Korgan Kessel
Korgan Kessel
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Nez Peron… Foutu monde de paysans.

Suffit d’ouvrir les yeux cinq minutes pour piger que tout est loin d’être rose ici. Ouais, les affiches de propagandes laisseraient presque croire à un monde agricole idyllique où le dur labeur est récompensé à sa juste valeur… Mais moi, ça ne me trompe pas ces conneries. J’ai assez traîné sur des mondes occupés pour lire dans le regard des gens la colère et la fatigue inhérente aux peuples soumis. Je secoue la tête, tente de chasser ces pensées parasites. Qu’est-ce que j’en sais après tout ? C’est pas comme si je connaissais le coin… M’enfin. Pourtant, de mon point de vue, les signes ne trompent pas… Y’a pas que ces rafales estivales qui charrient les relents de sueur mêlés aux produits chimiques utilisés pour augmenter le rendement des productions agricoles. Non. C'est tout l'ambiance qui est électrique, et pas seulement à cause de l'orage qui se prépare au dessus de nos têtes. Le temps est chaud, lourd. Extrêmement lourd. Et la météo ne manque jamais de jouer sur le moral. Y’a comme une tension palpable dans l’air. J’sais pas, je le ressens. C'est tout.

Mes bottes impériales claquent sur le métal lisse de la plateforme. Je m’arrête, en silence, et laisse l’officier logistique qui nous guide ouvrir la porte du hangar. Claquement sourd des verrous magnétiques. Sifflement des vérins hydrauliques. La lourde porte coulisse vers le haut, nous offrant une vue panoramique sur l’intérieur. Un hangar semi-circulaire. Eclairage jaune pisse. Les murs sont épais, blindés, et les rares ouvertures vers l’extérieurs ne sont autre que de fines meurtrières anti-explosion. Ils sont même allés jusqu’à les renforcer avec des grilles en duracier forgé. Quand je disais que l’ambiance puait… A croire que ces foutus impériaux craignent une attaque. Tous les signaux sont là. Les contrôles renforcés, les patrouilles, les drones qui tournoient dans le ciel menaçant. Ouais. Moi j’vous le dis. Ce monde est une cocotte-minute sur le point d’exploser… Ce qui explique peut-être la disparition du Moff des radars Républicains. Le gars est probablement trop occupé à gérer tout ce bordel…

Le mec entre. Je lui emboîte le pas, tout comme mes deux collègues. Jesaëlle que je connais très bien… Et l’autre, dont je me suis efforcé d’oublier le nom pour ne pas le griller par inadvertance. Lui, j’le connais pas. J’ai pas d’opinion. C’est un médecin militaire, c’est lui qui dirige la première étape de l’opération. Ouais. Une fois sur place, c’est lui qui l’ouvre, et qui ramène sa science médicale s’il le faut. Moi ? Bah j’ai passé deux semaines à me farcir des informations pour faire illusion… Mais je préfère pas la ramener si j’ai le choix…

Le col de l’uniforme impérial me gratte… Mais je prends sur moi pour ne pas y passer l’index et me gratter la base du cou. Bordel. Je le déteste déjà. Il est trop cintré, inconfortable. J’ai l’impression que les coutures vont exploser à chaque fois que j'esquisse un geste. On est bien loin d’un treillis confortable et fonctionnel… Mais voilà, aujourd’hui nous sommes censés nous faire passer pour du personnel médical. Moi ? Un connard de grosse tête ? Héhé, si j’étais pas aussi tendu qu’un string sur le cul d’un gamoréen, j’aurais explosé de rire. Bottes hautes, pantalon légèrement bouffant sur les cuisses. Ceinture avec poches pour l’outillage médical, tee-shirt, veste à manches courtes cintrée et boutonnée jusqu’à cou. Couleur unie : gris foncé. Semblable aux uniformes des officiers de la flotte impériale… Excepté l’écusson rond, blanc, frappé d’une croix verte, sur le cœur, et l’épaule droite. Symbole du corps médical impérial. Sur ma tête trône un calot de la même couleur, épinglé d’une insigne similaire. Ma tenue est impeccable, je l’ai vérifiée au moins dix fois depuis hier… Putain, j’espère que ca vient d’un stock piqué à l’ennemi, et pas d’un cadavre retrouvé sur un champ de bataille… Porter des fringues de macchabée ça porte la poisse. Mais bon, j’suis pas du genre superstitieux. Enfin, pas trop. Sauf que dans ces moments de stresse intense, ou le moindre faux pas peut signifier la mort, on se raccroche à tout et n’importe quoi. Ouais, bordel, j’suis crispé. Putain. Pourquoi je me suis porté volontaire hein ? J’sais pas, j’avais besoin de bouger. Des missions d’infiltration j’en ai déjà faites, c’est pas ma première… Mais j’me sentirais toujours plus à l’aise au fond d’une tranchée, avec un bon gros flingue entre les bras.

J’avance donc, pénètre dans le hangar. Aussitôt le souffle glacial de la climatisation m’arrache un frisson. Les poils de ma nuque se hérissent. Derrière nous, la lourde porte se referme. Elle claque au sol. Les verrous magnétiques se referment. Les gardes en faction de l’autre coté n’ont pas bougé un millimètre. C’est bon signe.

Au centre de l’édifice creux, une grosse navette nous attend. Elle est moche. Très moche. Son ventre est boursouflé, comme un cadavre laissé dans de la flotte pendant des semaines. Je connais ce modèle. Transport de matériel. Aucun armement. Le confort et les performances ont été troqués contre la capacité de stockage. Ce n’est pas le genre de véhicule qu’on croise sur le théâtre d’opération… Mais plutôt en ligne arrière, pour ravitailler les vaisseaux trop volumineux pour se poser.

« Par ici, messieurs. »

Notre chaperon nous guide vers un groupe d’hommes proches de la rampe d’embarquement latérale. Elle est déployée. A peine assez large pour une seul homme, elle conduit directement vers l’avant de la navette, entre le poste de pilotage et l’espace réservé aux passagers. On n’a pas fait trois mètres de plus que le colonel, entouré de cinq techniciens armés de datapad nous alpague. En vérité il ne nous regarde même pas, c’est notre contact qu’il fusille du regard. Ses sourcils sont si froncés qu’ils forment une barre grise au-dessus de ses yeux injectés de sang. Le gars n’est pas un canon de beauté, loin de là. Son épaisse moustache grisâtre lui bouffe la moitié de son visage joufflu et rubicond, juste sous son énorme nez informe…

« Vous êtes en retard, Bartoff ! Ce n'est pas la première fois... »

Au moment où il nous balance ces merdes à la gueule, l’énorme rampe arrière, prévue pour le chargement des marchandises, se relève. Elle couine. Une dizaine de droïdes de manutention, avec des bras énormes, des troncs massifs, quittent la zone pour regagner leurs box de rechargement. Un vieux colonel bedonnant qui hurle comme un débile… J’aurais pu en sourire… Si je n’avais pas senti toute la tension transpirer des muscles crispés de notre contact. Mais, visiblement rompu à ce genre exercice, le gars se détend instantanément et lance :

« Allez dire ça au Moff… Vous savez ce que c’est avec tous les contrôles… »
« Mppff, m’en parlez pas ! L’autre jour j’ai voulu… Bordel. Je ne vous ai pas demandé des excuses ! »


Enfin, on arrive à son niveau. Il pue la vinasse. Je pige rapidos le truc. Putain, c’est malin. Surement que cet officiel supérieur de l'intendance est un poivrot notoire. Le genre de type avec assez de contacts dans la hiérarchie pour se maintenir à son poste malgré ses excès de bibine. Entre l’alcool qui flotte dans son sang, et l’urgence du planning, il ne cherchera certainement pas la petite bête…

« C’est la dernière fois ! La prochaine, j’en parle à votre supérieur hiérarchique. Ce n’est pas parce que l’Haydn est en stand-by depuis plusieurs mois qu’il faut se relâcher sur les délais de livraison… Eux, c'est qui ?! La relève médicale ?! »
« Oui, mon colonel, tout juste débarquée. On arrive directement du spatioport. »
« Et ben… Ca a été rapide pour une fois. D’habitude faut supplier pendant des mois pour obtenir quelque chose… »


Enfin, il se tourne vers nous. Il s’arrête d'abord sur Balian, le plus gradé :

« Foutue histoire. J’sais pas où Effric à emmené bouffer son équipe lors de la dernière perm… Mais bordel, ils sont tous revenu avec une chiasse carabinée, à tel point qu’on eu peur qu’ils contaminent tout le bâtiment… Ils sont en quarantaine. Quatre jours qu’ils n’y a plus d’équipe médicale là-haut… Vous allez en avoir du boulot, même si ça tourne au ralenti… »

Son regard glisse sur Jez. Il la mate de long en large, de la tête au pied. L’enfoiré, c’est limite si y’a pas un filet de bave qui dégouline de sa sale gueule. Ma main qu’il essaye de l’imaginer à poil, sous son uniforme un peu trop moulant. Putain, quel gros dégueulasse… Quand enfin nos regards se croisent, je le soutiens, une fraction de seconde, avant de le baisser. Bordel, faut garder profil bas…

« Infirmier… »

Alors qu’il traîne sur la dernière syllabe. Un technicien assistant lui saute littéralement dessus pour lui mettre un datapad sous son énorme nez en forme de patate au four.

« … Vachier. Vachier ? Sérieux. Bordel, c’est pas un nom facile à porter... »


Je relève les yeux pour hocher la tête, genre ouais. Intérieurement je maudis les services du renseignement. Putain, à chaque fois… A CHAQUE FOIS, ils me font le même coup. Des identités aux patronymes bidons ! Jean-Claude Vachier. Ils sont sérieux bordel de merde ?! Et j’y crois pas à leur excuse : comme quoi plus c’est pourri, plus c’est crédible, puisque personne n’irait choisir un nom pareil… Bref. Il termine de me déshabiller du regard. Il plisse les paupières et me fait :

« Vous n’êtes pas un peu trop costaux pour ce job ? »
« Monsieur… »
« Votre gueule Bartoff… J’ai posé une question ! »


Il se doute de quelque chose, ou bien cherche-t-il à m'intimider ? Clair que mes biceps saillants menacent de faire éclater les manchettes de la veste. Dans ma tête, c’est soudain la tempête. Je dois répondre. Sans provocation. Par exemple, j’peux pas lui dire que c’est pour mieux porter des gros sacs comme lui en cas de malaise… J’improvise. Total free style.

« C’est pour le TR, mon colonel. »
« Le Té quoi ? »
« TR : Touché Rectal, mon colonel… »
« Pardon ?! »
« Faut des gros doigts pour bien sentir la prostate. Aucun appareil médical n’est plus fiable qu’un bon gros doigt, mon colonel… »
« Vous vous fout… »
« Pardon mon colonel. C'est de l'humour médical. Non, c'est que j'étais diététicien avant de m’enrôler. J'ai une hygiène de vie impeccable. »


Je lui ai fermé son claque merde, héhé. Bartoff, lui, change de couleur, il vire au blanc, genre il va tourner de l’œil… Mais j’suis soudain sauvé par le gong. Une sirène se déclenche. Départ imminent. La partie du plafond au-dessus de la navette coulisse dans ses rails, nous révélant un ciel toujours plus menaçant. Les nuages sont noirs. Un énorme orage se prépare. Le signal lui coupe la chique. Poker face. Il me mate droite dans les yeux, mais je ne sourcille pas. Il sait pas si je suis sérieux ou si je déconne. Mais il n’a clairement pas le temps de trouver réponses à ses putains de questions. Il termine de perdre son calme :

« Qu’est-ce que vous fouttez encore là ?! Embarquez vite bordel ! »


Sans perdre plus de temps, notre trio fonce en direction de la rampe. Mais, alors que je passe à coté de lui, le colonel m’arrête en me plaquant une main sur l’épaule. Son haleine est tellement chargée d’alcool que je risque de boire cinq picon d’un coup si je tourne la tête.

« Vous êtes un petit rigolo vous hein ? Z’avez intérêt à filer droit la prochaine fois qu’on se croise… Et putain, changez-moi ces bottes ! Vous êtes la honte du corps médical ! »

Oh bordel de merde. Un spasme nerveux me parcourt tout l’avant-bras… Celui se terminant par une prothèse cybernétique. Elle est recouverte de peau synthétique, pour plus de discrétion. Je prends sur moi pour ne pas lui coller un pain. Je prends vraiment sur moi, mais d’une force… Je hoche la tête tout en baissant les yeux vers mes bottes. Effectivement, elles sont légèrement éraflées sur la pointe... Pas de quoi en faire un caca nerveux, hein ! En plus, c’est volontaire. Les chaussures, c’est toujours ce qui trahit en premier. Des chaussures trop neuves, c’est toujours louche… Et je préfère me prendre une remarque acerbe plutôt que d’éveiller des soupçons. Il relâche sa poigne insignifiante sur mon épaule. Je monte à bord.

Jez’ et Balian sont montés sans encombre. Enfin j’crois. C’est peut-être passé quelque chose dans le vaisseau le temps que le colonel me fasse son sermon. Bref. Arrivé à bord, je me retourne. Dernier regard en arrière. Bartoff a déjà fait volte-face, il se casse sans attendre. J’inspire un grand coup, lui balançant une derrière œillade avant que la rampe ne se referme entièrement. J’aime pas ce type. C’est pas personnel, juste une question de principe. Les agents doubles, les gars qui retournent tellement leur veste qu’on en oublie la couleur. Bah, je les aime pas, c'est tout ! Mais j’imagine que la République le tient par les couilles, ou alors que l’Empire lui sort par les trous de nez… J’sais pas. En tout cas il fait son job : nous accueillir au spatioport et nous transférer vers la navette de ravitaillement en partance pour le Haydn en orbite, en évitant au maximum les contrôles et les contre-temps… Le tout avec un timing parfait, pour forcer le colonel poivrot à écourter les présentations. Je fronce des sourcils. Une remarque me trotte en tête. Le croiseur serait en stand-by ? Cette information ne faisait pas parti du breifing. Qu’est-ce qu’il entend par là ?! Par expérience, je sais qu’un trou dans la raquette des informations c’est jamais une bonne chose.

Le sas d’entrée de la navette s’ouvre sur deux portes. A gauche le poste de pilotage, d’où sortent déjà les voix des pilotes qui confirment les autorisations de vol. Sur la droite, un espace rectangulaire, où une rangée de siège de chaque côté, fixés à même la cloison, accueille une trentaine d’hommes… La logique voudrait que j’y file direct, pour y poser mon cul, et passer un harnais… Mais non. Je m’accoude à l’encadrement de la porte donnant sur le cockpit. Je lâche un :

« Sacré temps hein ? »

Parler de la pluie et du beau temps… Quoi de plus naturel. Bordel, merci à toi Juste Brandon, qui m’a appris toutes ces petites astuces sur Artorias. A quoi bon chercher les entrées en matières compliquées ?! Quand tu parles du temps, les gens te répondent presque instinctivement.

« Et encore vous n’avez rien vu. Quand ça va péter, ça va être impressionnant ! »

Le pilote est concentré sur ses commandes. J’sais pas s’il nous ignore ou s’il nous entend pas. La carlingue tremble alors que les répulseurs soulèvent la lourde navette. Mais le co-pilote, visiblement bien moins concentré, se retourne et continue la conversation. C’est un jeune, première moitié de la vingtaine. Son regard brille de l’insouciance de la jeunesse. Son sourire est franc. Un mec sympa de prime abord :

« Vous êtes pas du coin n’est-ce pas ? »
« Qu’est-ce qui m’a trahi ? »


Une autre petite astuce. Héhé. Répondre à une question, par une autre question.

« J’vous ai jamais vu dans le coin. J’crois pas que j’aurais oublié un grand gaillard comme vous… Corps médical ? Vous prenez la relève ? »

Gros con, c’est marqué sur mon uniforme… Mais j’pige que le gars cherche juste à faire la conversation… Ou alors il veut me faire parler ?! Bordel. Et si ce mec essayait de me piéger ? Non, peu probable… Faut pas devenir parano non plus. De toute façon j’suis calé. Je connais par cœur tous les détails de mon identité factice. Troisième petite astuce : quand l’autre commence à poser trop de questions, répondre à la première, souvent ça suffit pour calmer la curiosité mal placée… Et repartir sur la seconde astuce.

« Ouais. J’suis originaire d’Artorias… Vous allez vraiment traverser ces gros nuages ?! »
« Artorias ? Un coin sympa, j’y suis allé en vacances une fois… Oui. Vous deviez aller vous sangler, ça risque de secouer un peu… Mais c’est que le début de l’orage… »
« Je pige mieux pourquoi le colonel nous pétait une durite pour qu’on décolle à l’heure. »


Je prends un risque. Mais un risque calculé. En critiquant un officier, y’a un risque que ça passe pour de l’insubordination… Et les impériaux ne rigolent pas avec ça. Dans la République non plus d’ailleurs… Mais on va dire que les sanctions sont moins… expéditives. J'me dis que le colonel poivrot est tout sauf un type respectable, surtout pour un jeune idéaliste. Et je vise juste.

« Et encore, il était calme quand vous êtes arrivé… Vous auriez dû le voir quand l’un des droides de manutention a fait tomber une caisse d’équipement sanitaire… »
« J’essaye d’imaginer le truc… »


On ricane quelques secondes... Mais soudain il change de sujet :

« On vous a raconté pour le médecin-général Effric ? »
« Vite fait… C’est pas le genre de sujet où on veut connaitre tous les détails… »
« Haha. C’est clair… Mais vous ne deviez pas prendre ça à la légère. C’est arrivé d’un coup, toute l’équipe médicale, après une soirée arrosée au sol… Y’a des rumeurs… »


Je fronce des sourcils. Moi je connais la vraie version. Du moins je l’imagine. C’est un coup de nos infiltrés pour nous ouvrir une fenêtre pour l’opération. Simple et efficace, quoi que terriblement sans originalité. Même moi j’aurais pu y penser… Alors si commence à y avoir des rumeurs, ça sent pas bon pour nous. Je décide de botter en touche. Mais le type en face ne lâche pas l’affaire :

« J’suis pas du genre à écouter les ragots… »
« Y’en a qui disent que c’est louche, que c’est un empoisonnement. Faut dire qu’Effric avait une réputation de boucher, il n’était pas apprécié sur l’Haydn. Alors de là à ce que quelqu’un lui ait fait un coup de… »
« Ta gueule Hans ! J’t’ai déjà dis que j’en ai marre d'entendre toutes tes théories fumeuses ! »


Le pilote sort enfin de sa torpeur. La navette vient de quitter la sécurité du hangar. Le bourdonnement sourds des répulseurs laisse place au mugissement des moteurs. Elle gagne de la vitesse… Et sa trajectoire file vers les perturbations de plus en plus menaçantes.

« Et vous ?! Qu’ez vous foutez dans mon cockpit ! C’est ni le lieu ni le moment pour tailler une bavette ! Allez immédiatement vous sangler à l’arrière avant que je ne vous fasse bouffer la porte ! »

Le gars doit avoir cinquante piges, facile. Cheveux rare, coupé court. Barbe de trois jours tout aussi grise. Ses yeux sont profondément enfoncés dans ses orbites, et son nez crochu lui donne un air de rapace. Ses joues creuses, ses cernes violacées, traduisent une hygiène de vie douteuse. Insomniaque ou accro à la picole et aux soirées… Qui sait. Il est débraillé.. La veste de son uniforme est ouverture jusqu’au sternum, révélant ses plaques militaires élimées par les années de service. Il porte des insignes de capitaine… Un grade drôlement élevé pour un simple pilote de navette de ravitaillement. Mais bien que cette dernière observation m’intrigue, je la dégage de ma cervelle. Clairement, le gars ne rigole pas. Faut dire que les dépressions commencent à secouer grave la coque. Je dois me cramponner solidement à l’encadrement de la porte. Putain, je déteste les vaisseaux… Saloperie de boites de conserves volantes ! Et merde : comme je n’ai toujours pas eu réponse à ma question, je décide d’y aller franco. Fini les petits jeux oraux. Dis comme ça, ça me rappelle un holofilm de boules… Mais bref :

« A vos ordres, capitaine… Juste que le colonel parlait de stand-by… Je voulais savoir à quoi s’attendre là-haut. Je me rends compte que dans l’urgence on n’a pas vraiment été briefé sur la situation à bord… »
« Et vous voulez savoir quoi mon p’tit hein ? Que c’est la merde ? Z’avez des yeux pour le voir non ? Y’a de plus en plus de tension entre les propriétaires terriens et nos forces. Ces bouseux ne respectent plus rien. Alors ouais. Le Haydn est en stand-by. Là-haut, amarré à la station de ravitaillement, en attente d’ordres depuis plusieurs mois. Un signe du Moff et ils lâchent un bombardement orbital sur ceux qui ouvrent trop leur bec. A bord, faut pas s’attendre à trouver des potes hein. L’enfermement, ça rend maboule n’importe qui. Même si les effectifs ont été réduits et que les quarts sont en roulement entre le sol et le croiseur, j’peux vous dire que l’ambiance est explosive. La pire affectation de vot’ carrière, z’allez-voir… Et maintenant DEGAGEZ VOTRE CUL DE MON COCKPIT ! »

Il se lève, et se précipite en avant pour se jeter sur le bouton coup de poing enfiché dans la cloison. J’ai à peine le temps de reculer que la porte anti-explosion se referme… Si proche qu’elle m’érafle le bout du nez, terminant de niquer la pointe de mes bottes. Enfoiré… Mais alors que ma colère pourrait exploser, je repense à ce qu’il vient de me dire… La pire affection de ma vie hein ? J’en ai vu d’autres… Pour autant, la situation pourrait ne pas être sous contrôle une fois à bord. A moins que le chaos ne soit finalement une bonne chose pour nous ? Mentalement, je hausse les épaules et file m’harnacher. Je me retrouver entre Jez’ et Balian. Les deux doc’ me matent, je les mate… Puis jette un coup d’œil aux autres passagers. L’habitacle peut accueillir facilement cinquante hommes. Par réflexe, ou par habitude, ils se regroupés par service. Des techniciens, des soldats, des pilotes. Une trentaine en tout, nous y compris. Autant dire qu’il reste de la place… Et comme les perturbations secouent de plus en plus la coque qui hurle comme si elle allait céder sous le poids des éléments, je décide de leur raconter ma conversation avec les pilotes, sachant que ma voix serait couverte par le fond sonore. J’ajoute :

« Faut qu’on réévalue complètement la situation une fois sur place… ça pourrait jouer en notre faveur. Ou pas. »

Une conclusion qui ne fait pas vraiment avancer la réflexion. Mais que dire de plus tant qu’on ne sera pas sur place ?

Bref. Après de longues minutes, la navette quitte enfin l’atmosphère. Tout devient calme, silencieux et froid comme la mort elle-même. Par les petits hublots circulaires positionnés entre chaque siège, j’aperçois déjà la silhouette du croiseur interstellaire. Les rayons du soleil font étinceler sa coque comme une petite étoile. Mais j’pige rapidement où le pilote voulait en venir. Dans l’ombre de l’astre, des sections entières du vaisseau sont dans le noir total. Aucune lumière. Comme si plusieurs ponts, non essentielles pendant le stanb-by, avaient été isolés et désactivés. Effectifs réduits hein ? Mais à quel point ?

Quelques minutes plus tard, la navette se pose dans l’un des hangars de la station de ravitaillement à laquelle est arrimé le croiseur. Un assemblage tubulaire de structures prévues pour stoker matériels et ressources en attente de chargement. Plus loin, des excroissances attestent de la présence de réservoirs destinés au réapprovisionnement des vaisseaux de ligne. Dans sa conception, tout semble optimisé pour qu’un croiseur puisse changer ses équipes, remplir ses réservoirs de carburant, d’eau potable, et acheminer à bord des tonnes de denrées alimentaires en quelques heures seulement.

Optimisée oui. Sauf qu’aujourd’hui, elle est pratiquement vide.
Balian Atraïde
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Si on m’avait dit que mon profil avait été retenu pour une mission d’infiltration, je crois que j’aurai rigolé. Et pourtant, j’étais là, dans une tenue impériale flanqué de deux collègues. Et quels collègues…J’ignorai tout de leur identité au moment où je posais le pied sur ce foutu monde agricole. Mes yeux aux prunelles sombres se posèrent d’abord sur une jeune femme…Enfin…femme…fille ? Sans déconner depuis quand ils engageaient des gosses dans les Forces Spéciales ? Mais ce qui me frappa ce furent ses yeux…D’un vert émeraude particulièrement…étincelant. Alors que je cherchais dans mes cours de xéno-anthropologie quel proche-humaine pouvait arborer des iris aussi caractéristiques, je tournai la tête vers l’armoire à glace qui venait compléter notre petit groupe de militaires infiltrés.

Et là…ce fut le choc. Ce géant je l’avais déjà vu…le caporal-chef Korgan Kessel, Epicanthix, un réservoir de testostérone ambulant, couvert de cicatrices, et tout comme moi, il lui manquait des bouts : prothèse bras gauche synthétique, et anus artificiel. Son dossier médical m’apparaissait sous les yeux. Ce type était un héros de la République, une véritable machine de guerre…mais aussi une catastrophe sur pattes. Il m’avait ravagé une salle d’opération, et réduit en miettes un droïde de chirurgie. On ne pouvait clairement pas dire qu’il faisait dans la dentelle.

Je soupirais…tu parles d’une équipe d’infiltration…une équipe de bras cassés oui. Puisse la Force nous prendre en pitié…Vous voulez savoir le plus drôle ? Je devais jouer le rôle d’un toubib…Pratique hein ? C’est exactement ce que j’avais dit à mon supérieur quand il m’a envoyé la mission à la tronche une semaine auparavant.


***

Une semaine plus tôt


Le Commandant Powell était d’une sale humeur de Karkarodon. Allez savoir pourquoi, ce type était un chieur de base de toute façon. Depuis le matin il semblait errer dans les couloirs du Centre Médical, avec la tête d’un type à qui on avait posé une colle et qu’il était incapable de la résoudre. Visiblement quelque chose le tracassait. Il entra dans son bureau et beugla au droïde de protocole qui l’attendait sagement :

- Appelez-moi Atraïde !

Il avait braillé si fort que je l’avais entendu à l’autre bout du couloir. Alors quand le droïde vint me chercher, autant vous dire que j’étais prêt. Il me vit entrer, et soupira. Comme résigné. Il saisit son datapad et pianota une série de code. Aussitôt un témoin lumineux sur le mien me signala que je venais de recevoir des données. J’affichais alors l’avis de mission qu’il venait de m’envoyer. Je levais un regard incrédule vers lui :

- Que dois-je comprendre Monsieur ?

- Vous vouliez retrouver un peu d’action non ? Et ben voilà.

- Retourner au front oui ! C’est une mission d’infiltration, je suis chirurgien de combat, pas un agent ! Je vous suggère de voir auprès des Forces Spéciales.

Mon supérieur se frotta désespérément les yeux, soupira et repris sèchement :

- Ecoutez Toubib, croyez-moi quand je vous dis que j’aurai préféré confier ce job à un autre sergent au foutu caractère de merde ! Seulement voilà…vous avez été retenu. Vous devrez vous faire passer pour un officier du corps médical.

- Ha…ben si j’avais su que pour monter en grade fallait que je passe l’uniforme impérial…fis-je en survolant une nouvelle fois l’avis de mission.

- Me faites pas chier sergent ! Pesta le commandant avant de reprendre son argumentation : Autre détail…vous êtes un mirialan, votre monde d’origine étant sous domination impériale, c’est un autre bon point pour vous. Et…même si vous êtes loin d’être le sous-officier de l’année…votre loyauté pour notre armée et la Nouvelle République n’est plus à prouver.

- Merveilleux…

Il ne sourcilla pas devant mon sarcasme. Je devais avoir l’air plus que dubitatif car il crut bon de rajouter :

- Ca va bien se passer Sergent…le jargon médical ça vous connait…vous n’aurez qu’à…être…aussi casse-couilles que d’habitude et ça ira… En outre, vous ne serez pas seul…Deux membres des Forces Spéciales seront avec vous.

- Génial…deux brutes épaisses avec un petit pois en guise de cervelle…

Il soupira eut un geste rageur et cingla :

- Épargnez-moi vos coups de sang Toubib ! Inutile de vous dire que cette mission est de la plus haute importance. Il s’agit de données capitales, c’est pour nos hommes que nous faisons cela, et leurs familles qui attendent leur retour. Je suis sûr que vous comprenez. Rompez.



