Lloyd Hope
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- Oui, dit-il sans se retourner, occupé qu’il était à nettoyer la garde de son sabre laser, que du sang, de la boue et de la toile de l’arachnide avaient maculé.

Il n’y avait rien de plus à dire. L’endroit était à son image : il ne laissait pas paraître grand-chose. C’était un espace en longueur, étroit, et la couchette prenait un quart de la surface de la cabine. Les espaces de rangement étaient presque vides, seuls des vêtements, des blocs de données, quelques outils traînaient, empilés. Une seconde écoutille donnait sur une salle d’eau très étroite, et le seul luxe de la cabine consistait en le hublot en transparacier qui permettait d’avoir un aperçu de ce qui se tramait à l’extérieur, sans pouvoir être vu du dehors. Mais la nuit sombre, à l’instant présent, ne laissait rien transparaître.
Pour les quartiers d’un Sith de son rang, c’était minuscule, et impersonnel : pas de photo, pas de décoration, rien qui exprimât une identité, une appartenance, une individualité. Lloyd leva les yeux de son sabre pour se retourner, accorder un regard à Dana. Ses yeux se perdirent un moment sur leur environnement, comme il paraissait se rendre compte de l’aridité du lieu.

- Désolé, dit-il en haussant brièvement les épaules. Tu es sûrement habituée à mieux. Mais j’ai pensé que tu serais mieux là qu’avec Jaden. Le Sans Visage n’est pas assez grand.

Il fallait dire que son vaisseau n’était pas conçu pour accueillir autant de monde.

- Mais tu auras un peu de tranquillité, j’ai beaucoup de révisions à faire dans la salle technique, à cause du crash.

Il aurait aussi le cockpit, si besoin. Le hapien rangea le sabre laser et attrapa une serviette pour s’essuyer les mains. Son regard était porté sur le hublot, plus par une vieille habitude que pour y voir quoique ce soit. Il y eut une silence, pendant lequel il sembla contrôler ses mains, cherchant à y déceler une quelconque trace.
Mais il n’y avait rien. Il était propre, vêtu d’habits plus détendus que d’ordinaire, ses cheveux encore humides de la douche sous laquelle il avait dû passer un moment pour se débarrasser de toute la saleté accumulée. Il s’était ensuite occupée de Dana.
Il l’avait déshabillée, il avait retiré ses bandages, il avait rincé sa peau parsemée de cicatrices, il l’avait séchée, il avait refait son bandage. Puis il l’avait bordé d’une couverture pour qu’elle n’ait pas froid, il avait dégagé doucement les mèches de son visage. Il avait passé un doigt sur sa lèvre inférieure.

Bref, il avait eu le temps de réfléchir.

Il baissa les yeux en prenant une inspiration, comme s’il allait parler, mais il sembla se raviser. A la place, il désigna d’un doigt le verre d’eau et le cachet posés sur l’étagère au bord de la couchette.

- Prends ça. Ça aidera à lutter contre l’infection. Ta plaie n’est pas très belle, mais ça n’a pas l’air trop profond. Ça devrait aller.

Il y eut un bref silence. Le hapien parut embarrassé et s’apprêta à quitter la cabine, mais une fois encore il se ravisa. Il revint sur ses pas, et finalement il s’assit au bord de la couchette, et ses yeux graves rencontrèrent l’étendue dorée qui noyait de luminosité le minois de Dana. Il la contempla quelques instants.

- Ecoute, il y a deux trois choses dont il faudrait qu’on parle. Je suis pas sûr que tu en aies envie, mais…

Il ne termina pas sa phrase. Il regarda devant lui. La cabine morne lui renvoya une image stérile de lui-même.

- Bon, la politique c’est pas mon rayon, tu te débrouilles sûrement mieux que moi là-dedans. Mais y’a pas besoin d’être au Conseil Noir pour comprendre une chose ou deux, expliqua-t-il soudain. D’abord, qu’avec ta position de loyaliste sur Khar Delba, ta planète ne va pas t’accueillir à bras ouvert. Ensuite, que parce que tu es de Ch’hodos, les loyalistes aussi vont se méfier de toi. Par conséquent, un sacré paquet de gens risquent de vouloir t’atteindre. Je veux dire ; plus qu’avant. Te soupçonner. Te faire chanter.

C’était là que ça devenait compliqué. Mais il tâcha de ne pas perdre le fil, de ne pas perdre les bonnes résolutions qu’il avait forgé pendant qu’il avait passé un gant sur la peau de Dana. Quand il avait nettoyé sa blessure avait application, alors que la poitrine de l’Inquisitrice se soulevait au rythme d’une respiration ensommeillée. Il avait pu la regarder tout son saoul, il avait pu graver tout cela dans sa mémoire, il avait pu tenter vainement de se convaincre que cela suffirait.

- Je ne veux pas qu’on puisse t’atteindre à travers moi.

Il baissa un moment la tête, avant de la relever vers Dana. Il se revoyait, expliquer dans ce même vaisseau qu’il valait mieux qu’il s’en allât. Il avait pris la bonne décision, à l’époque. Allez approche. L’allumer une dernière fois et partir quand ses doigts, ayant fébrilement parcouru ces vallées envoûtantes, l’avaient alerté sur le danger qu’il courait. Mais la Force les avait remis dans le même chemin, dans le même vaisseau. Une fois, deux fois, trois fois. Et plus le temps passait, et plus il savait qu’il se brûlerait davantage, que plus il attendrait, plus la douleur serait grande. Pour lui, pour elle.

- On a fait une bonne équipe. Mais la faiblesse d’une équipe, c’est qu’on peut être trahi. C’est pour cela que les vrais Sith ne peuvent se faire confiance.

Il eut un sourire triste, mais osa affronter le regard de Dana à travers les mèches humides qui jouaient sur son front. Soudain il se leva et fit deux pas dans la cabine avant de revenir. Il s'assit à genoux pour pouvoir mettre son visage à proximité de celui de Dana et s'accouda au bord de la couchette pour la regarder dans les yeux.

- Il faut qu’on arrive à être quittes pour de bon, tu comprends ? Si quelqu’un apprend la créance qu’on croit constamment avoir l’un envers l’autre… Ça se retournera contre nous, souffla-t-il, grave. Personne ne doit savoir.

Et la meilleure manière que personne ne sût une chose, c’était tout simplement que cette chose-là n’existât pas. Le visage du hapien se durcit quand il serra les mâchoires.

- Ce Jaden par exemple, il en sait déjà trop.

Le grésillement discret des néons lui parut plus prégnant que d’ordinaire. La cabine plus étroite, et plus froide. De l’autre côté de la paroi, un autre Sith devait lui aussi panser ses plaies. Aux oreilles de Lloyd tintaient encore les gémissements de Dana et avec eux, tous les autres éclats de voix de l’Inquisitrice. De ceux qu’elle avait laissé échapper au creux de son oreille, à ces Lloyd qu’elle avait prononcé quand Raidun l’avait prise.
Il lui sembla que ses tripes se serraient.

- Laisse-moi le tuer.
Darth Hope
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Les cachets avaient fondu contre sa langue avant d’être balayés par une gorgée d’eau timorée. Sa gorge demeura aride, comme son esprit. Elle avait écouté Lloyd, l’avait suivi des yeux même quand il cherchait à se dérober aux siens. Elle avait dépeint sur lui, tous les souvenirs qu’ils avaient accumulé ces dernières semaines. Et au fur et à mesure du discours, elle avait détourné sa figure vers la paroi qui bordait la couchette. Un mur gris, terne, sans aucune fioriture, pas même une photographie. Non, songea-t-elle les images, il les préservait autre part. Lloyd était un être taciturne, secret. Il n’aurait jamais exhibé un sourire dans ce lieu intime. Elle avait fini par se rallonger, car sa tête s’engourdissait sous l’effet des médicaments. Elle plaqua le dos de sa main contre son propre front et laissa s’installer un silence durant lequel elle fixa le plafond si bas qu’il donnait l’impression de vouloir l’écraser. Elle tâche de se concentrer pour ne pas flancher devant les relents de sa claustrophobie.

De toute façon, que savait-il des lieux qu’elle avait fréquentés ? Des dortoirs dans les Temples siths, impersonnels, froids, sans intimité autre qu’un silence glaçant. Depuis qu’elle était au service de Darth Runà, sa chambre luxueuse sur Ch’Hodos n’avait été qu’une lointaine destination de villégiature. Son quotidien n’avait été fait que d’ombres. Elle se remémora sa cabine sur le Lightbreaker, les ponts du croiseur, les regards fuyants des soldats qui craignaient l’Inquisitrice qu’elle était, de cette solitude qui avait couvé autour d’elle, l’arrachant au monde.

Puis un rire fila depuis sa poitrine. Il emplit l’air et tordit son faciès dans une grimace étrange. Rire secouait son corps qui protesta, mais rire lui faisait du bien. La contrariété avait comprimé ses muscles, pressé ses nerfs. Elle avait besoin de l’évacuer. Enfin, elle roula sur le flanc et ses yeux tombèrent dans l’infini vert de ceux de Hope. Elle avait soudainement cessé de rire.

Il était sérieux.

-Savoir quoi ? De quelle créance tu parles ?

Elle ramena sa figure vers le plafond, il lui semblait préférer finalement, le morne revêtement du plafond aux émeraudes assombries de Lloyd. La voix de Dana était sur le fil du rasoir, tendait parfois vers le manque de contrôle, mais elle fit de son mieux pour que ses mos soient audibles et correctement articulés.

