Luke Kayan
Luke Kayan
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La mission rendait Luke mal à l'aise, d'ailleurs, elle avait de quoi mettre n'importe quel Jedi mal à l'aise car elle était le doigt accusateur que tout détracteur envers leur Ordre pouvait pointer. Eyclone avait trahi. Pire, il avait assassiné, pas au nom d'idéaux dispensés par une structure corrompue comme l'Académie Sith. Non, l'ancien Jedi avait juste décidé de répondre à des pulsions que nul n'avait vu parmi les Sages du Conseil, ou plutôt si, mais beaucoup trop tard et de manière trop diluée. Personne ne soupçonnait à l'époque qu'Eyclone passerait de la cruauté sur les animaux aux massacres de prostituées dans les bas-fonds de Nar Shadaa, sans quoi il aurait certainement été interné ou surveillé par les autorités au lieu d'être juste invité à rendre son sabre-laser. L'homme, d'ailleurs, en disposait d'un nouveau selon la victime qui avait réussi à s'échapper de ses griffes. Il se servait de cette arme symbolique pour trancher poignets, gorges, transpercer les coeurs, au grand plaisir, sans doute, des détracteurs de l'Ordre qui jouaient les offusqués. Un tueur en série qui ne cachait pas son ancienne appartenance aux Jedis sensément si purs, c'était de l'or baigné dans du corthose.

L'intelligence de l'individu laissait supposer que chacun de ses gestes étaient choisis, de prime abord, le Hapien soupçonnait d'ailleurs un désir de vengeance envers l'Ordre qu'il salissait lors de ses actes, mais pire encore, il dérobait des vies. Si dépravée soit l'existence de ces femmes faciles, il était inconcevable de les laisser continuer à se faire assassiner ainsi. Hélas, Eyclone avait parfaitement choisi son terrain de chasse: ses proies étaient trop affamées pour fuir le danger, elles louvoyaient comme elles le pouvaient afin d'essayer de continuer à trouver pitance malgré les risques. Ainsi, les tueries n'avaient pas provoqué la désertion des bas-fonds, où filles de joies et clients se rencontraient à la sauvette. Tout juste étaient-elles plus prudentes, refusant de suivre le payeur dans un recoin suspect ou se faisant accompagner. Bien maigre défense face à un ancien Jedi, formé depuis sa prime enfance. Une arme redoutable que personne ne savait arrêter, là où un autre tueur aurait déjà été appréhendé. C'était d'ailleurs un des points clés des accusateurs les plus extrêmes qui campaient sur leur position: les utilisateurs de la Force devaient être contrôlés par le Gouvernement Républicain sans recevoir de formation visant à les rendre encore plus efficaces. Hormis l'apprentissage de la maîtrise de soi frôlant d'ailleurs la robotisation desdits enfants "atteint" de la maladie des Midichloriens, on ne devait surtout pas leur permettre de se servir de leurs capacités. Il fallait au contraire les endormir, les briser, les rendre inoffensifs au possible comme de bons citoyens qui se respectent.

L'ambiance était donc tendue, surtout sur Nar Shadaa qui n'avait pas un passé de collaboration spécialement développé avec les autorités, surtout étrangères. Luke avait donc eu du mal à convaincre le gouvernement de laisser une nouvelle équipe débarquer sur leur planète. Le premier, un unique Gardien envoyé dans le but de rester discret -pour ne pas aviser Eyclone- mais aussi convaincre le Gouvermement frileux, ne parvenait pas à anticiper les gestes du tueur. Byram avait donc demandé l'aide de l'Ordre qui avait répondu favorablement. S'il l'avait pu, ce dernier aurait certainement envoyé un régiment complet, une armée pour retirer cette épine honteuse, vénimeuse de son pied mais ça avait été impossible. Grinçant des dents, Nar Shadaa avait accepté que la maître See'Ryl, la Padawan Helena Sword et Luke Kayan (qui les avaient convaincu de les accueillir sur le sol.) viennent en aide à Maître Byram U', un humain quinquagénaire, expérimenté, peu locace mais très efficace.

Le blond arriva au hangar bien en avance, il en profita pour s'adosser à la carlingue de leur vaisseau, une modeste navette légère, aménagée pour leur permettre de ramener le prisonnier. Son comlink sonna dans le vide. Maître U' ne répondait pas, alors qu'ils devaient débarquer dans quelques heures. Après de longues semaines de communication sur le profil du tueur, c'était suspect. Luke rangea son appareil pour entreprendre de vérifier son paquetage, c'était un des inconvénients d'être aveugle, adepte de la Force ou non, mais ça ne le dérangeait pas. Le jeune homme avait d'abord appris à intégrer cette tâche dans son quotidien, à s'y résigner, puis il y avait trouvé un certain réconfort. Cela lui exigeait peut-être plus de temps et de discipline mais il se détendait, concentré sur le simple devoir de réviser tous les articles. Au toucher, il reconnut la lampe solaire d'explorateur offerte par Karm pour ses compagnons de travail, son comlink de rechange, quelques vêtements-civils pour ce travail où se fondre dans une masse réfractaire aux représentants de l'Ordre serait primordial.- des capsules nutritives, son matériel de soins. Il eut plus de mal pour les dossiers mais Bip qui l'accompagnait se chargea de les scanner pour lire les titres au Consulaire qui les connaissait de mémoire. Normalement, il en aurait profité pour emmener du travail extra, parce que cette mission d'accompagnement en seconde ligne lui en laisserait le temps, toutefois, Nar Shadaa requérait une grande prudence, hors de question que des documents tombent entre les pattes de certains fouineurs.

Le jeune homme finit son paquetage, passa sa jambe entre la bandoulière afin de ne pas perdre son sac puis se redressa. Ses compagnons allaient arriver d'un instant à l'autre désormais, il ne voulait pas les accueillir avec une pose négligée. See'Ryl était une Maître, sérieuse, sévère et carrée pour laquelle Luke avait de l'admiration -un peu comme pour tous ses aînés lui semblant posés, sages, honnêtes d'ailleurs.-. Il l'avait peu cotôyé mais avait pris plaisir, dans ses premières années de Chevalerie, à travailler sur des rapports avec elle. Son but était alors simple: fournir des documents ordonnés, soigneusement rédigés, vérifiés, ne somme de travail colossale aux yeux de certains, mais très faciles pour Luke. Avec ces objectifs clairs, il ne comptait pas ses heures, valorisant plutôt le fait de ne pas avoir à entamer de relation personnelle, de ne pas entâcher son professionnalisme avec des semblants sociaux ou des blagues. Son amabilité formelle de jeune Jedi bien éduqué suffisait, et seule son efficacité comptait. Il avait donc beaucoup appris aux côtés de l'humaine.

Quant à Helena, le Chevalier n'était pas spécialement ravi à l'idée qu'elle vienne. C'était une élève appliquée, sérieuse et si sensible qu'elle pourrait leur émettre des hypothèses intéressantes sur le caractère du meurtrier. Un peu de spontanéité serait aussi favorable qu'un rayon de soleil dans les sombres quartiers de Nar Shadaa. Or, là résidait précisément le problème: La planète était dangereuses, les citoyens majoritairement retors. Luke la détestait, avec ses odeurs suspectes, nauséabondes qui surgissaient d'endroits insoupçonnés, les âmes désespérées se mêlaient avec celles prédatrices, tendues comme des rancors, prêtes à déchirer les premières. Ce n'était pas l'endroit pour une Padawan, si douée fusse-t-elle dans la maîtrise de la Force, si avancée soit sa formation. En réalité, c'était une expérience utile à Helena qui n'avait plus besoin d'être couver, mais Luke ne se faisait sans doute pas à l'idée de la mettre en danger avec pour unique barrière, le sabre-laser de son ami gardien. Heureusement See'Ryl bien plus apte serait là, mais l'idée réconfortait à peine le Hapien, sans compter un certain malaise. Apparemment la jeune Sword avait enfin abandonné le désir qu'il devienne son maître, du moins il avait tout fait pour lui expliquer que la personne qui lui conviendrait était la si sérieuse et prestigieuse Consulaire qu'il prévoyait de lui faire rencontrer, ou un autre. Peu importe qui, du moment que ce n'était pas lui, incapable de garder sous son aile un ancien membre d'EduCorps qui avait choisi un autre mentor.

Cette mission décidée par le Conseil ne risquait-elle pas de renouveler l'espoir de la jeune fille qui se fourvoyait clairement? Luke s'en inquiétait un peu, d'autre part, See'Ryl n'avait pas d'apprentie. Pourvu qu'elle en cherche une, ce serait peut-être l'occasion que toutes deux se rapprochent. Sous sa protection, Helena serait une privilégiée car les faits de la Maître étaient irréprochables. C'était une Jedi complète, maniant aussi bien le sabre que le verbe ainsi que la technologie où lui n'avait fait que de relatifs progrès -notamment pour craquer des codes d'ordinateur ou examiner les contenus cachés.-.

* On verra*

S'efforçait-il de penser en se recentrant sur le vrai but de la mission: aider des prostituées qui se faisaient massacrer à chaque coin de rue. De base, Luke connaissait son travail: assembler des éléments, former des hypothèses, dessiner un profil sensé aider Byram U' à coincer par la force l'individu. See'Ryl apporterait la technologie indispensable à une traque efficace, tandis qu'Helena apprendrait, enrichissant ses connaissances grâce aux divers domaines aborder: les négociations, le profilage, la stratégie, le combat -du côté de Byram plus précisemment-. Elle aurait de quoi éclaircir ses désirs jusque là confus. Trouverait-elle cette voie qui la ferait vibrer et maintenir son rôle au sein du Temple des années durant une fois Chevalière puis maître? L'occasion était magnifique, autant le reconnaître.

- Bonjour, Maître Asho'Tye, Helena.

Le R2 jaune et blanc, immobile, roucoula doucement, intrigué par le profil des deux nouveaux venus qu'il scanna avec soin. En guise de salutation, il leur offrit quelques clignotement de diode ainsi qu'un léger biiip presque intimidé. Les instructions de son maître avaient été claires: il devait demeurer calme sous peine de ne plus jamais être emmené. Aujourd'hui, il venait en guise d'ordinateur portable et autonome, capable de récolter des informations à la voler. Il servirait aussi pour directement les copier, les envoyer au Temple au cas où si des intrus infiltraient la chambre d'hôtel qui leur servirait de QG (Réservée et préparée par Byram).

- Les vérifications préliminaires ont été faites tôt ce matin, notre matricule est bien enregistré par les autorités de Nar Shadaa et la cellule prévue pour le prisonnier est solide, adaptée à sa Sensibilité à la Force. Le Lumière peut décoller.


Indiqua Luke, serein et pratique, ce qu'appréciait See'Ryl, ce qu'il appréciait lui. Une onde de Force voyagea par automatisme de son être à celui d'Helena, un peu plus chaleureuse, et surtout spontanée. Peut-être, non sans doute parce qu'au fond il était content, presque rassuré de la voir.

L'équipe, au complet désormais, s'apprêtait à plonger dans les entrailles d'une planète monstrueuse pourtant terrorisée par les massacres d'un ancien Jedi. C'était en tant que victime qu'elle se ferait aborder.
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La dernière mission de la jeune fille remontait à l'époque de son ancien maître. A l'échelle d'une vie, ce n'était pas si lointain, mais pour une adolescente ça semblait être une éternité. A chaque mandat elle prenait de l'expérience et de la maturité, elle n'était plus la même que lors de sa première fois. Tant de choses avaient changé et pour la première fois elle ne serait plus le compagnon de son défunt mentor. Helena parvenait habituellement à passer outre cette tristesse, mais dans ces conditions elle n'arrivait pas à enfouir ses émotions. Le côté positif c'était qu'elle accompagnerait Luke Kayan, le chevalier jedi qui acceptait de s'en occuper en attendant de lui trouver quelqu'un de plus "adéquat". Agir aux côtés d'un consulaire pouvait être très instructif, la blonde étant plus habituée aux méthodes des gardiens. L'occasion était parfaite pour faire ses preuves devant le chevalier aveugle et le faire changer d'avis sur la nature de leur relation.


Nal Hutta était moins célèbre que sa lune Nar Shadaa, ou plutôt elle était encore plus tristement célèbre. La lune était fréquentée par une grande partie de la galaxie cherchant à dépenser son argent ou espérant gagner une vie meilleure, infesté par la pègre et dominé par les Hutts. Hutta en revanche... Personne, hormis les limaces géantes, n'allait sur cette planète par envie. Des marais chauds et des vapeurs toxiques parsemaient la surface d'un monde ravagé par les querelles entre seigneurs de la pègre. L'esclavage y était courant, la planète n'appartenant pas à la République. Helena n'avait encore jamais rencontré de Hutt et s'efforçait de ne pas avoir de préjugé sur eux, mais c'était très compliqué. Si l'avarice et le crime était l'apanage d'un seul individu on aurait excusé le reste de l'espèce, pourtant il semblait que l'ensemble des Hutts se livraient à ce genre de pratique.


L'enfant réfléchissait à comment bien aborder la mission. Elle tentait d'envisager un maximum de possibilité afin de réussir le meilleur paquetage possible. Ainsi elle s'emprra d'un respirateur pour éviter les gaz toxiques, d'un communicateur; ça semblait évident, de tenue plus discrète que celle de l'ordre; les jedis n'étant pas les bienvenus, de ration et de son sabre laser. Elle l'activa pour voir cette lumière cyan éclairer la chambre. L'ultime héritage de son passé, elle soupira en le désactivant. Elle bondit sur ses deux jambes, sac sur les épaules.

"Vous serez fier de moi, je vous le promets!"

Helena ferma les yeux quelques instants, espérant que sa promesse puisse être entendue. La jeune fille se précipita ensuite vers le hangar où elle avait rendez-vous. Dans sa hâte elle percuta un meuble innocent ce qui lui valut une jolie marque violacée au tibia. Ca faisait des semaines qu'elle logeait ici et pourtant le mobilier semblait changer de place chaque nuit pour lui tendre de nouveaux pièges. L'adolescente reprit la route plus calmement en pensant aux enseignements du chevalier Kayan. Il était aveugle et ne percutait pas tout ce qui traînait, lui! La padawan fut accueillie par un bonjour avant même qu'elle ne puisse dire quoique ce soit. De plus, elle n'avait pas remarqué la présence de l'autre individu, Maître Asho'Tye qui participait également à la mission. Elle s'inclina devant cette Jedi inconnue.

"Helena Sword. C'est un honneur de vous rencontrer et de partager une mission à vos côtés. Vous observer sera une excellente leçon pour moi."


Elle savait peu de choses sur cette dame, mais son rang n'était pas le fruit du hasard. La voir en action serait tout aussi instructif que les tutorats prodigués par l'Hapien. Helena se redressa et s'inclina de nouveau en direction de l'aveugle. La Force la guidait vers cet homme, elle en était convaincue. La sensation qu'elle ressentait à ses côtés, indescriptible, similaire à la dernière séance de méditation. Elle s'exprima avec un grand sourire.

"Maître Kayan! Je suis heureuse d'être à vos côtés de nouveaux. Elle se redressa et regarda le droïde. Puis-je?"

Elle n'attendit pas de réponse et posa sa main sur le R2 pour le caresser. Beaucoup ne voyaient que des outils performants en regardant des droïdes, tandis que l'adolescente y voyait des êtres vivants à part entière. Pas de sang ni d'organes, résultant d'une création et né pour servir, pourtant la personnalité variait de l'un à l'autre. Ce n'était peut-être que le résultat d'une programmation très aboutie, mais la jeune fille ne concevait pas qu'ils aient au moins l'équivalent d'une âme.

"T'es trop craquant toi, c'est quoi ton nom?"

Le chevalier avait déjà tout préparé, le vaisseau, la cellule et les autorisations. A ce moment précis elle ressentit qu'elle n'était qu'une enfant jouant à l'adulte. Elle décida de rester aux côtés du droïde pour ne pas gêner la conversation des véritables jedis et attendit la suite des instructions. Sans bien comprendre pourquoi elle ressentit une onde chaleureuse la parcourir et regarda instinctivement l'aveugle. Immédiatement ses doutes furent dissipées et elle afficha un grand sourire. Une nouvelle aventure, de nouveaux compagnons, une culture et un monde à découvrir. Le tout sous la surveillance et les conseils avisés de Luke.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Une nouvelle mission que See’Ryl avait accepté sans ressentir le moindre malaise. L’Arkanienne n’éprouvait pas le moindre remord à l’idée de couper la branche pourrie qui menaçait l’arbre millénaire qu’était l’Ordre Jedi. Si l’on voulait pouvoir offrir des conseils et donner des leçons, mieux valait-il balayer devant sa porte avant. Peut-être était-ce à cause de ce détachement total qui avait poussé le Conseil à valider sa participation. Ou peut-être était-ce un moyen de la tenir éloignée à la fois de Coruscant et d’Ondéron. Après tout, c’était la troisième fois en un temps assez court que la jeune femme était ailleurs. Comme les deux autres occasions, elle avait transmis l’information à Balian et à Den afin d’éviter qu’ils ne s’inquiètent. Voilà aussi une action qu’elle n’aurait jamais pensé faire avant l’incident dans les hangars militaires. Informer des gens, des amis. Des êtres avec lesquels un lien s’était tissé et, s’il avait d’abord été ténu, s’était renforcé bien plus rapidement qu’elle ne s’y était attendue. Au point qu’elle se sentait perturbée dans le monde solitaire qui était le sien et qui se retrouvait chamboulé par deux hommes.

Ainsi, les diverses missions acceptées récemment permettait à See’Ryl d’ajouter quelques lignes de plus sur son cursus au sein de l’Ordre Jedi. Sa conversation avec Den avait mis en lumière combien son existence était morne bien que le dubravan ne lui en ait pas fait part… Non, c’était elle-même qui était parvenue à ce constat. Au point qu’elle avait eut envie de bouger un peu. « Administratrice, ma mise à jour est terminée. » La voix de Légion résonna et la coupa dans ses réflexions silencieuses. See’Ryl acquiesça rapidement et vint débrancher les câbles. En prévisions de leur passage sur Nar Shadaa, l’Arkanienne avait pris soin de retirer les datablocs les plus sensibles de son droïde. Elle les avait remplacé par d’autres programmes et en attendant la fin de la mise à jour précédée d’une sauvegarde, elle avait occupé son temps en préparant ses affaires. L’annonce de Légion tombait pile avec la fermeture de son sac.

Elle traversa les couloirs silencieux du temple sans être couverte du manteau Jedi qui dissimulait habituellement sa combinaison. Vu où elle allait, See’Ryl n’estimait pas nécessaire de hurler sur tous les toits malfamés ce qu’elle était. A cette fin, elle était prête à parier qu’au moins l’un de ses deux partenaires allait faire en sorte, volontairement ou non, que la rumeur circule. Bientôt parvenue jusqu’au Lumière, See’Ryl hocha simplement de la tête. « Chevalier Kayan. C’est un plaisir. » Au ton de sa voix, on pouvait légitimement douter de la véracité de l’annonce. Cependant, See’Ryl s’était toujours exprimée ainsi… de sorte que l’on ne pouvait pas lui reprocher une quelconque implication émotionnelle avec qui que ce soit. Jusqu’à Den et Balian songea-t-elle. « Padawan Sword. » ajouta-t-elle avec la même intonation. Pas de réponse au sujet de l’honneur de partager une mission ou l’observation.

