que moi, suivez ce journal, j’y ai laissé mes instructions pour retrouver mon labo si je venais à être dans l’incapacité de vous y mener moi-même. »

Faisant fi de ce que pouvait bien penser ou espérer ce scientifique en enregistrant ses pensées les plus profondes dans ce journal, la main agrippant fermement l’appareil, le jeune maître se tourna vers sa camarade et lui lâcha :

« Bon, y’a plus qu’à le suivre. Ces gens seront toujours plus en sécurité à l’intérieur de son labo qu’ici. »

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La marche à travers les égouts n’avait rien d’agréable. Entre l’odeur pestilentielle, les remugles de cadavres laissés à pourrir, l’obscurité oppressante et l’humidité omniprésente, la progression était aussi lente que poisseuse. Les sens en alerte, Alyria sondait régulièrement les environs à travers la Force à la recherche d’autres présences vivantes, même si leurs suivants restaient les seuls points qu’elle distinguait pour le moment, à son grand soulagement.

Ayant acquiescé au désir de Joclad de rester en arrière, elle avait accompagné Lorn pour ouvrir la marche, et se retrouvait donc à ses côtés à quelques mètres au-devant de la petite troupe. Un silence confortable était tombé entre eux, et elle ne désirait pas le moins du monde le briser pour le moment, d’une part car elle le trouvait reposant, et d’autre part parce qu’elle préférait ne pas revenir sur les événements du jour passé. Ou des heures passées, à force, difficile de savoir combien de temps s’était écoulé dans cette pénombre qui faisait office de jour et de nui à la fois.

Arrachée de ses pensées vagabondes par la question de l’autre maître d’armes, elle soupesa un instant sa réponse puis finit par souffler avec un haussement d’épaules :

« Non. Si c’était le cas, tu t’ennuierais. Et moi avec, sans doute. »

Un rire aigre sorti de sa bouche, et la trentenaire siffla :

« En fait, ce n’est pas comme si une seule des missions que j’ai jamais effectuées s’était passée sans anicroche. Même celles que je n’ai pas demandé finissent invariablement en catastrophe. La Force doit s’ennuyer entre le déclenchement de deux guerres, et jouer avec ses marionnettes pour passer le temps. »

L’amertume lui brûlait la gorge, aussi elle se tut, incapable de supporter davantage ce reflet qu’elle donnait d’elle à travers ces quelques paroles froides et sans âme : le reflet de ce qu’elle était devenue, à force d’entendre les uns et les autres juger, du haut de leur piédestal d’ignorance et d’arrogance. Rien ne s’était passé comme prévu, et elle avait l’impression de payer chaque jour le prix de la frilosité des uns et de l’ignorance des autres. Un bref instant, les regrets d’Halussius lui revinrent en mémoire. A l’époque, elle les avait balayés au nom de l’amitié qui les liait, du travail accompli. Avait-il reçu les mêmes visites qu’elle, les mêmes avanies, sans oser en parler ? Peut-être, il lui était impossible de le savoir. Mais ce sentiment aigu d’abandon, de malaise, elle le ressentait d’autant plus fortement, et se rendait compte seulement maintenant de l’insensibilité dont elle avait fait preuve à l’époque. Pouvait-on mûrir à trente ans passés ? Apparemment, et ce sans concession.

Le cri de Joclad la tira de ses réflexions, et elle suivit Lorn à travers le passage indiqué, jusqu’à tomber nez-à-nez avec … un hologramme. A mesure qu’elle entendait la forme parler, Alyria essayait de ne pas faire spontanément le lien avec les bestioles auxquelles ils avaient été confronté, même si la paranoïa ambiante rendait la chose plus que tentante. En tout cas, peu importe la véritable nature de ses recherches : rarement les scientifiques de la Bordure se montraient effarouchés par des découvertes au point de radier un confrère et de le contraindre à la clandestinité. Quoiqu’ait pu faire cet homme, il avait touché à des arcanes interdits, et il y en avait peu dans ces contrées pour provoquer une telle réaction de rejet, cette déduction ne manquant pas de provoquer un frisson désagréable sur son échine.

Prenant délicatement le petit objet des mains de Lorn une fois le message terminé, Alyria tenta de voir les coordonnées promises, mais se heurta à un codage puissant, et ce ne furent pas ses maigres connaissances informatiques qui lui permirent de le pénétrer. Après quelques essais infructueux, elle se tourna en arrière et lança :

« Quelqu’un s’y connaît en informatique, ici ? »

Nul doute que ce scientifique arrogant avait voulu s’assurer que seuls des individus dignes de son savoir puissent parvenir jusqu’à son laboratoire. Il fallait simplement espérer que le petit génie attendu soit présent parmi eux, sans quoi il faudrait avancer à l’aveuglette. Tout en attendant une réponse à sa question, elle se pencha vers Lorn et murmura à son oreille d’une voix sombre :

« J’en doute, si ces recherches ont été suffisamment dangereuses pour l’obliger à se cacher dans les bas-fonds… La Bordure n’est d’habitude pas très regardante sur ce genre de choses, et les scientifiques ont une fâcheuse à protéger leurs collègues…

Mais qui dit laboratoire dit peut-être conduit d’évacuation pour sortir à l’air libre… Il n’a sans doute pas passé tout le restant de sa vie en troglodyte, ce Monsieur Zind. »
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Mon intervention avait stoppé a progression du groupe, dont les membres s’étaient rapidement rassemblés derrière nous. Nous attendîmes qu’Alyria et Lorn nous aient rejoins en regardant le fond du couloir d’où la lumière captivante et son halo légèrement bleuté qui venait se répandre sur les pourtours murés du corridor nous incitait à avancer pour en découvrir l’origine. Ce n’est cependant que lorsque les deux Maitres s’avancèrent que Callista et moi fîmes de même, attentifs au moindre bruit suspect ou inattendu. Fort heureusement, nous ne rencontrâmes aucune rackghoule sur notre chemin et je ne ressenti dans la Force aucun danger proche ou imminent. Le seul bruit qui vînt se glisser à nos oreilles provenait en réalité de l’holoprojecteur qui émettait la lumière azure qui nous avait attiré dans la pièce.

C’est à cet instant que je fus pris d’un sentiment étrange. J’en était aussitôt venu à me demander pour quelles raisons cet organe de projection était-il activé, et les premières idées qui glissèrent dans mon esprit n’étaient guère encourageantes ou réconfortantes : la première était que d’autres personnes se baladaient également dans les couloirs sombres des souterrains et que ces derniers avaient pris la fuite précipitamment en nous entendant marcher dans les couloirs adjacents à cette pièce. La seconde, peut-être pire encore mais tout autant moins probable, était que l’on aurait volontairement voulu attirer notre attention pour mieux nous surprendre car il était impensable de supposer que cet holoprojecteur ait pu rester actifs pendant des jours, si ce n’est plus, sans être tombé à cours d’énergie.

J’étais donc resté sur mes gardes, me détachant volontairement du contenu de l’enregistrement qui défilait sous les yeux des deux Maitres pour mieux me concentrer sur l’avant du groupe et plus particulièrement sur le couloir inexploré qui continuait sa progression vers une destination obscure. Mon sabre en main, j’avais laissé la Force s’étendre le long du corridor pour le sonder et tenter de détecter la moindre once de vie et tenter d’y détecter de possibles pièges, le tout sous le regard intrigué de la jeune adulte sans doute encore étonnée par les dons et les capacités que disposaient les Jedi, et tout particulièrement ceux venus malgré eux les sortir du bourbier dans lequel elle et le reste de sa famille s’était malencontreusement enfermés.

Je n’y descellais rien de dangereux ou d’anormal, si ce n’est que le couloir semblait légèrement pentu et remontait donc lentement vers une altitude plus proche de la surface, ce qui pouvait être un bon indicateur quand au possible chemin à suivre pour quitter l’enfer des souterrains de Sy Myrth. Ou bien était-ce un faux-indice, que le couloir descendait par la suite vers les profondeurs. Je n’avais aucun moyen réel de le savoir. En rouvrant délicatement les yeux alors que je sortais de ma transe, ces derniers se glissèrent vers le regard de Callista qui, appuyée contre le mur, n’avait pas cessé de m’observer. J’avais ressenti sa présence dans la Force, tout comme une partie de ses émotions de part l’effet passif de mon empathie. Je ne savais pas réellement quoi penser de ces dernières tant elles étaient troublantes et passablement nouvelles pour moi. J’aurais pu tout simplement les ignorer, mais cela reviendrait à ignorer le fait que j’avais l’impression de les partager. Une impression qui se confirmait néanmoins d’heures en heure, à force de la regarder et de converser avec elle.

Je fus sorti de ma légère torpeur par l’appel d’Alyria, lequel venait presque de siffler à mes oreilles à la manière d’une invitation. Le terme « informatique » avait sans doute réveillé la part consciente de mon cerveau qui était encore à l’écoute de l’extérieur alors que le reste était concentré sur l’analyse de mes propres sentiments. Pivotant donc vers l’origine de la demande, je fini par répondre :

« Je peux essayer, Maitre Helm. »

J’offrais un clin d’œil à Callista avant de m’éclipser, me faufilant aussi vite que possible au milieu de la petite masse d’individu que formait notre cortège pour finalement parvenir aux côtés des deux maitres d’armes. Je me saisi alors de l’holoprojecteur pour en analyser le fameux contenu visiblement puissamment crypté. Mes premières tentatives furent simples et échouèrent donc toutes sous les regards de plus en plus impatients, ce qui ne tarda pas à créer un certain malaise. Je passai donc à un stade plus avancé, demandant un datapad qui m’arriva bien vite dans les mains et que je connectai à l’holoprojecteur pour pouvoir apercevoir les données qu’il contenait de manière plus claire et donc entamer une série d’algorithmes optimisés dont le but était de défaire les liens de cryptage des données. En d’autres termes, gratter lentement la surface jusqu’à découvrir la faille ou la signature de la clé de cryptage qui me permettrait de déchiffrer les informations.

Il s’agissait là d’une étape longue de plusieurs minutes, si bien que je n’avais pas tardé à entendre des soufflements ou des agacements parmi la foule que nous étions sensé exfiltrer loin des rackgoules. Hélas pour eux, mes tentatives se révélèrent guère fructueuses tant j’étais à peine parvenu à déchiffrer les premières indications du scientifique. L’aide tant attendue arriva cependant de Callista qui, émergeant de la foule ne tarda pas à nous rejoindre, Alyria, Lorn et moi-même.

« J’ai peut-être la solution à votre problème. Je peux ? » demanda-t-elle avec détermination mais non sans une agréable politesse.

Pivotant pour la regarder, je la vis s’accroupir à côté de moi, posant une de ses mains gantées sur mon épaule tandis qu’elle m’invita à lui donner l’appareil. Toujours interloqué par son intervention, je lui offris l’appareil qu’elle prit soigneusement dans ses mains avant d’en examiner les relevés.
Toujours intrigué par tant d’aisance, je finissais par faire remarquer :

« Je ne te savais pas experte dans le domaine. »

« Tu n’avais pas finis de me demander ce que j’étudiais, il me semble. Maintenant, tu le sais. » répondit-elle avec une certaine malice avant de reprendre : « Tiens, regardes, tu y étais presque. La signature est ici. Elle était bien cachée… et voilà ! »

La jeune adulte s’exclama alors que les données s’affichèrent sous nos deux regards et je lui offrais un sourire amical pour la remercier de son aide des plus inattendus. Je récupérai alors le datapad et l’holoprojecteur de ses mains avant de les séparer pour me servir uniquement du bloc de données. Dans un but purement informatif, je venais partager les informations avec Alyria et Lorn, notamment sur les possibles dangers sous-entendus dans les explications du scientifique. Et hélas, toutes les données semblaient désigner le même but funeste…
Néanmoins, ils avaient raison. L’endroit était peut-être dangereux mais il était peut-être aussi synonyme d’issue et il s’agissait là de la seule piste dont nous disposions. C’est pourquoi, à la quasi unanimité fut-il décidé de suivre les indications de ce Monsieur Zind. Il n’y avait plus qu’à espérer que tout ceci n’était pas un piège, et que l’activation de l’holoprojecteur était une des très nombreuses conséquences du grand effondrement. Avant de nous mettre en route, j’indiquais simplement la direction à suivre :

« Il faut continuer dans cette direction, puis prendre à droite à la prochaine intersection. »

Laissant passer quelques « miliciens » devant moi, je restais tout de même devant la majeure partie du groupe pour pouvoir plus facilement orienter nos déplacements tout en étant capable d’offrir une protection efficace en cas d’attaque. Autant dire que notre marche fut longue et que Callista m’avait à nouveau rejoint pour poursuivre notre discussion. Ainsi, j’en apprenais plus sur elle, ses études, ainsi que sa famille. Notre progression, elle, sembla s’accélérer lorsque la longue pente douce fit place à de longs corridors plats. De mon côté, je ne fis même pas attention au fait que la main gantée de Callista était venu enserrer la mienne pendant notre marche, et cela aux yeux de la plupart des gens qui nous suivaient. Pour ma part, il avait dû s’agir d’une acceptation naturelle et inconsciente, car comme je viens de l’exprimer, je ne m’en étais pas rendu compte.

Ce n’est que lorsque nous arrivâmes à destination, face à une lourde porte rouillée et visiblement blindée, que nos mains se délacèrent et que je réalisais la situation en me retournant pour découvrir certains visages amusés par la situation. Pour ma part, c’est un certain malaise qui m’étreignit alors que mes joues semblaient légèrement rougir.

« La porte est verrouillée. On est bloqué. » lâcha alors l’un des « miliciens » alors qu’il essayait de débloquer le sas en utilisant la crosse de son fusil pour faire levier sur la grande poignée-manivelle de la porte.

Retrouvant mes esprits, je m’approchais à mon tour, faisant signe à l’homme de retirer son arme et de s’écarter. Posant alors ma main sur la manivelle, je faisais appel à la Force pour étudier le mécanisme, découvrant alors rapidement l’origine du problème : la rouille et l’humidité avait eu raison des mécanismes d’ouverture, et il allait falloir grandement forcer pour l’ouvrir. A ce sujet, j’avais déjà ma petite idée :

« Le mécanisme est dans un piteux état. On peut peut-être l’ouvrir en utilisant la Force, Maitres. Ensemble. » lançais-je à l’égard des deux maitres d’armes qui, je le savais, avaient largement les moyen de débloquer la situation.


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Une visite diplomatique pour faire cesser les conflits sur une planète, une explosion, une ballade dans les égouts, un affrontement contre des créatures qui n’étaient pas supposées se trouver sur cette planète, la rencontre avec des rebelles, un accouchement dans des conditions plus que précaire en même temps qu’une bataille qui avait failli coûter la vie à un jedi, et maintenant la découverte d’obscures notes d’un scientifique à l’éthique douteuse. À quand remontait la dernière mission du colosse qui s’était déroulée comme prévue ? À quand remontait la dernière fois où une suite d’emmerdements comme ceux-ci n’avaient pas transformé une de ses missions de routine en véritable catastrophe ?
Alors oui devoir faire face à l’inconnu sous toutes ses formes était marqué sur la brochure d’inscription pour devenir jedi, pour ainsi dire, mais depuis quelques mois Lorn ne faisait qu’enchaîner les missions foireuses à un rythme plus effréné qu’aucun autre de ses collègues si bien que, au détour d’un couloir, il avoua à sa compagne son désir de pouvoir se reposer un jour ou l’autre. Sa camarade, fatiguée ou blasée, avoue ne pas désirer cela car elle aurait peur de s’ennuyer, en concluant le tout d’une pointe de cynisme. Évidemment le jeune homme partageait l’épuisement de sa collègue, car aucun autre jedi n’avait eu à endurer autant d’épreuves qu’eux deux en si peu de temps, du moins pas dernièrement, mais le jeune maître d’armes ne saurait refuser un peu d’ennui après cette mission et il n’hésita pas à répondre :

« Pouvoir s’ennuyer de temps en temps ne serait pas un mal. Je ne me rappelle même plus la dernière fois que j’ai pu me reposer correctement. »

Chaque adepte de la Force apprenait à cohabiter avec cette dernière et à tenter de la comprendre du mieux qu’il pouvait mais même un individu aussi aguerri et expérimenté que Lorn ne parvenait parfois pas à comprendre pourquoi la Force lui faisait endurer autant d’épreuves. Pourquoi devait-il ramper dans la fange et la boue, pourquoi devait-il se battre et perdre les hommes qu’il menait pendant que d’autres étaient confortablement installés entre les murs du Temple, à répéter leurs sempiternelles leçons à des esprits toujours plus jeunes ? Pourquoi lui et pas les autres ? Voilà la question qui hantait son esprit depuis que tout avait commencé à aller de travers, depuis Byss et tout ce qui s’en suivit.
En y repensant il ne put s’empêcher de serrer les poings comme simple reflet de sa frustration et de sa fatigue, cette sensation devait sans doute être palpable dans la Force et sa camarade le sentirait très certainement mais, pour être honneur, ce qu’elle pouvait bien penser de lui à l’heure actuelle était le cadet de ses soucis. Il en avait assez de tout ça…bientôt il partirait loin de tout et de tous pour se ressourcer, se retrouver et être de nouveau lui-même.

Mais pour l’heure il ne s’agissait pas de ce qu’il voulait ou de ce qui lui manquait, il s’agissait de prendre en compte ce qui était bon pour la sécurité de la cohorte derrière et, en accord avec sa camarade, il convint que passer par le laboratoire de ce mystérieux scientifique donnerait peut-être une voie d’accès vers l’extérieur. Peut-être. Sa camarade à la crinière de feu fit donc appel à Joclad qui, bien volontaire, ne se fit pas prier et s’attaqua directement à l’appareil pour tenter de lui en arracher les coordonnées tandis que, voyant les minutes défiler, Lorn s’écartait du groupe et s’enfonçait de quelques pas supplémentaires dans les profondeurs de ce couloir.
Oh non aucune mauvaise surprise ne l’attendait car il ne sentait rien dans la Force, ce qui était d’un certain soulagement pour tout vous dire, mais il n’aimait pas rester les bras croisés à attendre que quelque chose se débloque, surtout quelque chose sur lequel il n’avait pas la moindre emprise. Mais bientôt, grâce à l’aide de la fille du chef de cette bande de joyeux drilles, les cordonnées furent débloqués et le groupe put se remettre en marche avant de s’arrêter face à une massive porte métallique bloquée par le temps et la rouille.
D’ordinaire il aurait fallu des chalumeaux et bien d ‘autres équipements afin de venir à bout de cette porte, mas la Force était une alliée suffisamment puissante pour permettre au trio de jedis de faire ployer cette porte sans difficulté. La taille n’avait pas d’incidence dans la Force.

Si le jeune homme avait été accompagné de padawans il aurait fait un petit speech sur l’importance de laisser la Force les envahir et les guider, mais il était accompagné d’un chevalier et d’un maître qui connaissaient suffisamment bien le sujet pour lui éviter ce petit speech. Aussi les trois individus s’avancèrent face à la porte et, fermant les yeux, levant leurs mains vers la porte qui commença immédiatement à grincer, signal que le métal était en train d’être tordu dans des sens auxquels il n’était pas habitué. Il ne fallut que quelques poignées de seconde aux trois jedis pour plier la porte et la faire sortir de ses gonds sur le regard médusé de la cohorte qui venait d’assister à un véritable prodige.

Activant son sabre laser pour se faire un peu de lumière, Lorn pénétra silencieusement dans ces installations qui n’avaient pas connu de visite depuis plusieurs années déjà, tout sentait le renfermé et chaque meuble était couvert d’une large couche de poussière. Quelques postes informatiques en veille ou éteints depuis bien longtemps, des meubles en tout genre, des tables d’opération et, au fond du laboratoire, quelques cuves renfermant des formes humanoïdes que l’obscurité peinait à révéler clairement.
Après quelques recherches le jeune maître parvint à rallumer la lumière dans les installations et, voyant que les postes informatiques étaient toujours silencieux, il se tourna vers son camarade chevalier pour lui demander :

« Joclad, tu peux essayer de redémarrer ce poste ? Histoire d’y voir un peu plus clair, ces seules notes ne suffiront pas. Si vous me cherchez, j’ai un peu de lecture qui m’attend.»

Sans plus attendre il se sait de quelques blocs de données étalés sur un bureau et se dirigea vers un coin de la pièce, s’asseyant sur une chaise avant de commencer sa longue et fastidieuse lecture. Pourquoi un coin sombre ? Pour ne pas être dérangé par les autres et pouvoir laisser libre cours à ses propres réflexions sur les données qui défilaient sous ses yeux sans avoir quelqu’un regardant par-dessus son épaule en permanence. Il était inutile de dire que sa camarade était l’exception qui confirmait la règle et que sa présence ne dérangerait jamais le maître d’armes, mais c’était une évidence.

S’asseyant sur cette poussiéreuse chaise qui avait connu des jours meilleurs, le jeune homme commença à lire des rapports qui, de prime abord, lui apparurent comme des rapports d’autopsie effectuées sur les créatures qui se trouvaient dans les cuves non loin de lui. Que faisait-il ici, au juste ?
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« Moi si, pourtant. Très bien, même. »

Alyria venait de répondre à Lorn du tac-au-tac, un léger sourire aux lèvres, son expression soudain étonnamment suggestive. Elle se souvenait parfaitement de ses derniers instants de repos parfaits elle, et la maîtresse d’armes était persuadée que son compagnon serait à même d’identifier aussi un matin agréable dans leurs souvenirs communs. Un particulièrement lui revenait en mémoire, datant de quelques jours auparavant. Elle était rentrée fourbue au Temple, après une réunion tardive avec le Ministre de la Justice, Maître Vorkosigan, pour discuter de l’avancée de la réforme constitutionnelle et s’assurer que tout était fin prêt pour la faire passer pendant qu’elle serait sur Sy Mirth. En regagnant sa propre chambre, elle avait vu la lumière passer sous la porte de celle de son amant, et prise d’une impulsion subite, était entrée. Au réveil, elle se trouvait enserrée dans les bras puissants de l’épicanthix, comme protégée du monde extérieur, de ses attaques incessantes par voie de presse, des doutes des uns et des autres, y compris au sein de leur propre Ordre. Mais surtout, pour la première fois depuis plusieurs semaines, elle avait dormi d’un sommeil de plomb, sans cauchemar ni réveils multiples. Et à en juger par sa respiration régulière à cet instant, il en était de même pour son compagnon.

Cependant, ces réminiscences tout à fait sympathiques furent interrompues par l’arrivée de Joclad et Callista, qui semblaient décidément très proches. Alyria attendit patiemment que tous deux s’essayent au décryptage de ce code, se sachant de toute façon complètement inutile dans ce genre de situation. Dire que ces compétences en informatique frôlaient le ridicule aurait été encore bien loin de la vérité, et le jedi sentinelle qui enseignait cette matière aux padawans de sa classe avait rapidement abandonné toute idée de lui faire comprendre autre chose que la base de la base, et encore. Ce n’était pas pour rien qu’elle se servait presque toujours du pilotage automatique dans l’espace, ou à la rigueur de la Force. La trentenaire était douée dans de nombreux domaines, mais l’informatique n’était pas compris dans son champ de compétences, et ses camarades, à l’époque, s’étaient fait une joie de le lui faire remarquer, certains trouvant sans doute là de quoi satisfaire une jalousie enfantine en voyant la petite prodige du sabre échouer aussi lamentablement là où eux-mêmes n’éprouvaient aucune difficulté.

Heureusement pour eux, la nouvelle amie de Joclad semblait avoir de solides connaissances dans ce secteur, et après plusieurs minutes de manipulation qu’Alyria ne chercha même pas à comprendre, le code céda enfin, révélant le chemin à prendre. La petite troupe se remit en marche, la Chancelière rejoignant à nouveau la tête de la colonne. La progression se fit tranquillement, quelques murmures dans son dos lui indiquant que certains tentaient de tuer le temps en discutant. Pourquoi pas, la parole était un excellent moyen d’évacuer la tension, l’anxiété… Ce qui, en de telles circonstances, paraissait relativement indiqué.

Tomber sur une porte presque complètement close eut l’avantage de leur signifier qu’ils étaient arrivés à bon port. Restait donc à l’ouvrir, ou plus exactement, à la défoncer. Il n’était pas temps de faire dans la dentelle, surtout face à un édifice en acier qui devait facilement peser quelques tonnes. Acquiesçant à la requête de Joclad, la jedi échangea un regard avec le colosse à son côté, puis prit la tête des opérations, non sans avoir demandé au reste du convoi de rester un peu à l’écart. Consciente qu’une dizaine de paires d’yeux aussi inquiets qu’attentifs les observaient, Alyria prit une profonde inspiration puis déclara d’une voix qui se voulait calme et docte :

« Bien, Chevalier Draayi, vous allez pratiquer une télékinésie en même temps que Maître Vocklan sur les mécanismes pour les déloger, et je me chargerais de leur infliger le coup de grâce au moyen d’une Vague de Force appuyée qui devrait briser une partie des attaches. Puis je vous aiderais pour dégager complètement la porte.

Tout le monde est prêt ? »


Ni une ni deux, les deux hommes se mirent au travail, Alyria sondant la Force pour savoir quand précisément intervenir, puis elle étendit sa main, et une déflagration aérienne parut traverser la cavité en ligne droite, s’écrasant sur la porte dans un bruit sourd, qui la fit trembler dans ses gonds déjà bien atteints par le travail de sape de ses deux comparses. Ne restait plus qu’à leur prêter une main secourable, et enfin, la porte s’écroula sur le côté, les laissant entrer. Immédiatement une odeur âcre la prit à la gorge. Etait-ce un effet de son imagination, ou bien cette senteur de formol avait-elle pu se conserver à la faveur de l’enfermement ? La demi-echanie aurait préféré que la réponse soit sa première hypothèse, mais ses entrailles qui se tordaient étrangement semblaient vouloir dire tout autre chose. Son instinct lui soufflait de quitter cet endroit en hurlant, aussi elle secoua sa tête rapidement pour remettre de l’ordre dans ses idées, et ne pas se laisser envahir par des émotions malvenues, et malavisées. Se tournant vers le chef du convoi, elle lui souffla :

« Essayez de veiller à ce que vos gens restent groupés derrière nous… Je ne sais pas ce que contient ce laboratoire mais… Mieux vaut être prudent je crois. »

L’homme acquiesça, et fila glisser quelques mots à son second, le bourru qui avait eu maille à partir avec Lorn. Alyria les regarda quelques instants, puis tourna les talons et entra à la suite de ses deux camarades qui étaient déjà à l’intérieur. Apparemment, ils s’étaient déjà répartis les rôles : l’un rallumerait une console, l’autre compulserait les nouvelles notes du scientifique. Mieux valait donc qu’elle les laisse tranquille et ne s’occupe d’explorer l’endroit. Allumant son sabre à son tour, elle se laissa guider par la lumière violette, attentive à trouver un souffle d’air lui indiquant une sortie. La gardienne s’enfonça donc dans les entrailles de ce qui ressemblait à un mélange curieux entre une fabrique militaire et un laboratoire expérimental. Surtout, une odeur de produits chimiques et de pourriture flottait dans l’atmosphère saturée du lieu, donnant un parfum à la suavité écœurante qui commençait à lui provoquer un début de nausée.

Alors qu’elle était parvenue à l’extrémité sud de la salle, le découpage du métal en face d’elle lui indiqua la présence d’une porte, intuition confirmée par la petite commande électronique devant elle. Poussant un soupir d’exaspération, Alyria entreprit de tapoter sur les touches… pour voir l’accès lui être refusé, et ce malgré moult essais. La flamboyante rousse avait beau persévérer, tenter de se souvenir de ce qu’elle avait appris des années auparavant, rien à faire, comme à son habitude, ce maudit système refusait de s’ouvrir. Ses dents se serrèrent et la jedi laissa échapper un grincement guère engageant, avant d’abattre son poing métallique sur la malheureuse commande, qui indifférente à tant de violence, resta hermétiquement close. La trentenaire lui jeta un regard mauvais, avant de reculer de mauvaise grâce. Elle n’avait pas de temps à perdre, Joclad était occupé, Callista devait sans doute être à ses côtés –ce qui commençait à lui faire avoir quelques doutes sur la nature amicale des sentiments de la toute jeune fille pour son sauveur, mais elle s’occuperait de ça plus tard, si tant est qu’il y en ait besoin- et il était impensable de les déranger alors qu’ils avaient eux-aussi une occupation cruciale pour leur quête d’information. Pas question de ralentir tout le monde à cause de son incompétence crasse. A ceux qui pensaient que le rang de maître signifiait la capacité à tout résoudre, la sang-mêlée apportait la preuve qu’on ne cessait jamais d’avoir des domaines dans lesquelles s’améliorer. Néanmoins, contrairement à un jeune padawan effarouché, elle avait aussi passé l’âge de prendre des gants… Sans mauvais de jeu de mots au vu de son habillement ordinaire.