-Tu as peur que cela arrive aux oreilles de Mat’aenna ? Ou de Laduim ? Mais c’est trop tard. Tu…

Elle marqua une pause pour ménager sa colère qui grandissait dans son ventre. Un ventre dans et sur lequel il avait laissé un grand vide après l’avoir béni de caresses. Ces mêmes caresses qu’elles maudissaient désormais et qui flétrissaient son âme d’amertume et de regrets.

-Tu penses que je suis une potentielle renégate ?! C'est la seule chose que tu vois en moi ? Tu crois être dans le meilleur camp ?! Dathomir, je te signale que c’est ton putain de Maître qui y a fait couler TANT de sang. Que tu es en train de sacrifier ta loyauté à un Sith qui retient…ta compagne ou peu importe en otage, en esclave. Qu’il te promet qu’elle sera épargnée.

Nouveau rire. Parce que vraiment, cette fois-ci la naïveté de Lloyd n’avait que de l’hilarité à pourvoir. Son corps se mut, animée par sa colère qui la rendait raide et altière. Ses pieds nus épousèrent le sol froid et elle fit quelques pas dans l’espace exigu, écartant une main pour désigner l’endroit, plaquant l’autre contre la couverture dont elle avait drapé ses courbes pâles.

-Considère que Ch’Hodos équivaut pour moi à ta Twi’lek. Celui qui possède Ch’Hodos, me tient aussi. J’ai pensé. J’ai sincèrement pensé que…tu pensais tes mots, quand tu disais que…tu m’amènerais sur Ch’Hodos en dépit de ta propre sécurité. Mais oui, j’ai été idiote de te faire confiance, les vrais Siths ne font pas ça confiance. Et bien je te remercie pour la trahison, je te remercie pour les soins aussi, mais il ne fallait pas.

Elle se dirigea d’un pas ferme vers l’écoutille principale, prête à quitter les lieux avant que sa rage n’emporte tout dans la Force, car elle se sentait perdre le contrôle. Elle aurait dû être soulagée qu’il choisisse la voie de la raison. Elle l’était, à vrai dire. Sa colère ne traçait qu’un sillon vers plus de raison encore. Seulement, elle se ravisa à quelques centimètres de la porte. Dana se détourna vers lui, les lèvres pincées. Ses yeux étaient grands et brillaient, gardés par ses cils si sombres et si longs et irréguliers. Ils admiraient Lloyd Hope. Leur or fondait au contact de sa beauté et elle aurait aimé y être insensible.

-Tu peux me déposer où tu veux, peu importe. Jaden me conduira à Ch’Hodos. C’est peut-être mieux s’il m’y conduit sans toi, d’ailleurs. Comme tu dis, peu importe où on me mènera je ne serai pas la bienvenue. Mais j’avais pas besoin de tes mensonges. Jaden reste en vie, parce qu’il m’est utile, parce qu’il a bien des défauts de merde, mais que le mensonge n’en fait pas partie. Il a toujours dit sincèrement ce qu’il pensait de moi.

Elle s’adossa à l’écoutille et se laissa glisser lentement sur le sol, ramenant ses genoux contre sa poitrine, déposant son front égratigné contre ses genoux, contre la couverture qui la protégeait. L’odeur de Lloyd envahit son air soudain, c’était étouffant. Elle aurait aimé arracher ce drap qui lui rappelait trop d’erreurs, mais elle avait peur d’avoir froid, elle avait peur d’être nue. Complètement nue et qu’il ne découvre que sa profonde tristesse.

Dire que c’était ce qu’elle voulait lui demander. Le matin même, baignée par la lueur de l’aube, pressée contre lui, enivrée par sa chaleur endormie.

Je voulais te demander quelque chose, avait-elle dit doucement.

Est-ce que tu me fais confiance ?

Mais cela ne servait plus à rien de demander, quand on avait la réponse.

Cette fois-ci, elle savait pourquoi ses larmes coulaient, mais elle les garda pour elle.

-Je ne crains personne, finit-elle par conclure d’une voix rauque. Ni Ramken, ni Akusha, ni le Conseil Noir.

C’est… Tant mieux, en fait. La peur, je veux dire. Tu fais flipper, quand t’as pas peur.


Avant l’attaque des rancors, quand il était grimpé au sommet. Que l’espoir de retourner au Sans-Visage avait percé une éclaircie dans le ciel lugubre de Dathomir, elle s’était promis d’aller mieux. De sortir une bouteille de « jus de fruits » offerte par Ruth, et deux verres. Elle l’aurait partagée avec lui, d’égal à égal, pour effacer toutes les traces de colliers, de servitude, toutes les humiliations. Elle aurait laissé l’alcool délier sa langue, ses mains. Cette nuit, elle se réveillait et un nouveau cauchemar débutait.

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Un soupir s’était échappé de la poitrine douloureuse de Lloyd lorsqu’elle s’était levée. Il s’était redressé à son tour, la suivant du regard, encaissant les paroles dont certaines incisaient avec une précision redoutable l’intérieur de ses entrailles. Néanmoins il resta immobile, à la regarder, quand elle évoqua encore ses mensonges, sa Twi’lek, sa trahison.

Un silence s’installa entre eux, et Dana se laissa glisser contre l’écoutille. Le hapien enfonça ses mains dans ses poches et déglutit.

- Tu crois vraiment que j’te dirais tout ça, si je voulais te mentir ? demanda-t-il à voix basse.

Mentir aurait été une option pour continuer à se bercer d’illusions. Lloyd savait faire ça. Se raconter des histoires. Des histoires à n’en plus finir, des histoires d’avenir, des histoires de réparation du passé, des histoires sur ce qu’il n’était pas. Des histoires pour oublier le présent, des histoires pour oublier ce qu’il était vraiment. Le slick aidait. Les histoires et le slick lui avaient fait traverser la douleur, l’angoisse. Et il s’était enfoncé, toujours plus loin, dans un abîme délirant, parce qu’il n’y avait qu’au fond qu’il pouvait survivre, parce qu’il n’y avait que loin de la réalité qu’il respirait vraiment, et que le reste de sa vie était un long voyage en apnée.

Il ne pouvait pas emmener Dana avec lui dans ce genre d’insanité. Il la regarda couler au sol contre l’écoutille, ramener son corps épuisé sous la couverture, faire disparaître son visage derrière ses genoux et un voile de cheveux noirs.

Un bref instant, la vision de Liam assis dans le sable lui revint en mémoire et la sensation de comprendre refit surface. Il la considéra un moment, pensivement, avant de s’approcher à pas lents. Comme il était déchaussé, le silence n’était troublé que par les bruissements feutrés du tissu sur la peau et des souffles retenus qu’ils essayaient de maîtriser. Il s’accroupit près d’elle, et hésita avant de dégager doucement une mèche de cheveux pour la déposer sur son épaule. Ses doigts effleurèrent l’épaule sur laquelle il avait déposé un baiser, sur une plage, à la naissance de son cou.

- Dana, je sais que tu crains personne. C’est pour ça que tu m’fais peur. Tu comprends ?

Ses yeux s’attardèrent sur la petite boule de Sith, la petite boule de princesse recroquevillée devant lui. Il dut pincer les lèvres et détourner le regard, qu’il dirigea au plafond dans l’espoir de retrouver un peu d’air, de voir moins de réalité absurde. Sa voix s’échappa malgré l’étranglement de sa gorge.

- J’aurais voulu te donner mieux. Mais ma vie est un désert, Dana. Il n’y a rien à prendre, il n’y a rien qui y pousse.

Il ne savait pas comment expliquer autrement. Il ramena son poing contre sa bouche comme s’il avait voulu reprendre ses paroles, mais c’était trop tard. Il baissa les yeux en s’évertuant de revenir à la raison. De revenir au plan. Il avait pris la bonne décision, il le savait. Peut-être que c’était mieux ainsi. Si elle lui avait dit qu’elle s’en fichait, il en aurait été encore plus meurtri.

- J’te conduirai sur Ch’hodos, tenta-t-il en essayant bravement de prendre un ton plus optimiste. Je l’ai déjà promis. Et… J’essaie de tenir mes promesses, maintenant.

Sa voix mourut platement. Devant l’immobilité et le silence de l’Inquisitrice, il sut que ce n’était pas vraiment le fond du problème. De nouveau, il pensa à Liam. Puis à… Quelqu’un d’autre. Et brusquement quelque chose céda quelque part et il fut obligé de poser sa bouche sur sa main, comme si la chose avait pu en sortir. Quelque chose qui avait été cadenassé, noyé, englouti depuis si longtemps. Quelque chose qui avait essayé de sortir horriblement depuis ce caveau, sur Jabiim, en grattant follement l’intérieur du cercueil, en secouant les boites successives dans lesquelles il l’avait enfermée, en tordant les barreaux des prisons, en hurlant son nom.

Lloyd, Lloyd.

Il détourna le visage de peur qu’elle ne relevât le sien au mauvais moment, au moment où sa bouche se tordrait, au moment où ses yeux brilleraient. Et il n’avait pas pleuré depuis si longtemps, pourquoi cela lui arriverait-il aujourd’hui ?

- Viens là, dit-il comme une impulsion soudaine.

Et il l’attrapa toute entière, ses bras l’enfermant comme le cocon de l’arachnide, entourant ses genoux et ses épaules, le cuir chevelu de Dana imbriqué dans son cou, comme s’il avait pu disparaître en lui. Il l’aurait fait si cela avait été possible mais son souffle était court. Il n’était pas sûr de pouvoir respirer et il serra plus fort pour s’y aider.