Sans même qu’elle ne lui en ait donné l’ordre, Légion s’était installé là où il gênerait le moins dans l’habitacle. L’arkanienne, avant de s’asseoir, avait salué le R2 tout en écoutant Luke. C’était reposant, quelqu’un d’aussi compétent. Il avait le sens pratique et ne s’encombrait pas de détails superflus. « Allons-y… » suggéra-t-elle. Elle perçu la vague de force allant de Luke à Helena et n’en fit pas le commentaire, se contentant d’un rapport « Légion est programmé pour se fondre dans la masse. J’ai poussé ses capteurs et transmetteurs au maximum. » D’un léger mouvement de tête, elle désigna son sac, plus gros que celui de ses compagnons. « Et il y a plusieurs petits… droïdes de pistage et de repérage. Je finirais leur programmation et leur assemblage sur place. »

Sans détourner son regard du panneau de commande, See’Ryl lâcha ensuite « Et si au lieu de trouver le R2 craquant vous vous installiez correctement ? » Du See’Ryl dans toute sa splendeur. Et qui n’avait même pas été prononcé avec animosité. Toujours ce ton monocorde et neutre qui était le sien.
Luke Kayan
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La réponse ne se fit pas attendre, Bip émit une série de petites trilles courtes et irritées. Qu'on le touche sans avoir la permission de son maître ou la sienne semblait lindigner profondément. Était-ce sa propre nature ou celle, timide aux approches de Luke qui l'influençait? Toujours est-il qu'à l'image du blond, l'auto-proclamée mascotte du Temple désaprouvait le manque de politesse. Par chance, c'était aussi et surtout une petite machine enjouée, curieuse qui aimait vaquer dans les couloirs à la recherche d'un groupe à accompagner en classe voir d'un Chevalier à simplement suivre, surtout si cela l'agaçait. La gamine, peu farouche, intriguait donc Bip, sans compter que ses compliments envers Luke la faisaient remonter dans son estime, alors, passées quelques secondes et après un pas de recul, des bips tous aussi courts que la première fois mais aux connotations enjouées se firent entendre. Luke, plus discret avait simplement hoché la tête pour remercier Helena de sa sollicitude. Malgré un plaisir -pas vraiment évident- de l'avoir à ses côtés, le Jedi songeait encore que c'était une mauvaise idée. L'adolescente risquait de se faire des idées quant à sa volonté de la choisir en apprentie, sans oublier que l'endroit où ils se rendaient restait des moins fréquentables qui soient. Par chance, estimait-il, Helena n'était pas du genre à se laisser séduire par les tentations inhérentes à son âge: les bars, la fête y compris pour certains, dans les pires bouges de la Galaxie. Cette curiosité malsaine qui poussait les jeunes à s'encanailler ne semblait pas atteindre la fraîche Helena aux réactions spontanées plus enfantines qu'adolescentes.

See'Ryl non plus ne faisait pas son âge. Sévère, presque robotique, elle adressa un salut purement courtois à Luke mais ce dernier ne s'en formalisa pas. Il avait déjà été l'ombre discrète, humble de Sénateurs stricts, parfois précieux et arrogants. Son travail de Consulaire alimenté par sa nature l'avait toujours conduit à suivre. Il appréciait les ordres clairs, l'efficacité brute de cette femme sans concession. Avec elles, ils ne s'amuseraient guère mais avanceraient dans les limbes de la sordide histoire, c'était tout ce qui comptait et mine de rien, elle avait respecté le protocole.

Un peu intimidé par le grand droïde bipède, Bip avait sorti sa troisième roue pour reculer davantage, au point de se cacher derrière Luke. Il se rappelait trop bien de la pédante boîte à boulons qui avait proposé à son maître de le débarrasser de cette poubelle. Il existait un conflit aussi tenace que discret entre les machines humanoïdes se prenant généralement pour le reflet de leurs inventeurs et les plus modestes robots comme lui. Le dénommé Légion n'ayant montré aucun signe d'intérêt pour l'instant, le R2 décida de s'en tenir éloigné. Il monta dans le vaisseau sur Ordre de Luke, non sans tourner sa tête ronde vers la gamine. Une diode bleue illumina le genou d'Helena, suivi d'une rouge puis d'une verte, disposant d'une énergie auto-recyclable et donc potentiellement infinie, Bip n'avait jamais appris à économiser et il communiquait tout en couleur et en bruitages.

Le Lumière n'était pas très spacieux mais il était assez performant pour disposer d'un système de pilotage automatique, d'armes légère, d'une vitesse de pointe plus que convenable, et, fait important, d'assez de sièges pour accueillir tout le monde. Luke se plaça naturellement derrière la pilote, laissant la place d'a côté à la Padawan qui s'était faite rabrouer. Helena n'étant pas son apprentie, il n'avait nullement réagi malgré une préoccupation interne mineure. See'Ryl était si stricte qu'il se demanda si essayer de pousser la jeune Sword dans ses bras ne serait pas inadapté en plus d'être indélicat. Si ces deux-là finissaient par s'entendre, ceci dit, les choses se feraient naturellement. N'en restait pas moins que la Maître était la plus compétente pour piloter, ou son droïd, un apprentissage utile dont Luke voulait voir profiter Helena. Instinctivement, il cherchait les moindres occasions pour la faire apprendre, l'interrogeant parfois ou la plaçant derechef à des postes d'observation qui enrichiraient son expérience. Ce n'était pas vraiment son rôle en tant que "Maître par intermitence" mais ce n'était pas non plus négatif, alors personne ne lui l'avait jamais reproché, surtout pas Helena, apparemment.

Du pilotage, Luke connaissait les bases théoriques nécessaires à une situation d'urgence s'il était l'unique voyageur conscient. Il récitait d'une voix morne -signe qu'il ne comprenait pas les concepts- le protocole à suivre, énonçait l'immatriculation aux autorités, activaient les principaux boutons de commande qu'on lui ordonnait car il savait leur emplacement -du moins sur les modèles DE tableaux les plus fréquents.-. Enclencher le système automatique, envoyer un message de secours, se mettre en position de "planer" ou encore dépressuriser les sas étaient des actions que le jeune homme maîtrisait assez bien pour réagir vite. Quant à la conduite, jusque là, personne n'avait osé suggérer que la Force serait une compagne suffisante pour éviter les astéroïdes et autres obstacles. Lui le premier d'ailleurs.

Le voyage se déroula sans encombre, puisque See'Ryl s'occupait des robots, lui décida de se mettre au profilage de l'individu. Il s'installa à une table pliante pour étaler son datapad serti d'autres sources d'informations- des holo-livres par exemple.- Bip, à ses côtés gravait les notes dans son disque dur pour les mélanger et en faire ressortir des probabilités. Une fresque chronologique projetée, enveloppait d'ailleurs le vaisseau d'une couleur bleutée douce. C'était une des passions du droïd: projeter en hologramme ce que son maître lui donnait à gober comme information, même si finalement, ce dernier faisait un bien piètre public, mais aujourd'hui il avait des spectacteurs et se sentait important. Bien sûr, Luke l'avait prévenu de ne rien projeter lors de leur séjour sur Nar Shadda.

- Pas de nouvelles de Maître Byram U', c'est un fait inquiétant sachant que sa fréquence de communication routinière avec moi était d'ordre de 4 ou 5 appels par jour, soit pour me mentionner un nouveau fait, soit pour signaler qu'il allait bien et continuait de traquer Viawn. Selon les rapports qui datent de son époque où il était Padawan, celui-ci avait une tendance à la rébellion plutôt violente et sans peur. Il faisait montre d'une grande Arrogance bien que ses actes sur Nar Shadda démontrent qu'il a gagné en maturité. Il est plus discret, subtil et intelligent. Malgré tout, l'apparition des cadavres laisse penser qu'il porte encore ce besoin de reconnaissance en lui. Il ne veut pas tuer pour juste tuer, sinon faire peur, faire parler de lui.

Commença-t-il à expliquer, aussi bien à See'Ryl qu'à Helena, cherchant justement à enseigner quelques astuces de profiler à cette dernière. L'enfance était primordiale pour dessiner les traits d'un adulte égaré, corrompu par le côté sombre. Le gamin recelait d'indices sur le fou du présent, permettant aussi, parfois, de faire tomber les masques.

Interrompu par un message à son Comlink, le Chevalier activa le synthétiseur vocal car il concernait la mission.

Eyclone Viawn a écrit:"J'ai tué U'. C'était un Challenge intéressant. Qui que vous soyez, je vous attends."

Le Hapien ne pouvait pas le voir, mais le message était accompagné d'un fichier joint, un hologramme qui renvoyait en plein milieu du vaisseau, le visage du Gardien, torturé, abîmé et surtout séparé du reste de son corps. L'appareil de Luke s'éteignit ensuite brusquement, en proie à un virus. Viawn ne savait peut-être pas encore quels Jedis étaient à sa poursuite mais il savait qu'il y en avait grâce au dernier appel que Byram n'avait pas eu le temps d'effacer -car il éliminait normalement leurs communications après avoir discuté.

Le silence s'installa dans le vaisseau, Luke soupira avant de reprendre pesamment son holo-livre en braille. Ils avaient déjà une longueur de retard.
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Helena ne s'attendait pas à ce qu'une femme avec une allure aussi élancé puisse communiquer de la sorte. Elle appréciait beaucoup le physique de la maître et avait instinctivement imaginé une voix sensuelle. La padawan regarda, intriguée, le mouvement de recul de Bip face au droïde humanoïde. Les réactions instinctives, la peur et les autres émotions tendaient à confirmer ce que l'enfant pensait : les droïdes sont des êtres à part entière. Elle regarda Légion et lui fit un salut plus courtois de la tête, elle n'était même pas sûr qu'il avait remarqué sa présence. Quand la maître lui demanda de s'installer elle s'exécuta en souriant à la jedi.

"Bien sûr maître! Tout de suite!"

Lorsque Bip grimpa dans le vaisseau il éclaira de plusieurs couleurs les jambes de la jeune fille. Elle ne put s'empêcher d'afficher un grand sourire.

"Ca a en fait des couleurs dit donc! Tu es très impressionnant!"

Une grande majorité de robot et autre affilié n'avait qu'un but utilitaire, la possibilité de faire des couleurs n'étant que peu utile, on trouvait généralement les mêmes teintes bleutés un peu partout. Elle entra dans le vaisseau et ne parvint pas à contenir son étonnement. Elle aurait aimé l'explorer de fond en comble, trouver tous les détails cachés et comprendre l'histoire de cet engin. Mais ce n'était vraiment pas le moment, peut-être aurait-elle le temps une fois qu'ils seront passés en hypervitesse. Helena s'assit à la place qu'on lui attribua et attendit les ordres. Elle s'y connaissait assez mal en pilotage et ce qui touchait de manière générale aux véhicules et à la mécanique. Durant le voyage elle fit de son mieux pour ne pas perturber le calme, presque pesant pour elle, qui régnait, gardant ses questions pour elle.


Quand elle vit le chevalier jedi commençait à travailler elle se sentit un peu plus inutile. Elle s'installa à ses côtés dans un premier temps pour essayer de comprendre. La fresque projetée par le petit droïde lui fit échapper un son d'exclamation. C'était décidé! Plus tard elle aussi elle trouverait un ami mécanique pour partager ses aventures! Elle retourna à place et adressa la parole à la pilote.

"Maître, qu'est-ce qui vous motive en tant que jedi?"

Toujours très curieuse de connaître les personnes et le monde qui l'entourait, elle posa cette question en toute innocence. La personne à ses côtés semblait jeune, elle devait être très talentueuse. Il fallait très certainement une force de caractère impressionnante ainsi qu'une motivation à toute épreuve pour en arriver à ce qu'elle était devenue. L'adolescente était encore perdue et se posait tellement de questions. L'occasion était trop belle, pour une fois qu'elle pouvait discuter avec un maître.


Le profil dressé par le Luke n'était pas très flatteur. L'enfant écoutait le consulaire s'exprimer et enregistrait les informations. Ce Eyclone était responsable de choses horribles, mais son destin avait-il était tracé dès son enfance? L'histoire aurait pu être différente à bien des égards avec une seule variable. On aurait pu le prendre en compte plus tôt, lui apporter une aide, un soutien. Existait-il des psychologues chez les jedis? Ses pensées furent interrompues par un message, puis un hologramme d'une tête coupée. La blonde porta ses mains au niveau de sa bouche pour étouffer sa stupeur. C'était la première fois qu'elle assistait à pareil spectacle, mais ne voulait pas passer pour une pure débutante. Quelques petites larmes perlèrent dans les coins de ses yeux. La douleur qu'on lisait sur le visage du maître décédé était insupportable. Après quelques minutes elle se tourna vers l'aveugle.

"Y a-t-il un point de non-retour pour un homme? Peut-on encore sauver cet ancien jedi?"

Comment pouvait-on être aussi insensible? Qu'est-ce qui avait poussé cet homme à agir comme il le faisait actuellement? Et surtout, pouvait-il être sauvé? Les jedis devaient le capturer et le remettre à des autorités qualifiées. La façon dont agissait le chevalier jedi confirmait les craintes de la jeune fille, il était habitué à ce genre d'évènement. Si cela devenait routinier, elle devait trouver un moyen de sauver ces pauvres égarés. La galaxie regorgeait d'histoire de rédemption. Helena refusait de croire qu'il ne s'agissait que conte pour enfant!


Plus tard, à l'approche de la planète, la jeune fille était encore pensive. La scène avait entamé son enthousiasme et même la découverte de cette planète ne lui remontait pas le moral. Un homme était mort et pour quelle raison? La cupidité? Elle avait hâte de trouver le tueur. Elle voulait mettre fin au massacre et discuter avec lui. Lui-même devait souffrir le martyr pour agir comme ça.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Semblable à elle-même, See’Ryl semblait peu perméable à ce qu’il se passait autour d’elle : les sons et lumières du droïde, les réactions de la padawan… Qui, devant son expression neutre habituelle, aurait pu dire si oui ou non, elle trouvait que la présence de la jeune fille était une bonne idée ? En réalité, le raisonnement de See’Ryl était primaire. Si on avait décidé de sa présence, débattre intérieurement du bienfondé de ce choix révélait d’une certaine perte de temps. Quand bien même la désapprouverait-elle, qui aurait écouté l’Arkanienne ? Personne. Alors autant s’accommoder de cette adolescente vivante et faire en sorte qu’elle ressorte de cette mission quelque peu grandie. Du coin de l’œil, See’Ryl contempla le R2 faire « connaissance » avec un Légion qui bipa à son tour avec la même politesse rigide que son administratrice. Cette dernière s’en amusa intérieurement. Elle n’avait que rarement mis Légion en compagnie de ses semblables. Non pas par dédain mais parce que souvent, les droïdes semblaient craindre leur congénère. Il y avait une certaine similitude entre See’Ryl et son compagnon : tous deux n’avaient pas énormément d’amis.

Bientôt installée au poste de pilotage, la jeune femme attendit que tout le monde soit installé pour débuter la procédure de pilotage de sa voix monocorde. Il n’y avait aucun mot superflu au point que l’on pouvait presque croire qu’elle lisait un manuel d’instruction. Dès qu’elle le pu, elle enclencha le pilotage automatique et réalisa que la padawan n’avait pas bronché. Savait-elle piloter au moins ? Apparemment pas, songea See’Ryl qui se souvenait de ses propres padawans qui à peine avaient-ils su décoller, n’avaient eu de cesse de vouloir piloter à la première occasion. Notant de fournir quelques explications à Helena, See’Ryl alla se charger des occupants de son sac. Les robots étaient plus petits que l’on aurait pu imaginer, d’une couleur passe partout et d’un aspect pouvant rappeler un élément de décor insignifiant. Une apparence faite pour passer totalement inaperçue.

See’Ryl les activa un à un, les manipulant depuis l’interface que Légion tenait à sa hauteur. « Administratrice, il est impossible de maintenir la puissance de transmission plus de quelques minutes. » indiqua le droïde, poussant See’Ryl à ce qui pouvait s’apparenter à un mouvement agacé. Elle allait répondre quand la question d’Hélena tomba, telle un cheveu sur la soupe. Le premier réflexe de See’Ryl fut de retenir la réponse immédiate. Un « je ne sais pas » qui aurait été du pire effet bien qu’en étant parfaitement en symbiose avec la situation actuelle de See’Ryl. Restait donc à trouver une réponse qui, à défaut d’être totalement sincère, serait diplomatique… en un sens.

« La Force me motive. » commença-t-elle, se tournant vers la jeune fille. « Je suis Jedi parce que la Force en a décidé ainsi. Même si je n’ai pas choisi ma voie, je me retrouve dans la majorité des valeurs de l’Ordre. » Autant ne pas en dire plus sans risquer de devoir se lancer dans de longues explications qui n’avaient pas lieu d’être au vu de la situation. « Et vous ? » ajouta-t-elle après un court silence à la fois pour entretenir la conversation et par curiosité. La question avait été étrange, jamais vraiment posée à See’Ryl qui était donc curieuse de connaître ce qui pouvait motiver Helena… et Luke.

Le portrait de leur cible confirma certaines impressions que See’Ryl avait eu en lisant le rapport préliminaire. Un arrogant qui voulait qu’on le voit et qu’on parle de lui. Donnée rapidement confirmée par une annonce puis par un hologramme. L’Arkanienne n’essaya même pas d’empêcher la padawan de voir, bien trop occupée à tâcher de récupérer les fichiers avant qu’ils ne soient corrompus. Entre deux murmures, elle pria pour l’âme du défunt et nota dans un coin de son esprit qu’il fallait rapatrier le corps. L’interrogation d’Helena, bien que pour Luke, ne la troubla pas. « Non, cet individu n’est pas… secourable. »

Pourquoi ? Comment ? See’Ryl laissait à Luke le loisir de disserter à ce propos. Finalement, un sourire étira les lèvres de See’Ryl « Je crois qu’il ne va pas apprécier le message. » dit-elle en éteignant l’interface qu’elle avait utilisé « Je viens de lui faire parvenir un protocole d’erreur à l’envoi. » En résumé, elle avait simplement indiqué à leur cible que ce dernier avait parlé à un mur. De quoi le mettre un peu plus en joie à l’idée de faire ses preuves. « Légion, termine l’étalonnage. Je vais m’occuper de notre arrivée. »

Pendant que le droïde obtempérait, See’Ryl consultait leur plan de vol et le mettait en parallèle avec les informations disponibles sur la planète. « Il faut changer de lieu de séjour. Ne pas arriver ensemble. » Elle désigna des endroits sur la carte « Chevalier Kayan, il faut que l’un de nous deux descende en premier et convenir d’un point de rendez-vous. Je pense qu’il doit être en train de nous attendre. Padawan… Vous resterez avec l’un de nous. A moins d’un pas. Notre aura couvrira la vôtre. Si vous dissimulez votre visage avec votre capuche ou un quelconque artifice, il ne pourra pas vraiment savoir qui vous êtes. » Le ton était monocorde mais une légère nuance indiquait à Luke que See’Ryl lui demandait son avis et lui laissait le loisir de l’exprimer. Pour Héléna, c’était un peu plus compliqué. Après tout, elle venait juste de rencontrer l’Arkanienne.


