Lloyd Hope
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- La crique des pillards ? Kèsseussé ?
- Aucune idée, mais on y va. Sur Rishi.

Dans la coquerie, Lloyd venait d’arriver en se plantant debout devant la caisse qui servait de table au dévaronien. Mumkin mâchonnait avec un air morne un sandwich insipide dont l’emballage vantait le faible nombre de calories. Ils avaient eu une discussion à ce sujet un peu plus tôt, où dans une ambiance bon enfant le capitaine avait eu un peu de mal à comprendre l’idée de payer plus cher pour manger moins. Mais il venait de ressortir de sa cabine son datapad à la main et cette fois, son ton n’impliquait plus aucune plaisanterie.

- On n’attend pas Dana ? demanda Mumkin en levant le nez vers son patron.
- Elle y va de son côté, justement.
- AH. Dis-moi tout mon loulou.
- Appelle-moi encore comme ça et je t’arrache une corne pour te la faire bouffer.
- Ça va, c’était juste pour la rime…
- Je paye pas un poète mais un pilote. Tu comptes aller au cockpit où je dois démarrer moi-même le vaisseau ?
- J’y vais c’est bon ! lâcha un Mumkin exaspéré.

Le dévaronien jeta le reste de son sandwich dans l’emballage et sous les yeux menaçants de Lloyd, qui le regarda disparaître dans la coursive. L’instant suivant, il consultait de nouveau les derniers messages reçus sur son datapad, puis bascula sur une autre application afin de faire des recherches sur cette Crique des Pillards, indifférent à la surface lumineuse de Nar Kaaga qui défilait à quelques milliers de kilomètres de là. Il s’était laissé tomber, assis, sur l’une des caisses du fond de la coquerie laissée dans un ordre relatif. La photo de la sœur de Mumkin trônait toujours au-dessus de l’évier, narguant le capitaine qui compulsait les entrées, penchées sur son datapad.

Le Sans Visage se mit à vibrer quand Mumkin démarra les moteurs pour leur faire quitter l’orbite de Nar Kaaga. Lloyd avait estimé à quelques heures leur voyage jusqu’à Rishi, et il n’avait aucune idée du moment où Dana à son tour parviendrait à la planète. Mais il s’attendait à avoir des difficultés pour trouver le lieu en question, aussi valait-il mieux partir à l’avance histoire de tenter de savoir par où commencer l’enquête.

Y’a plus d’équipe.

Etait-ce Runà qui l’avait envoyée sur une mission suicide ? Si seulement il avait des connaissances dans l’Inquisition… Sauf que cela ne servait à rien. Il sentait bien que le problème n'était pas là.

Soudain la luminosité de la coquerie faiblit. Les néons grésillèrent, s’éteignirent. Les moteurs avaient cessé leur vrombissement et le Sans Visage se mit à dériver en silence.

- MUMKIN !!!

Dans la pénombre, Lloyd avait bondi. Il jeta le datapad sur la caisse en se ruant dans la coursive. Quand il arriva dans le cockpit, le dévaronien était en train de réenclencher une série de commutateur sans oser se retourner.

- C’est quoi ça.
- Heu… Un faux départ, attends, je redémarre tout va…

Le dévaronien n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Lloyd venait de l’attraper par le col et il le tira de son fauteuil avec violence, indifférent à la procédure de redémarrage qui avorta dans le cockpit assombri. Le hapien plaqua Mumkin contre la paroi au-dessus de la banquette en lui faisant heurter le haut du crâne contre une boite métallique. Mumkin gémit de douleur, ses yeux agrandis et penauds posés sur le faciès écumant de Lloyd, qui le maintenait par ses vêtements entre ses poings fermés, imprimant dans la poitrine du dévaronien ses phalanges blanchies.

- ON AVAIT DIT QUOI A PROPOS DE LA MAINTENANCE ?
- Maisj’aifaitlarévisionj’tejuretj’aichangétousles…

Le hapien appuya un peu plus.

- Tu me mens ? C’EST LE MEME PUTAIN D’HYPERDRIVE TU CROIS QUE JE M’EN RENDS PAS COMPTE ?!

Mumkin manqua d’air et il ne parvint qu’à gémir un couinement. Mais ses yeux suppliaient le hapien et leurs regards se heurtèrent, incapables de se comprendre. Il y eut un silence, où leurs respirations précipitées, l’un de fureur, l’autre de terreur, troublèrent le silence absolu, avant que Lloyd enfin ne consentît à lâcher le dévaronien qui coula mollement sur la banquette. Lloyd resta néanmoins à le toiser, les poings serrés, tandis que Mumkin relevait vers lui des yeux effarés.

- J’ai pas changé l’hyperdrive parce que les connectiques qu’on a acheté sur Astroballe marchent pas, s’expliqua-t-il d’une petite voix. Mais tout le reste est nickel, j’te jure.

Le hapien serra la mâchoire, comme s’il hésitait entre reprendre les hostilités et croire le dévaronien. Ce dernier roula prudemment des yeux.

- Puis, je voulais pas prendre le risque de faire une modification qui aurait pu m’empêcher de vous rejoindre sur Ch’hodos pour cause technique. Et j’ai pas pu le faire sur Dromund, c’est le genre de trucs qui nécessitent quelques jours à quai. Mais c’est vraiment pas grave. Des fois il fait un mauvais démarrage, c’est tout, ça a rien à voir avec ce qui s’est passé sur Dathomir et…
- Ferme-la Mum.

Lloyd lui donna un dernier avertissement silencieux, avant de quitter le cockpit d’un pas rageur. Il rejoignit la coursive, dont les néons se rallumaient avec des grésillements mornes, pour s’enfermer dans sa cabine. Il referma l’écoutille derrière lui avec un geste rageur avant de s’adosser à celle-ci.






Ses yeux tombèrent sur un kimono suspendu à l’entrée de la salle d’eau.

Une tâche rouge et or, de sang et de prunelles dorées, inévitable dans le tableau froid qu’était sa cabine de capitaine à la dérive.













Demain, j’aurai oublié. Toi aussi.









Moi ? Oublier ?
Darth Hope
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A la Dérive

- Le patron rumine.








Dana respirait fort et vite. La tête lui tournait. Malgré le calme, leur immobilité soudaine à la suite de leur extase, ses entrailles se débattaient et la sensation glorieuse de l’ébat dissipée, son corps fut secoué par une nausée brusque. Elle repoussa Lloyd un peu sèchement, se laissa glisser au sol, les jambes tremblantes avant de se précipiter vers la petite salle de bain pour régurgiter ce qui devait l’être. Et penchée au-dessus de l’évier, elle ferma les yeux, actionnant à tâtons le robinet. Sa paume glissa mollement contre l’inox et parce que Lloyd était arrivé, se tenant dans la découpe de l’écoutille, elle se sentit obligée de s’expliquer. Elle devait mal digérer ces barquettes allégées. Ou du moins, devraient éviter ce genre de sport après les avoir mangées. Et elle ponctuait ses justifications d’une expression gênée. Elle se serait bien maudit d’avoir eu l’idée de vomir juste après.





Au début, elle-même avait cru à ses propres explications. Elle avait arrêté les barquettes malgré le goût indéniable qu’elle avait pour elles. De toute manière, passer dans la coquerie devenait, au fil des jours, un véritable défi. Dès que le four avait été utilisé, les odeurs persistantes des repas réchauffés lui retournaient le cœur. Et quand elle s’en plaignait, elle était visiblement la seule à trouver que ça sentait, comme si – soudainement, la nature l’avait doté d’un odorat surdéveloppé dont elle se serait bien passée. Puis, une fatigue étrange s’était superposée à ses nausées : plier son linge ou le ranger lui semblait être une tâche insurmontable et elle ressentait le besoin de se reposer après chaque acte d’une banalité affligeante. Alors, dès que Lloyd revenait dans sa cabine – ce qui était rare à cause de la maintenance que requérait le vaisseau ou les tours de garde qu’il devait faire au cockpit, elle ne disait rien et se pressait contre lui, dans la couchette sous la guirlande lumineuse et rouge. Elle s’endormait presqu’aussitôt et à son réveil, il n’était déjà plus là et les nausées recommençaient dès qu’elle s’agitait.









- Le patron rumine.

Dana ne disait rien. La fraîcheur de la soute lui faisait du bien, mais ici, les odeurs d’huiles et d’autres marchandises menaçaient à tout moment de lui retourner le cœur. Luis avait pris possession d’un grand caisson, en hauteur. Depuis ce promontoire improvisé, il surveillait le dévaronien de ses yeux rougeâtres et étrécis. Sa queue se balançaient lentement. Mumkin lui préparait la viande. Dana ne savait plus manipuler cette dernière sans vomir. Elle s’efforçait de ne pas regarder les morceaux de viande.

- Lloyd est comme ça, il est toujours un peu préoccupé par tout, fit-elle en haussant les épaules.
- Nan, il dit que tu devrais voir un médecin. Qu’on ferait mieux de s’arrêter à Kaas, pour ça.
- Impossible, je dois être sur Nar Kaaga le plus tôt possible.
- Ouais je sais, mais Lloyd partage pas cet avis. Eh merde…siffla le cornu en reposant le couteau qui lui servait à découper les gros morceaux de viande. Il venait de s’entailler le doigt. Dana vit le sang surgir.

Le sang.

Elle se précipita hors de la soute.







Dans la cabine du capitaine, elle retourna les draps de la couchette, inspecta son propre linge sale. Pas une goutte de sang, nulle part. Une bouffée de panique la fit transpirer. Elle se jeta sur son datapad, ouvrit le calendrier. Galidraan, presqu’un mois. Dathomir encore un mois. Jabiim. Elle remontait, essoufflée. Khar Delba, un autre mois avait passé depuis. C’était juste avant Khar Delba, qu’elle avait eu ses règles pour la dernière fois. Elle ne s’était pas inquiétée au fil des retards. Il arrivait que le stress, les efforts physiques endurés lors des missions, bouleversent son cycle. Mais trois mois. C’était du jamais expérimenté.

- Astroballe est loin ?
- Nan, quelques heures, souffla Mumkin en vérifiant la commande de l’hyperdrive dans le cockpit.
- On peut s’y arrêter ?
- Faut voir avec le patron.
- Tu peux lui dire ?
- Pourquoi moi ?
- Il t’écoutera. J’ai absolument besoin de faire une course sur la station. Tu peux lui dire que j’en profiterai pour voir un médecin.
- Ouais mais nan, c’est pas vraiment une station où…en fait je préfère pas y retourner voilà.
- Quoi ? s’étonna-t-elle avant de paniquer. Non, non, attends. Je dois absolument m’y arrêter.
- Bah t’as de meilleurs arguments que moi pour convaincre le patron, lâcha-t-il avec un regard appuyé pour le décolleté de Dana. Vous pourrez y aller à deux, je garderai le vaisseau.
- NON ! s’écria-t-elle, soudainement irritée. C’est avec toi que je veux y aller ok. Parles-en à Lloyd, invente un truc avec ton hyperdrive qu’il te faut des pièces et que t’en profiteras pour m’emmener voir un médecin. Fais-le, ou je te…
- Ca va, ca va…mais…il voudra sans doute venir aussi t’y vas parce qu’il est…

Il s’interrompit. Dana venait de vomir et il y en avait partout sur le tableau de bord. Le dévaronien fit une moue scandalisée et résignée à la fois. Quelle idée, d’avoir une femme à bord, vraiment.



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Lloyd Hope
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- Ecoute Lloyd, réfléchis deux minutes, tu vois bien l’état dans lequel elle est.
- Ben justement, je veux qu’on aille au plus vite, qu’elle voit un médecin, et pas sur Astroballe.
- T’as pas pensé que depuis le départ elle a pas le pied spatial ?
- Qu’est-ce que tu veux dire ?
- Être enfermé dans un truc minuscule qui se ballotte dans le vide, t’oublies que c’est pas pour tout le monde. Mon cousin Djino – tu le connais pas, mais il fait des affaires sur Delacrix – il peut pas mettre un pied sur un petit vaisseau sans gerber, y’a rien à faire. Ton Inquisitrice, elle a p’t’être besoin de prendre l’air, de marcher sur quelque chose qui vibre pas non stop et qui procure la sensation d’un vrai sol stable et d’un vrai plafond, un peu plus haut que 30 centimètres au-dessus de nos crânes, tu vois c’que j’veux dire ?

Accroupi dans la soute encombrée, devant une caisse toute en longueur sur laquelle il posait ses yeux pensifs, le hapien laissa échapper un soupir. Il portait au-dessus de son pantalon noir un simple débardeur qui laissait entrevoir des marques nouvelles sur sa peau – les initiales GR boursouflaient l’une de ses épaules, et les traces dans son cou mettraient quelques temps à disparaître. Mumkin l’avait rejoint là pour lui demander une halte sur la station ; ils n’étaient plus qu’à une heure de celle-ci et le dévaronien avait argumenté sur des aspects techniques en ajoutant que Dana avait émis le souhait d’aller faire du shopping, tu sais comment sont les gonzesses avec lui sur Astroballe. Il avait d’abord opposé un refus catégorique sous prétexte qu’il fallait se hâter au plus vite pour terminer la mission et libérer l’Inquisitrice de ses obligations pour qu’elle pût voir un médecin, mais maintenant il hésitait, repensant à l’état dans lequel il l’avait laissée dans sa cabine, à peine quelques minutes plus tôt.

Il avait quitté le lit en silence, pour ne pas la réveiller, non sans avoir vérifié d’une main glissée sur son visage si la température de Dana n’était pas anormale. Mais non, elle n’avait pas de fièvre. Elle était juste pâle, des cernes courant sous ses paupières closes. Il avait aussi vérifié son corps, mais les marques de Ch’Hodos peu à peu s’effaçaient sans qu’il ne vît rien d’étrange. Alors comme d’habitude, il avait ajusté le drap au-dessus d’elle avant de quitter la pièce en silence. Le mal de l’espace ? Est-ce que ça pouvait être aussi simple que ça ?

- Elle a commencé à être mal avant d’embarquer, dit-il à Mumkin à voix basse, comme s’il avait craint que Dana eût pu les entendre, depuis la cabine. J’pense qu’elle a pu être empoisonnée.
- Ben, j’suis assez sûr que l’espace a pas dû arranger les choses dans tous les cas, fit le dévaronien en haussant les épaules.

Lloyd consentit à détacher les yeux de la caisse et releva son regard vers son pilote. Celui-ci restait interdit. Pas de sourire trop assuré, pas de regard fuyant. Il avait l’air de penser vraiment ce qu’il disait. Le hapien laissa filer un nouveau soupir. Ses yeux allèrent à son datapad, qu’il fixa quelques instants. Il déglutit et baissa les yeux.

- Bon, ok. Vous partez pas longtemps. Tu la laisses pas seule. Tu la suis à la trace et au moindre problème tu m’appelles, c’est compris ?
- Oui, mais tu sais t’as pas besoin de venir avec nous, on n’en a pas pour longtemps et puis je…
- C’est bon Mum, je viens de dire que je restais au vaisseau. Faut bien quelqu’un pour le surveiller.

Le dévaronien abandonna effectivement son argumentaire, surpris, avant de quitter la soute d’un pas hésitant, comme s’il s’était attendu à ce que le patron changeât d’avis. Le hapien le regarda sortir, avant de jeter un œil de nouveau vers son datapad.









Une heure plus tard, le dévaronien réussit à tirer son veston d’en-dessous le corps de Luis qui, affalé sur la banquette du cockpit, jouait pensivement à essayer d’attraper les cornes de Mumkin d’une patte paresseuse à chaque fois qu’il se penchait vers lui. Le dévaronien vérifia à travers la baie que le quai n’était pas trop fréquenté – Lloyd n’aimait pas qu’ils accostent aux quais les plus peuplés, ceux souvent les plus proches des centres de station ; alors il choisissait toujours un espace d’atterrissage périphérique, moins encombrés. Quelques personnes s’activaient pour passer entre les vaisseaux, et un droïde repoussait tranquillement un chariot rempli de caisses. Mumkin actionna donc la passerelle, avant de rejoindre Dana qui attendait devant celle-ci pour pouvoir sortir.

- Bon, le patron t’a dit ? Il doit s’occuper de son nouveau droïde, il vient pas avec nous, dit le dévaronien en faisant à l’Inquisitrice un clin d’œil appuyé avant de descendre la passerelle d’un pas assuré, enfilant ses gants de tissus dépareillés.

Dès qu’ils furent descendus, la passerelle s’actionna automatiquement en sens inverse pour se refermer. Mumkin jeta un œil en arrière pour vérifier que Lloyd n’était pas là, pour s’intéresser de nouveau à l’Inquisitrice, lui grimaçant un sourire fier.

- Je l’ai convaincu de nous laisser tous les deux, ça a pas été facile, tu sais. Mais ne me remercie pas. Je sais comment il est, hein, on peut être honnêtes.

Le dévaronien leva soudain ses mains pour signifier son innocence, tandis que tous deux se hâtaient dans les larges corridors qui menaient vers le centre de la station où se trouvaient tous les commerces.

- Attention hein, moi aussi j’l’aime bien, d’ailleurs tu vois comment il me fait confiance, alors qu’il fait confiance à personne, ça c’est parce qu’on travaille ensemble depuis longtemps et que j’lui ai filé un coup de main sur des trucs compliqués. On en a vécu des choses ensemble, puis j’en ai vu quelques filles aussi, et pas que pour lui hein, moi aussi des fois j’en ai fait monter ! Enfin bref c’est pas ça que je voulais dire… Ah oui, j’voulais dire pour certains trucs quand même parfois vaut mieux pas trop trop l’ouvrir, tu vois ? Si t’as tes petits secrets c’est pas grave, on se serre les coudes. J’ai les miens aussi, il a les siens aussi, on s’entraide si besoin et si pas besoin on ferme les yeux, tu vois c’est simple. Mais juste comme ça, juste pour savoir hein, si tu veux tu me réponds pas, mais…

Mumkin dévia son regard, faisant mine de s’intéresser à la devanture d’un réparateur de droïdes tandis qu’il joignait ses mains devant lui en un geste peu naturel, pour se donner contenance.

- … tu veux t’enfuir ? Si c'est ça, ajouta-t-il précipitamment, j'peux t'aider, ça resterait entre nous.









Dans la soute, le hapien avait finalement ouvert ce fameux long contenant, où le dénommé ES-72 reposait, les yeux éteints. Sa silhouette rigide avait une forme humanoïde, et pourtant il n’avait rien d’humain. Lloyd jeta un dernier regard à son datapad, depuis lequel il avait envoyé un message peu de temps avant le départ de Dana et Mumkin, avant de se mettre au travail : il sortit un tournevis de sa boîte à outils – celui-là même qui avait perforé le thorax de Jaden Ashar – et commença à mettre le droïde en pièces. Et à vérifier chacune d’entre elles, à la recherche de la moindre puce anormale, du moindre dispositif qui aurait pu lui faire penser que ce droïde était un cadeau empoisonné.

Au bout de quelques minutes, il avait déjà commencé à étaler différentes pièces autour de lui, quand le datapad posé sur la caisse voisine se mit à vibrer. Une petite lumière verte clignotait. Une communication directe.
Le hapien s’humecta les lèvres avant de se lever et d’activer l’holocommunicateur. Une petite tâche bleue numérique se forma dans l’air au-dessus du datapad, et Lloyd recula en croisant les bras pour s’asseoir sur une autre caisse, dans le champ de captation, pour faire face à la silhouette qui apparaissait.



















- Salut Mat’.

Darth Hope
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A la Dérive

Dana Shar ne pouvait pas y croire. Elle se tapa le front avec la boîte, les dents serrées de contrariété.





Dana s’arrêta de marcher et à l’ombre du large capuchon rabattu sur sa figure blême, elle lança un regard interloqué vers le dévaronien. Par-dessus sa robe de cuir aguicheuse, elle avait revêtu sa bure d’Inquisitrice, qu’elle transportait comme un poids mort dans ses affaires et qu’elle ne portait jamais. Mais lui avait semblé, que sur la station inconnue, dans son état de faiblesse avancé, cet habit la protégerait. Personne n’oserait contrarier un Inquisiteur, la bure sombre à la coupe particulière faisait peur, ou intimidait assez pour s’éviter les problèmes. Des problèmes aux devants desquels Dana aimait se précipiter, d’où sa volonté de ne jamais arborer l’uniforme de l’Inquisition. Mais une petite voix lui soufflait qu’elle avait vécu avec assez d’inconscience, que, peut-être il était temps de se responsabiliser. Elle n’avait aucune idée d’où avait surgi cette petite voix, ni même pourquoi elle avait décidé de la suivre. Dans les ténèbres de ce large capuchon, Mumkin ne vit que les lèvres rouge sang de Dana s’agiter pour lui répondre d’une voix basse et scandalisée :

- Je compte pas fuir, t’es débile ou quoi ?
- Nan mais…comme je te disais, faut qu’on se serre les coudes parfois c’était juste…
- Mumkin. Je dois trouver un drugstore, t’en avais vu la dernière fois ?

Entre deux messages publicitaires, d’annonces de maintenance, d’appels urgent, les haut-parleurs de la station crachaient un horrible amas de notes musicales électroniques qui fissuraient les tympans. Et quand la musique s’arrêtait brutalement, une voix synthétiser annonçait les prochains pronostics pour les matchs d’astroballe à venir. Le cornu semblait se concentrer dans cette agitation, car il n’y avait pas que l’ambiance sonore. La station grouillait de monde, de toute sorte mais principalement des aliens, sans surprise. Parfois malmenés sur les mondes impériaux à majorité humaine, ils trouvaient dans les stations spatiales des repères où ils pouvaient reprendre un peu de liberté et de suprématie. Bien qu’elle fut sous protectorat impérial, la station était dirigée par un patron et donc entièrement privatisée, comme sa milice de sécurité comprenant des droïdes et des gardes aux armures grises et ternes.

- Ouais je crois que y’en a un dans le coin. Tu veux vraiment faire du shopping alors ?
- En quelque sorte.
- Et euh la bure, c’est obligé ? Tout le monde nous mate…
- Et tout le monde nous évite c’est parfait, lâcha-telle en lui emboîtant le pas.








Au niveau -3, secteur 19, se trouvait le drugstore à l’enseigne néon ostentatoire qui formait les lettres « Astro’drug ». Des cris de bagarres résonnaient dans la galerie où il se situait et Mumkin rentra la tête dans les épaules avant de se réfugier dans le magasin, Dana sur ses talons. Il faisait très sombre chez Astro’drug. Quelques néons rendaient l’âme, d’une couleur mauve et jetaient sur les étalages et étagères serrés une lumière terne. Comme dans chaque drugstore on pouvait se procurer de tout, ou pratiquement. De la nourriture, ce qu’était en train de regard de le dévaronien, des boissons, des pièces mécaniques, des sextoys (deuxième point d’intérêt que Mumkin guetterait), mais ce qui intéressait l’Inquisitrice, c’était le comptoir pharmaceutique et quand elle s’en approcha, une épaisse fumée de cigarra cachait le visage d’une balosar aux cheveux rouges. Cette dernière se dépêcha de balayer la fumée et de cacher sa cigarette :

- Ouais c’est pour quoi.

Dana jeta un coup d’œil vers un Mumkin circonspect qui tenait entre ses mains un pénis en plastique géant et souffla discrètement vers la marchande

- T’es pas un peu jeune pour tenir un drugstore ?
- Nan c’est à mes parents, je les dépanne alors j’fais bien ce que je veux.
- Bah, j’me sens pas bien, répliqua acerbement Shar. J’ai des nausées.
- Ah, attends.

La balosar saisit un datapad laissé par ses parents où se trouvait un formulaire avec des questions pour guider le client.

- Fièvre ?
- Non.
- Diarrhée ?
- Euh non.
- Des crampes d’estomac ?
- Non
- Du retard dans tes règles ? s’impatienta-t-elle en prenant une bouffée de cigarra.

La question figea Dana dans un espèce d’effroi intérieur. La jeune balosar au maquillage provocateur et à la tenue tout aussi excentrique leva les yeux au ciel.

- Ouais…, avoua la Sith, un peu penaude.

Elle soupira et se détourna vers une étagère pour saisir un petit paquet qu’elle posa sans délicatesse sur le comptoir, devant les yeux saisis de la rouquine. Sur l’emballage, il était marqué en gros, test de grossesse. L’Inquisitrice dégagea rapidement son capuchon pour libérer sa figure. La balosar put décrire l’expression de terreur qui avait fait perdre un peu plus de couleur au visage de sa cliente.

- Euh non, non, fit Dana choquée avant de vérifier que Mumkin traînait toujours un peu loin et n’avait pas vu la boîte.
- Quoi t’es encore vierge ?
- Non mais…
- Pas de chance, la coupa l’adolescente avec une légère grimace de compassion.
- Alors les filles ?! surgit Mumkin avec un petit sourire goguenard en direction de la balosar qu’il trouvait bien mignonne.

