Balian Atraïde
Balian Atraïde
Messages : 1115
Eclats Kyber : 0
Sortir de là était tout ce qui importait désormais. Pour l’heure la « chance » et l’art Jedi avaient fait que nous étions toujours en vie malgré le fait de nous être introduit dans l’un des lieux les mieux gardé de cette ville. Je ne cessais de me répéter que c’était pour la bonne cause, que grâce aux données que nous avions volées, nous aurons bon nombre de renseignements précieux pour la République. Mon air altier et suffisant cachait mon stress.

Nous étions revenus face au garde qui s’évertua de justifier ce pour quoi à était payé, non sans nous exposer ses malheurs. Je ne décrochais pas un mot, laissant les Jedis agir. De toute manière je n’étais pas d’humeur d’entrer dans un jeu. A l’entrée nous rendîmes les traqueurs et enfin nous pûmes quitter cette forteresse sans encombre. Je ne fus pas fâché de retrouver la cohue des rues.

J’écoutais les deux Jedis deviser sur l’art de la manipulation. Un art dans lequel je n’excellais pas du tout. Je n’aimais pas les faux semblants et les tromperies de ce genre. Mais je comprenais leur intérêt dans le cadre de mission comme celle que nous faisions actuellement. Alors rajoutez-le avec un langage Jedi et vous obtiendrez…la discussion à laquelle j’étais en train d’assister. Je ne savais que penser de ce chevalier Torr, et de son padawan. L’image d’un singulier duo ne m’avait pas quitté depuis le début de notre rencontre. Mais était-ce une couverture ? Ou leur véritable comportement ? Je ne saurai le dire pour l’heure. Tout comme je ne leur avais toujours pas révélé ma véritable identité…Pour eux je demeurai l’officier médical Greg Hana’Tomy.

Nous nous étions de nouveau changés pour prendre une apparence plus « passe-partout ». Quoique de mon côté mes tatouages ethniques pouvaient poser problèmes. Une chance que peut de gens connaissaient leur signification, et ce même au sein des mirialans. Mais l’heure filait, pas le temps de s’oser mille questions. Nous avions rendez-vous, et j’espérais que notre exfiltration allait bien se passer.

A la clinique Muxley nous fûmes accueillis par un singulier droïde au…franc parler dirons-nous. Le pauvre chevalier Torr fut sa victime de choix. Les banalités passées nous fûmes introduit auprès de mon homologue. Quelques phrases bien placées nous révélèrent à chacun que nous avions affaire à la bonne personne.

Il nous expliqua la marche à suivre alors que je saisissais la plaque d’identification qui m’était destinées, lisant le nom…je soufflais non sans hausser un sourcil dubitatif :

- Mee O’Kard…Vous êtes bourré d’humour décidément…

Mais alors qu’il nous donna les derniers conseils, je le retins :

- Minute…vous allez nous flanquer au milieu de véritables malades de la fièvre de Tanamen comme ça ? Vous savez ce qu’il se passe quand on tombe malade et que les soins ne sont pas administrés à temps ? Donnez-nous au moins un cocktail d’antibiotiques qu’on puisse booster notre système immunitaire.
- Ben…
- Moxifloracine, isoniazide et rifampicine. Ca devrait aider…
- Oui…mais…
- Vous connaissez le risque élevé de contamination. Nous devons prendre des précautions. Sans quoi nous n’aurons pas besoin de feindre les symptômes. Nous ignorons si l’extraction se passera bien, nous ignorons si nous aurons accès à un traitement. Et vous savez tout comme moi ce qu’il arrive quand cette maladie n’est pas traitée rapidement. Je n’ai aucune envie de terminer une semaine dans une cuve de bacta ! Voir pire !

Je soutenais son regard, ce n’était parce que la situation était particulière que nous devions négliger les gestes barrières. Il eut un signe de tête, et rapidement – je l’aidais – nous avions chacun reçu une injection d’un superbe cocktail d’antibiotiques qui allait agir comme un booster.

Les symptômes traditionnels exposés pour mieux donner le change, nous nous dirigeâmes vers le transport médicalisé. Je m’étais mis à tousser comme un bon poussif contagieux. Une fois installés dans le transport j’observais les autres patients. Cette maladie était fulgurante et les formes les plus avancées nécessitaient des traitements spécifiques, parfois lourds et chers. Je soupirais…D’un geste quasi paternel, j’ôtais ma veste pour la poser sur les épaules d’un enfant grelotant de fièvre assis à mes côtés. J’étais de nouveau un médecin…impériaux ou pas ces gens étaient des patients.



Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Un cocktail d’antibiotiques ?


Loé eut aussitôt un regard inquiet pour son maître. S’il avait bien une chose qu’il avait apprise sur son compte dès les premiers jours, c’était que la constitution d’un Ark-Ni n’était pas d’une singulière robustesse et que les passages à l’infirmerie du Gardien, d’ailleurs nombreux, excluaient souvent les médicaments les plus puissants, trop dangereux pour son système.


Karm tendit néanmoins son bras, reçut l’injection sans mot dire et s’embarqua avec les autres malades dans le transport médicalisé qui, un petit quart d’heure plus tard à peine, s’élevait de la passerelle principale de la clinique pour s’engager dans le trafic de la capitale.


Le Padawan faisait tout son possible pour ne pas surveiller son maître de trop près. Karm, lui, avait appuyé la tête contre la paroi métallique et fermé les yeux. Un violent mal de crâne s’était promptement déclaré, accompagné de sa nausée de bon ton, et les mains du Jedi étaient crispées l’une sur l’autre.


À chaque arrêt que marquait l’aérospeeder, Loé eut envie de bondir pour remplacer le pilote et filer à toute vitesse vers l’astroport. Karm, pour sa part, se plongeait dans sa douleur, comme il l’avait toujours fait : c’était une sensation comme une autre, à partir de laquelle on pouvait méditer. Il suffisait de s’en laisser pénétrer pour pouvoir en faire abstraction, car celui qui est au centre de la lumière n’est plus ébloui par ses rayons.


En somme, pour lui, cette épreuve relevait de l’expérience mystique et le trajet aurait pu durer dix heures ou cinq minutes qu’il n’aurait pas fait la différence. De temps en temps, son Padawan se laissait aller à une quinte de toux, en prenant soin d’observer le médecin, pour imiter au mieux sa démonstration de symptômes, mais les pauvres hères qui les accompagnaient n’étaient de toute façon pas en état de prêter attention à eux.


