Tanlo Jakobi
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- Conneries !

Un cultiste, plus grand et plus fort que les autres, s'était avancé, écartant ses camarades. Tanlo le reconnaissait. Celui là avait été un des rares parvenant à lui poser problème, et il avait du l'envoyer au sol plusieurs fois. A chaque fois, il s'était relevé.

- On est... quarante ! T'es...

- Trente ?

- Hein ?

Il aussi un sourcil, regardant autour de lui, comptant rapidement, avant de reporter son attention sur le mercenaire.

- Connard, on est bien quarante !

- Ouais, disons quarantaine !

- On s'en fou !

- T'a quand même hésité...

- TA GUEULE ! MEME SI ON ETAIT SEULEMENT TRENTE, TU PEUX PAS GAGNER ! TU FINIRA TUE.

Tanlo se mit en garde, souriant.

- Probablement. Mais peut-être pas. Qui parmis vous est prêt à prendre le risque, hm ?

Un hurlement de rage. Son communicateur lui chuchote les mots de Maxence. L'homme en face de lui, de colère, lui lance une de ses haches. La hache tournoie dans l'air, vague forme circulaire argentée. Elle se stoppe, saisie en plein air par l'homme au chapeau, sans la moindre difficulté, alors qu'un frisson parcourt le corps des hommes assemblés en face de lui, qui comprenne qu'ils viennent de voir une action confinant au superhumain, si ce n'est au surnaturel.

- Pas de toute Max, je suis occupée. Mais viens me rejoindre, la leçon est presque finie.

Il soupesa la hache dans sa main, son regard sur le chef.

- Joli lancer.

Pas de merci. Hmpf.

- Vous savez pourquoi vous pouvez rien contre moi ?


- ARRÊTEZ DE L'ECOUTER ! SI ON FO....

- Ta gueule. M'interrompt pas pendant que je parle.

Sa voix est froide, colérique. L'instinct du chef lui dit de reculer. Tête basse, tel un chien devant un loup. Il y a des vérités qui ne se communiquent que par instinct. Et, face à ces hommes ayant rejetés la civilisation pour retourner à un stade plus arriéré, plus pur, Tanlo devient un fin orateur.

Il fit tournoyer la hache dans sa main.

- Rejeter la civilisation et les villes. Je peux comprendre ca. Ces putains de bureaux, ces écrans de merde qui déglinguent le cerveau et la vue, cette bouffe protéinée infâme, ces petits patrons tyrannique, le métro-boulot-dodo, cette course vers le ravin où le monde gonfle encore et encore comme un connard d'obèse qui s'empiffre juste car il le peut.

Certains hochaient la tête. Même s'ils ne se reconnaissaient pas tous dans son discours, ils comprenaient que l'homme en face d'eux partageait leur vision, au moins un tout petit peu. Il jeta un coup d'oeil sur le côté. La silhouette fine, puissante, féline, de Max venait d'apparaître, venant de l'extérieur. Un signe de tête. Elle fait de même, et se recule.

Quarante paires d'yeux fixent l'homme au chapeau.

- Mais v'zêtes pas encore allés au bout les gars. Z'êtes qu'à la moitié du chemin. Vous avez encore ces merdes. Vos armes. Vos uniformes. Vos cantiques. Vous avez rien changé. Vous vous êtes débarrassés de la technologie, c'est cool, mais c'est qu'un symptôme. Vous avez gardé les mêmes merdes. Si c'est pour monter un culte, autant garder la technologie.

Sa poigne sur la hache, ferme, devint molle, aérienne. Belle. Il leva le bras en arrière, la lame de la hache touchant presque son dos, alors que son corps entière se mouvait, son pied gauche levé, le droit bien campé sur le sol

Un cri de guerre. Tout son corps dans ce simple geste. Une frappe, de haut en bas, dégageant un nuage de poussière. Un bruit métallique. Il resta immobile, prostré en avant, alors que la hache qu'il tenait entre ses mains tombait misérablement, sa lame brisée par la puissance du momentum. Il en jeta les débris au sol.

- Vos armes vous rendent faible. La seule chose que vous pouvez croire... il serra son poing, bras tendu vers eux. C'est ca. Il désigna Maxence de la tête. Cette fille a beau avoir des blasters, elle est capable de déglinguer n'importe lequel d'entre vous à mains nues.

Le chef se lance. Comme un lion, massif et puissant, il se jette sur Tanlo Jakobi. Un coup ample de son bas droit, circulaire. Il cherche à décapiter Tanlo.

Tanlo avance. Un geste minimal, presque paresseux, comme il l'a enseigné à son éleve. Il capture l'avant bras du colosse entre son épaule gauche et sa tête. Un mouvement, le même que d'habitude. Les pieds, les jambes, les hanches, le bassin, le torse, le bras. Son poing gauche fracasse le coude tendu de son adversaire. Un craquement sourd, une déchirure, alors que l'os devient visible, perçant la peau de l'homme, brisant son bras comme une vieille branche d'arme. Il hurle de douleur et pleure, du sang jaillissant dans l'air, alors que sa main laisse tomber la hache qu'il tenait.

L'homme était maintenu debout par Tanlo. Le mercenaire hésita. Il avait au moins une bonne trentaines de manières de le tuer, maintenant. Il regarda l'homme, la Horde, puis Maxence.


Il avait envie de briller devant elle, mais...

Il soupira, et laissa l'homme tomber au sol. Magnanime. Silencieux, il les regarda.

- Qui est le prochain ?


Il connaissait ce regard. Cette expression. Les épaules baissées. Le regard vide, un peu perdu. L'expression morne. Ils avaient été défaits. Certains tournèrent le dos et s'en allèrent, disparaissant dans l'ombre. D'autres jetèrent leurs armes par terre, de dépit, et se traînèrent, sortant du bâtiment, certains passant aux côtés de Maxence sans même lui accorder un regard. Quelques uns soulevèrent leur chef, l'aidant à partir, alors qu'il pleurait et bavait de douleur.

Un homme venu des étoiles, sorti de nulle part, pourtant issu de cette confortable civilisation, les a terrassé par la seule force de ses poings.

Ils ont beaucoup de choses auxquelles penser.

Avec tranquilité, comme s'il revenait d'une ballade dans un dimanche après midi, Tanlo s'avança vers Maxence. Il la caressa du regard, de bas en haut, et vit sa fatigue, et son épaule. Il ne put s'empêcher de s'inquiéter, d'une voix claire et presque fragile.

- Ca va, Max ? Tu vas bien ?
Maxence Darkan
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Elle n'avait pas bien reçu le message de Talon, sa radio grésillait et elle était déjà en train de courir dans les rues pour retourner auprès du colosse qui n'avait pas bougé. Pourquoi n'avait-il pas encore bougé ? Il se battait encore ? Ce malade. De retour dans le champ de désolation vert. Les herbes caressant ses hanches, elle retournait proche du bâtiment, comment pouvait-il encore y restait ? Il n'avait pas compris qu'il fallait s'enfuir ? La blondinette le vit au travers d'un pan de mur écroulé. Elle échangea un regard avec lui avant de comprendre : il se foutait de leur gueule. Il était meilleur que tous réunis et il le savait. Maxence fronça les sourcils en reculant, il la pointait du doigt.

-Quoi ?

Demanda-t-elle complètement à l'ouest alors qu'elle croyait qu'on lui posait une question. Une grimace en le voyant éclater un coude sans aucun problème. La blondinette ne put maintenir son rictus caché très longtemps en se rendant compte que c'était exactement le même mouvement qu'elle faisait, en moins puissant, mais en tout aussi efficace. Nouvel échange de parole. Les yeux se baissent, ils se ramollissent et commence à s'en aller. La mercenaire monta sa garde en les voyant arriver vers eux... rien. Ils ne la regardaient même pas. Regard en coin, petit signe de main furtif pour leur dire au revoir et retour auprès de son partenaire.

-Ça va, rien d'grave. Elle posa une main sur son épaule douloureuse. Une flèche, mais elle a principalement transpercé d'la chair... je crois. Ça fait un mal de chien, mais j'peux encore bouger l'bras. Son pouce pointa dans son dos les Cultistes en train de partir. Tu les as plutôt bien dissuadés, j'aurais aimé faire la même chose avec ceux qui m'suivaient. Techniquement, elle les avait dissuadés à sa manière. Je sais où s'trouve le vaisseau, on était sur la bonne route. J'te propose qu'on s'fasse discret à partir de maintenant.

Levant son pouce en l'air, puis sa jambe, droite-gauche, tout droit dans la plaine qui les inquiétait tant avant de régler le compte de cette tribu primitive. Son corps lui faisait mal, des fois, elle se demandait comment autant de trucs pouvaient lui rentrer dans le corps en aussi peu de temps -calmez-vous-... et le pire dans tout ça, c'était bien que Fély se posait exactement la même question. Il pleuvait de plus en plus fort, mais l'important était de partir de ce no man's land.