La Main de la Force
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Il fait une chaleur torride et humide dans ce coin reclus en bordure des palais du crime sur Nal Hutta. Parmi la plèbe errante dans cette zone urbaine érigée prêt d'une région marécageuse, une petite silhouette trapue marche en se frayant un chemin à travers la foule, qui la plupart du temps, est plus grande que lui !

S’apprêtant à franchir le seuil de la cantina « Le Hutt qui Rote », le drôle se fige car une affiche placardée sur le côté droit de l'entrée l'interpelle : Eyclone Viawn, 15.000 Wipiupi Mort ou Vif.

Un sourire en coin, la courte silhouette rentre dans le bar ...
Luke Kayan
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[HJ: Désolée s'il y a des fautes ou des détails "incorrects", j'ai posté ça hier de mémoire dans l'avion de retour, après déjà plusieurs heures de voyage, une mini tablette en guise de bureau et le clavier extra (l'original ne fonctionne plus complètement) sur l'ordinateur. ]

Luke encaissa le choc, derrière son datapad, ses paupières se rejoignirent avec un peu trop de force pour que le geste soit naturel. Il adressa une prière sobre mais sincère au défunt membre de leur communauté, centrant son esprit sur Byram, son parcours, puis ce qu’avaient dû être ces derniers instants. En guise de conclusion, le jeune homme lui dédia une puissante onde de Force -la plus sereine possible afin de faire honneur aux valeurs de leur Ordre- qui traversa le vaisseau pour rejoindre l’espace, ultime symbole de l’accompagnement que pourraient offrir les Jedis à l’âme perdue.

Pendant que See’Ryl et Helena devisaient, le Jedi fit jouer d’un comlink de rechange afin de savoir où se trouvait le corps de U’, réclamer sa dépouille, accéder à l’autopsie et enfin le rapatrier sur Coruscant. Il laissa choir l’objet sur la table et passa ses mains sur son visage avec un léger soupir après diverses discussions tantôt mielleuses, tantôt houleuses avec les autorités.
- On m’a mis en attente, mais je pense que nous pourrons au moins accéder à la dépouille du Chevalier U’, du moins les analyses post-mortem bien que nous sachions qui est l’auteur du crime, récupérer les preuves reste nécessaire pour le tribunal. Quant à le rapatrier afin de lui offrir un enterrement, cela va se révéler complexe.

La question d'Helena le fit lever malgré lui la tête et il sembla un instant chercher See'Ryl du regard pour la consulter. Impossible, évidemment.

- Je pense que tout le monde peut se repentir mais dans des cas aussi profondément corrompus comme Eyclone Viawn, cela demanderait sûrement des années à condition de disposer d'un accompagnement particulier, des psychologies par exemple. Je doute aussi qu'il puisse être amené à réfléchir si sa situation n'évolue pas. C'est-à-dire demeurer libre. - Oui, la prison faisait réfléchir certains prisonniers qui n'auraient jamais eu le déclic, laissés sur leur terrain de chasse.- - Mais quand bien même cet homme parviendrait-il à entammer un changement, il ne doit pas moins répondre de ses actes devant la justice. Vu les faits présumés, la rédemption serait pour lui extrêmement douloureuse. Il prendrait pleinement consciences d'actes que la société ne peut et ne doit pas pardonner facilement. Maintenant en tout cas, il est très loin de songer à changer, si ce n'est à pire encore. C'est une personne profondément ancrée dans le côté obscur que nous cherchons à arrêter et actuellement dans l'impossibilité de changer.

Expliqua Luke en essayant de rester aussi doux que ce sujet horrible le permettait. Il avait nuancé aussi, jetant une mise en garde cachée dans ses mots car il commençait à connaître Helena, beaucoup trop utopiste, confiante. Lui plus jeune en résumé. La demoiselle devait donc perdre tout espoir d'agir tant que l'homme courrait dans les rues. Une fois arrêté, le Chevalier ne comptait pas plus la laisser seule en face à face avec Viawn bien capable de la manipuler, mais si elle s'acharnait, peut-être organiserait-il une rencontre. Mais pourquoi songeait-il à tout ceci? Il fallait d'abord attraper l'assassin, ensuite, à ce moment Helena aurait probablement trouvé un vrai maître qui lui enseignerait tout ce qu'elle devait savoir pour achever sa formation.

Ses pensées s'envolèrent vers des données beaucoup plus froides qui voilèrent un instant le choc reçu en apprenant le décès d'un de leurs compagnons de l'Ordre, conscient qu’il leur fallait dédier au sentimentalisme, le temps strictement nécessaire, impossible de s’y attarder davantage.

- Vos précautions semblent adéquates, nous jouons sur le terrain de Viawn, lequel nous est parfaitement inconnu, la discrétion est notre seule arme. Helena, choisissez- Luke aurait aimé qu’elle profite des enseignements de la Maître Jedi mais force était de constater qu’une paire d’yeux l’aiderait beaucoup. Incapable de choisir ou d’imposer son avis dans ce type de situation, il préférait donc l’intéressée diriger son destin. L’idée que la sécurité de l’adolescente soit entre ses mains ne le mettait pas forcément à l’aise, car s’il était très doué dans la maîtrise de la Force, le Hapien restait dans la norme (et même un peu en dessous) au sabre, or Eyclone était un bretteur chevronné. Cependant, l’apprentie aussi allait débarquer dans une situation délicate, qu’elle puiss aller avec qui elle se sentait le mieux était un faux détail. En réalité, la rendre aussi à l’aise que possible était important, de plus, elle avait passé l’âge du chaperonnage systématique.-- Avant d’être Jedi, je n’existais pas vraiment, la cécité était le moindre de mes handicaps, l’Ordre m’a sauvé de bien plus. Sans eux, je ne serais pas moi. Simplement, je n’imagine pas ma vie autrement.

Finit par répondre un peu tard le Jedi après avoir réfléchi à la question retransmise par See’Ryl. Il avait hésité à dire quoique ce soit, les ultimes événements rendant caduque toute discussion hors mission, mais après tout ça ne lui coûtait rien et peut-être que cela ferait redescendre la pression avant d’aborder cette planète peut-être pas aussi célèbre mais tout autant maudite que sa sœur.

Un « bien joué » plus tard, suite à l’annonce de la Maître Jedi, Luke offrait son comlink détruit par Eyclone à Bip. Le petit droïde le mit à l’abri dans une petite pochette hermétique, dans un de ses nombreux quoique peu spacieux compartiments afin de l’analyser plus tard. Il nota le numéro qui les avaient appelé même si le renvoi d’ascenseur de See’Ryl devait avoir désactivé l’appareil du criminel, sait-on jamais.

***
Ce fut en silence que les Jedis débarquèrent, Luke descendit en premier, prenant naturellement de l’avance car évoluer dans la station lui demanderait plus de temps, il lui fallait se repérer et cette fois, faire attention à ne pas dévoiler son handicap. Ici, ce serait une invitation aux ennuis, tentatives de vols ou d’arnaque. Pour se faire, à sa tenue de civil – un jean simple, une chemise blanche et une veste sombre—s’était ajouté une paire de lunettes de soleil bon marché. Il ne portait aucun bijou, aucun signe distinctif et avait laissé un rideau de cheveux blonds descendre sur son visage. Sa beauté Hapienne pouvait elle aussi devenir un véritable handicap, le désignant comme cible aux moqueries ou à des intérêts peu désirables concernant un métier que Luke ne voudrait avoir pour rien au monde. Seul, il n'en aurait jamais pris conscience évidemment, et lui expliquer le concept de "beauté" puis de "beauté dangereuse" n'avait pas été simple, d'ailleurs il agissait plus par obéissance que parce qu'il saisissait en réalité. Hormis sa crinière dense mais légère, un détail minime le différenciait de bon nombre de gens et surtout d'humains ou proches: malgré la chaleur torride, Luke ne suait pas, un problème de dérèglement génétique (ou découlant de son "accident" qui l'avait privé de sa vue) en apparence avantageux, mais qui pouvait se révéler dangereux. Incapable de bien réguler sa température corporelle, le jeune homme allait devoir veiller à se refroidir, boire de l'eau ou se mettre à l'abri si les températures augmentaient encore.

Dans sa tenue, difficile de savoir de loin s’il était un homme ou une femme, au moins, seule la blondeur de son épaisse chevelure soyeuse dénotait des locaux ou visiteurs de la station, il était donc assez camouflé pour ne pas attirer l’attention. Il ne voulait pas rabattre de capuche sur sa tête ceci dit, craignant d’avoir l’air trop suspect.

L’air vicié de Nal Hutta frappa les narines et l’esprit de Luke. La Force bouillonnait, le perturbant de multiples avertissements qu’il dut ignorer. Au pied d’une cantina crasseuse, il s’arrêta devant une grande affiche représentant le criminel Viawn dont la tête était mise à prix. Bip scanna le document et l’avertit qu’apparaissait le nom de celui qu’ils cherchaient.

- À ce prix, nous allons devoir composer avec pas mal de chasseurs de primes, des nouveaux dans le métier mais aussi des professionnels. Un carnage.
Murmura-t-il au R2 ou à Helena si elle avait décidé de le suivre. Il leva la tête et tendit la main pour ouvrir la porte de la cantina, là où une aura inconnue s’était arrêtée un moment, focalisée sur les lieux. Sa concentration perçue par hasard avait attiré le Chevalier dont l’avis de recherche n’avait fait que confirmer leur intérêt à pénétrer dans l’établissement crasseux. Ce n’était pas comme s’ils disposaient de piste claire en attendant une autorisation concernant le corps de Byram, ils ne savaient d’ailleurs même pas où ce dernier était mort ou logeait d’ailleurs. Autant commencer en se laissant guider par la Force et les trop menus indices.
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Avant le drame de la tête roulante, les mots "La Force me motive" résonnaient dans l'esprit de la jeune fille. La question de la motivation d'être jedi hantait régulièrement son esprit. Des enfants formatés par un code et une philosophie, bien souvent sans qu'ils soient d'accord. Pourtant, les préceptes de l'Ordre étaient sains et les chevaliers protégeaient la paix dans la galaxie. Helena ne doutait pas de son engagement, surtout depuis qu'elle savait ressentir la Force, mais on lui avait enlevé le droit de devenir autre chose, fleuriste, médecin, enseignante ou mère. Elle n'eut pas le temps de répondre à l'Arkanienne avant le triste spectacle.


La Maître See’Ryl semblait moins modérée que le consulaire. Il n'était pas secourable, point. Maître Kayan estimait que la rédemption restait possible mais seulement après des années et sous certaines conditions. Ces deux estimés jedis montraient peu d'optimisme quant à cette salvation. Leurs vécus, les expériences et les traumatismes passés se ressentaient à travers leurs réponses. La padawan se sentit intimidé, une enfant optimiste et idéaliste convaincue que la nature profonde des êtres vivants était la bonté. Ses joues prirent une légère teinte rosé. Il y avait tant à apprendre encore. Elle se tourna vers la belle jedi.

"J'ai envie d'aider les gens, c'est ce qui me motive le plus... Sans distinction, mais ça... tuer, ça semble si terrible."

L'adolescente n'avait pas envisagé de faire binôme avec l'Arkanienne, pas que l'idée lui déplaise, bien au contraire, mais elle était l'élève de Luke et en tant que tel, elle ne pensait pas avoir son mot à dire. Alors, quand on lui posa la question elle fut surprise, elle n'hésita pas pour autant.

"Maître Kayan, je m'en voudrais toute ma vie si vous étiez obligé de vous guider à l'aveugle."

La situation était tendue, elle pouvait prétendre le contraire, mais sa voix tremblotante et sa tentative de se cacher derrière une touche d'humeur ne pouvaient pas mentir. La scène holographique inquiétait la jeune fille qui s'interrogeait sur le traitement qui lui serait réservé si elle se trouvait en face du jedi déchu. En même temps que cette pensée traversait son esprit, elle enfila sa capuche et tenta de la tirer au maximum pour se cacher dessous, comme l'avait conseillé See'Ryl.


* * *



L'enthousiasme de l'enfant face aux découvertes avaient été ébranlé et elle suivit son tuteur sans s'émerveiller de ce monde inconnu. Elle avait prit soin d'ôter tout artifice rappelant sa fonction afin de passer le plus inaperçu possible, si on considérait qu'une mineure avait sa place ici. Seul la tresse de padawan subsistait, elle s'en servit pour attacher ses cheveux en tentant de l'enfouir sous un maximum de cheveux. Une capuche venait par dessus pour camouflé le tout, pourtant l'assassin ne la connaissait pas. Il n'y avait aucun risque qu'il puisse la reconnaitre.

A peine posa-t-elle le pied sur Nal Hutta qu'elle fut prise d'un léger vertige, incompréhensible. Il fallut quelques minutes à Helena pour s'habituer à l'air de la planète. Quelque chose de toxique se trouvait dans l'air, une odeur qui piquait l'odorat de la padawan. Malgré l'aspect inhabituel de la planète et ce que Helena savait dessus, il y avait de la vie. Des plantes et des gens. En y regardant de plus près on pouvait apercevoir que la vie était omniprésente, même dans les rues crasseuses. Ceci dit, tout semblait plus agressif, plus dangereux. Etait-ce une impression déformée par le stress ou la réalité?


L'enfant jeta un coup d'oeil à son maître et vit qu'il ne portait pas de capuche. Elle envisagea de retirer la sienne lorsqu'elle entendit des dockers commentés l'apparence d'une jeune serveuse de la cantina. Choqué, elle estima plus sage de rester caché. Fallait-il en rajouter en usant des mots "chasseurs de primes" et "carnage"? La situation dégénérait un peu plus à chaque heure alors que les jedis n'avaient encore rien accompli. L'adolescente jeta un regard au droïde et reprit un peu confiance en elle en voyant ce brave compagnon suivre les ordres. Elle devait faire pareil. Elle devait prendre des initiatives et ne pas se laisser intimider.


Résolue, elle se dirigea vers une table où deux personnes buvaient. Un twilek à la peau violacée et un zabrak enrobé. Ils étaient équipés comme des chasseurs de primes, de multiples gadget, plusieurs armes et des balafres sur le visage. La padawan retira sa capuche et afficha un grand sourire aussi naïf que niais. Le zabrak grogna et la conversation cessa. Le twilek s'empara discrètement de son arme, prêt à l'utiliser si un danger se présentait à lui. Helena tenta de garder son sang-froid et s'assit avec tout l'aplomb qu'elle réussit à trouver. D'un geste bien trop gracieux pour une cantina aussi crasseuse, elle leva la main pour intimer à un droïde de prendre sa commande, une tournée pour la table.

"C'est moi qui offre les amis! Je cherche un travail nécessitant souplesse et dextérité, si vous voyez ce que je veux dire ..."

Le regard lubrique que lui jeta le twilek créa un frison qui parcouru toute la colonne vertébrale de l'innocente enfant.

"Je sais comment rentrer et sortir sans être vu, on ne se méfie jamais de moi!"

Elle-même ne savait pas ce qu'elle espérait obtenir de ces deux gaillards à l'attitude moins hostile que précédemment.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Elle n’était pas du genre à s’apitoyer sur les inconnus. La mort de leur contact était regrettable. D’un point de vue à la fois humain et tactique. See’Ryl eut quelques mots silencieux pour le défunt avant de reprendre ses réflexions quant à leur mission qui venait de singulièrement se compliquer. « Je lancerais les procédures administratives pour la récupération de son corps. » indiqua-t-elle, peu craintive quant aux procédures administratives. Elle nota sa promesse sur son datapad : rien ne sera faisable avant la prise de leur cible. En parlant de cette dernière… « Je préfère attendre d’avoir le rapport pour pouvoir établir des comparaisons avec les autres crimes. Il est souvent bien facile de désigner un coupable. » Non pas qu’elle doutât de la culpabilité d’Eyclone… Simplement qu’elle préférait toujours garder une part de doute pour éviter de foncer tête baisser dans le premier piège venu.

Toute à ses préparations, See’Ryl n’en écouta pas moins la réponse de Luke au sujet de la rédemption. Voilà quelque chose qui ne les liait pas : elle ne croyait pas un quelconque retour en arrière après un certain nombre de limites franchies. Et la Force seule savait que Viawn les avait détruites sans l’ombre d’un regret. A ses yeux, le coupable devait être jugé et châtié selon les lois de la planète. Peine de mort ou prison, ce n’était pas à l’Arkanienne de décider. L’Ordre demanderait probablement autre chose… Restait à espérer que l’on ne mettrait pas de jeunes padawans en contact avec un tel individu. Les conséquences en seraient désastreuses.

Elle prépara leur arrivée, transmettant à Luke différentes informations relatives à leur enquête et aux lieux pouvant l’aider en cas de soucis. Cela, elle ne le tenait pas des archives Jedis mais de ses propres allées et venues sur cette planète. Après une courte seconde de réflexion, elle transmit la même chose à Helena et alla même jusqu’à lui tendre un comlink trafiqué. « Il n’a qu’une seule fréquence. Il vous suffit d’établir la communication trois fois d’affilée et attendre. [i]On[i] viendra vous chercher et vous amènera sur Coruscant. » Le « on » lui devait un énorme service et See’Ryl, bien que voulant le garder pour une autre occasion, n’hésitait pas à le transmettre à la padawan qui, en cas de problème, devait s’en sortir. « Promettez-moi que si quelque chose dérape et qu’il y a aucun de nous deux pour vous aider, vous utiliserez ça. Promettez-moi de ne pas vous entêter à terminer sans nous. »

Pour donner plus de poids à ses mots, See’Ryl regarda Helena par-dessus ses lunettes opaques. Les prunelles blanches étincelaient, sérieuses et attendant la parole de la padawan. Quelques instants plus tard, juste après avoir entendu ce qui motivait le plus la jeune fille, See’Ryl retint un soupir. Combien de Jedi prononçaient les mêmes mots ? Bien trop à son sens… Après, ils se rendaient malades d’avoir du faire le choix de tuer quelqu’un pour sauver le plus grand nombre. « Il y a parfois des choix qui ne peuvent éviter la mort. Tuer quelqu’un pour en sauver un plus grand nombre est parfois nécessaire. Comme pour cette mission. S’il n’y a pas d’autres possibilités, il faudra éliminer Eyclone Viawn. » Et à son ton, on ne pouvait douter qu’elle le ferait sans même le regretter.

