Karm Torr
Karm Torr
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Ouais, ouais, c’est ça, fit Karm en balayant les vantardises de son amie d’un geste de la main. J’te signale que j’peux croiser mes chevilles derrière ma nuque, gamine, alors prépare toi à ma victoire incontestable.


(À quoi diable cela pouvait-il bien servir quand on se battait au sabre, au juste ?)


En attendant, ce fut les mains qu’il croisa derrière la nuque pendant que la jeune femme jouait avec les réglages de la salle, jusqu’à leur obtenir un spectacle sons et lumières de toute beauté, qui aurait fait rougir d’envie les plus élégantes soirées de la bonne société d’Alderaa — ou presque.


C’est émouvant, comme musique, y a pas à dire.


Et puis la mercenaire se mit à danser.


Oups, murmura le Jedi.


Maintenant qu’il considérait la chose sous son angle technique, ça avait l’air beaucoup, beaucoup plus difficile qu’il ne l’avait imaginé. De seconde en seconde, le jeune Maître commençait à regretter son pari et à soupçonner que toute sa souplesse d’artiste martial ne serait qu’un médiocre instrument sans les principes de base de cette danse compliquée.


Il essaya de graver les mouvements de Maxence dans sa mémoire, de bien les comprendre, dans le détail, pour les exécuter à son tour, mais ce n’était pas tout à fait comme des katas au sabre et certains avaient l’air de curieusement défier la gravité. Du reste, plus examinait son amie, plus il était frappé par la sensualité de cette danse, et une chaleur troublante se répandait à lui, une chaleur dont la manifestation devenait de moins en moins discrète.


Le Jedi plia soigneusement le blouson de son amie pour le poser sur ses genoux et se mit à penser à des choses molles, froides, ou les deux.


La planète Ilum.
De la gelée à la menthe.
Maître Marja.
Un Hutt dans une chambre froide.
De la bouse de bantha.


Malédiction !
Voilà que Maxence s’approchait de lui.


Bouse de bantha, bouse de bantha, bouse de bantha, se martelait-il mentalement.


Mais pourquoi s’installait-elle sur ses cuisses ? Karm se redressa sur la banquette avec un air d’intense constipation.


Bouse de bantha, bouse de bantha, bouse de bantha.


Hélas !
Les yeux de Maxence…


Bouse de bantha.


… dérivèrent…


Bouse de bantha !


… un peu trop bas.


Bouse de bantha…


Je…


Karm avait apprécié le spectacle et ça se voyait. Le jeune Maître rougit violemment et il repoussa son amie avec un peu de maladresse, avant de s’enfuir jusqu’au panneau de commandes de la salle.


Très… très réussi…, lança-t-il d’une voix nerveuse, en faisant mine de s’intéresser aux fonctionnalités, tandis qu’il plongeait dans la Force pour reprendre le contrôle de son propre corps, appliquant ses facultés à un exercice certes inédit pour lui.


Mais après tout, si l’on pouvait contrôler le sang pour mieux le faire coaguler et favoriser les cicatrisations, sans doute pouvait-on l’empêcher de s’accumuler de façon si encombrante à un endroit précis ?


Euh… « J’aime les pilotes », c’est bien, ça, parfait, poursuivit-il pour meubler le silence, tout en accomplissant un véritable petit exploit dans le Domaine de la Restauration qui, malheureusement, ne serait jamais inscrit dans les annales de l’Ordre Jedi.


Mais Karm avait retrouvé sinon sa respectabilité, du moins une très relative décence et…


SCHOMP.


Comment ça, schomp ?


Un panneau s’ouvrit dans le mur pour révéler une casquette de pilote, façon uniforme d’apparat d’un officier républicain. L’Ark-Ni s’en saisit avec un air on ne peut plus soupçonneux, pour l’examiner attentivement, mais la chanson ne devait pas être trop populaire parce que l’accessoire n’était pas collant.


Ma foi.


Chose promise, chose due, après avoir imité Maxence pour les chaussures, les chaussettes et le blouson, il grimpa sur le podium, retira son tee-shirt qu’il envoya en plein dans la face de la jeune femme et vissa la casquette sur sa tête. Tout cet excès d’assurance avait pour objectif de faire oublier ce qu’il serait convenu d’appeler désormais « l’Incident », mais ce n’était pas nécessairement en franc succès.


Karm n’en empoigna pas moins la barre et alors que « J’aime les pilotes » diffusait ses premières notes, le Jedi fit son possible pour reproduire en partie les mouvements de son amie et en partie ceux des strip-teaseurs qu’il avait aperçus plus tôt dans le club. Le mélange des deux styles donnait un curieux mariage de féminité et de masculinité et il était évident que l’Ark-Ni n’avait pas saisi grand-chose de la répartition genrée des mouvements.


Sa prestation était de toute évidence sensiblement inférieure à celle de Maxence, mais, pour un néophyte, elle témoignait, outre la souplesse annoncée, d’une spectaculaire capacité à déchiffrer les gestes des autres pour se les approprier, ce qui au fond n’était sans doute pas très surprenant, pour un maître-sabreur réputé pour l’ampleur de son répertoire. Il lui manquait tout de même des heures de pratique et des références variées. Mention honorable, donc, et surtout pour un sacré jeu de bassin et un grand écart vertical le long de la barre exécuté sans ciller, mais défaite, claire et manifeste.


Bon, concéda-t-il quand la musique fut achevée, tandis qu’il demeurait réfugié sur l’estrade, comme convaincu de la nécessité de maintenir une distance de sécurité entre Maxence et lui, j’imagine que je dois gracieusement accepter ta victoire. Tu peux donc m’appeler Maître Vénéré pour les trois mois à venir, puisque tu insistes.
Maxence Darkan
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La blondinette faisait preuve d'une hilarité silencieuse en considérant son ami. À le regarder essayer de marcher droit malgré son matériel de Jedi armé et prêt au combat. Sa langue caressa sa lèvre inférieure, très réussi, effectivement. Cette surprenante casquette était venue à bout du sang accumulé visiblement -très visiblement- et la blondinette ne put s'empêcher de hausser les sourcils en le voyant retirer les chaussures, le haut, puis... le deuxième haut. Elle retira le vêtement de sa tête, la mâchoire prête à se décrocher face à cet ostentatoire dévouement à la compétition. Votre cher Capitaine Karm fit décoller le vaisseau des hormones, bon vole à tous nos passagers ! Malgré un certain manque d'expérience, Maxence se redressa pour l'observer de plus près, ses pupilles scintillantes de désire, alors certes, ce n'était pas un strip-teaseur professionnel -dommage-, mais il avait lié les deux genres dans une seule et même danse mêlant sa sensualité féminine et ses pectoraux. La fin de la musique signa un atterrissage laissant place à une frustration non dissimulée.

-Est-ce qu'on compte ça comme des préliminaires qui s'termineront jamais, ou juste comme des préliminaires ?

Sa voix tremblait d'excitation sarcastique dans laquelle il était dur de démêler le vrai du faux. Des rires saccadés et nerveux secouèrent son corps. C'était comme si elle ne le maîtrisait plus, sa main repoussa négligemment les vêtements sans décrocher son regard de celui de l'Ark-Ni. Elle monta sur l'estrade, on pouvait tout lire dans ses yeux, son visage qui n'avait pas fait disparaître son sourire conquis, la mercenaire s'arrêta à un pas de lui pour poser une main sur sa nuque avant de se stopper net. Quelque chose venait de la bloquer intérieurement et son sourire disparut pour laisser place à une bouche très légèrement ouverte, laissant apparaître la pointe de ses dents.

-J'crois... j'crois qu'si t'avais pas des doutes sur ton couple, j'me serais foutue à poil et je serais déjà en train d'retirer ton froc pour épuiser les trois capotes qui traînent dans mon blouson. Ses doigts glissèrent le long de son torse. T'es pas juste, Karm. Admit-elle amusée en s'adossant à la barre. Vraiment pas juste... mais t'as fait l'erreur de m'défier sur mon propre terrain, alors tu vas devoir en subir les conséquences, Maître Vénéré.