La végétation laissa de nouveau place au béton craquelé, aux bâtiments de métaux et de briques, grinçant, grondant, gémissant de douleur. Il n'y avait rien d'autre que le vent, les gouttes d'eau et le monde urbain pour diriger leur pas. Trempés, ils avaient prit un chemin dans un petit tunnel piéton sombre, ne voyant que la lumière au bout. Tremblante, la blondinette s'arrêta juste avant la sortie pour regarder une énième fois la carte et le point figé sur le bâtiment qui les intéressait. Il n'était plus très loin. Le temps était vraiment très mauvais, quand la blondinette se disait que ça ne pouvait pas être pire, ça l'était. Il leur fallait un endroit où se reposait, elle en avait besoin, il en avait besoin.

Marcher dans les rues devenait un enfer. Maxence bifurqua dans un bâtiment, les avants-bras contre son visage pour s'éviter les claques de gouttes. Elle s'écroula dans le hall de ce qui ressemblait à un immeuble du quartier des finances... l'ancien quartier des finances. Des vitres partout, la moitié brisées, l'autre moitié en place. Elle souffla un coup, ses blessures ne la faisaient pas trop souffrir, mais elle était exténuée.

-Laisse-moi une petite seconde. Les yeux rivés au plafond. Putain, c'est une des missions les plus folles que j'ai jamais fait. Une putain d'secte... sans déconné, c'est la premi... troisième fois qu'j'en croise. Les Jedis et les Siths, c'est juste deux sectes qu'ont fonctionné. Non... bon, d'accord, un peu. Bon, aller.

Elle se redressa difficilement. Dans cette immense endroit, c'était dur de se repérer, mais après être monté un étage, elle poursuivit sur une passerelle en verre presque intacte qui passait au-dessus de la route pour rejoindre un autre immeuble. Elle s'arrêta au milieu pour pointer du doigt une tour, un bon kilomètre plus loin. Un pique monstrueux surplombant les autres, de loin, elle ne semblait pas du tout endommagée. Pas de signe de crash, sûrement, le Lampedusa s'était-il écrasé de l'autre côté ou au pied.

-C'est la tour qu'on va essayer d'atteindre demain. Putain de tour de milliardaire, le type qui l'a fait construire a dû se tirer dans sa navette de luxe à cinq cents millions de crédits... et maintenant on essaye d'y aller pour récupérer un putain d'vaisseau.

Prête à se lancer dans une nouvelle journée de merde. Reprenant leur chemin dans les couloirs, ils arrivèrent dans des bureaux, passant de porte en porte, Maxence s'arrêta devant l'un d'entre eux, à l'intérieur, un canapé, des fauteuils, un bureau luxueux et des étagères remplies d'objets bling-bling, le tout, recouvert de pouissière.

-J'prends l'canap'.

Elle jeta son sac dessus avant de retirer ses vêtements, enlevant lentement son blouson en grimaçant. Puis son haut pour observer son bandage et les sutures qu'elle s'était faite un peu plus tôt. Elle retira le bandage pour le remplacer avec ce qu'il lui restait, mais elle ne voulait sûrement pas faire macérer le tout dans des tissus humides. La plaie n'était pas très belle, mais Maxence étant Maxence, elle n'y fit pas plus attention que ça. Se tournant ensuite vers le bureau, elle ouvrit chacun des tiroir pour en sortir, l'air étonné, une bouteille d'alcool fort avec quinze ans d'âge supplémentaire. La blondinette le goutta, grimaça, avant de hocher la tête pour la poser à côté de Tanlo.

-Faut espérer qu'on puisse au moins passer une journée au sec dans cette ville. Elle s'allongea de tout son long dans le canapé, soulevant un nappe de poussière. Faut juste que j'me repose trois ou quatre heures... le temps d'recharger les batteries et d'attendre que l'temps s'améliore, ensuite on y retourne.

Sur la fenêtre, un torrent d'eau frappait, les structures des bâtiments des finances crissaient, le temps abominable, comme désespéré, essayait de couler la ville entière.
Tanlo Jakobi
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- Putain, c'est une des missions les plus folles que j'ai jamais fait. Une putain d'secte... sans déconné, c'est la premi... troisième fois qu'j'en croise. Les Jedis et les Siths, c'est juste deux sectes qu'ont fonctionné.

- Et encore... jusque là, on s'en est très bien tiré.
Avait-il dit en voulant la consoler. On a encore notre équipement. T'es encore en état de marche. Et je suis indemne. Par rapport à notre première mission, c'est un putain de succès.

A ses yeux, c'était le plus important. C'était un peu egoïste, certes. Mais il ne se faisait pas d'illusion. Si l'un d'entre eux était hors d'état de nuire, il avait plus de chances de sauver Maxence que l'inverse. Aussi forte soit-elle, il doutait de sa capacité à trimballer les 110 kilos du mercenaire sur son dos.

Leur traversée des bureaux fut rapide et sans encombre. Tanlo se demandait si la secte allait être au courant de leur présence. Sans aucun doute. Au moins un type allait cafter. Mais la manière dont leur présence serait communiquée, si positive ou négative... il n'était pas capable de la prévoir.

Avec grâce, il lui laissa le canapé. Il déposa son sac à terre, fouillant ce dernier, et en sorti les rations.

- Pas de prob, repose toi.
Il s'éloigna, cherchant un bureau. Evidemment, aucune prise ne fonctionnait. Pas d'électricité. Il déposa une lampe par terre, pour éclairer un peu, et prépara un petit repas de fortune avec les rations. Il le déposa sur une petite table près de la jeune femme.

- Bon appétit.

Le colosse avait un air soucieux sur le visage. IL semblait à l'écoute, comme un rôdeur écoutant le vent.

- Je vais faire un tour dit-il d'un air songeur. Appelle moi si y a un problème. Et seulement si y a un problème. Il jeta un œil à la femme quasi nue sur le canapé, qui avait fermé les yeux. Il soupira, et la recouvrit doucement d'une couverture sortie de son sac, avant de déposer son chapeau à lui sur la tête blonde.

Doucement, le colosse s'esquiva dans l'ombre. Ses pas le menaient au hasard des bureaux. Ses doigts caressaient avec une affection quasi érotique les meubles de bois. Combien de gens avaient vécus ici ? incalculable. Même après tout ce temps, il sentait encore leur présence. Leurs vies entremêlées. C'est étrange. Des vies paisibles et sans histoires, normalement. Et pourtant, il les sentaient. Tout ce stress. Ces espoirs. Ces trahisons. Ces déceptions.

La ville avait respirée ici. Le vent était muet. Mais il entendait des chuchotements. En bas. Une plainte, si légère, si infime.

De l'oeil, il vit un tiroir. Fermé, mais légèrement branlant. Il y avait eu un choc ici. Le bureau était recouvert d'une tache sombre et poisseuse. Du sang séché depuis plus d'une décennie. Ses doigts épais se posèrent sur la poignée. Il tira. Le tiroir résista.

Mais pas longtemps. Le contenu de retrouva sur le sol. Des dossiers. Papiers ? Il aurait cru que tout serait numérisé. Un objet attira son attention.

*Un nounours ?*

Il regarda la peluche. Le nounours était petit. Doux. Adorable. Ses yeux bleus se fixèrent sur un dessin. Puis un autre. Ceux d'une fille à son père. Une vraie expression de peine traversa son visage. Il se sentait mal. Intrus dans un monde qu'il ne connaissait pas. Frapper quelqu'un à mort, il savait faire. Il aimait faire. Mais violer l'intimité d'un mort... ca lui déplaisait.

Il aurait aimer trouver autre chose. Mais à quoi s'attendait-il ? Avec lenteur, il mit genou à terre, ramassa les papiers et les dessins, et les rangea respectueusement dans le tiroir.

Les pas de l'homme étaient furtifs, mais il se doutait que Maxence le percevait, à l'étage. Il revint vers elle. Ses yeux était fermés, mais il savait qu'elle était eveillée. Le repas qu'il avait préparé était à moitié consommé.

- Hey, Max... il resta silencieux, de toute évidence songeur.

Ca fait quoi d'avoir un père ?

La question lui brûla les lèvres. Mais il se ravisa. Lâchement.

- Nan, oublie. Je dois parler à quelqu'un. Restes tranquille.

Il sorti de la pièce, prenant les escaliers. Vers le bas. Les profondeurs. Au rez de chaussé. Une porte. Vers le bas. Un coup de pied. La porte est en métal. Il grogne. Les poings vibrent.

La porte s'ouvre. Il fait noir charbon ici. Mais il s'oriente sans difficulté.
Maxence Darkan
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Seulement s'il y a un problème. Seulement s'il y a un problème. Ironique, étant donné la situation, Maxence n'avait pas suffisamment de souffle pour lui expliquer à quel point tout était un putain de problème ici... parce qu'elle était en train de s'empiffrer avec le peu de ration qui lui était présenté. Le pire dans l'histoire, c'était bien qu'elle n'avait pas trouvé la force de manger entièrement ce misérable plat. Au final, elle s'allongea complètement, plaçant son bras indemne au-dessus de sa tête et l'autre le long de son corps, Tanlo était parti, elle était seule, elle voulait se taper un somme. À son retour, elle était déjà en train de somnoler, trop dans le gaz pour comprendre, elle grogna d'incompréhensible mots avant de s'endormir.