***



Et me voilà…dans cet uniforme impérial qui m’allait comme un gant en plus ! Dire qu’il aurait pu être le mien si je n’avais pas quitté Mirial dans ma jeunesse. Cette idée me faisait un drôle d’effet alors que nous suivions le dénommé Bartoff en direction d’une énorme navette. Un éclair de crainte scintilla au creux de mes yeux en voyant ce monstre de métal qui allait nous emmener vers notre foutue destination. Cette navette ne donnait pas vraiment envie de monter dedans. Je n’eus cependant pas le temps de m’inquiéter davantage puisque nous fûmes hélés de la plus belle des manières par un officier qui semblait être de plus mauvaise humeur que moi. Fallait le faire.

Et alors qu’il commençait à engueuler ledit Bartoff, il réalise notre présence et :

«… Eux, c'est qui ?! La relève médicale ?! »

Encore un génie…Il s’approcha de nous, ne nous épargnant pas de son avis sur la situation. Il s’arrêta devant moi pour m’analyser de bas en haut. Je ne pusréprimer un haussement de sourcil, alors que je sentais son regard inquisiteur. J’avais vérifié ma tenue, elle était irréprochable, maniaque comme j’étais. J’étais droit comme un poteau, l’air encore plus sévère que d’habitude, allez savoir pourquoi. Entre le trac de la mission, et cet uniforme…Il lut mon nom :

« Greg Hana’Tomy, hum…Ben on peut dire que vous étiez prédestiné vous… »

Hé oui nos chefs de l’Etat Major étaient bourrés d’humour. J’en profitais pour jeter un regard à ce colonel déplaisant : le type est rouge Picon de bière ! Et dans l’Armée Républicaine quand on employait cette expression cela voulait dire qu’il y en avait plus dedans que dehors ! Il empestait les relents d’alcool…une odeur si prenante qu’alors qu’il portait son attention sur ma « collègue », je dus faire un bel effort pour ne pas grimacer. Inutile de le mettre plus en rogne…

Son regard que je jugeais particulièrement trop insistant sur la jeune femme qui nous accompagnait en disait long sur sa lubricité. Il fallait dire que la demoiselle était légèrement engoncée dans son uniforme. Non pas qu’elle soit enveloppée, loin de là. Simplement ses formes étaient plus que mises en avant…une taille haut dessus de sa tenue aurait été un tantinet plus discret !

L’inspection se poursuivit avec Korgan. Lui aussi devait se sentir à l’étroit dans ses vêtements, mais pour d’autres raisons. D’ailleurs l’officier impérial mit en exergue la formidable condition physique de l’Epicanthix, ironiquement renommé « Vachier » …Quand je vous disais…bourrés d’humour qu’ils étaient nos « huiles » …

Je suppliais intérieurement la Force que Korgan réponde simplement et brièvement à la question du Colonel impérial, mais c’était sans compter sur le franc parler et l’ironie douteuse dont pouvait faire preuve l’animal. Et lorsqu’il parla de « toucher rectal » je ne pus m’empêcher de soupirer en fermant désespérément les yeux. Crénom…il était allé chercher ça où? J’étais prêt à intervenir en justifiant l’importance d’une telle stature comme un atout majeur notamment dans le transport des blessés. Mais heureusement Kessel sut se reprendre et trouver une idée…pas si débile que ça finalement. Je fus…surpris. Moins con qu’il en avait l’air l’énergumène.

Finalement cette « inspection » se passa au mieux, en dehors de la remarque sur les bottes de Korgan, qui lui valut une remarque de la part du « Colonel Rouge-Picon. », et une moue de désapprobation de ma part. J’embarquais le premier avec la petite demoiselle. J’inspectais l’intérieur de la navette d’un rapide coup d’œil. Rien de transcendant. Une trentaine de gusses de différents services qui venaient relayer les équipes déjà en place…au même titre que nous finalement.

Je serrai les dents en entendant les moteurs de la navette se mettre en route. Puisqu’il fallait y aller…J’avisais un groupe de places libres, et m’assis. Et à la manière dont je m’empressais de passer mon harnais, je n’étais pas tranquille. Un type, quelques sièges plus loin, et que j’identifiais comme un technicien, eut un petit sourire.

- Nerveux ?

Je le toisais, tâchant de trouver la confirmation que c’était bien à moi qu’il s’adressait et je répondis mollement :

- Je…ne suis pas très friand des turbulences dans ce genre de…vaisseaux.

J’avais évité de parler de « boite de conserve » …Le type partit dans un fou rire et me gratifia :

- Bah détendez-vous toubib. Ce petit bijou, c’est du solide !

Il donna un coup dans la coque comme pour me prouver sa solidité. J’eus un sourire forcé…et je reportais mon attention sur un point fixe…droit devant moi, non sans râler pour moi-même – et peut-être pour Jesaëlle qui avait pris place à mes côtés :

- C’est ça…une seule fissure dans la coque et ton sang se met à bouillonner dans les quinze secondes. Et attends d’être assis peinard à côté d’un cas de Peste à cause d’une puce d’Anzellan, tu seras moins détendu quand tes yeux vont s’échapper de tes orbites.

Le vaisseau s’ébroua dans un raffut terrible pour prendre son envol. Korgan était au niveau des pilotes…qu’est-ce qu’il foutait bordel ? Une secousse m’arracha une grimace…Et un premier haut-le-cœur. Je tachais de me concentrer, mes mains agrippées au harnais…Maintenir à sa place le contenu de mon estomac…essayer de faire la foutue paix intérieure…Qu’est-ce qu’il avait dit Luke déjà sur la méditation ? Pensée positive…pensée positive…ouai…Une nouvelle secousse…puis une autre…Foutue pensée positive ! Comment pouvais-je me concentrer quand mon petit déjeuner – si léger fusse-t-il – faisait le yoyo dans ma poche stomacale avec mon liquide gastrique?

J’entendis les beuglements du pilote, à coup sûr Korgan venait de se faire jeter. Je n’osais imaginer ce qu’il avait dû tailler comme bavette avec le co-pilote. Il revint vers nous pour enfin daigner poser son cul de FS à nos côtés. Je l’écoutais nous rapporter ce qu’il avait appris de sa discussion…Mais je renonçai à lui répondre…J'imaginais avoir sans doute avoir changé de couleur…quoique techniquement lorsqu’on va vomir on devient vert…Mais ça je l’étais au naturel. Disons que je devais être…vert pâle…une petite nuance anisée dirons-nous…Les turbulences et moi…ça faisait clairement deux…Et dire qu’il allait falloir faire le chemin en sens inverse.

Enfin nous quittâmes l’atmosphère et l’espace nous enveloppa…Je pus me détendre un peu…la coque de cette poubelle ambulante avait tenu…Un miracle. Je me risquai un coup d’œil par l’un des hublots. La silhouette du croiseur se dessinait devant nous, de plus en plus grosse à mesure que nous approchions. Mon calvaire prit fin lorsque notre navette se posa dans un des hangars de notre destination.

Je repensais à ce que Korgan nous avait raconté…Visiblement la situation était tendue…et peut-être parviendrons-nous à exploiter cela à notre avantage pour réussir cette mission. Pour l’heure j’imaginais qu’on nous attendais pour nous…guider jusqu’à notre nouveau « poste » en tant qu’équipe médicale.


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Oui je suis de mauvaise humeur. De sacré mauvaise humeur ! J’sais pas ce qui m’énerve le plus. Le nom bien pourrave, inscrit sur mon badge, cet abruti qui me reluque comme si je suis un bout de viande qu’il va se taper ou le bordel qu’à été mon transfert jusqu’ici. Trois semaines dans des cargos – et je parle pas de l’hygiène déplorable de ces foutus vaisseaux – trois semaines à être bringuebalée dans l’espace et à faire la sardine dans un espace tout riquiqui. Sous la lumière de néons crasseux. Avec un équipage de gros lourds. Bon pour les lourdingues, visiblement c’est pas rapport à la taille du vaisseau, parce que l’impérial, là, il est baleze dans le genre « j’te fous à poil d’un regard ». J’lui ferais bien avaler ses dents mais bon… pas hyper constructif et encore moins discret. Heureusement que mon identité c’est pas Pamela Chaudasse, sinon je crois que j’aurais pété une durite direct ! Jessica Triss, c’est naze mais c’est moins gourdasse que l’autre. En tout cas, en regardant mes deux compagnons, je me sens moins désespérée devant mon patronyme. Vachier et Han’Tomy. Si je n’étais pas aussi mal lunée, je crois que j’aurais ri.

Mais j’ai pas envie de rire. Pas du tout. Je préfère vraiment sentir la terre sous mes racines. Là, dans l’espace, j’ai l’impression que l’obscurité du vide va aspirer toute ma petite vie. J’m’entortille les doigts sur mon uniforme. Tiens ça aussi c’est encore une mauvaise blague ! j’ai beau être plate comme une planche, il trouve le moyen de me mouler le popotin et les seins. Un véritable exploit ! Non mais c’est sûr, cette mission c’est la loose ! Je la sens pas, je la sens pas, je la sens pas du tout !

- On arrive bientôt ? il s’traine pas un peu votre coucou ?

Le gars explose de rire. Genre j’ai dit une connerie ? j’y peux quoi, si ça me stresse moi tous ces bruits de trucs bizarres, ces cliquetis, ces grrrrrrrrrrraouwwww, on dirait que la navette de ravitaillement va se couper en deux avec nous dedans. Et lui, il trouve rien d’autre que de se foutre de moi.

- Bah quoi c’est une poubelle votre engin, j’sais même pas si on va arriver un jour, même Doc Hana’Tomy il est tout pâlichon. Et doc, tu veux que je te prête mon pochon pour vomir ?

Bon, il a pas le temps de me rabrouer qu’on se fait secouer dans tous les sens. Ils ont une façon bien à eux de piloter, les impériaux. Faudrait vraiment qu’ils mettent en place un système de permis à points. Un truc où à chaque fois qu’ils manœuvrent à l’arrache, façon corellien bourré, paf ! des points en moins et à zéro on retourne à l’école des pilotes ratés !
En tout cas l’arrivée c’est du vite vu. On descend et ce qu’on peut dire c’est qu’il y a pas un voorpak. Enfin j’exagère un peu. Il y a peut être quelques sentinelles engoncées dans leurs uniformes avec leurs gros pétards sur le bras, et quatre mécaniciens qui jouent à cache-cache dans le hangar. Pas de comité d’accueil. Ah si c’est surement le binoclard planté au milieu.

- Ah la relève médicale. On est heureux de vous avoir parmis nous ….

Il fixe son datapad avec une drôle de tête et remonte ses lunettes sur son nez.

-… Docteur Hana’Tomy, Infirmière Triss et Infirmier Va… euh… Vachier. C’est… pas commun comme nom. Enfin, moi je suis Hedgar Dunaur, je suis l’intendant en charge sur le vaisseau. Je vais vous montrer vos quartiers, vous expliquer rapidement les deux trois règles et spécificités qui régissent la vie sur notre bâtiment, et vous montrer où vous officierez. Sachez que vous avez déjà un patient. Un regrettable accident de maintenance mais somme toute assez bénin. Rien d’urgent. Veuillez me suivre. Vos paquetages seront acheminés directement dans votre cabine.

Il commence à partir, avec sa petite démarche toute ridicule. Il fait de tous petits pas. On dirait une de ces holostars avec leurs robes fourreaux tellement serrées que si elles marchent normalement, elles s’éclatent par terre. Du coup, j’ai l’impression d’avancer aussi vite qu’un bornu asthmatique. Au moins, on a le droit à la visite commentée. Ici vous avez le réfectoire, blablabla, les horaires d’ouverture, blablabla…. Là c’est les quartiers de l’équipage de maintenance…. Blablabla, passerelle 2A : armurerie , blablabla , 5B : l’espace sanitaire dédié à la zone médicale avec douches- mazette, vive le confort ! – communes et WC, puis jouxtant nos cabines !

Enfin quand je dis nos cabines, je devrais plutôt dire notre cabine. Oh c’est sûr qu’elle fait pas 4 m², mais en même temps il y a juste 10 lits superposés et tout juste la place de passer entre. Une belle boite de sardine, ça fait rêver !

- Au vu des effectifs réduits, les lits sont tous disponibles, faites votre choix. L’infirmerie est…

Bip-Bip

- Ah excusez-moi, je dois vous abandonner. L’infirmerie est juste à côté. Votre patient vous y attend déjà. Si vous avez la moindre question, contactez-moi.

Il sort. Il nous lâche. Comme ça. Pincez-moi je rêve ! Je soupire. Un bon gros soupir. Récupère mon package et le balance sur un lit, le plus éloignez de la porte et en hauteur.

- Quand faut y aller… Prêt pour votre première intervention doc ? Jean-claude ?

Ouais, bon, je rajoute un petit sourire « foutage de tronche » pour Korgan. Ils ne l’ont vraiment pas raté à l’état-major ! Quand à l’autre avec sa tête de pince-sans-rire, je pense qu’on va pas rigoler tous les jours, il a tellement pas l’air d’un boute en train, ou alors d’un boute en train avec un balai carré dans les fesses.
Korgan Kessel
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La rampe s’ouvre. Je sors. Un type nous attend. Hedgar Dunaur. Je l’observe en silence. Taille en dessous de la moyenne, faible corpulence. A part ça tout est absolument banal chez ce type. Même son visage. Y’a vraiment rien qui sort de l’ordinaire. A part, peut-être, cet air absent, j’sais pas, comme s’il avait plein de trucs en tête. Préoccupé hein ? Hedgar Dunaur me parait être quelque peu à l’ouest.
 
Bien sûr je garde toutes ces commentaires bien pour moi. On est au cœur du territoire ennemi. Un faux-pas, une parole en l’air, un chuchotement intercepté… On est foutu turlututu. Je hoche la tête, l’air faussement compréhensif. Ouais j’ai un nom de merde, c’est comme ça bordel. J’sens que je vais avoir le droit à la même tirade à chaque présentation… Rapide coup d’œil, je photographie mentalement tous les détails qui me sautent à la gueule. La station est pratiquement vide. L’air y est frais, comme si les systèmes de survie tournaient au minimum acceptable. Des chariots répulseurs monstrueux, aussi large et long que des bus, sont sagement garés dans des emplacements délimités par des bandes fluorescentes.
 
Il faut une poignée de minutes à la trentaine de passagers pour redescendre de la rampe. Hedgar et sa fine équipe d’intendants nous parquent comme du bétail. Un type me frôle d’un peu trop près. Je me retourne, le regard noir. Mais je reconnais aussitôt le co-pilote avec qui j’ai tapé la discute. Il me fait :
 
« Si vous descendez au mess des sous-officiers, je paye une mousse… Avec l’orage, on ne redécollera pas avant demain. »
 
Je hoche la tête. Je commence à entrer dans mon personnage. Jean-Claude Vachier, infirmité bourru et caractériel. Un profil qui me va comme un gant non ? Il fait volte-face, et file rejoindre un groupe de pilotes. J’capte alors qu’assez rapidement, les hommes ne se regroupent par cœur de métier, puis sont escortés par un intendant jusqu’à leurs quartiers. Nous, comme quoi ils nous chouchoutent hein, on le droit à la compagnie de Dunaur.
 
Plus je le mate, plus le gars me semble louche. Il n’arrête pas de jeter des coups d’oeils nerveux sur son datapad. Tous les détails, même les plus insignifiants sont importants lors de ce genre de mission. Il faut savoir très rapidement juger les gens, connaitre leurs forces et leurs faiblesses pour être en mesure de les retourner contre eux en cas de besoin. Il nous fait signe de lui suivre, prend la tête du cortège. Il fait des petits bas, il marche lentement… Une allure dictée par son incapacité à quitter l’écran de son datapad plus de cinq secondes consécutives. Putain, j’me dis qu’il va finir par bouffer un mur s’il continue. Bref.
 
On passe un sas réservé au personnel. Nos bottes claquent sur la passerelle étanche. Je frissonne lorsque je pense que seule une fine tôle nous sépare du mortel vide spatial. Sas suivant. Il coulisse. Sifflement des aérations qui ajustent instantanément la pression atmosphérique. On met enfin les pieds sur le croiseur, au niveau du Hangar principal. Je lève les yeux…
 
Il est immense… Mais étrangement calme. Au fond, je capte un duo de techniciens qui jouent avec une torche à plasma. Un astrodroïde noir et rouge nous coupe la route en couinant. Le long des parois du hangar, sur une dizaine d’étages, sont alignés des escadrons entiers de chasseurs, comme rangés dans des boites de jouets. Un peu plus haut, au-dessus de nos têtes, ce qui devrait être le centre de contrôle du trafic du hangar est plongé dans la pénombre. Aucune lumière n’est visible de l’autre coté de l’énorme baie vitrée. En Stand-by très certainement.
 
Hedgar nous fait remonter l’une des coursives principales du bâtiment. Elle est assez large pour qu’une dizaine d’homme puisse l’emprunter en même temps. Le métal nu et brut est omniprésent, tout comme les impressionnantes conduites qui cheminent au-dessus de nos têtes. J’ignore ce qu’elles transportent : des fluides ? Des faisceaux de câbles ? Aucune idée.  Par deux fois, de petits droïdes d’entretien, machins rectangulaires pas plus gros qu’un chat, s’écartent pour nous laisser passer. C’est sacrément propre putain… Mais si ces petites boites de conserve abattent le même boulot alors que les effectifs sont divisés par deux ou trois, voire quatre, c’est guère étonnant que le croiseur soit d’une propreté extrême.
 
Enfin, après avoir bifurqué plusieurs fois, sans oublier de nous commenter avec une voix de robot dépressif toutes zones traversées, Hedgar s’arrête devant un tube turbolift. Il presse le bouton d’appel. Je note mentalement le numéro du tube. C8. Les portes s’ouvrent. Hedgar s’écarte. J’entre en premier, me cale au fond. Notre nounou ferme la marche cette fois, pour être en pole position pour pianoter sur les boutons du tableau de commande. Il presse sur celui du pont 6. Je capte direct que près de la moitié des boutons sont éteints. Des sections fermées pendant la période du stand-by ? Je le suppose, sans certitude. Le tube accélère sans ménagement. Sensation désagréable. Aucune musique d’ambiance évidemment. Il freine. Tintement sonore, les portes s’ouvrent. On sort.
 
Face à nous, un panneau riveté au mur indique « Pôle Médical ». Il est affublé d’une flèche, qui darde sur la droite. Hedgar ne relève toujours pas les yeux de son datapad. Il s’engouffre dans une section du vaisseau plus étroite. Des portes anonymes à droite, à gauche, se succèdent pendant plusieurs minutes. Mais rapidement on débarque dans un espace plus vaste. Une rangée de sièges sur la droite fait office de salle d’attente. Un bureau vide sépare l’espace d’attente d’énormes armoires verrouillées par un lecteur de badge. La coursive continue. Une salle d’opération, une salle de réveil, deux salles d’auscultation, et… Le quartier des équipes médicales. J’ai pas vu de chambres aussi spartiates depuis mes classes sur Carida. Paye ton confort et ton intimité. Surtout pour des équipes mixtes. M’enfin, j’men branle. J’suis pas là pour les vacances.
 
Je n’ouvre toujours pas ma gueule, je laisse Hedgar faire son speech. Et, comme je m’y attendais un peu, il saute sur la première excuse possible pour se débarrasser de nous. Je hausse mentalement les épaules. Mais alors qu’il s’apprête à quitter la pièce, il se fige et se retourne :
 
« J’ai failli oublier. Vos badges, avec vos numéros de matricule. Vous devez le porter en permanence, de manière visible. Prenez en soin. Toute dégradation ou perte fera l’objet d’un blâme sur votre dossier de carrière. La puce électronique à l’intérieur vous donne accès aux zones communes et aux zones d’accréditions médicales, comme les armoires devant lesquels nous venons de passer. Sur ce, bon courage… Vous allez en avoir besoin. »
 
Cette fois, il disparaît pour de bon. Je soupire, pince mon badge à la ceinture de mon uniforme. Nos paquetages sont déjà là. A même le sol, dans l’étroite allée séparant les rangées de lits. Y’a rien de vraiment précieux dedans. Des fringues et des fausses affaires personnelles qui viennent compléter nos identités secrètes, comme l’assaisonnement termine de parfaire un putain de plat gastronomique. Je récupère le mien, et prend trente secondes pour cogiter.
 
Je le balance sur le lit le plus proche de l’unique porte d’accès aux couchettes, celui de la rangée à droite en entrant. Un choix qui n’a rien d’anodin. Statistiquement, la majorité des personnes sont droitière. Donc si un type tente de profiter de nos sommeils pour nous la faire à l’envers, je serais au plus près pour sauter sur son bras armé. Et ouais, il pense à tout le Korgy. Surtout quand le tout concerne la baston.
 
Jez’ l’ouvre, je me retourne. Je pose mon index sur ma bouche, geste silencieux pour lui intimer l’ordre de se taire quelques secondes. Je fouille aussitôt dans mes affaires pour sortir un datapad personnel tout ce qu’il y a de plus banal. Un modèle classique dans l’espace impérial et dont, ironiquement, le design ressemble comme deux gouttes d’eau aux modèles en vogue dans l’espace Républicain. Sauf qu’en fait, il n’a rien de banal. Je tire un coup sec sur la coque de protection. Elle saute. Derrière j’ouvre un compartiment secret et récupère un petit dispositif électronique. Il n’est pas plus gros que mon pouce. Je presse dessus. Une diode rouge clignote deux fois, avant de passer au vert. Je lève le bras, le balade rapidos dans toutes les directions. L’analyse est sommaire, mais je doute qu’ils aient cachés des dispositifs espions dans les quartiers du personnel médical… Sauf s’ils ont eu vent de l’entrée d’infiltrés à bord. La loupiote reste au vert, je me détends un peu.
 
« C’est bon, on peut parler maintenant. »
 
Je préfère tout de même parler à voix basse. On sait jamais quelles oreilles peuvent écouter de l’autre côté des cloisons. Je braque mon regard sur le Mirialan
 
« Doc’ si vous le permettez, j’avais m’occuper personnellement du premier patient. Hedgar semblait dire que c’était pas grand-chose… Faut que j’éprouve mes connaissances médicales avant que ce soit le stress… »
 
Ouais. J’ai bouffé des tonnes et des tonnes de termes médicaux, maté des centaines de vidéos explicatives, le tout sur un laps temps des plus restreints : même pas trois semaines. Faut impérativement que je mette en condition réelles, que je puisse concrètement connaitre mes limites… Parce je n’aurais pas le droit à l’erreur lorsque la pression montera d’un cran. Mais avant de sortir, je lance une directive à Jez.
 
« Essaye de faire le tour. Enregistre tout ce qui peut sembler utile. Accès, numéros de ponts, de turbolift. Zones où on pourrait planquer du matos si y’a besoin… Bref, essaye regarder tout ça. »
 
Je fais volte-face et quitte la pièce. La première salle d’auscultation est allumée, la porte est grande ouverture. J’y entre. Et aussitôt un gars en uniforme de technicien, la gueule crispée comme s’il n’avait pas fait caca depuis la création de la République, me lance un regard de chien battu. Il est assis sur le lit qui occupe le centre de la pièce. Il presse sa main droite sur la gauche, un chiffon imbibé de sang à demi-coagulé leur sert d’intermédiaire. Bon, mon bon vieux Korgan, à toi de jouer… Comme lors des jeux de rôle à l’entrainement…
 
Je m’approche… Mais au lieu d’aller directement l’examiner, je lui jette un regard noir, et file vers la console holographique sur le bureau. Je passe mon bagde fraichement reçu devant le lecteur. L’écran tridimensionnel s’illumine. L’interface du logiciel militaire médical impérial se matérialise. Sans un mot, je tape les huit chiffres de mon matricule. J’suis dedans. Je passe le doigt sur l’onglet des dossiers médicaux de l’équipage. Un pop-up apparait.
 
« Matricule ? »
 
Dans mon dos, je sens l’autre tressaillir.
 
« C’est à moi que vous parlez ? »
« Non je m’adresse au mur… »
« Je… 46513357, Infirmier… »
« Vachier. »
« Pardon ?! »
« Infirmier Vachier. C’est mon nom… »
« Sérieux ? C’est pas commun… Ca n’a pas du être facile à porter lorsque vous… »

 
Je ne l’écoute déjà plus. Je tape son matricule, et accès à son dossier médical.
 
« Technicien-novice Errateur. Eugène Errateur. C’est bien cela ? »
« Oui Monsieur. »

Je lis en diagonale. Y’a rien de particulier, à part cette histoire d’allergie aux fruits à coque. Je me retourne pour lui faire face.
 
« Bon. Qu’est-ce qui vous amène. »
« C’est ma main Infirmier. Je me suis coupé lors d’une opération de maintenance. Au début j’ai cru que ce n’était rien… Mais ça n’arrête pas de saigner… Ça a l’air assez profond, enfin je crois, j’ai pas vraiment osé regarder… »

 
Alors qu’il cause, je me dirige vers une mallette pleine d’outils médicaux… Et avec un chiffon imbibé de produit désinfectant, je commence à astiquer les trucs les plus flippants que j’y trouve. Notamment ce qui semble être une bonne vieille scie à os. Le gars se décompose. J’ai envie d’exploser de rire, mais je garde mon sérieux. Ralala, c’est juste pour lui mettre un peu la pression. Je repose l’outil.
 
« Il me faut plus détails technicien-novice Errateur. Où étiez-vous ? La section. L’heure, la nature des travaux. Je dois savoir si vous avez pu être en contact avec des produits chimiques, des radiations… »
« Je… Mais… Bien sûr que non ! C’était juste une opération de maintenance anticipée tout ce qu’il y a de plus ordinaire. Section D5, très tôt ce matin, vers 5h45, heure locale. J’étais dans le local technique juste à côté du mess des officiers. On a ouvert toutes les armoires électriques pour check s’il tout était OK. Contrôle visuel, quelques tests. C’est que du courant basse tension… On profite du stand-by pour procéder à une campagne de maintenance globale à bord, vous voyez… Je me… suis coupé sur le cadre de l’armoire en la refermant, voilà tout. »
 
Tu parles d’une histoire. Celui-là n’aura pas sa croix du mérite pour blessure de guerre, c’est net. Il est sérieux ? Il vient emmerder l’infirmerie pour un petit bobo ?! J’ai juste envie de l’envoyer chier… Mais j’peux pas. J’ai une couverture à assurer.
 
« Ok, je note tout ça. Pour la paperasse. »
 
Je note surtout que si les armoires électriques à proximité du mess des officiers ont été entièrement vérifiées, alors y’a peu de chance de croiser un technicien là-bas. Ça pourrait peut-être nous servir, qui sait…
 
« Bon, faites-moi voir. »
 
Il lève la main et soulève le mouchoir, qui colle déjà à sa plaie. Je grimace. Bordel, le mec s’est pas loupé. C’est pas une petite coupure de rien du tout. Le dessus de la main est entaillé pratiquement jusqu’à l’os. Je dois bien le reconnaitre, ça dépasse mes maigres compétences.
 
« Putain, vous ne vous êtes pas loupé… J’vais aller voir si le doc’ est dispo. Il va vous falloir plus qu’un petit pansement. »
 
Note pour plus tard : les armoires électriques impériales sont sacrément coupantes, bordel… Ou alors c’est qu’il vient de me sortir un putain de bobard ! Doooooc.
Balian Atraïde
Balian Atraïde
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Cette infirmière… Jessica Triss…un sacré phénomène. J’avais haussé un sourcil à sa façon de m’adresser la parole et surtout sur son vocabulaire. Plus charretier tu meurs. Je soupirais…et ne répliquais pas à la mention de son foutu pochon. Par chance mon calvaire fut d’assez courte durée, et mon contenu gastrique demeura bien à sa place. Je ne fus pas fâché de poser un pied sur quelque chose de plus…stable que cette fichue navette. Le comité d’accueil était présent, un type à lunettes, Hedgar Dunaur, complètement accaparé par l’écran de son datapad. J’imaginait que s’il était en charge de l’intendance il devait avoir un sacré boulot de gestion. Et on venait de lui coller une relève médicale dans les pattes à qui il allait devoir instruire les bases du fonctionnement du croiseur vers lequel nous nous dirigions. Une situation qui n’était pas sans me rappeler la « fameuse » visite des huiles de la Station Médicale flambant neuve en orbite autour de Coruscant et qui m’avait valu de rencontrer brièvement le caporal-chef Kessel.

Bref, nous avions emboîté le pas de notre guide. Après quelques couloirs et un sas de jonction nous étions sur le croiseur. Ce brave Hedgar débuta sa visite et ses explications d’une voix monocorde. Il avait diablement bien retenu sa leçon. Mais il manquait cruellement d’entrain. Agaçant personnage. Je reporte mon attention sur notre entourage. Le vaisseau est parfaitement bien entretenu malgré sa mise en stand-by. D’une propreté incroyable, ce qui n’était pas pour me déplaire, bien au contraire. Mon côté maniaque sans doute en tant que médecin.