Elle en avait très envie, aucun doute, la blondinette le voyait toujours comme le Jedi qu'elle souhaitait se taper dans tous les coins pendant des heures jusqu'à épuisement des ressources de protection, là n'était pas le problème. Maxence se rassurait plutôt en se disant qu'elle s'en empêchait pour lui... et peut-être que les hormones se désignaient comme acteurs principaux de sa tête qui tournait en le voyant faire sa danse et... tout le reste. Elle avait réfléchi, même si l'argenté avait voulu, Luke aurait sûrement pu le savoir, faire du mal à ce tocard, ça ne la dérangeait pas tant que ça, les répercutions sur son ami et, de surcroît, sur elle : elle ne pouvait pas.

-T'as pas d'chance, tu peux pas l'cacher toi. Elle pointa son matériel de Jedi -désarmé-. Moi ça s'voit pas, mais... ouais... j'ai bien aimé ta danse. J'sais pas si vous avez des barres de pole danse au temple, mais tu devrais t'entraîner, t'as mélangé deux styles de danse différents et ça t'correspond... vraiment super bien.

L'éthique Darkanienne avait atteint un plafond qu'on pouvait presque qualifier d'éthique. Pour une fois, elle avait compris qu'il fallait répondre à son cerveau avant d'assouvir le corps. La blondinette leva la tête au ciel en gémissant et grimaçant de frustration, elle s'écarta pour lui jeter ses fringues et qu'il cache son beau corps.

-Un jour, toi et moi, on baisera du matin au soir sans s'arrêter, mais j'ai pas oublié ton fidèle Luke. Elle commença à remettre ses chaussures. Aller, on s'tire, j'ai un autre truc à t'montrer... et j'vais craquer si on reste enfermé ici à deux. T'es pas du genre à te défouler physiquement nan ? 'fin, autrement qu'au sabre et en faisant tes trucs de moine. T'as déjà pété des bagnoles pour le plaisir ? Elle termina de faire ses lacets. Y' a une casse -passablement- abandonnée dans l'coin, j'y suis allée quand j'voulais m'défouler sans refaire le portrait d'un inconnu... j'ai carrément envie d'péter des trucs là.

Elle s'était jetée un froid pour arrêter la bouffée de chaleur qui lui prenait le visage. On était littéralement à ça. Elle lui laissa le temps de se rhabiller pour lui prendre le poignet et sortir de la salle, à l'extérieur, un couple impatient remplaça les précédents utilisateurs pour fermer la porte en gloussant. La blondinette précipita l'argenté à l'extérieur pour prendre une bonne inspiration d'air frais, dénué de sueur et de parfum bon marché. À deux, main dans la main, tiré par Maxence, elles avaient marché dans tout un tas de rues différentes, voyant les constructions alentour se dégrader peu à peu jusqu'à un grand grillage avec des panneaux signalant plutôt explicitement qu'il était interdit de se trouver là.

La blondinette bondit, ses pieds grattèrent les mailles de la grille tandis que ses mains la poussaient vers le haut. Une fois passée au-dessus, elle jeta une œillade aux nombreuses carcasses de speeder qui les entourer, puis attrapa une barre à mine qui traînait sur le sol pour la jeter à Karm.

-Voilà c'que j'te propose le nain, on trouve un speeder pas trop amoché, et on lui règle son compte une bonne fois pour toute.
Karm Torr
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Ouais, bon, j’avoue, murmura Karm, alors que sa peau frissonnait encore de la caresse de son amie, le concours de danse sensuelle, c’était peut-être pas l’idée du siècle pour gérer la tension érotique entre nous, hein.

C’était la première fois qu’il la reconnaissait si explicitement, cette fameuse tension, mais après la démonstration que son corps venait de donner, il eût été vain de la nier. Le Jedi renfila son tee-shirt puis blouson, avant de s’asseoir sur le bord de l’estrade pour mettre ses bottes militaires.

Sans Luke, aurait-il été en train de plaquer Maxence contre le mur pour lui faire une démonstration de la vigueur singulière qu’un homme pouvait puiser au sein de la Force ? Rien n’était moins sûr : il avait eu sa première expérience avec son petit ami et n’avait jamais rien connu d’autre. Toute sa jeunesse, il avait réfréné ses pulsions d’adolescent puis de jeune homme. Peut-être eût-il été capable de se faire longtemps violence, pour mener une existence entièrement chaste.

Mais depuis qu’il savait combien la sexualité était intimement liée à la Force, tout était différent. Il y trouvait plus que des plaisirs : il y découvrait une voie inexplorée par les Jedis et des mystères que la réserve de son compagnon ne lui permettait pas d’explorer entièrement. Quelque chose de la Force se cachait là, quelque chose de bien différent des obsessions de puissance et de contrôle des Siths et des Jedis, et cette chose lui échapperait peut-être toujours, malgré des instincts qui l’y portaient naturellement.

Attends.

Il releva les yeux vers la mercenaire.

Tu me demandes à moi, Karm, si j’ai déjà pété des bagnoles pour le plaisir ? T’as conscience que même les autres Jedis trouvent que je suis particulièrement flegmatique, hein ?

Karm « je bâille devant les explosions » Torr.

Mais j’te suis.

De toute façon, on ne lui laissait pas trop le choix et le jeune Maître se laissa volontiers entraîné à travers le club de strip-tease et les rues animées de la ville. Il avait au fond trop l’habitude des plaisirs contenus pour être longtemps perturbé par ce qu’il avait éprouvé dans le petit salon privé. Un mélange de résignation et de discipline avait tôt fait de purger son embarras et, ce soir-là, il s’endormirait sans éprouver sans doute le moindre regret.

Dix minutes plus tard, donc, le Jedi bondissait parmi le grillage dans un salto surnaturel d’une grâce insolente, avant d’attraper la barre à mine qu’on lui tendait.

C’est clair qu’avec ma puissance musculaire hors du commun, ça va être d’un spectaculaire consommé.

La nuit était tombée tout à fait, mais la ville tout autour d’eux brillait de ses mille feux, c’est-à-dire des annonces holographiques pour les bars à strip tease et des projecteurs des casinos qui balayaient le ciel afin d’appâter les clients inconscients. Ces lumières jetaient leur éclat électrique sur la casse déserte, que les droïdes de maintenance avaient abandonnée pour la soirée, en se rangeant docilement dans l’entrepôt attenant, branchés à leurs blocs de chargement.

Ça me rappelle mon enfance, reconnut l’Ark-Ni. ’Fin, avec moins d’atmosphère artificielle mais plus de gravité, mais on a des vaisseaux qui ressemblent un peu à ça, des greniers qu’on appelle ça, en gros, avec des tonnes de pièces détachées, des morceaux qu’on récupère dans l’espace, là où il y a eu des accidents et des batailles. On s’en sert pour réparer nos vaisseaux et nos stations, ou bien on revend ça à d’autres.

Les gens de la Bordure Extérieure et de l’Espace Sauvage qui connaissaient les Ark-Ni les considéraient d’ailleurs souvent comme des charognards, mais l’ethnie témoignait d’une telle indifférence pour les avis extérieurs que Karm n’en avait jamais été beaucoup affecté. De toute façon, cela faisait déjà plusieurs années qu’il n’avait pas croisé quelqu’un capable d’identifier ses origines.

P’têtre que je pourrais trouver quelque chose qui fasse plaisir à Blip. Dis moi si tu vois un module de politesse ou quelque chose comme ça.

Pauvre astromech, dont on bafouillait ainsi la réputation !

En vrai, il est question de remplacer les unités au Temple pour des modèles plus récents, faudrait probablement que je m’occupe de le pimper un peu, pour justifier à l’administration qu’il est très bien là où il est.

Karm était beaucoup trop attaché à son droïde, quoi qu’en dise le code, pour le laisser être recyclé à la faveur d’un exemplaire dernier cri et par conséquent dénué de personnalité.

Quelque chose comme ça, demanda finalement le Jedi en désignant un vieux landspeeder rectangulaire et plat, du genre de ceux qu’on utilisait pour le transport des marchandises et qui, après des décennies de bons et loyaux services, avait fini sa course dans la décharge, en attendant d’être désossé ?

D’un geste de la main, Karm invita son ami à donner les premiers coups.

Vas-y, j’te regarde, j’suis pas encore bien sûr d’avoir saisi tout le concept, pour être honnête.
Maxence Darkan
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-On peut sûrement s'arranger. Siffla le bracelet.

-Ah ouais, c'est vrai, p't'être qu'Éos peut t'aider à apprendre des trucs à Blip. Genre, de base, faut dire que c'est un vaisseau et Blip à l'air d'un p'tit capitaine en herbe. T'sais, y' peut lui apprendre quelques trucs de mécanique et d'pilotage. Suffit d'les brancher l'un à l'autre... p't'être, j'sais pas trop comment ça marche. J'ai sûrement pas envie qu'y' remplacent ton p'tit ange sur roulette en plus.

Elle ne voyait pas trop en quoi ça pouvait se montrer impossible, un fil dans un autre, un peu de sexe robotique en codage binaire et Blip se retrouverait propulsé sur le podium des astromécanos de compète des Jedis. Le tout restait de voir les choses en face, il n'avait pas besoin d'être comme neuf, mais de paraître comme neuf. À la proposition de véhicule de son ami, elle hocha la tête en le considérant, il restait des vitres, c'était le principal. La blondinette tapota le capot du bout des doigts, creux, plus de moteur.

-Ça va l'faire. C'est plutôt simple en fait. Regarde. Elle lui pointa un autre speeder un peu plus loin, cabossé dans tous les sens, vitres brisées, une porte carrément arrachée. J'l'ai explosé y a cinq ou six jours, celui-là y était pas. En gros, t'as juste quelques trucs à prendre en compte, d'abord, tu t'armes. Elle balaya les alentours pour ramasser une autre barre. Ensuite tu regardes le véhicule et t'imagines un truc qui t'énerve, ou pas, à la place. Expliqua-t-elle calmement. Hmm... par exemple... ah, ouais, j'en ai un perso : Mon père.

Soudainement, elle se déchaîna sur le pare-brise, la barre en métal, violemment fracassée sur le verre, formait de petits cratères d'éclats toujours plus blanc, le tout suffisamment résistant pour ne pas céder sur le coup. Encore et encore, elle le frappa, puis, quand elle en eut assez de s'attaquer au verre, elle se tourna vers la partie des gantes du treuille anti-grav. La barre rouillée que la blondinette tenait était en train de se tordre sous la violence de ses coups pour finalement lui échapper des mains, rebondissant une dernière fois sur le métal pour retomber un peu plus loin derrière elle. Maxence se redressa, remis ses cheveux par-dessus son front en souriant, comme si de rien n'était.

-Voilà... Fit-elle entre deux respirations. C'est un exemple parmi d'autres. Faut pas jouer dans la finesse. Ok, elle ébouriffa ses cheveux, j'me sens généreuse ce soir, j'vais t'en refaire un. Une autre barre plus loin, de retour près de la carcasse, elle le désigna de son arme. On n'est pas là pour faire semblant, mais faut pas surjouer. Soit naturel, brute, sincère dans les coups. Si t'as envie d'utiliser la Force, alors utilise la Force, si t'as pas envie, l'utilise pas, c'est toi qui décide parce que dans tous les cas, va falloir marave ce putain d'speeder. Elle posa la barre sur son épaule. T'es pas non plus obligé d'choisir un truc énervant pour taper, ça peu être frustrant, stupide, gênant, une idée heureuse ou... tu sais quoi ? Toi et moi dans un lit.

Présenta sobrement la mercenaire avant de frapper une vitre latéral.

-Les blagues de merde d'Éos.

Continua la blondinette en s'attaquant à une autre vitre.

-Tes magnifiques abdos !

S'acharna la femme en détournant son attention sur le capot pour frapper plusieurs fois.

-La connasse du fond d'la classe qui s'foutait d'ma gueule en m'disant qu'mes tâches de rousseur me donnaient l'air d'une bouffonne !

S'écria-t-elle pour exploser l'un des phares et cabosser d'autant plus le capot.

-Et mon putain d'nom d'famille !

Ses frappes terriblement violentes changeaient la forme de la carrosserie sur laquelle elle continuait son petit chant du défouloir. Elle ouvrit une porte pour défoncer les jonctions, un travail long, qui la faisait grimacer de fatigue dut à la dureté de ses coups et le nombre qu'elle en avait donné, mais qui fini par payer aussitôt que la portière s'écroula sur le sol, en même temps qu'elle, sur ses fesses. Le souffle long, les cheveux en pétard et cette inattendue goutte de sueur coulant le long de sa nuque en cette fraîche soirée de Nar Kaaga, ses yeux restaient plantés sur le carnage qu'elle venait de faire. Son côté du véhicule ne ressemblait plus à grand chose.

-Ça fait du bien, putain. Son ton satisfait contrastait avec cette haine mécanique déchaînée. J'crois qu't'as saisi l'concept maintenant.

Elle n'avait pas prononcé leur nom à tous les deux, Taha'san et Skroutch, parce qu'ils ne lui étaient pas venus à l'esprit. Par instinct, si elle voulait oublier son deuil, sa tristesse et sa colère à l'égard de leur mort, ne serait-ce que l'espace d'une soirée, alors Maxence ne les prononçait pas et ne frappait pas ce pauvre véhicule pour eux. Dégainant son clapet à cigarette, elle en sortit finalement une pour faire retomber le tout. Clope au bec, petit rictus, la blondinette fit un signe de tête à Karm.

-À ton tour. Commence en douceur, dis les trucs qui t'passent par la tête et j't'accompagne. Réfléchis pas. Dis, puis frappe.

Se levant une nouvelle fois, elle attendait le top départ de notre cher Maître Vénéré.
Karm Torr
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C’était un curieux spectacle et Karm l’observa avec la plus grande attention. La Force mise à part, Maxence avait certainement plus de puissance physique que lui et une technique remarquable quand il s’agissait d’exploser des trucs — ou des gens — avec ou sans explosif. Quand la jeune femme se laissa finalement gagner par la fatigue, son ami lui adressa l’un de ses rares sourires et expliqua :


Je crains que tu ne sous-estimes ma sérénité intérieure. Hélas pour le spectacle, je suis pas seulement flegmatique en apparence, y a rien qui me mette dans ces états.


C’était tout de même difficile à croire : Maxence avait été témoin plusieurs fois de son style de combat au sabre laser, et l’on aurait pu jurer que le Jedi était habité par une grande violence intérieure. L’arme à la main, Karm donnait l’impression d’une fureur faussement désordonnée, déchaînant un ouragan de coups sur ses adversaires, sans rien accorder à la distinction élégante et à ce raffinement d’exécution que d’autres Chevaliers plaçaient au firmament de l’art martial de leur Ordre.


Le jeune Maître fit le tour du speeder, pour se placer de son côté.


Cela dit, c’est un conseil que j’donne parfois à mes élèves. Laisser parler leurs sentiments tumultueux avec un sabre dans la main, les extérioriser, pour… Comme une soupape de sécurité, déjà, et puis pour mieux les comprendre. Comme quand on sort quelque chose de sa boîte pour pouvoir mieux le regarder, et après on se sent plus calme. Faut avouer que c’est pas vraiment la théorie la plus populaire au sein de l’Ordre Jedi.


Il tendit la main pour tenter de froisser par la pensée la porte du speeder. Sans succès. Le métal vibra quelques secondes, grinça même, mais à la fin, il était à peu près intact. Ce n’était pas faute de s’entraîner depuis des semaines à ce genre d’exercices, mais il s’était consacré si pleinement à l’étude de la Force Vivante auparavant que le maniement d’objets artificiels lui était devenu plus ardu.


La plupart des Jedis pensent que la sérénité s’atteint par l’absence d’émotions. Qu’on fait le calme à l’intérieur de soi en étant toujours calme. Mais, j’crois que la sérénité, c’est d’arriver à vivre avec ses émotions, sans se laisser emporter. À trouver des techniques, quand on est submergés, pour exprimer tout ce qu’on a sur le coeur, sans se laisser dominer.


Le Jedi laissa tomber sa barre de fer et vint s’asseoir à côté de son amie.


Y a pas mal de choses qui me frustrent, en vrai, reconnut-il, en posant ses mains sur le sol, alors qu’il laissait la Force affluer petit à petit de ses doigts jusqu’à la terre battue qui les entourait. J’ai pas, t’sais, de colère irrépressible, de rage ou de grand désespoir, mais j’ai pas mal de petites irritations, face à la lenteur des institutions, face aux gens hyper réacs, des trucs comme ça.


Des herbes qui commençaient à pousser discrètement sous le vieux speeder à moitié défoncé.


J’aimerais bien dire que j’suis un guerrier tourmenté par une existence mouvementée, qui cache ses émotions puissantes sous une façade de froide indifférence, ce serait hyper classe et trop romanesque, mais en vrai…


Des plantes grimpaient désormais sur la carrosserie métallique de l’appareil, en s’insinuant dans tous les interstices, tiges de plus en plus larges, qui ne cessaient de gonfler à en faire gémir le métal.


… j’suis un mec zen et assez hippie, au fond.


L’une des vitres survivantes explosa, traversé par une liane couverte d’épines. Les plantes s’enroulaient désormais tout autour du speeder et se resserraient peu à peu, y appliquant une force lente, mais considérable et surtout inexorable, qui tordait le métal et brisait toutes les articulations artificielles.


Du coup, ça me fait un peu flipper, genre, paradoxalement, parce que mon ambition, c’est comme d’aider les jeunes Jedis les plus marginaux à s’épanouir et à vivre une vie équilibrée, tu vois ?


C’était désormais devant eux un inextricablement enchevêtrement de lianes que le Maître ne quittait plus des yeux, et dans lequel le speeder avait presque entièrement disparu. Mais, au milieu du bruit des fleurs qui s’épanouissaient et des feuilles qui naissaient à une vitesse sidérante, on pouvait toujours entendre les torsions du métal, broyés par la nature.


J’ai pas fait l’expérience de toutes ces émotions compliquées qu’ils peuvent vivre. Je crois pas avoir jamais été terrifié dans ma vie. C’est pas du courage, c’est juste comme ça. J’ai rarement mal, enfin, plutôt, ça me traumatise jamais d’avoir mal. J’suis pas en colère. Et donc, ça m’inquiète de devoir leur parler de ça de loin, sans jamais m’être vraiment rendu compte de ce que ça peut leur faire. J’aimerais bien être un bon prof, un mentor pertinent, mais est-ce qu’on peut l’être quand on est vraiment très différents de ceux à qui on veut enseigner ?


Et sur cette question existentielle, il retira ses mains du sol pour les frotter l’une contre l’autre, alors que la carcasse métallique avait cédé la place à une inextricable mangrove.
Maxence Darkan
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Comme l'eut fait son ami plus tôt, elle observa et écouta ce qu'il avait à balancer. Elle venait de se rendre compte de l'étendue des pouvoirs que possédait Karm. Ce n'était pas une personne qui avait l'habitude de beaucoup se mette en valeur sur le terrain de la Force, mais la manière dont il maîtriser la végétation laissa la blondinette sur le cul.

-J'adore quand tu parles sans même te rendre compte de qui s'trouve à côté d'toi. Sans déconner, regarde-moi. J'ai passé toute mon adolescence à vivre seule puis tu t'es pointé, on est devenu pote, on a fait plein d'trucs ensemble et t'as toujours pas remarqué ? Attend j'm'embrouille...

Organisant ses phrases dans sa tête, elle avait au moins le file directeur de ce qu'elle voulait dire.

-J'ai pas envie d'te rassurer. Ni d'te donner des conseils, parce que t'en as pas besoin. Et elle était franchement à chier pour ça. J'suis là pour te rappeler des trucs. Franchement, le nain, j'me suis pas mal posée une question : pourquoi on est pote ? J'ai jamais trouvé la réponse. Et en fait, j'en ai rien à foutre. Mais ce dont j'suis sûre, c'est qu'on est différente. Est-ce que ça t'as empêché d'm'apprendre des trucs ? 'bsolument pas. J'veux dire, quand même, moi, Maxence Darkan, la mercenaire émotive qui s’énerve, rigole, et frappe son prochain hyper facilement... ça va, j'me connais un peu... et toi Karm Torr, le Jedi qui sourit une fois tous les ans, qui rigole même pas à mes blagues hilarantes et qui m'reproche jamais d'foutre une patate au premier connard qui passe, entre nous deux, c'est toi qui doute sur tes manières d'apprendre des trucs ?

Elle rit, un rire moqueur et attentionné. Elle tapa son genou deux ou trois fois avant de se redresser. Elle rapprocha ses genoux contre sa poitrine pour poser son menton dessus et observer sa cigarette se consumer entre son index et son majeur.

-Sans toi, j'serais sûrement incapable de poser les bonnes questions pendant mes missions, j'me serais jamais rendue compte que l'amitié c'est pas une mauvaise chose, que baiser c'est optionnel dans une relation de bonne entente, je saurais pas démêler le vrai du faux dans une affaire et... tu sais comment m'rassurer, c'est pas rien ça, faire en sorte que j'me sente bien près d'toi. Alors, est-ce que j'pense qu'on s'ressemble ? Nan. Est-ce que t'en reste un bon prof ? Ouaip, complètement. Après, j'dis pas, baiser avec un prof, c'est super excitant.

Elle admira la mangrove d'un nouvel œil.

-J'pense que j'me suis mal expliquée, parce que j'sais pas faire. C'que j'peux résumer, par contre, c'est ça : Tu t'casses la tête pour rien. Elle glissa son avant bras dans son dos pour le poser sur son épaule, la main pendouillait avec négligence. J'aurais beau m'mentir sur plein d'points, j'sais parfaitement qu'j'ai toujours vécu en marge de la société, j'fais l'un des métiers les plus détestés : mercenaire. J'crois qu'je sais pourquoi les gens nous détestent, on a pas d'camp, on est qu'un ramassis de connards compétents avec le sens des affaires et une moralité douteuse, mais on a tous une manière similaire de penser, entre République et Empire, y a pas d'bonne façon d'diriger. Entre des pseudos démocrates au-dessus de tous, qui gèrent une partie de la galaxie sans même la connaître, ou des fils de pute en toge avec un sabre rouge qui s'croient plus fort que les autres, on a tous ce même truc en tête quand on y pense, on sait parfaitement qu'c'est des bouffons qui valent pas mieux que nous, les vulgaires merc'. Un sourire éclaircit son visage. Les gens auront beau pas voir les choses pareilles, qu'est-ce qu'on en a à battre ?

Puis elle réussit finalement à détourner son regard de l’œuvre d'art naturellement destructrice de l'Ark-Ni pour le regarder, lui.

-T'es un Maître ? Alors même l'Ordre pense que tu fais du bon taff, Loé pense sans aucun doute que tu fais du bon taff et moi, j'trouve que tu fais un putain d'taff. T'as pas besoin d'connaître les émotions pour les comprendre, tu m'as compris, bien plus de fois qu'tu pourrais l'imaginer.

Maxence avait toujours cette horrible façon de présenter les choses. Pour elle, Karm était une sorte d'univers différent, par son passé, par son affiliation religieuse et ses manières d'appréhender le monde, mais ce dont elle était sûre, c'était bien la manière dont il pouvait se comporter en tant que professeur, en tant que Maître et en tant qu'ami.

-Être en marge, différent ou avoir des difficultés à ressentir des émotions ne fait pas de toi quelqu'un d'illégitime à ton rôle de prof. Y' a pas d'quoi pour cette phrase toute jolie, ça m'est venu comme ça. Puis, d'un signe de tête, elle désigna la mangrove. Tu vois ? C'qui compte, c'est d'marave ce putain d'speeder.

Elle tapota son épaule avant de se relever et terminer sa cigarette, jetant le mégot dans la végétation nouvelle. Son regard balaya les alentours, elle avait un air un peu inquiète.

-Voilà c'que j'te propose pour la suite, soit on monte en haut du plus grand casino pour admirer la ville, ta tête sur mon épaule, une main baladeuse sur ma cuisse, soit j'te fais un cours rapide sur comment qu'on joue avec les flingues, soit... soit tu m'termines dans un motel, moi en toi et toi en moi, là, maintenant, tout d'suite. Dans tous les cas, va falloir se tirer : le proprio d'la casse m'a déjà choppé en train d'exploser des caisses et y' m'a dit qu'y' tirerait à vue la prochaine fois... genre, cette prochaine fois en particulier.
Karm Torr
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T’as p’têt pas tort, conclut l’Ark-Ni, qui avait écouté son amie avec attention. Ça arrive pas si souvent que ça, mais t’as p’têt pas tort. Thann et Loé ont l’air de pas trop mal s’en tirer dans la vie et j’désespère pas de faire de toi une duchesse de la bonne société, qui prendrait exemple sur mon sens inné des bonnes manières.


Il se releva à son tour.


Merci, Maxence.


Ce n’était pas très éloquent, mais c’était simple et sincère, et il était certain que son amie y entendrait toute sa reconnaissance.


J’ai déjà de grands projets pour notre fin de soirée, assura-t-il d’une voix pleine de promesses. Toi, moi, ta chambre de motel et des produits ménagers. Dix contre un que tu vis dans un dépotoir, et t’as besoin de bonnes nuits de repos. C’est l’heure d’aller faire du ménage, j’vais pas te laisser dormir dans les vieux mégots. Puis la satisfaction du travail domestique bien fait ça, ça n’a pas de prix, pas vrai ? Allez, en route.


Quel rabat-joie !


Alors qu’ils se faufilaient entre les carcasses de droïdes hors d’usage et vidés depuis longtemps de tous leurs processeurs, et les pièces détachées de speeder rongées par la rouille, ils entendirent un chapelet de jurons sonores, à quelques mètres d’eux. Maxence et Karm échangèrent un regard, avant de partir en courant.


Une jante de tunnelier lancée par un épaviste à la vocation de discobole frôla leurs tempes. On courait derrière eux, mais avec une respiration courte et difficile, qui ne devait pas leur causer beaucoup d’inquiétude, alors qu’ils slalomaient entre les débris métalliques.


Fort heureusement en effet, leur poursuivant n’était pas l’homme le plus athlétique du monde et ils gagnaient rapidement du terrain. Arrivé au grillage, Karm fit la courte échelle à son amie pour la propulser au sommet de la clôture, avant de reculer pour prendre son élan et de bondir dans l’un de ses saltos surnaturels pour atterrir de l’autre côté.


Cinq minutes plus tard, ils étaient en sécurité à reprendre leur souffle dans les rues de Pine Point, si tant est qu’une telle chose fût possible.


J’vais quand même vérifier si Léo s’ennuie pas trop.


Le Jedi se fit donc un devoir de parcourir les messages de son datapad. Le jeune détective avait en effet mis un point d’honneur à le tenir informé des progrès de sa soirée, dans une série de SMS de moins en moins décents, et le dernier message était constitué d’une seule photo : un selfie de dos, entièrement nu, devant le miroir de la Force sait quelle chambre d’hôtel, avec une cambrure suggestive.


Herm…, marmonna Karm avant d’effacer précipitamment le cliché. J’précise que j’ai rien demandé de tel.


Mais Léo s’y attendait pour prévenir les désirs de ceux qui l’entouraient, serviable comme il l’était.


Il est décidément très sociable comme garçon.


C’est que le rigorisme de l’éducation jedi avait cultivé chez lui tant de frustration que, depuis qu’il avait quitté l’Ordre, Léo s’était fait un devoir de rattraper le temps perdu. Karm avait de la peine à savoir si le jeune homme était satisfait de l’existence dissolue qu’il menait, et encore plus à déterminer ce que son frère pouvait bien penser du mode de vie de son jumeau.


Je doute pas qu’il soit très partant pour t’aider à euh… finir de ranger ta chambre de motel, disons… une fois qu’on aura un peu avancé. Par là.


Le Gardien pénétra dans une droguerie automatisée ouverte vingt-quatre sur vingt-quatre qui, en cette heure déjà tardive, se spécialisait dans la vente d’alcools ménagers, pour les amateurs de sensations fortes qui n’avaient pas les moyens de boire quelque chose de plus raffiné. Un bidon à la main, un homme pressait d’un doigt approximatif l’écran de la console, sans paraître se rendre compte qu’il avait déjà réglé son article.


Le client modèle finit par murmurer des injures incompréhensibles, avant de bousculer l’Ark-Ni en louvoyant vers la sortie.


OK. Soude industrielle, peut-être pas, hein. Ou alors on est bon pour tout nettoyer au lance-flammes.


Quelques minutes plus tard, le sac à dos de l’Ark-Ni était plein à craquer de produits à tout décaper et ils reprenaient le chemin du motel. Quand il découvrit enfin l’état de la chambre de son ami, Karm déclara avec son flegme habituel :


Ma foi. J’ai vu pire ?


Probablement dans un holofilm d’horreur.


Le Jedi se débarrassa de son blouson, enfila des gants en caoutchouc avant d’en tendre une autre paire à Maxence, ouvrit grand les fenêtres, avec cet espoir un peu fou que l’air extérieur serait plus respirable que l’air extérieur, et s’adonna à cette activité on ne peut plus séduisante que de ramasser à quatre pattes les morceaux de verre, les mégots de cigarette et les objets non-identifiés que son amie était parvenue à semer dans les endroits même les plus improbables.
Maxence Darkan
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Maxence range ta chambre ! Un long filé d'air s'échappa de ses narines face aux « grands projets » de son ami pour terminer tout ça. Elle n'avait vraiment pas envie de lui montrer le monde dans lequel elle s'est décomposée. Même cette joyeuse course poursuite ne lui donnait aucunement envie de faire ça. Traînée comme une enfant vers son motel, les images de L-2 pour lui remonter le moral, c'était bien de ça dont elle avait besoin : Un L-2 nu à ses côtés -ou dedans-, un homme qui, en plus de savoir comment y faire, était un peu plus qu'un simple con uniquement là pour tirer son coup quand il s'y mettait sérieusement... c'était un grand bavard sur l'oreiller, sans nul doute. Au moins, ces quelques pensées lui permirent d'oublier un Karm bien trop intéressé par des produits ménagés. Puis vînt le moment où elle ouvrit la porte de sa chambre, elle faisait une salle tête, vraiment pas fière et quelque peu inquiète.

-Sinon, j'pouvais juste me tirer et chercher un autre motel, tu penses pas ? Nan ? Nan ?...

Non. Il fallait comprendre qu'à force de faire ça, plus aucun motel de la prendrait, black-listée dans tous les coins, le syndicat des technicien de surface sur la gueule et un procès qui ferait la une des journaux avec en gros plan, sa tête, décrite comme la plus grosse cause de suicide des hommes et femmes de ménage de Nar Kaaga. Elle enfila donc les gants avant de regarder la merde complète et indéchiffrable dans laquelle elle se contentait de survivre. À quatre pattes sur le sol, rassemblant ses affaires sales sur le lit, ses détritus et tout le reste dans une poubelle qui se remplissait bien trop vite, son visage tourna vers le dessous du lit.

-J'te conseille pas d'regarder sous l'lit. Vraiment pas. Euh... Elle se mit à chercher une excuse alors qu'on ne lui en demandait pas. Y' a un cadavre. Nan ! Y' en a deux. Elle glissa ses yeux proche de cet endroit tant craint. Ah, nan, c'est bon, elle l'a récupéré. Avec une... euh... conquête ? Ouais, bah elle était dans des délires un peu chelou avec des dispositifs tout aussi chelou, mais vu qu'il est plus là c'est bon. Elle sortait les objets un à un. Si tu veux : Du lubrifiants, des boites de préservatif à moitié utilisé... la boite, pas les préservatifs, des mouchoirs, une bouteille de whisky, de la bouffe périmée et... oh ? Un préservatif usagé. Hésite pas, j'ai tout c'qui faut.