L’ombre d’un sourire passa sur ses lèvres à la tentative d’humour d’Helena. Laissant l’art de l’atterrissage à Légion, See’Ryl s’approcha de la padawan dont elle repoussa la capuche. Juste le temps d’ajuster ses cheveux. « Ne gardez pas votre sabre à la taille. On pourrait vous le voler. » dit-elle avant de se reculer.

******

Moins d’une demi-heure plus tard, See’Ryl posait un pied sur le sol de Nar Shaada. Les verres de ses lunettes opacifiés au maximum, elle ne pu s’empêcher de grimacer le temps que ses yeux s’adaptent à la chaleur. Derrière elle, des droïdes s’occupèrent de sa cargaison. Plusieurs caissons dont l’un renfermait Légion. Elle signa les documents de fret et accompagna le chargement jusqu’à une petite salle discrète après avoir grassement rémunéré le chef de quais. Ainsi isolée, See’Ryl pu activer les petits droïdes qu’elle avait terminé d’assembler. Selon leur programmation, ils suivirent les conduits d’aération pour pouvoir se disséminer discrètement.

Ce fut accompagnée de Légion qu’elle ressortit. Ce dernier lui avait servit de prétexte plausible pour demander un isolement. Contrairement à Luke ou à Helena, elle n’avait même pas pris la peine de cacher ce qu’elle était. C’était son but de clamer son appartenance à l’Ordre Jedi dans l’espoir de focaliser ne serait-ce qu’une partie de l’attention de leur cible. Ainsi évolua-t-elle dans les rues, avec l’aplomb qu’elle était seule à posséder.
Luke Kayan
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Faisant fi du trait d'humour d'Helena auquel il aurait habituellement réagi -mais l'ambiance ne s'y prêtait guère- le Chevalier avait avisé, à l'aide de Bip et de l'adolescente, une taverne. Maigre piste, presque supersticieuse que voilà, cependant il n'y avait rien d'autres à se mettre sous la dent, alors les jeunes gens étaient entrés. Sous ses allures de premier de la classe impossibles à cacher complètement, Luke se savait déjà épié. Helena et lui n'avait aucunement les traits d'humains locaux, même s'il ne saisissait pas vraiment les différences d'aspects, le Jedi connaissait ses leçons. Il fallait très peu de générations pour qu'une espèce ne s'adapte à son environnement et adopte des caractéristiques communes. Une peau brune pour résister au soleil, des cheveux sombres, ou au contraire, sur les planètes froides, un teint clair sensé capter les moindres rayons. Ici, en plus de leur génétique, les humains devaient être marqués par un mode de vie semblable : cicatrices, rictus et rides cheminaient des visages trop expérimentés. Alors bien sûr, une Padawan du Temple d'Ondéron subissait ses propres épreuves, des entraînements soutenus, une pression implicite pour trouver un maître et terminer sa formation ou même, la perte de son défunt mentor... Cependant, ce n'était pas le même genre de difficultés. Sa façon de jouer les durs ne collait pas. Elle attira aussitôt les regards surpris, amusés, méfiants des clients aux alentours. Luke peina à la reconnaître, mais il y avait même une vague de lubricité chez l'un de leurs voisins proches. Son excitation malsaine se fixa dans la Force, branchée directement sur le corps de la demoiselle aux paroles à double tranchant. Le Consulaire ne l'avait réalisé qu'après la réaction du pervers et son sang se mis à bouillir dans ses veines. Difficile de ne pas se montrer horrifié par l'attitude du bonhomme qui, ici, ne choquait nullement. Ce monde n'était tellement pas le leur.

- Ouais ... Moi je vois c'que tu veux dire ... Niveau doigt tu me conviens, mais niveau expérience j'ai des doutes.

Luke s'interposa évidemment.

- Arrête de raconter n'importe quoi Tamara !

S'exclama le Jedi dont le sang tembourinait à ses tempes malgré son attitude en apparence calme. S'ils déchaînaient la colère des locaux, tous deux étaient perdus. En terrain inconnu, beaucoup trop entourés, le jeune homme doutait de pouvoir protéger longtemps la Padawan. Ne lui restait donc que son jeu d'acteur d'infiltré plus ou moins expérimenté. Helena étant proche de lui, Luke put saisir son bras sans difficulté et la secouer légèrement comme un frère l'aurait fait pour réprimander sa petite soeur.

- Combien de fois je t'ai d...

Luke n'eut pas le temps de terminer sa phrase qu'il fut saisit au col par un Gamorréen. La Force n'était qu'alarme en continu depuis leur entrée dans ces lieux sordides, clichés au possible, alors il n'avait pas pu anticiper ce geste. Heureusement quelque part, soulevé dans les airs par le mastodonte, ses lunettes glissant sur le bout de son nez, le Hapien et sa prétendue soeur ne semblaient pas dangereux. L'atmosphère, sensiblement, changea dans la pièce. Les spectateurs se détendirent pour adotper une attitude plus amusée. Certains retournèrent à leur boisson d'ailleurs, peu intéressés par la scène désormais jugée burlesque.

- Qui êtes-vous ? Et que venez-vous foutre ici ?

Le jeune Jedi prit une décision rapide. Dévoiler leur plan pour mieux le cacher. Dans sa position, avec ses cheveux blonds éparpillés autour de son visage, le tout souligné par la présence d'une gamine, ils ne faisaient pas du tout sérieux. Autant avouer. Ce serait moins suspect.

- Viawn a tué la soeur de notre mère. On en est sûr ! Alors on est venu du Noyau pour la venger. Les autorités pensent que c'est pas lui mais nous, nous on sait que oui. Enfin, nos parents. Mais eux sont restés à pleurer sur Coruscant, alors on a décidé de venger notre tante !

Le Gamorréen éclata d'un rire sonore sur un fond de tristesse -oui, pour qui savait écouter, on pouvait ressentir une certaine peine dans son esclaffement. Ces deux nouvelles potentielles victimes indirectes lui faisaient pitié. Leur entreprise était aussi courageuse que folle, stupide et certainement, le résultat d'une douleur incommensurable-. Il reposa le jeune homme sur le sol. Ce dernier en profita pour porter les mains à son cou. La colère du cochon semblait soudain envolée. Il decrispa même ses muscles et s'exprima dans un basic étrangement bon. Il n'avait pas l'air aussi stupide que son espèce en soi le suggérait.

- Ce type a tué bien plus de gens que les autorités ne le reconnaissent. Parce qu'ils ne peuvent pas le chopper. Mais ça le rend d'autant plus dangereux. Des gosses comme vous ne peuvent rien y faire. Ta soeur là, elle a failli déjà vous attirer des ennuis. Vous croyez qu'une voleuse s'annonce comme ça en proposant une tournée alors que ça s'voit que vous êtes des gosses sans un sou en poche.

Ce qui était assez vrai au passage. Helena avait proposé une tournée avec de l'argent dont deux Jedis ne disposait pas. Qu'est-ce qu'il lui avait pris d'adopter cette attitude stéréotypée, saugrenue dangereuse ? Le jeune Jedi remercia sa génétique de lui donner un air de gosse à 27 ans révolus. La Force devait aiser un peu aussi, remarque. Quoiqu'il en soit, il remis ses lunettes sur son nez, occultant ses yeux vairons.

- Mais si personne ne fait rien, il va continuer...

- Le Gouvernement s'en fiche. Il débarrasse le plancher de p*tes et de paumés. C'est pas comme si on en manquait ici. Faudrait espérer qu'il tue quelqu'un d'important pour que les recherches s'activent plus. Au fait, votre tante, elle devait avoir sacrément mal tournée...

- Nous sommes originaires de Coruscant mais elle n'a jamais supporté la vie là-bas, je ne sais pas pourquoi elle est venue ici. Mais Maman et elle avaient gardé le contact.

Probablement pour dealer, tenter l'aventure, sortir de sa vie parfaite de gamine parfaite songea le cochon en observant le jeune homme sous toutes ses coutures. Chez lui, même le physique était trop lisse, sans défaut, bien que ces sombres lunettes, stupidement placées là dans un effort désespéré pour cacher son identité rompe un peu l'harmonie de ses traits. Quant à la soeur, elle ne lui ressemblait pas mais restait jolie, beaucoup trop jolie pour un bouge du genre. Sans ménagement, il les trraîna dehors. En bon gosse sensément penaud, paumé, inexpérimenté, Luke ne rechigna pas et suivit, le dos voûté. À travers la Force, il enjoignit Helena à faire pareil. Le Gamorréen sortit un comlink et s'éloigna. Assez pour des oreilles indiscrètes peu entraînées, pas suffisamment pour celles d'un aveugle, redoutablement affinées. Le Hapien ne saisit que quelques mots mais cela suffisait.

- Des policiers. Infiltrés - glissa-t-il à l'apprentie d'un ton surpris. Et si le Gamorréen semblait gober si facilement leur histoire, c'était parce qu'il y avait déjà de nombreux gamins à avoir tenté de faire justice eux-même. Tout aussi inaptes qu'eux en apparence. Soit Viawn avait fait une véritable hécatombe, soit la ville lui prêtait tous les meurtres du moment.

Le Gamorréen revint vers eux et fixa la jeune humaine dans les yeux. Il continuait de jouer son rôle de dur.

- Pourquoi tu t'es proposée pour comettre un vol ?

Demanda-t-il suspicieux.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Nar Shaddaa provoquait des émotions diverses chez See’Ryl. La planète bouillonnait d’activités, de dialectes… Chaque quartier de la capitale possédait ses propres coutumes, son propre langage. Et pour peu que l’on sache où s’adresser, on trouvait de tout. Récemment, la jeune femme avait acquis quelques pièces informatiques. Rien de bien important mais passer par le marché illégal lui avait fait gagner un temps que l’Arkanienne jugeait précieux… Surtout, cela lui permettait de commencer à agrémenter son carnet d’adresses de contacts aussi divers que variés.

Néanmoins, elle n’était pas là pour cela. See’Ryl prit le temps d’évoluer au gré des rues, fidèle à ce qu’elle avait bien pu annoncer : se faire voir. Même si elle doutait qu’elle croiserait leur proie, le bouche à oreille effectuerait un premier travail. Bientôt, la rumeur de la présence d’un Jedi se rependrait au gré du vent… si l’on pouvait le présenter ainsi. Leur cible finirait par savoir qu’elle était traquée. Enfin elle le savait déjà… il obtenait ainsi une description de celle qui la cherchait.

Derrière elle, à plusieurs mètres afin de ne pas éveiller les soupçons, Légion accomplissait la mission donnée par l’Arkanienne, ressemblant à n’importe quel droïde de protocole chargé des emplettes de son maître. Finalement, après avoir bien erré dans les rues, See’Ryl s’arrêta à une place assez grande et entreprit d’interroger les commerçants. Tout en finesse : sans cacher ce qu’elle demandait tout en faisant en sorte que cela ne soit pas ostensible. Evidemment, la récolte d’information fut nulle en un certain sens. See’Ryl eut bientôt l’embarras du choix pour établir une planque quelconque qui leur servirait de paravent.

Elle opta pour une chambre dans ce qui ressemblait à un mélange entre la cantina et un hôtel. Pas vraiment la classe mais pas miteux non plus. La tenancière lui notifia qu’elle devrait partager la salle d’eau avec la chambre d’à côté… See’Ryl haussa les épaules, indifférente à cette annonce qui, pourtant, l’arrangeait. Arrivée dans sa chambre, elle envoya à Légion l’ordre de réserver la dernière chambre. Justement, celle à côté de la sienne. La réservation en poche, la maître Jedi envoya un message crypté à son partenaire. Accompagné du nom d’emprunt utilisé pour offrir au duo formé par Luke et Helena, un peu plus de…confidentialité.

Les deux chambres furent passées au peigne fin… comprendre aux détecteurs de Légion… pendant que See’Ryl s’occupait d’assurer un minimum de sécurité dans les lieux. Les volets furent clos pour laisser passer un minimum de lumière et une fois que tout fut en place, See’Ryl s’installa sur le sol pour préparer les petits droïdes de repérages qu’elle avait apporté en prévision. Elle n’était pas certaine qu’ils soient vraiment utiles compte tenu de la population massive. Malgré le doute, elle avait tout de même tenu à les emporter, sûre qu’elle pourrait leur trouver une utilité même si cette dernière n’était pas celle prévue à l’origine.

Ainsi passa-t-elle le temps, attendant que Luke revienne avec Helena et espérant qu’ils aient pu établir le contact avec les forces de l’Ordre.

Luke Kayan
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- Peut-on entrer ?

Luke avait coupé la parole à Helena qui semblait s'apprêter à parler. Il n'avait pas confiance quant à ses propos vu son surprenant mauvais jeu d'acteur qui aurait pu les tuer précédement. Au moins à l'intérieur, le Jedi espérait se faie une idée de l'ambiance régnant. Car oui, l'idée de se dévoiler commençait à l'effleurer. L'aura du Gamoréen était rude mais franche, sans rebords flous, ce que ses actions semblaient corroborer, et tant mieux car chez un Insensible, il était plus difficile de sentir l'honnêteté. Tout était plus dilué, reporté sur une gestuelle à laquelle le Chevalier n'avait pas accès.

Le comissariat était inuscule. Les bruits aïgus, graves, vivants et mécaniques se renvoyaient la balle, rapetissant encore les lieux. Bousculés, les deux étrangers se retrouvaient ballotés entre des coudes de grasses secrétaires étonnamment agiles qui négociaient une place à la photocopieuse ou les bras rigides de policiers. Une véritable fourmilière dont l'une des qualités indéniables était l'esprit de travail.

Le bureau du directeur cachait la silhouette sévère d'une femme métissée aux cheveux crépus mi-longs retenus en une queue de cheval. La cinquantaine baroudeuse, elle portait quelques petites rides au coin des lèvres avec la fierté d'un vétéran. Ses mains sur ses hanches généreusessoulignaient la finesse d'une taille ciselés mais surtout son sérieux. Elle avait, de toute évidence, entendu parler des deux drôles d'intrus sur leur territoire et comptait tirer les ficelles. Le Gamorréen lui raconta brièvement les faits dans le bar. Histoire courte, fidèle, efficace.

- Cheer, qu'est-ce que tu penses de ces deux zigotos ? - La femme n'avait toujours pas adressé la parole aux Jedis déguisés en neveux vengeurs.-
- J'en pense que j'y crois pas, à leur délire.
- Yep. J'ai du mal aussi. Va falloir faire mieux que ça.

Force était de reconnaître que Luke ne pouvait imputer à Helena la totalité de leur échec. Quelque chose dans son propre jeu avait failli, ou alors la comissaire était juste trop expérimentée, trop douée et pour tenir son poste à Nar Shadaa à 50 ans passés encore, il fallait en avoir. De l'expérience et du talent.

- J'en pense aussi que vous avez d'la chance. Dans un autre comissariat du coin, on vous aurait fouillé. - Grommela le Phacochère.- surtout avec l'énormité que vous avez sorti et le comportement suspect de la demoiselle. Eyclone Viawn c'est tabou. Un mec détesté des pires crapules de Nar Shadaa qui arrive quand même à leur échapper. À la police c'est quasi normal mais aux mecs de Cartel et tout ce qui s'en suit ? Ça fait peur. Même à moi. Alors soit vous êtes deux inconscients, ce dont je doute, ou du moins pas dans ces termes là... Soit vous êtes... Autre chose ?

La maladresse de la prétendue Helena, le manque de défense du blondinet face à sa prise, tout ça portait à croire qu'ils étaient bien deux touristes qui avaient juste égaré leurs chaussettes pour fourrer leurs sandales, mais Cheer avait l'habitude, il savait que quelque chose n'allait pas avec eux. Encore plus depuis que la Commissaire Ysandre avait la même conviction. La chef, elle ne se trompait jamais. Un vrai flair de Gamorréen. Et ça, Cheer, il le respectait comme tous les hommes de la brigade.

- Tu sais quoi ? J'crois qu'ils sont de la police ? Enfin de notre côté...- Calcula Ysandre en passant derrière le bureau. Elle se saisit du menton de la plus jeune, sans lui faire de mal mais fermement.- Mais y'a qu'un corps pour engager des mineurs dans leurs rangs. Des stagiaires de ton âge, et sachant d'où vient Viawn ... Tu as les enregistrements des arrivées ?

Malgré leur discrétion, Ysandre et son équipe avait réussi à retrouver la caméra qui montrait See'Ryl ostensiblement vêtue comme un membre de l'Ordre se séparer d'eux.

- Des Jedis. - La tension se fit sentir, Luke ne savait pas si se sentir déçu de sa prestation ou juste admiratif devant les capacités de déduction de la quinquagénaire.- Pourquoi vous n'êtes pas directement venus ici pour collaborer ? Tous les commissariats de Nar Shadaa ne sont pas pourris- Une pointe de tristesse s'était frayé un chemin dans la gorge de la femme, premier signe d'émotion chez elle, et il s'accentua lorsqu'elle reconnut. - Mais c'est vrai que beaucoup le sont.

- Voici la Padawan Helena Sword, et je suis le Chevalier Jedi Luke Kayan - Déclara le concerné, soudain sûr du pressentiment qui avait commencé à l'envahir à l'entrée des lieux bondés. ici on luttait difficilement mais on luttait vraiment contre le crime. Et sûrement aussi contre une partie du gouvernement grassement soudoyé qui se gardait de fournir Ysandre et ses hommes en matériel.- Je suis désolé du jeu d'acteur mais Monsieur Cheer aussi était infiltré.

Silence. Puis soudain le Gamorréen éclata de rire.

- Monsieur... On m'a pas appelé comme ça depuis... Euh, jamais en fait ! J't'aime bien toi et puis tu marques un point ! En soi votre idée était cool mais pas du tout dans les couleurs du coin. À l'avenir, faties profil bas.

Son regard s'attarda sur leurs silhouettes. Cheer était un peu rude comme gars, mais il avait reçu un minimum d'éducation. Ysandre s'en chargeait, maman sur le tard ceci dit redoutable. Jamais elle n'aurait accepté qu'il balance aux étrangers que de toutes manières, leurs "gueules d'ange" les trahissaient de base.

- Écoutez, vous avez merdé, je veux dire, votre Ordre là... Et vous voulez réparer, c'est tout à votre honneur. J'pensais pas que vous vous en occuperiez d'ailleurs, alors on est content de pas être seuls contre Viawn - Elle avait dû sentir la sincérité (nouvelle, certes) de ses invités à son tour pour se confier de la sorte.- mais vous trois là, avec votre Force et vos tours, j'dis pas ça méchamment, ça ne suffira pas. Ça ne vous fera pas connaître Nar Shadaa, ni ses règles implicites. Du coup je propose un deal... Vous nous filez les infos que vous avez sur lui, sa jeunesse, tout ça tout ça pour aider à comprendre le bonhomme, dessiner un profil, et nous, on vous assure de vous balader tranquille dans le coin, bien accompagnés.