La douleur la réveilla. Son épaule. Il faisait presque nuit, combien de temps avait-elle dormi ? Deux ? Trois ? Quatre heures ? Ses yeux balayèrent la salle assombrie et vide, il pleuvait encore dehors, moins, mais encore. La blondinette ne prit même pas la peine de prononcer son nom pour demander si il était là, parce qu'il n'y était pas. Sortie du canapé, éjection de couverture, puis gémissement. Putain d'épaule. Même si elle avait des anti-douleurs, elle ne les aurait pas pris, trop de somnolence après, pas le temps, il lui fallait une clope. Elle enfila ses vêtements à peine sec pour en sortir son paquet de cigarettes mouillées, infumables. C'était le substitut aux anti-douleurs... jetant son paquet de cigarettes, elle attrapa ses holsters, laissant ses armes, il lui fallait des clopes.

Lampe torche à la main, elle mit le pas une nouvelle fois dans les couloirs pour observer les alentours. Il devait bien y avoir des vieux cigares ou des cigarettes sèches de quinze années dans un des bureaux, non ? Si le bâtiment avait bien quelque chose d'exceptionnel, c'était bien son incroyable sécheresse, pas de flaque au sol, pas de fuite d'eau, même après toutes ses années, la structure infaillible avait survécu à...

« Parler à quelqu'un » ? Il avait complètement pété une durite le pauvre.

-Tan ? Demanda-t-elle un peu naïve en caressant chaque intersection de la lumière de sa lampe dans l'espoir de le voir pointer le bout de son nez comme par miracle. Tan ? T'es là ?

La radio. Elle avait laissé sa radio. Soupire de fatigue. Flemme intensive. Cigarettes. Manque de nicotine. Maxence monta d'un étage avec le but principal de trouver de quoi fumer et, possible, trouver Tanlo. Mais elle le savait suffisamment malin pour éviter de sauter dans un piège. Un étage supérieur. Un autre. Encore un autre. Son regard s'arrêta à une porte peinte. Elle n'aurait pas été étonnée de trouver des tags dans un tel bâtiment avec la fin de la ville, mais il s'agissait de dessin d'enfant : une forteresse pleine de couleur, un paysage d'une bien trop grande envergure pour que qui que ce soit ait la foi de le terminer. Elle dégaina son arme. En ouvrant la porte, une ficelle fut tirée et, par jeu de poulies, une caisse de bouteilles en verre vides tomba sur le sol. Une alerte sonore.

Son canon pointé. Elle s'attendait à se faire canarder. Rien. Pas âme qui vive. En fait, c'était logique. Dans le couloir principal de cette place de fortune, des tables placées au hasard avaient été vidées de leurs possessions : il y avait bien eu des gens ici, mais ils étaient partis depuis longtemps. La mercenaire fouilla les salles. Une à une. Toutes vides. Complètement. Rien d'utile, d'utilisable, de recyclable, tout ce qui, ici, pouvait avoir une quelconque utilité avait été complètement dépouillée. Une salle. Deux salles. Trois. Quatre. Cinq. Si... merde. Une corde de pendu improvisé avec une ceinture, au bout, les restes d'un squelette avec des vêtements en lambeau. Pas d'odeur, juste lui et les quelques affaires que le défunt voulut laisser avec lui.

Maxence resta figée à le regarder, pas de surprise, pas de panique, ni même de peur, juste une certaine admiration morbide. Elle se tourna vers une sacoche. Par réflexe, ses mains s'engouffrèrent à l'intérieur pour en sortir le contenu. Un paquet. Juste un seul et dernier paquet, les cieux lui souriaient. La mercenaire s'empressa d'allumer cette fabuleuse cigarette sèche en s'écroulant sur les fesses. Après quelques secondes d'extase complète, elle le remarqua, le bloque de données. Presque toujours autant de réflexe, elle le brancha à son bracelet pour en regarder le contenu. Juste un fichier, une holovidéo : anniv.fse. Chargement. Lancement. Le visage d'un humain apparu, pas plus incroyable que les autres, pas plus différent, juste la trentaine.

« Salut Benji ! Joyeux anniv' vieille canaille. Regarde toi, vingt-cinq piges et en pleine santé, on pourrait pas en dire autant pour certains. J'espère que tu pètes la forme, j'suis p'êt' ton grand frère casse-couilles, mais j'reste ton frère avant tout. D'mon côté, Karen et les gosses vont bien, ils te souhaitent aussi un bon anniv' et espèrent bien revoir leur oncle un d'ces jours alors... quand tu veux. Prend soin d'toi, j's'rais toujours là pour toi. »

-T'as merdé Benji. T'as salement merdé.

Admit la fumeuse en récupérant son paquet avant de partir et redescendre. Un ancien camp de survivant abandonné depuis des années. Quelle était l'histoire de Benji ? Un solitaire, un espoir brisé de trouver des gens et pour finir, le désespoir complet ? Le seul de sa colonie à ne pas vouloir lever le camp ? Le Culte était-il arrivé jusque là un jour ? Aucune idée, dans les marches, la seule question que Maxence se posait, c'était de savoir pourquoi un type avec la chance d'avoir un frère quelque part dans la galaxie avait mis fin à ses jours. Il devait avoir une raison, une raison en béton.

-Tan ? Tanlo Ja-putain-de-co-de-putain-de-bi, ramène ton vieux cul par ici. Les marches s'enchaînèrent et un bruit l'interpela. Blaster braqué, prête à tirer, elle s'arrêta au dernier moment en soufflant. Bordel... t'étais où ?
Tanlo Jakobi
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Le nez affûté de Tanlo percevait des odeurs. Des souvenirs. La chaleur des serveurs informatiques, l'odeur rance mais chaleureuse du café, la sueur des travailleurs bossant en plein cagnard à cause des baies vitrées.

En sous sol, plus il avance, plus l'air est lourd, et plus l'odeur change. La moisissure. La peur. Les murs deviennent rougis. Il y a eu du sang ici. Des morts. Sur le sol, une trace d'explosion. Les combats sont arrivés ici, un jour.

Son grand manteau flottant derrière lui, mains dans les poches, il avance dans l'obscurité complète. Guidé. Immobile, il hume l'air. Il sait qu'il n'est pas seul.

On lui avait souvent demandé d'expliquer comment il sentait les choses. D'où lui venait ce don. De sentir La Force. Elle est là, les gens le savent, mais ne peuvent rien voir, ni entendre, rien sentir. Les jedis et les siths... oui, ils existent, mais ils ne sont pas comparables à lui.

Ses explications n'avaient jamais vraiment convaincus les autres.

- Imagine que tu parte à la chasse. Tu piste un animal. Il n'est pas là, tu ne peux pas le voir, mais en observant bien, tu peux voir des traces. Que ce soit ses empreintes, sa pisse sur un arbre, ou une branche cassée... et tu peux savoir ce qu'il est, sa taille, son poids, et à quel moment il est passé par là.

Lui, c'était pareil. Mais avec les gens. Dans une ville, beaucoup ne voient qu'un vaste ensemble de béton et de plastacier. Mais même une personne normale, avec un peu de sensibilité, peu trouver une ville romantique. Ou oppressante. Percevoir son identité. Une identité qui se forge, se développe, se fortifie au fil des ans, des décennies, des siècles, marquée par ses habitants, eux même influencés par la ville où ils vivent. Jusqu'à ce qu'ils ne fassent plus qu'un.

Comme des poissons dont la nage laisse des ondes dans l'eau, les millions de vies entrecroisées des habitants ricochent entre les murs, impriment le sol, polluent les plafonds. D'abord leurs empreintes, puis leurs odeurs, leurs cris, et, au fur et à mesure, doucement, avec la lenteur de l'érosion des sols, leur propre existence. La ville autrefois informe prend naissance, observe, et conserve ces existence. Les lient entre elle. Par la Force.

Et la ville, oh, elle peut parler. Et Zyon, dans son agonie, vient de comprendre.

Vous pouvez m'entendre ?

Sa voix est faible, mais douce. Inquiète, Féminine. Une mère, jeune. Mourante. Mais peinée.

- Oui.


Un silence. Il sent la surprise. Cette discussion existe t-elle vraiment ? Ou n'est-elle qu'un produit de son imagination ?

Il se posait la question, auparavant. Mais la sagesse des ans avait appris une chose à Tanlo.

Ce n'est pas parce que quelque chose se passe dans votre tête, que c'est forcément un mensonge.

- Vous êtes encore vivante.

Vous m'entendez.

- Oui.

Vous me sentez.

- Oui.

Merci.

- De rien.

Mercimercimercimercimercimerci...

Elle continue ainsi. Pendant au moins dix bonnes minutes de mercis.

Il reste silencieux. Il est patient. Il sait combien la solitude vrille les esprits.

- Vous êtes ?

La voix féminine reprend de la puissance. Une assurance. Fière et impérieuse.

JE SUIS LA DEMOISELLE.

JE SUIS LA VILLE.


Il s'incline. Une belle révérence, celle de l'homme mûr, vieux jeu, saluant la belle femme qu'il couve du regard depuis plus longtemps qu'il ne veut l'admettre.

- Et que voulez vous dire, par "vous êtes la ville" ?