Dégainant son second sabre, Alyria s’avança et d’un geste brusque, les enfonça dans la porte. Progressant centimètre par centimètre, arc-boutée sur ses deux armes et les musclées bandés à l’extrême, la respiration presque coupée par l’effort, elle parvint à tracer un sillon brûlant et en fusion à travers le métal, heureusement moins épais que celui utilisé pour l’entrée du laboratoire, ce sur quoi elle avait parié. Après tout, le concepteur de l’endroit ne devait pas s’attendre à une visite de jedis, donc il n’était pas nécessaire de protéger cette pièce, quoi qu’elle contienne, contre les sabre-lasers. Dans un craquement sinistre, la plaque finit par se détacher et tomber par terre dans un bruit sourd, qui ne manqua pas de faire tourner quelques têtes dans sa direction. Prenant un air innocent, comme une gamine prise en faute, un sourire malicieux éclairant son visage mangé par les cernes et la rajeunissant soudainement d’une dizaine d’années, la trentenaire s’exclama :

« Quoi ? Ça a marché au moins ! »


Ignorant les quelques rires provoqués par sa sortie, Alyria se tourna vers le trou ainsi formé, et se glissa à l’intérieur après quelques contorsions. Une fois de l’autre côté, elle se redressa, ouvrit les yeux… et elle se figea complètement, horrifiée.

La scène sous ses yeux était abominable. Des dizaines de cuves lui faisaient face, contenant des morceaux de cadavres qui ressemblaient à des assemblages immondes et hasardeux de créatures humanoïdes avec ce qui ressemblait à des protoypes de rackgoules. Des dizaines de crânes soigneusement nettoyés se tenaient sur une étagère, des ossements de diverses tailles, et sur plusieurs tables, des objets de torture, ou de chirurgie colorées d’une rouille rougeâtre et sanglante, tandis que les restes d’autres macchabés étaient étendus partout autour d’elle, plus ou moins décomposés, comme si le froid et le système de pressurisation de la salle les avaient conservés en partie à travers le temps. Juste à ses côtés un humain à tête de rackgoules la fixait de ses yeux morts.

Pendant un bref instant, un vertige la saisit, et des images de son fameux passage sur Roon passèrent devant ses yeux, pour se superposer avec le carnage laissé là. Elle avait déjà vu des expériences similaires, fruits d’un cerveau autant désaxé que celui de ce docteur Zind, et un frisson la saisit. Comme hypnotisée, elle avança dans ce paysage de désolation, une bile amère montant dans sa gorge. Cet être avait fait des expériences sur des rackgoules et des humains, sans doute pour percer leurs secrets. Elle se pencha sur une cuve et lut :

*Arrivée de Taris : lune 2. Croissance : exponentielle. Spécimen viable.*

Apparemment, elle avait trouvé d’où venait l’épidémie, ou au moins qui l’avait importée sur Sy Mirth. Tournant les talons, Alyria sortit précipitamment, et entreprit de coller une vieille armoire en duracier devant le trou qu’elle avait fait pour bloquer la vue. Avec précipitation, elle rejoignit Joclad et Lorn, avant de dire, son visage d’une pâleur inhabituelle :

« Vous deviez venir. Sans les autres. Ils ne doivent pas voir ça. »

Revenue sur les lieux du crime, la maîtresse d’armes écarta sa maigre protection et leur fit signe de se glisser par l’ouverture.

« Je crois que nous avons quelques explications sur le caractère … particulier des travaux de ce Koris Zind. Pas étonnant qu’il ait été radié par ses pairs…

Quelle folie. »


Secouant sa tête d’un air dégoûté, Alyria ajouta, songeuse :

« Quelques spécimens ont dû s’enfuir par une sortie quelconque et se répandre dans les égouts. Ou finir par le tuer lors d’une de ses expériences…

Mais qui pourrait bien avoir l’idée de disséquer des rackgoules et d’en greffer des morceaux sur des… »


Elle n’acheva pas, submergée par un profond malaise. La trentenaire finit par souffler :

« Vous avez… trouvé des indices ? »
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« Très bien, Maitre. » avais-je simplement servit à Alyria en réponse à ses instructions.

Ces dernières étaient claires et concises et il ne me restait plus qu’à m’immerger dans la Force pour trouver le meilleur moyen de parvenir à mes fins. Je restais néanmoins mal à l’aise à l’idée de me faire vouvoyer par cette personne qui me tutoyait depuis plusieurs années déjà mais c’était là un mal nécessaire pour ne pas défaire totalement la couverture qu’elle avait tenté de tisser autour d’elle pour ne pas révéler qu’elle était en réalité la Chancelière de la République. C’était là une précaution qui avait semblé nécessaire au début, pour s’assurer que les responsables de cette petite tribu perdues dans les tréfonds de Sy Myrth ne décident de nous prendre en otage. Ce besoin d’anonymat semblait se dissiper avec notre marche vers la sortie et la libération de mois, si ce n’est d’années, passées à explorer les profondeurs de la capitale planétaire. Et puis, si je ne pouvais pas réellement être certain de la réaction des autres, je n’avais aucuns doutes sur le fait que Callista ne réagirait pas autrement en sachant qui était réellement Maitre Helm. J’estimais qu’il était encore nécessaire de ne pas dévoiler le pot aux roses à nos suivants pour s’en assurer une certaine loyauté le temps que nous ayons rejoint les autorités compétentes de Sy Myrth.

C’est pourquoi je m’étais laissé plonger dans la Force, m’affairant à la recherche immédiate des points sur lesquels faire pression pour nous débarrasser de cette porte au plus vite. Je recherchais des mécanismes à tordre. La porte grinça alors sous les actions de Lorn et les miennes combinées. Je pouvais aisément discerner dans mon esprit la forme que prenait le métal de la porte alors que je me crispais pour mieux appuyer sur les portions encore résistantes. Finalement, je sentis l’action de Maitre Von bondir dans la Force pour rebondir contre l’épaisse porte qui nous faisait barrage. Cette dernière sembla résister, laissant néanmoins échapper des signes de détresse et de faiblesse face à notre action combinée. Finalement, avec quelques pressions de plus, la barrière de métal finit par s’écrouler sur le côté. Sa chute releva une fine quantité de poussière dans les airs avant que le silence ne reprenne enfin ses droits sous les regards intrigués de nos suivants.

Là où je pu sentir une légère déstabilisation de l’état émotionnel de Maitre Von au travers de la Force, je ne ressentais pour ma part une légère boule au ventre. L’odeur qui semblait s’échapper de la pièce en était peut-être la raison mais le fait d’avoir ressenti ne serait-ce qu’un instant ce changement dans l’aura de ma grande cousine eut la conséquence de me garder en état d’alerte. Si elle avait ressenti quelque chose, c’est qu’il y avait peut-être un danger derrière ces murs. C’était donc avec méfiance que j’étais entré dans la grande pièce à la suite de Lorn, l’odeur de renfermé précédemment reniflée venant m’étouffer tout autre effluve. Mon regard, lui, se perdit sur les alentours difficilement discernables dans l’obscurité profonde de la pièce. Pièce qui ressemblait étrangement à un laboratoire. Tandis que Maitre Vocklan rétablissait l’éclairage de l’installation, je m’étais porté, sabre allumé en main, vers les différentes machines et consoles pour tenter d’en comprendre leurs origines sans réussir à mettre le doigt sur une réponse limpide.

« Je vais faire de mon mieux, Maitre Vocklan. » avais-je acquiescé à la recommandation de l’Epicanthix avant de sentir le malaise croître en moi.

A présent, je pouvais pleinement ressentir ce sentiment de mal-être que j’avais d’abord attribué à l’odeur de renfermé qui s’échappait du laboratoire. Ce n’était pas elle qui en était à l’origine, mais la Force qui tenait à me lancer un avertissement à la prudence. Et plus j’en cherchais le sens, plus mon ressenti s’accentuait tandis que je cherchais un moyen de réalimenter la console que je pensais être la principale du laboratoire. C’est d’ailleurs peu de temps après que Callista vînt de nouveau s’approcher de moi, comme si elle avait comprit une fois de plus que j’avais besoin d’aide. Ce n’était cependant pas de ses qualifications dont j’avais besoin cette fois-ci car réactiver la console semblait facile, mais plutôt d’un soutien, d’une présence apaisante. Et sa proximité l’était. Soufflant lentement, je finissais par rétablir l’alimentation en énergie de la console avant de l’activer, ce qui eut pour conséquence d’activer tout les autres appareils secondaires.

Hélas, l’écran de la console se révéla être endommagé, fendu par une fine solive tombée du plafond qui semblait s’effriter à cause d’une certaine humidité et de la relative vieillesse de l’installation. J’eu donc à brancher mon propre datapad à la console pour en afficher et télécharger une partie du contenu, ce qui me permit d’en prendre connaissance sans que Callista ne puisse le voir. Fort heureusement d’ailleurs, à la vue des lignes d’informations qui défilaient sous mon regard attentif.

Des noms, toujours des noms auxquels étaient associés les noms des espèces auxquelles les personnes appartenaient. Il y en a trop, beaucoup trop, pour qu’il puisse s’agir de simples expériences ayant le bien pour vocation, surtout lorsque l’on lisait le statut de la majorité des sujets : intolérances, morts subites et autres descriptions qui vinrent faire ressurgir mon malaise. J’en finis par éteindre mon datapad alors que Callista portait une main sur mon épaule :

« Joclad, quelque chose ne va pas ? C’est ce qu’il y a dans cette console qui... ? »

« C’est... ça va. Ne t’en fais pas. »

Notre attention fut captivée par un bruit sourd, provoqué par Alyria et dont la réaction fit rire la troupe qui nous suivait depuis notre départ du campement. Chacun trouvait un refuge à sa peur quelque part. Le rire était une solution pour certains. D’autres encore agissaient différemment. Encore troublé par les découvertes que je venais de faire, cela aurait été un énorme euphémisme de dire que le mouvement de Callista ne m’avait pas pris au dépourvu. Le temps que je puisse comprendre ce qui était en train de se dérouler, je pus sentir une douce paire de lèvres se poser et s’entremêler aux miennes sans que je ne puisse réagir. Je me retrouvais en état de veille face à une chose que je n’avais pas du tout planifié. J’avais déjà eu à faire à ce genre de surprise, lorsque Zora avait profité de notre situation sur Corellia, mais le sentiment était bien différent. Là où j’avais auparavant ressenti un dégoût profond, j’éprouvais une impression de sérénité retrouvée. Je ne savais réellement comment comprendre l’intégralité de cet instant, et ce n’est qu’en rouvrant doucement les yeux que je pris pleinement conscience de ce qu’il venait de se passer, nos deux regards se croisant comme deux faisceaux lasers.

Je savais quelle avait lu mon incompréhension sur mon visage, mais je ne pouvais cacher ma surprise. Je ne m’étais pas attendu à pareil mouvement. Surtout pas en ce lieu, sans prévenir. Je peinais encore à analyser les émotions qui venaient se chambouler et masquer le sentiment d’effroi qui ressortait des murs de ce laboratoire. Que pouvais-je faire, que pouvais-je dire ? Je ne pouvais oublier où nous nous trouvions, et c’est pourquoi je quittais la chaise sur laquelle je m’étais installé pour travailler sur la console avant de lui faire de nouveau face. Je cherchais quoi répondre après l’avancée que venais de faire l’agréable jeune femme.

Pour être sincère, je fus soulagé d’entendre Maitre Von ressurgir de l’endroit qu’elle était partit explorer. En croisant son regard, j’avais pu comprendre la demande qu’elle exprimait. J’étais mal à l’aise à l’idée de devoir laisser Callista dans l’attente, et c’est avec un nouveau sourire et un clin d’œil que je m’éclipsais, lâchant tout de même ces quelques mots :

« Bouge pas, je reviens. »

Distrait, je rejoignais au pas de course la demie-Echanie pour écouter ses recommandations, et cela avant de la suivre vers le lieux qu’elle venait visiblement d’explorer. A chaque pas fait dans la direction de l’armoire qui en masquait l’entrée, je ressentais le malaise qui baignait en moi s’accentuer, comme si ce qui se trouvait derrière la porte était plus effroyable que ce que j’avais pu m’imaginer en lisant la liste présente sur mon datapad.

Déglutissant lentement, je finis cependant par entrée, le dit datapad en main, à la suite de mon comparse Epicanthix. Ce que je vis de l’autre côté confirma les craintes et les alertes que je ressentais dans la Force depuis déjà de longues minutes. Mon regard était rivé sur enchaînement de cuves aux contenus plus immondes les uns que les autres. L’odeur qui s’échappait des cadavres étalés autour de nous me donnait le tournis et je dû m’appuyer contre le mur pour ne pas chuter alors que je me sentais déjà tourner de l’œil face à pareille horreur.

Les paroles d’Alyria fusèrent dans mes oreilles sans pour autant être réellement captées par mon esprit. Ce dernier était assez compétent pour réaliser ce qui avait bien pu être fait dans ce laboratoire et plus particulièrement dans cette salle. Fermant les yeux, je cherchais à faire le vide, à contenir les émotions qui jaillissaient en moi et cherchaient à s’échapper : je voulais sortir d’ici. Rapidement. Mais je ne pouvais pas, je ne devais pas. Pas encore. Soufflant longuement pour retenir une volonté de régurgiter ce que j’avais pu manger avant de partir, je finissais par réactiver mon pad pour finalement annoncer :

« Désolé, je… Voici la liste des gens qu’il a.. Il y a surement d’autres choses, je n’ai pas eu le temps de tout lire, Maitres. »

Sans attendre, je tendais le datapad en direction des deux maitres d’armes, laissant ainsi le choix quand à celui qui s’en saisira. Mon esprit, lui, vagabondait à la recherche d’éléments plus rassurants et apaisants. Des moments semblables au baiser que m’avait offert Callista quelques minutes auparavant. Si seulement savait-elle ce qui se trouvait à quelques mètres d’elle…

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Si le jeune homme faisait suffisamment confiance à ses deux petits camarades pour l’aider à se débarrasser de cette porte massive sans trop de difficultés, ce qui fut d’ailleurs le cas, il pénétra dans ce sombre laboratoire sans autre certitude que celle que personne n’avait visité ces lieux depuis plusieurs mois ou plusieurs années à en juger par la couche de poussière omniprésente. Les réponses ne sautaient jamais aux yeux, il fallait aller les chercher là où elles se cachaient et ce fut exactement ce que fit le jeune maître lorsqu’il vint s’assoir dans un coin, feuilletant les rapports écrits par ce scientifique…et ce qu’il y trouva ne manqua pas de le surprendre. En parcourant ces lignes, Lorn fut tout d’abord pris d’une certaine surprise mêlée d’incompréhension face à l’amoncellement de données retranscrites résultantes d’années d’expérimentations, il y avait d’informations à prendre en compte qu’il était difficile de tout comprendre du premier coup d’œil.
Se frottant légèrement les yeux pour reprendre sa concentration, le guerrier reprit son calme et replongea le nez dans ces rapports en les analysant plus en profondeur qu’auparavant. Si au tout début les entrées n’étaient que l’occasion pour le scientifique que d’expliquer ses motivations, ses croyances profondes et la frustration de devoir se cacher ici-bas pour poursuivre ses expérimentations, au fur et à mesure le jeune homme commença à y voir un peu plus clair jusqu’à ce qu’il tombe enfin sur ce qu’il cherchait depuis le tout début.
Devant lui était érigée une liste de cobaye numérotés et c’est en parcourant ces rapports que le jeune homme commença à entrevoir la nature des travaux de ce scientifique qui avait poussé le concept de curiosité jusqu’à un tout autre niveau. La curiosité était un vilain défaut, voilà une phrase bien connue mais cet homme avait tellement été corrompu par cette curiosité scientifique qu’il en était arrivé à expérimenter sur des êtres humains. La nature de ses expérimentations était encore flou cela dit, mais les résultats de ses échecs étaient terrifiants.
Certains cobayes étaient marqués comme morts suite au rejet d’un produit injecté, d’autres n’avaient pas réagi au produit et avaient été éliminés sans autre forme de procès, ce qui en disait long sur l’importance de la vie humaine pour ce taré. Les autres cobayes ? Ils n’avaient malheureusement pas été aussi chanceux car le produit les avait rendus difforme et beaucoup d’entre eux étaient morts des suites de ce que Zind appelait une transformation. Mais transformés en quoi ? Voilà la question qui se logeait désormais dans la tête du jedi.

Alors qu’il continuait à parcourait la liste des cobayes et leur état, le jeune homme arriva au tout dernier cobaye enregistré lorsqu’il sentit l’inconfort de son camarade chevalier et il ne lui en fallut pas plus pour lever les yeux de ses feuilles pour observer Joclad en train d’embrasser la fille du chef de ce petit groupe. Hum ? Plait-il ? Oh, c’était bien de son âge après tout mais il aurait le droit à son petit sermon une fois cette mission terminée. Il y avait plus urgent qu’un échange de fluides corporels comme celui-ci.

Lorn fut sur le point de retourner feuilleter ces sinistres rapports lorsqu’il ressenti par le biais de la Force le sentiment de panique et de stupeur qui s’empara de sa camarade. Avec une telle connexion entre eux comment pouvait-il ne pas le sentir ? Entendant la demoiselle l’inviter à venir voir ce qu’elle avait trouvé, le jeune maître d’armes s’extirpa de son siège et pénétra dans la sombre pièce, ses rapports à la main. Là devant lui étaient alignés des cuves avec à l’intérieur des créatures qui ressemblaient vaguement à des rakghoules et, en entendant sa camarade lui dire qu’elle pensait avoir trouvé le sujet des expériences du scientifique, Lorn rajouta :

« Une curiosité scientifique poussée à l’extrême. »

Écoutant sa camarade lui demander s’il avait trouvé des informations utiles, lui offrant la possibilité de prendre la tablette tendue par Joclad, le jeune homme lui montra brièvement les rapports tenus entre ses mains en expliquant ce qu’ils étaient.

« Le détail de ses expérimentations et les découvertes qui vont avec. Il est peut-être taré, mais c’est un taré précis et consciencieux. »

Quoi ? N’avait-il pas le droit de faire quelques petits commentaires personnels ? Non, oh zut, mais cela ne l’empêcha pas de poursuivre son explication.

« Oh et pour répondre à ta question, il n’a pas eu l’idée de faire tout ça tout seul. Quelqu’un l’a embauché et a payé pour tout ça. Pas de nom mentionné. »

S’écartant du petit groupe et se dirigeant vers la toute première cuve face à lui, celle qui comportait le corps d’un zabrak qui semblait décédé depuis très longtemps, le jeune maître leva les rapports devant ses yeux pour vérifier qu’il s’agissait bien du tout premier patient. Une fois ayant eu la certitude que les informations concernant ce premier cobaye étaient les bonnes, Lorn se tourna vers ses deux acolytes et conclut d’un :

« Je vais devoir vérifier que les détails dans ses rapports coïncident avec l’état des sujets dans les cuves. Ça risque d’être fastidieux et plus glauque que vraiment intéressant, je vous confie la recherche d’une sortie si ça ne vous dérange pas. »

Pourquoi faisait-il ça alors qu’il n’avait jamais été piqué par la curiosité scientifique auparavant ? Il n’avait jamais été du genre à s’intéresser à ce genre d’expérience barbare et vicieuse auparavant mais aujourd’hui il comprenait le besoin de se mettre dans les bottes de ce scientifique pour comprendre ses motivations. Connaître son ennemi n’était-il pas le premier pas vers la victoire sur ce dernier ? Ainsi, en lisant attentivement le rapport des expériences effectuées sur chacune de ses créatures, le jeune maître était capable de mieux comprendre les forces et les faiblesses des créatures qui avaient manquées de le tuer quelques heures plus tôt, il pouvait connaître leur seuil de tolérance à la douleur et bien d’autres informations qui, peut-être, aideraient ce petit groupe à mieux survivre jusqu’à ce qu’on se débarrasse de ces créatures qui n’avaient rien à faire sur cette planète.
Quoi ? Ah, vous l’avez noté aussi n’est-ce pas ? D’ordinaire Lorn n’était pas un individu que l’on pourrait qualifier de subtil, il aimait aller droit au but sans perdre de temps et ne s’embarrassait pas de manières quand il désirait faire comprendre quelque chose. Mais vous avez remarqué un petit changement, non ? Outre l’intérêt qu’il portait à ces recherches et qui allaient l’accaparer pendant quelques dizaines de minutes, Lorn n’avait pas proposé au duo de se mettre à rechercher la sortie par pur altruisme mais bien pour éviter le prolongement de leur malaise qu’il ressentait aisément à travers la Force.
Oh bien sûr il ne pouvait ignorer cette odeur fétide qui emplissait ses narines et qui faisait renaître chez lui une certaine nostalgie, une nostalgie dont il se serait bien passée à ce moment-là, mais il savait qu’il tiendrait le coup assez longtemps pour faire son travail. Ce n’était pas une question de ne pas avoir confiance en ses camarades, il leur confierait sa propre vie sans hésiter, mais s’il pouvait leur éviter un inconfort inutile en s’occupant de cette partie glauque et perturbante du boulot, alors il s’en occuperait sans hésitation.

S’approchant de la seconde cuve, le jeune homme fit un petit signe de la main en guise d’au-revoir à ses deux camarades, pour leur signifier qu’il allait se plonger dans son travail, mais tint tout de même par conclure d’un :

« Joclad, j’aurais deux mots à te dire une fois que nous en aurons fini ici. »

Pendant les minutes qui suivirent le jeune homme inspecta minutieusement chaque cuve et il ne pouvait pas cacher que l’apparence de certains cobayes faisait naître en lui un certain dégoût mais surtout une certaine tristesse en imaginant la souffrance qu’avait dût provoquer cette transformation. Bien sûr il ne pouvait plus rien faire pour ces pauvres âmes qui avaient cessé d’exister depuis plusieurs mois ou années, mais il ne pouvait s’empêcher de ressentir de l’empathie envers eux…étrange venant d’un individu aussi bourru que lui, hein ? Mais la souffrance était bien la seule chose qu’il pouvait comprendre.
Ayant terminé d’établir ses conclusions quant à la nature des travaux du scientifique, le jeune homme appela ses deux petits camarades pour leur faire un petit topo.

« J’ai une mauvaise et une mauvaise nouvelle. »

S’approchant d’une cuve présentant une forme humanoïde difforme, résultat de l’échec de l’expérimentation, le maître d’armes alla à l’essentiel :

« La mauvaise c’est que le doc a été payé pour étudier les rakghoules et pouvoir synthétiser le virus pour en créer à volonté. Pour construire et contrôler une armée de ces créatures, sans doute. L’autre mauvaise nouvelle…»

Tournant les talons, il se dirigea d’un pas leste vers la toute dernière cuve de la liste et, tapotant ses feuilles de rapport contre la paroi en verre, il ajouta un :

«…c’est que ce barjo a réussi.»

La cuve présentait une rakghoule qui semblait n’avoir aucun défaut physique notable mais qui avait été tuée ou était morte d’elle-même après que le scientifique ait déserté les lieux. Cet enfoiré avait réussi son coup, autant dire qu’avant de partir Lorn allait s’assurer que le plafond de ce laboratoire s’écroule sur ce dernier afin que plus aucune trace de ces horribles expériences ne subsiste. Désormais il fallait trouver une sortie.
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Décidément, la folie n’avait pas de limites, et sa tendance à se marier aussi harmonieusement avec le génie ne rendait ses capacités de nuisance que plus importantes encore. Il suffisait de voir cet amoncellement de cadavres distordus pour le réaliser : la rigueur scientifique avait cohabité pendant des années dans cet endroit sordide avec le chaos le plus pur. Nulle conscience morale n’avait troublée ce Zind qui s’était voué aux pires atrocités dans le but d’élever ses connaissances au rang d’art, presque.

Il était presque étonnant de trouver chez une personne sans connexion à la Force, du moins apparemment, un tel exemple de la différence fondamentale entre les diverses cultures de ses utilisateurs en ce qui concernait le savoir. Les siths professaient la poursuite de la connaissance sous toutes ses formes, sans contraintes. Les jedis se refusaient à toucher à des domaines dangereux, susceptibles de briser l’équilibre naturel et précaire du monde. Plus qu’un antagonisme, c’était avant tout un différent moral.

Souvent, le maître d’Alyria lui avait répété que la science sans conscience n’était que ruine de l’âme. Longtemps, la jeune fille qu’elle était avait cherché à comprendre le sens de ces paroles. Comment imaginer en effet que le savoir puisse être dangereux ? Que le plus beau des cadeaux de l’intellect puisse souiller l’âme ? Et pourtant, tel était bien le cas, et le trio de jedis en avait la preuve la plus parfaite sous les yeux.

Ainsi s’expliquait également le célèbre mantra jedi : il n’y a pas d’ignorance, il n’y a que la connaissance. La connaissance n’était pas l’accumulation avide de savoirs, mais la capacité à juger de l’usage de tel ou tel doctrine, de sa nature dangereuse ou bonne. La véritable sagesse ne se mesurait pas une somme abrupte d’effets cognitifs emmagasinés, mais en vérité, elle ne s’illustrait qu’à travers la conscience aigue des conséquences de chaque voie scientifique. Certains auraient appelé de la faiblesse. Alyria préférait y voir la véritable intelligence, celle qui était capable de reconnaître ses limites. Le vrai scientifique travaillait pour l’amour de la découverte, et non pour l’avidité qui emportait tout sur son passage, y compris les conceptions humanistes les plus élémentaires.

Sans un mot, la jedi s’empara de la liste que Joclad lui tendait, et après avoir lu plusieurs dizaines de noms, finit par souffler doucement :

« Essaye de retourner à la console pour trouver d’autres informations… Je t’accompagne. »

Laissant Lorn à son macabre décompte, Alyria retourna donc dans la salle principale où les attendaient, terriblement silencieux soudainement, la petite troupe de rebelles qui les fixèrent avec angoisse. Un bref instant, la trentenaire hésita sur la marche à suivre : devait-elle leur dire la vérité, les ménager, ou bien occulter leur sinistre trouvaille ? L’honnêteté commandait la première option, et la prudence la dernière. Un mouvement de panique ou de colère naissait facilement, encore plus avec le stress et la fatigue. Pas question de mettre en danger ces gens ou de prendre le risque de voir des éléments importants réduits en poussière par la vindicte populaire qui ne manquerait pas de se déclencher.

Inspirant profondément, la jedi se racla la gorge pour attirer l’attention de tous, et une fois cette dernière obtenue, déclara de sa voix grave, à l’intonation calme et modulée, pour les rassurer :

« Nous n’avons pas encore fini d’inspecter ces lieux, mais des mécanismes de piège ne sont pas à exclure. Mieux vaudrait pour la sécurité de tous que vous restiez dans cette pièce pendant que nous terminons de vérifier les alentours. »

La nouvelle fut accueillie par quelques grognements de contrariété des plus pressés de partir, mais globalement, beaucoup préféraient laisser le risque de découvrir des recoins dangereux aux trois jedis. Néanmoins, Alyria s’approcha du chef de la troupe, et lui glissa aussi discrètement que possible :

« Assurez-vous que personne ne quitte cette pièce pour nous suivre. Ce qu’il y a au-delà n’est pas… un spectacle aisé. »

L’homme arqua un sourcil, puis siffla, visiblement mécontent :

« Nous ne sommes pas des lâches qui pissons dans nos frocs à la moindre contrariété, jedi. »

« Je n’en doute pas. Mais il y a quelques personnes âgées, un nouveau-né… Vous ne voulez pas leur infliger ça. Et parfois, le courage n’a rien à voir dans le fait de supporter ou nom la vision de ce que le pire esprit malade peut engendrer.

Croyez-moi. »


La sincérité transpirait dans sa phrase, mais également sur son visage traversé de part en part par la longue cicatrice sinueuse reçue sur Artorias. Mais surtout, à cet instant, au milieu de cette face sévère, deux yeux verts semblaient voilés d’une ombre reconnaissable entre mille : le signe de ceux qui connaissaient intimement ce dont ils parlaient, qui en avaient trop vu au cours de leur vie. Alyria se souvenait du regard horrifié d’Armod quand ils avaient pénétré dans le vaisseau du sith qui lui avait enlevé sa main, des cauchemars qui avaient suivi. Et ils étaient des jedis, ayant l’habitude des situations critiques, de défendre les innocents contre des atrocités abominables. Sauf qu’il était normal de vaciller parfois, tant qu’on se relevait. Simplement, se préserver n’était pas de la lâcheté, mais la conscience que certaines choses demeuraient une insulte au vivant. A vrai dire, y être insensible eut sans doute été la pire des choses possibles, car perdre sa sensibilité, sa capacité à la compassion, c’était aussi s’éloigner du besoin de comprendre les autres… et de vouloir les épargner.