- Les données sur l'enfance d'Eyclone au sein de l'Ordre sont confidentielles, je regrette mais j'ai commencé à le profiler- oui j'ai reçu une formation sur Coruscant- et je peux vous envoyer mes notes, également répondre à des questions sur ses traits de caractère.
Luke en avait tellement soupé de ce fichu Ex-jedi qu'il connaissait son dossier presque par coeur.

- Comment avez-vous formé au combat un monstre pareil ? - Ysandre s'était effondrée sur sa chaise, le fait qu'elle n'ait pas répondu à la question précédente indiquait son implicite accord. Elle se contenterait de ce que lui offrirait le Jedi, c'était déjà mieux que rien.-

- Je n'étais pas Chevalier à l'époque et je ne le connaissais même pas en tant que Padawan, mais... D'après ce que j'ai pu conclure, il n'était pas "ainsi" au début. Du moins en apparence. C'est un vrai psychopathe, et il a été assez doué pour trompter les Maîtres du Conseil. Par les paroles, les gestes, au sein de la Force. Eyclone est très au courant de ce qui est bien ou non, il sait manipuler, cacher ses vices, et il l'a fait des années durant au Temple, preuve de ses capacités hors-norme bien que le fait que son maître voyageait énormément, et était âgé donc très attaché à son dernier apprenti au point de ne pas remarquer la gravité des indices ait aidé. Vous l'avez dit, nous avons ... Merdé.

Helena avait dû sursauter. Dans la bouche du Hapien, il était inconcevable d'entendre un gros mot mais en plus de le penser sincèrement, il essayait de se rapprocher d'Ysandre.

- Ouais, enfin bon ici aussi on a eu des ripoux. Maintenant c'qui compte c'est réparer.

Gagné. La comissaire se leva pour ouvrir la porte.

- J'ai rendez-vous, je vous envoie toutes les données disponibles sur des éventuelles faiblesses d'Eyclone, mais ne tentez rien seule s'il vous plaît.
- Hum
- Oh et je vais vous laisser Helena. Elle fera le lien entre nous, pour la transmission d'informations.
- Okay - Répondit la quinquagénaire, apparemment d'accord sur le fait qu'une gamine devait rester en-dehors de la première ligne, si bien entraînée soit-elle.- Nous on va patrouiller mine de rien, voir si on repère un truc. Des fois que le diable ait laissé entrevoir le bout de sa queue. Tu peux venir si tu veux.

Fit-elle à la Padawan, sachant que cette gamine n'en était pas totalement une non plus. Autant l'impliquer un minimum. Luke, lui n'essaya pas de saisir les sentiments de la concernée. Ce n'était pas une punition même si en partie, le Chevalier avait perdu momentanément confiance aux capacités de l'humaine dans cette mission, mais surtout il se rendait compte de l'énormité de l'affaire. Eyclone avait encore dû s'améliorer depuis l'époque où il avait quitté l'Ordre. Le meurtre du Maître Byram U' juste avant leur arrivée était une preuve en soi.

***

- Non... Pas là. Ici non plus.

Heureusement Luke avait pris de l'avance, sachant que Nar Shadaa n'était pas touristique et que même les quartiers convenables n'étaient pas accueillants. On avait peur de ce qui posait des questions, s'adressait aux autres même pour saluer. Sait-on jamais. Les habitants avaient développé un redoutable sens de la survie dont avait fait d'ailleurs preuve la comissaire Ysandre en découvrant seule leur identité. Ils étaient observateurs, malins, sur leurs gardes. Au bout d'un moment, le jeune Hapien avait finalement retrouvé l'hôtel où logeait See'Ryl. Il finit par deviner qu'elle était par terre au bruit des pièces que la Maître Jedi manipulait. Elles tombaient de bien trop bas pour que See soit installée à un bureau.

Luke lui lança une légère onde de Force, tant pour la saluer que pour s'assurer de son intégrité physique. Une sorte de comment vas-tu à la Jedi, mais il ne s'attarda guère. Ils avaient du boulot.

- J'ai trouvé des autorités. Peu de moyens mais fiables. Helena est restée avec eux. - D'une légère onde de Force il rajouta de la fermeté à sa voix déjà assombrie. Inutile de parler plus de sa décision. Il y avait derrière ce choix, une raison qu'aucun n'avait le temps d'évoquer. À priori, il s'assurait aussi un lien avec le Comissariat, et la Padawan servait de lien, de contact entre eux. Un peu un genre de contrat de confiance comme il avait essayé de vite lui expliquer avant de partir.


- La police croit que Viawn a accès aux informations privilégiées d'un ou de plusieurs Comissariats, des corrompus qui l'aident à échapper au dernier moment aux arrestations, voir pense-t-elle à lancer de fausses pistes pour les autres ... Les guider vers l'ouest en prétextant une attaque suspecte alors qu'il s'affaire à l'est. Ceci dit, il n'est pas fidèle à ses alliés qui n'auraient aucun intérêt à appuyer ce genre de meurtres, preuve en est la commissait Ysandre a fait le lien entre le faux avertissement et certaines agressions d'Eyclone. Au même moment, c'est indigne de l'intelligence qu'on lui prête. Il est si enfoncé dans son besoin de tuer qu'il en devient plus impulsif, arrogant. Ça pourrait jouer contre lui. Autre chose, il s'en est déjà pris à une femme d'âge mûr. Pas son prototype. Évolue-t-il ou est-il trop accro aux sensations qu'apportent l'assassinat pour attendre une vraie occasion ? À creuser.


Le Chevalier se débarrassa du "pancho" local, laissant apparaître une chemise blanche en lin qui aurait pu paraître moins rustique si elle n'était pas aussi "mal coupée". Trop grande, peu ajustée à ses épaules, elle lui donnait l'air quelque peu négligé mais c'était le but sur Nar Shadaa. Son visage ceci dit, détonnait toujours et il faisait de son mieux pour le cacher en laissant ses cheveux libres.

Un peu déboussolé par l'ampleur de la tâche, le Hapien s'assit sur le lit en retirant ses lunettes et en rattachant ses cheveux. Ils avaient du travail.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Le temps passa sans que See’Ryl ne s’inquiète vraiment. Son rôle avait été court par rapport à ce que Luke et Helena devaient accomplir avant de la rejoindre. See’Ryl s’occupait de ses petits modules sans avoir la certitude qu’ils allaient leur être utile, finalement. Elle releva la tête en percevant la présence de Luke… seul. Voilà qui était surprenant… où pouvait donc être la padawan qu’on leur avait collé dans les pattes ? A l’onde de Force de Luke, la sienne répondit, à la fois délicate et réconfortante. Les premiers mots indiquèrent où était la jeune fille. See’Ryl pencha légèrement la tête. « Je pressens un prêté pour un rendu… » dit-elle d’un ton indéchiffrable au point qu’il était compliqué de savoir ce qu’elle pensait réellement. Le ton sombre de Luke lui indiquait clairement que quelque chose n’allait pas. See’Ryl reposa ses outils et s’appuya dos au lit. « Déjà… Pour quelle raison avoir laissé la padawan avec eux ? » demanda-t-elle plus pour le forcer à évacuer la tension que parce qu’elle remettait son jugement en question. « Pour les autorités, je leur accorderais le terme de fiable quand nous aurons vraiment des informations intéressantes. Pas que je doute de leurs compétences mais je suis prête à parier qu’ils seront ravis de nous prendre de court. »

Oh elle était pragmatique, See’Ryl. Sa confiance réelle était compliquée à obtenir. Elle écouta la suite sans broncher. Lorsque le silence revint, elle resta quelque peu immobile, le temps pour elle de réfléchir alors que Luke se mettait un peu plus à l’aise. Quand ce fut fait, elle brisa le silence pour demander, paisible. « Tu as fait un profil ? » sous-entendu : peux-tu me le dire, s’il te plaît ? Elle fit jouer une clé entre les doigts de sa main droite Dans tout cela, il y avait quelque chose qui chiffonnait la jeune femme, lui donnant l’impression d’avoir raté un – ou plusieurs – détail(s). Elle finit par soupirer. « Concernant des alliés, c’est évident. On ne leur demande pas d’approuver les meurtres… Simplement de fermer les yeux. Ici, je doute que la probité soit quelque chose de très courant surtout dans les milieux officiels. Leur salaire doit nécessiter quelques…arrangements afin de vivre décemment. » souleva-t-elle en se levant souplement. Elle tapota à la porte de la salle de bain qui faisait le lien entre les deux chambres. Légion ne tarda pas à apparaître. Son datapad à la main, elle envoya l’ordre de se connecter, discrètement, au réseau des commissariats des environs. Plus tard, probablement, ajouterait-elle des filtres…

Pour l’instant, seule la suite comptait vraiment. « Je t’avoue que je ne suis pas au fait de la psychologie des criminels de ce type. Cependant, si je me fie à mon instinct, j’ai tendance à penser que la vérité se retrouve aux croisements de tous ces fils. Il perd peut-être le contrôle tout en étant sûr de la voir. Il joue. Il est même probable qu’il prenne autant de plaisir à jouer avec « nous » qu’avec ses victimes. » Elle finit par s’étirer un peu. « On a été repérés à l’arrivée ? » demanda-t-elle, finalement… comme si elle l’espérait.


Luke Kayan
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Luke n'avait pas spécialement envie de répondre à la fatidique question mais il se souvenait qu'en plus d'apprécier See, c'était aussi sa supérieure. Qu'elle veuille avoir un rendu détaillé de la mission pour taper le rapport était un droit, un devoir en fait. Le jeune homme s'attela à faire le tri dans ses pensées. Le vrai du faux. L'illusoire, la réalité, tout en maniant prudemment ses mots car son intention n'était pas de porter préjudice à l'adolescente.

- La Padawan Sword a... Fait de son mieux, mais un agent infiltré nous a repéré malgré sa tentative de jouer... Hum... Un rôle dont nous avions convenu pour nous fondre dans la masse. Disons qu'elle a fait preuve d'un peu trop d'enthousiasme. Ceci dit, il était doué et je n'ai pas fait illusion très longtemps non plus. Après discussion, notamment sur le fait d'avoir eu une chance incroyable de tomber sur la police infiltrée, j'ai décidé que la mission était trop dangereuse pour elle. Ceci dépasse sa formation et Eyclone Viawn a encore gagné en expérience, en savoir-faire. Principalement j'étais inquiet pour elle. Je n'aurais pas supporté de perdre une Padawan. Une vie à ma charge et... Et je n'étais pas sûr de pouvoir lui apporter ma protection jusqu'ici. Enfin, comme tu l'as dit, sont réellement alliés ceux qui le démontrent, Helena est partie avec eux, elle pourra les surveiller et nous informer.

- Car s'il était une chose dont le Hapien ne doutait pas, c'était de la loyauté de l'apprentie. Un soupir s'échappa de ses lèvres. Avouer sa crainte de perdre un Padawan après avoir tant rêvé de la mort d'Eckthor lors de leur première mission qui s'était complexifiée à vue d'oeil n'avait pas été simple. Sauf qu'en plus de refuser de mentir à son Ordre, Luke sentait que le faire devant une amie (car See'Ryl et lui l'étaient, non ? ou du moins prêts de le devenir ? Impossible de vraiment le savoir, il n'était pas doué pour ce genre de choses.) relevait de la plus haute trahison. À ses principes et à sa propre nature.-

La maître avait dû se lever car Luke sentit un léger courant passer devant son visage. Ce genre de signes auquel personne ne faisait vraiment attention le guidaient quotidiennement. Il devait absolument faire pareil avec Viawn. Fouiller dans les plus petits détails de son profil.

- La police nous a repéré et la Comissaire Ysandre en a vite déduit que nous étiondes des Jedis. Mais Eyclone en revanche n'a pas vu notre notre visage à Helena et à moi. Il est probable que notre ennemi aussi soit au courance. Ceci dit, je ne sais pas s'il pense que nous sommes tous les 3 membres de l'Ordre ou non et la police a visionné les bandes. On ne voit pas nos têtes. On a au moins cet avantage.


- Je suis d'accord, il est narcissique à tendance sadique. Masochisme je l'ignore mais jouer l'amuse. De fait, je suis prêt à parier que sa prochaine victime serait à notre santé. Afin de nous narguer ou nous mener jusque lui en un jeu de devinettes. On ne peut pas le provoquer, se balader en toge ne sert pas beaucoup je le crains car il veut domine ce qui, pour lui, est un vaste jeu. Que nous découvrions les preuves en temps et en heure, puis finalement lui. Le problème étant que si nous nous laissons guider, ce pourrait, ce serait certainement au prix de plusieurs morts. Il aime torturer ses proies, ses adversaires, ce que nous sommes. Rien de plus jouissif pour lui que de corrompre l'aura jugé trop puritaine, hypocrite des Jedis qui l'énervent de part leur retenue malgré leurs grands pouvoirs. Si j'en crois quelques entretiens à l'époque où c'était déjà trop tard, quand le Conseil découvrait l'étendue des dégâts après une formation dans des lieux isolés avec un Maître qui n'a pas vu les signaux, il pensait que les Jedis devraient s'imposer, renverser l'état et régner. Pour la paix prétenduement, en réalité justifier sa soif de pouvoir, mental surtout, sur autrui. Je ne veux pas qu'Helena ait à subit ça... Des morts sur la conscience pour ne pas être arrivé assez tôt car c'est ainsi qu'il va chercher à nous détruire, à nous corrompre. Finalement, ce genre d'individu s'ennuie, jugeant qu'il n'existe personne à sa hauteur. Ils cherchent donc l'adrénaline, le challenge.

Tout ceci n'étaient que des suppositions mais si Eyclone n'avait pas déjà surgi hors de son trou pour les défier en duel, c'était parce que son esprit de pervers narcissique voulait les mener jusqu'à lui doucement, histoire de bien démontrer sa supériorité.

- En tout cas, il sait que nous sommes ici et de ta part, s'attend à une grande bretteuse. On lui avait déjà envoyé Maître Byram U', le Temple doit au minimum lui accorder le crédit suffisant pour lui envoyer une autre fine lame. Par contre si nous avons un peu de chance, il sous-estime les Jedis des autres castes, implicitement les Consulaires. Sur les archives, relues en boucle et selon témoignage de ses camarades, Viawn faisait une grande différence entre les Sentinelles, Gardiens, Ombres et Consulaires. Seuls la deuxième et la troisième catégorie étaient dignes. Les premiers pêchaient dans tous les domaines, quant aux derniers, ce sont des fonctionnaires. Pour un ex-Jedi curieusement, il semble aussi dédaigner la Force qui a décidé de l'habiter en minorité. Son taux de Midichloriens est juste suffisant pour en faire un Jedi. Un affront pour lui, donc il mise tout sur ses capacités physiques.

Luke poussa un dernier soupir.

- Encore une fois, tu as bien résumé : Lui laisser faire croire qu'il a la main pour le doubler est le meilleur, peut-être l'unique moyen de l'avoir... Mais je ne sais pas encore comment m'y prendre pour qu'il n'y ait pas de cadavres entre nos deux plateaux de jeu... Peut-être essayer de le joindre pour lui faire croire qu'il a le choix d'y répondre ou non ? Lui montrer que nous sommes... Désespérés ?

Le Hapien laissa passer Légion devant son nez. Le robot ne lui prêtait aucune attention, occupé à sa tâche.

- Qu'est-ce que tu fabriquais ? J'ai entendu des bruits métalliques en arrivant. On pourrait éventuellement se servir d'un de tes robots pour lui envoyer un message discret en lui laissant croire que nous l'avons perdu ?
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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En réalité, seul le rapport circonstancié avait poussé See’Ryl à poser la question. Le fait était qu’elle n’omettait jamais un seul détail dans ses « récits » qui étaient épluchés, pesés, analysées sous toutes leurs coutures. Ne rien cacher, peser ses mots… c’était autant de temps de gagné et de questions en moins. Aussi enregistra-t-elle soigneusement la réponse donnée sans y apporter le moindre jugement. See’Ryl avait suffisamment confiance en Luke pour ne pas avoir eut de jugement erroné. Elle l’enveloppa d’une vague de force à son aveu concernant la protection de la padawan. Ca, par contre, elle ne le mentionnerait pas dans son rapport puisqu’à ses yeux, cela tenait bien plus de la confidence qu’une information pertinente.

Elle se leva pour aller donner de nouvelles instructions à Légion tout en écoutant ce que Luke lui répondait avec attention. Elle ne l’interrompit pas pour ne pas briser le fil des pensées de son ami puis revint prendre place non loin de Luke. La jeune femme emmagasina les informations jusqu’à ce que le silence revienne.

« Des espions, dit-elle. A la fois relais et voyeurs… Ils ressemblent à ceux que l’on trouve un peu partout en ville. Ils flottent et se fondent dans la masse. Il y a de fortes chances pour que notre ami en ait aussi… Ainsi que les autorités. L’avantage de Légion, c’est qu’il pourra tout centraliser. Ses transmetteurs et récepteurs sont largement suffisants pour cela. » dit-elle en attirant l’un des petits droïdes à elle pour offrir à Luke le loisir de les explorer tactilement. Elle lui faisait confiance pour ne pas endommager l’engin. « Je ne sais pas s’ils seront utiles… Mais au moins, ils nous permettront de savoir si nous sommes suivis. » Elle s’étira. « Je préfère partir du principe qu’il sait qu’il y a des Jedis. Surtout moi. C’était le but initial : qu’il connaisse mon visage. »

Voilà qui éclairait clairement l’une des idées de See’Ryl : servir de cible mouvante. « Est-ce-que l’on a une carte indiquant ses meurtres ? Il doit bien avoir un terrain de chasse… » demanda-t-elle pour pouvoir réfléchir à la suite de leurs actions. « Administratrice, je viens de la modéliser. » Au signe de See’Ryl, il la projeta pour qu’elle puisse la contempler. « Luke, attrape mon datapad. Sur la table de nuit. Trente centimètres vers l’arrière, sur ta droite. Légion, bascules-le en braille. » Ce fut fait dans la seconde et sous les doigts du Hapien, s’offrit une carte, certes simplifiée, des environs. Les localisations des meurtres ressortaient de manière perceptible.

« Nous disions donc… Légion, élimines ceux qui ne remplissent pas les critères suivants : Victimes qui exerçaient une fonction quelconque incluant un pouvoir, même limité, sur des individus. Victimes connues pour avoir fait des bonnes actions ou être altruistes ou critiques vis-à-vis du climat moral de cet endroit. » Elle laissa le temps à son droïde de traiter les informations. « Il y a néanmoins une chose qui m’inquiète c’est ta présence dans la Force. Même s’il est plutôt mineur dans ce domaine, il devrait arriver à te sentir à des kilomètres à la ronde. J’aurais dû y songer avant de prendre le devant de la scène. » elle fit claquer sa langue contre son palais.