Elle en rigolait, mais ça lui faisait mal au cœur. Surtout le préservatif usagé, pour des raisons qui lui échappaient. Elle ne s'était jamais vraiment montrée comme la femme parfaite sur le côté hygiène de vie, mais pas comme une junkie irrécupérable. Pas complètement. Elle jeta tout ce qui ne paraissait pas être bon, dans le sens où, si elle avait des doutes sur ce qui pouvait traîner dessus après toutes ses personnes passées. Au moins, les protections étaient sauves. Finalement, elle évita tout de même à l'Ark-Ni de se charger de ce coin, lui laissant la joie de mariner dans les tessons de bouteilles et les bouts de verre collant d'alcool.

-Merde... putain j'avais complètement zappé.

Elle poussa tout un tas de paquets de bonbons qui couvraient une sorte de petite manette avec un bouton. Lançant un regard paniqué à son équipier de ménage, la blondinette brandit l'appareil dérivant ses yeux de l'un à l'autre dans une confusion énigmatique. Les aléas de l'alcool et de pilules la forçait à oublier quelques délires innovants pour « se sentir mieux ».

-C'est un détonateur. Un rictus stupide lui échappa. J'crois qu'y' a une bombe quelque part dans l'bâtiment. Haussement d'épaules. Bah on a qu'un seul moyen d'le vérifier. Elle appuya sans hésiter sur le bouton avant de lever la tête, tendant l'oreille. Ah non ? Bon. J'ai rien dit.

Maxence balança le détonateur un sac poubelle avant de reprendre sa chasse aux sachets et aux mégots. Elle se redressa pour se détendre le dos, elle travaillait vraiment très lentement, le ménage tout-ça-tout-ça, rien de bien passionnant, donc plutôt du d'y mettre du cœur. Avec une vue plongeante sur la pièce depuis la hauteur de ses jambes, elle venait de se rendre compte des datapads sur la table basse, ceux, soit brisés, soit dangereusement en bon état. Se précipitant dessus pour glisser les utilisable dans son vieux sac, mieux valait qu'il ne regarde pas là-dedans.

-J'ai, genre, quatre téraoctets de vidéos d'flingues et d'porno. Elle jeta le tout sur le lit avant de s'occuper des datapads brisés. J'ai passé beaucoup d'temps ici à rien faire, j'ai eu des jours bien pires que celui dans lequel tu m'as trouvé. J'suis vraiment pas fière et maintenant qu't'es venue, j'flippe vraiment, j'ai pas envie d'retomber là-dedans, faut qu'j'reste sobre.

Un travail long et pas forcement acharné pour nettoyer : bouts de verre, emballages, boites de pilules, objets de consommation du plaisir et matériel de fabrication d'explosifs. Plus qu'à laver le sol très, très, très, très collant, faisant « scwoutch » à chaque pas dessus.

-Dis, tu pourras m'filer les prochaines photos que Léo t'envoie ? Pour... tu sais. D'ailleurs, elle grimaça un instant, il t'a aidé à m'trouver, c'est ça ? Pourquoi il a fait ça ? Tu l'as payé ?
Karm Torr
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Karm Torr.


Maître de l’Ordre Jedi.
Grand explorateur de planètes hostiles.
Dompteur de fauves ! Triomphateur de plantes carnivores !
Champion parmi les siens !
Soldat de toutes les batailles.


Karm Torr affrontait présentement un adversaire presque invincible.


Qu’est-ce que…


Le Jedi parvint à extirper un machin coincé dans la grille d’aération.


C’est hyper gros pour un chapelet de prière, quand même, fit-il naïvement, avant de se voir privé de sa découverte et à nouveau cantonné à l’activité alcool et mégots.


Pour sa part, il éprouvait à tout ce rangement la satisfaction du travail physique et méthodique, qui avançait inexorablement vers sa conclusion. C’était un peu comme faire un puzzle à dix mille pièces, sauf qu’en l’occurrence, on prenait toutes les pièces pour les fourrer dans l’incinérateur centralisé du motel.


T’sais, je suis pas là pour fouiller dans tes affaires, hein, précisa-t-il quand Maxence se rua sur les datapads. J’allais pas regarder dedans. L’espionnage, c’est pas mon truc.


Dixit celui que l’on s’obstinait à envoyer dans des missions d’infiltration, pour des raisons qui dépassaient l’entendement, quand on considérait ses talents de comédien avoisinant ceux du Zabrak de cinq ans qui interprète un tournesol dans la pièce pour la kermesse de fin d’année.


Bon. À nous deux !


Et le voilà récurer vigoureusement le lavabo. Comme quoi, tous ces muscles, ce n’est pas pour décorer !


J’l’ai pas payé, non, dit-il un peu plus tard, en revenant dans la chambre, éreinté mais victorieux, et les cheveux en bataille, c’est-à-dire plus encore que d’habitude, je lui ai demandé de l’aide et il a accepté volontiers. Tu serais surprise de combien ça marche souvent. Euh…


L’Ark-Ni chercha un instant une formulation plus correcte en basic, avant de hausser les épaules. Son amie l’avait probablement compris.


J’crois qu’il t’aime bien, déjà. Je, hm… Si j’en juge par le genre de messages qu’il m’envoie, j’imagine qu’il m’aime bien aussi.


Dans le sens où l’ancien Padawan tentait activement de se taper le maître de son frère jumeau, pour l’heure, sans le moindre succès.


Je le soupçonne aussi d’être bien content de pouvoir venir en plein Espace Hutt et en repartir, sans rendre compte aux autorités républicaines, sous prétexte qu’il assiste un Maître Jedi. Et ma foi, si tout le monde est content, ça me va…


Karm n’était pas très à cheval sur la loi et Léo n’était pas non plus un serial killer en cavale. Les activités du jeune homme n’étaient peut-être pas absolument au-dessus de tout soupçon, mais le Jedi percevait en lui une telle bonté, mêlée à l’insouciance juvénile de son existence tourbillonnante, qu’il n’avait aucune envie de pêcher par excès de légalisme.


Ça a l’air globalement d’être un chouette garçon. Louche jusqu’au bout des ongles, je dis pas, mais un chouette garçon quand même. Tu devrais l’appeler. Allez, grimpe sur le lit.


Plaît-il ?


Pendant que je passe la serpillière.


Et sur cette déclaration au sommet de l’érotisme, le Jedi vida la moitié de son flacon dans le réservoir du balai ionisateur Asperg-3000 et enclencha l’appareil, qui se mit à vrombir, un peu comme un sabre laser, ce qui n’était pas sans être un brin vexant. Il n’empêche que Karm se mit à astiquer avec beaucoup de conviction et puis, une fois cerné de toute part par le sol humide, il se laissa tomber sur la chaise de bureau, qu’il fit pivoter vers le lit.


La sobriété, j’en sais pas grand-chose, mais je peux demander aux guérisseurs de l’Ordre s’ils ont de bons conseils, applicables aux civils, si tu veux. Quant au reste…


Il fit un vague geste de la main vers le sac désormais rempli de datapads.


… si t’as besoin d’aide pour quelque chose, tu sais que je suis là ? Avec mes méthodes à moi, qui sont certes pas du tout les tiennes, ‘fin pas toujours, mais je suis là quand même. J’ai pas l’intention de me mêler de tes affaires au-delà de cette… euh… intervention. J’veux pas jouer les espèces invasives ni rien. T’as ta manière de régler les choses et je comprends bien ça. Mais je suis là pour te filer un coup de main quand tu as besoin.


Les mains croisées sur la nuque, il bâilla longuement sans se cacher la bouche.


(Quel rustre !)


Et sinon, donc, tu peux toujours débarquer sur Dantooine. L’Enclave est pas difficile à trouver, y a des chambres pour les visiteurs et la bouffe est pas que vegan. À vrai dire, cette histoire, ça marche plutôt pas mal. Dans mes moments d’égarement, je m’autorise même à être fier de moi.


Il se pencha pour tapoter le sol du doigt.
Pas encore sec.


D’ailleurs, j’suis en quête d’intervenants pédagogiques pleins de tact et de délicatesse pour expliquer aux jeunes les tenants et aboutissants de la vie des mercenaires, et comme tu l’imagines, en pensant intervenant pédagogique, j’ai forcément pensé à toi. C’est à peine si y a pas ta photo dans la fiche Holopédia pour ça, hein.
Maxence Darkan
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-Mon Maître Vénéré qui nettoie mes conneries, j'en suis toute émoustillée.