Ce n’était pas à propos de lui, se répétait-il intérieurement, c’était à propos d’elle qu’ils avaient cette conversation, là, maintenant. C’était elle qu’il restait à préserver. Mais préserver de quoi ? Elle avait déjà traversé tellement de choses. Et pour certaines, il y avait contribué. Il voulait dire qu’il était désolé. Mais il l’avait déjà dit tellement de fois, et Dana peut-être s’imaginait que même ses excuses étaient des mensonges. Des mensonges pour mieux la baiser. Comme si c’était ça qui comptait. Et pourtant, il se souvenait lui avoir ôté sa robe et avoir découvert ses seins dans l’obscurité et ça avait compté, il se souvenait avoir retiré ses sous-vêtements, avoir goûté sa peau et enfoui son visage entre ses cuisses et ça avait compté, il se souvenait la voir se renverser sous les trois lunes de Jabiim et ça avait compté, il se souvenait avoir glissé ses doigts sur son ventre, puis plus bas pour la voir s'exalter sur un symbole obscur et ça avait compté, il se souvenait l’avoir serrée si brutalement contre lui quand il s’était effondré sur la cambrure de ses reins et ça avait compté.
Ça avait tellement compté.
Il ferma les yeux.

- Arrête de me parler de Mat’aenna. C’est pas comme tu t’imagines.

Le bout de ses doigts caressaient doucement une épaule frissonnante. Il faisait froid à bord du Sans Visage. Il remonta un peu la couverture et la serra plus fort, pour qu’ils forment une seule boule. Une seule boule de Sith. Une seule boule de solitude.




Darth Hope
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Elle ne bougeait plus.
Seul son cœur battait encore un rythme absurde dans sa poitrine. Soudainement, il y avait eu plus de Lloyd, plus de ses mots, plus de son odeur, plus de sa présence. Et elle ne refusait rien parce que c’était ce qu’elle souhaitait entendre. Le son de la glace qui se fissurait à la surface d’un lac gelé, le craquement puissant de cette eau immobile jusqu’à ce qu’il ne reste plus qu’une vaste étendue d’eau paisible, aux profondeurs incertaines – desquelles pouvaient remonter tant de morts.

Apaisée par l’étreinte, elle avait calmé sa colère et les flots furieux qui avaient réduit son âme en morceaux. Elle en rassembla les éclats, comme on s’évertuait à créer une image cohérente avec des centaines et minuscules pièces de puzzle. Le Sith put sentir le souffle de Dana s’accélérer contre lui, échouant contre son vêtement, que des larmes insensées venaient de souiller. Il lui fallait de l’oxygène et elle avait l’impression qu’elle n’en trouverait pas ailleurs que contre lui, que s’il s’en allait, tout l’écraserait et qu’elle ne serait plus condamnée qu’au sursis. Alors, elle remonta ses bras pour l’étreindre à son tour.

Et les néons paresseux de la cabine riaient de leur étreinte, en silence. Ils grésillaient comme des oiseaux moqueurs et leurs grésillements parvenaient aux oreilles de Dana. Comme des oiseaux…

-A la Citadelle, dit-elle enfin et sa voix était absorbée par Lloyd contre qui elle fondait. Papa avait ramené des oiseaux d’un autre monde. Et cette espèce…avait une particularité.

Elle mut légèrement sa figure, mais sans se séparer de lui. Cela aurait été trop douloureux. Elle conforta sa joue sur son épaule et admira la cabine. Et son décor s’effaça progressivement au profit des jardins suspendus de la Forteresse et leur verdure qui lui rappelait les yeux profonds du hapien. Des oiseaux, il y en avait une floppée dans l’immense volière de Shar Ram ; des charognards, des rapaces, des créatures aux plumes plus colorées et exotiques mais dont la beauté pouvait se ternir quand elles plantaient leurs becs dans les chairs d’une proie innocente.

-Ces oiseaux, ils se cachent pour mourir. Et j’essayais toujours de trouver leur cachette. En vain. On les voyait jamais mourir.

Ses doigts s’étaient mis en quête de ceux du Sith, pour les entremêler comme elle l’avait fait dans la navette qui parcourait Jabiim. Et la pièce qui accueillait leur solitude était une cachette idéale, songea-t-elle. Une bulle d’acier coupée du monde extérieur. Des murs qu’aucun regard ne pouvait percer. Des cachettes, il y en avait eu d’autres. Une plage plongée dans l’obscurité, une cellule dans les entrailles d’un Grand Temple…une tente au cœur d’une Montagne…l’ombre d’un pont, sur la berge d’un fleuve que le brouillard colorait.

-A chaque fois qu’on se cache, on meurt un peu plus et personne ne le sait.

Parfois, les voies de la raison et de la déraison s’imbriquaient dans une route sinueuse. Aussi sinueuse que les arabesques invisibles que son autre main dessinait sur l’abdomen de Lloyd, après s’être glissée entre eux pour s’infiltrer sous son t-shirt. Elle captura la chaleur de Hope du bout de ses doigts, aussi douce qu’elle pouvait l’être.

-Je te crains, toi, avoua-t-elle ensuite.

Elle craignait qu’il puisse être atteint. Qu’il puisse subir un sort néfaste, sur Ch’Hodos ou ailleurs. Il tiendrait sa promesse. Elle se sentit bête d’en avoir douté, mais elle aurait préféré que ses accusations soient vraies. Elle n’avait jamais autant souhaité que la lâcheté du blond prenne le dessus et qu’il l’abandonne aux mains de Jaden, vers un destin dangereux. Tout à fait son genre, petit chevalier servant qui se sacrifie pour sa catin…Lloyd sentit les doigts de Dana se crisper. Elle se mordit la lèvre inférieure et s’efforça de fixer un point invisible sur l’une des parois de la cabine

-Tu as raison, personne ne doit savoir.

Le seul moyen pour qu’il puisse la mener sur Ch’Hodos sans le risque d’être fait prisonnier…ou tuer.

-Tue-le, souffla-t-elle à son oreille, comme un ordre ardent, comme une supplique frémissante.





Le seul moyen d’être quittes, c’était de les tuer tous. Tous ceux qui sauraient. Toutes celles et ceux qui tenteraient de trouver leur cachette. Raidun, Kedrod, Runà, Jaden Ashar…C’était ce que pensait Dana. Lloyd Hope…il la rendait folle et il lui faisait tellement mal à la fois.

Lloyd Hope
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Le front de Lloyd alla sa poser contre l’écoutille avec un bruit sec. Son souffle chaud et tremblant emplissait le minuscule espace, et ses yeux écarquillés suivaient les volutes délicates que la chevelure de Dana formait sur son dos nu. Il la tenait toujours, mais elle le tenait aussi et d’une manière qui le tétanisait, et les mots déposés au creux de son oreille le domptaient presque autant que le contact de ses doigts à l’intérieur de son vêtement. La bouche de Dana attaqua la sienne et il sut qu’il ne pourrait pas résister.
Voilà à quoi tenait donc la vie de Jaden : à l’aveuglement fou que la soif de Dana provoquait en lui quand elle l’allumait, à l’impérieux besoin d’avoir ce joyau rien que pour lui, égoïstement, de le dissimuler sous et dans son corps, pour qu’il ne pût être atteint d’aucun autre regard concupiscent, d’aucune main imparfaite, qu’il fût le seul à y laisser des traces.
Il desserra son étreinte pour attraper le visage de Dana entre ses mains, arracher difficilement leurs lèvres avides pour pouvoir maintenir un instant ses yeux en face des siens. Il y avait encore des larmes qui baignaient cette étendue dorée, qui jetaient sur lui et son existence aride une pluie ingérable, insupportable. Le visage de Lloyd se durcit, se tendant comme le reste de son corps. Il était à genoux devant elle, comme un soldat à la merci d’une reine.

- Je le tuerai et je lui dirai.


- Je ferai ça et le reste : tout ce que voudra la princesse de Ch’hodos, ajouta-t-il dans un souffle brûlant.

Leurs bouches se joignirent, se dévorèrent, et les mains de Lloyd se pressèrent le long de ses hanches, ses doigts s’enfoncèrent dans la peau blanche pendant que la main libre de Dana se perdait dans ses cheveux blonds encore humides, et soudain le corps du hapien était si ardent que les néons aux lueurs blanches firent luire sur sa peau un voile moite, comme un mirage sur un désert où poussait leur désir, attisa la soif et la fièvre.

Il se leva pour la porter jusqu’au lit, la libérant quelques instants pour l’allonger sur sa couchette, et prenant le temps cette fois d’ôter lui aussi ses vêtements pour être d’égal à égal, même s’il savait désormais ce qu’elle pouvait aimer, et le soldat en lui ne demandait encore qu’à livrer bataille.


- Crains-moi pour une seule chose, lui dit-il.


- Crains-moi pour la torture à laquelle je te soumettrai si tu m’allumes encore, prononça-t-il dans un souffle.