« J’ai terminé, Administratrice. » annonça Légion. « Aucune des victimes ne remplis les deux critères que vous avez exclu. Cependant, on note un nombre supérieur de victimes apparentant à la seconde catégorie dans les dossiers les plus anciens. Le taux diminue pour être supplanté par la première catégorie. » See’Ryl eut un léger sourire satisfait. Voilà une première ébauche. « Ainsi donc, ce n’est plus tant le puritanisme qui lui donne son shoot d’adrénaline que l’idée de détruire ceux qui ont du pouvoir… Qu’en penses-tu ? » demanda-t-elle à Luke.




Luke Kayan
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- Des idéaux à défendre ? Il n'en a jamais eu. - Fit Luke après une réflexion rallongée par l'exploration des petites sondes que See lui avait donnée. Il passa son index dans une mini encoche après s'être assurée qu'il n'y avait pas de boutons. L'expérience lui avait enseigné à toujours se méfier d'une protubérance sur ressort, ça déclenchait tout et n'importe quoi !.- Ni d'intérêt pour les gens du pouvoir. Par contre, il pourrait avoir changé de proie pour nous attirer, estimant que l'Ordre ne s'intéresserait pas à de simples prostituées... Les policiers du coin, les autorités de la planète, tout ceci l'outrage. Lui veut attirer l'attention de combattants à sa taille, des membres de cet Ordre qui ont brimé ses pouvoirs. L'adrénaline du duel avec l'occasion de se venger dans un même pack cadeau.

Le jeune homme qui avait posé le petit espion pour se saisir du datapad de la Maître Jedi le reprit entre ses mains. Pas besoin de s'y connaître pour deviner le travail d'orfèvre sur cet objet à taille réduite qui se contentait du strict nécessaire pour remplir sa mission efficacement. Il s'y attarda une poignée de secondes de plus, le temps d'achever la minutieuse exploration que méritait le travail de See'Ryl. Luke aimait beaucoup travailler avec son aînée, parce qu'elle le considérait normalement. Rien que le fait de lui indiquer naturellement où trouver son datapad sans se déranger pour aller le chercher là où d'autres auraient choisi le déplacement. Elle le faisait aussi participer en lui donnant la petite machine espion par exemple. Normalement avec ses collègues Jedis, le Hapien n'avait pas de souci. Ils ne le considéraient pas comme une chose fragile et incapable sachant qu'avoir été le Padawan de Saï Don aidait un peu. Mais les autres... Les collaborateurs externes, il fallait parfois se battre, donner deux fois plus que n'importe qui pour démontrer ses capacités, avoir le droit de participer. Où alors, on prenait des précautions extraordinaires pour le mémager. Tout l'un tout l'autre. Avec l'Arkanienne, c'était juste simple, naturel.

- Tu penses qu'on pourrait lui lancer un appât ? Un faux politicien étranger qui serait venu négocier un accord avec Nar Shadaa voire carrément l'extradition d'Eyclone Viawn ? Ceci dit tu as raison, j'ai parfois du mal à complètement cacher mon aura.

Soupira le jeune homme avec une ton d'excuse. Il avait beau très bien maîtriser la Force, le Consulaire peinait à occulter sa présence "rayonnante" au sein du grand Courant commun aux Jedis et aux Siths de tout accabit : lumineux, sombres, grisés ou noirs. C'était un inconvénient assez inattendu de sa part, après tout, Luke était talentueux en ce qui concernait les pouvoirs. Malheureusement son taux de Midichloriens le desservait là où une personne en possédant peu, au contraire brillait. Sur Naboo, il se rappela d'une mission où son aura avait été captée par un apprenti de son âge. Il était alors encore Padawan, l'aspirant Sith voulait voler un artefact pour se faire accepter par un de ses supérieurs, malgré sa faible présence dans la Force. Le Hapien était facilement repérable, l'autre non... C'était bien lui qui avait été repéré le premier. Ceci dit, concernant sa présente idée, tout n'était pas à jeter. Le blond réfléchit à comment la transformer.

- Après tout on se moque qu'il sache qu'un second Jedi soit présent... Ça l'intéresserait forcément. Un Consulaire qui, selon ses propres dires de l'époque, mangent les réserves de l'Ordre et ne servent à rien... Me grimmer à la manière d'un petit fonctionnaire simpliste ne serait pas très compliqué, et si je ne peux pas cacher mon aura, je suis capable de diminuer son intensité. Viawn n'est pas stupide mais enfermé dans un carcan de stéréotypes. S'il sait que je suis Jedi, peu importe. j'ai toute l'allure d'un Consulaire typique. À mon avis, c'est toi qu'il va essayer de faire sortir de ton trou. Toi la Gardienne qui est de son niveau. Du coup je peux être l'appât qui se balade inconsciemment seul et qu'il pourrait aborder pour te faire du chantage. Sauf que tu serais déjà sur place... Et que ce serait sur le terrain que nous avons choisi.

Remarqua le jeune homme qui savait pertinemment que son physique ne lui donnait guère de crédit en tant que Gardien de la paix tenace. On supposait de lui qu'il gérait l'administratif, s'asseyait derrière un bureau pour rédiger des dossiers en oubliant que tout Consulaire soit-il, Luke suivait un entraînement. Un entraînement dékà sévère rendu encore plus exigeant de part son lien avec un Gardien Explorateur sur les bords. Sa silhouette avait beau demeurer fine, presque trop, elle cachait une grande agilité et une flexibilité plutôt surprenante. Certes, ce n'était pas un cador au sabre, d'ailleurs il était assez faible pour qu'un Padawan doué dans le domaine en fin de formation le mette à terre... Mais s'il s'agissait juste de retenir Eyclone le temps que See'Ryl débarque. Et puis, le jeune homme pouvait emcore utiliser ses pouvoirs afin de surprendre celui qui le pensait incapable.

- Ce serait quitte ou double ceci dit, car il peut estimer ne pas avoir d'intérêt à jouer sur notre terrain, deviner nos intentions et préférer nous faire culpabiliser en assassinant d'autres civils.

Réfléchit le jeune homme qui ne voulait pas sous-estimer l'intelligence de leur ennemi. Tout un système lui courrait après bien que de nombreux fruits pourris l'aidaient mais quand même. Il ne fallait pas oublier que certains bandits en avaient après l'ancien Jedi... Alors échapper à la police, aux mafias du coin, il en fallait, une sacrée dose de courage, de patience et de finesse d'esprit. Luke soupira et se frotta le visage de ses mains, s'attardant sur la naissance de ses cheveux qu'il ramena en arrière, léger signe d'une réflexion difficile.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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« On a toujours des idées à défendre… même si on l’ignore. » lâcha See’Ryl, d’un ton quelques peu rendu distrait par le fil de ses propres réflexions. Elle n’en écouta pas moins Luke lorsqu’il reprit la parole et même si elle ne partageait pas entièrement son point de vue, elle ne garda bien de se lancer dans un débat interminable simplement afin de déterminer qui pouvait avoir raison ou tort…. Ce qui constituerait une perte de temps inutile et criminelle. Alors autant estimer que la juste voie se trouvait entre les deux points de vue. Toute à ses préparation, elle se contenta d’agir avec Luke comme elle l’avait toujours fait, tant elle était loin de le juger impotent à cause de sa cécité. Au contraire, même… See’Ryl l’estimait bien plus capable qu’un bon nombre de ses collègues… y compris des maîtres.

« Ne sois pas désolé. dit-elle fermement en entendant l’Hapien s’exprimer sur un ton d’excuse. Aux yeux de l’Arkanienne, cette difficulté ne méritait pas une quelconque culpabilité. Elle avait appris à composer avec les atouts et les avantages de ses partenaires… tout comme elle s’attendait à ce qu’ils en fassent de même avec elle. Voilà pourquoi l’équipe qu’elle formait avec Luke fonctionnait bien. Elle rassembla ses outils, ayant désormais achevé la préparation des petits droïdes. La réflexion suivante de Luke la plongea dans un abîme de réflexions qu’elle mena en silence. « Quitte ou double, en effet. » finit-elle par dire en brisant la fausse quiétude qui s’était installée entre eux. Elle vint s’asseoir sur le lit, non loin de son compagnon.

« Tu oublies que je ne suis pas un gardien… » chuchota-t-elle, assez bas pour que seul Luke puisse l’entendre. Légion garantissait à ce qu’aucun dispositif espion ne puisse émettre hors du périmètre de la chambre. Mais un excès de prudence ne pouvait pas nuire. « J’aime beaucoup ton idée… » avoua-t-elle, finalement. « On devrait pousser le vice à faire le tour de quelques uns des commissariats de la zone… Plus tu te montreras, plus tu joueras le consulaire typique et plus on aura de chance pour qu’il te chasse… Mais avant… je dois récupérer de quoi le tracer. Si on le part, on pourra se livrer à une vraie chasse à l’homme. »

Ce n’était pas vraiment… une manière de penser digne d’un Jedi… Pour sa défense, See’Ryl voulait attraper Ecylone plus pour des raisons altruistes que pour sauver la mise à un Ordre qui n’aurait jamais dû le laisser en arriver là. Ces pensées-là, la jeune femme les gardait pour elle-même. Ne serait-ce que par estime pour Luke qui n’avait pas à entendre le jugement sévère qu’elle pouvait porter sur les plus hautes instances de l’Ordre. Ce n’était pas non plus pertinent au vu de la situation. « Tu as ce qu’il faut pour changer ton apparence ? » demanda-t-elle en se levant. « Autant commencer le plus rapidement possible. Tu as de quoi garder un contact permanent avec moi ? Je vais aller chercher des traceurs dans les bas-fonds. Il faudra que l’un de nous parvienne à les lui injecter d’une manière ou d’une autre quand on en viendra à l’affronter… Et il faut que l’on décide quel terrain… »

De toute la manœuvre, ce serait probablement le plus compliqué sur l’instant… Dans l’idéal, non peuplé, avec le moins de cachettes possible... sans trop de moyen de retrait… Voilà qui allait demander réflexion.




Luke Kayan
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- Sans doute.

Luke n'était pas spécialement convaincu. Certains psychopathes n'avaient pas d'idées parce qu'ils en étaient simplement incapables. Pas même des folles, des absurdes, des dangereuses. Rien. Dans leurs têtes, se bousculaient des impulsions, des désirs sanguinaires sans raison. Un assassin ne se jetait pas sur des brunes entre 20 et 30 ans pour défendre des idées. C'était simplement un mélange de folie, de traumatismes passés et de fétichismes. Toutefois, le jeune homme n'était pas un policier aguerri, tout juste un apprenti ayant posé un pied dans cette ville finalement bien à part dans le monde de la justice. De plus, Eyclone était loin d'être un imbécile sans but. Il avait bien l'objectif d'affronter l'Ordre qui avait "gâché" sa vie, alors pourquoi pas des idées. De toutes manières, si intéressant soit le thène du profilage, ni See'Ryl ni Luke n'avaient le temps de s'y plonger complètement. Le Chevalier manquait de solides connaissances pour terminer de dessiner le caractère de leur "proie/prédateur" et appeler un spécialiste n'était pas une optique. Alors ils tenteraient de piéger Viawn en jouant sur sa haine de la communauté qui l'avait alimenté, éduqué mais aussi limité.

En parlant de temps... Il y avait aussi ce rôle à adopter... Mais pourquoi avait-il aussi compliqué la chose ? Quel erreur de scénariste rêveur. Sans compter que l'idée du faux politicien semblait de plus en plus difficile à mettre en place. Il fallait créer un profil, se donner une crédibilité. Par chance, le jeune homme avait eu l'idée d'endosser le rôle d'un Consulaire, et si on poussait les choses jusqu'au bout... Pourquoi pas le sien ?

- Pas besoin de me déguiser -suggéra Luke...- Même s'il me reconnaissait en tant que Padawan de Saï Don- le grand ennemi d'Eyclone donc, la tête de l'hydre qu'il croyait combattre.- je suis un Consulaire. Un Consulaire aveugle. S'il sait qui je suis, mon handicap ira avec, c'est certain. Mon nom y est associé, voilà de quoi lui donner confiance. Quant à mon lien avec la Force je peux toujours le réduire et laisser sous-entendre que les "on dit" sur mes Midichloriens sont exagérés. De toutes façons, avoir un bon lien ne veut pas dire être puissant.

Luke avait un peu tort sur ses derniers propos, une aura naturellement resplendissante inquièterait un criminel ayant un minimum de conscience, sans parler de connaissances sur ce grand courant mystique. D'ailleurs, bien que le handicap du blond soit davantage connu que la maîtrise de ses dons, on en parlait parfois dans les couloirs. Par acquis de conscience, il diminuerait sa présence plus que par conviction. Personne hormis Karm, subjectif et adorable amant, ne pouvait le considérer comme "puissant" mais lui ne s'en plaignait pas.

- On gagnera du temps sans prendre de gros risques. S'il ne me reconnaît pas, ce qui est probable, je serai un consulaire parmi tant d'autres, s'il me reconnaît, ça implique qu'il sait que l'apprenti de Maître Don est un Diplomate convaincu.

Peu doué au sabre-laser, petit fonctionnaire routinier, somnifère malgré une grande intelligence. C'était ce qui circulait, en bien ou en mal sur lui. Heureusement, la vérité différait un peu et les commères n'avaient pas mis à jour leurs potins. Depuis deux ans désormais, le jeune Jedi veillait à s'améliorer au maniement de l'arme avec Karm. Il était plus athlétique, rusé et davantage habitué au terrain. Pas de quoi en faire une Ombre, mais il se débrouillait mieux que ce que certains pouvaient penser et par extension, l'arrogant Eyclone.

Luke aurait aimé ne pas laisser la Maître Jedi s'enfoncer seule dans les bas-fonds, mais il n'avait guère le choix. Pendant qu'il irait faire son cirque dans des bureaux rutilants (si rutilents puissent-ils être sur cette Planète), See'Ryl s'enfoncerait dans la nuit diurne des ruelles sans fin. Doucement, le jeune homme soupira un "oui". Leur plan ne l'emballait guère, il y avait trop d'inconnues, trop de X dans leur équation et surtout une impression d'être arrogants. Eyclone n'était pas une stupide revanchard, il avait su mener sa barque jusqu'ici. Fou Lucide, mais avaient-ils d'autre choix que celui de parier sur sa haine ?

- Que la Force soit avec toi.

Murmura le blond un peu plus tendrement qu'il ne l'aurait fait avec une collègue respectée mais sans lien particulier. Il la remerciait aussi probablement de ses mots "ne t'excuse pas". Ça comptait de se sentir à la hauteur aux yeux de quelqu'un, qu'on ne lui en veuille pas d'une faiblesse pourtant inexcusable. Quel Chevalier accompli ne savait pas cacher parfaitement son aura ? See'Ryl l'acceptait sans se poser de question, sans se plaindre. Comment Viawn avait-il pu renoncer à cette communauté merveilleuse, constuituée de personnes si bienveillants ?

Outre ce message vocal habituel, teinté de sentiments amicaux, le Jedi laissa voyager une onde chaleureuse vers la quadragénaire.Cette dernière s'amenuisa toutefois avant de se transformer en une brise à peine perceptible. L'aura de Luke venait de diminuer sans qu'il ne soit capable de l'occulter. D'où leur idée de jouer les Consulaires presque incapables de se défendre. Dans l'immédiat, le rôle du politicien aurait été plus sûr car Eyclone aurait probablement moins hésité sur cet objectif, mais le Hapien n'arrivait pas à disparaître au sein de la Force. Sa grande amie refusait de le laisser s'éteindre.

***

De bureaux en bureaux donc, Luke qui avait changé de stratégie portait toujours des vêtements civils (pour sa sécurité dans des rues pas forcément "mal fréquentées" mais les gens hostiles aux Jedis sur ce monde étaient majoritaires), néanmoins, il donnait son nom, montrait sa carte. Si Eyclone avait des yeux dans la capitale ou carrément des mains corrompues à son service dans ces fameux comissariats, il aurait rapidement vent de la présence d'un Jedi venu enquêter sur lui. Autant être direct vu leur peu de temps disponible avant un éventuel prochain meurtre. Pas de meilleur mensonge que la semi-vérité. L'Ordre avait envoyé une Gardienne ou quelque chose approchant, un Consulaire pour l'arrêter, de quoi le défier mollement mais c'était un début. Voilà qui devrait l'attirer.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Le « sans doute » de Luke fit comprendre à See’Ryl qu’elle n’était pas parvenue à le convaincre… Etat de fait dont elle se moquait, en définitive. Elle ne cherchait rarement à vraiment convaincre les gens de ses points de vue. La dernière fois qu’elle l’avait fait, Saï Don n’avait guère compris… pour elle, les idées ne se résumaient pas à une opinion politique… Le choix d’un type de victime, le choix d’un rituel… Les choix, en général, renfermaient une idée, un point de vue… quelque chose à communiquer. Cependant, ce n’était clairement pas le moment de deviser durant des heures même si, avec quelqu’un comme Luke, See’Ryl y prenait un plaisir particulier. Ils revinrent à leur plan et l’Arkanienne arbora temporairement une moue songeuse. L’Hapien tenait à ne pas vraiment se grimer. C’était son choix. Alors See’Ryl acquiesça doucement.

En un sens, elle trouvait cela étrange cette fascination pour le taux de Midichloriens. Elle-même était plus que correctement dotée mais seuls les membres du Conseil le savaient pour peu qu’ils aient lus son dossier médical. La différence entre Luke et la jeune femme, c’était que cette dernière avait poussé la maîtrise d’elle-même jusqu’à l’extrême… Son aura restait donc dans la moyenne, invariable même quand la Jedi s’agaçait. « Je présume que jusqu’à ce que l’annonce tombe au sein du Temple, il avait encore quelques contacts avec des Jedis… Après tout, quitter l’Ordre n’équivaut pas à être considéré comme mort… « Juste » Perdu. »

Elle perçu l’incertitude de Luke et s’approcha pour frôler sa main de la sienne. « Allons…Ce n’est pas la première fois que je vais dans les bas-fonds en solitaire. » lui avoua-t-elle sans expliquer pourquoi ou comment. « Et pour l’instant, notre marge de manœuvre est bien trop réduite pour que nous puissions faire autrement. Il nous faut compter sur nous-mêmes, sur la Force et sur notre capacité d’adaptation. » L’ombre d’un sourire passa sur ses lèvres. See’Ryl n’était pas connue pour être adaptable… ou même souple. Et pourtant… N’avait-elle pas la réputation de trouver des solutions inattendues dans les circonstances les plus improbables ?

« Qu’Elle t’accompagne » répondit See’Ryl au vœu de son ami. Elle répondait toujours ainsi au salut institutionnel de l’Ordre… Simplement parce que les répétitions, c’est moche dixit la padawan Arkanienne qu’elle avait un jour été. Cette réplique était devenue sa signature. Elle répondit à la vague de Force, trahissant son affection, et laissa Luke s’éloigner pour se préparer à sa sortie. Quelques minutes plus tard, l’Arkanienne prenait la direction des bas-fonds.

***

« Je n’ai pas pour habitude de servir les gens comme vous. » lâcha le commerçant devant une See’Ryl indifférente. « Qui me dit que vous n’allez pas vous en servir contre moi… » reprit l’homme, s’attirant enfin un regard de la part de l’Arkanienne. Elle s’approcha doucement et esquissa un geste de la main gauche en disant clairement « Vous allez me vendre ces traceurs. » Le regard plus ou moins vague l’individu marmonna « Je vais vous vendre ces traceurs. ». L’instant suivant, il était partir chercher ce que See’Ryl lui avait demandé. La jeune femme paya et sans alla sans faire plus de commentaires.

« J’ai les traceurs. » indiqua-t-elle par message crypté à Luke. Ce qui signifiait qu’elle allant dans sa direction. Légion, quant à lui, avait dispatché les droïdes de surveillance, en amont du trajet de l’Hapien. Il continua sa programmation, aussi naturel que pouvait l’être un droïde de protocole qui accomplissait les ordres d’un maître quelconque. See’Ryl finit par grimper sur les toits, enveloppée dans un manteau de couleur locale qui lui permettait, surtout de cacher son visage. Son instinct lui disait que les appâts commençaient à faire leur effet. Enfin.





Luke Kayan
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Luke avait mal au coeur pour les autres Consulaires, leur réputation car il la ternissait. Exigeant, sec, sans concession, impatient, un véritable gratte-papier. Mais ça fonctionnait. Le nom du pénible circulait de service en service, restait à savoir si cela traverserait les bâtiments administratifs au point que ce cher Eyclone reçoive un appel. Il y avait tant d'inconnues dans cette mission, Viawn avait-il le bras aussi long pour atteindre les services publics ? Était-il seulement capable d'anticiper ? De former un réseau de soudoyés ? Personne n'avait jamais soupçonné que l'ancien Jedi soit riche, ni doué pour manier l'argent, ou jouer avec les pouvoirs. Son profil le désignait comme rempli de rage mais suffisamment intelligent dans sa folie pour être froid, calculateur, voire capable de renoncer à un meutre si la situation lui semblait trop dangereuse. Pour simplifier la chose (ironie), les dernières hypothèses tendaient à montrer que l'homme évoluait, perdant de cette prudence qui caractérisait les prédateurs rusés. C'était sur cette (fausse ?) impression que les Jedis se basaient pour le coincer.

***

Le Hapien commençait à avoir vaguement l'impression de devenir un spécialiste de la bureaucratie de Nal Hutta lorsque le message de See'Ryl égaya son marathon. Il se sentait rassuré de savoir que des droïdes veillaient sur sa silhouette, bien peu caractéristique des lieux, qui circulait dans les rues. Pour ces dernières, il réservait un genre de toge oscillant entre le brun et le gris, assez rustique. Elle couvrait sa tunique et sa ceinture utilitaire pour éviter l'animosité des habitants. Dans les bureaux, il lui suffisait de la retirer comme un manteau afin de révéler, non, hurler, revendiquer son statut.

Une demi-journée à ce régime avait mis en émoi les réseaux de commérage des bureaux. Les oreilles des murs majoritairement des rues s'éveillaient lentement, étirant leurs muscles. Le rang de Luke avait dû déborder, quitter le seuil de l'administration pour se répandre dans l'air. L'ambiance s'alourdissait, Luke le sentait vaguement, mais obligé de se concentrer sur la maîtrise de son aura, il avait perdu beaucoup de ses pressentiments. Il avançait donc presque en complet aveugle sur une avenue à peu près correcte. De part et d'autres du Consulaire, les murs s'ouvraient sur des ruelles tortueuses dont même les habitants ne devaient par connaître tous les aboutissants.

Le Hapien notait à quel point la vie s'était repliée et surtout à quelle rapidité lorsqu'il se sentit happé. Sa bouche était désormais bloquée. Elle goûtait à une chaire garnie de quelques poils. La Force, étouffée par ses propres soins parvint à le prévenir- trop tard- d'une présence qui puisait en elle. D'une manière très différente, beaucoup plus obscure. Quelques pas vacillants et le jeune homme fut emporté dans le néant d'une ruelle qui bordait l'avenue. Une ruelle sans importance que personne n'avait pris la peine de daller. Le vent soulevait des grains de poussière salit par la pollution et le temps, noircissant des murs suintants.

D'un geste vif, Luke parvint à dégager un bras pour atteindre sa besace et attraper son sabre-laser, ou était-ce Eyclone qui l'avait laissé faire ? Un combat à la déloyale ne le gênait pas, mais sans amusement si. Le blondinet n'avait beau être qu'un petit Consulaire, le voir se débattre était plus divertissant que de le tuer par étranglement, alors en effet, il avait relâché son étreinte. La lueur soleil qui émanait du sabre le surprit mais assez vite il se resaissit. Le gamin était un Consulaire convaincu, il le savait. Au début, l'identifier n'avait pas été simple, mais ces yeux vairons, fixes. Un souvenir à moitié gommé de son esprit, anodin l'avait aidé à remettre un nom sur ce visage inexplicablement honni, plus que les autres.

C'était le Padawan de Don, ce vieux rabougri contre qui, il n'avait rien de spécial à l'époque. Mais depuis, il était devenu chef du Conseil, paradant sur les holoécrans du journal de temps à autre avec en fond, la silhouette de ce Padawan. Comme les autres, il avait suivi les traditions de cet Ordre pourri jusqu'à la moelle, freinant le pouvoir d'enfants surpuissants comme lui l'avait été. Ils étaient trop mous, à la merci d'un adversaire que Viawn méprisait tout autant : Les Siths. Fadasses, préoccupés par leur nombril et tous réunis malgré leurs beaux discours d'indépendance. Des clowns qui paradaient eux aussi.

Si le simple fait de respirer était compliqué sur cette planète dégoûtante, devoir le faire plus profondément à cause de l'effort devenait une torture. Eyclone s'était habitué à la dure, lui. Ses poumons s'étaient habitués (non sans séquelles, mais pas encore apparentes sans doute) à filtrer l'air vicié et il combattait avec efficacité. Luke croisait sa lame en haletant. Son corps essayait de rejeter la pestilence, d'avoir le moins de contact possible avec la pollution mais de ce fait, il ne régénérait pas tout son oxygène. Face à un excellent duelliste, le jeune Jedi avait peu de chance. Il se laissa acculer contre une paroi poisseuse malgré lui, encore éberlué par Viawn qui les avaient pris de vitesse, See'Ryl et elle.

- Votre plan était bon, mais poussif. Vous n'aviez pas le temps de le mnettre en place.

S'amusait l'ennemi non sans regretter de ne pas avoir eu l'occasion de tuer une petite victime au nom des Jedis venus l'arrêter. Il aurait adoré prendre un otage et les torturer mais quoiqu'il en dise, le duo (ou trio ? On lui avait parlé de trois étrangers de base) avait réagi vite. Dans le lot, il avait un gardien, alors forcément... C'était plutôt normal, là où ce timoré petit Consulaire se serait perdu dans les papiers, les documents officiels. Mais tant pis, au moins il avait pu entraîner celui-ci sur son terrain, dans ces ruelles dont il connaissait les méandres par coeur. Ça n'était pas les bas-fonds qu'il fréquentait pour y trouver ses proies, mais sur cette planète... Difficile d'utiliser un autre mot pour n'importe quel quartier et de toutes façons Eyclone avait passé des semaines à cartographier la ville avant de commencer ses attaques. Il avait réfréné ses envies de meurtres pour marcher, s'imprégner de l'air horrible, retirant son masque pour s'habituer, comme les natifs pauvres, à résister aux particules immondes. La nuit, son esprit avait divagué, son enseignement Jedi essayait bien de le retenir, il avait eu des remords, des regrets mais finalement c'était devenu un prédateur. La première proie, c'était par hasard.

Une fille facile séduite par son air ombrageux d'étranger. Elle avait cru si simplement qu'il la mènerait sur Coruscant après avoir fini ses affaires ici. Elle n'avait pas fait l'amour avec l'homme sinon le billet de navette en partance pour les Terres Promises, bien sûr. Mais il avait coupé net à ses envies de voyages en détruisant sa vie. Juste comme ça, une pulsion aussi horrible que délicieuse, punitive à l'égard de cette sale fille qui avait osé le séduire juste pour partir, qui s'était servie de lui comme l'Ordre avant. C'était après que son idée de ramener les Jedis dans ce trou était venue et qu'il avait davantage tué pour attirer leur attention.

Aujourd'hui, il tenait une vengeance partielle mais une vengeance quand même. S'il tuait ces deux Jedis, il saurait être prêt pour rentrer sur Ondéron, s'entraîner encore un peu sur des Padawans de passage et tuer. Ou alors Coruscant, le Temple était encore en construction, ce serait plus facile... En tout cas, son si long plan prenait enfin forme. Voilà l'épreuve finale : il devait être capable de défaire les Jedis amenés ici pour se sentir prêt, guerrier de la souillure, à revenir hanter l'Ordre et s'il le fallait (et il le faudrait sûrement) mourir.

Eyclone virevoltait, maître des lieux suite à un entraînement encore plus intense que celui que s'imposaient les Jedis, sans limite et garni d'adrénaline. Luke cependant s'opposait courageusement. Il analysait et commençait à comprendre où était le centre... Le centre duquel émanait des attaques légèrement (et de façon inattendue !) trop scolairesm semblables. Viawn avait le même défaut que lui ! Une technique prévisible pour qui connaissait en théorie, comment on maniait le Makashi... Et Luke était un professionnel des Katas, de l'apprentissage sur papier, alors les noms de frappes revenaient en son esprit, il se souvenait des enchaînements que lui n'avait jamais réussi à faire. Il les prédisait, la théorie coulait dans son esprit et il anticipait.

***

Hurlement de rage. Il avait osé souiller l'art des bretteurs, le petit Jedi blond. Une vague de Force avait repoussé Eyclone, brisant le contact entre leurs lames, une jaune et une bleue. Il se releva, essuyant une estiflade sur le côté droit. Luke devenait plus imprévisible, sortait de sa zone de confort, appliquant les leçons de Karm. Cependant, il restait le plus faible des deux, en position difficile. Le souffle rauque, cassé par une toux aigüe et chaque fois plus entêtée, le Hapien sentait son cou le brûler. Eyclone avait ramassé un bout de verre pour rayer la chair tendre, fragile du jeune homme. Il avait aussi blessé sa jambe droite au point que le Consulaire peinait à la poser au sol, boîtant, sans oublier son bas-flanc, ce qui réduisait ses capacités à la défense presque passive. La dernière résistance en attendant les secours.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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See’Ryl avait conscience que Luke avait vécu des heures aussi pénibles que longues mais elle ne pouvait rien faire d’autre que de le soutenir silencieusement. Elle observait, trop loin pour être vraiment utile en cas d’urgence… L’idée était qu’elle intervienne au bon moment. Mais quel était le bon moment quand, à peine eut-elle retrouvé le marasme qui servait de terre à cette planète nauséabonde, qu’une troupe de gamins s’accrocha à elle pour lui faire la manche. Ils eurent beau tenter de la dépouiller, la jeune femme ne leur laissa aucune chance d’attraper ses affaires mais cela fut largement suffisant pour la détourner de son objectif premier. Lorsqu’elle s’en aperçu, See’Ryl lança ce qu’il lui restait en monnaie pour disperser les gosses. Ils s’éparpillèrent comme une volée de moineaux, libérant l’Arkanienne qui réalisa aussitôt la disparition de Luke.

Elle jura mentalement et ne laissa pas une once de panique se propager dans ses veines. Elle n’en partit pas moins en courant, espérant que Luke n’ait pas quitté les artères principales… volontairement, tout du moins. Usant de son implant, elle ordonna à Légion de laisser les sentinelles quadriller la zone et repérer l’usage d’un sabre laser… une gamme d’ondes particulières. Tant pis si les droïdes se faisaient repérer et détruire… Hormis leur coût, ils n’avaient accès à rien et leur technologie restait somme toute basique… bien qu’hyper spécialisée. Un prix certain et donc une fortune pour un monde tel que Nal Hutta.

« Administratrice… Selon la triangulation, le chevalier n’est pas loin. Vous prendrez la cible à revers… Prenez à droite. » Légion était clair. See’Ryl ne chercha pas à comprendre. Le droïde était là pour cela… entre autre. « Gauche. » Même conséquence. L’Arkanienne avait délaissé son manteau à un mendiant au passage. « Droite et aussitôt à gauche. Deux fois. » Elle accéléra au moment où un hurlement de rage résonna dans la ruelle sombre. Elle eut l’occasion de voir une lame bleue se dresser pour frapper et… Rien : le sabre s’était arraché à la prise de l’assaillant pour atterrir dans la paume de See’Ryl. Elle s’immobilisa, soutenant le regard enragé d’Eyclone malgré ses lunettes.

« Je n’ai pas le plaisir de vous connaître. » lâcha Viawn à une Arkanienne totalement indifférente qui se contenta de s’approcher, ne s’immobilisant que parce que l’homme pointait désormais une lame vers Luke. Cette fois-ci, il n’y aurait aucun effet de surprise qui lui permettrait d’arracher son arme à l’ancien Jedi. « Soyez polie… Nous pourrions discuter un peu. » See’Ryl se permit l’ombre d’un sourire, consciente qu’il essayait de gagner du temps tout en la distrayant. Il n’était pas idiot. Elle non plus. Devant le manque de répondant, Eyclone approcha un peu plus la larme de la gorge de Luke. « Vous voulez que l’on échange nos recettes de biscuits ? » lâcha finalement See’Ryl, consciente du poids de ses mots et de son choix de réplique.

Mais elle sentait l’homme être à la fois en colère et frustré. Frustré de la résistance d’un simple consulaire face à lui. Et en colère face à ce qui commençait à ressembler à un échec. Finalement, l’homme éclata d’un rire à mi-chemin entre la folie et la rage. « Je ne pensais pas que les Gardiens avaient un sens de l’humour. » See’Ryl haussa les épaules, restant attentive à ce qui pouvait bien se passer.

Et en une seconde, l’équilibre fragile se brisa. Non loin, ce qui pouvait faire office de forces de l’ordre s’approchait, alerté par la population. Pour Eyclone c’était maintenant ou jamais. L’affrontement avec la gardienne pouvait avoir lieu plus tard… En attendant, il pouvait déjà avoir le consulaire, ce petit protégé de Saï Don. Il plongea pour attaquer franchement Luke et, une nouvelle fois, fut coupé dans son élan… Par rien de moins que son propre sabre que See’Ryl avait lancé après l’avoir allumé. Geste un peu trop précipité mais qui ne rata pas sa cible, tranchant en partie l’avant bras tout en cautérisant en partie la plaie… avant de revenir dans la paume de la jeune femme. Un nouvel hurlement retentit. De la souffrance cette fois-ci. Les « forces de l’ordre » se précipitèrent vers la source du bruit et Eyclone profita de l’agitation, et aidé de l’un de ses « partenaires, s’éclipsa au moment-même où See’Ryl et Luke étaient arrêtés.

Les traceurs ne serviraient à rien en fait...


Luke Kayan
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Bien que sa pomme d'adam soit peu développée, Luke la trouvait particulièrement encombrante, collée contre le rebord de la lame. Grâce à sa formation et malgré une peur naturelle, toute humaine et instinctive, il gardait une attitude neutre, censée pour aider See'Ryl à gérer. C'était si étrange de se retrouver otage, lui, le négociateur, dans la peau de ces victimes pour lesquelles il discutait des jours durant avec les criminels. Effrayant aussi, mais le Hapien tentait de ne pas bouger tout en réfléchissant à un plan, bien que tous ceux imaginés jusqu'ici soient inutiles. Choisissant de jouer (ou plutôt de ne pas jouer car c'était sa nature), l'Arkanienne ne fléchit pas. La réponse fut presque immédiate, et Luke s'y attendait vu le profil que présentait Eyclone. Rien ne l'intéressait plus que tuer les deux Jedis, alors il n'allait certainement pas accepter des négociations. Sur Coruscant, ils n'auraient pas eu plus de chances en lui proposant une réduction de peine.

See'Ryl stoppa l'attaque en projetant un sabre, c'est ce que Luke imagina du moins en identifiant le bruit de l'arme qui sifflait. Un réflexe, trouvant naissance dans ses anciennes appréhensions le poussa à se rétracter. Les membres raidis, le jeune homme chercha à s'engoncer davantage contre sa paroie. En cadeau, il se cogna l'arrière du crâne avant de se faire littéralement pousser par de nouvelles mains. -décidément, le tripotage violent était une tradition sur cette planète.-. Des policiers selon la fameuse litanie intergalactique "vous avez le droit de garder le silence...". On les arrêtait ? Eux, des Jedis ? C'était du n'importe quoi !

Sans avoir l'occasion de remercier la Maître Jedi autrement que par une onde de gratitude, le Chevalier se laissa entraîner par des agents plutôt brutaux, agacés de sa démarche raide ou de son temps de réaction avant d'oser passer des obstacles. Luke serra les dents et se laissa glisser dans la navette. Au moins, l'habitâcle était climatisé, l'air fétide du dehors filtré. Le luxe. Dans deux véhicules différents afin qu'ils n'accordent pas leurs versions, les Jedis furent emmenés dans un comissariat proche. Luke ne stressait pas forcément, il savait que les membres de leur Ordre n'était guère apprécié ici, en plus d'avoir (très) peu d'autorité, mais ils restaient des gardiens de la paix. Un accord serait forcément trouvé une fois que tous s'expliqueraient calmement. S'il pouvait convaincre des criminels endurcis, le jeune homme pourrait bien faire en sorte que des policiers les relâchent.

Plutôt que de songer à leur défense qui lui paraissait évidente, Luke se concentra sur son duel avec Eyclone. Ses capacités de bretteur rendaient malheureusement difficiles une véritable analyse. Il avait remarqué le défaut étonnant de l'homme extrêmement technique donc prévisible, mais le reste demeurait compliqué. Viawn peinait à répondre lorsqu'on usait la Force sauf qu'ils le savaient déjà en lisant son dossier. C'était d'ailleurs ainsi que le Hapien avait pu à peu près tenir jusqu'à l'arrivée salvatrice de son aînée, et maintenant Eyclone savait quel était le point fort du Consulaire. Ce combat n'avait guère de positif que le fait d'avoir blessé l'ennemi, et sérieusement si l'on se référait aux hurlements poussés par ce dernier.