Shar s’empressa de saisir le paquet du test pour le faire disparaître sous sa bure. Elle régla le compte d’une main tremblante et se dépêcha de sortir. Elle s’adossa non loin de la devanture pour chercher de l’air, la tête lui tournait. Elle allait vomir. Déjà, les passants lui jetaient des regards curieux, décrivant sa bure et sa tête de déterrée. Beaucoup pensèrent qu’elle devait être une droguée en manque de dose. Elle saisit le test encore dans son emballage. 99% d’efficacité et autres mérites étaient vantés par un texte rose bonbon. Il y avait même une indication qui prévenait pour quelles races ce test fonctionnait et sur un côté du paquet, l’image d’une twi’lek au sourire ravi, tenant un test où il était écrit positif, comme si on venait de lui annoncer la meilleure nouvelle de son existence. Dana Shar ne pouvait pas y croire. Elle se tapa le front avec la boîte, les dents serrées de contrariété.

Mumkin ressortit enfin du magasin, les bras déjà chargé d’un sac de courses, et rangeant dans sa poche son datapad gonflé d’un nouveau contact : celui de la petite Balosar du nom de Dunne. Il semblait assez fier de lui et abaissa un œillade vers l’Inquisitrice qui rabattait sa capuche sur sa tête pour masquer son désarroi.

- Bah t’as acheté ton truc méga important ? C’était quoi ?
- Rien, c’était rien. Des pilules contre les vomissements, un truc comme ça.
- Moi j’ai eu le contact de la balosar, elle était super fraîche quand même. J’espère que Lloyd sera pas trop jaloux, parce que bon, moi les filles que je faisais monter à bord, en général elles étaient plus jolies que les siennes…bon il a fait fort avec toi, j’avoue mais quand même…
- La ferme ! s’énerva-t-elle. Je veux rien savoir de ces filles. Vous êtes deux putains de pervers !
- EH IL EST LA !

Ils durent interrompre leur discussion animée quand is comprirent que ce cri était adressé à Mumkin. A l’autre bout de la galerie venant de surgir un groupe de quatre individus, menés par une twi’lek éborgnée. Le dévaronien pâlit.

- Oh, oh, c’est pas bon du tout.
- Qu’est-ce qui est pas bon encore ? C’est qui ces guignols ?
- Bah tu vois la dernière fois que je suis venu, j’ai un peu parié sur des matches et bon, c’pour ça que je voulais pas revenir aussi ! Je dois un paquet de crédits par-ci par-là…
- HEIN ?
- CHOPPEZ-LE ! hurla la twi’lek.

Et Mumkin se mit à courir. Les quatres malfrats se lancèrent à sa poursuite, dépassèrent une Dana complètement étonnée. Elle mit un peu de temps avant de rassembler ses esprits, de comprendre, et de s’élancer aussi.




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Lloyd Hope
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- Salut Lloyd.

Il y avait eu un silence inconfortable. Puis, quand l’un et l’autre avaient essayé de parler, ils avaient émis un son simultanément et du coup se turent aussi rapidement.

- Désolé, vas-y.
- Non, non, j’allais rien dire.
- Moi non plus.

Nouveau silence. La silhouette de Mat’aenna, son cou gracile et son minois dessiné comme une statue mise en valeur par de longs lekkus qu’elle avait cerné de ruban noir, flottaient dans l’air. Parfois, de brèves coupures saccadaient l’image à cause de la distance qui les séparaient.

- Tu as mis vraiment beaucoup de temps à répondre.

Le hapien haussa les épaules.

- J’étais en mission, en infiltration. J’avais pas mon datapad, je viens à peine de revenir au vaisseau.

Mat’ parut hésiter. Malgré la qualité de l’image, elle avait dû voir les traces qui cernaient le cou de Lloyd comme les vestiges d’un collier d’esclave, et ses bras que plusieurs bleus parsemaient encore.

- Tu as l’air d’avoir… Ces marques.
- C’est rien. Toi ?
- Ça va.

Lloyd jeta un coup d’œil vers la sortie de la soute. Luis venait d’y apparaître. L’animal posa son séant sur le sol et le toisa d’un œil sévère. Le hapien déglutit avant de regarder l’image, de nouveau, de Mat’aenna.

- Ça fait longtemps que tu m’as pas appelée. J’ai cru que t’étais…
- Mort ?
- Non, parti.
- Ben non. C’est que tu retournais pas vraiment mes appels.
- Donc tu t’es dit que t’allais abandonner ?
- Non !

Il avait répondu un peu trop vite, le visage scandalisé.

- C’est pas ça, se rattrapa-t-il, plus calme. Disons que j’ai eu l’impression que ça te pesait de plus en plus, que j’essaie de rester en contact.
- Je t’ai dit, j’étais juste très occupée. Je ne suis pas vraiment maître de mon emploi du temps, tu te souviens ?
- Je sais.
- Et toi alors ?
- Quoi, moi ?
- T’as pas vraiment l’air dans un croiseur de luxe, là.
- Non, admit-il en baissant les yeux, embarrassé. J’ai pas eu mon affectation, pas encore.

Mat’aenna laissa échapper un soupir déçu. Sa bouche parut se tordre le temps d’une demi-seconde. Et le hapien émit un bref son de dépit.

- Tu es pas sans savoir que l’Empire est secoué par une guerre civile. Le Castellan est très pris à cause de ça. Si je l’aide à tirer son épingle du jeu, ce ne sera qu’une histoire de quelques semaines avant d’être nommé sur une frégate et d’avoir les moyens qui vont avec. Il me restera plus qu’à acheter une habitation quelque part, sur la planète que tu veux et…
- Arrête, Lloyd. Ça fait cinq ans que tu me sers ce genre de discours. Et quand on se voit, tu…

Elle se tut à son tour et leurs regards s’affrontèrent, d’abord sur la défensive, puis la résignation gagna celui de Lloyd.

- Même si tu y arrives, reprit-elle d’une voix douce, tu vas faire quoi, après ? Avec moi, je veux dire.
- Comment ça, je vais faire quoi ? rétorqua-t-il, sourcils froncés. Je viendrai quand je serai pas de service. C’est ce que font tous les militaires.
- Je parle pas de ça, tu le sais très bien.
- Et alors, tu préfères être une esclave ?

La twi’lek allait rétorquer quand une voix grave se fit entendre, sèche, dans la communication. Lloyd resta interdit, regarda Mat’aenna donner des coups d’œil autour d’elle, les yeux écarquillés d’affolement.

- Il va falloir que j’y aille, chuchota-t-elle précipitamment.
- Mat’, tu es mal traitée ? demanda-t-il soudain en se rapprochant du datapad comme si cela avait pu empêcher la twi’lek de disparaître.
- Je suis une domestique Lloyd, gronda-t-elle, tu te doutes bien que c’est pas tous les jours rose, combien de fois je te l’ai dit ?

Mais les yeux de Mat’aenna s’étaient remplis de larmes et le hapien se baissa pour s’accroupir devant l’holocommunicateur. Ses doigts désemparés se posèrent sur le datapad. C’était l’heure de dire au revoir, mais il ne savait pas quoi dire. La twi’lek grimaça un sourire douloureux en s’approchant à son tour, signe qu’elle allait couper la communication sur son dispositif.

- Lloyd ? chuchota-t-elle soudain, fébrile.
- Quoi ?
- Tu m’aimes encore ? gémit-elle, et il vit une larme rouler sur l’une de ses joues rebondies.

Il y eut un bref silence et le hapien cligna des yeux, atterré.

- Bien sûr. Mat’, il faut que tu tiennes, je viens bientôt. Dans quelques semaines, je viens te chercher, Castellan ou pas, d’accord ?

La communication fut coupée. Lloyd contempla l’espace vide au-dessus du datapad, et soupira.









- ES-72, à votre service.

La tête du droïde triangulaire reposait au fond de la caisse, et ce qui lui servait d’yeux s’était allumé d’une lueur rouge, intense. Les deux petits globes vrillèrent avant de se fixer sur le visage du hapien, penché au-dessus de lui.

- Mon programme de reconnaissance faciale indique que vous êtes Darth Ómiros, mon propriétaire. Confirmez-vous cette identité ?
- Hein ? C’est quoi ce nom ? Qui t’a programmé ce nom-là ?
- Hein : je n’ai pas de réponse à cette question. C’est quoi ce nom : Darth est un titre acquis aux Sith reconnus par leur Ordre. Ómiros signifie otage en Sithese. Qui t’a programmé ce nom-là : je ne sais qui l’a programmé.

Le hapien laissa échapper un sifflement de dédain. Il savait très bien de qui cette blague venait. Quelqu’un lui rappelait qu’il était un otage, bien sûr. Darth Laduim.

- Confirmez-vous votre identité ?
- Oui, grommela Lloyd. Mais tu m’appelles pas comme ça, tu m’appelles Lloyd Hope.
- Bien, Lloyd Hope. Les conditions d’utilisation de ce modèle de droïde assassin sont intégralement rédigées dans le livret qui m’accompagne. Je peux également vous les réciter. Ou bien, vous pouvez les accepter.
- Accepter.
- Merci, Lloyd Hope. Lloyd Hope, erreur de motricité sur armement principal 42C. Module de déplacement immobilisé. Module de mouvement supérieur déconnecté. Module de mouvement inférieur déconnecté.
- Oui, c’est normal, j’ai séparé ta tête du reste de ton corps, pour vérifier que t’étais pas programmé pour me tuer ou… Autre chose.
- Compris Lloyd Hope.
- T’es programmé pour quoi ?
- T’es programmé pour quoi : pour assurer la sécurité de Lloyd Hope et obéir aux ordres de celui-ci. Je suis doté d’un module de perception nocturne et thermique permettant d’identifier…
- Ouais, ouais, stop, c’est bon. Tu peux protéger d’autres gens que moi, si je te l’ordonne ?
- Oui, il suffit de les désigner en ma présence ou bien de me transmettre une image pour reconnaissance faciale.
- Une image, hein ?
- Une image, hein : Oui.

Lloyd se redressa et enjamba Luis, qui s’était rapproché, intéressé, avant de remonter par la petite échelle qui montait depuis la soute vers la coursive principale. Le Sans Visage était plongé dans le silence. Pas de Mumkin qui chantait dans le cockpit, pas de Dana qui utilisait l’eau. Même pas le vrombissement des moteurs. Le hapien se rendit dans sa cabine, jetant un coup d’œil circulaire sur ses affaires. Il tendit la main vers sa veste, puis se ravisa. Il tendit encore l’oreille. Toujours le silence absolu.

Soudain, il ressortit pour passer dans la cabine qui jouxtait celle du capitaine : celle où les affaires de Dana étaient entassées, non loin d’une douche à la vitre mal réparée par du scotch.
Darth Hope
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A la Dérive

Pour une fois, les choses pouvaient être réglées par la raison..







Elle s’essoufflait, épuisée par sa course mais avait vu au loin, les inconnus tomber sur le dévaronien et le traîne dans l’ombre d’une cantina à la devanture peu engageante. Une minute plus tard, elle s’y engageait au son d’une musique gutturale, et sous des lumières stroboscopiques qui martelèrent ses rétines abusées. Des visages apparaissaient, disparaissaient, des sourires, des grimaces, des yeux fermés ou exorbités. On la bousculait parce qu’on dansait, verre à la main, nez encore poudré de substances illicites. Elle sentit des mains se perdre contre les plis de sa buer, saisir ses courbes dans des caresses brèves mais appuyées. Elle ne voyait rien, ni qui, ni comment. Elle tituba, s’appuya contre quelqu’un pour se pencher et vomit le maigre contenu de son estomac. Quelques râles indignés autour d’elle et les rires reprirent, tout comme la bonne marche de son cerveau.

Mumkin. Le test de grossesse. Mumkin

On la repoussa et elle heurta le comptoir du bar contre lequel elle s’appuya, déboussolée.

- Eh, pas de Sith ici, c’est écrit à l’entrée….fulmina le barman en s’approchant.
- C’est…C’est une blague…rumina-t-elle.
- Nan, c’est vraiment écrit. A moins que ce soit pour une soirée déguisée ? fit-il, dubitatif.

Elle se débarrassa rapidement sa bure, qui devenait trop lourde, qui lui donnait trop chaud, dévoilant son corps féminin, son décolleté fourni, le cuir indécent qui moulaient ses reliefs et sa peau dénudée à beaucoup trop d’endroits. L’humain arqua un sourcil.

- C’est mieux maintenant ? souffla-t-elle. Je cherche un twi’lek, lekkus rouges, il lui manque un œil.
- Dhimmi ? Tu débarques de quelle planète pour pas la connaître ? hurla-t-il pour couvrir le son de la musique qui avait doublé de volume.
- Elle est où ? questionna-t-elle sur le même ton.
- Arrière-salle mais…

Trop tard, Dana avait déjà filé. Il haussa les épaules, tant pis pour elle.










- Attendez…Attendez, j’vais vous rembourser !

Le dévaronien était assis sur une simple chaise au milieu de l’arrière-salle sous une lampe caresseuse. Les clameurs de la cantina lui parvenaient étouffés depuis les murs insonorisés. Il avait un peu de sang qui échappait à la commissure de ses lèvres : l’une des deux armoires à glace qui le maintenaient en respect sur ce siège l’avait frappé en pleine poire, sans crier gare. Dos tourné à la scène Dhimmi vérifiait ses instruments de tortures, soigneusement alignés sur une table chromée. Elle portait une combinaison de mécanicienne, usée au niveau des articulations. Mum’ souffla par les narines, tremblant de terreur quand il vit, à la faveur de l’éclairage, un scalpel briller dans la main ferme de la twi’lek.

- Tu vas me rembourser avec quoi, connard, ton sang ?








Crac.








Tous les visages se détournèrent vers les portes dont le métal grinça encore. Les vérins hydrauliques se compressèrent sous une pression extérieure avant de rendre l’âme. Les portes cédèrent et la musique s’engouffra par cette ouverture soudaine dans laquelle, la silhouette de l’Inquisitrice se détachait, mains relevées, doigts repliés alors qu’elle avait manipulé la Force avec rage pour se défaire de cet obstacle.

- Bordel c’est quoi ça…
- Dana ! soupira Mumkin.

Et quand elle s’avança dans la lumière, quittant l’ombre, il déglutit. Un mince filet de sang coulait de sa narine droite et contrastait avec sa peau pâle. Elle n’avait vraiment pas l’air bien, mais ce n’était pas le moment de lui poser la question.

- Dana. Répéta Dhimmi en tapotant la pointe du scalpel contre ses lèvres pincées. Tu viens rembourser sa dette à laquelle viennent de s’ajouter deux portes à ouverture hydraulique dernier cri ?
- Combien ?

Un silence pesant s’abattit sur les épaules présentes. Mumkin se racla la gorge, se redressant pauvrement sur sa chaise, baigné d’incompréhension. Dana n’avait pas envie de se battre. Elle n’en avait pas la force, user de la télékinésie pour forcer ces portes lui avait vampirisé une énergie incroyable, mettant son corps à rude épreuve d’où son saignement nasal. Dhimmi face à cette question, qu’elle interpréta comme un signe de reddition fit signe à ses sbires de les laisser seuls. Ils quittèrent les lieux non sans bousculer l’Inquisitrice qui grogna son mécontentement. La Twi’lek porta son seul œil valide sur Shar. Elle gérait l’établissement qui était une façade aux nombreux paris illégaux qui fleurissaient à l’ombre de la popularité du sport fétiche de la station. Et il y a quelques temps, ce dévaronien avait fait des paris risqués et n’avait pas honoré ses créanciers. Alors le deal était simple : Dhimmi voulait son argent, Mumkin voulait garder la vie, Dana souhaitait ne pas faire de vague. Pour une fois, les choses pouvaient être réglées par la raison.









- Désolé, j’te rembourserai, grimaça Mumkin en se massant la mâchoire.

La transaction avait eu lieu une heure plus tôt et avait siphonné les maigres économies de la Sith. Alors qu’il remontait une longue galerie marchande, elle haussa les épaules sur lesquelles sa bure avait retrouvé place. Elle n’était pas particulièrement vénale, elle avait grandi une majeure partie de sa vie dans le luxe, avait connu une autre partie à vivre dans le dénuement. Et il y avait toujours ce test de grossesse qui la préoccupait, qui ne lui donnait pas le courage d’engueuler le dévaronien. Ce dernier prenait la mesure d’un tel calme : Dana Shar n’était définitivement pas dans son état normal. Alors quand elle s’arrêta dans un alcôve qui servait de cabine d’holocommunication et qu’elle s’accroupit pour commencer à pleurer, il fut complètement désemparé.

- Qu’est-ce que t’as ? T’as mal quelque part ? Attends, je vais voir si y’a un toubib dans le coin..
- Non ! s’exclama-t-elle entre deux sanglots pathétiques. Je suis juste fatiguée, c’est tout.

Il dansa d’un pied sur l’autre, hésita, regarda à droite à gauche mais personne ne semblait faire attention à eux. Alors, il se pencha et passa son bras autour de la nuque de Dana pour l’invita à se relever contre lui.

- J’connais un bar bien, genre ils font de bons cocktails et tout, avec tout ce que tu verses là, tu vas avoir soif.
- Ouais…sans doute ouais…









Le Double-Serpent n’avait pas changé depuis la dernière fois. Les yeux des habitués de l’établissement étaient figés sur les écrans où les courses de pods faisaient rages. Dans leurs prunelles éteintes luisaient la passion pour le jeu et le sport, ou pour des activités moins chastes quand l’on considérait que certaines de ces prunelles admiraient les danses lascives retransmises. Mumkin, lui, avait écarté Dana de ces visions pathétiques pour l’entraîner dans un recoin sombre, autour d’une table relativement propre. Elle avait séché ses larmes mais ses yeux demeuraient énormes et humides, prêts à s’épancher de nouveau. Lorsqu’un droïde se traîna jusqu’à eux, Mumkin hésita avant de commander deux Bloody Kiwi, au pire, il boirait celui de Dana si elle n’y touchait pas.

- Je crois que j’ai complètement foiré, dit-elle enfin, le regard dans le vague, indifférent à la jolie couleur du breuvage qu’on venait de leur apporter.

- Hein ?

Puisqu’elle ne répondait plus et qu’un silence gênant s’installait, il puisa du courage dans une gorgée d’alcool.

- Oh bah tu sais, ca arrive de rater des trucs.
- Ouais, mais sa vie entière ? renchérit-elle.
- Inquisitrice, c’est plutôt bien payé nan ?
- Je parle pas de ça.
- Ahm, reprit-il avec une nouvelle gorgée. Ah et j’ai eu des nouvelles de Jabiim, Chechi, ma frangine, bah elle vient d’apprendre qu’elle va avoir un bébé, rholala. Ils ont pas perdu de temps, c’est ouf. J’espère qu’il l’a pas touché avant le mariage hein. (Il secoua la tête, sincèrement ému au souvenir de la nouvelle) Ca fera de moi un oncle pour la pfou, dixième fois au moins. Tonton Mumkin, j’commence à avoir de la bouteille. Faudrait ptetre que j’profite de la station pour leur trouver des cadeaux, et pour le futur p’tit aussi. Bah on dirait pas comme ça, mais j’aime bien les gamins. Et…

Dana pleurait encore.

Foutues hormones.







CSS par Gaelle



Lloyd Hope
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Les mains du hapien fouillaient fébrilement. A chaque bruit suspect, il se figeait, écoutant si la passerelle s’actionnait. Mumkin et Dana étaient partis depuis bien plus d’une heure, maintenant, ils ne tarderaient probablement pas. Entre les vêtements, il finit par trouver quelques datapads, et même quelques documents papiers. Il alluma le premier appareil, dont l’écran était passablement fissuré. Le datapad avait peu de batterie, mais il s’alluma aussitôt. L’instant suivant il eut accès à tout un tas de fichiers, un dossier énorme de photos. Le tout, sans avoir à entrer le moindre mot de passe.

- Putain, Dana, grogna-t-il entre ses dents, mais bientôt son expression de frustration s’était effacée au profit d’une intense concentration.

Les images se mirent à défiler sous ses yeux. C’était ce qu’il cherchait : une simple image où Dana serait bien visible, pour la soumettre au droïde. Rien de plus. Mais il y avait tellement qu’il ne pût s’empêcher de jeter quelques coups d’œil. La plupart des clichés avaient l’air d’avoir quelques années : Dana y était plus jeune, le visage plus rond, moins fatigué. Elle posait en compagnie d’autres jeunes femmes. Parfois, il sembla à Lloyd qu’il reconnaissait Damaya. Il tomba aussi sur Dana dans des tenues particulièrement légères, qui donnait à un sourire à l’objectif en compagnie d’une twi’lek à la peau verte. Il s’empressa de passer à d’autres images. Croisa le regard d’Hélios assis sur la banquette d’une terrasse… La Citadelle, Ch’Hodos. Il referma le dossier de photos, avant d’ouvrir les quelques autres dossiers. Des rapports de mission, des correspondances. Un fichier intitulé « Pour H. » Il hésita un bref instant avant d’ouvrir.


Code:
H. Et si jamais j’arrivais pas à t’oublier ? Qu’est-ce qu’il se passera quand je croiserai d’autres regards, hein. Et que je ne pourrais aimer aucun d’entre eux, parce ce qu’aucun d’entre eux....ne sera toi.



Pour H.
Hélios, probablement. Le hapien soupira avant de fermer l’écran du datapad. Il le posa à côté de lui, et alluma rapidement le datapad suivant. Son dossier de l’Inquisition. Mais bien sûr, pourquoi n’avait-il pas pensé à demander à le récupérer avant ? Il s’empressa d’ouvrir et de lire. Ce qu’il y vit lui arracha une grimace de dépit. Il y avait les dates de sa désertion et de son retour, quelques détails sur sa vie dans la République comme le lieu où il avait travaillé sur Coruscant, mais aussi des choses plus récentes, comme le fait qu’il ait été lié à un jeune apprenti sur Korriban, qu’il était censé encadrer mais qui avait pris la fuite sur Columex. Il y avait le détail de certaines de ses missions et, bien sûr, son lien avec le Castellan… Et une certaine Mat’aenna.
Les doigts tremblants, il referma l’appareil, et passa au dernier datapad. Aussitôt, le visage de Mat’aenna lui fit face. La twi’lek avait l’œil vide. C’était un portrait qui avait été pris lors de leur retour dans l’Empire, quelques années plus tôt. Ni l’un ni l’autre ne savait encore à quoi s’attendre, à l’époque, et le hapien dût prendre une longue inspiration, serrant les dents pour ne pas laisser l’amertume prendre le dessus. Plutôt que de fouiller le dossier, cependant, il éteignit le datapad et se passa une main sur le visage.

Il quitta la pièce en emportant avec lui les trois blocs de données.








- Les profils sont enregistrés, Lloyd Hope. Ordre de priorité ?
- Priorité ? De quoi tu parles ?

Le hapien était de retour dans la soute. Il avait transféré l’intégralité des données des trois datapads sur le sien avant de replacer les objets dans les affaires de Dana. Puis il avait présenté certaines photos à ES-72.

- La priorisation programmée permet de modifier le comportement à l’avantage d’un ou plusieurs des profils. En cas de danger simultané, la sécurité de certains individus va être privilégiée au détriment de celle d’autres profils.

La stupéfaction arrondit les yeux de Lloyd. Il resta un moment silencieux.

- Bon, ben… Mumkin en dernier, commença-t-il, non sans une pointe de culpabilité.








De retour dans sa cabine, le hapien avait revêtu sa veste d’uniforme. Cela faisait plus d’un mois qu’il ne l’avait pas portée, et il lui semblait que tant de choses s’étaient passées depuis qu’il n’était plus tout à fait la même personne. Comme pour en attester, il s’y sentait à l’étroit. L’entraînement de Jephego.
Cependant, il n’avait pas le temps de songer à tout cela. Dana et Mumkin n’étaient toujours pas rentrés, il ne lui restait plus que quelques instants, supposait-il, pour pouvoir faire une autre de ces choses qu’il avait repoussées. Qu’il n’avait pas voulu faire en présence de l’Inquisitrice. Il vérifia son apparence dans le reflet du hublot, avant d’activer l’holocommunicateur de la cabine d’un geste bref, avant de prendre une posture rigide.

Il y eut un moment de silence, puis une tonalité. Silence encore, tonalité. Et enfin, la silhouette d’un twi’lek apparut. Les yeux de Darth Laduim se plantèrent dans les yeux de Lloyd, sans ciller.

- Je me demandais s’il allait falloir que j’envoie mes troupes à la recherche de mon propre apprenti, persifla le Castellan.

Le twi’lek revêtait son habituelle bure noire, et on devinait dans l’hologramme les contours d’un bureau sur lequel il s’accoudait. Ses sourcils étaient froncés, et l’un de ces lekkus frémit en glissant sur son épaule, devant lui. Le hapien garda sa posture impeccable.

- Je vous demande pardon, mon Maître. J’ai rencontré des difficultés imprévues, en délivrant la tête de Jaden Ashar à Darth Akusha. Néanmoins, cela est fait.

Il y eut un silence, qui indiqua aussitôt à Lloyd qu’il n’allait pas s’en tirer à si bon compte.

- Un mois ?! s’exclama soudain Laduim. Un mois que tu es parti et tu n’as livré qu’un morceau ??
- J’ai été capturé, Seigneur Laduim. Mais j’ai aussi pu rencontrer les poches de résistance loyalistes, elle…
- JE ME FICHE DE TES EXCUSES ! tonna brutalement le Castellan. IL NE T’A PAS SUFFI DE M’HUMILIER AU CONSEIL NOIR ?

Lloyd se mura dans le silence. Le clignement accidentel de ses yeux, de temps à autre, était le seul mouvement qu’il se permettait. Il prenait toujours garde à ne laisser transparaître aucune émotion en présence de son maître.

- LES AVERTISSEMENTS QUE JE T’AI DONNES LA DERNIERE FOIS QUE NOUS NOUS SOMMES VUS : EST-CE QUE TU T’EN SOUVIENS ? REPONDS !

- Oui, mon maître.
- EST-CE QU’ILS FONCTIONNENT, OU BIEN JE LES METS A EXECUTION AVANT D’EN TROUVER D’AUTRES ? DES PLUS EFFICACES ?
- Non, non, mon maître. Ils fonctionnent. Je vais rapidement m’occuper des morceaux suivants. Je prendrai beaucoup moins de temps, et beaucoup moins de risques.

Laduim s’enfonça dans son siège mais son visage était toujours déformé par la haine.

- Je l’espère, souffla-t-il dans un chuchotement menaçant. J’en trouverais, sinon, le sais-tu ?
- Je le sais, Seigneur Laduim. Mais je n’ai pas besoin de cela pour vous obéir.
- Toi et moi, nous avons cela en commun que nous savons jouer la sécurité. Alors, tu comprendras certainement que je continuerai à jouer la sécurité avec la loyauté de mon apprenti.

Lloyd s’humecta les lèvres, déglutit.

- J’ai ramené des informations précieuses de Ch’Hodos.
- Mets-les dans un rapport.
- C’est fait, mais je voulais vous demander des moyens. Pour les loyalistes locaux.
- Tu as entendu nos discussions au Conseil, Lloyd. Des moyens ont été disséminés dans cette zone pour des actions de sabotage afin d’affaiblir les renégats.
- Je parle de moyens plus spécifiques, Seigneur Laduim. Je vous envoie également la liste des besoins. Si vous pensez que nos armées peuvent fournir tout ou partie de ces demandes.

Le twi’lek croisa les mains devant lui avant de se rapprocher de l’holocommunicateur afin de mieux y voir son apprenti. Mais Lloyd s’efforça d’arborer toujours une expression indéchiffrable.

- Et pourquoi mon apprenti s’intéresse-t-il à la situation de Ch’Hodos ?
- Parce que j’y ai vu une opportunité, mon maître. Certaines planètes seront plus difficiles à reprendre aux renégats que d’autres. Ch’Hodos fait partie des victoires que l’on pourrait arracher aisément, si la Marine y concentrait ses moyens.
- Ch’Hodos n’est pas prioritaire pour le Conseil. D’autres planètes sont beaucoup plus stratégiques en fonction de leurs ressources ou de leur positionnement.
- Je sais, c’est pour cela que je ne demande pas l’intervention de l’armée, seulement quelques moyens pour les aider à garder une bonne position, le temps que le tour de Ch’Hodos vienne.
- Et tout ceci n’a rien à voir avec une certaine Inquisitrice du nom de Dana Shar ?

Lloyd retint un bref instant sa respiration.

- Dana Shar… commença-t-il, mais il dut s’interrompre une seconde pour chercher ses mots. Dana Shar m’a aidé à atteindre Darth Akusha, sur Ch’Hodos.
- Et pourquoi a-t-elle fait cela ?
- Je… Elle me devait une faveur, je devais atteindre à Akusha pour la tête d’Ashar. C’était un simple retour de manivelle.
- Un simple retour de manivelle, bien sûr. Bien sûr.

Le twi’lek sembla s’intéresser à un objet sur son bureau. Il joua du bout des doigts avec, faisant pivoter le petit objet qui s’avéra être un simple datapad.

- Une idée de la raison pour laquelle Darth Runà, maîtresse de Dana Shar, souhaite me rencontrer, en ce cas ?

Le sang de Lloyd se glaça et ses yeux s’écarquillèrent, malgré tous les efforts qu’il avait fait pour rester impassible depuis le début de la conversation.

- Non, aucune, mon maître, souffla-t-il d’une voix blanche.
Darth Hope
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A la Dérive

Mais vu que c’était juste Mumkin, il était simplement plus laid que d’habitude.






Le Bloody Kiwi n’était ni vert, ni rouge. Il avait plutôt une douce coloration orangée et chaleureuse et à sa surface, plusieurs arcs de colorants artificiels formaient un pattern arc-en-ciel. Maintenant que sa crise de larme avait tari, Dana s’autorisa une gorgée : c’était assez sucré pour masquer le goût déplaisant de l’alcool fort qui accompagnait les sirops et la limonade. Et en la voyant, Mumkin avait un peu pitié. Il se mit à ressasser, ce qui n’était pas franchement son genre mais, elle l’avait sauvé sur Jabiim, et une nouvelle fois sur la station. De plus, quand il avait reçu des nouvelles de Chechi via holovidéo, Ruth, Liam et Tih s’étaient précipitées à l’écran pour demander comment allait Dana. Il semblait que sa famille l’aimait bien. Il finit par hausser les épaules.

- C’est en rapport avec Lloyd, avoua-t-elle du bout de ses lèvres désormais colorées par le cocktail et elles ressemblaient à deux bonbons innocents et pétillants. Il cligna des yeux et se concentra sur sa propre boisson.
- J’veux pas être, enfin j’suis sensé rien savoir mais…j’pense que c’est pas un type pour toi. Enfin, s’il s’agit de ça. C’est vrai quoi, il s’est jamais posé, c’est pas le genre de chose qu’il cherche.
- Pas même avec sa Mat’aenna ? lâcha-t-elle dans une grimace de consternation et de dégoût. J’ai vu sa photo, il l’a toujours dans la foutue poche de sa veste, comme une relique de grand-mère. Parfois, tu sais quoi, ben je me demande si quand il…

Les yeux de Mumkin étaient ronds comme des billes, suspendus aux paroles de la Sith. Elle soupira son agacement et expulsa :

- Quand il me baise, il pense pas à elle.
- Bah j’sais pas. Vous faîtes quand même vos trucs entre adultes consentants mais, Mat’ c’est spécial. Il m’en parle jamais, alors. Sauf quand il crise, ou quand il est bourré. C’qui fait que quand même il m’en a parlé une ou deux fois. Même si c’était pas volontaire.
- Et il t’a dit quoi ? pressa-t-elle avant de s’octroyer une très longue goulée de Bloody Kiwi. Le goût de l’alcool était toujours fade, dommage. Elle aurait aimé que ça lui brûle la gorge.
- Pfou, j’en sais quoi moi ? Bah, j’crois qu’il l’aime beaucoup quoi. Il met de côté pour lui offrir une baraque quelque part. Enfin, moi je lui ai conseillé Vaynai. Maintenant qu’elle est genre renégate c’est compliqué. Mais donc ouais c’ptetre bien possible qu’il veuille se poser avec elle, c’est même sûr. Mh, mh (Il semblait peser le pour et le contre, analyser ses souvenirs.) Mais c’est quand même cher Vaynai, c’pour ça que bon, quand il m’a fait acheter ce truc, on appelle ça comment…kimono ? Pour toi, et d’ailleurs, il te va bien, c’est la bonne taille ? bref, quand il a fait ça, moi j’ai pas compris. Ca coûte un bras, enfin plutôt une brique de sa super future maison.

C’était vraiment comme une épine en plein cœur qui s’enfonçait péniblement alors que ce même cœur ruait pour continuer à battre malgré la souffrance engendrée. Elle se conforta dans le capitonnage de la banquette qui supportait le poids de son corps affaibli et leva les yeux vers le plafond assombri. Elle crut rêver les voûtes de sa chambre sous la montagne, quand elle était étendue aux côtés de Hope. Mais ce n’était rien d’autre que du placo, du plastacier et des câblages mal camouflés supportés par des rampes de projecteurs. Et Lloyd n’était pas allongé à côté d’elle, à rire. A sa place, un Mumkin qui buvait, l’air penaud.

- Il a jamais rien connu d’autre qu’elle….
- Mouais, c’est toi qui veux rien savoir de ces filles t’as dit.
- Parle, ça va. C’est bon.
- Tu vas pas te foutre à pleurer encore hein ?
- Nan, c’est bon.

Il se pencha un peu, plissant les yeux, l’air grave de celui qui s’apprêtait à confier un lourd secret. Mais vu que c’était juste Mumkin, il était simplement plus laid que d’habitude. Elle déglutit et chercha du courage au fond de son verre de cocktail où l’alcool décanté perçait enfin sur sa langue.

- Je pense qu’il les ramassait un peu là où on passait, c’était les rares fois où on amarrait pour autre chose que des missions à la con. Lui il voulait boire et bon, il était pas raisonnable. Mais pour les filles, ohlala, c’était vraiment de la consommation Moi tu vois j’aime quand même un peu que…y’ai un feeling, qu’elles parlent un peu, que j’ai pas l’impression de passer la nuit avec le vieux Bekhaar quoi. Mais l’patron, il prenait, faisait monter à bord, elle devait genre rien dire, rien toucher, ça durait pas longtemps et hop, direct dehors. Attends, prends au moins le petit dej’ avec ? C’est la base de la séduction moi j’dis, faut quand même être un peu gentleman, m’enfin chacun son truc. En plus bon, les culbuter bourré, le pauvre quoi. Il devait pas performer. Ca faisait pitié à voir. Mais moi tu me connais , j’dis rien, j’vois rien. Y’a bien une qui a tenté de lui poser des questions un jour, j’crois qu’elle a été remerciée avant même d’avoir vu la couleur de sa cabine, mais bon tant mieux je l’ai récupéré dans la mienne du coup hehe. Elle a eu de la chance celle-là.
- Ouais, de la chance ou tu l’as bien payée, grinça-t-elle estomaquée par ces espèces de révélations à la fois lugubres et pathétiques qui la faisaient naviguer dans les eaux troubles de la vie de Lloyd.
- Quoi ? t’es sérieuse là ? J’paie pas pour ça moi.
- Mh, mh.
- Enfin, ça fait quelques mois qu’il fait plus monter de gonzesse à bord, enfin sauf toi quoi mais c’est pas pareil. Enfin, t’es plutôt du genre présence imposée.

Elle ne dit rien à la remarque, mais cette dernière lui fit plus de mal qu’elle ne le laissa paraître. Une présence imposée. Un remplacement à toutes ces putains ? Une facilité de plus pour le bon vieux capitaine Lloyd Hope. Elle avait envie de hurler. Son verre lui échappa des mains et explosa au sol sous l’indifférence générale. Le bruit de bris avait été avalé par les enceintes sonores et les gens étaient trop captivés par les écrans. Mumkin observa le droïde venir nettoyer machinalement les dégâts et revint à Dana qui s’était prise la tête entre les mains. Vraiment, les femmes.

- Je vais repartir, lâcha-t-elle. Après cette dernière mission sur Nar Kaaga.
- Repartir, euh c’est-à-dire ?
- Dégager du Sans-Visage.
- Ah.
- Vous pourrez faire monter des filles, encore. Ou prévoir des plans retraites sur Vaynai ou je sais pas quoi de stupide. Et puisque t’aimes bien les gamins, tu pourras parrainer ceux de Lloyd et Mat’, ah ben non, que j’suis conne. Y’a un petit souci de génétique.
- Hein ? balbutia-t-il complètement pris de court par cette hystérie soudaine.
- Emmène-la sur Jabiim, tiens aussi. Faîtes vos trucs, je m’en tape carrément.
- Mais de quoi tu parles ?

Elle se releva vivement et quitta les lieux sans l’attendre.















Une heure plus tard, Mumkin tournait salement en rond dans la station où la foule se densifiait. Il cherchait partout, toisait la poindre tête encapuchonnée, la moindre toison écarlate, mais il ne croisa jamais de pupilles dorées. Enfin, après plusieurs tentatives pour la retrouver, il dût se résoudre à s’isoler et à chercher à communiquer avec son patron via comlink.

- Allôoooooooo, Lloyd, ouais. C’est Mumkin, j’ai un petit souci. Ahm.

Grésillement. Bruits de fonds.

- Bon j’ai perdu Dana de vue, mais c’est volontaire j’crois. J’avoue, je lui ai parlé tu sais ahm des filles. Et elle est partie en fait. Puis je la trouve plus quoi.





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Lloyd Hope
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- De… Quoi ?

Le hapien venait à peine de raccrocher de sa communication avec Darth Laduim, quand son comlink avait bipé. Et les mots de Mumkin s’insinuaient doucement dans son cerveau.

- Les filles ? De quelles filles tu parles ?
- Ben, heu, les filles qu’on ramenait, toi et moi, au vaisseau de temps en temps…

Silence. Lloyd resta figé devant son comlink, les yeux agrandis par l’ébahissement.

- Nan attends, t’as pas pu être si con quand même. Dis-moi la vérité. Qu’est-ce qui s’est passé pour de vrai ?
- Ahem… Nan j’ai vraiment dit que t’étais bourré et que t’avais… Mais… Elle pleurait aussi, à cause de toi ! Fallait bien que je l’aide à se faire une raison !
- MAIS MUMKIN MAIS DE QUOI TU PARLES MAIS C’EST PAS POSSIBLE !!!

Le hapien se jeta hors de la cabine, sa veste d’uniforme détachée, et se jeta sur ses bottes qu’il enfila à la hâte, avant de taper frénétiquement contre la commande de la passerelle pour qu’elle s’ouvre, le tout sans lâcher le comlink coincé entre son pouce et sa paume.

- T’ES OÙ ?!
- Attends Lloyd j’te jure j’ai pas fait exprès j’croyais bien faire…
- JE M’EN FOUS IL FAUT LA RETROUVER ! DIS-MOI OU T’ES !
- Bon ben j’suis à un bar qui s’appelle le Double-Serpent, c’est au -2, tu prends à gauche sur l’allée centrale quand t’arrives par les escaliers et…

Lloyd se jeta en dehors du vaisseau et se mit à courir sur le quai. Mais il freina brusquement pour se retourner.

La passerelle se refermait. Doucement. Il resta planté là à la regarder. Elle se refermait toujours. Il restait toujours planté là. Puis il y eut un Clong et Lloyd refit volte-face pour se remettre à courir, la veste de son uniforme s’ouvrant sur son débardeur comme un officier débraillé. On lui jeta des regards étonnés.






Quand il arriva auprès de Mumkin, ce dernier tournait en rond devant le bar, la face plus livide que d’ordinaire. Il releva immédiatement son regard désolé vers Lloyd.

- J’ai fait un peu les boutiques autour, commença-t-il dès que le hapien fut à portée. J’ai trouvé personne, personne ne l’a vue…
- Attends attends attends, l’interrompit Lloyd, essoufflé, en jetant des regards autour d’eux. Elle est partie quand, vers où, elle a dit quoi ?
- Ben, y’a quelques minutes à peine, j’t’ai appelé tout d’suite hein. Mais tout à l’heure y’avait un monde, pfiou t’aurais vu ! Y’a des soldes. Et du coup j’ai pas vu dans quelle direction elle est partie.
- Mais quel con.

Le hapien soupira tout en essayant de reprendre son souffle, mains sur les hanches, tandis qu’il continuait à fouiller la foule des yeux, la mine déconfite.

- Tu lui as dit quoi, Mum ?! Et puis qu’est-ce que vous foutiez dans un bar, d’abord ?!
- Je t’ai dit, elle pleurait à cause de toi, elle me l’a dit, elle m’a dit « c’est à cause de Lloyd », alors moi, bon gars, j’ai voulu l’écouter un peu hein, donc je lui ai payé un verre, histoire qu’on s’assoie le temps qu’elle se remette. Mais v’là ti pas qu’elle commence à me dire ça, qu’elle est malheureuse et tout à cause de toi.
- Quoi ?

Le visage de Lloyd se décomposa, sidéré. Mumkin ajouta quelque chose mais il ne l’entendit pas. Le bruit de la foule noya un bref instant ses perceptions. Il resta planté là un moment.

- Hé ho, tu m’écoutes ?
- Heu, ouais.
- Elle va p’t’être rentrer au vaisseau après s'être calmée, on rentre l’attendre un peu peut-être non ? Je veux dire, qu’est-ce que tu veux qu’il lui arrive dans un endroit pareil…
- Qu’est-ce que je veux qu’il lui arrive ?! répéta Lloyd, excédé. Mumkin, elle est malade ! Sur Ch’Hodos, elle a failli s’évanouir ! Regarde autour de toi bordel, entre les dealers, les types fauchés ou drogués qui rodent, et une toute petite guerre civile qui pourrait faire qu’on veuille s’en prendre à une Inquisitrice, mais oui, qui donc aurait intérêt à me la faucher, hein ?!

La voix de Lloyd s’était élevée et des personnes s’écartèrent, pensant à un début de bagarre, comme c’était habituel sur la station. On ne voulait pas être mêlé à ça. Le hapien se retourna pour faire quelques pas devant un Mumkin qui se triturait les mains, nerveux.

- Bon bon bon, fit Lloyd, essayant d’aligner ses idées en même temps qu’il alignait les mots. Vous êtes allés où, pour faire quoi ? Est-ce qu’elle a pu retourner à un endroit qui l’intéressait ?
- Heuuuu… On a été à un drugstore. Elle a acheté une boite de médicaments, j’crois. Y’avait des sextoys. Elle a jeté un coup d’œil, c’était peut-être…

Médicaments, nausées. Vomissements… Toilettes ?

- Mum, les toilettes. Y’a des toilettes publiques à ce niveau ?
- Ouais, y’en a à tous les niveaux.
- Ok, tu cours faire les toilettes du niveau inférieur, je fais ceux d’ici. On se tient au jus par comlink. Tu as intérêt à te dépêcher sévère.
- Oui patron.

Le hapien n’attendit pas de voir si Mumkin obéissait. Il s’engouffra dans l’allée principale, et ses yeux cherchèrent désespérément des yeux les signes en aurebesh, cherchant une indication vers des toilettes. On cria quand il bouscula quelqu’un mais il n’y prit gare. Au bout d’une centaine de mètres, il tomba enfin sur un panneau en ce sens et suivit les indications au pas de course.

L’intérieur des toilettes publiques sentait l’urine et des relents de vomissure. Le hapien grimaça en entrant dans le compartiment des femmes. La pièce était petite et sombre. Deux néons grésillants jetaient une lumière torve sur des carreaux au sol et sur les murs, autour de petites cabines en face de quelques lavabos en métal.

- Dana ?

Le hapien poussa du pied la porte de la première cabine, mais il n’y avait personne. Dans la suivante, il y avait une humaine aux cheveux bleus dégoulinants devant son visage effondrée sur le siège de toilette, mais entièrement vêtue. Une seringue était plantée dans son bras et elle ne remarqua même pas qu’elle n’était plus seule. Lloyd ouvrit la cabine suivante d’un coup de pied. Personne. Dans la dernière cabine, enfin, un homme de dos était collé contre une chevelure rousse, et un bruit de succion se fit entendre. Un bref instant, le hapien sentit son cœur rater un battement. Il attrapa le type par l’épaule et tira pour voir…

… une femme d’une quarantaine d’année, un maquillage outrancier sur le visage, qui gobait…

- Hé, attends ton tour connard !

Lloyd reçut un coup de poing dans la tempe qui le fit vaciller. Il n’y prit même pas garde. Il recula en titubant, avant de ressortir précipitamment des toilettes. Sa main tremblait quand, de retour dans l’allée, il sortit son comlink.

- Mum, elle est pas aux toilettes du -2, je passe au-dessus. Tu me tiens au jus ?
- Ouais, je vais aller au niveau 0 si tu vas au -1, dans ceux du -3 y’a… Des choses intéressantes mais... pas d'Inquisitrice.
- Ok, ok, répéta-t-il d'une voix blanche.

La course reprit. Il ne savait pourquoi, au moment où il pensait en avoir besoin, l’adrénaline semblait l’abandonner.

Malheureuse.

Mais merde.


Les toilettes du niveau -1 étaient dans un état semblable à celles qu’il avait visité avant. Là encore, il s’engouffra dans la partie dédiée à la gente féminine, déclenchant cette fois des cris d’indignation, mais il n’y fit guère attention. Il ouvrit chaque porte, une femme hurla, et il n’y avait pas de Dana. Il ressortit bredouille, encore essoufflé.

- Rien au 0, patron.
- Rien ici non plus, fit Lloyd en récupérant le comlink.

Il resta un moment silencieux, regarda autour de lui avec un maigre espoir, au cas où elle passerait justement à proximité. Puis il fronça les sourcils.

- Mumkin, reprit-il dans le comlink. Vous êtes partis un sacré paquet de temps, vous avez pas pu faire qu’un drugstore.
- Nan, j’suis passé prendre des pièces et aussi, hum… On est entrés dans une p’tite boîte.
- Quoi ? Une petite boîte, de quoi tu parles ?
- Ben, on a croisé une amie à moi, alors on est passés par son établissement, mais genre 5 minutes hein, pour être polis.

Le hapien resta coi une seconde.

- Quel genre de boîte ?
- Bah, un truc où on boit et où on danse.

Danser. Dana aurait-elle pu vouloir juste tout oublier ? L’oublier ?

- Ramène-toi, on va à ta boîte. Et je te jure que si on la retrouve, tu vas avoir un sacré paquet de choses à m’expliquer.
- Ahem, ok patron. Ben c’est pas très loin, j’te rejoins.

Darth Hope
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A la Dérive

lLs affaires étant les affaires, la twi’lek se contentait de les considérer pour ce qu’ils disaient être : des enseignes en permission.






Dhimmi était au comptoir, auprès du barman qui avait déjà accueilli Dana plus tôt. C’était un homme à la carrure modeste, mais au regard vif et à la bouche pincée en une ligne qui paraissait éternellement contrariée. A la lueur des lumières stroboscopiques, il donnait l’impression d’être blanc comme un linge et d’avoir une tignasse claire. Il programmait le droïde qui nettoyait la vaisselle, mais ne quittait pas des yeux l’immense salle qui vrillait à chaque fois que les projecteurs pulsaient. Le dancefloor s’étendait sur des mètres carrés et le comptoir circulaire, aménagé en plein milieu permettait de garder un œil sur l’ensemble de l’établissement, du moins de cet étage. A ses côtés, sa patronne aux lekkus rouges s’intéressait à un blond un peu débraillé qui venait de débarquer au bar en harcelant ses clients pour une affaire de nana égarée. Elle cracha le cure-dent qu’elle mastiquait nerveusement et tapota sur l’épaule du barman qui, dans un soupir, concéda à s’occuper de la chose.

- Eh, si t’es pas là pour consommer dégage, c’est écrit à l’entrée.

Devant l’air ahuri du hapien, il répéta plus fort parce que la musique tambourinait à leurs oreilles.

- NAN NAN JE T’ASSURE C’EST ECRIT A L’ENTREE, pour de vrai. J’te sers quoi alors ?

Parce qu’il remarquait que le blond scrutait surtout les silhouettes féminines, le barman se pencha pour qu’il entende sans avoir besoin de crier.

- Eh beau gosse, y’a pas de prostituées ici, mais on a de quoi faciliter la séduction .Si tu prends une conso pour toi et une pour ta proie, bah, on t’offre discrètement une petite pilule magique. Elle n’aura d’yeux que pour toi. C’est 500 crédits.

Des clameurs interrompirent la publicité commercialement douteuse de l’homme. Plus loin, dans un carré VIP, surelevé par rapport au reste de la salle, un groupe d’individus en uniforme impérial faisait du bruit. Dhimmi leva les yeux au ciel mais n’intervint pas pour la bonne et unique raison qu’ils étaient des clients réguliers. A chaque fois, ils disaient qu’ils étaient en permission sur Astroballe, mais ça faisait des mois que ça durait. Des mois de permission en plein état de guerre ? Il fallait pas énormément de Q.I pour en déduire qu’ils avaient déserté et que la station leur servait de repaire où ils menaient tout un tas d’activités plus ou moins non-conformes à la réglementation en vigueur dans l’Empire. Mais les affaires étant les affaires, la twi’lek se contentait de les considérer pour ce qu’ils disaient être : des enseignes en permission.

Ce soir, ils avaient jeté leur dévolu sur une jeune femme à la crinière écarlate. La gérante avait reconnu la dénommée Dana qui était arrivée plus tôt en compagnie de ces hommes peu fréquentables, comme si elle les avait connus de longue date. Le barman leur avait offert des boissons à « 500 crédits » et ils avaient réservé cet espace pour en prendre possession tels des aigles faisaient leur nid au sommet du promontoire le plus haut. Le meneur du groupe, un ancien sous-officier d’une quarantaine d’année, avait glissé la pilule « magique » dans le breuvage de la rousse.




Je supporte pas qu’un autre que toi me touche.

Et quand l’un d’eux leva le bras pour saisir la chevelure ondulée de Dana, un pan de sa veste se réhaussa pour découvrir, pendant à sa ceinture à moitié débouclée, un sabre-laser.

Il y avait donc des Lames-Rouges dans le lot. Et Dana aussi les avait reconnus avant d’être embarquée ici. Peu après être sortie du Double-Serpent, ses prunelles avaient accroché les uniformes, les gardes des sabres. Malgré sa fatigue, son stress, sa colère dirigée contre Lloyd et Mumkin, elle avait pris le partie d’en savoir plus et il s’était avéré qu’un de ses visages lui était connu parce qu’elle l’avait boxé lors de combats clandestins à la caserne d’Axxila. Et il lui également l’avait reconnu quand elle s’était mise en travers de leur chemin. Elle avait voulu bien faire, les interroger sur leur présence à bord de la station : ils avaient répondu avec un certain bagou, qu’ils étaient devenus des renégats maintenant et qu’ils n’avaient plus à obéir au Castellan Noir. Mais ils ne combattaient pas non plus dans les troupes de Ramken, donc il s’avérait qu’en réalité : ils étaient de simples tirs au flanc. Ils avaient su profiter de l’état de faiblesse de Shar pour la traîner jusqu’à cette boite où ils avaient leur habitude.




Quelque chose en elle bondit, mais la pilule avait déjà absorbé toute sa combattivité motrice. Bientôt, elle s’étala au sol, les yeux ouverts, mais complètement inerte. Et c’était peut-être ça le pire, d’avoir un corps qui ne répondait plus mais des sens encore en éveil, comme la vision et l’ouïe. Elle souhaita faire appel à la Force, se concentra : mais les néons qui pulsaient vite, la musique assourdissante, les cris de débauches et d’amusements, sa fatigue intense, la drogue qui polluait son sang et empoisonnait son esprit. Elle sentit à peine la Force frémir mais ne sut s’en saisir.







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La musique était si forte que le hapien avait l’impression que le bruit submergeait ses autres sens ; l’empêchaient de voir correctement, et surtout de réfléchir correctement. Mumkin était resté à l’entrée de l’établissement, prétextant surveiller les alentours au cas où Dana se montrerait tandis qu’il était à l’intérieur.

Mais le fil s’était tendu au moment où les clameurs étaient venues du carré VIP, et Lloyd se figea en se tournant dans cette direction. Sur la plateforme, des voiles étaient tendus pour donner à ces invités réguliers une intimité toute relative, puisque le hapien aperçut facilement les uniformes.

- Hé !

Son éclat de surprise n’avait rien pu couvrir du ramdam que faisait la musique, et il voulait aller y voir de plus près quand il sentit la poigne du barman le retenir par le bras.

- TU CONSOMMES QUOI ALORS ? PARCE QUE…
- C’est qui ces types ?! le coupa Lloyd en désignant le carré VIP. J’croyais qu’les Sith étaient pas les bienvenus !
- Eux c’est pas pareil, c’est des clients réguliers et… JE DIS : EUX C’EST PAS PAREIL ! C’EST DES CLIENTS REGULIERS.
- Ok, ben considère que j’fais partie de leur bande ! Tu leur as servi le truc à 500 crédits là ?
- AH BEN OUAIS, ILS PRENNENT CA MAIS TU SAIS…

Soudain Lloyd aperçut, entre deux voiles, passer une chevelure flamboyante, et il n’entendit plus la suite. Il s’arracha au comptoir et bouscula quelques danseurs pour se frayer un chemin. On renversa une boisson sur sa veste, il repoussa une femme qui l’attrapa un moment par le col et dans la lueur tremblotante d’un stroboscope, il parvint enfin aux escaliers qui permettaient d’accéder à la plateforme et l’instant suivant il les grimpait quatre à quatre.

Quand il fit irruption entre les voiles, son regard fut immédiatement capté par la banquette où Dana était étendue, une expression d’abandon sur le visage. Un type quarantenaire passait sur elle ses mains velues en pressant sa poitrine à travers le tissu tandis que la ceinture de l’homme pendait mollement entre eux.

Le hapien perdit brutalement tout sens de la mesure. Il traversa le carré avec fureur en entendant son propre cri mourir dans sa gorge, renversant la table sur laquelle des verres encore pleins chutèrent et se brisèrent. Au milieu des regards un instant pétrifiés de cette apparition soudain – en uniforme, ce qui perturba d’autant plus les autres personnes présentes et ralentirent leurs réactions - il attrapa le type par son uniforme pour l’arracher à l’Inquisitrice. Le type se redressa seulement pour avoir le temps de voir le poing de Lloyd s’écraser contre son arcade sourcilière. Au moment où l’homme titubait, sonné de surprise et de souffrance, le mouvement parut réveiller toutes les personnes dans le carré VIP. Un type se jeta sur Lloyd par derrière, passant son bras dans son cou pour le neutraliser, tandis qu’un autre lui donnait une claque. Le quadragénaire réveillé de sa torpeur balança un coup de pied dans le ventre du hapien et celui-ci se tordit de douleur. L’instant suivant, ils étaient à quatre sur lui et ils le firent chuter pour le rouer de coups. Lloyd avait commencé à se démener comme un diable, essayant de rendre coups pour coups même s’ils fusaient trop vite, mais soudain une lame rougeoyante surgit au-dessus de l’amas désordonné qu’ils formaient et tous s’immobilisèrent.

C’était une mirialane à la chevelure sombre, relevée en chignon au-dessus de ses oreilles et de son regard acéré. Elle était la seule à avoir son uniforme encore boutonné, comme si cela signifiait quelque chose. Elle aussi avait son grade d’enseigne encore épinglée à sa veste mais surtout, la pointe de son sabre laser, vrombissant, vint se loger sous le menton de Lloyd pour le tenir en respect. Le hapien s’immobilisa tandis que les autres se relevaient, le laissant minablement étendu au sol, son nez et ses lèvres ensanglanté et un hématome sombre qui commençait à se former au-dessus de sa tempe droite. Lloyd essayait de reprendre son souffle, soutenait le regard de la mirialane.

- Pour qui tu t’prends, l’artiste ? T’as pas été invité, il me semble… Capitaine.

En bas, des regards s’étaient portés vers le carré VIP mais chacun faisait mine d’ignorer qu’un sabre laser était apparu là. On dansait, on buvait, et seul le barman leur jetait des regards courroucés.
Les acolytes de la mirialan, eux, avaient l’air de se rendre compte du grade brodé sur la veste du hapien : cinq bandes rouges et blanches.

- Capitaine de frégate ?! Ouuuh…
siffla l’un d’entre eux.
- Je veux juste l’Inquisitrice, rétorqua le hapien, qui avait levé les mains en signe de reddition.
- Quoi, elle ? Elle est venue de son propre gré. Ça t’intéresse de partager, capitaine ô capitaine ?
- Nan. Vous me laissez la récupérer et partir, et j’vous laisse tranquille.
- Pour retourner sur ta frégate ?
- Peu importe.
- A nous, ça nous importe. Loyaliste ou renégat ?

Un morceau de la musique endiablé se termina et un instant, on entendit la rumeur des gens qui dansaient, riaient, des verres qui tintaient sur le comptoir, avant qu’un autre morceau ne se déclenchât, couvrant tout de nouveau.

- Pourquoi ?
- Réponds.

La mirialan avança la sabre un peu plus et le hapien fut forcé de relever la visage, sentant la chaleur du sabre picoter sa gorge.

- Loyal, déglutit-il.

Il y eut des rires gras.

- Un capitaine de frégate loyaliste. Qu’est-ce que vous en pensez ? Ce serait une belle caution pour nous racheter, si on arrive à le garder dans un coin ?

Et le hapien grimaça. Evidemment, ils étaient renégats. Quelle poisse.

- Hé au fait… Sa gueule vous dit pas que’que chose ?

Gloups. L’un des types débraillés, un humain à la chevelure sombre et mal rasé, se pencha sur lui.

- On s’est pas déjà vu quelque part, toi et moi ?
- Heu… Nan.
- Mais si.
- Mais… Nan.
- Mais si, j’crois bien qu’on était ensemble sur Columex…

Le type qui s’était penché recula brusquement, une expression choquée sur le visage.

- Les gars… J’crois qu’c’est l’chien du Castellan.

Les renégats échangèrent des regards surpris. Même la mirialane parut un moment décontenancée.

Alors, sans crier gare, Lloyd se mit à rire. Sa voix s’éleva à travers la musique, et les yeux des renégats s’arrondirent. Ils jetèrent même des regards en contrebas, où on évitait soigneusement de s’intéresser à eux.

- HAHAHA ! Ah... Haha non j’y crois pas. L’apprenti du Castellan ? C’est bien la première fois qu’on me confond avec…

Mais le hapien ne termina pas sa phrase. Un bref instant, la mirialan avait détourné les yeux à son tour, cherchant des indices pour comprendre s’il s’agissait d’un quiproquo. Lloyd en profita pour se dégager brusquement et avec la Force, rejeta le sabre laser et la mirialane. L’instant suivant, la Force engloutit leurs esprits et une peur panique s’empara des quelques esprits alentours. Les impériaux s’affolèrent, cherchant à fuir incompréhensiblement et en contrebas, il y eut des cris d’horreur.

Il s’ensuivit une cohue indescriptible. La Force Obscure dévalait, invisible, les parois de la plateforme, dégoulinait sur la piste de danse et la foule chercha à fuir, sans comprendre. Les gens s’entassèrent, hurlèrent sous les yeux ébahis de ceux qui étaient plus loin et qui ne comprenaient rien de ce qui se passait, de la terreur qui avait déclenché des réflexes absurdes : on se marchait dessus pour pouvoir sortir, tandis que sur la plateforme, Lloyd s’était relevé en catastrophe. Des deux mains, il attrapa le corps de Dana pour la prendre en travers de son torse, avant de s’apprêter à prendre la fuite. Mais dans l’intervalle, la mirialane avait retrouvé ses esprits. Ses compagnons avaient beau avoir fui, elle venait de comprendre, comme elle était Sith et probablement lame rouge, ce que le hapien avait fait avec la Force pour inspirer la terreur autour de lui.

- REVENEZ M’AIDER, FROUSSARDS ! C’EST UN SITH !

Elle leva sa lame aussitôt pour lui barrer le passage.

Lloyd n’entendait pas combattre. Il fit volte-face et, plutôt que de prendre les escaliers, il se jeta à travers le voile. Les corps du hapien et de Dana chutèrent comme une boule blanche sur la piste de danse, le voile sur leurs visages.
La chute ne fut pas élégante. Lloyd ne parvint pas à se réceptionner correctement et ils se vautrèrent tous les deux au sol, glissant dans la sueur, l’alcool et tout ce qui pouvait bien couvrir le sol de la piste de danse que l’on essayait de déserter. La foule s’était tassée à quelques pas d’eux pour essayer d’atteindre la sortie, et la voie était donc encombrée.

Lloyd ne chercha pas à savoir si la mirialane sautait à son tour pour les découper de sa lame. Il se releva en trombe le corps de Dana toujours pressé contre le sien, et il se mit à courir comme un dératé vers la première porte qu’il vit ; une double porte à vérins hydrauliques brisés qu’il enfonça d’une épaule. A l’intérieur, quelques personnes dont une twi’lek rouge étaient en train de s’engueuler et les fustigèrent du regard.

- C’EST PAS PAR LA LA SORTIE ! hurla-t-elle, furieuse.
- Je t’avais bien dit que cette petite bande nous attirerait des ennuis, beugla un homme à la twi’lek borgne, sans se soucier de Lloyd.

Le hapien les ignora. Il traversa la pièce vers la porte suivante. Elle conduisait à des escaliers métalliques mal éclairés et il s’y engouffra au pas de course. Les marches dévalèrent sous ses pas, la cohue se faisait entendre au-dessus d’eux.

A chaque pallier, deux portes. Lloyd laissa passer les premières et enfonça l’une d’entre elles au bout d’un moment, au troisième pallier, au hasard. Un corridor encombré de futs, de tuyauterie. Il s’y engagea en courbant l’échine pour passer sous le plafond bas, haletant. Les bruits de l’établissement disparurent peu à peu, laissant place aux claquements de ses pas sur les grilles métalliques et à sa respiration effrénée.

Au bout de longues minutes à courir, à jeter des regards inquiets en arrière, il lui sembla qu’ils n’étaient plus suivis et s’autorisa à ralentir l’allure, jetant un regard vers la figure de Dana, qu’il plaquait contre sa poitrine.

Elle était livide, mais elle respirait. Ses yeux paraissaient éteints, même ouverts. Etait-ce la drogue, ou bien… Venait-il de la tirer de quelque chose qu’elle avait vraiment cherché ?

Il fronça les sourcils en s’arrêtant devant la porte d’un local technique. Il repoussa le pan d’un coup de pied pour s’y engouffrer.

La pièce était minuscule. Cela aurait ressemblé à un placard, si on omettait les machines entassées là pêle-mêle, dont la moitié au moins ne marchait plus. Un gros générateur électrique vrombissait à côté d’une caisse énorme.

Le hapien y déposa Dana comme il le put. Le corps de la jeune femme semblait inanimé, et pourtant il croisait son regard. La lèvre et le nez de Lloyd avait saigné abondamment. Il s’essuya d’un revers de manche avant de s’intéresser à l’Inquisitrice. Ses doigts fébriles coururent sur son corps tandis qu’il essayait de remettre en place les quelques vêtements qu’elle portait, qu’il en profitait pour vérifier qu’elle n’était pas blessée.

Il parut se rendre compte au bout d’un moment que son exploration anxieuse pouvait passer pour une manipulation louche alors il s’efforça d’arrêter. Même s’il avait encore envie de vérifier, qu’il n’y avait pas de bleu sur ses cuisses. Et s’il avait pu le faire, il l’aurait certainement fait une deuxième fois ensuite juste pour être sûr mais il fallait arrêter, il fallait arrêter cette folie, elle est malheureuse à cause de toi.

- Dana ? demanda-t-il soudain.

Pouvait-elle encore parler dans son état ?

- Dana dis-moi quelque chose s’il te plait.

N’importe quoi. Même des horreurs. Mais parle.
Darth Hope
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A la Dérive

« C’est le plus beau jour de ta vie n’est-ce pas ?»





Le premier choc l’avait abruti un peu plus. Se heurtant contre le dallage, elle avait brièvement retrouvé ses esprits avant de les égarer de nouveau, prise de vertige et d’une étrange euphorie. Lovée contre Lloyd tout le long du trajet qu’il avait effectué au pas de courses, Dana avait souri depuis un autre monde. Ses yeux grands ouverts fixaient le blond alors que ses nerfs se réveillaient progressivement de leur engourdissement. Elle sentait les doigts fébriles du blond courir le long de ses courbes, à la recherche d’anomalie et la sensation transporta ses pensées sur un toit de Kaas City. Les gouttes d’une pluie froide et mordante s’échouaient sur ses bras égratignés, dévalaient le relief de son visage poisseux de sang au-dessus duquel trônait une plaie béante. Elle se remémorait la fièvre, la douleur, la main du hapien tirant sur le tissu de son décolleté. Ses lèvres se froissèrent d’un sourire.

- T’étais en train de me tripoter hein ? souffla-t-elle en souriant avec euphorie.

Elle évoquait cette nuit d’horreur sur le sommet d’un immeuble maudit, infesté de choses que l’on ne pourrait décrire et qu’ils avaient vues. Dana se cambra doucement afin de se conforter dans une meilleure position, grognant faiblement d’aise. Dans la pénombre de l’étroit placard de maintenance, le cuir de sa robe noire reluisait jusqu’à la délimitation avec le haut de ses cuisses laiteuses, à la peau intacte. Elle portait toujours sa bure, mais cette dernière avait largement été défaite par les mains impatientes des déserteurs et ne couvrait plus que ses bras et ses épaules. Puis, elle se remémora le poids de ce manteau sombre, ce qu’il recelait dans une poche intérieure, le boîte. La twi’lek découvrant la meilleure nouvelle de son existence, son sourire. Le sourire de Mat’aenna sur la photo. Elle eut un haut-le-cœur, mais réussit à contenir les soubresauts de son estomac.

L’euphorie disparaissait, une foule de sentiments contradictoires refluaient vers son esprit embué. Le vrombissement émis par le générateur emplit ses oreilles d’une réalité douloureuse. Elle se rendit compte, ensuite, d’un regard circulaire hagard qu’ils étaient dans un local tellement étroit qu’elle avait l’impression d’être enfermée dans un sarcophage dont la noirceur allait l’asphyxier. Ses mains s’agrippèrent soudainement aux bras du hapien et elle se redressa pour se coller à lui. Et elle fondait assez contre lui pour qu’il puisse sentir son cœur fébrile, sa respiration précipitée.

- Pourquoi tu m’as amenée là ?!

Elle serra ses poings contre lui, et ses phalanges blanchies par la tension s’abattirent sur son torse comme une averse battante. Elle s’essoufflait, manquait d’énergie, précipitait son cœur au bord de ses lèvres. Ses cheveux dansaient autour de son visage alors qu’elle se purgeait dans cette hystérie incertaine, abrutie par la drogue et par la fatigue. C’était tout un tas de reproches silencieux qui heurtaient le buste du blond : les filles, Mat’aenna, le test de grossesse, la claustrophobie dont elle était actuellement victime. Puis, à l’image d’une flamme qui avait consommé tout l’oxygène de sa bulle, elle s’affaiblit, jusqu’à ce que les coups deviennent des caresses répétées et machinales. Enfin, ses prunelles lumineuses captèrent les deux émeraudes qui sublimaient le visage du Sith.

- Je suis fatiguée, Lloyd Hope. Je suis fatiguée, admit-elle dans un nouveau souffle qui se mêlait au sien, parce qu’elle avait rapproché sa figure. Je suis malade, ok.

Si la grossesse était une maladie, elle en était sûrement atteinte, peut-être. La super twi’lek au sourire merveilleux se moquerait d’elle si c’était le cas. Elle lui dirait : « C’est le plus beau jour de ta vie n’est-ce pas ? » Et Dana aurait envie de lui casser les dents. Pas de chance, avait déclaré Dunne.

- Mumkin m’a tout dit. Et j’ai plus envie de faire semblant.

Ses doigts s’insinuèrent dans sa veste de capitaine, rampèrent dans la poche pectorale intérieur pour saisir avec délicatesse le papier glacé qui reposait contre le cœur de Hope, dans une chaleur relative. Elle s’éloigna un peu de lui, pour brandir la jolie figure de Mat’aenna entre eux.

- Si…je suis comme une de ces filles, que j’te sers juste à oublier, à patienter ou peu importe, dis-le moi. Je me mettrai pas en colère, je…veux juste savoir. Enfin, je sais déjà, mais je veux te l’entendre dire, que ce soit clair.

Elle remonta la photographie plus haut, entre leurs regards vacillants.

- J’ai promis que je te laisserai tranquille après, j’ai qu’une parole envers mon seul coéquipier. Mais ça inclue que tu me dises.  



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Lloyd Hope
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« J’essaie juste de tenir une promesse, ok ? »





Le placard était plongé dans la pénombre, et seul le générateur ronronnait régulièrement, projetant parfois des petites lumières blanches, qui faisaient apparaître les ombres fantomatiques de leurs silhouettes rapprochées.
Lloyd avait accueilli les poings de Dana sur sa poitrine en silence, serrant les dents sans la quitter de son regard émeraude, impassible. Puis il avait posé les yeux sur ce qu’elle avait tiré de sa veste et il prit une inspiration interdite.

- Que je te dise ? Mais que je te dise quoi, exactement ? s’agaça-t-il. Tu veux que je te dise que j’en ai rien à foutre d’elle, que je déchire sa photo et qu’on n’en parle plus ?

Il y eut un bref silence, pendant lequel Lloyd retira ses mains qui entouraient encore Dana un instant plus tôt.

- Hé bien raté, je peux pas faire ça, toutes mes excuses, voilà !

La voix du hapien s’était échouée sur les murs quand il avait détourné le visage pour se lever. L’endroit était si minuscule que lorsqu’il se mit à marcher il n’eut que quatre pas à faire pour atteindre la porte. Mais il n’avait pas l’intention de s’en aller. Il ne fit que jeter un œil à travers la vitre, pour vérifier encore une fois que personne ne les avait suivis. Il croisa les bras sur sa poitrine, les yeux braqués en face de lui.
Les secondes s’égrenèrent et quand il regarda de nouveau dans la direction de l’Inquisitrice, Lloyd avait une expression dure et il ne put s’empêcher de pointer brièvement un doigt vers elle.

- Dana, je t’ai jamais menti au sujet de Mat’aenna, dit-il sèchement. Tu savais ce qui me liait à elle, j’avais été honnête sur ça avant même qu’il se passe quoique ce soit entre nous. Avant même que je pense que t’en aies quoique ce soit à foutre de moi, j’avais été honnête.

Le hapien avait appuyé ses derniers mots, parce qu’il pensait qu’ils étaient vrais, qu’il avait beau être lâche et tout le reste, au moins il n’avait jamais caché l’existence de Mat’. Il écarta les mains en signe d’impuissance, comme pour montrer qu’il n’y avait rien de plus à dire, avant de se tourner de nouveau vers la porte pour faire le guet. Mais il ne parvenait pas à garder son calme.

- J’essaie juste de tenir une promesse, ok ? enragea-t-il contre la vitre qui s’embua un instant. Mat’ est devenue une… esclave, à cause de moi et tu sais pas le pire ? C’est que j’ai été la chercher à l’autre bout de la galaxie parce qu’elle avait disparu. Et tu sais pas ?

Lloyd sourit en se retournant vers elle comme s’il lui posait véritablement la question, mais son sourire était une grimace d’amertume. Les mots soudain semblèrent s’écouler en un flot continu, que rien n’aurait pu arrêter maintenant qu’ils avaient décidé de sortir.

- Elle avait refait sa vie, en fait. Sans moi. Elle était PARFAITEMENT HEUREUSE et moi ? Ben moi je l’ai enlevée, je l’ai ramenée là, dans l’Empire où elle a été asservie à cause de moi. Tu comprends que… C’est pas, ce n’est plus une question d’amour ou pas entre elle et moi ! Tu peux comprendre ça ? Que c’est juste la moindre des choses que je la tire de là ? Alors oui, je garde une photo d’elle parce que je dois garder des objectifs en tête, et aussi parce qu’avant que je te connaisse j’avais personne d’autre à qui penser si je crevais, personne d’autre qui en aurait eu quoique ce soit à foutre qu’on me mette une balle dans la tête ou qu’une corde autour du cou m’achève après des heures de torture. Personne ne remarquera ma disparition quand ça arrivera. Même Mumkin retrouvera un patron en quelques jours. Alors ça m’a aidé à tenir de me dire qu’il avait peut-être quelqu’un qui s’en foutrait pas tout à fait, même si cette personne je la vois plus, même si cette personne j’ai flingué sa vie.

Il avait terminé son laïus d’une voix étranglée, furieuse, un doigt pointé sur sa propre poitrine pour se désigner lui-même.
Mais lorsque sa voix s’était tue, la petite pièce était retombée dans un silence morbide, comme si rien de tout ce qu’il disait n’avait d’importance, au fond. Le générateur grondait tranquillement. Alors le hapien croisa les bras de nouveau en détournant le regard et il pinça les lèvres.

- Je me fais pas d’illusion, hein, le mariage et les enfants, c’est pas au programme. Ma vie c’est l’Empire, maintenant. J’ai compris ça. Mais je lui dois au moins de la tirer de là. Et tant que c’est pas fait.

Il s’interrompit et fit quelques pas pour revenir au près de Dana. Il lui arracha des doigts la photo en papier glacée et la rangea dans sa veste, sous ses yeux, les mâchoires serrées à s’en faire mal. Puis de nouveau il affronta l’étendue dorée.

- Tant que c’est pas fait, cette photo restera là. Et quand tu seras partie, parce que ça arrivera un jour, quand t’en auras marre du pervers alcoolique que tu me crois être, ben au moins il me restera encore ça.

Les émeraudes se confrontèrent aux prunelles de l’Inquisitrice et ils restèrent silencieux. Le goût du sang dans la bouche de Lloyd, cette douceur métallique sur ses papilles lui semblait être un poison qu’il avalait lentement et qui alimentait le venin qui faisait de lui l’être décevant que Dana avait devant ses prunelles.
Au bout d’un moment, comme elle ne disait plus rien non plus, il s’arracha enfin à cette confrontation silencieuse, pour aller se laisser choir sur une autre caisse à deux pas d’elle. Il se retrouva assis, son uniforme défait sur son débardeur tâché de sang. Il laissa échapper un soupir écœuré en passant une main dans sa nuque, que la sueur avait rendue humide.

- Et puis les filles, sérieusement ?! Tu voulais entendre quoi, qu’avant que tu montes à bord du Sans Visage je touchais jamais à personne ? Je vois pas ce que tu peux me reprocher là-dessus : ton Hélios, par exemple, tu vas me dire que vous étiez chastes et fidèles ? Non, tu l’as aimé aussi et peut-être que tu l’aimes encore et que pourtant tu t’envoies en l’air avec moi maintenant, et après ?

Mais ses reproches n’avaient plus la même intensité. Il ne savait pas très bien d’ailleurs ce qu’il reprochait à Dana de ce qu’il reprochait à lui-même. Une seule chose était sûre : il avait essayé de la prévenir. Depuis le début.

- C’est toi qui dit que je suis qu’un pervers qui essaie de te tripoter dès que c’est possible, et si c’est ce que tu crois vraiment, tant pis. Le coup de main sur le camp Piya, et la mission sur Galidraan, et CH’HODOS, putain ! Et tu penses vraiment que j’ai fait tout ça pour patienter ?

Il secoua la tête en un signe négatif, dépité, avant de baisser les yeux. Ses mains s’étaient mises à jouer avec l’un des boutons bas de sa veste, et il s’absorba dans la contemplation de ce petit morceau de métal accroché au tissu.



Le générateur reprit le dessus de la conversation pour un long moment.























- Dana, dit-il en brisant le silence à voix basse, j’avais pas prévu non plus que toi et moi on soit si…

Ses mots moururent au bord de sa bouche, et il garda les yeux baissés.

- Si… Physiquement compatibles.

Il avait l’impression de parler de deux pièces mécaniques qui fonctionnaient bien ensemble. Il savait bien que ce n’était pas très adapté et qu’elle pouvait l’interpréter comme une façon de lui dire que c’était que le sexe qui l’intéressait, au fond. Mais il ne pourrait plus l’empêcher de penser ça, désormais. Avec ce qu’il avait été d’essayer d’être pour elle, depuis plusieurs semaines, après Jaden Ashar, Jared Ashar, après Faucet, après tout ce qu’il avait traversé sur Ch’Hodos ; si elle voulait croire cela, il ne pensait pas qu’il était capable de dire quoique ce fut qui la fit changer d’avis.

- Ça veut pas dire que j’suis pas ton coéquipier qui essaie de… Qui essaie de veiller, murmura-t-il sans cesser de triturer le bouton de métal. Qui veut pas qu’tu finisses comme t’as failli finir ce soir. Et encore moins à cause de moi.

Enfin il osa redresser la tête, juste assez pour croiser le regard de l’Inquisitrice. Cette fois-ci, sans animosité.

- Mat’aenna ou pas, je vaux pas le coup, tu comprends ?



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Darth Hope
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Est-ce que c’étaient vraiment des choses qui devaient s’énoncer entre Siths respectables ?






Elle avait tout entendu ; là agenouillée dans ce placard à balais, encore saisie par l’effet de la pilule magique et par les symptômes d’un état physiologique dont elle n’avait pas voulu. Jusqu’à ce qu’il reprenne la photographie de ses doigts vernis et tremblants, jusqu’à ce que ne résonne plus que le silence, long, étiré, de plomb. Lentement, elle ramena les pans de sa bure contre elle, liant les attaches pour faire disparaître son corps pâle encorseté dans un cuir inélégant.

Ce n’étaient pas tant les aveux, tout cela, elle le pressentait. C’était le ton, l’agacement avec lequel il avait craché ses explications bien trop acerbes, comme si elle n’était qu’une de ces filles qui posaient trop de questions. Un rire étrange mourut dans sa gorge, quand elle repensa que c’était Mumkin qui repêchait les nanas trop curieuses. Mais ses lèvres ne firent que trembler et finalement, le ronronnement du générateur étouffa le soupir à peine hilare qui réussit à s’échapper de sa bouche. Du côté de la vitre, par-delà la porte épaisse, le noir et le calme régnaient toujours. Elle rampa dans un coin du cagibi technique et son dos heurta des pièces entassées là. Le choc vrilla dans l’air une seconde et elle ramena ses genoux contre elle, y déposant son front pour se cacher de Lloyd Hope un moment et disparaître, comme un enfant se roulait en boule pour s’administrer de la sécurité et du réconfort. Alors, quand sa voix perça enfin, elle parvenait un peu étouffée, mais l’endroit était si petit qu’elle se répercuta sans mal jusqu’à lui :

- Ouais, c’est bien de tenir ses promesses. Je t’ai jamais dit que tu devais déchirer son image ou cesser de poursuivre cet objectif. Je t’ai jamais demandé ça.

Les larmes coulaient, imbibaient la toile sombre et rude de sa bure d’Inquisitrice dans laquelle elle reniflait le plus discrètement possible.

- Le sujet est clos alors. Mumkin a raison après tout. Tout ça, ça se passe entre adultes consentants. C’est ok. On peut pas arrêter les conneries. Je me demande juste si on est capable de les assumer, je crois pas.

99% d’efficacité. 99 raisons de ne pas les assumer. Elle ne pouvait décemment pas lui avouer pour le risque de grossesse, pour ces symptômes qui pointaient partout, excepté vers ce 1% d’espoir qui restait. Ce n’était pas le moment, ce ne le serait sans doute jamais. Il avait tellement à assumer avec Mat’aenna. Dana eut encore envie de rire, parce qu’elle ne savait faire que ça pour exprimer sa détresse, mais les larmes prenaient le dessus finalement. Sa chevelure flamboyante cascadait sur ses épaules et sur son corps recroquevillé dans ce coin que les lumières du générateur atteignaient péniblement.

- J’étais honnête aussi, quand j’ai dit que je voulais pas que t’arrête.

De nouveau, les paroles cédèrent la place au bruit désagréable de la machine qui tremblait sous le poids de sa propre énergie.

- Je suis allée voir un médecin, quand j'ai quitté Mumkin. C’est une intoxication, mentit-t-elle sans émotion. Pas de quoi s’inquiéter, ca devrait s’estomper rapidement. Après tout, j’ai mangé de la viande sur laquelle la tête avariée de Jaden avait suinté. C’est pas bien grave. Ca m’épuise, c’est tout.

Enfin, elle trouva le courage de quitter le confort de ses genoux et redressa sa figure baignée de pleurs silencieux vers lui. Ses lèvres étaient pincées dans une drôle d’expression.

- Je parlerai plus de Mat’aenna, ok ? Mais…j’ai qu’une chose à dire. T’es allé la chercher, et elle t’a suivi. C’est que peut-être, elle n’était pas si parfaitement heureuse avant que tu te pointes. Et c’est exactement ça. Quand tu m’en as parlé chez Zal. C’est pas de Mat’aenna dont je suis jalouse, mais de toi. Y’a quelqu’un qui t’attend. Quand j’ai compris à son sujet, j’ai cessé de penser que t’étais un pervers. Je l’ai dit, mais j’ai arrêté de le penser. Je comprends. Tu feras ce que tu veux.

Elle était aussi résignée que sur la banquette du carré, comme si la drogue qui infusait toujours en elle, la poussait à ne plus combattre ce qu’il disait et qui habituellement, la révoltait tant. Et elle était vraiment éreintée, elle n’avait plus l’énergie d’essayer de démêler ce qu’elle souhaitait vraiment de ce qu’elle voulait taire à jamais. En fait, elle ne comprenait pas. Elle ne désirait pas qu’il fasse ce qu’il voulait. Mais à quoi bon le lui dire ? Est-ce que c’étaient vraiment des choses qui devaient s’énoncer entre Siths respectables ?

- Merci de veiller, finit-elle tout de même par concéder avec sincérité.

Les larmes inondèrent encore ses yeux et elle s’empressa d’enfouir à nouveau son visage honteux contre ses genoux. Elle n’avait pas trouvé le courage de lui dire, que ça n’arriverait jamais. Qu’elle n’en aurait jamais marre. Que c’était lui qui la chasserait, dès qu’il sortirait Mat’aenna de là. Ce n’était pas grave, se disait-elle, elle retournerait à sa vie d’avant. Elle serait peut-être même plus forte. Assez forte pour se remettre sur les traces de ce Jedi qui avait tué Damaya. Dire qu’elle avait perdu cet objectif de vue, depuis qu’elle avait rencontré Hope. C’était elle la lâche, dans l’histoire. Il était bien plus déterminé qu’elle ne le serait jamais et rien ne le ferait dévier de cette route qu’il s’était tracé.


















Un bip.

Il provenait du comlink de Lloyd.

Et il ne s’arrêta pas.

Parce que Dana appuyait sur son bracelet, l’index pesant sur le bouton dissimulé derrière l’une des têtes de serpents.




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Lloyd Hope
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Tu veux de la mayonnaise avec tes frites ?





Quand il entendit le bip venir de sa poche, le réflexe du hapien fut d’attraper l’objet pour le porter à ses lèvres, persuadé qu’une communication de Mumkin allait entrer, avant de réaliser que le petit son intermittent tournait en boucle. Ses yeux se portèrent vers la petite boule recroquevillée que formait Dana à deux pas de lui, au sol. Il était obligé de se pencher pour la voir, à cause de la pénombre et parce qu’elle disparaissait presque toute entière dans sa bure sombre d’Inquisitrice.

Une boule de Sith. Une boule de princesse toute triste à cause de lui.

Lloyd se laissa glisser sur ses pieds en rangeant le comlink avant de s’accroupir auprès d’elle.

- J’commençais à me demander si ce fichu bouton marchait, en fait, grommela-t-il. J’étais à deux doigts de t’en faire un autre, de bijou. Un plus moche encore mais avec un gros bouton rouge pour que tu l’oublies pas.

Il ponctua ses derniers mots d'un sourire pénitent, avec un espoir de la faire rire, mais Dana gardait son visage enfoui dans ses genoux et le sourire du hapien mourut rapidement sur ses lèvres. Il soupira, contemplant la nuque blanche qui se dessinait sous la chevelure rouge. Il hésita un instant, se demandant s’il ne rendait pas les choses encore plus difficiles pour elle quand il essayait d’être aimable. Ses doigts glissèrent sur les coutures de la bure, traversèrent un instant les boucles rougeoyantes, et s’arrêtèrent sur le rebord de la capuche, sur laquelle il tira pour la ramener sur le crâne de Dana. L’étoffe noire la recouvrit et elle parut avoir disparu complètement dans l’obscurité.

L’Obscurité.

Lloyd se mit à genoux soudain pour l’entourer toute entière de ses bras et la serrer contre lui, dans un geste qui lui en rappela un autre.
Sa cabine, Dathomir. Un jour où elle était triste aussi. Encore à cause de lui.

- J’suis désolé, chuchota-t-il si bas qu'il se demanda si elle avait pu l'entendre.

Lloyd avait posé son front contre la capuche, le visage enfoui dans le tissu comme s’il avait espéré pouvoir s’insinuer dans cette demeure sombre, s’inviter discrètement pour que ses émeraudes puissent venir se réchauffer dans l’étendue dorée, dont il était exclu. A la place, ses yeux ouverts ne rencontraient que l’obscurité, quémandaient silencieusement un droit d’accès, une goutte de tendresse du genre qu’il glanait ça et là chez elle, depuis la première fois qu’elle avait été tendre avec lui.
Quand était-ce ? Dans ces égouts, sous l’immeuble de Kaas City ?

- Câlin d'urgence en cours, récita-t-il, monocorde.

Deuxième tentative d'humour nul. Opération ratée, pas de sourire à l'horizon.

Il la serra plus fort et seul le ronronnement du générateur les accompagna un moment.

- Nos conneries c’est p’t’être pas ça le plus problématique, quand même, hein ? grommela-t-il après quelques instants d'un silence contrarié.

Il repensa à Darth Laduim et Darth Runà, qui à l’heure qu’il était étaient sur le point de se rencontrer. Il aurait dû lui dire. Mais n’avait-elle pas assez sur les épaules en ce moment ? Elle était malade et fatiguée. Il lui dirait plus tard, quand ça irait mieux. De toute façon, qu’allait dire Runà ? Au mieux, que Dana et lui déconnaient et qu’elle voulait que cela cesse. Au pire, que Lloyd se droguait et que ça le rendait inapte à une affectation militaire, qu’elle l’avait fait coucher avec elle pour garder le secret et qu’il avait obéi, qu’il avait suivi Dana Shar comme un toutou de planète en planète en négligeant sa mission principale. Le résultat serait le même : Laduim allait rappeler son chien à la niche pour lui administrer l’une de ses fameuses corrections censées le remettre dans le droit chemin.

Une de plus, une de moins.

Le hapien se fondit dans le silence, la mine éteinte et les yeux toujours ouverts sur ce voile obscur, qui le séparait de ce qu’il voulait toujours dévorer, au péril peut-être de l’équilibre fragile de leur équipe et pourtant, il y avait cette certitude ; celle que la confiance était née aussi de leur intimité charnelle, comme si leurs étreintes étaient un ciment que nulle autre équipe ne pouvait comprendre.



















- Hum, se racla-t-il la gorge. Tu l’aimes encore toi, ton Hélios ?

Il avait demandé ça sur un ton dégagé. Comme « tu veux de la mayonnaise avec tes frites ? »
Puis il y eut un silence tendu. Tendu parce que Lloyd avait figé son regard toujours en attente au-dessus d’elle. Comme un passant attendrait attentivement le feu vert pour pouvoir passer le voile, ses yeux restaient écarquillés, attentifs à la moindre brèche par laquelle elle l’autoriserait à passer. La respiration du hapien s’était suspendue, ses doigts crispés dans la tissu de la bure.

- Nan parce que soyons clairs, moi j’serai jaloux en fait, lâcha-t-il finalement dans un seul souffle, comme s’il avait expulsé une épine de sa poitrine.

J’supporte pas que quelqu’un d’autre que toi me touche.



Moi non plus moi non plus moi non plus



Mais il faudra bien, un jour, hein ?




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Darth Hope
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Je serai dans tous les putains d’astroports de cette Galaxie.






En fait, dans les profondeurs de ce voile obscur, elle avait égaré un sourire à plusieurs reprises, mais n’avait pas envisagé de le partager, parce qu’elle se sentait en sécurité dans sa propre chaleur. Les bras de Hope, les mots de Hope, tout ce qu’elle avait toujours désiré et qui se réalisait dans cet étroit local de maintenance n’avait pas le goût qu’elle avait espéré toutes ces années. Peut-être parce qu’elle savait que tôt ou tard, il l’abandonnerait pour son objectif, sa promesse à tenir, qu’importait le nom qu’il donnait à ça et qu’elle avait déjà bien profité de ces moments de répit, qu’ils ne pouvaient durer éternellement ; qu’il valait mieux qu’ils ne durent pas éternellement.

Nan, c’était pas le plus problématique. Elle l’avait pensé si fort qu’elle avait cru l’avoir exprimé à haute voix. Le plus problématique logeait actuellement dans son ventre et mieux valait l’ignorer. C’était la meilleure stratégie à adopter : le déni. Fermer les yeux.

L’interrogation à propos d’Hélios lui tira un léger frémissement. Elle s’animait d’un rire léger contre lui et finalement, quand elle consentit à lui offrir sa figure marquée de sillons salés, elle riait. L’étendu dorée n’était plus que deux fentes rieuses, plissés au milieu d’une figure pâle à moitié encapuchonnée. Quand ce son étrange se tarit et qu’elle déglutit pour mieux supporter le vert précieux qui représentait tout un horizon, elle osa parler d’une voix un peu enrouée par ses pleurs précédents :

- Il n’y a jamais eu ce genre de sentiments entre Hélios et moi. Il me l’a souvent reproché, mais c’était ça une Sith qu’on se disait. Les Siths, ça n’aimait pas. Mais on s’était trompé.

Son front retomba dans le creux de l’épaule hapienne, et sa large capuche glissa en arrière, libérant sa crinière colorée. Elle soupira d’aise, de fatigue, de confort parce que c’était toujours la position la plus agréable au monde. Quand elle trouvait de l’oxygène contre lui, au cœur d’un lieu minuscule qui l’étouffait.

- J’ai aimé qu’une fois dans ma vie et je devrais honnête avec toi, c’est pas Hélios mais cette personne, je l’aime toujours, mais je m’envoie quand même en l’air avec toi. C’est pour ça que tu dois pas être jaloux.

Elle s’ébroua, se redressa un peu sans quitter les bras de loyd qui formaient ce champ d’urgence et qui balisaient une limite sécurité entre elle et le reste du monde. Ses lèvres accrochèrent les siennes, souffle après souffle, elles s’étaient rapprochées lentement comme si elles avaient de résister à une attraction inexorable. Mais elles avaient fini par percuter la surface de celles du blond, et d’un baiser fébrile, effacer ce qu’il restait de sang chez lui, et de larmes chez elle.




Un grésillement vrilla soudainement dans l’air. Ils s’immobilisèrent, l’oreille tendue car ce n’était plus le bruit familier du générateur, mais un haut-parleur vissé dans un coin du plafond qui crachota une voix synthétisée :

- Avis à tous les transitaires de la Station Astroballe. Votre attention s’il vous plaît. L’individu répondant à l’identité de Dana Shar est réclamé à la tour Jorrson, au point des communications, bureau central.

Shar grimaça une moue incompréhensive. Était-ce à cause de la rixe chez Dhimmi ? la voix robotisée répéta trois fois son appel, calmement. Il ne semblait pas y avoir plus d’urgence de son côté que du leur. Et le monde aurait tort de penser qu’une simple convocation aurait pu la dévier de ce qu’elle désirait. Sa paume s’enroula autour de la nuque de Lloyd et elle eut un soupir amusé, ajustant sa position pour grimper sur ses genoux et le surplomber.

- Plus tard.

Et parce que le comkink de Hope se mit à biper, elle s’en saisit de sa main libre et coupa l’appel qui devait sans doute venir d’un Mumkin affolé par le message.








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Irrécupérable. Mais elle savait ça déjà.





Alors, H. n’était pas Hélios.

Il ne savait s’il devait être soulagé ou inquiet. Une part de lui n’était pas stupide. Il y avait un H dans son propre nom. Mais il avait été si sûr que le message s’adressait à Hélios que maintenant, toutes les interprétations étaient possibles. Et une autre part de lui ne pouvait jamais être sûre de rien, de toute façon.
Le hapien avait grimacé un sourire désolé en rencontrant l’étendue dorée. Il faut pas être jaloux. Facile à dire.

- C’est mal me connaître. J’pourrais être jaloux de moi-même si t’étais trop tendre avec moi.

Irrécupérable. Mais elle savait ça déjà.

Dana lui ôtait sa veste, et il la regardait faire comme on contemple une œuvre d’art, avec cette sensation d’assister à une chimère irréaliste et pourtant vraie. La pénombre les enveloppait comme un écrin, et les voix et les bips qui surgirent pour les déranger n’avaient plus aucune importance. Les doigts de Lloyd s’étaient refermés, jaloux, sur les cuisses de Dana quand il avait cru un instant qu’elle comptait interrompre son allumage d’urgence, mais il la vit bientôt jeter son comlink et un nouveau sourire naquit sur ses lèvres avant d’accueillir celles de Dana.


- Tout un programme, souffla-t-il entre deux baisers, et un sourire étirait malgré lui ses lèvres humides. Et ça fait beaucoup, beaucoup d’astroports à visiter.

Ses mots se noyèrent et quand il repassa ses mains entre eux deux, le hapien fit descendre plus bas la fermeture éclair de la robe en cuir pour la décrocher, pour faire tomber les dernières défenses, et le vêtement tomba comme une autre robe avait chuté, dans une cellule sur Dromund Kaas. Pour qu’elle fut à lui comme elle l’avait été cette première fois, qu’il l’avait senti échouer sur sa poitrine contre toute attente, alors qu’il pensait qu’elle allait le laisser dans cette cellule pour aller s’offrir à un inconnu.

- Comme au Grand Temple, hein ? murmura-t-il entre deux baisers essoufflés. Très bien, en ce cas… Sache que je te laisserai pas remonter. Jamais.

Ni pour Raidun, ni pour Kedrod, ni pour H.
Il la renversa sur le côté et le corps de Dana s’échoua au sol entre lui et le générateur mais déjà, il avait basculé à son tour pour être au-dessus d’elle et ses mains vérifiaient ce qu’elles avaient découvert tandis qu’il se penchait pour retrouver le goût de ses lèvres, avant de couler dans son cou.


- Parce que tu es tout à fait mon genre, Dana Shar.


Et quand leurs lèvres se retrouvèrent, ils se dévorèrent comme ils s’étaient affrontés cette nuit-là : en joutes sulfureuses, en souffles belliqueux, en bassins qui se cherchaient comme des lutteurs.

- Fais de moi ton guerrier, râla-t-il à son oreille quand il s’effondra sur elle, que son corps n’y tenait plus.

Alors elle lui parla, tout en refermant sur les reins de Lloyd ses genoux ensorceleurs, lui susurrant à l’oreille comme elle l’avait fait cette nuit-là.

Et le son de sa voix déclencha chez le hapien les tambours de guerre.













Parfaitement compatibles.





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C’est la Force qui décide du destin de chacun d’entre nous








Ils étaient étendus sur cette petite surface du local technique, essoufflés. La bure noire et la veste impériale leur servaient de matelas précaires et réchauffaient leurs corps encore suants qui étaient enchevêtrés comme les branches d’un vieil arbre qui affrontait un hiver sans lendemain. Le lendemain. A quoi bon y songer quand elle était aujourd’hui là où elle le souhaitait, entre les bras du Sith à admirer son visage dont elle connaissait chaque ride, chaque trait et qu’elle parcourait pourtant encore de doigts explorateurs, qu’elle s’étonnait encore de sa perfection, comme si elle le découvrait. Un sourire s’était égaré sur les lèvres de Dana avant de s’éteindre immédiatement. Il lui semblait que cette tranquillité soudaine offrait un moment propice aux derniers aveux :

- Je dois te dire quelque chose.

Pas de chance.

- En fait, pour le médecin…c’est…c’est…

Une boule se forma douloureusement dans son ventre comblé quelques minutes plus tôt. Elle grimaça un sourire et abandonna. Elle craignait un peu sa réaction. Elle craignait ou espérait peut-être qu’il renonce à ses objectifs en apprenant une nouvelle encore incertaine. La vie ne devait pas changer. Elle rabattit quelques mèches blondes du front de Hope, comme si elle pouvait cueillir en dessous un peu de courage, mais elle n’en trouva pas. Elle ne trouva que deux prunelles brillantes et sombres à la fois, aussi précieuses que deux joyaux.

- C’est plus compliqué, le nom…le nom de l’intoxication, c’est un nom compliqué, mais c’est un truc courant il paraît.

Là où elle le put, elle entremêla ses doigts aux siens, serra fort.

- J’aurais pas dû parler de tout ce que j’ai dit tout à l’heure. Je suis désolée…pour Mat’aenna, pour toi. J’espère vraiment que…ça pourra s’arranger dans le sens que tu le souhaites, je t’y aiderai. J’ai envie de t’aider même si tu considères que tu dois faire ça seul, parce que c’est un genre de responsabilité que tu te donnes. Et je dis pas ça pour que ce soit un retour de manivelle pour Ch’Hodos, parce que je pense sincèrement qu’une équipe fonctionne comme ça. Mais…

Elle cacha un nouveau sourire en abaissant sa figure dans l’ombre de leurs corps.

- Je suis un peu jalouse de Mat’aenna aussi, murmura-t-elle. Un beau capitaine, non. Être l’unique objectif de Lloyd Hope, la chose qu’il gardera en tête, à jamais. C’est plutôt pas mal, c’est vrai. Mais bon, comme dit Runà, c’est la Force qui décide du destin de chacun d’entre nous. Je sais pas ce que je ferai quand j’aurais obtenu réparation pour ma sœur. Je pense que…je retournerai au Lagon Noir, si je suis pas trop vieille. Je quitterai l’Inquisition, sûrement. Je laisserai Ch’Hodos à Hélios. Je voulais être une vedette avant que Damaya meurt, une espèce de tête d’affiche. Peut-être que je chanterai. Que je prendrai un autre nom. Que je disparaîtrai enfin comme je l’avais souhaité y’a des années.












Clonc.
Clonc.


Ca ne venait pas du générateur, mais de la vitre de la porte du local. Dana se redressa aussi vivement que Lloyd, visage levé vers l’origine du bruit. Ils découvrirent la tête de Mumkin s’écraser contre la vitre, ses cornes en rayer la surface et ses yeux étaient immensément ouverts, à travers la faible lueur dispensée par le générateur, il lançait ses prunelles vers les courbes de Dana et articulait aussi pour Lloyd. Heureusement le blindage de la porte et de la vitre étouffait sa voix. Finalement, il laissa tomber et montra son propre comlink, pointant le doigt dessus avec rage. Shar se saisit de sa robe pour s’en revêtir, aida Lloyd à retrouver ses vêtements épars sous le regard vigilant d’un Mumkin voyeur. La bure, la veste, puis la porte s’ouvrit et la voix du dévaronien retentit :

- EH ! Vous êtes au courant qu’on réclame Dana à….EH ! Tu l’as retrouvée et tu m’as rien dit !

Lloyd reboutonnait sa veste, Dana ajustait les attaches de sa bure. Seules leurs chevelures en bataille témoignaient de l’incident. Leurs chevelures et le parfum de leurs ébats.

- EH ! Vous avez….c’était bien ? Non, j’veux pas savoir, mais franchement me raccrocher au nez…




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Lloyd Hope
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A la Dérive

Il n’était pas le chien du Castellan pour rien, et il retournerait renifler la piste.





- Quoi ? Non…

Lloyd s’était redressé sur un coude et ce faisant avait rapproché son visage de celui de l’Inquisitrice. Il avait verrouillé ses yeux sévères sur l’étendue dorée, cherchant à comprendre.

- Dana, c’est le contraire, tu dois…

Mais Mumkin était arrivé et le hapien n’eut d’autre choix que de se mettre lui aussi à chercher à tâtons ses vêtements. Il était en train de boucler sa ceinture, quand soudain la voix geignarde du dévaronien l’insupporta. Ça, et le fait qu’il ne se gênait pas pour regarder Dana qui enfilait sa robe.
Furieux, Lloyd abandonna sa veste sur le générateur et n’eut que deux pas à faire pour attraper le bras de Mumkin et le faire sortir sans ménagement du petit local, claquant la porte derrière lui.

- Hé ! poursuivait Mumkin tandis que le hapien le tirait dans le couloir et qu’il était obligé de trotter pour ne pas perdre l’équilibre. Ça fait une heure que j’vous cherche partout j’ai bien cru que…

Lloyd s’arrêta quand ils furent suffisamment loin du local pour qu’il put s’exprimer sans être entendu de Dana. Il immobilisa Mumkin au milieu du couloir et pointa un doigt au milieu du front du dévaronien.

- Ta gueule, Mum, persifla-t-il en le fusillant du regard. Franchement ? Tu vas te plaindre parce qu’on t’a raccroché au nez et que t’as attendu ? Qu’est-ce que je devrais dire moi quand t’emmènes Dana dans des établissements pareils ? Et que tu lui parles des filles, et que tu lui parles de Mat’ ??

Il avait essayé de s’efforcer de garder la voix basse mais soudain il bouillonnait de rage. Mumkin recula d’un pas en levant ses paumes, habitué à se rétracter en cas de danger.

- C’est pas moi, j’te jure. C’est elle qui m’a posé des questions sur Mat’ et sur les filles, et moi j’suis resté évasif, j’te jure !
- Oui bien sûr, tellement évasif qu’elle s’est enfuie pour aller boire un verre avec des renégats ! Mais putain Mum j’croyais qu’t’avais compris qu’c’était pas le genre de trucs à raconter ! Et encore moins à elle !
- Oh ça va, t’as l’air d’avoir déjà réparé les pots cassés de toute façon, hein ? Tu devrais presque me remercier de t’avoir fourni l’occasion d’une réconciliation, bougonna-t-il en avisant les épaules dénudées du hapien, où des sillons rouges étaient encore à vif.

Le dévaronien tenta un petit sourire pour amadouer son patron. Lloyd ne s’en émut pas.

- La. Prochaine. Fois. Que Dana est pas bien, à cause de moi ou à cause de quoique ce soit, et qu’elle vient te voir, tu l’emmènes pas je sais pas où. Tu viens immédiatement m’en parler.

Mumkin détourna le regard tandis que Lloyd posait ses mains sur ses hanches, ses yeux dérivant vers la porte du local à quelques mètres de là.

- C’est ça qui t’saoule en vrai, hein ? Qu’elle soit venue me voir moi, constata platement Mumkin.

Ils se regardèrent de nouveau, neutres, avant que le hapien ne plisse les yeux.

- C’est surtout que vu comment on peut pas te faire confiance, visiblement, j’comprends pas comment elle a voulu s’ouvrir à un type comme toi.

Le dévaronien haussa les épaules.

- Ben la vérité a l’air plus facile à dire à un type comme moi qu’à un type comme toi, on dirait.

Lloyd soutint un moment le regard vexé de Mumkin avant que le pilote ne se détournât pour s’éloigner, en enfonçant rageusement ses mains dans les poches de sa combinaison.













- Bon, ça pourrait être un piège.

Mumkin jeta vers son patron un regard las avant de faire les gros yeux dans son dos à Dana, façon « ça y est il recommence », mais le hapien ne le vit pas.
Les trois acolytes étaient revenus dans l’une des allées principales par une voie de secours, loin de l’établissement devant lequel ils évitaient de repasser. Dans la station, la vie poursuivait son cours, indifférent à la cohue qui avait animé le niveau -1. Lloyd avait tourné sur lui-même dès qu’ils avaient réapparu, histoire d’être sûrs que les déserteurs renégats ne fussent pas quelque part à les guetter. Puis il se tourna vers Mumkin et Dana, et la mine fermée, leur fit face devant la devanture d’un magasin de souvenirs, où des objets de toutes les couleurs étaient marqués à l’effigie des derniers vainqueurs du tournoi d’astroballe.

- Ça m’étonnerait qu’il y ait un lien entre l’appel de la tour des communications et les renégats, mais ils risquent par contre de guetter l’endroit pour nous y retrouver. Alors on va y aller tous ensemble, mais quand on s’approchera, je vous laisserai y aller tous les deux pendant que je guetterai si nos amis les enseignes ayant oublié à qui allait leur loyauté rappliquent.

Il n’était pas question qu’on pût croiser l’apprenti du Castellan Noir, et avoir déserté la Marine dans le camp adverse pour s’en sortir à si bon compte. Pas s’il pouvait y faire quelque chose. Un peu plus tôt, il avait agi sans réflexion et perdu le combat, parce que voir Dana dans les mains de ce type lui avait fait perdre la raison. Mais il n’était pas le chien du Castellan pour rien, et il retournerait renifler la piste pour pouvoir s’occuper des renégats si ceux-ci n’avaient pas déjà pris la fuite.
Mais ce n’était pas la perspective d’une course-poursuite ou d’un combat qui le préoccupait : son regard émeraude, grognon, passait du dévaronien à l’Inquisitrice avec un avertissement silencieux.

- Ca veut dire que je vais vous laisser de nouveau tous les deux, expliqua-t-il en appuyant son regard vers Mumkin. Alors cette fois pas d’improvisation, ok ? Si les renégats sont à l’intérieur, vous bipez direct. Si jamais on doit se replier, notre point de rendez-vous c’est les toilettes des femmes du niveau -3, ok ? Il ne faut en aucun cas qu’ils identifient notre vaisseau. Si jamais le Sans-Visage est saboté, n’importe qui va pouvoir appeler des renforts pour venir cueillir l’apprenti du Castellan et la Princesse de Ch’hodos.
- Et leur valeureux pilote.

Lloyd le toisa de nouveau.

- Est-ce que c’est bien compris ?



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Darth Hope
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A la Dérive

Dana Shar, bienvenue au bureau central.






Dana avait roulé des yeux en l’écoutant s’inquiéter. Elle ne renchérit pas et suivant un plan holographique de la station, emboîta le pas dans un hall où des escaliers mécaniques, des turbolifts et des escaliers classiques déversaient un flot de vivants et de droïdes. Comme beaucoup de stations spatiales privées, Astroballe était une véritable ruche qui avait construit son succès sur les paris sportifs et les loisirs liés aux sports. Au fil de son existence, elle était devenue un creusot d’activités illégales blanchies par des façades à la conformité bancale. Aussi, Astroballe attirait une population hétéroclite qui se divisait en résidents permanents (qui travaillaient et habitaient la station) et de résidents transitaires venus pour raisons professionnelles, pour l’amour du sport, pour tout un de raison qui les feraient dégager tôt ou tard. Dans ce grand hall qu’ils traversaient, anonymes dans cette foule compacte, d’immenses écrans holographiques vantaient les mérites de produits, d’entreprises : il y avait même des publicités pour des établissements sur d’autres planètes afin de favoriser les échanges avec la station.

Pour atteindre la tour des communications Jorrson, il fallait emprunter les transports en commun interne à la superstructure. C’étaient des métro-speeders bondés à toutes heures de la journée et dont les lignes formaient un schéma complexe qu’ils eurent du mal à déchiffrer avant de comprendre sur quelle ligne embarquée. Trois cerveaux n’avaient pas été de trop. Les portes de la rame avaient recraché une masse de visages pressés dans une clameur mêlant cris, musiques, annonces. Et parce qu’il y avait du monde, de l’agitation qu’il était difficile d’anticiper d’où pouvait provenir le danger, Dana sentit la main de Hope l’attraper discrètement par le bras pour la rapprocher de lui avant d’embarquer dans le transport. Le trio s’installa sur une banquette. Les yeux de l’Inquisitrice étaient levés sur un panneau publicitaire qui leur faisait face, par-dessus les têtes de passagers. C’était la twi’lek souriante qui posait pour le test de grossesse à 99% de fiabilité. Elle poussa un long soupir et arracha sa vue à ce sourire grotesque qui semblait la narguer en permanence. Et ce faisant, elle chuta dans les profondeurs des prunelles vertes du hapien qui l’avait observé. Et elle ne sut pourquoi elle lui sourit ; peut-être pour lui signifier en silence que tout irait bien ; peut-être parce qu’elle pensait qu’il la trouverait plus belle avec un sourire. Finalement, leur arrêt s’annonça et elle rabattit sa large capuche sur ses traits féminins.

Comme convenu, dans le périmètre de la tour Jorsson, ils devaient se séparer. Avant que Hope ne joue aux limiers en reniflant les pistes renégates, elle le saisit brusquement par la main et le tira à elle pour plaquer sa bouche à son oreille. Un murmure s’échappa de ses lèvres :







Contrairement au reste de la station, la tour des communications était une zone peu peuplée et aérée. Elle était majoritairement entretenue par des droïdes protocolaires et des droïdes de communications dernier cri. Mumkin et Dana arrivèrent à un point de contrôle et ils furent les seuls être organiques des environs.

- Bienvenue à la tour Jorrson, veuillez confirmer votre identité, claironna une voix synthétique au sommet d’un portique de sécurité
- Dana Shar, articula-t-elle clairement.
- Dana Shar, répéta la voix après un court temps de latence. Pont des communications, bureau central.

Les portes cédèrent, elle les franchit et quand le dévaronien souhaita la suivre, elles se refermèrent sur son nez. Il grogna de contrariété et recula d’un pas.

- Bienvenue à la tour Jorrson, veuillez confirmer votre identité.
- Bah, Mumkin, grommela-t-il en se massant une corne.
- Bah, Mumkin. Aucun accès à la zone pour le moment. Veuillez vous adresser aux opérateurs de la Station, bureau des opérations, niveau 2.
- Hé Dana ! cria-t-il vers l’Inquisitrice qui se détourna.
- Reste-là, alors, je reviendrai vite.
- Tu déconnes ? s’étrangla-t-il d’une petite voix sidérée. Lloyd va me massacrer s’il apprend que je t’ai laissé aller toute seule.
- J’suis une grande fille, j’ai pas besoin de babysitter, tu pourras lui répondre ça.

Des droïdes de sécurité menaient des rondes oppressantes dans les couloirs de la tour. Shar se guida grâce aux indications de rares signalisations holographiques qui indiquaient le fameux « bureau centrale ». Parfois, elle croisait des robots protocolaires aux formes humanoïdes converser entre eux. Certaines discussions tournaient autour de la pluie et du beau temps, d’autres au sujet des dernières actualités comme la guerre civile, et des conversations s’interrompaient pour lui souhaiter joyeusement la bienvenue. Dana étendit la Force comme elle le put, pour tenter de se heurter à un danger proche, mais rien ne perturba son champ de sensitivité. Si c’était piège, soit elle était déjà engagée profondément dedans, soit les auteurs avaient loupé le coche. Les pans de sa bure volèrent autour de ses chevilles alors qu’elle accélérait le pas vers un turbolift qui donnait accès à l’étage du bureau central où elle fut encore accueillie par des droïdes protocolaires aux matricules différents.

- Dana Shar, bienvenue au bureau central.

Elle engagea un pas sur une immense passerelle circulaire dont les baies renforcées donnaient une vue imprenable sur l’espace intersidéral et les points lumineux qui le composaient. Elle apercevait les vaisseaux manœuvres pour accoster sur les quais de la station, ou ceux qui prenaient leur envol vers d’autres horizons. Contrairement aux niveaux qu’elle avait visités, régnait ici un calme imprégné d’une musique aux notes classiques et aérienne. Le mobilier était épuré, les consoles d’un blanc immaculé comme la luminosité des néons qui couraient au plafond. Des dizaines de droïdes travaillaient sur des terminaux holographiques, sans faire le moindre bruit.

- Inquisitrice Shar, surgit une voix grave sur sa droite et elle découvrit la silhouette d’un bothan en uniforme gris aux insignes de la station Astroballe. Par ici s’il vous plaît.
- Qui êtes-vous et par ici où ? demanda-t-elle un peu abruptement après s’être arrachée à la contemplation du spectacle qu’offrait le bureau central.
- Je suis Xymar, le responsable des communications de la station. Je vous amène à mon bureau, pour une liaison urgente et sécurisée avec Dromund Kaas.





Le bureau du bothan n’avait rien de lumineux. C’était un espace reclus et sombre qu’éclairaient de nombreux moniteurs holographiques. Il désigna un siège à Dana et elle s’y assit, un peu raide. Puis il manipula la console devant elle, lançant un protocole de liaison cryptée avant de quitter les lieux sans un mot de plus. Deux minutes plus tard, sur le socle d’un Holo-communicateur intégré dans le terminal se matérialisa une silhouette familière et lointaine. Les capteurs et senseurs braquèrent leurs rayons sur Shar pour transmettre son image à l’autre bout de la communication.

- Bonjour, Dana.
- Ma…maître Runà ? s’étonna-t-elle.
- Bonjour, Dana, répéta avec plus d’insistance la miraluka.
- Bonjour, répondit hâtivement Dana avant de se pencher, soucieuse. Que…comment ça se fait ?
- J’ai le bras long, ne te l’ai-je pas déjà dit ? Je ne fais que te montrer un exemple, pour que tu comprennes à quel point il me serait facile d’exécuter mes menaces, de t’atteindre ou de l’atteindre, où que vous soyez. Ton rapport sur Ch’Hodos, c’aurait été la moindre des choses puisque tu t’es entêtée à me désobéir.
- Je l’ai pas encore…en fait, j’ai été contactée pour une affaire urgente sur Nar Kaaga, concernant l’Inquisition Sith. Je serai de retour sur Dromund Kaas ensuite.
- Pas encore. Ensuite. Quelle indiscipline, sourit la Sith.
- Je reviendrai après ça, c’est…
- C’est étrange, la coupa Runà.

Sur le minois de l’Inquisitrice brillaient les reflets bleutés de l’holographie.

- Parce que Darth Laduim a le plus grand mal à récupérer son apprenti, à ce qu’il lui revienne. Tout comme moi, j’ai un mal fou à récupérer la mienne.

Contre ses cuisses, Dana serra les poings.

- J’avais besoin de soutien, je…je lui ai dit de pas venir, mais…souffla-t-elle avant d’abandonner sa misérable tentative d’explication. Elle n’avait pas les idées assez claires pour espérer tromper le flair de son Maître.
- Tes seuls soutiens sont à l’Inquisition. La guerre civile nécessite une réorganisation des prérogatives de nos Inquisiteurs. Certains sont envoyés sur les fronts, d’autres doivent se préparer à la défense de Korriban et de Dromund Kaas. Tu as été affectée avec les Inquisiteurs Kedrod et Zyna pour préparer les défenses de Kaas City.
- Zyna ? Sérieusement ? Cette pétasse à deux balles, bonne à sucer Bekhaar ?! enragea Shar.
- Oh, tu n’es pas bien différente, reprit Runà sur le même ton. Vous formerez donc une bonne équipe. Kedrod devra sûrement réfréner vos ardeurs, je le plains. Je te prierai donc de ne pas trop traîner sur Nar Kaaga, le temps ne joue pas en ta faveur.

Bien sûr que non. Si elle était vraiment enceinte, un compte à rebours de plusieurs semaines venait de s’enclencher quelque part, mais ça, Runà pouvait-elle le savoir ? Dana tâcha de diriger ses pensées vers autre chose.

- Ce soir, je vais à la rencontre de Darth Laduim. Un privilège qu’il me fait, en réalité. Mais qu’il n’a pu refuser quand je lui ai dit que j’avais des informations sur Lloyd Hope qui pourraient l’intéresser. Deux choix s’offrent à moi. Je pourrais lui expliquer que je t’ai engagé pour surveiller Hope, puisque son passé de déserteur n’a toujours pas quitté les dossiers de l’Inquisition, pour nous assurer qu’il tenait la route. Que tu faisais simplement ton devoir d’Inquisitrice et que Lloyd Hope est un Sith loyal, apte à obtenir les meilleurs honneurs, apte à obtenir sa frégate, que l’Inquisition Sith le soutient.

Le cœur de Dana bondit dans sa poitrine et elle darda sur l’image de Runà un regard surpris.

- Ou alors, je pourrais lui dire autre chose. Je pourrais lui dire que…tu nous as apporté des preuves de sa traîtrise, qu’il fomentait de déserter à nouveau, dès qu’il aurait libéré sa…compagne retenue sur Kaas City ? Que l’Inquisition Sith a un mandat contre lui, contre elle… Tu seras chargée de t’occuper de cette twi’lek. C’est ce que tu veux ? La tuer ? Laduim pourrait parler en faveur de son apprenti, mais certainement pas de cette femme. Que se passera-t-il quand on annoncera à Lloyd Hope que l’Inquisition Sith s’est occupée du cas de sa chère et tendre et que c’est l’Inquisitrice Dana Shar qui a porté le coup fatal.
- Que…quoi ?! s’exclama Dana en se redressant brusquement.
- Je te protège, Dana. Je t’empêche d’être la prochaine laisse du chien du Castellan Noir. Tu dois te débarrasser de Hope, fais ton choix concernant la manière. La douce, où il obtient sa promotion. La cruelle, où il perd tout, par ta faute. Que choisis-tu ?
- La première option, dit-elle sans réfléchir. Dîtes à Laduim, dîtes lui que Lloyd Hope est un Sith parfait, que c’est ce que dit mon rapport, que l’Inquisition le soutient, qu’il….qu’il peut obtenir sa frégate, tout ce qu’il veut.
- Et ?
- Et je reviendrai à Kaas, j’intégrerai l’escouade avec Zyna et Kedrod, je défendrai Kaas City.
- Tu le laisseras partir.

Ce n'était bien évidemment pas une question.

- Oui, je le laisserai partir.
- Si tu me trahis, on livrera la jolie tête de la Twi’lek à Lloyd Hope et il y aura ta signature dessus. Bon courage sur Nar Kaaga. A bientôt, Dana.

La liaison se coupa trop brutalement. Shar eut l’impression de chuter d’un millier d’étages et de ne rencontrer le sol qu’après avoir vu autant de vies défiler. Il y eût un vertige soudain et elle se laissa choir dans le siège face à un terminal holographique désormais silencieux et indifférent.






- Alors, on te voulait quoi ? demanda prudemment Mumkin une fois que Dana revenait au poste de contrôle.
- Une…communication urgente, un truc d’Inquisitrice, dit-elle en haussant les épaules.
- Ouais ben, on devrait rejoindre l’patron, j’ai pas de nouvelles de lui. S’il est tombé sur la bande renégate..
- Oui, oui ça va…mais je ne pense pas, ce n’était pas un piège, fit-elle, l’esprit ailleurs.

Puis Mumkin se pencha sur le comlink pour éructer :

- Lloyd, Lloyd, c’est Mumkin et Dana, on va rejoindre le point de rencontre, t’es où ?




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Lloyd Hope
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A la Dérive

"Astroballe est une station commerciale qui ne prend pas partie."  





Le hapien avait appuyé son épaule à une colonne de métal, où des fils électriques couraient, entortillés en mille tresses noires qu’une gaine souple isolait, sous une publicité tapageuse. A quelques mètres de là, à intervalles réguliers, le métro-speeder crachait une nuée de passagers plus ou moins pressé, et les allées et venues permettaient aux Sith de rester inaperçu tandis qu’il guettait, au loin l’entrée de la tour Jorrson. Il avait enfoncé une main dans sa poche tandis que l’autre apportait à ses lèvres un comlink qui venait de biper.

- Hé, Lloyd.
- Quoi ?
- C’est pour une plainte.
- Qu’est-ce qui se passe ?
- C’est Dana, elle est rentrée toute seule dans la tour, le droïde de sécurité m’a empêché de suivre alors elle a dit qu’il fallait que je te dise qu’elle avait pas besoin de babysitter. Et après c’est moi qui vais me faire engueuler encore !
- Ouais, j’ai vu.
- T’as vu ?
- Ben oui, j’vous observe, j’suis à cent mètres à peu près. Je t’ai vu te prendre la vitre.

Lloyd pouffa dans le comlink.

- Ha-ha, très drôle. Et alors, c’est tout ?
- Quoi, c’est tout ? Tu m’as prévenu dès qu’elle est partie, c’est très bien, voilà.
- Et elle, tu vas pas l’engueuler ?
- Hein ? Ecoute Mum, c’est pas le moment, t’as fait ce qu’il fallait, merci beaucoup et félicitations, ça suffira p’t’être pour le moment non ?
- Mouais.

Le hapien avait déjà raccroché de toute façon. Il rangea le comlink avec un soupir, guettant le dévaronien qui faisait les cents pas devant la tour. Pas de comité d’accueil, donc. Soit les renégats avaient fui, soit ils étaient à l’intérieur. Ou bien…

Clic.

Le son avait surgi si près de sa nuque qu’il s’était figé, yeux écarquillés, reconnaissant subitement le canon froid d’un blaster appuyé sur sa peau à la lisière de ses cheveux. L’adrénaline prit d’assaut son sang, le faisant battre follement à ses tempes mais il resta immobile. La foule se précipitait autour de lui et ne semblait pas voir, dans sa posture nonchalante, malgré la silhouette qui s’était dressée derrière lui, quoique ce fut d’anormal.

- Très bien, le chien, on reste calme. J’ai deux droïdes assassins qui m’accompagnent, et plusieurs agents dotés de blasters circulent autour de nous. Tu ne réaliseras pas une deuxième fois le tour de magie que tu nous as servi au Cherry Race, parce que les droïdes y seront insensibles et qu’ils t’exécuteront aussitôt. C’est dommage d’avoir oublié ton sabre laser, hein ?

Le hapien essayait de respirer calmement entre ses dents serrées, mais ses yeux fouillaient les alentours du regard. Et bientôt il aperçut un rodien posté avec une main dissimulée sous sa veste à quelques mètres de là, sur sa gauche. Sur sa droite, le type qu’il avait cru être occupé dans une conversation avait aussi la main cachée par un sac, tandis que l’homme en face de lui le toisait, l’œil froid. Lloyd prit une longue inspiration, rassemblant doucement la Force à lui, juste par précaution.

- Bon, tu vois le rodien à la veste en cuir devant toi, il va prendre la prochaine rame de métro-speeder qui passera, et tu vas sagement le suivre. Mes amis et moi, on sera tous derrière vous, et le canon que tu sens ne cessera de pointer ta nuque pendant tout ce temps. Alors pas de geste imprévu, et tu gardes tes mains visibles, compris ?

Les yeux de Lloyd fouillèrent une dernière fois les alentours. Il lui sembla repérer un autre agent. Il s’était fait prendre dans une toile comme un novice, parce que son attention avait été accaparée par la tour et Dana Shar, sans surveiller ses propres arrières. Il fallait accepter qu’on ne pouvait gagner à tous les coups.

- Compris.








Deux arrêts plus tard, ils étaient tous descendus, le rodien en tête, Lloyd ensuite et tout un tas d’individus hétéroclites derrière eux, de métal et de chair. Mais des renégats du Cherry Race, aucune trace.
Ils passèrent devant des façades luxueuses surplombées de lettres colorées. ASTROBALLE INDUSTRIES. Mais ils ne s’arrêtèrent pas et bientôt Lloyd fut poussé vers un turbolift étroit, où il entra avec le rodien, deux droïdes, et celui qui tenait toujours le blaster, qu’il put enfin voir : c’était un mirialan un peu plus petit que lui, à la face à demi brûlée, des yeux rouges et perçants, la musculature saillante sous ce qui ressemblait à un costume d’hommes d’affaire.

Le turbolift plongea dans les profondeurs de la station, et l’instant suivant ils émergèrent dans un dédale de corridors bétonnés et de portes métalliques dont chacune portait un numéro, comme une série de logements bon marché. D’autres droïdes et d’autres agents traînaient là, les toisèrent, aux aguets, quand ils passèrent tous les quatre. On le conduisit jusqu’au numéro XC48, où le rodien déverrouilla la porte à l’aide d’un badge.

De l’autre côté, le hapien s’était attendu à une cellule comme il en avait vu d’autres – Kaas City, Korriban, Ch’Hodos. Il y avait quelque chose d’universel dans tous ces endroits où on l’avait interrogé, torturé parfois : elles étaient dénudées, sombres et sales, comme pour rappeler à l’occupant qu’il n’avait aucune valeur pour ses hôtes, qu’il n’y avait aucune issue possible, ni aucune distraction pour le laisser seul à ressasser sa situation. Lloyd avait appris à composer avec ça. Laduim lui-même l’avait entraîné, en quelques sortes. Il avait appris à endormir sa vigilance et sa terrer sous des couches et des couches d’inconscience et de rêvasserie, pour s’anesthésier, et il avait déjà commencé ce drôle de travail quand il fut poussé à l’intérieur…

… d’un bureau, propret et même décoré de quelques hologrammes lumineux. Un meuble central était surmonté de moniteurs et de lampes d’un jaune rappelant les lueurs d’un astre véritable et des sièges entouraient cet îlot au milieu d’armoires pleines à craquer de blocs de données ancienne génération. De l’autre côté du bureau, un bothan à la fourrure claire, doté de petites lunettes leva vers les arrivants son regard calculateur.

- Ah ! fit-il comme s’il les avait attendus. Bien, bien, asseyez-vous.

Lloyd se sentit poussé par le mirialan de la pointe du blaster et il hésita un bref instant, interdit, avant d’aller effectivement s’asseoir dans l’un des sièges métalliques, inconfortable et rigide. Aussitôt, le bothan leva devant lui un datapad et ses yeux allèrent de l’écran au hapien, puis du hapien à l’écran.

- Ah, c’est bien lui, confirma-t-il avec un coup d’œil vers le mirialan, avant de poser l’objet et de croiser les mains sur le bureau pour s’adresser à Lloyd. Capitaine Hope. Que nous vaut l’honneur de votre présence ?
- Hum, hésita le hapien. C’est plutôt à vous de me dire pourquoi je suis dans ce bureau, non ?
- Oh, vous êtes dans ce bureau pour discuter, et notamment nous dire ce que vous faites sur la station Astroballe.
- Ah. Je… J’étais que de passage pour une course, en fait.
- Avec une Inquisitrice, pour finir par semer la terreur dans l’un des établissements les plus prisés du moment ?

Lloyd ne put s’empêcher de regarder autour de lui avec un sourire amusé. Le mirialan croisa son regard mais resta stoïque, son blaster toujours pointé vers le cou du hapien.

- Attendez, vous m’avez fait venir pour ça ? Suffisait de me convoquer hein, je serais venu. C’était pas la peine de sortir le grand jeu. Enfin, je préférais pas qu’on appelle mon nom sur toute la station comme vous avez fait pour Shar, alors je suppose que je dois vous dire merci pour votre grande discrétion.
- Ça ne répond pas à ma question, Capitaine Hope. Que faites-vous sur Astroballe ?
- Je vous disais la vérité, je n’étais là que pour une course. Ça aurait dû prendre moins de quelques heures mais il y a eu un petit incident au… Cherry Race, c’est ça ? Où j’ai été ravi de constater que des renégats y avaient construit leur petit nid.
- Mmh. A ce sujet, justement. Astroballe n’est pas une station où doit se dérouler la guerre civile impériale. Astroballe est une station commerciale qui ne prend pas partie. Elle n’est ni loyaliste, ni renégate ; elle fait des affaires et elle compte bien garder ce statut.
- Grand bien vous fasse.

La fourrure du bothan parut frémir quand il s’enfonça dans son fauteuil, croisant les bras. Il y eut un silence, puis un petit bip provint de la veste de Lloyd. Le hapien n’eut pas le temps de tirer le comlink avant que la voix de Mumkin ne grésille.

- Lloyd, Lloyd, c’est Mumkin et Dana, on va rejoindre le point de rencontre, t’es où ?

Le hapien éteignit aussitôt, pour être sûr que si Mumkin envoyait un second message, contenant un indice sur le point de rendez-vous, il ne pût être entendu.

- Donnez-nous cela, Capitaine Hope.
- Je l’ai éteint. Venons-en au fait, qu’est-ce que vous attendez de moi ? Des excuses ? Un dédommagement pour les pertes du Cherry Race ?

Mais le mirialan au blaster s’était rapproché d’un pas lent et tendit sa main libre. Lloyd le regarda mais refusa de donner le comlink en secouant la tête avant de contempler le bothan de nouveau. Celui-ci laissa échapper un soupir.

- Vous savez, Capitaine, il y a ce que l’on aimerait faire et ce que l’on est forcés de faire. Il y a l’affichage, et ce qu’on peut faire pour le préserver.
- De quoi parlez-vous ?
- Astroballe n’est pas une station où doit se dérouler la guerre civile impériale, répéta le bothan. Astroballe est une station commerciale qui ne prend pas partie. Et pour qu’on nous laisse tranquille, pour préserver cela, nous sommes obligés de payer notre tranquillité, en quelques sortes. A ceux qui viennent nous menacer. Fort malheureusement, le camp renégat nous demande des sommes astronomiques et nous ne pouvons pas toujours payer en crédits sonnants et trébuchants. Alors nous saisissons les opportunités lorsqu’elles se présentent.

Lloyd crispa ses mains sur ses genoux.

- Attendez. Vous parlez de me livrer aux renégats.
- Pas si vous appelez le Castellan Noir pour que celui-ci nous propose une meilleure protection.
- Quoi ? Non. Vous êtes mal informés ; ça ne fonctionne pas comme ça. Le Castellan ne fonctionne pas au chantage, il se contentera de me lâcher et me remplacer. Donc il ne vous reste plus qu’à me livrer, bluffa-t-il, pas de problème.
- Vous, l’Inquisitrice et le pilote ? demande le bothan en faisant mine d’être surpris.

Et l’alien tourna l’écran de son moniteur vers Lloyd pour que celui-ci pût voir l’image à l’écran. C’était une caméra de surveillance. On y voyait l’entrée de la tour Jorrson, devant laquelle Mumkin et Dana semblaient être absorbés dans une conversation animée. Lloyd laissa échapper un soupir de dépit et détourna le regard.

- Bon, se décida-t-il. J’appelle le Castellan si vous les laissez partir. Je veux les voir partir et après ça, j’appelle Darth Laduim.









La pièce voisine n’était pas un bureau. C’était une cellule des plus ordinaires, du genre de celles à laquelle Lloyd s’était attendu initialement. On lui avait retiré sa veste, sa ceinture, vidé les poches de son pantalon, et même ses bottes, pour qu’une fois seul il ne pût rien utiliser pour sortir ou pour s’en prendre à lui-même. Le mirialan et les droïdes le tenaient toujours en joue, et on entendait dans le corridor passer de curieux surveillants.

- Passe ton message, aboya celui qui tenait le blaster.

Lloyd porta le dernier objet qu’on lui avait laissé à ses lèvres. Le petit cylindre eut un bip discret quand il l’alluma.

- Hum. Mumkin ? C’est pas la peine de m’attendre, oubliez le point de rendez-vous. Retournez au vaisseau et décollez. Rentrez sur Kaas, je prendrai un transport.

Il y eut un silence, pendant lequel Lloyd croisa le regard du mirialan. Puis :

- Lloyd ? Hein ?! Mais… Qu’est-ce que tu racontes ?
- Ouais en fait, j’suis malade, reprit-il rapidement, en soutenant le regard de son geôlier. Et très contagieux, j’ai dû aller à l’hôpital. Si Dana me voyait, elle me dirait que ma tête ferait gerber un rancor, j’te jure. Filez vite, ok ?

Le hapien coupa la communication pour que le dévaronien ne pût poser davantage de questions, et croisa les doigts pour que Dana eût tout entendu. Et qu'elle eût bonne mémoire. Le mirialan lui arracha le comlink des mains.



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Tu cherches ton petit capitaine à la gueule d’ange ?






« Ma tête ferait gerber un rancor… »

- Bon bah…admit Mumkin, contrarié, on retourne au Sans-Visage.

Les ordres étaient les ordres, aussi extravagants qu’ils étaient, le dévaronien était payé pour obéir à son patron. A ses côtés Dana avait perdu le peu de couleur qui lui restait, soudainement éveillée de sa stase où la voix de Runà tournait en boucle dans ses oreilles terrorisées. Elle eût un léger sursaut :
- Non. Non. On peut pas retourner au vaisseau comme ça. Y’a un truc qui va pas, Faut trouver Lloyd !
- Hein ?!  
- Il doit avoir des soucis, c’est…je t’expliquerai plus tard !






Le panneau de la cabine d’essayage changea de teinte pour dévoiler la silhouette de Dana vêtue d’un short court et d’une brassière rouge sang qui s’alliait parfaitement à une veste de cuir écarlate ouverte sur un décolleté à la chute mortelle. Mumkin cligna des yeux. Autant de couleur sur Dana Shar, c’était inattendu. Elle ouvrit la porte et tourna sur elle-même pour que le pilote puisse donner son avis.

- Tu veux qu’on passe inaperçus, mais tout le monde va se retourner sur ahm, tu sais quoi…grimaça-t-il, en mimant les courbes d’un fessier.
- Ils m’ont sans doute repéré, dans la foule ils chercheront une bure noire, une robe noire, et….des cheveux rouges..

Le cornu déglutit en relevant ses yeux arrondis sur la perruque blonde qu’elle arborait, et qui encadrait son minois sévère d’un carré sophistiqué. La fureur de l’adrénaline avait remplacé la fatigue, les nausées qu’elle refoulait tant bien que mal. Le regard de Mumkin
redescendit sur les jambes de Dana qui paraissaient désormais interminables perchées sur des cuissardes aux talons hauts.

- J’peux prendre une photo ? Pour la postérité.
- Plus tard, on a plus urgent à faire, fit-elle en traçant vers le comptoir et indiquant à Mumkin que, puisqu’elle était à sec, il devait payer ce nouveau déguisement.

Il grommela un peu, mais accepta et dès qu’ils furent dehors, s’empressa de trotter à sa hauteur, le visage énigmatique :

- Retiens que t’as pas dit non pour la photo !
- J’ai pas dit oui, non plus.
- Mouais, alors on fait quoi pour Lloyd ?

Dana réfléchissait. Elle avait chaud sous sa perruque, ses chevilles lui donnaient l’impression de se briser à chaque pas et son état nauséeux était insipide, mais elle tâchait d’élaborer un plan. Elle s’arrêta devant une large galerie grouillante de monde qui menait aux quais d’amarrages de la station et fronça les sourcils.

- Je. Toi tu obéis à ton patron, tu…décolles avec le Sans-Visage et tu disparais des radars. Tu as toujours le contact de la petite balosar ?
- Hein ?







Les néons violacés du drug’store rendaient toujours l’âme et offraient le spectacle d’une Dunne qui nageait dans une bure d’Inquisitrice un peu trop grande pour elle. Mumkin lui avait envoyé un message et ils avaient convenu d’un rendez-vous à l’arrière-salle de la boutique. Il avait payé l’adolescente, avait joué d’un peu de ses charmes, afin qu’elle accepte de leur rendre ce service. Poussée par la volonté de vivre une aventure qui briserait son morne quotidien fait de toxico et de vol à l’étalage, elle avait saisi l’occasion. Cas contraire, Dana avait été prête à user de la Force pour la convaincre. Alors qu’elle tirait la grande capuche sur ses antennes et ses cheveux rouges, elle lança à la Sith :

- Alors, c’est positif ?
- De quoi ?
- Le test, c’est positif ? s’agaça Dunne.

Les joues de Shar s’empourprèrent soudainement.

- Hein quel test ? interrogea Mumkin, tout curieux.
- Rien, le coupa sèchement Dana avec un regard d’avertissement vers Dunne qui se contenta de hausser les épaules.

Quelques minutes plus tard, deux silhouettes quittaient Astro’drug. Un pilote dévaronien et une Inquisitrice en bure. Ils empruntèrent le chemin du quai où était amarré le Sans-Visage. Les détecteurs des holocaméras de surveillance se braquèrent sur ce duo qui apparaissaient dans les filtres de priorité : un dévaronien et une bure noire. Ils enregistrèrent l’embarquement des deux individus à bord du Sans-Visage et plus tard, Mumkin enclencha la procédure d’autorisation de décollage. Peut-être que l’on avertirait, quelque part, un otage blond, que son vaisseau avait quitté la station, avec tous ses passagers sauf lui. Peut-être qu’il penserait que le code n’existait plus, que plus personne ne viendrait l’aider.




Sauf, une petite blonde sur talons haut, à la tenue provocante et au regard cerné. Elle poussa les portes du Cherry Race, fermé pour cause de « rénovations », c’était écrit à l’entrée. La grande salle était baignée d’une lumière froide tandis que des droïdes nettoyaient et réparaient les dégâts de la rixe qui avait opposé Lloyd Hope à un groupe de renégats. Dhimmi se tenait derrière le comptoir, un air contrarié sur la figure, une cigarette pincée entre ses lippes sévères. Son barman secouait la tête, dépité.





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- Et ben qui revoilà ! C’est quoi ce déguisement ? On est fermé, t’as pas vu que c’était écrit à…

Il ne termina pas son laïus habituel, étranglé par une Force invisible que Dana contrôlait au cœur de sa paume contractée. Il éructait des tentatives de respirer un peu d’air, mais c’était à l’intérieur que ça se passait. Dhimmi sauta par-dessus le comptoir pour se jeter sur Dana. Cette dernière leva son autre main et la repoussa à l’aide en projetant la Force sur elle. L’éborgnée geignit de douleur quand son dos heurta le comptoir et qu’elle s’étala, renversant les chaises hautes du bar.

- Je suis pas venue ici pour rembourser une dette, ok ?
- T’es sûre de ça ? s’exclama une voix depuis la plateforme surélevée qui avait accueilli le carré VIP.

La mirialan au chignon strict se tenait là, flanqué d’une autre Lame Rouge. L’Inquisitrice leva ses yeux surpris vers le duo d’impériaux et relâcha la pression. Le barman s’effondra derrière le bar, les lèvres violacées, le visage soudainement bleu.

- On s’occupe de la sécurité de l’établissement maintenant.
- Et t’as encore une dette envers lui, renchérit l’autre.
- Et si tu peux pas payer, et bien tu sais comment ça se règle entre Lames Rouges.
- J’ai pas le temps pour ça ! enragea Dana.
- Tu cherches ton petit capitaine à la gueule d’ange ? sourit la militaire en se penchant, amusée. Il vaut cher sur le marché de la guerre civile, il paraît. T’es quoi au juste ? Sa putain ? Son Inquisitrice personnelle ?  
- Vous savez où il est ? espéra-t-elle.
- Peut-être bien. Il se pourrait même qu’on sache exactement où est ce cher capitaine. Déjà en route pour Ziost, peut-être, la tête détachée de ses épaules ?
- J’sais pas, Darth Ramken le préférera peut-être vivant ?

Le pouls de Dana s’accéléra. Elle se sentait complètement impuissante alors que les deux autres plus hauts ricanaient à coups de suppositions morbides. Pendant ce temps, Dhimmi s’était relevée et parce que Shar avait baissé sa garde, concentrée sur les déserteurs, elle put passer un bras autour du cou de l’Inquisitrice et l’immobiliser contre elle d’une poigne de fer. Dana, surprise, tenta de se défendre en vain. Sur la plateforme, les ricanements se muèrent en rires insupportables. Jusqu’à ce que l’œil unique de la twi’lek se ternisse, voilée par le commandement d’une Inquisitrice Sith rageuse. La Force avait étreint l’esprit de Dhimmi pour y accueillir la volonté de Dana. Doucement, elle fut relâchée. Et en haut, on ne riait plus.

- Qu’est-ce qu’il te prend Dhimmi ?! Tue cette garce.

Et quand la twi’lek se rua vers le carré surélevé , la mirialan alluma son sabre-laser.
Dana en profita pour faire demi-tour, les dents serrées de rages, courant sur ses talons hauts, bousculant la foule qui se pressait aux abords des cantinas et des échoppes de loisirs. On lui hurlait dessus, mais elle fendait le public comme un boulet de canon avant que le souffle vienne à lui manquer et qu’elle s’adosse à une paroi, la respiration saccadée, les joues rougies par l’effort.
















- Dana Shar.
- Dana Shar. Aucun accès à la zone pour le moment. Veuillez vous adresser aux…
- Je t’emmerde, grinça-t-elle avant de forcer les portiques à l’aide de la télékinésie, ce qui déclencha immédiatement une alarme stridente.

Elle s’engouffra dans la tour Jorrson alors que des droïdes de sécurité la prenaient déjà pour cible. Elle déploya un bouclier de Force pour absorber les tirs, le temps de courir, d’atteindre le turbolift qui refusa de s’ouvrir, verrouiller par la procédure de sécurité en cas d’intrusion. Elle glissa vers les escaliers de secours qu’elle monta quatre à quatre, manquant de se rompre le cou à cause de ses talons, mais récupérant son équilibre grâce à ses modestes talents d’acrobate. Ses mains agrippaient les rambardes pour y prendre appui et se donner de l’élan. Des diodes rouges, en diapason avec l’alarme jetaient des fantômes rougeâtres sur ses traits inquiets. Et elle déboula dans le bureau central où elle fut accueillie par une dizaine de canons blaster entre les bras mécaniques de droïdes de combat. Entre ses côtes, un affreux point pulsait tant elle était essoufflée. Xymar, le bothan à l’uniforme gris, apparut entre les robots, l’air grave.

- Vous travaillez pour Runà ? N’est-ce pas ? Alors vous devez m’aider !
- Je ne connais pas ce nom, déclara-t-il. Je vais vous demander de quitter les lieux, vous n’avez pas d’autorisation.

Clic, clic, clic. Les sécurités des blasters venaient de sauter et pas pour le mode paralysant.

- Attendez ! Je veux juste retrouver mon équipier, Lloyd Hope, grand blond, hapien…je cherche pas à…
- Je ne connais pas ce nom, non plus, fit-il, prêt à donner l’ordre à ses droïdes de tirer.
- Vous m’emmerdez ! hurla-t-elle soudainement et une onde de choc repoussa droïdes et Xymar. Les tirs fusèrent dans l’incohérence la plus totale. Si vous pensez que je ne suis pas capable de réduire cette station en miettes, vous vous trompez ! reprit-elle tandis qu’au sol, Xymar reprenait ses esprits. Je suis une foutue Inquisitrice de l’Ordre Sith, vous êtes en espace impérial ! Vous allez obéir ou je vous tue avant que vos droïdes ne m’atteignent.

Elle manipula la Force, construisant une protection autour d’elle et cherchant à atteindre la trachée du Bothan, prête à le tuer d’une seule longue, très longue pression.

- St..stop ! céda-t-il et il ordonna aux droïdes de reculer.


Dans l’office de Xymar, les moniteurs holographiques montraient la silhouette de Hope accompagnée d’autres individus. Les prunelles dorées de Dana observaient les scènes, sidérées.

- Ils l’emmènent où…


Le bothan garda le silence.

- Ils l’emmènent où ? répéta-t-elle au bord de l’hystérie, le teint blafard, les tripes prêtes à rendre l’âme.
- Chez Jorrson Operations.
- Hein ? C’est où ?
- Dernier niveau,  mais…


Elle était déjà sortie en trombe. Xymar actionna un dispositif de communication d’une main tremblante.









Dana dévalait les escaliers en sens inverse. Dans le couloir de la tour, elle bouscula des droïdes protocolaires qui s’indignèrent de son impolitesse. Les droïdes de sécurité avaient étrangement disparu, mais elle n’enregistra pas ce détails, trop occupée à chercher des yeux un plan, une indication, n’importe quoi qui la menerait au niveau des Opérations de la station. Elle retrouva la foule agitée des transports internes, les galeries commerçantes animés, la clameur des publicités qui glorifiaient le classement des derniers matches sous les cris houleux des parieurs désenchantés qui scandaient que c’était de la triche. Elle se sentait comme une étrangère et elle sentait qu’elle avait perdu le sens des réalités. Elle appuya à la vite sur le bouton d’un turbolift, poussa les gens qui en sortaient pour s’engouffrer dedans et presser maladivement la commande pour le dernier niveau.







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Ca sentait le plan Shar à plein nez. 





Au bout d’un quart d’heure, peut-être une demi-heure à attendre seul, assis au sol et menotté à un tuyau de métal, le bothan était entré dans la cellule de Lloyd, en compagnie du mirialan et des deux droïdes, pour lui mettre sous le nez un écran. On y voyait deux silhouettes embarquer à bord du Sans Visage : Mumkin et une Inquisitrice en bure. Puis la navette décollait rapidement, et le hapien laissa échapper un soupir.
Soit ils étaient partis, et c’était à lui de se tirer d’affaire tout seul, désormais.
Soit sous la bure se cachait quelqu’un d’autre que Dana Shar, ce qui signifiait que Mumkin était partie sans elle et qu’elle était quelque part, toujours dans la station, malade, probablement pour le récupérer, sans savoir où il était, sans qu’ils aient un quelconque moyen de repartir. Super. Ca sentait le plan Shar à plein nez.

- Déjà ? maugréa sincèrement le hapien, quand le mirialan s’était approché pour défaire l’attache des menottes et le faire lever. On va où ?
- Là où tu pourras dire bonjour à ton patron de façon plus présentable, rétorqua son geôlier avec une moue amusée.

Ils quittèrent tous ensemble la pièce en empruntant les couloirs. Des allées bondées de monde, Lloyd ne vit plus la couleur. Des coursives étroites, des passerelles de service, un turbolift à code, et ils s’enfoncèrent dans la station comme des fantômes invisibles, par ces chemins que seuls connaissaient les techniciens et... ceux qui travaillaient aux affaires discrètes de la nation. Au fil de leur chemin, d’autres droïdes lourdement armés se joignirent à eux, et le hapien commença à s’inquiéter : pourquoi tant de sécurité, tout d’un coup ?








- L’enregistrement est lancé ! Allez-y, capitaine, lisez-donc votre plaidoyer.

Lloyd se tenait debout, les mains menottées dans son dos, seul au bord d’une estrade qui surplombait d’environ trois mètres le sol d’une salle circulaire et brillamment éclairée par d’énormes projecteurs braqués sur lui. Dans cette large pièce qui rappelait les auditoriums où se produisait de grands spectacles, faite en réalité pour exposer de nouveaux modèles de véhicules et les prendre en photo et en holo sous toutes les coutures, le seul public présent n’était autre que le mirialan, le bothan et tout un escadron de droïdes. Un peu plus tôt, deux autres bothans très bien vêtus étaient passés pour voir l’apprenti du Castellan de leurs propres yeux, avaient échangé à voix basse avec le troisième bothan, puis ils étaient repartis en discutant à voix basse.

Enfin, un dernier droïde avait été apporté, et celui-ci avait braqué un objectif vers le hapien pour enregistrer le fameux message.

Cet instant n’aurait dû être qu’une formalité. Qu’y avait-il de compliqué ? Demander à Darth Laduim de faire quelque chose pour la station, l’informer de la situation, prier pour qu’il fît vite. Mais d’entre ses lèvres ne sortit qu’un souffle saccadé, tandis qu’il sentait la chaîne tinter doucement à ses oreilles.

Une chaîne autour du cou, qui le maintenait légèrement suspendu au plafond. Et quand on pousserait l’estrade, si Darth Laduim mettait trop de temps à répondre…

- Heu, hésita le mirialan. Il parle pas. On redémarre l’enregistrement ?
- Non, non, répondit le bothan à voix basse. Cela traduira l’urgence de la situation. J’ai travaillé dans le marketing autrefois…

Lloyd n’entendait pas cette conversation. Il n’arrivait pas à se concentrer. Sans sa veste, roulée en boule avec le reste de ses affaires à quelques pas de là, ses épaules et ses bras étaient dénudés, et il avait froid. Et pourtant, il sentait les gouttes de sueur perler sur son front, dans son cou, humidifiant peu à peu son débardeur. Il fronçait les sourcils, les yeux fixant l’objectif qui se tenait à quelques mètres de lui et qui l’enregistrait ainsi positionné, les pieds si près du bord de l’estrade que le bout de ses orteils étaient dans le vie.

- BON ! HOPE !

Le hapien ferma les yeux un bref instant pour se reprendre. Allons. Il avait déjà été près de mourir, qu’y avait-il, maintenant ? Il prit une inspiration avant de parler.

- S-Seigneur Laduim, parvint-il enfin à articuler. J’ai été capturé par des renégats sur la station Astroballe. Astroballe Industries offre de racheter ma vie si… Si vous lui versez la somme de huit millions de crédits d’ici cinq heures, sur les coordonnées bancaires jointes à ce message.

Il eut l’impression d’avoir le vertige. La pensée qu’il put chuter par inadvertance, ou tout simplement s’évanouir et mourir dans l’instant, pendu, lui donna une nouvelle sueur glaciale. Il devait faire de gros efforts pour rester concentré sur ses paroles mais tout un tas de pensées parasites obstruaient son esprit. Il ne savait pourquoi, il pensait à Jabiim. A Liam. Pourquoi ?

- Je… Astroballe Industries est consciente de la somme considérable que cela représente. Ils disent que… C’est peut-être trop cher payé pour ma personne, poursuivit-il d'une voix blanche. Que dans ce cas ils comprennent, que vous pouvez essayer de négocier avec les renégats directement mais que ça ne fonctionnera probablement pas parce que… Parce qu’ils veulent ma tête et que… Ma vie n’est préservée que parce qu’Astroballe Industries est intervenue pour essayer d’empêcher le sang de couler.

Sauf que si je meurs de cette façon-là, il n’y aura pas de sang. Il est nul, leur script. Est-ce que Svan s’en occupe bien, maintenant ?

- Et donc, si vous n’êtes pas prêt à la payer, la menace sera mise à exécution. Hum… Astroballe… Astroballe n’est pas une station où doit se dérouler la guerre civile impériale. Astroballe est une station commerciale qui ne prend pas partie. Elle n’essaie ici que de rendre service en comptant ses intérêts, en vous envoyant… Tout le respect qui vous est dû… Maître.
- Bien, coupez !

La petite lumière du droïde qui filmait s’éteignit, et l’instant suivant, la partie arrière de la machine s’ouvrit sur un petit compartiment. Le bothan n’eut plus qu’à se pencher pour récupérer la petite carte sur laquelle était enregistré la vidéo.

- Bon, il te reste plus qu’à le maintenir éveillé six ou sept heures. Fais attention à ce qu’il tombe pas avant l’heure, ce serait bête.
- Six ou sept heures ? Je croyais cinq ?
- Monsieur le Directeur et son Comité vont vouloir visionner le message avant qu’il soit transmis, donc on va prévoir un peu large. Je vais aller poster ça sur le réseau social interne, pour avoir leur avis.
- Oh, ok, alors, à tout à l’heure.

Le bothan partit d’un pas traînant et le mirialan soupira en commençant à faire les cent pas, zigzaguant entre les droïdes.

Le hapien essayait de rester calme, mais parfois un frisson l’étreignait et cela faisait tinter la chaîne qui lui serrait le cou, comme un rappel subtil de sa situation mortelle. Il ferma les yeux pour essayer d’échapper à la lumière intense des projecteurs, mais cela ne fit que le plonger dans des tourments intérieurs, qui lui donnaient tout autant le vertige. La peur de tomber, de se briser le cou. A l'intérieur, comme en vrai. Un miroir mortel, et où étaient les jambes de Dana Shar pour découper la nuit, sour les projecteurs ?



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La subtilité, sa grande spécialité...






Dana longeait un long couloir. Le revêtement au sol était enduit d’un vernis qui reflétait la blanche lueur des néons de service. Il y avait beaucoup de matériels entreposés de part et d’autre de la coursive. Progressivement, elle avait rencontré moins de monde et l’agitation s’était tarie au profit d’allées et venues plus machinales et plus calmes. Des employés de maintenance en uniforme de travail, des droïdes de réparation d’une banalité affligeante. Elle avait atterri dans les entrailles mécaniques d’Astroballe, non loin de son cœur qu’était le bureau des Opérations. Les recycleurs d’oxygène vrombissaient dans les conduits d’aération et brassaient un air tiède, chargé d’odeurs de carburants et d’huiles. Plus haut, il serait filtré et parfumé afin de ne pas incommoder les narines des habitants et des transitaires, puis il se chargerait en CO2 et en effluves mixtes : fumet de repas, d’alcool, de sueur, etc.

Et elle titubait un peu, s’appuyant d’une main contre la paroi. La fatigue menaçait lentement de l’engourdir, mais elle devait tenir. Elle avançait lentement, car elle se concentrait pour rappeler la Force à elle, une Force fuyante depuis son exploit en demi-teinte à la tour des communications Jorrson. Parfois, sa main heurtait des portes, et elle tentait d’actionner leur ouverture, en vain : elle n’avait pas de carte de sécurité ni d’autorisation pour accéder à ces parties là et cela la rendait malade. Elle imaginait que Lloyd pouvait être derrière chacune d’entre elle. Son cerveau refusait de ralentir. Il s’échauffait alors qu’elle réfléchissait à la meilleure solution, qu’elle se demandait ce que Hope aurait fait à sa place. C’était lui le stratège. Il avait toujours été le plus doué des deux pour tisser des plans de bataille ; plus doué qu’elle ne le serait jamais. Déjà sur Artorias, lorsqu’il l’avait briefée, elle avait été impressionnée par son intelligence. En cet instant, quand une énième diode rouge lui refusa l’accès à une zone, elle désespérait. Elle désespérait que son intelligence à elle ne soit pas suffisante pour le sauver.

Elle comprenait que le Sans-Visage était désormais hors d’atteinte, qu’il ne pourrait pas revenir les sauver sans être saboté ou retenu. Elle comprenait qu’elle ne pourrait pas simplement se lancer dans les flammes, tête baissée. Si elle libérait Lloyd Hope par la méthode brutale, toute la sécurité de la station serait à leurs trousses, ils seraient piégés. Elle devait privilégier la subtilité autant que faire ce pouvait. La subtilité, sa grande spécialité donc.

Parfois, un employé lorgnait sur elle, surpris, excédé ou curieux, mais personne ne lui adressait la parole. Ils n’étaient que des ombres, des petites mains anonymes qui maintenait ce caillou d’acier à flot dans l’espace. Elle laissa la Force irradier autour d’elle, dans l’espoir d’heurter celle de Lloyd, de d’entendre le fil écarlate vibrer quelque part. Et il y eut une vibration, à peine plus décelable que la dernière réplique d’un séisme quand on était loin de l’épicentre. Elle levait les yeux vers un panneau, déchiffra « Jorrson Operations » aux lettres à la peinture un peu écaillée et tourna dans cette direction. Mais alors qu’elle s’apprêtait à emprunter énième turbolift, moins spacieux que ceux qui transportaient les habitants d’un niveau peuplé à l’autre, un bruit attira son attention.

Elle se dépêcha de se mettre à couvert derrière une pilastre composée de câbles gainées et de plus petits fils. A quelques mètres, un bothan venait de quitter une des portes qui lui avaient été inaccessibles. Un bothan. Avec le même unfirome gris que celui des communications. Il y eut comme un contact, une étincelle qui vrillait entre les deux yeux dorés de l’Inquisitrice et dès qu’il disparut à l’angle de la coursive, dans la direction opposée, elle se précipita dans un sprint inélégant. Son corps passa in extremis les portes qui se refermaient déjà et elle fut aveuglée par des lumières brillantes, dans une salle immense, qu’elle ne soupçonnait pas d’exister dans ces bas-fonds sombres. Elle plaqua une main en visière sur son front avant de plisser le regard. Son attention fut attirée par une silhouette au bord d’une estrade dans cet espace circulaire et dès qu’elle reconnut Lloyd, elle souhaita s’élancer.

- Eh, t’es déjà revenu ? Ca tombe bien j’ai envie de pisser en fait.

Un mirialan avait surgi pour s’adresser dans sa direction. Puisqu’elle était à contre-jour, et éloignée, il avait dû la confondre avec son collègue. Elle s’empressa de s’accroupir pour se dissimuler derrière un caisson, le cœur au bord des lèvres. Elle avait tellement envie de vomir.

- Bordel, j’ai pas rêvé, il était là ce con. Eh à quoi tu joues ?

Elle ferma les yeux, jurant intérieurement tandis qu’elle entendait les pas du mirialan se rapprocher et résonner dans la grande salle. Bientôt son ombre recouvrit le container qui lui servait de cache. Il lui tournait le dos. Soudain, une idée explosa dans son esprit à la dérive, elle se redressa vite et attrapa le poignet de l’inconnu. Ce dernier se retourna, chercha la crosse de son blaster, mais il était déjà trop tard.




Les droïdes de sécurité postés près de l’estrade levèrent leur arme vers l’étrangère qui accompagnait le mirialian aux yeux désormais vitreux dont la clarté maussade contrastait avec la peau olivâtre. Dana lui avait subtilisé son blaster. Sa volonté chuchota dans la Force, berçant l’esprit soumis.

- C’est ok, elle est avec moi, fit-il vers les droïdes qui reconnurent sa voix et se mirent en stand-by.

L’Inquisitrice quitta prudemment l’ombre de sa marionnette et se rapprocha de l’estrade, pas après pas. La précipitation risquerait de perturber sa concentration et de rompre l’emprise qu’elle avait sur l’ennemi. Et voir Hope enchaîné par le cou, prêt à être pendu mit sa patience à rude épreuve. Elle engagea un combat contre elle-même, contre le désir inconscient de se hâter vers lui. Finalement, sa main échoua sur la scène près des pieds du prisonnier. Elle se hissa dans un gémissement d’inconfort, agrippa la taille du blond, se pressa à lui pour atteindre les chaînes qu’il portait. Il pouvait entendre son souffle brûlant échouer contre sa joue, son oreille, soulever des mèches claires et gorgées de sueur. De temps à autre, elle jetait une œillade vers le mirialan qui ne bougeait pas. Ses doigts déjà encombrés par le blaster heurtèrent un cadenas.

- Putain…souffla-t-elle avant de se détourner. Hé, viens là. Ouvre-moi ça.

Il obéit, se hissa à son tour. Dana le surveillait, l’index flirtant avec la détente de l’arme, prête à partir en vrille au moindre faux pas. Maintenir un contrôle sur lui grapillait une énergie déjà volatile et à chaque nausée, elle se concentrait pour que la Force ne se rompe pas. Alors, elle transpirait, sous sa perruque blonde et son front brillait, tout comme le derme de son décolleté.
Dès qu’elle vit que le cadenas avait cédé, elle glissa ses phalanges contre les chaînes pour les retirer, essoufflée. Et Lloyd eut à peine le temps de s’exprimer qu’elle emprisonnait sa figure entre ses mains. La crosse du blaster pressa contre sa pommette et Dana admira le hapien, inspectant son état. Son pouce caressa la bouche du Sith et elle sentit ses propres lèvres se précipiter vers un baiser qu’elle avorta avant même qu’il n’ait commencé. Leurs souffles se mêlaient, exerçaient une attraction terrifiante, mais elle luttait parce qu’elle devait garder le contrôle. Dana résigna à se détacher de son capitaine, non sans avoir résisté une dernière fois à unir leurs lippes.

- Donne ton uniforme au Capitaine Hope, ordonna-t-elle vers son pantin qui se déshabilla. Lloyd, il faut que tu mettes son uniforme, ça nous aidera à passer inaperçus un court moment, très court mais peut-être suffisant pour trouver un transport et se tailler.

Une fois le mirialan en caleçon et alors que Dana ramassait les habits de Hope pour ne pas les laisser traîner, elle termina dans un souffle éreinté :

- Désactive tes droïdes de merde.

Et à l’instant où il désactivait le dernier droïde, des minutes plus tard, Dana, n’y tenant plus, laissa échapper le contrôle. Elle n’eût que le temps de tirer plusieurs fois, maladroitement. Plusieurs tirs ratèrent la cible et le mirialan se jeta sur elle. Dans un réflexe, elle engagea la Force pour dévier l’assaut et tira encore. Un tir finit par atteindre son adversaire qui s’écroula. Une bénédiction pour lui : l’arme était basculée en mode paralysant. Et elle s’effondra à genou, épuisée, les jambes cotonneuses, la tête vacillante. Sous les projecteurs, elle était blanche. Comment était-ce possible d’être aussi faible ? Elle n’était pas la plus endurante des Inquisiteurs, mais elle avait eu un entraînement rigoureux, elle avait pour habitude de mener de longs combats. Mais aujourd’hui, elle avait l’impression d’être humaine et vulnérable.






CSS par Gaelle



Lloyd Hope
Lloyd Hope
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A la Dérive

"Alors, Guif. Rappelez-moi où on est, là.





Lloyd venait juste d’enfoncer la casquette marron sur son crâne, couvrant ses cheveux et ses yeux encore injectés de sang d’avoir été si longuement exposés aux projecteurs dans la terreur de mourir pendu, quand Dana déclencha le tir paralysant qui fit s’effondrer le mirialan avant de tomber à genoux à son tour.
Le hapien eut à peine le temps de plonger vers elle pour l’empêcher de s’effondrer davantage. D’un bras, il la recueillit contre lui tandis que son autre main cueillait d’un geste sec le blaster. Du bout du pouce, il fit basculer l’un des crans de l’arme pour le mettre en mode létal et se pencha pour appuyer le canon sur la nuque du mirialan.

Le coup partit et après un son visqueux, une odeur de chair brûlée leur parvint. Lloyd rangea le blaster à sa ceinture.







Pour qui voulait être discret, il y avait pire que de porter des vêtements qui ne vous appartenaient pas, et notamment un uniforme un peu trop court au niveau des chevilles, un peu trop large à la taille, et une casquette qui paraissait vouloir vous attirer tous les regards. Il y avait pire : il y avait la même chose, mais en portant une femme presque inerte à la chevelure blond platine dans des vêtements tapageurs, un rouge à lèvres aussi carmin que les drapeaux de l’Empire sur son visage blanc comme neige, et un uniforme impérial roulé en boule entre ses bras. En apercevant leur reflet dans une vitre du corridor qu’il était en train de parcourir à la hâte, il se faisait l’effet d’un tueur en série dans un petit village dans les holoséries d’horreur.

Avant de quitter la grande salle aux projecteurs, le hapien avait dissimulé le corps du mirialan sous l’estrade. Cela leur ferait peut-être gagner un peu de temps. Désormais, il disposait de la carte d’accès de celui-ci, qui pouvait ouvrir quelques portes, mais le problème était que s’ils croisaient quelqu’un, il aurait du mal à justifier qui il était d’une part, et d’autre part ce qu’il foutait avec une femme de ce genre et surtout dans cet état. L’adrénaline battait à ses tempes lorsqu’il entendit des voix au détour d’un corridor. A la hâte, il se jeta sur une porte, passant tant bien que mal le bip à sa ceinture malgré son fardeau avant de pousser le battant pour s’engouffrer.
La porte donnait sur un nouveau couloir, plus sombre, et il hâta le pas. Le décor se transforma peu à peu, et une drôle de chaleur envahit l’atmosphère. Le corridor devint bientôt une simple passerelle suspendue, et des volutes de vapeurs entouraient d’énormes silos autour d’eux. Le vide sous la grille de la passerelle laissait entrevoir un trou qui paraissait sans fond, éclairé de lueurs rouges à perte de vue. Mais le hapien n’avait pas le vertige, et il était plus inquiet de ce qu’il allait trouver au bout de cette passerelle. Il n’avait pas le temps d’arriver à un cul-de-sac. Qu’arriverait-il quand l’on découvrirait le corps du mirialan ? Une chasse serait donnée et la mauvaise nouvelle, c’était qu’il n’avait pas de vaisseau vers lequel se diriger. Ses méninges fonctionnaient à plein régime mais il n’arrivait à trouver aucune issue valable.

Le hapien ralentit brièvement l’allure quand une silhouette se dessina au bout de la passerelle. Un homme trapu venait dans leur direction, et Lloyd devina une combinaison de technicien et une mallette d’ouvrier que transportait l’homme. Alors il hâta l’allure de nouveau.

- HE ! cria-t-il avec autorité. HE TOI !

Le technicien parut hésiter et ralentit, avant de se remettre à marcher vers eux. En approchant, ils découvrirent un balosar à l’allure pleine de bonhommie, ses deux antennes se balançant au rythme de sa démarche dansante.

- Heu, oui monsieur ? fit poliment le technicien en apercevant l’uniforme de Lloyd, qui devait probablement signifier quelque chose pour lui.
- J’ai trouvé cette femme dans une coursive technique là-bas, qu’est-ce que ça veut dire ?!
- Heu…

Le balosar pâlit en regardant Dana, qui gisait dans les bras du hapien.

- Hé bien heu… C’est-à-dire que…
- Elle a l’air droguée. Si c’est l’un de votre équipe de maintenance qui s’amuse à ramener de la clientèle dans la zone des opérations, il vaut mieux me le dire immédiatement pour que je m’occupe de son cas, sinon je fais renvoyer toute l’équipe !

Cette fois, le technicien arrondit des yeux effrayés.

- Ah mais y’a erreur ! C’est pas… Enfin j’en sais rien, moi j’ai rien vu, mais s’il vous faut un responsable, faut voir ça avec Kashak, c’est lui qui gère l’équipe, et…
- J’EN AI RIEN A FAIRE DE VOTRE ORGANISATION ! Ecoutez-moi bien… C’est quoi votre nom ?
- Guif, monsieur.
- Alors Guif, rétorqua Lloyd en plissant les yeux. Rappelez-moi où on est, là.
- Heuuu… Ben… Dans le secteur de maintenance du métro ?
- EXACTEMENT ! Et est-ce que le public y est autorisé ?
- Non, monsieur, bien sûr que non.
- BON. Guif, allez me verrouiller l’entrée de cette passerelle, poursuivit Lloyd d’un ton qui n’autorisait aucune contestation, en désignant d’un bref geste de la tête le chemin par lequel ils étaient venus, je veux que PERSONNE d’extérieur n’entre tant que je n’aurai pas interrogé tous ceux qui sont de service en ce moment. Vous m’attendez à l’entrée, c’est bien compris ?!
- O-oui monsieur.

Le hapien attendit une brève seconde, le fusillant du regard, avant de consentir enfin à s’écarter pour laisser passer le balosar qui s’activa en faisant tinter sa mallette de métal.
L’instant suivant, Lloyd hâtait le pas, le souffle court. Il essayait de ne pas courir, de ne pas donner l’impression qu’il fuyait, au cas où il croisait quelqu’un d’autre. Mais tandis que ses yeux s’étaient remis à braquer les quelques mètres devant lui pour guetter toute nouvelle apparition, il se mit à maugréer pour lui-même.

- Maintenance du métro, maintenance du métro. Merde, merde.

Qu’est-ce qu’il allait foutre avec ça ? Ici certainement étaient disposés les générateurs d’énergie pour faire tourner les rames. Il devait forcément y avoir des accès pour atteindre les couloirs de circulation. S’ils arrivaient à les rejoindre, ils n’auraient plus qu’à se faufiler dans une rame à l’arrêt avant de reprendre le chemin du secteur commercial…

Quelques pas plus tard, il trouva enfin une volée d’escalier de service en métal, qui remontait vers les niveaux au-dessus. Un palier, deux paliers, trois paliers, quatre paliers, cinq paliers et il se mit à grogner en commençant le sixième.

- Depuis qu’on se connait, j’ai plus besoin de me programmer de séances de sport, tu savais ça ?








Ils avaient fini par aboutir dans les couloirs du métro. Les tunnels étaient obscurs, et le hapien avait remis Dana sur ses pieds, parce qu’il ne pouvait plus la porter dans les espaces aussi étroits qu’étaient les passerelles de maintenance. Parfois, une rame de métrospeeder s’engouffrait dans le tunnel et Dana et Lloyd se serraient l’un contre l’autre, crispés, encaissant les vibrations folles de la passerelle et les sifflements qui leur vrillaient les tympans. Quelques secondes plus tard, le métro était déjà si loin que tout redevenait sombre et silencieux, et ils se remettaient à progresser, chancelant. Lloyd devant – il avait perdu sa casquette au premier passage d’une rame – et Dana juste derrière, tirée par une main ferme, avec laquelle il l’attirait contre lui chaque fois qu’une nouvelle rame passait dans le tunnel.

Cette sensation, de l’avoir tout près de lui, le vent chaud du métro soufflant sur leurs visages, avait ramené un souvenir étrange. Un lointain, inattendu souvenir. Des rails, une fille à serrer contre lui pour la protéger. Le genre de souvenirs qu’il ne pouvait que taire, enterrer derrière ses défenses épaisses. Était-il en train de reprendre ce chemin-là ?

Ils avaient fini par émerger à une station. Juste avant de se montrer parmi la nuée de techniciens qui attendaient là pour rentrer chez eux, Lloyd se débarrassa de la veste d’uniforme, qu’il jeta dans le tunnel, pour rester en débardeur. Il passa rapidement un bras autour de l’épaule de Dana pour la serrer contre lui et enfonça son autre main dans sa poche, avant que tous deux ne déboulent au milieu des gens.

Quelques techniciens zieutèrent le couple de fêtards – l’un débraillé avec les yeux rougis, l’autre vêtue si court que c’en était indécent – qui s’était perdu. Cela arrivait parfois que la clientèle descende à la mauvaise station. A tous les coups, songea un technicien, ces deux-là étaient saouls, et ils s’étaient tripotés dans un lieu interdit à la clientèle, comme ça arrivait parfois. Ces jeunes…

Quoique le type avait pas l’air si jeune…

Quel pervers.









Dana et Lloyd descendirent du métro là où il y avait le plus de monde. Ils se retrouvèrent pressés dans une foule hétéroclite, et aussitôt une musique noya leurs oreilles. Ils suivirent le mouvement en se pressant l’un contre l’autre, jouant des coudes pour avancer plus vite. Tout ce petit monde se bousculait pour accéder au cœur de ce qui se passait au secteur 14. Le hapien leva le nez en l’air lorsqu’ils passèrent sous des ballons et qu’une odeur sucrée se mit à flotter autour d’eux, pour voir une banderolle lumineuse indiquer : ASTROBALLE PARK.

Passée la grande arche en métal ornementée de guirlandes lumineuses, dix fois plus grosses que celle que Dana avait accroché au-dessus de la couchette du hapien, la foule se dispersa un peu pour s’orienter ici vers un stand de pêche aux gizkas, là un marchand de barbe à bantha. Des établissements proposaient des hot-dogs à emporter, ou bien des entrées pour des attractions terrifiantes ou drôles. Mais derrière eux, Lloyd remarqua une patrouille de trois hommes en uniforme et il tira Dana par la main pour qu’ils se hâtent dans le parc, slalomant entre les familles et les couples. Ils passèrent devant un établissement qui proposait d’expérimenter n’importe quel monde de la galaxie via une bulle de réalité virtuelle, puis devant une bruyante attraction de speeder-tamponneurs, avant que Lloyd ne s’arrêtât brusquement au milieu de l’allée : une autre patrouille arrivait en face. Un coup d’œil à droite et le hapien tira brusquement Dana vers lui pour l’amener près de la devanture d’un stand où, sur de hauts tabourets, des femmes d’espèces différentes posaient dans des postures lascives. Une musique aguicheuse se mélangeait aux rires d’une bande d’adolescents qui rougissaient devant une twi’lek jouant du bout de sa langue en les regardant.

Lorsque les patrouilles se croisèrent, elles avisèrent à peine l’homme qui embrassait fougueusement l’une des femmes perchées sur un tabouret. Il cherchait un homme blond certes, mais un Sith en cavale, pas le genre de types qui payaient des femmes à l’étalage pour enfouir sans pudeur son visage dans un décolleté vertigineux, devant une bande de gosses.






Quelques instants plus tard, ils entraient dans un café à la décoration débordant de brillant et de rose. Ils doublèrent une file d’attente qui ronchonna à peine pour aller s’installer au fond de l’établissement, sur une banquette rouge, où trônaient encore deux coupes de glaces qui avaient fondu, appartenant aux clients précédents.

- T’as ton datapad ? fit Lloyd dès qu’ils se furent assis. Il faut que j’envoie vite un message à Mumkin pour qu’il atterrisse en activant l’autre transpondeur.

A peine Dana lui tendit-elle l’objet qu’il l’alluma – toujours pas de mot de passe, putain Dana - pour pianoter les numéros de contact qu’il connaissait par cœur, ceux du Sans Visage. L’instant suivant, le message partait et le hapien soupira en reposant l’objet devant Dana.

- Merci. Bon, ben… On a un peu de temps devant nous, maintenant.

Il y eut un silence gêné. Le hapien était raide et ne cessait de jeter des coups d’œil suspects autour d’eux. Le cadre ne correspondait pas du tout à deux Sith en mission. Il s’humecta les lèvres, qu’il avait encore rouges du maquillage de Dana.

- Heu… J’t’offre une barbe à bantha ?



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