Et encore.
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Le désordre dans la cabine de Dana s’était amplifié depuis le crash. Vêtu de son pantalon noir et d’un simple tshirt, Jaden Shar éructait de rage au milieu de ce bordel sans nom. Il avait vidé ce qu’il restait des contenants dans les armoires. Il avait fouillé avec une fièvre haineuse, s’était retenu de lacérer les vêtements qui portaient parfois la vile odeur de l’Inquisitrice. Une Inquisitrice qui lui avait échappé. Elle n’était pas perdue, mais il n’avait pas prévu qu’elle ai pour prison la chambre du capitaine. Ses talons avaient écrasé avec indifférence les présents de Jabiim. Il avait ainsi piétiné une couronne de fleurs cousue par les petites mains innocentes de Tih. Les pétales s’étalaient, meurtries, sur le sol froid. La seconde paroi en verre de la douche, celle qui était encore intacte, vola en éclat sous un coup de poing qu’il ne maîtrisa pas.

Enfin, il se calma et se rassit sur le bord de la couchette, sous un bouquet de plantes séchées odorantes. Il se prit la tête entre les mains, tenta de rassembler ses esprits, de filer un plan. Il n’avait pas dit son dernier mot. Il se redressa vivement et quitta la cabine à la hâte pour déambuler dans les coursives du Sans-Visage. Afin de rentabiliser ses réparations sommaires, Mumkin avait basculé une partie de l’énergie sur les systèmes moteurs et vitaux, aussi les éclairages des parties communes tournaient a minina et plongeaient les entrailles du vaisseau dans une pénombre étrange. Jaden avait fait de son mieux pour ignorer les bruits étouffés qui lui étaient parvenus quand il passa devant la cabine de Hope, devant laquelle il croisa un dévaronien tout aussi innocent. Ils échangèrent un regard, dans celui d’Ashar vibrait une rage sourde, dans celui de Mumkin, une gêne soudaine comme s’il était pris sur un fait qu’il ignorait.

-Je ahm…je voulais voir le capitaine, se justifia-t-il en se demandant pourquoi il se justifiait.

Il avait traîné sa carcasse cornue jusqu’à cette écoutille. Il avait voulu frapper, mais des cris lointains l’en avaient dissuadé. Il avait tenté de retenir les brides de son imagination, de se rassurer en disant que Lloyd devait s’occuper des blessures de Dana et que les geignements qui perçaient à travers les parois, n’étaient dues qu’à la douleur induite par les traitements reçus. Et quels traitements, maugréa-t-il en silence.

-Il a l’air occupé, lâcha froidement le Sith.
-J’peux vous aider Monsieur son Excellencité sinon ? déglutit-il.
-Quand décollerons-nous enfin de cette maudite planète ?
-Je suis les ordres du patron, il a dit de trouver un coin tranquille pas loin de la capitale, au cas où l’état de Dan…j’veux dire de l’Inquisitrice empirerait.

Jaden empoigna Mumkin par le collet, ce dernier retint son souffle et pria intérieurement.

-A votre avis, dans quelle forme est l’Inquisitrice ?!

Et il plaqua le visage du dévaronien contre l’écoutille afin qu’il distingue mieux les sons et les clameurs concupiscentes qui pouvaient, parfois, rompre un silence routinier.

-Plutôt bonne, j’dirais, avoua le cornu en insistant bien sur l’adjectif.

Ashar le relâcha aussi brusquement qu’il ne l’avait saisi.

-Va me mettre la cabine de l’Inquisitrice en ordre.

Mumkin hésita, se massa la joue qui avait rudement côtoyé l’acier de l’écoutille. Mais Jaden Ashar était un foutu Sith, spéciste de surcroît. Lui désobéir pourrait signer son arrêt de mort. Il épousseta ses habits de pilote et se dirigea d’un pas raide et morne vers la cabine voisine. Le Sith jeta une ultime œillade vers la cabine du hapien et se pressa vers la coquerie. Son corps réclamait des nutriments qui avaient fortement fait défaut à sa maigre alimentation de ces derniers jours de survie sur Dathomir où il n’avait mangé que des racines à l’apporte nutritif douteux. Il avait besoin de reprendre des forces avant tout.

Lloyd Hope
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Les jambes des deux Sith étaient entremêlées tandis qu’ils se faisaient face, leurs peaux nues et luisantes, leurs yeux se contemplant comme ils semblaient voir dans ces couleurs irisées des paysages inaccessibles. Du bout des doigts, Lloyd dessinait doucement d’autres serpents imaginaires, qui parcouraient le dos de l’Inquisitrice, comme un mantra invisible qui aurait apaisé les superstitions, qui aurait protégé Dana quand la toucher serait redevenu interdit.

- Tu me trahirais ?

Malgré lui, l’un des coins de sa bouche s’étira en un sourire indéchiffrable.

- A ton avis ?

Son sourire s’effaça doucement. Sa main revint entre eux et il passa son pouce sur le sein tatoué de l’Inquisitrice. Il avait toujours du mal à comprendre Dana. Mais n’avait-il pas abdiqué de toutes façons ? Il l’avait suffisamment comprise, un peu plus tôt, pour savoir que derrière ses attaques verbales elle était seule, aussi seule que lui, et qu’il ne pourrait rien dire d’utile sinon l’étreindre. Il baissa les yeux vers le tatouage, son pouce souligna la dernière lettre.

- Je peux pas te trahir. Mon nom sur ton sein… Ça ne marcherait plus.

D’un coup d’œil il désigna les courbes de Dana qui s’étendaient devant lui. Contre lesquelles il s’était épanché.

- Et je peux pas salir quelque chose de si beau que ça.

Je suis un homme, pas une bête. Et pourtant, toute raison humaine semblait le quitter chaque fois que Dana dévoilait son corps devant lui. Pire encore lorsqu’elle attisait son désir. Toutes ses bonnes résolutions, ses principes, le bon sens, la bonne direction. Tout volait dans les airs, retombait en milles morceaux comme des confettis. Et se baisser pour les ramasser et rassembler le puzzle était absurde : une tâche impossible. Mieux valait se soumettre à la fatalité. Comme Jaden Ashar, bientôt, devrait le faire lui aussi.

Le hapien laissa échapper un bref soupir, soutint quelques secondes le regard doré de Dana. Il vit la rougeur de ses joues, mais aussi les petits signes de fatigue, à peine perceptibles, que son visage trahissait à peine. Il s’avança pour déposer un bref baiser sur ses lèvres.

- Tu es fatiguée.

T’es fatiguée, hein ?

- Ça a fait beaucoup de choses en peu de temps. Je veux que tu te reposes, ok ? On va se poser quelques heures dans l’astroport de Dathomir puis on repart.

Il s’arracha doucement à leur étreinte, quitta la couchette. Il prit soin d’aller récupérer la couverture laissée près de l’écoutille, pour venir recouvrir le corps sublime de l’Inquisitrice, comme s’il avait voulu cacher un trésor. Le trésor en question ayant pris un cachet assez fort pour lutter contre l’infection, il espérait qu'elle pût dormir aisément.

- Je vais verrouiller l’écoutille, pour que personne ne puisse entrer, mais tu peux sortir à tout moment, elle se déverrouille automatiquement quand on ouvre de l’intérieur.

Sa voix avait retrouvé la tonalité qu’il utilisait lorsqu’il se mettait au travail, sans qu’il s’en rendît compte. Son esprit déjà envisageait toutes les possibilités – Jaden essaierait peut-être de la trouver, par exemple, et il ne le permettrait pas.

- Je dois assister Mumkin à faire quelques vérifications pour être sûr qu’on puisse repartir dans l’espace sans risque, ensuite je reviens.

Il attrapa sa veste avant de sortir de la cabine.

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------- Deux pintes, commanda Lloyd sans autre formule de politesse.

En face de lui, Jaden fit la grimace mais ne protesta pas. La serveuse, une femme d’un âge déjà avancé avec un air revêche, s’en alla sans mot dire.

Ils se trouvaient dans une cantina morne. Les clients étaient rares à cette heure-ci, et s’étaient répartis dans la grande salle circulaire que des lanternes qui autrefois avaient dû être élégantes éclairaient d’une lumière tamisée. En dehors du fait qu’il n’y avait pas d’aliens, ni d’hommes non plus, uniquement des humaines, la cantina ressemblait à n’importe quelle cantina d’astroport : impersonnelle, froide.
Ils n’étaient qu’à deux pas du quai où le Sans Visage s’était posé. Lloyd avait convaincu Jaden qu’il était temps pour eux de parler en laissant derrière eux Dana. Ce dernier avait été réticent, mais il lui sembla que le capitaine ne partirait pas sans son vaisseau, et qu’il serait peut-être moins dangereux d’embarquer après avoir bu un verre à la cantina juste en face. Néanmoins, la bière insipide qu’on allait leur servir le dégoûtait déjà.

- Décidément, vous avez vraiment mauvais goût, Hope.
- Je pense pas qu’il y ait beaucoup mieux à boire sur une planète comme celle-ci et dans une cantina comme celle-ci.
- Un whisky aurait été plus adapté. M’enfin, ça ne m’étonne pas de vous.
- Qu’est-ce que vous voulez dire ?

La serveuse revint et déposa brutalement les deux énormes verres entre eux deux. Elle repartit et le hapien attrapa le sien, trinqua sans grande considération son verre contre celui de Jaden avant d’avaler une gorgée.

- Vous la baisez depuis longtemps ?

Lloyd parut réfléchir. Il faisait doucement danser son verre devant lui.

- Non. Quelques semaines, tout au plus. Quelle importance ?

Jaden consentit à boire à son tour. Les deux hommes se jaugeaient du regard.

- Dana Shar est une manipulatrice.
- Vous voulez dire, Dana Shar est une Sith.
- Disons qu’il lui manque les autres talents.
- Les autres talents que je lui ai vus m’ont pas mal convaincu, à vrai dire.

