« Administratrice, votre annonce est en ligne. » annonça Légion. La fameuse annonce était courte, indiquant simplement qu’elle proposait ses services en robotique. Depuis le temps qu’elle espérait l’accord de l’un des maîtres du Conseil, elle n’avait pas attendu des heures pour mettre les quelques lignes sur l’Holonet. Rien de bien transcendant. Ses coordonnées étaient claires, indiquant l’adresse de son atelier dans l’enceinte de l’Université de Coruscant et les plages horaire durant lesquelles elle était sur place. Le doyen de la faculté dont elle dépendait avec accepté de lui octroyer un espace sécurisé pour qu’elle puisse « bricoler » comme elle se disait. Cela, sous-entendait, effectivement, qu’elle accueille régulièrement ses élèves pour des cours pratiques.

« Dois-je demander une diffusion plus large ? » demanda le droïde. See’Ryl leva les yeux de son datapad. « Non. Je préfère avoir peu de personnes… Ce n’est pas censé être rentable… » dit-elle sans même avoir réfléchi. Les instructions qui avaient accompagné l’accord étaient claires sur le fait que l’Arkanienne ne devait pas faire de profits. En somme, pas de main d’œuvre à facturer. See’Ryl, en lisant, avait levé les yeux au ciel. Comme si elle avait songé s’enrichir. Si cela avait été son but, elle se serait installée sur sa planète natale ou aurait pris le poste qui l’attendait depuis des années chez AdascaCorp, la « petite » entreprise familiale. En définitive, ce n’était pas étonnant : elle était encore sous observation et cela ne changerait probablement pas. Et dire qu’elle avait eut de l’espoir après la visite de Den… Voilà un exemple des promesses qui n’étaient pas tenues dans l’Ordre… Lorsque cela la concernait…

See’Ryl, en revanche, n’oubliait pas que cet accord indiquait aussi une volonté d’apaisement. Elle ne le niait pas. L’arrivée d’un message la rappela à la réalité. Elle consulta son datapad puis le reposa pour reprendre le rangement des pièces dont elle avait besoin pour son dernier projet en date : les prototypes de gants et de sécurités pour les agriculteurs de Taanab. Non loin, Légion terminait l’installation de l’atelier en lui-même. Les armoires sécurisées demandaient leur programmation, les outils de la Jedi attendaient leur inventaire. En eux-mêmes, les lieux semblaient presque vides, dénués d’une décoration inutile et strictement agencés. Tout était calculé au millimètre près pour la stature de la jeune femme qui, finalement, avec ses cheveux immaculés –pour une fois – semblait presque déplacée dans cet environnement

« Est-ce-que vous vous plaisez, Maître ? » La question avait fusé à la double porte qui était sciemment restée ouverte. See’Ryl leva les yeux pour découvrir le doyen de la faculté. Elle s’approcha pour lui sourire avec une pointe de chaleur, lui serrant la main lorsqu’il la lui tendit. « C’est même plus grand que je ne le pensais. Je vous remercie vraiment, Monsieur le Doyen. » Ce dernier arbora un sourire amusé et agita la main. « Allons… J’ai surtout vu l’avantage qu’il y avait dans le fait de vous attribuer un espace de travail. Je commence à avoir des demandes d’autres professeurs mais tous n’ont pas vos talents ou même des projets aussi bien construits. »

See’Ryl n’était pas dupe. Elle avait compris que cette « attribution » répondait aussi à un besoin d’attirer l’attention d’un côté pour pouvoir agir de l’autre. Elle n’était qu’un épouvantail, en quelques sortes. Et puisqu’elle en tirait un avantage – même temporaire – la jeune femme faisait comme si elle n’avait rien vu. L’homme continua à lui parler durant quelques minutes avant de la laisser retourner à ses plans.