Nous gagnons un élévateur, direction le pôle médical. J’étais assez tendu compte tenu de la situation, je n’étais pas du tout familier des missions d’infiltration. Et j’avais eu droit à un cours intensif pour palier à certains « trous » dans ma formation initiale de militaire. J’avais été formé pour la médecine de combat, traiter des plaies, soulager des soldats blessés, amputer dans des conditions stressantes, opérer avec les moyens du bord en plein milieu d’une tranchée sous le feu de l’artillerie ennemie, tout cela je savais faire. Mais à présent j’étais chez l’ennemi…en plein cœur du territoire impériale. Autant vous dire que lorsque nous pénétrâmes dans l’aile médicale du vaisseau quelque chose se passa dans ma tête. Une sorte de…soulagement. J’étais dans un environnement connu…Et l’aspect rutilant des lieux me conforta dans mon apaisement.

J’évaluais l’organisation des lieux, somme toute assez simple. Il y avait le nécessaire comme sur n’importe quel croiseur. Restait à voir la qualité du matériel. A première vu il semblait excellent. Cette expérience allait être très instructive pour moi de ce côté sur un plan de comparaison des protocoles médicaux impériaux.

La visite s’acheva sur les quartiers réservés au personnel médical très…austères. Je soupirais et posais mes affaires sur un lit non loin de celui de Korgan, proche de la porte…et surtout pas en hauteur. Un réflexe de médecin : être toujours près à bondir le plus rapidement possible pour sauver une vie. Après nous avoir donné nos badges, notre guide nous abandonna avec une rapidité déconcertante. Cependant je ne lui tenais pas rigueur, j’étais moi-même assez peu amateur de servir de nounou pour les nouvelles recrues. Et j’étais généralement passé maître dans l’art de l’esquive et sinon de me débarrasser de ma tâche le plus vite possible.

Jes’ avait repris la parole, mais Korgan la fit taire d’un doigt. Effectivement la prudence était de mise et je le vis récupérer un petit dispositif électronique planqué dans son datapad et passer la zone pour vérifier qu’il n’y avait pas de système d’écoute. Intérieurement je félicitais le geste du caporal-chef. J’aurai été aussi prompt que Jesaëlle à parler sans prendre la précaution de vérifier que nous n’étions pas sur écoute. Mon inexpérience en matière d’infiltration sans nul doute.

Une fois les vérifications effectuées, Korgan prit la parole, requérant mon accord sur le fait de prendre en charge le patient qui attendait dans la première salle d’auscultation. Il voulait mettre à l’épreuve ses compétences médicales ; J’hochais la tête. Si ce n’était pas grave en effet il saurait gérer. En tant que membre des Forces Spéciales il avait sans nul doute eu droit à la formation de base comme celle que je pouvais dispenser au Centre de Formation Initiale Militaire de Coruscant, sans compter sa préparation à cette mission pour donner le change en tant que membre de l’équipe médicale.

Le caporal-chef conseilla à Jes’ de faire le tour des lieux et de se les approprier, et je comptais bien faire de même, et notamment vérifier les accès dont je disposais en tant qu’officier du corps médical sur un des terminaux de la zone médicale. Korgan se dirigea vers la salle d’auscultation n°1, je me tourne vers Jes’, j’avais une petite « recommandation » à lui faire. Mon sourcil gauche arqué, la mine sévère, parfaitement droit dans mon uniforme impérial, je claquais comme à un de mes subordonnés :

- Je ne sais pas comment on vous a formé. Ce que sais par contre, c’est qu’on est dans l’armée impériale, en plein territoire impérial. Et je peux vous dire que j'ai déjà fréquenté des prostituées plus polies et mieux éduquées que vous. Alors votre langage de poissonnière de marché vous le rangez et tâchez de faire ne serait-ce que l’effort de parler comme un militaire impérial…Et respectez la hiérarchie.

En soi, je me foutais pas mal de son franc-parler, j’avais le mien également. Mais nous étions dans une mission d’infiltration, et non « à la maison ». La documentation laissait sous-entendre que les militaires impériaux – surtout les gradés – avaient un sacré balai dans le cul. Alors je comptais bien donner le change…J’avais cru comprendre qu’elle était un Jedi, mon lien avec la Force était certes léger, mais je me demandais vraiment si cette donzelle était réellement membre de l’Ordre…Les Jedis que j’avais pu rencontrer précédemment ne m’avaient pas habitué à ce genre de…vocabulaires. Entre Luke qui était toujours poli, Cally retombée en enfance, et See’Ryl qui ne plaçait jamais un mot plus haut que l’autre…On était loin du « formatage » que l’on pouvait imaginer.

Sans vraiment attendre de réaction de la jeune femme – j’espérais qu’elle avait compris – j’avais tourné les talons, jouer les médecins râleurs était facile. Le Commandant ne m’avait-il pas dit d’être aussi casse-couilles que d’habitude ? Je sortis du dortoir en quête d’un terminal de données. J’entrais mon code d’identification et entrepris de parcourir les données qui s’offraient à moi. Quoi de plus normal pour un médecin tout juste arrivé dans ses nouvelles fonctions de vérifier ses accréditations. Je parcourus sur l’écran les listes des information médicales qui s’affichaient devant moi…Des dossiers médicaux de tout le personnel du croiseur, Les données statistiques relatives aux indicateurs généraux de santé du croiseur comme par exemple l'état de santé de son équipage, la prévalence et l’incidence des maladies, les maladies émergentes. Des informations sur les professionnels de santé… S’en suivirent des données et indicateurs relatifs aux politiques et stratégies de santé publique…ha ben de ce que je voyais, les militaires impériaux avaient une assurance maladie aussi pourrie que la nôtre…

J’étais absorbé par ma lecture quand Korgan - infirmier Vachier - déboula pour solliciter mon expertise. Ben il n’avait pas tenu longtemps…Je me déconnectais du terminal et suivis Korgan pour gagner la salle d’auscultation n°1. Mon regard se posa sur type perché sur la table, position assise, blanc comme un linge, tenant un chiffon dégueulasse maculé de sang sur sa main. Si Korgan requérait mon aide c’était que cela ne devait pas mettre des plus jolis. J’interrogeai mon subordonné du regard, attendant le rapport de l’incident. Pendant ce temps, avec douceur, sans pour autant me défaire de mon air renfrogné, j’écartais le chiffon pour voir de quoi il retournait. J’eus une grimace non dissimulée devant l’ampleur des dégâts. Je soupirais…et claquais d’une voix sèche :

- Pas très joli…J’attrapais la lumière du plafonnier et la plaçait au-dessus de la main qui pissait le sang pour mieux voir : et vous n’avez rien trouvé de mieux que ce bout de tissus crasseux en guise de garrot ? Un véritable nid à microbes, si elle ne s’infecte pas vous aurez du bol. Je soupirais et expliquais : La plaie complexe : comportant des lésions cutanées étendues et des associations lésionnelles touchant vaisseaux, tendons et os au niveau de la face dorsale. Os carpiens visibles…à vu de nez je dirai…le triquetrum…le ligament radiocarpien dorsal est touché… Il va falloir suturer.

Je jetais un œil à Korgan et précisais :

- Préparez-moi la trousse qui est sur votre droite.

Pendant ce temps, j’ouvrais les tiroirs à la recherche de gants, et d’un anesthésiant local. Les plaies à la main étaient souvent délicates, et sources d’ennuis, tant pour le praticien que pour le blessé. Je revins vers mon patient, poussant un tabouret sur roulette. J’anesthésiais la zone et avisais Korgan pour qu’il m’assiste. Il n’avait qu’à se laisser guider par mes indications.

- Sérum physiologique…il faut nettoyer tout ça…

J’avais écarté les bords de la plaie, les maintenant dans cette position avec l’aide de pinces…Une inspection chirurgicale était nécessaire, je devais vérifier le bon fonctionnement de la main. L’inspection de ce type avait pour but la recherche d’une anomalie de la coloration en aval de la plaie, une perte du tonus postural du doigt voire une éventuelle déformation. La mobilité active, était testée de façon analytique, segment par segment. L’examen de la sensibilité devait être méthodique : nerf par nerf et hémi-pulpe par hémi-pulpe. Enfin, on recherchait des signes de dévascularisation : coloration et tonus pulpaires, pouls capillaire.

- Bon…Monsieur heu…je jetais un coup d’œil au dossier : Technicien-novice Errateur, rien de grave…Une petite restructuration de tout ceci et ce sera bon.

Je fis signe à Korgan de de donner de quoi réparer les lésions…Méticuleusement j’accomplissais mon travail de médecin, avec une certaine bienveillance, même si nous étions face à un impérial. Quelque soit la situation, mon serment de médecin m’ordonnait de soigner tout blessé qui se présentait devant moi. Et puis nous avions une couverture à assurer. Il ne nous restait plus qu’à faire un bandage adapté et le tour était joué.

- Vous ne pourrez pas utiliser votre main avant un bon moment. Il lui faudra du repos. Je vous prescris aussi un traitement à base d’antibiotiques afin d’éviter tout risque d’infection. Revenez dans trois jours…on contrôlera la cicatrisation et on changera le pansement.

Moi dans mon élément ? Absolument ! J’en oublierai presque la mission.

Invité
Anonymous
Bah voilà ! Un coincé du croupion ! Il en faut toujours un dans une équipe et visiblement ça sera le docteur. Il aime pas mon vocabulaire, et bien moi sa tête de constipé me revient pas non plus, est-ce que j’en fais une montagne ? Bon, pour sûr que toutes ces périodes dans l’espace ça ne m’a pas rendue franchement conciliante. La terre me manque. L’air qui ne pue pas le renfermé me manque. Les rayons du soleil me manquent. Et Lune aussi me manque. J’le laisse déblatérer sa science de « Môssieur je sais tout », me la ferme et passe en mode « Raconte ce que tu veux je m’en bas les cacahouètes ! ». Je sais que le coup de l’indifférence, genre t’écoute pas ou t’en a rien à talquer, c’est le truc qui énerve plus qu’une bonne prise de bec. Là, ses remontrances, elles me glissent dessus. Et pendant qu’il la ramène en ce prenant pour mon chef, je déballe mes petites affaires, ma plante verte – un incontournable si on veut définitivement pas me voir péter une durite – mes petites culottes, et tout le tintouin. Tout ça en imaginant comment je vais bien pouvoir lui rendre la monnaie de sa pièce, parce que si je me tais, c’est pas pour autant que ça me gonfle pas. Mais vous savez ce qu’on dit, non ? La vengeance est un plat qui se mange froid !

**********

- Encore ?! Mais c’est la deuxième fois cette semaine que tu te démets un truc. Sérieux t’as fichu quoi ? Non… non réponds pas où je vais être obligée de le mettre dans ton dossier et ça va faire tache.

- Le Doc va en faire une syncope.

- Bah ! de toutes façons il me prend pour une blonde écervelée. On est plus à ça près ! Allez bouge pas.

Je lui fais un méga sourire charmeur, histoire qu’il oublie que ça va piquer un chouilla quand j’aurais remis en ordre son épaule. Il serre les dents. Faut dire que je peux difficilement le prendre par surprise, c’est un peu un abonné à l’infirmerie. C’est louche, mais y’a un truc que j’ai appris avec les Typhons, c’est que poser des questions c’est le meilleur moyen de faire fuir les réponses. Enfin les vraies réponses parce que balancer des conneries débiles, n’importe qui sait le faire ! Il vaut mieux faire ami-ami. Et à ce jeu là je me démerde pas mal. D’ailleurs ça me fait marrer, à force de faire passer Hana pour un sale type – faut dire qu’il m’aide bien avec sa tête de Mister Moral, et ses répliques pas piquées des hannetons, sans parler du balai dans son fondement – je crois que les gars s’arrangent de plus en plus pour venir à l’infirmerie quand c’est mon tour de perm. Surtout que j’ai pas besoin d’Hana. J’ai peut-être qu’un insigne d’infirmière sur ce rafiot, mais je suis un medcorp, pas une branque ! En plus, les trucs zarbs, je les consigne pas dans les dossiers médicaux. Bon, en vrai, mes deux loulous d’associés sont parfaitement au courant, vu qu’on se tape un debrief tous les soirs, mais pour les gars ça restent un secret entre nous, et je trouve qu’ils sont sacrément adeptes du secret dans le coin. Affaire à creuser qu’il dit notre Jean-Claude.

Donc j’injecte une mini dose de Force, histoire de diminuer la douleur, et bam ! D’un coup sec, je remets le tout dans son logement. Ça craque. Il grimace même pas !

- Waouh, t’as décidément des doigts de fée Jessica !

- Et toi tu me fais des luxations coup sur coup. Faut que tu reposes ton bras Dan, sinon ça va pas le faire. J’te préviens, c’est la dernière fois que je fais ça sans le noter. C’est vraiment pas le pied pour ton articulation !

- Ouais je sais, je suis désolé… je peux me faire pardonner si tu veux ! Je t’offre un verre, ce soir ? On se fait une petite soirée entre nous.

- Euh… ouais.. ok ! Bon allez file, j’ai trois tonnes de boulot, on dirait que vous vous êtes tous donné le mot aujourd’hui pour pourrir ma permanence !

Le suivant entre. Ce coup-ci c’est juste une petite infection urinaire d’après le med-scan portatif que j’agite devant le nez du twi-lek. C’est mon dernier pour la journée et le cas est vite plié. Je lui file des médocs, la consigne de boire davantage et un test de vérification dans 3 jours si les douleurs persistent. C’est JCV qui prend ma relève, et je n’en suis pas mécontente après le défilé qu’il y a eu ici. Comme ça j’aurais le temps de me prendre une douche et un truc à grignoter avant de rejoindre Dan.

Ça fait un p’tit moment que je le travaille pour qu’il m’intègre à ses potes techniciens. Comme il vient se faire rafistoler tout le temps, on a sympathisé mais cette invit c’est une première. Bon j’ai plutôt un bon relationnel avec les gars. Ah c’est sûr, pas ceux qui ont des petites barrettes d’officier sur la poitrine, ceux là ils me regarde même pas, ou alors quand j’ai le dos tourné et juste pour mater mon popotin. Et c’est seulement parce que qu’ils sont en manque ! Le genre de types qui préfère se coltiner un Hana avec ses grands airs, ses belles paroles et son coté hautain. Moi le soldat de base, le mec de la lingerie, celui de la surveillance, les dockers, le mécano ou le technicien sont plus des objectifs dans mes cordes. Déjà c’est les preum’s à critiquer la hiérarchie. En même temps le mess des officiers c’est pas notre cantoche, et tout le monde sait que pour gagner le cœur d’un homme ça passe avant tout par son estomac ! Et en plus, en ne jouant pas les rapporteuses à chaque bobos louche, je me les suis mis dans la poche.

Bref du coup, je file en trombe dans notre cabine, après avoir laché à Korgy un « j’ai rencard ! » suivi d’un clin d’œil. Direction la douche ! Je traine pas sous les jets chauds, même si l’envie de rester sous cette pluie me fait de l’œil, j’ai pas envie d’etre en retard. Vêtements propres, tignasse démêlée et zou, je suis prête. Bon par contre, j’ai pas l’intention d’aller jusqu’au quartier des techniciens en passant par les couloirs, vu qu’on a des turbo-lift exprès pour les urgences médicales, qui débarquent un peu partout sur le vaisseau et nous sont réservés, je vais pas me gêner ! Je monte dans l’un d’entre eux après avoir badgé et arrive directement vers les zones de débarquement du hangar principal. Les espaces des techniciens ne sont plus très loin et en cinq minutes je me retrouve à toquer à la porte de Dan.

- Jessica ! t’es là ! Super. Je te présente mes potes de chambrée : Mike, Jussipo, Urad, Kaidan et Foldo.

- Ouais, ouais, j’en connais certains qui sont aussi abonnés que toi à mon infirmerie.

- C’est pas faux.

- Oui c’est vrai qu’on passe souvent, mais bon les accidents de travail dans nos jobs c’est un peu la normalité.

Je me marre. Mais bien sûre ! c’est clair que la luxation d’épaules et les entailles qu’on dirait faite au couteau c’est le B.A. BA de leur métier. Prenez moi pour une greluche sans cervelle. Allez, je leur fais un sourire, genre « faut pas me prendre pour une blonde, moi je suis rousse bordel ! »

- Tu veux un verre
Dit le Jussipo en me tendant un verre avec un joli truc vert pétant. J’aime beaucoup la couleur. Elle me rappelle les champs d’herbes dans les jardins du Temple.

- C’est quoi?

- Un alcool pas pour les fillettes, une fabrication de par chez moi.

- Ah… eu… heureusement que l’alcool n’est pas du tout prohibé sur le vaisseau, hein !

Ils rient. J’ai dit une connerie.

- Tu parles ! L’intendant en fournit même. Bon et puis Kaidan est papa depuis hier, ça mérite une petite tournée, non ?

- Ouais carrément ! A la tienne Papa !

Je bois cul sec. Je sais que je les retourne direct. C’est vrai comment imaginer qu’un petit bout de femme pourrait avaler un alcool hyper fort, d’un seul coup, sans broncher, sans tousser, sans vomir ! La classe ! Je suis imbattable de toutes façons sur les jeux d’alcooliques ! S’ils veulent essayer de me torcher, ils peuvent toujours essayer, ils rouleront par terre avant que je sois grise. Et ça loupe pas…. Ils essayent, mais au bout de quelques shoots, ils deviennent beaucoup plus bavards.


- Et ton co.. ton collègue là… JCV ?

- Jean-Claude Vandame ?

- Nan bourricote.

- Vachier ?

- Ouep ! Lui il est su… per barraque…mais il a pas l’air.. cool

- Jean-Claude, il est super. Bon d’accord c’est pas la finesse incarnée en tant qu’infirmier mais c’est un chouette type. Je sais pas trop pourquoi il s’est engagé

- Il … sait c’battre..?

- Bah j’en sais rien, mais il va au gymnase tous les matins.

- Ok…

- Pourquoi ?

- Bah… euh… j’me dit…. J’irais bien m’entrainer avec lui…

- Yosh, doit avoir une sacrée droite !

- Et Hana ?

- Ah non, me parlez pas du Doc. Il est chiant et en plus on dirait qu’il est constipé en permanence !

La conversation se poursuit, de plus en plus saccadée, à cause de tout cet alcool ingurgité. Je prévois de belles gueules de bois pour demain. En tout cas j’en tire plus rien, à part cette obsession pour JVC et pour ma pommade anti-coup. Je suis sûre qu’ils vont le contacter, quant à moi, je compte bien séduire ce Dan qui semble avoir le béguin. En plus c’est toujours utile d’avoir un mec qui bosse à la maintenance dans sa poche. Surtout si celui qui gère les réseaux d’airs et d’oxygène ! En attendant, je les abandonne, vautrés et beurrés, pour aller rejoindre mes collègues comploteurs et rapporter mes découvertes du jour ! enfin de la nuit !
Korgan Kessel
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Les premiers jours se succèdent à un rythme si dingue que j’en oublie presque la mission… La salle d’attente déborde en permanence… Putain, dès qu’un gars entre en salle s’auscultation, un autre passe le pas de la porte !

Intérieurement je peste, mais je prends sur moi pour jouer mon rôle… Faute de secrétaire médicale, c’est moi qui me coltine l’administratif et le trie des patients. Un petit bobo ? J’m’en charge ! Une épaule démise ? Ramène ton cul en salle d’auscultation N°1 où t’attends Jez’… Toi ? T’as les boyaux qui se font la malle ? Bah pas de panique, le Doc’ Hana’Tomy affûte ses scalpels dans la salle d’opération de l’hôpital du pôle médical…

Toutes les huit heures, on prend une pause, à tour de rôle. Pour aller pisser, boire et bouffer un truc en speed au mess des sous-officiers... Enfin le Doc' lui, il a accès VIP au carré des officiers. Bref, On fait comme on peur pour faire rouler notre pauvre effectif… Dans ces conditions c’est quasi-impossible de prendre le temps requis pour peaufiner notre plan d’attaque. Non, ce n’est pas quasi-impossible… C’est CARREMENT IMPOSSIBLE. Y’a pas le temps pour faire du repérage, pour aller se promener, pour écouter aux portes… Et puis, j’ai une putain de mauvaise impression dès je prends un turbolift pour rejoindre une autre partie du vaisseau : comme si j’étais épié en permanence. J’sais pas je vire à la parano ? Peut-être. Bordel. Faut dire que les nuits sont courtes, entre-coupées par des urgences à la con. Le moment de poser mon cul dans mon lit, je ferme les yeux et m’endors comme une merde en quelques secondes… D’habitude, la fatigue, le stress, le manque de sommeil… Je gère… Mais là, c’est pas pareil. C’est mentalement que je suis HS. Je suis sans cesse sur mes gardes, je dois mesurer chacun de mes mots pour maintenir ma couverture… Et avec la fatigue, je dois redoubler d’effort pour ne pas sortir machinalement une connerie. Mon datapad ne quitte presque jamais mes grosses paluches. Il est bourré de tout un tas d’informations médicales dont j’ai besoin pour assurer mon rôle… Par moment, j’ai l’impression mon cerveau va exploser… Comme un de ces ballons de baudruche qu’on remplit de trop.

Fort heureusement, passé ces premiers jours, y’a comme un rythme qui s’installe. Les habitudes finissent par pousser sur ce tas de fumier merdique sans nom. Dès que je me lève, je saute dans mes fringues, file à la salle de sport du pont 6… Et là, je me défoule. Je lâche tout. Pompes, abdo, squat, gainage. Je saute sur un tapis de course et profite de cette demi-heure d’évasion pour me taper un sprint jusqu’à m’en faire vomir les poumons. Enfin, quand je suis physiquement sur les rotules, mais rechargé mentalement, je tabasse quelques sacs de frappe avant de passer sous la douche… Puis je remonte au pôle médical en serrant grave les dents. J’en ai choppé des courbatures aux zygomatiques… Et c’est pas à force de rire ouais. Vie de merde bordel. Et vous savez ce qui est le plus énervant dans cette putain de situation ? Non ? C’est que le Doc’ semble prendre son pied, lui. Le gars est comme un poisson dans l’eau. On dirait que plus on est débordé, plus on est sous pression, plus les types sont amochés… Bah plus il se sent dans son élément. Ce gars est un psychopathe du boulot médical ouais.

Le presse sur le bouton d’appel du turbolift, après avoir badgé. Il est plus large que les autres, prévu pour accueillir un lit médicalisé et deux ou trois personnes supplémentaires. Seul le personnel médical y a accès, et il nous permet de rejoindre en un temps records les zones les plus critiques de navire, particulière le hangar principal, où, en temps de guerre, peuvent débarquer des flopées de blessés… Bref. La porte s’ouvre, j’entre. Elle se reforme. Il monte en bourdonnant quelques instants avant que le spectre auditif ne passe dans les infrasons. Ça va prendre qu’une poignée de secondes… Mais, seul, je relâche d’un coup la pression et file un putain de coup de poing dans la cloison. Mes phalanges craquent. Je grimace… Mais la salve de douleur, rapidement accompagnée par une giclée d’adrénaline me file le coup de boost dont j’ai besoin. Par certains côtés j’suis comme le Doc’. Moi aussi j’aime la pression et la merde… Mais quand c’est sur le terrain, que les lasers et les obus pleuvent tout autour. J’aime quand ma vie ne tient qu’au fil des décisions prises par l’instinct de survie…

Mes pensées dérivent sur Jez’. Elle laisse pas paraître grand-chose. Mais j’peux lire sur sa gueule qu’elle est pas au top de sa forme. Elle c’est différent. C’est une plante verte. Le manque de soleil lui bouffe le caractère. Même si le caisson d’UV dans la salle de biométrie la détend un peu. Elle ne dit rien, elle ne rechigne en rien… Mais je la connais assez pour mesurer son état d’esprit. Par contre, j’sais pas ce qui s’est passé… Mais y’a clairement de l’eau dans le gaz entre elle et le Doc Hana’Tomy… Faut dire que tout les oppose ces deux-là. Mais bon. Faut pas sous-estimer Jez. Sous ses airs de gamine insouciante se cache une vraie machine de guerre. Pas de celle qui roule sur un champ de bataille non, plutôt de celle qui ramasse les mourants et les retape pour qu’ils repartent au combat.

La sonnerie retentit. La voix synthétique qui commence à me sortir par les trous de nez annonce le « Pôle Médical ». Le turbolift descellèrent aussitôt. Il s’arrête, les porte s’ouvrent. Dernier soupire avant d’entrer la peau de l’infirmier Vachier. Face à moi tous les sièges de la salle d’attente sont occupés à des culs. Vingt sièges. Officiellement le pôle médical n’ouvre que dans dix minutes, pour les consultations. En opération, en temps de guerre, l’infirmerie tourne H24… Mais là, à quai, en effectif réduit, elle n’est accessible que de 6h à 20h, hors urgences médicales. Vingt impériaux sagement assis me jettent des regards de chien battu… Si seulement j’avais ma prothèse lance-flamme, je les aurais désinfectés en un rien de temps… Bref. Je suis venu, j’ai vu et j’ai vingt culs à trier. Bordel. Ça va devenir ma devise. Mais à peine je quitte l’ascenseur, que y’a comme un interrupteur qui s’enclenche dans ma cervelle. Exit Kessel. Welcome Vachier. Toutes les sales pensées se dissolvent. Ou plus exactement se font littéralement bouffées par les termes médicaux qui me sautent à la gueule. Quelque soit ma fatigue, mes doutes, la sensation de ramer pour mener la mission à bien, je reste un putain de pro… Je tiens mon rôle à la perfection. Direct, dès que je rejoins la salle d'attente, je gueule.

« C’est qui le premier ? »

Toutes les têtes se tourne vers un type qui se tient l’épaule. Je plisse des yeux, il détourne le regard. Du coup je plisse encore plus les yeux. J’ai une excellente mémoire. Surtout celle des visages et des culs. Et son cul à lui je l’ai déjà vu. Son visage aussi. Il est déjà venu. Y’a deux jours, tout au plus. Sans me jeter un seul regard droit dans les yeux, il se lève, s’approche.

« Technicien-chef… Hett, infirmier. »
« Encore l’épaule ? »
« Oui… »


J’sais que Jez’ tente des approches « atypiques » avec ce genre de type. Profil technique, jeune, facilement impressionnables par le sexe opposé. A se demander s’il ne s’est pas démit l’épaule juste pour ses beaux yeux émeraudes… J’ai juste envie de la lui remettre moi-même, à ma façon… Mais bon. C’est pas le moment de déconner.

« Cabinet d’auscultation N°1, avec l’infirmière Triss. »

Il décampe aussi sec.

« Suivant ? »

Une nana blanche comme un cul d’Umbarienne se lève. Cernes noirs. Elle a mal dormi. Le dessus de la lèvre supérieure est irrité, presque à sang. Elle pisse de la morve du nez. Pas le temps d’ouvrir la bouche qu’elle éternue. Sans son mouchoir en papier jetable, elle aurait repeint la salle d’attente à grand coup de germes contagieux. Fait chier. A cette heure, le Doc’ est encore libre. J’ai rien contre les fluides visqueux… Mais bon. Quand je peux éviter…

« C’est bon. Cabinet d’auscultation N°2, avec le Docteur Hana’Tomy »

Elle lâche un petit sourire en coin. Putain. J’ignore lequel des deux à le plus de succès entre le Doc’ et Jez…

« Suivant ? »

Un gros gars se lève. Il est aussi haut que large. A se demander comment il a trouvé un uniforme à sa taille. A sa tête, j’pige que le type douille. Mais aucun signe physique ne transparaît sur les parties visibles de son corps. Ça se situe ailleurs j’imagine. Il boite légèrement…

« Sergent-cuisinier Burger… »

Je le mate. Je dirais pas que j’ai un don pour juger les gens… Mais à force d’avoir des types de l’autre coté du canon, et de ne disposer que d’une fraction de seconde pour décider s’il faut tirer ou non, on apprend à lire les signes. Ce foutu langage non verbale comme disent les intello de mes deux. Je pige direct qu’il est pas dans son assiette. Il est gêné. Son problème est… gênant quoi. Ok. Bon. De toute façon reste plus que moi.

« Suivez-moi. Salle de soin N°1. »

Je fais volte-face. Le type me suit. J’ouvre la porte. Puis la referme dès qu’il entre. Elle claque. Là ou la salle d’attente d’arrête, commence le secret médical… Le type se fige au milieu de la pièce, à coté du lit. Il a pas envie de s’y allonger pour que je l'examine. Mauvais presentiment d’un coup.

« C’est pour ? »
« Je… Je crois que j’ai des hémorroïdes… »


Bordel de merde.

****

Sixième jour. 00h17.