Enfin ils parvinrent à l’astroport. La barge se rangea sur une large esplanade qu’on avait entourée de plots luminescents rouge vif qui projetaient un petit hologramme en forme de tête-de-mort, de quoi mettre les malades en confiance et convaincre le reste du monde de ne pas y regarder de trop près.


Maître, souffla Loé aussi bas que possible, quand des droïdes les pressèrent vers un point de contrôle. Maître, regardez. Ils ont installé un corridor hermétique jusqu’au vaisseau médical.


Karm plissa les yeux. Son apprenti ne se trompait pas. Dès qu’ils s’y engageraient, les chances de fausser compagnie à leurs aimables gardiens seraient réduites à néants, et avec elles, probablement toute perspective de quitter l’espace impérial. Il fallait agir vite. Créer une diversion, pour semer la confusion, et se soustraire assez aux contrôles pour regagner la partie généraliste de l’astroport et se fondre dans la masse.


Le Jedi ferma les yeux. Son esprit s’étendit tout autour d’eux. La sueur désormais imprégnait ses vêtements. Il lui avait rarement été si difficile de se concentrer. La Force lui échappait, indocile et fuyante, et lui qui avait l’habitude de se glisser dans ses plis pour vivre en harmonie avec elle éprouva l’envie de la dominer, de l’attraper comme un outil et de la manier à son bon vouloir.


Les premiers malades commençaient à passer les portiques qui conduisaient au corridor. Karm se força à prendre une profonde inspiration et à redoubler ses efforts. Les objets se dessinaient confusément dans son esprit, sans qu’il y prête la moindre attention. Ce n’était pas ce qu’il cherchait, sa télékinésie était trop rudimentaire pour en faire un usage pressant. Mais qui disait astroport d’une planète agricole disait…
Enfin…, souffla-t-il d’une voix rauque.


À une dizaine de mètres de là, sur le tarmac non loin du vaisseau médical, on chargeait dans un gros cargo quelques centaines de têtes de bétail, quadrupèdes massifs au corps hérissé de pics, dont on tirait une viande mauvaise, mais riche en protéines. Cette fois-ci, l’explorateur n’eut pas le luxe de faire dans le dentelle. Son esprit abandonnait à celui des animaux des fragments de sa propre douleur. Loin de ses habitudes, il ne cherchait pas à les comprendre, ni même à les contrôler : il s’abandonnait à eux en quelque sorte, parce qu’il n’avait besoin que d’une chose — le chaos.


Il y eut des sifflements aigus et puis des crachats. Des sabots qui raclaient le macadam. Et puis l’un des animaux rua de contrariété. Ses pieds frappèrent le suivant au visage. Ce fut toute une commotion. Bientôt, le troupeau s’éparpillait, poursuivi par des bouviers désemparés par la soudaine rébellion de créatures ordinairement si dociles.


Une quinzaine d’animaux se mirent à charger sur le corridor médicalisé. Les malades qui s’y trouvaient poussèrent des cris. Puis cherchèrent à s’échapper en passant sous les bâches de plastique. Aussitôt, les droïdes impériaux ouvrirent le feu : des tirs de blaster tranquillisants, certes, pour empêcher les souffrants de contaminer quelqu’un d’autre, mais dont l’éclat et le bruit, dans le hall du spatioport, agita un nouveau mouvement de panique.


Les quelques gardes dont les journées étaient d’ordinaire sans incident furent vite désemparés : des civils qui fuyaient d’un côté, des pestiférés de l’autre, des ruminants enragés au beau milieu. Les trois Républicains profitèrent de la confusion pour se soustraire à la vigilance de leurs garde-malades robotiques, avant de se ruer dans les toilettes les plus proches pour s’y enfermer.


Maître ? Maître, comment vous sentez-vous ?


Karm leva la main — celle qu’il n’avait pas posée sur le mur pour se retenir. Se concentrer sur son corps. Sur le médicament que son système traitait comme une toxine. Laisser la Force le purger. Petit à petit. Accepter que la guérison était un processus, non une action soudaine.


Ça va aller, murmura-t-il. Nos identités d’emprunt devraient nous permettre de passer d’autres contrôles, mais tardons pas à atteindre le hangar H-27. L’un d’vous deux sait piloter, par hasard ?


Le silence qui lui répondit fut d’une rare éloquence.


Bon, ben j’vais essayer de pas vomir sur le manche à balai, alors…
Balian Atraïde
Balian Atraïde
Messages : 1115
Eclats Kyber : 0
Je faisais force démonstration des symptômes qui devaient être les nôtres. Je gardais un œil attentif à tout ce qui nous entourait. Pas question d’un de ces réels pestiférés nous approche de trop prêt…Gestes barrières, distanciation sociale, tousser dans son coude, bref la totale !

Un détail attira mon œil cependant. Le Jedi ne semblait pas dans son assiette. Il était plus pâle que d’habitude, ses mains étaient crispées…et …bref il n’avait pas l’air bien quand même. Je me disais qu’il était un sacré acteur pour paraître ainsi bien malade. On y croirait ! On y croirait même tellement que je commençais à me poser des questions. Il avait vraiment l’air malade. Comment ce bougre de Jedi pouvait-il être malade ? Il était vrai qu’il n’était pas très épais, je dirai même de constitution fragile…Même si je ne doutais pas de ses capacités en tant que Jedis, mais disons qu’il était loin de pouvoir remporter les InterGalactic’s Strongest Man.

Je repensais à la réflexion du droide de la clinique Muxley. Il avait parlé « d’Albinisme », je ne pensais que le chevalier Torr souffrait d’albinisme, mais du coup cela me faisait réfléchir. Je l’avais classé « humain », sans chercher à déterminer si par hasard il appartenait à une branche d’humains plus fragiles. Je regroupais les caractéristiques physiques que je pouvais avoir sous les yeux. Mais je ne parvenais pas à trouver. Interroger le padawan serait sans doute une option lorsque nous serons plus…tranquilles.

J’hochais la tête à la remarque du padawan comme quoi nous devions trouver un moyen de fausser compagnie à nos « amis » souffreteux, et nos gardiens. Mais comment ? Je sentais que Torr plongeais dans la Force…je sentais qu’il se passait des choses, il y avait des fluctuations des perturbations dans la Force. Mais j’étais incapable de sentir plus ou même de comprendre de quoi il en retournait. Je n’étais pas un Jedi après tout.

Je soupirais, toussant de nouveau fortement, puis soudainement, je pris un regard d’illuminé et je fis platement :

- Ho…regardez ! Une grosse bestiole…très grosse…avec des sortes de pointes…très moche d’ailleurs.