« Administratrice, le gardien indique que quelqu’un cherche à vous rencontrer. » L’annonce résonna dans l’atelier sans provoquer une quelconque réaction chez la jeune femme qui n’avait pas levé les yeux de ses plans. Légion n’y attacha pas d’importance. Il savait que l’information avait été entendue mais que la jedi n’avait pas jugé bon d’y répondre ou, plus simplement, d’y réagir. Si c’était réellement une personne pour elle, cette dernière trouverait les lieux sans trop de difficulté. Les indications étaient claires pour quiconque sachant lire un plan. Alors ce n’était pas son job que d’attendre les éventuels « clients »… Et cela ne lui ressemblait carrément pas.

Cependant, elle se redressa en percevant une présence inconnue qui s’approchait des portes ouvertes pour laisser entrer un peu de lumière diurne. Elle s’approcha de l’entrée. « Légion, n’oublie pas de continuer à effectuer la sauvegarde » dit-elle. En réalité, par sauvegarde, See’Ryl entendait la copie de certaines bases Jedis. C’était un processus d’autant plus lent qu’elle le faisait avec une extrême prudence. C’était pour ainsi dire une police d’assurance… Non pas que See’Ryl songeait à faire chanter l’Ordre mais plutôt qu’elle sentait que le point de rupture approchait et qu’il y avait des connaissances dont elle refusait d’être séparée à cause de simples problèmes égotiques.

Elle s’immobilisa à l’entrée pile au moment où l’individu arrivait. L’ombre d’un sourire s’afficha sur son visage. « Bonjour. Le gardien m’a informé de votre arrivée. » Sympa comme intro… See’Ryl n’était néanmoins pas très au fait des conventions sociales dans une relation « marchande ». Dans les faits, elle était plus souvent dans la position de l’acheteur que du commerçant. D’un geste, elle invita l’homme à entrer. Sciemment, elle n’avait fait aucune supposition orale quant à son genre, consciente que bien souvent, les armures étaient unisexes. Elle suivit l’individu et lui indiqua un endroit où s’asseoir. Un siège simple et fonctionnel avec un minimum de confort.

« Je suis navrée, je n’ai pas encore… songé au confort. » dit-elle en approchant un tabouret sur lequel elle s’installa. Son datapad vola jusqu’à sa main. Autour d’eux, les lieux étaient rangés au millimètre près. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place, disait le dicton que See’Ryl mettait en application à la perfection. L’endroit était propre et lumineux au point que l’on pouvait presque douter d’être dans un atelier de robotique. Pourtant, l’immense droïde qui trônait non loin, les diodes légèrement allumées, laissait penser à lui seul que la jeune femme n’était pas une idiote. « Je suis See’Ryl Asho’Tye. » se présenta-t-elle enfin. Pas de Maître, pas de professeur… Elle ne s’en cachait pas… elle jugeait simplement que si l’on venait ici, ce n’était pas pour voir le Jedi ou le professeur… L’ingénieure n’avait aucun titre à mettre en « valeur » et See’Ryl ne s’en portait pas plus mal, en vérité.

« Désirez-vous quelque chose à boire avant que nous commencions ? Le café est plutôt pas mal… » Pouvait mieux faire mais on ne pouvait lui reprocher de faire des efforts.

See’Ryl tâchait de composer au mieux, peu habituée à ce genre de situation. L’éducation Jedi ne comprenait pas un module sur une certaine forme d’accueil… voir sur l’hospitalité tout court. Pourtant, se disait la jeune femme, elle ferait comme elle l’avait fait pour la robotique : elle apprendrait et tirerait des leçons de chaque situation qui viendrait à elle. Dans tous les cas, elle comptait faire au mieux pour que l’individu qui venait d’arriver se sente à l’aise. Plus qu’elle dans l’absolu. La jeune femme s’était présentée sans mettre en avant ses fonctions… que ce soit au sein de l’Ordre ou au sein de l’Université de Coruscant.

