Darth Hope
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Point de Chute

. Voilà, c’était peut-être la fin du voyage






Dana serra sa mâchoire et ramena ses genoux contre elle pour y déposer ses coudes et se prendre la figure entre ses mains fébriles et transpirantes. Elle frappa son front de ses poings fermés. Elle s’en voulait tellement, d’être tombée si facilement dans le panneau, de ne rien avoir vu venir, emportée par ses propres problèmes, par son orgueil. Elle avait baissé sa garde et Lloyd Hope risquait d’en pâtir sérieusement. Qu’importait qu’elle ne soit qu’un moyen parmi tant d’autres, on s’était servi d’elle. Finalement, elle releva son minois et dans ses grands yeux à l’étendue dorée, des larmes silencieuses avaient commencé à briller : ruisseaux d’impuissance, de colère, de peur et d’inquiétude :

- Envoie-lui ton foutu message et dis-lui ça de ma part « Embrasse-moi ».

Le code qu’ils avaient monté sur Artorias. « Embrasse-moi » pour les situations où il fallait se tailler vite fait et fuir. Qu’il retourne sur Dromund Kaas, qu’il récupère sa frégate, qu’il retrouve Mat’aenna. Avec Hope à ses côtés, la twi’lek serait protégée. Pour le reste, Dana ne dit rien de plus concernant sa propre relation avec le hapien, car elle ne souhaitait pas fournir des munitions à Maxence et à sa petite bande. De surcroît ce qu’elle formait ou avait formé avec Lloyd au fil du temps, à bord du Sans-Visage, au cours de leur périple, ne regardait qu’eux. Mumkin, Jabiim, Jaden. Tant de secrets qu’elle et lui avaient partagé, comme autant de moments d’intimités et de détresses. Des moments où ils ne s’étaient pas compris, des moments où ils s’étaient retrouvés. Alors que Maxence tournait les talons, elle sentit un poids s’envoler de sa poitrine.

Combien de fois s’était-elle préparée à accueillir la mort ? Aucune. Elle s’était toujours pensée invincible. Ses yeux retombèrent sur ses mains tremblantes et elle serra les doigts pour maîtriser ces derniers. Elle pouvait bien crever dans l’indifférence générale, pensait-elle en ravalant un sanglot muet, Maxence lui rendrait le bracelet.

Je laisserai jamais rien t’arriver, avait-elle promis un jour. Alors, viens pas Lloyd, viens pas. Dis à Mumkin de faire cap sur Dromund Kaas. Je vais élaborer un plan, je vais trouver un moyen de m’en sortir seule, alors viens pas ici.

Et son regard allait de la caméra aux barreaux, des barreaux aux otages, des otages à Flakstaff qu’elle s’était soudainement mise à détester. D’entre eux tous, c’était lui qu’elle haïssait le plus et si elle avait pu utiliser la Force, collier ou pas, elle lui aurait brisé la nuque d’une simple pression invisible. Mais la morphine engourdissait encore son métabolisme. La drogue, médicale ou récréative, anesthésiait le lien de certains sensitifs avec la Force. Et elle ne faisait pas exception. La fatigue, l’adrénaline, les battements assourdissants de son cœur. Elle s’était retenue de se précipiter aux barreaux pour supplier Maxence de rien révéler à Lloyd, par message, à propos de sa grossesse. Elle avait été prête à implorer cette faveur, mais elle s’était rendu compte que cela ne ferait qu’ajouter une corde à l’arc déjà tendu et mortel des mercenaires. Ces derniers ne devaient pas penser que cette grossesse avait une quelconque importance.

Elle glissa une paume brûlante et moite entre ses cuisses et son abdomen pour caresser son ventre. Voilà, c’était peut-être la fin du voyage. Ce serait peut-être son dernier spectacle, la dernière fois qu’elle brillerait sous des projecteurs. Que dirait-elle à Damaya quand elle la retrouvait quelque part après. Dana aurait enfin des réponses, sur ce Jedi, sur tant de choses. N’y tenant plus, elle plaqua son front contre ses genoux, laissant sa chevelure couler comme des rideaux autour de son visage et la couper du monde. Rouler en boule dans sa cage de fortune, elle s’épancha et laissa couler ses larmes sous le regard froid et indifférent de Flakstaff et Bigord.

- Viens pas Lloyd, souffla-t-elle tout haut, cherchant son souffle. Viens pas. Viens pas.

C’était à l’image d’une prière, d’un mantra qu’elle répétait, adressant sa supplique au Côté Obscur, la seule divinité qu’elle n’avait jamais connu. Qu’il fasse de Lloyd Hope un vrai Sith, ambitieux, raisonnable, pour qu’il se détourne de Nar Kaaga et se jette sur la route du pouvoir qu’on lui avait tracé sur Dromund Kaas.

- Qu’est-ce qu’elle est conne, lâcha le Calamari vers un parieur qui avait plongé la main dans sa poche pour frôler les contours du bracelet aux trois serpents.

Mais elle ne les écoutait plus. Elle se concentrait sur l’idée que Lloyd ne vienne pas. Elle se disait que si elle le pensait assez fort, elle réussirait à l’empêcher de mettre le pied dans la merde Pine Point. S’étouffer avec son propre sang. Il y avait pire comme mort. Ce ne serait pas un coup de marteau sur le crâne et une septicémie qui la plongerait dans l’agonie. Ce ne serait pas un virus ignoble. Ce ne serait pas un coup de blaster sommaire après avoir servi de défouloir sexuel à deux clandestins dans un bunker en crise. Ce ne serait pas être jetée du haut d’une falaise par des rebelles anti-Impériaux. Ce ne serait pas être broyée par la gueule d’un rancor ou d’un terentatek, ni une noyade gelée.

Juste une jugulaire qui sautait et s’asphyxier dans sa propre hémoglobine.

- Eh…s’exclama-t-elle en relevant sa figure où des sillons brillants et humides creusaient ses joues. Hé, l’alien.
- C’est à moi que tu t’adresses comme ça, sale garce ? s’énerva Bigord, s’approchant des barreaux.
- Ouais…et t’approche pas trop, je suis allergique aux crustacés.
- T’as pas l’impression d’être en cage là par hasard ?! Alors ferme ta gueule.
- Sinon quoi ? poursuivit-elle.