J’ouvre la porte des quartiers, tombe sur lit. Jez a bien choisi sa soirée pour s’éclipser… Je mate le Doc’ Hana’tomy, non loin. Il a fait un sacré job sur cette perforation thoracique. J’en ai vu des gars y rester pour moins que ça. Le type est branché en salle de réveil, en coma artificiel. Avant de fermer les yeux et de me laisser partir, je balance juste une phrase :

« Ca arrête pas putain… Y’a quand même un taux de blessure improbable sur ce vaisseau… »

On est sensé tourner en effectifs réduits. Mode Stand-by, avec un tier du personnel à bord. Mais statistiquement, y’a pratiquement autant de passage à l’infirmerie que si le navire était opérationnel à cent pour cent. Une question me saute à la gueule, mais le sommeil la dégage à grand coup de pied dans son derche imaginaire. Je sombre dans un sommeil sans rêve, réparateur…

****

Septième jour. 5h00 pétante.

Le réveil du datapad sonne. Je bondis hors du pieu. J’ai l’impression d’avoir cligné des yeux. J’ai même pas pris le temps d'enfiler mon pyjama. J’ai dormi dans la serviette humide que j’ai passée en sortant de la douche après l’opération nocturne. Je l’ouvre, baisse les yeux sur Bernie. Enroulé dans le tissu détrempé, il est encore plus fripé que d’habitude. Le soldat réserviste est plus proche du Shar-pei vieillissant que d’une vaillante kékette d’élite. Je le secoue pour le détendre un peu et lui lâche un clin d’œil complice. Mais un froissement de drap me fait sursauter. Je fais volte-face, pris la main dans le sac de mon intimité coupable avec Bernie. C’est Jez’. Elle dort à poings fermés. La gueule ouverte. Un filet de bave séché à la commissure des lèvres. Elle grogne, ronfle. Elle s’est couchée tard j’imagine. J’espère qu’elle a pu mettre à profit sa soirée pour glaner des informations utiles. Je tourne la tête. Le lit de Greg est vide. Refait au carré. Je passe la tenue de sport réglementaire : tee-shirt blanc, jogging gris foncé, serviette blanche et rêche sur l'épaule. Je sors sans un bruit, sac avec un change complet à la main.

A cette heure matinale, le navire est plongé dans un éclairage tamisé sensé permettre aux organismes de récupérer. C’est psychologique aussi. Les cycles jour-nuit sont basés sur l’heure locale de la capitale de Nez Péron. Ça permet d’éviter de sortir le Moff du pieu pour les rapports quotidiens j’imagine. Mais dans la salle de réveil, entre-ouverte, une lumière plus vive atteste de la présence du Doc. Il est déjà au chevet de son patient. J’approche, passe la tête par l’ouverte.

« Doc. J’te laisse les clés de la pharmacie. Je file à la salle de sport. »

Je lui jette le trousseau et m’éclipse. Depuis presque une semaine c’est le même rituel. Mais je préfère le dire, qu’on sache en permanence où chacun est sensé se trouver. Si ça tourne mal, faut qu’on soit capable de se regrouper pour mettre les voiles rapidement… Le plan de secours est simple et suicidaire : sauter dans une capsule de sauvetage et croiser les doigts pour se faire cueillir par l’équipe d’exfiltration infiltrée au sol plutôt que les autorités impériales. Mais ne pensons pas à ces conneries… ça file la poisse.

Je prends le turbolift. Rebelote. Mais de si bon matin, j’ai encore l’esprit assez dans le cul pour ne pas broyer du noir. Une poignée de minutes, et je suis déjà sur un tapis roulant. Il est basique, mais fonctionnel. Le genre de modèle massif prévu pour une utilisation intensive. Je règle le chrono. Vingt minutes. D’habitude, je cours quotidiennement deux heures. Donc je compense la quantité par… la rapidité. Je règle le tapis sur la vitesse maximale… Et j’peux vous dire que ça défrise les poils du fion.

Vingt minutes plus tard je suis en sueur. Je dégouline de partout. J’ai l’impression de sortir d’un concours de tee-shirt mouillé. Mes tétons pointent au travers du tissu blanc imbibé, devenu transparent. Souffle court, je peine à reprendre ma respiration… Mon cœur bat à plus de cent cinquante pulsations par secondes, j'ai la gueule rouge picon-bière… Si le doc avait été là, il m’aurait assommé avec une piquouze de Machin-Zépam avant même de m’avoir examiné. Je grimace, prend de grandes inspirations, puis expire lentement pour forcer mon organisme à récupérer rapidement. Quelques points noirs dansent devant mes yeux, comme un nuage de poussière électronique un soir d’holofilm de boules sur une chaine payante. Putain, qu’est-ce que je me sens… vivant ! Rien de tel qu’une bonne suée pour se sentir lavé de toutes les saloperies qu’on touche… Je repense à la rondelle couverte de poils frisottés du Sergent-cuisinier Burger…. Erk.

J’pige direct qu’un truc cloche. A cette heure-ci y’a jamais grand monde. Je croise de temps en temps un type ou deux de l’escadron « Crâne Rouge ». J’ai creusé un peu. Ces gars ne font pas parti des Forces Spéciales Impériales… Mais plutôt d’une sorte d’unité de choc aux ordres direct du Moff local. Ou un truc du genre. Ils ne parlent à personne, se la pètent grave, et s’attendent à ce que tu baisses les yeux devant eux. Suffit de croiser leur regard pour comprendre qu’ils n’hésiteront pas à te filer une paire de droites si l’envie leur en prend. Mais bref. C’est pas le propos. Non. Y’a un truc qui cloche aujourd’hui. Un mec que j’ai jamais vu… En même temps je connais pas toutes les têtes du croiseur hein… Non. Ce qui est louche, c’est que le type est assis sur un banc, depuis dix bonnes minutes déjà, il fait semblant de ne rien faire, mais il me lance des œillades régulièrement. Bref, il me mate. J’aime pas ça. Mais je décide de ne rien dire. Pour le moment.

Une fois mon souffle recouvré. Mon rythme cardiaque au top, j’enchaîne sur trois séries de cinquante pompes, puis dix séries de deux cents abdos. Enfin, gainage pendant une dizaine de minutes sans pause. Après le bas du corps, c’est au-dessus de la ceinture que ça chauffe. Et c’est encore meilleur ! Ouais ! Tout bon sportif est avant tout un putain de masochiste. Faut aimer se faire mal pour savoir se dépasser. Et encore là, c’est un entrainement accéléré. Je suis même pas au tier de mes capacités. Mais je suis contraint de me limiter. Si je remonte avec les bras mous comme du chewing-gum, c’est le Doc qui va me tomber sur le coin de la gueule. Et il est pas du genre à se marrer. Un énorme balai dans les fondements ouais. Là-dessus, on est en phase avec Jez’ haha. Je passe ensuite aux sacs de frappe. Position de garde. Je bascule mon poids sur la jambe gauche, puis la droite, comme un boxeur. Travail de coordination. Je frappe. Direct, gauche, uppercut. Le sac bouffe sa race. Il est propulsé en arrière. Mais il n’a pas le temps de me revenir dessus que j’enchaîne avec un putain de coup de pied rotatif. Ça claque. Les chaines qui l’accrochent au plafond grincent. Son balancement devient chaotique. Je recule d’un pas, le réceptionne à deux mains pour le stopper et le remettre en position… Même enchaînement. Deux fois, trois fois… Dix fois. J’arrête lorsque la peau de mes phalanges nues menace d’exploser. Je sautille sur place, bras ballant, pour la circulation sanguine. Deux trois étirements, torsion de la nuque pour la faire craquer. Je lève les yeux vers la pendule holographique. 5H47. Juste le temps de sauter sous la douche, de m’habiller et de remonter prendre mon poste. Vite fait bien fait.

Le type louche n’a pas bougé d’un pouce. Je lui passe devant pour retourner à mon sac posé non loin. Tous les sens en éveil. Je m’attends à tout, surtout au pire. Mais il ne fait rien. Rapidos, je sors les fringues propres pour libérer de la place. Puis je me fous à poil et love en boule la tenue de sport détrempée de sueur dans la serviette crade. Cul à l’air, physiquement tendu mais mentalement détendu, je saute sous la douche après avoir pendu la serviette propre à un crochet. Elles sont communes : large pièce rectangulaire, carrelée en blanc. Le plafond bas est perforé de dix buses, deux rangées de cinq, séparées au milieu par deux néons jaune pisse. Je presse sur le gros bouton coup de poing, et le tourne pour régler la flotte sur le plus froid possible. L’eau glaciale termine d’achever mon réveil. C’est bon pour la peau et la circulation à ce qui parait… Je prends pas le luxe de trainer. Les douches sont chronométrées de toute façon. Moins d’une minute, à peine le temps de me savonner et de me rincer. La savon liquide impérial, fixé au mur dans un contenant commun, ne sent rien de particulier. Neutre. Mais j’m’en branle, je suis pas venu ici pour la qualité des produits cosmétiques. Bref. L’autre s’arrête, je me retourne pour chopper ma serviette… Mais je me fige. Le type louche est là. Au milieu du passage. Il est habillé. Il me regarde droit dans les yeux. Un regard gêné qui cherche à fuir des parties de mon anatomie qu’il cherche visiblement à ignorer. Cette fois je réagis direct :

« Ou t’as un problème ou t’es pédé mon pote. Dans tous les cas t’as intérêt à dégager ou tu vas prendre. »

Dis comme ça, j’me dis après coup qu’il aurait pu se faire des films. Mais ce mec n’est pas de la jaquette. Même si parait que dans la Marine ils y sont un peu tout… Haha. Non. Il se pousse en silence, et jette un regard par-dessus son épaule vers le reste de la salle de sport comme pour s’assure que nous sommes seuls. Ce qui est le cas.

« Infirmier Vachier ? »

Je lève un sourcil. J’suis déjà devenu aussi célèbre ? Lui-même en tenue de sport, il ne porte aucun insigne militaire. J’ignore son grade, son affectation. Mais bon. Ca sert à rien de mentir ici. Nu comme un ver, seulement une serviette sur les parties intimes, j’ai juste envie de l’envoyer chier pour retourner me fringuer et bosser. L’heure tourne.

« Je… j’ai pas pu m’empêcher de voir comment tu cognais sur les sac de frappe… »

C’est vrai que je me suis lâché. Et alors ? C’est quand même pas ça qui va griller ma couverture, si ? Non, bien sûr que non. Je reste un gars taillé pour la baston, j’ai le droit d’aimer m’entraîner même si je suis affecté au service médical. Ce que j’ignore à ce moment là, c’est que le gars s’appelle Jussipo, un pote de chambrée du technicien-chef Hett avec lequel Jez’ a passé une partie de la soirée.

« Et ? »
« Et, bien… Je me disais que t’avais l’air de savoir cogner… »
« Possible… »
« Ecoute… »


Il jette encore un coup d’œil par-dessus son épaule. Il est clairement pas tranquille. Du coup il arrête de tourner autour du pot.

« Ecoute… Je veux rien savoir. C’est pas le problème. Chacun ses hobbies. Mais on t’as remarqué, mes potes et moi. On… Voudrait te proposer un truc. »

J’avoue qu’il titille ma curiosité. Mais j’en laisse rien paraître. Soit il crache le morceau soit je le dégage.

« Depuis quelques temps… Pour tuer l’ennui… Y’a des petits combats qui se sont organisés. La hiérarchie n’est pas au courant, alors ça serait cool de pas en parler, ok ? »

Je hoche la tête, de plus en plus intrigué. S’il m’en parle, comme ça, sans me connaitre, c’est que soit il est naïf, soit il est désespéré. J’pige rapidement que c’est la seconde solution.

« Au début c’était de temps en temps… Mais avec l’isolement du stand-by, ça a pris des proportions… C’est presque tous les soirs maintenant. J’sais pas qui organise, et vaut mieux pas poser des questions… Mais quelques heures avant les combats, les combattants reçoivent une localisation,et les parieurs un lien streaming en direct sur leurs datapad. C’est jamais au même endroit. Toujours dans des sections sensées être désactivées pendant le stand-by… »

Okay… Mais il est ou le hic mon pote ? Tu me raconte tout ça pour quoi ?

« Moi et mes potes on a fait un gros pari la semaine dernière… Et on a cramé toutes nos soldes. Maintenant on a les Cranes Rouges au cul. Déjà deux fois qu’ils déboîtent l’épaule de Dan… Et si on paye pas rapidement, ils vont nous taillader à coup de cutter. J’te propose un truc… Je m’arrange pour inscrire ton nom sur la liste des combattants. Pour le combat de ce soir. J’ai un bon feeling. On va parier notre dette sur toi. Ca va le faire… »
« Et moi j’y gagne quoi ? »


Question classique. J’ai l’envie subite de sauter sur l’occasion de taper sur une tronche d’impérial. Mais faut que je reste dans mon personnage bordel de merde. Qu’est-ce que l’Infirmier Vachier, type sans histoire, va gagner à participer à leur petite sauterie illégale ?

« Bah… Tu remportes celui-là, tu rembourses nos dettes… Et si ça te plait, sur les combats suivants ont fait 60-40 ? »

Je fronce des sourcils

« Ok… Ok… 50-50. T'es sur en affaire toi. »

J'ai même eu besoin d'ouvrir la gueule. Le type est pas serein. Il vient de lâcher un morceau qui pourrait le faire passer en cours martial. Ma main à couper que ses copains du Crane Rouge seraient pas content qu’il ait parlé de leurs petits jeux de baston à un mec fraîchement débarqué pour la relève médicale. Qui dit que je vais pas tout cafter direct ? Mais je me dis c’est peut-être l’occasion de me faire quelques contacts, de voir d’autres parties du vaisseau… Alors :

« Faut que j'y réfléchisse... Mais tes potes et toi auront une dette envers moi après ça hein... »
« Oui, biensur ! Ok ! Je passe à l'infirmerie dès que j’ai l’heure et la localisation… »


Il disparaît aussitôt, en petites foulées. Moi je saute dans mes fringues, et fonce vers l’ascenseurs. Je suis presque à la bourre. Juste le temps de remonter, de balancer mon sac d’affaires sales dans la piaule, et de me présenter à l’accueil. Par chance, ce matin, la salle d’attente ne déborde pas encore. Je mate les deux premiers deux clampins. L’un est transpirant de fièvre et va à coup sûr finir en quarantaine sanitaire le temps que le doc analyse quelques échantillons. L’autre, je ne sais pas. Mais je remarque tout de suite un détail. Ses phalanges sont croûtées. Ca date de plusieurs jours… Et soudain plusieurs pièces du puzzle s’assemblent sous mon crâne. Les blessures à répétitions, les ecchymoses, les coupures et leurs justifications étranges… Bordel, tout ça vient des combats illégaux de tout ce qui s’est organisé autour, comme les paris… Je pige mieux pourquoi j’ai cette foutue sensation d’être épié en permanence. Les gars impliqués nous surveillent probablement, Jez’ Greg et moi… De peur qu’on pose trop de questions, qu’on découvre le pot-aux-roses. Bordel de merde, tout s’emboîte, c’est tellement évident maintenant…

« C’est qui le premier ? »

Une longue journée commence…

****

Septième jour, 20h45.

J’entre dans les quartiers. Greg et Jez’ sont là. Debrief quotidien. J’ai encore les mains qui empestent les produits désinfectants. Les salles sont nickel chrome, y’a plus un germe qui traîne. Je pose mon gros cul sur mon lit. Las. Mais cette fois j’ai la tête pleine d’informations qui pourraient s’avérer être utile. Je prends direct la parole :

« Y’a un gars qui m’a contacté ce matin, à la salle de sport. »

Jez’ a pas l’air surprise. Bordel, elle était dans le coup ?

« Y se passe des trucs pas nets sur ce vaisseau. Des combats illégaux. Pour tuer le temps d’après ce que le gars m’a dit. Et y’a des paris… J’ignore qui sont les bookmakers, mais les recouvrement de dette sont assurés les gars du Crane Rouge. C’est pas des rigolos… »

Je soupire, m’adosse au mur froid.

« Du coup ça explique le taux de blessure j’imagine. Entre les bobos des combats et la pression mises sur ceux qui doivent rembourser leurs dettes… Ton pote Dan, Jez’… Il leur doit de la thune, lui et ses potes. C’est pour ça qu’il s’est fait démonter l’épaule deux fois en trois jours… Et, Doc’, tu te souviens du type, le premier jour ? Entaille profonde sur le dessus de la main ? Je suis sûr que c’est la même… Bordel, on est tombé au milieu d’un sac de nœuds… Mais c’est peut-être une opportunité. »

Je rentre dans le vif du sujet. Je braque mon regard sur Greg. Techniquement, c’est lui le boss sur la première partie de la mission. Je peux pas prendre de décision aussi risquée pour la mission sans qu’il soit totalement en phase.

« Le gars m’a proposé de m’inscrire à un combat… Et franchement ça me tente. Si j’entre dans leur petit cercle privé, ça calmera le jeu. Ils auront plus facilement confiance en moi. Evidemment, le risque c’est d’être pris dans leurs conneries, et de se retrouver avec la hiérarchie sur le dos si ça capote. Pour le moment j’ai rien d’autre à proposer. On bosse jour et nuit. On n’a pas eu le temps de préparer grand-chose. Maintenir la couverture c’est bien, mais il est temps de tente un truc… J’sais pas où ca va nous mener, mais j’me dis que c’est mieux que rien…

Doc, z’en pensez quoi ? On tente ? Ou on tente pas ?

Sinon ça a donné quelque chose au mess des officiers ? Et toi Jez’ ton nouveau pote a dit quelque chose d'utile hier soir ? »
Balian Atraïde
Balian Atraïde
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Les jours passaient sans que l’on puisse faire autre chose que de prendre nos marques et nos repères. En soi je n’étais pas dépaysé…et que je pratique la médecine au sein de l’Empire ou de la République cela ne changeait rien face à mon devoir et mon serment en qualité de médecin. Mais je devais bien reconnaître que soigner des impériaux avait quelque chose d’étrange. Et ce même si pour moi un patient est un patient…point. Mais…j’avais une certaine amertume à devoir prodiguer des attentions et des soins aux ennemis de la République.

Korgan et la « plante verte » - j’avais fini par trouver son espèce finalement – se connaissaient déjà avant cette mission. J’essayais de m’adapter pour les comprendre et être en mesure de travailler au mieux avec eux. Mais je devais bien admettre que l’autre greluche me donnait du fil à retordre. Depuis ma réflexion sur son manque cruel d’éducation, et de discipline, qui constituaient une base nécessaire à notre infiltration. Nous étions en plein milieu d’un territoire impérial, et la Force savait comme les impériaux pouvaient être guindés et férus de discipline, surtout dans leur armée. Mais cette Jedi n’avait cure de ce que je pouvais bien lui dire. Voila ce qu’il en coutait de recruter des « border-line ». Ce n’était pas que j’étais contre, simplement il était difficile de faire respecter la hiérarchie avec ces gens-là. Au moins Kessel connaissait sa position.

Cependant, je devais bien reconnaitre que cette Zelosienne avait des compétences médicales non négligeable. Elle ne pratiquait pas la même médecine que moi, mais elle n’en demeurait pas moins efficace, et je respectais cela. Peut-être qu’un jour, en de meilleures circonstances, pourrons-nous échanger sur cet art médical qu’elle maîtrisait. Mais pour l’heure cette mission était capitale !

Nous avions trouvé un certain rythme, les jours se suivaient sans que nous ayons pu trouver le moyen de lancer l’opération pour récupérer les données pour lesquelles nous étions ici. En ce qui me concernais, je prenais mon mal en patience en jouant les médecins. C’était mon rôle, mais surtout, c’était dans ce domaine que j’excellais. Au moins mes compétences en la matière permettaient de ne pas éveiller les soupçons. Ca et mon attitude que je qualifierai de « normale » à savoir… hautain, dédaigneux, arrogant, suffisant, et…casse-couilles. Alors oui les autres de mon équipe pouvaient penser que j’avais un balai dans le cul…mais j’en avais rien à foutre. Je n’étais pas là pour me faire des amis, et je me contentais d’être tel que j’étais…en permanence.

Il en était de même avec mes patients, je demeurai fidèle à moi-même, prodiguant les soins à ceux qu’on m’envoyait avec autant d’attention et de professionnalisme que s’ils avaient été des républicains. Tel était mon crédo. Et du boulot j’en avais, et cela m’allait parfaitement. Plus j’étais overbooké et mieux je me sentais. Travailler en urgence avec peu de temps pour moi, c’étais ainsi depuis des années. Le souci c’est que nous n’avions guère de temps pour notre mission première. Et je sentais bien que Korgan s’agaçait de la chose. Il avait trouvé cependant le moyen de se défouler par le sport. Je devinais une personnalité bouillonnante qui avait besoin d’évacuer. Et je ne pouvais qu’encourager ses séances qui lui étaient salvatrices.

La «Glaucophyte sur patte » quant à elle n’était pas vraiment dans son élément. Et pour cause…les Zelosiens avaient besoin de soleil…heureusement qu’il y avait un caisson d’UV à disposition ! Cela lui permettait de tenir. En même temps, envoyer une plante verte en mission dans un vaisseau spatial…Mais passons…je passais déjà assez de temps à râler sans en rajouter davantage.

***


Je venais d’enchainer une journée assez normale. Korgan aka Vachier m’avait notamment envoyé une femme qui avait une sale tronche. Compte tenu de son air abattu, et de la morve qui coulait lamentablement de son nez qu’elle ne cessait de moucher, mon premier réflexe fut qu’elle souffrait d’un rhume.

Et alors que les examens de base furent vite expédiés, je lui avais envoyé la poubelle en inox d’un coup de pied pour qu’elle jette son mouchoir usagé. Puis je m’apprêtais à rendre mon verdict tout en lui prescrivant une petite ordonnance bateau quand je l’entendis renifler bruyamment. Un bruit désagréable au possible…caractéristique de ces gens qui avaient cette formidable manie de faire remonter leur morve chargée en saloperie jusque dans les tréfonds de leur nez…Toujours plus loin…Je soupirais…Les sujets impériaux n’étaient pas plus intelligents que les Républicains…Je me levais et m’approchait d’elle avec un sourire narquois sur les lèvres.

- Vous n’auriez pas mal à la tête par hasard ?
- Ha si…sniiiiif. J’ai b-al au so-bbet du crane
- Intéressant…fis-je toujours souriant…Et sans prévenir je vins presser sur ses sinus maxillaires. Elle poussa un petit cri.
- B-ais…ca fait su-ber b-al !
- Ho…toutes mes excuses…ne bougez pas. Cette fois englobant son crane de mes deux mains, je pressais sur ses sinus frontaux de mes deux pouces. A nouveau elle manifesta sa douleur. En affichant un air amusé je repris : vos sinus sont obstrués…Ca s’appelle une sinusite. J’imagine que cela vous arrive souvent, et du coup cela se transforme en maladie chronique. A tel point que vous êtes tout le temps malade. Et vous avez l’impression de ne jamais vous débarrasser de cette impression d’être toujours enrhumée…

Elle me regarda avec des grands yeux…

- Co-bbent vous savez ça ?

Tout en pianotant sur mon datapad je lui avec un air moqueur :

- Ho…une intuition…Mais généralement c’est ce qui arrive aux imbéciles qui ne suivent pas correctement les indications des médecins quand ils leur prescrivent des lavements de nez aux sprays nasales. C’est vrai…à quoi cela sert…pfff…Les médecins sont connus pour refiler des trucs qui servent à rien pour faire fonctionner les laboratoires pharmaceutiques…Mon ton était des plus condescendants alors que je continuais mon speech : ca et cette vilaine manie de renifler à tel point que votre morve chargée en saloperies remonte les canaux de votre nez et viennent s’aggloméré petit à petit dans vos sinus…Je vais vous donner un traitement antibiotique. Vous allez avoir droit à la totale…et vous avez intérêt à tout suivre scrupuleusement. Sinon la prochaine fois c’est parpaing que je vous prescrirai.

Elle se leva, me fusilla du regard et quitta la salle d’auscultation en maugréant un « connard » que j’avais bien entendu. Ce que je détestais ces gens qui n’étaient pas foutu de suivre une ordonnance à la lettre et qui s’imaginaient que dès que cela va mieux il faut arrêter le traitement.


***

- TOUBIB ! On a besoin d’un toubib ! S’il vous plait ! Il…on dirait qu’il a du mal à respirer !

On m’avait appelé pour une sacrée urgence. Le patient semblait mal en point, il avait des difficultés respiratoires, se tenant la cage thoracique, gémissant de douleur. Il était en sueur et blafard. Ce n’était pas bon signe du tout. J’avais dégrafé sa tenue, il présentait une énorme marque au niveau du sternum.

- C’est un trauma-thoracique fermé.

Je l’observais respirer quelques secondes, notant ses difficultés, et surtout le terrible enfoncement de son thorax à l’inspiration…

- Balancement thoraco-abdominal par épuisement du diaphragme.

J’haussais un sourcil, et entrepris d’écouter les bruits de sa cage thoracique…Cela ne me plaisait pas du tout ! Après avoir placé le patient sous assistance respiratoire, il eut droit à un ECG et un scanner, et ce que je craignais tomba :

- Polytraumatismes thoraciques avec une rupture diaphragmatique. Il fait une hémorragie. Je me tournais vers Korgan / Vachier : il faut intervenir chirurgicalement. Préparez le bloc opératoire.

Jes’ avait choisi sa soirée pour disparaître bordel. J’aurai bien eu besoin de quelqu’un d’expérimenté pour m’assister. Tant pis…Korgan fera l’affaire. L’opération fut un franc succès. Et heureusement que nous l’avions pratiquée…La thoracotomie nous a permis de stopper l’hémorragie et de révéler l’origine de cette dernière : l’aorte avait été touchée. Ce type avait de la chance…avant d’être chirurgien de combat, j’étais chirurgien cardiaque. Alors inutile de vous dire combien j’étais parfaitement à l’aise dans cette opération. Mon cœur battait sous la pression, pas que j’étais inquiet au contraire, je dirais plutôt que je prenais clairement mon pied ! Mes gestes étaient précis, et j’ouvrais en totale confiance. Cette opération nous pris plusieurs heures. Mais au moins le pronostique vital de notre patient n’était plus engagé. Plus pour le moment du moins. J’allais devoir le surveiller afin d’éviter des complications.

Nous avions bien mérité un peu de repos. Korgan s’était laissé tomber sur son lit, en ronchonnant. Sa remarque sur le fait que pas mal de patient présentant des blessures particulières, souvent des déboîtements, ou des traumas, était assez pertinente. Je ne répondis rien…me contentant de fermer les yeux. J’étais peu loquace d’ordinaire, et je ne l’étais guère plus durant cette mission.

***


Comme d’habitude mon sommeil était chaotique. Je craignais que le patient ne présente des complications, ce qui n’était pas rare dans le cas d’un trauma thoracique. Je m’étais donc levé avant tout le monde. Aussi Silencieux que possible, j’avais refait mon lit au carré, mes ablutions furent rapides, et je passais mon uniforme, avant de gagner la chambre ou dormais mon patient. Je surveillais ses constantes, et procédais au changement des pansements, vérifications usuelles dans ce genre de situation. Enfin bref…le boulot habituel. Korgan avait fait une rapide irruption pour me laisser les accès à la pharmacie tandis qu’il allait faire son sport.

En tant qu’officier j’avais un accès au mess des officiers impériaux. Les premiers temps j’étais resté seul, observant les autres officiers qui avaient leurs petites habitudes. Je sentais que j’étais autant scruté que moi je les détaillais. Ce jour-là les regards étaient portés sur moi un peu plus que de coutume. Finalement, je fus hélé par un humain :

- Docteur Hana’Tomy, joignez-vous donc à nous.

En temps normal j’aurai refusé. Mais je sentais que je devais accepter. Aussi je gagnais la place qu’on me présentait. Je me retrouvais flanqué d’un groupe d’officiers en train de prendre leur petit déjeuner. Celui qui m’avais demandé de les rejoindre était le lieutenant Oto Nomi. Un officier mécanicien chargé de faire les liens entre la passerelle et la salle des machines. Il devait avoir une quarantaine d’année, et était assez petit, avec un embonpoint des plus prononcé. Il était légèrement engoncé dans son uniforme. Je le vis s’essuyer vite fait la main pour effacer les traces de sucre de la série de beignets dont il venait de se goinfrer…L’imbécile…pour quelqu’un qui souffrait de diabète ce n’était pas très prudent. A ses côtés se trouvait une femme, environs la trentaine. Sa mine sévère était accentuée par ses cheveux noirs relevés en un chignon strict. Elle se nommait Eva Kuation et faisait partie de l’équipe navigation. En face, se trouvait l’officier des communications, Elio Graf, un type assez grand, sec, la trentaine. Des cheveux noirs coupés impeccablement coiffés en arrière sans une seule mèche qui dépassait. Je devinais l’utilisation d’un gel coiffant. Ce type était maniaque sur l’apparence en tout cas. Des lunettes venaient cercler ses yeux bleus. En un sens il me rappelait mon interne laissé sur Coruscant. Et enfin…le dernier qui siégeait à mes côtés : le capitaine Marty Tanik. Officier coordinateur, il était le parfait cliché de l’officier impérial. Une tenue impeccable, un port de tête altier, il donnait une image d’un homme ambitieux avec sa petite moustache, et ses cheveux blond coupés courts. Affichant un sourire poli il me demanda :

- Alors docteur, il parait que vous avez fait une sacrée opération hier au soir ?
- En effet, répondis-je avec un ton neutre.
- Que s’est-il passé ? demanda Oto Nomi
- Traumatisme thoracique, fis-je toujours avec un détachement qui pouvait paraître glacial.
- Comment une telle chose a pu arriver ? suspecta ce dernier.