« Très bien. »


Cet accord arraché, Alyria put enfin répondre à l’appel de Lorn et revint dans l’antre de la folie. Ce qu’il expliqua ne l’ébranla guère, après tout, la réussite était plus ou moins visible. Cependant, la capacité à se faire une armée, alliée à des financements inconnus…

« Quiconque d’assez fou pour confier de l’argent à un homme qui désire expérimenter sur ses semblables est suffisamment dangereux pour que nous ne partions pas d’ici avant de l’avoir identifié. Sans compter… »

La maîtresse d’armes prit une profonde inspiration avant de développer l’idée qui germait dans son esprit depuis quelques temps maintenant :

« Il est… étrange que l’épidémie se soit manifestée presque en même temps que les troubles à la surface. Certes, ces derniers ont une racine profonde, des causalités d’ordre politique mais… les indépendantistes et les partisans des siths ne se sont faits menaçant que depuis quelques semaines, réellement… et la riposte républicaine n’a dégénéré que maintenant.

Ce peut être une coïncidence. Mais… Elle est trop forte pour être ignorée. »


Il fallait être honnête : à force, Alyria croyait de moins en moins aux coïncidences, et son instinct lui soufflait de continuer sur cette piste aussi dérangeante qu’inquiétante.

« Ce Zind a vécu plusieurs années ici apparemment. Vu l’emplacement secret et les dires de son holo, il ne devait pas remonter souvent à la surface, traqué qu’il était par les autorités et ses confrères. Par conséquent, il y a forcément un bureau, une pièce à vivre dans ce complexe qu’il va falloir trouver. Et fouiller. »

Logique, évidemment. La gardienne espérait simplement que ses goûts en matière de décoration intérieure seraient plus supportables que ses marottes scientifiques. Sortant donc de la pièce aux expériences, Alyria ralluma son sabre et entreprit de s’enfoncer plus profondément dans le complexe scientifique. Finalement, après plusieurs minutes, elle trouva ce qu’elle cherchait, et avec la même délicatesse que la première fois, résolut le problème de l’entrée à sa manière, soit en découpant la porte.

L’intérieur se révéla heureusement plus supportable que celui de la pièce précédente. Un grand bureau trônait au milieu, avec un lit de camp sur le côté et une petite pièce attenante qu’Alyria devinait être une minuscule salle d’eau pour se décrasser. Bref, de quoi mener une vie spartiate, certes, mais toute entière tournée vers ses expérimentations indignes.

Le bureau était recouvert de papiers poussiéreux, la plupart contenant des calculs auxquels la jedi ne comprit strictement rien, ainsi que des schémas dessinés à la va et vite et dévorés par la moisissure et singulièrement complexes à déchiffrer. Cependant, après plusieurs minutes à bataille, elle parvint à forcer un des tiroirs, qui révéla un paquet de datapad. Prenant le premier, la trentenaire put constater qu’il ressemblait beaucoup à ceux qu’elle avait à la Chancellerie. Evidemment, il fallait une clé de sécurité pour l’ouvrir, mais pour le coup, malgré ses maigres connaissances en la matière, la demi-echanie avait suffisamment eu recours à l’aide de techniciens quand elle bloquait les siens que forcer le code ne fut guère compliqué. Il fallait bien que son incapacité crasse à se servir de la technologie serve de temps en temps.

S’installant dans le fauteuil du scientifique, Alyria commença à parcourir la masse de données sous ses yeux. Apparemment, Zind tenait tous ses registres avec la même rigueur, ce qui avait tout de même quelque avantage. Parfois l’aspect monomaniaque d’un suspect était une véritable bénédiction pour l’enquêteur, comme à cet instant précis en l’occurrence.

L’homme avait notamment conservé une abondante correspondance, et rapidement, la jedi discerna la répétition d’envois de communications à un dénommé Klogar le hutt, affilié à un cartel puissant de l’espace contrôlé par cette espèce. Manifestement, ce dernier se montrait éminemment intéressé par les travaux du scientifiques, et expliquait vouloir convaincre son supérieur de se pencher dessus également.

D’autres noms étaient présents, quoique en moins grand nombre. Manifestement, l’expérimentateur avait contacté nombre de personnes pour tenter de financer ses recherches, avec plus ou moins de succès. Mais le plus prompt à répondre et à demander des informations complémentaires était ce Klogar. Un nom à retenir… Peut-être qu’en croisant avec d’autres données… Alyria prit donc quelques-uns des datapads présents et entreprit de revenir à son point de départ, pour expliquer ses découvertes.

« Apparemment, Zind a essayé de trouver des fonds un peu partout, mais un certain Klogar le hutt s’est montré le plus intéressé. Joclad, tu as vu son nom dans la console ? Sinon, il faudrait lire ces données… »

Ce qui représentait une belle somme de travail… Qui attendrait la surface le cas échéant. Mais au moins, les choses commençaient quelque peu à s’éclaircir. Les pièces du puzzle muté s’assemblaient doucement.
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« J’y vais, Maitre Von. »

Je n’hésitais pas et je bondissais au dehors de cette salle pour respirer un gros coup. Je me sentais mal, très mal et j’avais besoin de souffler, de me changer les idées. Fouiller dans une console pour y trouver des informations, je savais faire. Maitre Herambra me l’avait appris, bien que ça ne fasse pas forcément partie de son enseignement en tant que Gardien –c’était donc là une preuve indirecte qu’elle n’était pas réellement une Jedi Gardien, mais plutôt Sentinelle, chose qu’elle m’avait toujours caché.

Après avoir respiré un bon coup, là, tout prêt de l’ouverture menant aux horreurs, je m’avançais à travers la pièce. Alyria me suivait de près et je la laissais bifurquer pour aller s’adresser à l’attroupement que nous étions sensé mener vers la sortie. Pour ma part, je venais retrouver Callista, qui s’appuyait, le regard vide, sur le dossier du fauteuil sur lequel elle se tenait assise. En me voyant m’approcher, elle s’anima à nouveau, se redressant pour m’accueillir avec un sourire sincère et plus qu’amical. Son ton, lui, était doux et interrogatif, lorsqu’elle venait me poser la question sur ce qui se tramait là-bas derrière :

« Alors ? Qu’est-ce qui se passe ? »

« Rien de grave, je t’expliquerais plus tard, d’accord ? » tentais-je d’expliquer, avec un manque de tact flagrant mais totalement involontaire.

Callista, en retour, sembla se renfermer quelque peu sur elle-même, visiblement touchée et déçue par le fait que je lui cachais les choses. Son sourire disparut pour adopter un air plus neutre, frustré. C’était pourtant nécessaire de le lui masquer. J’en avais la conviction. Les choses cachées derrière étaient tout simplement horribles. Elle souffla néanmoins quelques mots pour énoncer l’évidence :

« Joclad… Tu me caches des choses… »

Je déglutissais, adoptant un sourire sincère, avant de lui répondre :

« Callista. Je te promets de tout t’expliquer plus tard. Tu me fais confiance, pas vrai ? »

Je la regardais, posant délicatement ma main sur sa joue dans un mouvement que je voulais visiblement réconfortant. Je ne savais trop comment agir, et j’agissais sur l’instinct. Mon expérience dans le domaine était assez limitée, il faut dire. Fort heureusement, la jeune humaine sembla comprendre et esquissa un léger sourire, pour finalement répondre, convaincue :

« Oui Joclad... »

Je souriais plus grandement, acquiesçant doucement du chef avant de retirer ma main et de prendre place sur le fauteuil que j’avais quitté précédemment. Je l’invitais à se rapprocher alors que je reconnectais mon datapad à la console pour en analyser le contenu. Je cherchais volontairement à filtrer les choses que j’estimais inutile une fois comparée à l’amas de données que je stockais au fur et à mesure dans mon petit appareil. La mémoire de ce dernier était bien trop petite et ne pouvait tout contenir. Il m’aurait fallu au moins dix de ces objets pour pouvoir récupérer toutes les informations. Ainsi, lorsque les données ne m’intéressaient pas, je ne gardais d’elles qu’une trace de registre sur mon datapad, avec seulement les informations sur la date, l’origine, la provenance, le nombre ou encore l’auteur et l’intitulé. Le contenu était trop volumineux. Seules les informations que j’estimais prioritaires étaient enregistrées dans leur intégralité.

Sans que je m’en rende réellement compte, Callista s’était bel et bien rapprochée pour venir poser sa tête sur mon épaule et une de ses mains sur ma jambe. Lorsque je le réalisais, je n’osais bouger. Sa proximité était agréable et relaxante. Elle me permettait d’oublier ce que j’avais vu de l’autre côté du mur, l’horreur des cadavres, des ossements et des organes entreposés sur les rangées d’étagères. Je l’appréciais sincèrement, je ne pouvais pas me voiler la face. Pourtant, devais-je vraiment laisser courir ce genre de pensées ? Je ne savais quoi faire, et c’est pourquoi je me replongeais dans les données à étudier.

Je cherchais des informations sur les expériences, des détails, mais il n’y en avait point. Je n’y trouvais que des informations sur des communications, l’archivage de rapports non présents ou encore des transferts de fonds. Bingo ! De l’argent, ce type avait reçu des financements dont la provenance était indiquée. Il n’avait pas pensé à crypter ces données-ci. Une véritable aubaine que le trop plein de confiance du scientifique l’avait aveuglé sur les indices que pouvaient offrir ce genre de détails.

« Ah, je crois que l’on tient quelque chose. » m’exclamais-je presque en archivant les dîtes données pour poursuivre mon analyse à la recherche d’informations aussi précieuses.

Ma remarque fit se redresser Callista, qui chercha à observer ce que j’avais récolté sur le datapad avec plus d’attention que précédemment pour finalement me questionner :

«Vraiment ? Qu’est- ce que c’est ? » rétorqua-t-elle aussitôt, dans l’espoir d’en avoir plus sur ce qui se tramait autour d’elle.

« Des compte-rendu, pour la plupart. Il y a aussi beaucoup d’archives de communications passées avec l’extérieur. Et des informations sur ses financements. On commence à comprendre, enfin ! »

Je souriais alors qu’elle semblait ne comprendre que la moitié de mes mots. Il faut dire qu’on lui avait volontairement caché ce qui se passait réellement dans cet endroit, mais l’odeur de formol que l’on ressentait depuis notre arrivée avait sans doute dû lui mettre la puce à l’oreille. Tout comme la lecture fugace des données que j’avais analysé.

« Les rakhgoules, c’est d'sa faute, c’est ça ? Il a fait des choses sur elles, ou… pire… »

Je soupirais doucement. Au moins, elle avait trouvé toute seule. Callista n’était pas une imbécile. Elle étudiait, avant de se retrouver au milieu de toute cette historie de guerre civile. J’opinais donc du chef, avant de lui souffler tout bas :

« Oui. Mais il ne faut surtout pas que tu en parles, d’accord ? Il faut que ça reste entre-nous, d’accord ? »

Elle ne sembla même pas hésiter et acquiesça, ce qui me fit sourire. Elle était sincère, je pouvais le sentir grâce à mes capacités empathiques. Je n’étais pas troublé ni même floué parce que je pouvais ressentir pour elle. Non, elle n’allait pas courir pour aller l’annoncer aux autres.
Pour ma part, je devais déjà repartir. J’avais entendu l’appel de Maitre Vocklan, ce dernier ayant sans doute trouvé de nouveaux indices. Il était temps de mettre en commun nos découvertes. Maitre Von n’était d’ailleurs peut-être pas en reste. Je soupirais, m’échappant de la sphère d’influence de la jeune humaine pour filer vers la salle aux horreurs, où se trouvaient Lorn. Avant d’entrer, je respirais un grand coup, me préparant mentalement à ce que j’allais voir pour ne pas ressentir de nouveau ce malaise. Je n’étais pas revenu lors du premier appel. Je ne l’avais même pas entendu, trop concentré dans l’étude des archives présentes dans la console que j’avais réactivée. Ainsi, je tombais un peu des nues quand aux affirmations de l’Epicanthix :

« Comment ça, il a réussi ? Les Rakhgoules ne sont pas sensé être anarchiques ? »

De ce que le Temple dispensait aux Padawans et Initiés, les Rakhgoules n’agissaient jamais de manière coordonnées ou cohérentes. Leur système de fonctionnement n’était qu’anarchie. Elles chassaient en meute tant qu’il y avait des proies, le transformant en leurs semblables. Et lorsqu’il n’y avait plus personne à chasser, elles s’entretuaient. Il y avait bien un cas répertorié, celui du Talisman de Muur, qui contredisait ces affirmations mais il était gardé au secret depuis des siècles. De fait, je n’étais pas au courant de son existence.

N’étant pas xénobiologiste et adepte de l’étude du cycle de vie des Rakhgoules, je passais donc mon chemin sur le sujet pour m’attarder sur celui soulevé par Maitre Von, dont je répondais aussitôt à la remarque par une semi-affirmation :

« Klogar le Hutt? Il me semble avoir lu quelque chose à ce sujet… »

Je recentrais mon attention sur mon datapad, mon index glissant à l’extrémité de l’écran pour remonter le registre d’information récupéré dans la console. Toutes les informations n’avaient pas pu être récupérées, il y avait beaucoup trop de données pour la mémoire de mon petit appareil. Il me fallut quelques dizaines de secondes avant de finalement mettre la main sur les données souhaitées grâce à un filtre adéquat. J’annonçais donc :

« Ah, voilà. Il y a des logs de communications avec un Hutt, oui. Je ne les aie pas lus, il y avait trop d’informations à analyser. Il y avait aussi des traces de rapports manuscrits et vocaux ainsi que des pistes de transferts de fonds, comme si ce Klogar le finançait sans complexe. Il ne semble cependant pas affilié à un Kajidic connu. Mais il n’est pas le seul à s'y intéresser. Regardez… Vous songez à quelqu’un, peut-être ? »

En effet, il n’était pas le seul. Des personnages plus engagés avaient visiblement d’autres intérêts à développer ce genre de monstruosités. A commencer par les Sith…


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Avec un peu de recul peut-être que le colosse aurait dû ressentir quelque chose face à ces cobayes torturés, peut-être aurait-il dû s’ouvrir à la force vivante pour laisse ce malaise et cette sensation nauséeuse l’envahir en un instant…peut-être aurait-il dû ressentir le même malaise que ses deux camarades face à ce spectacle morbide et insensé. Alors pourquoi restait-il de marbre face à ce charnier ? Pourquoi ne s’autorisait-il pas à ressentir les choses comme un être humain ordinaire ? Déjà parce que les humains ordinaires ayant vu autant d’horreurs que lui n’étaient pas très nombreux à travers la galaxie, ensuite parce qu’il avait une mission à remplir et que son devoir passait toujours bien avant ses considérations personnelles. La troisième raison ? Hum…ne pas laisser ses propres émotions entraver son jugement ou guider ses actes, cela vous dit quelque chose ? Tout au long de sa formation il avait été mis en garde contre ce qu’il pouvait ressentir, plus de fois qu’il ne pouvait le compter pour tout dire, autant dire que face à un si triste spectacle il n’hésita pas un seul instant à se couper de tout, le temps de tout vérifier.
Il n’était pas fier de cette coupure qui ressemblait plus à une fuite qu’autre chose, c’était une évidence, mais malheureusement il ne pouvait pas toujours faire ce qu’il voulait et des concessions étaient parfois nécessaires. Une fois la mission terminée il pourrait s’autoriser à repenser à tout ça, à ce qu’il aurait pu faire de mieux, mais pour l’heure il avait une tâche plus urgente qui l’attendait.

Pendant les minutes qui suivirent le jeune maître passa son temps à faire des allers-retours entre les différentes cuves devant-lui et les notes qu’il tenait entre ses mains, vérifiant bien que les expériences perpétrées sur chaque créature étaient conformes à ce qui était marqué dans ces notes. Pourquoi une telle vérification ? Pour s’assurer de la véracité des notes prises et s’assurer que l’on pouvait se fier à tout ce que l’on pourrait trouver dans cet antre de la perversité scientifique. Une fois le tout vérifié et ses doutes à peu près envolés – à peu près car il savait bien qu’un tel scientifique devait garder quelques casseroles, bien cachées - les trois jedis se retrouvèrent pour un petit briefing.

Lorsque Lorn fit part du fait que le scientifique avait réussi à recréer artificiellement ces immondes créatures, le chevalier vint à lui poser une question. Se tournant vers la cuve la plus proche de lui, il répondit alors :

« Ce sont des créatures qui vivent en meute, pour ce que nous en savons, et qui ne sont guidées que par leur faim insatiable. Contrôle la faim d’une telle créature n’est pas vraiment compliqué quand on compare ça au fait de la recréer artificiellement. »

Au fond de lui le jeune maître ne pouvait s’empêcher d’envisager la possibilité que le scientifique n’ait jamais voulu contrôler ces créatures. Pourquoi ? Parce que le chaos créé par de telles choses pouvait éventuellement servir à son employeur pour d’obscures raisons, ces goules étaient capables de propager leurs virus sur une planète entière en un rien de temps, les laisser être dirigées par leur faim insatiable faisait peut-être partie du plan.
La discussion reprit son cours et le petit groupe parvint à identifier l’un de ceux qui étaient désireux de financer la petite entreprise de ce scientifique, c’était déjà le début de quelque chose. Laissant Alyria et Joclad discuter de ce qu’ils avaient trouvé sans vraiment intervenir, le maître d’armes finit par se détacher du groupe avant de conclure d’un :

« Quoiqu’il en soit une fois qu’on en aura terminé ici il faudra détruire ces installations et les travaux de Zind. Personne ne doit être tenté de suivre ses traces. »

Le sujet n’était même pas sujet à discussion. Ramasser le plus de données possibles était acceptable, bien évidemment, mais il faudrait détruire entièrement tout ce laboratoire sans laisser de tracer, en faisant écrouler le plafond avec l’aide de la Force par exemple. Signalant d’un petit signe de main qu’il allait faire un tour, le jeune homme arpenta le laboratoire à la recherche de la seule chose qui importait : une porte de sortie. Dépassant les cuves et s’enfonçant un peu plus profondément dans ce laboratoire crasseux, le colosse arpenta des couloirs vides pendant quelques minutes et, au croisement d’un énième couloir, il se tourna vers la gauche et aperçut une double-porte massive.
S’avançant d’un pas leste afin de ne pas perdre davantage de temps, il abaissa sa main gauche et appuya sur le bouton d’ouverture. Pas de réponse ? Il frappa violemment du poing sur le bouton et, l’espace d’un instant, il vit la double-porte tressauter et tenter de s’ouvrir sans y parvenir. Un souci de courant ? Non, le temps avait fait son office sans doute et les rouages devaient être rouillés. Soupirant alors qu’il brandit ses deux lames violacées, le maître usa de ses deux armes pour découper les portes et les faire tomber en avant dans un fracas assourdissant. Parfait pour la discrétion, hein ?

Devant lui se dressait un petit couloir éclairé par une lumière rougeâtre vacillante et crépitante et, à quelques mètres de lui, il reconnut ce qui semblait être un monte-charge mais sans la nacelle. Curieux et intrigué, les armes toujours dans les mains, Lorn s’avança jusqu’au monte-charge et pressa le bouton qui actionnait la descente de la nacelle. Aucune réponse de nouveau, non mais c’était la série des emmerdements ou quoi ?
Abaisser la tête en bas ne servait à rien, ce niveau-ci était le terminus de ce monte-charge apparemment. Du coup, pas vraiment certain que ce qu’il s’apprêtait à faire soit une très bonne idée, le colosse s’avança et releva la tête pour essayer de comprendre ce qui n’allait pas. Si la cage d’ascenseur était faiblement éclairée par les mêmes lampes rougeâtres vacillantes, il dut plisser les yeux pour reconnaître la forme sombre de la nacelle, quelques dizaines de mètre au-dessus de lui.
Fronçant les sourcils il appuya de nouveau sur le bouton et, contrairement à la porte de tout à l'heure, la nacelle ne fit même pas mine de vouloir bouger. Allons bon ! Désactivant ses deux sabres tout en se retenant de lâcher une insulte pour laisser échapper son agacement et sa frustration, le maître fit demi-tour sans attendre. Il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver son chemin et se rapprocher de ses deux compères jedis. Ne prenant même pas la peine de cacher son agacement face à ce qu’il venait de trouver, il lâcha alors :

« J’ai trouvé la sortie, un vieux monte-charge. Ce sera un miracle s’il fonctionne encore, mais avant ça j’ai besoin de l’un de vous deux. La nacelle est bloquée plus haut. Bouffée par la rouille ou bloquée par quelque chose d’autre, je ne sais pas, mais il va falloir faire un peu d’escalade pour aller la débloquer et voir ce qui cloche. Lequel de vous se sent de venir faire un peu de grimpette avec moi ? »

Il grimperait de toute façon, cela allait de soi, mais avoir un peu de compagnie serait appréciable. Qui irait ? Qui se porterait volontaire ? Il irait seul si personne ne se manifestait.
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« Pas nécessairement, mais… Je peux regarder un instant ? »

Tendant la main vers Joclad, Alyria attendit qu’il lui donne le datapad et commença à regarder les informations filtrées. Immédiatement, elle ouvrit quelques-unes des communications de ce fameux Klogar, histoire de vérifier son sentiment premier, qui s’avéra exact. Cependant, un nom revenait souvent dans les plus anciennes conversations entre le hutt et Zind. Un nom qu’elle retrouva après avoir à nouveau fait une recherche sur le datapad, et qui lui était tristement familier. Soupirant, la jedi finit par dire :

« Vous voyez ce nom ? Là ? Etoile sanglante ? Ce pseudonyme, je le connais assez bien… Il m’a coûté ma main. »

La mine sombre, elle s’expliqua :

« Cet homme achetait ou capturait des individus un peu partout pour faire des expériences sur eux. A l’époque, rien n’avait été trouvé sur son repaire quant à ses motivations, aussi, le Temple en avait conclu qu’il s’agissait d’un fou corrompu par le côté obscur et se délectant de son propre plaisir d’infliger des souffrances indicibles à autrui en pratiquant des vivisections. Mais… S’il était lié à ce Klogar, et à ce Zind… Je crains que nous ne puissions écarter une autre possibilité. Celle qu’il ait contribué aux travaux en expérimentant sur sujets vivants de différentes races… Peut-être pour vérifier la capacité de propagation à des espèces autres que semi-humaines ? En analysant la structure neurochimique ? Je ne peux pas dire, mais… Les dates et méthodes correspondent plus ou moins. »

Qu’il était étrange de se plonger dans ces souvenirs honnis et lointains désormais, qui continuaient pourtant à la hanter. Jamais elle n’aurait pensé être voire resurgir cette partie-là de son passé devant ses yeux, et découvrir le fin mot de cette histoire. Elle se souvenait qu’à l’époque, à son réveil, elle avait dit à Lorn vouloir comprendre la raison de tant de folie, même s’il n’y avait apparemment pas d’explication autre que le sadisme. Et voilà que des années après, cette enquête lui donnait raison ? C’était… impensable. Mais au fond, pas complètement illogique.

« Un hutt déchu par ses pairs, agissant en indépendant, finançant des expérience troubles avec un sith indépendant et un médecin défroqué… Nous avons un trio capable de faire beaucoup de mal. Deux sont morts. Mais le troisième… Est sans doute toujours en possession des travaux. Sans doute toujours… »

Brusquement, elle eut une intuition folle. L’idée venait de germer dans son esprit, mais plus elle y pensait, plus elle trouvait cela évident. Enfin, restait à prouver que ce n’était pas quelques chimères issues de son esprit fatigué. Pourtant… Non, il y avait trop de coïncidence là-dedans. Beaucoup trop. Il fallait vérifier.

« Les rackghoules sont apparues en même temps que les tensions sur Sy Mirth, fragilisant un peu plus le pouvoir en place et alimentant le chaos… Je trouvais cela un peu étrange, mais avec ces informations en main…

Joclad, tu peux regarder plus en détail les communications entre ces trois-là ? Uniquement eux, le reste, on verra plus tard. »


Déjà, il fallait cela… Pour le reste… Lorn devrait… Où était-il d’ailleurs ? Toute à ses conclusions, Alyria ne l’avait pas vu partir vers l’arrière, mais quand elle le vit revenir pour annoncer ses découvertes, elle comprit où il était parti… Et ses yeux s’agrandirent de stupéfaction quand elle l’entendit dire tranquillement qu’il comptait grimper à la force des bras des mètres entiers alors qu’il se tordait au sol quelques heures avant ? Non mais il n’était quand même pas sérieux !

« JE vais grimper. Hors de question que tu y ailles. La pression exercée sur tes poumons et ta cage thoracique en raison de l’effort physique risquerait de causer une compression, et je n’ai fait que des soins basiques. C’est non. Pareil pour toi, Joclad, avec ta cheville encore fragile et la commotion, j’aimerais éviter les accidents.

J’estime être une guérisseuse correcte, mais ce n’est pas ma spécialité, et vos corps ont beaucoup souffert ces dernières heures, contrairement au mien, puisque j’ai eu nettement plus de chance lors de l’éboulement et que je n’ai pas participé aux combats contre les rackghoules. Autrement dit… Je peux vous rafistoler une fois. Mais pas cent.

Vous restez en bas. Ordre du médecin de cette unité. »


Pour le coup, son ton ne souffrait absolument aucune réplique ni contestation. Elle était en charge de leurs santés, et ne comptait pas devoir appliquer des soins d’urgence encore une fois. Elle savait d’avance que Lorn n’allait pas aimer cela, mais tant pis. Il fallait parfois savoir s’arrêter avant d’aggraver encore les choses. Et à cet instant, c’était à elle de fixer les limites. Parce qu’une fois là-haut, elle ne pourrait plus rien pour lui.

« Pendant que je serais en haut… Demandez au chef de venir… Et à son comparse, celui qui râlait en nous voyant arriver au début de venir ici. Ainsi qu’un troisième, n’importe qui. Expliquez-leur ce qu’il se passe, et demandez-leur s’ils savent quoi que ce soit de liés à ce Klogar le hutt. Etant donné qu’il doit être le seul des trois encore vivants, c’est notre piste la plus sûre. Et je pense que leurs connexions avec les rebelles vont plus loin que ce qu’ils nous ont dit. »

Ne restait plus qu’à se mettre en action. Allant jusqu’à la fameuse nacelle, Alyria nota en effet les filins se baladant dans le vide, prit son élan, et sauta, se rattrapant à l’un de ces derniers. Une fois sa prise stabilisée, elle commença à se hisser à la force des bras, exercice qui lui arracha une grimace au vu de l’effort déployé. Cependant, cela restait encore dans ses cordes. C’était … comme un exercice d’endurance, finalement. Lentement, elle progressait, vers le haut, jusqu’à se retrouver juste en dessous de la nacelle. Bon, c’était que la partie se corsait. Enfin, aurait dû se corser pour une personne moins habituée aux acrobaties en tout genre.

Pour autant, il ne fallait pas oublier que la jedi était une personne qui avait cultivée une agilité féline héritée de son côté paternel depuis des années. Les cabrioles, c’était sa spécialité, que ce soit en combat ou en situation un peu moins dangereuses. Le tout était de tester d’abord la solidité des filins en se balançant légèrement. Comme elle n’entendait rien, cela confirma au moins ses soupçons : pas de rouille pour eux. Restait donc à se balancer pour escalader la cage, en prenant appui sur le mur. Plus facile à dire qu’à faire… Mais de toute façon, elle n’avait pas le choix. Lentement, elle commença à se balancer au bout du filin, accentuant au fur et à mesure la pression exercée, et enfin, ses pieds commencèrent à toucher la paroi. Parfait. Une fois cette dernière atteinte, elle se glissa dans l’interstice, et finalement, entra dans la nacelle.
Immédiatement, le problème lui sauta aux yeux. Le panneau de commandes avait été arraché depuis un petit moment, et les fils à nus derrière étaient pour certains raccordés à rien, tandis que la plaque gisait dans un coin, s’étant sans doute détachée avec la rouille ou un choc provoqué par elle ne savait trop quoi. A moins qu’elle n’ait été volontairement arrachée pour que personne ne puisse emprunter cette sortie…

Techniquement, il suffisait de faire les raccords… Oui, sauf que pour le coup, c’était vraiment la mauvaise jedi qui était montée, étant donné sa nullité symptomatique pour tout ce qui touchait aux questions d’électronique et de mécanique en général. Sauf qu’il allait bien falloir trouver une solution ! Alyria laissa échapper un soupir désespéré, avant de prendre le panneau dans ses mains et de l’étudier attentivement. Une fois ceci fait, elle entreprit de regarder la configuration des fils, essayant de voir les ramifications, la forme, et les couleurs… Bon, eh bien, ce n’était vraiment pas gagné ! Ses méninges fumant face à la réflexion demandée face à un problème auquel elle ne comprenait goutte, la trentenaire finit par se dire après un petit moment qu’elle allait devoir tenter n’importe quoi, plutôt que d’espérer y comprendre quoi que ce soit. Prenant une profonde inspiration, elle approcha le panneau, prit les fils et marmonna :

« Bon… on va dire … euh… le fil rouge sur le bouton rouge, le fil vert sur le bouton vert ? »

Ah, elle avait fière allure la Chancelière comme ça ! Enfin, de toute façon, ce qui était fait était fait. Sortant de la nacelle, elle se laissa glisser jusqu’en bas, sortant enfin de la cage d’ascenseur, et d’une main un peu tremblante, appuya à nouveau sur le bouton. Dans un craquement sonore, la machinerie s’ébranla, et la nacelle redescendit. Elle avait réussi ! Pour un peu, elle en aurait levé le poing et fait une danse de la joie !