Comme la maladie donnait des hallucinations, nul doute qu’on mit ma « vision » sur le dos d’une hallucination.

- D’ailleurs y’a plein de grosses bestioles…elles viennent par ici.

Ce fut la débandade, un sacré bordel même. Les animaux en furie chargeaient droit dans notre direction. Je regardais Torr avec suspicion. Etait-ce lui qui était à l’origine de cela ? Je ne cherchais pas plus car c’était la confusion dont nous avions besoin pour nous carapater. Nous trouvâmes refuge dans des toilettes de l’astroport. Le padawan manifesta son inquiétude à l’égard de son maître.

Alors que je refermais la porte, je vois Torr qui se maintient contre un mur d’une main et lève l’autre pour indiquer à son Padawan que tout va bien.

- Vous n’êtes pas bien…et ce n’est pas normal…fis-je dans un murmure…Vous ne devriez pas…être malade. Permettez ?

Je n’attendis pas vraiment son autorisation. Et même si Luke m'avait mis en garde contre le fait de ne jamais faire intrusion en quelqu'un, je pris le parti de penser qu'il y avait une raison médicale. Et ce fut mon tour de faire appel à cette grande Amie, pour utiliser le don qu’Elle m’avait confié. Tachant de faire la paix intérieure, j’appliquais les techniques apprises avec Luke et See’Ryl. Percevant la Force sous forme d’un flux, je cherchais à analyser le mal dont souffrait le chevalier Jedi. Ce ne fut pas aisé, il était un Jedi et je ne connaissais pas son emprunte dans la Force, même si j’en avais eu un certain aperçu. J’avais l’habitude de Luke, ou See’Ryl. Finalement, je parvins à mes fins. Je m’enfonçais au cœur de ce pouvoir, pour voir, et comprendre. Et ce fut l’illumination dans mon esprit.

- Les antibiotiques…vous font souffrir. Vous les avez pris en connaissance de cause, vous auriez dû me dire que vous étiez sensible à ce genre d’injections !Je ne peux rien vous donner d'autre pour l'heure. Il me faudrait vous poser une intraveineuse pour nettoyer votre corps des antibiotiques rejetés, combiné à une poche de chlorure de sodium pour éviter une déshydratation extracellulaire, une Hypovolémie, et assurer une rééquilibration ionique.

Il parlait de piloter ? J’avais une tronche à savoir piloter ? Il comprit sans nul doute car il se résigna à employer ses propres compétences, non sans menacer d’un risque de déferlement gastrique.

- Haha très drôle comme blague…fis-je dans un souffle.

Si sur le plancher des vaches il n’y avait aucun risque qu’un rejet d’estomac me fasse de l’effet, ou encore dans un énorme vaisseau, dans lequel je ne sentais les mouvements, je ne pouvais en dire autant dans un vaisseau de moindre taille. Levant les yeux vers le padawan, je percutais alors :

- Ce n’était pas une blague…ouai…j’avais compris. Non mais s’il faut je vous fais gerber de suite ! Dans les toilettes ! Et vous, je désignais Loé, vous auriez pu m’empêcher de lui injecter çà ! Bon sang…vous êtes bien tous les mêmes à jouer les durs, ne jamais dire quoique ce soit alors que ça ne va pas. Finalement la seule de l’Ordre qui a daigné me dire ce qu’elle ressentait était à peine plus haute que trois pommes avec un corps d'enfant et pourtant bien plus âgée que vous et moi réunis. Oui je parlais de Cally, Maitre jedi qui avait rajeuni physiquement et qui avait posé quelques soucis au Medcorps si bien que l’Ordre avait demandé l’intervention d’un autre médecin…en l’occurrence, moi. Je soupirais…et repris plus posément : Je sais que certaines souches d’humains sont fragiles. Mais là c’est incroyable. De quelle ethnie êtes-vous donc ?

Finalement j’haussais les épaules et repris :

- Bon…si vous êtes capable de marcher, allons-y…Tachons de trouver un vaisseau capable de nous arracher de cette foutue planète.

Le jedi avait raison, nos nouvelles identités allaient nous permettre de passer les contrôles sans souci...en espérant qu'on ne vienne pas nous suspecter d'être des pestiférés.


Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
J’suis une force de la nature, OK ?
Herm…
Oui, bon. On discutera de mon patrimoine génétique une fois qu’on aura décollé. En attendant, on va laisser mes veines tranquilles, elles sont délicates.
Effectivement, une vraie force de la nature, ironisa le Padawan.

Le Chevalier ne manqua pas de tirer la langue à l’attention de son Padawan, car c’est comme cela que l’on forme la jeunesse, quand on est un pédagogue mature et responsable, puis le trio infernal abandonna les toilettes pour se frayer à nouveau un chemin parmi la foule de l’astroport.

Il régnait encore dans le terminal la plus grande confusion. Des droïdes de sécurité tentaient de contenir le troupeau fou furieux, avec un succès très relatif. Certains animaux s’étaient calmés, mais ils promenaient désormais leur silhouette massive de magasin en magasin, broutaient les fleurs, mâchonnaient les friandises et déféquaient avec une prodigieuse abondance sur les valises des voyageurs.

Hangar H27, navette de classe Deinos, rappela le Padawan, en enjambant une petite colline de crottin.

Ils avaient commencer à longer le tarmac quand une voix les interpella.

Hé ! Vous ! Oui, vous, là ! Vous.
Nous ?
Vous.

Un agent de piste en uniforme fluo les rattrapa à grandes enjambées.

On peut savoir où vous allez ?
À notre navette.
Papiers d’identification ?

Karm doutait sincèrement que ce genre de contrôles fît partie des prérogatives de leur interlocuteur, mais c’était le moment de tester les fausses identités fournies par le bon docteur. Loé tendit aimablement leurs identifiants, que l’agent de piste inséra successivement dans son datapad.

Hmouais. C’est bon pour cette fois. Circulez y a rien à voir.
Ben on demande que ça, nous, de circuler.
Oui oui ! Circulez ! Et que je ne vous y reprenne pas !

Ce n’était pas l’envie qui manquait au Gardien de lui vomir aussi sec — façon de parler — sur les bottes, mais à la place il se laissa pivoter par son Padawan et ils reprirent leur marche. H24, H25, H26…

Parfait.

Un code plus tard et les portes du hangar s’ouvraient sur une navette de classe Deinos pas tout à fait flambant neuf.