J’haussais les épaules, qu’est-ce que j’en savais ? Et qu’est-ce que j’en avais à carrer surtout ? Le capitaine repris tout en prenant une gorgée de café.

- Allons docteur, vous avez sans doute une idée. Votre dossier ne tarit pas d’éloges sur vos compétences.

Je le fixais de mon regard noir. Ce connard était précisément en train de sous-entendre que je n’étais pas capable d’expertiser une blessure ?

- Disons que pour l’heure j’étais plus concentré sur le fait de le maintenir en vie…Si j’avais su que subirai un tel interrogatoire j’aurai revu mes priorités.

Sarcastique que j'étais...comme de coutume. Il sentait bien qu’il m’avait blessé au regard de la pique que je venais de lui envoyer. Il rit et je le vis grignoter un biscuit sablé. Il devait en être friand à la manière dont il le savourait…intéressant pour quelqu’un allergique à un ingrédient susceptible de se retrouver par mégarde dans ce type de sablés... Je l’imitais, tandis que les autres firent dévier la conversation sur un autre sujet…qui ne me réjouissais guère plus.

- Vous croyez qu’on va devoir moisir ici encore longtemps ?
- Bah…sans doute que nous serons rappelés sur le front au prochain faux pas de la République. Et vu leurs capacités en stratégie, cela finira bien par arriver.

Je serrai les dents…tachant de me contenir…Comme si les impériaux pouvaient se targuer d’avoir de meilleurs stratèges que les nôtres. Il était vrai que le massacre de Lorrd en témoignait…une pure merveille en matière de stratégie…Enfoirés d’impériaux…Et dès que je pus m’éclipser je le fis. J’avais un patient à surveiller, et d’autres à prendre en comptes.

Le reste de la journée fut assez calme, en dehors du type que j’avais dû coller en quarantaine en attendant que les résultats des prélèvements sortent…Manquerait pu qu’on ait une épidémie…quoique…

Le soir venu Korgan, le Ficcus Ambulant et moi-même nous étions retrouvé dans notre chambre pour un rapport de notre position. J’écoutais Korgan, restant debout, adossé à un mur, écoutant les découvertes de Korgan. Effectivement beaucoup de choses devenaient plus claires. Les blessures si particulières et en un tel nombre. Je soupirais quand le caporal-chef m’expliqua l’idée qu’il avait eu…Infiltrer leur petit groupe…C’était dangereux. Mais nous avions si peu d’informations…si peu de choix. Impassible, les bras croisés, je réfléchissais…pour finalement dire doucement :

- Je n’aime pas cela…Mais…c’est peut-être une piste à creuser. Cependant je compte sur vous pour ne rien faire de stupide. Et de faire attention à vous. On – je désignais Jes’ d’un signe de tête pour l’inclure et ses compétences avec elle – peut vous rafistoler mais jusqu’à un certain point. Qui plus est…si vous êtes découvert dans ce "Figth Club" ce ne sera pas bon pour nous. Les officiers se posent des questions sur ce qui a pu arriver à notre comateux. Ce n’est pas une blessure qui arrive aussi fréquemment.

Je soupirais de nouveau…Toutes les pistes étaient bonnes à prendre. A la question de Korgan sur les officiers je répondis :

- Rien de transcendant…Des crétins imbus d’eux-mêmes(l’hôpital qui se foutait de la charité...je sais)…plus attaché à leur carrière qu’à un quelconque dévouement envers qui que ce soit. S’imaginant qu’ils n’ont aucune faiblesse. C’est toute la beauté d’avoir accès aux dossiers médicaux de tout le monde. Il y a des pistes possibles pour nous faire appeler sur la passerelle si nous nous y prenons bien.

Bien sûr entre l’allergique et le diabétique il y avait matière affaire. Mais aussi le brave garçon en quarantaine…Des idées peu orthodoxes m’assaillaient, mais nous n’étions pas là pour faire dans la dentelle, et l’éthique pouvait bien aller se faire voir. Nous devions coûte que coûte trouver un moyen d’accéder à cette passerelle et quoi de mieux qu’une intervention pour raison médicale…Un sourire ourla mes lèvres rien qu’à l’idée de faire ravaler son arrogance à ce connard de capitaine Tanik.


Karm Torr
Karm Torr
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Karm, j’ai eu une idée lumineuse.
Ah non, hein !
Mais si, mais si, vous allez voir, insista la Maître Yam’Rii avec ce que le Jedi choisit d’interpréter comme un sourire.

Rekiik Ik’Dak était une légende parmi les Ombres Jedis, l’un des plus brillants esprits stratégiques de l’Ordre, à ce qu’on disait, quand il s’agissait de concevoir des opérations d’infiltration.

Votre dernière idée lumineuse, je me suis retrouvé à jouer les gigolos dans un casino, rappela Karm, en faisant allusion à l’aventure du [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien].
Un rôle dont vous vous êtes acquitté à merveille.
J’suis pas entièrement sûr que ce soit un compliment.
Allons donc…

D’un geste de la tête, la Yam’Rii désigna son ordinateur.

Mission incognito chez des extrémistes religieux sur Coruscant, infiltration dans un réseau impérial sur Pakuuni, mission sous couverture au Rising Sun Casino et bien sûr cette histoire de croiseur impérial qui vous vaut, avec votre Padawane, l’admiration de notre jeune génération. Vous êtes l’homme qui vous faut. Vous savez que c’est charmant, Nez Peron, en cette époque de l’année ?


***


Désolé.
Quoi ?
Vous trouvez que je m’agite trop.
J’ai rien dit, moi.
C’est juste que ça gratte horriblement.
Ouais mais t’as la classe.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], le Padawan du Chevalier Torr, avait vécu pendant deux ou trois jours dans l’illusion que les dernières semaines de sa formation aux côtés de l’Ark-Ni, qui touchait à sa fin, seraient au moins plus calme que les quelques mois rocambolesques qu’il avait vécus à ses côtés, depuis que Karm avait pris le relai de son vieux maître tombé dans le coma.

Désormais, affublé de toute une collection de prothèses de cyborg, à attendre une navette de convoi impérial pour s’infiltrer dans un bâtiment de guerre en orbite autour d’une planète ennemie, il se trouvait rétrospectivement d’une naïveté consternante. Le Kuati, d’ordinaire d’une beauté qui mettait en émoi une bonne partie de celles et ceux qu’il croisait, était méconnaissable : on aurait juré que son bras gauche avec été remplacé par un canon blaster et la moitié de son visage était couverte par une plaque métallique. De même, son mollet droit est enfermé dans une gangue bourrée d’électronique.

Les équipes de Maître Iik’Dak avaient pris soin de rouiller les fausses prothèses pour lui donner l’air de l’un de ces mercenaires cyborgs qui peuplent les bouges de l’Espace Hutt, chasseurs en quête de la prochaine prime qui leur permettra de remplacer un bout de leur appareillage toujours plus ou moins défectueux. Le déguisement, au-delà de sa force de conviction, permettait surtout de dissimuler les sabres lasers des Jedis en mission, et un datapad modifié dont les algorithmes de décryptage devaient, censément, leur permettre d’accéder à l’ordinateur de bord du Haydn.

Si Loé était celui qui se retrouvait affublé d’une demi-quincaillerie, c’était que Karm étant, et de très loin, le meilleur combattant des deux, Maître Iik’Dak avait jugé plus prudent de le laisser aussi libre que possible de ses mouvements. Le Chevalier n’avait donc eu à supporter qu’une teinture noire, des lentilles pour dissimuler la couleur singulière de ses yeux et une série de tatouages façon nihilisme de Bordure Extérieure et philosophe du blaster que la Yam’Rii avait jugé du meilleur effet.

OK, c’est parti, murmura Karm en voyant s’approcher l’une des navettes de transfert du Haydn.


***


Vous n’avez pas l’air si dangereux que cela.

Le pilote de la navette s’était abstenu de tout commentaire, mais l’enseigne venu les cueillir au débarquement, dans l’un des hangars du vaste vaisseau, tenait apparemment à ce que tout le monde puisse profiter de ses sagaces analyses. Pendant que Loé se demandait s’il était censé lui répondre quelque chose dans le genre de « et ta mère elle est dangereuse, face de Hutt ? », Karm, d’une voix éraillée parce qu’il s’efforçait de parler comme un humain ordinaire plutôt qu’avec l’habituel murmure des Ark-Ni, répondit d’un ton dégagé :

Merci pour tes conseils de mode. Maintenant, c’est quand tu veux, bonhomme.

Le jeune impérial se renfrogna. Loin de lui l’idée de discuter des ordres du Moff, cette espèce de figure pour lui semi-mythique qu’il n’avait pour ainsi dire jamais approché, mais à son avis, l’armée impériale aurait très bien pu se passer de mercenaires. Pourtant, ils en défilaient régulièrement à bord du Haydn : ils étaient parmi ces pièces innombrables que tout chef de guerre impérial se devait de savoir manier sur l’échiquier de la galaxie.

Les théories d’Iik’Dak sur la question n’avaient pas tardé à être prouvées par les faits. Selon l’Ombre Jedi, la compétition était trop féroce au sein de l’appareil d’État impérial, et le pouvoir finalement trop instable, pour que d’une part les Moffs n’aient pas des ambitions galopantes et que d’autre part ils eussent une entière confiance dans les autres institutions de l’État. Pour éviter de prêter trop de flanc à leurs ennemis intérieurs, ils faisaient un usage parfois immodéré des mercenaires. Qui avait envie de se reposer sur des espions qui répondaient aux ordres d’un concurrent dans le grand jeu de la politique, quand on pouvait s’offrir des agents à soi, certes sur ses deniers personnels ?

Dans une certaine mesure, la trêve avec la République aggravait la situation. Sans guerre, les perspectives d’avancement s’étaient brutalement réduites et tous les regards ou presque se tournaient vers l’Espace Hutt et la campagne impériale qui s’y déroulait. Chacun essayait donc de se constituer sa petite troupe de mercenaires du cru, des gens habitués des planètes sablonneuses et des lunes de contrebandiers, pour tâter le terrain avec l’espoir d’y réaliser un coup d’éclat.

Le Moff Stoker, frustré par une mission de surveillance orbitale peu susceptible de le couvrir de gloire, ne dérogeait pas à la règle. Entre les problèmes agronomiques de Nez Peron et la perspective de se frayer un chemin vers de nouvelles conquêtes, le calcul était vite fait. Mais il était encore bien loin de l’Espace Hutt, et il avait besoin de gens sur place qui ne répondent qu’à lui, si possible sans attirer l’attention de tous ces très chers collègues qui l’auraient volontiers enfermé dans son nouveau rôle de médiateur des paysans.

Après ses expériences mouvementées avec Maxence Darkan, Karm avait découvert une petite partie de l’Espace Hutt et les Sentinelles de l’Ordre l’avaient aidé à s’inscrire dans l’une de ces filières de recrutement. Quelques missions épisodiques ici ou là, pour prouver sa valeur — et nourrir la cartographie criminelle des enquêteurs de l’Ordre — et il était parvenu à attirer l’attention de l’un des intermédiaires du Moff. Fort de son expérience d’explorateur, Karm s’était présenté comme un spécialiste des opérations dans les milieux hostiles, un bon connaisseur, en somme, du genre de déserts et de marécages inhospitaliers auxquels serait inévitablement confrontée une armée impériale dans l’Espace Hutt.

On avait hésité, on l’avait soupçonné, on s’était informé, mais finalement le mercenaire et son fidèle acolyte à moitié cybernétique avaient été transportés sur Nez Peron, pour remonter un peu dans la chaîne alimentaire des sous-officiers du grand Moff, que Karm ne s’attendait pas à rencontrer lui-même. Ce jour-là, en somme, les deux Jedis récoltaient les fruits d’un patient travail de plusieurs semaines.

Dégagez un peu le passage !

L’enseigne et les deux mercenaires s’écartèrent dans la coursive pour laisser passer un singulier convoi : quatre militaires escortaient deux hommes solidement bâtis aux visages tuméfiés. En habitué des campagnes militaires depuis plus de quinze ans, Karm l’avait remarqué aussitôt, l’ambiance à bord de l’Haydn était électrique, typique des ennuis de caserne. Ces hommes-là avaient dû s’engager il y a un, deux ans peut-être, avec l’espoir de se jeter à corps perdu dans les combats, et pour certains c’était la paix dès la sortie de l’entraînement.

Mais Karm, surtout, reconnut Korgan. Korgan Kessel, soldat républicain à la loyauté, il n’en doutait pas une seule seconde, absolument sans faille, était là, menotté, et salement amoché. L’Ark-Ni conserva une expression impassible et Loé, qui ne connaissait pas le turbulent militaire, n’eut pas de peine à garder tout son calme. Pour le Chevalier, il était évident que si l’Epicanthix était à bord, c’était nécessairement pour une mission. Une mission probablement pas si différente que ça de la nôtre.

C’est quoi encore ce bazar, demanda l’enseigne qui décidément n’avait pas la langue dans sa poche ?
Depuis quand on a à te rendre des comptes, le bleu, répliqua l’un des militaires qui encadrait les prisonniers ?
Oh, c’est bon, je demande…

La petite troupe passa son chemin. Mais gêné à l’idée de passer pour un sous-fifre ignorant aux yeux des deux mercenaires, le jeune homme s’empressa de préciser du ton de celui qui en savait long :

Dix contre un que c’est à cause des combats clandestins.
Ah ouais, fit Karm en essayant d’avoir l’air aussi vaguement intéressé que possible ?
Faut bien s’occuper, dit l’autre philosophiquement.
J’imagine. Puis vu la carrure des mecs, ils allaient pas se distraire en faisant du tricot quoi.
Ouais, ben encore que l’autre, là, c’t’un infirmier ou un truc comme ça.
Sérieux ?
Il vient de débarquer, on a dû renouveler toute l’équipe, les autres ont fait une intoxication alimentaire. Chevrier ou quelque chose dans le genre, son nom. Vacher. ‘Fin bref. On va finir par croire qu’il y a une malédiction sur les toubibs ici. Un truc de sorcier sith, encore, je parie.

Il essayait d’impressionner la galerie en laissant entendre à ces ploucs mercenaires que lui, des Siths, il en côtoyait tous les jours. À la place, Karm, alors qu’ils montaient une échelle métallique pour rejoindre une nouvelle coursive, fit un très léger geste de la main. Prise dans la force, la cheville de l’enseigne ripa sur une marche. Le faux mercenaire fit obligeamment un pas de côté pour le laisser dévaler l’échelle et s’écraser deux mètres plus bas avec un craquement du tibia très préoccupant.

Cette fois-ci, Loé ne put retenir un regard surpris à l’attention de son maître. Karm profita des cris de douleur de son infortuné victime pour murmurer bas et vite :

L’mec qu’on a croisé avec les menottes, c’est les forces spéciales républicaines. Déjà bossé avec lui. J’pense qu’ils ont éjecté l’ancienne équipe médicale pour s’infiltrer à bord. Probablement pour la même raison que nous. Faut qu’on passe à l’infirmerie pour mutualiser. J’ai besoin que là-bas tu fasses ton truc pour repérer nos amis.

« Son truc », Loé le comprit, c’était de sonder les esprits des gens qu’ils trouveraient sur place, dans l’espoir de trouver quelqu’un qui, précisément, n’était pas à sa place. Loé n’était pas le plus grand des télépathes, mais puisqu’il savait en l’occurrence ce qu’il cherchait, et qu’on ne s’attendrait pas à son incursion mentale, il avait bon espoir que la simple empathie le mette sur la bonne voie.

Ensemble, ils descendirent la coursive.

Vous êtes salement amoché, observa le Jedi.
Ah bordel mais on voit mon os qui sort !
Ben ouais, c’est c’que je dis.
Mais emmenez-moi à l’infirmerie, nom d’un…
Oh la, nous, on bosse pas ici, on sait pas où c’est, on veut pas d’ennuis.
Mais y a mon os qui sort !
Bon ben puisque vous insistez, hein…

Les deux Jedis qui n’étaient pas précisément des forces de la nature se débrouillèrent pour soulever le malheureux en passant un bras chacun autour de leurs épaules et ensemble ils claudiquèrent gaiement — enfin, sauf celui du milieu — vers l’infirmerie, trois ponts plus bas. Karm avait bien conscience qu’ils ne disposeraient que d’une fenêtre réduite pour s’assurer de sa théorie : on finirait bien par se demander où étaient passés les deux mercenaires.

Salut on est de passage, débuta-t-il quand ils pénétrèrent dans les locaux aseptisés, et notre guide a fait un faux pas. J’pense que…
Y a mon os qui sort, brailla l’enseigne.
Ouais, voilà.

Karm adressa un regard entendu à son Padawan et tous les deux s’écartèrent pour laisser le médecin travailler. Un Mirialan que Karm n’avait jamais vu, mais on avait pu adjoindre à l’escouade ordinaire de Korgan des protagonistes nouveaux. Loé se plongea dans la Force, pour scruter les sentiments de ceux qui les entouraient, à la recherche d’un soupçon d’étrangeté, d’une vague inquiétude, de cette méfiance de principe qui devait distinguer l’infiltré de celui qui se livrait à la routine de son travail ordinaire.

Quelques minutes plus tard, il désignait le médecin du regard à son maître, avec un infime hochement de tête. Il n’y avait pas de temps à perdre, parce qu’on pouvait venir les récupérer d’un moment à l’autre pour les conduire à leur énième entretien d’embauche, mais Karm, pour ne pas paraître suspect, fut forcé d’attendre que sa victime, sous l’effet des calmants, ne fût plus en état de surprendre la conversation.

Puis il s’approcha du médecin qui rangeait ses instruments.

Et si son Padawan se trompait ?

Il fallait être direct, le temps pressait, il ne pouvait s’offrir le luxe de moyens détournés. Mais si les pouvoirs de Loé l’avaient abusé, alors il s’apprêtait à signer son arrêt de mort. Mais Karm avait confiance en son Padawan, et le jeu en valait la chandelle. Tout bas, il murmura :

Vous êtes ici avec Kessel. Je suis le Chevalier Torr de l’Ordre Jedi.

Et pour apporter la preuve la plus concrète de son identité, il fit un geste de la main vers un datapad posé sur le meuble en face d’eux, qui glissa de lui-même quelques centimètres vers la gauche.

Kessel a été surpris dans des combats clandestins et écroué à la prison de bord. Vous et nous partageons des missions semblables. Je propose que nous nous associons.
Balian Atraïde
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Je le sentais pas le truc de Korgan… Je le sentais vraiment pas. Et l’autre là qui jouait la belle plante (haha) en faisant miroiter ses attributs pour glaner des infos. Tant qu’elle n’ouvrait pas la bouche encore ça pouvait le faire, mais sitôt fait le charme serait rompu. Avec son langage de marchande de poissons, elle n'avait plus rien de sexy…Le pire? C’était une Jedi. Je commençais sérieusement à me demander ce qu’on leur apprenait dans leur foutu temple. Sauf que voilà, Maaadaâme avait trop tiré sur ses facultés…Une plante verte dans l’espace…Quelle idée de génie ! Ce qui devait arriver arriva. Elle n’avait pas tenu ! Et j’avais dû la placer dans un caisson à UV et elle avait gagné un aller simple sur la terre ferme. Quelle poisse…Les rumeurs allaient fuser comme quoi l’équipe médicale était maudite sur ce rafiot.

Tout ça pour dire que j’le sentais vraiment pas. Et je n’avais nul besoin de la Force pour entendre mon intuition me crier à la catastrophe. J’étais plutôt tendu, je n’avais pas de nouvelle de mes compagnons républicains depuis la veille. De mon côté je continuais ma « routine » du parfais petit toubib impérial. Je continuais de surveiller mes patients qui requéraient mon attention. Je fus surpris d’avoir assez peu de patient le matin. Compte tenu du programme que Korgan m’avait présenté je m’étais attendu à une sacrée baston, et à avoir une série de trauma en file indienne. Mais rien…

C’était pas normal…quelque chose n’allait pas. Je craignais le pire…et je n’étais pas au bout de mes peines. La porte de la baie médicale s’ouvrit pour céder le passage à un drôle de trio. Des mercenaires et un impérial? De toute façon je m'en foutais...

- Salut on est de passage, et notre guide a fait un faux pas. J’avais hoché du chef, j’étais de mauvais poil, je n’avais pas envie de parler plus que nécessaire.J’pense que…

Visiblement celui du milieu était en sérieuse souffrance car il l'interrompit:

- Y a mon os qui sort.
- Ouais, voilà.

Ouai…ca devait pas faire du bien. Je grimaçais pour lui et sans décrocher un mot je leur désignais la table d’auscultation qui trônait au milieu de la pièce. L’enseigne blessé fut installé clopin-clopant alors que je me lavais les mains, passais des gants et revins vers le blessé avec une solution physiologique pour nettoyer le tout et y voir plus clair une fois son pantalon découpé au niveau de la zone concernée.

- C’est pas très joli…fis-je avec sévérité.
- L’os est sorti !
- Sans déconner…soufflais-je avec agacement. Car, si j’avais été suffisamment aveugle pour « rater » un tel « détail », les gémissements incessants du blessé rappelaient la chose en une ritournelle horripilante. Il fallait dire que je n’avais rien fait pour le rassurer en brandissant quelques instants une scie à os…Blague de chirurgien…

Je m’éloignais pour prendre le nécessaire pour le soigner, et surtout…le faire taire. Alors que je fouillant dans les tiroirs en quête de mon sempiternel remède miracle (j’ai nommé le Lorazépam), je sentis quelque chose à travers la Force…comme…une gêne. Je n’étais pas assez sensible pour comprendre de quoi il s’agissait…Une perturbation ? Un sensible ? Quelque chose n’allait décidément pas…Je chassais mes questionnements, pour me concentrer sur la dose – de Bantha – que je me préparais à administrer à mon patient enquiquinant.

- Vooooila…vous allez voir…vous allez très vite vous sentir mieux. Vu la dose que je venais de lui coller dans le lampion, tu m’étonnes ! Il allait faire un gros dodo forcé ! La suite fut rapide, après vérification qu’il n’y avait aucune lésion interne notamment sur le plan sanguin et nerveux, je fis de mon mieux pour préparer sa jambe.

- Bon…il s’est pas raté votre copain, j’ai fait ce que je pouvais mais je vais devoir l’opérer, expliquais-je en faisant un brin de ménage sur mon plan de travail sans accorder un regard à mes interlocuteurs.

Quelle ne fut pas ma surprise en voyant l’un des deux individus s’approcher de moi…et…et...Je dus user de toute ma contenance pour ne pas me « griller ». Un Jedi…bordel j’étais abonné ! Je les attirais comme des mouches. C’étant sans doute cela que j’avais ressenti tout à l’heure. M’avait-on sondé ? J’avais plongé mes yeux noirs dans ceux de ce prétendu Jedi, haussant un sourcil, comme si j’avais un doute. Était-ce un test ? Notre infiltration était-elle découverte ? Comme comprenant mon incertitude, il usa de la Force pour faire glisser mon datapad qui reposait un peu plus loin. Ok…Et il connaissait Korgan apparemment. Et quelque chose me disait qu’il était sincère…Même si son nom ne me disait rien. Avec un hochement de tête je me présentais dans un murmure :

- Greg Hana’Tomy officier médical, affecté sur ce rafiot sinistre. Inutile que vous en sachiez plus sur moi tant que nous serons à bord, cela évitera toute confusion…


Le chevalier Torr m’expliqua la situation…et ce que je craignais était arrivé…Korgan s’était fait pincer. Quand je vous disais que je le sentais pas son truc. Je soupirais…le Jedi proposais de s’associer, avais-je seulement le choix ? Tout en surveillant que mon patient dormait bien, j’expliquais à mes nouveaux compagnons la mission pour laquelle nous avions été dépêché avec Korgan et Jesaëlle – tout en précisant les raisons de l’absence de l’Organisme Photosynthétique Bipède… une plante dans l’espace quoi.

- Je dois récupérer les données qui se trouvent sur un ordinateur de bord dans une des fosses de la passerelle. Nous devions trouver un moyen de nous y rendre sans que cela paraisse suspect. Korgan et Jesaëlle étaient en collecte d’informations pendant que je joue les toubibs. J’ai pu étudier les dossiers médicaux des officiers en poste dans cette fosse. Il y a des…pathologies exploitables…et je peux faire en sorte que l’équipe médicale soit appelée sur la passerelle. Je réalisais que je n’avais pas précisé un petit détail : je suis médecin… Sous-entendu : je ne suis pas une brute épaisse des Forces Spéciales.

Mon regard s’était posé sur le type qui accompagnait le Jedi…il avait l’air d’avoir abusé des prothèses cybernétiques. Je n’étais pas sûr d’avoir gagné au change coté partenaires de mission…Mais si la Force en avait décidé ainsi…je ne pouvais aller à l’encontre de mon destin.

- Il va falloir combiner nos forces et nos ressources.


Quel merdier...si cette mission réussissait...Je ferai des consultations sans rechigner pendant un an!

Karm Torr
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Ouais, nous, c’t’un peu pareil.

La composition de la fine équipe qui accompagnait le docteur Hana’Tomy ne manqua pas de laisser Karm un brin perplexe. Une Zélosiane ? Pour une mission d’infiltration en orbite ? Et Korgan qui n’était pas exactement… pas précisément… pas tout à fait… Bref, le Jedi avait du mal à imaginer ce soldat haut en couleur dans le rôle de l’infirmier qui tente de se faire discret. Mais l’heure n’était pas venue de s’appesantir sur les décisions tactiques du haut commandement républicain.

De notre côté, on a embarqué un peu de matériel, expliqua Karm en désignant Loé « Quincaillerie Ambulante » Ann d’un geste de la tête.
Et ça gratte, lâcha le Padawan.
Et ça gratte, confirma son maître. Mais tant qu’il y a suffisamment d’agitation sur le pont, on devrait pouvoir lâcher un petit drone qui se connectera à la console pour télécharger les données. Une petite diversion ferait pas de mal à ce moment-là. Si ça convulse en bavant, ça n’en sera que plus spectaculaire.
Maître, quelqu’un approche.

Le mercenaire verticalement désavantagé eut un bref hochement de tête.

On a un plan pour qu’il se retrouve sur la passerelle, arrangez-vous pour intervenir à ce moment-là. Il nous reste à peine deux heures avant la navette pour la cantine et notre fenêtre d’exfiltration est réduite.

L’Ark-Ni s’inquiétait moins pour lui-même que pour les données. Eux, ils pouvaient faire preuve d’une patience infinie, se fondre dans le décor, mettre des mois à quitter l’Empire en baroudant de planète en planète, jusqu’à profiter de la confusion qui régnait sur le front de l’Espace Hutt pour se faufiler entre les mailles du filet. Mais les données qu’ils étaient venues voler, elles, ne seraient pas éternelles et ces informations devaient parvenir au plus vite à l’Ordre et au commandement républicain.

On se dit à dans une heure et pour une demi-heure sur le pont de commandement. Quant à Korgan…
Ils sont là, prévint le faux cyborg dont les perceptions exacerbées par la Force ne furent pas prises en défaut.

La porte s’ouvrit et un sergent à deux arrêts cardiaques de la retraite fit son apparition, flanqué de deux fantassins qui n’étaient pas précisément en train d’accomplir la mission la plus palpitante de leur carrière.

Bon, allez, dites moi tout, qu’est-ce que c’est que tout ce bazar ?
Le mec est tombé, fit Karm en désignant l’enseigne comateux.
Vous l’avez poussé, hein ? Rassurez-vous, moi aussi, j’ai souvent envie de le pousser.
Non, il sait juste pas mettre un pied devant l’autre.
Quand je dis que la qualité du recrutement bat de l’aile. Vous savez pourquoi ? C’est les réformes du secondaire. Moi, à mon époque, on avait des cours de sport, on apprenait les bases, on savait bouger. À quatre ans, je montais à la corde. Oui, parfaitement. À quatre ans. Ah, de nos jours, évidemment, il faut faire de la pédagogie inversée, de l’apprentissage par…
Euh. Sergent… ? Je crois qu’il faudrait qu’on y aille.
Ah ? Oui ? Bon. Bien. Très bien. Allez, venez tous les deux. Docteur.

