Darth Hope
Darth Hope
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L’Eveil de Melantha

S’ilvousplaîtnem’arrachezpaslecoeur.









- Han, han, mauvaise idée. Très mauvaise idée, j’adhère pas, protesta Mumkin.

Il avait toujours son bras immobilisé dans une attèle médicale fonctionnelle qui permettait à sa blessure de guérir sans heurt. Et assis sur sa couchette, il bougonnait sans oser regarder Dana dans les yeux alors qu’elle se tenait debout, les bras croisés sous sa poitrine recouverte d’un tissu sombre. Elle avait remis le short qu’elle portait la veille, mais l’avait assorti d’un T-shirt de la marine impériale, une fois et demie trop large pour elle. Ses cheveux encore un peu humides formaient un chignon lâche au sommet de sa tête et couronnaient sa figure féminine aux nombreuses traces.

- Bon, ben comme tu voudras l’alien. J’te laisserai expliquer à Lloyd, alors.
- Quoi ? Non ! grimaça-t-il de désarroi.
- Alors, tu suis mon plan. Je m’en vais Satunda qui arrive et t’en diras pas un mot à ton très sexy patron. Et quand tu reviens sur le Melantha, tu fais comme si de rien était.
- Mouais, dans tous les cas, il me trucide quoi. Allez, sérieux. T’aimes pas la bouffe de mamy Zora ? Ou nan, c’est la pluie, c’est ça ? C’est vrai qu’à cette époque c’est vachement la merde la saison comme ça.
- Rien à voir, Mumkin. Je suis une Inquisitrice, rappelle-toi, j’ai des devoirs, un travail, un maître accessoirement. Faut que je retourne sur Kaas City.
- Tu peux pas démissionner ? Ca se voit que Lloyd crève d’envie que t’aille lui tenir compagnie sur son vaisseau à la con.
- Ben, non, c’est pas aussi simple figure-toi.
- Mouais…
- Quoi ?
- Nan mais, rien, rien. J’me disais juste que si c’était pas toi, il pourrait trouver quelqu’un d’autre sur sa frégate pour ça. Genre, une officier.
- Mumkin, arrête ça tout de suite. C’est pas comme ça que tu me feras changer d’avis, grinça-t-elle en serrant subitement les poings pour contrôler sa colère.
- Ok, ok. Bon. Tu peux au moins relever un peu mes oreillers steup’ ?

Elle soupira et se rapprocha pour l’aider à se conforter contre tout un tas de coussins aux broderies colorées, parfumée d’épices. Il râla d’aise quand la position soulagea davantage sa douleur.

- Ah et, aussi, tu peux m’apporter un verre d’alcool et de l’herbe de Jaash ?
- Bien sûr, tu veux aussi téter mon sein ?
- Pourq…
- Non, le coupa-t-elle dans un sourire contrit. Repose-toi bien.







La journée s’était encore étirée, à ne plus en finir, jusqu’aux aurores suivantes. Progressivement, Vaklu et sa bande avaient rassemblé les vivres nécessaires au voyage des dragons. Face à leur vaisseau, Dana fumait tranquillement, observant les Krayt charger les affaires qu’on leur avait déposé devant la passerrelle. Jyxo semblait mener la poignée d’hommes restantes. Sur l’épaule de Dana, la sangle du fusil Verpine de Vika. Elle avait eu dû du mal à convaincre Vaklu de s’en délester. Il ne savait pas s’en servir, et il pourrait blesser quelqu’un. De plus, l’Inquisitrice avait un tout autre dessein pour cette arme d’exception et quand Kraya émergea de la structure d’acier noire, un châle élégant réchauffant ses épaules étroites, la Sith alla à sa rencontre et lui tendit le fusil.

- Pour Hélios, de la part de Dana. C’est le message que tu dois lui apporter.
- Tout ce chemin, pour un fusil, siffla-t-elle.

Un fusil pour tuer Akusha, souhaita-t-elle préciser.

- Il vous traitera bien, vous aurez de quoi recommencer une nouvelle vie, je m’en assurerai.

La pluie s’abattait sur elles depuis un ciel orageux et dans le lointain, la folle chevauchée du tonnerre résonnait, comme des milliers de cheveux lancés au galop, dont les crinières volantes zébraient les nuages d’éclairs puissants.

- A l’autre bout de la Galaxie, entre les mains d’un inconnu. Mais puisque c’est ce que nous demande notre cheffe. De toute manière, je maudis cette terre et ses habitants avec elle, déclara-t-elle en déviant sa figure pour cracher au sol et, fusil en main elle se hâta de regagner le ventre du vaisseau.

Le départ de l’engin concurrença l’orage. Il bourdonna dans l’air quand ses réacteurs le propulsèrent hors de la terre où il s’était à moitié ensevelie, brûlant une partie des hautes herbes, faisant fondre le sable, réduisant l’averse alentour à l’état de vapeur cristalline. Dana partit ensuite se réfugier dans la roulotte qu’on lui avait prêté et où elle avait dormi avec Lloyd Hope. Elle s’évertua à rassembler ses maigres affaires avec l’aide d’une Tih qui s’était invitée à l’intérieur également, curieuse et qui avait milles questions à lui poser sur Llo-ïd. Est-ce que c’était son amoureux pour de vrai ? Ils allaient se marier quand ? Et ses petites mains d’enfants pliaient maladroitement les rares vêtements de l’Inquisitrice qui ne pouvait s’empêcher de songer à ce qu’elle avait perdu des jours plus tôt. Quelques jours avant satunda, avant qu’un chauffer besalisk à la panse proéminente ne viennent l’emmener loin d’ici et le temps s’égrenait beaucoup trop vite en compagnie des Serpents.








La matinée de son départ, elle avait couru le long de la plage, pour sentir le vent frais et humide balayer son visage rougi par l’effort de sa course. Elle avait l’impression de revenir progressivement à la vie, comme si ces centaines d’heures passées n’avaient été qu’un long périple en Enfer dont elle avait en vain tenté de percer la sortie. Mais le timide soleil pâle de Jabiim se reflétait dans sa chevelure ondulée, perçant entre les couches nuagueuses. La forêt grandissait alors qu’elle s’en approchait. Bientôt, les arbres lui cachèrent la lumière diurne et elle entendait le clapotis des vaguelettes du lac s’échouer contre la rive forestière. Ses pas ralentirent à l’orée d’une clairière, là où, enfin, l’astre solaire acceptait de paraître à nouveau. Et l’un de ses rayons frappait un monticule de terre, surplombé d’une pierre plate. Dana se figea et essuya son front perlé de sueur. Inconsciemment, elle s’était dirigée vers ce sanctuaire. Elle refusait d’appeler ça une tombe.

Elle fronça les sourcils quand, en approchant, elle découvrit qu’on avait planté des dizaines d’hommages aux pieds du rocher sous lequel ses jumelles reposaient. Elle s’agenouillait, fit l’inventaire en silence de tous ces cadeaux, les larmes inondant ses yeux dorés. Une couronne de fleurs tressée gisait dans le sable à côté d’un petit bouquet d’herbes de Jaash, il y avait également des petites pièces mécaniques issus de motospeedeers, et la poupée était là également. Elle étouffa un sanglot puisqu’elle se rendait compte que Lloyd était venu. Et l’effigie reposait sur un magnifique collier auquel pendait une pierre de Safia. Et lové dans la chaleur du sable, un petit serpent albinos dormait tandis qu’autour de lui, dans la terre, de petites plantes surgissaient, prêtes à grandir. Elle ne sut si elle devait être heureuse ou voir dans cet acte de bonté, un écho morbide que les corps de ses filles servaient d’engrais. Elle se pencha et ses doigts effleurèrent la pierre réchauffée par le soleil.

- Maman s’en va, mais pas pour longtemps. Y’a une guerre à la con qu’il faut qu’elle gagne à tout prix. Ruth, Mercy et les autres prendront soin de vous et je vous promets, je reviendrai. Personne ne pourra plus jamais vous faire du mal.

Elle se mordit la lèvre avec violence et hoqueta un ultime aveu.

- Je vous aime.






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Dana se frottait les yeux d’un geste paresseux. Elle était à moitié affalée sur un bureau et un écran holographique reflétait sur son minois nacré des tonnes de données qui défilaient lentement. Les rapports de l’Inquisition s’enlisaient dans ses prunelles éteintes, que la luminosité holographique ne réussissait pas à raviver. Ses pensées vagabondaient, comme depuis des semaines. Mais ce jour-là était particulier. C’était le jour où Mumkin revenait sur le Melantha. Elle avait compté la moindre heure, la moindre minute, la moindre seconde, comme si elle avait été à bord, prête à retrouver le capitaine Hope. La réalité morose lui tordait les tripes, parce qu’elle était enfermée entre les nombreux murs du Grand Temple de Kaas City, à compiler des rapports inquisitoriaux pour dresser des listes de personne à arrêter. Arrivaient également des messages anonymes, de citoyens loyaux désireux de dénoncer des traîtres. Elle poussa un profond soupir qui souleva les mèches frondeuses retombées sur son visage avachi.

A travers les baies de la grande pièce ténébreuse où elle était consignée pour travailler, les cieux de Kaas City vibraient d’éclairs azurés qui figeaient les sommets des gratte-ciels noirs. Elle détacha à regret sa joue du bureau quand les portes de l’office s’ouvrir.

- Je t’ai apporté un thé, annonça la voix monotone de Runà. Et, tes médicaments. Ceux que le docteur Vega t’a prescrit pour que tu ailles mieux.

La porcelaine sombre tinta de manière désagréable à ses oreilles quand la miraluka posa sèchement la tasse à côté de son terminal holographique. Dans la soucoupe, deux petits cachets brillaient. Elle les avalait depuis des semaines. Runà contourna le bureau de son apprentie pour se planter devant elle. Sa robe claire soulignait une taille ravissante ; une taille que Hope avait eu entre les mains, des mois plus tôt.

- Alors, j’ai lu ton rapport sur Jabiim.

Il était temps.

- Vollen. Il semblerait que Vollen était un agent des services secrets impériaux. Des services secrets impériaux renégats, je tiens à préciser. Ce ne sera pas une grande perte. Les dégénérés de Ramken doivent…avoir Jabiim sous surveillance, c’est une porte d’entrée vers le territoire Hutt après tout.
- Ou une porte de sortie, grommela Dana.
- Lloyd Hope n’a donc pas pu s’empêcher d’accourir, le chien inquiet pour sa chienne qui met bas. Comme c’est…répugnant, sourit-elle avec une joie toute feinte. Tu ne l’as pas mentionné dans ton rapport.
- Pas besoin.
- Bien. Je devais donner une mission à Kedrod mais, il a été rappelé sur Korriban.Et il ne reste plus que toi pour ce travail de bas-étage.

Enfin, une mission. Elle commençait à désespérer de dépérir dans ces locaux lugubres.

- Il s’agit de trouver des traîtres, sur un vaisseau.
- Pitié, pas encore le Lightbreaker, j’vais tuer Iani Chaos de toutes mes forces.
- Le Melantha, claqua sèchement Runà en s’éloignant. Tu connais le principe, Dana. Un nouveau vaisseau, un nouveau commandant et la nécessité de s’assurer que le nouvel équipage fait clairement preuve de loyauté envers l’Empire Sith. Je rechignais vraiment à t’accorder cette….faveur, mais…tu es revenue plus tôt aux pieds de ton maître et je ne peux que te récompenser pour ta piété. Et bien, dis-moi merci.
- Merci, Maître.
- Parfait. Cependant, vu tes échecs répétés sur le Lightbreaker, nous allons privilégier une autre approche. Tu es aussi bruyante qu’un bantha, les traîtres doivent te voir arriver à des kilomètres à la ronde. Alors, il va falloir les approcher de manière plus subtile.
- Plus subtile ? se méfia-t-elle en se redressant sur son siège, aux aguets.
- Tout à fait, c’est pour cela que dès demain, le Melantha accueillira l’enseigne Dana Hickpens à son bord. Ton dossier est près. Tu débarques fraîchement du Lightbreaker sur lequel tu as fait tes premières classes. Oh et il est aussi dit que tu es un élément prometteur, et ambitieux.
- La bonne blague. A-t-on seulement le moindre début d’une moindre preuve concernant des traîtres à bord du Melantha, parce que bantha ou pas, sur le Lightbreaker…

Elle redoutait déjà la réaction de Lloyd Hope, pincé dans son orgueil de commandant qu’on ose questionner la loyauté de ses hommes.

- Les preuves sont là, c’est pour ça que ton dossier a été mis tout en haut de la pile chez le Major Arboghast pour que tu puisses travailler avec lui. Ce qui te donnera accès aux dossiers de chaque personne à bord, de les approcher pour des raisons valables, bref d’enquêter comme une Inquisitrice devrait le faire.
- Et qui est au courant ?
- Personne. Et ce serait bien que cela reste ainsi. Mille hommes, tu devrais pouvoir passer inaperçue, même pour le radar de Lloyd Hope. Je doute qu’il rencontre personnellement chacun de ses hommes d’équipage ou connaisse le tiers des noms et des visages.
- Et s’il le découvre quand même.
- Et bien, rétorqua froidement la miraluka, tu feras ce que tu sais faire de mieux avec lui, écarter tes jambes pour le divertir des véritables raisons de ta présence à bord. Je dois tout faire à ta place, même ça ?
- Non, grinça Dana. Pas la peine.
- Tu as ton uniforme, ton comlink avec une fréquence cryptée, et tout ce qu’il faut dans ta chambre. Essaie d’être convaincante, je supporterai pas un échec comme celui du Lightbreaker, pas en pleine guerre civile où la moindre faille interne peut être exploitée par l’ennemi. Ah et…(Elle revint vers le bureau, se pencha et pinça une mèche de cheveux écarlate entre le bout de ses doigts, un peu dégoûtée) Il va falloir faire quelque chose pour ça.








Dana courait dans les couloirs du temple, bousculant les rares droïdes protocolaire, dérapant parfois à un angle.

- Mumkin, tu me reçois ? soufflait-elle contre un comlink, essoufflée. MUUUUUUMKIN ! Eh, l’alien !
- Eh oh, quoi ? Quoi ? je suis là !
- Merde…

Elle était arrivée en catastrophe devant la porte de sa chambre et cherchait sa carte magnétique pour deverrouiller l’accès. Elle avait coincé le comlink sous sa joue.

- Mumkin ?!
- Non mais…je suis là j’ai dit !
- T’es arrivé sur Melantha ?
- Nan, pas encore, j’ai eu ahem…bon un pti contretemps.
- Rholala, Lloyd va t’écorcher, se moqua-t-elle.
- Me stress pas, steuplaît. Attends pourquoi t’appelles ?
- Faut que tu viennes sur Kaas, me chercher.
- Te chercher pour aller où ? Eh, je suis pas un taxi hein !
- La ferme. Pour aller sur Melantha, concéda-t-elle en réussissant enfin à ouvrir les portes de sa minuscules chambre dans laquelle elle déboula. Elle avisa l’uniforme plié sur son lit, et se dépêcha d’ouvrir une armoire.
- Tout ça pour CA !
- Grouille-toi, on doit y être ce soir, cette nuit.
- Ben ouais, tu sais même pas où je me trouve et indice : c’pas la porte à côté de Dromund Kaas.
- Bidouille l’hyperdrive, démerde-toi pour aller plus vite. J’crois que Melantha est dans le secteur.
- Tu crois ?
- Nan, j’en suis sûre.

C’étaient les données qu’elle lisait à moitié sur son datapad. Elle avait mis la main sur une paire de ciseaux laser et une boîte de décolorant chimique puis elle s’était précipitée devant sa coiffeuse. Le comlink manqua de lui échapper. Elle s’admira dans le miroir, sembla mesurer la quantité à couper, la longueur qui serait appréciable.

- Bon, j’peux être là dans….trois heures, à l’astroport.
- Avec ou sans contretemps ?
- Nan, nan sans contretemps.
- Super, tu sais que je te paierai plus.
- Hein ?
- Je te paierai plus que Lloyd te paie en échange d’un « patronne ».
- Tu veux vraiment que j’me fasse tuer hein ?
- Trois heures, dit-elle et elle coupa la liaison avant de prendre une grande inspiration.














- Qu’est-ce qu’ils me font chier avec ces histoires de matricule.
- Sans-Visage, vous êtes encore en ligne, annonça la voix d’un soldat.
- Oh merde, jura Mumkin.

Assise sur la banquette derrière lui, dans le cockpit familier du Sans-Visage, Dana leva les yeux au plafond. Après une énième vérification des codes, des identités – enfin de celle du dévaronien, une baie d’atterrissage s’ouvrit dans les entrailles gigantesques du Melantha. Shar avait pris le temps d’admirer la frégate ; la femme d’acier et de plasma que Lloyd Hope aimait comme un fou. Elle trouvait que ce n’était qu’une bulle de métal de plus, qui voguait dans l’espace meurtrier. Une bulle un peu plus grande que la coquille de noix qu’était le Sans-Visage, mais une bulle fragile quand même. Elle avait combattu son appréhension. Un vaisseau ou l’autre, quelle différence ? Mumkin ralluma les comm’

- Ah euh au fait, fit-il alors qu’il se concentrait pour atterrir, une petite grimace de douleur déformant ses traits. Il n’était pas complètement rétabli. Faudrait quelqu’un pour récupérer une dame.
- Je vous demande pardon ?
- Ben, elle dit que c’pour le capitaine Hope, moi je sais pas, je vois rien, je dis rien.
- Vous auriez dû nous annoncer la présence d’un passager plus tôt, Sans-Visage. Le Melantha n’est pas un moulin, il y a des protocoles de sécurité et…

Le pilote arrêta la communication au nez du type.

- Blablabla. Bon ben, bonne chance hein, dit-il quand le vaisseau s’immobilisa, que les réacteurs se turent et que Dana partait déjà.









Un jeune officier avait couru comme un dératé vers la passerelle du Sans-Visage devant laquelle Dana attendait, vêtue de sa bure sombre dont elle avait rabattu le large capuchon sur sa tête. On ne distinguait que son petit menton, ses lèvres maquillées de rouge et sa petite cicatrice pâle.

- Madame, il va falloir faire demi-tour, en fait c’est un malentendu.
- Et vous êtes qui ?
- L’enseigne Pyke, aide de camp du Lieutenant Utuzz, c’est moi qui suis chargé d’accueillir euhm, les invités civils à bord mais…j’ai pas de trace d’une arrivée prochaine dans mes registres, donc il va falloir partir.
- Ah, parce que vous pensez que le Capitaine Hope va demander une entrée dans votre registre pour : « Prostituée d’un soir, cinq milles crédits » .

La figure aux joues rondes du militaire se décomposa soudainement et sa peau blême se teinta d’un embarras écarlate. Il se mit à balbutier quelque chose, tentant un regard vers la passerelle où Mumkin se tenait épaulé au chambran, mâchonnant de l’herbe de jaash.

- D’ailleurs, je viens dans le vaisseau privé du Capitaine, avec son pilote privé. Ca signifie beaucoup non ?
- C’est que
- Oh, il tombe de haut dans votre estime. Il ne faut pas, je le connais bien, c’est un client régulier.

Mumkin pouffa un rire qu’il eût du mal à ravaler.

- C’est un Sith, poursuivit-elle, imperturbable. Il a ses caprices, vous vous en rendrez bien vite compte.
- Euh, est-ce que je dois prévenir le lieutenant Utuzz ou le major Aborghast parce que là…
- Non, déclara-t-elle. Il suffit juste de me mener à la cabine du Capitaine, je l’attendrai là. Bien sûr, cela reste entre nous, vous ne voudriez pas que le Capitaine Hope vous arrache le cœur et procède à des rituels Sith pour maudire votre âme sur des millénaires ?

D’un pas raide, l’enseigne Pyke invita Dana à le suivre, rigide comme un automate ou comme un condamné allait au trépas. Dire qu’il n’avait même pas osé demander son identité, trop empêtré dans la gêne, dans une imagination qui s’emmêlait les pinceaux et la dame semblait intimidante. Tout le long du trajet, les soldats jetèrent d’étranges regards au duo ce qui enlisait l’enseigne dans la honte et l’embarras. Il accéléra donc le pas, obligeant Shar à faire de plus grandes enjambées pour qu’il ne la sème pas. Ses talons hauts cognaient le revêtement brillant du Melantha, résonnait dans les coursives.


Pour des raisons de sécurité, Pyke était accrédité et assermenté. Il possédait le pass des cabines du vaisseau, afin de pouvoir les déverrouiller au moment des entretiens. Chaque cabine comportait, de toute façon, des compartiments sécurisés auxquels seuls les propriétaires légitimes avaient accès et où étaient stockées les denrées précieuses ou compromettantes. D’une main tremblante, il enclencha l’ouverture des appartements privés du commandant et se résigna à laisser l’ombre féminine y entrer. Puis, quand les portes se refermèrent, il ne sut que faire.


Le système d’éclairage détecta la présence de l’Inquisitrice et les néons de la cabine illuminèrent l’environnement. Elle découvrit un espace de vie plus grand que celui du Sans-Visage ou de la roulotte de Jabiim, étiré en longueur, mais tout aussi impersonnel et hopien. Le bout de ses doigts courut le long d’une console alors qu’elle égarait ses pensées sur ce qu’était le quotidien du Capitaine et elle repensa absurdement à l’avertissement de Mumkin. Pourrait-il trouver une autre compagnie, ici, dans cette bulle.

Elle avait décidé de prendre les devants, de le distraire, de planter le décor d’un mensonge de plus. Elle pourrait mener une double vie, être Dana Hickpens le jour, Dana Shar la nuit dans l’intimité de cette cabine. Ou alors, tout foirerait. C’était même le plus probable.



















- Capitaine ?

Pyke se présenta dans le bureau du commandant, dont la baie donnait en partie sur le pont de commandement et en partie sur l’espace. Le jeune sous-officier s’était incrusté à la hâte, tout blême, entre deux réunions importantes, profitant que les allées et venues de l’équipe de commandement cesse pour oser se présenter à son supérieur. Dès que Lloyd leva les yeux sur lui, il se raidit dans un salut impeccable :

- Enseigne Pyke, Capitaine. Je viens vous prévenir que…

Soudainement, il se ratatina et observa les alentours pour être certain que personne ne les entendrait.

- Il y a une prostituée dans votre cabine. Je…en fait, je dois vous demander combien de temps elle restera pour. Pour le protocole, les registres…je risque de me faire lyncher par le lieutenant Utuzz, mais je me disais que vu que c’était une affaire privée. S’ilvousplaîtnem’arrachezpaslecoeur.
















- Mumkin, tu m’entends ?
- Quoi, encore ?!
- Je reviens sur le Sans-Visage.
- Hein ? Déjà ?!
- Non, mais c’était pas une bonne idée, dépêche-toi d’ouvrir la passerelle avant que quelqu’un m’arrête.

Elle pressa le pas, retourna à la baie du Sans-Visage, traversa les quais comme un fantôme noyée dans l’activité quotidienne. Mumkin l’attendait sur la passerelle, le comlink toujours en main, un air consterné sur la figure. Dès qu’elle grimpa, il enclencha la fermeture du vaisseau et elle retira sa bure, agacée. Le kimono rouge se dévoila bien vite sur ses courbes voluptueuses et le dévaronien crut se décrocher la mâchoire. Il avait déjà eu un choc quand il l'avait admiré des heures plus tôt à l'astroport, le visage réhaussé par une coupe au carré courte et des cheveux redevenus ténébreux.

- Ah ouais, tu comptais lui déballer la totale là.
- Ta gueule. Et je suis pas là okay.
- Bah ça, tu crois quand même pas qu’il va pas venir regarder ici ?
- Ben empêche-le.
- Tu veux vraiment ma mort, Excellencité Dana Shar. Mouais, j’vais voir ce que je peux faire.

C’est-à-dire pas grand-chose.

- J’dois être prête pour l’appel des nouvelles recrues sur le pont demain.
- Tes affaires sont dans la cabine du capitaine, puisque visiblement, c’toi la patronne, marmonna-t-il avec ironie avant de se diriger vers la coquerie.








CSS par Gaelle



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L’Eveil de Melantha


- Elle était… Elle était… Féminine.





Le hapien toisa l’enseigne Pyke un long moment, ahuri.

Le bureau du commandant était disposé à proximité du pont de commandement pour lui permettre d’y accéder rapidement en cas d’urgence. C’était aussi l’une des rares pièces à disposer d’un grand hublot qui, à l’heure présente, s’ouvrait dans le dos du capitaine pour dévoiler un morceau de surface planétaire sombre : Dromund Kaas. Le bureau quant à lui contenait nombre d’écrans suspendus et de deux tables : l’une était un espace de réunion où il pouvait rassembler de petites équipes et l’autre était le bureau central, sur lequel il compulsait ses rapports jusqu’à ce que l’enseigne Pyke se ratatinât devant lui. Si l’on omettait la clarté projetée par le hublot à cause de la planète, l’atmosphère était plutôt sombre, à la limite du lugubre, mais Lloyd travaillait mieux dans ces conditions, sans se rendre compte que cela ajoutait aux rumeurs sur le fait que le commandant était un Sith, et qu’éventuellement il arracherait le cœur des hommes dont il serait mécontent.

- Une. Prostituée.
- Ahem…
- Est-ce que vous êtes en train de me dire que vous avez introduit quelqu’un dans ma cabine personnelle, comme ça, sans mon autorisation ?
- Heu… C’est-à-dire… C’est-à-dire que…

L’enseigne Pyke avait rougi jusqu’aux oreilles, qu’il avait petites et rondes comme ses joues. Sa casquette d’officier s’enfonçait sur son crâne jusqu’à ses sourcils.

- Mon capitaine j’ai vraiment cru que c’était une commande de votre part et que la discrétion était requise et que…
- Son nom ?
- Son nom ?
- Oui, son nom. Comment elle s’appelle ?
- Ben je sais pas, mon capitaine.
- Donc vous avez introduit quelqu’un dans ma cabine personnelle comme ça sans mon autorisation et sans même vérifier son identité ?

Silence. Soudain Lloyd lâcha le datapad qu’il tenait entre ses mains et qui s’écrasa avec un claquement sec contre son bureau. Il se leva d’un geste brusque, les yeux furieux, et Pyke recula de plusieurs pas, les yeux écarquillés.

- Non-non-non-non-attendez-je-peux-réparer-ça-je-p…
- Fermez-la et suivez-moi, aboya le hapien, et il quitta le bureau d’un pas rigide et pressé.

L’enseigne se mit à courir derrière lui. Il jeta des regards désespérés à ceux qu’ils croisaient. Des regards de condamné qui cherchait à être sauvé, mais tout le monde l’ignora soigneusement. Les coursives illuminées les engloutirent dans les entrailles de Melantha.








- Personne. Enseigne Pyke !

Le hapien venait de faire le tour de sa cabine, d’ouvrir les contenants, visiter la salle d’eau, il avait même ouvert tous les tiroirs, vérifié que l’ordinateur du bureau était éteint : il n’y avait personne, et nulle trace d’intrusion.

- Oui ? couina l’enseigne.

Pyke se tenait à l’entrée, et il tripotait sa casquette entre ses doigts en déglutissant. Lloyd revint se planter devant lui, rouge de colère.

- JE VOUS LE DEMANDE UNE DERNIERE FOIS. ELLE ETAIT COMMENT.
- Elle était… Elle était… Féminine, et elle parlait autoritairement, et…
- Rousse ?
- N… Je crois qu’elle était brune avec un petit carré mais je sais pas je sais plus si j’ai vu ses cheveux, elle avait une capuche noire et…
- Son visage, des signes particuliers ?
- Ben j’ai pas tellement vu son visage non plus…
- MAIS PUTAIN VOUS AVEZ FAIT RENTRER QUELQU’UN DANS MA CABINE SANS PAPIER ET EN FERMANT LES YEUX OU QUOI ?! ON VOUS L’A APPRIS OU VOTRE METIER ????!!
- A l’Académie Militaire de…
- MAIS JE M’EN FOUS C’ETAIT UNE QUESTION RETHORIQUE IMBECILE !

Pyke sembla se ratatiner plus encore, les yeux baissés vers la pointe de ses chaussures tandis que Lloyd, s’était mis à passer les mains derrière tous les meubles où il arrivait à le faire, pour vérifier qu’on n’avait pas caché un micro ou quoi que ce fut.

- Toutes mes excuses mon capitaine, balbutia Pyke, soulagé qu’au moins le capitaine ne s’occupât pas de lui physiquement, mais comme ça venait de votre vaisseau privé…

Lloyd se releva brusquement après avoir vérifié sous un bureau.

- Quoi ? Mon vaisseau… Le Sans Visage ?
- Oui, il est arrivé tout à l’heure et…

La fureur s’effaça du regard de Lloyd aussi vite qu’elle était arrivée.

- Le Sans Visage a accosté et vous ne m’avez pas prévenu ?
- Ah mais je l’aurais mis dans vos alertes personnelles tout de suite après…
- Après avoir introduit une prostituée ?
- Ou… Oui…
- Et donc la dame venait du vaisseau ?
- Oui.
- Bon.
- Bon ?
- Enseigne Pyke.

Lloyd le toisa froidement.

- On reparlera de tout ça plus tard. Tirez-vous de ma vue avant que l’envie de vous arracher les yeux me revienne.
- Oui, mon capitaine !

Pyke disparut en un claquement de doigts.








BAM BAM BAM.

- MUM ! Ouvre ! C’est moi.

Silence. C’était la deuxième fois que le hapien toquait et il trouvait étrange, de toute façon, que la passerelle du Sans Visage soit fermée alors que le dévaronien aurait dû être en train de faire le plein de carburant et faire les maintenances habituelles au débarquement. Comme seul le silence lui répondait, il actionna le levier d’ouverture et aussitôt la passerelle s’ouvrit lentement avec son habituel « pschiiit » grinçant. Passerelle déverrouillée et Mumkin qui ne répondait pas ? Bizarre.

La première chose qu’il vit fut la tâche de sang sur la passerelle lorsque celle-ci toucha le sol. Soudain plein d’appréhension, il grimpa à bord, la main posée sur son sabre laser à sa ceinture.

- Mumkin ? Dana ?

Le cockpit était vide. Un reste de bâton de sucre mâchouillé posé sur le tableau de bord indiquait que le dévaronien avait bien été là récemment. Lloyd se hâta vers l’arrière du vaisseau. Sa cabine : vide. La cabine invitée : vide. La coquerie : vide. Il grogna, appela une nouvelle fois avant de déverrouiller la soute et d’y allumer les lumières : rien d’autre que quelques caisses et un congélateur. Il éteignit et accourut vers la trappe de la coursive, qu’il ouvrit la hâte avant de se glisser le long de l’échelle. Il se retrouva à quatre pattes à voir les diodes familières des machines du Sans Visage qui le saluaient de leurs clignotements habituels : personne non plus.
En dernier recours, en remontant dans la coursive, il extirpa son comlink de sa veste.

- Mumkin ? Mumkin tu me reçois ?

Il y eut un grésillement qui lui parvint du cockpit, puis : …kin ? Mumkin tu me reçois ?

- Mais quel con.

Le hapien retourna à l’entrée du Sans Visage, les yeux en alerte, et son regard se posa sur la tâche de sang. Il s’accroupit lentement, jeta un regard aux alentours : à l’extérieur, une équipe de techniciens passa à la hâte pour acheminer un wagon de matériel, sans le voir. Alors Lloyd prit une inspiration, et il ramena le comlink à ses lèvres après avoir manipulé la fréquence.

- Pyke.
- … Oui ?
- Déclenchez l’alerte intrusion immédiatement.
- Reçu, mon capitaine.












A TOUTES LES UNITES : ALERTE INTRUSION. CECI N’EST PAS UN EXERCICE. UN OU PLUSIEURS INDIVIDUS NON IDENTIFIES SE SONT INTRODUITS A BORD. VEUILLEZ SUIVRE LE PROTOCOLE DE SECURITE 46-8. A TOUTES LES UNITES…

Des lumières oranges s’étaient mises à pulser dans les coursives, et chaque homme sur Melantha courait à son poste pour le protocole 46-8 : certains rejoignaient des zones de confinement tandis que les barrages de sécurité se mettaient en place dans les corridors. Des soldats armés de blasters lourds encadraient des droïdes qui répétaient inlassablement : Scannez votre badge identifiant. Individu autorisé. Personne suivante. Scannez votre badge identifiant. Individu autorisé. Personne suivante…

Lloyd avait couru pour rejoindre l’ascenseur le plus proche, puis on l’avait laissé passer prioritairement aux barrages de sécurité. Lorsqu’il parvint au pont de commandement, toute l’équipe était réunie, et le lieutenant Narih lui sauta presque dessus quand il posa le pied sur la plateforme, essoufflé.

- Moncapitainetouslesofficiersdegardesontréunisdanslacelluledecrisenuméroquatre
lensembledubâtimentestquadrilléparlesbarragesduprotocole46-8etlespremiersrapports devraientnousparvenir…

- Plus lentement lieutenant je comprends rien.
- Un problème, commandant ?

Le hapien se raidit en entendant la voix provenir dans son dos. Le major Arboghast était la seule personne à bord qui ne lui donnait pas du mon capitaine, pour la simple et bonne raison qu’il était d’un grade supérieur au sien. Lloyd se retourna. Autour d’eux, le pont de commandement était illuminé, et les lumières oranges ne pulsaient qu’en contrebas, à leurs pieds, pour ne pas gêner la vision sur les moniteurs de ceux qui occupaient la plateforme.