Simplement parce que cela n’avait aucune importance. Être Maître ou professeur, tout cela ne prouvait en rien ses compétences. Elle préférait les démontrer plutôt que de se dissimuler derrière des titres. Elle fut agréablement surprise de voir que son invité retirait son masque, ce qu’elle interpréta comme une marque de respect. L’Arkanienne laissa un sourire léger se dessiner sur ses lèvres pour accueillir ce geste. A l’énoncé de la commande, les diodes de Légion s’illuminèrent, signe qu’il était prêt à répondre à l’une de ses programmations. « C’est un honneur… » murmura See’Ryl après la présentation de Joseph. Son léger hochement de tête fut pour l’homme mais le droïde l’interpréta comme la confirmation qu’il pouvait exécuter ce qui était attendu de lui, finalement. Il broncha à peine, interrompu en plein mouvement par la main de See’Ryl qui s’était levée.

« Administratrice ? » demanda-t-il, un peu perplexe par cet ordre contradictoire. « Déconnectes-toi du réseau avant. » dit-elle. Le droïde s’exécuta puis s’éloigna. See’Ryl, elle écouta avec attention ce qui s’annonçait comme être son premier « client ». Son regard quitta l’homme pour le R1, se faisant scrutateur et donnant l’impression qu’elle évaluait le travail qui l’attendait. D’un autre côté, elle notait les attentes, notamment concernant la mémoire. Les prunelles immaculées remontèrent vers Joseph. « Je ne peux vous promettre de ne rien altérer ou supprimer sans avoir un aperçu de son architecture mémorielle et de sa programmation. »

L’Arkanienne n’était pas du genre à faire des promesses vides de sens. En lui-même, le nettoyage ne promettait pas d’être une partie de plaisir. Le R1 n’était définitivement pas de première jeunesse et malgré sa solidité apparente, la jeune femme craignait que certains éléments soient trop endommagés pour espérer une réutilisation… Et inversement… remplacer les pièces allait demander du temps. Surtout si elle devait les faire à la main. Voilà une « commande » qui l’enthousiasmait… intérieurement. Parce qu’extérieurement, See’Ryl ne s’était pas départie de son calme. « Je dispose de combien de temps ? » demanda-t-elle en se levant. Elle fit signe au droïde de la suivre et tapota la paillasse pour lui demander de s’y installer pendant qu’elle récupérait quelques fils.

« Je vais déjà regarder sa programmation et son architecture mémorielle. » expliqua-t-elle à la fois à Joseph et au droïde astromécano avant d’installer les fils pour les connecter à son interface. Au même moment, Légion revint avec un plateau et s’approcha pour offrir son café à Joseph. Il avait pensé à de quoi grignoter et agrémenter le café. Il posa le plateau et s’immobilisa non loin de la paillasse, attendant les prochaines instructions d’une See’Ryl d’ores et déjà en train de lire le code qui s’étalait devant ses yeux immaculés.

« Evidemment. » répondit-elle d’un ton neutre qui ne laissait aucun mystère sur ses pensées : faire autre chose que son mieux était inenvisageable pour elle. Et il n’y avait aucune vanité dans ce constat… ni même un quelconque reproche envers Joseph. A vrai dire, See’Ryl était d’ores et déjà plongée dans ses réflexions et, de ce fait, avait perdu le peu de compétences sociales que l’on pouvait lui attribuer. Elle songeait à l’ordre dans lequel effectuer ce qui lui était demandé… la manière la plus efficace pour obtenir les meilleurs résultats. Elle ne leva les yeux vers Joseph que lorsqu’il répondit à sa question sur le délai. Réponse qui la soulageait quelque peu. Non pas qu’elle comptait faire traîner en longueur… être à l’aise sur le temps lui éviterait trop de précipitation même si à son niveau, elle était parfaitement capable de travailler dans l’urgence.

« Je pourrais donner une durée après avoir contemplé sa programmation. » dit-elle, l’ombre d’un sourire flottant sur ses lèvres. Cela pourrait presque passer pour une certaine forme de séduction… chose dont See’Ryl était totalement inconsciente. Elle ne tarda pas à s’éloigner vers une paillasse et dès que le R1 fut monté, elle le brancha à son interface qui ne tarda pas à s’illuminer de données aussi diverses et variées que le nombre de planètes dans la galaxie. Concentrée, elle capta à peine le retour de Légion avec les boissons demandées. En revanche, elle perçu la présence de Joseph qui s’approchait d’elle. Elle récompensa sa démarche par un bref sourire reconnaissant alors qu’elle piquait un biscuit pour le caler entre ses lèvres sans faire mine de le manger… pour l’instant. Le temps s’écoula sans qu’elle n’en tienne compte tandis qu’elle lisait l’architecture tout en grignotant son biscuit quand elle y pensait.

Plus tard… Un temps indéfini plus tard, See’Ryl posa son interface et tapota le sommet arrondi du R1. « Tu vas survivre. » dit-elle, étrangement taquine après autant de temps silencieuse. Elle fit jouer ses cervicales… juste avant de se souvenir qu’il y avait quelqu’un qui attendait une réponse de sa part. L’ombre d’un sourire gêné passa, signe qu’elle était quelque peu gênée par son absence. « Le bain d’huile en lui-même et le nettoyage devraient être terminé en milieu de journée. En revanche… pour les données, je vais avoir besoin de plusieurs jours. » On ne pouvait lui reprocher de tourner autour du pot. « La programmation est sur plusieurs niveaux… qui sont tous bloqués. Je pourrais passer outre si je ne devais pas prendre en considération la personnalité du droïde. » Ce n’était pas un reproche, simplement une explication des raisons qui la poussaient à prendre son temps. « En résumé, je dois ouvrir un niveau, renforcer la programmation primaire, récupérer les données et nettoyer avant de passer à la suite. Et je ne sais pas encore combien il y a de niveau… »

D’un mouvement de tête, elle désigna la paillasse. « Si vous voulez, je peux vous montrer avant de le désactiver pour le démonter. » Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, See’Ryl aimait bien partager son savoir. Sa présence à l’université de Coruscant le prouvait en elle-même. Ses années au sein de l’Ordre, parmi des gens pour qui la robotique et l’informatique étaient des domaines inutiles, l’avaient poussé à sauter sur la moindre once d’intérêt qu’on pouvait lui montrer. Souvent, l’Arkanienne se contentait de quelques mots. Mais là, puisqu’ils avaient un support physique, elle passait outre sa réserve habituelle pour proposer une vraie interaction. Il ne lui restait plus qu’à ne pas oublier que, pour Joseph, la robotique n’était probablement pas son domaine de prédilection. « Si vous avez des questions, n’hésitez pas. Je sais que je peux être nébuleuse dans mes explications. » Ses étudiants, d’ailleurs, lui en faisaient souvent la remarque. Il n’y avait guère qu’avec un autre Arkanien qu’elle parvenait à converser sans devoir s’égarer dans des circonvolutions explicatives. A croire que la manière de réfléchir pouvait avoir une composante purement génétique.

On ne pouvait pas reprocher à See’Ryl d’être totalement indifférente à l’image qu’elle pouvait renvoyer pendant qu’elle contemplait l’architecture de la programmation du droïde. Que l’on s’interroge sur le silence ou sur la scène, constituait une éventualité à peine envisageable pour l’Arkanienne. Elle faisait son job et s’attachait à le faire du mieux qu’elle le pouvait. Si l’on désirait du « spectacle », il valait mieux aller ailleurs. Ses étudiants l’avaient bien compris… Tout du moins, ceux qui continuaient à suivre son cours. Elle ne faisait pas dans l’animation et cela constituait probablement l’une des raisons pour lesquelles elle n’intervenait que très peu auprès des jeunes Jedis… qu’ils soient Novices, Padawans ou même Chevaliers.

La réponse de Joseph, lorsqu’elle annonça le temps estimé, provoqua l’ombre d’un sourire sur ses lèvres. Voilà qui était apaisant : elle n’avait pas à se justifier et à prouver ce qu’elle avançait. Joseph lui faisait confiance, en un sens, et See’Ryl ne pouvait qu’apprécier. Elle lui donna un début d’explication et lui laissa le temps de réfléchir en buvant son café. Un peu trop froid mais ce n’était pas comme si elle n’était pas coutumière de ce fait. Un vrai sourire illumina son visage à l’analogie du chasseur de prime. « C’est l’idée. » Pour un peu, elle manqua de s’égarer dans l’une de ses propres comparaisons. Comme celle d’un droïde et d’un corps humain… Ce n’était pas le moment, elle le savait même si c’était tentant.

L’homme se rapprocha d’elle, arborant d’ores et déjà un air concentré. Il s’intéressait vraiment à ce qu’elle pouvait bien avoir à lui montrer. « Si elle est inconnue, comment espérez-vous parvenir à la comprendre ? » demanda-t-elle, plus taquine qu’elle n’en avait l’air. Même son ton n’avait que peu varié. Une infime nuance annonçait qu’elle venait de jouer sur les mots. Rares étaient ceux qui la détectaient. Trop nombreux étaient ceux qui prenaient ce genre de réponse au premier degré et établissaient un jugement à propos de la jeune femme. « Je répondrais à vos questions. » assura-t-elle en attrapant son interface.

Son regard glissa jusqu’au R1. « J’explique et après, je me mets à ton nettoyage. Ou Légion le fera. » D’un mouvement de tête, elle désigna son propre droïde qui n’avait pas bronché et semblait presque éteint… presque parce que quelques diodes restaient éclairées, signe qu’il accomplissait l’une de ses tâches. Revenant à Joseph, elle l’invita à la suivre jusqu’à une petite plateforme qui se lança à son approche. L’Arkanienne tapota son interface avant de lancer la simulation. Une arborescence complexe ne tarda pas à apparaître, modélisée afin d’être observable sous tous les angles. « Voici ce dont je vous parlais. C’est une vue générale, j’ai dû occulter quelques données pour pouvoir simuler une image à peu près lisible. »

L’arborescence était construite sur plusieurs niveaux qui possédaient tous plusieurs niveaux, parfois imbriqués les uns dans les autres. « J’ai l’impression que sa programmation n’est pas l’œuvre d’une seule et même personne… Et c’est plus que certain, d’ailleurs. » D’un geste, elle fit avancer l’image jusqu’à la racine, le noyau central de la programmation. Aussitôt, les ramifications s’illuminèrent en rouge. « Lorsque l’on récupère un droïde et que l’on veut le « personnaliser », la logique veut que l’on efface tout jusqu’à ne garder que le noyau primaire – ici en rouge – sur lequel on va greffer les particularités désirées. » Un autre geste, l’image recula et une autre arborescence apparu à côté de la première. « Voici celle que vous trouvez dans chaque droïde, à quelques variations près. Si vous voulez un droïde de protocole, voilà ce qui sera ajouté… Pour un droïde de combat… Pour un droïde médical… » A chaque fois, de nouveaux blocs – expression simplifiée des lignes de codes – apparaissait pour disparaître au nouvel exemple.

« Pour plus de facilité, les droïdes sont vendus déjà « personnalisés ». Dans le cas de votre droïde, on pourrait presque croire qu’il a été vendu plusieurs fois, reprogrammé sans chercher plus loin. Du coup, il a plusieurs fois été programmé pour la même tâche. » Son regard se posa sur Joseph. « Sans vouloir être indiscrète, est-ce-qu’il vous a servit en tant qu’astro-mécano ? Si oui, est-ce-que cela a été sans encombres ? » Si c’était le cas, Joseph avait eut beaucoup de chance tant certaines parties des différentes programmations étaient vraiment codées avec les pieds…

Explorer l’inconnu… Pourquoi pas, songeait See’Ryl qui voyait très bien ce qu’il pouvait y avoir de tentant dans une telle entreprise. Ce n’était néanmoins pas une chose qu’elle se pensait capable de faire. L’Ordre n’approuvait pas vraiment les explorations hors des sentiers battus. Alors soit, la propre existence de l’Arkanienne était une sorte de pari avec l’inconnu. Elle-même explorait tout un pan de l’existence ces derniers temps. Pouvait-on alors dire qu’elle rejoignait Joseph sur ce domaine ? Elle en doutait… notamment parce qu’elle n’était pas certaine d’apprécier certains pans de ces découvertes. Peu encline à se plonger dans des réflexions pas vraiment adéquates avec la situation, See’Ryl les laissa de côté pour se consacrer à sa petite démonstration improvisée. On aurait pu croire que cela lui serait difficile alors qu’en réalité, cela faisait partie des choses qui l’amusaient.

Parce qu’elle aimait ce qu’elle faisait. Et elle aimait d’autant plus quand quelqu’un s’intéressait un tant soit peu à ce qu’elle pouvait bien raconter. Elle finit par s’interrompre pour laisser à son élève du jour, l’occasion de lui poser des questions. Une nouvelle gorgée de café froid glissa dans sa gorge avant qu’elle ne penche légèrement la tête sur le côté. « Si je pars de la base, je détruis tout. Ce serait plus simple mais peu conforme à ce que vous m’avez demandé. » Dit-elle avant de terminer sa tasse d’une traite et de la laisser flotter jusqu’au plateau sur lequel il se posa sans un bruit. « Je vais devoir passer par le plus récent… Un peu comme si vous retiriez votre armure. Je doute que vous retiriez vos vêtements avant les plaques de métal. » ajouta-t-elle… juste avant de capter que ce n’était probablement pas le meilleur exemple du monde. Carrément pas en définitive.

Elle allait essayer de dissiper l’éventuelle gêne – la sienne en tout cas - lorsque son regard fut capté par celui du chasseur de prime à qui elle avait posé une question dont la réponse la laissa quelques secondes pensive. « Les systèmes informatiques ? » répéta-t-elle plus pour elle-même que pour avoir confirmation de ce qu’elle avait entendu. « Oui… c’est normal en un sens. Je trouve cela étrange simplement parce que je me demande comment il peut intervenir dans un système en ayant les siens aussi… désordonnés. » Une énigme, voilà ce que c’était. L’Arkanienne jeta un œil au petit droïde. « La surcharge de code, si c’est bien fait, n’est pas un problème. Légion est bardé de codes, à titre d’exemple… » commença-t-elle.

Elle tapota son interface « Mais plus il y a de lignes de codes, plus il faut qu’il n’y ait aucune erreur… Comme dans toute programmation vous me direz. » Son regard revint sur Joseph. « A la différence que trouver une erreur dans un petit tas de lignes, ce n’est pas très compliqué… » D’un geste, elle désigna l’arborescence du R1 « Mais la trouver ici… Je suis étonnée qu’il n’y ait aucune erreur fatale pour ses systèmes et qu’il n’y en ait aucune entravant ses compétences. » Pourtant, elle pouvait deviner la « patte » de plusieurs programmeurs… même si elle ne les connaissait pas personnellement. Il lui suffisait de voir les différentes manières de coder et d’agencer les directives pour débusquer les différents auteurs. Elle-même avait une certaine signature dans ces programmes. Une manière de faire parfaitement reconnaissable pour peu que l’on si intéressât.

Avisant la tasse de Joseph, elle proposa « Un autre ? » tandis que son droïde semblait revenir à lui dans l’attente d’un ordre. Elle se pencha vers le R1 et souffla « Je me demande vraiment comment tes systèmes ont pu tenir un demi-millénaire avec tout ce que tu trimballes avec toi. On va nettoyer tout ça d’accord ? ». Le ton de la jeune femme était presque amical, en tout cas moins neutre que le ton qu’elle employait pour parler aux êtres de chair et de sang.