JE SUIS UN FRAGMENT DU MONDE. L'ESPRIT DE ZYON. MON COEUR EST LE VENT DANS LES AVENUES. LE FOND DE MON AIR EST DEVENU NOIR. MES MILLIERS DE BRAS ETAIENT LUMINEUX. ILS SONT DÉSORMAIS FROIDS ET TERNES.

Concentré, il fouille dans son manteau. Allume un cigare. La flamme puissante de son briquet illumine le couloir vide. Les ombres dansent sur son visage recouvert d'un superbe clair obscur, exposant les arêtes brutales de son visage.

LE MATIN JE PORTAIS LA POUSSIÈRE DES INDUSTRIES SUR LES FEUILLES DES ARBRES ET LE MANTEAU DE MES ENFANTS. IL N'Y A PLUS D'INDUSTRIE. MES ENFANTS S'ENTRETUENT. ILS M'ONT SAIGNE.

- Comment ?

Elle ne l'écoute pas. Il ne lui en veut pas. Combien de décennies à hurler sans personne pour l'écouter, maintenant que ses habitants ne la voient plus que comme un champs de bataille, des zones à reconquérir et occuper, et non plus comme une part d'eux même ?

Des humains divorcent pour moins que ça.

MES ARTÈRES TRANSPORTANT LEUR EAU SONT SÈCHES. LEURS CHANTS SONT DEVENUS DE MORT.

- Je suis désolé.

Aucune feinte dans sa compassion. Elle n'est pas la première à se confier à lui.

JE VOUS AI VU. LORS DE VOTRE ARRIVÉE. AVEC ELLE.

Oh. Maxence aussi. Il ne s'attendait pas à ce que la ville prête attention à sa compagne.

JE VOUS AI PARLE. VOUS NE M'AVEZ PAS ENTENDU.

- Il me faut du temps. Je suis désolé.

NON. MERCI. ILS NE M'ENTENDENT PAS.

Chaque mot vrille son corps et sa tête. Il tremble, fortement. Sa température corporelle est descendue en dessous de 34 degrés.

- Comment leur parlez vous, demoiselle ?

ILS ME SENTENT DANS LEURS NARINES, SUR LES PETITS POILS QUI SE DRESSENT SUR LEUR NUQUE. PARTOUT OÙ IL Y A DE L'ESPACE. MAIS JE MEURS.

- Pourquoi ?

Silence.

ILS ONT EMPOISONNE MES ARTÈRES.

Les égouts.

ILS ONT COUPE MES VEINES.

L'electricité.

DÉTRUIT MES MUSCLES. CASSE MES OS.

Les avenues bloquées... puis les bâtiments sautés à l'explosif Typique. Toujours la même procédure.

JE VAIS MOURIR. MAIS AVANT, JE VEUX... QUE VOUS PORTEZ MA MEMOIRE.

Il souffle. Expire la fumée, doucement.

- Non.

Silence. La température baisse. Brutalement. Max, encore en haut, peut sentir une brutale chute de l'atmosphère.

JE NE VEUX PAS DISPARAITRE DANS LE NEANT.

- Vous n'allez pas disparaître. Je vais vous ramener à la vie. Mais j'aurais besoin de votre coopération.

...

Quelques cendres du cigare tombent sur le sol.

...

COMMENT

- Vous leur parlerez.

ILS NE M’ÉCOUTENT PAS. J'ESSAIE. MES SIGNES NE RENCONTRENT QUE L’INDIFFÉRENCE. JE M'EPUISE A CHAQUE TENTATIVE.

- Oh si. Ils vous écouteront. Je ferais en sorte qu'ils prêtent bien attention à vous.

Son sourire, le même, carnassier, rassurant et inquiétant à la fois, déforme son visage. Sa barbe grisonnante semble de rassombrir, comme s'il rajeunissait.

QUAND.

Il a son attention. Elle ne se répand plus en plaintes. La ville l'écoute.

C'est si facile de capter leur attention, après un peu d'entraînement.

- Je saurais le moment. Et vous le saurez aussi. Vous avez besoin de moi.

Le silence. La température remonte.

QUAND VOUS PORTEZ VOTRE MANTEAU, VOUS PORTEZ MON ÂME. J'AI BESOIN DE VOUS. VOUS POUVEZ ME GARDER SUR CETTE TERRE.

- Soyez vigilante, demoiselle.

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Maxence est inquiète. Sur les nerfs. Vouloir lui faire la surprise de son retour n'était peut-être pas la meilleure des idées. La femme s'était retournée au dernier moment, le braquant, flingue à quelques centimètres de sa gueule. Il la regardait d'un air crâneur, le cigare bien en bouche.

Sa main, vive comme l'éclair, se saisit de son poignet avant même qu'elle ne puisse presser la gâchette. Son pouce et son majeur s'enfoncent dans la peau de la jeune femme, pressant des nerfs specifique. La main de la jeune femme se fige, et soudainement, un courant quasi électrique traverse son corps, descendant jusqu'à ses jambes, qui, privées soudainement de toute force, s'affaissent. La jeune femme se retrouve à genoux, les yeux soudainement fixés au plafond, et ne retrouve possession de son corps que lorsque Tanlo la lâche.

L'homme s'éloigne, jouant avec le blaster, qu'il fait tourner entre ses doigts avant de le déposer soigneusement sur une table. Il marmonne dans sa barbe, mais elle peut l'entendre sans difficulté.

- Me pointer un vulgaire flingue à la gueule... l'culot.

Il a l'air réellement vexé, mais très vite, il reprend son sérieux.

- Désolé de la surprise... je voulais... te surprendre. Il se gratte la tête d'un air embêté. Ouais, c'était con hein. T'a bien dormi ? Hum... pas trop hein ?

Elle se met soudainement à l'assaillir de question. Il tend son bras vers elle, main tendue, et un réflexe presque pavlovien se déclenche chez la jeune femme qui se tait soudainement. Il faisait exactement le même geste lorsqu'il l'avait torturée entraînée et qu'il n'était pas content de son comportement et sur le point de lui coller une rouste.

- J'ai discuté avec une charmante demoiselle en bas. Ses yeux bleus brillent. Zyon. Il lit dans le regard de Maxence. Elle sait de quoi il parle, et il sait qu'elle n'est pas à l'aise avec ses délires.

- J'lui ai parlé. Elle est avec nous. Ou au moins avec moi.

Le cigare s'illumine, alors qu'il inspire. Il devient jaune, puis orange, rouge. Il devient incandescent. Alors que Tanlo inspire, encore et encore, le cigare, pourtant encore long, se désagrège à toute vitesse, entièrement consommé en une demi-douzaine de seconde. Il recrache la fumée. Un océan de brume englobe sa silhouette massive, le rendant difficile à distinguer.

- L'acte final est devant nous Max, et il ne se jouera pas sans toi. Dès que t'es prête, on y va.
Maxence Darkan
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Pointer un flingue sur lui ? Du culot ? Naméo ! C'était bien la seule arme qui pourrait terminer sa vie de vieillard en un instant. Maxence ne pigeait rien, il n'avait pas vraiment l'air lui-même, c'était très étrange, elle eut à peine le temps de lui demandait ce qu'il branlait pendant qu'elle roupillait complètement sans défense qu'il commençait déjà à dire qu'il avait parlé à la ville. Un ricanement nerveux lui échappa en l'écoutant. C'était insensé. Elle prit un à le regarder, pour voir s'il était sérieux, elle le scrutait. Il ne rigolait pas. Elle ricana de plus belle en s'allumant une nouvelle cigarette.

-T'as parlé à la ville ? La ville de Zyon ? Mon pauvre t'es en train d'me péter une durite, j'te pensais plus fort que ça mentalement. Alors quoi ? Tu deviens une sorte de devin ? Elle emboîta le pas pour aller récupérer ses affaires. J'fais partie d'la prophétie d'Zyon. Moi, la grande Maxence Darkan, guidée par son maître, Tanlo Jakobi. La ville de Zyon, esseulée, meurtrie les guidera dans un ultime espoir de...

Je vous passe les détails, elle s'est foutue de sa gueule suffisamment longtemps pour qu'ils puissent redescendre au rez-de-chaussée sans que Tanlo puisse ne lancer ne serait-ce qu'une petite phrase, assailli par un monologue sarcastiquement épique. Un peu fatiguée d'avoir parlé aussi longtemps dans le seul et unique but d'emmerder son interlocuteur, elle se tut le temps d'enfiler son blouson synthétique et enfiler sa capuche face à la pluie devant eux. Ils empruntèrent la sortie arrière du bâtiment, celle qui faisait fasse à l'immense tour.

La pluie claquait sur le tissu des vêtements de Maxence et sur le chapeau de son partenaire. Silencieux et aux aguets, ils s'attendaient à se faire sauter dessus à n'importe quel coin de rue par une bande de sauvages anti-technologies. Ils avaient dû passer au travers d'un immeuble de pierre sans fenêtre et très étrange où la luminosité n'était plus qu'un vieux concept passé, le genre d'endroit où la blondinette s'attendait à croiser des Rakgoules.

En sortant du quartier des affaires, s'approchant de la côte, la ville découvrait son côté balnéaire, des bâtiments plus petits, des rues plus ouvertes, destinées aux piétons, entre-mêlé des passages servant aux transports en commun, ce n'était pas l'endroit le plus historique, mais le plus touristique. Les échoppes ravagées, les marchands de sucreries froides, les boutiques de souvenirs, Maxence pouvait imaginer les gens passant par ici. Les couples, main dans la main, l'étoile éclatant sur leurs dents alors qu'ils riaient à pleine voix après une blague un peu nulle. Les enfants se défoulant dans les manèges de la place et les regards se tournant, rempli d'admiration sur la tour qui, surplombant le tout, brillait de mille feux.

La devanture d'un magasin s'écrasa sur le sol. La lumière disparut. Les gouttes sur son visage glissèrent le long de ses joues puis au niveau de son coup et toutes les têtes, tous les shorts, les débardeurs, les familles, tout s'évapora. Le pire dans cette histoire, c'était bien qu'elle commençait à s'accrocher à cette ville perdue. Une des premières fois de sa vie où elle observait réellement ce qui l'entourait.

Les pavés mouillés sous ses pieds, une façade effondrée juste au tournant pour atteindre la tour, elle tourna dans un magasin de vêtements avant de faire signe à son compère de se baisser et de la suivre sous les présentoirs vides pour observer la rue. Des speeders. Cinq, peut-être plus autour du bâtiment. Ils n'étaient pas comme les carcasses rencontrées auparavant, là, ils fonctionnaient belle et bien... ça et le fait qu'ils soient surveillés par trois Riileb en armure. Maxence fit un signe de tête au colosse qui disparut subitement.

La pluie s'écrasait sur une forme invisible, mais il le savait, contournant ses proies, passant derrière, la scène, du point de vue de Maxence était surréelle. L'air arracha le fusil des mains d'un homme, pour s'envoler contre un autre. Il lui brisa le bras puis la nuque, le troisième qui ne comprenait pas visait au hasard. Son armure éclata, son torse écrasé. Le dernier qui se remettait tout juste du coup de fusil volant vit sa trachée broyé au moment où Tanlo réapparut. La mercenaire haussa les épaules. Hors de sa planque, elle regarda autour d'elle. Des lumières, dans la tour. Les Riilebs étaient arrivés jusque là ? Ils attaquaient le Culte ? Ou commençaient à les attaquer ? Mais autre chose attira son œil. La façade Est, à une dizaine de mètres du sol, était arrachée. Le vaisseau se trouvait derrière le bâtiment.

Au coin d'une rue, enfin, le bijou qu'ils cherchaient fit son apparition, éclairé de toute part par les lampes des Riilebs arrivaient en premier. Plaquée contre un mur, les armes dégainées, il fallait se frayer un chemin jusqu'au vaisseau et faire un sacré ménage.
Tanlo Jakobi
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- Putain, ils sont nombreux avait commenté Tanlo d'un air placide. Ils étaient tous les deux cachés, un peu hésitants, dans l'expectative. C'est clair, ils allaient avoir besoin d'un plan, mais leurs petits cerveaux avaient besoin d'un peu de temps avant de formuler un truc un tant sois peu solide. Tanlo était surtout un suiveur, de Maxence brillait plus dans l'improvisation que dans la planification.

Tanlo jeta un oeil à sa partenaire.

- Hey, Max, tu saurais piloter ce machin, si jamais c'est la merde ?

- S'il est pas trop endommagé, oui.

- Aie.

Il regarda le bâtiment d'un air songeur. Le vaisseau ne s'était-il pas crashé dessus ? Bon, le truc était solide mais... ils n'avaient aucune garantie. La jeune femme repris.

- Après, genre, s'il est vraiment en très très salle état, je peut bricoler un truc, mais il ne tiendra pas une longue distance. Genre trois cent, cinq cents mètres, avant que ca retombe.

- AIE.

Bon. Son plan A était foutu. Et il n'avait pas de plan B.

Il regarda ses gantelets. Ils étaient recouverts de sang. Il les exposa à la pluie, les nettoyant petit à petit. Alors que le liquide carmin coulait sur le sol, il ne peut s'empêcher de s'épancher pour rien.

- Tu sais, le mec qui a fait ces gantelets est mort. Suicide, six mois après les avoir forgés pour moi. Je me suis toujours demandé s'il s'est senti coupable d'avoir créé un tel truc pour... quelqu'un comme moi.

Avec douceur, son pouce et son index se posèrent un coin du mur. Ils ronronnaient comme deux chats bienheureux. Avec une confondante facilité, il en arracha un petit bloc, qu'il empoigna, et pulvérisa petit à petit alors qu'il refermait ses doigts dessus. Lorsqu'il ouvrit sa main, du bloc ne restait que de la poussière, qu'il laissa glisser dans l'air.

- C'est con, je comptais les améliorer. Le blindage surtout. Il regarda Max avec un air excité, et un peu inquiétant. T'imagine, si j'arrive à parer blasters ou sabres lasers ? Ca serait génial, pas vrai ?

Question dont la réponse, évidemment, dépendait de quel côté du mercenaire on se trouve.

- Pour ça que j'espère qu'on réussira cette mission toi et moi. J'ai besoin de thune. Ces gantelets, si je veux les améliorer, ca va coûter bonbon. Je les aient un peu retouchés depuis, mais j'ai pas le niveau pour vraiment bien retoucher le bazar. Enfin...

Il sembla pris d'une inspiration soudaine, regardant autour d'eux.

- Je vais en éclaireur.

Il disparu dans le néant, même si sa forme était plus aisément visible sous la pluie, assez pour que Max puisse le suivre et le voir s'éloigner.

Il ne revint qu'une bonne dizaine de minutes plus tard.

- Okay, alors... allume ton machin là. Qu'on ait une carte.

Ils s'abritèrent un peu plus loin, à l'abri de tout regard ou éclaireur.

- Là, y a le bâtiment principal. Vaisseau dedans. Nous... on est là, au sud, à... deux cent-mètres ? J'ai fait le tour du périmètre. Y a beaucoup, beaucoup, BEAUCOUP de monde. Cent, deux cents connards peut-être. Quelques rilleb, mais aussi et surtout le culte. Il paraît que leur "Roi" est là. Ils sont en stand-off, ca se regarde dans le blanc des yeux. Ils parlementent apparemment, mais ca a l'air tendu. J'ai pu m'approcher assez prêt pour entendre quelques mots. Le sujet, c'est le vaisseau. L'est dans le bâtiment, et le culte a pris ce dernier, mais les riilebs ont réussi à s'infiltrer dans ce dernier et on pris une position indélogeable, genre au dixième étage. Mais peuvent pas vraiment sortir.

- En gros, c'est le bordel. On peut en profiter, je pense. Je suis pas sûr, mais je CROIS qu'ils sont au courant de notre présence, enfin de deux personnes étrangères à toute faction dans le périmètre. Si on apparaît, ca risque de mettre le feu aux poudres. Mais qui sait...
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Je sais pas trop pourquoi tu m'parles de ça maintenant, mais si c'est pour une augmentation, j'pourrais essayer d'te trouver un truc pour tes gants. Sauf que, je sais pas si t'as remarqué, cria-t-elle en chuchotant, c'est pas trop l'moment d'en parler.

Ce n'était pas que ses projets de gantelets l'embêtaient, parce qu'elle comprenait parfaitement le besoin d'un combattant d'améliorer ses armes, mais en plein milieu de deux groupes hostiles n'ayant que l'envie de les démembrer, ça pouvait attendre. En le voyant -ou pas- disparaître, elle repensa à ce qu'il avait dit, si c'était un contact ou deux qu'il lui fallait pour trouver un type capable de travailler ses gantelets pour pas cher, elle pouvait lui filer, mais il aurait dû lui demander avant.

De retour, la situation était fixée, une attaque frontale n'était pas concevable, il fallait y aller avec ingéniosité, trouver une diversion, se glisser discrètement... ou alors les retourner les uns contre l'autre, faire exploser la tension. Maxence pencha la tête sur le côté du bâtiment pour voir la direction vers laquelle s'était écrasée le vaisseau, un peu plus loin sûrement, la pluie et le vent l'empêchaient d'y voir clair... ce qui était autant un avantage qu'un désavantage. Pour le moment, il n'y avait pas de soucie à part les quelques étages occupés de la tour, en se baissant un peu sur ses appuis, elle se faufila pour trouver l'accès du bâtiment sur le côté.

En partie détruit les appartements aux allures de studios s'enchaînaient un a un sans rien pour les séparer. Ils marchèrent le long d'un mur prêt à s'écrouler avant de se glisser dans une faille, passer une rue en large et terminer leur parcours dans une ruelle. Maxence jeta un œil un peu plus loin, dans la rue principale qui menait au lieu du crash. Il y avait des hommes du Culte qui faisaient des rondes, impossible de les approcher sans se faire repérer, mais leurs yeux étaient tous rivés sur la planque des Riileb. La tension était palpable, ces pourparler n'avait rien de normal ici. Si les Riileb venaient à trouver un accord avec le Culte, ces deux là allaient sûrement finir par éradiquer le RAS.

-J'ai aucune idée d'quoi faire, mais t'inquiète, ça va venir.

Affirma-t-elle en levant le pouce en l'air avant de remarquer une échelle de secours. Elle lui pointa pour qu'il l'aide à la faire grimper. Une fois en haut, elle la laissa retomber aussi discrètement que possible et, malgré le bruit de métal rouillé grinçant, personne ne les remarqua. Ils enfilèrent ensuite les escaliers pour arriver sur le toit. Il fallait sauter sur celui d'à côté. Si Tanlo ne se gêna pas pour le faire d'un bon sans s'emmerder, Maxence hésita. Elle observa le gouffre. Pas très grand. Puis Tanlo. Il se la pétait. Puis le gouffre. Puis... merde. Elle prit son élan, bondit s'écrasa contre le rebord avant de glisser. Les bras tendus, accrochée à l'aide de ses doigts, le colosse l'aida à grimper, mais elle était sûre qu'elle aurait pu s'en sortir seule.

Encore un saut à faire, plus facile. En contre-bas se trouvait un entrepôt qui devait servir de lieu de transition pour les conneries achetées sur l'holonet avant. Le toit de ce dernier était démoli sur une petite partie. Cette fois, elle n'hésita pas. Un bond majestueux pour atterrir en roulade majestueuse. Ils se trouvaient sur la partie supérieure du bâtiment, par chance, il n'y avait personne, ce qui leur permis de s'avancer un peu plus. Ils étaient tout proche. Descendant d'un étage sur une passerelle, Maxence n'osa pas plus avancer.

Devant elle, et Tanlo put le constater de ses yeux au-dessus de son épaule, se trouvait ce qu'ils étaient venus chercher. Le Lampedusa. Juste là. En bon état en plus le bougre. Alors oui, il avait pris de salle coups sur la carlingue, mais il avait survécu. Autour, une bande imposante de Cultiste. Maxence avait-elle assez de balles ? Avec les Riileb pas loin, non. Mais ils pourraient s'arranger dessus.

Le grand entrepôt vide était décoré de multiples petits baraquements des membres en haillon. Sur un trône largement plus brillant, un homme, un peu plus grand que Tanlo, le même âge, tout aussi imposant, était assis tranquillement et recevait les paroles de ses hommes et femmes qui se recueillaient à tour de rôle. Ce type devait être là depuis la chute de la ville. La mercenaire regarda attentivement la composition du camp, le vaisseau, les entrées, tout ce qu'il y avait à décoder sur l'instant. Elle comprenait chaque mouvement, chaque pas possible de ses adversaires dans leurs incessants allés-retours. Les plaques. Les débris. Les torches. Sa main se posa contre le torse de son partenaire pour le repousser par là où ils étaient entrés.

-J'ai un plan vraiment à chier qui se base uniquement sur une diversion assez improbable pour fonctionner. … Toi. Tu vas animer tout l'extérieur. Tue un type, deux types, dix. Fais passer ça pour un coup du Culte ou de celui du FNLR. Tu les excites, qu'ils s'entre-tuent où qu'ils te visent toi. Tu survis suffisamment longtemps, moi, j'me charge du reste.

Plus con que le coup de la grenade ? Plus con que le coup de la grenade.

-Fais-moi plaisir, pose pas d'question, hoche la tête et tire-toi.

Sans même attendre son avis, elle s'écarta pour se diriger, presque à quatre pattes, sur la passerelle et se diriger non loin d'un point de chute où les rembardes manquaient, juste au-dessus du grand chef qui se prélassait. Elle lança un dernier regard à Tanlo pour lui lancer son plus beau et dernier pouce en l'air. Elle semblait étrangement sûre d'elle. Plus que d'habitude. Elle avait un paterne dans la tête, elle ne pouvait pas se tromper.
Tanlo Jakobi
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Une diversion ?

Il regarda Maxence s'éloigner. Avant, qu'elle ne se retourne vers lui. Elle put voir les yeux de Tanlo se mettent soudainement à briller.

- Je ne serais pas une diversion, Maxence.

Doucement, il disparu, ne devenant qu'une silhouette informe, seulement délimitée par la pluie qui tombait sur yeux. Un vent, doux, imperceptible, se leva.

- Je vais être spectacle principal.

Ça ne sonnait pas comme un espérance. Mais plutôt comme une prédiction.

Voir une menace.

Il laissa tomba son sac à dos. Là où il irait, il n'en avait pas besoin. A Maxence de choisir quoi en faire.

Il posa sa main sur la barrière, et sauta en contrebas. Trois, quatre, cinq mètres. L'homme invisible atterrit dans un épouvantable vacarme sur le sol, près d'un cultiste qui montait la garde en hauteur. Tout le monde tourna la tête vers l'origine du bruit, mais la plupart ne virent rien d'autres que leur camarade tomber au sol sans un cri, s'effondrant comme une poupée sans fils. Activant ses bottes, Tanlo Jakobi bondit en l'air, atterrissant au niveau du rez de chaussé, au milieu d'une assemblée médusée.

Il remit son chapeau en place, son grand manteau flottant doucement.

- Bonsoir. J'arrive au milieu d'une cérémonie importante on dirait ?

Un silence stupéfait lui répondit, avant que le monde ne semble soudainement se réveiller. Les femmes crièrent de peur, certains poussèrent des jurons. Les civils se dispersèrent comme un groupe d'oiseau, et un des cultistes fonça sur Tanlo en hurlant, avec sa hache.

Tanlo ne lui accorda même pas un regard. Sa jambe gauche devint floue, frappant le genou de l'homme, qui poussa un cri étranglé, tombant vers l'avant alors que sa jambe le lâchait complètement. Tanlo l'attrapa dans sa chute, lui tordit le bras, et le jeta au sol. L'homme poussa un râle, face contre terre, et Tanlo Jakobi l'enjamba, se dirigeant vers le chef du culte, qui avait levé la main.

- Je suis venu vous parler, "Roi".

Il y avait un ton moqueur dans le "roi".

La main levée se referma, et, comme un même homme, une vingtaine d'archers, qui avaient bandés leurs arcs, se mirent à tirer à l'unisson.

Tanlo soupira. Les flèches fendirent l'air. Tanlo tendit ses bras, le droit vers la gauche, le gauche vers la droite, avant de tracer un cercle parfaitement circulaire tout en tournant sur lui même, revenant à sa position initiale.

Des murmures et un vent de panique se mirent à souffler lorsqu'ils se rendirent compte qu'il avait bloqué l'intégralité des projectiles, qui gisaient brisés autour de lui.

- C'EST MOI QUI DICTE QUI A LE DROIT DE PARLER, ETRANGER ! tonna le roi d'une voix de stentor. Il se leva, tenant une gigantesque vibro-hache qui semblaient obscènement mortelle.

- Je m'en doute bien, répondit Tanlo. Vous êtes pas du genre à écouter les autres. Même pas Zyon.

Le roi leva la main, arrêtant ses archers qui étaient sur le point de tirer une nouvelle salve. Les deux colosses avançaient l'un vers l'autre. Tels deux prédateurs, ils se comprenaient instinctivement. Ils étaient tous les deux des hommes d'action, et leurs instincts se hurlaient de se foncer dessus.

- HAHAHA ! Zyon ! Parle-tu de la ville étranger ? Une ville ne parle pas !

- Je vais donc devoir vous forcer à l'écouter.

Un autre rire, tonitruant.

- ME FORCER, MOI ? JE RÈGNE SUR CETTE VILLE, MICROBE. NUL N'EST PLUS FORT QUE MOI SUR CETTE PLANETE !

L'air de Tanlo devint sombre. Sa voix devint grave, mais, alors qu'il semblait vouloir parler à voix grave, tout le monde dans le bâtiment pu l'entendre, Maxence y compris.

- Vous n'êtes que le Roi d'une toute petit ville à qui je vais monter combien combien la galaxie est grande.

Il avait dit ca d'une voix de plus en plus faible, se terminant par ce faux murmure pourtant si sonore. A chaque mot, il s'était doucement effondré en avant, comme s'il devenait lâche. Mou. Liquide.

Une impulsion, brutale. Le Roi a à peine eu le temps de lever et abattre sa hache que Tanlo Jakobi est sur lui, franchissant en un instant la distance qui les séparait.

Tanlo savait parfaitement à qui il avait affaire. Un seul coup d'oeil à la posture, à la musculature, aux gestes du Roi lui avait suffit pour comprendre qu'il ne gagnerait par un combat contre cet homme sans blessures potentiellement graves. Alors, il avait pris une autre option.

Évitant son arme, il percuta le roi, épaule contre ventre, tête contre le flanc musclé de l'homme, ses deux bras enserrèrent le torse du Roi.

Il le souleva au dessus du sol. 100 ? 120 ? 130 kilos de muscles ?

Il pouvait en soulever plus du double.

Et il continua sa charge. Serrant les dents au point d'en saigner, Tanlo Jakobi couru à toute vitesse, vers le mur.

Poussant un hurlement d'effort, Tanlo projeta le roi par la fenêtre, brisant le verre en mille morceaux, envoyant le corps à plusieurs mètres. Le roi percuta le sol et se mit à rouler, avant de se retrouver au milieu de l'avenue entre l'entrepôt et la tour occupée par les riilebs.

Tanlo souffla, sautant par dessus la rambarde de la fenêtre, venant rejoindre son adversaire dans l'avenue. Tous les regards étaient braqués vers eux. Des dizaines d'hommes et de femmes aux fenêtres, armants arcs et fusils et haches, regardaient les deux titans se relever et se jauger du regard. La pluie était devenue bien plus forte, et l'obscurité ambiante à cause de la couche de nuages gris n'aidait pas.

Le vent, soudainement se leva. Et Tanlo sourit.

Un frisson parcourut son corps.

Alors qu'elle était occupée à faire son oeuvre, Maxence put entendre sa radio grésiller, alors qu'Abraham cherchait à la contacter.

- Max... vous devriez vous dépêcher. Y se passe un truc pas net.

Lorsqu'elle lui demanda, une voix inquiète lui répondit.

- Un ouragan est en train de se former pile au-dessus de vous.

La voix d'Abraham devintde moins en moins distincte, comme si quelque chose brouillait les communications.

- Ce n'est pas naturgrzzzzzzzh.....

Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Niah niah niah, « spectacle principale »...

Fallait toujours qu'il se la pète celui là... et le pire, c'était bien que ça marchait. Maxence resta silencieuse, perchée en hauteur, attendant le moment propice alors que le Colosse attirait d'ors et déjà l'attention sur lui. Il avait le chic pour foutre les gens en rogne, on aurait presque dit Maxence... en un peu plus calme... elle aurait commencé par les insulter, se foutre de leur gueule, puis à courir partout avant de tirer dans tous les coins. Pas de carnet de notes, c'était bien dommage, il y avait des choses à marquer. Ceci étant dit, il jouait son rôle à la perfection, entre le balançage de gros balourds à la sauce Jakobi et la grande majorité des membres du Culte sortant de l'entrepôt pour prêter main forte à leur chef, Maxence était servie.

Elle se laissa tomber pour retomber avec souplesse au milieu des derniers membres du Culte qui surveillaient le Lampedusa. Ils n'étaient pas bêtes au point de laisser ce vaisseau sans surveillance avec les Riileb dans le coin, sûrement prêt à tout pour le récupérer. En se redressant, tous les visages se tournèrent vers elle, ignorant soudainement les deux colosses qui se battaient à l'extérieur.

-Salut, moi c'est Max, j'suis juste là pour récupéré le... Woh ! Elle esquiva une flèches de peu. Mais ça va pas ?! On peut pas juste...? Hé ! Une autre flèches frôla son visage. Ok, j'aurais essayé.

En dégainant ses blasters, ses adversaires n'eurent même pas le temps de comprendre que trois d'entre eux venaient de se faire descendre sur l'instant. Ils se ruèrent sur elle, épée, hache, masse en main, les archers derrière. La blondinette se mit à courir en esquivant les flèches. Elle glissa entre ses opposants au corps à corps pour tirer dans les genoux, se redresser et écraser sa crosse derrière leur tête. Elle roula de nouveau. Un laser, en pleine roulade, sembla s'échapper de son corps pour terminer dans la tête d'un archer. Les derniers, plus agiles, sautèrent derrière les couverts tandis que Maxence commençaient à manquer de balles dans ses chargeurs.

Quand ses deux armes firent clic-clic, une grimace lui échappa en regardant tous ses ennemis sortir de leurs cachettes. Elle rangea une arme, se remit à courir, sautant entre les flèches, elle bondit sur la carlingue du Lampedusa, suivie de près. Couteau en main, jonglant avec un chargeur, au moment où elle allait recharger, un coup de masse lui balaya la jambe. Le chargeur glissa le long du vaisseau jusqu'au sol, la mercenaire s'écroula.

La lame de sa dague s'enfonça dans la gorge de l'homme qui s'écrasait sur elle pour l'achever. Sa main supporta son corps entier pour la propulser sur ses pieds. Side kick. Elle planta le suivant, roulant autour pour trancher la gorge de son équipier. Rapide, Maxence enchaîna les coups chirurgicaux, coupant les tendons, lacérant les muscles, elle liait ses connaissances en Stava avec la maîtrise de son arme. En enfonçant sa lame dans l'épaule d'un homme, elle le retourna au dernier moment, s'en servant de bouclier, il prit une flèche dans la gorge. De l'autre côté, elle frappa la rotule du dernier assaillant à l'arme blanche, son talon aligna ventre, plexus, coude pour terminer par un coup latéral si violent qu'il était possible d'entendre la nuque de l'homme se craquer.

Saut, glissade, roulade. La mercenaire attrapa son chargeur, l'emboîta dans son arme et, dans le même mouvement, tira sur une plaque bringuebalante au-dessus de l'archer qui s'écrasa lourdement sur lui.

Maxence jeta un œil autour d'elle. Personne d'autre, cependant, elle entendait encore Tanlo et le chef se foutre violemment sur la gueule... à moins qu'il était aussi en train de régler le compte de ses sbires. Sans réfléchir plus, elle rentra dans le Lampedusa. L'intérieur avait plutôt bien survécu, principalement grâce à la présence du Culte qui n'y avait pas touché. L'équipage, lui, avait complètement disparu... ils avaient dû tenter de trouver de l'aide avant de se faire descendre... ou alors ils avaient réussi à s'échapper de la ville. La blondinette s'installa au post de pilotage en essuyant le sang, qui n'était pas le sien, sur son visage. Une petite prière de mécano lui échappa en allumant le tableau de bord. Il fonctionnait, c'était un début. Le vaisseau, lui, ne répondait pas. Elle fit demi-tour, rentra dans la salle des machines, attrapa une boîte à outil qui traînait là pour s'enfoncer ensuite parmi une mer de tuyaux.

Elle y resta plusieurs minutes avant de ressortir couverte d'huile. Au pas de course, retour dans le cockpit, nouvelle prière, elle lança les moteurs. La carlingue trembla. Les propulseurs rugirent. Le Lampedusa se leva des débris, glorieux. Maxence lança un petit cri de joie en essayant de comprendre comment le piloter. Une partie du bâtiment s'écroula en laissant s'échapper la bête qui, malgré tout, n'avait pas fière allure.

Le temps tournait à la catastrophe, du haut de la faible hauteur à laquelle la blondinette se perchait, au-dessus, se formant à vitesse grand V, les nuages s'accumulaient pour former une monstruosité météorologique. Évidemment, avec une attention comme la sienne à regarder le ciel, le vaisseau dériva pour se cogner contre la tour. Une masse de grave s'effondra, le Lampedusa semblait avoir du mal à redresser le cape. La bête se balança de droite à gauche, se mit de profil par rapport à Tanlo, puis, alors que Maxence suait toutes les gouttes de sueur de son corps pour maîtriser cette horrible tas de ferraille en fin de course, il tangua définitivement en direction du colosse.

Le vaisseau chuta de près de cinq mètres, les trains d'atterrissage se brisèrent en rencontrant le sol, faisant glisser la masse de fer en arrachant le béton pour s'arrêter à deux petits mètres de l'intéressé. Quelques secondes de silence s'écoulèrent. Un des sasses s'ouvrit pour découvrir la blondinette, les vêtements aussi mal arrangés que ses cheveux.

-Vieux schnock, c'est l'moment où on est sensé s'tirer.
Tanlo Jakobi
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Le vent, la pluie, les éclairs au loin, tout le vacarme devint silence lorsque le vaisseau s’extrada de l'entrepôt, avant de flotter comme un homme ivre perdant son équilibre, pour s'écraser sur le sol, pulvérisant le sol de l'avenue et faisant quelques victimes collatérales parmi les bâtiments. Tanlo Jakobi ne cilla pas lorsque le vaisseau atterrit près de lui, se tenant toujours droit, comme indifférent au chaos ambiant.

-Vieux schnock, c'est l'moment où on est sensé s'tirer.

Tanlo ne se retourna pas, tournant la tête sur le côté afin de fixer Max d'un seul de ses yeux. Le bleu était tellement vif qu'il en était brillant. Sa voix était devenue plus douce, presque féminine.

- J'arrive. Il reporta son attention sur le Roi, dont leur discussion avait été interrompue par l'arrivée du vaisseau. Derrière le roi, des centaines d'individus du Culte. Sur leur gauche, au dessus, les riileb, leurs armes pointées sur tout le monde.

D'autres arrivaient. De partout, des membres du culte accouraient pour voir ce qui se passait.

- VOUS ETES VENUS PRENDRE LE VAISSEAU !

- Une raison de moins pour vous de vous battre.

Le roi tendit un de ses bras, main ouverte, et un de ses sous fifres lui amena une hache. Avec une force telle que l'eau autour de lui fut projetée dans tous les sens, il lança sa hache vers Tanlo, qui resta parfaitement immobile.

Et soudainement.

Un crissement

Un des lampadaires bordant l'avenue se sectionna d'un seul coup, s'effondrant sur le sol, et bloqua la hache, qui s'enfonça dans le métal avant d'être stoppée.

Ils restèrent tous ainsi, perplexes. Un hasard ? Une coïncidence ? Où...

La lumière. Une lumière vive sortit soudain d'un des lampadaires, braquée sur Tanlo et Max. Un murmure, des rumeurs se répandirent comme un feu de brousse auprès de l'assemblée. L'électricité avait été coupée depuis bien, bien, bien longtemps dans la ville. Rien n'avait pu faire remarcher quoi que ce soit, tout ayant été détruit, et le savoir, perdu depuis longtemps. La guerre avait privée la ville de sa vie, forçant les survivants à utiliser de vieux générateurs externes pour alimenter quelques rares objets précieux.

Un grésillement, suivi d'une gerbe d'étincelles, attira l'attention de tout le monde, alors qu'un autre lampadaire se mit à clignoter, avant de projeter une puissante lumière.

Puis un autre.

Et un autre.

Et tous les autres.

Le ciel au-dessus d'eux tournait à toute vitesse, alors que l'avenue entière était illuminée, comme elle l'était une vie avant.

Une chanson se mit soudainement à remplir les rues de la ville. Les quelques hauts-parleurs encore en état, installés aux coins des bâtiments, utilisés dans le temps pour diffuser les messages à la population, diffusèrent une des musiques les plus populaires de Zyon à sa grande époque, brisant des dizaines de milliers de cœurs sous une oppressante nostalgie.

Un énorme "Clac" d'un volet se referma de lui même avec une telle force qu'il envoya des copeaux de bois partout. Des sonneries, celles des bâtiments et maisons alentour, se mirent à résonner tout en même temps, dans un concert presque insupportable, mais qui, plusieurs décennies après qu'elles soient muettes, sonnaient comme la plus belle des chansons.

Au loin, les manèges se mirent à tourner, et les façades des magasins s'illuminèrent.

Le Roi à genoux. Ses yeux perçants ne voyaient rien. Il ne regardait pas devant lui. Mais il y a bien longtemps. Avec son cœur, et non ses yeux. La ville était en train de reprendre vie devant lui, le renvoyant à une époque où il n'était ni Roi, ni guerrier. Un enfant jouant sur les manèges, partageant sa console de jeu avec ses amis, séduisant des jeunes filles aux terasses des cafés. Un homme comme les autres, insignifiant et sans importance.

Mais heureux.

C'était absurde. Ce qui était en train de se dérouler sous leurs yeux n'était pas possible. Il n'y avait aucune explication plausible à voir une ville privée d'électricité en utiliser, des sonneries s'activer toutes seules, des portes et des volets s'ouvrir et se refermer d'eux même.

Tss, tss, tss.

Ils se trompaient tous.

La galaxie est vaste.

Et l'Histoire, si longue qu'elle en est infinie.

Ils existent.

Les miracles.

Les expressions hargneuses, décidées, puissantes, terrifiées, des soldats, des guerriers, des civils tout à travers Zyon se détendirent. Les bouches ouvertes, les sourcils haussées, les yeux baignées de larmes salées.

C'était comme sortir d'un mauvais rêve.

Une hallucination collective.

Une malédiction.

Des décennies, pour quoi ? Si ce n'est détruire leur ville, leur mère, le lieux où ils étaient nés, avaient grandis, dont la culture et l'histoire avait forgé leur langue, leur manière de penser, de s'habiller, de vivre ?

Devant Maxence et Tanlo, des centaines d'hommes et de femmes hagards et abattus étaient à genoux, immobiles, ayant lâchés leurs armes inutiles.

La pluie avait depuis longtemps arrêté de tomber. Les nuages s'étaient dissipés, ne laissant qu'un ciel brillant.

Ce n'était pas un paysage faisant danser les cœurs. C'était un ciel désolé. Triste. Froid. Mais clair, et brillant.

Comme seul un ciel peut l'être après une tempête !

Tanlo passa une main sur ses yeux humides. Lentement, la ville retrouva son silence d'outre-tombe. Les lampadaires cessèrent de briller, la chanson de sonner. Mais les effets, eux, persistaient. Et persisteraient jusqu'à la fin des temps.

- Allez, Max. Rentrons.

Avec lenteur, il enleva son chapeau, et le jet devant lui, sur le sol, comme voulant laisser un souvenir de son passage.

- Laissons les chez eux.
Maxence Darkan
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Maxence, dans l'encadrement de la porte du vaisseau, admira le spectacle qui se lança sans crier gare. Ses sourcils se froncèrent en voyant le lampadaire. Les Riilebs qui les avaient d'ors et déjà mis en joug baissèrent leurs armes. La musique se lança et la blondinette fut prise d'un frisson en regardant le ciel se découvrir. Elle aussi, elle la sentait, la nostalgie, un bout de Force qu'elle se refusait de reconnaître, la transperçant de part en part. Tanlo était là, au milieu, c'était ça, Zyon. L'espace d'un instant, il était Zyon. Tous les combattants laissèrent leurs armes tomber. La blondinette tourna la tête de chaque côté pour les observer lâcher fusil, arc, blaster, hache, épée alors que le chef du Culte tomba sur les genoux.

-Bah putain d'merde...

Y avait-il quelque chose d'autre à ajouter quand la musique cessa, que les lampadaires retournèrent à leur froideur de décors oublié, que les manèges cessèrent de tourner ? La mercenaire s'écarta pour faire entrer le colosse dans le vaisseau, bouche bée, observa une dernière seconde les gens qu'elle considérait comme des ennemis avant de rentrer dans le Lampedusa.

Elle se dirigea vers les commandes sans même dire un mot à Tanlo pour vérifier que tout fonctionnait bien. Les réparations expresses qu'elle avait faites ne tiendraient pas très longtemps, c'était du bricolage de dernière minute pour que le moteur se lance. Maintenant, elle priait pour que tout tienne jusqu'à la sortie de la ville.

Le vaisseau décolla en abandonnant toutes les âmes perdues. Pleine d'un espoir qui n'avait plus grand sens. L'Ouragan avait-il réussi son coup ? Son amour de la ville les avaient-ils sauvés ? Zyon se réunirait-elle une bonne fois pour toute, lavant les guerres, les scissions pour faire de cette ville le monstre culturel qu'elle était autrefois ? C'était de la folie. Maxence ne voulait pas y penser, elle avait eu ce qu'elle voulait. Putain de Force.

Le Lampedusa passa paisiblement au-dessus des buildings, trouvant son chemin dans un ciel dégagé, au-dessus d'une terre meurtrie, mais calme. Il était souvent pris de secousse et la pilote se contentait de garder son calme pour le stabiliser, actionnant quelques petits boutons en haut. Désactivant d'autres diodes en bas. Puis il trembla continuellement. Maxence jeta un œil faussement calme à Tanlo pour lui dire que tout aller bien. Ça n'allait pas bien du tout. Les tremblements s'accentuèrent, jusqu'à devenir impossible de rester debout sans se tenir à quelque chose de solide. Elle ne semblait pas avoir assez de mains pour tout contrôler et, soudainement, une partie du tableau de commande explosa en une gerbe d'étincelle qui toucha la blondinette sur le flanc droit.

L'un des moteurs explosa. Maxence, toujours en train de tapoter son blouson qui avait fondu à certain endroit lâcha un « Euh... » pas vraiment digne de confiance en attrapant les manettes. Le vaisseau perdait dangereusement de l'altitude alors qu'ils approchaient du gigantesque mur franchi il y a deux jours.

-Accroche-toi. … Accroche-toi bien.

Affirma-t-elle dans le plus grand calme en s'approchant dangereusement. Le ventre du Lampedusa frôla le haut du mur, arrachant une énorme partie en béton avec une belle partie de la carlingue. Incontrôlable, la blondinette faisait de son mieux pour redresser le nez en voyant le sol s'approcher à vitesse grand V.



Il faisait sombre. Il faisait mal à la tête aussi. Et au corps. Et... partout en fait. Sa paume contre le sol, un long grognement. Une ou deux côtes fendues. Peut-être plus. Elle toussota douloureusement, se releva pour admirer rien du tout, parce qu'il faisait noir. Elle appuya sur son bracelet pour éclairer les alentours. Avant de chercher Tanlo elle se tourna vers une plaque à ses pieds qu'elle ouvrit, puis une autre en dessous, avant de sortir une grosse boite blindée : la boite noire.

-Tan, mon grand... va falloir qu'on termine le chemin à pieds. T'es vivant au moins ? Parce que j't'aime beaucoup, mais j'ai vraiment la flemme de porter ton cadavre.

Il était là, en train de briser la porte pour les faire sortir. Maxence se tourna vers un placard pour en sortir une petite boite rouge plastifiée avant de sortir. Derrière le crash du vaisseau, une ligne de terre remuée, comme un frais labour fait par un agriculteur un peu bourré, marqué le passage de leur atterrissage improvisé.

-Fély, Abraham. Mission accomplie.

Elle ouvrit la petite boite pour en sortir un pistolet de détresse. Elle tira une fusée rouge éclatante dans le ciel. Maxence s'étala ensuite au sol, avec sa boîte noire, pour regarder les nuages d'où s'échappa l'immonde vaisseau d'Abraham.

-Je rêve putain...



[FIN]
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