Euh…
C’est une merveilleC’est une ruine, dirent en même temps les deux Jedis.
Tsss. Tu sais pas c’qu’est beau. Tout le monde à bord.

La peinture du vaisseau était écaillée sur chaque centimètre carré de la carlingue, dont on avait d’ailleurs manifestement remplacé certaines pièces avec des éléments provenus d’autres modèles, qui s’y étaient ajustés plus ou moins bien. Karm était ravi : cela ressemblait fort aux vaisseaux ark-ni de son enfance, qu’un célèbre voyageur galactique avait un jour qualifié d’« aberrations aéronautiques qui font passer les enclumes pour des miracles d’aérodynamisme ».

L’intérieur de la navette n’offrait guère qu’un confort spartiate, mais tout ce qui intéressait le Jedi, c’était le cockpit.

Qui veut être mon co-pilote ?

Silence circonspect.

Vous battez pas, hein…

Loé s’assit sur le siège désigné et son maître entama les vérifications d’usage.

Navette Psoriasis à tour de contrôle.
Perseis, maître.
Ah ouais. Navette Perseis à tour de contrôle.
Tour de contrôle, j’écoute, crachota le tableau de bord, tandis que les moteurs s’allumaient.
Autorisation de décollage, vecteur de sortie d’atmosphère.
Perseis, quel est la nature de votre cargaison ?
Pas de cargaison, tour de contrôle, déplacement personnel.

Il y eut un moment de flottement, mais Karm était de toute façon déterminé à décoller, avec ou sans autorisation.

Perseis, prêt pour une inspection de votre vaisseau ?
Affirmatif, tour de contrôle, répondit-il sans hésiter, parce que sur ce point précis, ils n’avaient effectivement rien à cacher.

Sa réplique aussi prompte que sincère parut rassurer son interlocuteur, qui reprit :

Autorisation de décoller, Perseis. Vecteur 64-Wookie-87-Bisou-52-Ysanne-99-Hutt.
Bien reçu, tour de contrôle. Perseis, terminé.

Toute la navette fut parcourue d’une violente secousse que Karm ponctua d’un c’est parfaitement normal plus ou moins rassurant, avant de s’élever de quelques centimètres pour filer droit devant elle, puis de monter brusquement presque à la verticale dans l’atmosphère de la planète.

Ah oui, fit Loé en se tournant vers leur passager, j’aurais dû vous préciser que mon maître a un style de pilotage un peu…
Énergique.
Chaotique.
Sportif.
Vaguement illégal.

Étrangement, toutes ces secousses avaient l’air de remettre le Chevalier sur pied. Tout autant comme Ark-Ni que comme explorateur, il se sentait à l’aise sur les vaisseaux et leur tangage qui retournait l’estomac à d’autres lui faisait l’effet d’une véritable berceuse.

On approche du destroyer impérial…

En effet, ils laissaient la courbe de Nez Peron derrière eux et, sous leurs yeux, dans le ciel étoilé, la silhouette massive du bâtiment de guerre qu’ils avaient visité ce matin-là dissimulait certaines constellations.

On a toutes les autorisations, inutile de stresser. Lance la vérification de la trajectoire hyperspatiale. On s’inquiétera quand on arrivera dans les secteurs frontaliers.

Avec sa migraine persistante, il préférait se concentrer sur le pilotage et laisser la navigation à son Padawan. Pendant près d’un quart d’heure, ils gardèrent la présence menaçante du destroyer dans leur champ de vision, avant que Loé ne puisse déclarer :

Confirmé.

Alors les étoiles de distordirent tout autour d’eux et la navette fit un nouveau bond, dans l’hyperespace cette fois-ci. Le Padawan eut un soupir de soulagement. Son maître, lui, se contenta de faire pivoter son siège en direction de leur compagnon de voyage.

Ark-Ni. Mon ethnie. Un peuple de quelques dizaines de milliers de personnes, nomades interstellaires, sur les régions de la Bordure, aucun apport génétique depuis… aussi loin que remontent nos chroniques. Les lignées sont soigneusement distinctes pour assurer le brassage, mais la plupart des Ark-Ni vivent toute leur existence sans jamais quitter leurs vaisseaux, en gravité réduite et dans des atmosphères stérilisées. C’est pas la fête à la défense immunitaire, quoi.

Lui, c’était bien sûr fort différent : il avait parcouru la galaxie dans tous les sens et, d’ailleurs, il était plus grand et sensiblement plus musclé que la plupart de ses congénères, même s’il restait d’une taille et d’une carrure modeste, comparé à un soldat républicain.

Vous inquiétez pas pour moi. On a quelques heures avant le projet saut, j’vais purger les toxines grâce à la Force. C’t’encore la meilleure de mes médecines. ‘Fin, dans ce cas là.
Vous croyez qu’on risque d’être interceptés ?
Le passage de frontière pourrait être un peu musclé. Mais on va prendre un itinéraire de contrebandier. Comme ça, si les impériaux nous repèrent, ils penseront qu’on est des criminels, pas des agents républicains, et ça remettra pas la trêve en cause.
C’est… rassurant. En un sens. Je suppose.
Balian Atraïde
Balian Atraïde
Messages : 1115
Eclats Kyber : 0
Une force de la nature tu parles…Même moi j’avais l’air plus fort et plus musclé que lui, et pourtant je n’étais pas une bête de guerre, surtout pour un militaire républicain. Alors oui je m’inquiétais pour ce damné Jedi…En le voyant interagir je me demandais lequel des deux était le maitre et lequel était le padawan…Le chevalier Torr avait une pédagogie…quelque peu…heu…particulière ?

Mais passons, je lui accordais le bénéfice du doute, de toute manière, il était assez « grand » pour savoir ce qui était le mieux pour lui non ? Nul besoin de préciser que je m’étais raidi quand on nous héla de la plus belle des manières pour contrôler nos identités. Mais cela se passa sans encombre. Outre le sarcasme de Torr, et sa tronche encore plus pâle que de coutume…

Se frayer un chemin dans la cohue, tout en évitant les crottins de bestiaux…et faire profil bas. Finalement nous arrivâmes devant le fameux hangar et…ce qui n’avait de navette que l’identité…Je restais sans voix…la bouche en O, la mine déconfite, je pointais du doigt la nav…heu…chose…volante qui nous faisait face.