Ces cris de douleur, qui, justement condamnaient les deux Jedis emmenés dans des salles différentes, traînés comme de vulgaires criminels. Irrité par les hésitations d'un prisonnier qui freinait l'allure -parce qu'il ne savait pas où il allait- le policier le poussait sans ménagement. On sentait un arrière-goût de vengeance contre ces prestigieux "gardiens de la paix" qui vivaient sur une planète confortable, venaient mettre le bazar ici avant de rentrer tranquillement dans leur Temple entouré de verdure. Le Hapien trébucha sur la première marche, ses blessures se réveillèrent brutalement, raidissant son corps entier. Il ignorait si See'Ryl était devant ou derrière lui mais pour l'une des rares fois dans sa vie, le jeune homme se sentait démuni, lourdement handicapé, perdu à cause de la brutalité, quoique contenue, du policier. Il tâtonna devant lui, le temps de se relever pour évaluer le nombre de marches. Pas de chance, relevé trop tard et brutalement, il essaya sans le savoir d'avancer pour manquer de glisser une nouvelle fois. C'était à se demander si l'homme, un jeune de 25 ans, fougueux et frustré, ne craignait pas un peu une réplique de ces fameux Jedis plein de pouvoirs. Au-delà de son désir de vengeance vis-à-vis de sa triste affectation, il y avait sans doute, effectivement, la peur que le blondinet en appelle à la Force. Les rumeurs, tantôt dénigrantes, tantôt valorisantes arrivaient déformées dans leur recoin pollué.

- Prévenez-moi au moins quand il y a de ces maudits escaliers ! Je suis non-voyant ! C'est sur ma carte d'identité, apprenez à lire !

Le Jedi jusque là tempéré venait de hausser le ton, le jeune premier, sorti de sa promotion sans les honneurs, avec une note médiocre (d'où son lieu de travail) trembla imperceptiblement, de rage ou de peur, impossible à savoir. Le tibia de Luke ricocha à nouveau sur la dernière marche. Lui si débonnaire se retourna vers son geôlier, signe que s'il le désirait vraiment, sans doute aurait-il pu essayer de se défaire de son emprise.

- Tu sais te battre dans un quartier habité, nan ? Alors repère les marches avec ta Force là.

Directement envoyé devant le comissaire, un quadragénaire ambitieux, du moins en apparence, le blond reçut obligeamment la chaise dans le ventre. Au moins, il saurait où elle était placée, celle-là.

- Alors, il paraît que vous mettez le bordel dans cette ville mon bon Monsieur ? J'pensais pas qu'être Jedi autorisait à mettre en danger la vie de nos concitoyens.

- C'est lui qui m'a attaqué.

- Peut-être parce que vous le cherchiez ? Précisément dans ce tronçon de rues bien habité où vous avez sorti une arme mortelle, si mortelle que Viawn s'est enfui presque manchot. Est-ce que vous vous rendez compte des conséquences ? Des portées de sa rage, de sa vengeance ?

Et Luke comprit. L'homme n'avait aucune colère envers les Jedis, ou bien peu comparé à ce qu'il pensait au début. En fait, ce n'était peut-être même pas un vendu comme le voulait le cliché collant à la peau de cette planète suintante. Il avait peur, peur d'Eyclone Viawn. Aux yeux de ces policiers, See'Ryl et Luke avaient brisé la fausse paix avec le déviant de l'Ordre, ce traité qui les poussaient à ne pas trop enquêter en échange de quoi Eyclone tuait des gens "pas trop importants", des prostituées dont aucune famille ne se préoccupait. Et même si le criminel avait changé les termes, s'en prenant à des politiciens désormais, ça restait "raisonnable"... Mais le contrecoups après cette attaque ratée serait terrible.

Le comissaire Flock soupira épuisé. Il voulait malgré lui protéger cette ville, honnie, aimée. Sa terre natale qui l'avait vu pousser son premier cri, et qui avait empoisonné ses poumons, aux vues du respirateur comblant les silences entre le jeune Chevalier Jedi et lui.

Quant à See'Ryl, elle devait être interrogée dans une autre cellule ou attendre en garde à vue. Technique toute policière. Le Hapien aurait voulu savoir comment elle allait, mais c'était inutile d'essayer de demander. La séparation, retenir les informations : les armes principales des policiers, personne ne lui cèderait rien alors il se força +a faire la part des choses, retrouver son ton calme, professionnel. Loin du manque de considération pour son rang, ses blessures ou son handicap. Aucune rancoeur. Le détachement du Jedi.

- Écoutez, je sais que vous souhaitez autant que nous l'arrêter.

Fit le Consulaire. Flock voulut le stopper mais sa voix rendue rauque par sa respiration altérée mourrut dans sa gorge. Au fond de lui, il désirait entendre un miracle.
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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De véritables criminels, songea See’Ryl alors qu’on s’affairait à l’immobiliser après qu’elle ait tendu le sabre d’Eyclone. L’ombre d’un sourire dansait sur ses lèvres. On serra ses liens plus fort que nécessaire sans lui arracher une expression autre que celle qu’elle arborait depuis plusieurs minutes. Elle se retrouva bientôt dans une navette, encadrée par deux gars solides qui, mis côte à côte, faisaient le double de sa carrure. Apparemment, on jugeait que c’était elle la plus dangereuse. Pas de quoi la troubler. « Virez-lui ses lunettes. Qu’on puisse la voir. » ordonna l’individu face à elle, visiblement le plus gradé. La seconde plus tard, il écarquillait les yeux après que See’Ryl ait planté ses prunelles étincelantes dans les siennes. « Bordel, mais t’es quoi ? » grogna-t-il sans qu’elle ne lui réponde. Il n’avait qu’à réfléchir. Celui à la droite de See’Ryl marmonna « Arkanienne. » L’atmosphère de la navette sembla perdre quelques degrés sans que cela ne soit dû à un problème de climatiseur.

Habituée à ce type de réactions, See’Ryl ne broncha pas… même si le fait que ses deux « gardiens » qui la flanquaient lui avaient offert un peu de liberté en tâchant de s’écarter le plus possible comme si elle était contagieuse. Le trajet se termina dans une ambiance pesante. La sortie força See’Ryl à fermer les yeux durant le court passage à l’extérieur. Solidement tenue par les deux armoires à glace qui n’avaient presque rien à envier à Légion, la jeune femme ne rouvrit les paupières qu’une fois à l’intérieur. Juste à temps pour voir que Luke était amené ailleurs. Elle lui envoya une vague de Force pour le soutenir, pile avant d’être poussée dans une pièce que l’on éclaira vivement pour la gêner. Elle s’assit ou du moins fut forcée à le faire. Ses liens furent reliés à la table et comble de la provocation, elle croisa les jambes.

« Où est le commissaire ? » demanda à la volée celui qui avait gardé ses lunettes. « Avec l’autre Jedi. Vous avez quartier libre. » résonna une voix à travers un comlink. Voilà qui indiquait que See’Ryl allait passer un mauvais quart d’heure. Impression qui s’affirma quand trois autres hommes entrèrent. Bon… à six contre une attachée… cela s’annonçait comme un massacre. « C’est toi la pute qui a blessé ce taré ? » demanda l’un des nouveaux venus. « Oui. » répondit See’Ryl sans montrer le moindre regret.

Elle n’était pas du genre à mentir ou même à dissimuler ses actes. « Tu te rends compte qu’à cause de toi, il va tous nous massacrer ? » Question inutile. C’était exactement sur ça que l’Arkanienne comptait. Elle pencha légèrement la tête. « De qui vous parlez exactement ? Les victimes innocentes ou ceux parmi vous qui l’aident ? » L’un des gars massifs hoqueta de surprise. Le dernier venu bougea et après s’être assuré que See’Ryl le regardait, éteignit les dispositifs d’enregistrement. Les choses sérieuses commençaient. « On devrait savoir que les monstres comme vous se moquaient des autres… Mais vous voyez… certains d’entre nous ont une famille. »

On ne laissa pas à See’Ryl le temps de répondre. On porta un premier coup… qui se heurta à ce qui semblait être un mur invisible. La seconde de surprise passée, on en tenta un autre. « Elle se protège… Elle ne pourra pas tenir longtemps. » C’était mal la connaître. D’autant plus qu’ils finirent par devoir retenir leurs coups … jusqu’à ce qu’ils aient l’idée d’utiliser des outils… Pour un effet tout aussi nul. S’ils pensaient avoir à faire un Jedi « basique », ils en étaient pour leur argent. Celle qu’ils avaient prise pour un pushing-ball était un maître Jedi. Question résistance, See’Ryl avait encore de la marge. Ils ne s’interrompirent que quand la porte s’ouvrit.

« Il y a un droïde dans la salle d’attente. Il s’est immobilisé au milieu du couloir. » annonça un jeune homme à peine sorti de l’adolescence. « C’est mon droïde. Tant que vous ne lui faites rien, il ne bougera pas. » indiqua See’Ryl sans que sa protection en pâtisse. Le bleu, devant le regard assassin des autres, s’éclipsa sans demander son reste. « Laisses-toi toucher et on ne fera rien à ton droïde. » menaça-t-on. « Parce que vous savez tenir un outil ? » Claqua See’Ryl qui commençait sincèrement à trouver le temps long. Elle faisait confiance à Luke pour les sortir de là avant qu’elle ne se décide à faire preuve de son pragmatisme légendaire.

Luke Kayan
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S'il ignorait à quel point les hommes de Flock cherchaient vengeance pour leurs ennuis à venir, le Hapien était conscient que See'Ryl ne devait pas passer un joyeux quart d'heure. Au mieux délaissé dans le fond d'une cellule encore plus crasseuse que les rues de Nal Hutta (quoique, ça semblait difficile), au pire menacée par des policiers revenchards, la Maître Jedi devrait faire preuve d'un peu de patience et de beaucoup de sang froid. Luke lui-même devait en appeler à toute sa patience, jusqu'au dernier zeste alors qu'il était réputé pour en avoir beaucoup. Être traité ainsi alors qu'ils étaient du même bord semblait toujours irréaliste à ce jeune homme quelque peu idéaliste. Des policiers revêches, rudes, victimes de cette rivalité entre départements qui ralentissait la justice, Luke y avait déjà fait face. Seulement, l'amertume de ceux de Nal Hutta se sentant à des kilomètres à la ronde révélait un autre niveau. La peur, la colère, le tout assaisonné d'un brin de jalousie. L'air était devenu encore plus irrespirable que dehors.

Un rire cynique agrémenta l'ambiance, émanant de la pièce à peu près propre où se trouvaient le commissaire et Luke. Les nuances de désespoir facilement décelables pour qui prêtait l’oreille cisaillèrent le corps du jeune Jedi. Le bruit stoppa net, Flock se pencha pour contempler son prisonnier. Ses yeux noirs étaient si perçants que même le Consulaire sentit la lourdeur de ce regard.

-C’est complètement dingue, idiot. Vous les Républicains, les gens de la belle, grande et lumineuse Coruscant, vous abusez sur les Holofilms qui terminent bien. – Vu l’état de leur planète, il n’était pas étonnant que le commissaire considère que « le cœur de la République » soit un modèle d’écologie et de stabilité. Où alors les Jedis venaient d’Ondéron, il avait comme un doute là mais peu importe, c’était la même bande de privilégiés. Eux qui se plaignaient d'un gouvernement qui les soutenaient un minimum, eux qui n'avaient pas à subir le joug des Hutts. Foutus rêveurs de Républicains ! – Vous nous envoyez ce monstre et vous prétendez ensuite qu’on répare tout ça en sacrifiant nos hommes, le peu de moyens que nous avons et …

-Commissaire, pardonnez-moi si je vous coupe… Mais est-ce que Viawn continue de respecter ce contrat implicite que vous avez ?

Assez immonde au passage puisque la police acceptait de jeter dans la gueule du monstre affamé, des prostituées que personne ne regretterait. Le conte du village terrorisé par un dragon meurtrier revisité pour rester dans le thème des holofilms. C’était ce que, rageur, Flock lui avait confié afin de démontrer la misère réelle dans laquelle Nal Hutta se trouvait. Enquêtes bâclées, non lieux vite prononcés… Tout le monde en ville savait qui tuait ces femmes, mais personne n’arrêtait le coupable. En échange de quoi, Eyclone devait se réfréner et se cantonner à de petites gens, mais il avait clairement changé d’idée et ça, l’humain le pressentait. Il maudit ses parents qui avaient eu l’idée saugrenue de déménager sur Nal Hutta pour acquérir une maison à bas prix et continuer leur trafic sans craindre la police. Des parents avec qui il n’avait plus de contacts, honteux qu’ils étaient que leur fils soit devenu un « poulet ». Pourquoi fallait-il que ce soit à lui d’essayer de remettre de l’ordre sur cette planète pourrie ?

-Il a tué des politiciens récemment, des gens plus « importants », sans que vous ne leviez le petit doigt. Ce n’est pas une critique, c’est un constat, mais j’imagine que vous comprenez où je veux en venir. Il n’a aucune limite, il manie votre accord à sa guise. Se montrer « tolérant » avec lui, c’est lui donner les clés de la ville. Je ne sais pas jusqu'où s'étend son plan, ni s'il en a réellement un je dois avouer... Mais ça ne prend certainement pas en considération tous vos efforts pour maintenir la "trêve". Vous faites face à un racquetteur d'écoles et un amoureux du chantage. Or nous connaissons tous deux la règle numéro un dans ce cas de figure : ne pas céder, parce que c'est donner du terrain et que ça ne mène qu'à la mort des otages.

-Il n’empêche que votre copine là, elle a failli l’amputer d’un coup de sabre…

-Réaction de légitime défense, Viawn me tenait en otage. – Le jeune homme leva légèrement le menton et toucha l’égratignure sur son cou, souvenir de la lame qui l’avait caressé. – Mais avec ce que je vous propose, justement, il est possible de choisir le terrain. Tout ce que je vous demande, c’est de faire passer une info à Eyclone concernant notre arrestation et de déposer un hologramme sur notre soi-disant interrogatoire à un endroit spécifique. Vous n’avez pas besoin de le voir. Vous avez certainement des agents qui lui obéissent ou acceptent du moins de lui donner quelques informations en échange de leur tranquillité. Non ?

Luke savait que s’il y avait ce type d’hommes, Flock en faisait partie, mais inutile d’accuser directement le commissaire, il avait donc judicieusement choisi de mentionner « des gens de la police » en contact avec Eyclone. Pour protéger leur périmètre, il était évident que le quadragénaire fatigué servait de source au criminel.

-La Maître Jedi Lun'Sa Asho'Tye et moi serions ceux qui arrêterions l’individu, dans un lieu discret donc et loin des habitations.

-Et si vous n’arrivez pas à appréhender celui qui vous a pris en otage ? – Demanda le commissaire, un brin railleur. Il faisait peut-être confiance à la guerrière en furie qui avait failli amputer son adversaire, mais à ce blondinet qui se cassait la figure sur les marches, beaucoup moins.

-Vous pourrez toujours nous récupérer. Nous arrêter et … Nous livrer poings et chevilles liées à Viawn pour apaiser sa colère.

Car évidemment, en cas d’échec, le tortionnaire risquait de demander un énorme tribu à ses sous-fifres involontaires.

-Il ne croira jamais que vous vous êtes échappés pour le retrouver, d’autant plus que si nous lui indiquons un lieu de livraison pour un hologramme inexistant, il va directement savoir qu’on l’a piégé.

Luke changea de stratégie, l’option en cas d’échec était bancale, source d’ennuis pour la police timorée de Nal Hutta. Il préféra donc souligner l’évidence d’une victoire.

-Écoutez, si vous mettez tous vos hommes sur le coup, qu’on l’affaiblit suffisamment et que vous intervenez pour l’arrêter, les honneurs seront pour vous. Nous reviendrons sur Coruscant avec notre fardeau en clamant haut et fort que la police de Nal Hutta et plus précisément le Comissaire Flock a plus que contribué à son arrestation ! Ça ne vous dirait pas de quitter cette planète pour Coruscant ? Sans parler de l’avancement pour vos hommes. Croyez-moi, l’Ordre saura transmettre sa reconnaissance envers vous au bureau des mutations. Vous pourriez gagner votre rang de ... Républicain et abuser d'Holofilms qui se terminent bien.

Le regard de Flock, bien qu’encore méfiant s’illumina. Un sourire égaya même ses lèvres épaisses. Ce gosse avait une once d'impertinence qu'on lui ignorait et qui ne lui déplaisait pas. Ça lui rappelait l'espoir mâtiné de courage qu'il avait encore 10 ans plus tôt. C'était en réalité ce que Luke cherchait, réveiller cette virilité de "vrai homme de terrain", titiller sa fierté en se donnant un air vaguement insolent.

De ce fait, le policier se chauffait seul à l'idée de l'issue providentielle, même s'il doutait encore des deux individus qui semblaient vouloir cueillir Eyclone sans s’arroger la moindre parcelle de gloire. Même les représentants de la loi les plus honnêtes étaient du genre à aimer un peu de paillettes. Il ne croyait pas totalement en la modestie proverbiale des Jedis. Après avoir autant travaillé contre de l’ingratitude, l’homme ne saisissait pas le concept. Pour autant, son cerveau avait besoin de cet espoir alors il se persuada que la reconnaissance de leur Ordre suffirait aux deux hurluberlus qui occupait leurs locaux. En outre, Flock appréciait ses hommes, alors l’idée de pouvoir faire déménager son adjudant sur Coruscant et d’offrir un meilleur salaire au dernier petit bleu ne lui déplaisaient pas, sans parler de libérer enfin Nal Hutta de ce criminel.

-Si vous ne nous lâchez pas, Commissaire, nous avons toutes les chances de le coincer. Viawn n’est rien de plus qu’un mafieux, fort de son réseau mais isolé. Si ses pions se rebellent, il reste un seul, un individu affaibli, blessé dans tous les sens du terme. Vous n’allez pas me faire croire qu’une brigade entière, secondée par deux Jedis, ne peut rien contre un malade mental muni d’un sabre-laser ? - De fait, Luke ne savait pas que le malade mental n'en avait plus de sabre car See'Ryl le lui avait pris. Il aurai sinon, bien insisté sur ce fait positif, rassurant.-

Un frisson parcourut l’échine de Flock qui se souvint de ses jeunes années. Fier, digne, il espérait redresser Nal Hutta mais aussi obtenir le respect de ses mercenaires de parents. Ce dernier point, jamais il ne le réparerait, il y avait trop de fissures entre lui et sa famille mais le premier… Vraiment faire ce pourquoi il avait passé les concours jadis… Fournir justice et protection à la population.

-En admettant que j’accepte, de quoi auriez-vous besoin

-Oh juste un coup de téléphone au Comissariat d’à côté… Ça ne vous dérangerait pas trop de partager la couverture avec eux, n’est-ce pas ?

-Du moment que je peux quitter ce trou -- un trou qu’il aimait malgré lui, certes, mais qui lui avait dérobé trop de choses. Ce fameux coup serait l’occasion de s’en aller sans avoir l’impression de trahir Nal Hutta, car il partirait après lui avoir offert une paix appréciable. Un cadeau d’adieu. –

-Ça… Que vous libériez ma collègue afin de discuter d’un plan et… D’un café.

Un ange ou deux passèrent dans le silence le plus complet jusqu'à ce que Luke essaye de se relever.

- Aïe... Et quelques pansements, peut-être.

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