- Une intrusion… Ah, en lien avec votre vaisseau personnel, c’est ça ? je vous avais dit qu’autoriser ce pilote non membre de la Marine créerait une faille dans nos protocoles de sécurité et…
- Il est trop tard pour les hypothèses, Major Arboghast, le coupa Lloyd, le regard glacial. Et par ailleurs je me suis déjà porté garant de cet individu. Il s’agit de quelqu’un d’autre, qui a utilisé mon pilote contre moi.

Toujours la même histoire. On utilisait Dana Shar pour l’atteindre, comme une vieille rengaine désagréable.

- Oh, je vois. Bon, hé bien cela me fera l’occasion de faire mon premier rapport à l’Etat Major sur les compétences de l’équipe de commandement en situation opérationnelle…
- C’est ça, faites donc, grogna Lloyd.

Le Major Arboghast servit un petit sourire à l’attention du lieutenant Narih, comme pour dire, « ne vous inquiétez pas, vous je vous aime bien », et il tourna les talons, laissant le hapien en compagnie des autres officiers. Le lieutenant Utuzz profita du silence pour prendre la parole.

- L’accès aux canons à ions et aux générateurs a été intégralement verrouillé. Pas de risque non plus côté intrusion informatique a priori, l’enseigne Krosh a déployé ses analystes cybersécurité qui sont en train de compulser toutes les connexions suspectes au réseau et les neutraliser.
- Parfait.
- Quant à moi, reprit la jeune cheffe des opérations, j’ai envoyé une équipe médicale collecter le sang sur la passerelle afin de l’identifier le plus rapidement possible, au moins pour voir s’il s’agit de sang dévaronien auquel cas cela confirmerait la piste de votre pilote ayant été pris en otage par un individu non identifié. Par ailleurs votre cabine est en train d’être passée au peigne fin pour vérifier qu’aucun dispositif malveillant n’y ait été déposé…

Le hapien haussa les sourcils.

- C’était vraiment nécessaire, ça ?

Le lieutenant Narih releva le visage, son nez et son menton volontaire semblant défier le capitaine.

- Mon capitaine, ceci est la première opération que j’encadre officiellement à bord de Melantha, annonça-t-elle solennellement. J'ai donc bien l'intention de ne rien laisser à la chance.

Elle claqua des talons avec une fierté qui laissa Lloyd pantois. Puis elle sembla se détendre un peu et afficha un sourire contrit.

- Enfin, si on oublie la prise d’otages où vous avez eu l’insolence de vous en sortir tout seul, mon capitaine.










Pendant ce temps, à l’infirmerie du troisième pont inférieur, une jeune femme en combinaison médicale éteignit l’alarme qui résonnait dans une petite cellule blanche. Elle accrocha un petit sourire poli à ses lèvres de zabrak à la peau orange, et s’approcha d’un dévaronien étendu sur une couchette. Celui-ci lui rendit son sourire, un peu gêné.

- Vous avez encore mal ?
- Ben, non, ça va mieux, quand j’ai vu le sang, je vous jure, ça m’a pris des vertiges. C’est bête de ma part d’être tombé comme ça.
- Oh, ça arrive. Vous avez trop dû tirer sur la corde, votre blessure nécessiterait un peu de repos supplémentaire, et vous avez dû y aller un peu brusquement pour rouvrir ces points de suture, monsieur…
- Mumkin. Je suis le pilote privé du Commandant.
- Oooh, fit la jeune femme avec l’air impressionné que le dévaronien semblait attendre.
- Oui, et cette blessure, là, je l’ai eue parce que je lui ai sauvé la vie. Un tir de verpine le visait en plein cœur et lui et moi, après toutes les aventures qu’on a vécu, c’est particulier, alors je me suis jeté sur lui pour le dégager et… Bim, dans l’épaule.
- Ah la la, il a bien de la chance de vous avoir.
- Tout à fait. Enfin, non, je veux dire, j’ai fait que mon droit… Non mon devoir, c’est ça, j’ai fait que mon devoir.
- Han-han, acquiesça la jeune femme en se penchant sur lui pour vérifier l’état de la blessure en question.
- Il se passe quoi ?
- Oh, une alerte intrusion. Le centre médical est fermé, nous sommes isolés du reste du vaisseau pour quelques temps. Ne vous inquiétez pas, tout rentrera dans l’ordre très bientôt.
- Oh, d’accord.

Il y eut un silence, pendant lequel la zabrak humidifia une compresse, qu’elle vint appliquer sur l’arrière du crâne de Mumkin, où une bosse s’était formée.

- Je vous ai raconté la fois où je l’ai sauvé d’un camp en flammes ?



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L’Eveil de Melantha

Euh…y’a pas de Major avec ce nom là sur le Melantha








La sirène rugissait péniblement à ses oreilles et les diodes d’alarme s’étalaient le long d’une des coursives du troisième pont inférieur. Dana maudissait le pilote et se frottait les mains aux paumes rougies d’un sang coupable. Elle avait tenté de le réanimer quand il s’était bêtement blessé, puis évanoui et avait fini par demander aux techniciens, du pont, en catastrophe de l’aider à le conduire à l’infirmerie. Heureusement, l’incident était arrivé après qu’elle s’était dévêtue de son kimono de soie écarlate, pour enfiler un T-shirt de l’armée impérial – trop large puisqu’il ne lui appartenait pas, et son short, dans l’espoir absurde de se reposer avant d’être sur le pont quelques heures plus tard. Mais ça, c’était dans un monde sans Mumkin, évidemment.

- Quelle poisse.
- Halte, tonna-t-on devant elle dans un cliquetis d’artillerie familier.

L’embranchement qui menait aux autres ponts, donc à la baie où était amarré le Sans-Visage, était verrouillé par un barrage de sécurité. Dix soldats, accompagnés de deux droïdes de combat la fixaient d’un œil sévère. Elle plaqua ses mains le long de son corps pour dissimuler les traces de sang et tenta de feindre son air le plus naturel.

- Décline ton identité soldat, tu débarques ou quoi ? Y’a un protocole 46-8, grogna ce qui semblait être le « chef » du petit groupe dont les armures légères captaient la lueur des diodes d’urgence. Pourquoi t’es pas à ton poste ?
- BAH, j’aimerais y aller à mon poste, fit-elle, mais vous barrez le passage.
- La bonne blague, aller, ton identité soldat. Nom, matricule. On a pas toute la journée.
- Enseigne, corrigea-t-elle alors qu’il commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Enseigne Dana Hickpens, matricule 2331-40-9.

Elle avait eu le temps de mémoriser son matricule par cœur durant le trajet qui l’avait mené de Dromund Kaas à la frégate. Cette précaution à part, elle avait la désagréable sensation de ne pas être suffisamment préparée à cette mission. Ses services dans l’armée remontaient à quelques années maintenant, et si certains réflexes militaires avaient la vie dure, on parlait de l’armée impériale, pas de la Marine dont elle ignorait encore tout des codes.

Le militaire entra les données fournies par la suspecte dans un datapad à la coque renforcée, spécialement conçu pour tenir le coup sur les opérations de terrain. La base de donnée ne tarda pas à lui confirmer l’existence officielle d’une Dana Hickpens, enseigne au matricule 2331409 et l’holographie qui illustrait la fiche d’identité correspondait parfaitement au minois féminin qui leur tenait tête. Il rangea l’appareil et amorça un salut en règle aussitôt suivi de ses compagnons d’armes.

- Enseigne Hickpens, pardon. Mais les ordres du capitaine…

Elle rendit le salut de manière tout aussi impeccable bien qu’elle se sentit ridicule.

- Parfait, soldat ?
- Caporal. Caporal Joras, annonça-t-il. Mais j’peux pas vous laisser passer, Enseigne Hickpens. Le vaisseau est verrouillé suite au protocole 46-8. Nous attendons que le capitaine lève le protocole ou bien que l’intrus ou les intrus soient neutralisés.
- Bon…

Une seule solution demeurait.

- Appelez le Major Ardodase.
- Euh…y’a pas de Major avec ce nom là sur le Melantha, déclara le Caporal en plissant les yeux vers elle.
- Rha, s’agaça-t-elle. Le Major.
- Major.
- Oui, c’est ça. Le Major avec un nom à la con super compliqué.

Mais Joras ne l’écoutait déjà plus et s’était raidi d’un garde à vous protocolaire comme le reste de son équipe. Dans le dos de l’Inquisitrice, Arboghast était apparu dans son armure légère noire, contrastant avec les autres uniformes puisqu’elle avait les codes de l’armée impériale. Dana comprit, avec un temps de latence, et se retourna lentement avant de saluer à son tour Valor Arboghast dont le visage parfait la scrutait avec une sévérité qui lui glaça les sangs.

- C’est pas ce que je voulais dire…souffla-t-elle.
- Vous ne vouliez pas dire quoi, Enseigne. A la con ou super compliqué ? (Il marqua une pause et s’adressa aux soldats) Repos soldats.

Ils se détendirent avec un soulagement non feint. Sur ce vaisseau, on craignait le capitaine Hope pour sa nature Sith qui traînait dans son sillage de fameuses légendes noires et terrifiantes. Mais en deuxième position, Arboghast talonnait lugubrement le commandant du Melantha.








Le bureau du Major était à l’image de sa personne : sombre, épuré, impeccablement rangé et soigné. Pas un gramme de poussière n’entachait le mobilier sobre ou la décoration sommaire. Contrairement à Lloyd Hope, la tanière de Valor ne donnait pas de vue sur le pont de commandement, il n’avait pas ce privilège, mais elle n’en était pas loin et un immense hublot offrait le luxe d’une vue sur l’espace. Un espace dans lequel Dana Shar aurait bien aimé se jeter, là, tout de suite. Il avait allumé l’un de ses nombreux datapads, coupé l’alarme dans la petite pièce et s’intéressait au dossier de sa nouvelle Enseigne.

- Vous deviez vous présenter avec le reste des recrues, c’est-à-dire dans...quatre heures et trente-trois minutes exactement.
- Je…j’ai aidé à transporter un blessé à l’infirmerie, débuta-t-elle tandis qu’elle s’entêtait à contempler la vue sur le vide, plutôt que d’affronter le regard glacial du Major.
- Un blessé ?
- Oui…alors en fait, je débarquais avec d’autres recrues, j’allais prendre mes quartiers attendre sagement quelques heures mais…y’a eu ce pauvre type, un alien, sur un vaisseau miteux là dans la baie il avait du sang partout. Il m’a dit qu’il était tombé puis il est tombé encore, mais dans les pommes quoi. Un bête accident.

Pour un bête Mumkin, pensa-t-elle en se pinçant les lèvres, une expression de stupeur figée sur le visage.

Et pour appuyer ses dires, elle leva ses mains en l’air pour lui présenter les traces de sang séché. Les yeux clairs du Major s’étrécirent et il adopta une moue contrariée.

- Vous parlez d’un vaisseau hors catégorie militaire, un vaisseau civil.
- Oui.
- Où est-il désormais cet…alien ?
- A l’infirmerie du troisième pont inférieur, je pense.

Valor leva un index pour ponctuer l’information, laissant leur entretien en suspens par ce geste autoritaire et activa la console de comm’ présente sur son bureau.

- Commandant, si vous me recevez, nous gaspillons des ressources et du temps, alors que votre « ami » se prélasse à l’infirmerie du troisième pont inférieur suite à un stupide accident. Soyez certain, que ce sera bien rapporté.

Il coupa la liaison et ses prunelles à la glace ardente transpercèrent Dana Hickpens avec intérêt, presque déplacé si elle prenait en compte la sensation d’être déshabillée du regard.

- Votre uniforme n’est pas réglementaire, constata-t-il sèchement.
- Alors je…
- Enseigne Hickpens, la coupa-t-il sans ménagement, Vous allez me représenter sur cette frégate, être sous mes ordres directs et me seconder dans la plupart de mes tâches. J’attends de vous une image impeccable.
- Euh, oui, Major, concéda-t-elle en serrant les dents.
- Vous vous maquillez.

Ca aussi, il l’avait remarqué et elle pariait qu’il allait lui servir la même soupe que ses supérieurs précédents du temps où elle servait sous les drapeaux impériaux. Elle contracta ses poings, prête à encaisser les reproches à ce sujet.

- Oui.
- Alors, maquillez-vous davantage. Pour cacher les traces que vous avez au visage.
- Pardon ? s’étrangla-t-elle, à la fois de stupeur et d’indignation.
- J’ai dit, une image impeccable. Alors, camouflez-moi ces imperfections, surtout en ma présence, c’est un ordre.

Ce connard l’avait reluqué juste pour lui jeter à la figure qu’elle était imparfaite. Elle avait senti ses entrailles se tordre d’une rage sourde et douloureuse, parce qu’elle n’arrivait pas à digérer cette humiliation qui mettait en pièce son estime de soi.

- Une fois que la situation serait rétabli, vous regagnerez vos quartiers et je vous attendrai sur le pont de commandement, à l’heure prévue. Vous semblez contrariée, Enseigne Hickpens. Une protestation peut-être ?
- Non, réussit-elle à articuler avec difficulté tant elle se faisait violence pour mentir.







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L’Eveil de Melantha


- Comme vous voudrez, mon capitaine, gazouilla Narih.







- … et c’est là que je suis remonté avec le vaisseau pour soulever le terentatek, le nexu, le capitaine et la princesse, et je les ai trimballés au milieu de la tempête de neige. Si j’avais pas été là encore une fois, bon je reste modeste mais en même temps bah faut le dire, tout le monde y serait passé !
- Ooooh, acquiesça la jeune zabrak, qui s’était assise au bord de la couchette du dévaronien, attentive.

Elle avait posé son menton dans sa main, son coude reposant sur l’un de ses genoux comme elle tuait tranquillement le temps en attendant la fin du protocole. La cellule médicale était claire et blanche ; comme tout à bord de Melantha, qui venait à peine d’être assemblée, le matériel de l’infirmerie était rutilant : le métal des ustensiles brillait, les linges étaient d’un blanc immaculé, et les néons tout neufs projetaient une lumière blanche qui mettait en évidence le nez crochu de Mumkin.

- Oui puis j’ai bien vu à ce moment-là comment la princesse elle m’a regardé, ha ha ! Mais bon, j’ai rien fait, hein, le capitaine il aurait été jaloux que j’ai une touche avec une si belle princesse alors que lui même pas elle le regardait…
- MUMKIN !!

Lloyd entra dans la petite pièce comme une tornade, le visage rouge, et en l’apercevant, la zabrak bondit sur ses pieds et se mit au garde-à-vous.

- Dégagez de là, vous !
- Oui mon capitaine ! glapit la jeune femme en déguerpissant sans demander son reste.
- Hé ! Pourquoi tu la vires comme ça, t’es vraiment pas un gentlemAÏE !

Le hapien venait d’attraper Mumkin par le col et de l’attirer vers lui pour que le dévaronien se redressât sur la couchette.

- QU’EST-CE QUE TU FOUS LA ?!
- Hé ! Doucement d’abord, j’me suis blessé et j’ai encore mal à mon épaule !
- Qu’est-ce. Que. Tu. Fous. A. L’Infirmerie alors que le Sans Visage est ouvert ?! Avec trois putains de jours de retard !!
- Oh, elle l’a… J’veux dire, j’ai dû oublier de fermer, ah, je suis tombé en fait, c’pour ça, j’te racont’rais bien mais là tu m’fais mal et…
- Dana était avec toi ?
- Heu… Non-non.

Lloyd cligna des yeux, la colère de son visage sembla se dissiper un peu, mais pour laisser place à quelque chose de plus froid.

- Comment ça, non ?! Tu l’as laissée sur Jabiim ?
- Ah mais non, elle est partie le lendemain que t’es parti !

Aussitôt Mumkin leva ses deux mains paumes ouvertes.

- Elle m’a menacé ! s’exclama-t-il. C’pas ma faute !

Le hapien lâcha subitement le dévaronien, interloqué. Il le contempla un moment pendant que Mumkin se rallongeait.

- Mais alors, c’est qui la femme que t’as débarquée ?
- Hein ? Mais j’ai débarqué personne, moi, fit le dévaronien en détournant le regard, faisant mine soudain de s’intéresser aux petits écrans à côté de lui.

Lloyd laissa échapper un soupir en croisant les bras.

- Mumkin.

Dans sa voix pointait un avertissement. Le pilote finit par couler un regard coupable vers le hapien.









Quand Lloyd marcha de nouveau sur le pont de commandement, le protocole 46-8 venait d’être levé, et la vie sur Melantha reprenait son cours. Le hapien en uniforme passa devant un nuage d’enseignes qui se hâtaient entre les moniteurs pour prendre la relève de leurs camarades et de l’équipe de commandement, il ne subsistait plus sur la plateforme que le lieutenant Narih, qui contemplait l’espace à travers la baie, poings sur les hanches. A l’arrivée du capitaine, elle lui adressa une moue déçue.

- Pas d’intrus, alors ?

Le hapien eut un signe négatif de la tête.

- Désolé pour votre première opération.
- C’était un bon entraînement. On va pouvoir faire un petit débriefing à chaud avec les équipes pour voir si on a été suffisamment rapides. Mais quand même, qui est entré dans votre cabine, alors ? Pyke n’a pas pu rêver.
- Non, mon pilote m’a fait une mauvaise blague, c’est tout.
- C’était pas votre pilote, dans votre cabine.

Lloyd croisa les bras en la toisant, l’air grognon.

- Non, je sais bien que c’était pas mon pilote dans la cabine. Ils étaient deux, ils m’ont fait une blague, avec une officier. Une blague de très mauvais goût que j’aimerais autant oublier.
- Quoi ?! Mais il faut sanctionner immédiatement ! s’insurgea l’humaine.
- Oh, je la sanctionnerai quand je mettrai la main dessus, ne vous en faites pas, grinça-t-il. J’en fais mon affaire, de ces deux-là.
- Comme vous voudrez, répondit-elle en haussant les épaules.
- Arboghast est repassé ?
- Non. Il doit accueillir des nouvelles recrues. Il y a un embarquement d’un régiment, cette nuit. C’était mentionné dans les rapports.
- Ah, oui.

Il y eut un moment de silence, durant lequel Lloyd s’absorba lui aussi dans la contemplation de l’espace. Narih lui jetait régulièrement des œillades, patiente. Il parut au bout d’un moment se rendre compte qu’elle semblait attendre.

- Vous pouvez disposer, l’opération est terminée, lieutenant.
- C’est que j’ai un sujet ou deux dont il faut que je vous parle, mais je ne sais pas si c’est le bon moment.

Lloyd soupira de nouveau. Devant eux, de l’autre côté du transparacier, la surface de Dromund Kaas s’éloignait doucement, laissant plus de place à un morceau noir immense sur le tableau qu’offrait la baie.

- Allez-y.
- Alors voilà ! se lança-t-elle subitement avec enthousiasme, comme si elle avait préparé son discours et qu’elle avait attendu ce feu vert depuis des jours. Vous vous souvenez de cette histoire de puce, qui permettrait de vous retrouver ?
- Hum, oui.
- Hé bien j’ai fait mes recherches parmi les cellules scientifiques de l’armée et plusieurs dispositifs existent qui pourraient nous convenir. Mais il y a un modèle en particulier qui a attiré mon attention.

Narih dégaina un datapad et le colla sous les yeux de Lloyd, qui afficha une mine blasée.

- Le TRC-450 est une nano-puce, c’est-à-dire un dispositif qui s’injecte dans le sang et qui le rend indétectable par l’ennemi au cas où vous seriez fait prisonnier et qu’on vous scannerait pour vérifier que vous ne porteriez pas de balise. Il émet un signal crypté extrêmement discret qui donne avec une certaine précision votre position par rapport à un capteur unique, extrêmement sécurisé, auquel seule l’équipe de commandement pourrait avoir accès, et celle-ci ne s’en servirait uniquement en cas d’urgence, bien entendu. Bon, la portée est assez limitée, à quelques centaines de parsecs… Qu’est-ce que vous en pensez ?

Lloyd leva les yeux au ciel.

- J’en pense que c’est immonde, votre truc. Vous avez pensé à ce qui arriverait si le capteur arrivait entre des mains mal intentionnées ?
- Evidemment, mon capitaine. Je suis là pour être votre second cerveau sur ces sujets et j’ai déjà pensé à ce problème : le capteur ne peut être utilisé qu’avec une authentification biométrique. Autrement dit, par exemple si je suis la seule à être légitime pour l’utiliser, personne ne peut voler le capteur et l’utiliser !
- Sauf si quelqu’un vous coupe un doigt ou vous arrache un œil pour s’authentifier avec.

Narih fit une moue dégoûtée, et colla son datapad contre sa poitrine.

- C’est glauque.
- C’est réaliste. Je suis un Sith. Ceux qui cherchent à m’atteindre ne s’embarrassent pas d’élégance, croyez-moi.

La lieutenant dodelina de la tête, mais ne verbalisa pas sa pensée.

- Bref. J’en commande un, pour voir ?

Lloyd se tourna vers elle en lui adressant un regard exaspéré.

- C’est inutile, j’aurais dû vous dire d’emblée d’abandonner l’idée, jamais vous me mettrez ça sous la peau, Narih.
- Mais ça peut permettre de suivre quelqu’un à la trace !

Ils s’affrontèrent du regard quelques instants. Narih avait des yeux noirs intenses, qui brillaient avec une étincelle de rébellion qui arracha une mimique étonnée à Lloyd.

- Suivre quelqu’un à la trace, hein ?
- Oui.
- Ça se teste ?
- Vous voulez dire…
- Je veux dire, on peut l’injecter à quelqu’un et voir ce que ça donne ? A son insu ?

Les lèvres de Narih s’étirèrent en un sourire espiègle.

- Vous voulez déjà tracer le major Arboghast, mon capitaine ?

Lloyd lui rendit son sourire et le coin de ses yeux se plissèrent brièvement.

- C’est pas l’envie qui manque. Mais on fera ça sur un candidat moins prudent. Du genre à faire des mauvaises blagues à un capitaine de frégate, par exemple.
- Comme vous voudrez, mon capitaine, gazouilla Narih en pianotant joyeusement sur son datapad.

Le hapien était redevenu sérieux. Ses yeux suivaient les doigts de la lieutenant, agiles sur l’écran tandis qu’elle commandait un exemplaire du dispositif en question.

- Evidemment, ce dossier est classé secret pour le moment. Pas besoin de notre major préféré là-dedans.
- Evidemment, mon capitaine, répéta Narih à voix basse. Vous verrez que sur ce genre de choses, vous pourrez me faire une absolue confiance.

La lieutenante lui adressa un dernier sourire poli avant de saluer le capitaine d’un garde à vous raide. Puis elle tourna les talons et le laissa seul sur le pont.







Quand le hapien déverrouilla sa cabine, des heures plus tard, il la retrouva impeccablement rangée. L’équipe qui l’avait fouillée avait réordonné ses quelques affaires avant de quitter les lieux. Il eut un léger malaise en retirant sa veste, en songeant à ce qu’avaient pu penser ces soldats. Il n’y avait rien dans cette cabine tout en longueur qui le rendait un peu plus humain. Il n’y avait ici que des vêtements dans une commode, des datapads dans des tiroirs. Seule la petite représentation de l’Egide de Krayiss trônait sur un coin de son bureau, et les trois objets dissimulés dans un tiroir ne devaient pas non plus faire de lui un commandant à qui on pouvait s’identifier. Pas de photos de sa femme et de ses enfants épinglés au-dessus de la cuisine, pas de décoration, pas de souvenirs de voyage. Machinalement, il glissa la main à l’intérieur de sa taie d’oreiller, pour vérifier que la seule chose intime qu’il conservait dans la doublure du tissu s’y trouvait toujours, et une fois rassuré, il se dirigea vers la salle de bain, espérant qu’une douche lui permettrait de laver un peu la frustration qu’il avait sur la peau.









Lorsque son réveil sonna, il avait à peine fermé l’œil de la nuit. Il lui semblait avoir vérifié cent fois son datapad, avoir contemplé des heures durant le petit voyant rouge qui près de la porte de la cabine, qui indiquait que celle-ci était verrouillé, comme si quelqu’un essaierait d’entrer d’un moment à l’autre. Mais rien de tel ne s’était produit et il se leva avec mauvaise humeur.









Dans la salle de réunion, les lieutenants Utuzz, Narih et Subol étaient déjà réunis autour d’un café, à discuter tranquillement tandis que le capitaine Nande, les bras croisés sur son siège, fermait les yeux pour profiter des derniers instants de repos avant le début d’une longue journée. Derrière les quatre militaires, un grand écran affichait la reconstitution virtuelle d’une bataille spatiale, où les différents bâtiments apparaissaient avec des symboles et couleurs variés. Une série de chiffres et d’acronymes se mettaient à jour au fur et à mesure que la chronologie avançait, et Narih n’arrêtait pas de commenter les images avec une anecdote ou une explication technique.

- Et là, à ce moment-là, il y a eu une erreur, à mon avis. La manœuvre idéale aurait été de…
- Il n’y a pas de manœuvres idéales, grogna Nande sans ouvrir les yeux, c’est facile de dire ça après coup, lieutenant.
- Ça n’empêche pas d’apprendre de nos erreurs. Cette bataille est un cas d’école et je l’ai choisie pour la simulation exprès pour voir si d’autres configurations auraient été plus pertinentes.
- Ah ! soupira l’homme. C’est donc pour ça qu’on est là ! Encore une simulation de bataille ?
- Tout à fait. Vous avez quelque chose contre ça, capitaine ?

Lloyd venait d’entrer dans la pièce et les quatre militaires se levèrent subitement pour se mettre au garde-à-vous.

- Non, bien sûr que…
- Asseyez-vous, le coupa Lloyd. On commence tout de suite. Toutes vos équipes sont en place ?

Le hapien avait jeté son datapad devant lui en s’asseyant, la mine sombre.

- Oui, mon capitaine, confirma Utuzz.
- Bien. Narih, briefing.

La lieutenante, qui affichait quelques instants auparavant un sourire avenant, se raidit un peu sous l'effet de l'ordre sec qui lui était lancé, plus incisif qu'elle ne s'y attendait. Mais elle se leva une nouvelle fois, et se mit à réciter les données de la simulation d’une voix professionnelle. Le hapien écoutait d’une oreille, le visage fermé. Ses yeux posés sur l’écran semblaient ruminer.

- …quarante-deux chasseurs sont au départ repérés par les radars alors que…
- Attendez, la coupa subitement Lloyd. Où est le major Arboghast ?
- Heu…
- C’est que…
- Il a dit que sa participation n’était pas essentielle.

Il y eut un silence, où les officiers évitèrent le regard du hapien. Celui-ci sentit la colère monter au fond de sa gorge et il dut serrer les poings pour se maîtriser.

- Allons bon. Et pourquoi donc ?
- Il dit que ses scores ont été parfaits dans les derniers exercices, et que donc c’était plutôt… Ahem…
- Plutôt quoi ?
- Plutôt vous qui deviez continuer à vous entraîner.

Lloyd pinça les lèvres. Puis il se détendit dans son fauteuil, croisant les bras.

- Très bien.

Les officiers se regardèrent, étonnés par ce calme soudain.

- Très bien, répéta Lloyd. Alors on va juste modifier les données de la simulation.

Narih resta en attente, les doigts au-dessus du moniteur qui contrôlait l’écran.

- C’est-à-dire… Vous voulez que je change quelles données ?
- Les effectifs à bord. Vous allez me décimer les effectifs théoriques en ajoutant une épidémie à bord de Melantha. Et vous me mettez toutes ses nouvelles recrues sur l’exercice.
- Heu.. C’est un exercice déjà très difficile initialement. J’ai choisi l’un des plus durs exprès pour nous faire progresser. Alors cette difficulté-là, on va pas y arriver. En plus avec des équipes qui viennent à peine d’arriver dans la nuit…
- Exactement.
- On… On fait un exercice qu’on ne peut pas gagner ? demanda prudemment Utuzz.
- Oui. Nos équipes ont besoin d’apprendre l’échec. Et de voir le genre de conditions qui l’amènent, trancha sèchement le hapien.
- Mais…
- Faites ces fichues modifications, Narih ! aboya Lloyd.

La lieutenante baissa les yeux, atterrée, et pianota sur le moniteur.



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L'Eveil de Melantha

Elle pensait qu’il aurait mieux valu qu’elle perde la vie dans ce lugubre endroit, au sommet du pic aux Milles Poisons.









Sitôt le protocole 46-8 levé, Dan avait quitté l’office d’Arboghast pour se précipiter dehors. Et une rage puissante rugissait au fond de ses tripes. Elle avait dû demander plusieurs fois son chemin afin de retrouver la baie où le Sans-Visage demeurait stationné. Elle s’était dépêchée d’aller récupérer ses affaires. Heureusement, aucune trace de Mumkin dont le séjour à l’infirmerie devait se prolonger, mais elle n’avait pas le temps de s’en inquiéter. Darth Runà ne serait pas aussi conciliante qu’avec le Lightbreaker. La sinistre miraluka souhaitait tirer quelque chose du Melantha et elle aurait ses « yeux » posés dessus jusqu’à ce que son chien de garde lui rapporte ce quelque chose. Shar ne devait pas perdre une seconde pour satisfaire la requête de son maître. Plus vite elle aurait terminé cette mission, plus tôt les choses rentreraient dans l’ordre. Sur son datapad, des mises à jour affolaient les diodes discrètes. Des communications relatives à ses prises de quartiers, avec un plan global du vaisseau – pour des raisons de cybersécurité, les plans détaillés n’étaient jamais partagés (excepté aux personnes ayant les autorisations requises. Des plannings sur l’accueil des nouvelles recrues en fonction de leur grade et de leur affectation.

Elle se voguait désormais entre les coursives et les ponts de l’immense frégate, suivant un plan qu’elle avait dû mal à déchiffrer. Son sens de l’orientation la rendait folle et à bout de bras, son bagage commençait à peser lourd. Après une trentaine de minutes d’errance, elle tomba – par le plus grand hasard, dans les quartiers des sous-officiers dont elle faisait visiblement partie.

- Ah, la retardataire !

A peine avait-elle déverrouillé les accès de sa cabine commune que des éclats de voix brisèrent en milles éclats ses rêves de tranquillité. Elle laissa tomber ses affaires au sol, pantoise alors que ses prunelles découvraient la configuration des lieux. La cabine était grande, et son espace confortable se justifiait par son nombre d’occupants. Elle compta trois lits en tout, dont deux superposés sur lesquels des affaires trônaient déjà. Elle en déduisit que la couchette restante lui était destinée et elle alla y jeter ses affaires sans un mot. Pas de hublot comme sur le Sans-Visage. Seul un éclairage artificiel donnait l’impression qu’il faisait jour. L’endroit était équipé de deux bureaux, de compartiments sécurisés où ranger ses denrées précieuses, d’une console de communication. Les sanitaires étaient communs et se trouvait à l’autre bout de la coursive des quartiers des sous-officiers. Dana soupirait en déballant mollement ses maigres effets et quand un bout de soie rouge émergea, elle hésita à poursuivre.

- Hickpens c’est ça ? reprit l’une de ses colocataires. Typiquement un nom de bourgeoise kaasi.

L’Inquisitrice se figea, prenant le temps de digérer ce qui sonnait comme une insulte et se détourna enfin vers l’origine de la voix pour croiser le regard pétillant d’une humaine, dans la trentaine dont l’uniforme d’enseigne contrastait avec sa chevelure blonde tressée impeccablement. Elle avait un nez pointu et un teint halé.

- Je te conseille juste de pas me parler et de la fermer, décréta Shar tandis qu’elle commençait à se dévêtir parce qu’il fallait bien enfiler l’uniforme réglementaire exigé par le Major.
- C’est quoi ce ton supérieur ? Détends-toi, Hickpens.

Dana ne répondit pas et débloqua les compartiments sécurisés lui étant alloués au-dessus de son lit pour y ranger le kimono en sécurité, puis elle se dépêcha de se vêtir d’un treillis de sous-officier, d’une chemise sombre et d’une veste d’uniforme dont elle prit soin d’arranger pensivement le col face au miroir près de sa couchette. Un miroir au travers duquel elle observait l’humaine qui ne la quittait pas des yeux.

- Puisque tu insistes, reprit-elle, j’suis l’Enseigne Rose-Ann Mallory.
- Mallory, répéta Dana en s’installant devant le miroir, une trousse de maquillage perchée sur ses cuisses croisées dont elle étala consciencieusement le contenu au sol. Un vrai nom de pauvre.
- C’est d’bonne guerre, ok, ça va t’as pas d’humour j’ai enregistré.
- C’est qui la troisième ? interrogea froidement Dana en tamponnant sa joue marquée de fond de teint, grimaçant.
- Le troisième tu veux dire. Un type un peu ringard du nom de Pyke.

La poisse. La Sith serra les dents en se rassurant : il n’avait pas vraiment vu son visage. Il suffirait de l’éviter un peu. Une fois son maquillage terminé, elle vissa une casquette noire, portée par la plupart des enseignes au sommet de son crâne, jetant une ombre sévère sur son minois désormais parfait.