Pendant que le chevalier Torr s’esclaffait devant la beauté de ce tas de ferraille, je devais bien reconnaitre que je partageais l’avis du padawan…

- Alors…je veux surtout pas vous vexer…mais c’est pas une navette çà…Et à l’utilisation du terme « ruine » …j’ajouterai l’idée de « poubelle » …

Je leur emboitais le pas…je n’avais pas le choix de toute façon. Alors que je grimpais dans ce…heu… – je ne trouvais pas de mot pour rester correct – je sentais une crainte me saisir…Ma phobie se réveillait. Autant vous dire que je ne risquais pas de vouloir le siège à coté de Karm en tant que co-pilote. Je laissais les Jedis prendre place…et m’installais juste derrière eux…prenant soin de me sangler…fortement.

Une intuition…

Alors que le Jedi mis les moteurs en route, une crampe violente vint tordre mes boyaux. Mes mains s’agrippèrent désespérément au revêtement imitation cuir de mon siège. Le « c’est parfaitement normal » de Torr ne me rassura nullement.

- Je…vais possiblement vous vomir dessus…fis-je avec une crainte parfaitement palpable.

Mais finalement, ce qui aurait dû m’inquiéter, ce n’était pas l’état du taudis volant dans lequel nous nous trouvions…mais la technique de pilotage du Jedi…Je me retrouvais cloué à mon siège alors que le vaisseau s’ébroua, pour prendre de la vitesse et grimper à la verticale.


Ah oui, fit Loé en se tournant vers moi, j’aurais dû vous préciser que mon maître a un style de pilotage un peu…
Énergique.

Sans blague…

Chaotique.

Enfoirés de jedis

Sportif.

sa-lo-pe-ries

Vaguement illégal.

Allez-vous-faire-foutre…


Des tas de noms d’oiseaux me venaient en tête…tant en basic que dans la langue maternelle. Mais je ne pipais mot, me contentant de regarder Loé du coin de l’œil, alors que mes prunelles noires étaient figées dans la direction de Torr…Comme si j’essayais de le tuer par la pensée. Un très mauvais calcul puisque c’était le pilote…enfin…un genre de pilote. Je le maudissais tant que possible…Mes ongles s’étaient littéralement fichés dans le revêtement bas de gamme de mon siège.

La coque faisait un bruit affreux, je me demandais si elle allait tenir…Je sentais que le contenu de mon estomac faisait le yoyo…Etrangement c’était surtout une peur de finir carboniser dans ce coucou qui me tiraillais.

- Vous …êtes…sûr…qu’on n’a pas…perdu un bout du vaisseau là ?

Enfin nous perçâmes l’atmosphère de la planète pour nous enfoncer dans le néant de l’espace. Le Destroyer impérial se profilait devant nous, alors que je me disais que le pire était derrière nous et que cette déchetterie volante tait plus solide qu’elle en avait l’air. Ce ne fut que lorsque je vis les étoiles devenir des traits de lumière et que je senti que nous avions bondit dans l’hyperespace que je consentis – non sans mal - à desserrer mes doigts crispés sur mon fauteuil.

Alors que mon corps se détendais, une remontée gastrique me donna un haut le cœur…

- Ark-Ni. Mon ethnie.

Il avait bien choisi le moment pour me raconter cela lui…Cela dit, faire l’effort de l’écouter, et me concentrer sur mes cours de biologies qui affluaient dans ma tête pour retracer le peu de données que j’avais emmagasiné sur les Ark-ni empêcha la catastrophe. Je levais un doigt…comme pour faire attendre les deux Jedis…me laisser une seconde pour reprendre le contrôle de mon estomac…
Essayer de parler…

Nouveau haut le cœur…

Nouveau doigt levé : deux secondes de plus…

Essayer de nouveau de parler…

- Je…comprends mieux…(c’était bon !). Je n’avais encore jamais rencontré d’Ark-Ni. Mais j’ai entendu parler de votre peuple. Désolé pour le cocktail d’antibiotiques…

Comme si j’avais besoin de m’excuser après tout…C’était lui qui avait joué les héros. Je soupirai…Laissant le Chevalier Torr qu’il valait mieux qu’on nous prenne pour des Contrebandiers que pour des Républicains et des Jedis…J’hochais la tête…Et réalisais un détail :

- Au fait…Je ne me suis pas présenté. Je suis le Docteur Balian Atraïde, sergent dans l’armée de la République, détaché sur Coruscant au Service de Santé des Armées depuis…quelques temps.

Ma véritable identité que j’avais gardé sous silence tant que nous étions sur Nez Peron. Mais à présent il me semblait être des plus courtois de leur dire enfin à qui ils avaient affaire.

- Vous devirez vous reposer oui…Et heu faire votre truc de Jedi…si vous savez…faire…Enfin bref. Mes connaissances sur vos pratiques son limitées je l’admets. Ma médecine à moi est autrement différente. Et je ne connais pas grand-chose quant aux prouesses dont vous êtes capables, vous autres Jedis.

Les mirialans avaient un contact avec la Force différent des jedis. Mais moi j’étais en plus un scientifique. Un sacré bordel pour moi de lier les deux dans ma pratique de la médecine depuis que Luke et See’Ryl m’avaient enseigné.

Nous n’étions pas encore tout à fait tirés d’affaire…Emprunter les routes des contrebandiers était un bonne idée. Mais serait-ce suffisant?


- Y'aura qu'à voler l'air décontracté fis-je avec un sourire qui se voulait rassurant pour moi -même...Mais ca ne vous donne pas le droit de jouer les voltigeurs! Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, je suis aviophobe! En d'autres termes j'ai peur quand je me retrouve dans un truc qui vole surtout quand un f... heu...excité du manche se trouve aux commandes.

J'aurai pu trouver mieux comme expression...et surtout sans une terminologie qui pouvait donner lieu à une image douteuse dans la tête d'un esprit mal placé...


Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Aviophobe ?

Karm fixa Balian comme s’il venait de lui dire « je n’aime pas les frites » ou « la joie me répugne ». Comment pouvait-on détester voler ? C’était si libérateur, si enivrant ! L’infinité de l’espace, le vertige de ces étendues immenses et presque hors du temps, le charme des angoisses existentielles dans le silence où se jouait constamment la titanesque révolution des astres.

Je comprends, fit néanmoins le Jedi d’un ton plein de douceur. Désolé pour le décollage. J’vais faire preuve de plus de délicatesse avec mon manche, à l’avenir.
Je peux vous le tenir, maître, si vous voulez. Si vous m’apprenez.
Quand on sera pas potentiellement traqués par les forces de l’Empire, peut-être. En attendant, on a tous besoin de repos.