Elle leva le menton pour mettre sa gorge en évidence, le collier, la diode rouge qui clignotait pour le moment régulièrement.

- Vas-y, dis à tes petits copains d’appuyer ! Ca va vous faire du bien nan ? Et ceux qui attendent dans le couloir, fais les rentrer pour qu’il puisse me voir crever.

Il y avait d’autres moyens pour mourir rapidement : la blondinette les avait énoncé, mais elle ne pouvait pas utiliser la Force. Son petit numéro lui permettait deux choses : S’il cédait suffisamment à la colère pour la tuer, elle ne serait qu’un cadavre et on ne pourrait plus faire pression sur Lloyd à travers elle. S’il ne cédait pas, c’était que Maxence était seule décisionnaire de ce qui faisait exploser le collier.







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Maxence Darkan
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Bien plus que la mort de Taha'san et Skroutch, brisant le moral de beaucoup, cette haine violente envers Dana se définissait par une conception souvent simpliste de la vie : les Djiilo, placés du côté Républicain de la galaxie maintenaient l'idée manichéenne des Jedis gentils et des Siths méchants, juste parce que c'était plus simple de se positionner de cette manière, malheureusement, en partie Fély et surtout Bigord n'échappaient pas à cette règle. Pour Maxence, c'était différent, si elle détestait la manière dont les Siths s'appropriaient les émotions, elle restait en accord avec pas mal de points, bien plus qu'avec les règles Jedis... mais les Siths étaient des sale cons expansionnistes, membre d'une société pourrie jusqu'à la moelle, incapables de se tenir dans leurs frontières sans vouloir grappiller le seul espace libre : l'espace Hutt, alors que les Jedis, eux ne bougeaient pas de leurs temples... quoi que, elle leur reprochait de lécher le cul d'une République immonde qui ne voulait pas d'eux. Flakstaff, pour sa part, ne se joignait qu'en partie aux idées anarchistes de Maxence, les sociétés inutiles, corrompue et refermées dans leur propre hypocrisie égocentrique lui offraient un terrain de jeu immense dans lequel s'enrichir était un vrai jeu d'enfant.

La mercenaire hocha simplement la tête, elle transmettrait le message. Les hommes s'écartèrent de nouveau sur son passage, presque impatients quelque part de regarder l'animal en cage. Le datapad et les affaires de Dana étaient posées sur la table, au milieu de la scène, avec quelques outils et le doigt de Trekkar. Elle emprunta ensuite un chemin sur le bord de la scène pour disparaître dans une autre pièce.

Elle était seule dans la loge des artistes, le datapad de Dana entre les mains, elle navigua parmi les messages. Vraiment très touchant. C'était pour ça, le slick. C'était pour ça qu'il ne viendrait pas... ils sont compliqués, ceux-là. Maxence posa le datapad sur une table, prenant une chaise pour s'écarter et prendre le focus sur le haut de son corps. Pendant ce temps là, elle s'alluma une nouvelle cigarette, puis, le temps qu'elle prenne une première bouffée, l'enregistrement venait de commencer.

-Hey Lloyd.

Elle marqua une pause, son air neutre fixait l'objectif. Elle avait tant de choses à dire, si peu de temps et surtout, elle voulait garder le meilleur pour la rencontre.

-Tu t'souviens d'moi ? Nan... nan, tu t'en souviens pas. Ou peut-être que si, t'as p't'être marqué mon prénom sur la liste des gamines que tu fourres en attendant qu'j'te tombe dans les bras. Un large sourire lui échappa. Me voilà, je suppose.

Elle prit une longue bouffée de sa délicieuse cigarette au goût soudainement glacial. Oh, elle le savait, il le saurait, Lloyd Hope la reconnaîtrait parfaitement.

-Tu t'souviens d'ce jour là ? Khar Delba ? J't'ai fait une promesse Lloyd, mais c'est l'problème avec vous, les utilisateurs de la Force, recentrés sur vous même, si on a pas la Force, alors pourquoi se soucier de nous ? Après tout, j'dois t'remercier d'être aussi con, ça m'a... clairement facilité la tâche.

Sa langue passa sur sa lèvre supérieure alors qu'elle abordait un regard faussement nostalgique, planté dans un coin de la pièce.

-Maintenant, rentrons dans le vif du sujet, j'te vois déjà tout-colère-tout-rouge en t'rendant compte que j'te contacte depuis le datapad de Dana, la raison me paraît plutôt évidente, tu penses pas ? Il est possible, que peut-être, en effet, Dana se trouve en se moment même, collier d'esclave au cou, derrière des barreaux, prête à s'faire exploser la jugulaire. Tu veux peut-être une preuve ?

Elle fouilla dans son blouson, avant d'arborer une tête gênée.

-Oups, j'ai oublié d'prendre son bracelet. Elle leva une main en l'air. Nan, nan, tu ne casses rien, calme-toi mon grand. Elle adorait faire des prémonitions. La Sith ne mourra pas... du moment qu'tu fais c'que j'te dis. T'en fais pas, j'suis pas là pour jouer les psychos à te demander de travailler pour moi en échange de sa vie... Elle se mit à rire. Une seule te suffit, pas vrai ? 'fin bref, j'veux simplement en parler, toi, moi, quelques potes, on mettra les choses au clair.

La blondinette haussa les épaules en faisant les gros yeux.

-En plus, j'suis sûre que t'as rien à t'reprocher, donc c'est parfait. Voilà c'qu'on va faire : Dans quatre heures très exactement, ta jolie gueule se pointera au spatioport de Pine Point 86, sur Nar Kaaga, de là, trois d'mes hommes t'attendront avec un joli speeder pour t'amener au lieu de rendez-vous, ensuite, on te fera un peu patienter dans le hall d'entrée, histoire que j'me prépare à t'accueillir et seulement après, on parlera. Maxence leva un doigt en l'air comme une professeure qui donnait des consignes. Mais attention Lloyd, n'oublie pas que tu es très con, mets donc tes instincts de côté, évite toutes formes de bêtises comme, venir à plusieurs, essayer de rejoindre le lieu par toi-même pour jouer les héros, ou même tuer mes hommes sinon...

Elle grimaça, donnant l'impression d'imaginer ce qu'elle s'apprêtait à dire.