« Eh bien… Ça a l’air de marcher. On va pouvoir sortir de là.»
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« Je suis du même avis. Il ne faut pas que ces expériences puissent être reprises par quiconque. Ce laboratoire doit être détruit. Encore faut-il trouver comment. »

Evidemment qu’il fallait tout enterrer sous un énorme tas de gravats, mais encore fallait-il savoir comment. Les murs semblaient bien épais et faire effondrer le toit semblait peine perdue, à moins que les « réfugiés » qui nous accompagnaient disposaient de charges de fortes puissances pour ébranler les murs une fois que nous aurons atteint la surface. Peut-être qu’au final, détruire l’intégralité des systèmes informatiques ainsi que les cuves suffiraient à réduire les progrès de Zind à néant, mais ça n’empêcherait pas des explorateurs de découvrir la vérité sur cet endroit. Cependant, si Maitre Vocklan avait proposé la chose, c’est qu’il avait sans doute une idée de la méthode à adopter. Je pourrais peut-être l’aider, si c’était nécessaire et que je pouvais le faire.

Je restais droit, écoutant l’un et l’autre avant de laisser le pad s’échapper de mes mains pour qu’il finisse sa course dans celle de Maitre Von.

« Bien sûr, prenez-le. »

J’attendais qu’elle feuillette les données, attentif à ses réactions. Je n’étais guère utile actuellement et j’avais l’impression que ma tête allait exploser face au flux de données que j’avais dû analyser et qu’il restait encore à traiter. Je faisais d’ailleurs discrètement appel à la Force pour m’aider à apaiser mes douleurs qui revenaient et semblaient vouloir écraser mon crâne sous leur poigne de fer. Lentement, je diluais la douleur tout en enregistrant le nom « d’Etoile Sanglante » quelque part dans mon esprit, me remémorant avoir lu le nom dans de précédentes conversations qu’il allait falloir de nouveau analyser. Le travail semblait alors sans fin, mais pourtant nécessaire pour parvenir à déchiffrer les volontés de chacun, car il s’agissait désormais du seul moyen d’obtenir ces réponses.

J’archivais chaque possibilité qui émergeait dans mon esprit à l’écoute des propos de Maitre Von et un schéma semblait peu à peu se dessiner dans ma tête. Je ne voulais pas imaginer le carnage que provoquerait l’apparition des rackghoules en surface et la possibilité de propagation à d’autres mondes par le biais des transports galactiques. C’était tout le secteur qui pouvait rapidement finir en quarantaine si ces choses parvenaient à s’enfuir. Maitre Von avait raison en rapprochant les faits, car tous s’étaient apparus dans un intervalle de temps très court, comme des événements prémédités. Le chaos en surface permettait de neutraliser toute intervention rapide de la République et permettrait l’effondrement politique et sécuritaire de la planète, permettant alors à l’infection de se propager plus vite. Mais dans quel but ?

« Il y a peut-être un moyen de remonter à l’origine des communications, mais il faudrait d’abord faire tomber le brouillage qui entoure la planète. Je peux toujours récupérer les informations pour tenter d’interroger les relais holonet plus tard, une fois que nous aurons toutes les cartes en main. Dans tout les cas, en filtrant, je dois pouvoir récupérer des logs intéressantes sur ces trois-là. »

Il y avait beaucoup de barrières à franchir pour parvenir à obtenir quelque chose de concret en interrogeant en temps réel des relais qui n’étaient pas atteignable à cause du brouillage mis en place par je ne sais qui, pour je ne sais quelles raisons. Pour entretenir le chaos, sans doutes. Il ne restait qu’à feuilleter les logs pour tenter de trouver des points d’accroches et des indices permettant de reconstituer le trajet de l’information… Au temps dire que je préférais encore la proposition de Maitre Vocklan, à savoir m’élancer dans l’escalade de la cage d’ascenseur pour en débloquer les mécanismes. L’idée fut cependant balayer d’un revers de main par la demi-Echanie, laquelle n’avait pas foncièrement tort. Je n’étais pas en état, mais pas pour les mêmes raisons. Mon mal de crâne laissait penser à des lésions plus dramatiques que prévues là où a cheville pouvait tenir le coup d’une ascension.

« Ma cheville va mieux, mais vous avez sans doute raison. De toute façon, je suis le seul à pouvoir récupérer les données des communications. Donc, effectivement, il ne reste plus que vous. »

Je haussais les épaules, avant de me tourner vers Maitre Von, pour lui demander de détailler ses véritables convictions sur la situation actuelle :

« Vous pensez réellement qu’il ait pu nous mentir sur sa réelle position au sein de la rébellion ? Il me semble illogique qu’il se soit jeté dans les tunnels s’il était conscient de la présence de ces monstruosités. A moins qu’il n’ait été jeté dans un piège, pour le supprimer lui et ses soutiens… »

J’attendais sa réponse, avant de la laisser s’affairer à sa tâche. Il était inutile de l’occuper plus longtemps. Plus vite nous serions partis de cet endroit et mieux je me sentirais. J’interceptais néanmoins l’Epicanthix pour lui proposer d’agir chacun à notre manière pour obtenir les informations souhaitées :

« Bon… Maitre Vocklan, je vous propose d’aller questionner le chef et ses comparses. Je vais m’occuper des communications et essayer d’en apprendre plus par le biais de Callista. C’est sa fille, elle doit forcément avoir entendu quelque chose. »

Enfin, il allait me falloir trouver un moyen d’aborder le sujet sans être trop direct. Je ne voulais la brusquer alors qu’elle pouvait m’être d’une aide précieuse pour parvenir à remonter la source des signaux émis par Klogar le Hutt. Ses compétences n’étaient pas à négliger, et peut-être pouvait-elle trouver une idée pour débuter nos recherches, car oui, je comptais bien faire appel à son aide. M’inclinant légèrement et respectueusement, je me retirais pour avaler les mètres qui me séparaient de la console et de la jeune femme, réactivant un datapad récupéré sur un coin de console pour pouvoir l’utiliser de la même manière que le mien pour pouvoir exploiter les données de l’ordinateur sur deux appareils en même temps.

« Callista ? Je vais avoir besoin de ton aide. Tiens, prends ce pad. »

Je souriais en arrivant, lui tendant l’appareil avant de m’asseoir sur ma chaise pour reconnecter mon propre pad au système. Je savais qu’elle acquiescerais, et je venais l’aider à se connecter à la console, lui expliquant clairement ce que nous recherchions, c'est-à-dire des points de harponnage d’où nous pourrions remonter le réseau holonet pour trouver la source d’émission du Hutt, mais aussi trouver des informations complémentaires sur les relations qu’entretenaient le Sith, le Hutt et le scientifique.

La recherche était difficile, car elle s’apparentait à un immense puzzle d’échelle galactique où seulement quelques pièces étaient aptes à nous révéler les informations souhaitées. D’une certaine manière, le grand nombre d’enregistrements et d’échanges était une bonne chose car nous disposions d’une plus forte probabilité de tomber sur les éléments recherchés. Mais encore fallait-il les trouver. Un travail de longue haleine, que les fonctions de filtrages appliquées nous permit de rendre efficace et performant. A deux, nous travaillions plus vite, et les premiers résultats commencèrent à sortir. Avec des points d’accroche suffisant, je laissais Callista s’occuper uniquement du traçage de la transmission, m’attelant à lire des tonnes de dossiers. Il s’agissait pour la plupart du temps de rapports et de discussions liées aux financements et au progrès des partisans liés à l’indépendance, tout comme aux pro-Impériaux. Visiblement, Klogar le Hutt jouait sur les deux tableaux et semblait être l’un des principaux instigateurs du conflit que connaissait actuellement Sy Myrth. Et au bout de longues et interminables dizaines de minutes, les résultats finirent enfin par payer, après que j’eus finis de lister les sujets importants abordés par le Hutt et ses comparses :

« J’ai trouvé quelque chose. On dirait qu’il y avait des désaccords au sein des indépendantistes sur le fait de négocier avec le Hutt. »

« Oui. Des histoires de financements détournés, et des craintes assez floues. Enfin, ce n’est pas très détaillé. Certains documents n’étaient pas chiffrés parfaitement, et j’ai pu remonter jusqu’à un relais près de Jabiiim.»

« Oui, il y a plusieurs communications entrantes qui semblent passer par cette balise et… »

Je m’arrêtais de parler au moment même où mes yeux s’immobilisaient sur plusieurs lignes parmi tant d’autres, comme si je venais de mettre le doigt sur quelque chose d’original, voir d’insensé. Ma réaction attira évidemment l’attention de Callista, dont les traits du visage s’étaient plissés, signe de sa curiosité et de son étonnement :

« Et… ? Il y a un souci, Joc’ ? » demanda-t-elle d’une voix douce et agréable, alors qu’elle faisait glisser sa chaise pour s’approcher de moi.

« Je pense. Dans ces logs, Klogar à proposé au chef de se débarrasser des gêneurs… en trouvant un prétexte pour les envoyer dans les souterrains. Qu’il s’assurerait qu’il ne serait plus inquiéter. »

« Quoi ?! Tu… tu en es sûr ? Fais voir… » Elle saisissait le datapad de ses fins doigts engoncés dans le cuir doux de ses gants pour contempler par elle-même sa découverte, abordant dès lors une mine bien plus inquiète et pleine d’incrédulité pour finir par souffler, tout bas : « Non… ce n’est pas possible. Pas lui… »

Comment ça, pas lui ? Je sursautais presque sur ma chaise à l’écoute de cette révélation, sous-entendant qu’elle connaissait le responsable des indépendantistes, celui qui était de mèche avec l’instigateur de ces recherches effroyables ? Je ne pouvais pas le croire, c’était impossible !

« Tu le connais et tu ne m’a rien dit ? » lâchais-je dans un soupir, sans cacher ma surprise et mon incompréhension.

« Pas moi, mais mon père oui. Il... Non, je ne sais pas. »

Je pouvais ressentir son malaise et sa tristesse alors qu’elle réalisait ce qu’il s’était sans doute passé, qu’ils avaient été trahis, eux et leur cause, par leur chef pour quelques crédits de plus, jeté dans une expérience morbide visant à donner de l’ampleur à une épidémie mortifère telle de la nourriture donnée à des animaux affamés, les rakhgoules. Je ne pouvais évidemment pas comprendre ce qu’elle ressentait, mais je pouvais partager son incompréhension.

D’une main légère et douce, je venais attraper son menton pour lui relever le visage, sa main gantée de noir venant presque aussitôt s’apposer sur la mienne alors qu’elle semblait vouloir s’enfermer dans ses pensées, si ce n’est sur elle-même. J’inclinais la tête dans sa direction, posant mon front contre le sien tout en l’enserrant tendrement de mon bras libre, dans un acte de compréhension. Je soupirais doucement, pour finalement énoncer un fait, sur un ton plein de douceur et surtout, calme :

« Callista… Tu peux tout me dire, tu le sais bien… Surtout si ton père s’est fait piéger. C’est ça ? »

« Oui… Il est sensé être très proche avec lui. Ils ont établis les plans ensemble, tout. Mais je n’en sais pas plus. Il a toujours gardé le secret sur ces affaires là. Je ne pense pas qu’il savait ce qui nous attendait ici. Sinon il ne nous aurait pas amené avec lui. »

La tristesse se ressentait dans sa voix, tout comme sa détresse alors qu’elle comprenait que son père s’était fait mener par le bout du nez et qu’elle n’avait rien vu venir, elle, la plus ouverte et la plus intelligente du groupe. La réconforter et la soutenir était pour moi une nécessité, et je la sentais se serrer un peu plus contre mon torse comme pour y chercher la consolation souhaitée. En réaction, je suivais mon instinct –et mes désirs-, soulevant doucement son menton pour venir contempler son visage arrondi quelques secondes avant que mes lèvres ne viennent s’apposer sur les siennes pour finir dans une danse partagée, agréable mais hésitante jusqu’à ce qu’elle vienne m’encourager d’un « je t’aime » glissé entre deux échanges savoureux de seulement quelques secondes. Je finissais par m’écarter, lui offrant un sourire encourageant avant de lui chuchoter, d’un air confiant :

« Ca va aller, d’accord ? Tout est en train de s’arranger, mais il va falloir en parler. Avec Maitre Helm, Maitre Vocklan, ton père. Tous ensembles. Il faut dévoiler au grand jour ce qui se passe ici. Tu viens ? »

Elle hocha timidement de la tête et je me redressais, lâchant son visage pour me lever et l’inviter à me suivre sans pour autant cacher notre rapprochement. Je ne m’étais pas caché plus tôt, je n’allais pas le faire maintenant. Mon bras dans son dos, je la guidais vers Maitre Von qui revenait vers Maitre Vocklan avant de m’immobiliser pour écouter ses bonnes nouvelles. Nous allions enfin pouvoir partir de cet endroit. C’était une bonne chose.

« Une bonne nouvelle. Pour ma part, nous avons réussi à remonter jusqu’à un émetteur holonet situé autour de Jabiim, en Espace Hutt. Mais ce n’est là qu’un relais, la communication semble venir de plus loin. Nous avons aussi trouvé ceci… ce qui semble corroborer vos dires, Maitre Helm. Ils connaissaient le Hutt, du moins pour certains. Pas vrai, Callista ? » répondis-je, tendant mon pad comme preuve à l’appui.

Concernant la triangulation du signal originel du Hutt, il y avait encore du travail mais rien était impossible désormais.


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Même si l’objectif premier de cette mission avait été relativement ennuyeux aux yeux du colosse jedi, force était de constater que ce petit séjour s’était transformé en une expérience qui n’était pas dénuée d’intérêt, alors oui il serait bien passé outre les petites blessures accumulées çà et là mais ce séjour serait-il toujours aussi intéressant sans souvenirs marquants ? Tantôt des marques de faiblesses, tantôt des blessures de guerre servant de témoignages de ses actes passés, toutes les blessures et cicatrices qui parsemaient son corps n’étaient rien d’autre qu’un résumé de sa vie. Tous les autres n’y voyaient là que souffrance et misère, mais pour Lorn chacune des marques sur son corps était lié à un souvenir plus ou moins fort dans lequel il replongeait bien volontiers dans ses moments de calme et solitude.
Là un trou de tir de blaster dont la cicatrice n’était presque plus visible, lorsqu’il n’était encore qu’un jeune padawan ayant bien trop confiance à ses capacités de déflection des tirs, ici une estafilade lors d’un combat contre un guerrier sith massif qui était très doué malgré sa carrure suggérant le contraire, et en posant les yeux sur ses bras il pouvait voir bon nombre d’autres blessures, toutes liées à un souvenir précis. Le dos ? Ah non, le dos était une toute autre histoire que vous devez déjà connaître si vous avez eu vent du passé de cet épicanthix, de sa vie avant l’ordre jedi. Vais-je vous la conter de nouveau ? Non, bien sûr que non car les circonstances pressantes ne permettaient pax à Lorn de se replonger dans ces ténébreux souvenirs, il était nécessaire de faire la part des choses et aujourd’hui cela consistait à se concentrer sur l’instant présent.
Ces gens derrière lui, terrorisés et désorientés, ne désiraient rien d’autre que de quitter ces galeries sombres et humides pour sentir enfin la douce caresse du soleil sur leurs visages. Ils comptaient sur les trois jedis pour les guider hors de ces ténèbres et les protéger des créatures qui en voulaient à leur vie, dévorant les chairs et propageant leur ignoble virus comme une vulgaire peste. Contrer une invasion rakghoule était difficile voire presque impossible pour trois jedis isolés, surtout trois jedis ignorant à quel point cette planète était polluée par ces immondes bêtes, il n’y avait aucun moyen de connaître l’ampleur de la menace qui leur faisait face et pourtant ils ne se laissaient pas démonter. Pourquoi ? Parce qu’ils prenaient une information à la fois, un problème après l’autre pour ne pas se laisser submerger par l’ampleur de la tâche qui les attendait. Ils ne pouvaient pas espérer tout régler d’un seul coup, d’abord ils devaient comprendre la situation en rassemblant un maximum d’informations et ensuite ils feraient sortir ces gens d’ici.

Même si Lorn n’était que rarement attiré par la partie discussion et théorique d’une mission, se sentant bien plus utile au cœur de l’action si ce n’était pas assez évident comme ça, il savait que cette partie était nécessaire et laissa à sa camarade le bon soin de révéler que leur petit scientifique vicieux était lié au sith grâce à qui elle devait cette main fantôme. S’énerver ? Pour quoi faire ? Le sith bouffait les pissenlits par la racine depuis plusieurs années déjà, il avait reçu ce qu’il méritait donc autant dire que s’appesantir sur ce douloureux souvenir était chronophagement inutile.
Commençant à comprendre la situation dans laquelle ils étaient fourrés, le jeune maître laissa ses deux camarades poursuivre leur discussion pendant qu’il irait chercher une sortie, c’était bien là qu’il se sentait le plus utile et non pas en débattant sur les informations qu’il pouvait avoir sous les yeux. Muni de son sabre laser comme seule source de lumière, après moultes recherches il finit par trouver un couloir menant à un monte-charge qui avait connu des jours meilleurs, n’étant pas vraiment un génie de la mécanique ou de l’ingénierie il ne chercha pas vraiment à comprendre le fonctionnement du monde-charge et alla au plus simple : la nacelle était bloquée et il fallait la déloger d’une manière ou d’une autre. Oh oui, en d’autres circonstances Lorn se serait bien chargé de cette tâche tout seul sans soucis, mais il sentait son flanc le lancer à chaque fois qu’il levait son bras ou qu’il pivotait un peu trop brusquement, c’était de cette façon que son corps lui faisait comprendre qu’il devait lever un peu le pied.

D’ordinaire il aurait ignoré cet avertissement comme il l’avait fait sur Aargau par exemple, étant parfaitement capable de serrer les dents pour repousser un peu plus les limites de son corps ou, à défaut, retarder le point de non-retour, mais ici il n’y avait pas de situation urgente nécessitant un tel empressant et il avait même la désagréable impression que ses services seraient requis de nouveau une fois la surface atteinte.
Une fois de retour auprès de ses confrères il ne fut pas plus surpris que ça que sa camarade lui ordonne de rester ici pour se reposer. Oh non son « ordre du médecin » n’avait absolument aucun effet sur le maître d’armes, pas plus qu’un pet de nouveau-né pour vous donner une image parlante, mais aussi borné qu’il était la sagesse acquise par l’expérience lui procurait quelques moments de lucidité de temps à autres. Il était inutile de chercher à argumenter là-dessus, les deux maîtres étaient aussi bornés l’un que l’autre et c’était peu dire, Lorn tourna donc les talons et coupa court à la conversation sans prévenir, se dirigeant vers le chef de la bande et de garde grognon comme suggéré plus tôt.
Était-il fatigué de faire semblant ? Il n’en savait rien, il faisait semblant depuis tellement longtemps que c’était devenu habituel pour lui, il espérait simplement avoir plus de moments calmes et privés pour pouvoir relâcher la pression un peu plus souvent. Mais malheureusement le devoir n’attendait pas, il se mit donc à discuter avec les deux hommes en débitant des banalités pour débuter un semblant de conversation.
Au bout de quelques instants le chef de ce petit groupe avoua que ce n’était pas de sa propre initiative qu’il était venu se terrer ici, peut-être avait-il eu d’autres destinations en tête, mais il regrettait d’avoir suivi les recommandations de « celui » qui les avait envoyés ici. Recevant quelques informations sur son datapad, Lorn soupira et leva les yeux vers celui que venait de les lui envoyer, pour le surprendre en train d’embrasser copieusement la demoiselle de laquelle il s’était rapproché depuis le début de la mission.

Déception ? Tristesse ? Lassitude ? Il y avait un peu de tout ça qui marinait dans sa tête sur le coup, le faisant lâcher de nouveau un lourd soupir, mais finalement il coupa court à ces sombres pensées lorsque le trio de jedis et quelques invités se rassemblèrent.

« Bon. »

Posant un regard froid et dénué de compassion sur l’assistance – à savoir ses collègues jedis, le garde grognon, le chef et sa fille – Lorn lâcha la bombe sans le moindre détour et la moindre once de subtilité :


« Je vais vous la faire simple, pour qu’on ne perde pas de temps. Celui qui vous a envoyé ici à l’abattoir, il vous a entubé de long en large en vous envoyant ici pour mourir ou vous transformer en l’une de ces choses. Nous savons avec qui il travaille, et maintenant qu’on a éclairé un peu la situation il va falloir jouer franc jeu avec nous. Donc maintenant on va sortir d’ici, atteindre la surface, vous mettre en sécurité et on va s’occuper de ce merdier. »

Laissa le silence s’étendre dans la pièce alors que chacun enregistrait l’information comme il le pouvait, le colosse coupa court à cette courte réunion en lâcha un :


« Des questions ? Non, alors rassemblez vos hommes et en route. »

Se tournant vers Joclad, braquant un regard qui était désespérément dénué de compassion, il fit également glisser son regard vers le jeune demoiselle sur laquelle il avait jeté son dévolu avant de lui cracher un :


« Ce n’est ni le lieu ni le moment d’aborder le sujet, j’espère que tu en as conscience, mais nous en reparlerons plus tard. Je croyais avoir été suffisamment explicite tout à l’heure, mais apparemment pas assez. Rassemble autant de données que tu peux, je ferais écrouler le plafond quand tout le monde sera dans le monte-charge.»

Oh non Lorn n’était pas assez hypocrite pour dire à Joclad ce qu’il devait faire ou ne pas faire de son cœur alors que lui-même avait enfreint le code Jedi, mais le maître d’armes savait quand faire taire ses émotions pour se concentrer sur la mission. Le chevalier serait-il suffisamment concentré pour le reste de la mission maintenant que son attachement pour cette femme allait accaparer une partie de ses pensées ? L’épicanthix n’en était pas si sûr, voilà pourquoi il l’envoya sur une autre mission en prévision de l’évacuation qui ne tarderait désormais plus.
Oh il savait bien que le chevalier allait protester comme ils le faisaient tous, il dirait sans doute qu’il était parfaitement maître de lui-même et que cela ne nuirait en rien à la mission, il dirait qu’il était assez vieux pour faire ses propres choix sans que cela ne vienne entraver la voie qui était la sienne. Était-ce important ? Non, le maître Vocklan se fichait pas mal de ce que le jeune chevalier pourrait penser ou dire pour sa défense, il se fichait également de savoir ce qui avait bien pu faire chavirer son cœur de la sorte, à ses yeux azurs il n’y avait que la mission qui importait et rien d’autre. Tournant les talons sans un mot, n’écoutant pas un seul instant la suite de la conversation, Lorn se dirigea vers le fond de la salle et les dernières cuves qui enfermaient ces horribles créatures.
Fermant les yeux tout en s’ouvrant à la Force, le jeune maître fit le vide dans sa tête afin d’oublier cette douleur qui le dérangeait sur le flanc, afin d’oublier ce qu’il venait de voir et, surtout, afin de se préparer à tout ce qu’il pourrait trouver à la surface. Les yeux toujours fermés il serra la main autour de son sabre laser éteint comme un catalyseur, comme l’instrument de sa volonté, tout en se demandant s’il faisait bien de se couper de toute émotion comme il le faisait à chaque fois qu’il était en mission, ça lui avait assez bien réussi jusqu’à maintenant mais son maître lui avait dit plusieurs fois que les jedis devaient s’autoriser à ressentir les choses. Non, peu importait tout ça, il y réfléchirait plus tard.
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« Parce qu’on leur a dit la vérité nous, Joclad ? Rien que la vérité ? Tu sais aussi bien que moi que ce n’est pas le cas. Ils sont trop nombreux pour être un simple groupe d’éclaireurs. Et ils suivent bien trop fidèlement Jorg pour n’être qu’un agrégat de volontaires. Ces gens se connaissent, ils se soutiennent…

On a pas affaire à quelques personnes égarées, mais à un meneur et ses fidèles. Un meneur habile, avec des convictions et de bonnes connaissances… Souviens-toi maintenant du braillard que nous avions en face pour représenter les indépendantistes lors de la réunion… Tu crois vraiment qu’un type comme ça aimerait avoir des sous-fifres aussi… pointilleux ?

Ils ne nous ont pas dit toute la vérité parce que nous étions des jedis et que nous représentions le camp adverse. Tout comme j’ai tu ma réelle identité pour ne pas avoir de problèmes avec eux. »


Alors qu’elle rejoignait leur groupement, Alyria se remémorait les paroles qu’elle avait adressé à Joclad avant de grimper en haut de la nacelle. Elle était sûre de sa déduction. Depuis deux jours, elle avait observé soigneusement les interactions entre les personnes qui les accompagnaient, particulièrement celles entre leur leader et ses compagnons. Cet homme en savait plus que ce qu’il voulait bien dire. Comme elle en savait plus que ce qu’elle lui avait dit. D’ailleurs, elle était prête à parier qu’il se doutait lui aussi de quelque chose, un peu comme un donnant-donnant mental où chacun tentait de deviner les cartes de l’autre.

Alors que le Chevalier lui tendait son pad et lui faisait un résumé de ses découvertes, Alyria prit l’objet et commença à le parcourir, non sans jeter un regard très appuyé sur sa posture plus que rapprochée avec la fille de Jorg. Et la façon dont elle le dévorait des yeux… Elle avait bien tenté d’ignorer les soupçons qui avaient germé un peu trop vite dans son esprit, se disant qu’elle affabulait un peu à force d’être dans ces égouts sans rien d’autres à penser que des bêtes féroces et décérébrées… Mais là… Apparemment, ils avaient un nouveau problème sur les bras, et nettement plus délicat, celui-là.

Pour parler crûment, le fait que Joclad ait une vie sexuelle ne la dérangeait pas, encore qu’elle préférait ne pas l’imaginer, encore moins le savoir. Simplement, à voir le regard enamouré que sa compagne lui lançait, elle avait tendance à croire qu’il ne s’agissait pas de cela. Ce qui allait se passer, elle pouvait presque le deviner : ils allaient flirter tout du long, se rapprocher, et quand il faudrait partir ce serait le drame. Promesses de se revoir qu’aucun ne pourrait décemment tenir sans manquer à ses devoirs ou alors rupture sanglante à base de sanglots longs… Ca n’allait pas être beau à voir, ni à suivre, et en plus, l’attachement émotionnel risquait de perturber la mission. Que se passerait-il quand l’adolescente aurait compris qu’ils n’avaient aucun avenir réel ? C’était ça, le problème. Pas qu’ils se lient, encore qu’au vu des circonstances traumatiques, on pouvait légitimement se poser des questions sur l’influence du contexte par rapport à ce soudain rapprochement. Mais bien les conséquences. Voilà une conversation qu’elle allait détester avoir… Et qui n’allait pourtant pas manquer d’arriver. Hélas.

En attendant, la mine soucieuse, elle lut les nouveaux apports du duo tout en écoutant Lorn finir d’expliquer ce qu’il se passait avec… hum… son tact habituel. Si le début était à l’avenant de la fin, ça avait dû être quelque chose. Son amant était apparemment d’une humeur de dogue puisqu’il s’empressa de pointer avec virulence la position de Joclad, Alyria ne manquant d’ailleurs pas d’enregistrer le fait qu’il avait manifestement déjà mis en garde le jeune homme, sans doute quand elle avait été occupée à un autre endroit que les deux hommes. Sentant déjà que le Chevalier n’allait pas tarder à répliquer sur le même ton et ne voulant pas offrir un spectacle relativement déplorable à l’assemblée qui continuait toujours à tenter d’assimiler les informations convoyées, la jedi se tourna vers son cadet avant de dire d’une voix neutre, mais ferme :

« Bon, nous allons éviter de créer un esclandre ici, pas la peine de répondre, de toute façon Maître Vocklan est parti et il ne risque pas de t’entendre. Cela dit…

Que tu le désires ou non, il va en effet falloir que nous ayons cette discussion. Mais plus tard. Quand nous serons en surface. Et au calme. Et seuls. »


Elle s’arrêta un instant, inspirant profondément pour mettre au clair ses idées :

« Bien, oublions cela pour l’instant. J’aimerais que tu rassembles les notes de Zind, en tout cas le plus possible de données et que tu les copies sur mon propre datapad. Puis que tu mettes hors service son système informatique après avoir tout effacé. Ces informations ne doivent certes pas tomber entre de mauvaises mains… Mais elles pourraient aussi permettre aux guérisseurs du Temple, à l’aide de nos archives, de tenter la synthétisation d’un nouveau vaccin.