Le sergent salua le médecin d’un geste de la tête avant d’embarquer à sa suite les deux mercenaires, dont l’apparence aussi tatouée que cybernétique lui inspirait probablement des réflexions pénétrantes sur l’ensauvagement de la jeunesse.

Très franchement, débuta-t-il d’ailleurs à peine la porte refermée derrière eux, je crois que l’utilisation abusive que l’on fait désormais des mercenaires est un signe de la déliquescence de l’armée impériale. De mon temps…

Karm avait un peu de mal à saisir comment quelque chose qui n’existait pas vraiment quelques années auparavant pouvait déjà entrer en déliquescence, mais il s’abstint de faire le moindre commentaire et Loé était de toute façon trop occupé à ne pas se gratter pour réagir. Les deux Jedis opposèrent donc un silence poli à la torrentielle analyse des ressources humaines militaires que leur offrit le sergent, avant de conclure abruptement d’un :

C’est là. Ne touchez à rien. Le lieutenant va arriver.

Et il les fourra comme un tas de chaussettes sales dans le tambour de la machine à laver à l’intérieur d’un petit bureau dont la porte se referma hermétiquement. D’un clignement de paupière, Karm activa l’affichage horaire intégré à ses lentilles de contact. Cinquante minutes avant d’arriver sur la passerelle. Il fallait espérer que le lieutenant n’aurait pas de retard.

Donc.
Ils patientèrent.
Sans rien dire, au cas où on les espionnerait.

Fort heureusement, le lieutenant ne tarda pas à faire sa généreuse apparition et le lieutenant était une lieutenante.

Je suis la lieutenante Sheravedikatimsherriparripuri.
Ah.
Vous pouvez m’appelez lieutenante Sher.
Merci.

La femme aux traits sévères et au regard d’une intelligence pénétrante s’assit en face d’eux. Sa peau sombre était constellée de taches caractéristiques d’une exposition aux armes chimiques.

J’imagine, dit-elle en se tournant vers le cyborg, que vous êtes Robur « Le Réacteur » Van Peeten ?

Robur « Le Réacteur » Van Peeten hocha lourdement la tête.

Et vous, poursuivit-elle en fixant cette fois-ci le tatoué, B.S.I. ?
Ouais.
Quelque chose me dit que ces initiales ne sont pas celles de Bienséance, Subtilité et Inspiration poétique.
Blood, Sex & Ink.
Certes.

Sheravedikatimsherriparripuri se massa l’arrête du nez, avant de pianoter sur sa console.

Vous trouverez ici nos contrats standards, que nous sommes prêts à signer dès que nous vous aurons fait passer quelques ultimes tests. Leur structure, vous le constaterez, est assez classique, et comprend un paiement forfaitaire fixe, destiné à nous assurer votre disponibilité et une part variable en fonction des missions. La partie forfaitaire est susceptible d’évoluer si nos premières expériences nous conduisent à désirer une collaboration exclusive, auquel un avenant sera rédigé qui…
Ouais en fait, coupa Karm, on a quelque chose à vendre.

La lieutenante s’appuya dans son dossier, les mains croisées.

Voyez-vous cela…
Mais on veut parler au big boss.
Dans vos rêves.
Hors de question qu’on refile ça à quelqu’un qui s’en attribuera le mérite.
Et ça, c’est quoi, au juste ? Parce que des illuminés qui essaient de nous refourguer des breloques de tous les horizons, j’en vois tous les jours, monsieur Ink. Je ne doute pas que vous ayez vous aussi mis la main sur un ra-ris-sime document sith exhumé de la tombe de Darth Pannedewifious ou quelque chose comme ça, mais très franchement, il en faudrait beaucoup pour me convaincre…
Balian Atraïde
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- De notre côté, on a embarqué un peu de matériel
- Et ça gratte
- Et ça gratte

Un drôle de duo qui me faisait face. Un chevalier jedi, et un padawan, de base rien de surprenant, mais ces deux-là, ils ne ressemblaient pas aux Jedis que j’avais pu rencontrer. Et pourtant je pouvais me targuer d’avoir un certain lien avec les membres de l’Ordre. Je réalisais qu’effectivement, le jeune homme « cyborg » ne devait pas être confortable ainsi affublé. J’écoutais le chevalier Torr m’exposer leurs possibilités d’actions.

- Une petite diversion ferait pas de mal à ce moment-là. Si ça convulse en bavant, ça n’en sera que plus spectaculaire.

J’haussais un sourcil sans quitter des yeux le Jedi. D’une voix neutre je répondis alors :

- Ne vous inquiétez pas…Il y aura du « spectacle ».

On ne pouvait pas dire que je m'étalais en palabres. J'aurai pu être plus aimable, ou plus chaleureux...après tout ce Jedi ne pouvait pas se rendre compte comme j'étais content de les voir...des visages "amicaux" en plein cœur de l'Espace Impérial..Mais je n'allais ni le montrer, ni le reconnaître vraiment. Qui plus est on m'avais ordonné d'être aussi casse-couille que d'ordinaire...Alors j'obéissais...Pur une foi que je jouais le parfait petit soldat...

Le padawan nous signala l’arrivée de quelqu’un. Je vérifiai l’heure, et d’un hochement de tête je confirmais aux Jedis que tout sera prêt dans les temps...J’avais beau réfléchir, retourner la situation dans tous les sens, je ne voyais pas d’autres solutions que de faire confiance à ces deux Jedis. Et puisque Korgan et Jesaëlle étaient hors course, j’allais suivre cette nouvelle opportunité que la Force m’offrait. Notre mission était bien trop importante pour qu’on se permette d’attendre plus longtemps. Korgan était un grand garçon, un membre des Forces Spéciales.

- Ils sont là

La porte s’ouvrit brusquement et trois impériaux entrèrent. Un sergent en fin de carrière questionna les deux « mercenaires ». Moi, j’avais effacé ma surprise et mon air soucieux pour arborer de nouveau mon masque hautain et suffisant qui me caractérisaient si bien. Le sergent cherchait à savoir ce qui était arrivé à l’enseigne, « véritablement ». L’idée que le chevalier Torr ait pu « forcer » - c’était le cas de le dire – la chute de mon patient avait un côté amusant et qui ne semblait perturber personne. Je ne me mêlais pas de la conversation, ce n’était pas mes oignons. Surtout que le vieux sergent cru bon de nous sortir le fameux laïus du « de mon temps ». Je réprimais un soupir et achevais le rangement de mon matériel.

J’accordais un salut silencieux, d’un geste de la tête, à la troupe qui sortait de ma baie médicale. Je n’avais pas beaucoup de temps. Je savais ce que je devais faire, ma décision était prise. Ce n’était pas très éthique, et j’allais mettre la vie d’un homme en danger. Mais la cause était juste selon moi. Et j’allais faire le nécessaire pour qu’il survive…Du moins allais-je essayer. Direction le mess des officiers. Je savais qu’un certain capitaine était friand de gâteaux sablés. Il était aisé de faire un échange avec des sablés dont un des composants était parfaitement allergène…et dont le goût pouvait être masqué par un autre. Je sirotais mon café tout en surveillant le capitaine Tanik se régaler.

- Docteur Hana’Tomy ! Alors, il parait que votre équipe a subi une hécatombe ? On va finir par croire que le personnel médical est maudit haha. Prenez garde à vous docteur…Vous pourriez être le suivant.

Il s’éloigna en riant, tandis que je le foudroyais du regard…

Connard.

Rira bien qui rira le dernier. Je terminais mon café, et jetais un coup d’œil à l’heure. Il fallait compter environs trente minutes grand maximum pour que la passerelle sombre dans le chaos. J’étais revenu à la baie médicale, attendant…vaquant à mes occupations comme si de rien n’était.

L’appel retentit :
« Urgence médicale sur la passerelle ! L’équipe médicale doit se rendre de toute urgence sur la passerelle ! »

Ni une ni deux, j’attrapais mon nécessaire médical, pour les interventions d’urgence. J’avais pris soin de glisser l’unité de transfert portative prévue pour la première phase de la mission. Sur le pont de commandement, c’était la débandade, et tout particulièrement dans le quadrant gauche dans les fosses. Le capitaine Marty Tanik était en souffrance. Il avait commencé par ressentir des démangeaisons au bout de ses doigts, elles s’étaient ensuite étendues à tout son corps. Puis de vives douleurs au niveau de l’estomac. Ses collègues lui avaient suggéré de se rendre à la baie médicale. Mais il n’en eu pas le temps. L’effet, une fois enclenché, était fulgurant… Un attroupement s’était formé autour du malheureux, un œdème de la muqueuse laryngée se formait, il cherchait de l’air, son corps était secoué de violents soubresaut, il était au bord de l’asphyxie. Son visage cyanosé témoignait de la gravité de la situation. Il avait beau être un connard fini et impérial de surcroit, mon serment de médecin me commandait d’agir. Jamais je n’avais laissé une victime en souffrance. Quelque soit son camp.

A l’entente de l’appel je m’étais précipité, je savais la gravité de la situation que j’avais volontairement déclenchée. Le pronostic vital était forcément engagé. Mais le chevalier Torr avait demandé du spectaculaire…je n’avais pas fait dans la dentelle…je devais l’avouer. Je regardais tout autour de moi, cherchant des yeux mon nouveau duo de partenaires…J’espérai que leur plan allait fonctionner…et que je pourrai, soit procéder moi-même à l’utilisation de mon UTP sur l’ordinateur de bord labellisé 045454554-9878916, ou confier discrètement cette tâche à mes alliés Jedis.

Je mon concentrais…sondant la Force et puisant dans mon maigre pouvoir pour demeurer aux aguets.

Karm Torr
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Pas de breloque, non, répondit le Jedi. Même si Robur aime les breloques.
Sans blague, lâcha Sher en adressant un regard au cyborg dont, en réalité, l’aspect la répugnait, tant elle était mal à l’aise en général avec l’idée de mêler la technologie à la vie organique.


La lieutenante prit une gorgée de son mug fumant et Karm déclara d’un ton dégagé :


On a la localisation de toutes les planques des Sentinelles Jedis sur Nal Hutta, Nar Shaddaa et Sleheyron.


Les yeux de la militaire brillaient, parce que pour sauver la face, elle contenait des larmes de douleur après avoir avalé de travers son breuvage brûlant après cette annonce si nonchalante. C’était le trait de génie de Maître Ik’Dak : puisque les Sentinelles changeaient de planques à peu près tous les six mois dans le cadre de leur routine de sécurité, l’Ordre avait à sa disposition toutes sortes de lieux presque compromettants mais fraîchement évacués à jeter en pâture à la curiosité des Hutts ou des Siths en pleine campagne d’expansion.


Mais bien sûr, fit l’Impériale en reprenant ses esprits et le plein usage de sa trachée.
Robur ?


Le faux cyborg tira de la prothèse à son épaule un datadisk.


24 sites sur trois mondes.
Et on peut savoir comment deux mercenaires lambdas, ceci dit sans vouloir vous offenser, sont tombés sur des informations de cette nature ?
Robur ?


La voix mécanique du Robur « Le Réacteur » Van Peeten résonna peu mélodieusement dans le bureau.


Je me suis fait implanter des cartes de calcul pour l’astronavigation dans le cervelet, débuta-t-il, sans prêter attention à la mine de dégoût mal contenu de son interlocutrice, que j’ai achetées sur le marché noir de Tatooine. Enfin, y a pas vraiment de marché pas noir sur Tatooine, mais vous saisissez l’idée. Or, il se trouve que les cartes avaient été prélevées sur un astromech jedi capturé par des mercenaires sur Dubrillion et revendu là-bas.


Maître Ik’Dak avait insisté sur les vertus d’une histoire plausible, mais aussi improbable que possible : quand on mentait, on cherchait toujours à offrir une version des événements crédible, et par conséquent suspecte, tandis que personne n’irait imaginer que l’on puisse convaincre quelqu’un sur la base d’un récit rocambolesque. Loé répétait donc le récit soigneusement composé par l’Ombre.


Je me suis rendu compte qu’avec la structure des codes d’identification réciproque entre les vaisseaux de la flotte jedi, je pouvais repérer les appareils en me branchant avec l’extension que j’ai dans le pancréas sur les tours de contrôle des astroports.


La lieutenante se sentait de moins en moins à l’aise.


Avec ça, on est arrivés à identifier de l’activité jedi dans l’Espace Hutt. Et voilà.
Et voilà ?
Ben, en gens entreprenants, disruptifs et innovants, on a enrôlé des collègues pour prendre en filature les gens qui s’approchaient des vaisseaux. On y est allés vachement prudemment, genre juste quelques dizaines de mètres à chaque fois, avant de reprendre là où on s’était arrêtés au coup d’avant, jusqu’à repérer les bâtiments où ils allaient régulièrement. Et faire une cartographie.
Ça me paraît extrêmement méthodique pour des… enfin…
Hé, oh.


B.S.I. se pencha en avant, avec un air menaçant.


Si on est arrivés jusqu’ici, c’est qu’vous pensez déjà qu’on est doués, et puis on survit pas chez les Hutts en s’y foutant n’importe quoi. Alors venez pas nous faire le numéro des mercenaires qui sont teubés ou je sais pas quoi. Marre de se faire balader de test en épreuve avec un contrat tellement hypothétique que j’en viens à me demander si vous avez même le fric pour ça.
Ouais, renchérit Robur, marre.
Très bien, très bien, calmez vous, fit la lieutenante d’un ton las. Donc, vous voulez traiter avec qui ?
Le moff !


Elle éclata de rire.


Et pourquoi pas l’impératrice, tant qu’on y est ? Non mais sérieusement, je vous propose le capitaine Spouik, en charge des opérations spéciales pour le moff. Si vous tenez à aller plus haut, vous pouvez replier bagages.


Les deux Jedis firent mine de se concerter d’un regard, pour la forme, et puis Karm hocha la tête.


Bon, suivez-moi, on va essayer de l’attraper sur le pont de commandement avant la descente du déjeuner, dit-elle en se relevant. Mais je vous préviens, si vos informations sont inutiles ou infondées, si vous me faites passer pour une naïve face au capitaine…


C’était une menace vague, et même vaine. Qu’allait-elle faire ? Les trucider ? Et risquer de compromettre la réputation du moff auprès de mercenaires dont il avait par ailleurs cruellement besoin ? Au pire, ils seraient ostracisés de tous les contrats impériaux, ce dont, sans nul doute, Robur et B.S.I. parviendraient à se remettre.

Désormais ils traversaient les coursives à grands pas. Au Temple, ils avaient répété des dizaines de fois cette conversation, en préparant divers scénarios, pour la rallonger et la raccourcir selon l’horloge, afin que l’entretien avec l’officier supérieur ne pût se faire que tout près de la descente du déjeuner, et par conséquent à une heure où il se trouverait sur le pont, pour surveiller la logistique de la transition entre les équipes.


Karm s’était toujours montré plus inquiet que son Padawan. Dans une large mesure, en tant que diplomate, Loé avait l’habitude faux-semblants et de jouer avec les discussions. Il savait que les discours et le temps étaient des matières que l’on modelait pour servir des objectifs. Mais ces réalités étaient fort éloignées de l’expérience quotidienne d’un explorateur comme l’était son maître. C’était pourtant à ce dernier que revenait le devant de la scène, parce que son attitude et sa phraséologie naturelles correspondaient presque trait pour trait à celles des mercenaires de la Bordure.


Quand ils arrivèrent sur le pont, les fosses étaient en émoi. Un homme avait fait un malaise et le médecin de bord était affairé auprès de lui.


Ah bordel si c’est un truc contagieux nous on repart hein, glissa Karm opportunément.


Ce mot de « contagieux » fit son petit effet dans l’esprit des soldats les plus proches de lui. On s’échangea des regards inquiets.


Taisez-vous, lui fit sèchement l’Impériale, et ne bougez pas.


Elle s’éloigna d’eux pour partir en quête du capitaine qui surveillait attentivement l’opération du médecin, parce que sa paranoïa le poussait à craindre une attaque chimique. Karm fit un bref signe de tête à Loé. Le jeune Kuati, après quelques pas de côté pour faire mine de se ranger dans un coin, pressa un bouton de la prothèse à l’arrière de sa nuque. Une plaque métallique se détacha discrètement de celle qui entourait son mollet, pour partir se faufiler dans la confusion générale jusqu’à la console qui attirait la convoitise des trois Républicains.


Pas maintenant, Sher, vous voyez bien que je suis occupé !
* On a besoin encore de cinq minutes. *


La voix de Loé avait résonné directement dans l’esprit de son maître — une communication à sens unique, parce que Karm eût été bien incapable de lui rendre la pareille. Quand la lieutenante revint vers eux, la mine renfrognée, elle marmonna :


Plus tard.
Comment ça plus…
Écoutez, vous n’allez pas commencer à râler, vous voyez bien que la situation était compliquée ici.


C’était ce qui s’appelait faire ruisseler la frustration le long de la chaîne hiérarchique.


Bon et c’est quand plus tard ?
Demain, trancha-t-elle. Profitez-en pour faire du tourisme. Achetez des piles. Que sais-je, moi. Enseigne !
Oui, lieutenante, fit un jeune homme à peine sorti de l’adolescence qui se précipita à ses côtés, trop heureux de trouver une excuse pour quitter le pont d’un vaisseau où régnait peut-être déjà la peste, pour ce qu’on en savait !
Veillez à ce que ces deux-là… Qu’est-ce que vous fichez dans le coin, vous, là ?
Pour pas déranger l’équipe médicale, argua Robur.
Oui. Bon. Soit. Veillez à ce que ces deux-là soient bien dans le transport de midi et arrangez-leur un pass pour celui de demain matin.
Bien, lieutenante. Mais euh…


Le jeune soldat adressa un regard un peu inquiet au cyborg.


Je prends des gardes avec moi ?
Vous allez quand même bien pouvoir gérer deux visiteurs dans un vaisseau impérial, non ?


Ça ruisselait toujours…


Euh. Oui ! Bien sûr ! Bien sûr, lieutenante.
Bon.


Elle se retourna vers Karm.


Quant à vous… Bref.
Ouais.


Sur ce, la lieutenante Sher tourna les talons et partit à grands pas. Pour aller se désinfecter les mains. Quel croiseur de l’enfer, décidément !
Balian Atraïde
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Ce fut…spectaculaire. En voyant l’état dans lequel se trouvait ma victime j’eus un peu honte d’y être allé aussi fort. Mais la cause était juste non ? Je laissais de côté mes questionnements d’éthique médicale pour me concentrer sur le type qui était littéralement en train de claquer devant moi. Un attroupement s’était formé, rien de tel pour m’agacer en temps général quand je travaillais. Mais là, cela avait l’avantage de concentrer toute l’attention alentour sur moi.

Je m’étais agenouillé aux côtés de mon patient, Il était incapable de s’exprimer. Son corps pris de spasmes se soulevait dans de violents soubresauts. Une réaction somme toute assez normale alors qu’il cherchait désespérément à faire entrer de l’air dans ses poumons. Mais l’œdème dans sa gorge l’en empêchait.

- Ah bordel si c’est un truc contagieux nous on repart hein, venait de balancer à bon escient le Jedi Torr. Je levais un œil vers lui…cette idée fusa comme une traînée de poudre tout autour de moi et la crainte s’empara de tout le pont. L’annonce d’un risque d’une épidémie sur un vaisseau faisait toujours son petit effet.

Je sentais les regards rivés sur moi alors que je sortais de mon sac une trousse à dissection, ainsi qu’un kit de trachéotomie d’urgence. Compte tenu de la gravité de la réaction, j’allais employer une méthode peu conventionnelle…comme sur les champs de bataille. Je n’avais pas le temps de faire une trachéotomie classique et propre. Le visage de mon patient commençait à se cyanoser, et il commençait à perdre conscience. Cela m’arrangeait. Au moins il ne bougera pas lors de mon intervention. Et je ne pouvais pas encore lui donner de tranquillisant, car il risquait de voir son rythme cardiaque chuter de manière dangereuse. Mon but n’était pas de le tuer. J’étais médecin tout de même, pas un assassin.

J’avais déboutonné le col de son uniforme, passé des gants stériles, les regards étaient toujours braqués sur moi. Ce genre de scène attirait toujours les regards, une espèce de curiosité malsaine sans nul doute. J’installais le patient, le cou en hyperextension en m’aidant de ma blouse que j’avais retiré pour la placer sous les épaules du malade. Puis je désinfectais la zone à inciser, et avec ma main non-dominante je vins palper pour repérer le cartilage thyroïde, une fois repéré je le maintenais entre mon pouce et mon majeur, puis avec mon index je cherchais plus bas le cartilage cricoïde. Puis une fois sûr de moi, je brandis mon scalpel et incisai. Tout un spectacle pour mon public qui se manifestait par des onomatopées caractéristiques de type « beurk » ou encore « waw ». Je n’avais pas la moindre idée de ce que faisaient mes amis Jedis, j’espérai qu’ils parviennent à accomplir la mission.

De mon côté, j’insérai mon index dans la trachée – ce qui valut un « ho » général. Sentant les anneaux trachéaux, je compris que j’avais réussi. Je glissais dans l’orifice un mandrin qui allait me servir de guide pour la sonde de trachéo. Avec rapidité, j’enfonçais le mandrin le plus loin possible jusqu’à ce qu’il ne puisse plus poursuivre sa route…Il avait atteint les bronches. Je fis glisser la sonde de trachéo je ne devais pas aller trop loin…juste suffisamment…Une fois mise en place, je pus retirer le mandrin. Tout cela s’était déroulé en quelques minutes, je branchais la sonde sur un respirateur manuel et entrepris de ventiler mon patient. L’air gagna ses poumons, et je sentis sa cage thoracique se soulever…J’avais réussi…il était vivant.

Ce n’était pas passé loin. Je n’avais pas décroché un mot, laissant planer le doute sur l’origine de cet événement. Ce ne fut le tous terminé que je dispersais mon public :

- Allons laissez-le respirer, vous voyez bien que ce n’est pas ce qu’il fait de mieux en cet instant ! (sans blague). Ca va aller. Je regardais tout le monde se disperser, et cherchais mes deux Jedis du regard. Ils étaient en compagnie d’une lieutenante qui les confia à un enseigne. J’hélais ce dernier : Hep ! Enseigne ! Il me faut évacuer ce patient. On ne sait pas ce qui a causé cet état et je n’ai pas le matériel nécessaire à bord pour faire tous les examens. Qui plus est il doit subir une chirurgie bien trop pointilleuse pour le bloc opératoire du bord. D’ailleurs, je ne sais pas qui a fait le dernier inventaire de matériel, mais il manque beaucoup de chose !

Le pauvre enseigne n’en menait pas large, je le voyais tourner la tête dans la direction que venait de prendre la lieutenante. Je claquais des doigts pour qu’il reporta son attention sur moi et lui désignais mes galons d’officier médical :

- Hey ! Je vous parle gamin ! Vous voulez la mort du capitaine Tanik ? Vous avez bien vu que ce que je viens de faire ce n’est que du rafistolage ! Ne vous inquiétez pas pour la paperasse j’en fais mon affaire ! Mais laissez-moi descendre avec mon patient ! Si je ne trouve pas ce qu’il a vous imaginez bien les risques que cela peut avoir. Et vous savez comme moi que dans ces cas là il est facile de trouver des responsables pour une bourde de ce type !

Jouer sur les nerfs, la jeunesse et l’ignorance en matière médicale d’un enseigne, dont la tension devait faire le yoyo compte tenu de la situation, n’était pas un problème pour le salopard que je pouvais être.

- Heu…hé bien si vous en assumez la responsabilité en tant qu’officier médical…je…

- Mais oui, mais oui… C’est quand même moi le médecin ici ! Je sais parfaitement quel est mon rôle. Vous là, je désignais le chevalier Torr : venez m’aider. Vous inquiétez pas…vous et votre copain aurez droit à un check up médical complet aux frais de l’armée. Dépêchons…je ne lui ai pas découpé la gorge en urgence pour qu’on perde du temps en bavardages inutiles.

Quitter ce rafiot de malheur…c’était tout ce que je demandais.

Karm Torr
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Karm eut un bref regard pour son Padawan, qui répondit par un hochement de tête imperceptible, puis il se mit à râler bruyamment, afin de faire bonne mesure, en expliquant en long, en large et en gros mots qu’il n’avait rien d’un brancardier. Il n’empêche qu’il prêta main forte — même si, vu sa carrure, c’était beaucoup dire — au médecin de bord. Guidé par l’enseigne qui aurait préféré ne pas rester trop près du malade, la troupe hétéroclite prit le chemin du hangar de service.

Ces dix minutes firent l’effet au Jedi d’une douloureuse éternité. À tout moment, il s’attendait à ce qu’on les appelle. Qu’une voix dans leur dos ne leur crie de s’arrêter, ou même à sentir dans un coin de son esprit l’aiguillon du danger. Ses sabres étaient à portée de Force, cachés dans les fausses prothèses de Robur. Peut-être pourraient-ils tout de même s’évader du vaisseau impérial ? Il avait connu des situations plus dramatiques.

Hey ! Vous ! Vous, là, le cyborg ! C’est à vous que je parle !

Loé se figea.
Karm aussi.

Le Padawan prit une profonde inspiration avant de se retourner. Fort heureusement, sa face à demi-métallique cachait en bonne partie son expression. Sans cela, il n’aurait peut-être pas réussi à feindre la décontraction. Karm croisa le regard du médecin. Le visage du Chevalier, lui, ne trahissait rien, mais c’était surtout parce que dans la culture de son ethnie, on apprenait dès l’enfance à demeurer inexpressif.

Un major dont les bottes cirées avec un soin compulsif illuminait la coursive comme les boules à facettes des boîtes de nuit de Coruscant avançait vers eux à grands pas. Sa petite moustache gominée repiquait des deux côtés d’une lèvre qu’il gardait rigide, et l’on pouvait soupçonner qu’il s’était engagé dans l’armée pour le charme de l’uniforme, plutôt que par goût de la guerre. Il finit par se poster devant Robur et arrangea machinalement les galons de sa veste.

Vous avez fait tomber ça.

L’impérial tendit la main et fit tomber trois boulons rouillés dans la paume du Padawan. Karm et lui savaient qu’ils comptaient parmi ceux qui retenaient la sonde de piratage à la prothèse factice.

De l’ordre, jeune homme, s’exclama le major en sermonnant Loé avec un index parfaitement manucuré, de l’ordre et de la discipline. Sur un vaisseau, on ne laisse rien traîner. Tenez-le vous le pour dit. Un incident est vite arrivé. De l’ordre, de la propreté et de la discipline. Je dirais même plus : de l’ordre, de la propreté, de la méthode et de…
Ouais c’est cool on a compris, coupa Karm, qui craignit soudain que leur attitude silencieuse et docile, peu en phase avec leur comportement jusque là, ne vînt trahir leur nervosité, merci pour le corps d’ECJS, mais le capitaine Tunique est en train de respirer par le pancréas, là, du coup…
Allez, allez.

Comme un seul homme, Karm et Loé tournèrent le dos au major qui, pendant qu’il s’éloignait, lança tout de même à leur attention :

De l’ordre, de la propreté, de la méthode, de la rigueur et de la discipline.

Loé fourra les boulons dans sa poche, désormais hanté par l’idée que la sonde pourrait à tout moment se décrocher de la prothèse. Ils débouchèrent cependant dans le hangar de service sans incident. Une demi-douzaine de navettes de transport était en train d’embarquer le personnel qui rejoignait la surface de la planète pour le roulement de la mi-journée et l’enseigne leur fit couper les files, malgré les protestations des soldats qui faisaient la queue, pour les faire embarquer en priorité.

Bon voilà vous êtes entre de bonnes mains, s’empressa-t-il de dire.

Les mains de qui, ça, mystère.

Du coup moi j’y vais hein ! Au plaisir au revoir faites bon voyage !

Et le tout jeune homme partit aussi vite que la décence militaire le lui permettait avec la ferme intention de se désinfecter des pellicules jusqu’au gros orteil.

Il fallut encore attendre cinq longues minutes avant que la navette ne s’ébranle, et puis finalement on abaissa le bouclier du hangar et les vaisseaux se lancèrent dans l’espace orbitale, pour entamer leur descente vers la planète. Au noir infini de l’espace succédèrent alors les couleurs chaudes de l’atmosphère, puis les vastes étendues verdoyantes du monde agricole.

Parmi les autres occupants de la navette, la moitié consacrait leurs regards à leur camarade intubé et l’autre moitié aux deux mercenaires, qui détonnaient dans le décor. Mais quand la navette se posa sur le tarmac militaire de l’astroport principal, la promesse d’un bon repas eut raison de toutes les curiosités et ce fut dans un ordre assez approximatif que les hommes de bord descendirent.