-...Dana risque de s'étouffer dans son propre sang en moins d'temps qu'il ne faut pour le dire. Et ne joue pas avec les mots, va donc faire un tour dans un dictionnaire pour t'informer sur les mots : bêtise, connerie, stupidité, idiotie et tous leurs synonymes. Excuse-moi. Ricana-t-elle. J'te prends vraiment pour un con, mais ça va être super embarrassant si tu t'pointes en ayant fait une connerie sans l'savoir.

Soupirant longuement, elle haussa les sourcils.

-Bon, dans quatre heures, astroport, seul, pas d'bêtises. Si t'as besoin d'plus de temps, rien qu'pour toi, j'peux t'en offrir... quelques heures, tout au plus, par contre, n'oublie pas qu'ma patience à des limites. Et surtout, n'hésite pas à m'le dire si tu viens pas, histoire qu'aucun d'nous ne perde de temps.

Sa silhouette s'approcha pour éteindre la communication avant de s'arrêter sur le coup.

-Ah, ouais, j'allais oublier, Dana te transmet un message : « Embrasse-moi ». Voilà. Salut Mumkin de ma part, à plus Lloyd.

Communication coupée. Tapotant sur le datapad pour offrir les coordonnées nécessaires à un atterrissage en bon et due forme. Demi-tour, retraçant son chemin, prenant le bocal au passage, elle rangea l'appareil dans son blouson en attente de réponse. De retour vers la cellule, Bigord était en train de se faire maîtriser par deux hommes pour le sortir et, aussi étrange que cela pouvait paraître, même pour Maxence, sa présence calma tout le monde. Le Calamari s'arrêta de gigoter en repoussant les mains accrochées à ses bras pour s'en aller dans la salle des spectateurs.

-Hé. Tu m'expliques ?

-Cette petite salope spéciste s'rend même pas compte de s'qu'elle fait. Tu devrais simplement lui faire sauter sa putain d'go...

-Tu joues son jeu comme un idiot.

Il y eut un échange de regard entre le parieur et le Calamari foutrement putain de tendu, s'ils en étaient capables, ils se foudroieraient sur l'instant. La Djiilo posa une main douce sur le torse de Bigord.

-Ok, va fumer une clope, détend-toi, j'm'en occupe. Il s'en alla nerveusement. Flak ? Ramène-toi. Au tour du parieur. Qu'est-ce qu'y' vient d'se passer ?

-Oh, rien d'particulier, miss chouineuse nous fait une crise et Bigord a du mal à s'tenir. Max. Reprit-il à mi-voix. Si les tranquillisants stoppent leurs pouvoirs, on peut en récupérer auprès d'Fély. Il doit en avoir une ou deux dans sa trousse de secours.

-Ouais, bonne idée, vas-y.

Le reste de la bande se sépara, n'en laissant que deux à l'entrée, Maxence était enfin libre, en tête à tête avec Dana... et les otages, mais on s'en fout d'eux, pour l'instant. Elle s'assit contre le mur, celui qui faisait face à la cellule de Dana, posant le bocal à côté d'elle, prenant un malin plaisir à faire claquer le cul du récipient.

-Oh merde... Se rendit-elle compte. Tu chiales. Sans déconner ? C'est quoi ton problème ? Tu joues à la méchante Sith supérieure aux autres, à moi et à la galaxie entière, mais un collier couplé à une cage de merde suffit pour te faire perdre tes moyens ? Tss.

Elle la méprisait sincèrement. Personne ne pouvait amadouer la mercenaire avec des larmes, surtout quand précédemment, l'inquisitrice se comportait comme le pire immondice de la galaxie. Toutes les fois où elle l'a traitée de gamine... c'était ça, cette grande satisfaction qui parcourait son corps. À sa place, même la blondinette pouvait se permettre de s'avancer en se disant qu'elle aurait eu plus de nerfs. Elle pointa finalement le doigt.

-J'te présente le prêtre Moh Trekkar. 'fin, c'que j'en ai gardé. C'que j't'ai dit dans l'entrepôt... ouais, c'est moi l'bras droit. Trekkar a tué un frère d'arme et ma cheffe... mon amante. Il a tué ses alliés et Lloyd Hope s'est donné pour mission d'le protéger. Un rire discret et malsain s'échappa. Résultat, le prêtre est en train d'se faire torturer, ça, jusqu'à la fin d'sa vie et on s'retrouve là. Sauf que j'suis passée par la phase drogue, combats d'arène clandestine et d'horribles moments, un peu comme Bigord, ou Fély et peut-être même Flak. Elle ne cherchait aucune pitier, sûrement pas venant de Dana, elle lui expliquait. Ensuite on s'est lancé dans une traque à l'information, sur son passé, puis le tien... plus on a creusé d'son côté, plus les merdes qu'on déterrait empestaient. Un lâche, traître, égocentrique, narcissique. Bien trop d'fois, on lui a offert une seconde chance sans qu'il ait réellement à affronter ses actes. J'trouve ça triste qu'une vulgaire merc' d'une vingtaine de piges doive le faire à la place de vous, les grands Siths, tant crains par la populace. Lloyd est un poison, et tu en es la preuve. Sa voix rauque surplombait les gémissements des otages. Mourir pour lui... tu m'dégoûtes.

Elle marqua une pause, figeant ses yeux bleus sur sa magnificence, la princesse Shar.

-J'lui ai envoyé l'message, ton sors est entre ses mains. Ironique. J'aurais aimé t'demander comment tu l'as rencontré, mais j'le sais. La question que j'me pose, c'est... qu'est-ce que tu lui trouves au juste ? J'veux dire, si j'm'envoyais en l'air avec le ou la première pignouf qui m'a sauvé la vie, j'en aurais toujours pas terminé. Et franchement, comme partenaire pour ta petite guerre de trône, t'aurais pu trouver mieux.
Darth Hope
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Point de Chute

Elle aurait dû le convaincre de redescendre sur Khar Delba.






Elle vivait toujours. Alors, Maxence était le Luis Raidun dans cette vaste comédie lugubre. La blondinette déciderait quand le collier devrait exploser. Elle aurait dû s’en douter en remarquant la déférence étrange avec lesquels ces hommes lui obéissaient. Dana avait fait fausse route, trop sûre d’elle, elle avait été bernée par le physique de la mercenaire, ses airs jeunes. Tous ces aliens et ces crétins n’étaient réunis autour d’elle que pour la vengeance. En tant qu’Inquisitrice Sith, elle avait l’habitude de cristalliser la crainte ou la haine. Elle se rappelait l’accueil chaleureux sur Artorias, de ceux qui s’étaient empressés de se manifester parce qu’ils avaient un compte à régler avec le Clergé Sith. A travers Shar, c’était l’Inquisition qu’ils voulaient atteindre. Mais ce qu’elle lisait dans le regard de Maxence était bien différent. La blondinette la détestait personnellement, et pas seulement pour ce qu’elle représentait.

Dana ménagea son temps de réponse, elle déglutit. Il n’était plus question de parler dans la précipitation ou de laisser ses émotions prendre les rennes du dialogue. Elle ne devait pas recommencer la même erreur. Alors, pendant ce silence, elle contemplait la Djiilo avec attention. Elle n’était pas très féminine, mais son charme se ralliait à sa jeunesse. L’Inquisitrice baissa les yeux avant de les relever. Elle était prête à parler.

- Vous avez fait un sacré bon boulot, admit-elle, fatiguée. Mais peut-être que tout le monde en aurait fait autant en traquant un duo de Sith ratés. On est facile à trouver, à connaître. Faut pas penser que t’as réussi ton coup du siècle, parce que ce que t’a accompli, un gamin fraîchement sorti du ventre de sa mère pourrait le faire. Et que t’aies eu besoin d’autant de monde, c’est même plutôt signe que…bah, t’es pas tout à fait au point, princesse Djiilo. T’aurais fait quoi, seule, dis-moi.

Maxence se moquait des larmes de Dana Shar, mais elle n’aurait pas traversé le quart de ce que Dana aurait traversé étant complètement livrée à elle-même. Et n’était-ce pas pour ça : drogue, les combats clandestins, le reste. Quand on était seul, confronté à la solitude, à la suite de la perte d’être chers, on révélait sa véritable nature : celle d’un loup, ou celle d’une proie. Maxence n’était pas prête à être complètement solitaire. Finalement à travers les vestiges de ses larmes, Dana étira un sourire résigné.

- Ce que je lui trouve...répéta-t-elle en s’humectant les lèvres, comme si la question méritait d’être répondue avec la plus grande attention. C’est pas ce que tu crois…

Elle avait étendu ses jambes et ses doigts jouaient contre son ventre, machinalement. Ou peut-être qu’inconsciemment, elle tentait de rassurer cette chose qui vivait en elle et qui mourrait avec elle. Ce collier pouvait exploser à tout moment, sous un simple caprice de Maxence. Et certaines choses que Dana n’avait jamais dite de son vivant, devaient être exprimées. Elle sentait qu’elle mourrait avec moins de douleur si elle les avouait, comme une espèce de confession grotesque.

- C’était pas sur Korriban, mais comment t’aurais pu le savoir, t’es pas vraiment au point. Y’a des choses qu’on peut pas juste récolter en fouinant.

Elle rompit le contact visuel avec Maxence pour se concentrer sur le plafond éclairé par des néons blancs et cette lueur froide, éclatante la ramena des années auparavant sur une scène : celle du Lagon Noir. C’était le jour de sa reprise, après l’épisode de sa cheville blessée. Elle boîtait encore un peu. Elle ne gagnait pas assez pour que son employeur puisse lui acheter du kolto. Il avait fallu faire avec la vieille médecine, la moins chère.

- En fait, c’est pas un lâche.

Et maintenant qu’elle prenait le temps de réfléchir à la question, qu’elle avait toute la tranquillité d’esprit à disposition, il lui sembla qu’elle comprenait enfin. Elle comprenait Lloyd Hope, mais de loin seulement. Elle ne touchait pas encore spécialement à la vérité. Elle l’effleurait seulement, comme on caressait une vitre qui nous séparait d’un paysage familier.

- C’est un…vrai Sith, un peu paumé. On lui a enlevé la seule femme qu’il ai jamais aimé, alors il se demande si….s’il aurait pas pu faire mieux pour la protéger. Pourtant, il a tenté de bien faire, il fait tout ce qu’il a pu, j’en ai jamais douté un seul instant. Mais c’est compliqué quand on peut pas dormir parce qu’on se sent coupable, de faire des cauchemars éveillés.

Ses yeux étaient toujours rivés au plafond et elle se rappelait qu’il y avait eu peu de monde ce soir-là au Lagon Noir. La vitre s’estompait un peu et ses doigts filaient au travers, droit vers le paysage qui se précisait. Elle comprenait maintenant.

- J’ai vu son visage. Au Lagon Noir. C’était le seul qui ne me regardait pas. Il regardait partout ailleurs et sa chevelure blonde…

Elle dansait autour de sa figure hapienne, parfaite, mise en valeur par la pénombre jetée sur les spectateurs. Ce fut comme une évidence qu’il lui explosa à la face. Kiwi. Il y avait une twi’lek verte qui dansait au Lagon Noir : plutôt jolie, plutôt douée. On avait commencé à parler d’elle. Lloyd Hope avait dû franchir les portes du cabaret pour s’assurer que ce n’était pas Mat’aenna. Et quand Kiwi l’avait rejoint sur scène, ce soir-là, il était parti. Il avait disparu. Et Dana avait longuement cherché à revoir ce visage après ça.

- Je trouve qu’il est loyal. Tu crois que c’est aisé de faire ce que nous les Siths, ont fait. D’être lâches, égocentriques. Pour certains c’est une nature innée, mais pour ceux qui sont vraiment corrompus, c’est une torture absolue. Je m’en plains pas spécialement, c’est la voie qu’on choisit en connaissance de cause.

Dana aussi expliquait les choses ; et elle ne souhaitait pas la pitié de Maxence.

- De nous deux, c’est lui qui mérite de vivre. Tu crois qu’il a protégé Trekkar par complaisance, parce que ça le faisant bander de voir tes copains se faire démonter ? Il l’a protégé, parce qu’il avait quelqu’un à préserver. L’ironie dans tout ça c’est, qu’il aurait pu redescendre pour moi. Il aurait pu quitter son poste, et il n’aurait pas protégé Moh et on en serait pas là.

Elle aurait dû le convaincre de redescendre sur Khar Delba. L’aurait-il fait ? C’était trop tard, de toute façon.

Un nouveau s’installa entre elles, parce que Shar n’avait pas terminé.

- Bref, tout ce blabla on s’en fiche. C’est pas ce qui compte. Ce qui compte c’est ce que j’éprouve pour lui. Et désolée de te faire gerber, princesse Djiilo, mais j’aime Lloyd Hope. Et il pourrait être le dernier enfoiré de cette Galaxie, que je cesserai pas de l'aimer. C’est comme ça. Alors, tant mieux si je te dégoûte. De princesse à princesse, j’ai envie de te dire qu’avoir ton estime est l’ultime chose qui m’intéresse. Je suis contente que mon sort soit en ses mains, j'ai entièrement confiance en lui.

Même si je meurs.





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Maxence Darkan
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L'Amour. Un sentiment qu'elle s'en voulait de comprendre sans le connaître. Pas besoin de refaire le spitch sur le fait qu'elle ne cherchait pas spécialement à le connaître, mais qui, malgré elle, commençait à s’insuffler dans son être. Ce genre de truc vous faisait prendre les pires décisions, allant d'une rencontre à la con, jusqu'à un gosse plein d'amertume. Le coup de foudre était le plus doux mensonge après celui de la démocratie et de la paix, Dana avait donc raison, Maxence avait envie de gerber.

-On va faire un test, compte jusqu'à cinq à partir de maintenant.

Bip. C'était le collier qui s’enclencha. Bip. Éos comprenait Maxence depuis le temps, il savait ce qu'elle voulait. Bip. Elle regardait avec intérêt le collier clignoter plus amplement. Bip. La fin du décompte. … Ou pas. À la place, la blondinette éclata théâtralement ses doigts au niveau de sa gorge, mimant l'explosion de sa propre bouche, elle restait parfaitement sérieuse dans sa démarche, simplement réaliste.

-Ne crois pas que, parce que je suis l'un des deux derniers fils qui gardent l'explosif de ton collier en place, tu peux t'permettre de rabâcher ce genre de conneries avec moi, ose prononcer le mot princesse encore une fois et j'te sers en pâture aux renégats les plus en manque de sexe de la galaxie. Avec un collier et un peu d'anesthésiant, j'vois pas pourquoi ça n'arriverai pas. N'oublie pas qu'il y a toujours pire que la mort.

Elle se pencha vers l'avant, la mercenaire était méprisante dans la gestuelle, toujours, une partie d'elle avait pitié, vivre avec un cerveau lavé, séché, essoré puis encore lavé, ça ne devait pas être simple, en effet.

-Je trouve ça... mignon qu'tu penses que vivre avec des privilèges, aussi bien au niveau de la Force que ta nature de princesse dévouée à l'Empire est une condition difficile, mais c'est uniquement et seulement parce que tu n'as aucune idée de c'qui est complexe. Aucune. Je connais ton histoire, ton parcours et sûrement ta plus grande peur... à ta place, j'me serais éclatée. Et elle le pensait, s'apitoyer sur son sort en se disant « que c'est pas facile la vie quand même en étant Sith avec ma méchante famille et le monde qu'il est vilain » ne la rendait pas unique. Tu trouves ça dur d'être lâche, ou avoir la Force ? J'ai rarement vu quelqu'un aussi faible d'esprit que toi. Il faut dire... j'aime bien ta manière puéril de voir le monde qui t'entoure, ça m'divertit.

La paume de sa main se posa sur le haut du bocal alors qu'elle se remémorait son enfance et les similarités avec celle de Dana. Abandonnée par la famille, métier de merde dans une ville de merde, sauf que c'est après que Maxence se considère bien plus forte. Elle, Maxence Darkan, « la p'tite blonde au beau cul » qui vous servait des plats dégueulasses dans une cantina des bas-fonds, ne s'était pas fait ramasser à la petite cuillère par parrain Sith, elle aurait pu crever, personne ne l'aurait su. C'était-elle apitoyée sur son sors en s'expliquant que la vie était difficile ? Non. Et elle moquait les gens qui faisaient ça.

-Tu penses réellement que c'est de la fierté que j'ai ressenti quand j'ai pioché les infos sur vous ? J'veux dire, ta raison sur un point, c'était comme volé une sucette à un gosse. Mais est-ce que tu penses que c'est de la fierté que je ressens quand j'te vois derrière des barreaux, des larme séchées sur les joues et un collier prêt à m'offrir un horrible spectacle ? T'es vraiment en train de croire que, moi, la femme qui a perdu tout c'temps précieux pour chopper deux Siths ratés est en train de ressentir de la fierté à cet instant précis ? Comment pouvait-elle lui expliquer ce genre de choses ? Ce n'est pas la fierté qui m'anime, ni moi, ni mes hommes, ni Flakstaff : c'est le regret. Et si tu penses que seule la fierté compte, alors je comprends pourquoi tu t'mets à chialer quand t'as plus l'avantage.

Pas le temps de poursuivre que le datapad se mit à sonner. Un message venait d'arriver. Maxence lança un sourire à Dana, mesquin, réel, la mercenaire la défiait du regard, cette pointe de folie précédente, mais exacerbée, c'était bien plus qu'une pointe, c'était une aura.

-À ton avis, il vient ou pas ? Lançant un faux gémissement de gamine, la blondinette alluma le datapad pour regarder. Oh, j'suis toute excitée, pas toi ?

Lancement du message. La tête de Loyd apparut, il n'avait pas l'air au mieux de sa forme, se qui fit arquer d'autant plus un sourcil amusé à la mercenaire.

J’arrive. la blondinette posa sa main sur sa bouche pour se donner l'air étonnée Je viendrai seul et désarmé. Pas de surprise.

-Ça c'est mon Lloyd ! Je l'savais, il est pas aussi égoïste qu'il nous l'fait croire.

Mais laissez-moi faire une contre-proposition. Continua-t-il, forçant la disparition du sourire.  Si à l’astroport, vous relâchez Dana Shar en échange de me prendre, quitte à me passer votre collier de détention à l’astroport même ; si vous la laissez repartir et que je prends sa place, je me débrouille pour venir avec une très grosse somme d’argent. Mettons, cent mille crédits.

Le Hapien allait pour reprendre et conclure son message, mais Maxence explosa de rire, un rire maniaque, un peu trop vrai pour amuser les gens autour, un peu trop fou. Elle frappa son genou à plusieurs reprises en espérant se calmer, pointa d'un doigt moqueur l'inquisitrice dans sa cage. Pour Maxence, c'était comme si, chacun des mots que venait de prononcer Dana s'écroulaient en une poignée de syllabes sortie tout droit de la bouche de Lloyd. La blondinette reprit sa respiration, lentement mais sûrement, surprise par des brides nerveux de ricanement qui, finalement, s'éteignirent derrière une larme au coin de l’œil, balayé d'un revers de l'index.

-Oh merde... oh... pfiuu... oh bordel, vous êtes vraiment une bande de petits clowns quand vous vous y mettez. Putain, cent mille crédits et tu viens m'faire la morale sur ta vie d'merde, t'es vraiment trop... tu pourrais pas comprendre. La Djiilo se leva pour sortir. Pleurs ta fierté, Dana.

Elle fit signe aux deux gardes de l'entrée de la surveiller, mais ils n'avaient pas l'air très emballé.

-Et si elle décide de nous tuer ? Ou nous contrôler mentalement ?

-Bah elle mourra, j'lui ai déjà expliqué ça. Ils ne craignaient pas pour sa vie, mais la leur. C'est un sacrifice que j'suis prête à faire. ... C'est bon j'déconne, elle tentera rien, pas maintenant que son tendre Lloyd se ramène pour la sauver. Haussement de ton. Pas vrai Dana ?

Ça ne les rassurait pas du tout, néanmoins, ce n'était pas comme s'ils avaient vraiment le choix. La blondinette retourna dans la loge en emportant la fameuse mallette à collier. Elle jouait un jeu discret, celui que Flakstaff lui avait déconseillé de jouer : les sous-estimer. N'étant pas aussi confiante qu'elle le montrait, l'échiquier continuait de bouger et ses pions se déplaçaient calmement sur les carreaux pourpres.

Cette fois, face au datapad, elle chercha plus en profondeur, des fichiers, d'autres messages, des contacts étranges, tout ça pour revenir sur le même homme et commencer à lire les anciens enregistrement. « Hey Lloyd », comme quoi. Puis elle les écouta, en ria un peu, s'en dégoutta, jusqu'à...

-Oh... merde... Elle a vraiment son nom marqué sur son ?... Est-ce qu'elle va ?... Ah oui, elle le fait. Elle y met du cœur en plus. Pas à dire, l'inquisitrice était très belle. Éos, enregistre les messages, tous, écrits, holograpghiques... pornographique, du coup. On sait jamais.

Maxence lança finalement un nouveau message, affalée dans une banquette au fond des loges, il pourrait l'admirer dans son entièreté, mais elle n'était pas nue.

-Lloyd-Lloyd-Lloyd-Lloyd-Lloyd... Tu vois, c'est exactement ça, tu joues sur les mots : j'te dis d'pas faire de conneries, à la place, t'en proposes. Premièrement, j'trouve ça touchant d'ta part de penser que c'qui anime tous les mercenaires de la galaxie, c'est l'argent et seulement l'argent. Surtout, j'adore l'idée de la grande méchante qui fait affaire dans la demande de rançon, c'est un métier d'avenir auquel j'dois réfléchir. Secondement.

Elle fouilla en hors champ pour sortir l'un des magnifiques collier dont elle faisait tant la pub.

-J'ai l'impression qu'tu demandes vraiment à porter un d'ces trucs, mais t'inquiète, t'inquiète, chaque chose en son temps, tu pourras l'porter. Dans tous les cas, je salue ton enthousiasme, j'te rassure, toute la famille Shar-Hope en aura. Et troisièmement.

Elle se redressa pour fixer son regard dans la lentille qui l'enregistrait, vibrante de haine, elle articula ses mots

-Si tu penses que mes compagnons d'arme, que ce que tu as fait et ce que tu représentes ne vaut que ta pathétique existence et cent mille misérables crédits, alors je vais considérer ça comme une insulte et je prendrais tout mon temps pour te la faire regretter.

S'enfonçant une nouvelle fois dans son siège, la mercenaire ne souriait plus.

-Pas d'délais supplémentaire. Quatre heures. Oh... sérieusement, embrasse Mumkin de ma part, hein, oublie pas, ce mec mérite mieux.

Fin de la communication. Faire tous ces allers-retours entre loge et cellule, cellule et loge commençait à lui taper sur le système, cependant, elle ne voulait pas qu'une chialeuse de la Force tente de communiquer avec lui pendant qu'on posait les affaires sur la table.

-Allez faire une pause les gars. Elle se tourna vers sa nouvelle copine. Ils sont adorables, j'te jure. 'fin bref, j'ai fait comprendre à Lloyd qu'il s'agissait d'une nouvelle erreur à rajouter à la pile. J'ai eu l'temps de réfléchir, de lire, de t'voir à poil te masturber pour lui et plein d'autres trucs... tu marques un point, c'est pas lui qu'j'vais tuer : j'pense que j'vais t'coller une balle dans la tête pendant qu'il te regarde, juste pour voir sa réaction. Franchement, ça se tentait. Oh, avant qu'tu t'fasses des idées, tous ces hommes et femmes présents ici sont pas spécialement là pour m'aider, évidemment, maintenant qu'on y est, ils m'épaulent, mais... en fait, c'est plutôt pour Lloyd qu'ils sont là.

Elle jeta un œil au bocal qu'elle avait oublié dans l'excitation.

-Le frère d'arme mort ce jour là était le meilleur ami de Bigord, m'oblige pas à détourner le regard quand il se pointera. Quant au reste, ma cheffe était une femme particulièrement appréciée, alors voir l'un des acteurs de sa mort subir c'que j'lui prépare, ça les éclate.

Les poings serrés, elle parlait comme si c'était son anniversaire.

-J'vais t'demander d'être sincère avec moi, c'est le quel, son meilleur profile ? Moment de réflexion. J'me demande s'il tient plus à sa bite qu'à toi. Elle caressa la poignet de sa dague. Faudra p't'être même qu'on fasse une fête surprise pour lui dire qu'il va être papa... ou qu'il aurait pu être papa.
Darth Hope
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Point de Chute

C’est ça la guerre, t’y as joué et t’as perdu







Dana fixait Maxence et chacun de ses muscles menaçait de se rompre sous la tension d’une colère sourde. Jouer avec ses nerfs en activant le collier, prendre ses airs supérieurs pour la menace. Elle aurait pu rire tant la situation désespérée lui paraissait familière. La blonde ne serait ni la première, ni la dernière, à penser que Shar pleurait sur sa fierté déplacée au fin du cage, à supporter les assauts verbaux de gens qui aimaient bien vendre la peau du rancor avant de l’avoir tué. Elle se mordait l’intérieur de la joue, sentait son propre sang se défaire de ses muqueuses pour se répandre dans sa bouche close. Et elle tremblait, se retenant. Toute cette retenue lui rompait les os. Elle n’y tint plus :

- T’es la pire garce. Mais ne lui dis pas..

Elle rampa vers les barreaux et plaqua sa joue contre l’un d’eux comme si cette proximité soudaine aurait pu convaincre la mercenaire. Dana déglutit. La morphine l’avait fait transpirer et sa sueur moite avait plaqué ses mèches écarlates le long de ses joues, en travers de son front pâle. Ils s’emmêlaient au niveau de sa nuque et de son cou que gardait le collier d’esclave. Une étincelle brillait faiblement au fin fond de son regard éteint par le sédatif. Et ses doigts s’ourlèrent autour des barreaux et elle s’y raccrocha, agenouillée.

- Fais ce que tu veux mais lui dis pas ça…Ecoute.

Sale pute.

- Je voulais pas qu’il vienne, mais puisqu’il est assez con pour venir. (Elle déglutit péniblement un mélange visqueux de sang et de salive avant de poursuivre, le souffle précipité) Ca changera rien ce que tu lui feras, ca vous SOULAGERA PAS, ok ? Tu vas torturer un type auquel tu piges rien et lui aussi il pigera pas…et ça sera frustrant pour toi, t’es morbide OK ? Et ceux qui te suivent…soi-disant par regret, ont juste leur place dans un putain d’asile psychiatrique.

Maxence avait compris que la mort effrayait Dana, mais pas au point de faire des concessions. Le fanatisme dogmatique de l’Inquisitrice lui avait enseigné à ne pas attendre la mort. Il y avait pas de mort, disaient les écrits Siths dont elle connaissait chaque mot par cœur. Il n’y avait pas de mort, il y avait l’immortalité. Avoir sa jugulaire en miette et suffoquer dans son sang c’était ce qu’elle pouvait espérer de mieux dans cette merde noire. Mais il existait des tortures au sujet desquelles, le code Sith ne disait rien. Être prise contre son gré, devenir esclave, perdre sa liberté ou son libre-arbitre, d’une manière ou d’une autre la terrifiait. C’était perdre le contrôle qu’elle redoutait.

Qu’est-ce que tu veux que j’te dise d’autre. C’est ça la guerre, t’y as joué et t’as perdu. C’est le putain de deal quand on monte au front. Et si tu voulais pas perdre tes amis, t’avais qu’à pas jouer dans la cour des grands. Pourquoi on devrait payer pour ton immaturité ? C’est toi qui devrais avoir ce collier d’esclave de merde autour du cou.

En silence, elle délirait complètement. Savoir que Lloyd Hope venait l’avait jeté dans un gouffre aux profondeurs infinies. Elle chutait, chutait, chutait et elle se demandait quand son dos se briserait contre le sol. Elle fut secouée d’un rire, ou peut-être que c’étaient des larmes, ou les deux à la fois et son joli visage se tordait sous cette expression étrange.


T’avais qu’à pas accepter ce contrat pour les renégats ! C’est ta faute uniquement ! Moi j ‘te trouve conne aussi. Ton petit spectacle, ta mise en scène. Se donner autant de mal. Ca me fait pitié, sérieux. T’offres deux Siths qui ont rien à voir là-dedans pour calmer les ardeurs de tes potes. Parce que sans Lloyd Hope…c’est toi qu’ils vont clouer au pilori et c’est de ton sang qu’ils vont se soulager. C’est ce que t’essaies de faire avec Lloyd, t’essaie de couvrir ta vraie responsabilité. Lui, il a protégé Moh, mais toi…t’as pas protégé les tiens. Et je vais te dire…de là où ils sont, ils doivent sacrément te trouver conne.

Et elle était toujours emportée par la gravité de l’horreur, dans les ténèbres. Cent milles crédits, c’était sûrement ce qu’il avait épargné pour mettre Mat’aenne en sécurité. La culpabilité accélérait sa chute. Ca la rendait folle. Pourquoi t’as dit ça, Lloyd ? Pourquoi t’as pas juste fait route vers Dromund Kaas. Pourquoi toutes ces conneries ne s’arrêtent jamais ?

Pour Maxence, il avait dû se passer une éternité sans que Dana ne parle. Emportée par les mots qu’elle aurait voulu prononcer, mais qu’elle avait pensé fort sans parvenir à les dire, soumise aux menaces de la blonde, inquiète pour Lloyd Hope.

-D’accord…accepta-t-elle en fermant les yeux, se laissant aller contre les barreaux, fermant les yeux. Je vais faire ce que tu veux. Mais ne lui dis pas, pour le morveux. J’ai pas envie qu’il sache, ça…ça regarde que moi. (Elle grimaça encore, fronçant les sourcils.) Je veux pas qu’il s’en mêle. Mais…

Elle rouvrit les yeux et si l’étincelle de la combattivité y brillait toujours, elle s’éloignait de plus en plus.

- Si t’as prévu de tuer Lloyd Hope et puisque je suis pas en état de t’en empêcher. Si tu le tues. Tue-moi après.

Survivre à Lloyd était la dernière chose qu’elle souhaitait.

Et elle retomba dans le silence. Un long silence cette fois-ci. Parfois, elle se disait qu’une proie qui ne se débattait plus, offrait moins de plaisir à son prédateur. Elle serait pathétique, Maxence se détournerait d’elle. C’était un genre de stratégie de repli, pensait Dana.






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Maxence Darkan
Maxence Darkan
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C'est vrai que ça faisait un bout de temps qu'elle ne parlait pas, mais Maxence regarder le visage de l'inquisitrice passer par des phases qu'elle-même n'aurait pas pu inventer. Est-ce que ce qu'elle s'apprêtait à faire la soulagerait, peut-être, peut-être pas. Beaucoup voyaient ce genre de message, d'action, de mouvement comme quelque chose de vain... pourtant, les Siths n'étaient-il pas les premiers à se laisser porter par les émotions ? C'était ce que faisait Maxence. Parce que telle était la voie. Qu'aurait voulu Taha'san ? Skroutch ? Et si c'était Maxence qui était morte ce jour là, qu'auraient-ils fait ? Juste un bel enterrement, une tisane et on oublie ? C'est la guerre et la mercenaire en serait l'ombre, parce qu'on oublie pas les morts, on fait comprendre qu'ils étaient là et que certains méritaient plus.