Lloyd sourit, goguenard. Jaden lui répondit par un regard noir.

- Bon, j’imagine que ce n’est pas de ça que vous vouliez parler.
- Non, en effet. Je veux savoir ce qui m’attend sur Ch’hodos.
- Si vous ne faites que nous déposer, rien.
- Ce n’est pas ce que j’ai cru comprendre. Vous êtes un renégat. Et moi, un loyaliste d’une certaine importance. Ne me faites pas croire que vous avez l’intention de laisser passer cette chance.

Jaden eut un sourire énigmatique.

- Laissez-moi deviner : Dana a essayé de vous entortiller en vous faisant croire que j’avais un plan pour vous, c’est ça ?

Lloyd ne lui rendit pas son sourire. Il demeura silencieux, à siroter son verre.

- Hé bien détrompez-vous : ma mission est de ramener Dana. Comme je vous l’ai dit aujourd’hui, cela m’aurait bien plu d’offrir votre tête à Ramken, mais je suis un homme d’honneur, Hope. Nous avons combattu et vous vous êtes sacrifié pour me laisser partir avec elle. Même si cette garce n’a pas pu s’empêcher d’aller vous secourir, je respecte votre geste.

Le hapien acquiesça doucement, trempa ses lèvres dans la boisson et regarda Jaden l’imiter. Ainsi l’opération séduction du Sith avait commencé. Il n’avait plus qu’à faire mine d’être intéressé, et boire sa bière.

La conversation n’allait nulle part, et il le savait bien. Il buvait, il regardait Jaden l’imiter. Il expliqua à Jaden qu’il voulait venir sur Ch’hodos et y rester quelques temps dans le sillage de Dana Shar, et ce dernier lui assura qu’il ne ferait pas long feu. Lloyd recommanda deux autres bières, lui demanda qui voudrait donc l’attaquer. Jaden lui expliqua, bravache, que s’il l’épargnait maintenant, il ne permettrait pas que le hapien se montrât sur sa planète en liberté, et qu’il le tuerait lui-même. Lloyd essaya de négocier, commanda une troisième tournée, proposa à Jaden des choses en échange de sa protection sur Ch’hodos : mais le Sith ne voulait pas la place au chaud que Lloyd lui réservait si Ch’hodos redevenait loyale. Sur la question des renseignements, il parut cependant hésiter. Le hapien but, et bluffa : il avait beaucoup de choses sur le Conseil Noir lui-même, et pour Dana il était prêt à transmettre certaines informations que Jaden n’obtiendrait nulle part ailleurs. Le Sith hésita encore, lui dit qu’il avait besoin de plus de certitudes, essaya d’avoir plus de détails sur le genre d’informations que Lloyd serait prêt à céder.

Et enfin, enfin, ce que le hapien attendait arriva, quand lui-même terminait son troisième verre :

- Il faut que j’aille pisser.
- Pas de problème. Je commande une nouvelle tournée.
- La dernière, Hope, insista Jaden. On boucle et on rentre.
- La dernière.

Dès que le Sith eût disparu au fond de la cantina, le hapien plongea sa main à l’intérieur de sa veste noire, et en sortit le petit étui à lunettes. Devant lui la serveuse remplit de nouveau leurs verres, prit un bref temps pour essuyer la table collante.

- L’addition, s’il vous plaît.
- 32, grogna-t-elle. Il vous faut une note ?
- Pas nécessaire. Gardez la monnaie.

Il jeta quarante crédits sur la table d’un geste sec et avec la même indifférence, la serveuse empocha l’argent. Dès qu’elle eut le dos tourné, Lloyd ouvrit l’étui à lunettes sur la table.

A l’intérieur, se trouvaient trois seringues proprement disposées et une cordelette. Pour aller plus vite, il retira l’aiguille de l’une d’entre elle, et appuya sur le poussoir de la seringue au-dessus du verre de Jaden. Celle-ci se vida en moins d’une seconde. Il rangea rapidement la seringue avec les deux autres, referma l’étui, le glissa de nouveau dans sa veste en tâchant d’ignorer l’odeur de slick qui avait été capté par son cerveau.

Il buvait de nouveau quand le Ch’hodien réapparut. Le Sith tenait l’alcool, constata Lloyd en le regardant revenir de sa démarche rigide. Jaden se laissa tomber devant lui, sourcils froncés.

- Vous essayez de me saouler ? dit Jaden comme s’il avait lu dans ses pensées.

Le hapien sourit.

- C’est seulement de la bière.
- Vous buvez trop.
- Il paraît.

Comme pour accompagner ses mots, Lloyd reprit une gorgée, et regarda encore Jaden boire lui aussi.

La discussion n’alla nulle part. Le hapien s’efforçait de rester évasif dans les renseignements qu’il pourrait apporter, ne souhaitant pas paraître trop facilement corruptible. Bientôt, ils convinrent qu’ils n’avaient plus les idées suffisamment claires, qu’il vaudrait mieux reporter le fin mot de la négociation au lendemain matin. Lloyd se mit à poser d’autres questions, chercha ce qui pouvait intéresser l’émissaire. Ils finirent par trouver un sujet de discussion – la question des droïdes assassins et de leur potentiel pour les batailles actuelles, de leurs dangers aussi. Peu à peu, Jaden ne parvint plus à aligner correctement les mots. Il grognait un assentiment ou un désaccord. Il souriait parfois béatement. Le slick faisait effet.
Ils terminèrent leur boisson et Lloyd aida Jaden à se lever. Le Sith avait les jambes flageolantes, mais il repoussa le hapien et se débrouilla pour marcher tout seul. Il titubait à quelques pas de Lloyd sur les quais de l’astroport, et ils parvinrent au Sans Visage au bout de vingt minutes, alors qu’ils en avaient pris cinq seulement pour faire le chemin inverse, une heure plus tôt. La nuit était encore sombre, mais le matin les baignerait bientôt de sa lumière. Les quais étaient silencieux, balayés par un vent glacial. On voyait pourtant au loin des montagnes se découper sous des nuages qui couvraient parfois une nuit étoilée. Lloyd se demanda ce que les chasseuses étaient en train de se dire, en train de faire leurs hommes, après la journée d’échec qu’elles avaient dû passer. Les martyrisaient-elles plus encore, pour leur faire payer la trahison de Dana ?

Quand ils parvinrent au Sans Visage, la passerelle était encore ouverte, et Mumkin attendait, les bras croisés, l’air morne. Le pauvre dévaronien s’était déjà pris un regard noir quand il avait voulu laisser entendre que Lloyd et Dana s’entendaient bien de nouveau, et il ne comprenait rien à ce qu’il était en train de voir : son patron était retourné boire. Rien ne le satisfaisait donc jamais ? Mais il s’abstiendrait de tout commentaire à ce sujet.

- Mum, fit Lloyd en arrivant devant la passerelle. Ouvre-nous la soute.
- Qu’est-ce qu’il a ?

Le dévaronien désigna du menton le Sith qui chancelait en s’approchant.

- Boah, il tient pas bien l’alcool.
- Cestpasvrai, rétorqua Jaden, et il se mit à glousser. On va l’voir alors ?
- Ouais. Mum, ouvre-nous la soute, tu veux ?
- La soute, à cette heure-ci ?
- Ouais.
- Pourquoi faire ?

Le hapien décocha un regard noir à Mumkin.

- Pour lui montrer mon droïde assassin.
- Ton droïde assassin ? Mais t’as pas de…
- Ta gueule et ouvre.

Mumkin recula d’un pas et disparut à l’intérieur du Sans Visage, contrarié.

- Ok ben démerde-toi avec ton droïde assassin, lança-t-il depuis le cockpit.

Mais un cloc suivit d’un sifflement se fit entendre et le hapien fit le tour du Sans Visage. La soute du Sans Visage était une pièce à laquelle on n’accédait que de l’extérieur. Un grand panneau s’était ouvert comme une bouche dissimulée et donnait sur un espace très bas de plafond, où on ne pouvait entrer qu’en se courbant. L’endroit était encombré de caisses entassées et Lloyd activa en y entrant les néons blafards. Une lumière blanche l’éclaira et Jaden à sa suite. Le Ch’hodien eut de la difficulté à monter. Lorsqu’il fut à l’intérieur, cependant, il fronça soudain les sourcils.

- On fait quoi, là, déjà ?
- J’viens te montrer mon droïde assassin.

Jaden ne répondit rien, il regardait autour de lui, perdu, tandis que le hapien avait délogé une caisse à outils qu’il ouvrit devant lui. Il parut réfléchir un moment, puis il prit un long tournevis en le regardant pensivement. Puis il se redressa pour désigner une caisse toute en longueur, à quelques pas d’eux.

- Il est là-dedans.

Le Ch’hodien fronçait toujours les sourcils, mais il suivit Lloyd d’un pas incertain. Les néons jetaient sur leurs nuques une lueur glaciale quand ils se penchèrent sur la caisse en l’ouvrant. Elle était vide.

- Y’a rien, constata Jaden.
- Ah ouais. C’est que ça, c’est la tienne, alors.

Le Sith releva la tête vers Lloyd. Le slick dilatait ses pupilles. Le hapien attrapa l’épaule de Jaden comme s’il allait lui faire une confidence.

- Quoi ?
- Alors avant toute chose, il faut que j’te dise.
- Quoi ?
- Je la baise pas. Je lui donne du plaisir. Beaucoup. Et elle a gravé mon nom sur son sein parce que je suis la seule personne qu’elle craint.
- Qui ?
- Dana Shar.
- Quoi ?
- Oui, c’est de sa part. Et aussi, elle voulait te dire que tu mérites ta mort.