En tailleur sur le lit, elle essayait de ne pas trop s'éterniser sur ce qu'il y avait dans ses datapads. Elle eut une pensée à L-2 qui s'était porté volontaire sous la simple demande du Jedi qui semblait presque essayer d'arranger quelque chose entre les deux. Sûrement pour échapper au harcèlement sexuel de l'ancien Padawan ET de Maxence. Imaginez. Imaginez, Karm enfin libre de toutes ces tentations présentaient de chaque côté des sexes. Vraiment, imaginez-le, parce que ça n'arrivera pas de si tôt. Au moins, elle était contente d'avoir laissé un souvenir suffisamment à L-2 bon pour qu'il se permette ce genre de folies.

-Ouais... j'crois qu'j'vais nous organiser un truc ou deux, lui et moi. Tu peux venir aussi, s'tu veux.

Les conseils de sobriété, elle ne les tiendrait pas, Maxence se connaissait assez pour le savoir, la mercenaire allait faire comme elle eut toujours fait, se forcer la main sans écouter l'extérieur. Cependant, loin d'être seule dans cette aventure de sobriété face à cette drogue, désormais, elle pouvait compter sur son médecin généraliste personnel, Fély qui, lui, prendrait avec grand plaisir les conseils des guérisseurs pour aider les Djiilo se trouvant dans le même problème que sa sœur d'arme.

-Faudrait qu'j'vous file de quoi contacter Fély, c'est un doc' Djiilo, il aurait p't'être bien besoin d'conseils pour aider certains d'nos membres à être sobre... dont moi. Elle s'enfonça pour coller son dos contre le mur au bout du lit. Karm, si j't'implique pas dans mes histoires secrètes, c'est absolument pas parce que j'te fais pas confiance. La négation par la négation par la négation, elle ne s'en passait jamais de ce truc là. C'est justement parce que j'tiens trop à toi. T'sais, c'est... un peu au-delà de l'illégalité : j'suis en train de lancer une pièce dans les airs, si elle retombe mal, je risque d'y perdre beaucoup, mais si elle retombe bien... j'me sentirais de nouveau moi. Elle s'étira les bras. J'ai perdu la main vis-à-vis des Djiilo et tu mérites pas d'être impliqué dans des histoires de Cartel alors que t'es un Maître Jedi qu'a déjà des trucs à gérer dans son coin. Je sais qu't'es là, je sais qu'j'peux compter sur toi, mais oublie pas qu'ça va dans les deux sens.

C'était vraiment bien plus que d'essayer de s’émanciper de la personne qui avait déjà tant fait pour elle. Le message qu'elle enverrait le jour où elle confronterait ses démons une bonne fois pour toute, elle ne le ferait pas proprement, pas comme Karm le voudrait, malgré sa compréhension face aux manières bien distinctes de son amie, c'était par amour -purement platonique, évidemment, sans aucun désire charnel, ah ça non- qu'elle refusait son aide.

-Tu ?... Tu veux qu'je joue les profs face à une bande de mioches ? Fit-elle, les yeux écarquillés. J'veux dire... ou... Ouais, grave ! Putain, ça m'botterait carrément. 'fin, j'ai beau détester les gosses avec la bave qui glisse au coin d'leurs lèvres et leur mentalité d'attardés sous coc', après tout, j'me dévoue, c'est bien mon boulot en tant qu'contractuelle des Jedis de vous aider dans cette dure construction civique et morale des nouvelles générations.

Et après tout, pourquoi pas ? Elle allait s'enfoncer petit à petit dans ses histoires, mais, le temps d'organiser le tout, elle aurait sûrement des moments à vide, quelques pauses par ci par là que la blondinette pouvait consacrer à renforcer ses liens avec l'Ordre. Des liens qui, comme pour les Djiilo, se sont effilochés.

-T'sais, la bouffe végan, franchement, j'aime bien. J'ai jamais été trop dans la viande, disons qu'j'suis pas très regardante dans c'que j'mange, mais j'préfère les légumes. Haussement d'épaules. Après, j'aime autant la bouffe lyophilisée que les plats luxueux d'Alderaan, donc...

Maxence se positionnait plus comme grande amie du végétarien, plus que du végan. Même en ayant travaillée dans une cantina, elle ne connaissait pas la différence entre les deux. Un rire aussi nerveux qu'excité lui échappa.

-Ok, ok. Voilà c'que j'te propose, tu t'engages à pas chercher par aucun moyen à t'immiscer dans mes p'tits secrets sans jamais t'inquiéter pour ma santé, ou ma vie et de mon côté... j'm'engage à plus toucher à cette merde de Speed et te trouver suffisamment d'temps pour aller faire une intervention pédagogique auprès d'tes mioches... c'est sur Dantooine que tu veux qu'je fasse ça ? 'fin bref, dans tous les cas j'viendrai et on s'fera même un p'tit atelier en amoureux sans barre de pole-dance pour s'occuper d'nos projets d'armement coquins.

Fallait-il encore qu'elle achète les pièces qu'on lui avait proposé, mais c'était une autre affaire, ce qui comptait pour elle, c'était principalement de se changer les idées en retournant le voir plus tard quand elle en aurait besoin et quand il le pourra.

-J'pense... j'pense que j'vais radoter. Fit-elle en fuyant soudainement son regard. Mais j'te remercierai jamais assez le nain. Sans toi, j'aurais p't'être passé ma soirée à m'défoncer jusqu'à en faire une overdose et m'étouffer dans mon vomi. Quoi que, ça aurait pu lui arriver avant. J'crois même que j'me sens suffisamment reconnaissante pour te féliciter quand j'verrai l'Enclave de mes propres yeux. Dans tous les cas, faut qu'j'appelle Léo, toi, réfléchis à ma proposition.

Elle retira ses chaussures pour les poser sur le bord du lit et commencer à trottiner sur le sol mouiller, la pointe des pieds la plus pointue possible pour éviter les remarques de ménagère agacé venant de Karm, pour s'enfermer dans la salle de bain et trouver un semblant d'intimité avec la personne qu'elle invitait dans sa chambre neuve. On pouvait l'entendre vaguement parler, rigoler et prendre des intonations qui ne laissaient aucun doute sur le fait qu'il s'agirait d'une fin de soirée, à deux sur le lit pour jouer au scrabble, une petite tisane à la main. Deux minutes plus tard, la porte s'ouvrit et la blondinette s'appuya contre l'encadrement.

-Il va venir. Du coup, ça t'tente ? J'veux dire, ma proposition, pas le fait d'nous accompagner Léo et moi... j'me doute bien qu'un Maître Vénéré dans ton genre ne se permettrait pas de telles excès : ton p'tit cœur aurait du mal à l'supporter.
Karm Torr
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J’te préviens !

Avec un froncement de sourcils en plus pour se donner l’air bien sérieux, Karm prévint donc :

C’est encore mouillé.

Et la jeune femme fut suivie d’un regard menaçant alors qu’elle se frayait un chemin vers la salle de bain, laissant le Jedi méditer sur les pouvoirs de la Force qui permettraient de passer la serpillière plus efficacement. Il ne prêta ainsi qu’une oreille distraite à la conversation qui montait depuis la pièce voisine. Les périmètres exacts de la relation entre ces deux-là lui échappaient, mais il était persuadé qu’une nuit de sexe était de toute façon un excellent remède : des hormones positives, un épuisement sain, un plaisir partagé. C’était quasi médical.

Quand la mercenaire refit son apparition, il eut un haussement d’épaules.

Honnêtement, j’suis même pas sûr de comprendre comment c’est censé fonctionner à trois.

Alors il se mit à réfléchir.

Oh.

Puis à rougir.

Ah, ouais, euh…

Après avoir changé de position machinalement sur sa chaise, il marmonna quelque chose dans le registre de bon ben bref, avant de reprendre le fil de leur autre conversation.

Pour le reste, c’est entendu. Tu fais tes trucs dans ton coin, tu m’appelles si t’as besoin, et en attendant, j’te prépare ta future carrière de prof sur Dantooine. Ce sera plutôt des ados que des gosses, les cours sur le mercenariat, c’est peut-être un peu rude pour les cinq à sept ans.

Alors que l’initiation au sabre laser, pas du tout.

L’Ordre Jedi avait sa propre logique.

J’doute pas que tu seras parfaite dans ce rôle, poursuivit-il sans ironie aucune. Apprendre à être un Jedi impliqué dans les affaires de la Galaxie sans être exposé aux gens qui font la diversité de cette galaxie, j’ai toujours trouvé ça un peu débile, pour être honnête.

Certes, nombre de Jedis suivaient des cours dans des formations plus ordinaires, une fois arrivés à l’âge adulte, mais cette ouverture au monde lui paraissait trop tardive.

Et pour l’armement… Ben on a des forgerons jedis spécialistes des blasters, aussi, figure toi. Tous les Jedis utilisent pas nécessairement de sabres laser, même si c’est de loin l’arme la plus populaire. Enfin bref, on verra. Perso, j’ai encore deux trois problèmes de cristaux à régler.

Le sol était sec et, tel homme un providentiel, Léo venait de frapper à la porte.

Jeunes gens, fit-il en rentrant, avec son sourire lumineux et sa beauté insolente. Ah, Karm ? Vous vous joignez à nous ? Si j’avais su, j’aurais acheté des préservatifs plus…
Je veux rien savoir, décréta l’Ark-Ni en se relevant. Je vous laisse passer votre nuit à regarder des documentaires animaliers et à discuter philosophie. N’est-ce pas ?
Tout à fait.

Karm se tourna vers Maxence et puis, après un moment d’hésitation, il la serra dans ses bras.

Prends soin de toi, murmura-t-il. Si tu le fais, j’m’entraîne au pole dance. Promis.

Puis il considéra Léo.

Prends soin d’elle.

Le sourire du jeune homme laissa place un instant à un air sérieux et il eut bref hochement de tête.

Oui, Maître.
Allez, j’vais voir si Blip a survécu à sa soirée de folie.

Et sur ces bonnes paroles, l’Ark-Ni abandonna les deux tourtereaux, non savoir été suivi du regard, et en particulier ses fesses, par un ancien Padawan qui était trop esthète pour ne pas admirer ce chef-d’oeuvre de la nature.

Singulière présence, murmura le jeune homme avant de se retourner vers Maxence. En vrai, j’ai amené de la glace, si tu veux, et je suis pas opposé à des câlins devant des documentaires animaliers, avant de…

La mercenaire se fit déshabiller du regard.

… exercer ton endurance.

La sienne était soutenue par la Force, c’était un peu triché.

Dans les rues de Pine Point, à l’heure qui précédait l’aurore, Karm tentait de mettre de l’ordre dans ses pensées. La situation de Maxence continuait à l’inquiéter mais, sans être psychologue, il comprenait bien que son intervention avait ses limites et que la jeune femme trouverait sa propre voie. Et puis il y avait le reste : leur désir l’un pour l’autre, qu’il ne pouvait plus guère nier, et Luke, et Dantooine, et ses efforts pédagogiques, et Léo, et Loé, et l’avenir de la galaxie.

Bip.
Alors ?
Bip bip…, fit le droïde d’un ton résigné.
C’est pas grave, t’en rencontreras d’autres, des chariots élévateurs tu sais.

Karm le gratta derrière l’antenne, avant de rentrer dans le vaisseau.

Hé, Blip. Tu pourrais me trouver un livre sur le pole dance ? Genre, l’histoire de la discipline, quelque chose dans le genre. Et me sortir les entrées du catalogue des Archives pour les ouvrages qui ont du rapport avec la danse et les arts jedi.
Bip bip biiip ?
Non, pas besoin de m’appeler Karm le Voluptueux, c’est de la pure curiosité.
Bip…
Maxence Darkan
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Karm découvrant mentalement les plans à trois en rougissant tandis que son amie, elle, hochait la tête, un rictus nostalgique pointant le bord de ses lèvres. Une sauterie : Humaine, Zeltron et Twi'lek -au féminin-, c'était typiquement le truc par lequel il fallait commencer pour comprendre toute l'étendue de ce... sport ? Bref, comme dirait l'argenté. Le sol était sec. Déjà. Cette soirée semblait s'être dessiné en une fraction de seconde, bientôt, elle y retournerait pour le meilleur comme pour le pire. Bon, après, si la soirée avec Karm était terminée, celle avec Léo ne faisait que commencer. Sa gueule de charmeur entrant dans la salle, l'inévitable invitation implicite lancée au Maître Jedi pour un peu de piquant, ce Maître, lui, restait indomptable.

Maxence le prit dans ses bras. Ou l'inverse. Peut-être que les deux l'avaient fait en même temps, aucune importance. Elle se le serra, de plus en plus fort, jusqu'à atteindre un moment où elle se disait qu'elle allait l'écrabouiller par amour.

-T'inquiète... répondit-elle dans son épaule, à deux doigts de lâcher une petite larme. Merci. Merci pour tout.

Elle s'écarta en lui lançant un petit sourire triste, l'écoutant donner un ordre que Léo comptait bien mettre en œuvre. La blondinette et le Padawan le suivirent lui et son joli fessier drôlement rebondit, se balançant de gauche à droit, ferme et... bref, jusqu'à sa disparition complète, de l'autre côté de la porte. Elle renifla discrètement le début de ce qui pourrait se comparer à de la joie et un manque se faisant déjà grand. Ce n'était pas qu'une simple soirée où elles avaient soudainement décidé d'aller dans l'espace pour graver un astéroïde, revenir pour fêter ça dans un club de strip-tease, être à ça de s'envoyer en l'air contre un mur d'une salle privée, aller fracasser une caisse puis terminer par laver une chambre immonde, c'était un grand pas en avant pour Maxence qui ne faisait que marcher à reculons depuis Khar Delba.

Maintenant elle se rendait en parti compte des gens autour qui comptaient sur elle, que ce soit pour devenir une femme respectable, sobre et altruiste, que ce soit pour essayer de raccrocher les bouts, une bonne fois pour toute, surmonter l'épreuve avec ce qu'il restait du passé et reconstruire en dur, que ce soit pour assouvir une vengeance à demi-mot sur l'Empire, ou même baiser dans une chambre d'hôtel après avoir mangé de la glace devant une émission à la con... elle pensait avoir saisi le message.

Inspirant un grand coup, elle figea son regard dans celui de Léo avant de poser délicatement sa main sur son cou, l'autre sur le bord de son buste et le diriger sur le lit. Elle le poussa avant de rejouer aux allumeuses, à califourchon au-dessus de lui, elle le maintenait allongé, sa tête à quelques centimètres de celle de l'humain.

-Tu sais comment m'teaser, toi. J'connais deux-trois documentaires sur les Tookas, ces p'tits trucs sont vraiment passionnants. Ils me font un peu penser à toi, doux, mignon et bien plus malin qu'ils en ont l'air... c'est un compliment.

-Oh, mais j'ai parfaitement compris. On peut encore rattraper Karm, aucune chance qu'il ne résiste à ce genre de documentaire.

-Naaaan... le pauvre doit sûrement se remettre de ses émotions : on a passé une soirée un peu... spéciale. 'fin bref, quel goût ?

-La glace ou les...

-La glace.

-Pistache-chocolat.

-Tu penses vraiment à tout, hm ?

Elle roula sur le côté pour allumer la télé et partir directement sur les chaînes de documentaire, s'allongeant, dos contre le mur, elle tapota à ses côtés pour qu'il la rejoigne, accompagné de son pot de glace. Elle se colla à lui en regardant les images d'animaux en plein coïte, des Tookas qui plus est, parce qu'elle n'avait jamais vu celui sur le cycle de reproduction de ces petites choses. Sa tête sur son épaule, une cuillère en plastique donnée avec la glace grattant les bords du pot pour ne pas en rater une seule bouchée, elle laissa échapper une main baladeuse le long de son ventre.

-J'crois qu'faut qu'j'te parle d'un truc. Et j'aurais bien besoin d'conseils.
[FIN]
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