Mallory avait accompagné Dana peu avant l’embranchement menant au pont de commandement. La blonde était affectée sous les ordres du Lieutenant Utuzz et était artilleuse ; elle s’occupait donc de l’armement du vaisseau, de ses canons offensifs et avait abreuvé Shar de tout un charabia technique qui lui avait absurdement remémoré ce long tunnel dans l’épave du vaisseau de Galidraan. Un long tunnel au bout duquel elle avait vu sa propre fin et avait sacrifié Lloyd dans l’espoir qu’il survive et qu’elle meurt. Avec le recul, alors qu’elle intégrait le petit flot de sous-officiers qui débarquaient vers le pont de commandement, elle pensait qu’il aurait mieux valu qu’elle perde la vie dans ce lugubre endroit, au sommet du pic aux Milles Poisons. Ses restes auraient formé un poison de plus.

- Enseigne Hickpens ?! s’étonna un jeune homme à la figure vaguement familière et aux joues trop rondes pour son âge. Il avisait le nom « Hickpends » scratché en toutes lettres sur la veste que portait Dana et semblait s’en réjouir. Je suis l’Enseigne Pyke ! J’ai été désigné pour vous parrainez durant vos premières semaines sur le Melantha, bienvenue à bord. Le Major Arboghast nous attend.

Elle était déjà lasse. Au loin, la silhouette découpée dans la lueur des écrans holographiques du pont, le Major patientait comme un aigle veillait sur ses proies depuis son promontoire privilégié et plus elle allait à lui, plus les tambours de guerre grondaient dans sa poitrine. L’agitation du pont augurait les prémices d’un exercice qui se préparait à rudoyer la machine qu’était Melantha et dont les rouages sollicités pouvaient les broyer tous, jusqu’à l’anéantissement. C’était ce qu’elle lisait sur les visages lissés de concentration. C’était ce qui résonnait dans la Force alors qu’elle avançait vers ce nouveau supérieur. Ce dernier prit le temps d’inspecter la figure de Dana dès qu’elle fut assez proche et parce qu’il semblait attendre quelque chose, elle se résigna à imiter un Pyke nerveux et à signer un salut militaire avec toujours cette impression grotesque de jouer une comédie ridicule.

- Votre dossier en apparence irréprochable, annonça-t-il d’une voix distante, indique que vous avez servi dans les unités médicales du Lightbreaker.
- Exact, répondit-elle sur un ton plus acerbe.
- Bien, vous êtes donc affectée au troisième pont inférieur, là où se trouve l’infirmerie de bord, vous vous occuperez de compiler les dossiers médicaux des effectifs de Melantha et de me les rapporter, de manière concise afin que je puisse rapidement repérer des anomalies.
- C’est quoi que vous appelez « anomalies » au juste ? demanda-t-elle un peu abruptement.
- Ne me décevez plus avec des questions aussi stupides, Enseigne Hickpens, où je serai dans l’obligation de vous affecter à des tâches où il est inutile de se poser des questions.
- Quoi ? Vous allez tout de suite redescen…
- AHEM KOF KOF ! se mi à tousser bruyamment Pyke pour couvrir la voix vindicative de Dana afin de la faire taire.

Mais Hickpens affrontait l’étendue glaciale qu’était les yeux sévères du Major et elle espérait qu’il pouvait y lire tout ce que Pyke venait d’empêcher de sortir. Qu’il pouvait distinguer le moindre mot qu’elle avait souhaité prononcer pour le remettre à sa place. Valor approcha d’un pas soudain, faisant sursauter l’autre enseigne dont la respiration s’était précipitée sous la panique de représailles. L’officier plaqua son propre pouce contre ses lèvres pincées et en humecta la peau avant de plaquer le tout contre la joue de Dana et de frotter. Elle se raidit, sentit l’humidité et le frottement abîmer son maquillage, effrité la couche superficielle pour dévoiler ce qu’elle avait de plus naturel et de plus honteux. Il aurait pu la déshabiller qu’elle aurait expérimenté la même humiliation. Elle se dépêcha de reculer, mais le mal était fait.

- Il va falloir que votre maquillage soit plus impeccable que ça, Enseigne Hickpens.






- C’est vraiment pas bon signe, maugréa un Pyke compatissant.

Ils marchaient côte à côte, traversait l’activité de ruche du Melantha pour rejoindre le troisième pont inférieur. Dana avait l’impression que sa joue lui brûlait, qu’elle ne cessait de recevoir encore, un tir de blaster à bout touchant et la sensation l’électrisait avant de l’engourdir, mais par elle ne savait quel miracle, elle continuait de marcher, comme un bon petit soldat impérial allant à son devoir.

- Le Major Arboghast semble vous avoir pris en grippe, je suis vraiment désolé, ajouta-t-il puisqu’elle conservait le silence. Mais il est comme ça avec tout le monde, sauf le lieutenant Narih. Il semble plutôt même bien l’apprécier, mais c'est normal, la lieutenant Narih elle est si...ahm, je veux dire...

Dana ne disait toujours rien.

- Ah ben voilà, on est arrivé à l’infirmerie, annonça-t-il d’un ton plus guilleret. Bon et bien courage. Ah et euh, en fait. On se serait pas déjà vu quelque part ?
- Non.
- Je suis persuadé de vous avoir vue, sur Kaas City, c’est possible ?
- Je vais être en retard, déclara-t-elle sèchement et elle s’engouffra dans l’infirmerie où elle fut immédiatement accueillie par un remue-ménage soudain.

Elle reconnut le docteur Chet dont le visage plein de bonhommie s’était soudainement alourdi d’un air grave. Il conversait avec deux soldats aux insignes médicaux et à la mine un peu pâle. Dès qu’ils la remarquèrent, ils se mirent au garde à vous et Chet se dépêcha vers elle, un coup d’œil rapide pour le nom qu’elle arborait sur son uniforme.

- Ah, Hickpens, parfait.

Il semblait tellement préoccupé qu’il ne s’étonna même pas qu’elle puisse ressembler à la rouquine qui avait langoureusement embrassé le capitaine, des semaines plus tôt.

- Oubliez les dossiers médicaux.

Super, Arboghast va adorer. Elle n’avait pas encore d’arme de service. Dommage. Elle s’en serait bien servi, mais elle était là, plantée au milieu d’un espace clos, où des moniteurs dernières générations bipaient des constantes auxquelles elle ne comprenait rien et dont l’odeur d’antiseptique lui montait sévèrement au cerveau.

- Les ordres viennent de tomber. On doit affronter une simulation, poursuivit-il sérieusement. Quarantaine pour les trois quarts des effectifs dont le quart est ici.
- Ici ?
- Ici.
- J’vois personne.
- C’est le but d’une simulation, Hickpens, vous débarquez de quel vaisseau ? ronchonna Chet.
- D’un vaisseau où on faisait pas de simulation parce qu’on se battait vraiment ?
- Pas le temps pour l’insolence, Hickpens.
- Non mais, j’dois faire quoi ? Le Major m’a demandé de compiler des dossiers là.
- La simulation est émise par l’équipe de commandement donc le capitaine Hope lui-même, ça passe en priorité.
- Docteur Chet ! s’exclama l’un des soldats qui avait pris place devant un moniteur. On est déjà à 10% de pertes humaines, dont 80% d’effectifs médicaux.
- Hickpens, vous prenez place devant un moniteur, plus vite et vous répartissez les infectés dans les zones de quarantaines.

Il lui désigna l’un des bureaux où un terminal holographique clignotait de mille feux tant les alertes se superposaient. Elle se plaça devant, s’asseyant très lentement pour laisser ses yeux vagabonder sur les données qui défilaient à une vitesse ahurissante alors que les mises à jour tombaient comme autant de couperets s’abattaient sur des cous d’innocents. Elle prit une profonde inspiration.

- Enseigne Hickpens, reprit le soldat sous le regard atterré de Chet. On attend vos ordres au pont inférieur numéro deux, où l’épidémie semble s’emballer. Il ne reste plus que vous et le docteur Chet comme référents de l’unité médicale.

Mais Dana fixait l’écran sans rien dire, jusqu’à ce que le rouge dévore le vert, lui indiquant que l’échec serait inéluctable. Elle eut un léger tressaillement et se pencha vers le terminal.

- C’est foutu, souffla le militaire entre ses dents, lâchant prise alors que le pont inférieur numéro deux était complètement avalé par les paramètres d’une épidémie fulgurante qu’aucune barrière n’avait pu endiguer.
- Attendez, on peut sûrement encore faire quelque chose.
- Nan, c’est mort. On avait très peu de temps pour réagir. Vous aviez la fenêtre de tir avec le pont inférieur numéro deux mais
- Mais j’ai pas eu la moitié des données en main ! réfuta-t-elle, en colère.
- Bienvenue sur Melantha, grinça-t-il avec un pauvre sourire.

Et dans les prunelles dorées de l’Inquisitrice les mauvaises données se reflétaient, rouges comme le sang qui avait coulé lors de cette simulation à laquelle, elle n’avait strictement rien saisi. Elle serra les poings, griffant le tissu qui recouvrait ses cuisses et ses phalanges blanchirent tant elle contenait sa frustration.

- J’étais pas sensée participer à cette simulation, lâcha-t-elle d’une voix blanche.
- Tous les effectifs de l’unité médicale en faisaient partie et c’est ici que le Major Arboghast vous a affectée, expliqua patiemment Chet. Bon, soldat Ifinwo, je veux le rapport détaillé que je puisse comprendre ce que je vais expliquer au Major Arboghast et à l’équipe de commandement.
- Bien, docteur Chet.

Le regard de Dana dériva jusqu’au dénommé Ifinwo et elle constata avec une ironie amère qu’il était mirialan et tranchant avec ses habits noirs, sa peau ocre égaillait un peu cette infirmerie aux murs noirs comme dans les grands hôpitaux de l’Empire.







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Lloyd Hope
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L’Eveil de Melantha


J’en ai profité pour lui poser LA question fatidique.







Sur le pont de commandement, l’activité était à son comble. Dans la fosse, les enseignes pianotaient, se passaient des informations, couraient vers leur supérieur avec un datapad à la main. Le capitaine Nande aboyait des ordres, penché au-dessus d’une barrière, tandis que la lieutenant Narih faisait les cent pas à côté d’écrans que scrutait Utuzz en fronçant son front soucieux. A quelques pas de là, au-dessus de tous, une silhouette sombre, que seul le blond de sa chevelure nuançait, arpentait le pont de commandement en jetant des regards froids aux protagonistes, les bras croisés.
Cela faisait une heure désormais que la simulation avait commencé et les chiffres étaient catastrophiques : l’épidémie avait touché plusieurs de leurs ponts et certains canons étaient devenus inopérationnels. Narih avait beau tirer le meilleur de ses équipes, les effectifs étaient trop faibles et les temps de réaction de Melantha devenaient un problème face à un ennemi trop puissant. Mais sur le pont, tous restaient concentrés sur les données de la simulation, essayaient de limiter les dégâts à défaut de pouvoir renverser la vapeur en leur faveur.

- Commandant !

La silhouette d’Arboghast avait surgi de la coursive et les bottes du major tonnaient avec fureur. Plusieurs enseignes jetèrent des œillades discrètes vers la scène d’un Arboghast grimper quatre à quatre les marches qui conduisaient à la plateforme sur laquelle Lloyd s’était figé, glacial, en le scrutant. Le major s’arrêta à quelques centimètres à peine du hapien.

- Qu’est-ce que c’est que cette mascarade ?! s'écria-t-il.

Lloyd afficha une expression de faux étonnement.

- Mascarade ? Mais de quoi parlez-vous, Major Arboghast ? Nous sommes au milieu d’un exercice. Vous savez, ces fameux exercices auxquels vous ne prenez plus part ?
- Cette simulation est ridicule ! tonna-t-il. Elle est vouée à l’échec ! Vous devez entraîner Melantha à gagner des batailles, pas miner le moral de toute la frégate juste pour vous venger de moi !

Le hapien afficha subitement un sourire malsain. En contrebas, les enseignes veillaient à rester silencieux, et tendaient l’oreille malgré eux pour entendre le règlement de comptes qui se produisaient entre leurs officiers supérieurs.

- Me venger de vous ? Vous vous donnez trop d’importance, major. Je voulais juste tester le dernier régiment que l’on m’a envoyé. Au fait, ne vous avais-je pas demandé de me présenter chaque nouvelle équipe qui intègre Melantha ?

Arboghast retroussa ses lèvres en un mauvais rictus.

- J’avais l’intention de le faire, commandant, mais votre petite sauterie a un peu bouleversé mes plans.
- Ça n’apparaissait aucunement sur mon planning des deux prochaines semaines. Vous comptiez que je fasse la revue des troupes une fois que vous auriez fait votre loi parmi eux ?
- De quoi m’accusez-vous, au juste ?! tonna brusquement le major, se rapprochant du hapien pour le toiser de haut – il était légèrement plus grand.

Lloyd serra les mâchoires. Le lieutenant Narih décolla ses yeux de l’un des écrans pour tourner vers les deux officiers supérieurs un regard inquiet.

- De ne pas prendre aux opérations que je commande d’une part, et d’oublier qui commande cette frégate ensuite, aboya le hapien en le fustigeant de ses yeux émeraudes.
- Il y avait plus urgent capitaine ! Je reçois des affaires de la plus haute importance de l’Etat Major et…
- Et vos prérogatives ne doivent vous dispenser d’obéir aux ordres ! Je passe mes journées à entraîner cette frégate pour qu’elle soit parfaitement opérationnelle d’ici les deux mois qui nous restent et vous êtes déjà en train de construire votre petite colonie personnelle !
- Oh, JE suis en train de construire ma colonie personnelle ? Mais moi au moins je ne disparais pas subitement pendant des jours sans prévenir personne ! Quand il y a eu des blessés dans l’accident, où étiez-vous, Hope ? Sur Jabiim, à prendre des vacances au bord d’un lac ?

Il y eut un silence épais sur le pont de commandement, pendant lequel Lloyd et Arboghast se fixèrent. Le silence se prolongea, le major perdant peu à peu de sa verve, incertain, décontenancé que le hapien ne réagît pas plus que cela. Mais finalement, lorsque ce dernier reprit la parole, sa voix était calme.

- Vous savez l’intérêt d’avoir un Sith pour commander un bâtiment, Major ?

Ce dernier ne répondit pas. Il se contenta de soutenir le regard de Lloyd, qui se rapprocha du major jusqu’à avoir son visage à quelques centimètres du sien.

- C’est que le meurtre et la souffrance lui sont faciles, dit-il d’une voix rauque.

Narih et Utuzz échangèrent un regard interdit. Les enseignes en contrebas baissèrent le nez vers leurs écrans, désireux de se faire oublier. Tout le monde connaissait les histoires de ces Sith qui tuaient sur les ponts de commandement. Mais le hapien ne voyait rien de ces réactions, absorbé qu’il était dans la confrontation avec Arboghast, qui se maîtrisait bravement, ne montrant aucune peur.

- Mais pas de chance pour vous, grinça-t-il. Je n’ai pas l’intention de tomber dans la facilité en faisant de vous une victime devant tous mes hommes. Je ne suis pas idiot, Major, je sais que votre mission est de me déstabiliser et me pousser à la faute.

Arboghast recula d’un pas, parut se détendre au point d’afficher un bref sourire.

- Je ne vous pousse à rien du tout. Cette simulation absurde, par exemple, vous l’avez décidée tout seul. Mais je vois ce que vous voulez dire.
- Bien. En ce cas vous allez gérer vos équipes afin qu’elles fassent au mieux dans cette simulation, peu importe l’intensité de l’échec. Quand celui-ci sera terminé, vous me les mettez tous en rang dans l’un des halls afin que je les passe en revue et que je les accueille au sortir de cette mauvaise expérience. ET je vous veux aux prochains exercices.
- Sinon ?
- Je n’ai pas l’intention de vous menacer pour voir mes ordres exécutés, major.
- Ce n’est pas ce que font habituellement les Sith ?
- Considérez que je suis un Sith qui ne prévient pas avant de tuer, rétorqua froidement Lloyd. Le jour où j’aurais besoin de vous menacer pour que vous exécutiez mes ordres, ce sera probablement que vous serez devenu superflu. Vous n'aurez pas le temps de le savoir.

Arboghast fronça le nez, secoua négativement la tête, mais lorsqu’il reprit la parole, sa voix était presque mielleuse.

- Je vais faire selon vos ordres, commandant. Et quand ces joyeusetés seront terminées, j’irai enfin écrire les rapports qu’attendent l’Etat-Major sur le fonctionnement de Melantha.
- Mais faites donc.

Arboghast se fendit d’un salut sans se départir d’une expression ironique, et quitta le pont de commandement d’un pas qui faisait claquer ses bottes d’une frustration évidente. Lloyd le regarda s’éloigner, avant de croiser le regard de ses officiers.

- Remettez-vous au travail.


L’activité du pont de commandement reprit de plus belle. Peu à peu les sons emplirent à nouveau l’espace devant la baie. Dromund Kaas avait disparu du champ de vision, et seules milles étoiles faisaient face au capitaine à l’humeur sombre.










- … et alors après, il a dit un truc du genre « j’pourrais vous tuer mais j’vais pas l’faire », et le major il l’a eue mauvaise mais il a eu l’air de s’écraser plus ou moins et il est reparti.

Keshna était une jeune togruta, enseigne affectée aux communications, qui mâchonnait un morceau de pain au-dessus de son plateau, assise au réfectoire en face de son amie, une zabrak, qui avalait goulument sa soupe. Entre deux slurrrp – élégant son que produisaient ses lèvres quand elle aspirait le contenu de sa cuillère à soupe – cette dernière haussa les épaules.

- Moi j’te dis, le pouvoir ça leur monte tous à la tête, à ces officiers supérieurs. Le capitaine Hope, justement, il est passé à l’infirmerie tout à l’heure, ben il a pas l’air commode, c’est moi qui te le dis. J’avais un blessé, un type qu’a pris un tir de verpine pour lui dans l’épaule, j’te jure, son pilote personnel, bah il l’a secoué comme un prunier !
- A l’infirmerie ? Mais vous êtes pas en pleine opération, là ? Moi j’ai été relevée, mais…
- Ah ben je fais partie des effectifs censés être contaminés, donc le docteur Chet m’a dit que c’était comme un congé gratos. Mais les pauvres, ouais, ils sont noyés. Simuler une épidémie c’est pas idiot, mais simuler une épidémie au milieu d’une simulation de bataille… C’est le bordel, quoi. En plus, les pauvres, Arboghast vient d'annoncer que dès que l'opération sera terminée, sans repos, comme ça, ils devront directement aller se mettre en rang dans la baie pour être passés en revue par le commandant en personne. Si les résultats sont mauvais, à tous les coups ils vont se faire passer un savon en guise de cadeau d'accueil. Arbo va pas aimer...

Autour d’elles, le réfectoire était empli de conversations, de tintements de couverts. Les discussions allaient bon train sur la simulation en cours. Un énième exercice, après quatre mois depuis la mise en service de Melantha. Certains passionnés étaient d’avis que c’était la meilleure chose à faire pour devenir l’une des plus performantes frégates de la flotte impériale, et d’autres grincheux râlaient au sujet de la cadence de travail imposée par ces exercices incessants. Keshna et Alix, elles, aimaient bien se retrouver pour échanger sur les derniers potins en cours.

- Et alors t’as soigné le pilote personnel de Hope ?
- Ouais.
- Il était comment ?
- Ah, pas vraiment à mon goût, tu sais qu’j’aime pas trop trop les dévas physiquement. Mais bon il avait un certain bagou, et il m’a bien faite rire. Il m’en a raconté des vertes et des pas mûres, sur le capitaine. J’en ai profité pour lui poser LA question fatidique.

Les deux femmes se mirent à glousser en jetant des regards autour d’eux.

- Et alors ?
- Et alors…

Alix, la zabrak, se pencha au-dessus de son plateau avec un air mystérieux.

- Pas marié… Et pas contre les petites aliens, en plus.

Keshna se mit à ricaner devant le visage contrit de sa comparse.





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L'Eveil de Melantha

Sa voix avait porté trop loin, trop fort, au-delà du rang duquel elle n’aurait pas dû émerger.









- La pire simulation de ma vie, geignit Rose-Ann.

Sous sa casquette de sous-officier, son front était trempé d’une sueur sale et tiède qui faisait briller sa peau et plaquait ses mèches blondes sur son crâne. Elle s’adressait à une Dana qu’elle avait fortuitement rencontré sur le chemin de l’appel exigé par le capitaine Hope et d’autres nouvelles recrues parcouraient cette même route : direction l’échafaud. Beaucoup avaient des pieds de plombs et si on avait le cœur à échanger, ce n’était que par des murmures expulsés précipitamment.

- Je te jure, reprit-elle en se penchant davantage vers Shar pour parler bas. J’ai rien compris à ce qui m’arrivait, je devais travailler sur le canon Z312, et soudainement, paf, on m’annonce la simulation parce qu’on est sous feu ennemi et qu’à la fois, la majorité de l’unité d’artillerie est en quarantaine.. Et t’as vu combien d’heures, non je devrais dire des jours, je pense ça a duré ! J’ai trop envie de dormir. Juste, complètement idiot
- Comme le capitaine de ce rafiot, lâcha-t-elle.
- Quoi ?! T’es folle Hickpens, sérieux, je sais que tu viens du Lightbreaker.

L’Inquisitrice lui envoya un regard d’avertissement alors qu’elles s’engageaient dans un turbolift bondé.

- Ecoute, ça va vite sur un vaisseau aussi grand les cancans, y’a milles bouches et autant d’oreilles à occuper. Je sais que le Lightbreaker était dirigé par le capitaine Iani Chaos mais c’est pas un Sith. Tu pouvais peut-être le traiter d’idiot mais là avec le capitaine Hope c’est différent.
- Il paraît.
- Tu as un petit côté rebelle hein ? souffla Mallory en plissant les yeux pour mieux examiner le profil de Dana. Fais attention, les rebelles, c’est le genre de plats que les officiers comme le Capitaine Hope adorent dévorer au petit-dej.
- Qu’il me dévore, sourit Dana avec insolence. Il risque de se briser les crocs.

Et les portes du grand turbolift s’ouvrirent au niveau inférieur, déversant les dizaines de recrues du Melantha dans la coursive menant à l’un des halls qui suivaient les baies d’atterrissage. A cause de son sens de l’orientation, Dana n’aurait sû dire de quel hall il s’agissait, ni sur quel pont. Dans l’espace rutilant du hall, ils furent alignés en cinq rangées de dix. Autour d’eux, les anciens ^poursuivaient leurs activités de routine, mais ne pouvaient s’empêcher des coups d’œil curieux dont les cibles alimentaient les fameux cancans. Sous le manteau, on faisait déjà des pronostics sur l’intensité de la gifle que ces recrues allaient se prendre après la simulation catastrophique qu’elles auraient dû « sauver ». Le caporal Joras était là, entouré de ses hommes. Il veillait à la sécurité des lieux et quand il avait aperçu Dana passer devant lui pour rejoindre le groupe, il lui avait adressé un signe discret auquel elle n’avait pas répondu.





Shar avait pris place à côté de Rose-Ann Mallory, dernière du dernier rang, mais au plus proche de la sortie. Au cas où. Il y avait exactement quarante-huit hommes entre Lloyd Hope et elle, et elle espérait que ce serait une barrière suffisante. Par précaution, elle vissa davantage sa casquette sur sa tête, cachant presque le haut de sa figure. Sa cicatrice blanche était camouflée avec une tonne de rouge à lèvres et de fond de teint, mais une partie de sa tâche à la joue apparaissait comme l’arête d’un vestige en plein désert, que le vent aurait libéré du sable et des années. Et sous les puissants projeteurs du hall, elle avait l’impression que son défaut était mis en évidence, que son âme entière était dévoilée. Le reste des recrues était fatigué, tendu, nerveux. Les heures de simulation avaient suivi un débarquement précipité et pour une première prise de poste, l'expérience était mauvaise et le moral bas.

Chet était présent face au Major Arboghast qui lui portait peu d’intérêt pour scruter son assemblée de nouvelles recrues qui avaient lamentablement échoué sur un simple exercice de mise en situation. Mallory, elle, se faisait toute petite parce qu’elle venait de croiser le regard du lieutenant Utuzz et qu’elle avait brodé sur son uniforme de sous-officier, les insignes de l’unité d’artillerie.

- Bon, il doit être en colère, chuchota-t-elle vers Dana, mais au moins c’est pas un Sith, j’ai une chance de m’en sortir.

Puis, elle se remit sur la pointe des pieds et darda ses yeux ambrés vers l’estrade temporaire qui avait été dressée pour accueillir le commandant du vaisseau. Un promontoire pour le moment vide de son aigle.

- Le capitaine Hope a la réputation d’être belle homme, j’espère qu’elle n’est pas volée.

Devant elles, une nouvelle recrue se détourna, c’était le soldat Ifinwo et sa peau chaude qui lui jeta un regard outré.

- Un peu de silence, réclama-t-il aussi discrètement que possible.
- Retourne à ta place, soldat, tu t’adresses à des enseignes, répliqua la blonde, sur le même ton bas pour ne pas attirer trop l’attention.

Il fixa Mallory et se pinça les lèvres avant d’obéir à contrecoeur, soumis par le code hiérarchique qui régissait leurs interactions.

- Mais quand on y réfléchit, soupira Rose-Ann à l’oreille de sa comparse. Le Major est plutôt bel homme aussi. Tu as déjà vu le Capitaine Hope ? Tu peux comparer ?
- Qu…quoi ?! s’indigna Dana, poussée à bout par de telles frivolités.

Mais sa voix avait porté trop loin, trop fort, au-delà du rang duquel elle n’aurait pas dû émerger. Le mirialan, devant elle, leva les yeux au ciel dans une moue sidérée. Il avait pourtant prévenu. Et Valor Arboghast avait déjà capté ce son indiscipliné, avait reconnu sa propriétaire légitime et l’avait repérée. Il quitta les compagnies de Chet et Utuzz pour passer en revue le rang auquel Dana appartenait, jusqu’à lui faire face, enfin.

On pouvait entendre les mouches voler.

- Dîtes-moi que ce n’était pas votre voix que je viens d’entendre.
- Ce n’était pas ma voix.
- Vous me prenez pour un imbécile ?

Elle se mordit l’intérieur de la joue très fort.

- C’était moi, Major intervint bravement Mallory.
- Vous êtes donc deux à me prendre pour un imbécile. Et vous pensez que je vais jouer à un stupide jeu du chat et de la souris avec vous deux alors que je sais pertinemment qui a brisé le silence dans les rangs.

Il tendit la main et arracha le couvre-chef de Dana. Ses cheveux valsèrent dans l’air, libérés du poids de la casquette de sous-officier et retombèrent, courts, autour de son minois maquillé que les néons des lieux mettaient en valeur.

- On se découvre la tête, lors d’une présentation au commandant. Et surtout, on se tait. Nous parlerons de votre échec, plus tard.

Les résultats de l’opération étaient donc mauvais, mais personne n’en doutait. Dana s’apprêtait à répliquer mais Mallory lui saisit discrètement le poignet pour l’en empêcher. Valor s’éloigna, broyant le couvre-chef dans son poing serré tandis que l’on annonçait l’arrivée du Capitaine Hope.









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Lloyd Hope
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L’Eveil de Melantha


Melantha sera la terreur de nos ennemis.







Dans les coursives, la lieutenant Narih suivait le pas rapide du capitaine Hope. Sur leur passage, les soldats interrompaient leurs occupations pour les saluer respectivement. Lloyd leur répondait d’un bref signe de tête tandis que la jeune humaine continuait son compte-rendu, le souffle court.

- …et 488 morts. Jusqu’ici clairement la pire simulation qu’on ait faite. Bon, les conditions étaient clairement en notre défaveur. C’est difficile de juger les résultats des équipes dans ce contexte mais je dirais que les artilleurs ont eu une réponse claire et réactive en sélectionnant rapidement les armements prioritaires et en laissant tomber les moins pertinents pour la situation tactique. Cette astuce n’a été possible que grâce au lieutenant Utuzz et à sa capacité d’anticipation. Clairement, vous pourrez les féliciter malgré l’échec. Bon alors par contre… Les aspects médicaux de la gestion de cette crise c’était… Vraiment pas terrible. Certes le major a été pris par surprise, mais même, ses équipes ont été lentes à réagir…

Le hapien lâcha un soupir en s’engageant dans un ascenseur. Narih s’y introduisit d’un bond agile, et les portes se refermèrent sur eux deux. Lloyd fixait la porte devant lui d’un habituel air sombre.

- Normal, elles ne connaissent pas le vaisseau, elles devaient ne même pas connaître la disposition des secteurs qu’elles devaient mettre en quarantaine.
- Si vous leur trouvez déjà des excuses, mon capitaine, vous allez avoir du mal à leur passer un savon, commenta la lieutenante en relevant le nez de son datapad.
- Clairement je vais pas les féliciter non plus. Mais les accuser, de quoi je vais avoir l’air ?
- D’un capitaine grognon.

Lloyd émit un bref son de dépit, avant de couler un regard noir vers Narih.

- Vous en faites pas, ça vous va pas mal, en fait.

La lieutenante ne put s’empêcher de grimacer un sourire amusé devant la réaction du hapien : aucune, il regardait déjà de nouveau la porte devant lui de son air blasé.

- Bon, alors par contre le major Arboghast… Ce serait bien de pas montrer que vous ne seriez pas en phase avec lui devant ses propres troupes, sinon, vous allez créer des dissensions entre les métiers et…
- Je sais bien, lieutenant. Il a déjà eu son avertissement. Je n’ai pas l’intention de me battre avec les officiers de Melantha alors qu’on a des ennemis à l’extérieur bien plus dangereux.

L’ascenseur les recracha au troisième pont inférieur. Les deux officiers fendirent les nuées d’individus qui s’activaient pour rétablir les activités habituelles après la simulation. Des ordres claquaient ici et là, et ils traversèrent une baie d’atterrissage où grondaient des générateurs, qui rendirent impossibles toute discussion.

Quand le capitaine Hope entra dans le hall où les cinquante recrues étaient alignées, le lieutenant Utuzz et le major Arboghast discutaient à voix basse, leurs mines fermées. Mais dès que les portes se refermèrent derrière la lieutenante Narih, Arboghast aboya un garde à vous ! et les rangs se rigidifièrent, yeux droits devant. Le hapien balaya les uniformes du regard un instant.

- Bienvenue à bord. Repos, gronda-t-il.

Il n’avait guère besoin d’élever la voix. S’il y avait eu des mouches sur Melantha, elles se seraient tues également. Mais il parla de nouveau, ce fut d’un ton tranchant, presque agressif.

- Votre cadeau de bienvenue, cet exercice que vous avez échoué, est à l’image de la vie que vous allez expérimenter ici : la sueur, le stress, le manque de sommeil, le combat perpétuel pour des résultats extrêmement ardus à atteindre.

Les postures étaient moins formelles après le garde à vous mais chacun restait tendu. On osait cependant enfin poser les yeux sur ce commandant, tout en prenant soin d’éviter son regard. Lloyd s’était mis à arpenter la pièce, passant devant le premier rang, fustigeant du regard les premiers visages, ignorant les autres pour le moment. A sa hanche, son sabre laser était visible, comme un rappel discret de son appartenance à l’Ordre Sith.

- Vos résultats ont été catastrophiques. Vous avez été lents, vous avez fait des choix inadaptés, et en conséquence la bataille virtuelle a été perdue avec des centaines de morts ; précisément un tiers de nos effectifs seraient perdus parce que vous n’avez pas réussi à réagir correctement. Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas sur les canons, dans un chasseur ou sur le pont de commandement que votre activité n’est pas essentielle à Melantha, bien au contraire.

Au bout de la formation, quand Lloyd s’arrêta devant le premier soldat de la dernière rangée, un zabrak dont une cicatrice balafrait la joue claire, il y eut un silence. Le zabrak déglutit, ses yeux fixés droit devant lui tandis que le hapien détaillait son uniforme. Finalement, le capitaine fit demi-tour, pour repasser devant les troupes. Mais cette fois-ci, il commença à marcher entre les rangs, comme s’il voulait vérifier personnellement le visage de chacun d’entre eux.

- Vous rejoignez un bâtiment jeune, en pleine préparation pour des batailles de grande envergure, poursuivit-il d’une voix tranchante. Il m’a été accordé six mois pour faire de Melantha une frégate à la hauteur des performances de la Marine Impériale. Sur ces six mois, quatre se sont déjà écoulés et vous venez d’expérimenter la frustration à laquelle je suis confronté chaque jour : nos performances sont insuffisantes. Au moindre imprévu à bord, nous ne sommes plus capables d’assurer correctement notre mission sur un théâtre d’opération. Je n’aurai donc de cesse de nous remettre au travail tant que les résultats ne seront pas à la hauteur.

Sur la troisième ligne, il s’immobilisa, posa les yeux sur une grande femme à la chevelure rousse, qui à force d’être ainsi toisée se mettait à rougir. Comme le silence s’installait trop longtemps, elle osa enfin croiser le regard du hapien. Ce dernier lui fit un bref signe de tête, pour désigner sa veste. La femme, une enseigne un peu maladroite et timide, crut un moment qu’il la reluquait mais elle baissa le regard sur son propre uniforme, constata que les attaches des boutons de sa veste étaient décalées. Avec des gestes tremblants, son visage rouge comme le sang, elle entreprit de tous les défaire, puis de les réattacher dans l’ordre sous l’œil glacé du capitaine. On jetait des coups d’œil à la pauvre enseigne dont la sueur perlait dans son cou. Quand elle eut terminé, le hapien reprit sa marche lente, et sa voix incisive gronda de nouveau.