Le Chevalier se désangla lui-même de son siège pour gagner la soute de la navette. Techniquement, ce n’était pas l’endroit le plus calme : on entendait la vibration des tôles, le bruit assourdissant d’un hyperdrive fait de bric et de broc auquel il manquait sans doute deux ou trois pièces et le roulis de deux caisses vides et mal fixées. Mais pour un Ark-Ni, tout cela, c’était déjà de la musique et le Gardien s’assit en tailleur, pour se plonger dans la Force.

Éliminer les toxines, c’était sa priorité. Ils seraient bientôt proches de leur but et il voulait pouvoir compter sur toutes ses facultés. Dans le cockpit, Loé, en bon perfectionniste, eut une ultime vérification pour ses instruments, avant de se retourner une nouvelle fois vers Balian.

Vous pouvez lui faire confiance, docteur. À mon maître, je veux dire. Je sais qu’il est un peu…

Le Kuati n’avait pas encore trouvé le mot tout à fait approprié pour décrire le comportement excentrique de son mentor.

… atypique. Mais il est extrêmement compétent dans ce qu’il fait, même s’il essaie de donner l’impression du contraire, et parfaitement conscient des dangers et des enjeux de la mission. Il vit un peu dans son propre monde, c’est vrai, mais je crois que ce n’est pas une mauvaise chose. Je vous laisse vous reposer. Nous arriverons dans le secteur de Botajef dans six heures.

Et en six heures, les deux Jedis ne bougèrent pas d’un cil. Loé lui-même s’était installé dans la salle unique de la navette, où le distributeur de rations joignait aux tremblements du vaisseau ses propres gargouillis insistants et, à l’imitation de son maître, le jeune homme s’était abandonné à une profonde méditation.

Quelques minutes avant la sortie de l’hyperespace, Karm rouvrit les yeux. Il se sentait mieux. Beaucoup mieux. Accessoirement, il avait faim, mais c’était une urgence pour un autre moment.

Je pète la forme, déclara-t-il flegmatiquement en refaisant son apparition dans le cockpit, où Loé s’était déjà installé.
Sortie dans trois. Deux. Un.

La navette eut un violent arrêt alors que les corps célestes se rematérialisaient tout autour d’eux et, de l’autre côté du transparacier du pare-brise, ils purent voir un bout d’antenne se détacher sous le choc et commencer à dériver pour l’éternité dans le vide interstellaire.

Parfait, tout est en ordre, en conclut le Chevalier. Le champ d’astéroïdes est toujours là ?
Affirmatif, déclara Loé, en agrandissant l’image sur leurs écrans.

On y voyait Botajef, avec ses ascenseurs orbitaux, qui reliaient les chantiers de la surface à ceux qui flottaient au-dessus de la planète. Plus loin, c’était la frontière impériale, où un destroyer surveillait le passage des vaisseaux.

Et maintenant ?
On attend. Que les gens soient très occupées.

Karm manœuvra la navette derrière une lune orpheline, puis coupa la plupart des systèmes et les trois hommes se mirent à patienter. Une heure, puis deux. Enfin, une flotte de navires marchands sortit de l’hyperespace. Le Jedi avait compté sur la trêve et la reprise du trafic le long de la Voie Hydienne pour qu’apparaisse un convoi de ce genre. Pendant que les gardes-frontières seraient occupés à en faire l’inspection, il espérait que la surveillance du champ d’astéroïdes se relâcherait quelque peu.

Calcule notre prochain saut à partir d’un point d’entrée de l’autre côté du champ. C’est parti.

Le Jedi ralluma les fonctions de leur appareil et ils reprirent leur route. Karm eut un coup d’oeil pour Balian avant de pénétrer dans le champ et il fit tout son possible pour dominer ses réflexes acquis de longue date et progresser à une allure modérée. Comme personne ne les poursuivait, l’exercice n’était pas du reste d’une terrible complexité : la navette oscillait doucement entre les immenses roches qu’un mouvement imprimé depuis une date immémoriale balançait comme au hasard dans le silence absolu.

Maître ?
Ouais, j’l’ai vu.

À deux kilomètres bâbord, un scanner avait été foré à l’intérieur d’un astéroïde. Impossible de l’éviter. Impossible de ne pas se faire détecter. La Force commença à se concentrer autour du pilote, alors que celui-ci puisait en elle pour accélérer ses gestes.

Loé ?
Je suis prêt, murmura le jeune homme, à qui il incombait de prévoir les mouvements impromptus des astéroïdes.
C’est parti. On accélère.

Avec leur navette, leur seul espoir d’échapper aux Impériaux demeurait que l’essentiel du personnel fût absorbé par l’examen des vaisseaux marchandes. Mais il n’y avait pas d’autre issue, alors l’appareil fit un bond en avant. Qui fut aussitôt détecté.

Sur le pont du destroyer impérial, on prenait la chose avec un manque insultant de respect pour le caractère épique de la situation.

Capitaine. Contrebandiers dans le champ d’astéroïdes. Encore.
Les gens n’ont vraiment que ça à faire de nos jours.

Tout cela manquait décidément d’une bonne guerre. Pourchasser les trafiquants de bétail et contrôler les transports de tissus, ça n’était pas précisément la raison pour laquelle on s’engageait dans la marine impériale.

Bon, hé bien, envoyez, je ne sais pas moi, le sergent machin, là… Celui avec les moustaches.
Tous les sergents ont des moustaches, capitaine.
Tous ?
Je le crains fort.
Ce n’est pas contraire au code de l’uniforme ?
Euh… Je ne suis pas trop sûre. En tout cas les contrebandiers ont accéléré. Mais l’escadron du sergent Zappato a fini de contrôler le premier vaisseau marchand.
Parfait, parfait, soupira le capitaine d’un ton las, envoyez-le donc arrêter les fermiers à hyperdrive…

Dans le cockpit de la navette, autre salle, autre ambiance.

Gauche. Droite. Dessus. Dessus. Gauche. Gauche. G… Droite.
BONG.
Désolé. On a…
Droite.
… un stabi…
Gauche.
… lisateur…
Droitedroitedroite !
… un peu…
Plongée.
… cramé.
Plus plongée du tout !

Le vaisseau surgit derrière le dernier astéroïde.

Escadron impérial en approche.
Saut ?
Deux minutes cinquante.
Interception ?
Deux minutes quarante-cinq.
Ah.
Maître ?
C’est fâcheux.
Que va-t-on faire ?
Ben se faire tirer dessus pendant cinq secondes et espérer que ça tienne, on a pas spécialement le choix. ‘Tention à la bascule.
Quelle bascuuuUuuUUuu…

L’Ark-Ni fit pivoter le vaisseau pour présenter son ventre aux tirs éventuels de leurs poursuivants, dans l’espoir que ceux-ci y attendraient des systèmes moins essentiels.