Il n’y aura que cela qui pourra définitivement mettre un terme à l’épidémie. J’enverrais l’ensemble de nos recherches au Maître Pirin, du cercle des guérisseurs. C’est un ami et un épidémiologiste de premier ordre. »


Bon, ça c’était fait. Il restait à nettoyer la pièce qui contenait l’ensemble des expériences et récupérer un échantillon, cette simple pensée lui donnant une sacrée nausée, même si elle la savait absolument indispensable. Et aussi amortir un peu le choc des révélations avant d’être enfin honnête avec le petit groupe. Ils ne pouvaient décemment exiger cela de leurs compagnons sans l’être eux-mêmes.

Avançant vers le centre de la pièce, elle se racla la gorge pour capter leur attention et une fois cela fait, elle commença à parler, trouvant les mots naturellement, presque comme une politicienne professionnelle :

« Mon camarade a raison. Il est … probable qu’on ait cherché à se débarrasser de vous en vous envoyant ici. Manifestement, au moins deux membres de votre groupe correspondaient avec un certain Klogar le hutt et le fondateur de cet endroit pour envisager un terme un rapprochement avec ce dernier, si d’aventure Sy Mirth devenait indépendante.

Toujours selon les communications que nous avons pu récupérer… Il semblerait que vous n’étiez pas d’accord avec leurs méthodes. Je me trompe, Jorg ? »


Toute l’attention se retrouva braquée sur l’homme qui lissa sa barbe brune avant de grommeler :

« Non, vous avez raison. Je veux ma planète réellement indépendante. Pas à la botte des hutts. C’était pour ça que j’ai rejoint le Crépuscule à l’origine. »

« Et que vous avez profité de vos connaissances de la ville pour rallier des soutiens ni vu ni connu en passant par des chemins de traverse… N’est-ce pas ? »

« Ouais, c’est ça. Bon, et alors ? Jamais Kort ne nous aurait trahi comme ça ! »

Manifestement, l’idée que leur chef ait pu vouloir se débarrasser d’eux les gênaient beaucoup, à en croire les murmures qui s’élevaient de part et d’autres de la salle.

« Il y a un autre nom. Sangar Hellstern. Apparemment, il faisait certaines communications au nom de Kort. »

Immédiatement, presque comme par enchantement, le visage de Jorg s’anima et il cracha :

« Rhaaa, ce rat puant ! Oui, ça vient forcément de lui, cette espèce d’enflure assoiffée de fric. Il s’occupait de notre propagande.

Si on retourne là-haut, je vais lui dire deux mots à ce salopard de mes… »


« Etant donné que Kort est mort, vous allez sans doute avoir beaucoup à lui dire en effet. Cela dit, si votre chef est décédé et vous-mêmes porté disparu… Enfin, vous devriez réfléchir pour savoir à qui profite le crime… »

Manifestement, cette dernière phrase venait littéralement de l’assommer, comme tous les autres. En même temps, il n'y avait que trois survivants à ce maudit sommet où le chef du Crépuscule Sanglant s'était rendu lui aussi, et c'étaient elle-même et ses compagnons. Sans compter qu'Alyria n’avait pas fini. Elle devait frapper fort, arriver au point de rupture pour ne plus leur laisser d’autres choix que de les rallier car déjà elle pensait à la suite. Maintenant que la perspective de se sortir de ces égouts se faisaient enfin tangible, elle pouvait enfin commencer à voir comment ils allaient faire pour rétablir l’ordre qui avait dû se dégrader encore plus avec la mort du sénateur, du général, de Kort et du leader des pro-empires. Ils avaient un début d’explication sur le chaos local, sauf que ce n’était pas suffisant. Et qu’ils allaient avoir besoin d’eux pour la suite.

« Au cas où vous ne vous en douteriez pas encore… Il est plus que probable que Kort et Sangar aient participé au moins en partie à la création de l’épidémie de rackghoules. Cet endroit… Elles viennent de là. »


Quelques hoquets horrifiés franchirent les lèvres de certains, tandis que d’autres affichaient une mine atterrée. Il devait être douloureux de voir tout ce en quoi on croyait, on avait cru, s’effondrer ainsi.

« Vous nous dites tout ça, mais vous voulez qu’on vous croit sur parole ? Et puis après, et alors ? D’accord, c’est pas clean mais… Il suffit d’éliminer Sangar, et voilà ! »

Braquant son regard émeraude sur l’habituel trouble-fête du groupe, Alyria finit par soupirer et déclara :

« Comme vous voudrez. »

Se concentrant, elle ferma les yeux, appelant la Force à elle, son esprit remontant les lieux pour trouver ce qu’elle cherchait. Lentement, elle emprisonna l’un des sujets d’expérimentation dans une sorte de main invisible géante contrôlée par son mental et entreprit de le faire flotter jusqu’à eux, puis, alors que toute l’assistance aussi bien médusée qu’horrifiée regardait le cadavre difforme arriver, elle le lâcha à ses pieds.

« Des comme ça, il y en a plein à côté. J’aurais préféré ne pas vous le montrer. Mais au moins… Là, maintenant, vous nous croyez ? »

Un bruit de régurgitation se fit entendre, tandis qu’un des hommes, parmi les plus jeunes, venait brutalement de rendre tripes et boyaux. Quant à Jorg, il était plus pâle qu’un mort, exactement comme son bras droit. Avant qu’il ne souffle, dans un murmure aussi audible que lourd de menaces :

« Je vais le tuer. Ca c’est… Rien ne justifie cette… immondice. »


Relevant sa tête, l’homme brisé dans ses convictions déclara, presque solennel :

« On vous suit, jedi. Je sais pas ce qu’on va trouver en haut mais… Je vais pas regagner les rangs d’un groupe qui cautionne ce genre de trucs. »

Alyria soutint son regard, attendant plusieurs secondes, puis lâcha :

« Attendez avant de dire ça. »

« Parce qu’il y a encore des choses que vous ne nous avez pas dites ! Quoi, y a une attaque nucléaire qui va se dérouler ! Je vois pas ce qu’il pourrait y avoir de pire là ! »

« Non, non, ça n’a rien à voir avec tout cela. Ça nous concerne nous. Enfin, moi plus exactement. »

Balayant le petit groupe des yeux, la maîtresse d’armes inspira profondément à nouveau, avant de souffler finalement :

« Helm est un nom d’emprunt. Je me nomme Von. Alyria Von. »

Silence.

« Je suis la Chancelière de la République. »

Re-silence.

« J’ai été accouchée par… LA chancelière ? Sérieusement ? »

Le cri incrédule qui venait de déchirer la quiétude irréelle du lieu manqua presque de déclencher un fou rire nerveux chez la jedi, qui se contint de justesse. Apparemment, elle n’était pas la seule, et quelques-uns étouffèrent tant bien que mal l’accès d’hilarité qui les prenaient. Manifestement, la tension était telle qu’il suffisait d’une petite étincelle pour tous les faire partir en roue libre.

« Je me disais bien que vous me rappeliez quelqu’un. Ça ne change rien. On vous suit quand même. Et au moins, maintenant… Eh ben, on sait qu’on peut bosser avec des jedis et même des républicains. Hein les gars ? »

Des murmures d’approbation se firent entendre de part et d’autres.

« Alors c’est parti. Il y a un monte-charge plus loin. Normalement, je devrais l’avoir à peu près correctement réparé. On va y aller cinq par cinq, plus le brancard d’Andra pour un voyage tout seul. »

Se tournant vers ses compagnons jedis, elle ajouta :

« Chacun un groupe, ça vous va ? »
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Et paf, c’était reparti au quart de tour sans même chercher à comprendre. Que ce soit l’Epicanthix ou la mi-Echanie, leurs propos à eux deux venaient particulièrement m’irriter. J’en avais plus qu’assez que l’on vienne me dire ce que je devais faire, au nom du sacro-saint Code. Je le connaissais, tout comme eux. Je l’avais étudié, tout comme eux. J’avais obtenu des éclaircissements sur certains points, tout comme eux. J’avais donc le droit d’avoir ma propre opinion sur sa philosophie. Que ce soit le premier, avec son ton cracheur ou bien la seconde, avec son autorité pressante. Comment osaient-ils me dire comment me comporter alors qu’ils faisaient absolument tout le contraire ? Croyaient-ils que je n’avais pas vu clair dans leur jeu ? Que leur rapprochement était plus profond et intime qu’ils ne le laissaient penser ? Les indices avaient commencé à pleuvoir dès lors que nous avions chuté dans ces égouts : l’attention porter par l’un et l’autre pour son complémentaire, l’inquiétude de Maitre Von lorsque Maitre Vocklan s’était écroulé. Et puis il y avait surtout la nuit passée dans la tente, agitée pour ma part. Si j’avais dormi, ce n’était pas de la meilleur des manières. Le sommeil trahissait bien des choses, et je n’avais pas pu manquer leur proximité entre deux périodes d’assoupissement. En avais-je parlé ? Non. Certes, ils ne l’avaient pas affiché en public, mais pour le coup je n’y pouvais pas grand-chose. Callista était ce qu’elle était, et i n’y avait pas d’endroit pour se cacher.

Personnellement, je voulais avant tout la réconforter, la rassurer. Elle avait beau avoir passé des semaines ici-bas, je la sentais fragile, exténuée. Tout comme les autres, d’ailleurs. Et puis sans notre proximité, nous n’aurions pas pu obtenir toutes ces informations sur ce Zind et ce Klogar. Alors oui, je bouillonnais, avec l’envie d’évacuer cette soudaine frustration. Il n’était pas question de colère, car j’étais capable d’étouffer facilement ce sentiment. C’était plutôt de l’incompréhension et de l’exaspération.

Je serrais les poings, soupirant longuement alors que mon regard fixait l’Epicanthix qui s’éloignait. La douleur se faisait de nouveau sentir derrière ma tête, et je grimaçais pour tenter de contrôler la douleur. Maitre Von n’avait sans doute pas manqué mon appel à la Force pour l’apaiser, à l’aide d’une guérison hélas peu salvatrice.

J’écoutais néanmoins les ordres de la métisse, car je n’oubliais pas pour autant qui elle était réellement. A savoir une Maitresse d’Armes, une Maitre Jedi et la Chancelière en personne. Pour ma part, je n’étais qu’un Chevalier Jedi lambda, avec une histoire compliquée et douloureuse… Alors oui, je l’écoutais parce qu’elle avait raison. J’étais prêt à tout pour enrayer l’infestation, et les travaux du scientifique fou pouvaient effectivement nous aider. Cependant…

« Je vais le faire… Mais je ne pourrais pas tout prendre. A moins que votre pad soit en réalité un superordinateur avec la mémoire d’un hypernavigateur. »

J’exagérais beaucoup, mais l’image était d’autant plus claire. J’attrapais donc son datapad avant de tourner des talons, faisant signe à Calliste de rejoindre ses parents pour se préparer à partir. Je m’échouais face à la console, rebranchant l’appareil portable au poste fixe pour rétablir la liaison avant de venir récupérer les données que j’avais déjà triées et ordonnées. Parce que oui, je profitais peut-être de la proximité de Callista mais cela ne m’empêchait pas de bien faire mon travail. Dès lors, effectuer le transfert fut assez simple. J’avais branché mon propre appareil dans la foulée pour récupérer encore plus de données, sacrifiant des dossiers qui m’étaient chers pour pouvoir donner plus de chance à la synthétisation d’un vaccin par les guérisseurs du Temple.

Finalement, je lançais le processus de formatage de la console, supprimant en dur l’intégralité des dossiers présents dans le système informatique. C’était peut-être plus long qu’un formatage classique, mais au moins j’étais certain que l’intégralité des fichiers avait bels et bien disparus. Pour réellement m’assurer que plus personne ne pourrait jamais utiliser le poste, j’avais même finis par retirer mon datapad, faisant jaillir la lame de mon sabre pour venir la planter dans la console, laquelle crépita soudainement dans une gerbe d’étincelles. Dès lors, je souhaitais bon courage à celui ou celle qui serait assez fou pour tenter de la réactiver.

« Et paf, encore du travail bien fait.. »

Je m’éloignais de la console détruite pour finalement venir me poser contre un pilier, m’y laissant glisser pour y finir adossé contre, assis, pour prendre une pose bien méritée. Je fermais les yeux, m’ouvrant plus clairement à la Force pour solliciter son assistance tandis que je cherchais à comprendre les origines de cette douleur lancinante. Je venais aussitôt l’apaiser, avant de tenter d’atteindre l’origine. Hélas, ma méconnaissance du cerveau et de la boîte crânienne me faisait défaut, et je ne parvenais qu’à localiser le problème sans pour autant parvenir à résorber les lésions.

Je finissais par sortir de mon état quelque peu avancé à l’audition du cri de la mère de Callista, lequel me faisait me redresser d’un bond. Je regardais de droite à gauche, pour finalement poser mon regard sur l’assemblée qui finissait de discuter et je décidais donc finalement de m’en approcher, captant de fait les dernières bribes de paroles de Maitre Von.

J’opinais du chef, signalant mon accord quand au plan proposé par la Chancelière :

« Entendu. Je prends le premier groupe. On va établir un périmètre une fois en haut et attendre que tout le monde soit à la surface. »

Sans plus attendre, je m’éloignais de quelques pas, attendant que les premiers se désignent ou soit désignés. Lorsque ce fut fait, je me dirigeais vers le monte-charge, agrippant mon sabre-laser en main pour être prêt à toute éventualité. J’attendis que tout le monde soit à bord du monte-charge pour finalement l’activer, l’appareil entamant sa longue et lente montée vers la surface.

Une fois arrivés, j’étais le premier à débarquer, suivit de près par les quelques membres aptes à se battre. Je découvrais avec eux notre destination, à savoir un vaste entrepôt visiblement abandonné, où des machines vieilles de plusieurs années semblaient croupir dans l’attente d’un destin funeste. Je laissais la Force me rejoindre pour finalement l’étirer et l’étendre en de multiples filaments, à la recherche d’une once de vie dans les parages, mais il n’y avait pas l’ombre d’un tauntaun. Néanmoins, je préférais rester prudent :

« Ok, prenez des positions de combat, à couvert. Il n’y a personne mais nous ne sommes jamais à l’abri d’une surprise. Ne tirez que si vous êtes y êtes acculé. Je vais renvoyer le monte-charge. »

Cela fait, je regardais les cinq individus se déployer, se mettant à couvert derrières des caisses ou prenant parfois même de la hauteur. Je finissais par faire volte-face, venant appuyer sur le bouton pour observer le monte-charge qui descendait vers les souterrains. Au final, il fallût plus d’un quart d’heure pour faire monter tout le monde et s’assurer que personne n’avait été oublié. Quand à savoir la destination à prendre, le père de Callista semblait avoir déjà prit ses dispositions :

« On va devoir se mettre à l’abri le temps que la nuit passe. Si les négociations ont effectivement échouées, s’aventurer dans la capitale de nuit est trop dangereux. Je connais un endroit, avec des individus loyaux. Suivez-moi. »

J’avais des doutes sur la définition du terme « loyal », mais nous n’avions de toute manière guère le choix. Et puis je faisais confiance à Lorn et Alyria pour prendre les bonnes décisions, vu qu’ils s’étaient tout naturellement distingués comme les chefs d’orchestre depuis le début de cette mission dans la mission.

Au dehors, il était clair que les événements s’étaient précipités. Avec la mort de leurs chefs respectifs, les différentes factions s’étaient emmurées, se jetant chacune la responsabilité du carnage. La nuit, les combats étaient épars et se résumaient à quelques maigres escarmouches ; De jour, les accrochages s’étaient intensifiés et les indépendantistes semblaient avoir prit quelque peu l’avantage. Mais rien n’était joué. De nôtre côté, la marche nocturne s’était faite discrète et lente, pour éviter d’attirer les regards, pour finalement se terminer dans un immeuble de la périphérie de la capitale, et la fameuse discussion qui m’avait été promise allait pouvoir se tenir à huit clos. Autant vous dire que mon mal de crâne et moi en étions ravis. Wouhou…




Spoiler:
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Ce n’était un secret pour personne que l’épicanthix était une lueur d’étrangeté au sein d’une foule de conformistes, tous ses collègues s’efforçaient de respecter des traditions et des codes plusieurs fois millénaires et au milieu de tout cet équilibre arrivait un individu qui jetait quasiment tout au feu. Comment ne pas voir ce genre de gugusse d’un regard sceptique avec une pointe de méfiance ? Là où les jedis étaient connus comme diplomates, lui était brutalement honnête. Là où l’observation et la contemplation étaient les maîtres mots diffusaient à travers l’Ordre, ici se tenait un individu qui fonçait la tête la première au cœur de l’action quand tous ses collègues restaient en arrière. C’était clairement à se demander s’il ne s’était pas trompé d’Ordre et qu’il n’avait pas gagné à un concours de circonstances pour arriver ici. Avait-il tourné à gauche au dernier moment, alors que la droite l’aurait mené au sein de l’Ordre sith ? C’était une possibilité que plusieurs n’écartaient pas, voyant ce jeune maître d’armes comme un individu beaucoup trop belliqueux au sein d’une communauté qui n’usait de la violence qu’en tout dernier recours.
Même si bon nombre de ces langues de vipères n’oseraient jamais le lui dire en face, le colosse savait bien que plusieurs de ses collègues désapprouvaient ses méthodes et sa position de maître d’armes, son passif d’instabilité ne jouait clairement pas en sa faveur et plusieurs maîtres craignaient que cette instabilité latente ne finisse par rejaillir sur les élèves qui recouraient régulièrement à ses services. Avaient-ils raison ? Bien sûr que non. Parmi tous ceux qui étaient passés entre les mains du maître d’armes, aucun jeune jedi n’avait fini par montrer une quelconque trace de corruption du côté obscur ou de déviance quelle qu’elle fut, mais cela n’empêcherait pas ces maîtres et chevaliers de continuer à émettre de telles pensées. Ils étaient si étroits d’esprit qu’envisager la façon de faire de Lorn comme une solution possible leur était impossible : tant pis !

Tout anticonformiste qu’il était, à peu de choses près, le jeune homme avait toujours voulu devenir un jedi différent des autres et ne pas devenir la caricature de vieux enseignants qui assommaient leurs élèves à coup de leçons ennuyeuses et de morales à deux crédits, il ne voulait pas devenir une caricature de sa profession et pourtant, après quelques secondes d’échange avec Joclad, il se rendit compte qu’il l’était devenu. Il ne fallait pas être aveugle pour voir que le chevalier et sa nouvelle étaient jeunes tous les deux, dans la force de l’âge, et ils arrivaient à un âge où les choses de la vie et l’amour arrivaient à grands pas pour chambouler leurs vies et leurs cœurs.
Les critiquer pour cela était inutile, la demoiselle n’avait pas l’entraînement d’un jedi et Joclad était encore bien trop inexpérimenté pour être capable de se protéger de ce qu’il connaissait mal. Alors pourquoi jouer les moralisateurs, maintenant ? Justement parce que la situation était suffisamment complexe pour ne pas avoir besoin d’y intégrer des problèmes de cœur, mais surtout parce que Lorn était passé par là et qu’il savait ce qui trottait dans la tête de son jeune interlocuteur.

Beaucoup verraient dans cette intervention une pure marque d’hypocrisie de la part de quelqu’un qui possédait en son cœur les mêmes sentiment que celui à qui il était en train de faire la leçon, mais Lorn aimait à croire que le temps et l’expérience lui avaient fait mériter une telle relation qui n’était pas entachée par la passion aveugle et destructrice de la jeunesse. Alors oui, le maître d’armes avait été à la place du jeune chevalier il n’y avait pas si longtemps que ça et il savait que son interlocuteur allait écouter ses paroles d’une oreille mais elles ressortiraient aussitôt par l’autre.
En son temps le jeune colosse ne faisait que soupirer constamment quand son maîtrise le réprimandait pour son attitude, il n’écoutait jamais et était persuadé de mieux savoir que son propre maître ce qui était bon pour lui. Après coup, c’était sa vie et il savait comment la mener, non ? Et pourtant même si le roc n’aimait pas être rabat-joie et casser l’ambiance grâce à quelques mots, il devait tuer ce problème dans l’œuf. Il allait probablement passer pour le méchant de service qui n’avait aucun droit de s’immiscer dans la vie privée du jeune chevalier, mais qu’en avait-il à cirer ? Les choses devaient être dites, aussi désagréables fussent-elles.

Après la mission peut-être le chevalier viendrait-il protester, il serait dans son bon droit, mais pour l’heure le groupe devait se focaliser sur sa mission sans laisser les problèmes de cœur les ralentir. Quid du duo de maîtres ? Ils se connaissaient depuis bien trop longtemps pour ne pas savoir quand laisser le devoir de côté pour des moments privilégiés et quand faire passer la mission avant tout le reste. S’ils s’étaient autorisés un tout petit moment privilégié lors de la dernière nuit, Lorn ne pouvait qu’être sceptique quant à la capacité de son camarade chevalier à pouvoir faire la part des choses aussi bien que lui. Ce n’était pas de la prétention ou de l’arrogance, simplement de l’expérience.

Oui, Lorn savait que tous ses collègues lui auraient suggéré de ne pas s’aventurer dans une telle relation car c’était contraire au code et qu’il laissait la porte ouverte pour que le côté obscur s’immisce en lui, on le lui avait répété tellement de fois lors de sa formation qu’il connaissait par cœur ce refrain. Il savait bien que ce n’était pas un avertissement en l’air et que ce code avait été établi sur la base d’expériences passées, si on mettait en garde contre la passion et l’amour c’était bien parce que certains y avaient cédé dans un passé plus ou moins lointain. Pouvait-il être certain qu’il ne serait jamais de ceux-là ? Il avait confiance en ses propres capacités et en l’équilibre qui régnait dans son esprit, son mental était aussi solide que son corps, mais il savait aussi que la Force avait un humour assez étrange et qu’elle avait une fâcheuse manie à mettre à l’épreuve chacun de ses disciples au moment le plus inattendu.

Même s’il était préparé le maître d’armes n’était pas un voyant, il n’avait pas de visions de l’avenir contrairement à certains de ses pairs et ne pouvait donc prévoir quelles épreuves le duo allait affronter. Il devait simplement garder la foi. La foi en sa formation, la foi en sa partenaire, la foi en leur relation et la foi en lui-même.
Laissant de côté tout ça, les bras croisés contre sa poitrine, le jeune maître observa d’une discrète œillade le groupe se mettre en branle et commencer à prendre le monte-charge, cela dura plusieurs minutes et, quand il n’en resta plus que quelques-uns, le maître se tourna vers la camarade et lui lança :

« Vas-y, je ferme la marche. »

Il avait précisé qu’il ferait s’écrouler le plafond avant de partir pour tout détruire et avait bien l’intention de tenir sa parole. Une fois qu’il fut le dernier, il ferma les yeux et s’ouvrit à la Force, levant une main droite vers le plafond. A mesure qu’il refermait sa main il sentit la pression sur les rochers du plafond s’intensifier et, après quelques instants, plusieurs rochers finir par céder et venir s’écraser lourdement dans la salle. Comme un jeu de domino ou un château de carte, ils finirent tous par chuter les uns après les autres et ce fut ce moment que Lorn choisit pour se carapater en troisième vitesse.

Laissant la cacophonie derrière lui, il suivit le groupe dans sa petite marche nocturne jusqu’à un immeuble modeste qui avait clairement connu des jours meilleurs. Le petit groupe monta quelques étages et fut accueilli dans des appartements aussi modestes que l’immeuble par un couple et deux de leurs camarades, des connaissances du leader de la cohorte apparemment. Se tournant vers ses deux compagnons, Lorn leur lâcha la première évidence qui lui venait à l’esprit :

« On a quelques heures avant que le jour se lève, profitez-en pour vous reposer. Demain va être une longue journée. »

Pourquoi ne pas s’adresser au reste du groupe ? Car ils étaient à présent en sécurité et n’étaient donc plus concernés par la mission du trio de jedi. Le maître d’arme se glissa à travers l’appartement et alla discuter avec l’un des 4 nouveaux interlocuteurs pour en apprendre un peu plus. Si celui-ci était sceptique au début, savoir que les jedis avaient sauvé leurs amis aida à lui délier la langue assez aisément.
Lorn ne s’attendait pas à apprendre grand-chose et ce qu’il apprit ne l’émeut pas vraiment. Depuis leur petite chute libre les alentours avaient été plongés dans le chaos et les différentes factions étaient désormais à couteaux tirés. Il n’avait fallu qu’une petite explosion pour mettre le feu aux poudres et désormais ça se tirait dessus pour un rien, à chaque coin de rue. Fronçant les sourcils face à cette nouvelle peu engageante, croisant les bras contre sa poitrine tout en s’adossant au mur de ce qu’il supposait être une cuisine, le maître d’armes fut surpris que son interlocuteur ne fasse pas mention des rakghoules. Étaient-elles encore terrées dans les égouts ou le chaos ambiant avait-il empêché les habitants de se rendre compte de leur présence ? Il espérait vraiment que ce soit la première option.
Se tournant vers son interlocuteur, c’est sans aucun sourire et le plus formellement du monde qu’il lâcha :

« Merci pour votre hospitalité, nous ne vous dérangerons pas bien longtemps. »

Il n’avait que faire de l’hospitalité de cet homme mais il savait que les gens normaux appréciaient des remerciements aussi futiles puissent-ils être. Un air sévère et préoccupé sur le visage, il revint dans ce qui semblait être le salon et, malgré le brouhaha que devaient créer ces retrouvailles, il se tourna vers les fenêtres crasseuses pour observer le dehors. D’ici on ne pouvait pas bien se rendre compte du chaos ambiant, d’ici tout semblait calme et paisible, mais il savait que dès demain il reprendrait la route et la réalité viendrait le frapper comme une violente claque.
Amenant une main à son menton en une posture qui se voulait pensive et préoccupée, le jeune maître plongea dans ses pensées en se demandant une chose simple : et maintenant ? Par quel bout prendre la situation pour la démêler ? L’espace d’un instant il sentit Joclad passer non loin de lui et émit un léger soupir, il ne pouvait se permettre d’avoir cette conversation-là alors qu’il y avait quelque chose d’autrement plus pressant en jeu.
Levant son autre main à son front pour le frotter, symbole d’une réflexion qui le fatiguait de par sa complexité, Lorn pivota l’espace d’un instant, regardant ces hommes et ces femmes s’installer en savourant une sécurité plus que bienvenue.

Au moins ils auraient fait une chose de bien aujourd’hui.
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Quitter les égouts fut accueilli par l’ensemble de leur troupe hétéroclite avec un vif soulagement, et Alyria se surprit à inspirer l’air frais du soir à pleins poumons, heureuse de ne plus sentir cette odeur doucereuse de décomposition des chairs ou tout simplement d’eau croupie. Certes, son nez avait fini par s’y habituer durant leur séjour sous terre, mais retrouver un odorat non occupé par de telles flagrances n’était pas franchement désagréable. Comme voir le ciel au-dessus de sa tête, également. Ou d’autres signes de vie que des bêtes mutées et décérébrées. Finalement, la ville avait des avantages insoupçonnés, elle tâcherait de s’en souvenir quand elle reposerait le pied sur Coruscant.

Maintenant que Lorn avait détruit le laboratoire, qu’ils avaient récupéré les données nécessaires à leur enquête et exfiltré leurs compagnons d’infortune, sans compter la récupération d’échantillon sur les cadavres mutilés qu’elle avait fait minutieusement avant de partir, ils pouvaient enfin se concentrer sur leur mission proprement dite : empêcher la planète de sombrer dans le chaos complet, et au vu de ce qu’elle voyait, ce ne serait pas une partie de plaisir. En même temps, c’était plutôt logique : privés de leurs têtes pensantes, les camps républicains et pro-empire avaient sans doute dû se réorganiser à la hâte, pendant que les traîtres chez les indépendantistes profitaient du bazar qu’ils avaient créé pour avancer leurs pions et grignoter du terrain sur leurs adversaires affaiblis.

Tout en suivant son petit groupe, Alyria réfléchissait à la suite à donner à leur aventure. Il allait falloir profiter de la surprise que causerait leur survie pour au moins rallier les républicains derrière eux… Et après, restait les deux épines dans son pied. Techniquement, se servir des éléments récupérés dans les égouts et de leur amitié avec le groupe rebelle dissident était la bonne marche à suivre. Si la voie des indépendantistes était discréditée, les camps républicains et impériaux se retrouveraient en face à face… Et il valait mieux un duel qu’une triangulaire, leçon politique numéro un.

Bientôt ils furent en vue d’un immeuble un peu décrépi de la banlieue de Mirth City, leur endroit pour la nuit, apparemment. Avant de pénétrer dans le complexe, la trentenaire avisa Jorg pour lui chuchoter discrètement :

« Vous êtes sûr qu’on peut leur faire confiance ? »

« Ce sont des cousins de ma femme. Pas vraiment des partisans, mais… Je ne pense pas qu’ils nous causeraient du tort. La famille, ça reste important. »

Un peu rassurée, quoique restant sur ses gardes tout de même, la trentenaire pénétra dans le bâtiment jusqu’à l’étage qui leur servait de destination, laissant Lorn faire les remerciements et la famille se retrouver. Avec un mince sourire, elle vit l’un des hommes présents faire des risettes au bébé qu’elle avait accouché avant de prendre des nouvelles de la mère. Au moins, elle avait fait quelque chose de bien, là-dessous. Laissant ces gens à leurs retrouvailles et l’épicanthix à sa discussion, elle lui fit signe discrètement qu’elle montait à l’étage avec Joclad et avisa ce dernier doucement :

« Allez viens Joclad, je vais examiner ta tête un peu mieux, et avec de la lumière en abondance cette fois. »

Pas besoin qu’il ne se braque, surtout qu’il y a vraiment nécessité de résorber ce qui ressemblait à une commotion. Or, comme l’avait fait remarquer Lorn, les jours suivants risquaient d’être tout aussi difficiles que ceux qui venaient de s’écouler, aussi il convenait que le jeune homme soit en pleine forme physique… Quant au reste… Oui, il fallait en parler aussi, et la perspective ne l’enchantait absolument pas. Enfin, qui avait dit que tout se faisait forcément pour le plaisir ? Sûrement pas elle.

Ouvrant la porte de la petite chambre que le chevalier occuperait pour la nuit, Alyria le laissa passer, se dirigeant vers la salle de bain attenante et expliquant :

« Je vais me laver les mains. Tu peux t’étendre en attendant, je serais là dans trois minutes. »

Empoignant le savon, la jedi passa donc lesdites minutes à décrasser méticuleusement sa main droite et une partie de l’avant-bras, tout en veillant à ne pas toucher la prothèse au bout de son membre gauche. Une fois satisfaite de cette désinfection partielle, elle sortit, prit une chaise et l’amena à côté du lit, avant de commencer à s’immerger dans la Force et de remonter le flux pour examiner ses neurotransmetteurs cervicaux et trouver la faille qui provoquait la concussion. Cela lui prit un long moment, n’étant pas spécialiste en neurologie, ce qui l’obligeait à une minutie particulièrement intense, mais au bout d’une heure, l’ensemble paraissait à peu près stable. Passant sa main sur son front, Alyria souffla :

« Voilà. Ça devrait aller pour l’instant, même si un check-up complet une fois de retour au Temple s’avérera sans doute nécessaire. »

Brusquement, elle sentit la fatigue l’envahir après cet usage intensif de la Force et sut qu’il était temps pour elle d’aller se reposer. Cependant, malgré la lassitude qui l’envahissait, il lui restait une dernière chose à accomplir avant de se glisser sous des draps propres et dormir d’un sommeil de plomb. Réprimant le soupir qui lui venait, elle chercha par où commencer et se décida finalement à trouver un angle simple, non codifié, pour ce qu’elle allait dire :

« Juste, avant que je ne parte et te laisse dormir… »

Une profonde inspiration, et elle se lança :

« Je ne vais pas te faire la leçon de maître jedi à chevalier, cela n’aurait pas nécessairement de sens. Alors, ce que vais dire… ce seront les conseils d’une parente plus âgée à un jeune homme qu’elle apprécie, et pour lequel elle s’inquiète.

Et j’aimerais que tu les prennes comme tel, sans chercher à te braquer immédiatement parce que tu penses que cela ne me concerne en rien.»


Il pouvait l’ignorer, c’était évident. Mais elle voulait juste qu’il l’écoute. Tout simplement.

« Tu sais aussi bien que moi que les relations charnelles ne sont pas un questionnement au sein de l’Ordre. Certains s’y refusent par conviction personnelle, et ils en sont libres. D’autres s’y adonnent, et je n’y vois aucun mal, comme beaucoup d’autres. Cependant, je n’ai pas vraiment l’impression qu’il ne s’agisse que de cela. Je me trompe ? »

Non, bien sûr. Mais elle voulait l’entendre lui confirmer cet état de fait.

« Je ne dis pas que cet attachement, s’il perdure, n’est pas possible. Ou conforme. Seulement, Callista a seize ans, toi vingt-et-un… A cet âge, et je le sais pour l’avoir eu, il y a de cela un certain temps certes, quand on s’engage dans une relation sérieuse, ce n’est pas pour voir son compagnon partir au bout de quelques jours, et être presque constamment séparé l’un de l’autre par un Ordre auquel on n’appartient pas.

Ce qu’une jeune fille comme ton amie désire, c’est une présence avec qui partager ses joies, ses peines… Avec qui avancer. Pour le moment, elle est seule au milieu de gens plus âgés, dans un bouleversement de son existence, et tu peux lui apparaître comme cet élément nécessaire, souhaité. Mais tu sais comme moi que bientôt, nous partirons. Que peu importe les chemins que vous emprunterez dans vos vies respectives, il sera difficile de se revoir réellement, de cultiver une relation pleinement satisfaisante sans développer cette aigreur qui vient quand on voit la personne qu’on aime s’épanouir loin de soi, quand on en est séparé par le devoir… Ou par quelque chose qu’on ne comprend pas. »


Elle fit une pause, avant de reprendre :

« Je sais que tu peux m’opposer que tes parents ont bien vécu la même situation. Réfléchis simplement à ce qu’ils ont dû sacrifier pour être ensemble. Au temps qu’ils ont passé ensemble au cours de leur existence. A ce qu’ils ont volontairement enduré.

Et demande-toi si tu es prêt à en demander autant à Callista. A lui donner aussi peu. Et à le supporter. C’est de cela qu’il est question. Pas de la nature de vos sentiments, mais de leur capacité à s’épanouir dans un contexte où il est probable que vous ne puissiez réellement vous voir, ni grandir réellement côte à côte.

Essaye, en toute honnêteté, de savoir si ce dont elle a besoin maintenant est d’un ami pour l’aider, la rassurer… Ou d’autre chose, et si cette autre chose, tu peux réellement le lui apporter sans la faire souffrir dans peu de temps, et sans que tu souffres toi-même d’une situation qui est rarement agréable à endurer.

Et si, comme je le crois, la première option est plus souhaitable… Fais le bon choix. Pas pour toi, mais pour elle.

Parce qu’un jour, un jedi fort sage m’a dit que les plus belles choses sont celles qui nous font le plus souffrir. Et je n’ai pas nécessairement envie de vous voir souffrir tous les deux, si ce n’est pas ce qui est le mieux. »


Alyria se leva alors, avant de conclure simplement :

« C’est ta décision. Mais le réel amour, c’est savoir mettre l’avenir de son ou sa partenaire avant soi-même.

Fais-le. »

Et elle sortit, le laissant soupeser ses mots avant de rejoindre ses propres quartiers et de s’endormir dès que sa tête toucha l’oreiller pour un sommeil sans rêve, réparateur et longuement désiré après toutes ces aventures éprouvantes…

Le lendemain matin, une fois réveillée, débarbouillée et habillée de propre après qu’un de leurs logeurs soit passé lui fournir des vêtements un peu plus présentables, la jedi sortit de sa chambre et après un rapide mais consistant petit-déjeuner, il fut convenu que les trois jedis se retrouvent dans la chambre de Joclad pour discuter de ce qu’ils allaient faire par la suite. Ils étaient trois, il y avait trois clans… La suite était aisée à deviner.

« Bien… Je crois que nous sommes tous les trois d’accord pour convenir du fait que mettre les trois groupes d’accord va relever de l’impossible…

Cependant, nous avons des informations pouvant permettre de détruire la crédibilité des indépendantistes et les rallier à la cause républicaine, car une fois cette option écartée, je doute que ces derniers veuillent devenir impériaux.

Quant à ces derniers, avec leur chef mort dans l’éboulement, ils doivent être désemparés… Il faudrait sans doute s’infiltrer dans leur rang pour voir à quoi ressemble leur nouveau dirigeant. S’il est moins buté que le précédent… En jouant nos cartes subtilement, il est possible de lui faire comprendre qu’en cas d’annexion, il fera partie des premiers éliminés.

Tout en convainquant les républicains restants d’arrêter d’envenimer la situation, et d’obéir au plan que nous pourrions établir. »


Voilà, l’exposé était fait. Place à la répartition des tâches.

« Je présume que le plus logique serait que j’aille voir les républicains. Sans doute qu’ils m’écouteront plus… Et je risquerais d’être reconnue facilement au sein des deux autres groupes.

Donc… Peut-être qu’il faudrait que vous choisissiez où vous désirez aller. Semer la zizanie chez les indépendantistes et récupérer toujours plus de preuves contre leur nouveau chef, ou bien espionner les pro-impériaux. »


Une fois les choix faits, chacun pourrait partir dans sa direction, et faire avancer leurs pions stratégiquement. Ils étaient là pour ça, au fond.
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Le mal de crâne s’était amplifié au fil de notre marche dans les rues obscures et parfois dévastées de la capitale. J’avais le sentiment de ne pas avoir changé d’environnement, et que seul le ressenti d’oppression créé par l’espace clos des galeries avait disparu. La légère brise restait salutaire, même si elle accentuait mon impression de tournis, J’avais mal, c’était un fait que je n’ignorais pas. A la différence des adeptes obscurs, je ne cherchais pas à taire brutalement la douleur par l’intermédiaire d’un artifice. Au contraire, je l’écoutais et je l’acceptais. La maitrise et la compréhension de soi passait par cette phase de discernement. Apaiser la douleur par la connaissance de celle-ci, tel était ma méthode d’appel à la Force pour panser mes blessures, aussi invisibles soient-elles. Mes connaissances dans le domaine étaient avancées, mais hélas insuffisamment pour guérir les lésions apparues lors de ma chute vers les profondeurs de la capitale. Je ne pouvais qu’atténuer la douleur sans pouvoir la faire totalement disparaître à nouveau. La faute à mon épuisement et le fait que je fonctionnais sur mes réserves. A un moment, je risquais de chuter, et de cela j’en étais pleinement conscient.

C’est pourquoi je fus soulagé d’arriver enfin à destination. Le simple fait de pouvoir me poser et ne plus lutter m’apaisait. Dès que l’on eut la gentillesse de m’indiquer ma chambre, je m’y réfugiais dans l’espoir de pouvoir ressasser seul les évènements et mes sentiments. Ce fut un échec, puisque Maitre Von avait insisté pour me suivre. Je la remerciais d’avoir persévéré d’ailleurs, car ce fut elle qui permit de régler en partie mes soucis. L’écoutant, je m’étais mis à l’aise dans le lit, assis en position classique de méditation : en tailleur, le buste droit, la tête légèrement penché vers mes pieds. J’avais besoin de me ressourcer, de me questionner et surtout de m’écouter. Les mains posées sur mes genoux, les yeux clos, je laissais ma cousine m’ausculter, à la recherche de mes maux. Grâce à la Force, je la guidais bien plus aisément. La méditation dite vide permettait de s’apaiser, et donc de faire bien des choses en même temps.
Je laissais Alyria agir pour mieux me concentrer sur mon autocritique. Avais-je commis une ou plusieurs erreurs de jugement ? Sans doute, c’était même évident. Pour quelles raisons ? Voilà par contre une question bien compliquée et qui allait me demander un long temps d’analyse. Temps qui me fut offert par Maitre Von.

Oui, j’avais commis des erreurs ces derniers jours. Mon rapprochement avec Callista était dans doute l’une des plus importantes. Mon idée et mon ressenti premier fût qu’il était possible de se faire plus simplement accepter par leur groupe en se rapprochant d’elle, la fille de leur chef. Un pari qui se révéla gagnant, mais avec des conséquences que je n’avais pas imaginé. J’avais immédiatement ressenti le malaise et le mal-être qui la rongeait, lorsque je l’avais approché. C’est ce qui m’avait incité à fraterniser avec elle, avec la volonté de la rassurer et de raviver les espoirs qu’elle gardait au plus profond de son être. L’espoir de voir la situation s’arranger et de pouvoir sortir de ces tunnels, par exemple.

Je m’étais laissé happer par ses charmes, et par ma détermination à l’aider. Je n’avais jamais réellement expérimenté pareille situation, si bien que je n’avais pas imaginé que les choses prendraient une telle tournure. Callista était belle et agréable, c’était un fait. Mais elle était surtout intelligente, avec des réflexions sensées qui avaient réussi à attirer mon attention. Après, je n’avais pas été capable de gérer mes émotions. Il m’aurait été facile de venir justifier cela en affirmant que mes capacités étaient atteintes par mes lésions. C’était une possibilité, certes, mais ça n’expliquait pas tout. Je ressentais quelque chose pour elle, désormais. Quelque chose qui était impossible de part ma condition et l’éloignement que cela risquait d’engendrer. Au mieux, elle quitterait Sy Myrth pour poursuivre ses études sur Aldéraan. Mais même là, la voir risquait d’être compliqué, délicat. Du moins au début. Je le savais, ma situation était bien compliquée.

L’annonce de ma cousine me fit sortir de mon état de méditation et j’ouvrais de nouveau les yeux pour quitter l’impression de léthargie qui m’avait caractérisé pendant la dernière heure. De manière naïve, je venais m’ausculter à nouveau, comme pour me rassurer en confirmant les dires d’Alyria. Des propos parfaitement juste, car cette douleur qui avait manqué de me terrasser n’était plus. Les lésions, elles, me semblaient résorbées mais la Maitre d’Armes avait particulièrement raison. Bien que le centre médical du Temple ne soit pas mon endroit préféré, je n’hésiterais pas à le consulter dès notre retour.

J’opinais donc du chef à son conseil, soulagé de pouvoir enfin penser sans forcer, et surtout sans réveiller mes douleurs. Mes mains glissaient sur mes hanches, alors que je m’étirais. J’étais épuisé et je comptais bien profiter au plus vite d’une bonne nuit de sommeil. Hélas, ce que je craignais finit par arriver. La fameuse leçon de morale, sur ce qu’il était préférable que je fasse ou non. Ma cousine avait raison. Je pouvais très bien l’ignorer, et c’est sans doute ce que j’aurais fais si je n’avais pas eu une bonne heure de réflexion au préalable. Ses propos étaient sans doute justes, mais je restais le seul juge. Mon raisonnement semblait se coller en grande partie au sien, ce qui n’était pas pour me déplaire, mais il était toujours difficile d’admettre avoir commit une erreur lorsque l’on sait que le fait de faire machine arrière risquait dorénavant de créer des blessures chez l’être que l’on voulait au départ rassurer et protéger.
Mon regard perdit de l’altitude, et je baissais ma tête pour soupirer longuement. J’acceptais ses propos, bien qu’une puissante envie de l’ignorer me prenait. Non, elle avait raison, je le savais. Je le savais et je devais l’accepter, même si c’était dur. La relation entre mon père et ma mère était tout aussi étrange, mais parvenait à tenir grâce à l’éloignement de ma mère vis-à-vis d’Ondéron. Elle avait beaucoup plus d’opportunités que moi de revenir sur Corellia et de passer du temps avec ce père que je n’avais pas connu mais qui, de ce que j’en savais, se tenait au courant de ma situation. Mon père était quelqu’un disposant d’une fortune et d’une influence importante sur Corellia. Un homme de poids qui comptait bien me léguer ses biens lorsque le jour viendra. Et moi, que devrais-je en faire ? Strictement rien. Du moins, pas tant que je serais seul. Enfin bon, c’est là une très longue histoire.

Ma tête suivit son mouvement lorsqu’elle se leva, signe que sa conclusion allait enfin tomber. J’étais déjà dans la situation qu’elle venait de décrire, et je ne savais pas encore comment agir. J’avais besoin de temps…

« Je… suis éreinté, Maitre. Merci pour votre aide. » déclarais-je, lâchement, alors que je cherchais à ignorer le sujet et à écourter notre discussion. Un moyen plus agréable pour dire « dehors, j’en ai assez entendu. Je sais que vous avez raison mais j’ai du mal à l’admettre. »

Et lorsqu’elle fut partit, je pus enfin m’allonger dans le lit. J’avais besoin de sommeil, et je ne comptais pas le gaspiller plus longtemps. D’un geste de Force, j’éteignais les lumières de la pièce alors que je me plongeais de nouveau en médiation. J’avais besoin d’un sommeil régénérateur, et donc exempts de rêves dérangeants…

Le réveil fut donc assez agréable, bien que je sentais la nécessité de me ressourcer un peu plus, plus tard. Une fois changé, préparé et rassasié d’un consistant petit-déjeuner, je m’étais déplacé pour rejoindre l’intégralité du groupe, à savoir Lorn et Alyria, dans la chambre que l’on m’avait confié. J’avais laissé tomber la bure déchiqueté pour quelque chose de plus propre, de plus agréable, et de plus passe-partout. Je me sentais bien plus à l’aise, et je ne sentais plus la sueur et la crasse. J’étais presque de nouveau moi-même. Je n’avais pas parlé à Callista, pas encore. Et je ne comptais pas le faire avant un moment. J’avais une certaine crainte de la confrontation, et de la destruction qu’une séparation anticipée et primaire risquait d’engendrer. J’avais besoin de temps, et je comptais bien le mettre à profit pour d’autres choses plus essentielles sur l’avenir de Sy Myrth. J’avais des responsabilités plus importantes que ce genre de préoccupations.

C’est pourquoi j’écoutais avec attention le discours de la Chancelière avec attention, appuyant ses propos de quelques signes de tête tout en réfléchissant à l’impact que je pourrais avoir dans la suite des opérations. Aller titiller les indépendantistes ou bien dévoiler au grand jour les secrets des pro-impériaux ? Le choix était dur, mais je me sentais plus d’attaque pour la deuxième solution, et cela malgré mon manque d’expérience face à l’Épicanthix. Enfin… il était Maitre Jedi. Il pouvait toujours m’ordonner de m’occuper d’autres choses… loin de Callista et des problèmes futiles.

« Je pense pouvoir approcher les pro-impériaux. Ces gens en savent beaucoup plus qu’ils ne le laisse croire. A mon avis, ce sont eux qui sont responsable du brouillage, et je ne serais pas étonné que des Impériaux se trouvent parmi eux. J’ai passé plusieurs années à vadrouiller dans les rues, lorsque j’étais le Padawan de Maitre Herambra. Je peux me débrouiller pour en savoir plus. »

Je me détournais vers Lorn.

« Si cela vous convient, évidemment. »

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Malgré l’éducation guerrière et assez stricte qui avait été la sienne, le jeune homme ici présent ne s’était jamais considéré comme quelqu’un de particulièrement suspicieux ou paranoïaque, il se contentait simplement d’observait son environnement et de rester sur ses gardes afin de ne pas être pris par surprise. Être toujours prêt, paré à toute éventualité était la façon de faire des jedis car leur rôle les poussait à être de toutes les batailles et à affronter toutes sortes de complications. Il était évident que son passé de guerrier ne faisait qu’accroître la vigilance de ce jeune homme mais, si certains pourraient croire que les récents évènements avec les siths ne pouvaient qu’accroître cette vigilance pour la transformer en paranoïa, il n’en n’était rien au final.
Aujourd’hui encore il était resté sur ses gardes mais sa situation actuelle était la preuve que les jedis n’étaient pas omniscients et encore moins omnipotents, il n’avait pas su sentir le danger de l’attaque avant qu’elle ne se produise et ses capacités limitées l’empêchèrent de sauver toutes les autres personnes dans cette pièce. Oh oui, il savait bien que toutes ces personnes rejoindraient la Force et connaîtraient enfin la paix, ou tout du moins était-ce ce qu’on lui avait appris comme à beaucoup d’autres, mais ces morts étaient autant d’échecs qui écorcheraient son âme à vif. À chaque fois qu’il perdait un allié, un frère ou une personne à sa charge c’était comme si son âme était marquée au fer rouge et, au jour d’aujourd’hui, elle commençait à afficher un éventail assez large de marques. Après cette attaque surprise on aurait pu croire qu’il serait tombé dans la paranoïa mais non, pas cette fois, il resta à l’affut mais fit simplement barrage de son corps face aux véritables ennemis qui rampaient dans les ombres.

Alors que tous commençaient à plonger dans un sommeil bien mérité, fuyant la peur et les horreurs rencontrées durant les dernières heures, seul un colosse resta éveillé, penché à la fenêtre, une tasse de café à la main et une thermos pleine du même breuvage juste à côté de lui. Oh non il n’était pas effrayé à l’idée d’être seul avec ses cauchemars et les visions de ces horribles créatures et de la peste qu’elles répandaient, il avait depuis longtemps accepté les visions du passées qui troublaient son esprit et un peu de privation de sommeil n’avait jamais tué personne, il ressentait simplement le besoin de monter la garde et de veiller sur ces gens. Les chances que des créatures parviennent jusqu’ici étaient infimes, mais cela ne l’empêchait pas de vouloir veiller sur un pour une dernière nuit avant que l’appel du devoir ne résonne trop fort dans ses oreilles.

Essuyant de sa main la buée formée sur la vitre crasseuse, il plissa les yeux pour y voir plus clair mais la pénombre l’empêcha de voir quoi que ce soit dehors, il lui faudrait donc attendre le lendemain pour y voir un peu plus clair, soit à peine quelques heures. Alors que les premières âmes commençaient à s’extirper du pays des songes le colosse s’éloigna de la fenêtre et se frotta les yeux pour chasser une certaine fatigue qui commençait tout doucement à pointer le bout de son nez, se rapprochant de ses petits camarades pour faire le topo sur la mission. Plusieurs camps devaient être consultés et, comme de bien entendu, les faire un à un prendrait beaucoup trop de temps, aussi fallait-il diviser le groupe pour couvrir plus de terrain et gagner du temps.
La demoiselle était toute indiquée pour se diriger vers les républicains car sa réputation la précédait et jouerait certainement en sa faveur, ce qui laissait les impériaux pour Joclad et, de ce fait, Lorn était tout désigné pour mettre le bordel chez les indépendantistes et tenter de les rallier aux républicains. Ses talents inexistants de diplomatie permettraient-ils à ce maître d’armes de faire entendre raison à ces hommes et femmes ne voulant appartenir à aucun camp ? Le jeune chevalier semblait penser que oui, Lorn préférait ne pas y penser car imaginer un scénario catastrophe était le plus sûr moyen de s’y diriger.

« Ça me convient. »

Se dirigeant vers le petit chef de la cohorte de tout à l’heure, le jeune homme l’emmena un peu à part pour qu’il lui fasse un topo sur la faction à laquelle il appartenait et où il pourrait éventuellement trouver ses petits camarades. Il fallait bien commencer par quelque part, non ? Désormais Lorn savait à peu près où se diriger pour rencontrer les indépendantiste et savait que tous ne seraient pas aussi bienveillant que son interlocuteur envers lui, il allait devoir rester sur ses gardes plus que jamais. Saluant une dernière fois son interlocuteur d’une ferme poignée de main, il pivota vers ses deux compères et se contenta de quitter leur compagnie d’un simple :

« Il est temps, j’y vais déjà de mon côté. Que la Force soit avec vous. »

Certains croyaient vraiment en cette dernière phrase et ce qu’elle signifiait réellement, d’autres utilisaient cela comme une simple formule de politesse sans une once de sincérité derrière et, ce jour-là, Lorn fit partie de la seconde catégorie. Saluant l’assistance une dernière fois d’un discret signe de tête, il se dirigea vers la sortie avec la ferme intention de trouver ces indépendantistes et leur faire entendre raison si possible.

Ardue tâche que voilà.
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La répartition des rôles avait été faite, conforme à ce qu’on aurait pu attendre finalement de leur trio composite. Chacun partit donc de son côté, et bientôt, non sans avoir pris congé de leurs hôtes et promis à Jorg et ses hommes de leur donner des nouvelles, Alyria sortit du bâtiment par la porte de derrière, qui donnait dans la direction qu’elle devait prendre selon les locaux pour rejoindre les bases des quartiers encore tenus par les militaires planétaires. Le tout maintenant était de ne pas être prise entre deux feux et de ne pas être confondues avec une espionne tentant de pénétrer dans les lieux illégalement.

Evidemment, une personne normale aurait sans doute eu du mal à se frayer un chemin dans ce climat de guerre civile sans devoir franchir une foultitude de barrage ou se faire canarder à vue. Sauf que la maîtresse d’armes était tout sauf une personne normale. Après tout, même si ces temps-ci on pouvait aisément l’oublier, elle restait un maître jedi qui commençait à accumuler les années d’expérience. Aussi elle avait tout de même plus d’un tour dans son sac et si le Voile de Force n’était clairement pas sa technique favorite, elle avait eu tout de même un professeur exceptionnel en la matière, suffisant pour lui offrir de bonnes bases sur le sujet en cas de besoin urgent.

Ce n’était pas un hasard s’il avait utilisé la fameuse technique de dissimulation pour apparaître devant celle qu’il avait choisi comme padawan lors de leur première rencontre. Ranek Lond était presque un artiste quand il s’agissait de se fondre dans les ténèbres et un professionnel de la disparition subite. Evidemment, de tels dons l’avaient prédisposé à devenir l’Ombre qu’il était, et nul doute que son propre maître avait encouragé et contribué à développer ce goût, qui satisfaisait également à son caractère extravagant, raffolant des surprises et n’adorant rien de plus que de faire sursauter son monde à coup de plaisanteries plus ou moins douteuses.

Inutile de préciser qu’en prenant une padawan sous son aile, il avait immédiatement tenté de lui enseigner son art favori, non sans difficulté, étant donné le peu d’engouement qu’avait manifesté Alyria, sans compter ses talents relativement médiocres dans le maniement de la Force à cette époque. Comme à chaque fois, il avait été patient, s’adaptant à son élève pour lui montrer différents moyens de parvenir à ses fins et de réussir à tisser une toile suffisamment solide autour d’elle pour l’éloigner du regard des autres. Certes, ses réalisations n’avaient pas le panache de celles du twi’lek, mais avec le temps, elle n’avait plus à rougir de ses compétences dans la moyenne pour un maître en ce domaine.

Se dissimulant donc aux yeux du monde, la jedi entreprit de progresser dans les rues étonnament silencieuses de Sy Mirth. Le sol était jonché d’éclats, comme les murs, témoignages des âpres combats qui avaient déjà dû avoir lieu. Quelques check-points gardés par des soldats aux visages haves et aux yeux hagards en raison du manque de sommeil bouclaient les artères principales, mais elle n’eut guère de mal à se frayer un chemin à travers ces derniers, prenant garde à faire le moins de bruit possible, comptant sur leur fatigue et son agilité naturelle pour se faire aussi aérienne que possible.

Finalement, après deux bonnes heures de marche et d’une sorte de partie de cache-cache géante avec ceux censés être de son côté, elle parvint à l’entrée d’une sorte de bâtiment faisant office de camp retranché principal, car entouré et lourdement défendus par les derniers remparts de la République sur place. Réfléchissant un moment, Alyria se demanda s’il valait mieux se révéler à eux ou si elle devait tenter d’entrer en douce comme cela avait si bien fonctionné jusqu’à présent. La seconde solution était sans doute la plus aisée, mais pas forcément la plus sûre, y compris en termes de moral : se voir flouer aussi facilement ne mettrait peut-être pas les gradés du coin en bonne condition de négociation. Or, la trentenaire ne se faisait aucune illusion : elle n’allait clairement pas avoir la partie facile pour les convaincre de se plier à ses exigences. Aussi elle se résolut à opter pour la première solution, et commença donc à annuler son Voile de Force.