- Soyons clairs : je n’ai pas seulement l’intention de faire de Melantha une frégate aux performances standards : Melantha doit être l’une des meilleures en son genre. Tant que cela ne sera pas atteint, je ne passerai pas des nuits complètes, et vous non plus. Dans un mois, nous allons refaire ce même exercice, à l’identique. Mais cette fois, vous serez rapides, efficaces, vous protègerez et sauvez vos frères et sœurs d’armes du fléau, afin que ceux-ci puissent continuer à se battre, et que Melantha puisse survivre au pire.

Au bout de la ligne, cependant, il ne s’enfonça pas davantage entre les rangs. Il remonta vers les officiers ; Narih, Utuzz, Arboghast l’écoutaient passivement. Parfois, le major jetait un regard noir à l’un des membres du régiment, pour que celui-ci se tînt bien droit ou parce que leur tenue n’était pas impeccable. Lloyd revint se placer devant eux, et s’immobilisa, les mains derrière le dos.

- Ne croyez pas que tout ceci n’est qu’une histoire d’ego. Je sais la réputation que les Sith peuvent avoir. Mais la vérité, c’est que si Melantha ne devient pas terrifiante d’efficacité, ce sera notre vie à tous qui sera en danger à la première bataille. Comme moi, vous connaissez la vieille chanson : Melantha attend celui qui revient du combat, car il doit revenir. Je n’ai pas seulement l’intention que nous vainquions nos ennemis : j’ai aussi l’intention que chacun retourne à ceux qui les attendent pour célébrer les victoires.

La voix du hapien s’était légèrement adoucie, son visage également. Les regards qu’il accordait ne paraissaient plus être une inspection ou une inquisition, mais plutôt une raison partagée.

- Je serai sévère, exigeant. Je serai intransigeant, et vous pourrez me dire cruel si vous le souhaitez. Mais soyez sûrs d’une seule chose : je le fais dans cet unique but, et ne trouverai le repos avant d’être certain que Melantha sera la terreur de nos ennemis, et le bouclier infranchissable qui vous protègera tous.

Lloyd ponctua sa déclaration d’un silence. Ses yeux s’arrêtaient sur chaque visage, jusqu’aux derniers rangs, cette fois. Ses sourcils parurent se froncer très brièvement, mais son masque impassible avait aussitôt repris le dessus. Il prit une nouvelle inspiration.

- Alors oui, c’est ce que vous allez vivre ici, la sueur, le stress, le manque de sommeil, le combat perpétuel. Si vous n’êtes pas prêt à vous donner entièrement à ce travail, vous avez tout le loisir de formuler une demande d’affectation à un autre navire. Je demanderai au Major Arboghast d’être conciliant sur ce point dans les jours qui vont venir : si l’un d’entre vous n’est pas prêt à se joindre aux équipes de Melantha pour relever ce défi, qu’il s’en aille sur des navires moins exigeants.

Les souffles se déliaient progressivement. On respirait mieux maintenant que l’on comprenait qu’il n’y aurait pas de sanction. Pas aujourd’hui, en tout cas, pour l’exercice raté. Le hapien pinça les lèvres.

- Maintenant, allez profiter de vos heures de repos. Demain, la journée sera longue, et les suivantes tout autant. Rompez.

Les troupes saluèrent presque simultanément, puis les rangs se brouillèrent en quelques instants. Les individus se hâtèrent, le pas exténué. On voulait rejoindre sa cabine, dormir, manger, sans trop penser aux déclarations du capitaine. Ce dernier les regarda sortir pensivement. Il entendit le pas d’Arboghast dans son dos.

- Pas de sanction, hein ? Quelle clémence.

Lloyd resta silencieux, jusqu’à ce que le hall fut quasiment vide. A ses côtés, le lieutenant Narih échangea un regard blasé avec Utuzz. Ils n’allaient pas recommencer, tout de même.

- Non, fit-il finalement. Pas cette fois.

Il se retourna vers le major, le visage neutre.

- Autre chose, à leur sujet ?

Lloyd parut réfléchir un bref instant.

- Non, dit-il finalement. Rien du tout.



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Darth Hope
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L'Eveil de Melantha

Anticiper les ordres du Major Arboghast.








Ne pas admirer Lloyd Hope, ne pas se noyer dans son charisme soudain et ne pas affronter l’émeraude ardente de son regard avait été ardu. Et à défaut de le voir, elle l’avait écouté. Ses oreilles avaient bu ses mots rassembleurs, galvaniseurs. Les mots d’un véritable impérial et elle avait éprouvé une pointe de fierté, se rendant compte que c’était lui désormais, le glorieux. Elle n’avait pas besoin de voir l’admiration illuminer les prunelles de Mallory ou de Narih pour imaginer à quel point il devait être beau. Elle imaginait parfaitement sa chevelure blonde capter l’éclairage des projecteurs et auréolée sa figure hapienne dont la beauté survivait aux marques de fatigue, de blessure, de stress. Elle avait suspendu la course effrénée de son cœur quand elle avait senti la voix du capitaine se rapprocher, et l’avait relâché quand elle l’entendait s’éloigner. Durant tout ce temps, elle avait fixé la pointe de ses bottines d’uniforme, l’or de ses yeux occulté par ses longs cils sombres.





- L’uniforme le rend très sexy, déclara Rose-Ann en récupérant son plateau.

Dana observait les aliments figés dans son propre plateau-repas à la couleur acier. Des morceaux compacts étaient gélifiés en portions froides. Dans un coin du réfectoire moins bondé à cette heure de la journée, des appareils et des fours se tenaient à disposition du personnel, mais bons nombres de recrues faisaient déjà la file et elle renonça à l’idée de manger chaud, voire de manger tout court. Elle s’installa à une table, talonnée de Mallory dont les éloges ne tarissaient pas.

- Et il parle franchement bien. J’aurais aimé qu’il me reluque comme il a reluqué l’enseigne Bloem, même si c’était pour me signifier que j’étais ridicule, soupira-t-elle en plongeant son couvert dans une purée solide.
- Il a les jetons, déclara sobrement Shar.
- Hein ?! Un Sith ? Avoir les jetons, impossible.
- Les Siths, sont pas faits pour les simulations. Mais pour la réalité du terrain. Ce que j’ai, personnellement, toujours connu.

Les Lames Rouges avaient leur salle d’entraînement, leurs moniteurs d’exercices, mais les simulations étaient toujours à « balles réelles ». Et elle y avait déjà perdu des dents, au fin fond de sa mâchoire cognée trop rudement. Elle avait déjà hurlé de douleur quand elle avait été incapable d’ériger la Force pour se protéger des tirs de blaster dans un environnement de « simulation ». Et les entraînements étaient rares : il y avait toujours un coin de l’Empire Sith où on pouvait les déployer. Il y avait toujours l’enfer d’un champ de bataille et ce besoin de goûter au sang pour éviter d’offrir le sien en repas aux ennemis.

- C’est pour nous entraîner, pinça Rose-Ann avant d’avaler une généreuse bouchée de purée.
- L’ennemi ne sera jamais aussi prévisible que dans ces simulations à la con, grogna-t-elle.
- Laisse-moi deviner, t’as jamais eu de bons scores en stratégie à l’Académie Militaire ? Ces simulations coûtent une blinde, elles ont été pensées par les meilleurs stratèges de la Marine en compilant les données de centaines de combats spatiaux.

Dana s’intéressa alors à son repas encore intact, plongée dans les clameurs bruyantes du mess dont les occupants conversaient avec entrain.

- J’suis fatiguée, dit-elle soudainement. Je vais me reposer.





La cabine 1332 du quartier des sous-officiers était plongé dans une pénombre incertaine alors que Shar avait baissé la luminosité. Etendue sur le dos, dans sa couchette, elle avait un comlink à la fréquence cryptée collé aux lèvres dont elle avait retiré le fard. Ses cheveux de jais formaient un petit soleil noir autour de sa tête, se ramifiant sur l’oreiller blanc. La voix de Runà ne tarda pas à grésiller hors de l’appareil..

- Tu rencontres des difficultés avec le Major Arboghast ?
- Il est toujours sur mon dos. Ca va pas être possible d’enquêter alors qu’il m’a autant à l’œil.
- Dana, le Major Aborghast est ce qu’on appelle un technocrate. Il a le goût du travail bien fait. S’il t’a à l’œil, c’est que ton approche n’est pas aussi subtile que je l’ai ordonné.
- Il abuse de son autorité ce connard.
- Il n’aurait pas à en abuser, s’il n’en avait pas besoin. Obéis-lui.

L’Inquisitrice soupira en grimaçant de dégoût.

- Tu dois anticiper le moindre de ses ordres et être irréprochable. Plus il te fera confiance, plus il comptera sur toi, plus les verrous sauteront.
- C’est mal barré.
- Alors rectifie le tir avant d’en recevoir un deuxième en pleine figure. Et ne me contacte plus avant d’avoir un rapport solide à me présenter.

Dana se redressa paresseusement, ouvrit le compartiment sécurisé pour y remettre le comlink. A l’intérieur de ce dernier, contre l’une des parois, sous une LED timorée, le papier glacé d’une photo reluisait pour lui offrir le spectacle figé d’une blonde dévêtue qui enlaçait un capitaine un peu perdu, un peu pervers, un peu glorieux, un peu Sith. De tous les vaisseaux de cet Empire, il fallait qu’elle soit missionnée sur le Melantha. Quand l’écoutille s’ouvrit et que la luminosité augmenta, elle se dépêcha de refermer le compartiment.











- Mumkin ? souffla Dana devant la passerelle close du Sans-Visage.

Elle jetait des regards aux alentours, stressée, de peur d’être repérée par le Major Arboghast ou pire. Sa main impatiente frappa l’acier avec véhémence jusqu’à ce que le son caractéristique de la commande d’ouverture résonne dans le brouhaha général de la baie. Les cornes du dévaronien apparurent en premier, puis sa face aux traits aliens.

- Dana ? s’étonna-t-il. Attends, j’te jure je peux t’expliquer, j’ai rien dit à Lloyd !
- De quoi tu parles ?! Pousse-toi, je crève de faim, lança-t-elle en grimpant sur la passerelle.

Elle fonça vers la coquerie, Mumkin sur les talons. Au-dessus de l’évier, la photographie rayonnante de Chechi et Mikh réunis sous un drap blanc, des sourires dévoilant leurs dents pour l’éternité, trônait comme un souvenir d’une autre vie. L’Inquisitrice s’attaqua aux placards, les ouvrit, fit main basse sur une barquette qu’elle s’empressa d’enfourner dans un appareil coincé entre deux meubles.

- C’est pas le réfectoire ici.
- La ferme, c’est dix fois mieux.

Il allait répliquer mais une série de bips interrompirent son élan. Elle sortit la barquette, manqua de se brûler les doigts et grimaça.




Recroquevillée dans la couchette de la cabine du capitaine, piégée dans le Sans-Visage, Dana savourait le contenu de la barquette, les yeux rivés sur l’environnement impersonnel. Elle voyait l’écoutille fermée et tentait de ne pas penser aux chocs brûlants qui ravivaient des râles masculins à ses souvenirs. Elle entendait des gouttes d’eau percuter l’inox de la salle d’eau et s’efforçait de ne pas songer aux promesses qu’un capitaine lui avait déloyalement arrachées dans la vapeur d’une douche ardente. Elle observait le bureau et oubliait, en vain, leurs sourires qui se percutaient, comme leurs corps. Il ne restait plus que le hublot qui donnait maintenant sur l’activité de la baie et elle termina son repas en ne regardant rien d’autre que cette fenêtre sur le vide.

Une heure plus tard, Mumkin frappait à l’écoutille comme il n’avait pas de nouvelles de la fichue Inquisitrice de son patron. Il ouvrit prudemment et remarqua une silhouette féminine étendue sur la couchette, roulée en boule et endormie. Dana aurait été emportée par la fatigue. Le dévaronien soupira et se rapprocha pour débarrasser les restes de repas et couvrir la Sith d’un drap afin qu’elle fût mieux confortablement installée dans son sommeil où elle paraissait étrangement inoffensive et humaine. Il repensa à ce qu’elle avait dû affronter ; la mort de ses propres enfants, l’attitude de Hope par-dessus ce deuil éprouvant et maintenant qu’elle était là, complètement seule, comme abandonnée, il avait un peu de compassion.

- Bon ben, tu peux rester là autant qu’tu veux, je suppose, dit-il dans un sourire embarrassé.














Anticiper les ordres du Major Arboghast.
Face au miroir de sa cabine, sur le Melantha, Dana établissait une stratégie pour conquérir l’estime du redouté Major. Derrière elle, Mallory faisait un vacarme d’enfer après s’être heurtée au mur catatonique qu’avait été Dana Hickpens à son retour. Mais le bruit donnait un tempo aux réflexions de la Sith. Elle devrait être un excellent bras droit et anticiper davantage que des ordres. Elle entrouvrit les lèvres. Anticiper des besoins. Le tube de rouge à lèvres rencontre la charnure de sa bouche. Anticiper des désirs. Quelque chose dans son maquillage avait déplu à Valor Arboghast. Ses lippes se colorèrent d’un mauve sombre, moins criard que le vermeil habituel dont elle se parait. Elle passa plusieurs couches sur sa cicatrice.

- Faudra que tu m’expliques un jour pourquoi tu te maquilles autant, fit brusquement Mallory.
- Et toi, faudra un jour, que tu te mêles de tes affaires.
- Ah ouais, ok. Bon, j’ai un débriefing avec l’unité et le lieutenant Utuzz, tu sais un officier sain qui abuse pas de son autorité sur ses enseignes. Et pour qui on a pas besoin de se maquiller.

Dana serra si fort le tube de rouge à lèvres entre ses doigts qu’elle le brisa.

- Bon courage, ponctua ironiquement Rose-Ann avant de sortir.







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Lloyd Hope
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L’Eveil de Melantha


- Je pense pas que ce soit un mauvais type. Juste un gars aux dents longues. Un peu comme vous, au final.
- Je suis un gars aux dents longues, moi ?







Les heures s’étaient écoulées. Après les débriefings d’exercice, les autres urgences. Les rapports à lire, les réunions auxquelles assister, les messages auxquels répondre, qui paraissaient tomber indéfiniment sur son datapad. Le hapien penché sur son bureau relisait pour la cinquième fois la même phrase, sans la comprendre, quand le lieutenant Narih apparut dans son bureau. Elle le vit se frotter le visage, et elle ressortit. Puis elle revint, et cette fois frappa poliment au bord de l’écoutille ouverte.

- Je peux entrer ?
- Je vois que vous vous entraînez à être plus polie ? marmonna Lloyd en se laissant aller sur son fauteuil, les bras croisés.
- Je prends ça pour un oui.

Elle alla directement s’asseoir sur l’un des sièges en face de lui. Elle avait visiblement pris un temps de repos et son teint était frais.

- Ne vous en faites pas, je n’arrive pas avec de nouveaux problèmes urgents. Enfin, il y en a bien quelques-uns mais… Rien qui demande vraiment votre intervention pour le moment.
- Ah. Parfait, vous venez m’annoncer de bonnes nouvelles, alors ?
- Non, je viens avec des problèmes qui ne sont pas encore arrivés. J’anticipe, quoi.

Lloyd émit un grognement las.

- J’ai déjà du mal avec ceux qui s’accumulent et qui existent déjà, soupira-t-il.
- Le Major Arboghast m’a fait savoir qu’il allait commencer les entretiens individuels avec mes équipes.
- Déjà ?! s’exclama Lloyd un peu plus fort qu’il ne l’aurait voulu. Mais il nous reste deux mois avant l’évaluation !
- Je sais. Mais il dit qu’avec tous les officiers à bord à interroger, on ne pourra pas s’y prendre au dernier moment. Et il n’a pas tort.
- Pourquoi pas commencer par les équipes avec lesquelles on est déjà au point ? La logistique, par exemple. Ça, ça marche plutôt pas mal, il devrait commencer par là !
- Heu, mes équipes aussi, fonctionnent bien, mon capitaine.
- Non mais ce n’est pas ce que je voulais dire, mais le lieutenant Utuzz n’a plus que quelques ajustements à faire alors qu’au niveau opérationnel… C’est pas encore ça.

Narih afficha une moue contrite, tandis que Lloyd se levait. Il se mit à faire les cent pas dans le bureau tout en longueur, et ses yeux jetaient des regards froids vers le pont de commandement, que l’on voyait à travers l’un des hublots.

- Je sais, mais il y a eu beaucoup de progrès, soupira calmement l’humaine en le suivant du regard. Donc, je vais accepter.
- Ben voyons.
- C’est une demande de l’Etat-Major.
- Il aurait pu m’en informer !

Le hapien serra les poings, s’empêcha de marteler la table devant laquelle il passait, à grands renforts de dents grinçantes.

- Il va certainement le faire, c’est tombé il y a quelques minutes à peine.

Lloyd se retourna vers la lieutenante.

- Il essaie de me prendre de court !
- Il essaie de performer, pour que tout soit impeccable dans deux mois. Comme nous tous. Et ne vous en faites pas, mes équipes vous ont globalement en haute estime, elles seront positives sur votre leadership. Arboghast s’inquiète du sien, de leadership.
- Je vois pas pourquoi il devrait s’occuper de cela. Ce n’est pas lui qui commande le navire, maugréa le hapien en contemplant quelques instants le sol, la mine anxieuse.
- Ah, écoutez. Il n’a pas votre charisme, ni votre appartenance aux Sith, et en plus c’est une pièce rapportée car il n’est pas de la Marine. Asseoir sa légitimité est plus difficile pour lui que pour vous auprès de ses propres subalternes.

Le hapien releva le nez vers Narih en étrécissant les yeux.

- Vous avez rudement de l’empathie pour lui, dites-moi.

La lieutenante lui décocha un sourire provocateur.

- Ça vous embête ?
- Je veux juste comprendre.
- Je pense pas que ce soit un mauvais type. Juste un gars aux dents longues. Un peu comme vous, au final.
- Je suis un gars aux dents longues, moi ?
- Vous ne l’êtes pas ? Vous savez qu’on vous surnomme le Loup de Melantha.
- Oui, je sais. C’est pas un hasard, c’est moi qui ai choisi le loup pour emblème. Bref, pourquoi tant de compréhension pour le Major ?
- Parce qu’il va être des nôtres longtemps, et qu’il est très bon dans ce qu’il fait, même si sa personnalité ne vous plaît pas. Quand nous nous sommes rencontrés pour la première fois, vous m’avez dit de vous parler franchement et de vous dire quand je pensais que vous vous trompiez. Et bien voilà : je pense que le Major, il faut le brosser dans le sens du poil.
- Comme vous faites avec moi ?

Le commentaire du hapien était un poil cinglant et Narih se mit à rougir.

- Ahem, c’est que…

Le hapien laissa échapper un souffle moqueur, mais sans sourire.

- Je vous charrie. J’apprécie votre enthousiasme. Je n’aurais pas aimé avoir des officiers qui auraient rechigné à la tâche. Jusqu’ici, vous avez fait un excellent travail. Et pour le Major, je n’ai pas l’intention de lui chercher des poux plus que cela. Ce n’est pas mon ennemi, alors il peut tout à fait être votre allié, ne vous en faites pas. Faites au mieux, avec ces entretiens.

La lieutenante avait baissé les yeux, soudainement absorbée par les données de son datapad.

- Ah, ah, oui. Hum, merci et…

Bzzzz.

Le hapien avala les deux mètres qui le séparaient de son bureau pour attraper l’interface du communicateur, qui vibrait. Il croisa le regard de Narih.

- Le Castellan. Il faut que vous me laissiez seul.
- Bien sûr, mon capitaine.

Elle bondit sur ses pieds tandis que le hapien allait brancher l’holocommunicateur et s’asseoir à son bureau. Narih referma l’écoutille derrière elle et disparut dans la coursive.










Quand le capitaine Nande se présenta sur le pont de commandement, il jeta des coups d’œil furtifs avant de monter sur la plateforme. Narih et Utuzz se côtoyaient, comparaient des données à haute voix, quand le Major parvint à leur hauteur. Le pont était relativement calme. Une équipe de techniciens intervenait sur une série de moniteurs, et un grand nombre de postes étaient laissés vides, comme aucune opération ni navigation n’était en cours.

- Le commandant n’est pas là ? demanda-t-il d’une voix posée en s’approchant de l’humaine et du kel dor.
- Non, lui souffla Narih avant de se pencher vers eux deux, sur le ton de la confidence. En communication avec le Castellan Noir.
- Oh. Je vois. Meilleure humeur ?
- Même pas. Puis avec le major qui commence les évaluations plus tôt que prévu… Encore qu’il l’a moins mal pris que ce que j’imaginais.
- On va vous envoyer lui transmettre les mauvaises nouvelles systématiquement, lieutenant, plaisanta Utuzz.
- C’est clair. Quand je lui ai dit qu’il manquait 0,012% de précision dans les sauts hyperspatiaux de Melantha, il m’a fait tout un speech sur le fait que c’était le genre d’imprécision qui nous coûterait une collision, grogna Nande. Mais bon, avec les nouvelles rumeurs, il va avoir autre chose à s’occuper, apparemment.
- Nouvelles rumeurs ? répéta Narih.
- Ben oui, les effractions.

Utuzz et Narih se regardèrent, surpris. Nande arrondit les yeux.

- Ah, vous êtes pas au courant. Alors je suppose que le capitaine non plus ?

Narih secoua négativement la tête.

- Des cabines ont apparemment été forcées. Ca a commencé au pont inférieur n°3, et là y’a même des officiers supérieurs qui ont commencé à être volés. Quelqu’un briserait les casiers pour y chiper des affaires précieuses.
- Quoi ?!
- Oui. Et en plus, cette personne arrive à brouiller la surveillance vidéo des coursives où elle opère, ce qui est assez culotté.

La respiration du kel dor s’interrompit subitement dans son respirateur.

- Quoi ? Un piratage ?
- On sait pas trop… Mais le pire, c’est les messages : le coupable laisse des petits mots. Sur le dernier retrouvé, y’a eu marqué « le Chien se sert chez lui ».

Les trois se regardèrent, interdits. Puis Narih leva ses mains devant elle, paumes ouvertes.

- Alors, là, non. Moi, je lui ai déjà dit pour les éval’. Là c’est votre tour, les mecs !











- QUOI ?!

Le lieutenant Utuzz, avait joint les mains devant lui, embarrassé, tandis que Lloyd se levait de son siège. Le lieutenant Subol, avec qui il était en réunion, darda ses yeux rouges sur le hapien, qui fulminait.

- Et les caméras de surveillance ?
- Justement, mon capitaine, elles ont été piratées. A chaque fois que l’auteur des faits est intervenu, la caméra de surveillance redémarre subitement pour une opération de maintenance.
- C’est ridicule ! Et on ne peut pas tout simplement surveiller la prochaine maintenance forcée et pincer le coupable ?
- Hum… Selon Linda – je veux dire, l’enseigne Lopez, la responsable du département informatique, il y a 12486 holocaméras de surveillance à bord. Autant chercher un blaster dans un champ d’astéroïdes…

Lloyd écrasa brutalement son poing sur la table, et le moniteur de Subol bugua sous l’impact. Le duros parut s’affoler un bref instant mais l’image reparut sur son écran. Le hapien se mit à faire les cent pas devant les deux aliens, fulminant. D’abord le Sans Visage et la farce de Mumkin, puis le Major Arboghast et son indiscipline, puis son zèle, et maintenant une psychose à bord. Et surtout.

SURTOUT.

CETTE FICHUE INQUISITRICE.

MAIS. Ce n’était pas le moment.

Pas encore.

- Qui est au courant ?
- Officiellement ?
- Comment ça, officiellement ? Je vous demande qui, à bord, sait que ces faits ont eu lieu.
- Ah. Difficile à dire, mon capitaine, mais les discussions vont bon train. Ça a commencé pendant la simulation, et au début, les équipages ont cru à quelques mauvaises blagues…
- Bon, autant dire tout le monde, c’est ça ? cracha Lloyd, dépité.

Utuzz écarta les mains en signe d’impuissance.

- Beaucoup de monde, en tout cas.
- Subol. Vous allez me mettre les équipes de sécurité sur le coup. Et dites à Arboghast que Pyke tout seul ne fera pas l’affaire, c’est un petit naïf qu'un enfant de six ans pourrait manipuler.
- Immédiatement, mon capitaine.
- Et puisque les rumeurs vont bon train dans ce vaisseau, faites passer le message suivant, tous les deux, ajouta le hapien en tendant tour à tour un index sévère : plus le coupable attend avant de se rendre, plus la punition sera sévère. Et le capitaine l’administrera lui-même. Est-ce que c’est clair ?!

Les deux lieutenants acquiescèrent. Aussitôt, Lloyd quitta la pièce. Dans les coursives, sur son passage, il ne rendit aucun salut, ses poings fermés se balançant dans sa démarche furieuse.

Il fallait qu’il vérifie sa propre cabine immédiatement.





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Darth Hope
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L'Eveil de Melantha

- Putain, c’est pas le moment pour ton humour de merde OK ?!








Dana tenait fermement un datapad contre sa poitrine, les bras croisés et avançait d’un pas déterminé. Ses cheveux de jais dansaient à chacun de ses pas, virevoltant autour de son visage irisé où aucune marque n’apparaissait et elle évitait scrupuleusement de croiser son reflet et d’accuser cette trahison envers soi-même. Cependant, les missions au nom du Clergé Sith exigeaient des sacrifices où il fallait se dépasser et oublier toute part d’humanité. Elle n’était plus humain, elle n’était même pas une femme. C’était une Inquisitrice Sith et qu’elle portât la bure, l’uniforme ou qu’elle fût entièrement nue ne changeait pas ses prérogatives. Elle avait l’effort de mémoriser l’emplacement du bureau d’Arboghast, effectuant le trajet de nombreuses fois depuis sa cabine, depuis l’infirmerie de bord où elle avait déjà commencé à compiler les dossier, depuis le réfectoire, depuis la baie où le Sans-Visage était amarré. Bref. Depuis tous les endroits où elle était susceptible de se trouver et d’être appelée par le Major. Durant ses premiers essais, elle avait fait fausse route à de multiples reprises jusqu’à se retrouver devant des portes closes : gardant l’accès à des zones où sa présence n’était pas permise.

Maintenant qu’elle avait retenu ce véritable parcours, elle était prête à rencontre encore son nouveau supérieur hiérarchique et à l’impressionner. Elle s’était concentrée durant des heures sur les dossiers médicaux que Chet lui transmettait ; elle avait trié les données, avait utilisé ses astuces personnelles acquises lorsqu’elle devait s’adonner à un tel exercice avec les rapports de l’Inquisition. Au fur et à mesure, elle avait compris à quoi les anomalies faisaient référence. Elle avait discuté avec le docteur Chet, quand certaines informations médicales dépassaient ses maigres connaissances. Elle s’était rendu compte que certains examens révélaient des dépendances à des drogues, à de l’alcool. Vu la masse de dossiers, les coupables arrivaient à passer entre les mailles du filet grâce à l’extrême paternalisme et gentillesse du lieutenant Chet. Maintenant qu’Arboghast avait mis un limier sur cette piste, il était difficile de protéger ces inconscients et Dana Hickpens n’aurait pas plus de pitié pou eux que ne l’aurait eu Dana Shar.


Elle appuya sur la commande de l’écoutille permettant de l’annoncer. Quelques secondes plus tard, Valor déverrouillait les portes et elle s’engageait dans sa tanière de laquelle on pouvait admirer le vide intersidéral s’étendre.

- Enseigne Hickpens.

Après un bref salut de rigueur, elle prit la parole :

- Je me permets de venir à vous, Major afin de vous présenter mes rapports de la journée. Et pour vous transmettre également, mes résultats lors de la dernière simulation.

Il avait fallu invoquer ses anciens réflexes de militaire, mais elle avait déjà fait ça. Obéir aux ordres. Les anticiper était en revanche, une nouveauté étrange. Arboghast conserva un léger silence durant lequel ses pupilles glaciales fondirent contre le corps de sa subordonnée, dans une inspection rigoureuse. Elle demeura impassible, attendant qu’il termine de l’examiner. Il se conforta dans son siège, les jambes croisées, comme l’étaient ses mains gantées de cuir. Il indiqua un fauteuil libre en face de son bureau et elle prit place, lui accordant un sourire contrit, mais un sourire quand même.

- Parfait, concéda-t-il sur un ton sévère. Parlons d’abord de la simulation.
- J’assume mon échec, Major, récita-t-elle comme elle avait préparé ce discours durant des heures devant son miroir, puis devant le moniteur de l’infirmerie. J’ai été prise de court par l’intensité de l’exercice. Nous n’avions jamais simulé une opération de ce genre sur le Lightbreaker. Mais sachez que j’ai déjà été confrontée à une situation épidémiologique.
- A quelle occasion ? l’encouragea-t-il, les yeux plissés.
- Quand j’étais dans l’armée régulière, Major.
- Ce n’est pas mentionné dans votre dossier, grinça-t-il en se pinçant les lèvres.
- Non, et bien, vous savez, je n’en suis pas très fière mais je sais quelle réputation ont les éléments « rapportés », je voulais éviter d’être autarcisée, j’ai fait jouer quelques relations à l’Etat-Major, ahm.

Valor ne disait rien et son regard devenait plus perçant. Elle déglutit et présenta son datapad allumé sur le bureau.

- Si c’était à refaire, reprit-elle, J’aurais opté pour tester, isoler, tracer. Les cas avérés se regroupent dans des zones clauses, sans unité médicale. Les cas contacts se regroupent dans des zones accessibles aux unités médicales pour procéder à des testing. Les cas sains, sont répartis en priorité sur les postes de combat. Avec cette méthode, nous perdons, je pense, un tiers des effectifs à bord, nous en sauvons un tiers et un autre tiers ne contracte jamais la maladie.

Le plan n’était pas tout à fait de son cru. Elle en avait longuement parlé au soldat Ifinwo à l’infirmerie entre deux rapports à compiler. Ils avaient brainstormé, échangé. Le mirialan avait émis l’hypothèse du test, isolation traçage. Le Major baissa son attention sur les données du datapad et un sourire naquit sur ses lèvres habituellement immobiles.

- Je suis impressionné, avoua-t-il froidement. Vous avez réfléchi à comment améliorer le score de l’exercice.
- Je me suis également permise de lister les « anomalies » afin de vous alléger le travail de lecture, Major. Toutes mes évaluations sont là.
- Vous n’avez pas dû beaucoup dormir, Enseigne Hickpens.
- Quand j’étais déployée au sol, fit-elle avec la sincérité de l’expérience, le sommeil ne gagnait que lorsque l’artillerie avait cessé et que les cris victorieux de l’infanterie résonnaient. C’était le sommeil ou la mort, Major. C’est comme ça dans l’armée. Ils dorment encore beaucoup trop dans la Marine Impériale.

La froideur dans le regard du Major disparut au profit d’une étincelle inédite.

- Qu’avez-vous pensé du Capitaine Hope, Enseigne Hickpens ? Je vous ai observé dans les rangs, vous étiez la seule femme à ne pas être suspendue à ses lèvres. Aurions-nous quelqu’un immunisé au charme du Capitaine Sith sur ce bâtiment ?
- Je le respecte, parce que c’est un Sith et qu’il m’est supérieur.

Bain de bouche à volonté sitôt retournée dans sa cabine, se promit-elle. Cependant, la propagande Sith primait sur l’amour propre.

- Mais, la beauté suffit pas à diriger des hommes. Sinon, vous seriez à sa place.

Brosser le Major Arboghast dans le sens du poil méritait une double-ration de bain de bouche. L’officier pencha la tête sur le côté alors qu’il admirait Dana avec intérêt et elle soutenait son regard, sans se laisser intimider.

- Bien. Bon travail, Enseigne Hickpens, trancha-t-il. Vous pouvez disposer. Et restez dans les parages au cas où j’ai besoin de vous.
- Bien sûr, Major, se força-t-elle à sourire avant de se redresser.

Elle s’apprêtait à quitter le bureau quand il la retint par une dernière question :

- Dans quel régiment étiez-vous affectée, Dana ?

Son prénom avait claqué dans l’air, la prenant de court et elle se détourna rapidement :

- Le régiment d’Axxila, répondit-elle de manière vague.

Il hocha du chef et elle sortit d’un pas précipité.












- QUOI ?!

Elle avait hurlé de colère en constatant le compartiment sécurisé au-dessus de sa couchette, complètement forcé. Pyke et Mallory avaient des visages graves et fixaient le sol. A l’entrée de leur cabine, une petite foule de curieux s’était amassée pour profiter des derniers potins à faire circuler. Dana s’était agenouillée sur le lit, avait récupéré ce que le « voleur » avait bien daigné laissé : son sac, son datapad personnel. Mais du kimono rouge et de la photographie, aucune trace. Elle enrageait et sentait la Force bouillir dans ses veines contractées de nervosité.