Mais finalement, c'était encore au delà de Taha'san et Skroutch, certes, une raison principale, pourtant, Lloyd Hope était exactement ce que la mercenaire détestait : ce genre de sale con pervers perdu dans une masculinité toxique, en proie à de minables démons, torturé par lui-même, enchaînant les plus stupides décisions d'une carrière corrompue et pourri jusqu'au tripes, sans punition, que du sursis et uniquement grâce à ces petits privilège de toutou : elle le punirait et en beauté.

Que pouvait-elle bien penser, dans tout ça, réellement, la Sith ? Elle ne parlait plus et, par-dessus son épaule, la mercenaire les revoyait, sans sourire, sans compassion, ce n'était même pas leur sœur d'arme qui faisait tout pour s'excuser elle-même qu'ils regardaient, mais bien le visage grimaçant d'une tonne d'émotions qui les intéressaient. Pourquoi elle ? Pourquoi pas moi? Dana cherchait-elle de la pitié par ce spectacle macabre, celui de sa tête prête à tomber ? Cherchait-elle ses mots, ceux qu'elle prononcerait juste avant de mourir ? Intériorisait-elle une déflagration d'insultes que, de son point de vue et même la blondinette pouvait le comprendre, Maxence méritait en tout point ? Ou peut-être juste une dernière pensée à un être cher et loin de Lloyd Hope ? Dans tous les cas, sa juge lui laissa ce temps pour l'écouter sur ses deux demandes.

Un nouveau lourd silence s'installa dans la pièce, bercé par les remues de vêtements des prisonniers qui ne voulaient pas faire de vague, tout en trouvant une position confortable. Maxence baissa un temps les yeux, sortie une carte de sa poche pour ouvrir la cellule et s'y engouffrer, s'accroupissant auprès de Dana, proche des barreaux qui les séparaient encore il y a de cela une poignée de secondes. Sa main se leva doucement pour toucher la joue de Dana, les yeux glissant le long de son corps pour s'arrêter à son ventre et enfin, recroiser son regard.

-Dana... j'comprends pour ton gosse, j'te jure, le fait qu'tu veuilles pas lui dire, tout ça, mais sache une chose... la contraception fonctionne aussi pour les chiens.

Son visage se crispa d'un coup. Sa poigne se serra sur la tempe de Dana et, aussi soudainement que l'idée lui prit, elle balaya la tête de l'inquisitrice dans les barreaux. Pas de quoi l'assommer, mais sacrément la sonner, elle n'y était pas allée de main morte. L'empoignant ensuite par la tignasse, se dressant sur ses jambes, son genou s'enfonça dans son torse pour la projeter au sol.

-Tu n'me dis sûrement pas c'que j'dois faire. Elle écrasa son pied droit à l'endroit de sa précédente plaie. J'crois qu'tu piges pas bien dans quelle position tu t'trouves. Un deuxième coup dans le ventre. Affronte ta mort avec courage, salope, pas résignation.

Puis un troisième pour la tourner sur le dos, enfin, et cela sans un mot, elle passa au-dessus d'elle, à califourchon sur la Sith repoussant les veine résistances bridés par l'explosif et le tranquillisant dans ses veines avant de lui écraser ses phalanges sur le visage. L'acouphène de retour, le ronronnement dans son crâne, soutenu par le tambourinement de son cœur. Ses iris bleues voyaient rouge, la femme en dessous d'elle, se dessinant comme un parfait défouloir. À quatre reprises, dans le silence le plus total, avec le poing droit, Maxence venait de la faire taire. Quand elle s'arrêta, il y eut une hésitation, était-elle allée trop loin pour une femme enceinte prise par les tranquillisants ? Elle posa ses doigts sous le nez ensanglanté de sa victime, passant ensuite sous sa mâchoire, un hochement de tête lui échappa. Flakstaff débarqua.

-Max, j'peux te... Max ? Il la remarqua dans la cellule. Oh, merde. Qu'est-ce que ?...

-Elle est vivante. Elle parlait trop... ou pas assez. Les deux. La grille se referma, le corps inconscient de Dana à l'intérieur. Tu voulais m'dire un truc ?

-Euh... Il eut du mal à détacher son regard du sang qui s'écoulait du visage de la femme. Ouais. Entre autre. De sa poche il extirpa une petite boite en plastique. Il a qu'une seringue. 'fin, il en a deux, mais il veut en garder pour un possible cas médical. Il m'a dit : la première moitié pour l'un, la deuxième pour l'autre. Ça devrait pas les assommer, en fait, ils vont rester plutôt lucides vu la dose, mais le bon côté des choses, c'est qu'ils se retrouveront peut-être bloqués du côté d'leur pouvoirs et il supporteront mieux la douleur. Pour c'qui est d'la durée... une heure... deux... p't'être même trois, mais le métabolisme d'un Forceux peut sûrement réduire le temps.

Maxence ne se faisait pas trop d'idées, elle voyait ce que la Force pouvait faire, le mieux qu'ils pouvaient espérer, c'était une heure, ou moins, de quoi les calmer suffisamment physiquement.

-Parfait, préparons donc la venue de notre invité.

-Maxence ? Demanda son bracelet, comme seul interlocuteur, elle ne trouva que la caméra. Tu pourrais m'expliquer ce qu'il t'a pris ?

-Juste une sieste forcée. Faut qu'elle soit au top pour son p'tit copain.

Nonchalamment, la mercenaire passa le parieur en s'essuyant le revers de la main sur son blouson, laissant d'autres gardes prendre le relais, son air sombre, ses yeux irrités et sa démarche ne laissait rien de bon à penser pour la suite des événements. Dana venait de mettre en rogne Maxence pour de bon et les pensées de la blondinette s'entre-mêlées encore et encore, un bouillon d'idées, d'informations, des pensées plus ou moins prémonitoires à son échelle, toutes pour se lier à une seule tête : Lloyd Hope.
[FIN]
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