Lloyd enfonça brutalement le tournevis jusqu’à sa garde sous les côtes gauches du Sith. Les yeux de Jaden s’écarquillèrent et un souffle rauque s’échappa de ses lèvres, tandis que le hapien sentait le sang chaud couler sur ses doigts, qu’il tenait toujours fermement refermés sur l’outil. Les deux Sith se regardèrent, leurs visages à quelques centimètres l’un de l’autre, et soudain la face du Ch’hodien se tordit de colère.

- Sale ordure, éructa-t-il. C’est si déloyal. Mais ne crois pas si bien t’en tirer.

Le Sith attrapa soudain Lloyd par la gorge, et celui-ci arracha le tournevis, dans l’intention de lui assener un nouveau coup, mais Jaden profita de ce moment pour abattre toute la noirceur de son aura. Les ténèbres s’instillèrent dans l’esprit de Lloyd et le sentiment d’horreur et de panique émergea, profond, incontrôlé. Il savait pourtant que c’était la Force que manipulait savamment Jaden, que ce n’était pas réel, mais malgré lui son corps était pris de panique. Il s’arracha à l’étreinte du Sith et recula de plusieurs pas en chancelant. Son dos percuta durement la paroi du fond de la soute et ses yeux restèrent écarquillés quand Jaden dégaina son sabre laser. Le crissement de la lame rougeoyante épouvanta davantage encore le hapien.

Il lui sembla manquer d’air. Soudain il revit brutalement l’esclave twi’lek au sol et il se demanda si elle avait ressenti la même chose que lui à cet instant : la terreur panique, la certitude que la fin était venue. Il blêmit, il se laissa glisser au sol dans l’espoir de disparaître à la vue du Sith dont le sang s’écoulait toujours à travers ses vêtements, dont les yeux le fusillaient du regard.








A travers ce regard, il revoyait les yeux écarquillés de la twi’lek, encore et encore, il sentait encore sous ses doigts son corps tressauter horriblement, il entendait ses supplications silencieuses, et désormais c’était lui qui suppliait – à moins que tout ceci ne fut qu’un juste retour des choses ?










Mais soudain, Jaden relâcha son emprise à travers la Force – maintenir cette aura de ténèbres était certainement trop difficile avec ce corps désorienté par le slick, et Lloyd sentit refluer l’horreur de ses souvenirs. Jaden tenta d’abattre sur lui son sabre laser mais au dernier moment, le hapien se jeta de côté pour éviter la lame mortelle. Le Sith ivre s’écrasa à demi contre la paroi et Lloyd l’attaqua par derrière. Il planta le tournevis dans le dos de Jaden, lui arracher un cri de douleur, puis dans la nuque.

Jaden Ashar se convulsa et Lloyd réussit à lui faire lâcher prise sur son arme. Le sabre laser s’éteignit en tombant, roulant mollement vers la sortie de la soute. Les deux Sith s’effondrèrent. Jaden laissa échapper un cri furibond, que Lloyd tenta désespérément de faire taire en couvrant sa bouche de sa main libre, tandis que de l’autre il essayait d’enfoncer ailleurs le tournevis – n’importe où la peau était tendre et protégeait des organes vitaux. Le Sith résista, se secoua pour échapper à Lloyd mais le hapien tenait bon, il s’accrochait à lui, dans son dos comme un traître, et il comprenait maintenant : Hope l’avait drogué, c’était tellement déloyal, c’était tellement digne de cette salope de Dana Shar, qui n’était même pas venue faire le travail elle-même.

Les deux hommes roulèrent ensemble, Jaden essaya de se dégager encore. Lloyd bascula sur son séant, dos au fond de la soute, ses yeux voyaient la sortie mais il ne voyait rien au dehors. Il fallait que personne ne vînt malgré les cris de Jaden. Ce dernier envoyait des coups de coude brutaux dans les côtes du hapien qui sentit douloureusement l’une d’entre elles céder. Lloyd replanta avec force son tournevis dans le sternum du Sith et celui-ci gémit de nouveau.

- Tu es la pire vermine ! cracha-t-il, et du sang s’écoula de sa bouche. Si je meurs, dis-lui bien de ma part qu’elle n’arrivera jamais à la cheville de Damaya. Damaya Shar, retiens ce nom. Souffle-lui à son oreille quand tu la baises, tu verras, elle aimera ça.

Lloyd ressortit encore le tournevis et le replanta, cette fois dans la gorge, juste entre les clavicules, et cette fois-ci plus aucune voix ne pût sortir de la bouche de Jaden. Un gargouillis répugnant s’échappa seulement de ses lèvres.

- Je la baise pas, lui répondit Lloyd.

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------Mumkin entra dans la soute et s’immobilisa, terrifié par la scène. Son patron était assis au fond de la soute, et il tenait dans ses bras le torse de Jaden Ashar comme s’il l’avait bercé avant de s’endormir. Mais les deux hommes étaient couverts de sang, qui s’écoulait doucement au sol. Les yeux du Ch’hodien étaient écarquillés et vides, ses paumes ouvertes vers le ciel dans une prière inaudible, ses lèvres immobiles. Juste derrière, le hapien avait les yeux remplis d’un autre genre de vide. Mumkin jeta des regards affolés autour de lui. Heureusement, le quai était complètement vide.

- L-Lloyd.

Le hapien releva vers lui son visage ensanglanté.

- Mumkin, dit-il une voix absente. Faut vraiment qu’j’aille pisser.

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------Quand le Sans Visage décolla, une vingtaine de minutes plus tard, la caisse vide dans la soute avait trouvé une nouvelle cargaison. Encore une caisse de plus qu’il valait mieux éviter d’avoir lors de contrôles douaniers. Ils n’en étaient pas à une près. Mumkin avait aidé Lloyd à nettoyer sommairement le sol. Ils feraient mieux quand ils le pourraient. Quand ils se poseraient dans un endroit sûr. Puis ils étaient remontés à bord et avait demandé l’autorisation de décollage à la hâte.

Quand les moteurs vrombirent dans le ciel de Dathomir, le hapien retourna déverrouiller sa cabine. Il alla droit devant lui. Il ne regarda pas si Dana était éveillée. Il se déshabilla machinalement dans la salle d’eau, jeta les vêtements souillés au sol et alluma l’eau chaude.

Il fallait laver tout ce sang.

L’eau lavait les meurtres.
L’eau du Sans Visage, en particulier, en avait lavé beaucoup.

Darth Hope
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Quelques instants plus tôt.


Dana s’était laissé emporter par le sommeil d’où avaient jailli un millier de voix. Dans les ténèbres de ses songes, elle tentait de distinguer celle de Hope. Dans la réalité, étendue sur la couche, elle frissonnait des derniers relents d’une fièvre réparatrice. Les médicaments fonctionnaient et son corps combattait de l’intérieur les morsures de l’infection. Mais au creux de son esprit, un autre combat se jouait avec acharnement. Toutes ces voix la rendaient folle, tiraillaient ses pensées. Elles devenaient un brouhaha infernal, portées par la Force, portées par la furie d’être entendues de l’Inquisitrice. Sauf qu’elle ne voulait pas les entendre. Soudain, son nom perça parmi la multitude de mots incompréhensibles. Dana. Damaya se tenait penchée au-dessus d'elle, dans cette cabine. Elle portait une œillade attristée à son sein ancré.

Dana, qu’as-tu fait ?
Damaya…
Tu vas mourir aussi.


Le visage de Dana se tordit d’incompréhension. Elle leva sa main, prête à effleurer la joue irisée de son aînée, mais du sang jaillit brusquement. Une lame bleutée avait transpercé la poitrine si belle de Dama’ et cette dernière cracha sur sa cadette une gerbe de sang. Dana paniqua, voulut se redresser, porter secours à sa sœur, la sauver peut-être. Elle avait l’impression qu’un géant s’était assis sur son buste, et oppressée, elle ne sut faire un geste. Simplement regarder l’horreur, la mort, la solitude arriver à grands pas alors que les yeux de Damaya se fermaient et qu’elle s’écroulait. Puis une ombre jaillit, tenant à la main ce sabre-laser à la couleur si claire. Dana sentit son pouls s’emballer. Elle souhaita reculer, fuir, mais sa paralysie gagnait tous ses membres. L’ombre leva son bras armé et l’abattit sur elle.

Elle hurla alors que des coups résonnaient contre l’écoutille.

Le retour à la réalité lui donna l’envie de vomir. Elle respirait fort et la fièvre avait disparu. Les coups se firent plus insistants. Encore perturbée par son cauchemar, elle glissa hors de la couche. La couverture échoua au sol et elle fit un effort tremblant pour ouvrir l’écoutille. Apparue la silhouette de Mumkin qui manqua de faire tomber le plateau qu’il tenait entre ses mains devenues soudainement fébriles. Dana recula doucement et il entra d’un pas mécanique, comme s’il ne commandait plus à son corps parce qu’il avait celui de l’Inquisitrice nue, à portée de regard et de main.

Il déglutit quand elle se pencha pour ramasser la couverture, lui offrant le spectacle indécent de l’échancrure de ses reins pâles. Il s’efforça de regarder ailleurs, en vain. Elle s’agenouilla sur la couchette, ramena le tissu contre ses jambes et détourna sa figure encadrée de mèches sombres vers le pilote. Dana avisa le plateau.

-C’est pour moi ? Ou tu comptes manger ici ?

Il sembla reprendre un peu ses esprits.

-Lloyd m’a dit de venir voir si tout allait bien. Et moi bah, j’obéis aux ordres quoi.
-Mh mh. Eh bien approche, ordonna-t-elle, Et donne-moi ça.

Il s’exécuta, se pencha sur elle pour déposer le plateau-repas qui contenait une seule et pauvre barquette à peine fumante.




-Bah c’est une barquette, présenta-t-il le plat en gardant son attention rivée vers on ne savait trop quoi qui n’était pas les courbes ensorcelantes de la Sith.
-J’ai remarqué, merci. Tu comptes me regarder manger aussi.
-Nan, nan. J’dois encore vérifier l’hyperdrive et..
-Mumkin ?
-Ouais ?
-Je m’en fiche.
-Ca va, j'dégage.

La porte de l’écoutille claqua une seconde plus tard dans un grincement sinistre. Elle entendit le verrou s’enclencher de l’extérieur. Le plat n’était pas assez chaud. Elle sut donc que Lloyd ne l’avait pas réchauffé lui-même. Finalement, l’appétit s’en alla comme il n’était jamais venu et elle déposa le plateau au sol pour le faire glisser loin d’elle. Son corps retrouva l’étui chaleureux et rassurant de la couverture, jusqu’au retour qu’elle espérait tant et qu’elle redoutait à la fois.










Ploc, ploc, ploc.

Ses cheveux dégorgeaient sur le sol métallique de la première coursive, encore trempés. Ses pas feutrés faisaient moins de bruit et elle prit la direction de la soute, avalée par l’obscurité du vaisseau. Parfois, un léger cahot lui indiquait qu’ils voguaient enfin dans l’infini de l’espace et elle en était soulagée. La Force l’aida à ouvrir l’entrée de la soute et elle y glissa sa silhouette. Ici, un éclairage de secours jetait une lueur larmoyante sur les formes qui gisaient dans ce ventre d’acier. Elle ne s’intéressa qu’à une d’entre elles, une caisse presque semblable à un cercueil. Mais sans doute se faisait-elle des idées parce qu’elle savait ce qu’elle contenait. Sa paume glissa sur le couvercle froid et elle se revit pousser dans un contenant semblable sur Artorias. Elle vécut encore l’angoisse du manque d’air, des ténèbres qui envahissaient tout. Une expérience que Jaden vivrait à tout jamais. Enveloppée dans la couverture, elle déclencha l’ouverture de la caisse d’un geste sec.

Le regard sans vie du Sith se planta dans le sien, comme s’il l’accusait malgré tout. Elle le contempla, sans émotion, sans plaisir. Elle se dressait, vivante, et le toisait, lui qui était mort, la bouche maculée d’un sang qui séchait. Et ses lèvres rigides et pâles posaient des questions silencieuses, articulaient des reproches inaudibles.

-Je pense que Lloyd t’a tout dit.

Et elle rabattit le couvercle d’un mouvement brusque qui résonna dans les entrailles du Sans-Visage.



Enfin, elle se laissa couler dans la couche du hapien endormi dont elle avait quitté les bras. Elle voyait encore les traces de lutte sur son corps parfait, les cicatrices passées, les marques récentes. Sa poitrine s’enserra d’une oppression coupable et elle n’osa pas le toucher, de peur d’en faire une nouvelle tâche sur ces muscles qui n’en méritaient pas. Il n’y avait plus qu’une veilleuse, intégrée dans le plafond bas de la couchette pour les éclairer. C’était suffisant pour qu’elle y vit tous ses crimes et il lui sembla que le derme propre de Lloyd rougissait au fur et à mesure que le sang de Jaden remontait à la surface. Elle tâcha de se maîtriser, cligna des yeux et il n’eût bientôt plus que la vision agréable de Lloyd étendu dans le lit, bercé par le sommeil.

-Je ne te trahirai jamais non plus, confessa-t-elle.

Ils avaient formé une seule et même personne trop de fois. Et on ne se trahissait pas soi-même, sauf quand on avait décidé de se mentir. Elle hésita à partir rejoindre sa propre cabine. La cabine libre à l’arrière vers laquelle il l’avait refoulé à son premier jour sur le Sans-Visage.


Et quand il se réveilla, elle était vaincue par la fatigue, dormant contre lui. Une lumière irradiait depuis l’extérieur, mais elle ne semblait pas aussi apaisante que le visage endormi de Dana.

Lloyd Hope
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Il avait dormi par intermittence. Quand le sommeil l’emportait, il retombait inlassablement dans des souvenirs que son cerveau ne semblait pas vouloir oublier ; il rêvait d’un cocon, dans lequel il était enfermé, et quand il essayait de s’en extraire, Jaden Ashar apparaissait de l’autre côté des filaments et essayait de le tuer. Ou bien, il était dans une cage, et pendant que Dana chassait un rancor, une twi’lek verte glissait ses mains sur son entrejambe pour le tâter comme de la viande, et alors il essayait de se défendre, mais la défense toujours tournait à ses mains qui se refermaient sur ce petit cou vert. Elle le suppliait d’arrêter, et il ne pouvait pas, alors il se réveillait en sueur, les mains tremblantes, la certitude d’avoir commis l’irréparable. Mais alors il se rendait compte que Dana était contre lui, qu’elle remplissait l’espace exigu de la cabine de sa respiration calme, que s’il bougeait davantage il l’éveillerait.

Il se demandait ce qui appartenait au rêve ou à la réalité. Avait-il tué Jaden, déjà, ou l’avait-il rêvé. Avaient-ils quitté Dathomir, avaient-ils quitté Jabiim, avaient-ils quitté Khar Delba. Dormait-il avec une putain qu’il avait ramené après une mauvaise soirée, ou avec la princesse de Ch’hodos.

Non. Son odeur, ses cheveux éparpillés sur l’oreille, sa présence dans la Force. S’il y avait une seule question à laquelle il pouvait répondre avec certitude, c’était celle-là.
Il se rendormait contre elle, après avoir remonté la couverture pour qu’elle n’ait pas froid.

Une seule suffisait, finalement.

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--------La lumière qui venait de l’extérieur était celle des rayons lumineux de Dromund, l’un des plus gros astres du secteur Esstran. Lloyd en reconnaissait la couleur. Il se souvenait parfaitement l’avoir observée depuis un pont de commandement spacieux, quelques semaines plus tôt. L’Egide lui paraissait désormais si loin. L’Empire lui paraissait alors uni, et lui en morceaux. Et maintenant, était-le contraire ? Il y avait un morceau de plus, dans son lit, qui n’existait pas avant. S’il s’en allait, il serait plus démembré encore que ce qu’il avait connu plus tôt.
Le visage posé sur l’oreiller, ses yeux émeraudes observaient les traits fins de Dana, la lisière de ses cheveux, qui joignait sa tempe à son oreille, la courbe de sa nuque, et son épaule détendue.

Bip-bip.

Son datapad avait vibré, sur une étagère à l’entrée de la cabine. Sortis de l’hyperespace, ils avaient retrouvé la proximité d’un réseau. Le hapien s’efforça de s’arracher à la contemplation de Dana, pour s’extraire du lit. Il essaya de ne pas l’éveiller, remis la couverture correctement avant de chercher dans la cabine illuminée par la blancheur de Dromund un pantalon et un pull propre, qu’il enfila à la hâte. Il attrapa son datapad, tout au souci de se voir rappelé à l’ordre par son maître, qui attendait qu’il se présentât devant le Conseil Noir depuis maintenant un sacré bout de temps.
Il alluma le petit appareil et ses yeux se posèrent sur l’écriture lumineuse. Lloyd fronça les sourcils. Il hésita un moment, ses doigts suspendus au-dessus du minuscule clavier virtuel, mais finalement il abandonna et enfoui le datapad dans l’une des poches de son pull. Il jeta un dernier coup d’œil sur la silhouette endormie de Dana. Ses cheveux formaient comme un soleil noir sur la couchette claire, et on devinait le rythme lent auquel se soulevait sa poitrine. Le hapien déverrouilla la cabine et tâcha de sortir en silence.

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--------Lorsqu’il se laisse glisser dans le siège du copilote, en tâchant de faire abstraction des courbatures qui se manifestaient dans son corps, Mumkin ne dit rien. Le dévaronien se contenta de couler un bref regard dans sa direction avant de se concentrer sur le tableau de bord comme s’il était en train d’effectuer une opération de grande importance. Mais bientôt, il dut se rendre compte que son attitude ne collait pas avec la situation : ils étaient en dérive lente dans le système Dromund, et le Sans Visage ne nécessitait aucun contrôle pour le moment. Mumkin finit par s’éclaircir la gorge.

- Hum. Tu veux qu’on la largue ici ?

Lloyd tourna vers le dévaronien un regard dubitatif. La lumière de Dromund déversait sa même blancheur sur les visages des deux comparses, soulignant leurs traits marqués par le souci ou la fatigue, illuminant leur cockpit si familier. Combien de conversations avaient-ils eu ici ?

- Ben, là, souffla Mumkin sur un ton convaincant, une petite propulsion dans le vide par la soute, ni vu ni connu, y’a plus de traces.

Lloyd secoua silencieusement la tête en signe négatif, toisant Mumkin d’un regard excédé, mais il n’avait pas envie de s’énerver.

- Mais t’es vraiment con ou tu le fais exprès ? dit-il tout de même, las.
- Ben quoi, tu comptes la garder ?

Le hapien laissa échapper un soupir exaspéré. Ce que ce pilote pouvait être intrusif.

- Je sais pas ce que je compte faire, voilà. C’est compliqué. Mais pas la larguer dans l’espace en tout cas.
- C’est super dangereux de l’avoir avec nous.
- Je sais.
- La prochaine fois préviens-moi au moins avant.
- J’avais pas spécialement prévu que ça se… termine comme ça.

Le dévaronien s’enfonça dans son siège de pilote. Il s’était mis à mâchonner un petit morceau de métal, fin comme un cure-dent. Il haussa les épaules, comme si ses réflexions l’avaient amené sur une nouvelle piste prometteuse.

- Sinon, c’est peut-être mieux de la jouer gros dur : on l’amène sur Ch’hodos et là, tu la rends à la famille avec un bon avertissement. A partir de là, bye bye pour de bon, on joue pas avec l’apprenti du Castellan. Faut pas déconner quand même, faut pas laisser le doute non plus sur à qui va ta fidélité, philosopha Mumkin. Faut que ce soit clair, nan ?

Mais Lloyd ne répondit pas tout de suite. Le hapien baissa les yeux. Dans sa poche, ses doigts glissaient sur le datapad et un sentiment désagréable l’envahit. Il tenta d’y faire face.

- C’est que… Je sais pas si je vais être capable de faire ça, Mum, admit-il dans un souffle, et les mots lui parurent pénibles. Mais Mumkin ne représentait-il pas le seul filet de sécurité qu'il ait, après tout ? Elle... Hum. Je crois qu'j'aurai besoin de ton aide quand... Quand ça sera fini.

Il y eut un silence, puis Mumkin se tourna lentement vers Lloyd. Les yeux du dévaronien s’étrécirent avant qu’une grimace d’horreur apparaissent sur ses lèvres épaisses comme du cuir, dévoilant ses dents.

- Lloyd. Je parle de la caisse, moi. La caisse avec le mort dedans.

Le hapien tâcha de rester stoïque.

- Ah.

Mumkin reprit tout aussi lentement sa position initiale, et le silence se prolongea. Mais finalement, le dévaronien laissa échapper un soupir qui ressemblait à de la compassion.

- Pfff... J't'aiderai, patron. Quand ça sera fini.
Darth Hope
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La couverture qui avait absorbé son propre parfum, la sueur de sa fièvre, la chaleur de leurs corps était pliée avec soin sur le lit.
Dans la cabine du capitaine ne persistait plus que la lumière stellaire qui coulait un silence paisible et absorbait tous les souvenirs. De la douche, quelques gouttes fuyaient pour s’écraser sur le sol humide de la salle d’eau. Et soudain, le bruit métallique d’une écoutille qui s’ouvrait et se refermait doucement.


Sur le sol d’une autre cellule, à l’arrière, les doigts de Dana ramassèrent une couronne de fleurs à moitié piétinée. Un rangement avait été effectué dans ces minuscules appartements, mais les fleurs avaient été abandonnées là, gisant comme le ferait le cadavre d’une horrible scène de crime. Elle déposa les restes fleuris sur sa couchette et avisa le petit espace dédié à la douche, dans le fond. Les parois en verre qui le délimitaient accusaient les marques les brisures du crash et de la colère de Jaden. Du verre. Il prouvait que le Sans-Visage n’était pas un vaisseau dernière génération ; qu’il avait été conçu durant une période où la fantaisie et le luxe d’un matériau comme le verre renforcé étaient encore usités par l’esprit de quelques architectes d’intérieurs à la créativité débridée. Mumkin avait grossièrement passé de la rubalise orangée sur les trous béants et les fissures, en attendant. Dans l’espoir que personne ne se blesse avec les morceaux restés intacts. Elle trouvait l’idée saugrenue. Lentement, elle détacha le bandage qui cintrait son abdomen pour faire le point sur sa blessure la plus préoccupante. Elle découvrit que les soins de Lloyd avaient fait mieux que la soi-disant « magie » de la prêtresse Havi. Dana avait l’impression de revenir d’un enfer où la sauvagerie régnait en maître. Toucher la cicatrice qui se formait à peine était toujours douloureux, mais elle les chairs n’étaient plus à vif et l’infection avait fui son corps grâce aux traitements reçus. Dans un coin de son esprit, elle s’engagea à investir dans un droïde médical, lorsque le temps de se poser pour ce genre d’achat le lui permettrait.

Et parce qu’il faisait toujours un peu froid dans le vaisseau, elle avait vêtu le pull gris dont la doublure glissa avec douceur sur son derme frais. Sitôt apprêtée, elle prit la direction de la coquerie, attachant ses cheveux légèrement humides. Elle avait remis la main sur son étui à cigarras, son briquet et c’était tout ce qui comptait.


Ainsi, Mumkin la trouvait devant une tasse fumante, attablée, le visage dans une main, une cigarra dans l’autre. Il avisa le breuvage trop clair, trop dilué. C’était l’ersatz de café lyophilisé qu’ils avaient dans leurs rations, mais visiblement, elle n’avait pas su le préparer correctement. Il tâcha d’effacer de sa mémoire les images qu’il avait eu d’elle la veille. Elle se frotta la joue et prit une grande bouffée de toxines, espérant sortir de sa léthargie, de ses pensées qui infusaient en elle comme un poison. N’avait-elle pas eu, enfin, tout ce qu’elle avait désiré durant autant d’années. N’avait-elle pas rêvé durant ces années de souffrance à Korriban, dans les Lames Rouges, dans l’Inquisition, d’être blottie contre Lloyd Hope ? Mais la sensation de satiété n’était pas au rendez-vous. A la place, il n’y avait qu’un gouffre, encore plus profond. Le dévaronien s’éclaircit la voix pour s’annoncer.

-Qu’est-ce qu’il y a ? fit-elle abruptement, sans lui accorder un regard.
-On est autour de Dromund Kaas et bah, j’ai reçu un truc…

Il extirpa son propre datapad de sa poche et le fit glisser à la surface de la table, jusqu’à ce qu’il heurte la tasse au contenu douteux. L’écran refléta des lueurs bleutées dans les yeux éteints de l’Inquisitrice qui déchiffra le message dont le défilement recommençait inlassablement. Elle se mordit la lèvre et renvoya le datapad à son propriétaire d’un geste sec.

-Ben, j’crois qu’il faut répondre, dit-il, perplexe.
-Parce que tu lis mes messages ? T’as vraiment aucune notion d’intimité.

Il s’offusqua légèrement, parce que niveau notion d’intimité, elle ne remportait pas forcément la palme.

-Ah ouais, désolé si ce message est arrivé sur MON pad. C’est sûr, j’passe pas ma vie à poil.

Dana enfouit davantage son visage dans sa paume, accoudée, la posture aussi nonchalante qu’un prédateur qui menaçait à tout moment d’être tiré de sa sieste pour sauter sur une proie. Quand elle dégagea un peu sa figure, il put la voir sourire. Un sourire empreint de colère et de défiance. Elle pointa sa cigarette dans sa direction.

-Assieds-toi.

L’une des caisses qui servait de siège se mouva comme par « magie ». C’était une invitation à obéir. Et il s’installa, aussi raide que ne l’était ses cornes, une légère grimace d’incertitude déformant son faciès jaunâtre.

-Je pense que tu devrais éviter de dire aussi fort que…tu as eu ce petit privilège, énonça-t-elle doucement, ramenant le filtre de sa cigarette entre ses lèvres charnues. Et il suivit le mouvement du regard, clignant des yeux. Il voulut protester, mais ne sut que dire. Dana lui semblait beaucoup plus dangereuse quand elle n’était pas énervée. -Lloyd et toi, travailliez ensemble depuis longtemps non ?
-Ouais…plutôt, enfin j’sais pas, j’ai pas compté. C’est quoi le rapport là ? demanda-t-il comme s’il se sentait acculé dans une direction qu’il ne voulait pas prendre.
-Je présume que tu gardes sur lui beaucoup de secrets.
-P’têtre, ouais. Des trucs que j’suis pas prêt de balancer, répondit-il un peu bravache.
-Sauf quand tu es à l’article de la mort. Peu importe. Tu as une langue très longue, mais peu pendue. C’est parfait. Je te conseille donc, de ne plus jamais parler de ce que tu as pu admirer hier. Ou je te l’arrache.
-Ouais, j’comptais plus en parler, déglutit-il. Et euh…pour le message ?
-Je lui réserve une réponse de vive voix.

Elle détacha ses coudes de la table et croisa ses jambes galbées dans le cuir noir de son pantalon avant de fumer encore. Le bout incandescent, de la cigarra s’emballa dans un crépitement léger à chaque fois qu’elle inspirait trop fort.



Alors que le vaisseau poursuivait sa lente dérive dans l’orbite de Dromund Kaas, offrant une vue imprenable sur la planète, Dana s’engouffra dans le cockpit avec aisance. Elle s’installa sur le siège du pilote et détourna sa figure pâle vers Lloyd qui admirait l’horizon stellaire en silence. Il dût mettre fin à sa contemplation quand elle jeta un objet en sa direction qu’il dut rattraper par réflexe. Un briquet. Elle coinça une cigarette entre ses lippes fébriles et se pencha vers lui. Sa bouche formait une ligne contrite et pincée mais ses grands yeux dorés souriaient.

-Tu peux m’allumer ?


Bientôt ils seraient sur Dromund Kaas et ne pourraient plus se cacher.




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