- On a aussi forcé mon compartiment, déclara Rose-Ann, mais visiblement y’avait moins de trucs à voler que chez une bourgeoisie kaasi.
- Putain, c’est pas le moment pour ton humour de merde OK ?! explosa l’Inquisitrice.
- On va trouver le coupable, Enseigne Hickpens, promit bravement Pyke en s’avançant d’un pas. Le Capitaine laissera pas ça impuni, y’a d’autres victimes et…
- Non ! NON ! Je vais le trouver moi-même ce…

Ses yeux tombèrent sur l’inscription grossièrement gravée sur la paroi du comportement, là où était épinglée la photographie.

- Chien. Et je vais le découper et je mettrai chacun de ses membres dans un des compartiments qu’il a volé, jura-t-elle entre ses dents serrées de colère.
- Y’a un souci ?! clama une voix familière.
- Caporal Joras ! répondit Pyke, dégoulinant de panique. Y’a eu deux nouvelles effractions ici.
- Ouais, le Lieutenant Subol m’a mis sur le coup pour cette partie du vaisseau, fit-il depuis l’entrée. Personne a rien vu ? Oh mince, il vous a cambriolé aussi, Enseigne Hickpens ? Je vais le coincer ce connard.
- Ca pourrait pas être la prostituée du Capitaine ? osa soudainement une militaire dans la masse accumulée à l’entrée. Keshna rougit aussitôt de son audace alors que Pyke lui faisait les gros yeux.
- La quoi ?! souffla Mallory, les yeux ronds comme des billes.

Puisque le mal était fait.

- Ben y’a deux jours, il paraît qu’une prostituée a débarqué, pour le Capitaine et…ahm, personne l’a jamais vu repartir. Le protocole 46-8, tout ça. Enfin, c’est ce qu’on dit.
- Mais c’était une blague d’une officier qu’ils ont dit, renchérit un anonyme au loin.
- Que des rumeurs de bas-étage, insista Pyke.
- Bon, décida Joras d’un ton cinglant vers les curieux, débarrassez-moi les lieux tout de suite. Enseigne Hickpens, avec tout le respect que j’vous dois, va falloir qu’on aille chez le lieutenant Subol pour que vous nous listiez les objets qu’on vous a dérobé.

Dana jeta un regard noir à Pyke qui rentra la tête dans les épaules et suivit le caporal Joras.














Dans la cabine du Capitaine Hope, le calme régnait, mais un objet n’était pas à sa place. Il brillait à la surface du lit proprement fait, éclairé par l’irradiation de l’espace qui se déversait depuis le hublot. C’était un petit rectangle de papier glacé où apparaissait un couple enlacé. On reconnaissait bien le hapien sur le cliché. Un feutre rouge avait tracé un cœur maladroit autour de la silhouette de Dana et à côté : « Qui est-ce ? » avec une flèche invitant à retourner la photographie. Toujours au marqueur rouge, une réponse suivait : « Une chienne pour le Chien ».





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J’ai eu vachement faim ces derniers temps et du coup j’en ai mangé plusieurs…







La main de Lloyd se referma sur le petit morceau de papier glacé. Son cœur s’était mis à battre à tout rompre lorsque ses yeux s’étaient posés sur la phrase, à l’arrière de la photographie.

Une chienne pour le Chien.

Quelqu’un à bord s’était mis à le traquer. Lloyd avait d’abord cru à un petit malin qui avait voulu détourner l’attention, mais entrer dans la cabine sécurisée du commandant, c’était autrement plus difficile que d’entrer dans les cabines du pont inférieur n°3.
Aussitôt, il courut près du bureau et ouvrit le tiroir – mais les trois objets s’y trouvaient toujours. La personne qui était entrée ici n’avait rien pris. Il courut vers l’entrée de la cabine, en vérifia les verrous, mais tout était dans un état impeccable : rien n’avait été forcé. Celui qui était entré l’avait fait avec des droits. Lloyd passa une main dans sa nuque brûlante, retourna vers sa couchette. Il glissa la main dans la taie de l’oreiller, sentit du bout des doigts le papier glacé. Il regarda une dernière fois le cliché que le marqueur rouge avait maculé. Une Dana blonde l’étreignait avec tendresse. Il glissa le second cliché avec le premier, à l’intérieur de sa taie, avant de quitter sa cabine au pas de course.










- Major Arboghast, vous vouliez me voir ?

La voix du lieutenant Narih avait claironné dans l’espace exigu qu’était le bureau du major. Ce dernier était debout et frottait doucement ses mains gantées dans un geste de concentration. Quand il l’entendit, il l’invita à s’asseoir avec cordialité.

- Tout à fait. Vous avez eu le temps de voir mes messages ?
- Bien sûr, justement, je suis en train de vous éditer la liste des officiers qui peuvent passer en entretien dès les jours qui viennent, vu leur emploi du temps il faudra jouer pour caler les rendez-vous entre les exercices mais…
- Bien bien parfait, la coupa-t-il. Mais enfin, je comptais commencer par vous, à vrai dire.
- Par… Par moi ? répéta Narih qui venait de s’asseoir, tout en parlant.
- Parmi les officiers de votre service, votre opinion compte prioritairement.
- Je… Ah, hé bien, j’en suis honorée, fit-elle en masquant son malaise avec un sourire élégant. Sans problème, alors.
- Bien, demain vous irait-il, si notre cher commandant ne décide pas d’une nouvelle simulation surprise ?
- Très bien pour demain. Je dois préparer quelque chose ?
- Tout ce que vous jugerez nécessaire pour défendre vos apports. Mais ne vous en faites donc pas, j’ai toute confiance que vos résultats sont positifs…
- Je v…

Bzzz bzzz.

Les yeux de Narih tombèrent sur le datapad qu’elle avait en main. Normalement, un message attendait lorsqu’elle était en rendez-vous. Sauf dans un cas bien précis.

- Désolée, dit-il avec une mine confuse. C’est le chef.
- Faites donc, grinça Arboghast.

Narih lui adressa un sourire d’excuse avant de se plonger dans la lecture de son datapad.



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Le nouveau boss <3




Lieutenants Subol, Utuzz, Narih,

Je vous prie de vous rendre discrètement, dès que possible, à ma navette personnelle le Sans Visage, stationné dans la baie d’atterrissage du pont inférieur n°3. Merci de venir sans en informer quiconque, et de vous y rendre séparément.

J’insiste sur la haute confidentialité de cette réunion.


L’étonnement avait dû se peindre sur le visage de l’humaine.

- Un problème, lieutenant ?
- Oh, heu… Une petite urgence. Vous savez, cette histoire de cabines volées nous donne un peu du fil à retordre. Hum, je vais devoir vous quitter, major. Mais promis, demain je vous accorderai tout le temps nécessaire.

Le major Arboghast grogna un assentiment et regarda la lieutenante se lever prestement. Elle le salua brièvement avant de se sauver.











- MUM SERIEUX C’EST QUOI CES BARQUETTES QUI TRAINENT !
- Aaaah ouais attends j’ai pas eu le temps de nettoyer, j’ai eu vachement faim ces derniers temps et du coup j’en ai mangé plusieurs…

Mais Lloyd ne l’écoutait pas. Dans la coquerie du Sans Visage, il se dépêchait de faire de la place, jetant les déchets, nettoyant la caisse qui faisait toujours office de table, sous le regard de Chechi et Mikh qui croyaient encore avoir toute la vie devant eux. Mumkin dansait d’un pied sur l’autre, mal à l’aise.
Le hapien essayait de faire abstraction de cette envie absurde qu’il avait soudainement : celle de retirer son uniforme pour aller s’enfermer dans sa cabine afin de s’injecter du slick ou mieux, de consommer l’objet de son autre addiction : le corps d’une Inquisitrice qui était peut-être quelque part à bord de Melantha. Ou peut-être pas.
Bref, la coquerie du Sans Visage lui paraissait le rappeler dans une autre vie, et avec elle, des souvenirs de toute nature, qui le rendait fébrile.

Quand le lieutenant Utuzz se présenta au Sans Visage, Mumkin se hâta de lui ouvrir, avant de se fendre d’une révérence et d’indiquer le fond de la coursive. Il répéta l’opération avec le lieutenant Subol, et enfin avec le lieutenant Narih, à qui il réserva son sourire le plus mielleux. Quand cette dernière parvint dans la coquerie, le duros et le kel dor venaient de s’asseoir, un peu dubitatifs, tandis que le hapien, les bras croisés et adossé à un petit évier en inox, lui indiquait de prendre la dernière place libre.

- C’est… Original, comme salle de réunion, commenta Narih en s’asseyant sur l’une des caisses.
- Oui, désolé pour l’odeur de grillé, c’est mon pilote qui…
- J’vous sers un p’tit caf’ m’sieurs dames ? le coupa la voix du dévaronien dont les deux cornes étaient subitement apparues par l’écoutille.
- Non, Mum, tu fermes la porte de la coquerie et tu vas surveiller les alentours depuis le cockpit, merci.

Mumkin haussa les épaules. On l’entendit grommeler avant que l’écoutille automatique ne se fermât subitement, dans un chuintement moins élégant que les portes toutes neuves de Melantha.

- Bon. On a un sérieux problème. Enfin, j’ai, mais par extension, on. Le voleur des cabines s’est introduit dans la mienne également.
- Non !
- J’en étais sûre !
- Quand ça ?
- Aucune idée. Je n’y étais pas retourné depuis une bonne quinzaine d’heures.
- Mais comment a-t-il pu forcer l’ouverture sécurisée ?!
- Justement, ponctua Lloyd, il ne l’a pas fait. Les verrous étaient intacts.
- Un pass de niveau 8 a pu être volé, suggéra Subol, mais Lloyd paraissait dubitatif.
- Avec le coup des caméras qui se mettent en maintenance au bon moment, je parierais davantage sur un pro de l’informatique. D’où votre présence dans ce rafiot.

Les lieutenants se consultèrent du regard. Puis ils parurent se mettre d’accord.

- En fait, à ce sujet, nous ne voyons pas vraiment le rapport, dit poliment le duros.
- Si c’est un hacker, expliqua Lloyd, et s’il est très bon, il a pu mettre sur écoute nos bureaux, salles de réunion, peut-être même ma cabine. Cet endroit est le seul endroit où je suis à peu près sûr qu’il n’a probablement pas eu l’idée de piéger, et dans lequel on peut disparaître facilement.

Le hapien se mit à faire les cent pas dans le petit espace qu’était la coquerie. Les néons blancs étaient faibles, et jetaient sur les visages une teinte blafarde. Narih inspectait des yeux la drôle de montagne constituée de caisses en tout genre, au fond de la pièce.

- Mais il y a autre chose. Il m’a laissé un message que je ne peux vous révéler, mais qui ressemble à une menace. Ce n’est donc pas un simple voleur. C’est quelqu’un qui cherche à me nuire, et qui pense donc en avoir les moyens. Cet endroit sera donc notre cellule de crise. Vous n’utiliserez pas vos datapad pour communiquer sur le sujet : on se retrouvera ici à heures fixes.

Lloyd s’arrêta subitement, fit volte-face pour les scruter avec sévérité.

- Personne, et je dis bien PERSONNE en dehors de nous quatre, et de Mumkin qui surveillera le vaisseau, ne sera exempt de soupçons. Nous allons mener notre enquête le plus discrètement possible en parallèle de l’équipe de sécurité mise sur le coup par Arboghast, et même lui ne sera pas au courant de notre initiative. En cas d’urgence, par exemple si vous avez une information capitale, vous envoyez un message pour que l’on se retrouve tous ici. C’est compris ?
- Reçu.
- Compris.
- Ok, mon capitaine.

Il y eut un silence. Puis Narih consulta de nouveau les deux autres du regard.

- Par où commence-t-on ? fit Utuzz.

Lloyd se passa les mains sur le visage en s’adossant de nouveau à l’évier.

- Aucune idée, maugréa-t-il, paraissant subitement égaré.
- Moi, j’ai une idée, intervint Narih, le visage rayonnant.

Le hapien darda sur elle un regard avide.












- … sûre qu’elle se le tape. Il paraît même qu’elle a rejoint le… vaisseau personnel du capitaine discrétos… y’a quelques heures.
- Noooon.
- Quelle traînée, cette lieutenante !
- Bon en même temps, à sa place, hein…

Keshna laissa échapper un rire, tout en attrapant une serviette et s’essuyer le front, tandis que Mallory et Alix continuaient de courir sur les tapis de course, dans une petite salle d’entraînement presque vide. Une odeur de sueur et de plastique mouillé flottait dans les airs, et des ventilateurs grondaient pour rafraîchir l’atmosphère.

- Je suis bien contente d’être sous les ordres du… lieutenant Utuzz, fit Mallory tout en continuant à courir. Lui au moins, il est correct.
- Ouais, bon moi j’ai pas à me plaindre, mon supérieur, c’est le docteur Chet… Il est adorable. Alors au fait… Elle s’en est remis, ta coloc' ?
- Du vol ? Boah, j’sais pas, j’la vois jamais. Elle est pas très commode.
- Tu veux dire, franchement coincée, commenta Keshna en s’asseyant sur un banc à quelques pas de là.

La togruta commença à s’étirer. Les trois jeunes femmes portaient la même tenue de sport : short et tshirt noirs à l’effigie de Melantha.

- Elle joue les gros durs, mais elle a quoi ? Même pas trente ans, en fait, reprit Mallory tout en reprenant son souffle, ralentissant la cadence. J’crois plutôt qu’elle veut se donner un rôle. Jouer la rebelle pour pas être emmerdée.
- Boah, en même temps, qui va l’emmerder ? C’est pas Pyke, ce petit froussard, qui…
- L’enseigne Pyke n’est pas un froussard du tout.

Une grande rousse venait d’entrer dans la salle, dans la même tenue de sport. Ses tâches de rousseur marquaient son visage froissé par la contrariété. Elle leva le nez en passant devant les trois femmes, pour aller devant un miroir, où elle entreprit d’attacher sa chevelure flamboyante.

- Il s’occupe personnellement des autorisations d’accès et il est en contact direct avec le capitaine Hope presque tous les jours, expliqua-t-elle sur un ton studieux.
- Ah, salut à toi aussi Bloem, répondit Keshna, légèrement grinçante.
- Ouais, salut Bloem. T’as réussi à attacher ton short ou le capitaine Hope va devoir vérifier ça aussi ?

Il y eut de grands éclats de rire, et la rouquine se mit à rougir violemment.



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L'Eveil de Melantha

- Comme c’est…imprudent de votre part, commandant.









Bzzz. Bzzzz.

Chacune d’entre elles plongea la main dans la poche de son short pour en extirper son datapad. La première à tomber sur le message fut Mallory qui écarquilla les yeux.















Bzz. Bzz.

Sur le pont de commandement, certaines enseignes se permirent une micro-pause pour consulter leur datapad, au cas où le message serait une urgence. One ne tarda pas à s’échanger des regards sidérés.

















Bzz. Bzzz.

Valor posa le regard sur son datapad professionnel qui vibrait et s’allumait par intermittence. D’un geste las, il s’en empara et ouvrit le message qu’il avait reçu, comme des centaines d’autres officiers et sous-officiers du Melantha. Il fronça brièvement les sourcils, décrivant le tout avec un intérêt sombre. Il finit par laisser tomber l’appareil et tourna son siège vers l’étendue spatiale sur laquelle il avait une vue imprenable.

- Comme c’est…imprudent de votre part, commandant.





















- Mais le vêtement, il était comment exactement ? insista un sous-officier ; un quarren un peu long à la détente qui secondait Subol en cette heure. Le lieutenant avait dû s’absenter rapidement, appelé pour une réunion « secrète » et avait laissé la relève à son subordonné que Dana s’efforçait de ne pas claquer la gueule tentaculaire au sol.
- Rouge.
- Rouge comment ? Genre, il était court, c’était un pantalon ?
- Delalingerie, rétorqua-t-elle rapidement.
- J’ai pas compris, Enseigne. Vous pouvez répéter.
- De la…bon, et une photographie aussi.
- Une photographie, c’est pas courant comme truc, remarqua-t-il en pianotant sur son terminal de travail, ses tentacules s’agitant autour de son visage sombre. Et y’avait quoi dessus ?
- C’est nécessaire tous ces détails ? s’impatienta-t-elle.

Bzz, bzzz.

Elle sentit son datapad vibrer dans la poche de son uniforme et celui du quarren avait sonné en écho, sur un coin du bureau qui les séparaient. Ils échangèrent une œillade et chacun prit connaissance du message. Un silence de plomb s’abattit dans la pièce, tout comme une brique venait de tomber dans le ventre de Dana, la privant soudainement d’air.

- Bon, fit le sous-officier, je présume que c’est pas cette photographie-là.














- Et, le pilote t’avait pas dit qu’il était pas marié ?! s’indigna Kesha vers une Alix qui remettait son uniforme dans les vestiaires. Encore un peu, et elle demandait un remboursement pour information erronée. Autour d’elle, Bloem et Mallory ne pouvaient s’empêcher de relire le message où apparaissait la copie holographique de bonne qualité représentant une femme blonde qui enlaçait leur capitaine. Une prostituée ? Ce serait donc vrai. Elle avait la dégaine, en tout cas.
- Ben, c’est ptetre sa sœur..se risqua la zabrak en haussant les épaules.
- Bien sûr, sa sœur en petite tenue, assise sur ses genoux à plaquer sa joue contre sa poitrine voluptueuse ? ricana Keshna en agitant le datapad.
- Non mais elle me dit quelque chose, souffla Mallory, songeuse. Pas vous ?
- Peut-être une star de holosite pour adulte ?

















Shar marchait tête baissée dans les coursives du pont inférieur numéro trois. S’il y avait une infime chance qu’on puisse la reconnaître sur le cliché partagé à la galaxie entière, elle ne voulait pas la provoquer. Elle se rendit soudainement compte qu’elle paraissait suspecte et que de toute manière, personne ne faisait attention à elle, bien trop absorbé dans la contemplation de la « photographie » et trop occupé à la commenter. Elle pressa le pas et à l’angle du couloir, percuta une silhouette en sens inverse. Un juron échappa à ses lèvres colorées et elle redressa les prunelles pour apercevoir une jeune brunette au carré très court, au petit nez retroussé et dont les yeux noirs la scrutaient avec une légère sévérité. Absorbée dans la consultation du message pour la énième fois, Narih n’avait pas remarqué l’enseigne. Dana joua le jeu en déchiffrant le grade de l’humaine en évidence sur sa veste d’uniforme, et salua rapidement. Narih lui rendit son salut.

- Lieutenant.
- Enseigne….(Elle prit le temps de déchiffrer le nom épinglé près des barettes) Hickpens. Hickpens ? Vous êtes la nouvelle qui seconde le Major Arboghast ?
- En effet.

Et vous êtes la pute à qui on prête de passionnantes parties de jambes en l’air avec Lloyd ?Je serai enchantée de vous avoir rencontré quand je vous aurais dévissé la tête.

- Vous avez reçu le message ?
- Un message ? feignit Dana dans un sourire contrit.

Mais l’Inquisitrice avait encore son datapad en main, écran allumé et un coup d’œil suffit à Narih pour comprendre que oui, elle avait bien reçu ce foutu message. Notant que l’officier avait vu, Shar renonça.

- Oui bon ok, je l’ai reçu, fit-elle un peu sur la défensive.
- Supprimez-le. C’est l’ordre qui va être donné à tous les destinataires.
- Sérieux ?
- C’est un ordre, Enseigne, répéta Narih avec un professionnalisme qu’on ne pouvait pas lui nier.
- Et si le « farceur » renvoie la même chose ?
- On y a pensé, ne vous inquiétez pas. Quelqu’un essaie de faire du tort au Capitaine, et je ne compte pas le laisser s’en tirer à bon compte.
- Et le Capitaine peut régler ça, seul, comme un grand, répliqua Dana d’un ton acerbe.

Il n’a clairement pas besoin d’une pimbêche dans votre genre pour lui sauver le cul.

- C’est la réputation du Melantha qui est en jeu, insista Narih en plissant les yeux vers son interlocutrice.
- Alors, bonne chance., lieutenant. Je me demande si le Chien, c’est pas vous finalement.
- Pardon ? tressaillit l’officier avant de froncer les sourcils, perdant tout air conciliant.
- Le chien du Capitaine Hope, précisa Dana en claquant la langue. Vous savez avec un joli collier et une jolie laisse, un peu de bave aux coins des lèvres et autre chose de plus humide entre les jambes.

Narih écarquilla les yeux, outrée.
















- Je suis déçu, annonça Valor Arboghast en faisant face à la baie d’observation de son bureau.

Dana était assise sur un siège, Narih debout dans son dos, la mine encore contrariée.

- Insulter l’un de vos supérieurs, indirect certes. La lieutenant Narih est un soldat respectable.
- Merci, Major, souffla la concernée.
- Vous pouvez nous laisser, lieutenant Narih, je suis encore désolé pour ce désagrément.
- Bien, déclara-t-elle après avoir jeté un coup d’œil vers l’Inquisitrice qui ne lui accorda pas un seul regard. Je présume que l’incident sera réglé.
- Tout à fait, promit Valor.

Et la brunette quitta les lieux après un salut en règle pour le Major, laissant ce dernier seul avec Dana qui ruminait. Tous ses efforts pour séduire Arboghast, balayés par une simple connerie. Elle maudissait ce vaisseau, elle maudissait Hope et surtout le connard qui avait dérobé sa photographie pour l’exposer à tous.

- J’accepterai la sanction, annonça-t-elle froidement.
- Je ne compte pas vous sanctionner.

Un silence s’installa entre eux et il lui fit face pour s’installer sur son fauteuil et l’admirer avec un léger sourire qui réhaussa ses traits de porcelaine.

- Je ne sanctionne pas mes hommes pour…discernement.
- Discernement ?
- Vous avez vu juste, concernant le lieutenant Narih.
- Je croyais que c’était un soldat respectable.
- Elle l’est, affirma-t-il. C’est l’un des meilleurs officiers de ce navire, si ce n’est la meilleure, elle ignore simplement encore son potentiel et a besoin de plus d’expérience ; mais je crains que ses progrès ne soient retardés par son admiration démesurée pour le Capitaine Hope, ou peut-être que cette admiration la poussera à accomplir de grandes choses, finit-il, pensif.

Je vais vomir, aurait-elle voulu dire.

- J’ai été volée, dans ma cabine. J’aimerais que vous me permettiez d’enquêter sur ça.
- J’ai besoin de vous ailleurs, déclara-t-il calmement. Mes équipes enquêtent déjà, dont le Caporal Joras. J’ai une nouvelle affectation pour vous, en plus de votre travail dans l’unité médicale, une affectation plus discrète.

Une approche subtile dans l’approche subtile quoi. Elle avait une tête d’agent secret ?






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Lloyd Hope
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L’Eveil de Melantha


- Oh bah, c’est pas comme si respecter l’intimité du commandant avait encore la moindre importance, hein.







Dans le bureau de Lloyd, les stores automatiques avaient assombri la pièce, de façon à ce qu’on ne pût voir à l’intérieur, notamment depuis le pont de commandement. Le capitaine avait caché sa tête entre ses bras croisés, le front reposant sur son bureau.

- Heu… Mon capitaine ? hésita le lieutenant Subol après être entré en refermant rapidement derrière lui.

Mais Lloyd ne répondit pas tout de suite.

- Hum. Je suis vraiment désolé de vous déranger pendant votre heu… Sieste, mais il y a eu un petit problème…
- Vous fatiguez pas, Subol, j’suis déjà au courant.
- Ah.

La voix du capitaine lui était parvenue, marmonnée, de sous le tas informe que Lloyd avait décidé d’être sur son bureau. Le silence se prolongea quelques instants.

- Voyez le bon côté des choses : ça va vous rendre plus humain.
- J’suis hapien, bougonna Lloyd entre ses bras.
- Oui enfin, vous voyez ce que je veux dire.

Le capitaine consentit à relever la tête, et il porta sur le duros un regard blasé.

- Bon, on peut tracer l’origine du message ?
- Et… non. Une équipe du lieutenant Utuzz est sur le coup, évidemment. Mais la diffusion proviendrait d’un canal formel.
- C’est-à-dire ?
- C’est-à-dire que l’expéditeur n’a pas utilisé son compte personnel mais une adresse générique. La seule chose dont on est sûrs, c’est que cela a été envoyé depuis Melantha.
- Encore heureux, grommela Lloyd.
- Ahem… Il y a une question qui taraude un peu hum… L’équipe.
- Quoi ?
- Serait-ce, hum. Y aurait-il une possibilité que… Hum…
- Accouchez, Subol.
- Est-ce une dame renommée ?
- Hein ?
- Une prostituée dont on pourrait retrouver le visage sur l’holonet.
- Quoi ?! Mais non enfin !
- Ah, tant mieux, tant mieux, commenta le duros en pianotant sur son datapad avec un air satisfait.
- Je vous dérange ?

Narih venait d’arriver à son tour dans le bureau.

- Oh bah, c’est pas comme si respecter l’intimité du commandant avait encore la moindre importance, hein, grogna le hapien pour toute réponse.
- Super, fit froidement la lieutenante.

De façon inhabituelle, Narih pinçait les lèvres et contempla le hapien d’un œil sévère.

- Quoi ?
- Vous êtes avachi.
- Ah parce que vous, c’est ma posture qui vous préoccupe le plus, en ce moment ?

La lieutenante laissa échapper un soupir exaspéré.

- Arrêtez de faire votre looser. Il a diffusé une photo de vous avec une prostituée, et après ? C'est pas la fin du monde.
- MAIS C’EST PAS UNE PROSTITUEE ! MERDE A LA FIN J’AI TANT QUE CA L’AIR D’UN TYPE QUI A BESOIN D’UNE PUTE ??!

Les deux lieutenants se raidirent tandis que Lloyd se levait. Il quitta son siège, et se dirigea vers le fond de la pièce. Il actionna l’ouverture des stores, pour jeter un œil sur le pont de commandement. Il était calme, mais à chaque fois que l’un des officiers parlait à son voisin, Lloyd avait l’impression qu’ils commentaient la photo. Il revint vers les deux lieutenants d’un pas raide, attrapa son datapad sur son bureau. Puis il pianota un message, mais plutôt que de l’envoyer, il le colla sous le nez de Subol et de Narih :

Code:
Je veux la liste de tous les objets volés, les noms des occupants de toutes les cabines victimes, les numéros de ces cabines. Apportez-moi ça sur un bloc de données au SV.

Quand ils eurent lu, il effaça le message et quitta la pièce comme une tornade sombre.








- Commandant ?

Le hapien s’immobilisa au milieu d’une coursive. Il serra les dents, accrocha un sourire désagréable à ses lèvres avant de se retourner.

- Oui, major Arboghast ?

Le major lui rendit son même sourire hypocrite. La coursive était un large couloir aux murs gris, dans lesquelles les portes des bureaux dotés de vitres translucides laissaient voir des salles occupées par tout un tas d’officiers en plein travail. Quelques individus passaient rapidement dans le couloir, se fendait systématiquement d’un garde à vous à l’attention du capitaine d’abord, et du major ensuite, mais le hapien avait décidé d’ignorer soigneusement tout ce petit monde.

- Je suis navré pour la tuile. J’espère que Madame ne sera pas trop offusquée de savoir que votre intimité a été ainsi dévoilée. Sachez que mes équipes travaillent ardemment à retrouver l’auteur de tels faits.
- Et elles comptent le trouver quand, notre aimable farceur ?
- Ah, très bientôt, je l’espère.

Le major Arboghast se rapprocha en mettant ses mains dans son dos, dans une posture quelque peu inquisitrice.

- Mais voilà, il y a une piste qui nous semble sous-exploitée.

Le hapien leva les sourcils.

- Laquelle ?
- Cette prostituée qui serait venue dans votre cabine. L’enseigne Pyke ne l’a pas inventée.

Lloyd poussa un gros soupir.

- Il n'y avait pas de prostituée, martela Lloyd, à bout de nerfs. Je vous l’ai dit, c’était un canular
- Je veux interroger votre pilote.
- Non.

Le major étrécit les yeux.

- Vous devriez vous montrer plus coopératif. Quelle sera la prochaine étape pour ce fauteur de trouble, vous y avez pensé ?
- Oui : mourir de ma main.
- Il pourrait sévir, balaya Arboghast. Il pourrait vous faire chanter. Après tout, il vous fait peut-être déjà chanter. Peut-être que vous avez refusé l’une de ses requêtes et qu’il a voulu vous prouver ses capacités ? Que publiera-t-il, demain ? Des choses plus intimes encore ?
- N…

Mais subitement le hapien resta sans voix. Il venait de penser aux trois objets laissés dans un tiroir de sa cabine.














Le mot. L’enregistrement des cris de Dana.















Le problème, ce n’est pas le chien, c’est la main qui le nourrit.
















Sans un mot supplémentaire, le hapien fit volte-face. Il se mit à courir follement, à bousculer les soldats sur son passage, à grimper des escaliers quatre à quatre, à marteler les boutons des ascenseurs.

Pour, enfin, arriver devant la porte de sa cabine. Et , il fut forcé de ralentir l’allure : devant sa porte, il y avait toute une équipe de techniciens. Le lieutenant Utuzz était là aussi, une main sur son respirateur qui grésillait à chacune de ses respirations.
En apercevant tout ce petit monde, le hapien sentit le sang battre à ses tempes.

- Que se passe-t-il ?!

Le kel dor se tourna vers lui, ses sourcils froncés.

- Désolé, mon capitaine. J’avais envoyé une équipe renforcer votre système de fermeture, mais quand les techniciens sont arrivés, ils se sont rendu compte que votre cabine avait été piratée.
- Comment ça ? Comme la première fois ?!
- Non. L’auteur des faits a changé toutes les données d’authentification. Plus aucun pass ne fonctionne, apparemment.
- Mais qu’est-ce que…

Le hapien plongea sa main dans la poche intérieure de sa veste, en tira un badge qu’il plaqua contre le panneau de commande. Ce dernier émit un bip négatif. Accès refusé.

- Il est entré ? EST-CE QU'IL EST ENTRE ?

Les techniciens s'écartèrent un peu, mal à l'aise. Le kel dor écarta les mains, impuissant.

- Nous n'en savons rien, mon capitaine. Mais c'est probable.

Lloyd se prit la tête dans les mains et s'éloigna d'un pas chancelant.



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Darth Hope
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L'Eveil de Melantha

- On crève de chaud dans ce vaisseau à la con, je triche un peu








Linda Lopez marchait d’un pas ferme et pressé. Elle était talonnée par un droïde dernière génération et par une enseigne Pyke dégoulinant de sueur. Le jeune homme avait été affecté par Arboghast au suivi de l’enquête malgré les réclamations du capitaine de ne pas l’impliquer. Ses joues rondes étaient rougies par l’effort soudain : celui de courir jusqu’à la cabine du commandant. Il suivait une Linda athlétique, à la queue de cheval haute qui se balaçait dans son dosau rythme cadencé de ses pas. Elle avait la quarantaine, des yeux en amandes étirés et un petit front qui rendait son visage sévère. Sitôt arrivée devant le lieutenant Utuzz, elle poussa un soupir.

- Mon Lieutenant, avec tout le respect que je vous dois, il va falloir me laisser travailler maintenant.





La cellule de crise était rassemblée dans la coquerie du Sans-Visage, dans les reliquats d’odeur de barquette et de liquide vaisselle, sous le patronage d’un couple de dévaroniens que Narih fixait depuis quelques minutes. C’était le vaisseau personnel du capitaine et elle avait du mal à croire qu’il eût autorisé un cadre photographique si familier, ou peut-être qu’elle y croyait, finalement. Tout comme elle avait bien dû croire au fait qu’une femme l’avait enlacée quand on lui avait mis la photographie compromettante sous le nez. Le capitaine Hope était donc plus humain que Sith, ce qui n’était pas pour déplaire à la prometteuse lieutenant. La voix de Subol la tira de ses pensées et elle se concentra sur l’équipe de commandement réunie et sur un Lloyd Hope toujours nerveux :

- Cabine 1339, pont inférieur numéro trois. Plainte de l’enseigne Claire Bloem rapportée par l’enseigne Pyke : vol de bijoux, et d’une médaille. Cabine 1332, pont inférieur numéros trois. Plainte de l’enseigne Dana Hickpens, rapportée par le caporal Joras : vol d’un…

Il plissa ses yeux rougeâtres, qui demeurèrent toujours aussi gros et ronds et se racla la gorge avant de poursuivre d’une voix digne :

- D’une lingerie de couleur rouge et d’une photographie familiale. Cabine 1353, Plainte du soldat Ifinwo, rapporté par le caporal Joras : vol de médicaments et de datapad.



Dans le cockpit, Mumkin grommelait alors qu’il plongeait une grosse cuillère dans un pot de glace tout aussi démesuré. C’était le dernier pot de glace de sa réserve et il savait qu’on ne pouvait pas se procurer ce genre de denrées rares aux réfectoires du Melantha et Hope ne l’autoriserait probablement pas à partir pour une simple « course ». Il émit un très long soupir et sa langue, dont il était particulièrement fier, s’enroula autour d’une bouchée de crème glacée. Adieu régime, bonjour calories, mais cela n’avait plus d’importance puisqu’il était résigné à croupir ici, sans possibilité de rencontrer la femme de sa vie. Nouveau râle de désarroi tandis que ses prunelles s’agitaient au rythme de l’activité tardive de la baie. Les chasseurs rutilants manœuvraient très lentement, sous l’œil avisé des mécaniciens et des techniciens aux visages concentrés. Il s’étouffa avec une nouvelle bouchée de glace quand il remarqua la silhouette familière de l’Inquisitrice se détacher dans ce tableau.