Docteur !

Une femme d’une trentaine d’années, humaine ou à peu près, attendait le Mirialan et son patient à côté d’un speeder médicalisé.

Je suis Dr. Arayod, des urgences de l’hôpital Dame-Ynnitach-de-la-Tyrannie…
Sérieusement ?
Pardon ?
Non, rien.
Vous avez un trauma crânien ?
Hein ?
Nous verrons ça plus tard, trancha l’urgentiste en reportant son attention sur son confrère. Ne perdons pas de temps, vous m’exposerez la situation en chemin.
Euh, ouais, ‘tendez, intervint Karm qui comprit qu’elle ne comptait pas embarquer deux encombrants mercenaires dans son ambulance et qui n’avait aucune intention d’être séparé du médecin, j’me sens totalement traumatisé du lobe temporal. J’crois que j’ai besoin d’une bonne coloscopie.
IRM, suggéra-t-elle ?
Ouais c’est pareil.
Bon, hé bien, accompagnez-nous, conclut Arayod avec un soupir, le temps presse.
Balian Atraïde
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Les deux Jedis jouaient à merveille leur rôle…Il ne me fut pas difficile d’afficher une mine désappointée en soulignant que je n’allais pas m’amuser à trimballer mon patient seul puisque mon brancardier avait eu la bonne idée de jouer les cadors dans des combats clandestins. Nous avancions clopin-clopant pour gagner la navette.

Tout semblait aller pour le mieux jusqu’au moment où nous fûmes hélés par un vieux major un peut trop pointilleux. Dans ce genre de situation, on s’imagine toujours le pire, comme le fait qu’on nous ait découvert. Le visage de Torr demeurait impassible, celui du padawan était partiellement camouflé et moi…j’affichais mon sempiternel air sévère et altier. Le bonhomme qui nous avait interrompu était visiblement très à cheval sur l’ordre et la discipline. En d’autres lieux, je ne l’aurai pas blâmé pour cela. Mais ce n’était vraiment pas le moment. Chose que mon comparse jedi lui fit remarquer dans son rôle parfait de mercenaire indiscipliné.

- Tanik…Le capitaine Marty Tanik…corrigeai-je sans même le faire exprès (maniaque, moi ? Pensez-vous…)…Et ce n’est pas le pancréas…(tais-toi Balian)….

Heureusement, l’urgence médicale fut comprise par le major sans que j’eusse besoin d’user de mon grade pour lui rappeler qu’on avait carrément autre chose à faire que de l’écouter palabrer sur l’ordre et la discipline. Tout ça pour trois boulons.

Arrivés devant la navette, je sentis à nouveau mon estomac se tordre et ma gorge se serrer. Il fallait remettre ça…

Bon voilà vous êtes entre de bonnes mains avait précisé notre guide avant de s’enf…partir précipitamment comme si la menace d’une peste quelconque planait autour de nous.

On nous avait fait monter en priorité, dans ce tas de ferraille qui n’avait de navette que le nom à mes yeux. J’avais sanglé mon patient, surveillant son état. Il était stable. De mon côté je n’en menais pas large. Et lorsque le vaisseau s’ébranla pour gagner l’espace, je m’agrippais à mon siège…espérant que mon contenu gastrique resterait à sa place. Heureusement mes deux compagnons attiraient suffisamment l’attention, tout comme mon patient, pour qu’on vienne remarquer mon aviophobie…Manquait plus qu’on vienne m’emmerder avec çà…

Dire que j’étais soulagé d’atterrir sur Nez Peron était un euphémisme. Nous fûmes accueillis par une toubib qui nous attendait. Et puisque le chevalier Torr était parvenu à trouver une parade pour se faire ausculter, mes deux Jedis purent nous accompagner. Sur le trajet, la jeune femme qui s’était présentée comme le docteur Arayod écoutait avec attention mes conclusions médicales sur le patient.

- Le patient a trente-cinq ans, il était en service quand il a présenté des symptômes inquiétants. Il se plaignait de douleurs à l’estomac. Œdème de la muqueuse laryngée, j’ai du faire une trachéo.

La jeune femme répliqua alors :

- Pas très conventionnelle cette trachéotomie docteur…docteur ?
- Hana’Tomy…Greg Hana’Tomy. J’ai dû parer au plus pressé, l’opération n’en demeure pas moins efficace, fis-je piqué au vif par cette remarque de la jeune femme. Elle n’allait tout de même pas m’apprendre mon métier bordel.

- Vous m’avez mal comprise Docteur Hana’Tomy…Je ne remettais pas en cause l’efficacité de l’intervention…mais plus sa réalisation. Je n’avais jamais vu cela encore.

J’écarquillais les yeux, comprenant soudainement…Protocole d’intervention de terrain républicain. Fronçant les sourcils, je justifiais ma méthode :

- Encore une fois, il s’agissait d’une urgence médicale. J’ai été chirurgien de guerre, j’ai réagi comme sur le front, excusez-moi si je n’ai pas respecté votre protocole d’usage de praticiens en milieu hospitalier. Mais quand la République vous canarde vous avez autre chose à faire que de faire une trachéotomie standardisée pour sauver votre patient. J'ai gardé cette habitude...

Elle ne répliqua pas, s’étant contenter de me dévisager quelques instants, ses yeux s’étaient attardés sur les cicatrices que présentait ma mandibule droite, et qui disparaissaient sous le tissu de mon uniforme militaire. Elle hocha la tête…comprenant mes propos.

- Je ne voulais pas vous vexer.

Je me contentais d’hausser les épaules, songeant que l’Empire avaient également ses petits-je-sais-tout qui s’imaginaient détenir la science infuse sans même savoir de quoi ils parlaient. Alors que nous arrivions devant l’hôpital, je précisais :

- Je vous laisse vous occuper du capitaine Tanik. Il faut le placer sous respirateur d’urgence et une chirurgie sera sans doute nécessaire. Je désignais mes deux compagnons : je vais m’occuper de ces deux lascars pour l’IRM de celui-ci. Elle allait rétorquer sans doute qu’il valait mieux que je reste avec le capitaine Tanik mais je ne lui en laissais pas le temps : ils doivent repartir sur l’ Haydn dès demain matin avec moi. Je dois regagner mon poste le plus rapidement possible, notre équipe médicale est assez réduite sur le cuirassé. Elle valida d’un signe de tête et alors que j’allais m’éloigner avec les Jedis, je soupirai et lui indiqua : vous devriez ne pas écarter la possibilité d’un choc anaphylactique avec complications.

Est-ce les remords qui m’avaient gagné ? Possible…même si Tanik était un véritable connard, et impérial de surcroit, je ne souhaitais pas sa mort…après tout s’était moi qui avait provoqué cela. Je tournais les talons, et rejoignis le chevalier Torr et son padawan. J’attendis le moment opportun pour leur glisser doucement :

- Il faut qu’on foute le camp d’ici…la suite de la mission nous attends.

Nous devions à présent infiltrer QG du Moff Stoker en nous faisant passer pour l’équipe technique et trouver un cluster modèle MCCU-0a4V au sein du QG pour pirater les algorithmes qu’il contient. Ensuite nous avons rendez-vous avec notre contact à 17h20 précisément pour nous exfiltrer et rejoindre l’espace républicain. On avait encore du pain sur la planche.


Karm Torr
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Pas de coloscopie, donc ?
Maître, chuchota Loé, je crois qu’il faudra que je vous explique ce qu’est une coloscopie, quand tout ça sera fini.

Karm fixa son Padawan avec cette expression un peu malicieuse et très sérieuse qui empêchait absolument de savoir s’il était en train de plaisanter ou non. L’humour ark-ni était décidément une spécificité culturelle de certains de ses proches se seraient volontiers dispenser. En attendant, coloscopie ou pas, le trio quitta l’hôpital, heureusement situé en plein centre-ville.

La capitale de Nez Peron n’était pas très étendue. Le monde, pour l’essentiel agricole, dispersait de préférence sa population dans les fermes gigantesques qui alimentaient en vivres une bonne partie de l’Empire grâce à un ballet constant de cargos frigorifiques. Dans les rues, on croisait la population bigarrée des marchands venus vérifier la qualité des marchandises ou négocier des contrats en gros : des centaines d’espèces se mêlaient là, à discuter racines, cheptels et turbecules.

Dans cette cohue mercantile, personne ne prêtait attention à trois originaux de plus. Karm, à qui on avait fait mémorisé le plan de la ville, se dirigeait d’un pas sûr, fort du sens de l’orientation d’un explorateur chevronné. Les déguisements pour l’infiltration les attendaient censément dans un box de location de l’un de ces entrepôts automatisés qui proposaient aux particuliers quelques mètres carrés où entasser tout ce qu’ils auraient dû bien plutôt jeter et qui encombrait leur existence.

Un quart d’heure avait passé avant qu’ils ne pénètrent dans un turbolift fixé au mur d’un bâtiment gris et sans personnalité. Loé composa le code à dix chiffres qui correspondaient à leur location et la nacelle s’éleva le long de la façade, avant de s’enfoncer par une ouverture pour glisser horizontalement à l’intérieur du bâtiment. Trois bifurcations plus tard et les portes s’en ouvraient sur la box, dans la lumière s’alluma en clignotant.

Enfin…, soupira Loé, comme Karm commençait à l’aider pour se débarrasser des fausses prothèses.

Une fois libre de sa gangue métallique, le Padawan avait l’air nettement moins impressionnant : l’imposant cyborg avait cédé la place à un jeune homme svelte d’une vingtaine d’années, dont la beauté délicate était saisissante. Karm, pour sa part, ouvrit l’une des deux caisses qui contenaient leur nouveau matériel, pour en tirer des lingettes démaquillantes dont il se servit afin de se débarrasser de ses faux tatouages.

En somme, une fois lavés, changés et recoiffés, ils étaient méconnaissables : dans leur uniforme Nez Plus Ultra Propreté — de splendides bleus de travail frappés d’un écusson qui représentait une éponge en forme de destroyer impérial, pour combattre même la plus coriace des saletés —, les deux Jedis avaient l’air parés pour récurer le palais du Moff dans ses moindres recoins. Loé ouvrit le capot du droïde d’aspiration pour y dissimuler leurs sabres, avant de le renfermer soigneusement : du métal caché dans du métal, l’idéal pour se soustraire à la vigilance d’éventuels détecteurs.

Torr paraissait peu porté à la conversation : depuis la sortie de l’hôpital, il n’avait pas décroché un mot. Malgré son apparence fragile, il avait en tout cas les gestes méthodiques d’un homme de terrain. Jouer la comédie n’était pas sa spécialité, et il remerciait la Force que la première partie de la mission se fût déroulée à peu près comme l’un des multiples scénarios que les Sentinelles, sur le Temple d’Ondéron, leur avaient fait interpréter encore et encore, jusqu’à ce qu’ils en deviennent des réflexes.

Les infiltrations, en revanche, le rappelaient à son passé au sein des forces spéciales républicaines.

Bientôt, ils furent prêts à partir. Quelques secondes plus tard, l’ascenseur les rejeta dans la rue et à partir de là, le palais du moff n’était pas difficile à repérer : sa silhouette imposante se découpait nettement, comme une forteresse qui dominait la ville, sur une élévation du terrain, vers le nord. Depuis la rue, on pouvait apercevoir des aérospeeders montés de canons qui en faisaient le tour à intervalles réguliers. Personne n’avait aperçu le moff depuis un moment, et les rumeurs les plus folles couraient sur sa santé, mais fringant ou non, l’homme était en tout cas bien protégé.

Le premier contrôle intervint au pied du funiculaire à suspension magnétique qui conduisait de la base de la colline jusqu’à l’enceinte du palais. Un soldat impérial sortit de sa guérite pour les considérer tous les trois tour à tour.

On vient pour le ménage, expliqua Loé.
J’avais compris, répliqua l’impérial d’un ton sec. Où est votre speeder ?
En panne.
Vous êtes venus à pied ?
Il faut bien.
C’est ça ou se faire virer.
Vos considérations syndicales ne m’intéressent pas.

Cette fois-ci, Karm dut faire un effort surhumain pour contenir l’une de ses réparties acerbes. En tant que mercenaire, il avait pu laisser libre cours à son tempérament naturel et à son sens tout personnel de la conversation, mais comme modeste employé d’entretien, le plus sage était encore de s’effacer. Le garde s’empara de leurs trois datacartes d’identification et disparut dans le poste de surveillance.

L’attente, qui ne dura que quelques secondes, put leur paraître interminable. Mais l’homme refit son apparition pour leur remettre des badges de visiteurs, qui à n’en pas douter n’ouvraient que des accès très restreints au palais. Puis il leur tendit à chacun un traqueur.

Nouvelle règle de sécurité. Vous portez ça sur vous en permanence, qu’on puisse vous localiser à tout moment. Montez dans le wagon, je vais vous faire partir.
Balian Atraïde
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- Pas de coloscopie, donc ?

J’avais posé sur le chevalier un air dubitatif…Sans déconner ? Il était sérieux là ? S’il voulait une coloscopie, pas de souci…mais il attendra qu’on soit revenu en territoire Républicain. En attendant, nous étions plus en passe de serrer les fesses qu’autre choses pour sortir de ce trou impérial en vie ! Et si possible en un seul morceau ! Ou presque.

L’intervention du Padawan me rassura sur le fait qu’il y avait au moins un des deux qui avait la tête sur les épaules. A se demander lequel des deux était le maitre… Les Jedis…Ils avaient leur petit côté étrange…

Mais pas le temps de philosopher, nous avions une mission à poursuivre et des créneaux horaires particulièrement serrés à respecter. Si je connaissais le con qui avait pondu cette mission…encore un qui n’avait pas conscience des impératifs du terrain…Et pendant que je ruminais et pestais contre tout et rien, je suivais un chevalier Torr particulièrement sûr de lui dans le dédale des rues de cette capitale. Un vrai bourbier par endroit serait un terme plus adapté. Je détestais cet endroit…Je détestais cette mission…Et je détestais mon abruti de chef qui m’avait envoyé là… Voilà…c’était dit…

Nous avions gagné un entrepôt totalement automatisé où des locations de box contenant nos nouvelles identités et tenues nous attendaient. Quelques minutes après avoir pénétré dans les lieux, et après avoir ouvert leur location, je pus découvrir la véritable apparence de mes deux compagnons-surprise. Je fus surpris par leur traits si jeunes et si fins. On aurait dit qu’ils étaient inoffensifs. Mais j’avais appris à ne pas me fier aux apparences. D’autant plus que c’était des jedis…La Force seule savait ce qu’ils avaient en tête ceux-là.

De mon côté j’avais activé la location initialement prévue pour Korgan, Jesaëlle et moi. Deux tenues de trop du coup…Je fixais la combinaison d’agent de maintenance qui m’étais destiné…Je soupirai…quand il fallait y aller…Je ne fus pas long à me changer – habitude prise pendant les classes militaires. Je regrettais mon uniforme de médecin militaire, tout impartial qu’il était. Au moins avais-je été dans mon élément…que là…Je n’y connaissais RIEN en maintenance ! Je n’étais déjà pas capable d’entretenir ma propre prothèse, alors pirater une console impériale…J’avisais l’unité de transfert portative, rouge, qui allait nous servir à scanner les algorithmes contenus dans le MCCU qui nous intéressait. Je fourrai l’objet dans une boite métallique, puis dans mon sac d’agent de maintenance, avec tous mes outils et autre fouteries nécessaire à un type qui devait vérifier…vérifier quoi au juste ? La chaudière ? Le réseau informatique ? Ouai…ca sonnait mieux ca…

Je jetais un coup d’œil à mon aspect un peu trop « propre » pour ce que j’avais en tête d’un agent de maintenance. J’étais trop « lisse », trop « militaire ». A contrecœur je passais une main pour décoiffer mes cheveux platines. Je remontais le zip de la fermeture de ma combinaison de travail…c’était pas une raison pour avoir l’air débraillé non plus…


Je regardais les deux jedis, tout propre dans leurs tenues d’entretien qui arboraient le même blason que le mien. Nous étions prêts…ou du moins nous en avions l’air.

La forteresse du Moff était impressionnante, tant par sa taille que par son système de sécurité. Nous fûmes donc stoppés par un premier contrôle. Le padawan de Torr pris la parole, expliquant notre présence. Visiblement le militaire impérial n’avait pas l’air très réjouis d’être là…Je ne pouvais pas le blâmer…faire les plantons pendant des heures ne m’avais nullement passionné pendant mes classes…Il tourna la tête vers moi, m’interrogeant du regard, je répondis :

- Maintenance…sans préciser la nature de l’intervention…
- Ha ben c’est pas trop tôt…on a plein de bug à résoudre dans certaines consoles, vous allez avoir du boulot !
- Ha…fis-je simplement…on va voir ça alors…terminai-je sur un ton que j’essayais être franchouillard, tout en réhaussant des deux mains, et sans grande élégance, la ceinture d’où pendaient quelques outils de première nécessité. Oui j’avais une vision d’agent de maintenance assez simpliste…je devais bien l’avouer…Mais j’étais médecin moi à la base crénom !

Le type s’éloigna pour vérifier nos identités et revint avec des pass, et des traqueurs à chacun…Quelle merde…Nous v’la pistés…Ca va être pratique ça ! Et pour couronner le tout, il nous indique les wagons où prendre pace pour monter en direction de la place forte du Moff…Je blêmis devant la pauvreté de l’architecture du funiculaire…Rester sur le plancher des banthas était visiblement trop demandé…

Nous prîmes place, et le garde activa la mise en route de mon nouveau calvaire. Je le regardais s’éloigner petit à petit à mesure que nous avancions dans notre ascension en direction du Palais du Moff. La bâtisse était imposante, son propriétaire n’avait pas lésiné sur la sécurité. Il devait être sacrément paranoïaque ce type.

Un léger remous me rappela mon actuelle situation. Et mes mains se refermèrent un peu plus sur la barre métallique à laquelle je m’étais cramponné depuis le début. On avait pas idée d’utiliser un funiculaire…Un turbolift c’était trop demandé ? Je tâchais de me concentrer sur la nouvelle guérite qui apparaissait devant nous, et où un autre garde nous attendait de pied ferme.

- Une fois entrés murmurai-je aux Jedis…il va falloir trouver la bonne console…Je sais pour vous…mais je sens qu’on va en chier… Moi pessimiste? sans blague...

Quelques mètres plus loin et nous arrivions. Je n’étais pas fâché de remettre un pied sur un « sol » qui n’était potentiellement en mouvement, ni au-dessus du vide.

- Z’êtes tout pâle, me fis remarquer le garde impérial qui avait l’air de meilleure humeur que celui d’en bas.

- Vertige, expliquai-je d’un mot. Ce qui ne manqua pas de faire rire le bonhomme qui nous fit descendre et entrepris de vérifier nos badges de visiteurs.

- Okay…le collègue m’a prévenu déjà. Je vais vérifier que vos traqueurs fonctionnent bien. Okay présentez-vous à l’entrée du personnel. Vous serez passé au détecteur pour vérifier que vous n’avez pas d’armes sur vous ou autres…choses dangereuses…

Il nous désigna l’entrée des « coulisses ». De simples agents techniques n’allaient certes pas entrer par la « grande porte ». Pensez-vous…
Karm Torr
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Peut-être que c’est la console qui va nous trouver elle-même.


Les Jedis, toujours le chic pour aborder les situations de la façon la plus étrange possible. C’est que Karm avait confiance dans les Sentinelles qui avaient conçu la mission et, de son point de vue, elle s’annonçait sous un meilleur jour encore, puisqu’ils avaient trouvé un allié inattendu. Que demande le peuple ?


Le peuple demande à ne pas être scanné.
Le peuple demande à ne pas être traqué.
Le peuple est ronchon.


Maître, souffla Loé, qui ne partageait pas tout à fait l’optimisme de son aîné, vous êtes sûr pour le scan et les sabres ?


Karm haussa les épaules.


J’imagine, oui.
Et s’ils les découvrent quand même ?
Peut-être qu’ils auront pas envie de les découvrir ?
Mais…


Trop tard.


Ils étaient arrivés devant l’entrée du personnel et, derrière le panneau métallique qui s’ouvrit automatiquement pour les laisser passer, un nouveau portique de sécurité se dressait sur leur chemin. Un Moogan à moitié endormi se redressa dans un sursaut en entendant le bruit de la porte qui se refermait. Ajustant le holster à sa ceinture, il déclara machinalement :


Scan de sécurité. Déposez les outils là.


D’un geste de la main, il indiqua une table à côté du scanner. Balian, puis Loé, puis Karm purent passer, avant que le Moogan ne se penche sur leur matériel. Il se mit à examiner chaque outil avec un soin méticuleux, qui tenait à vrai dire plus du fait que cette irruption constituait sa seule distraction de la journée que de l’expression d’une véritable conscience professionnelle.


Hmoui… très bien… d’accord… soit… pourquoi pas…, commentait-il à chaque fois qu’il rendait l’un des outils aux prétendus ouvriers. Qu’est-ce que c’est que ça ?
Un droïde d’aspiration, fit Karm alors que le garde pointait l’engin dans lequel étaient dissimulés les sabres laser.
Et vous comptez aspirer quoi ?
Ben vous savez, hein, 70% des pannes, c’est l’accumulation de crasse dans les machines. On met ça dans la salle des serveurs, ou n’importe, et chwwwuuurp.
Chwwwuuurp ?
Chwwwuuurp, confirma le Jedi.


Le Moogan se gratta la casquette avant de décréter :


Bon ben démontez moi ça, que je vérifie que y a pas d’explosif.
Attention à vous, intervint Loé, poussé par l’adrénaline, parce que c’est plein de vomi.
De vomi ?


Le garde fit instinctivement un pas en arrière.


Oui, fit le Padawan d’un ton las et résigné, notre précédent client avait un technicien wookie qui s’est senti malade et qui a vomi sur tous les terminaux. Un véritable geyser. Je ne vous raconte pas les courts-circuits. Et puis je ne sais pas ce qu’il mangeait, mais il y avait des morceaux de… Enfin bref, on a aspiré tout ça.
Hmm…


Le Kuati croisa le regard de son maître et comprit soudainement ce que Karm avait voulu dire, quand il avait suggéré qu’on n’aurait peut-être pas envie de découvrir les sabres laser. Ses yeux se braquèrent dans ceux du Moogan déjà indécis, il fit un infime geste de la main et murmura d’une voix sourde :


Le droïde est plein de vomi.
Le droïde est plein de vomi, répéta l’homme d’un air absent.
Vous n’avez pas envie d’en voir le contenu.
Je n’ai pas envie d’en voir le contenu.


Le coeur battant à tout rompre, le Padawan se retourna vers l’appareil, en tentant de contenir le tremblement de ses mains. Son interlocuteur fut parcouru d’un long frisson, cligna plusieurs fois des yeux avec un air un peu hagard, puis déclara soudain d’un ton décidé :


Non mais c’est bon, si c’est plein de vomi, j’préfère ne pas en voir le contenu.
Vous êtes sûr ? C’est l’affaire de deux secondes.
C’est bon, je vous dis.


Karm, qui s’était prudemment mis en retrait, bien conscient que son Padawan était bien plus doué que lui, avec ou sans la Force, pour manoeuvrer ce genre de discussions, réprima un sourire amusé, alors qu’il embarquait le droïde sous le bras.


Enfin, ils pénétraient dans la forteresse du Moff. Tout le complexe était comme dédoublé : dans ses murs épais couraient des coursives de service, à destination des employés et des droïdes, afin que les visiteurs dignes de ce nom n’aient pas à poser le regard sur le petit personnel. On ne leur avait fourni que des plans approximatifs de la demeure, mais il était raisonnable de supposer que le terminal qui contenait des informations aussi sensibles se situerait au coeur du bâtiment, là où il serait le mieux protégé.


Faut trouver la ferme de serveurs principale…
Ce n’est probablement pas là que nous aurons accès au MCCU.
Ouais, mais c’est là qu’on est censés être.


Cet exercice-là au demeurant ne fut guère compliquée : il suffisait de suivre la qualité du réseau holonet, et de s’orienter vers la zone où on le recevait le mieux, jusqu’à déboucher dans une immense salle intégralement occupées par des serveurs plongés dans des cuves de refroidissement, qui tournaient à plein régime. C’était là qu’on traitait toutes les données sensibles de Nez Peron, et c’était de là que l’Empire pouvait contrôler l’accès de la planète à l’holonet, afin d’en filtrer au besoin les informations.


Des robots spécialisés coulissaient sur des rails aménagés entre les cuves, afin d’assurer l’entretien ordinaire des machines. Parfois, ils plongeaient leurs longs bras métalliques dans les cuves pour en contrôler la température, d’autres fois, ils se branchaient aux serveurs et en vérifiaient le bon fonctionnement.


Karm démonta le droïde d’aspiration pour en tirer les sabres lasers, avant d’y fourrer son traqueur et d’activer l’appareil, qui entama sa ronde aléatoire dans la grande pièce, en aspirant tout ce qu’il y avait à aspirer, c’est-à-dire rien.


Mettez vos traqueurs sur un des robots d’entretien. On nous verra bouger ici et il leur faudra un moment et pas mal de vigilance pour se rendre compte que nos mouvements sont un peu trop mécaniques. Ça devrait nous laisser un peu de marge pour circuler plus librement.
Balian Atraïde
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J’aurai dû me douter qu’à un moment où à un autre, j’allais avoir droit à la perception toujours aussi singulière des pires situations selon les Jedis. Entre cela et leur fâcheuse tendance à parler soit par hypothèses, soit par énigmes…de quoi vous embrouiller en un tour de bras. Cependant, cela pourra peut-être nous servir.

Et je ne fus nullement déçu lorsque nous nous retrouvâmes devant un garde et son scan de sécurité…Et j’eux droit à tout l’art Jedi pour embuer l’esprit de ce pauvre impérial…Entre l’énorme mensonge particulièrement insensé sur le vomi, et la fabuleuse démonstration du padawan de Torr…ce fut épique. Vous savez ce qu’on dit, peu importait le mensonge…ou l’histoire que l’on racontait…Ce qui comptait, c’était l’art et la manière de la raconter. Et mes compagnons Jedis étaient visiblement passés maîtres dans l’art de persuader leurs interlocuteurs.

Nous pûmes donc passer sans vraie difficulté l’épreuve du scan. Nous devions à présent faire en sorte de ne pas éveiller les soupçons…Nous gagnâmes la ferme des serveurs principaux, rien d’insurmontable jusque-là. Cependant lorsque nous nous retrouvâmes devant le ballet des droides qui étaient chargés des de veiller sur les serveurs je devais avouer que je sentis mon stress grimper d’un cran. Je n’étais plus du tout dans mon assiette dans ce rôle de technicien. Jouer les médecins et les chirurgiens ne me posais aucun problème…mais là c’était autre chose. Et j’étais nerveux…D’autant plus que je n’étais absolument pas un spécialiste de l’infiltration. Ça c’était le job de Kessel et la Plante Verte… J’espérais vraiment que ces jedis savaient ce qu’ils faisaient…

Un bruit métallique attira mon attention, je me tournais vers Torr qui étaient en train de démonter le droide d’aspiration pour récupérer les fameux sabres lasers. Il proposa de mettre à la place les traqueurs, ainsi le droide d’aspiration pourra nous accorder une petite diversion le temps que nous cherchions notre but. J’acquiesçais d’un geste de tête et mon traqueur vit rejoindre ceux des jedis et Torr put refermer et remettre en route notre aspirateur.

D’un geste, je sortis de mon attirail de technicien un badge à verrou magnétique adaptatif, avec un laps de temps de plus ou moins une minute. Il faisait parti de la panoplie pour cette mission.

- Avec ça on devrait avoir un certain nombre d’accès. Il faut trouver le MCCU, nous avons son identifiant. Je n’y entends rien en informatique, mon domaine à moi c’est la médecine et la chirurgie de guerre. Mais je suppose qu’il est potentiellement possible de trouver un terminal lambda pour au moins réduire notre investigation. Je montrais de mon pouce le terminal en question, j’imagine que nous avons affaire à un cluster informatique de type « maître ». Nous devons donc absolument passer par ce MCCU pour brancher ce truc (je désignais mon sac contenant l’unité de transfert portative) sans raccourci possible…Le tout sans se faire repérer sur le plan de la sécurité informatique...

Quel merdier. J’aurai mille fois préféré me retrouver sur le front actuellement à m’occuper de patients sous des tirs d’artillerie avec le minimum de matériel médical. Je frottais négligemment mes sinus ethmoïdaux, un toc que j’avais pris lorsque j’étais nerveux ou furieux.