C’est ainsi que des gardes passablement abasourdis et un peu paniqués virent apparaître devant leurs fusils et blasters une femme rousse sortie de nulle part. Avant qu’ils n’aient eu le temps de la mettre en joue, la demi-echanie avait déjà levé les bras et énoncé clairement son identité :

« Je suis le Maître jedi Alyria Von, Chancelière de la République. »

Perplexes, la plupart se regardèrent, ne sachant que faire, avant que l’un d’eux finissent par cracher, l’air méfiant :

« Elle est morte avec les autres ! On a vu l’immeuble s’effondrer, et personne n’est ressorti. »

Sans se départir de son calme, malgré la tension qui montait sournoisement, la sang-mêlée répondit :

« Nous sommes certains à avoir survécu. J’ai utilisé mes pouvoirs de jedi pour venir jusqu’ici, comme vous l’avez vu. »

Certains se murmuraient des paroles jetées rapidement, d’autres entraient en conciliabules… Finalement, ce qui semblait être le chef de la barricade envoya un des siens en arrière, non sans conserver la jedi en joue. Après plusieurs minutes qui lui parurent interminables et alors que ses bras commençaient à la lancer sévèrement, des bruits de pas lui signalèrent une arrivée… Qui lui arracha un sourire soulagé quand elle vit la bobine blonde du Major Olson s’encadrer devant elle. Ce dernier la dévisagea, et lui rendit son sourire avant de s’exclamer :

« C’est elle. »

« Vous êtes sûr ? »

« Certain. »

« C’est que… Les autres doivent avoir des rouquines de prêtes à l’emploi, hein et… »

L’humain fit taire le bavard d’un geste agacé de la main, comme s’il balayait une mouche l’ennuyant, avant de soupirer et de dire :

« Bon, désolé, mais sinon, ils voudront pas vous laisser entrer. Dites-moi, sur Umbara, qu’est-ce qu’il s’est passé pendant la tentative d’assassinat ? »

« Je me suis évanouie quand un des assaillants a réussi à me piquer au bras avec une seringue de poison, tout en limitant son action… Major Olson. »

En fait, prononcer simplement son nom eut plus d’effet que son explication, et le militaire lui adressa un petit sourire complice avant d’aboyer :

« Alors ! Je vous l’avais dit ! »

Tous grommelèrent excuses ou commentaires dans leur barbe avant de laisser passer Alyria, qui se retrouva encerclée par deux longs bras, et, surprise par cet élan, ne sut que tapoter maladroitement le dos du Major Olson, avant de dire, une fois relâchée :

« Je ne vous savais pas si sentimental, Major. L’air de Sy Mirth ne vous fait pas du bien. »

« Oui, euh… Excusez-moi, Votre Excellence, c’est juste que… Bon sang, on va peut-être sortir de ce bourbier. »

Tiens, le titre officiel revenait tinter à ses oreilles… Clairement, il ne lui avait pas manqué !

« Ca, je n’en suis pas si sûre… »


« Dites… Il y a eu… D’autres survivants ? »

« Maître Vocklan et le Chevalier Draayi, en tout cas, à ma connaissance. Vous n’avez trouvé personne dans les décombres ? »

« Pas eu le temps de fouiller. Dès que l’immeuble s’est effrondré, les gars qui entouraient les impériaux ont braillé au complot et se sont mis à tirer dans le tas. On les a repoussé avec les indépendantistes qui voulaient sauver leur peau aussi, puis une fois éloignés, ils ont commencé aussi à nous foutre dedans…

Ca a été un sacré bazar …

Enfin, heureusement qu’avec Mand, on est pas rentré là-dedans, au moins, on a pu se replier et essayer de maintenir ces abrutis la tête hors de l’eau. Parce qu’entre leurs chefs, j’ai cru que j’allais devenir cinglé ou déserter … »


« Leurs chefs ? »

« Avec la mort de leur général adoré et du sénateur, y avait plus vraiment de leader, de chef désigné. Le plus haut gradé derrière est un imbécile qui ne doit ses galons qu’à son père et se pisse dessus à la simple idée de prendre une décision.

Et comme la nature a horreur du vide… Y a un sergent qui a décidé qu’il se voyait bien diriger tout le monde. Il manque pas de cran, je dis pas le contraire…

Mais c’est un fou furieux, un qui voit pas le problème à raser les quartiers avec les civils parce que, de toute façon, ce sont forcément des traîtres s’ils ne viennent pas s’engager à nos côtés… »


Et dire qu’elle pensait que les choses seraient compliquées… Manifestement, elle avait été bien loin de la vérité. Rien que de se retrouver prise à nouveau entre deux feux, elle en avait la migraine par avance. Cependant, Olson continuait, manifestement heureux de pouvoir enfin vider son sac. Le brave homme semblait totalement à cran.

« Avec Mand, on fait ce qu’on peut pour éviter que ça se finisse en bain de sang. Il a plus de succès que moi. En fait, ils ont besoin de lui, il n’y a pas tant que ça de médecins, et c’est de loin le plus qualifié. Il a rafistolé les gars pris dans des escarmouches de rues quand ça pète de temps en temps, alors ils ont tendance à l’écouter… Un peu, au moins. »

« Je vois… Vous avez leur nom ? A nos deux faux leaders ? »

« Sergent Hectyr Sarlan et Octavius Grant. »

« Grant comme… ? »

« Je vous avais dit qu’il avait eu son poste par papa, vous vous souvenez ? »

Le propre fils du sénateur… Incapable de s’imposer… Décidément, il y avait des claques qui se perdaient. Quoique, quand Alyria songeait au grassouillet défunt, elle ne pouvait s’empêcher de penser que finalement, ce n’était peut-être pas si improbable….

Sans qu’elle ne s’en rende compte, ses pas l’avaient mené jusqu’à l’intérieur du bâtiment lourdement défendu, et alors qu’ils tournaient dans un couloir, des éclats de voix lui parvinrent, suivis du bruit caractéristique d’une porte qui claque. Devant elle, un Pir Mand hors de lui venait de sortir d’une pièce et se mit à lâcher un sonore :

« Bande de … »

Il n’acheva pas, la vision de la Chancelière revenue l’interrompant dans son juron. Se frottant les yeux, il posa finalement son regard sur Olson avant de souffler :

« Ils m’ont rendu définitivement fou ou… ? »

« Ah non, ou alors on est deux dans ce cas. »

Comme d’habitude, Pir Mand avait l’avantage, comme tous les umbarans, de ne pas se laisser facilement démonter, aussi il se composa une expression à nouveau neutre, et souffla :

« Je vous les laisse. Essayez de leur faire entendre raison, sinon, il ne restera plus rien de cette planète à conserver dans la République. »

Prenant une profonde inspiration, Alyria toqua à la porte et entra, sans avoir aucune idée de ce qui allait l’attendre, et en espérant que ses comparses avaient affaire à moindre partie… Ce dont elle doutait, à vrai dire. Tant pis, ils devraient se débrouiller chacun de leur côté, et elle la première. Pas question de les laisser tomber !
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Tout leur convenait, c’était parfait. J’allais donc m’occuper d’en apprendre plus sur ce qui pouvait bien se tramer du côté du camp des pro-Impériaux. La tâche n’allait pas être simple, car la situation avait dû bien s’envenimer depuis notre disparition et il ne serait d’ailleurs guère étonnant que la majeure partie de leurs élites ne soient devenus que plus paranoïaques et méfiants. Jouer la nouvelle tête risquait de s’avérer plus délicat, et peut-être que l’infiltration incognito restait la meilleure solution. De fait, hors de question de m’aventurer dans les rues, à la vue de tous. J’allais agir différemment, sans avoir de contact direct avec eux pour mieux appréhender le climat qui régnait dans leur camp. Je sortis donc à mon tour du bâtiment, profitant d’une tenue civile guère différentiable pour masquer mon identité aux potentiels voyeurs. Il était vrai que me promener en bure m’aurait totalement grillé. Je me réjouissais donc qu’elle ne fut désormais plus que lambeaux.

Je reniflais l’air chargé de poussière, avant de traverser la ruelle pour m’avancer vers le bâtiment situé en face et laissé à l’abandon par ses propriétaires. D’après les indications des connaissances de Jorg, les pro-Impériaux étaient retranchés dans les quartiers situés à la périphérie Nord de la capitale et remontait étroitement vers le centre-ville. Si je voulais lever le voile sur leurs potentielles actions néfastes, je devrais me jeter au cœur de leur dispositif, pour obtenir des réponses directement auprès des responsables sans pour autant leur poser directement les questions qui me taraudaient l’esprit. Je grimpais les escaliers, traversant les étages pour me jeter vers le toit. De là, je disposais d’une vue globale sur la majeure partie du quartier, et il ne me restait plus qu’à m’élancer de toits en toits et de balcons en balcons pour progresser discrètement vers ma destination. La Force venait m’appuyer dans mes enjambées, accentuant mes foulées et décuplant mes capacités.

Ne pas passer par les ruelles et les avenues m’évitaient de me faire remarquer, car peu étaient les gens qui regardaient vers le ciel par rapport à ceux incapables de quitter leurs pieds du regard. La capitale était en partie en ruines, il y avait plus de raisons de s’intéresser à ce qui se passait dans les rues que sur les toits. Je pouvais aussi contourner les barrages dressés par les différents camps tout en obtenant mes premières indications sur les tensions actuelles.

Je me dirigeais donc vers le centre-ville, évitant bien évidemment de grimper les gratte-ciels et autres immensités de duracier. Je contournais donc finalement le site, pour mieux passer au travers des lignes des pro-Impériaux. Il me fallut bien une heure pour parvenir à me glisser suffisamment au cœur de leur territoire tout en évitant les sentinelles et autres patrouilles disposés ici et là pour barrer le passage à tout individu lambda. Sauf que j’étais un Jedi, je disposais de bien plus de facilités. Certes, je ne disposais pas de capacité de dissimulation dans la Force et ma capacité à convaincre à l’aide de cette dernière était comparable au charisme d’une huître de Manaan. Je faisais donc ce que je savais faire le mieux : m’infiltrer pour ensuite me glisser incognito chez eux, car l’on se méfiait beaucoup moins des gens présent à l’intérieur d’un camp que ceux de l’extérieur.

Je finissais donc par arrêter ma folle course pour adopter un rythme plus lent et discret alors que je descendais la cage d’escalier d’un immeuble encore habité, masquant au mieux mon sabre-laser déjà glissé dans ma botte. Il était peut-être inaccessible physiquement parlant, cela ne me poserait aucun problème pour m’en saisir à l’aide de la Force. Je me glissais donc enfin dans les ruelles guère joyeuses, passant au-delà divers étals encore présents et tenus par des commerçants en herbe profitant des quelques articles qu’ils avaient à vendre pour se faire un peu de marge sur leur maigre salaire. J’avais un peu de peine pour eux, mais mon objectif principal n’était pas de les aider eux, mais plutôt de venir aborder une colonne de miliciens qui se préparaient à partir en patrouille, armés jusqu’aux dents au point de ressembler à des Dewbacks.

« Qu’est-ce q’tu veux, toi ? » lâcha le chef autoproclamé du groupe, visiblement guère accueillant.

« J’viens d’la Grande Place. On m’a dit de transporter des infos’ sur les mouv’ment des indépendantistes. »

L’humain en question sembla considérer mes propos, avant de porter son regard vers le reste du groupe. Puis, ses yeux vairons vinrent de nouveau se poser sur ma personne :

« C’est Kii’Pu qui t’envois ? T’es même pas armé ! De toute, j’peux rien faire pour toi. Faut voir avec Farhan, c’est lui qui commande depuis le séisme. Enfin, j’crois, ça hurle pas mal en bas. Faut croire qu’ils ne sont pas d’accord. »

Bah, ça commençait bien. Voilà que ces imbéciles n’étaient même pas capables d’avoir une chaîne de commandement clair. Ils se tiraient déjà dans les pattes et ce n’était pas pour me déplaire.

« Ok, et j’le trouve où ? »

« Par là-bas. Troisième ruelles, deuxième immeuble. La cave. M’fin, j’vais t’accompagner, p’tit. Sinon ils n’te laisseront jamais entrer. » répondit-il, accrochant son deuxième fusil blaster en travers du dos avant de me désigner la route à prendre d’un geste de la main.

Je le suivais donc, m’engouffrant dans l’immeuble avant de descendre lentement vers la cave. Je n’osais pas faire usage de la Force pour rechercher un éventuel piège, car ce serait risquer de me faire sentir ou repérer par un éventuel trouble fait. Mais j’étais plutôt confiant quand au manque de réflexion de mon guide. Au final, il m’offrait le parfait alibi et la justification parfaite pour me glisser dans le rôle que je m’improvisais. Grâce à lui, j’avais déjà des noms…

« Et ça s’passe comment à la Grande Place ? » demanda-t-il néanmoins, me forçant à improviser.

« Bwah.. il parait que les indépendantistes se barricadent un peu plus, comme s’ils craignaient quelqu’chose. Ils ont aussi dégommé des types qui s’faisaient passer pour des réfugiés. »

« J’vois. Tiens, c’est là. » fit-il, écartant du passage les deux colosses servant de garde à la porte en ferraille rouillée mais assez épaisse pour encaisser bien des chocs.

Au final, la « cave » ressemblait plus à un vieux bunker datant des Guerres Mandaloriennes et réaménagé pour l’occasion. Il y avait plusieurs écrans permettant de visualiser certaines caméras de surveillance et autres dispositifs situés en surface, mais aussi des moyens de communication et peut-être même la source du brouillage intensif qui isolait Sy Myrth depuis des semaines. Il y avait aussi du monde, pas mal de monde. Je reconnaissais dans un coin des caisses contenant surement des armes mais qui ne provenaient pas des stocks de la République. Peut-être était-ce des armes récupérées dans un local de la police ou encore dans une base des forces de défenses planétaires… ou bien un stock d’armement venu tout droit des frontières de l’Empire. Difficile à dire à première vue, car les caisses n’étaient estampillées d’aucune inscription.

« Bombarder le centre-ville ? Mais vous êtes totalement timbré, Jaders ! Vous n’êtes pas d’ici, vous ne connaissez rien à la façon de pensée des gens de notre monde ! Alors arrêtez de me dicter votre ligne de conduite, car jusqu’à preuve du contraire, c’est moi qui commande ici ! Bombarder le centre-ville et tout les innocents réfugiés en son cœur ne nous apportera pas le soutien de la population. Même en faisant passer ça pour une action du gouvernement central. »

Je me tournais dans la direction des vociférations, pour y découvrir un Humain et un Zabrak en pleine discussion musclée sur la conduite à tenir. Le premier était sans doute le fameux Farhan, chef autoproclamé par ses pairs suite à l’effondrement. L’autre, Jaders, m’était encore inconnu mais les premiers indices sur sa condition et ses origines avaient déjà commencé à pleuvoir grâce à l’intervention de son interlocuteur.

« Ne me prenez pas de haut, Farhan. C’est grâce à moi et à mes soutiens que vous avez pu obtenir tout ça, que vous avez pu transformer les protestations en opportunités. Il ne me faut pas grand-chose pour mettre Sy Myrth à feu et à sang, et provoquer votre mise en quarantaine totale. Vous feriez mieux de prendre en compte mes considérations… » rétorqua l’autre.

La réponse se fit cinglante, et sans retour :

« DEHORS ! On discutera de ça plus tard, Jaders. J’ai besoin de temps pour réfléchir, et j’en ai assez de vos jérémiades. »

Le Zabrak en question soupira, avant d’offrir un regard plein de défi à son partenaire. Puis, il s’exécuta, se dirigeant vers la sortie, me frôlant presque. Ce type en savait beaucoup trop et se pensait capable de faire suffisamment pression pour obtenir ce qu’il désirait. Ce pouvoir, peut-être l’avait-il réellement, ce qui le rendait plus dangereux encore. Ses propos étaient ambigus, mais laissaient entendre qu’ils savaient bien des choses que ces gens ignoraient. Mise en quarantaine sonnaient étrangement bien avec Rackghoules, quand même… Menaçait-il de les libérer en surface ? Était-il de mèche avec Zind et toute sa clique ? Et s’il n’était en réalité qu’un conseiller de l’Empire ou des Hutts auprès de ces miliciens ?

« Commandant ? Des infos de la Grande Place, pour vous ! » lâcha soudainement mon guide, mettant un terme au silence qui suivait l’engueulade. Sa main, elle, me poussa dans la direction de l’humain bien bâti et à la taille presque démesurée. « Allez p’tit, bon courage. T’vas en avoir besoin. »

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Lorn était certain qu’en d’autres circonstances il aurait pu apprécier la planète qu’il foulait des pieds, ce n’était peut-être pas un havre de paix comme ceux que pouvaient rechercher ses congénères mais c’était une métropole comme tant d’autres à travers la galaxie et, avec un peu de bonne volonté et d’énergie, un homme pouvait y trouver tout ce qu’il désirait. Argent, charmante compagnie, projets illégaux, produits immobiliers à un bon prix, il suffisait d’un peu de jugeote et d’un minimum d’observation pour trouver tout ce qu’une personne voulait mais, malheureusement, le jeune homme ne se sentait pas concerné par ces désirs matérielscar ce qu’il désirait était bien plus confus et immatériel. C’était vrai cela, que cherchait le colosse au plus profond de lui ? Si devenir jedi avait toujours été sa voie ce n’était pas un objectif en soi, bien au contraire il n’avait plus vraiment d’objectif précis depuis que ses pairs l’avaient gratifié du titre de maître d’armes.

Que lui restait-il à accomplir maintenant qu’il avait atteint les hautes sphères de son ordre ? Sa voie allait-elle le mener en dehors de l’ordre d’ici peu ? Non, décidemment non, il ne pouvait imaginer sa vie en dehors de l’Ordre et pourtant il ne cessait de se demander ce que la vie lui réserve d’autre. Membre du conseil ? Si le prestige qui allait avec était plus que tentant, Lorn craignait que poser ses fesses sur un tel siège ne finisse par le visser à ce fameux siège, le forçant à faire une croix sur les missions de terrain dans lesquelles il excellait le plus. Que fallait-il choisir ? Devait-il sacrifier ce qu’il appréciait au profit d’un poste bien plus prestigieux, en supposant qu’il y soit nommé ? L’idée n’était pas si tentante que cela, il allait donc devoir y réfléchir encore un peu avant d’arriver à un semblant de réponse.

Mais aujourd’hui ses petites considérations personnelles et ses objectifs aussi lointains que vous avaient depuis longtemps laissé place au lourd sens du devoir s’abattant sur ses robustes épaules. En d’autres circonstances peut-être se serait-il plu sur cette planète, avant qu’elle ne soit en proie au chaos sous sa forme la plus primaire, mais les circonstances l’empêchaient d’aller au-delà de la simple théorie car il doutait y revenir un jour, pas après cette mission. Une mission diplomatique transformée en sauvetage et mission de survie ? Il avait beau ne pas être équipé pour cela il pouvait compter sur la Force pour aller ses blessures et calmer la douleur qui faisait bouillonner chacun de ses muscles. Oh non il n’était pas au meilleur de sa forme, c’était sans doute l’euphémisme du siècle, mais c’était au pied du mur que les individus de l’acabit de Lorn donnaient le meilleur d’eux-mêmes.

Après une seconde nuit passée au beau milieu de ce chaos le trio de jedi se répartit donc la mission en trois objectifs différents et, finalement, il incomba au colosse de prendre contact avec les indépendantistes qui, eux, ne voulaient appartenir ni à la république ni à cet empire décadent. Lorn pouvait-il blâmer leur désir de liberté et d’indépendance ? Pas le moins du monde mais, malheureusement, leur étincelle avait aidé à mettre le feu aux poudres. Eux tout autant que les autres, à vrai dire, mais eux quand même.

Alors que ses deux camarades se dirigèrent vers leurs propres objectifs, le maître d’armes releva la capuche pour masquer son visage et s’extirpa de l’appartement dans lequel il avait passé la nuit. Contrairement à plusieurs de ses camarades il n’avait jamais vraiment été discret ni doué pour les approches subtiles mais, fort heureusement, cette planète était en proie à un tel chaos que personne ne ferait attention à une massive carrure évoluant de ruine en ruine.

Recouvrant son visage d’un fin tissu pour faire rempart aux fortes odeurs qui agressaient son nez, que ce soit les corps brûlés ou simplement l’air chargé de poussière qui tentait de s’insinuer par tous les pores de sa peau, le jeune homme évolua de bâtiment abandonné en maison abandonnée sans perdre de vue l’endroit vers lequel il devait se diriger. Il aurait pu se contenter de bondir de toit en toit ou de passer par les égouts pour éviter les patrouilles, mais il ne se sentait pas de grimper et il avait eu sa dose de passages souterrains pour le mois en cours.

Était-ce aisé de passer inaperçu ? Pas vraiment, les patrouilles étaient régulières et les crapules qui profitaient du chaos ambiant pullulaient désormais mais, au prix de maints efforts et d’une bonne dose de patience, le maître d’armes arriva dans cet immeuble d’affaire qui faisait lieu de base temporaire pour ces indépendantistes. Pourquoi un tel lieu ? Parce que cet immeuble ressemblait à tous les autres, il était moins abimé que les autres mais sans les indications de son compagnon le jedi n’aurait jamais pu deviner qu’il s’agissait de cet immeuble et pas celui juste à côté.

Pénétrant dans l’immeuble par la paroi ouest légèrement éventrée, Lorn laissa la Force le recouvrir d’un voile qui l’aiderait à passer un peu plus inaperçu au beau milieu des poignées de gardes qui évoluaient au sein de cette bâtisse. Sabres à la ceinture, le jedi profita que l’électricité n’était pas revenue dans tout le bâtiment pour se faufiler à l’intérieur de salles mal éclairées. Lentement, calmement, il tendit son oreille et écouta les gardes qui passaient dans le couloir parler de tout et de rien.
Certes ce n’était pas intéressant et les sujets évoqués étaient soit grivois soit sans réelle importance à ses yeux mais, finalement, le colosse surprit un garde dire à l’autre qu’il était passé devant le bureau des patrons qui semblaient inquiets si ce n’était pas paniqués par la situation chaotique au dehors. Comment pourrait-il en être autrement ? Ils pensaient sans doute profiter de cette rencontre diplomatique pour se faire entendre et, au final, tout allait de travers.

Au bout de quelques minutes et d’encore plus de patience un numéro d’étage parvint aux oreilles du jeune homme qui, sans perdre de temps, se dirigea vers les escaliers de service pour éviter toute rencontre fortuite. La montée ne dura que quelques poignées de minutes et, une fois au bon étage, il entreprit de localiser la salle la mieux gardée qu’il n’eut aucun mal à trouver. Se dirigea dans un recoin de cet étage, il s’introduisit non sans efforts dans les conduits d’aération. Qui avait créé des conduits aussi riquiquis ? Ah non, à bien y réfléchir les conduits étaient d’une taille raisonnable, c’était Lorn qui était trop baraqué pour ça.

Traversant les conduits en jouant des coudes, non sans faire crisser et pleurer les parois sur son passage, il arriva finalement au-dessus d’une salle où deux individus étaient en train de discuter – entre autre – de la situation qui faisait rage dehors. Ils recevaient toutes sortes de rapport venant de l’extérieur mais ce fut un rapport sur une éventuelle sortie des égouts qui attira leur attention car, de toute évidence, avec les créatures qui s’y terraient ils ne s’attendaient pas à ce que quiconque sorte en vie de ce tombeau improvisé.
Fronçant les sourcils, Lorn se pencha au-dessus de la grille pour essayer de voir les visages de ces deux personnes mais, ce faisant, il fit crier une fois de trois la paroi qui céda sous son poids dans un vacarme de tous les diables.

Alors qu’il reprenait ses esprits, chassant la poussière qui menaçait de s’insinuer en lui, il leva les yeux vers ses deux interlocuteurs, abasourdis, posant sur lui des yeux de merlans frits. Calme comme à son habitude, Lorn s’assit sur le bord de la table tout en s’annonçant par un :

« Hum…bonjour ? Belle journée, n’est-ce pas ? »

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Ranek Lond avait toujours dit à son élève que l’art d’une bonne entrée résidait dans la surprise. Et lui-même avait mis en pratique sa théorie avec une application frisant parfois la folie douce, occasionnant plus d’une fois une crise cardiaque à ses malheureuses victimes… Alyria comprise. Au cours de ses mois à la Défense puis à la Chancellerie, force avait été de reconnaître, néanmoins, que le twi’lek excentrique n’avait pas tort dans ce qu’il professait.

Avec ses vêtements d’emprunts, la maîtresse d’armes pouvait repasser pour l’entrée
magnificente, quand bien même elle n’avait jamais réellement compté là-dessus pour s’imposer. Cependant, elle n’était pas naïve au point de penser que l’alliage entre ses cicatrices et sa tenue ordinaire de jedi impactait souvent les civils plus qu’elle ne l’aurait soupçonné de prime abord. Elle comprenait, après toutes ces années, la réputation de sévérité dont avait hérité son Ordre à travers les siècles à vrai dire.

En revanche, l’effet de surprise jouerait à plein. Voir surgir des limbes une trépassée au milieu d’une réunion, cela avait un certain cachet, il fallait l’avouer. Mais une fois que ce dernier tomberait … Elle ne voyait que deux solutions : prier pour que ses interlocuteurs se montrent raisonnables, ou au moins sensibles à ses arguments … et utiliser des méthodes plus contestables éthiquement parlant, mais aussi efficaces que redoutables. Restait pour cela à évacuer le fait qu’il y aurait forcément un témoin, puisqu’elle ne pouvait influencer de tout son poids deux individus en même temps. Enfin, elle ne l’avait jamais tenté. Bref, elle verrait, même si cette option lui répugnait sincèrement. Pour le moment, ses interlocuteurs l’attendaient … Sans qu’eux-mêmes ne soient au courant de ce rendez-vous impromptu.

Sa main gauche effleura la porte, et le contact entre la surface polie et le métal de sa prothèse lui offrit une sensation pour le moins curieuse. Après tout, elle n’avait plus l’habitude d’avoir cette extension non recouverte par un gant, et voir ses doigts métalliques réagir aux impulsions de son cerveau restait un spectacle aussi fascinant que prompt à la désarçonner. Décidément, elle ne se ferait jamais à cette perte, bien que le temps et son amant aient apaisé son malaise à l’encontre de son amputation. C’était un effet bénéfique de leur relation que personne ne pouvait enlever au couple secret : Lorn avait réellement su lui faire comprendre qu’elle restait ce qu’elle était à ses yeux, qu’il la voulait elle, toute entière, y compris sans, ou plutôt avec sa nouvelle main. L’espace d’un instant, le souvenir de paroles et d’un moment bien doux, qui lui semblait si lointain pourtant, lui revint en mémoire, et chassa les doutes qui avaient failli obscurcir son jugement et ternir sa détermination. Il était temps de se ressaisir. De montrer que cette comédie grotesque avait suffisamment duré. Que les soldats de la République et de Sy Mirth obéissent enfin à leur Chancelière. Elle entra.

En face d’elle se tenaient deux hommes qu’elle n’eut guère de mal à identifier grâce aux indications du Major Olson. Le premier était à moitié recroquevillé sur sa chaise, les épaules basses et le menton fuyant, son derrière grassouillet dépassant à moitié de son réceptacle en osier. L’autre était un solide gaillard légèrement plus grand, à vue de nez, qu’Alyria, et surtout deux fois plus carré, dont la joue qu’il offrait à sa vue était dévorée par une vilaine brûlure, sans doute les traces d’une explosion de grenade. Elle n’avait pas grand mal à comprendre pourquoi il avait su prendre une place de leader manifestement laissée vacante par celui qui aurait dû le saisir. Cet homme respirait la sévérité d’un vétéran décidé, et son aspect physique seul était de taille à inspirer le respect et la crainte nécessaire pour se faire obéir en des temps de crise. Restait à savoir s’il était réellement intéressé par le pouvoir … Ou par sa planète. L’autre ne poserait aucun problème, mais lui… Lui allait être une toute autre paire de manche, un défi pour la jedi et dirigeante, qu’elle allait tenter de relever dès à présent.

« Qu’est-ce que c’est que ça encore ! »

Acte I, en scène, les acteurs étaient en place. Inspirant profondément, Alyria braqua son regard vert sur celui qui venait de parler, sans surprise le sergent, et lâcha avec aplomb :

« Messieurs Mand et Olson ont eu la bonté de m’indiquer où se tenait votre réunion. Et je me suis dit que vous ne m’en voudriez pas, maintenant que j’ai réussi à regagner la surface, si j’en prenais le commandement. Par prééminence simple de rang, cela va sans dire. »

Les deux la regardèrent avec des yeux exhorbités, se ressemblant étonnament, finalement, dans leur expression stupéfaite, avant que le jeune Grant ne siffle d’une petite voix aigue :

« Mais … Vous … Je … Votre visage m’est familier, pourtant je ne vous … »

« Vous êtes le fils du Sénateur Grant n’est-ce pas ? Je suis navrée pour votre père, c’était un serviteur fidèle de la République et un ami précieux pour l’Ordre auquel j’appartiens. »

Peu à peu, ils commençaient à réaliser à qui ils avaient affaire, l’incrédulité se mêlant à la fureur contenue ou à la franche peur, la Force exsudant un torrent de sensations et sentiments autour d’eux, à en donner le tournis à une jedi pourtant très avertie et expérimentée dans la lecture des impressions mystiques qu’offraient ses pouvoirs de perceptions extra-sensoriels. Cependant, elle nota aussi qu’au milieu de ce tourbillon négatif, chez l’un comme chez l’autre, quoique à des degrés divers, on pouvait aussi voir évoluer timidement une volute bleutée à l’odeur caractéristique : celle de l’espoir. Voilà qui n’était pas inintéressant. A elle de savoir les causes de cette émanation. Et de profiter à fond des effets de son entrée en assénant le coup final, histoire de prendre les rênes de la conversation en position de force, règle numéro un de toute négociation aux enjeux et intervenants troubles.