Elle fonçait droit vers le Sans-Visage.

- Oh merde.



- MUMKIN OUVRE ! cria-t-elle en frappant sur la passerelle.














- Vous avez entendu ? se raidit Narih, assise bien droite sur sa caisse, l’oreille dressée vers la coursive dans laquelle résonnait les coups et les cris, comme des échos lointains.
- Sans doute les manœuvres, supposa Nande, le visage grave alors que Subol venait de terminer la présentation de la liste des vols.

L’écoutille de la coquerie grinça dans un bruit désagréable et la tête cornu du pilote apparue. Il était tout gêné et de grosses gouttes de sueur perlaient son immense front jaunâtre. Il lança un regard tout penaud à son patron.

- M’sieurs, dames, pardon pour le bruit. C’est une durite quelque part dans la coque interne, j’vais voir, j’vais voir pas besoin de vous déranger.
- OUVRE ! entendait-on dans le lointain et il se mit à tousser très fort pour couvrir la voix.
- Une durite, quand ca pète c’est particulièrement euhm, bruyant, comme genre un bruit de casserole et…

BAM BAM.

- Bon, j’y vais avant que ça explose tout ça !

Et il disparut fissa.













- Tain, t’es complètement folle ! souffla-t-il en ouvrant à peine la passerelle, juste de quoi se faufiler pour la refermer aussitôt.
- Quoi ?!
- C’est pas le moment-là, insista-t-il.
- T’étais au milieu d’une pyjama party ? Ou alors je dérange sa Majesté des pilotes en plein plaisir solitaire ? siffla-t-elle en le fustigeant de ses prunelles dorées.
- A..arrête de parler comme ça, c’est…ça rend les pantalons étroits.
- Bon, je peux monter où il me faut une autorisation spéciale là ? fit-elle avec autorité.
- Nan, tu peux pas, c’est…compliqué, je suis en pleine maintenance de tout et ahm..
- Mumkin, j’ai envie de griller une clope au calme. Ta maintenance, tu te la fous au cul.
- Bon, par là alors, concéda-t-il.

Ils contournèrent une partie du vaisseau jusqu’à l’ouverture extérieure de la soute. Le dévaronien déverrouilla l’entrée et invita Dana à s’y faufiler, courbée avant de la suivre. Il prit le temps de bien refermer derrière eux. Les néons de la soute accueillirent l’Inquisitrice de leur halo blafard, l’un d’eux grésillait paresseusement et à chaque clignotement défaillant, elle se remémorait le visage mort de Jaden Ashar, la jambe ensanglantée de Lloyd qu’un nexu venait de mordre. Elle se dépêcha de coincer une cigarra entre ses lèvres fébriles et la flamme d’un briquet ne tarda pas à jaillir entre ses doigts. Elle passa une main dans sa chevelure, égayant ses mèches raides qui frôlaient à peine ses épaules et déboutonna un peu sa veste d’uniforme pour s’improviser un décolleté et se rafraîchir. Mumkin l’observa du coin de l’œil.

- Faut porter un truc normalement sous sa veste d’uniforme nan ? remarqua-t-il alors qu’un bout de dentelle noire surgissait à la lisière du décolleté de fortune.
- On crève de chaud dans ce vaisseau à la con, je triche un peu, sourit-elle avant d’inspirer une bouffée de toxine.
- Ah ouais, ça doit être le système de chaufferie, dans des gros vaisseaux comme ça, ça déconne vite si on fait pas de maintenance régulière et vu que c’est difficile d’aérer ben, expliqua-t-il très sérieusement.
- En fait, je venais aussi parce qu’on a un pépin.
- Ah bon ?
- Arboghast m’a fait comprendre qu’il souhaitait t’interroger avant que je quitte son bureau tout à l’heure. J’pense pas qu’il puisse sans l’autorisation de Lloyd qui protège ton cul d’alien.
- Qu-oi ?! mais j’ai rien fait moi !
- Ben, tu m’as débarquée.
- T’étais sensée être débarquée ici !
- Oui bon, écoute, je gère Arboghast t’inquiète, essaie juste de pas sortir du vaisseau ok ? S’il te croise en dehors, il pourrait tenter d’en profiter discretos et tu risques, nan, tu vas dire des conneries. Si t’as besoin d’un truc, j’te le rapporterai. Faudra juste me faire un message sur mon datapad. Mais j’aurais sûrement besoin que tu témoignes à propos de la prostituée.
- Rholala, c’est compliqué tout ça.
- Non, mais non, quand le moment viendra et JE te dirai quand ce moment viendra, tu pourras dire que c’était la lieutenant Narih. Que genre, elle est venue ici, tout le monde l’a déjà vu se précipiter sur le Sans-Visage, cette foutue garce. Qu’elle s’est changée pour faire sa petite affaire avec le capitaine, dans sa cabine afin que personne la reconnaisse. Qu’ils ont une liaison.

La figure du dévaronien se décomposa.

- Nan, j’peux pas dire ça. L’patron va me trucider.
- Bah, il va déjà te trucider quand il apprendra que je suis là.
- Je veux dire vraiment…puis c’est pas Narih qu’on voit sur la photo.

Il l’avait donc reçu aussi. Dana écrasa son mégot contre un des congélateurs. Une odeur de cigarra vagabondait dans l’air déjà vicié de la soute.

- Non, c’est pas elle. Celle qu’on voit sur la photo, c’est juste une pute. Affaire classée.
- Quelqu’un finira bien par te reconnaître, risqua-t-il.
- C’est peu probable. Je suis un peu…l’enseigne banale, qui se fond dans un millier d’autres hommes, à laquelle on fait à peine attention.
- Mouais.
- Bon je dois y aller, dis-moi si la voie est libre.

Mais la trappe intérieure de la soute, celle qui menait au corps du vaisseau grinça. Ils échangèrent un regard paniqué. Des éclats de voix commencèrent à percer. Quelqu’un allait descendre d’une minute à l’autre. Dana se dépêcha d’ouvrir le congélateur et de plonger dedans. Elle ne put s’empêcher de penser au corps de Jaden Ashar gisant dans un caisson longiligne morbide. Mumkin s’empressa de fermer le couvercle au moment même où des pas résonnaient dans la soute.

De l’intérieur, les sons lui parvenaient étouffés, mais elle pouvait entendre. Elle serra les pans de sa veste autour d’elle, car la température avait drastiquement chuté et que sa claustrophobie rampait déjà sur elle, comme autant de serpents avides qui ambitionnaient de l'étrangler. Elle ferma les yeux, combattant sa phobie en vain.






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Lloyd Hope
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L’Eveil de Melantha


Une Inquisitrice en kimono.







- Attendez attendez, revenez à celui d’avant ? Dana Hickpens, là. Quel numéro de cabine ?
- 1332.
- Mmh.

Le hapien était assis en face de Subol sur l’une des caisses et il secouait légèrement son genou en réfléchissant, la tête entre les mains. Narih arpentait la petite coquerie, avec les yeux étrécis de la concentration extrême.

- Il y a un truc que je comprends pas, dit-elle soudain. Au départ, il ne s’intéresse qu’à des trucs chers, donc on peut penser qu’il a besoin d’argent… Et soudain, il récupère une photo de famille et de la lingerie ? Ça ne vaut rien.
- Hum… C’est peut-être de la lingerie très chère.
- Chez une enseigne de 27 ans ? Qu’est-ce qu’elle foutrait là avec ça ? Aucune chance.

Lloyd haussa les épaules. Il ne savait pas ce qui l’agaçait le plus : que le kimono ait peut-être été volé, ou que le kimono ait peut-être été volé par quelqu’un qui connaissait sa relation avec Madame Hickpens. Est-ce qu’il l’avait déjà reconnue sur la photo ? Celui qui était tombé là-dessus avait dû se demander ce que cette enseigne fichait avec une photo du capitaine. Mais s’il y avait une petite chance que Dana fût encore anonyme pour celui qui le traquait, il fallait qu’elle le restât à tout prix, avant d’être embourbée là-dedans elle aussi.

- Cette Hickpens, là, je la sens pas. Il faut qu’on fasse nos recherches dessus.
- Non, non, attendez. C’est pas la bonne piste. Il a certainement pris ça par dépit, elle devait rien avoir du tout d’intéressant dans son casier.

Narih arrêta son petit manège et se planta devant le hapien. Le lieutenant Subol continuait à compulser rigoureusement les dossiers de plainte.

- Je croyais que tout le monde était potentiellement coupable ?
- Oui, oui. Mais là, on manque de temps. Il faut qu’on travaille au plus probable : le type est en train de me cerner. Il faut le chopper avant que ce soit lui qui me coince définitivement avec son petit manège.

La jeune femme fronça le nez.

- J’ai jamais eu ce genre de cas d’étude à l’Académie, soupira-t-elle. Mais si on peut pas faire une enquête pour le trouver, autant le laisser vous chopper.

Lloyd releva soudain les yeux vers elle et leurs regards se verrouillèrent. Le duros les regarda l’un après l’autre, quand Narih se mit à sourire.

- Un piège, souffla Lloyd.
- Exactement. Après tout, notre coupable cherchait des choses de valeur et finalement, se trouve très intéressé par la vie intime du capitaine…
- L’idéal alors serait de l’appâter avec quelque chose d’intime ET de cher, enchaîna le duros en secouant positivement la tête.

Narih et Subol regardèrent Lloyd avec intensité.

- Heu… Comme quoi, par exemple ?
- Quel est votre bien le plus précieux ?

Une Inquisitrice en kimono.

- Heu… hésita encore le hapien, en étrécissant les yeux. Rien, j’ai rien de précieux. Et la seule chose intime que j’ai, c’était cette photo, qu’il a prise dans ma cabine et copiée.

Narih soupira.

- Mais y’a bien un truc cher dans votre cabine !
- Non, je vous assure. A la limite, mon sabre, et encore, c’est tellement compliqué à revendre discrètement. Mais bon…
- Mais vous faites quoi de votre argent ! fit Narih, en levant les yeux au ciel, exaspérée.
- Ben je paye…

Soudain le hapien se tut, ses yeux émeraudes s’arrondirent.

Mumkin.

- Le Sans Visage. Cet endroit. J’y ai vécu longtemps, il s’y trouve plein de reliques – pas grand-chose de très cher, en fait, mais mon pilote collectait des bêtises dont certaines peuvent avoir une certaine valeur. Et en dehors de ma cabine, s’il y a bien un endroit où on pourrait récupérer des informations sur moi, si c’est ça qu’il cherche, c’est ici.
- PAR-FAIT ! claironna Narih, triomphante.

Subol acquiesça doucement.

- Il faudrait qu’un objet circule, qui mette le coupable discrètement sur la piste de votre pilote et du Sans Visage. Avec un dispositif adapté, on pourrait surveiller l’activité du vaisseau, et faire en sorte que votre pilote s’absente à heures régulières et le fasse savoir. Ça prendra certainement du temps, mais il finira par essayer de monter, et il nous suffira d’avoir une commande pour verrouiller l’appareil à distance en cas d’intrusion.
- Le Sans Visage est déjà doté d’un dispositif du genre.

Les deux lieutenants le regardèrent, étonnés. Lloyd haussa les épaules.

- Hem, oui, j’ai fait ce genre d’investissements, à l’époque.
- Ah oui, la méfiance c’est inné chez vous, dites-moi.
- Non, j’étais juste déjà une cible, et je me suis adapté, c’est tout. Bon ! fit-il brusquement pour clore la conversation. Il faut qu’on trouve le quelque chose qui pourra mettre le coupable sur la piste !

Le hapien se leva brusquement, et en parlant, il avait tapé des mains, comme si subitement l’espoir lui était revenu. Plutôt que de l’enthousiasme, c’était l’adrénaline du loup qui part en chasse. Et le loup devait faire vite.









Quand la trappe de la soute s’ouvrit, Subol venait de les quitter, car il était attendu en réunion. Narih avait suivi Lloyd dans la coursive, et elle ne put s’empêcher de soulever les sourcils quand elle vit le hapien passer par la trappe.

- Quel privilège de me faire entrer dans la tanière du loup, commenta-t-elle en descendant à son tour, sur un ton légèrement ironique.
- Vous emballez pas trop vite, je suis pas sûr que vous allez apprécier.
- Oh, l’endroit sera parfait, ne vous en faites pas, ce qui compte, c’est que je puisse profiter de…
- Qu’est-ce que tu fais là, toi ? T’étais pas censé surveiller la baie histoire que personne vienne nous déranger ?

Quand elle eut posé le pied sur le sol, Narih se retourna pour voir le capitaine faire face au dévaronien. Le pilote s’était assis sur le congélateur, et se massait les mains.

- Ah la la non vous savez la réparation de tout à l’heure ? Bah c’était pas une durite, en fait, finalement, c’était le congélo ! Il faisait un peu de bruit ces derniers temps et…
- Bon, le coupa Lloyd, poings sur les hanches. T’as fini, maintenant tu remontes à ton poste.
- Ahem, nan, attends, c’est pas possible.

Profitant de ce que Narih laissait trainer son regard sur cet environnement curieux, le dévaronien fit les gros yeux en désignant le congélateur sous ses fesses. Lloyd essaya de lui demander « quoi ? » en remuant juste les lèvres, sourcils froncés, et Mumkin essaya lui aussi d’articuler un truc mais le hapien fut incapable de déchiffrer la série de syllabes incompréhensibles. Il fit un geste indiquant de laisser tomber.

- Bon ben, t’as qu’à nous aider, alors, on cherche un bijou.
- C’est pour offrir ?
- Heu… En quelques sortes…
- Pour quel genre de femme ? En fonction de sa carnation, pour les brunes par exemple perso je conseille plutôt l’or, avec des pierres précieuses colorées. Si elle a le teint clair, plutôt des couleurs pastel.

Lloyd et Narih le regardèrent avec des yeux ronds. Puis l’humaine essaya de contenir un fou rire derrière ses mains plaquées sur sa bouche.

- T’as ouvert une bijouterie depuis longtemps ou quoi ?
- Mah non je suis juste un amateur des belles choses !
- Ouais bon, tu sais quoi, trouve-moi n’importe quoi je ferai avec ! Mais grouille !

Le hapien fit signe à Narih de le suivre vers la sortie, et tous deux remontèrent. La lieutenante était secouée d’un rire qu’elle avait du mal à contenir tandis que le capitaine marmonnait dans sa barbe un on-ne-savait-quoi au sujet du sens des affaires de son pilote.

Le dévaronien attendit un long moment, d'être sûr que les deux officiers avaient quitté le vaisseau, avant de se dépêcher de bondir à bas du congélateur et de le rouvrir.

- Dana, c'est bon, ils sont partis ! T'as entendu comme j'ai été bon ? s'exclama-t-il en penchant la tête au-dessus du compartiment. Heu... C'est le froid qui te fait faire cette tête-là ?

Pour être glacée, elle avait l'air effectivement glaciale.










Quelques heures plus tard, le hapien était revenu au Sans Visage, pour travailler sur un bijou que Mumkin avait réussi à sortir de son fatras de choses insolites qu’il accumulait dans la soute. Comme Linda Lopez n’avait pas encore réussi à craquer la sécurité de sa propre cabine, il s’était installé dans la coquerie avec quelques outils. Il avait nettoyé le bijou, puis avait aiguisé la pointe d’un couteau. Un fer à souder et du papier de verre complétait sa petite collection, et il s’était mis à travailler.










Le temps passa vite, comme le travail manuel lui permettait d’oublier qu’il ne voulait plus marcher dans les coursives de Melantha avant un moment. Il apprécia presque le retour à une chose si simple que de bidouiller du bout de doigts noircis, écorchés, comme s’il n’y avait pas eu d’Empire, ni de frégate, ni de guerre civile, ni de photographie volée.










- Bon, le principe est simple. Tu vas jusqu’à la consigne, là où il se vend des trucs pour les soldats, et tu vas dire que t’es fauché. Mais que comme t’as vraiment besoin d’alcool, t’es pas bien, invente ce que tu veux, et du coup, tu veux vendre un objet. Ça se fait, t’inquiète, c’est une pratique courante dans l’armée.
- Ah. Mais pourquoi de l’alcool ?
- Ben, c’est le plus crédible et en même temps le plus discret. Il nous faut un truc qui justifie ton geste, une vraie addiction, mais bon, le slick t’en trouveras pas à bord.
- Ah ? Mais si pourtant il paraît que…
- Quoi ?!
- Heu… Non j’ai dû me tromper.

Lloyd toisa Mumkin un moment. Ils étaient à l’entrée du Sans Visage, passerelle fermée, et le dévaronien s’apprêtait à sortir.

- Bref. Donc, tu demandes de l’alcool et là tu…
- J’peux pas demander des crèmes glacées ?
- Hein ?! Mais y’aura pas de crème glacée Mumkin c’est pas un centre commercial bordel !
- Bon bon, d’accord, enfin, il se vend de l’alcool, je vois pas pourquoi il pourrait pas se vendre des crèmes glacées et…
- BREF. Tu demandes de l’alcool et en échange tu vends ça.

Le hapien colla dans la main du dévaronien un médaillon. L’objet n’était pas d’excellente facture. Mais il était frappé du symbole du Consortium d’Hapès qui brillait, et à l’intérieur, Lloyd y avait gravé quelques lettres et quelques chiffres. Précisément, un nom et deux dates. Le genre d’informations sur lui que nul autre ne pouvait obtenir dans l’Empire. Au pire le faux médaillon se perdrait dans les méandres de Melantha. Au mieux, l’information serait captée par celui qui le piégeait, et remonterait facilement la trace vers Mumkin. Il suffirait ensuite d’attendre que le dévaronien se fît avoir en laissant de temps en temps ouverte la porte du Sans Visage.

- C’est quoi ?
- Un médaillon.
- Woah, attends il est pas mal j’pourrais l’offrir à…
- Nan, nan Mumkin. Tu le vends. C’est un faux, ok ? Mais faut pas le dire. Tu le vends, c’est tout, tu dis que c’est une relique qui traîne dans le vaisseau depuis longtemps, tu sais pas ce que c’est. Ok ?
- Oh. Bon, si tu y tiens.

Lloyd tapa le dévaronien dans le dos, satisfait.

- T’es pas trop en rogne en fait, ça va, pour la photo ?

Le visage du hapien se décomposa.

- Attends, tu l’as reçue aussi ? J’pensais que c’était limité aux gens sur Melantha !
- Ah, ouais peut-être, mais techniquement j’y suis aussi sur Melantha, quoi !
- Oui mais je croyais qu’aux gens officiellement affectés, pas à mes conta…

Et si Darth Laduim l’avait reçue aussi ? Lloyd se passa les mains sur le visage. Soudain, il avait chaud de nouveau. Il aurait presque eu envie de devoir retourner falsifier des bijoux.

- Bon, ben je vais voir si j'ai pas reçu de communication au bureau.

Par exemple, un message de l'Etat Major qui t'annonce qu'ils ont bien reçu l'étalage de vie privée que tu fais à bord de Melantha, en plus des résultats nazes sur les simulations ?



CSS par Gaelle

Darth Hope
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L'Eveil de Melantha

Une nouvelle louve avait pris place dans la tanière du loup








Deux heures plus tard, Dana claquait encore des dents, recroquevillée sous le jet brûlant d’une douche commune qu’elle était la seule à utiliser durant ce créneau horaire. Les vapeurs d’eau floutaient l’environnement de la grande salle d’eau du quartier des sous-officiers situé au pont inférieur numéro trois. Son maquillage dégoulinait sans élégance sur sa figure que l’eau balayait sans scrupule. Ses cicatrices se dévoilaient seconde après seconde et ses cheveux courts étaient collés à l’arrondi de sa figure blême. Elle était partie sans un mot pour Mumkin, tant ceux de Lloyd Hope et du lieutenant Narih résonnaient fortement dans son crâne, étouffés par les parois du congélateur, mais parfaitement audibles.

Elle serra les poings et ramena ses genoux contre sa poitrine, réfugiant son minois entre ses bras fins, tremblante non plus de froid, mais de colère et de chagrin.









- Les nouveaux rapports, Major, claqua la voix de Dana qui avait retrouvé une apparence irréprochable.

Elle l’avait suivi jusqu’au pont de commandement, où elle se tenait bien droite, comme n’importe quelle autre enseigne. Il s’empara du datapad qu’elle lui tendait d’un geste assuré. Derrière eux, soulignant leur profil, la noirceur étoilée de l’espace irradiait à travers la baie du pont et les clameurs des militaires et moniteurs au travail créaient un écho lointain. Il pinça les lèvres en prenant rapidement connaissance des dossiers.

- Parfait, Dana.

Elle comprenait qu’il ne prononçait son prénom que lorsqu’il était satisfait d’elle, comme s’il lui offrait une récompense et cette manie la dégoûtait profondément, mais elle prenait sur elle afin de garder un masque étanche et professionnel.

- Vous pouvez vous occuper de votre autre affectation, à présent.

- A ce propos, Major, chuchota-t-elle pour être discrète, Je les tue ou je me contente de leur défoncer le crâne ?

Ce qui revenait au même.

- Une correction suffira, répliqua-t-il en se détournant d’elle pour observer l’océan spatial. Mais évitez d’abîmer davantage votre figure, si possible. Et je veux des noms, précis. Et bien sûr des horaires, des endroits.

Shar se mit au garde à vous pour confirmer les ordres reçus et rompit rapidement afin de prendre à bras le corps sa nouvelle mission.








Le réfectoire était bondé et s’étirait à perte de vue. C’était le seul endroit qui brassait la première classe à l’officier supérieur. Pas de mess séparé en fonction des grades, pas sur le Melantha. Cependant cette illusion « démocratique » n’empêchait pas les groupes de se former en fonction des galons et des codes qui régissait la hiérarchie de la Marine Impériale. Elle avait laissé sa veste d’enseigne au vestiaire et se baladait entre les longues tables en débardeur noire et en treillis, qu’elle avait pris une taille en-dessous, exprès pour que le tissu colle à ses courbes féminines. Elle repéra un groupe de soldats dont certains visages traînaient souvent avec le caporal Joras. Elle crispa les mains sur son plateau et d’un pas assuré se dirigea vers eux.

Quatre paires d’yeux se figèrent sur elle au moment où elle prit place au milieu d’eux, coupant court aux conversations qui allaient bon train. Un twi’lek à la peau incarnate l’avait déjà repéré de loin et étira un sourire qui dévoila des dents trop blanches, trop acérés.

- Beau cul.
- Tu sais parler aux femmes, lâcha-t-elle sans lui prêter plus d’attention que ça, les prunelles rivées sur son plateau aux aliments gélatineux et froids
- Seulement quand elles sont bien foutues.
- T’avais nulle part d’autre où t’asseoir, ma belle ? renchérit un humain, aux cheveux clairs et coupés courts sur les côtés. Une cicatrice disgracieuse lui barrait l’œil droit.
- Je m’assois où je veux.

Des ricanements ponctuèrent sa réponse acerbe.

- Dis-moi, reprit l’alien en se penchant vers elle, amusé. T’as déjà sucé des lekkus ?

Ses camarades grimacèrent et le blond à la cicatrice répliqua :

- Arrête avec tes délires chelous, sérieux. Mais genre, t’as déjà trouvé une meuf pour te faire ça ?
- Bah ouais, quand on les paie, elles font ce qu’on veut.
- J’pensais que c’était interdit, les putes à bord, dit vaguement Dana, sur le ton de la conversation.
- Le Capitaine se gêne pas lui, et faut dire que d’après ce qu’on a reçu, il a bon goût.
- Mais c’est le capitaine, reprit-elle en arquant un sourcil avant de les toiser un à un. Il a les moyens de contourner les règles, pas vous.
- On a peut-être pas ce genre de moyen, mais on a de bonnes soldes.
- Des soldes qui peuvent servir à arrondir des fins de mois de soldate en détresse, et je suis sûr que les tiennes doivent avoir vachement besoin d’être arrondies, vu le maquillage dont tu te tartines, ça doit coûter une blinde.
- Il se pourrait, ouais, fit-elle de manière évasive.
- Ben on a la solution, souffla le blond en se penchant à son tour afin de baisser la voix et d’éviter les oreilles indiscrètes.

Elle en crevait de l’admettre, mais l’intuition du Major avait été bonne. Un système de prostitution, à bord d’une frégate impériale ? Sérieux, Lloyd. Si t’avais pas cette foutue lieutenant dans l’œil, t’aurais peut-être pu le remarquer. Le dégoût la submergeait, comme la déception, comme la colère, mais elle se maîtrisa à l’image de l’Inquisitrice qu’elle aurait toujours dû être. Pas une louve, pas une chienne. Une Inquisitrice. D’un geste délibérément provocateur, elle rabattit une mèche brune derrière son oreille et se courba aussi. Ses yeux verrouillèrent ceux de l’humain.



- Ca me va.
- C’est quoi ton matricule ?
- Enseigne Hickpens.
- T’en fais pas, tu seras pas le premier officier à bénéficier de ce petit plus.
- On est d’accord que je paie aussi pour votre discrétion ?
- T’as la parole de l’optime Vaast.
- Vaast, parfait. Et ça se passe comment ?
- Tu vois la consigne du pont inférieur numéro quatre ? Suffit d’aller y acheter un vieux datapad pour communiquer avec ta famille, tu rentres tes exigences de dame et tu le revends à cette même consigne. Le gars est avec nous, on a nos combines. Et ensuite, il va te rappeler en te disant que le datapad que tu lui as revendu est cané et que tu dois le récupérer et le rembourser. T’auras toutes les infos dessus et bien sûr, tu le rembourses, c’est sa part.
- Ok.

Ils avaient l’air bien organisé. Une organisation qui forcerait peut-être l’admiration du Major autant qu’elle forçait le dégoût grandissant de Dana. Elle leur offrit un sourire à peine forcé et quitta la table à la hâte.







- Quoi ?! Encore ?! s’écria Dana devant son compartiment forcé, une nouvelle fois.

Elle s’agenouilla, passa la tête sous sa couchette, regarda aux alentours comme si « Le Chien » allait sortir d’une cachette comme dans un holoanimé pour enfants, mais il n’y avait rien, pas une trace. Elle remonta sur son lit et observa l’intérieur du compartiment. Sous les petits néons, brillait un objet singulier qu’elle reconnut comme un bijou. Elle le frôle pour le déplacer et l’examiner. Un médaillon, plus exactement, gravé avec des symboles qu’elle ne connaissait pas. A côté, elle saisit un mot écrit au feutre rouge. « Un collier pour une chienne. » Elle retourna le bout de papier et le rapprocha de ses yeux pour lire la suite : « A mettre impérativement, en toute circonstance. Ou le kimono brûle. Le Chien voit tout. »

- Connard, je te crèverai les yeux, marmonna-t-elle en arrachant le collier à son écrin de fortune pour le passer sans hésitation autour de sa gorge. Elle tenait beaucoup trop à ce foutu kimono pour douter une seconde. Il semblait évidemment hors de question d’alerter les autorités en charge de l’enquête, ce serait se mettre en porte à faux, expliquer pour la lingerie, pour tout le reste. Elle claqua brutalement sa main sur la commande de fermeture du compartiment qui, forcé, ne se ferma qu’à moitié.

Et bien sûr, sa veste d’enseigne avait disparu, un vrai fétichiste de ses vêtements. Elle poussa un soupir exaspéré et captura le médaillon dans sa paume pour l’ouvrir et les inscriptions intérieures lui cognèrent la raison, faisant chavirer son sens des réalités. Ca devait être une farce dans la farce, songea-t-elle en refermant brusquement le petit médaillon. Et si Lloyd était impliqué ? Elle croisa son reflet dans le miroir et se questionna elle-même. Que devait-elle faire, désormais, si ce n’était continuer ce petit jeu malsain pour préserver ce qui pouvait encore l’être. De toute façon, elle n’avait pas à s’inquiéter ; une nouvelle louve avait pris place dans la tanière du loup et veillerait à ses intérêts. Elle ne souhaitait plus s’en mêler, simplement récupérer ce qui lui appartenait, comme ce kimono rouge.








- Mumkin ?! Qu’est-ce que tu fous là !

La file pour la consigne était interminable. Et juste devant elle, deux cornes surplombant une figure disgracieuse qu’elle connaissait un peu trop bien.

- J’ai eu la combine y’a pas longtemps figure-toi, et euhm ben…j’essaie de vendre des trucs contre des pots de crème glacé, tu pourras en avoir aussi.
- JE T’AI DIT DE PAS QUITTER LE VAISSEAU !

Si le patron disait blanc et que la patronne disait noir, il n’allait pas vivre vieux. Il se fendit d’un petit air désolé qui n’excusait rien du tout. Quelques heures auparavant, peut-être même la veille, il avait exécuté les ordres du hapien, avait vendu le bibelot – le bijou précieux, à la consigne et il avait trouvé cet endroit vachement pratique, alors il était parti à la pêche d’objets à revendre sur le Sans-Visage dans l’espoir fou de les échanger contre des crédits ou mieux, des glaces. D’ailleurs, il avait une petite statuette qui dépassait de sa poche, souvenir personnel de Vaynai.

- Alors, je voulais pas quitter le vaisseau, j’te jure.
- Donc qu’est-ce que tu fous-là ? répéta-t-elle, franchement mauvaise.
- Ah là ? Non mais rien, j’allais partir d’ailleurs, je suis jamais venu ici.

Il baissa les yeux vers le décolleté qu’offrait le débardeur aux insignes du Melantha et manqua de s’étrangler en remarquant le collier qu’il avait vendu la veille ou la veille d’avant et puis zut, il ne savait plus, niché confortablement entre deux courbes brûlantes.

- T’es en train de me mater là ?!
- Non ! Je…il est sympa ton nouveau collier dis donc, mais j’pensais que t’aimais pas les colliers.
- J’déteste ça, ouais, parce qu’en général, quand j’en ai c’est qu’on m’oblige. Dégage maintenant.
- Ah euh, non mais attends, j’peux pas savoir où t’as eu ce bijou ?
- Mêle-toi de tes fesses, Mumkin.
- C’est parce que je compte ouvrir une bijouterie sur l’holonet, baratina-t-il, soudainement nerveux et stressé, et je trouve que c’est un beau modèle. Donc si je peux connaître le…
- Retourne sur le Sans-Visage, trancha-t-elle et si je te revois ici, je t’arrache les cornes, la langue, et tout ce qui dépasse de ton corps en général
- Bon, bon, je crois que…j’ai une maintenance à faire.
- Ouais, c’est ça, confirma-t-elle en le regardant partir.

Lorsque son tour arriva, elle eut à faire, derrière un guichet sommaire et sobre à un balosar en uniforme de première classe. Il avait rentré ses antennes, sachant le peu de bien que certains humains impériaux pouvaient penser des aliens. Les néons de la petite pièces éclairaient impeccablement le revêtement du sol et des murs, neuf, comme le reste du vaisseau et il n’y avait rien d’illégal en apparence.

- Il me faut un vieux datapad pour communiquer avec ma famille.
- Ah oui, oui, je crois que j’ai ce modèle. Autre chose ?
- Oui, une veste d’enseigne, en bon état.





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Lloyd Hope
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L’Eveil de Melantha


C’était peut-être un coup dans l’eau.







Sur le pont de commandement, à la salle de sport des quartiers des officiers supérieurs, dans les coursives entre deux réunions, au réfectoire, Subol, Narih, Utuzz et Hope se croisaient régulièrement. Ils avaient toujours l’air de se rencontrer de façon fortuite. Ils échangeaient à voix basse, avec des airs dégagés ou préoccupés. Evidemment, personne ne remarquait quand le hapien se penchait pour confier quelque chose au duros. En revanche, on ne se gênait pas pour commenter quand Narih arrêtait le capitaine dans un couloir pour lui souffler quelque chose à l’oreille. Certains disaient qu’ils se donnaient rendez-vous, mais plus personne n’avait vu la lieutenante rejoindre le Sans Visage depuis maintenant quelques jours : elle ne disparaissait que dans ses propres quartiers.
Quant au capitaine, sa cabine lui avait finalement été restituée. Linda Lopez lui avait fièrement expliqué qu’il y avait une probabilité réelle que le piratage de ses verrous fût en réalité un raté de la part du désormais célèbre cambrioleur de Melantha, qui en souhaitant rechiffrer le système de sécurité l’avait tout simplement reconstitué dans une combinaison qu’il avait été incapable de décoder lui-même. Mais comme Linda n’était certaine de sa théorie qu’à 50%, et qu’il y avait donc une probabilité tout aussi forte que le cambrioleur ait réellement la possibilité d’entrer et de ré-entrer dans sa cabine, Lloyd s’était contenté de récupérer de fourrer dans sa veste les trois objets retrouvés dans ses tiroirs – en espérant qu’aucune donnée n’ait été copiée – pour les dissimuler. Et pour plus de sécurité, il ne quittait donc plus sa veste, et il ne dormait plus dans sa cabine.

Ce qui résultait en de longs assoupissements inélégants contre le clavier de son datapad, sur son bureau. Il se réveillait des heures plus tard, la marque des touches sur la joue, quand l’un de ses officiers entrait et le réveillait en sursaut. Et chaque fois, il espérait qu’enfin une bonne nouvelle tomberait, ou au moins qu’une nouvelle tout court lui serait servie, qui ferait avancer l’enquête ; mais du médaillon, on n’avait pas entendu parler. Et aucune communication n’avait visé le capitaine en révélant de nouveau quelque chose de personnel. C’était peut-être un coup dans l’eau. Peut-être avaient-ils mal cerné l’individu en question. Peut-être le piège avait-il été trop évident. Et le hapien tâchait de se concentrer sur ses missions, s’évertuait à se dire que les troupes oublieraient cette fichue photo, que ce n’était pas si grave, que Dana finirait bien par lui faire un signe, plutôt que de l’abandonner à son sort, comme si elle ne pouvait pas lui faire confiance pour sa couverture, comme s’ils n’avaient pas eu deux petites filles ensemble qu’il avait enterrées, comme si elle ne lui avait pas promis de le rejoindre, de se tenir à son bras, de le bercer de sa voix mélodieuse, de mettre une robe de la couleur de ses yeux, de lécher ses plaies et d’autres choses, de –

- Mon capitaine ?

Il eut un bref mouvement de surprise en se retournant. Il était resté longuement le regard morne à regarder sans la voir l’étendue au-delà l’une des vitres immenses de la baie d’observation, sur le pont de commandement, sa silhouette se découpant à peine – l’uniforme noir sur une toile plus noire encore. De nouveaux exercices avaient été lancés, plus raisonnables que la simulation de l’épidémie. Selon ses officiers, occuper les troupes étaient désormais la meilleure chose à faire, afin que les rumeurs s’éteignent, que l’on pût faire avancer l’enquête du Major Arboghast et celle, officieuse, de l’équipe de commandement.

- Du nouveau ? grommela le hapien.

La lieutenant Narih secoua négativement la tête, la mine désolée. Mais elle se rapprocha de lui tout de même, pour lui donner quelques nouvelles à voix basse.

- Votre pilote joue bien le jeu, cependant. Il quitte le vaisseau deux fois par jour, à heures fixes, et s’absente systématiquement deux heures, en laissant le Sans Visage non verrouillé. Pour l’instant, personne n’a essayé de s’y introduire… Mais si cela devait arriver, le vaisseau se verrouillerait automatiquement pour enfermer l’intrus, et nous recevrions tout de suite une alerte.

Lloyd acquiesça en silence.









Et comme le disait Narih, Mumkin respectait bien les consignes qui lui avaient été données. Les premières fois, il n’avait su que faire de ces heures d’oisiveté loin du Sans Visage. Il s’était fait pas mal d’argent de poche avec des objets vendus, il avait visité les salles techniques, intéressé par la façon dont été révisés certains chasseurs, avait arpenté des coursives à la découverte de cette femme métallique immense, aux mille secrets, mais finalement il s’était bien vite ennuyé ; il n’y avait pas beaucoup d’endroits pour se divertir, sur Melantha. Les soldats passaient leur temps libre dans leurs cabines, ou à la salle de sport. Contempler des jeunes femmes courir sur un tapis lui parût un temps être une activité plutôt sympathique, mais bientôt, il fut chassé par des regards courroucés.

Mais enfin, il réussit à trouver quelque chose qui ressemblait à ce qu’il connaissait : dans une salle de sport, un groupe de soldats organisait de petits évènements informels : de matchs amicaux de boxe, ils étaient passés à des tournois de lutte plus sérieux, puis certains s’étaient mis à faire des paris. Mumkin avait senti ses crédits lui brûler les poches. S’il sortait ses billets, il le savait, ils brûleraient ses doigts, alors qu’il s’était promis de mettre un peu de côté, pour l’avenir de Chanti. Néanmoins, aller voir ces combats était plutôt intéressant, et il avait même fini par s’y faire quelques amis.

Ce soir-là, un dénommé Keller avait encore gagné – un trandoshan à la carrure effrayante – et pour fêter le gain de l’un des membres de la petite bande d’amis à laquelle Mumkin s’était greffé, on décida d’aller boire un verre dans l’une de leurs cabines. Ivor, un twi’lek à la langue bien pendue, était celui qui avait parié 500 crédits sur une victoire en moins de deux minutes, et il se faisait rudoyer par ses collègues. Un humain blond balafré, du nom de Jamic, poussa Ivor sur sa couchette, avant de s’asseoir à son tour à côté pour prendre le twi’lek par les épaules, comme un vieil ami.

- Allleeeeeez ! Partage quoi ! Paye-nous un truc !
- J’ai d’jà payé ma tournée ! ricana Ivor.

Devant ce duo improbable, sur la couchette en face, un mirialan et un autre humain rigolaient, à demi-ivres. Mumkin se tenait debout, à l’entrée de la cabine qui était un petit endroit spartiate pour deux personnes, sans sanitaires. N’osant pas vraiment prendre ses aises, le dévaronien faisait mine de découvrir les lieux comme s’il était dans un musée, et ses petits yeux globuleux s’attardèrent sur un drapeau d’une équipe sportive d’Astroballe.

- Hé ! Momie ! Viens m’aider à l’convaincre !
- Ahm, Mumkin, corrigea le dévaronien avec un sourire en se retournant vers les soldats.
- Ouais, s’pareil. Mumkin, qu’est-ce que t’aimerais qu’Ivor nous offre ?
- Ah, jsais pas… Des crèmes glacées, p’t’être.

Les quatre soldats se mirent à hurler de rire. Ivor en pleurait et dut s’essuyer les yeux d’hilarité.

- Des crèmes glacées oh oh oh oh…
- Non mais il est collector ce type…

Le dévaronien restait avec un sourire figé, partagé entre le malaise et la fierté de provoquer tant de rires chez ses nouveaux amis.

- Ah la la, non mais plus sérieusement, tu fais quoi de tes journées sur ton p’tit rafiot ? Ça te manque pas un peu, la vie en dehors de Melantha ?
- Ah bah, ahm, ouais des fois un peu…
- Tiens, tiens Momik, prends-en un peu.

Jamic tendait une flasque à Mumkin, qui la prit de bon cœur pour boire une longue gorgée. Le goût du Cœur de Réacteur lui rappela de vieilles soirées où lui et le patron rentraient ivres au vaisseau après une nuit pitoyable aux frais de capitaine. Ils rigolaient pas toujours autant qu’avec Ivor, Jamic et ses amis, mais il ne savait pas s’il préférait cela ou la façon de s’amuser des soldats. Il décida que de toute façon, il fallait prendre la vie comme elle venait, et reprit une longue gorgée d’alcool avant de rendre la flasque à Jamic en s’essuyant la bouche d’un revers de manche en clignant des yeux.

- Après, si t’es payé à rien foutre, tant mieux, tu dois tout pouvoir dépenser pour t’amuser à bord !
- Ben, y’a un peu rien à dépenser, c’est pas vraiment le luxe vos consignes à deux balles, là, se lâcha le dévaronien, que l’alcool aidait à se détendre.

Il chancela et alla se laisser tomber à côté d’Ivor et Jamic sur la couchette.

- Franchement, heureusement qu’il y a les combats, sinon j’m’ennuie ferme.
- Ouais, les combats et les communication avec la famille.
- Ah parce que vous y arrivez, vous ? Moi j’essaie d’envoyer des messages mais depuis quelques jours y’a rien qui passe et…

Les quatre soldats s’étaient de nouveau bruyamment esclaffés. Quelqu’un, dans la cabine voisine, se mit à taper contre la paroi, pour leur signifier de faire moins de bruits, mais ils l’ignorèrent royalement.

- Mais nan Momik, quand les bâtiments militaires sortent des systèmes, ils coupent des fois les comm pour pas se faire repérer. Et visiblement notre cher capitaine qui aime les blondasses aime aussi vachement jouer de la déconnexion.
- Il s’entraîne à disparaître, commenta le mirialan, y’a sa femme qui doit le chercher partout pour lui foutre une bonne branlée après avoir reçu le cliché avec la pute !

Nouveaux éclats de rire. Mumkin sourit pour essayer de partager la convivialité qui s’était installée.

- Alors ta famille, elle risque pas de t’répondre avant un bout de temps. Et les communications avec la famille, Momik, c’est un nom de code, pour une activité que les off’ sup’ doivent pas découvrir.
- Ah bon ?
- Ben oui.
- Y’a d’la meuf, renchérit Ivor. Bon, j’ai pas encore trouvé celle qui va me sucer les lekkus mais…
- T’es dégueu !
- … la p’tite de l’autre jour, là, j’te jure, je vais la guetter. Je mets une option dessus direct.
- Ouais, mais va falloir de la thune, je sens qu’elle plaisantait pas.
- Bah, on se mettra à plusieurs ! Momik aura qu’à venir avec nous, il sait pas quoi faire de ses créd’ apparemment !

Les soldats acquiescèrent, Mumkin reçut une bourrade dans les côtes.

- C’est… C’est-à-dire ?
- Ben Momik, on a trouvé une petite bombasse, elle va nous coûter cher, mais on va la partager avec toi. T’as qu’à participer, t’inquiète, à même hauteur que nous…
- Ouais, j’sais pas, moi c’est moyen mon truc, j’aime bien quand y’a un peu de romantisme.

Hilarité générale. Deuxième série de coups agacés de la part des voisins de cabine, qui visiblement n’étaient pas près de pouvoir dormir tranquillement.

- Ben écoute, toi tu lui diras des mots d'amour pendant que nous on fera notre affaire, si c’est ça que t’aimes !

Des larmes ruisselaient sur les joues d’Ivor, qui n’arrivait plus à retenir son fou rire. Et Jamic en profitait pour en remettre une couche, avant de passer un bras autour des épaules de Mumkin.

- Ecoute, tu nous fais tellement marrer, faut vraiment qu’tu passes nous voir plus souvent. Mettons demain soir, on s’en remet une pareil ok ? Et si on choppe la meuf, on en profite pour se la faire demain. Hein Momik, tu viendras ?
- Alleeeeeeez Momik s’t’euh plait !
- Ouais Momik !
- Bon, bon… Ok.



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L’Eveil de Melantha

- Vous recommencez.








Un cadeau patientait dans la cabine du capitaine bien qu’il n’y dormait plus, il pourrait le découvrir à l’occasion d’une douche ou d’une inspection de ses quartiers. Le présent gisait sur le lit. C’était une veste d’enseigne soigneusement étendue, aux pans à semi-écartés pour laisser dépasser un mot. Sur le devant, au niveau des barrette indiquant le grade, les lettres « Hickpens » étaient fraîchement brodées et l’inscription allant de pair avec l’habit disait, en lettres écarlates : « Que cache Hickpens sous sa veste ? Tic. Toc. »

C’était donc une énigme.



Avec un compte à rebours.











Les heures, enfin les journées, avaient défilé à une vitesse folle. Dana travaillait la plupart du temps à l’infirmerie de bord du pont inférieur numéro trois où l’ambiance était plutôt bon enfant, grâce à la sympathie et à l’expérience du docteur Chet. Le soldat Ifinwo, qui était infirmier, accueillait de rares patients, déçus de ne pas voir Alix qui avait été transférée dans une autre infirmerie de bord, deux ponts au-dessus. Elle aurait le privilège de s’occuper des officiers supérieurs et de leurs bobos. L’Inquisitrice continuait de traiter les données des rapports médiaux et elle s’intéressait particulièrement à celui de l’optime Jamic Vaast, dont la balafre à l’œil datait visiblement d’avant son entrée dans les Marine Impériale. Une main pensive jouait avec le petit médaillon sous sa veste alors que ses pensées dérivaient vers l’inscription que le bijou renfermait. Elle avait beau se torturer l’esprit, aucune explication valable ou rationnelle n’émergeait de ce brouillard, si ce n’étaient les voix de Narih et Hope.

Elle quitta brusquement son poste.









Sur le pont de commandement, elle faisait les cent pas devant le bureau du capitaine. Les stores étaient abaissés. Il était peut-être absent. L’agitation des lieux l’empêchait de réfléchir correctement. Un nouvel exercice venait de se terminer et on commentait les résultats avec un entrain bien différent de la simulation catastrophique à laquelle, elle avait pris part. Elle se décida, rabattant sa chevelure en arrière, prenant une grande inspiration quand les portes de l’office s’ouvrirent et elle tomba nez à nez avec la jolie lieutenant Narih qui parut aussi surprise qu’elle.

- Vous ?
- Je venais voir le capitaine, fit sans détour la Sith.
- Il est occupé, répliqua son interlocutrice. Et il a un emploi du temps chargé. Vous vous doutez bien que si toutes les enseignes du vaisseau frappent à sa porte, n’importe quand, il ne va pas s’en sortir.
- Ah oui, c’est vrai, vous êtes sa secrétaire, je pensais que vous étiez son chef des opérations.
- Vous recommencez. Si vous avez un problème urgent, voyez avec le Major Arboghast, il en réfèrera au capitaine.

Narih semblait camper dans l’entrée, comme si elle en avait été les portes et Dana comprit qu’elle ne passerait pas, si ce n’est par la force ou en provocant un scandale dont elle sortirait ternie auprès du Major dont elle devait absolument conserver les bonnes grâces. Alors, elle recula, serrant les poings et se détourna pour quitter le pont de commandement, d’un pas rageur.






- Vous m’avez revendu un datapad complètement pourri, sérieux, tonna le balosar à la consigne face à une Dana imperturbable.

Il jouait vraiment bien la comédie celui-là. Et Vaast n’avait visiblement pas perdu de temps puisqu’elle lui avait revendu l’appareil au « matin » et qu’ils étaient déjà à l’aune d’une nouvelle « soirée » sur le Melantha. Elle s’encombra d’un sourire beaucoup trop faux pour réussir à détendre l’atmosphère.

- Bien, je vais le reprendre alors.
- Et me rembourser. On arnaque pas Peet, que tout le monde le sache ! fit-il plus fort à l’attention des quelques soldats venus faire affaire à la consigne. J’ai du matériel de qualité moi ! Toujours contrôlé par les équipes du Major, et toujours légal.
- Ouais, ouais, répliqua-t-elle, agacée en réglant le montant.

Il fit glisser le datapad sur l’acier du comptoir, elle le récupéra entre ses doigts vernis avant de l’allumer et de s’éloigner. L’écran holographique ne tarda pas à teinter son minois maquillé d’un halo bleuté tandis qu’elle prenait connaissance de tous les paramètres de son prochain rendez-vous galant avec Jamic Vaast et sa petite bande de tocards.










Des éclats de voix féminines perturbèrent la tranquillité de sa douche. Ce n’était pas la clameur des cancans habituels qui, ces temps-ci, tournaient autour du fabuleux couple que pourrait former Narih et Hope, à son plus grand désarroi, mais plutôt des cris de stupeur. Elle était dans une cabine individuelle, sous le jet torrentiel d’une douche qui frappait ses courbes et elle avait froncé les sourcils, éteint l’eau pour mieux entendre. Sans réussir à comprendre, elle actionna l’ouverture de sa cabine pour tomber face à face avec le Major Arboghast dont les cheveux rendus humides par la vapeur des lieux collaient à son front pâle. Elle bégaya un instant avant de reculer. Il entra dans la cabine et referma derrière lui.

Dana se dépêcha de se détourner, non pas par pudeur, mais pour préserver le tatouage qui ancrait le derme de son sein gauche et au sujet duquel, il l’aurait forcément questionné.

- Major, fit-elle, reprenant un peu contenance. Vous êtes dans…les douches communes pour femmes.
- J’ai bien reçu votre message, expliqua-t-il en détaillant ce qui pouvait l’être chez son enseigne dénudée dont il interpréta le regard fuyant comme de la pudeur. Les gouttes d’eau sur la peau nacrée de Dana formaient des perles colorées qui captaient les lumières de la cabine et il ne put s’empêcher de suivre des yeux le parcours de l’une d’entre elle, le long du ventre féminin.
- J’ai rendez-vous dans exactement trente trois minutes avec eux. Mais vraiment, vous ne devriez pas être ici. Nous aurions pu en discuter dans votre bureau.
- Le temps pressait. Et il n’y a pas un endroit du vaisseau où je ne vais pas, sachez-le. Il est difficile de me…

Et il pencha la tête sur le côté comme s’il l’admirait sous un autre angle.

- Cacher des choses à bord du Melantha, comme vous l’avez constaté, je suis quelqu’un d’intuitif.

Oui et c’est flippant, voulut-elle rétorquer mais elle conserva le silence. Il avança encore et elle dut reculer jusqu’à être acculée contre la paroi en inox qu’elle percuta doucement et il plaqua une main à côté de sa figure humide, chercha son regard avant de descendre le sien sur le médaillon qu’elle portait.

- Vous m’avez caché avoir été cambriolée, encore.
- Rien a été volée, dit-elle un peu trop précipitamment cherchant un moyen de se sortir de ce piège.
- Votre veste. Celle que vous possédez actuellement et je l’ai remarqué, n’est pas réglementaire. Elle date de la collection passée et il manque votre nom et une barrette.
- Je ne voulais pas alimenter cette psychose, j’essaie de passer à autre chose, afin de remplir correctement mes obligations, Major.

Il demeura un instant silencieux, son souffle suspendu au sien avant de détacher lentement sa main de la paroi et de quitter les lieux, comme s’il n’avait été qu’un courant d’air impalpable.








- Et alors, il est rentré comme ça !
- Ben, c’est le Major, il l’avait déjà fait y’a trois semaines tu te souviens pas ? soupira Alix. Il était entré en plein dans les douches pour une inspection, il avait fait la même chose chez les mecs. Ce mec s’encombre de rien.
- Nan, nan, là je peux te dire que c’était différent, souffla Keshna, contenant son enthousiasme à l’idée de dévoiler le ragot du siècle à son amie. Elles étaient à l’infirmerie de bord, profitant d’une accalmie pour papoter dans l’un des box réservé aux soins. Il est rentré dans la cabine où se douchait Hickpens.
- Hein ?
- Ouais et, j’ai risqué ma vie mais j’ai laissé trainer mon oreille. Il a dit j’ai bien reçu votre message, donc elle lui avait donné rendez-vous là !
- Mais non ?! (Alix avait des yeux ronds comme des billes.)
- C’est la mode de se taper ses supérieurs, on dirait. Et après elles auront des promotions à tout va, c’est dégueulasse.
- Mouais…Oh ! Faut absolument le dire à Rose-Ann, c’est sa colloc, elle en saura plus. Mais quand même, le Major…
- Ben…tu te rappelles pas de cette rumeur qui avait circulé sur lui ?
- Aah, oui. Oui. Comme quoi, il avait mis enceinte une sous-off’ et que c’est pour ça qu’il s’est retrouvé élément rapporté ici ?
- Rholala, faudrait pas prévenir Hickpens ?
- Non, mieux vaut pas s’en mêler, moi je dis.





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Lloyd Hope
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L’Eveil de Melantha


L’espace d’un bref instant, le cœur battant d'espoir, il pensa que Dana était venue là, qu’elle avait essayé de le trouver enfin.





Lloyd avait fini par se décider à retourner à sa cabine. Besoin d’une douche, de s’isoler. Il ne s’étendrait pas sur sa couchette. Il ne prendrait pas ce risque.

Mais en entrant dans l’espace assombri, où seules quelques rares diodes jetaient des ombres sur les meubles aux courbes luxueuses, il sentit immédiatement l’oppression de la menace potentielle, et sa main fébrile chercha avec précipitation les interrupteurs, pour illuminer la pièce. En quelques coups d’œil, il devina qu’il n’y avait personne de dissimulé.

Evidemment. Qui aurait intérêt à se cacher dans la cabine d’un Sith ? La voix de Narih lui revenait en mémoire. Ah oui, la méfiance c’est inné chez vous, dites-moi. T’es parano, aurait dit Mat’.

Il lâcha un soupir de frustration, se hâta de retirer sa veste avant de la jeter sur…

Il y avait déjà une veste sur le lit. HICKPENS.

L’espace d’un bref instant, le cœur battant d'espoir, il pensa que Dana était venue là, qu’elle avait essayé de le trouver enfin, puis ses yeux tombèrent sur le mot.

Que cache Hickpens sous sa veste ? Tic. Toc.

Le hapien resta un instant figé, les yeux agrandis dans une expression d’épouvante.












1300.




La couverture de Dana risquait d’être pulvérisée.




1305.





Tant pis pour la couverture de Dana.




1311.





Les rumeurs allaient fuser sur lui, détruisant plus encore sa réputation.




1318.





Tant pis pour sa réputation.




1324.





Les rapports sur son commandement allaient lui faire risquer de perdre Melantha.




1332.





BAM BAM BAM BAM.

- Ouvrez immédiatement ! aboya-t-il.

Planté au milieu d’une coursive, où des enseignes allaient et venaient en lui jetant de curieux regards, à la dérobée, le hapien n’attendit guère avant de frapper de nouveau. Son poing fermé faisait résonner le métal et enfin, l’écoutille s’ouvrit sur le visage rond et rouge de Pyke. L’enseigne laissa échapper un couinement de stupeur en découvrant le capitaine dans l’encadrement de l’entrée de la cabine et se hâta de lui servir un garde à vous maladroit. Sous sa veste détachée, un tshirt pendait, débraillé, au-dessus de sa ceinture défaite.

- Mon… Mon capitaine ?

Mais le hapien repoussa Pyke pour entrer de force dans la cabine et se retrouva nez à nez avec une jeune femme aux cheveux mouillés, en tshirt de la Marine. Celle-ci se mit immédiatement au garde-à-vous aussi, les yeux ronds, tandis que Lloyd fouillait la pièce du regard. Trois couchettes, des affaires gisant ça et là, des casiers dont l’un était mal fermé.

- Où est Dana Hickpens ? réclama-t-il sèchement.
- Heu…

Pyke et Mallory échangèrent un regard.

- Nous ne savons pas, mon capitaine…
- Ahm… elle était aux douches il paraît tout à l’heure, mon capitaine. Je l’ai croisée, elle avait une petite chose à faire puis elle devait revenir, fit la blonde, dont les cheveux ondulés dégoulinaient sur son épaule.

Lloyd étrécit les yeux.

- Une petite chose ?
- C’est ce qu’elle a dit, je n’en sais pas plus, mon capitaine.

Le hapien tourna sur lui-même, jeta de nouveau des œillades farouches sur les affaires qui traînaient dans la cabine, mais il parut ne rien trouver qu’il le satisfît, alors il tourna les talons pour quitter la pièce.

- Vous me l’envoyez à mon bureau dès qu’elle revient. Dites-lui que c’est extrêmement urgent, tonna-t-il, et Pyke acquiesça vivement de la tête. ET RANGEZ MOI CES MERDES QUI TRAINENT PARTOUT !









- … un redéploiement des moyens au niveau du pont inférieur numéro 2 en cas de surcharge logistique sur les flancs externes de la frégate.

Quatre mois et vingt deux jours s’étaient écoulés depuis le moment où on avait mis le canon dans la bouche de Dana et qu’il avait cru qu’elle allait mourir, que son cerveau allait effectivement s’étaler sur la scène, tout cela à cause de lui. On avait atteint Lloyd Hope en utilisant Dana Shar, et elle avait failli en cr-

- Heu, mon capitaine ?

Accoudé à la table de réunion, Lloyd parut se réveiller de sa morne rêverie.

- Heu… Désolé. Recommencez.

Utuzz afficha les données précédentes sur l’écran qu’il présentait dans le bureau du capitaine. Derrière lui, l’activité du pont de commandement apparaissait, relativement tranquille, par le hublot. Patiemment, le kel dor reprit son explication depuis le début. Les mots s’alignaient, techniques. Rechargement des boucliers. Temps de réarmement optimal. Indicateurs de suivi du transfert logistique. Sectorisation fonctionnelle des opérations internes.

- … et donc, il me semble judicieux d’opter pour un redéploiement des moyens au niveau du pont inférieur numéro 2 en cas de surcharge logistique sur les flancs externes. Mais il est aussi possible de répartir davantage la charge sur la partie arrière, si vous préférez ?

Le hapien cligna des yeux. Il y eut un long silence, pendant lequel Lloyd scrutait les curieux yeux sombres du kel dor. Le lieutenant Utuzz restait stoïque. S’il était mal à l’aise, il n’en laissa rien paraître.

- Vous avez des enfants, lieutenant ? demanda subitement le hapien.
- Heu… non, mon capitaine.

Moi j’ai eu deux petites filles, elles sont mortes et je les ai enterrées.

- Désolé, je dois régler quelque chose avant de pouvoir me concentrer. On remets ça à plus tard.

Le hapien se leva subitement, sous l’œil surpris de lieutenant Utuzz, qui marmonna un assentiment avant de ranger son matériel pour laisser tranquille le capitaine, mais celui-ci était déjà sorti de son bureau. Quelques secondes plus tard, alors que le kel dor prenait son écran sous le bras, le visage du lieutenant Narih passa par l’écoutille laissée ouverte.

- Vous fatiguez pas, il est parti, ronchonna Utuzz.
- Je sais, je l’ai croisé, commenta l’humaine en s’adossant au cadre de l’écoutille. C’est pas très grave, si ?
- Non, non, ça fait juste trois jours que j’essaie de lui faire une prendre une décision sur la répartition des charges matérielles pour les générateurs de boucliers ! maugréa le kel dor.

Narih haussa un sourcil. C’était bien la première fois qu’elle voyait Utuzz de mauvaise humeur.

- Il est pas dans son assiette, depuis le coup de la photo il ne dort pas, et avec tous les exercices, moi non plus je n’ai pas eu le temps de lire tous vos rapports.
- Ça date de plus longtemps que le coup de la photo, rétorqua Utuzz. Je sais que vous l’aimez bien, Narih, mais je préfère être franc avec vous : dans les entretiens avec le Major, je vais être honnête. Il nous faut quelqu’un de concentré et compétent sur ce genre de poste. Qu’est-ce que ce sera s’il y a une action de sabotage au milieu d’une bataille spatiale ? Il va tout lâcher comme ça aussi ?

La lieutenante fit une moue contrite. Elle n’avait pas vraiment d’argument contre les propos de son collègue.

- Bon, heureusement que le Major commence par mes équipes, alors, soupira-t-elle. D’ailleurs, il faut que j’y aille, c’est mon tour et il va m’attendre.








Comme le bruit avait couru que le capitaine Hope en personne maintenant descendait dans les cabines pour y faire l’inspection de propreté, les quartiers du pont 3 est en effusion. Des instructeurs passaient de cellule en cellule, défaisaient les lits lorsqu’ils n’étaient pas parfaitement faits, hurlaient des ordres, désireux de faire en sorte que tous les quartiers de repos fussent en parfait état avant de se faire épingler pour négligence de l’entretien.

La cellule 1332 n’avait pas fait exception. C’était même la première par laquelle l’instructeur de leur étage avait commencé. Environ une heure après le passage du capitaine, ils avaient rangé toute leur cabine – sauf les affaires de Dana Hickpens, qu’ils laisseraient refaire son lit. Pyke lissait le drap de sa couchette tandis que Mallory pouvait enfin finir de démêler ses cheveux pour refaire son habituelle tresse blonde.

- Après le Major, appelée par le commandant en personne, c’est un peu bizarre, tu trouves pas ?
- En même temps, il paraît qu’elle a insulté le lieutenant Narih, claironna fièrement Mallory, ses doigts agiles se mélangeant aux mèches blondes. Tu te rends compte ?! Un officier supérieur. Y’en a qu’on a rétrogradé pour moins que ça. A mon avis, Arboghast l’a pas sanctionnée parce qu’il se la tape, mais vu comment Hope et Narih sont inséparables, quand il a dû l’apprendre, le capitaine a dû vouloir la recadrer lui-même.
- Elle va se faire passer un de ces savons !
- C’est dommage qu’on doive l’envoyer dans son bureau, ça m’aurait fait rire de pouvoir voir ça ici.
- T’es cruelle. Si ça tombe, elle va vraiment perdre ses galons. Voire pire, oublie pas que c’est un Sith.
- J’suis pas cruelle, elle en aurait fait autant pour moi. Mouais, tu crois qu’il est si Sith que ça ? Il a encore jamais réellement sanctionné personne ici, il couche avec des prostitués… Si ça tombe, le coup du Sith, c’est juste une couverture. Il a peut-être été parachuté là parce que c’est un fils de, si tu vois ce que je veux dire…

BAM BAM BAM BAM.

Les deux enseignes bondirent sur leurs pieds avant d’échanger un regard catastrophé. Encore ?!

Cette fois, Lloyd n’attendit pas qu’on lui ouvrit et l’écoutille glissa dans un chuintement discret pour le laisser apparaître. Pyke et Mallory se mirent au garde-à-vous tandis qu’il refermait derrière lui.

- Repos. Elle n’est pas revenue ?
- Hum, non mon capitaine.
- Mmh.

Les deux enseignes échangèrent un regard gêné, tandis que le hapien s’approchait de Pyke. Ce dernier déglutit.

- Enseigne Pyke. Si je ne trouve pas Dana Hickpens dans les minutes qui viennent, je vous retire vos galons.
- Qu… QUOI ?
- Vous m’avez parfaitement entendu. Vous m’avez déjà déçu une fois, j’ai été clément. C'est l'heure de faire vos preuves, cette fois. Vous connaissez son emploi du temps, OR elle n’est pas en service. Vous connaissez ses fréquentations. Dites-moi où elle peut être.

Les jambes de Pyke s’étaient mises à flageoler. Il n’avait aucune idée d’où cette fichue enseigne pouvait être. Et Lloyd était toujours là, planté devant lui à attendre, le surplombant légèrement de son visage assombri par il ne savait quelle colère.

- Mais, mais, mais, répéta-t-il inutilement en reculant d’un pas.
- Ahem, fit Mallory en s’éclaircissant la gorge. Elle est, hum… Souvent fourrée avec le Major Arboghast, si je puis me permettre.

Lloyd et Pyke la regardèrent en même temps. L’enseigne aux joues rondes la remercia d’un regard un peu atterré. Les yeux de Lloyd, eux, lançaient des éclairs inquisiteurs.

- Fourrée avec le Major Arboghast ? C’est-à-dire ? Où ?
- Hum…

Mallory sentait la chaleur envahir son corps à cause du stress. Devait-elle en dire autant ? Mais elle fondait sous le regard inquiétant du hapien. Il était peut-être vraiment Sith, après tout.

- Ne craignez pas le Major Arboghast, il n’en saura rien, précisa Lloyd d’une voix tranchante. Mais vous avez intérêt à tout m’expliquer.
- Hé bien… Il paraît qu’il lui donne un genre de travail spécial sur ses heures libres, pour lequel elle le retrouve dans la douche, ou dans son bureau…









Dans le bureau du major Arboghast, assise en face du major lui-même, Narih se tenait bien droite, ses doigts refermés sur son bloc de données comme par une vieille habitude. L’endroit était sombre mais impeccable. Finalement, l’ambiance était semblable à celle du bureau du capitaine, à l’exception que son occupant faisait peut-être encore plus froid dans le dos. Il fallait dire que depuis qu’elle avait vu Hope endormi sur son datapad, il l’impressionnait un peu moins. Ou bien c’était peut-être la photo, ou d’avoir vu le Sans Visage qui lui faisait penser que le capitaine adoucissait davantage ce genre de pièces qu’il ne les rendait glaciales, à l’image d’Arboghast.

En réalité, elle appréciait le Major, parce qu’elle appréciait l’efficacité, le professionnalisme dont il faisait preuve. Au début, il s’était très bien entendu avec elle mais ces derniers jours, elle l’avait senti sur la défensive. Mais comme elle avait pu parler au capitaine du major en des termes honnêtes et positifs, elle espérait pouvoir en faire autant avec le major, au sujet du capitaine.

- … j’ai donc dû réadapter un petit peu nos stratégies pour donner davantage de poids aux artilleurs pendant les simulations d’opération. Depuis, les résultats sont bien meilleurs, il ne nous manque qu’encore un peu d’entraînement, je pense, et nous pourrons passer l’audit de la Marine avec br… Enfin, avec brio je sais pas, mais en tout cas nous serons en conformité.

Le major pianotait sur le clavier de sa console tout en l’écoutant. Il avait, dans son siège, une posture flegmatique. Parfois une expression cynique éclairait son visage.

- Que pensez-vous de la simulation d’épidémie de la semaine dernière ? demanda-t-il, un peu obséquieux.

Narih soupira.

- J’en pense que si l’expérience a été très désagréable sur le moment, le capitaine a été intelligent de nous montrer que toutes les équipes ont leur importance et auront une incidence majeure sur une opération si elles sont mises en difficulté. De plus, son discours après l’échec, loin de décourager les nouvelles troupes, leur a fait comprendre que ce n’était pas juste une lubie de sa part, mais un entraînement très sérieux, pour lequel il leur donnerait une seconde chance.
- Autrement dit, vous êtes prête à lui pardonner à peu près n’importe quelle bêtise.

La lieutenante retint un bref instant son souffle. Être honnête. Et positive. Elle afficha un sourire poli.

- Autrement dit, c’est mon supérieur hiérarchique. Je lui suis loyale et je comprends sa stratégie, et je fais ce que je peux pour l’appliquer au mieux. S’il n’y avait pas eu cette opération de décrédibilisation à son encontre, je pense que son leadership à bord de Melantha serait très positif.
- Malheureusement, il y a eu cette opération de décrédibilisation, comme vous dites. Elle aussi, pourrait être considérée comme « désagréable sur le moment » mais riche d’enseignement : le capitaine n’a pas l’air de supporter ce genre de pression. C’est pourtant essentiel de pouvoir supporter d’être sous menace à un tel poste.
- Je crois sincèrement qu’au contraire, il encaisse très bien. Il garde un œil sur le sujet sans que cela ne lui monte à la tête.
- Vraiment ?
- Tout-à-f…

Bip - VLAN !

Comme l’écoutille du bureau d’Arboghast ne s’ouvrait pas suffisamment rapidement à son goût, Lloyd venait de la repousser dans la paroi avec violence. Les deux officiers à l’intérieur sursautèrent pendant que le hapien traversait la pièce et contournait le bureau d’un pas furieux.

- Mon capitaine ? couina Narih. NON !

Mais il était trop tard. Lloyd avait saisi le Major par le col pour l’arracher à son fauteuil et le plaquer brutalement contre la paroi. Un cadre contenant une lettre de félicitations au Major Arboghast fut secoué par le choc et se décrocha avant de se briser en tombant au sol.

- Qu’est-ce que vous fichez ?! cria le major en portant ses mains à son col, mais la poigne de Lloyd était telle qu’elle lui écrasait la poitrine sans qu’il pût rien y faire.
- Où. Est. Dana Hickpens.

Malgré la violence du choc qu’il venait d’administrer à Arboghast, le hapien essayait à grand peine de se maîtriser. Ses poings contre le cou du major étaient serrés à s’en blanchir les articulations et son visage était rouge de rage, les mâchoires contractées tandis qu’il guettait le moindre mouvement sur le visage d’Arboghast, comme si des indices avaient pu le trahir.

- Je n’en sais rien ! glapit le Major, à demi-étranglé.
- Capitaine ! Mon capitaine ! ne cessait de répéter Narih dans son affolement, ne sachant comment réagir.

Mais le hapien n’entendait pas la lieutenante. Il décolla un bref instant le major du mur mais pour mieux le plaquer de nouveau avec violence. Le crâne d’Arboghast rebondit sur la paroi avec un bruit sinistre.

- AH !
- OU. EST. DANA. HICKPENS !
- VOUS ETES COMPLETEMENT FOU !
- VOUS ETIEZ AVEC ELLE, VOUS LUI AVEZ DONNE RENDEZ-VOUS !
- Mais de… De quoi vous p… Hope, je peux pas resp…
- OU EST HICKPENS OU JE VOUS TROUE LE CRANE !

Les cris et les coups avaient attiré quelques curieux à l’entrée du bureau. Dans l’encadrement de l’écoutille, quelques officiers s’étaient massés en lorgnant sur la scène, inquiets. Une enseigne avait mis la main sur sa bouche en un geste d’effroi, car le capitaine s’était penché sur le bureau pour saisir un joli stylo en métal, qu’il plaqua contre la gorge du major. Sur la peau blanche d’Arboghast, quelques gouttes de sang s’était mis à perler et le major avait le visage blême, les yeux écarquillés d’horreur.

- J’ai tué avec bien moins aiguisé, croyez-moi, gronda Lloyd, son visage à quelques centimètres de celui de l’humain.



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Allez, approche Momik.


















Dana ajustait sa veste d’uniforme et remontait une large coursive où l’activité journalière battait son plein. Mumkin et elle avaient attendu quelques minutes, assis l’un à côté de l’autre, dans le silence le plus complet avant de quitter la cabine. Le pilote avait filé fissa au Sans-Visage avec une énième promesse bidon de ne pas en sortir. La Sith observait le vieux datapad pour « communiquer avec la famille » au creux de sa main. Elle pourrait ramener l’objet à Arboghast. Mumkin lui avait donné les noms de toute la petite bande et son intuition d’Inquisitrice lui intimait qu’il y avait plus large que Jamic et ses tocards. Elle pourrait voir pour enquêter davantage, sur les combats clandestins également. Peut-être que ses traîtres s’y trouvaient ?

- Enseigne Hickpens !
- Ah Pyke…

Il ne releva même pas, comme il le faisait d’habitude, l’absence de son grade. Il était essoufflé et ses joues rougies par l’effort paraissaient plus grosses, plus rondes, comme deux pommes mûres prêtes à chuter de l’arbre. Il reprit son souffle. Ses mains étaient fébriles et blêmes. Quant à ses lèvres, elles chevrotaient, lui conférant un petit air absurde.

- Le…capitaine vous cherche partout. Partout…il…a complètement…
- Quoi ?
- Vous devez venir par pitié !













Au pont supérieur, dans l’encadrement de l’écoutille d’un bureau, Dana poussa brutalement les quelques curieux. Ses yeux tombèrent d’abord sur une Narih en état de choc, couinant d’impuissance et virent ensuite Valor Arboghast, dont le sang avait légèrement coulé. Puis seulement, ils chutèrent dans des profondeurs infinies et émeraudes. Elle cligna des yeux et derrière elle, les murmures portant des « Hickpens est là », l’atteignaient à peine. Les prunelles glaciales du Major se levèrent vers sa subordonnée et il lâcha, contrit :

- Dana Hickpens est là, Hope. Lâchez-moi.

Dès qu’il sentit la pression du style en métal s’envoler, il se redressa sèchement et mit une distance « raisonnable » entre lui et le commandant, assumant un prochain coup de folie. Il ne se ferait plus surprendre.

- Bien. Lieutenant Narih, reprenons, dit-il de manière sobre, froide, en ajustant le col de son uniforme, sous l’air complètement consternée de la chef des opérations. J’ai hâte que vous me répétiez ce que vous disiez au sujet du commandant.

Et comme le silence s’étirait, il poursuivit avec une autorité digne, dardant Dana d’une œillade terrible.

- Qu’est-ce que vous faîtes encore là, Enseigne Hickpens ? Le capitaine vous convoque, visiblement. Et Enseigne Pyke.

Ce dernier se tordait le cou parmi le petit attroupement pour apercevoir son supérieur.

- Oui, oui Major ! Je suis là.
- Que tout le monde débarrasse le plancher de mes portes avant qu’une sanction ne tombe.
- Vous avez entendu le major ?! tonna Pyke de sa petite voix. Circulez !











La tanière du loup de Melantha était baignée d’une pénombre étrange. Dana était assise, un peu raide, sur le siège qui faisait face au bureau du capitaine. Autour d’eux, les stores étaient abaissés, comme depuis des jours. Seule la baie vitrée permettait une vue sur l’immensité de l’espace où ils dérivaient, dans une bulle d’acier qui pesait des tonnes. Elle rabattit sa chevelure en arrière, mettant en valeur son visage impeccablement maquillé que plus aucune trace ne déformait. Elle avait l’impression que c’était à son tour de dire « Je suis désolée » : pour la photo, pour le Major, pour…simplement être là, comme elle l’avait promis un soir sur Jabiim, pour ne pas porter le kimono rouge ou une robe à la couleur de ses yeux. Mais cela avait-il encore de l’importance maintenant qu’elle savait qu’il s’isolait avec Narih sur le Sans-Visage. Est-ce qu’il lui ferait des petites filles aussi ? Elle poussa un soupir, les mots ne venaient pas alors qu’ils se bousculaient dans sa gorge fébrile de colère et de chagrin.

- Pourquoi t’étais en train de menacer le Major ? fut tout ce qui réussit à franchir ses lèvres.







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L’Eveil de Melantha


Ses émeraudes semblaient brûler d’une froide meurtrissure.







Lloyd avait refermé, et verrouillé l’écoutille derrière eux afin d’être sûr qu’on ne pût les déranger, avant de se mettre à arpenter toute la pièce. Il alla jeter un coup d’œil entre les stores automatiques sur le pont de commandement, où rien de notable ne se produisait, et revint vers son bureau en jetant à la silhouette de Dana une œillade farouche. Il voyait ces cheveux redevenus noirs, coupés, qui donnait de l’élégance à la nuque bien dessinée de l’Inquisitrice et tout lui semblait être une provocation.

Il repartit aussitôt jusqu’au hublot en serrant les poings pour s’arracher à cette vision, avant de faire de nouveau volte-face.

- Parce que j’ai cru que t’étais en danger figure-toi ! aboya-t-il subitement.

Il revint en furie jusqu’à Dana et contourna le bureau pour faire face à l’Inquisitrice avant de plaquer brusquement ses mains sur la table qui les séparait. Ses émeraudes semblaient brûler d’une froide meurtrissure.

- Et qu’est-ce que j’apprends ? Que Madame prend des douches avec le Major !

Le hapien avait donné à sa voix un ton faussement ironique, où perçait la fureur de la trahison.

- Mais attends, attends ; on reprend depuis le début.

Il leva soudain une main entre eux deux, pour mieux égrener sur ses doigts la liste de ses griefs.

- D’abord, tu te barres de Jabiim, alors que t’étais censée te reposer. T’es allée où, exactement ?! interrogea-t-il d’une voix impérieuse. T’étais censée te reposer puis me rejoindre sur Melantha ! Et là – il agita son index en signe de point n°2 – plutôt que de te signaler proprement, comme l’aurait fait n’importe quelle personne équilibrée, tu te fais passer pour une prostituée, faisant croire au passage à tout Melantha que c’est le genre de trucs que je consomme, pour ensuite disparaître comme si de rien n’était et intégrer mes rangs, comme ça, sans rien me dire ?!!

Sa voix avait paru s’enrager aussi au fil de sa tirade et pour se rapprocher d’elle il laissa tomber le compte qu’il égrenait entre eux deux pour mieux s’appuyer sur la table.

- Tu croyais quoi, que j’allais pas me rendre compte que t’étais à bord de mon propre vaisseau ? Ou bien c’est parce que tu croyais que j’étais trop con pour pas comprendre que t’étais sous couverture et qu’il valait mieux pas la griller ?! C’est ça le truc ? Tu me fais pas du tout confiance en fait ?

Il suspendit ses paroles, pinça les lèvres et recula son visage comme pour mieux l’observer. Les cheveux noirs de Dana, qui faisaient contrastes avec l’étendue brillante et dorée de ses prunelles le renvoyait brutalement à une époque antérieure à Ch’Hodos, antérieure au pacte tacite qui s’était noué entre eux depuis. Les yeux du hapien butèrent sur les lèvres de l’Inquisitrice, où la cicatrice disparaissait sous le maquillage inhabituel, et le sentiment de trahison lui parût plus intense. Il fronça les sourcils, en secouant la tête négativement. Les mots et promesses de Dana, qui l’avaient bercé dans une roulotte sur Jabiim, lui revinrent en mémoire et il déglutit pour les oublier. Que des histoires pour te contenter sur l’instant.

Il s’éloigna encore. Il ne savait plus où il en était du compte. Il essayait de reprendre, mais la colère subitement le fuyait comme de l’eau entre ses doigts.

- Et la photo, t’as laissé fuiter une photo de nous, enchaîna-t-il d’une voix rauque, amère, et moi je me suis fait un sang d’encre parce que dans ma cab…

Lloyd s’interrompit subitement, comme son regard émeraude venait de tomber sur le décolleté de Dana. Ses yeux s’arrondirent et il entrouvrit les lèvres, hébété.

- Attends. D’où tu tiens ce médaillon ?

Il affronta le regard de l’Inquisitrice, interrogateur. La petite chaîne brillante et le bijou qui se nichait entre les courbes de Dana, apparaissant à demi à cause du débardeur noir qui cachait sa poitrine, semblèrent le ramener à des considérations plus terre à terre. Il tendit la main, paume ouverte.

- Rends-moi ça tout de suite, exigea-t-il.











- HE MOMIK !

En arrivant dans la baie d’atterrissage du pont inférieur n°3, où des chasseurs manœuvraient de nouveau avec lenteur, le dévaronien se retourna, les mains enfoncées dans ses poches. Depuis une coursive brillamment éclairée, Ivor était apparu, ses lekkus se balançant au rythme de sa démarche tandis qu’il se hâtait de rejoindre Mumkin, une expression suspicieuse sur le visage. Il étira ses lèvres en un sourire un peu méprisant quand il fut suffisamment près du pilote pour lui parler à voix basse. Derrière eux, un groupe de soldats passa au pas de course, en rangs bien ordonnés.

- Alors ?
- Heu… alors quoi ?
- Ben alors, c’était comment ?
- Ah ? Aaaah… Tu veux dire, ça, ha ha, hé hé...

Ivor plissa les yeux.

- Ah c’était ouf.
- Ah ?
- Ouais, j’te jure, j’ai trop pris mon pied, c’était énorme.

Le twi’lek parut décontenancé un instant, mais finalement il haussa les épaules.

- Elle vaut toute cette thune alors ?
- Ah ouais carrément ! Et même plus, non sérieux, c’était le meilleur que j’ai fait j’te jure.
- Sérieux ? Mais genre elle t’a fait quoi ?
- Ah ben, ben, la totale, quoi !
- Ah ouais, répéta le twi’lek, un instant sidéré.

Ivor considéra un moment Mumkin, avant de jeter des coups d’œil autour d’eux, comme pour vérifier que personne ne les écoutait. Mais dans ses yeux, un drôle de nuage semblait occulter ses pensées, comme si des images plus intéressantes prenaient place à l’intérieur du crâne orange du twi’lek, qui le faisait s’échapper dans un autre monde. Un monde de luxure et de plaisir…
Puis il regarda de nouveau Mumkin.

- Bon ben, oublie pas que tu m’dois de la thune par contre, maintenant.
- Ouaiiiiis écoute j’dois rentrer au vaisseau là, une petite urgence pour le patron, mais après j’te trouve ça t’inquiète ! Au pire on se voit demain, hein, prochain combat ?

Le twi’lek renifla étrangement devant le sourire mielleux de Mumkin. Ce dernier dansa d’un pied sur l’autre, mal à l’aise.

- Bon, ok. A d’main, grogna Ivor.

Le twi’lek fit volte-face et disparut dans la coursive, et le dévaronien attendit quelques secondes avant de laisser un gros soupir de soulagement. Il se hâta de retourner vers le Sans Visage et sur le chemin, il sortit son comlink de sa poche, pour l’apporter à ses lèvres.











Dans la cabine du capitaine, Lloyd tendait toujours la main vers Dana, quand un grésillement se fit subitement entendre, provenant directement de la silhouette de l’Inquisitrice.

- Hé, Dana ! Ecoute, j’t’ai arrangé le coup pour Ivor. Tu vas voir, il va trop vouloir t’avoir pour lui tout seul lui aussi. Et encore désolé hein, pour tout à l’heure. Mais... Tu vois j'préfère demander au patron avant si ça le dérange pas trop que toi et moi on... Enfin tu vois quoi.

Lloyd resta immobile. Peu à peu, sa mâchoire se contracta davantage tandis qu’il penchait la tête sur le côté, comme pour indiquer d’un regard noir qu’il avait parfaitement entendu, et qu'il attendait parfaitement des explications.

- Allez, bisou !




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Darth Hope
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LEveil de Melantha

T’étais assez aveugle pour pas comprendre ce qui se passait au quatrième pont inférieur








Au fur et à mesure qu’il l’avait accablée, ses prunelles s’étaient agrandies, emplies d’indignation, de colère, de stupéfaction ; un cocktail qui ne faisait qu’accroître les sentiments d’injustice et de trahison qu’elle éprouvait. Elle avait pensé quoi répondre, pour chaque point qu’il lui était reproché, mais l’intervention de Mumkin n’avait fait que couper toute possibilité de régler encore cette confrontation par la raison et qu’il faudrait très certainement invoquer tout un tas d’émotions irrationnelles et passionnels qui menaient toujours au pire.

Elle ignora la main tendue et décrocha de sa ceinture un vieux datapad.

- Ivor communique avec sa famille, fit-elle froidement. C’est un nom de code pour se taper des camarades, contre rémunération. Une partie de ton pont inférieur numéro quatre est une vraie maison close et la maquerelle se tient au guichet de la consigne. C’était tellement évident que le Major m’a demandé d’enquêter sur ce réseau. (Sa voix commença à trembloter) Mais bien sûr, tu passes toutes tes journées avec cette pétasse des opérations, mi-secrétaire, mi-louve à laquelle tu fais visiter ta super tanière de loup sur le Sans-Visage, genre…la soute pour lui offrir des bijoux ? Sérieux ? Et c’est moi que t’oses regarder comme ça ?

Elle arracha le médaillon à son cou, en dépit des menaces du cambrioleur.

- Reprends-le, j’en voulais pas. Tu l’offriras à Narih, ca lui donnera une occasion de minauder ton grade. J’ai pas partagé la photographie, on me l’a volé dans un compartiment sécurisé de ton vaisseau, t’es le seul responsable de ça, ok ? Et on m’a filé ce vieux médaillon à la place, qu’on m’a obligé à porter, avec ton nom dedans et c’est à moi que t’oses poser des questions ?!

Elle jeta le médaillon sur le bureau et le métal tinta d’un son aigu au moment où il percuta la surface, comme le bris d’un verre éclaté, comme le son d’une déchirure qui venait de lui ouvrir la poitrine. Dana se redressa ensuite pour être à son niveau.

- J’aurais dû dire quoi à ce con de Pyke hein ? Je suis une Inquisitrice Sith, je viens voir le capitaine pour m’envoyer en l’air avec laisse-moi passer ? Dans quel état cela aurait mis tes troupes de savoir que tu fréquentais une Inquisitrice que t’invites toi-même sur la frégate hein ? Tu as pas vu comment les hommes de Iani Chaos faisaient leur simulation dans la peur. Il y avait quelqu’un à bord dont leur capitaine ne pouvait PAS les protéger. Alors, c’est un moindre mal qu’on pense que tu te tapes des putes, tu restes leur foutu capitaine.

Elle se prit la tête entre les mains, rabattit encore sa chevelure en arrière. Cette manie la prenait depuis qu’elle avait coupé ses cheveux, incapable de supporter ces mèches volages taquiner sans cesse son faciès.

- T’as dit que tu me trahirais jamais, je te faisais confiance évidemment ! Avant que je t’entende avec ta lieutenant dans la soute du Sans-Visage. J’essaie juste de faire mon travail ok ? Je suis partie de Jabiim pour ça. Je travaillais, Lloyd. Pour l’Inquisition, pour Runà. Et tu viens peut-être de foutre en l’air ma couverture, parce que soi-disant je prenais une douche avec le Major ?! (Elle pressa une main contre son ventre, reprenant un souffle que la colère avait précipité soudainement). T’as vraiment cru à ces conneries ? Et dis à Mumkin..

Son index frappa rudement à la surface du bureau, comme un avertissement, plusieurs fois.

- De pas quitter le Sans-Visage. S’il m’a arrangé le coup avec Ivor, c’est parce qu’il l’avait fait foirer à la base, à traîner avec des boxeurs clandestins, et à revendre je ne sais quoi à la consigne.

Puis elle attrapa son comlink, non sans lancer un regard noir à Lloyd où se mêlait une passion à la fois brûlante, téméraire et enragée. Elle éteignit l’appareil de manière qu’aucune communication sauvage ne vienne encore saboter sa conversation avec le commandant du Melantha. Elle se rassit sur son siège, croisa les jambes et passa une cigarra extirpée de sa poche entre ses lèvres colorées de mauve. La flamme d’un briquet ne tarda pas à jaillir, jetant sur son minois des lumières sensuelles et elle embrasa l’extrémité de sa seconde addiction, afin de la faire partir en fumée au creux de ses lippes ardentes. La toxine dans ses veines réussit à calmer sa nervosité, mais pas son chagrin. Mais elle était désormais assez calme pour porter le coup final

- T’étais assez aveugle pour pas comprendre ce qui se passait au quatrième pont inférieur. Alors évidemment, que t’aurais jamais capté que j’étais là. Puisque tu avais une autre source de distraction. J’espère qu’elle simule aussi bien au lit que lors des exercices d’entraînement. Maintenant, il va falloir penser à ce qu’on va dire au Major Arboghast.

Elle se pencha et fit tomber quelques cendres de sa cigarra dans un petit porte stylo vide, le geste félin, le regard braqué sur le hapien.

- Je pense lui expliquer que je suis ta demi-sœur, et qu’on le cachait pour éviter les rumeurs de favoritisme.






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L’Eveil de Melantha


Cette liste lui en rappelait une autre.







Les yeux du hapien avait suivi le médaillon tombé sur le bureau, où il avait tinté en le percutant, avant de regarder Dana de nouveau. Son visage assombri par la contrariété se froissait d’incompréhension.

- Tu mens, l’accusa-t-il platement.

Il y eut un silence glacial. Il n’avait pas tout compris. Ni à cette histoire de communication avec la famille, ni à cette histoire de Narih à qui il offrirait des bijoux. Mais il était sûr d’une chose. Il se pencha vers elle pour lui parler à voix très basse, comme il ne voulait pas qu’un micro put capter ce qu’il allait dire.

- C’est moi qui ai mis ce médaillon en circulation, et je l’ai fait après que tout le monde ait reçu cette putain de photo.

Il s’en souvenait suffisamment pour avoir essayé d’oublier son malheur dans la confection de ce bijou. Il se redressa avec un souffle de dépit.
Lloyd secoua négativement la tête, et s’éloigna du bureau pour mieux marcher le long de la table de réunion à quelques pas de là. Il avait croisé les bras mais bientôt, il dégagea une main pour la passer devant ses yeux, la pressant contre son visage comme pour laver les pensées désagréables qui auraient pu se loger dans sa tête. La pénombre de la pièce semblait agrandir la distance qui séparait les deux Sith, comme un gouffre qui l’insupportait. Mais il y avait aussi tout le reste : qu’est-ce qu’était cette histoire de prostitution, et cette histoire de boxeurs clandestins ? Comment tout ça avait-il pu se monter si vite sur Melantha ?! Aveugle, alors qu’Arboghast, lui avait vu.
Le hapien se retourna pour faire face à Dana, mais il garda ses distances.

- Arrête avec Narih, c’est ridicule. J’sais pas ce que Mumkin t’a raconté, ou ce que tu crois avoir entendu, mais c’est pas ce que tu crois.

Il aurait voulu lui en dire plus, mais dans sa cabine comme dans son bureau, il ne savait pas s’il était écouté, surveillé.

- Et Mumkin, c’est moi qui le paye, c’est donc à moi qu’il rend des comptes. A chaque fois que tu lui donnes un ordre contradictoire, tu le mets en danger. Ce pauvre type est tellement loyal qu’il croit qu’il faut qu’il me demande s’il a le droit de te peloter ou non. Arrête de le manipuler.

Oh, comme il y avait une part de vieille rancune dans ses propos, et il le savait. Mumkin avait été si proche de Dana qu’il avait su avant lui, en avait touché son ventre, qu’il l’avait accompagnée durant la grossesse, qu’ils s’étaient pris dans les bras l’un de l’autre à la mort de Chechi quand Lloyd avait été incapable d’avoir un geste pour son pilote. Le hapien pinça les lèvres de nouveau, son visage un bref instant grimaçant de ressentiment.

Il se détourna, marcha jusqu’au hublot. Une légère lumière filtrait du pont de commandement, traçant des traits clairs sur son visage fatigué, barrant sa chevelure blonde de reflets pâles tandis qu’il s’était mis à observer l’activité en contrebas. La salle de commandement était un peu plus animée. Des enseignes passaient d’un moniteur à l’autre, se consultaient en de brèves conversations. Le capitaine Nande passait entre les rangées à la manière d’un contre-maître, mains nouées dans le dos, le visage concentré.
Et Lloyd songeait à Melantha, à cette créature magnifique, trop magnifique, qu’il avait cru pouvoir commander aussi bien qu’Antarxarxès commandait l’Egide de Krayiss. Il resta longuement là, à contempler le ballet des individus qui faisaient fonctionner la navigation de cette grande coque de métal, pleine de gens qui organisaient des activités clandestines.

Quand il détacha enfin son regard du pont de commandement, ce fut pour revenir lentement vers l’Inquisitrice. Il serra les dents, s’assit devant Dana à son bureau de commandant. Devant lui, un vieux datapad et un médaillon, qui ne semblaient plus rien vouloir dire.

- J’ai pas envie de mentir à mes hommes, annonça-t-il calmement sans la regarder, ses yeux fixés sur le bijou au symbole d’Hapès. Alors j’ai mieux. On a qu’à dire que toi et moi on a des antécédents. Qu’on a travaillé ensemble et que ça a mal tourné. Raconte ce que tu veux. Que j’ai été un pervers avec toi, si ça te fait plaisir. Ce sera toujours plus crédible. J’te rappelle que je suis pas exactement humain et que ça se sait, il serait trop facile de nous percer à jour.

Il se laissa aller dos contre le dossier de son fauteuil et croisa les mains avec un bref soupir. Il posa sur Dana des yeux éteints.

- Je pense que tu es en danger, reprit-il. Le voleur me menace en t’utilisant. Je ne prendrai aucun risque. Je veux que tu ne prennes aucun risque non plus. Que tu ne restes pas seule. Qu’on ne puisse pas t’attaquer. Que tu me tiennes informé d’où tu te trouves. Et toutes les autres précautions que tu pourras prendre.

Cette liste lui en rappelait une autre, énoncée dans une jungle, il n’y avait pas si longtemps. Et il se souvenait parfaitement de la façon dont elle l’avait pris : mal. Il serra les dents.

- Et si ça ne te plaît pas, considère que c’est un ordre du commandant à l’enseigne Hickpens.



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L'Eveil de Melantha

Bzz, bzz, bzz, bzzz.








- Donc c’est ce que je suis pour toi, maintenant. Une menteuse et une manipulatrice.

Elle avait accusé la distance, la froideur, les nouveaux reproches mais lui dire qu’elle mentait, qu’elle manipulait : il n’était plus dans le reproche, mais dans l’insulte. Elle aurait encaissé ces accusations de la part de n’importe qui d’autre, mais pas venant de Lloyd Hope.

- De toute façon, tu es bien entouré. Je vois pas ce que je pourrais dire de plus.

Encore une référence à Narih.

- Et bien, ponctua-t-elle en se redressant, mais avant de s’éloigner vers la sortie, elle avait déposé un mot sur le bureau, tout près du médaillon écrit avec des lettres écarlates. Un mot qu’elle avait précieusement gardé dans sa poche afin qu’on ne tombât pas dessus dans son entreprise de dissimuler le nouveau cambriolage dont elle avait été victime. Contente de savoir que tu t’es remis à confectionner des bijoux pour les mettre en circulation pour on ne sait qui dont le nom commence par un N et finit par un H. Bref. Pour le reste, ; ton vaisseau, tes règles. Capitaine.

Son départ avait été précédé d’un court silence durant lequel les mots « Tu mens » et « Arrête de le manipuler » résonnaient désagréablement dans son crâne en manque de sommeil. Mais de là où elle venait, c’était le sommeil ou la mort.













Sous son col d’uniforme impeccablement ajusté, un pansement dépassait, au niveau de sa gorge. Les prunelles de dorés de Dana Hickpens fixaient ce bout de sparadraps bien que ses pensées vagabondaient ailleurs. Elle évitait surtout le regard de Valor Arboghast qui inspectait les données de son rapport sur Jamic Vaast et sa bande. Elle n’en avait pas dormi afin de pouvoir lui présenter un compte-rendu complet qui ferait oublier qu’elle ne leur avait pas donné la correction demandée et promise.

- Bien, concéda-t-il d’un ton sans émotion. Vous allez pouvoir me dire pourquoi le commandant me menaçait en réclamant de savoir où vous étiez ?

Elle avait prévu la réponse durant ces longues heures de non-sommeil.

- Je me suis fait passer pour une prostituée à mon arrivée sur le vaisseau et j’ai demandé à regagner sa cabine. Il l’a appris et il est entré dans une rage folle, il voulait me sanctionner lui-même. Il m’a accusé d’avoir diffusé la photographie.

Oh Lloyd, tu ne veux pas qu’on mente à tes hommes. Parfait, je ne suis pas une menteuse comme tu le prétends. Valor arqua un sourcil dubitatif.

- Et vous avez fait ça ?
- Pour la photographie, non. Mais pour avoir berné Pyke et avoir dit que j’étais la prostituée que le Capitaine avait commandée, oui.
- Pourquoi une telle bêtise ? Au risque d’entacher un dossier impeccable ?
- Nous avons des antécédents lui et moi, sur l’Egide de Krayiss. Je voulais lui faire une plaisanterie, rien de plus. C’était stupide de ma part et le capitane me l’a fait regretter, j’aimerais autant passer à autre chose maintenant, Major. Mais je suis responsable de la colère qui vous a ciblé et…

Il leva une main en l’air pour l’interrompre d’un geste sec.

- Classons cette affaire. Je m’entretiendrai avec le commandant plus tard et je rapporterai votre version au lieutenant Narih qui a été bouleversée.

Pauvre petite chose, pensa Dana avec ironie, en levant les yeux au ciel. Être lieutenant dans la Marine Impériale et avoir un si petit cœur.

- Vous pouvez disposer et reprendre vos fonctions dans l’unité médicale. Je vais me charger du soldat Peet à la consigne.
- Sauf votre respect, j’ai une suggestion au sujet de la consigne. Maintenant que vous savez qui est l’officier qui a fait une « blague » au capitaine, son pilote est au-dessus de tout soupçon. Je l’ai manipulé pour qu’il puisse me faire monter à bord du vaisseau et dire qu’il m’avait débarqué.

Ah oui, c’est vrai, je suis manipulatrice aussi. J’aurais très bien pu faire ça avec Mumkin.

- Certes.
- Je me suis rendu compte que c’est un homme avec le sens des affaires et certaines compétences pratiques qui pourraient être très utiles à la consigne. Ca l’occuperait et lui donnerait une place officielle sur la frégate. Il aurait pas besoin d’être intégré dans les rangs, ni d’avoir accès à des données sensibles. De plus, le capitaine est son garant.
- Vous pensez donc qu’il ferait un bon remplaçant pour le soldat Peet ?
- C’est une certitude.
- Bien, j’enverrai une demande à ce sujet, au commandant.
- Je suis désolée si je vous ai déçu, mentit-elle en tentant un petit sourire.
- Le commandant m’a déçu davantage que vous. Disposez, maintenant. Nous nous reverrons au prochain briefing, répliqua-t-il froidement.

Elle poussa un soupir discret. Sa couverture avait été sauvée, mais l’estime que le Major avait pour elle venait de prendre du plomb dans l’aile et elle allait devoir redoubler d’efforts après ce retour à la case départ.










Bzzz. Bzzz. Le datapad du Capitaine Hope venait de vibrer quelque part sur le vaisseau. Un message attendait d’être lu :


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Capitaine,

Je me trouve actuellement au réfectoire. Preuve en image.

Bon appétit.



Et une holographie accompagnait le message, c’était un gros plan artistique sur la gelée impériale du jour, débordant sans élégance d’un compartiment de son plateau-repas.














Bzzz, bzzz. Une heure plus tard, nouvelle vibration, nouveau message.


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Foutue Inquisitrice


Capitaine,

Je suis à mon poste de travail, pont inférieur numéro trois, infirmerie de bord.
Je compile des dossiers médicaux et là c’est le vôtre. Je suis étonnée. Aucune mention au slick.




Et en pièce jointe du message, une holographie d’un écran de travail où le dossier médical de Lloyd apparaissait, avec son image dans un coin, quelques informations.







Bzzzz, bzzzz, bzzz.


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Foutue Inquisitrice


Capitaine,

Je suis sous la douche.
Et comme vous le voyez, aucune trace du Major.

Mais si vous voulez une fouille plus poussée pour en être certain, je vous attends.



Une holographie accompagnait encore le message. C’était un selfie d’elle-même, pris sous un angle très impudique, qui dévoilait à peu près tout. L’éclat bleuté de l’holographie mettait en valeur les milliers de gouttes d’eau qui dévalaient son corps, comme une cascade de paillette azurée, que surplombait deux soleils brûlants qui fixaient l’objectif.




Lloyd Hope avait voulu savoir où elle se trouvait, et bien, elle avait décidé d’exaucer son souhait, de contenter ses ordres et de faire du zèle jusqu’à ce qu’il se lasse de recevoir les mises à jour particulières de sa position. Elle était étendue sur sa couchette, son datapad à quelques millimètres de son minois et tapait un nouveau message. A côté de son oreiller, son comlink bipait désespérément en silence, d’une lumière rouge urgente. Mumkin avait tenté de la joindre, lui laissant des messages. Il avait également poursuivi sa lancée par message holographique, mais elle n’avait pas répondu. Elle avait décidé de couper les ponts puisque ce n’était pas elle qui le payait, qu’elle le mettait en danger avec ses ordres contradictoires. S’il avait un souci, il avait qu’à voir avec son cher patron à qui il était si loyal. Elle n’irait plus sur le Sans-Visage, les reproches de Lloyd l’en avait dégoûté.

Son pouce pressa sur la touche d’envoi et elle se conforta contre son matelas dans un grognement incertain. Elle n’avait pas retrouvé son lit depuis des dizaines d’heures et le maquillage commençait à montrer ses limites en termes de couvrance de cernes. Elle frotta sa figure fatiguée et se tourna sur le côté.







Bzz, bzz, bzz, bzzz.



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T’as vraiment une face de Mynock.





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