Deux minutes.
Une minute et demie.
Trente secondes.

Les quatre chasseurs impériaux les rattrapèrent et…

Ils ouvrent la communication, maître, exulta le Padawan ! Ils ouvrent la communication !
Ah ben moi qui pensais qu’ils tireraient d’abord et poseraient des questions ensuite. Tout se perd, mon pauvre monsieur.

Deux minutes cinquante.

Loé pressa le bouton de l’hyperdrive et la navette en piteuse état disparut brusquement sous les yeux des pilotes impériaux, à qui on n’avait même pas pris la peine de répondre.

Quelle impolitesse !
Balian Atraïde
Balian Atraïde
Messages : 1115
Eclats Kyber : 0
Le Jedi s’excusa d’une voix douce quand il réalisa le mal dont je souffrais. Certes cela n’avait rien de commode dans un univers où beaucoup de trucs volaient…Ce fut diagnostiqué quand je suis arrivé sur Coruscant. D’ordinaire ce genre de phobie venait souvent d’une mauvaise expérience de vol, mais ce n’était pas mon cas. Apparemment cela viendrait d’une volonté de vouloir tout contrôler. Etonnant pour un type qui avait passé une partie de sa vie sous l’emprise de substances illicites. Mon oncle, Aérion Arrakis, m’avait également signalé que nous avions un grand-oncle qui souffrait de ce mal. Je doutais cependant que la génétique entre en compte dans le cas présent. L’aviophobie n’étais du tout connue pour être héréditaire. Mais on oncle et mon père se plaisaient toujours à apporter des nuances sur les traits de personnalités de nos anciens qui se répètent dans les générations suivantes…Comme des échos dans la Force.

J’avais hoché la tête suite à la compréhension dont avait fait preuve le chevalier Torr. Il s’éloigna pour trouver un endroit afin de se reposer, tandis que Loé m’éclairait sur les comportements de son maître qui malgré tout n’ôtaient rien à ses compétences.

- Vous savez, j’ai l’habitude des gens…inhabituels. Je ne suis moi-même pas un médecin heu…comme on pourrait l’imaginer.

Je lui confirmais d’un signe de tête pour notre arrivée dans les six heures à une zone frontalière. De repos, j’en avais bien besoin. Je m’enfonçais ans mon fauteuil, tendant mes jambes en avant, et croisant mes bras sur mon torse. Je fermais les yeux, songeant à cette mission. Elle n’avait pas été totalement un fiasco. J’avais perdu des compagnons d’armes cela dit. J’espérais que Korgan et la Plante Verte trouvent un moyen de se tirer d’affaire. Après tout ils étaient des FS…Je ne doutais pas qu’ils avaient des ressources. Et personne ne les soupçonnaient d’être des républicains…Pas encore.

Quel merdier…

Perdu dans mes pensées j’avais laissé les Jedis à leurs…heu…méditations. Une pratique qui semblait si facile en les voyant…Alors que moi je galérais à faire une simple paix intérieure pour mettre en pratique mes faibles capacités.

J’avais finalement fini par sombrer dans un sommeil réparateur. Ce fut Loé qui me réveilla. Karm fit irruption quelques minutes plus tard dans le cockpit. Il semblait aller bien mieux. Ce qui était une excellente nouvelle. J’étais quelque peu ragaillardit également.

Nous arrivions devant un croiseur qui était en charge de la surveillance de la zone frontalière de Botajef. Nous devions prendre notre mal en patience avant de rêvéler notre présence…Le bon moment …Il nous fallut attendre plusieurs heures pour qu’enfin d’autres vaisseaux viennent accaparer l’attention du Destoyer.

J’avais repris une posture plus droite pour me concentrer sur le pilotage de Karm Torr. Il tâchait d’être le plus doux possible dans sa conduite à travers le champ d’astéroïdes, afin de m’épargner quelque peu. Charmant ! Mais le vol décontracté que j’avais espéré fut de courte duré.

- C’est parti. On accélère.

- Ca aurait été trop beau…grommelais-je en tâchant de m’attacher…mais un heurt du vaisseau me fis rater mon sanglage et partir sur le côté. Je dus poser une main contre la carlingue du vaisseau pour éviter de finir la tête dedans.

- khuapisl'a ku ! pestais-je dans ma langue maternelle (dont je vous épargnerai la traduction). Mon autre main vint s’agripper à mon siège de nouveau, tandis que je cherchais à conserver un minimum de stabilité…Tant pis pour les sangles. Torr s’excusa de la conduite, mais je ne les écoutais plus.


Désolé. On a…
Droite.
… un stabi…
Gauche.
… lisateur…
Droitedroitedroite !
… un peu…
Plongée.
… cramé.
Plus plongée du tout !




Mon regard était figé devant moi…transperçant le cockpit…j’étais concentré sur la situation, et je luttais contre ma panique grandissante.

Se focaliser sur un point fixe…

Trouver la paix intérieure…

Tout va bien…

On va s’en sortir…



Escadron impérial en approche.
Saut ?
Deux minutes cinquante.
Interception ?
Deux minutes quarante-cinq.



Ou pas finalement…

Je ne sus même pas insulter de tous les noms d’oiseaux qui me passaient par la tête le pauvre Loé…Il n’y était pour rien après tout…

Se focaliser sur un point fixe…

Ne pas vomir….

La paix intérieure…

Ne pas vom… « ‘Tention à la bascule. »

Bascule ? Comment ca « bascule ? »

- Quelle bascuuuUuuUUuu…

Ce genre de bascule donc...Saloperie !

Ce furent les minutes…secondes…les plus longues de toute ma vie. Sans répondre à la demande de communication des impériaux nous passâmes en vitesse lumière…Et le calme revint dans la navette qui tenait encore par miracle…

J’étais complètement crispé…totalement silencieux…jusqu’à ce que soudainement…j’eux un premier haut le cœur…puis un second…Sans dire un mot, je me levais et me précipitais hors du cockpit à la recherche d’un d’évac-tube. Les deux Jedis furent aux premières loges des bruitages occasionnés par les violents renvois du contenu de mon estomac.