« Comme vous l’aurez sans doute plus ou moins deviné … Je suis le Maître Alyria Von, l’actuelle Chancelière de la République. Et non, Monsieur Grant, je ne suis pas morte, comme vous pouvez le constatez. Ou alors, je suis une morte en excellente santé. »

Le fils de l’ancien sénateur avait poussé un tel cri qu’elle n’avait même pas eu à forcer pour le cueillir au vol et l’utiliser à son profit pour devancer la question qui ne manquerait pas de venir. Autant continuer son petit jeu jusqu’au bout, non ? Plus elle marquerait leurs esprits, plus ils seraient stressés, mal à l’aise … Et donc perméable à ses arguments. Ou bien cela les énerverait, évidemment, c’était un risque à courir, mais elle pensait réussir au moins sur l’un des deux au vu de ce qu’elle percevait de leurs caractères respectifs.

« Pas que je ne vous crois pas … Mais admettez que c’est difficile à croire sans preuve. »

Bon, au moins, le Sergent se remettait vite et raisonnait rapidement, on ne pouvait lui enlever cela.

« Certes, Sergent Sarlan. Néanmoins, pensez-vous vos hommes à ce point mal formés pour qu’ils ne s’assurent pas avant de me faire pénétrer dans votre complexe de mon identité ? »

Octavius Grant étouffa un léger ricanement, tandis que le Sergent se renfrogna avant de bougonner quelque chose dans sa barbe.

« Le Major Olson m’a formellement identifiée. Vous savez qu’il s’agit du chef de ma garde personnelle au Sénat et en déplacement ? Il n’y a donc pas de raison de remettre sa parole en doute. »

« Deux précautions valent mieux qu’une. M’enfin, vous correspondez à la description en plus. Pas facile d’imiter une main en moins. »


Paf. Celle-là, elle ne l’avait pas volé sans doute. Sarlan n’était décidément pas homme à faire dans la fioriture. Avec son honnêteté brutale, il savait taper là où c’était le plus douloureux, tout en restant impitoyablement pragmatique.

« En effet. Les blessures de guerre ont quelques avantages, vous en conviendrez Sergent. »

Un partout, balle au centre. Grant, cette fois-ci, toussa dans un mouchoir brodé pour tenter d’étouffer ce qui ressemblait fort à un début de fou rire nerveux, avant de marmotter une excuse, et le vétéran lui-même consentit à ébaucher l’ombre d’un sourire amusé, avant de revenir à une expression neutre.

« Votre Excellence aurait-elle l’amabilité de nous fournir un rapport de ce qu’il s’est passé après l’effondrement ? »

Et pour faire mesure, il avait appuyé très fortement sur le titre avec une sorte de déférence ironique qui, en d’autres temps, n’aurait pas manqué d’amuser à son tour la jedi, mais qui sonnait trop comme un défi dans les circonstances présentes pour qu’elle ne doive pas se retenir de grincer des dents.

« J’y venais, Sergent. Apparemment, l’effondrement a tué tous les participants à la réunion sauf mes deux compagnons jedis et moi-même. Il est probable que nous avons été épargné grâce à notre entraînement jedi. Du moins, c’est l’hypothèse la plus probable

Avec Maître Vocklan et le Chevalier Draayi, nous avons atterri dans les égouts. Inutile de préciser que nous n’avions pas une envie folle de nous attarder… Et que ce sentiment s’est affermi quand nous nous sommes retrouvés nez-à-nez avec des rackghoules. Je présume que leur présence ne vous était pas inconnue ? »


« Si ! »

« … Non… »

Devant le regard courroucé du Sergent, Octavius Grant se ratatina sur sa chaise avant de siffler :

« Père avait eu des rapports … Inquiétants. D’après lui, du moins. Le Général disait que c’était un problème subalterne vu la situation en surface … »

« Et il avait raison ! On n’a pas … ! »

« Il avait tort. L’épidémie est particulièrement forte et inquiétante … Sans compter que des esprits mal intentionnés pourraient vouloir s’en servir pour de mauvaises raisons afin de semer la panique et tenter de faire main-basse sur une planète déjà très affaiblie par les conflits. »

« Et comment vous vous en êtes sortis, si c’est si dangereux ? »

« Nous avons repoussé celles qui nous assaillaient, et nous nous sommes repliés dans les profondeurs des égouts. Là, nous avons trouvé un petit groupe d’indépendantistes.

Manifestement, leur leader avait décidé de se séparer d’un rival encombrant en tirant profit de la nouvelle population des sous-sols … »


« Typique de ces abrutis… »

Ne tenant pas compte de ce commentaire, Alyria continua comme si de rien était :

« Et, j’abrège, mais nous sommes remontés par un monte-charge qui menait depuis une ancienne usine désaffectée dans les faubourgs jusqu’à un laboratoire. »

Petite pause pour reprendre son souffle :

« Manifestement, un de vos anciens scientifiques s’est amusé à quelques expériences … Peu ragoutantes. Je vous épargne les détails sordides, mais l’ensemble s’est révélé extrêmement inquiétant … »

C’était là que tout se jouait. Sur la première question qu’ils poseraient, et qui orienterait la suite de la conversation.

« Inquiétant comme quoi ? »

Bonne pioche.

« Comme un puzzle géant à base de corps humains et tête de rackghoules. »

Un haut-le-cœur saisit Grant qui étouffa un hoquet dans son mouchoir. Et pour le coup, la maîtresse d’armes le comprenait. Le souvenir de cette vision suffisait à lui arracher un frisson. Sarlan se maîtrisa mieux, mais sous le masque du flegme, le dégoût était bien visible.

« C’est … Quel dégénéré peut bien … »

« Je vous l’accorde. C’est pour cela que j’ai tenu à venir le plus vite possible. Avec une telle menace en son sein, Sy Mirth ne peut se permettre de rester divisée en surface. Il est temps de mettre les rancœurs de côté pour vous protéger. »

Elle y était. Au cœur du litige. Et la réponse vint, cinglante, sèche.

« Jamais. Pas question de céder devant des abrutis congénitaux qui oublient où est leur loyauté et de simples traîtres à leur patrie ! »

Le pire ? Une part d’elle avait envie d’approuver les dires du Sergent. Une autre, celle de la jedi, savait qu’il était hors de question de laisser les haines germer et grandir.

« Leurs opinions sont ce qu’elles sont. Cependant, songez qu’après la trahison qu’ils ont subi, une partie des indépendantistes va vouloir se détacher de la base. Et je pense que le chef que nous avons rencontré est prêt à travailler en bonne collaboration avec la République. Quant aux autres … Ils ont perdu leur chef aussi. Et je doute fort que le nouveau en place soit aussi résolu. Et s’il l’est … Un de mes compagnons est parti en éclaireur avec certaines informations à même de les faire s’engager sur une voie moins abrupte. »

« Ce ne sont là que des belles paroles. Je veux des preuves. »

Alyria soupira. Elle ne pouvait pas vraiment lui en vouloir, au fond.

« Dès que nous serons entrés en contact avec toutes les parties… Je vous propose un nouveau sommet. Avec vous deux et moi-même pour représenter la République, ainsi que les leaders adverses. Et vous verrez que je n’ai pas parlé dans le vide. »

« Pour avoir le même résultat que la dernière fois ? »

Encore une fois, Sarlan n’avait pas tort. En d’autres circonstances, décidément, elle l’aurait sans doute apprécié, ce vieux jusqu’au-boutiste.

« Peut-être. Même si cette fois-ci, nous sommes prévenus. De toute façon, c’est ça, où raser cette planète. Parce que à force de faire exploser des ruelles, c’est très exactement ça qui risque d’arriver. Et sauf respect, Sergent, je ne vois pas l’intérêt pour la République de conserver un ilot rocheux plein de bombes non explosées et de rackghoules. »


« Je suis pour. »

Octavius Grant venait de pépier, les surprenant tous deux. Semblant rassembler tout son courage, il ajouta :

« Père disait que … »

« Père disait que … » singea Sarlan, s’attirant un regard mauvais de sa victime qui continua tout de même :

« Père disait que le peuple ne se révoltait jamais sans une bonne raison … mais que cette raison le poussait souvent à se ranger derrière son gouvernement après un temps. Peut-être qu’il avait raison. »

« Je… »

Et là, Alyria n’hésita plus. Envoyant une véritable liane de Force s’infiltrer dans l’esprit du militaire, telle une flammerole prompte à saper ses défenses, elle usa de tout le poids de sa persuasion mentale pour le plier, appuyant presque lourdement sur ses défenses. Elle vit ses sourcils se froncer, la sueur perler à son front, sous l’action de la jedi. Elle détestait sincèrement avoir recours à ce type de méthode … Mais aux grands maux, les grands remèdes. Et finalement, l’homme céda en premier dans le bras de fer invisible les opposant.

« … Oui. »

Paraissant désorienté, comme surpris par ses propres propos, Sarlan regarda ses pieds, tandis que Grant laissait échapper un sifflement surpris, avant de s’’exclamer joyeusement :

« Je me demandais ce qui vous causait une telle réflexion Sergent, mais je suis heureux de voir que vous êtes raisonnable. Le charme de la Chancelière vous ferait-il de l’effet ? »

Sa plaisanterie tomba à l’eau. La faisant glisser sans en rajouter, Alyria se contenta de hausser des épaules avant de faire :

« Si nous sommes d’accord … Je vais contacter mes compagnons pour qu’ils transmettent ma proposition. S’ils le peuvent. Sinon, nous les contacterons par les canaux ordinaires.»

Ce qu’elle fit en sortant son comlink pour leur laisser le message. Elle avait rempli plus ou moins sa part. Aux autres de faire de même. Et nul doute qu’ils auraient la partie nettement moins aisée.
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« Allez p’tit, bon courage. T’vas en avoir besoin. »

Et comment ! J’étais en plein dans la gueule du loup grâce à une machination dont je ne connaissais pas les aboutissants. Je nageais dans des eaux troubles et inconnues, à la recherche d’informations faussées mais crédibles à offrir au responsable des pro-impériaux, car c’était bien du flan Corellien que j’allais donner à ce Farhan encore enragé de sa précédente discussion.
Son regard ne tarda pas à se poser sur moi, alors que mon garde du corps s’éloignait déjà et disparaissait vers la surface. J’étais mal à l’aise, ce qui jouait en ma faveur et venait renforcer le personnage que je m’étais inventé en me présentant à la brute qui m’avait accompagné en ce lieu : un jeune homme, enrôlé malgré-lui dans une cause en laquelle il semblait croire mais dont la naïveté et la jeunesse semblait trahir un manque de conviction et de détermination. Quelqu’un de timide, en somme…

C’était quelqu’un de bourru et déjà bien balafré, trahissant ainsi des semaines passés au combat et donc une expérience plus solide que la moyenne. Peut-être même était-il un ancien de l’armée ou bien de la milice locale, tant sa stature était typique des militaires. Ses mains s’apposèrent sur la table ou était dépliée une vieille carte de la capitale sur laquelle était positionné des marqueurs et des positions bien spécifiques. C‘est là qu’il prit de nouveau la parole, de sa voix grave toujours emplie d’une certaine colère vis-à-vis de son précédent interlocuteur :

« J’espère que vous avez de bonnes nouvelles… J’écoute ! »

Allez Joclad, l’heure de gloire est arrivée, montre-lui que tu n’es pas le gamin que tu parais être depuis déjà cinq minutes. Je déglutissais, car ce que j’allais annoncer risquait de ne pas lui plaire. Mais tant pis, je m’étais promis de régler la situation sans bain de sang et il était hors de question que je ne fasse usage de mon sabre-laser pour imposer ma vision des choses. La voie du Jedi était tout autre que ça. Mon regard vira de gauche à droite à la recherche de ce fameux Jaders qui n’était déjà plus là. Parfait. Je prenais une inspiration et je me lançais finalement :

« Malgré ce que j’ai pu dire au soldat qui m’a accompagné ici, je ne viens pas de la Grande Place pour vous parler des mouvements de troupes soudain de l’ennemi puisque ces derniers sont inexistants. »

L’humain sembla se crisper un peu plus, alors que plusieurs techniciens présents s’étaient immobilisés pour écouter ce que j’avais à dire, comme captiver par les révélations que je m’apprêtais à faire. Je reprenais sans la moindre hésitation, désormais déterminé à mener jusqu’au bout mon raisonnement :

« Je suis là pour vous éviter de commettre une énorme bourde, et j’ose espérer que vous ne laisserez terminer et ne prendrez pas de décision hâtive. »

Il grogna, et je dû plonger mon regard dans le sien pour m’assurer qu’il ne dégainerait pas son blaster pour tenter de me trouer la peau. Ses doigts se crispèrent sur la carte alors que sa langue faisait un tour dans sa bouche, dans l’attente de la suite.

« Qui êtes-vous… ? »

Voilà la question que j’attendais. Je n’esquissais pas le moindre sourire, offrant à l’assemblée désormais silencieuse et captivée qu’un visage parfaitement neutre et inexpressif combiné à un regard d’acier.

[color=green] « Je suis un Jedi, et je suis venu vous mettre en garde contre cet homme que vous avez disposé et les dangers qu’il fait roder autour de vos idéaux. Je ne suis pas là pour vous contraindre à abandonner votre lutte ni même pour vous forcer à rejoindre les rangs des loyalistes. J’ai bien trop de respect pour cela. Par contre, je ne peux pas… vous ne pouvez pas accepter de vous fier à vos soutiens et à leurs idées destructrices. »[/i]

La situation que je craignais ne tarda pas à éclater au grand jour lorsque sa main quitta soudainement la carte pour attraper le blaster posé sur la table et le pointer dans ma direction. En retour, mon sabre avait jailli de ma botte pour se glisser dans la paume de ma dextre, sans pour autant s’activer. Je n’étais pas celui qui ouvrirait les hostilités alors que je n’étais que le messager, le diplomate. Lui était le soldat, l’oppresseur. Mon regard restait rivé dans le sien, dans un duel sans fin. Sa détermination contre la mienne.

Il ne tirerait pas.

« Je n’ai rien à entendre de vous. Vous êtes tout aussi responsable que la République de tout ce foutoir, de notre misère, de… »

« Et vous, que faites-vous ? En écoutant cet individu, vous bombardez votre peuple sans le moindre état d’âme. Vous agissez en tyran là où vous devriez agir en libérateur. Ce n’est pas en massacrant votre population et en détruisant vos villes que vous parviendrez à obtenir le soutien de votre peuple. Ouvrez les yeux, vous vous faites manipuler pour semer le chaos sur votre monde et ainsi offrir du terreau fertile aux Impériaux pour leur propagande. Car c’est bien ce qu’il est, n’est-ce pas, un agent de l’Empire ? »

La tension monta d’un cran, et je vis son doigt se raidir un instant autour de la queue de détente de son arme avant de se retirer et se positionner dans une position de sureté. Il ne semblait guère convaincu par mon entrée en matière mais désigner Jaders comme un agent de l’Empire suffit à provoquer un mouvement de tête qui affirmait clairement que je ne m’étais pas trompé sur son compte.

« Vous les Jedi vous avez toujours la fâcheuse manière de vous occuper d’affaires qui ne vous regarde pas. Jaders est ici en qualité de conseiller, et il ne gouverne en rien notre mouvement. Je suis le chef ici, et je compte bien le rester ! Nos méthodes ne sont peut-être pas les bonnes à court terme mais je suis certain que notre peuple constatera à long terme que nous avions raison d’agir ainsi. »

« Ils vous seront reconnaissant d’avoir raser leurs villes et relâcher l’épidémie Rackghoule en surface, offrant leurs vies à ces immondes créatures ? »

Dans le mille. Le regard de Farhan s’écarta du mien et ses yeux s’arrondirent alors qu’il considérait les arguments que je venais de lui distribuer. Visiblement, le terme de rackhgoule ne lui plaisait pas, et il y avait de quoi ! Son blaster s’abaissa lentement et j’imitais son mouvement pour laisser descendre mon sabre éteint dans une volonté de détente. L’Humain semblait entrevoir ce que je tentais de lui dévoiler, et il détourna le regard pour mieux considérer mes propos, et ce avant de me répondre :

« Qu’est-ce que vous voulez dire ? Des rakhgoules ? »

« Vous n’êtes pas au courant pour l’épidémie ? »

Son visage se redressa, les traits crispés.

« Si, mais elle est circonscrite aux souterrains et affamée. Ce n’est pas une menace. »

[color=green] « Détrompez-vous. Des expériences ont été faites et des individus se sont assurés de livrer suffisamment de gens en pâture dans les sous-sols pour gonfler l’épidémie et rendre l’infestation extrêmement dangereuse. J’ai des preuves avec moi, vous pouvez les voir. »

Des chuchotements s’élevèrent de notre entourage, alors que la plupart des membres présent dans la grande salle s’étaient agglutinés autour de nous comme pour mieux entendre les révélations que je leur offrais gracieusement. Farhan semblait choqué par mes propos, ce qui venait l’innocenter de toute complicité dans ce carnage souterrain. Je lui tendais un datapad dont les données avaient été copiées en plusieurs exemplaires. L’Humain déglutit et retînt un haut-le-cœur alors qu’il lisait les descriptions de certaines expériences de Zind. Il finit par poser le pad sur la table, avant de questionner :

« C’est immonde… Vous pensez que Jaders est de mèche avec ces horreurs ? Vous pensez qu’il nous manipule pour mieux nous détruire ? »

« Vous détruire, je ne sais pas. Vous affaiblir, c’est une certitude. J’ai la conviction qu’il est au courant de tout cela et qu’il manœuvre pour que vous commettiez l’irréparable au cours de vos affrontements avec les autres factions. »

Un poing s’écrasa sur la table, et Farhan rejeta la carte et les pions disposés dessus dans les airs. Il était désorienté, et je pouvais sentir une certaine humiliation dans la Force à l’idée d’avoir pu se faire manipuler aussi facilement. Son regard était devenu lourd, presque orageux, alors qu’il se tournait vers un des techniciens.

« Allez me chercher Jaders, et par la peau du cul s’il le faut ! »

Le technicien s’exécuta, alors que les autres regagnaient bien vite leurs places respectives. De mon côté, je m’approchais un peu plus de la table pour mieux achever les doutes que pouvait avoir Farhan, mais ce fut lui qui prit la parole le premier, me coupant dans mon élan :

« Je vais le forcer à parler, et à me livrer ce qu’il refuse de me dire depuis le début. Il affirme avoir des moyens de pression, je veux savoir s’il s’agit bien de ce que vous m’avez raconté. Je ne me ferais pas avoir deux fois ! »

« Je suis un Jedi, mon but n’est pas de vous influencer mais de vous faire entrevoir toutes les ficelles tirées par ce Jaders. Je pense qu’il est temps de mettre à jour toutes les manipulations de chaque camp. Et si vous êtes d’accord, je pense qu’il est nécessaire que toutes les parties discutent à nouveau d’une transition et d’une résolution à ce conflit qui ne fait qu’affaiblir Sy Myrth. »

Il siffla, avant de se détacher de la table pour ramasser la carte et les pions qu’il avait précédemment projetés dans les airs. Il ne semblait pas convaincu par mon idée, mais il ne fermait pas la porte. Pas après toutes ces révélations et celles qui étaient encore à venir.

« Si vous avez raison concernant Jaders, je suis prêt à tout. Je ne pense pas qu’un nouveau sommet ramènera la paix sur Sy Myrth sans des preuves tangibles mais je pense que nous ne perdons rien à essayer. Je vous suis sur ce coup là, Jedi. Mais s’il se révèle que vous avez tenté de me berner, alors il n’y aura plus d’issue possible. Nous sommes d’accord ? »

J’esquissais pour la première fois un léger sourire, et je venais récupérer mon pad. Au loin, la porte d’entrée du bunker s’ouvrait à nouveau. Deux gardes assez bourrus tenaient Jaders en respect, l’amenant à nous en qualité de prisonnier. Je me tournais vers eux, puis de nouveau vers Farhan pour celer notre marché :

« On est d’accord. »


Invité
Anonymous
Pour tous ceux d’entre vous qui connaissent un peu le colosse aux yeux azurs, de près ou simplement de réputation, serait-il votre premier choix lorsqu’il s’agirait de prendre part à une mission purement diplomatique ? Compteriez-vous sur ses supposés talents de négociateurs pour arriver à empêcher plusieurs camps de s’écharper vifs ? Peut-être supposeriez-vous qu’il était fait dans le même moule que tous ses autres collègues et qu’il serait capable de tirer son épingle du jeu pour parvenir à faire cesser les hostilités mais, dans ces conditions, je ne pourrais que mettre en doute le fait que vous connaissiez vraiment cet individu.

Oh non ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, la capacité à revêtir la casquette de diplomate n’était pas totalement absente chez ce colosse, elle lui avait été implantée durant sa formation mais il n’avait eu que rarement l’occasion de développer ce talent et d’en récolter les fruits. Ne fallait-il pas faire un choix ? Il ne pouvait pas être le bouclier des faibles et la voix de la raison en même temps, aussi motivé qu’il était il ne pouvait être au four et au moulin à la fois. N’était-ce pas horrible que de se dire qu’entre empêcher la violence et la contrecarrer le colosse avait choisi la seconde voie ? Non, il était totalement en paix avec son choix, il savait depuis longtemps que le monde avait besoin d’hommes de paix et d’hommes pour défendre cette paix chèrement gagner…le monde avait besoin de moutons et de chiens de bergers.

Alors oui il n’était pas celui à qui on penserait en premier pour amener des gens à baisser leurs armes, mais c’était justement son approche plus directe et honnête qui prenait au dépourvu les bellicistes depuis trop longtemps habitués aux méthodes posées des autres jedis. D’un coup ils se trouvaient face à une supposée brute qui ne mâchait pas ses mots et n’allait pas par quatre chemins pour appeler un chat un chat. Est-ce que cela fonctionnait ? Pas toujours mais le taux de réussite était suffisamment acceptable pour qu’il ne change pas sa méthode, non pas qu’il l’aurait fait si cela n’avait pas été le cas de toute façon. Il était comme il était, trop tard pour qu’il change, il était en paix avec sa façon d’être et son marginalisme depuis bien longtemps.

Il avait essayé d’être subtil et de jouer la discrétion lors de l’approche de ces adeptes de l’indépendance mais malheureusement son physique l’avait ramené à la réalité et son approche discrète avait été réduite à néant en un instant. Il se trouvait désormais assis sur la table, toisant du regard le chef de cette bande de joyeux lurons et un autre triste sire inconnu au bataillon.
Même si cela n’était pas appropriée le jeune colosse réprima un sourire amusé l’espace d’un instant, simple écho des regards médusés et abasourdis posés sur lui et plus que compréhensibles. Les deux hommes tentèrent de balbutier quelques mots pendant les premières secondes mais seul un charabia s’échappa de leurs bouches, mais finalement la réalité défigea ce moment et le bruit de la chute de Lorn attira les gardes alentours.

Le jedi n’avait à peine qu’à s’ouvrir un instant à la Force pour les sentir s’approcher les uns après les autres, leurs bottes martelant le sol avec frénésie et inquiétude. Comme un feu hors de contrôle les gardes appelaient leurs collègues et leur nombre commença à croître jusqu’à ce qu’une grosse poignée d’entre eux pénètre en trombe dans la salle, toutes armes dehors.
Pourquoi pas plus ? Parce que la salle ne pouvait contenir davantage de personnes et que le reste de la troupe attendait sagement dehors, leur tension palpable à des lieux à la ronde.

Certains tentèrent de beugler et d’ordonner à Lorn de décliner son identité mais celui-ci resta silencieux jusqu’à ce que le calme revienne dans la salle puis, au bout de quelques instants, le supposé chef de cette joyeuse troupe de tendus du slip demanda enfin avec une assurance vacillante :

« Qui êtes-vous ? Que faites-vous ici ? »

Que faisait-il ici ? N’avait que cette question stupide en tête, et non pas comment il avait pu trouver cet endroit, par exemple ?

« Lorn Vocklan, jedi, venu ici pour rattraper ce qui peut encore l’être.»

Si l’incompréhension se lisait dans la plupart des regards posés sur lui, la réplique ne se fit pas attendre.

« Est-ce votre rôle de jedi qui vous pousse à vous mêler de ce qui ne vous regarde pas ? Nous n’avons nul besoin de votre aide, repartez d’où vous venez avant que nous ne vous forcions à le faire. »

Intrigué par cette menace à peine dissimulée, Lorn pencha la tête sur le côté pour feindre l’incompréhension avant de répliquer par :

« Oh, vous devez sans doute me confondre avec mes collègues, ceux qui vous auraient écouté gentiment. C’est raté. Je ne suis pas prêt de partir de sitôt et je vous ferais bouffer vos dents si vous envisagez de me menacer une seconde fois. Je suis ici pour réparer le merdier qu’est devenu votre planète et vous allez m’y aider.»

Le silence régna sur cette salle pendant quelques instants, les gardes étaient abasourdis de voir un étranger tenir tête à leur patron sans une seule seconde d’hésitation et, sur le coup de la surprise, le concerné ne parvint qu’à balbutier une seule question :

« Pourquoi ? Pourquoi nous écouterions-vous ? C’est notre monde, pas le vôtre ! »

« Et vous avez fait un merveilleux boulot pour le foutre en l’air. Le chaos règne, des rakghoules pullulent sous vos pieds et vous restez terrés ici à attendre que l’orage passe. J’ai un flash info pour vous, il ne passera pas et vous serez emportés avec si vous ne vous bougez pas le cul en vitesse. C’est votre monde et vous participez à sa destruction, voilà pourquoi je suis là et voilà pourquoi vous allez m’écouter pendant qu’il reste quelque chose à sauver. »

Des murmures commencèrent à se diffuser entre les gardes car peu d’entre eux avaient entendu parler de ces fameuses bestioles, mais ce fut le patron le plus chamboulé par ces accusations qu’il considérait grotesques. Fronçant les sourcils, dans un accès de rage il leva la main et s’écria :

« En joue ! »

Alors c’était comme ça qu’il voulait la jouer ? Lorn aurait pu tuer tout le monde dans cet immeuble et s’en sortir sans une égratignure mais cela n’allait mener à rien, il devait faire changer les choses et la mort était trop…statique. Sentant les fusils braqués sur lui, son pouls toujours aussi régulier que d’habitude, il se tourna vers les jeunes gardes pour leur dire :

« Votre gentil patron pactise avec les hutts, envoie votre copain Jorg à une mort certain dans les égouts, participe à la fin de votre monde et vous continuez à lui obéir au doigt et à l’œil. Je ne sais pas si je dois féliciter votre loyauté ou pleurer votre aveuglement. Quand tout sera terminé, que vous restera-t-il ? Que restera-t-il de vos familles ? Rien, vous aurez tout perdu et regretterez de n’avoir rien fait pour empêcher ce funeste destin. »

Se tournant vers son interlocuteur initial, il enchaîna avec :

«D’ailleurs, en parlant de Jorg, il est encore en vie et il ne va pas tarder à venir vous faire un petit coucou. J’espère que vous ne lui en voudrez pas trop s’il est rancunier, après tout vous avez essayé de le tuer. »

Se décalent légèrement pour revenir vers les gardes qui ne savaient plus qui ou quoi croire, il ponctua sa déclaration d’un :

« Au fait, les jeunes, si vous vous posez la question, les jedis ne mentent pas. Ils n’en ont pas besoin.»

Indigné par ces outrageuses accusations, le chef fulmina et décrocha un blaster à sa ceinture pour abattre lui-même cet intrus qui ne méritait qu’une mort douloureuse. Comme un fauve le colosse bondit de sa table et, alors que sa main gauche broyait l’arme et la main qui la tenait, l’autre vint rencontrer la mâchoire du petit chef à une telle vitesse que l’impact projeta plusieurs dents dans la pièce. La première menace désormais à terre, le colosse se redressa de toute sa masse et se tourna vers la bande dont les fusils étaient désormais abaissés :

« Jorg va arriver d’ici peu pour vous expliquer la situation, j’espère que vous ferez le bon choix et suivrez celui qui a à cœur de sauver votre monde. Nous essayerons d’organiser un sommet pour faire cesser les hostilités, inutile de vous dire que j’espère que vous ne choisirez pas ce triste individu pour vous représenter…sans quoi jamais rien ne changera.»

Silencieusement, lentement, le jeune homme vint s’assoir dans un siège de la salle et ne dit plus rien. Il allait surveiller le petit chef et attendre la venue de son nouveau camarade, il allait attendre et observer par lui-même le changement qui s’opèrerait.
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