- Vous savez faire ce genre de ... choses n’est-ce pas ? Demandais-je innocemment aux Jedis avec l’espoir d’une réponse…au mieux positive, au pire encourageante. L'optimisme n'était pas mon fort...du moins pas quand il me concernait directement. Ce qui ne m'empêchais pas de faire des leçon sur le sujet à mes patients...L'hôpital qui se foutait de la charité...On ne se refaisait pas...




Karm Torr
Karm Torr
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Eeeuh…
Pas, hm…
Pas exactement.
Voire pas du tout.
Voilà.


Ils étaient donc tous les trois devant le terminal comme un Hutt devant une paire de chaussettes.


Loé ? Peut-être que puisque nous, on sait pas faire, d’autres ont su le faire. Par le passé.
Ah ! Oui ! Évidemment.


(Comment ça, évidemment ?)


Mais le Padawan avait fermé les yeux. Petit à petit, il se plongea dans la Force, une main posée sur le terminal, pour en scruter non le fonctionnement, mais le passé récent. Après quelques secondes, il eut la vision clairvoyante d’un autre technicien, un vrai cette fois, qui se connectait à la machine. Il ne comprit pas grand-chose des tâches que l’homme y accomplissait, mais il retint au moins la ligne de commande à utiliser par afficher la carte du bâtiment.


À peine émergé de sa vision, le Kuati se précipita pour pianoter sur la console, de peur d’oublier ce qu’il avait vu. Quand il eut achevé sa manipulation somme toute élémentaire, la carte du bâtiment s’affichait devant eux. Elle n’avait été conçue que pour servir à l’usage du personnel informatique : on ne trouvait guère d’informations sur les différentes pièces, seulement la localisation des terminaux spécifiques, qui pouvaient exiger une intervention directe, en cas de problèmes.


Karm commença à les passer en revue :


Système de ventilation, non… relai holonet, non… analyseur de retraitement des eaux usées… non plus… ah, voilà… MCCU.


L’ordinateur était situé dans les sous-sols, quatre niveaux en-dessous du leur, au bout d’un couloir dont la carte ne donnait pas les spécifications.


C’est un drôle d’endroit pour ranger ça, non ?
J’imagine que c’est l’unité centrale. Le terminal d’accès doit être dans le bureau du Moff ou quelque chose comme ça, mais on s’en fiche, on a notre propre unité de transfert. Autant aller à la source, ce serait probablement plus facile. J’propose qu’on laisse les turbolifts de côté et qu’on emprunte l’escalier incendie. C’est parti.


À nouveau, ils s’engagèrent dans les couloirs. Karm gardait des souvenirs encore vifs du jour où il avait dû s’infiltrer dans un destroyeur impérial en pleine bataille spatiale. Pourvu qu’il puisse s’en tirer de la même manière.


Le dédale dans lequel les trois hommes évoluaient constituait la partie technique du complexe. Ici, pas de tapisseries ni de décoration, pas d’holoprojecteurs qui diffusaient les paysages naturels spectaculaires de la planète grenier, et pas de séduisantes esclaves destinées à pourvoir aux fantaisies des visiteurs : tous les couloirs étaient blancs, propres, et envahis par des droïdes techniques rudimentaires qui en assuraient mécaniquement l’entretien.


J’vous en prie, fit le Gardien à Balian, quand ils arrivèrent près de la porte qui donnait sur les escaliers de sécurité, dont l’usage était réservé au cas d’incendie incontrôlable.


Elle était protégée par un verrou magnétique dont il fallait espérer que la clé universelle fournie par la République viendrait à bout. Alors que le médecin se mettait au travail, Karm fit mine de s’absorber dans la lecture de son datapad.


Quelqu’un vient, souffla Loé après quelques secondes.
Ben y a nulle part où se cacher, alors poursuivons ce qu’on est en train de faire.
Vous êtes sûr ?
C’est ça ou tenter de se faire passer pour des droïdes.


Et en effet, une femme d’une cinquantaine d’années fit son apparition au détour d’un couloir. La raison de sa présence était évidente : elle scannait les droïdes les uns après les autres et vérifiait leurs données sur son datapad. Probablement un simple contrôle d’entretien.


Hé ! Vous, s’exclama-t-elle ! Qu’est-ce que vous fabriquez-là ?


Karm, qui n’avait pas vraiment le talent d’inventer des excuses une fois sorti du script soigneusement appris, opta pour la solution la plus simple :


On est des Jedis en mission et on infiltre la base pour voler des informations.
Très drôle, répliqua la femme avec un air pincé. Et moi je suis l’impératrice.


D’un geste de la tête, elle désigna Balian et son drôle de gadget.


Vous vérifiez le système incendie ?
Hmm hmm…
Il était temps. Activez-vous un peu, à ce rythme-là, vous n’aurez pas fini cet étage avec la fin de la journée.
On fait c’qu’on peut.


Sans rien répondre de plus, la femme reprit sa fastidieuse activité. Ce ne fut que lorsqu’elle eut disparu de l’autre côté du couloir que Loé souffla :


Maître ? Si elle contrôle tous les droïdes…
Ouais, j’sais, elle va finir par contrôler ceux dont on s’est servis dans la salle des serveurs. Vaut mieux pas s’éterniser.


Heureusement, avec un grésillement électronique, la porte de l’escalier s’ouvrit sans déclencher d’alarme et les trois Républicains purent commencer à en dévaler les marches.
Balian Atraïde
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- Eeeuh…
- Pas, hm…
- Pas exactement.
- Voire pas du tout.
- Voilà.

Je les regardais en écarquillant légèrement les yeux…C’était… :

- Génial…fis-je avec autant d’entrain que si on me proposait d’assister à un colloque sur les dernières pratiques de toucher rectal chez des Xénomorphes reptiliens…Nous étions comme trois cons devant ce terminal, à ne pas savoir comment ni quoi faire…Nous voila bien…terminais-je en croisant les bras.

- Loé ? Peut-être que puisque nous, on sait pas faire, d’autres ont su le faire. Par le passé.
- Ah ! Oui ! Évidemment.

Mais bien sûr…comment ne pas y avoir pensé plus tôt…J’allais être sarcastique, prêt à sortir une connerie du style « pas de soucis j’ai garé mon TARDIS deux couloirs plus loin », quand…je vis le padawan poser sa main sur le terminal et plonger au cœur de la Force. Existait-il un tel… « pouvoir » ? Une telle « capacité » possible ? J’oubliais souvent que les limites auxquelles j’étais soumis dans la Force ne valait certainement pas pour les manipulateurs de la Force. Et je devais bien reconnaître que je ne savais vraiment pas grand-chose sur ce dont les Jedis ou les Siths étaient capables en usant de leur plein potentiel…

- Je suis admiratif, réalisant alors que les prouesses de Loé venaient de nous être d’un grand secours.

Bientôt le MCCU fut localisé. Au sous-sol…(forcement). J’acquiesçais en silence à l’idée d’aller à la source pour y brancher notre unité de transfert. Pas de turbolift, mais les escaliers. Pas bête…nous devrions rencontrer moins de monde. Les couloirs immaculés étaient terriblement austères (ce qui n’était pas pour me déplaire) mais rendaient notre orientation plus difficile. Nous pouvions certes compter sur les identifications des couloirs que nous empruntions. Des droides d’entretien venaient parfois rompre la morosité de notre progression.

Enfin une porte qui donnait accès aux escaliers à incendie. Puisque c’était moi qui possédais le badge de déverrouillage magnétique, je me farcissais l’ouverture de la porte. Et puisque cela faisait un moment que je ne n’avais pas « râler » mon naturel revenait au galop :

- Bon…alors...tu vas t’ouvrir cochonnerie de porte… ? Sans blague…Si on en réchappe je ferai bouffer son stéthoscope à mon chef pour m’avoir « recommandé » dans cette dinguerie de mission…


- Quelqu’un vient…

- Manquait plus que ça…Y’a je ne sais combien de couloirs et d’accès possibles dans cette damnée forteresse, mais nan…il a fallut que ce soit celui-ci et maintenant…Chier…
-Ben y a nulle part où se cacher, alors poursuivons ce qu’on est en train de faire.
- Vous êtes sûr ?
- C’est ça ou tenter de se faire passer pour des droïdes.
- Vous avez de l’humour vous…fis-je avec une pointe d’ironie…

Notre visiteur ne tarda pas à pointer le bout de son nez. Ou plutôt : une visiteuse. Elle scannait les droïde, vérifiant leurs données.

Merveilleux… Quelle poisse. J’eus droit à une nouvelle démonstration de l’humour du chevalier Torr. Vraiment ce type était…particulièrement gonflé. Mais il était vrai que cela paraissait tellement invraisemblable que deux Jedis et un militaire républicain puissent être en train de pratiquer une sorte de…cambriolage pour voler des algorithmes à l’Empire…

Après nous sommer de nous dépêcher (compte là-dessus ma vieille), elle reprit le cours de sa mission. Loé fit part à son maître du gentil mini mais pourtant si crucial léger problème qui nous pendait au nez. Le droide aspirateur que nous avions laissé quelques couloirs plus tôt…

- Vu le nombre de droides de maintenance et d’entretien qu’on a croisé ça devrait l’occuper. Mais…HA ! (Le bruit du verrou mécanique qui se déverrouillait résonna comme une douce mélodie à mes oreilles) …on va presser le pas tout de même…

La porte s’ouvrit alors et je m’engouffrai dans l’escalier. Il nous fallait descendre quatre niveaux, ce qui n’était pas spécifiquement un problème. Par chance nous ne croisâmes personne dans notre descente vers les « Enfers » …Une nouvelle porte nous barra la route, mais rien d’insurmontable pour notre badge de déverrouillage mécanique. Ce truc – bien que d’une lenteur affligeante – était tout de même bien utile…

- Ha ben…un couloir…comme c’est original. Qu’est-ce que c’est pauvre comme architecture. Oui…je râlais à nouveau…Cela m’empêchais de stresser. Vous avez dit que le MCCU se trouvait au bout d’un couloir ? On peut peut-être espérer que c’est le bon ?

La carte à laquelle nous avions eu accès manquait de données sur la localisation exacte de notre « cible » mais qui sait…

Bingo...après une attente - interminable - pour déverrouiller une nouvelle porte, nous pûmes trouver le fameux cluster informatique...

- Waw...fis-je assez impressionné par la taille du fameux cluster modèle MCCU-0a4V qui s'étendait devant nous. Bon...passons aux choses sérieuses. Je sortis de mon sac l'unité de transfert portative ne sachant trop quoi en faire. J'imagine que c'est autre chose que de brancher le fil rouge sur le bouton rouge et le fil bleu sur le bouton bleu? Ironisais-je pour tenter de "détendre" un peu l'atmosphère.

Dire que je n'avais pas la moindre idée d'où je devais brancher ce truc était un euphémisme...



Karm Torr
Karm Torr
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Ah pour ça, par contre, on a bien appris notre leçon.

Loé hocha vigoureusement la tête. Étudier les dizaines de modèles possibles pour les terminaux standard eût été une entreprise bien vaine, mais le MCCU-0a4V était un engin assez spécifique pour que les Sentinelles de l’Ordre aient pris le temps de former leurs deux confrères sinon à son utilisation, de moins à sa composition spécifique.

Les deux Jedis entraînèrent donc leur collègue dans les travées des serveurs reliés entre eux au-dessus de leurs têtes par de minces faisceaux laser qui transmettaient les informations à la vitesse de la lumière. L’atmosphère était glaciale : de puissants refroidisseurs incrustés dans les murs luttaient contre le réchauffement de l’ordinateur.

Ici… ?
C’est cela. Il suffit de connecter votre appareil et d’essayer successivement les trois modes. Le décryptage peut prendre un moment, mais…

Inutile de finir sa phrase : plus ils s’éternisaient, plus ils risquaient d’attirer l’attention, soit parce que la contrôleuse de droïdes serait tombée sur leur création, soit parce que les informaticiens auraient détecté leur activité suspecte. La seule chose qui jouait en leur faveur, c’était le caractère improbable de leur infiltration.

Les minutes qui suivirent leur parurent sans doute interminables. Les deux Jedis s’étaient postés par de l’entrée de la salle, pour y faire le guet, tandis que le médecin républicain testait tour à tour les trois configurations de l’appareil fourni par ses supérieurs. Chacune d’entre elles moulinait pendant près de cinq minutes dans les données du MCCU.

Alors qu’ils étaient là depuis bientôt dix minutes, Loé murmura à son maître :

C’est impossible qu’elle n’ait pas trouver nos droïdes à l’heure qu’il est…
Impossible ou non, y a rien qu’on puisse y faire.
Je dois avouer que j’aimerais avoir votre calme.

Mais c’était sa toute première mission d’infiltration et on était loin des sommets diplomatiques qui avaient fait les premières années de sa formation. Karm, lui, avait acquis au fil des années cette dose de fatalité méthodique qui convenait à toutes les situations de crise : il fallait savoir accepter ce qu’on ne pouvait contrôler, et passer à la suite.

Heureusement, Balian refit son apparition. Le deuxième essai avait dû être le bon. Après avoir sondé le Mirialan du regard, le Chevalier Jedi ouvrit la voie dans le couloir.

Droïde, souffla soudainement Loé.

Pas d’issue. Toutes les portes autour d’eux étaient fermées et leur clé universelle avait besoin de temps. La salle du MCCU était trop loin derrière eux pour l’atteindre à temps avant que le droïde ne tourne l’angle du couloir. Alors en une fraction de seconde, le Gardien accomplit un bond prodigieux. Il y eut le vrombissement d’un sabre laser, un crépitement électrique, et l’instant d’après, Karm se tenait à genoux à l’autre bout du couloir, son sabre désactivé, à côté d’un droïde de maintenance aux circuits carbonisés.

Sans rien dire, il s’engagea au pas de course dans les escaliers. Le calcul était simple. Les informaticiens avaient probablement repéré une activité anormale du MCCU et ils avaient envoyé le robot pour effectuer ce qu’ils pensaient être des réparations de routine. Karm espérait que son attaque fulgurante avait été assez rapide pour que la machine n’ait rien transmis de ce qu’elle avait surpris dans le couloir. À partir de là, il leur restait quelques minutes pour récupérer leurs badges et lever le camp : le temps pour les informaticiens de décréter que le dysfonctionnement de leur robot était décidément suspect, et qu’il fallait enquêter avec les grands moyens.

Ils montaient les escaliers quatre à quatre, poussés par l’adrénaline, mais en débouchant dans le couloir blanc, il fallut bien freiner et reprendre son souffle, pour éviter d’éveiller de nouveaux soupçons, si d’aventure ils croisaient quelqu’un.

Loé ne pouvait détacher son esprit de la contrôleuse et Karm percevait sans peine la tension de son Padawan. Il lui adressa un bref regard. Et puis, une vingtaine de mètres plus loin, ils entendirent quelqu’un bougonner. Quand ils tournèrent dans le couloir suivant, elle était là, penchée sur un droïde renversée.

Un problème ?
Ah ! C’est vous.
Comme vous voyez.
Regardez moi ça. Non mais regardez moi ça.

Karm regarda, sans savoir ce qu’il regardait.

Pas étonnant, n’est-ce pas !
Euh. Ouais. Pour sûr.
Mille fois je leur ai dit qu’on ne pouvait pas affecter n’importe quel droïde dans n’importe quel droit. Les pinces de progression extérieures sont faites pour la pierre, pas pour les couloirs de maintenance. Elle a fait des rayures partout. Ah, ils vont m’entendre, au centre de contrôle.
Je serais vous, fit Loé qui y voyait une chance de surcharger le fameux centre avec un appel inutile, je les appellerais tout de suite. Dieu sait combien de robots de ravalement de façade sont en train de jouer les balayeurs à l’intérieur.
Vous avez raison, s’exclama la contrôleuse en se redressant, comme tous les gens énervés qui se laissent aisément convaincre quand il s’agit de faire retomber leur colère sur quelqu’un d’entre eux. Ah, vous avez raison. Ils vont m’entendre, ces énergumènes ! Voyous ! Vandales !

Et comme elle dégaina son comlink d’un geste rageur, les trois hommes en profitèrent pour s’engouffrer dans la ferme de serveurs où ils avaient laissé leur drôle d’aspirateur et leurs traqueurs de mouvements.
Balian Atraïde
Balian Atraïde
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- Ah pour ça, par contre, on a bien appris notre leçon.

La Force soit louée. Je les suivis à travers les allées du cluster, totalement perdu face à tout ce bazar informatique. Des diodes vertes, d’autres rouges, certaines fixes, d’autres clignotantes, des faisceaux verdâtres, et autres lueurs agressaient mes rétines. Mes yeux ne savaient où se poser ni où s’arrêter. Je frissonnais. Voir toutes ces grappes d’ordinateurs avait quelque chose d’à la fois fascinant et terrifiant. Fascinant en raison de la prouesse technologique et de la masse de données en traitement. Terrifiant tant sur l’ampleur du système, que sur le type de données qu’il pouvait contenir.

- Ici… ? Demanda Karm
- C’est cela. Il suffit de connecter votre appareil et d’essayer successivement les trois modes. Le décryptage peut prendre un moment, mais…

- Ok…ok…Voyons ce que ce truc à dans le ventre, fis-je en brandissant mon unité de transfert portative. J’avisais le terminal que me désignaient les jedis. J’étais hésitant…si jamais cela ne fonctionnait pas ? Avec la chance que j’avais j’en était arrivé à craindre que sitôt mon UTP branchée, sitôt une alarme se déclencherait et on serait faits comme des rats. Je soupirai…Quand faut y aller…murmurai-je à moi-même tandis que mes deux compagnons s’éloignaient pour surveiller les alentours.

Je retins ma respiration, et branchais l’UTP. Pas d’alarme…Ouf…J’entrai l’ordre de démarrer le scan blackbox des algorithmes contenus dans le MCCU afin de trouver ce que nous recherchions.

> Scan en cours …


Il me restait à présent à choisir le mode par lequel je souhaitais débuter.

- Au pif…murmurai-je en sélectionnant un des trois choix qui s’offraient à moi.

> Sélection mode : RC72
> En attente…
> Traitement en cours…



J’observais la formidable machine se mettre en quête de l’ordre que je venais de lui donner. C’était cependant désespérément lent. Je ne cessais de lever les yeux pour observer autour de moi, je n’étais vraiment pas à l’aise. Au bout de cinq – et interminables – minutes j’obtiens un résultat négatif. Il me fallait choisir un autre mode.

- Bon sang… Essayons celui-ci…


> Sélection mode : RC73
> En attente…
> Traitement en cours…



- Allez…allez…A ce rythme-là on va prendre racine ! Saloperie de machine à la con…Je te jure que si tu ne fonctionne pas, je te démonte à grands coups de tatane dans la tronch…



*Bip*


Une diode verte venait de s’allumer sur l’UTP.

- Ha ! ben voilà, tu vois quand tu veux…terminais-je avec malice. Comme si insulter de tous les noms le MCCU avait servi à quelque chose. Mais qu’importait. Cela avait fonctionné. Je récupérais mon matériel et rejoignis les Jedis. Nulle parole nécessaire, il nous fallait foutre le camp et en vitesse.

- Droïde murmura le padawan.

La sollicitation du cluster avait dû éveiller les soupçons.
Impossible de l’esquiver, de faire machine arrière, bref…c’était la merde. C’est alors que je vis le chevalier Torr accomplir un bond prodigieux, un vrombissement caractéristique, et quelques secondes plus tard le droide était fumant au sol et dégageant une odeur d’alliage fondu. Je devais bien avouer que voir un Jedi en action cela faisait toujours son petit effet. Je repensais au dernier combat dont j’avais été témoin et qui incluait un Jedi, c’était lors de ma rencontre avec le Chevalier Luke Kayan. Pas le temps d’épiloguer.

L’escalier. On fonçait, montant les marches quatre à quatre. Et nous tâchèrent de reprendre notre souffle afin de ne pas éveiller les soupçons en revenant dans le couloir que nous avions emprunté un peu plus tôt. Il s’agissait de retourner récupérer nos traqueurs et notre droide aspirateur « plein de vomi ». Mais en chemin nous croisâmes la technicienne dont nous avions fait connaissance un peu avant. A quelques mètres de notre destination. Elle semblait contrariée. Rajouter de l’huile sur le feu et diriger sa colère sur autre chose que nous-même fut une bonne idée.

Cela nous accorda un peu de temps pour regagner la ferme des serveurs. J’accordais quelques secondes aux Jedis pour remettre leurs armes dans le droide, et récupérer les traqueurs, prenant le mien au passage.

- Bonne chose de faite. Maintenant faut sortir d’ici. Je regardais l’heure, on doit se rendre à la clinique Muxley, on a rendez-vous à 17h20 avec le docteur Uhjiko. Spécialiste des traitements infectieux. Je ne serai pas fâché de retrouver ma fonction de médecin. Si on vous demande plus de détail, la fièvre de Tanamen fera l’affaire. Elle n’est pas mortelle…normalement…C’est un vrai fléau, très contagieux, et j’ai entendu dire qu’il se répandait de nouveau dans certains secteurs. Il est très difficile de s’en débarrasser, il mute rapidement, et s’adapte. Symptômes : affaiblissement général, vertiges, fatigue prononcée, hallucination chez certains patients, et une toux à vous décrocher les poumons.

Une joyeuseté…

Karm Torr
Karm Torr
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Ce fut avec une sérénité typique des Jedis, c’est-à-dire absolument horripilante, que Loé et Karm ouvrirent une marche qui, dans les couloirs d’une forteresse ennemie qu’ils venaient de hacker tous les trois, devait à bon droit leur paraître interminable. Karm avait connu trop de batailles et des trop violentes pour paniquer et Loé se plongeait dans une méditation diffuse pour conserver le contrôle de ses nerfs.

Ça s’est bien passé ?
Ouais, répondit le Jedi au garde qui, une fois leur matériel déposé sur le tapis roulant, entreprit de les fouiller consciencieusement, pour s’assurer qu’ils n’emportaient avec eux rien de suspect.

En réalité, c’était une entreprise un peu vaine et il s’en rendit compte en ouvrant la boîte à outils des trois techniciens. Comment diable était-il censé savoir s’il y avait quelque chose de suspect dans tout ce bric-à-brac électronique ?

Dites donc, fit Loé, incapable de rester silencieux, alors que l’homme remuait les vibro-ceci et les sonico-cela. Celle qui contrôle les droïdes, là. Elle est toujours, comment dire…
Ah, m’en parlez pas, maugréa le garde en relevant les yeux. C’est elle qui fait l’inventaire de tout le matériel dans cette baraque. L’autre jour, elle a inspecté le PC sécurité et maintenant, on retint sur notre paie trois datadisks vierges qui manquent.

Trois datadisks qu’il avait utilisé pour graver des holofilms, certes, mais la question n’était pas là. Si on ne pouvait plus voler en paix le petit matériel de son employeur, où allait donc la Galaxie ?

Ça craint, compatit le Padawan.
Je vous le fais pas dire.

Le garde referma la caisse à outils et la leur rendit.

Oubliez pas de remettre vos localisateurs à l’entrée.

Karm hocha la tête et ils purent enfin quitter le bâtiment. Trois minutes plus tard, ils rendaient leurs traqueurs. Encore deux minutes, et ils se retrouvaient en pleine rue. Cette fois-ci, le Padawan ne put retenir un soupir de soulagement.

Dis donc, fit remarquer son maître, alors qu’une nouvelle fois, il s’engagea du pas sûr de l’explorateur dans le dédale des rues, t’es sacrément doué pour la manipulation, toi.
Doué ? Oh, je ne dirais pas ça… Et puis ce n’est pas vraiment de la manipulation, disons plutôt que… Je suis habitué à assurer que les choses se déroulent de manière pacifique.
La frontière est floue.
Parfois, les distinctions reposent moins sur la méthode que sur les intentions, argua le jeune homme.

Drôle de dynamique pour un maître et son Padawan que cette conversation où le premier laissait toute liberté au second de le contredire. Karm cependant ne parut pas se formaliser, mais il fallait bien avouer que son impassibilité apparemment perpétuelle le rendait difficile à décrypter.

Les trois faux techniciens s’engagèrent dans un parking souterrain, qu’ils descendirent jusqu’au dernier niveau, pour gagner un recoin sombre où attendait la carcasse d’un vieux speeder probablement hors d’usage. Le Gardien en ouvrit le coffre, pour en tirer des vêtements de civil qui attireraient moins l’attention que leurs tenues commerciales. Les agents de la République sur place avaient fait du bon travail, mais leur soutien n’allait guère au-delà de la logistique de base. Et de l’exfiltration, fallait-il espérer.

Les sabres lasers dissimulés sous les nouvelles tenues, le trio reprit la route de la sortie. Il ne leur restait plus qu’une demi-heure pour atteindre la clinique Muxley.

Loé ?

Le Padawan hocha la tête. Petit à petit, il commença à faire abstraction de son environnement. Il marchait tout près de son maître, pour se laisser guider par lui, mais pour sa part, son attention se fixa sur la Force, à la recherche des menaces qui les entouraient. Si quelqu’un les suivait, il espérait pouvoir le repérer de la sorte. Karm, lui, se tenait prêt à agir, l’arme à la main s’il le fallait.

Les Jedis imposèrent une halte non loin de la clinique, pour s’assurer qu’elle n’était pas surveillée. Les mains dans les poches, l’Ark-Ni fixait l’établissement, dont la silhouette peinte d’un vert passé se détachait au milieu de l’immeuble gigantesque qui l’abritait. Au bon d’un moment, Loé secoua la tête et les trois hommes traversèrent la rue pour gagner la réception.

Bonjour, délicieux visiteurs, gazouilla le droïde d’accueil.
Délicieux ?
Je suis Pustulent-23, droïde médical. Je connais plus de 7 billions de maladies.
Pas du tout anxiogène…
Vous venez consulter pour un cas d’albinisme ?
Hey, t’as quelque chose contre mes cheveux ?
Ou peut-être un léger nanisme ?
Pustulent ! Un peu de tenue !

Une infirmière sortit d’une salle voisine pour venir asséner un petit coup sec à l’arrière du crâne de la machine.

Désolée, dit-elle en se retournant vers le Jedi. Depuis qu’on a notre nouveau scanner, les résonances magnétiques perturbent ses processeurs et il a développé un sale caractère.
Ce n’est rien, assura aimablement Loé.
Ouais, ben parle pour toi, hein.
Nous avons rendez-vous avec le docteur Uhjiko. À 17h20.
Voyons voir.

L’infirmière se pencha sur la console de réception, pour parcourir la liste des patients.

Ah, oui, voilà. Trois cas de maladies vénériennes hautement contagieuses.
En effet, reprit d’un ton docte Pustulent-23, la nécrose boursouflante du scrotum, aussi appelé la gratte-Wookie, est une infection des…
Et donc, le docteur Uhjiko ?
Par ici, je vous en prie.

On les conduisit dans des couloirs aseptisés qui sentaient la piscine publique. Quelques mètres plus loin, ils furent interrompus par une femme dont le visage était enroulée dans des bandelettes.

Mon nez ! Vous n’auriez pas vu mon nez ?
Madame Schtroumpfhegel, pour la cinquième fois, on vous le rendra quand nous aurons fini de le désinfecter.
Ah, on était mieux servis sous la précédente impératrice ! Satanés beatniks !

L’infirmière ne répliqua rien de plus et finit par toquer à une porte.

Entrez.
Docteur, vos trois scrotums, annonça l’infirmière d’un ton solennel.
Ah, bien, bien, fit le Vultan, j’avais justement un trou dans mon emploi du temps.

Bientôt, le médecin et les deux Jedis furent laissés seuls… hé bien, avec l’autre médecin. Le Dr. Uhjiko releva vers eux son regard presque blanc. Il y eut un silence prudent, puis le médecin dit d’un air dégagé :

Le fond de l’air est frais, aujourd’hui.
C’est un temps à faire friser un bantha.
On est à son aise avec une petite laine.
Rien ne vaut un bon bain de pieds.

Ces phrases de code ayant été dûment échangées à la satisfaction collective, le docteur hocha la tête avec une expression déterminée, puis murmura :

Le temps presse. Ne me dites pas si vous avez réussi ce que vous venez faire. J’ignore d’ailleurs tout de votre mission. Prenez ces holos d’identification. Vous avez officiellement la fièvre de Tanamen.
Je croyais qu’on avait les scrotums enflammés.
Inflammés, corrigea machinalement le Padawan.
Ça, c’était une excuse pour la clinique, pour éviter qu’on ne se penche sur vous de trop près. Vous allez vous mêler à mes patients, pour pouvoir pénétrer dans l’astroport. Ensuite, vous vous détacherez du groupe, avant les contrôles sanitaires et… Pour la suite, je n’en sais rien non plus.
Donc faut qu’on tousse ?
S’il vous plaît. Et une ou deux hallucinations seraient du meilleur goût. Venez, je vais vous conduire au transport médicalisé.
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