Il me fallut quelques minutes pour me remettre…et retrouver une forme de contenance…Cela faisait bien longtemps que je ne m’étais pas retrouvé dans pareille situation. Je n’avais jamais été dérangé de la sorte dans l’exercice de ma fonction, et il suffisait d’une balade mouvementée en vaisseau pour…

D’une voix rendue rauque par les remontées gastriques je demandais presque dans une supplique :

- Par pitié…dites-moi qu’on est en route pour Coruscant…et que nous en avons terminé avec…tout ça…

Je sentais mes jambes molles…et je devais me tenir à la paroi pour revenir en direction des Jedis…Ce n’était pas que leur compagnie me déplaisait…Mais je ne serai pas fâché de retourner la terre ferme. Même si dans le cas de la Capitale de la République parler de « terre ferme » était quelque peu humoristique…



Karm Torr
Karm Torr
Messages : 3593
Eclats Kyber : 0
Techniquement, on va à Bandomeer.


C’était de l’autre côté de la frontière impériale, et la destination naturelle pour tout vaisseau de contrebande. Les Ombres Jedis qui s’étaient chargées de préparer la mission avaient jugé qu’un saut vers Coruscant aurait pu trop suspect, pour le cas où les Impériaux eussent traqué la trajectoire du vaisseau.


Une fois sur Bandomeer, on abandonne le vaisseau et des agents des services secrets vont y charger une cargaison ilégale, pendant qu’on se faufile dans la ville, histoire de voir si on est pas suivis. À partir de là, les autoritaires portuaires du coin vont recevoir un coup de fil anonyme qui les conduira à se saisir de notre navette et à confirmer aux douaniers impériaux qu’il s’agissait bien d’un vaisseau de contrebandiers.
Les Meerians vont restituer la navette et sa cargaison à Botajef, en signe de bonne volonté pour la préservation de la trêve, poursuivit Loé, tandis que nous aurons trouvé refuge dans la base de l’armée républicaine sur Bandomeer. L’incident aura la vertu diplomatique de renforcer la coopération frontalière et personne ne devrait se douter de rien.


Il y avait quelque chose de machiavélique dans la manière dont les autorités de l’Ordre Jedi avaient imaginé ce plan, jusqu’à exploiter l’incident possible auquel ses exécutants venaient d’être confrontés afin d’en tirer du profit. Karm, lui, n’était pas certain de se sentir tout à fait à l’aise avec l’idée que les Maîtres de son Ordre puissent élaborer des machinations de ce genre, mais il devait en reconnaître toute l’intelligence.


En tout cas, c’était précisément la raison pour laquelle on l’avait choisi. Comme il passait le plus clair de son temps sur la Bordure et qu’il ne s’exprimait ni ne se comportait comme les Jedis plus habitués aux salons de négociation, l’Ark-Ni pouvait passer sans peine pour un contrebandier, de la même manière qu’il pouvait interpréter un mercenaire, sans avoir vraiment besoin de jouer la comédie. Sa vie se déroulait au fond presque toute entière parmi ce genre de populations, dans les stations spatiales douteuses aux marges de la République et les cantinas oubliées aux confins des territoires connus.


Après, c’est d’la pure précaution, hein. Je sais pas combien y a d’incidents de contrebande par jour dans le secteur, mais à mon avis, ça se compte pas sur les doigts d’une seule main et je parierais pas qu’on soit la première priorité des Impériaux, surtout vu la taille et la tête du vaisseau. Vu de l’extérieur, y a quand même peu de chance qu’on soit en train d’exfiltrer des centaines de droïdes de combat pour le marché noir.


Aucun des deux Jedis n’avait fait de remarquer sur la réaction de Balian après les manœuvres acrobatiques du pilote, et on aurait même juré que leur soudaine volubilité était destiné à distraire le médecin, pour l’inciter à penser à autre chose qu’à la courte heure de vol qui lui restait encore. D’ailleurs, la conversation en devint presque touristique, roulant sur la planète de Bandomeer elle-même, et son vaste océan qu’en bon explorateur le Gardien rêvait de découvrir, dans des circonstances plus propices.


Cette fois-ci, le voyage fut bref et ils ne tardèrent pas à sortir de l’hyperespace pour déboucher devant de nouveaux astéroïdes, qui entouraient la planète minière.


Vous inquiétez pas, ceux-là sont connus depuis une éternité et bien cartographiés, ils réservent pas de surprise.


De fait, sur chacun d’entre eux on avait installé des relais qui guidaient les vaisseaux en sécurité jusqu’à l’un des astroports de la planète. Le vaisseau impérial se posa à celui de la capitale, Bandor, au bord du vaste océan. Après s’être assurés qu’ils ne laissaient rien derrière, les trois hommes quittèrent leur véhicule. Sur les docks, Karm échangea un regard avec un Whiphid qui lui fit un imperceptible signe de tête. Un quart d’heure plus tard, le trio quittait l’astroport pour s’engager un peu au hasard dans les rues de Bandor, tandis que cinq faux dockers investissaient la navette, pour y nettoyer les empreintes et y charger des cellules énergétiques d’importation illégale, dans des compartiments secrets faciles à découvrir.


Pendant deux bonnes heures, les espions malgré eux tournèrent en rond dans les quartiers les plus animés de la capitale. Ils ne cessaient de rentrer dans un métro pour en descendre à la station suivante, de changer brusquement de direction, d’emprunter d’étroites ruelles qui traversaient les bâtiments, et de monter dans des taxis à qui ils donnaient des instructions contradictoires. Karm n’était pas certain que tout cela fût véritablement efficace, mais il suivait scrupuleusement les instructions qu’on lui avait données.


Bon, fit-il après leur dernière bifurcation hasardeuse, j’propose qu’on tente notre chance, puis de toute façon si on a semé personne après tout ça, ça arrivera jamais.


Loé hocha la tête et, cette fois-ci, ils prirent décidément la direction de la base militaire. Une humaine puissamment bâtie montait la garde dans la guérite de l’entrée.


Chevalier Torr, déclara Karm.


Elle le considéra d’un air dubitatif.


Si je ne m’abuse, on vous a transmis mes empreintes rétiniennes…


Après avoir prêté son œil à une inspection en bonne et due forme, et après que le message « conduire au général dès l’arrivée » eut clignoté sur la console de la factionnaire, le lourd portail de la base s’ouvrit enfin pour eux, et se referma aussitôt. Dans le landspeeder qui venait les chercher, Loé laissa échapper un soupir de soulagement.


C’est sympa, déclara son maître d’un ton dégagé, on voit du pays et tout ça, mais perso, je ferais pas ça tous les jours, hein…




FIN
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn