Absalom Thorn
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Le regard de l’Hapien se plongea dans celui de Sxyd.


Je ne sais pas vous, murmura-t-il, mais pour ma part, je trouve ces gens-là nettement plus sympathiques que Pwar et ses acolytes, qui torturent de pauvres animaux pour leur profit personnel en flattant les instincts les plus bas de la population avec des divertissements violents et des jeux d’argent.


Ce n’était pas tout à fait faux, certes, mais la vérité était bien plus retorse : Noctis voyait dans le Front Unifié pour la Vie un groupe d’intégristes prêts à tout, et donc plus faciles à manipuler, et sans aucun doute beaucoup plus dévoués, une fois que leur confiance était acquise, que l’organisation criminelle un peu molle à laquelle Pwar semblait appartenir.


Rétrospectivement, je crois qu’en prétendant que je venais ici simplement pour les rencontrer, je ne mentais pas : je disais la vérité par anticipation.


Absalom détourna les yeux et, les mains dans les poches, promena son regard sur les différents protagonistes de la petite assemblée, qui étaient retournés chacun vaquer à ses occupations, non sans épier les deux nouveaux venus avec un mélange de méfiance et d’intérêt. Nombre d’entre eux se prenaient à rêver au futur qui pourrait attendre le FUV, si pour de bon il était rejoint par des êtres aux pouvoirs exceptionnels.


Et de ce point de vue, ma foi, qui peut être certain de ce qui s’est passé dans l’arrière-cour ? Qui a commencé, pourquoi, comment, dans la confusion d’un affrontement, il est si facile de se tromper, particulièrement quand on a encore l’esprit troublé par le mauvais coup reçu sur la tête.


Et nul doute que les pouvoirs du Côté Obscur pouvaient sans peine semer cette confusion dans l’esprit d’une jeune femme sans défense.


Les faits ne sont pas la vérité, les faits ne sont que les matériaux à partir desquels nous façonnons le récit qui crée le réel.
De quoi vous parlez ?


Le Twi’Lek nommé Stafan’h s’était porté à leur rencontre. Comme presque tout le reste du groupe, il ne devait pas avoir beaucoup plus de vingt-cinq ans. Athlétique, imposant, il avait des manières un peu rudes et une cicatrice traversait son visage. Probablement un coup de vibrolame. Avait-il été esclave dans l’une des arènes de combats qui fleurissaient malheureusement dans l’Espace Hutt ? Noctis en avait sauvé d’autres, des comme lui, de ce genre d’endroits.


De la manière dont les gens interprètent diversement les faits, répondit volontiers Absalom, qui appliquait l’adage le plus sûr de tous les manipulateurs : dire la vérité, autant que possible. J’imagine que vous savez que l’explosion aux arènes de gorg aidera les médias à vous peindre sous un jour plus sombre encore.


Stafan’h hocha lentement la tête.


Mais vous le faites quand même, et vous la revendiquez quand même.
On la fait pour arrêter les combats. On la revendique pas pour convaincre ceux qui ont des idées opposées aux nôtres, mais pour pousser ce qui hésitent à sauter le pas à nous rejoindre. C’est une manière de montrer qu’on est efficaces.


Le Twi’Lek les sonda tour à tour du regard.


La preuve, c’est que vous êtes là.
On peut dire que vous savez attirer l’attention, oui…
Ce que je comprends pas très bien…


Le regard du jeune homme s’arrêta sur l’Hapien.


… c’est ce qu’un Seigneur Sith fait à passer des sommets galactiques à notre salle de boxe.
Vous savez…


Le regard de Darth Noctis s’égara un instant sur les épaules bien dessinées de son interlocuteur. Le Seigneur avait toujours été sensible à un peu de charme viril.


J’ai passé ma jeunesse à négocier des traités sur la Bordure et ma carrière au sein de l’Empire a surtout été consacré à aider au développement des communautés périphériques. Je suis plutôt un homme du concret qu’un diplomate des tapis rouges. Quand la politique devient trop éthérée, elle perd pour moi tout intérêt.


Encore une fois, c’était la stricte vérité.


Si nous laissons l’avenir de nos communautés, locales, planétaires ou galactiques, à l’imagination de politiciens qui vont de cocktails en entractes de l’opéra, et si, sous prétexte d’acquérir de l’influence, du pouvoir et de l’importance, nous oublions les nécessités de l’action directe, nous avons la certitude d’être toujours enfermés dans les mêmes logiques stériles.


L’expression du Twi’Lek demeurait indéchiffrable : son visage avait été prématurément durci par la vie.


Alors vous pensez qu’avec ce qu’on fait ici, on peut avoir un impact plus…


Il avait du mal à trouver les mots. L’éducation lui manquait.


… qu’on peut changer la société ?
Absolument, répondit aussitôt Noctis, les yeux brillants de conviction.
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ABSALOM – Je ne sais pas vous, mais pour ma part, je trouve ces gens-là nettement plus sympathiques que Pwar et ses acolytes, qui torturent de pauvres animaux pour leur profit personnel en flattant les instincts les plus bas de la population avec des divertissements violents et des jeux d’argent.

Darth Noctis semblait éviter le sujet posé par Sxyd. Cela eut pour effet d'inquiéter ce dernier : tout manipulateur qu'il était, Noctis n'avait-il pas déjà réfléchi à un plan ? A une façon de désarmorcer la situation ? Et en se faisant cette réflexion, Sxyd s'en fit une autre : il se donna l'impression de se reposer un peu trop sur l'éloquence de son compagnon non désiré, ce qui était tout de même assez cocasse. Il se méfiait – pour ne pas dire qu'il méprisait – ce Sith justement à cause de son naturel à manipuler l'esprit des gens exactement comme le faisaient les politiciens, mais en même temps il se trouvait bien content de pouvoir profiter de ce talent. Il éprouva de la honte. Le Sluissi savait reconnaître les compétences de chacun où elles se trouvaient, même quand elles surpassaient les siennes ; mais avait-il vraiment envie de laisser quelqu'un comme Darth Noctis prendre la maîtrise de la situation pour lui ?

C'était gênant de ne jamais savoir si Darth Noctis était sincère. Là, il affirmait trouver les gens du Front Unifié pour la Vie plus sympathiques que Pwar. Etait-ce sincère ? La torture des gorgs pesait-elle vraiment à ce point dans son esprit ? Ce Sith était-il vraiment révulsé par la pratique de s'enrichir personnellement en flattant les instincts les plus bas de la population ? N'était-ce pas une pratique de coutume chez les Siths, même si le pouvoir attirait souvent plus que l'argent ? Sxyd resta dubitatif. Lui-même n'aurait pas parlé de Pwar de cette façon. Il aurait plus largement critiqué le système de la mafia en général et de la passivité des autorités locales, probablement corrompues. Voilà ce qui le révulsait. Darth Noctis n'en faisait-il pas un peu trop en pointant le traitement des gorgs et le divertissement violent offert à la population ? Trop pour être honnête, sans doute. Sxyd préféra s'abstenir de répondre.

Enfin Darth Noctis finit par revenir au sujet évoqué par Sxyd : comment réagir quand Devari reviendrait à elle et dénoncerait les deux “intrus”. Là encore, la solution pour Noctis semblait se trouver dans la déformation des faits, en jouant sur le fait que Devari aurait possiblement l'esprit embrumé. Stafan'h vint justement les aborder au moment où Noctis était en train d'expliquer que les faits n'étaient pas la vérité. Le Sith ne se troubla pas le moins du monde, n'éveillant ainsi aucun soupçon chez son interlocuteur. Sxyd darda sa langue pour mémoriser l'odeur personnelle de ce Twi'lek effectivement taillé comme une armoire, à la peau mauve, au visage barré par une cicatrice. Il semblait avoir été élevé chez les Trandoshans et rivaliser en force physique avec eux – ce n'était qu'une image, Sxyd ne doutait pas qu'un Trandoshan moyen remporterait quand même un bras de fer contre ce Twi'lek bien bâti. Stefan'h avait autant de force physique qu'un Humain aussi musclé que lui. Il avait en tout cas la tête du type qu'on n'avait pas envie d'emmerder, ça c'est sûr.
Stafan'h s'intéressa à ce qui pouvait amener un Sith dans sa salle de boxe. La présentation de Noctis ne lui avait pas suffi à cerner le personnage, et Sxyd ne pouvait pas le lui reprocher.

ABSALOM – J’ai passé ma jeunesse à négocier des traités sur la Bordure et ma carrière au sein de l’Empire a surtout été consacrée à aider au développement des communautés périphériques. Je suis plutôt un homme du concret qu’un diplomate des tapis rouges. Quand la politique devient trop éthérée, elle perd pour moi tout intérêt. Si nous laissons l’avenir de nos communautés, locales, planétaires ou galactiques, à l’imagination de politiciens qui vont de cocktails en entractes de l’opéra, et si, sous prétexte d’acquérir de l’influence, du pouvoir et de l’importance, nous oublions les nécessités de l’action directe, nous avons la certitude d’être toujours enfermés dans les mêmes logiques stériles.

Sxyd avait l'impression que Noctis critiquait sa propre vie passée, et encore une fois, difficile de savoir si c'était sincère. Ca le fatiguait. Il n'avait pas envie de s'entourer d'un type comme lui. Il en avait marre de l'écouter. Puisqu'il était patient et poli, il ne quitta pas la conversation et se força à rester là, à écouter ce Hapien réciter ses beaux discours qui flattaient l'oreille d'un militant comme Stafan'h. Puis quand il sentit que le moment pouvait être le bon pour changer de sujet, il prit la parole :

SXYD – Pwar dirige la ville avec son réseau mafieux, c'est ça ?
STAFAN'H – C'est plus compliqué, mais ouais, on peut le résumer comme ça.
SXYD – Et je suppose que la police et le reste sont corrompus ?
STAFAN'H – … D'où vous venez, au juste ?

Cette question fit tiquer Sxyd. Avait-il posé une question qu'il ne fallait pas ? Il avait menti à Jubjii en affirmant être né dans le marais derrière la Baie de Spavoon, et avoir eu un parrain qui avait tout perdu à cause de Tisko, le patron du Gambit Scélérat. Si Stafan'h demandait soudain à Sxyd d'où il venait, c'est que ce mensonge risquait de ne pas tenir. Mais comment allait-il pouvoir justifié d'avoir raconté n'importe quoi à Jubjii ?

SXYD – D'un marais. J'ai raconté à Jubjii que je venais de la Baie de Spavoon, mais c'est pas vrai, je ne suis même pas natif de Dubrillion. Seulement, je voyage beaucoup, et je combats la corruption partout où je la trouve, parce que j'ai perdu tous mes proches, ou presque, à cause de politiciens véreux et de personnes d'influence avides et nocives.

STAFAN'H – Eh beh...

Stafan'h avait le visage ferme comme la roche. Si les expressions de Noctis étaient difficiles à déchiffrer, le visage de Stafan'h était, lui, plutôt inexpressif, ce qui était une autre difficulté quand on voulait savoir ce qu'il pensait.

STAFAN'H – Vous irez expliquer à Jubjii pourquoi vous lui avez menti.
SXYD – Oui.
STAFAN'H – Et vous avez menti aussi sur votre sabre-laser ? Vous êtes un Sith vous aussi, en fait ?
SXYD – Non. J'ai... inventé la façon dont je l'ai obtenu, parce que je n'aurais pas pu me faire passer pour un natif d'ici si j'avais dit la vérité, mais c'était idiot. En tout cas, non, je ne suis ni Sith, ni Jedi, ça c'est la vérité.

Peut-être que cet élan d'honnêteté envers Stefan'h pouvait finalement plaider en sa faveur... C'était encore trop tôt pour le dire. Sxyd n'avait pas l'habitude de mentir aussi dramatiquement, et il essayait déjà de réparer les morceaux, anticipant le moment où de toute façon son mensonge serait percé à jour.

STAFAN'H – Eh bien ça aussi vous irez le lui dire. J'espère que vous n'avez pas raconté beaucoup d'autres mensonges dans le genre...

Il y avait bien l'attaque sur Devari... Mais est-ce que c'était vraiment nécessaire d'avouer cela ? Et est-ce que cela ne ferait pas un peu trop d'un coup ?
Sxyd n'eut pas le temps d'y réfléchir : ladite Devari faisait déjà du bruit dans le couloir menant à l'arrière-cour.

DEVARI – Je dois les voir, putain ! Faut pas les écouter ! Lâche-moi bordel, j'm'en fous du doc ! Ils sont dangereux !

Le sang de Sxyd se glaça. Et pour la première fois, il sut discerner une expression sur le visage de Stafan'h : de l'interrogation et de la méfiance, alors que ses yeux se posèrent sur lui et sur Noctis. Devari déboula dans la salle principale comme un boulet de canon, et repéra très vite le Sluissi et le Hapien, qu'elle pointa du doigt.

DEVARI – Eux, là ! Faut les arrêter ! Ils m'ont attaquée par derrière ! L'aut' serpent m'a immobilisée et m'a mordue après m'avoir interrogée !

Elle exposa son cou, sur lequel les empreintes des crochets venimeux de Sxyd étaient bien visibles.

DEVARI – Ils vous ont raconté n'importe quoi ! Putain ! Ils sont dangereux ! J'ai même pas pu me défendre ! Ils vous ont menti ! C'est n'importe quoi !

Au moment où Sxyd venait déjà de dévoiler deux mensonges qu'il avait balancés à Jubjii. Oui, là, ça risquait de faire déjà trop... Et même avec tout le talent que Sxyd lui reconnaissait, Noctis allait avoir bien du mal à rattraper la situation...
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Silence de morts. Croire ou non Devari, c’était une chose, mais encore fallait-il pouvoir en tirer des conséquences, et tout aspirants terroristes qu’ils étaient, les membres du Front Unifié pour la Vie se voyaient assez mal s’en prendre à un Seigneur Sith et à un serpent géant qui se promenait avec une épée lumineuse. Les doigts frôlaient les blasters, mais personne n’osait vraiment bouger, de peur d’être le premier domino qui ferait s’effondrer la sécurité précaire de la petite assemblée.


Doucement, doucement, fit le Twi’Lek de sa voix grondante et posée. On va tirer toute cette histoire au clair.
Mais y a rien à tirer au clair puisque je vous dis que…
Eux ils disent que c’est toi qui leur es tombée dessus, expliqua Stefan’h.
Mais n’importe quoi, j’allais récupérer des bouteilles dans le stock.
Y a des bouteilles à la cuisine, déjà, lança une voix méfiante.
C’est pas la question, la question c’est que c’est des putains de psychopathes.
Qu’est-ce que vous en dites, vous, intervint Jubiji ?


La principale faiblesse du groupe était sa volonté de ne jamais prendre de décisions sans avoir d’abord écouté les versions de chacun, une méthode sûre pour éviter les iniquités, sans aucun doute, mais un boulevard déroulé à ceux qui cherchaient à les infiltrer.


Ma foi, je crains fort qu’elle n’ait raison, déclara Darth Noctis en s’avançant de quelques pas, lentement, précautionneusement, au centre de la pièce.


Il y eut un murmure préoccupé dans la pièce.


Que nous soyons dangereux, je crains que ce ne soit pas une évidence, et je doute que quiconque me croirait si je prétendais le contraire.
C’est clair, Devari, paie ton scoop, le mec est un Seigneur Sith, quoi.


Les yeux de Devari s’écarquillèrent.


Un Seigneur Sith ?


Elle n’avait pas reconnu Darth Noctis, mais c’était aussi qu’elle ne suivait guère les actualités internationales. Ses préoccupations tournaient autour de la vie de sa ville et des luttes si locales de l’organisation à laquelle elle appartenait.


Et il est indubitable que Sxyd ici présent l’ait attaquée, mordue et droguée, pour pouvoir l’interroger. Pour ma part, comme vous l’imaginez, j’eusse plutôt été partisan de la négociation.


Les regards commençaient à se concentrer sur le Sluissi. Après tout, il avait semblé jusque là moins ouvert qu’Absalom, et son apparence inspirait une méfiance spontanée. Et puis c’était lui, surtout, que Devari avait accusé.


Je ne sais pas s’il pensait à mal ou…
Il m’a déjà avoué avoir largement menti dans son histoire, coupa Stefan’h.
Pour être honnête, voilà comment tout s’est passé : j’étais aux arènes de gorgs, pour me rendre compte de l’ampleur du désastre, les hommes de Pwar m’ont mis la main dessus et j’ai été conduit à une tante où Pwar discutait avec Sxyd. Je ne sais pas quoi sur portait leur conversation à la base, mais toujours est-il que Sxyd a voulu empêcher l’explosion et qu’il a accepté plus tard de traquer la personne qui avait transporté la bombe. Moi-même, je m’intéressais plutôt à vos motivations et vos modes d’action.
Une seconde, mais du coup, c’est un agent de Pwar ?
Puisque je vous dis qu’il m’a mordue, vous voyez bien que je raconte pas n’importe quoi, vous croyez que je me le suis enfoncé toute seule, s’énerva Devari en montrant la trace de morsure, ces putains de crochets ?
Une seconde, dans toute cette histoire, là, intervint une nouvelle fois Stefan’h en fixant l’Hapien, vous auriez pas pu intervenir pour l’empêcher de s’en prendre à elle ?


Darth Noctis écarta les mains en signe d’impuissance.


D’une part, vous savez, moi, je suis diplomate, mais spécialiste d’arts martiaux, souligna-t-il, en rappelant une vérité illustrée récemment sur tous les holoécrans, et ça s’est passé tellement vite que sur le coup, je me suis dit qu’il agissait pour notre protection. Après tout, comme en témoigne cet imposant sabre laser, c’est lui le spécialiste des combats, ici. Chacun de ses compétences.


Le regard du Sith s’arrêta sur le Sluissi qu’il venait sans l’ombre d’une hésitation de jeter aux rancors.


Il n’empêche que votre rôle dans toute cette affaire n’est pas clair. Entre le déguisement, les arrangements avec la vérité…
Je débarque dans une salle pleine de blasters, je fais de mon mieux pour me préserver, je crois que c’est assez difficile à me reprocher, non ? Mais jusqu’à preuve du contraire, je n’ai pas sorti d’arme, je ne me suis pas mis à invoquer des démons ou à lancer des éclairs…
Certes…, concéda la Rodienne, avec un brin de méfiance.


En attendant, on recommençait à braquer des blasters sur Sxyd.
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Sxyd n'osa pas encore intervenir. On allait leur poser des questions, il allait laisser les gens s'interroger et essaierait de trouver des réponses convenable, avec l'aide de Darth Noctis. En attendant, le pétage de câble de Devari venait de jeter un froid. Tout le monde était maintenant crispé, dans un silence de mort, et Sxyd vit plusieurs mains se porter à la gaine d'un blaster. Les gens ne tiraient pas tout de suite parce qu'ils attendaient l'ordre de l'un de leurs leaders, comme Jubjii ou Stafan'h. Et ces derniers, dans leur intelligence, devaient aussi évaluer le risque que cela représentait de faire feu sur deux utilisateurs de sabre-laser. Malgré leur avantage numérique, ils n'étaient pas certains de tuer les deux intrus sans subir de lourdes pertes.

Stafan'h voulut modérer la situation mais Devari était impossible à calmer maintenant, et insista : il n'y avait rien à tirer au clair, elle devait être crue sur parole. Et pour sûr, ses camarades avaient naturellement plus tendance à croire sa parole à elle, que celle de deux intrus dont un Sith et un autre utilisateur de sabre-laser difficile à cerner.

STAFAN'H – Eux ils disent que c'est toi qui leur es tombée dessus.

Devari s'était déjà vu rétorquer ce son de cloche. Elle était au courant de ce que les deux intrus avaient prétendu, voilà pourquoi elle s'était exclamée « Faut pas les écouter ! Ils vous ont raconté n'importe quoi ! ». Stafan'h essayait de modérer comme il pouvait mais répéter bêtement à Devari ce qu'elle savait déjà de toute évidence, n'allait pas faire avancer la situation.

Quelqu'un eut le culot de mettre en doute Devari, pointant le fait qu'elle était soi-disant partie chercher des bouteilles dans l'arrière-cour alors qu'il y en avait déjà dans la cuisine. Jubjii intervint alors pour interroger directement les deux fautifs. Et là, Sxyd eut droit une nouvelle fois à un parfait exercice de manipulation de la part de Noctis, qui se contenta de relever chaque élément individuellement comme s'ils ne faisaient pas partie d'un tout et qu'ils étaient chacun insuffisants pour se méfier de lui et de son compagnon Sluissi. Alors, qu'ils fussent dangereux ? C'était une évidence, voyons ! Que Sxyd l'eût attaquée et mordue ? Indubitable !

Mais Noctis ne se risqua pas à essayer de défendre leur duo. Il se défendit seul, allant même jusqu'à participer aux suspicions à l'égard de Sxyd, racontant que ce dernier avait voulu empêcher l'explosion et qu'il s'était lancé à la poursuite de la porteuse de la bombe. On commença alors à penser que Sxyd était un agent de Pwar, et Stafan'h reprocha à Noctis de ne pas l'avoir empêché de s'en prendre à Devari. Noctis continua de se défendre seul, rappelant à chacun qu'il n'était pas adepte du combat et que tout s'était passé si vite, à l'initiative de Sxyd.

On y était : le moment où, dans la difficulté, ça devenait chacun pour soi. Noctis se défendait bien et Sxyd ne pouvait pas être surpris de le voir tout lui coller sur le dos pour s'en sortir le mieux possible. Il se méfiait de lui depuis le début, ne l'avait jamais considéré comme un allié, au mieux un compagnon de circonstances avec lequel il avait été un peu contraint de coopérer. Noctis venait en tout cas de signer la fin de cette coopération.

SXYD – Vous pensez peut-être que je suis un agent de Pwar, mais sachez surtout que Pwar pense la même chose, alors que je n'ai aucune intention de travailler pour lui. Stafan'h, je vous ai dit la vérité : je combats la corruption partout où je la trouve parce que des patrons d'entreprise et des politiciens corrompus ont fait la ruine parmi mes proches. Je ne supporte rien de tout ça. Seulement, l'attentat à la bombe était l'occasion inespérée d'approcher le loup. Ses hommes de main m'ont traîné jusqu'à lui, et je lui ai proposé de poursuivre le poseur de bombes. Personne parmi vous ne pourra approcher Pwar d'aussi près que je le peux.
JUBJII – C'est bien beau, mais t'as attaqué Devari par derrière, et tu m'as complètement menti à ton sujet, apparemment ! Pourquoi faire ça, si t'es pas avec Pwar ?
SXYD – Parce que j'étais en infiltration !

Début de réponse maladroit, les blasteurs furent pointés sur lui et Sxyd dut vite enchaîner pour expliquer son raisonnement :

SXYD – Je ne vous connaissais pas encore, je ne savais rien de vous. Et j'avais besoin de me faire une opinion sur la situation. Je ne travaille pour personne. Je ne suis pas un mercenaire, je ne suis pas un espion. Je vais là où la Force me porte et je poursuis ma lutte. Vous n'êtes pas la cible de ma lutte, clairement pas. Dans ma vie, j'ai plus souvent tendance à m'associer avec des groupes comme le vôtres, qu'avec des loups comme Pwar. Mais pour vous connaître, il fallait que je vous approche. Alors oui, j'ai surpris Devari par derrière pour obtenir immédiatement les premières informations dont j'avais besoin. Puis je vous ai menti, à vous, Jubjii, pour que vous m'acceptiez plus facilement, mais je savais que ce mensonge ne serait pas durable et que j'aurais vite à dévoiler la vérité. Ce Sith, lui, en revanche, je ne le connais pas, je ne connais pas ses intentions. Je doute fort qu'il fasse la chasse aux corrompus comme moi.
JUBJII – Et qu'est-ce qui me peut me convaincre que t'es pas en train de sortir un autre mensonge de plus ?
SXYD – Parce que là, tout de suite, je n'ai pas le temps de réfléchir à un autre mensonge, et je n'ai aucun intérêt à en fabriquer un autre de toute façon. Avec ce que je sais maintenant de votre groupe, je n'ai plus besoin de vous mentir. Et je n'ai pas le même don que ce Sith pour retourner le cerveau des gens. Là, je ne dis que la vérité. Avec moi, vous avez l'opportunité d'atteindre Pwar au plus près.
JUBJII – Tu maintiens que tu n'es ni Sith ni Jedi ?
SXYD – Oui, ça, ce n'était pas un mensonge, je vous ai juste menti sur l'origine de mon sabre-laser, puisque je ne suis pas natif de Dubrillion. Ce Sith ne me connait pas, je n'ai rien en commun avec lui, mais si j'avais été un Jedi, vous pensez bien que l'un de nous deux aurait déjà tué l'autre. Voilà, maintenant, vous connaissez mes intentions. J'ai voulu me renseigner sur Pwar, j'ai voulu me renseigner sur vous, afin de comprendre la situation de cette ville, et maintenant vous savez quel est mon camp. Par contre je ne peux pas parler pour ce Sith.

Des voix s'élevèrent pour essayer de convaincre Stafan'h et Jubjii que c'était trop risqué d'envoyer ce serpent menteur en mission car il n'aurait plus qu'à balancer à Pwar l'emplacement de la base du Front Unifié pour la Vie, se faire ainsi un max de crédits et s'en aller.

SXYD – Réfléchissez à ça : j'ai spontanément confessé mes mensonges à Stafan'h. Pourquoi l'aurais-je fait si j'étais ici pour aider Pwar ? Vous auriez tous pu croire que j'étais un natif de Dubrillion si je l'avais voulu. J'ai choisi la carte de l'honnêteté avec vous, parce que ma décision est prise de ne pas aider Pwar mais au contraire de mettre fin à son activité. Et je ne tiens pas les mensonges longtemps, de toute façon.
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Moi j’dis, faut qu’on les descende tous les deux.

Ah.
L’affaire était mal engagée.

Non mais ça va pas la tête ?
Ben c’est pas si différent que de poser une bombe, hein.
Si, c’est quand même vachement différent…
Non mais c’que j’dis, c’est qu’ils peuvent nous raconter tout ce qu’ils veulent, on a aucun moyen de vérifier ça là maintenant.
Et donc dans le doute on les bute… ?
C’t’une question de principe de précaution.
On peut simplement les neutraliser, lever le camp et voilà, suggéra Stefan’h.

Un silence circonspect accueillit cette suggestion et l’assemblée se mit à jauger les deux prisonniers.

D’un autre côté, ils ont vu nos visages…
C’est clair, ça résout pas grand-chose.

Devari fit un pas en avant, pour prendre l’assemblée à témoin.

Les mecs, moi non plus ça me plaît pas d’assassiner froidement deux types qui si ça se trouve nous ont dit la vérité, mais c’est quoi l’alternative ? De les croire sur parole alors que y a de grandes chances qu’ils nous baratinent ?
Oui, mais…

La Rodienne s’avança à son tour.
Pendant ce temps, Darth Noctis, lui, comptait les forces en présence. Une trentaine de jeunes gens.

Est-ce que ce n’était pas le cas de certains d’entre nous ? Des gens qui sont venus ici et à qui on a fait confiance, et qui n’ont fait leur preuve qu’ensuite ? En quoi c’est différent ?
C’est différent dans la mesure où les gens arrivent rarement ici avec des sabres laser et des superpouvoirs, souligna le Twi’Lek.
Il n’y a pas besoin d’un sabre laser ou d’un superpouvoir pour nous nuire. Ce qui nous pose problème, ce n’est pas qu’ils puissent faire de la lumière avec leurs doigts ou je ne sais pas trop quoi, mais qu’ils disent où on crèche et à quoi on ressemble.
C’est pas faux…
Donc ta solution c’est de leur faire confiance à tous les deux… ?

La dynamique au sein du groupe était bien plus complexe que Noctis ne l’avait d’abord pensé. Chacun avait ses principes arrêtés et l’ascendance des uns ou des autres dépendait de toute évidence de longues discussions, qui servaient à convaincre la masse silencieuse des autres activistes. Une poignée de personnes s’exprimait seulement, les autres conservaient un silence circonspect.

On peut pas juste descendre le Sith qui… ben c’est un Sith, quoi… ?

Absalom haussa un sourcil.
Allons bon ! Il était victime de discrimination.

Ouais, enfin, l’autre, on en sait rien s’il nous dit la vérité, ça se trouve c’est un putain d’assassin de Dromund Kaas ou un truc dans le genre. Et l’autre Sith, au moins, on sait que c’est un diplomate.
Parce qu’on l’a vu à la télé ? La belle affaire…
Non mais les mecs, arrêtez de vous exister, qui vous fait croire qu’on arriverait à les buter même si on le voulait ?

Ce sobre rappel à la réalité jeta un froid soudain sur les projets meurtriers de l’assemblée.

C’est ce que je dis, reprit Jubjii après quelques secondes, On a pas vraiment le choix.
Tu vas voir si on a pas le choix.

Devari s’empara brusquement du blaster du type qui se tenait à côté d’elle pour le braquer sur le front de Noctis, tout proche. Lequel ne sembla guère s’en émouvoir.

Je presse la gâchette, il crève, on passe à l’autre, c’est réglé. On va pas pinailler toute la soirée.
Ouais, ce serait con que le Front Uni pour la Vie se mette à pinailler sur la vie, c’est sûr, ironisa le modéré du fond.
Il, euh…

Stefan’h se racla la gorge.
Sa voix était nerveuse.

Il a pas l’air très paniqué, le Sith, là…

Silence, et même silence tendu.

Vous êtes sûre que ça me tuerait ?
Un tir de blaster dans la gueule ? J’suis pas chirurgienne mais ouais, j’reste raisonnablement confiante.
Vraiment… ?
La Force, c’est largement de la superstition, marmonna Devari, en essayant de se convaincre elle-même.

Darth Noctis avait évité jusqu’à présent d’employer ses pouvoirs, persuadé que la moindre offensive de sa part compromettrait définitivement son approche du Front Uni pour la Vie, mais la situation était si critique que la perspective d’une escalade violente était difficile à écarter. Il restait une solution de compromis.

Légèrement, très légèrement, ses pensées s’insinuèrent dans celles de la jeune femme. Pour y semer un doute, un doute infime mais suffisant, qui se nourrissait de tout ce que les médias pouvaient dire sur les Siths, de tout ce qu’elle pensait déjà elle-même, de la tension ambiante, des réserves de ses camarades. Le canon de l’arme se mit à trembler. Et s’il avait raison ? Et s’il survivait ? Et s’il lui arrachait les entrailles par la pensée ? Et si…

Putain, merde, maugréa-t-elle en baissant le blaster, on sait même pas de quoi ils sont capables.
C’est ce que je dis, insista une nouvelle fois la Rodienne. Nous n’avons pas le choix. Il faut… disons, à défaut de leur faire confiance, les mettre à l’épreuve. Les envoyer liquider Pwar, par exemple, prendre nos dispositions ici et espérer que ça suffise. Espérer le meilleur, se préparer au pire, c’est ça que je veux dire.
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Un long débat. Cela permit à Sxyd d'appréhender un peu mieux le fonctionnement du groupe. Il y avait les Lieutenants, tels que Jubjii la Rodienne et Stafan'h le Twi'lek, ils ne devaient pas être plus de cinq pour organiser une cinquantaine de membres au total. Et le mot était juste : “organiser”, voilà tout ce que faisaient les Lieutenants. Les décisions étaient prises collégialement, ainsi que l'avait affirmé Devari : peut-être que la parole des Lieutenants avait plus de poids, mais des comités auto-gérés se formaient et ainsi la parole de chaque membre concerné était entendue. Les Lieutenants encadraient le groupe, décidaient de valider des opérations et affectaient les membres à chacune d'elle. Ils étaient nommés par les membres eux-mêmes, et ne répondaient pas à des critères de diplômes ou d'expériences, parfois même pas de compétences, mais obtenaient ce statut par leur charisme, leur capacité à inspirer une motivation, ou simplement par la confiance que les membres portaient en eux. Du reste, l'organisation reposait sur un mode de hiérarchie cellulaire.

La plupart des organisations auxquelles Sxyd avait, toujours temporairement, joint ses forces et ses talents, fonctionnaient de cette manière. Sinon, elles fonctionnaient sur une hiérarchie centrée sur une seule personne, un leader, qui distribuait ses directives à tout le groupe, souvent une personne ayant une place historique dans le groupe, car fondatrice ou proche du fondateur. C'était sûrement le cas du cartel de Pwar : dans ces cas-la, éliminez la tête et vous disséminez le groupe entier, au moins temporairement.

Quant au recrutement, Devari avait expliqué que le Front Unifié pour la Vie reposait sur la cooptation, mais manifestement, ce n'était pas le seul moyen d'entrer dans le groupe : Jubjii, jouant la voix sage, rappela à ses contradicteurs que ces derniers eux-mêmes, pour certains, avaient été recrutés sur leur bonne parole et n'avaient fait leurs preuves qu'ensuite pour mériter la confiance de tout le groupe. Sxyd devait reconnaître une vraie sagesse chez cette femelle : il avait beau lui avoir menti, elle venait de fournir le meilleur argument pour faire accepter son intégration.

Les autres membres n'avaient pas été étonnés du mensonge raconté par Sxyd et Noctis à propos de leur confrontation avec Devari, car cette dernière avait apparemment le sang chaud. Elle en fit la démonstration, refusant d'écouter la voix de Jubjii, elle pointa le canon de son blaster contre le front de Noctis qui n'eut pas l'air de s'en émouvoir le moins du monde. Il essaya de faire douter Devari de sa vulnérabilité à un tir de blaster à bout portant dans la cervelle, ce qui était osé, mais la Force l'y aida.

Devari baissa son blaster, en proie au doute. Jubjii put ainsi prendre définitivement l'ascendant sur le débat, suggérant de les mettre tous les deux à l'épreuve. S'ils tuaient Pwar, ils prouveraient leur loyauté. Ca semblait honnête... hormis que Sxyd ne faisait pas confiance en Noctis et n'avait nulle envie de continuer à coopérer avec lui. Mais avait-il le choix ? Ca ne l'enchantait pas, mais compte tenu de la situation, il n'avait pas son mot à dire. Sxyd hocha la tête.

SXYD – Ca me paraît honnête.
Un membre Humain – Je pense qu'au contraire, il faut éviter de leur permettre de parler à Pwar. S'ils sont ses agents, les renvoyer vers Pwar c'est tout ce qu'il ne faut pas faire.
JUBJII – Allons, Dexte, tu sais comment ça se passe.

Le dénommé Dexte baissa la tête à cette phrase pleine de sous-entendu. Jubjii avait raison : le meilleur moyen de tester la loyauté de Sxyd et de Noctis était de leur demander d'éliminer la personne pour qui ils étaient soupçonnés de travailler. Toutefois, cela ne se ferait pas sans précaution, et c'était sûrement là le sous-entendu de Jubjii : ils allaient être encadrés par d'autres membres, qui seraient probablement en relation avec une sentinelle en retrait, chargée de vite faire remonter l'information à la base si jamais les agents encadrant Sxyd et Noctis ne donnaient plus de nouvelles.

Le débat semblait clos. Jubjii déclara donc aux deux nouveaux :

JUBJII – Je vais m'entretenir avec Stafan'h pour élaborer un plan de mission, mais votre but sera l'élimination de Pwar. Revenez ici avec une preuve de sa mort, et vous serez des nôtres. Compte tenu des circonstances, nous ne tolèrerons aucune autre issue à l'opération. Mihipomet partira en mission avec vous.

La Rodienne désigna un Pacithhip dont on n'avait pas encore entendu la voix. Et pour cause : cette race ne disposait pas de cordes vocales à même d'articuler le basic. Si cela pouvait dérouter, Sxyd y vit une logique : si Mihipomet devait rester en lien avec un autre agent en régie pour assurer du bon déroulement de la mission et permettre à toute la base de réagir en cas de pépin, personne ne serait capable de comprendre ce qu'il dirait, hormis ladite régie. Il pourrait bien sonner une alerte sans que ni Noctis, ni Sxyd ni les hommes de main de Pwar ne s'en rendent compte.
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Vous voyez, fit Darth Noctis alors que Jubiji s’éloignait avec d’autres membres du groupe pour discuter des détails de la mission, aucune raison de s’inquiéter.

Le Sith n’avait pas l’air de considérer que ses relations avec son acolyte du jour eussent été profondément transformées par ce qui venait de se passer, alors qu’il l’avait sans hésité livré à la pâture à la suspicion de leurs hôtes. À la guerre comme à la guerre, songeait Absalom, et en bon Hapien, il estimait que chacun opérait dans ces circonstances à partir de son intérêt personnel bien compris.

Devari faisait les cent pas non loin du ring en les fixant tous les deux, tour à tour. Elle aurait voulu se porter volontaire pour les chaperonner dans leur mission, mais personne, elle le savait bien hélas, ne l’aurait cru capable une seule seconde de faire preuve de l’impartialité nécessaire. Grave erreur, songeait-il néanmoins, de laisser ces deux-là s’enfuir. Très grave erreur.

Bien.

Jubiji était revenue vers eux.

Pwar a ses bureaux dans un immeuble du vieux quartier du côté de l’astroport, Mihi’ sait où c’est.

Elle sonda le pachyderme du regard, qui inclina la tête en signe d’assentiment.

Vous allez vous rendre là-bas en prétendant que vous avez capturé Mihi’, parce qu’il a des inversions, et que vous avez besoin qu’on vous fournisse un droïde de protocole pour l’interroger. À partir de là, on vous laissera probablement rentrer et vous éliminerez Pwar, en protégeant Mihi’ de ses gardes du corps. Vous pouvez faire ça, pas vrai ?
Bien sûr, répondit le Sith.
Quelqu’un vous attendra en bas et vous aidera à vous enfuir par le réseau des égouts. Pour preuve que la mission est accomplie, vous reviendrez avec une copie des données du datapad de Pwar.
Et si nous échouons ?
Si vous échouez…

Il y eut un instant d’hésitation chez la Rodienne et Noctis la soupçonna de n’avoir aucune menace qu’elle se sentît vraiment capable de mettre à exécution.

… on prendra les mesures qui s’imposent, dit-il vaguement.
Vous avez plutôt intérêt à réussir, renchérit Stefan’h, aussi mauvais comédien que sa comparse.
Fort bien.
Bon. Alors c’est parti.

Le Pacithhip acheva quelques réglages sur les échasses bricolées qui prolongeaient ses jambes et ouvrit la voie avec une démarche un peu mécanique, mais plus rapide malgré tout que son rythme ordinaire. On les fit sortir par une petite porte latérale, jugeant probablement qu’ils avaient dû se repérer dans les égouts et que cacher la situation de la salle de boxe n’avait plus guère d’intérêt. Dehors, le soleil avait commencé à décliner et, dans la pollution d’une ville en pleine reconstruction, les dernières heures de l’après-midi prenaient une teinte jaunâtre.

Quelques mètres plus loin, les trois marcheurs se retrouvèrent enveloppés dans la foule dense et disparate qui vaquait à ses occupations dans les rues de la capitale. Nul doute que quelque part, des regards du FUV étaient braqués sur eux et, de temps à autre, Mihipomet avait une sorte de murmure grave et profond, dont Noctis supposait qu’il s’adressait à quelqu’un de l’autre côté de son comlink, pour faire état sur la situation.

Le Seigneur Sith avait songé un instant à fausser compagnie à tout ce petit monde sans trop se poser de questions, à peu près sûr que les militants à l’organisation approximative n’avaient guère les moyens de les en empêcher. Mais mettre la main sur les données de Pwar l’intéressait à titre personnel et il était toujours persuadé qu’avec un peu de diplomatie, le FUV pourrait un jour s’avérer un instrument précieux sur Dubrillion.

Personne ne prêtait attention à leur petite équipe hétéroclite. La reconstruction avait rendu la vie de chacun trop prenante, trop incertaine, à la fois pleine de difficultés et d’opportunités, pour qui que ce fût eût vraiment le temps de s’interroger sur ses contemporains. On s’écartait tant bien que mal pour laisser passer les plus gros, et c’était à peu près toute l’attention qu’on avait à porter aux autres. Il leur fallut en tout cas un peu quart d’heure, ralentis principalement par le rythme de Mihipomet, pour atteindre l’un des bus à répulseurs surpeuplé qui conduisaient vers le vieux quartier de l’astroport, construit du côté est avant la dernière extension de la ville, et qui se composait pour l’essentiel d’immeubles de bureaux bon marchés.

La machine s’ébranla avant de filer à travers la ville, frôlant parfois de quelques centimètres à peine la façade des immeubles. Nul doute que le Seigneur Sith ne devait plus guère avoir l’habitude de prendre les transports en commun avec les gens du peuple et Absalom avait l’air à peu près aussi à sa place qu’un amateur d’orchidées dans un concours de bras de fer.
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ABSALOM – Vous voyez, aucune raison de s’inquiéter.

La bonhommie de Noctis n'affecta pas Sxyd qui l'avait définitivement classé dans la liste des personnes indésirables. Il coopèrerait avec lui de mauvais gré, mais dès que possible, il mettrait un terme à leur duo. Le Sluissi garda une expression neutre sur son visage ophidien, ne se forçant pas à discuter avec le Sith comme si de rien n'était. Quant à Devari, elle fulminait dans son coin, faisant les cent pas comme une lionne que l'on retenait de se jeter sur sa proie. Elle l'avait mauvaise, et Sxyd pouvait parfaitement le comprendre. Elle n'avait pas envie que Jubjii et Stafan'h prennent le risque d'accorder leur confiance aux deux personnes qui l'avaient agressée par surprise ; et quitte à ce qu'on les envoie en mission pour assassiner Pwar, elle aurait voulu être celle qui les accompagnerait, sauf qu'au fond d'elle, elle devait bien savoir qu'elle était précisément la personne qui ne convenait pas à la tâche.

JUBJII – Bien. Pwar a ses bureaux dans un immeuble du vieux quartier du côté de l’astroport, Mihi’ sait où c’est.

Le Pacithhip hocha la tête, et Sxyd conserva une attention sérieuse à Jubjii, revenue vers eux après une courte concertation avec Stafan'h et une autre personne qui n'avait pas été présentée aux deux aspirants suspects.

JUBJII – Vous allez vous rendre là-bas en prétendant que vous avez capturé Mihi’, parce qu’il a des inversions, et que vous avez besoin qu’on vous fournisse un droïde de protocole pour l’interroger. À partir de là, on vous laissera probablement rentrer et vous éliminerez Pwar, en protégeant Mihi’ de ses gardes du corps.

Noctis eut l'air de comprendre ce que Jubjii voulut dire par « avoir des inversions » ; ou, s'il ne le comprit pas non plus, il n'en montra rien. La seule définition que Sxyd connaissait à “inversion” dans ce contexte était le fait d'être homosexuel. Et s'il fallait bien l'entendre en ce sens-là, cela posait plusieurs questions.
La première, la plus futile : pourquoi Jubjii utilisait-elle soudainement un mot désuet ? Jusqu'à présent, elle avait parlé normalement, avec un ton très direct, un peu autoritaire mais au niveau de linguistique du quidam. Cachait-elle des origines plus élevées ? Ou bien cherchait-elle à se la péter, ce qui ne lui ressemblait pas du peu que Sxyd avait pu observer d'elle jusqu'à présent ?
La deuxième question : Pwar était-il ce genre de personnes à vouloir lutter contre l'homosexualité ? Sxyd se crispa imperceptiblement : il était lui-même homosexuel et engagé dans une relation, certes à distance et discontinue, avec un mâle d'une autre espèce que la sienne, dont il était amoureux.
La troisième question : pourquoi utiliser cette couverture, plutôt que d'intéresser autrement Pwar en présentant Mihipomet comme un membre du Front Unifié pour la Vie ? Peut-être justement parce que c'était vrai et que Jubjii voulait protéger le visage des membres. Ca pouvait faire sens : il s'agissait alors de trouver une autre raison pour que Pwar veuille capturer ce Pacithhip.

Toutefois, ce n'était qu'une interprétation possible de la phrase de Jubjii, et elle était probablement fausse. Après tout, pourquoi revenir auprès de Pwar en réclamant un droïde de protocole pour interroger un homosexuel ? Quelle information espérer tirer de lui ? Quand on voulait éradiquer les homosexuels, on ne leur faisait pas passer d'interrogatoires. On leur faisait subir un lavage de cerveau en essayant de les “rééduquer”, on les emprisonnait, ou encore, on les tuait.

Sxyd n'avait donc pas compris mais il ne voulut pas interrompre Jubjii : pour preuve de la réussite de la mission, Sxyd et Noctis allaient devoir revenir avec une copie des données du datapad de Pwar. Une fois la mission accomplie, ils trouveraient quelqu'un en bas de l'immeuble qui les aiderait à s'enfuir par les égouts.

ABSALOM – Et si nous échouons ?

Sxyd jeta un regard étonné à Noctis, ne comprenant pas bien la finalité de cette question. Jubjii sembla elle-même étonnée par cette question. Elle avait déjà bien stipulé : la réussite de leur mission était impérative à leur intégration dans la cellule. Si la mission échouait, alors autant ne pas revenir. Point. Pourquoi chercher plus loin ? Noctis attendait-il des menaces pour se mettre au travail ? Voulait-il savoit si le Front Unifié pour la Vie avait les moyens de les éliminer s'ils s'entendaient avec Pwar ? Cela n'était pas censé avoir d'importance pour Noctis, autant que cela n'en avait aucune pour Sxyd qui allait agir de son plein gré : éliminer Pwar ne lui posait absolument aucun problème et il serait ravi d'aider les activistes présents face à lui. Si Noctis sentait le besoin de poser cette question, c'est qu'il y avait quelque chose de pas très clair chez lui.

Mihipomet enfila des échasses artisanales, les régla soigneusement et se dirigea vers les égouts avec une démarche, de fait, un peu mécanique. Sxyd se demanda l'utilité de ces échasses : le Pacithhip refusait-il de marcher pieds nus dans les égouts ? Lui, au moins, il avait une solution, mais Sxyd, lui, était bien obligé de ramper à même le sol et de laisser traîner tout son corps de serpent dans la fange putride et les rejets fécaux.

Il leur fallut un bon quart d'heure, au rythme de la marche lente du pachyderme, pour atteindre un bus à répulseurs. Mihipomet retira ses échasses avant de monter dans l'engin bondé. Sxyd essaya de replier sa queue au maximum, se lovant pour prendre le moins de place et surtout pour ne pas avoir à laisser sa queue entre les jambes des usagers tous prêts à la piétiner sans faire attention. On aurait alors reprocher au Sluissi de gêner tout le monde.

Le Sith n'avait pas l'air bien à l'aise au milieu de tous ces infortunés. Il était à coup sûr habitué à fréquenter des gens de la haute société pour négocier des décisions de grande échelle, pas à se mêler aux petites gens qui ne faisaient que subir ces mêmes décisions prises plus haut. Sxyd, lui, n'était pas à l'aise uniquement à cause de sa morphologie, encore qu'une fois lové sur place, il ne risquait plus de gêner personne ni d'être gêné.

Sxyd attendit d'être descendu du bus pour poser à Noctis les questions qui le démangeaient. Il déroula son corps pour descendre du véhicule et rampa sur quelques mètres en détendant sa queue, heureux de pouvoir se laisser glisser au sol sans avoir besoin de se faire tout petit. Un soulagement partagé par Mihipomet, qui n'avait pas pu faire grand-chose pour se recroqueviller, avec son gabarit ; le Pacithhip étendit sa trompe en l'air un instant, peut-être pour respirer un coup, ou bien était-ce un signe de langage corporel à la signification encore obscure pour un non-Pacithhip. Depuis leur départ en tout cas, Mihipomet émettait toutes les cinq minutes de brefs sons graves, du moins Sxyd supposait qu'il le faisait toutes les cinq minutes, car la plupart du temps, il ne les entendait même pas. Il maintenait le contact avec une sentinelle par comlink. Ses échasses démises, prenant au final assez peu de place parmi ses affaires, le Pacithhip acceptait de braver le sol de la ville avec ses larges pieds ronds et plats à peau cornée si épaisse que l'on se demandait s'il sentirait quelque chose en pilant sur un morceau de verre pointu.

Maintenant qu'ils n'étaient plus entassés avec d'autres personnes, Sxyd se décida à glisser ses questions à Noctis, à commencer par le plan de Jubjii :

SXYD – Avez-vous compris ce que Jubjii a voulu dire par « avoir des inversions », quand elle a précisé ce qu'on devait raconter pour justifier la capture de Mihi' ?

Ca, c'était pour le bon accomplissement de la mission. Sxyd avait aussi besoin de comprendre les intentions de Noctis :

SXYD – Et pourquoi lui avoir demandé ce que nous risquons si nous échouons ?
Absalom Thorn
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Pas vraiment, non, répondit le Sith qui marchait d’un pas tranquille, par la force des choses : leur guide n’était pas bien véloce. J’ai supposé que c’était un lapsus pour « information », mais… Des outils pour inverser les charges électriques et pirater des serrures magnétiques ? Pour inverser les réactions protoniques dans des explosifs et désactiver des torpilles ? Une sorte d’augmentation biotechnologique ? Inversion de processus physiologiques quelconque ? Dans les époques troublées, les trafics d’organes modifiés sont toujours des valeurs sûres, je crois.

Absalom finit par hausser les épaules.

Contentons-nous de dire que nous l’avons capturé parce que nous le soupçonnons d’être en contact avec le FUV d’une manière ou d’une autre, ça nous évitera de nous aventurer sur des terrains que nous ne maîtriserions pas.

Difficile de dire si leur guide les entendait et, le cas échéant, les approuvait : le pachyderme paraissait tout entier absorbé par sa marche, sans prêter attention à leur conversation, une attitude nécessairement trompeuse, puisque sa mission était de les surveiller. Sans parler sa langue toutefois, il eût été inutile de lui demander des informations.

Quant à ma question…

La silhouette imposante de l’astroport se dessinait désormais devant eux : sa façade était encore noircie par endroits à cause des explosions et d’immenses rails horizontaux avaient été fixés à toute la structure, pour permettre aux droïdes de chantier de s’y déplacer latéralement et de poursuivre les travaux de réfection. C’était un chantier gigantesque, qui engloutissait des sommes colossales, mais assurer la sérénité du commerce interplanétaire était une nécessité économique.

Hé bien disons simplement que si j’étais à la place du FUV, j’essaierais probablement de nous liquider, une fois la mission achevée, qu’elle soit réussie ou non. Ma question était une allusion explicite à cette éventualité et une occasion de voir ce qu’elle provoquait comme réactions chez nos interlocuteurs, à travers la Force. Mais je crois que leur organisation est encore trop jeune et trop modeste pour pouvoir imaginer des assassinats. En tout cas contre des gens avec nos aptitudes.

La longue discussion dans la salle de boxe en avait d’ailleurs été la preuve : un groupe plus organisé et plus sûr de ses moyens y aurait probablement coupé court, en tentant de maîtriser les deux intrus, mais la peur et la circonspection de ces terroristes en herbe n’avaient été que trop palpables.

Ceci étant, ils feront sans aucun doute plus de bien à cette ville que Pwar.

Les sympathies d’Absalom allaient beaucoup plus volontiers aux révolutionnaires qu’aux mafieux. Le crime organisé ne devait jamais être sans lui qu’un instrument utile, jamais une fin en soi.

Mihipomet s’était arrêté soudain et, d’un mouvement de la trompe, il désigna un immeuble de six ou sept étages, dans l’ombre de l’astroport. Une construction déjà ancienne, dans un quartier en déshérence, où toutes les façades avaient besoin d’un bon ravalement et où bien des fenêtres auraient dû être changées.

Quel étage, demanda l’Hapien ?

Le Pacithhip fit le signe trois avec ses doigts gris.

Fort bien.

Le hall ressemblait à celui de tous les immeubles de bureau, mais déserté : plus de sièges pour faire patienter les rendez-vous et plus de plantes en pot, aucun message holographique à la gloire de telle ou telle entreprise. L’un des deux turbolifts était hors de service et l’accès à l’autre était barré par un humain de deux mètres, crâne rasé, bras croisés, air patibulaire.

Circulez, y a rien à voir, fit-il d’une voix de fillette, mélodieuse et aiguë.

Absalom ne put s’empêcher de hausser un sourcil.

On ramène un prisonnier à Pwar.
J’vois pas d’qui vous voulez parler.
Pas notre problème. On enquête sur l’attentat de ce matin, si vous voulez faire patienter Pwar, ça vous regarde, on peut attendre ici toute la journée.

L’homme se mit à réfléchir intensément et, de toute évidence, laborieusement. Il finit par presser son comlink et marmonna quelque chose d’inaudible et puis, quelques secondes plus tard, il fit un pas de côté pour les laisser pénétrer dans le turbolift, avec un regard plein de mauvaise volonté. Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur eux et il fallut un grincement pénible à la machine pour parvenir à soulever le poids que représentait leur guide.

Les étages défilaient avec une lenteur abominable et ce fut peut-être le moment où Darth Noctis se sentit le moins rassuré sur Dubrillion : échapper à des terroristes pour mourir écrasé dans une cabine d’ascenseur, c’eût été d’une ironie consternante.
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Sxyd n'avait pas été le seul à ne pas avoir compris la phrase de Jubjii. Noctis émit plusieurs hypothèses et Sxyd se demanda s'il inventait certains termes : encore une fois, difficile de cerner la vraie pensée de Noctis, et pour l'occasion de savoir s'il faisait semblant de savoir de quoi il parlait ou s'il avait vraiment des compétences dans plusieurs domaines, tout comme lui. Quoi qu'il en soit, après avoir listé plusieurs hypothèses, Noctis convint qu'il serait plus judicieux de prétendre avoir capturé quelqu'un suspecté d'appartenir au Front Unifié pour la Vie, ça resterait le plus crédible et ça éviterait de se lancer dans un mensonge alambiqué qui les forcerait à parler de choses qu'ils ne maîtrisaient pas – encore que Sxyd pouvait se rattraper avec des termes scientifiques dont il avait la maîtrise, mais puisque Noctis serait également impliqué, autant faire au plus simple.

A la seconde question de Sxyd, Noctis expliqua avoir pensé à l'éventualité que les membres du FUV les éliminent tous les deux après leur retour de mission même en cas de réussite. Sxyd trouva cette hypothèse saugrenue, car s'ils venaient à prouver tous deux leur loyauté à la cause, le FUV n'aurait sûrement aucun intérêt à les éliminer. Parmi tous les groupes d'activistes que Sxyd avait approché à travers la galaxie, il avait eu des contacts moins heureux que d'autres, et oui, certains avaient déjà tenté de l'éliminer, mais il en avait toujours compris la raison, l'eût-il trouvée logique ou idiote. D'un autre côté, il serait prétentieux de la part de Sxyd que de prétendre tout savoir déjà du fonctionnement du FUV. Seulement, ils étaient loin d'avoir tous des profils d'assassins, leurs avis semblaient souvent diverger et assassiner des postulants, surtout quand ils venaient de prouver leur loyauté, ne semblait pas dans leur méthode, à première vue.

Ils arrivèrent devant l'immeuble servant de siège à l'organisation mafieuse de Pwar. Miteux. D'une certaine façon, les gens n'imaginaient pas que l'une des personnes les plus influentes de la ville pût siéger dans un endroit aussi délabré. Le quartier était composé de ruelles coupe-gorges, et l'immeuble lui-même était partiellement en ruine. Rien que le hall d'entrée était lugubre, sans la moindre décoration ni le moindre holo-affichage. Même pas de siège pour que les bipèdes s'asseoient en patientant. Pour peu, l'on pouvait se dire que le bâtiment entier était abandonné, une impression trompée par les lumières qui s'échappaient de certaines fenêtres aux étages, et par le garde posté devant le seul turbolift en état de service. Noctis sut utiliser les bons mots pour convaincre ledit garde de les laisser passer avec leur prisonnier. Mihipomet avait indiqué que le bureau de Pwar se situait au troisième étage.

Ce n'est pas haut, un troisième étage. C'est même plutôt bas, dans un quartier où les immeubles comportent tous au moins dix étages. Et pourtant, l'attente fut longue. La machine montrait des signes évidents de faiblesse, et les pannes devaient être récurrentes. Vraiment, Pwar se donnait un mal de chien pour que son quartier général soit insoupçonnable. Tous les jours, il s'ennuyait à utiliser cette machine pour monter au troisième étage ? Ou peut-être faisait-il de l'exercice en empruntant un escalier à l'arrière du bâtiment ; pour sûr, ce devait être plus rapide de toute façon.

Troisième étage, enfin ! Les portes s'ouvrirent et les deux assassins avec leur faux prisonnier s'avancèrent dans un couloir à peine éclairé par quelques néons, des survivants au milieu d'autant de néons éteints, débranchés, cassés, ou simplement absents de leur socle. Certains couloirs étaient condamnés parce qu'ils menaient à des zones non praticables de l'immeuble : « risques d'effondrement », pouvait-on lire.

Une double-porte gardée par deux armoires à glace – un Trandoshan et un Herglic – ressemblait tout à fait à l'entrée du bureau de Pwar. Sxyd et Noctis s'en approchèrent comme s'ils connaissaient le chemin mais furent évidemment stoppés.

Garde Herglic – C'est pour ?
SXYD – Monsieur Pwar nous a envoyés arrêter la personne qui a commis l'attentat à la bombe de ce matin. Nous ramenons un suspect qui fait partie du groupe terrorriste.
Garde Herglic – J'annonce qui ?

Sxyd leva les yeux vers une caméra de sécurité installée dans le coin du mur, en haut à gauche de la porte. Aucun effort n'avait été fait pour la dissimuler. Sxyd fut sur le point de dire que de toute façon, Pwar n'avait pas dû rencontrer beaucoup de Sluissis depuis le matin, quand la double-porte fut ouverte de l'intérieure... par Pwar lui-même. Soit il avait entendu le bref échange, soit il avait l'image de la caméra transmise sur son bureau et gardait un œil régulièrement dessus.

PWAR – Entrez, je vous en prie.

Pwar ouvrit son bureau aux trois personnes et referma la porte derrière eux. Un plus petit bureau que Sxyd l'aurait imaginé. Ou du moins, qu'il ne l'aurait imaginé avant de découvrir l'état de l'immeuble ; en fait, il ne fut pas vraiment surpris, Pwar ne faisait pas dans le tape-à-l'œil. Un bureau personnel, juste assez spacieux pour faire semblant d'être classe, mais pas très. Sxyd promena son regard tout autour de lui, faisant mine d'observer la décoration, mais comptant secrètement les caméras de sécurité dans la pièce : zéro. Pwar avait une caméra qui lui retransmettait ce qu'il se passait à l'entrée de son bureau, une sorte de judas dans sa fonction, mais il ne jugeait pas utile de se filmer soi-même. Pas de garde, pas de caméra, c'était parfait. Mais quelle méthode utiliser pour le tuer sans faire de bruit, et donc sans alerter qui que ce soit ? Au moindre bruit suspect, un garde entrerait tandis que l'autre sonnerait une alarme via son comlink. Toute issue de l'immeuble serait alors condamnée. Il fallait la jouer plus subtilement, et ne pas tuer Pwar précipitamment sans réfléchir à un plan. C'était bien d'être entré dans l'immeuble, encore fallait-il pouvoir en ressortir ensuite.

Pwar s'affala dans son fauteuil, laissant sa canne reposer juste à côté de lui, et attrapa pompeusement un verre d'alcool qu'il avait laissé posé sur son bureau juste à côté de la bouteille d'origine. Son masque respiratoire était également là, à portée de main. Il but une gorgée de son verre et toussa.

PWAR – C'est ce pachyderme qui a posé la bombe ? Il ne ressemble pas à une Rodienne... Et vu sa démarche pataude, je ne l'imagine pas détaler et semer mes hommes... Alors, qu'est-ce que vous me ramenez là ?
SXYD – Nous avons retrouvé la trace de la poseuse de bombe et cela nous a conduit jusqu'à leur quartier. Ce... « pachyderme » montait la garde. Il vous fournira toutes les informations dont vous avez besoin pour éliminer la menace qui pèse sur vous.
PWAR – Oh...

Pwar perça Mihipomet de ses yeux, ce dernier se permit de le défier du regard. Il y eut quelques secondes intenses entre eux deux, avant que Pwar ne s'affalât de nouveau et demanda à Sxyd :

PWAR – C'était donc si facile que ça ?

C'était une question piège ? Sxyd répondit avec aplomb :

SXYD – Pourquoi cette question ? Pour évaluer combien vous devez nous payer ?

Il avait déjà connu des employeurs réticents à le payer généreusement pour ses actes – infiltration, assassinat, terrorrisme... Ceux-là estimaient que quand la tâche n'avait représenté aucune difficulté, il n'y avait pas lieu de fournir une grosse rétribution. C'était le risque qui payait. Sxyd joua un rôle : il imagina que Pwar était réellement son employeur, et qu'il était de ce genre-là, à évaluer une rétribution en fonction des risques encourus.

Pwar eut un rictus. Puis, il se leva de son siège, sans rien dire de plus, reposa son verre sur le bureau, s'équipa de sa canne et avança jusqu'à un coffre-fort. Puisqu'il ne se déplaçait pas plus vite que Mihipomet, Sxyd saisit sa chance : il attrapa sans un bruit le verre d'alcool, ouvrit grand ses mâchoires, déploya ses crochets venimeux contre la paroi intérieure du verre, et de sa main libre, se pressa méthodiquement les glandes palatines : plusieurs gouttes de venin s'écoulèrent de ses crochets, se mélangeant à l'alcool. Sxyd reposa le verre pile au moment ou Pwar tourna la tête en reprenant la parole. A une demi-seconde près, il surprenait Sxyd la main dans le sac... ou les crochets dans le verre.

PWAR – Je vous donne un acompte pour votre peine et votre diligence. Il me faudrait plus d'hommes comme vous. Mais si vous trouvez malgré tout la somme petite, c'est parce que vous aurez le reste quand mes hommes, justement, auront interrogé celui-là. Votre paie dépendra de ce que nous aurons pu tirer de lui. Et j'espère pour vous qu'ils ne seront pas déçus.

Pwar saisit le code à l'aveugle, en gardant un œil sur ses deux “convives”.

PWAR – Et ne vous fatiguez pas à essayer de retenir le code de mon coffre : il change automatiquement plusieurs fois par jour. On n'est jamais trop prudents, vous comprenez...

Dans le coffre était renfermé un terminal bancaire : Pwar débitait des clés de crédit grâce à cet appareil sophistiqué. Il émit deux chèques, ferma le coffre et revint s'affaler sur son fauteuil en expirant comme si ce petit déplacement lui avait coûté beaucoup d'énergie. Il posa les deux chèques sur le bureau et attrapa son verre à la place, pressé de se verser un peu plus de son contenu dans le gosier.

Sxyd alla récupérer sa rétribution d'un geste lent, en fixant le chef mafieux, attendant une réaction au venin ainsi bu. La réaction fut bien plus longue à venir que lors d'une injection intraveineuse par morsure, mais Pwar palit à vue d'œil et porta ses mains à son cou comme s'il s'étranglait. Il dut s'imaginer qu'il était sur le point de faire une crise cardiaque, et Sxyd contourna vite le bureau pour non seulement l'empêcher d'appeler à l'aide y compris par une saisie de numéro d'urgence sur son comlink, mais aussi pour lui fermer les narines et la bouche, le tuant par asphyxie : le meilleur assassinat possible, celui qui ne laissait aucune trace. Le venin commença à paralyser les deux membres supérieurs du corps de la victime qui ne put même pas se débattre contre son tueur. Sxyd fit un geste de la tête à Noctis en direction de la porte, manière de lui suggérer de s'assurer que personne n'allait entrer à ce moment-là.
Pwar mourut, et en observant son corps, on ne trouverait aucune trace de lutte, ni dans son bureau. Aucune blessure, aucune goutte de sang.

Pwar l'avait lui-même dit, finalement : c'était donc si facile que ça...
Absalom Thorn
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Un talent décidément fort utile, déclara Noctis d’un ton flegmatique, posté près de la porte, les bras croisés, à guetter une réaction des gardes, alors que le cadavre de Pwar encore chaud était affalé contre son fauteuil en cuir.


Mihipomet non plus n’avait pas perdu de temps : avec plus de promptitude que sa silhouette n’aurait pu le laisser suggérer, il avait contourné le bureau à son tour et branché un datapad sur le terminal de Pwar. Quelques secondes plus tard, ses longs doigts pianotaient à toute vitesse. Absalom haussa un sourcil. Ainsi donc, leur acolyte du jour n’était pas seulement un appât, mais aussi un expert informatique.


Vous comptez pirater le coffre, aussi, pendant qu’on y est ?


Sans détacher le regard de l’écran, le pachyderme secoua la tête. L’argent eût sans doute été fort utile au Front, mais craquer le code prendrait trop de temps et les informations contenues dans le terminal du mafieux avaient infiniment plus de valeurs. C’était précisément elles qu’Absalom aurait voulu s’approprier, pour mieux comprendre le réseau criminel que Pwar avait pu étendre dans la capitale.


Plus tard, peut-être…


Le Pacithhip émit un son grave, avant de détacher son datapad. Difficile, hélas, de sortir du bâtiment avec le prisonnier comme si de rien n’était.


Il nous faudra probablement éliminer les gardes sur notre chemin, déclara froidement l’ancien Sith, mais il est probable que quelqu’un d’autre, quelque part dans cet immeuble, soit derrière ses écrans et ne donne l’alerte.


À nouveau, Mihipomet intervint dans son incompréhensible langage, avant de pointer l’écran du terminal. Absalom rejoignit les deux autres derrière le bureau, pour constater que le pachyderme avait profité de l’accès au poste sécurisé de Pwar pour pirater le système de surveillance et forcer les caméras à rediffuser leur image en boucle. Une ruse qui ne tiendrait peut-être que quelques minutes et dont il fallait profiter sans attendre.


Allons-y, fit Absalom. Cher ami…

C’était à Sxyd qu’il avait failli livrer à la vindicte du FUV moins de deux heures plus tôt qu’il s’adressait ainsi.


… si vous le voulez bien, je propose de me charger des deux gardes tandis que vous assurez la protection de Mihipomet ici présent, dont je ne doute pas que les autres nous reprocheraient la mort. Et j’imagine qu’il serait plus prudent d’emprunter des escaliers : la perspective de nous retrouver coincés dans l’ascenseur si jamais le petit tour de passe-passe avec les caméras cessait de faire son effet n’a rien de très enthousiasmant.


L’expression de Mihipomet demeurait indéchiffrable et, comme le temps pressait, Absalom l’a pris pour un signe d’assentiment.


Absalom revint vers la porte et, de sa main gauche, tira des replis intérieurs de son manteau un sabre laser. Ainsi donc, il en possédait un. Son autre main se posa sur la porte et le Jedi Noir ferma les yeux. Pendant quelques secondes, il se concentra sur la Force et se laissa envahir par le Côté Obscur. Pour Sxyd, capable de la percevoir, l’aura de l’Hapien devint encore plus sombre, plus omniprésente, plus étouffante que d’habitude.


De l’autre côté de la porte, le garde trandoshan se sentit envahi d’une étrange faiblesse. La tête lui tournait, son coeur se ralentissait et ses extrémités commençaient à refroidir. La vie, petit à petit, le quittait, absorbée par le sorcier tout proche de lui. Absalom sentait cette puissance brusque et froide du reptile, cette vie rugueuse, mêlée de toutes les frustrations du trandoshan, qui se savait puissant et dangereux et qui, pourtant, devait se plier aux ordres de Pwar.


Dans le couloir, le carde tomba à genoux. Le Herglic s’exclama :


Vork ? Vork ? Ça va ? Chef !


La porte du bureau s’ouvrit sur le garde venu chercher du secours et, la seconde suivante, une lame rouge jaillissait du sabre laser d’Absalom pour s’enfoncer droit dans son cerveau. Le Herglic eut une expression de surprise et d’incompréhension dans ses derniers instants, avant que la lame ne se rétracte et que son corps inanimé ne tombe au sol. Vork, lui, approchait une main tremblante de son blaster, mais Noctis s’agenouilla à ses côtés et posa une main dans son dos.


C’était comme si sa faiblesse redoublait. Dans la Force, la présence obscure du Jedi Noir était plus saisissante que jamais. Il absorbait l’essence vitale du garde à une vitesse qui trahissait une expérience terrifiante dans la corruption. Instinctivement, le Pacithhip s’était rapproché de Sxyd, incertain de ce qui, entre les gardes de Pwar et cet homme étrange, constituait le plus grand danger.


Fermez les yeux, murmura Absalom d’une voix douce à sa victime. Ce n’est qu’un long sommeil. Fermez les yeux et vous vous sentirez beaucoup mieux.
J… je… je ne veux pas…, balbutia le Trandoshan de sa voix rauque et affaiblie.
Je chérirai votre vie comme un cadeau précieux, poursuivit l’Hapien de son ton rassurant, comme si le Trandoshan s’offrait librement en sacrifice. Laissez vous aller… voilà… doucement…


Et puis les yeux du malheureux se révulsèrent et il finit par s’effondrer tout à fait, mort, mais mort d’une agonie singulière, qui laissait son cadavre déjà froid et rigide, tout prêt à se putréfier, tandis que le Sith, en se redressant, gorgé de son essence vitale, était d’une forme resplendissante.


Les escaliers, donc ?
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Sécréter un venin paralysant par des crochets tel un cobra, n'était pas à proprement parler un talent, mais un don de la Nature – bien que ce fût avant tout une malformation. Quand Noctis parla de « talent », il évoqua peut-être plutôt l'habilité avec laquelle Sxyd utilisait ce don physique à fin d'assassinat. De toute façon, vu le ton flegmatique employé, difficile de savoir si Noctis était vraiment admiratif ou si c'était un simple commentaire un poil flatteur pour faire la conversation ou se mettre Sxyd dans la poche. Effort vain, puisque Sxyd se moquait bien d'avoir la reconnaissance de Noctis. Il lui tardait d'en finir avec cette mission pour ne plus avoir ce Sith manipulateur à ses côtés. Il aurait préféré que Noctis soit sa cible à assassiner plutôt qu'un coéquipier ; mais il faisait contre mauvaise fortune bon cœur.

Sitôt Pwar mort, Mihipomet s'affaira à récupérer toutes les données sensibles désirées par le Front Unifié pour la Vie, tandis que Noctis occupa le poste suggéré par Sxyd, à savoir la surveillance de la porte. Mihipomet alla au plus important, sans perdre du temps à essayer de pirater le coffre-fort pour en extraire des crédits en bonus. Toutefois, il réussit à prendre le contrôle de la retransmission du système de surveillance sur le bureau de Pwar ; il appela Noctis pour que ce dernier pût également observer et participer à la planification de leur extraction des lieux.

Noctis assuma qu'il allait de toute façon falloir éliminer les deux gardes postés devant le bureau de Pwar. Sxyd devrait s'occuper de la protection rapprochée de Mihipomet. La descente au rez-de-chaussée se ferait logiquement par les escaliers, ce qui éviterait d'être bloqué dans une cabine en cas de déclenchement d'une alarme. Noctis venait de suggérer des évidences et Sxyd n'eut rien à ajouter, quoiqu'il l'aurait bien repris en dictant qu'il n'était pas son « ami », mais là encore, il jugea plus sage de se taire : inutile de chercher l'embrouille dans ces circonstances, même s'il n'en pensait pas moins.

Noctis attaqua l'un des deux gardes à travers la porte en faisant appel à la Force. Sxyd frémit en sentant l'aura de Côté Obscur enfler chez le Sith. Cette teinte, cette texture, capiteuse, entraînante... L'espace d'un instant, Sxyd ferma les yeux, fit le vide en lui et endigua le Côté Obscur pour qu'il ruisselât sur ses écailles sans atteindre ses tripes. Pourtant, il y avait de quoi faire tourner la tête, et résister ainsi à une telle aura n'avait jamais rien de facile, même avec de l'entraînement. On avait vite fait de se laisser tenter et entraîner dans des torrents procurant à la fois euphorie et peur de la chute.

Mihipomet, lui, fut plus affecté par la façon dont le Sith tortura le Trandoshan. Le Herglic, au moins, venait d'avoir une mort rapide, le corps transpercé par une lame de laser rouge. Le Trandoshan fut en revanche drainé lentement de toute son énergie vitale, jusqu'à s'endormir... à jamais. Sxyd posa un regard serein sur le Pacithhip, lui faisant comprendre qu'il le protègerait. Instinctivement, il se positionna devant lui comme pour s'interposer devant le Sith et sa méthode de mise à mort.

ABSALOM – Les escaliers, donc ?

Sxyd interrogea Mihipomet du regard, cherchant à voir si ce dernier n'était pas trop ébranlé. Le pachyderme hocha la tête : des mises à mort, il en avait déjà vues, mais elles étaient généralement moins lentes, et il n'aimait pas voir une personne à l'agonie implorer d'être épargnée, surtout quand cette personne n'était qu'un dégât collatéral.

A eux deux, le Herglic et le Trandoshan prenaient toute la place devant la porte, là où Noctis leur avait ôté la vie. Il ne fut pas facile pour le Pacithhip, avec ses jambes épaisses et proportionnellement plus courtes que celle d'un Humain, d'enjamber le corps du Trandoshan en contournant celui du Herglic, imposant comme une baleine échouée ; mais le Sluissi, lui, n'eut d'autre choix que de ramper sur le garde mort, sans qu'il n'y eût la moindre volonté d'humiliation.

Puisque les couloirs étaient pour partie condamnés, à cause de l'instabilité structurelle du bâtiment, il ne restait pas de quoi se perdre à l'étage. Face aux ascenseurs, Noctis et Sxyd trouvèrent une porte donnant sur une cage d'escalier un peu lugubre sans être très étroite pour autant : l'éclairage n'était pas tout à fait suffisant, les murs avaient triste mine avec une sorte de peinture grisâtre écaillée par endroits, les marches était tachées et aucune fenêtre, aucune plante, aucun miroir ni aucune décoration n'aérait l'espace. Sxyd laissait Noctis descendre les marches en premier, il se calait au rythme des pas lents du Pacithhip et restait à côté de lui, prêt à le défendre si quelqu'un venait par en-haut les attaquer, simple précaution même s'il n'y avait pas encore de raison de s'en faire, aucune alarme n'ayant été sonnée.

Tout resta calme jusqu'au rez-de-chaussée. La porte d'issue de la cage d'escalier déboucha sur une salle aérée, non loin du hall par lequel ils étaient arrivés, mais plusieurs gardes étaient présents. Ils ne semblaient pas en alerte, et peut-être ne poseraient-ils pas de question si Noctis, Mihipomet et Sxyd gardaient l'air innocent.
Il restait tout de même deux éléments majeurs pouvant déclencher un affrontement : soit l'un des gardes les reconnaissait et les interrogeait sur le fait qu'ils sortaient avec le prisonnier, soit, le pire risque, l'employé au poste de surveillance s'apercevait de la mort de Pwar et envoyait un message d'alarme à tous les gardes...
Absalom Thorn
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Enfer et damnation !
Personne n’avait pensé à changer les ampoules.


La cage d’escalier était éclairée par des néons qui clignotaient faiblement, mais pour un Hapien, elle eût tout aussi bien pu être plongée dans l’obscurité la plus complète : les yeux de Noctis étaient incapables de percer cette pénombre.


Mieux vaut nous tenir prêt à toute éventualité, déclara l’Hapien en activant son sabre laser.


Sous prétexte de prendre une précaution nécessaire, en ayant son arme prête à l’emploi, il cherchait surtout à profiter de la lumière que la lame rouge dégageait. Mihipomet considéra un instant le sabre avec une appréhension évidente : sur Dubrillion, cette lame, cette couleur, étaient le symbole de bien des destructions.


Mais sans prêter attention au pachyderme, Absalom entama sa descente. On aurait dit qu’il adaptait son rythme à celui de leur guide, handicapé par sa morphologie particulière, mais en réalité, c’était lui-même qui avait besoin de déployer des trésors de précaution, comme il ne distinguait qu’un mince halo à quelques millimètres de lui. L’angoisse du noir si familière aux Hapiens, instinctive pour ainsi dire, un réflexe de survie, lui nouait l’estomac, mais il en faisait abstraction.


Quelques minutes plus tard, il fut bien forcé d’éteindre son sabre laser avant de pousser la porte des escaliers qui donnait sur une salle des gardes, pour ne pas avoir l’air trop menaçant. Tenter la traversée était la seule solution qui s’offrait à eux : remonter pour chercher une autre issue reviendrait à perdre un temps précieux et à risquer d’être découverts. Paré d’un naturel désarmant, le Sith ouvrit donc la marche.


Hé, vous…


Absalom se tourna vers le garde qui l’avait interpellé, installé avec les autres à une table qui servait à une partie de hintaro, dont les jetons étaient manifestement des capsules de breuvage alcoolique. Hélas, comme ils avaient pu le craindre, c’était surtout le Pacithhip que l’on fixait et dont la présence semblait incongrue.


Pwar vous laisse embarquer le prisonnier ?
Jusqu’à la cave, déclara Noctis avec aplomb. La perspective de devoir charrier un cadavre de ce poids depuis son bureau n’avait pas l’air de l’enthousiasmer.


Le garde eut un ricanement complice. Le racisme était toujours un puissant vecteur de complicité et Absalom n’éprouvait aucun scrupule, en ces circonstances, à manier les préjugés de ses interlocuteurs.


Tâchez de pas mettre du sang partout, répondit finalement le garde, en adressant un regard cruel à Mihipomet, dont l’hostilité manifeste ne fit que l’enjouer davantage.


Absalom jugea à propos d’adresser son regard le plus hautain au garde, pour éviter qu’une cordialité trop inhabituelle de la part d’un homme comme lui ne parût suspecte et le trio put entamer une marche vers la porte qui conduisait au hall. Le Sith eut l’impression que chaque mètre était comme un marathon. D’un instant à l’autre, les hommes derrière eux pouvaient recevoir un message de la télésurveillance et alors…


Un comlink grésilla.
L’un des gardes marmonna quelque chose aux autres.
Les nerfs d’Absalom se tendirent.
Juste une fraction de seconde à temps.
Juste un instant de prescience à travers la Force et le Sith eut le temps de se jeter sur le côté alors qu’un trait laser lui effleurait l’épaule, brûlant son blouson pour partir carboniser le mur.


La main tendue, Noctis projeta une violente onde de choc en direction de la table qui se renversa en plaquant les deux gardes assis derrière elle contre le mur. Dans son autre main, le sabre laser était activé, mais dévier les tirs de blaster dépassaient ses compétences : il s’était entraîné surtout aux duels.


Fuir, cependant, était exclu : Mihipomet était beaucoup trop lent et il avait sur lui des informations capitales qui seraient leur porte d’entrée au sein du FUV. S’il ne revenait pas sain et sauf, leur mission serait considérée comme un échec et leurs efforts auraient été vains. Il fallait se battre et, pour profiter pleinement de l’avantage qu’offrait un sabre laser, se rendre aussi vite que possible au contact.


Navré, Mihipomet, cela risque d’être déplaisant pour vous, murmura le Sith.


Mais il fallait profiter de l’effet de surprise qu’avait causée l’onde de choc. Alors Absalom plongea dans le Côté Obscur, se laissa envahir et l’aura, qu’il contenait tant bien que mal en temps ordinaires, se déploya petit à petit : une Aura de Ténèbres, imposée aux quatre gardes, mais dont la puissance ne pouvait pas épargner tout à fait ses alliés du jour.


Mihipomet sentit la peur monter en lui, mais elle était dérisoire au regard de la terreur panique qui envahissait les quatre gardes. L’un d’entre eux prit tout bonnement la fuite, en se précipitant vers la cage d’escalier. Des larmes roulaient sur les joues d’un autre. Leurs mains étaient tremblantes, alors qu’ils essayaient de viser, éparpillant les tirs de blaster au petit bonheur la chance.


Plus Darth Noctis avançait vers eux, moins la panique leur paraissait contrôlable, sans qu’ils eussent pu dire, précisément, ce qui les terrifiait tant.
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A la première interpellation d'un garde, Sxyd se raidit. Le reptile ne manquait naturellement pas de sang-froid, ça allait presque de soi, toutefois il n'avait pas le même don que Darth Noctis pour rester stoïque en toutes circonstances et masquer toutes ses émotions. Les regards étaient heureusement surtout portés sur Mihipomet, mais Sxyd arrivait en second, race exotique oblige, les gardes vouaient forcément plus de racisme envers un homme-serpent qu'envers un éphèbe humanoïde. C'est ce dernier pourtant qui prit la parole, attirant un peu d'attention sur lui. Comme à son habitude, il n'eut pas une seconde d'hésitation, sa répartie fut immédiate comme si elle avait été préparée. Le garde voulait simplement savoir où ils emmenaient le prisonnier, et Noctis expliqua logiquement qu'il ne s'agissait pas de traîner un gros poids mort depuis le bureau de patron. Cela passa comme dans du beurre et engendra même un sourire complice sur le visage du garde.

Le stress ne redescendit pas pour autant au niveau zéro, loin de là. Mihipomet était lent à marcher, chacun de ses pas lourds était un suspense : le trio allait-il quitter les locaux sans plus d'encombres ? Quand un comlink grésilla, Sxyd sut immédiatement que non. Ce ne fut pas qu'une question d'intuition ou de logique : il perçut un trouble à travers la Force. L'émotion de l'ensemble des gardes venait de changer subitement et à l'unisson. L'interprétation était évidente : ils venaient de recevoir une alerte.

Sxyd s'élança sur le côté, évitant un tir au passage, pour protéger le dos de Mihipomet et parer un tir de blaster visant le membre du FUV. Il n'avait pas l'aptitude de retourner les tirs à leurs expéditeurs mais son style de combat au sabre-laser était curieusement plutôt défensif malgré son choix d'arme : ainsi, il pouvait maintenir un ennemi en constriction en se protégeant d'éventuels tirs de blasters alors que sa mobilité était réduite à néant. Le choix de la lance, au-delà de l'allonge que cela lui apportait en duel, servait aussi à lui donner la portée pour combler la longueur de son corps. Il pouvait ainsi plus facilement parer un tir de blaster visant sa queue, notamment. De par ses activités, Sxyd était bien plus souvent confrontés à des utilisateurs de blasters qu'à des utilisateurs de sabres-lasers, aussi n'était-il pas un bon duelliste.

Quant à Noctis, son style de combat reposait beaucoup sur l'emploi de la Force, semblait-il. Après avoir soulevé et balancé un banc sur plusieurs gardes, il puisa dans le Côté Obscur pour répandre une aura malsaine. Il prit tout de même la peine d'avertir Mihipomet, permettant à ce dernier de se préparer mentalement. Sxyd sentit les effluves obscurs essayer de percer son esprit et y opposa autant de résistance possible. Il ne put se blinder complètement aux effets car Noctis était bien plus puissant que lui, mais au lieu de ressentir de la terreur, il ressentit une forme de stress et d'énervement. Une colère sourde lui donnant des pulsions de violence.

Il se tourna vers Mihipomet et le poussa – sans effet – en lui ordonnant d'aller se planquer dans un coin du hall. Puis il observa les gardes et vit la même expression de terreur chez chacun d'entre eux. Combien de temps Noctis allait-il les maintenir dans cet état ? Un garde, pris de panique, se mit à fuir. Le Sluissi s'élança dans une direction tangeante pour lui couper la retraite, tout en allumant la lame de sa lance-laser. Il tendit le bras et transperça brusquement les côtes du garde qui s'effondra aussitôt, un poumon perforé. Au moins, l'alerte ne serait pas propagée à l'extérieur du bâtiment, du moins pas tout de suite. Comme animé d'une pulsion destructrice, Sxyd vint ensuite éteindre la vie – ou abréger les souffrances – des autres gardes, un à un, pendant que Noctis les tenait dans un étau de terreur psychique.

Les deux utilisateurs de la Force, en combinant leurs efforts, firent un carnage dans cette salle annexe au hall d'entrée. Sxyd ne s'en serait probablement pas aussi bien sorti sans l'aura d'Obscur de Noctis. Il avait tenu à éviter une longue souffrance aux gardes, et avait d'autant plus été encouragé à la tuerie par les filaments d'Obscur qui avaient pour partie percé ses défenses de la Force. Par ailleurs, il s'agissait de quitter le bâtiment sans perdre de temps, car d'autres gardes pouvaient débarquer d'un moment à l'autre.

SXYD – Ne perdons pas de temps !

Sxyd alla retrouvé Mihipomet, prostré dans un coin du hall, apeuré. Sxyd le prit par les épaules.

SXYD – C'est bientôt fini. Un peu de courage.

Le Pacithhip secoua la tête et raidit la trompe, se donnant un air de dur-à-cuire. Et probablement que sans une puissante aura de Côté Obscur, il était réellement un dur-à-cuire dans la vie de tous les jours. Mihipomet était un brave gaillard, sage mais implacable. Cela devait lui arriver rarement d'être ébranlé, et il avait bien fallu l'intervention des pouvoirs de Noctis pour fissurer sa carapace. Grâce aux mots de Sxyd toutefois, il se donna du courage et reprit la marche, vers la sortie, et maintenant vers le local du Front Unifié pour la Vie.
Absalom Thorn
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Le calme était revenu. L’aura du Côté Obscur s’était dissipé. Noctis, essoufflé, jeta un regard circulaire par les cadavres transpercés par la lance laser de Sxyd et dont les blessures calcinées dégageaient une odeur au fond assez semblable à celles de gorgs rôtis, dont les effluves avaient marqué le début de toute leur aventure.


Ironique…, murmura le Jedi Noir pour lui-même, avant de se détourner de ce spectacle morbide.


Dans le hall, ses yeux se posèrent sur leur protégé.


Désolé.


Sa voix avait été douce, sincère, même, mais quelle sincérité pouvait-on encore espérer de lui après les événements de la journée ? Le Pacithhip avait été le témoin de ses mensonges, du naturel désarmant qu’il avait à tromper comme à tuer, et ce fut une mine circonspecte qu’il opposa au Sith, même si, avec Sxyd, il venait de le tirer d’affaire. Quelques minutes plus tard, le trio avait gagné la rue.


Il s’agissait de ne pas s’éterniser. Dans l’immeuble, ils venaient probablement d’assassiner tous les hommes de Pwar, après Pwar lui-même, mais il fallait s’attendre à ce que d’autres membres de son organisation, en train pour l’heure de vaquer à leurs affaires dans les recoins les plus sordides de la ville, rejoignent finalement leur quartier général et découvrent l’ampleur du carnage. Mihipomet murmura quelque chose dans son comlink, dans sa langue gutturale et incompréhensible et puis, après un bref regard vers les toits avoisinants, où sans doute les guettait son acolyte, il reprit sa marche pour guider Sxyd et Absalom vers une bouche d’égouts, dans une ruelle abandonnée des passants.


L’Hapien laissa échapper un soupir quand ses bottes rencontrèrent une nouvelle fois le filet d’eau nauséabond qui courait dans les souterrains de la capitale. En s’appropriant le réseau d’évacuation des eaux usées, le FUV avait assurément pris une décision intelligente et les possibilités offertes par ses déplacements insoupçonnées étaient gigantesques, mais les voyages n’avaient rien d’agréable.


La marche parut interminable à Noctis. Ils refaisaient à pied le chemin qu’à l’aller ils avaient parcouru en bonne partie grâce au métro anti-grav dont les rails serpentaient entre les immeubles de Dubrillion. De minute en minute, le pas pesant de leur guide irritait le blond. La fatigue mettait sa patience à rude épreuve et plus d’une fois, il se mit à méditer sérieusement le projet d’expédier vers l’au-delà ses deux acolytes, pour soulager le cadavre de Mihipomet des précieuses informations subtilisées à Pwar et en faire lui-même l’analyse.


Mieux valait s’abstenir et la voix de la raison eut le dessus. D’abord, le FUV, par son idéologie, lui était sympathique. Ensuite, il pouvait s’avérer plus utile et rien n’interdisait d’espérer que l’organisation de Pwar finirait, d’une manière ou d’une autre, par tomber dans son escarcelle. À n’en pas douter, les jeunes révolutionnaires du Front n’étaient pas équipés pour démembrer l’architecture complexe d’une organisation criminelle comme celle de Pwar, aussi locale fût-elle, et les précieux conseils de Noctis arriveraient à point nommé. Il ne lui resterait alors plus qu’à réaliser ses propres profits dans l’opération, et tout le monde en ressortirait heureux.


Tout le monde sauf Sxyd, peut-être. L’Hapien jeta un regard en biais à celui qui avait été son compagnon d’infortune et que, quelques heures plus tôt, il s’était montré prêt à livrer sans ciller à la vindicte populaire des Frontistes. Les motivations du Sluissi, dans toute cette histoire, lui demeuraient opaques. La brutalité dont il avait fait preuve avec les gardes, la satisfaction qu’il avait éprouvée, si Noctis ne se trompait pas, à les tuer, révélaient des aspects de sa personnalité que le Jedi Noir n’avait pas soupçonnées de prime abord.


Un nouveau grognement de Mihipomet l’arracha finalement de ses pensées et le pachyderme entreprit la pénible ascension d’une échelle de service. Noctis ne reconnut pas celle qu’ils avaient empruntée, au début de l’après-midi, pour rejoindre la salle de boxe, mais ce fut pourtant bien dans la même arrière-cour qu’ils se retrouvèrent. D’ailleurs, Jubjii les y attendait, appuyée contre une caisse. Elle avait été alertée probablement de leur arrivée imminente par le Pacithhip.


Alors ? La mission a été un succès, ce que j’ai compris.
Pwar ne vous ennuiera plus. Et plusieurs de ces hommes de main ont trouvé la mort au passage. Il en reste probablement un certain nombre dans la nature, mais les informations récoltées par Mihipomet devraient vous permettre d’en éliminer le plus grand nombre. Du reste, la chose se fera peut-être d’elle-même.
Comment ça ?
Ma foi, personne n’a de raison de supposer votre implication dans l’opération de tout à l’heure. Sans vouloir vous vexer, à ce que j’ai pu en juger, et ce que vous avez avoué vous-même tout à l’heure au demeurant, vous êtes loin d’avoir la capacité pour l’instant de conduire un assassinat et une exfiltration de cette nature.
Et donc ?
Et donc ce qui reste du gang de Pwar pensera naturellement que c’est la concurrence qui est responsable de ce coup qui leur est porté. Un lieutenant un peu ambitieux, qui chercherait à prendre la place de son chef défunt, y verra probablement une occasion de fédérer autour de lui ce qui reste de l’organisation pour mener une guerre des gangs contre le coupable qui lui paraître le plus probable, ou plutôt le plus facile à éliminer.


En un sens, ces affaires-là n’étaient pas très différentes aux luttes de pouvoir entre les Siths : simplement, tout se passait à beaucoup plus petite échelle.


Ce genre de situations est au demeurant toujours assez riche en opportunités pour celles et ceux qui sont assez audacieux pour les exploiter. En s’engageant pleinement dans les actions offensives, les forces en présence en négligent leurs fonctions ordinaires, laissent du matériel à l’abandon, ne protègent pas certains de leurs atouts secondaires… Bref, vous voyez.
Hmm…


La Rodienne restait pensive. Elle avait bien conscience que pour croître, le Front devait entrer dans une nouvelle étape de son développement. Ils avaient été un groupe d’idéalistes prêts à agir, dont toutes les forces s’étaient concentrées dans la préparation et l’exécution de cet attentat unique, ce jour-là, mais désormais, il fallait devenir une véritable organisation, et tout cela impliquait une logistique bien différente.


Nous pourrons en reparler plus tard, proposa Absalom, qui sentait la perplexité de la jeune femme.


Jubijii hocha la tête.


Oui. Oui, j’imagine, puisqu’après tout, vous avez… Hé bien, fait ce qui vous a été demandé. Vous êtes revenus ici. Et vous avez protégé Mihipomet. Difficile désormais de douter de votre sincérité à vouloir vous engager auprès de nous et de vous accuser de conspirer avec Pwar.
[color=goldenrod]C’est Devari qui va être contente…i haussa les épaules.


Vous revenez avec la nouvelle de la mort de Pwar et bientôt de tout son clan mortifère. Devari ou pas Devari, ce soir, c’est soir de fête.
Invité
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ABSALOM – Désolé.

Si Sxyd n'avait pas connu Noctis, il l'aurait sans doute trouvé sincère ; mais vu le personnage, le mot d'excuse fila dans le vent. Mihipomet lui-même, incapable de parler la langue basic mais pas d'afficher des expressions sur son visage d'éléphant, parut circonspect. A trop manipuler les gens tout le temps sans vergogne, en plus d'être un soi-disant ancien Sith, Noctis n'avait fait que s'attirer la méfiance indélébile de Sxyd et même celle de Mihipomet. Il était un allié de circonstance, certainement pas de cœur. C'est avec mauvaise fortune que Sxyd coopérait avec lui, et que Mihipomet devait compter sur lui pour obtenir les informations précieuses du datapad de Pwar.

Mihipomet guida les deux alliés d'un jour jusqu'aux égouts : il était venu le moment d'emprunter dans l'autre sens le même itinéraire qu'à l'aller, et cela signifiait donc se traîner dans la mélasse putride des réseaux d'égouts de cette ville ravagée. Pour le Sluissi, ce fut encore un exercice pour descendre l'échelle. Il était ainsi le seul à effectuer cela la tête en bas, ses mains s'agrippant aux barreaux tandis que sa queue se tortillait pour se caler entre. Une fois les barreaux les plus bas franchis, le Sluissi redressait le torse à mesure qu'il laissait son long corps de serpent se glisser au sol. Sxyd posa un regard écœuré sur le trottoir poisseux qui les attendait en rive du canal d'eaux usées. Il allait devoir ramper dans une petite couche de fange putride, mélange de déjections de toutes sortes, de vieille boue croupie et d'urine. Par ailleurs, pour une fois, il fit l'effort de lutter contre son réflexe de darder sa langue à intervalles réguliers : inutile de s'imposer la pestilence des lieux, son odorat était bien trop sensible, tout comme devait l'être aussi celui de Mihipomet, sa trompe devant bien être capable de flairer les résidus olfactifs les plus fins aussi bien que le groin d'un Gamorréen. Le Pacithhip partageait aussi avec le Sluissi l'ennuie de ne pas pouvoir se déplacer hermétiquement sur le tapis poisseux, et ses larges pieds ronds d'éléphant, laissés nus, allaient être souillés. Sxyd lança un regard réprobateur à Noctis qui fit son précieux en soupirant : il était le seul à avoir des chaussures, le seul à n'avoir aucune zone de son corps, de sa peau, en contact direct avec la fange des égouts. Il était clairement le moins à plaindre, et pourtant il fut le seul à se plaindre audiblement. Préférait-il être à la place du Sluissi ou du Pacithhip dans cette épreuve ?

La traversée fut d'autant plus interminable que chacun devait se régler au rythme des pas lents et lourds du pachyderme. Le pauvre Pacithhip n'y était pour rien dans sa lenteur, et puis, ce n'était pas pire qu'un Hutt. Le Sluissi ne pouvait pas ramper aussi vint qu'un Humain en sprint, mais il restait tout de même bien plus mobile que le Pacithhip, et si ça n'avait tenu qu'à lui, il aurait adopté une allure plus rapide pour sortir au plus vite des égouts.

Le calvaire prit fin quand Mihipomet, le premier, se lança dans l'ascension d'une échelle. Sxyd autorisa Noctis à passer ensuite, car il pourrait de toute façon vite s'extraire de là à sa suite, tandis que la réciproque n'était pas vraie : le Sluissi, en grimpant l'échelle, prenait de la place en dessous à cause de son long corps de serpent. Sxyd n'avait pas envie d'entendre Noctis soupirer une fois de plus, alors qu'il était le moins à plaindre.

Grâce à l'orientation de Mihipomet, ils débouchèrent directement dans l'arrière-cour où Noctis et Sxyd avaient neutralisé Devari. Jubjii les attendait déjà, alertée par Mihipomet de leur retour et de leur succès. Sxyd acquiesca quand la Lieutenante les acueillit en confirmant le succès de leur mission. Noctis ne put s'empêcher ensuite d'étaler son opinion sur la suite des évènements, comme si Jubjii et les autres têtes pensantes du FUV à l'origine de cette mission n'avaient pas déjà anticipé les répercussions que la mort de Pwar pourrait avoir et vers qui les soupçons se tourneraient. Sxyd laissa Noctis faire son malin et posa plutôt son regard sur une large flaque d'eau, en marge de l'arrière-cour.

SXYD – Excusez-moi un instant.

Le Sluissi rampa jusqu'à la flaque, et avec un plaisir non dissimulé, y fit glisser et tremper toute la longueur de sa queue – pas en une seule fois, car bien que la flaque fût assez large, il n'y avait pas la place pour un corps de serpent épais comme un torse et long de quatre mètres. En insistant un peu, Sxyd réussit à se rincer de la couche nauséabonde qui avait souillé les écailles ventrales de sa queue, et revint auprès de Jubjii au moment où cette dernière annonça que ce serait soir de fête, peu importe l'avis de Devari. Noctis et Sxyd avaient fait preuve de leur loyauté à la cause.

Enfin, Sxyd allait pouvoir se débarrasser de Noctis !

Il rentra dans le bâtiment, tapotant fraternellement l'épaule de Mihipomet.

Combien de temps Sxyd allait-il rester au sein du Front Unifié pour la Vie avant que ses aventures ne le portent vers une autre destination, une autre planète ?
Il n'en avait aucune idée. Peut-être une semaine, peut-être un mois. Peu probablement plus. Il venait déjà de débarrasser le Front Unifié pour la Vie de leur plus grosse cible du moment.

Et au-delà de ce simple mouvement, il venait de débarrasser cette ville entière du noyau mafieux qui gangrénait la plaie de la guerre.

Une fierté. Une nouvelle victoire, dans cette lutte sans fin.
Absalom Thorn
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Vous vous joignez à nous ?
Croyez-vous vraiment que vos camarades seraient à l’aise avec un homme comme moi en leur sein pour faire la fête ?
Est-ce qu’un homme comme vous fait seulement la fête ?

Jubjii et Absalom étaient restés seuls dans l’arrière-cour. L’un comme l’autre, ils étaient conscients de l’étrangeté de la situation. Ce qui n’avait été à l’origine pour le Sith qu’une errance un peu hasardeuse dans les ruines du Dubrillion, sans être dessein que de satisfaire sa curiosité, s’était mué en une aventure rocambolesque dont il n’était pas certain qu’elle présente réellement des opportunités tangibles.

Généralement, non, finit-il par reconnaître.
J’imagine que c’est pour les mieux. Les autres…

La Rodienne haussa les épaules.

C’est-à-dire que vous ne vous incluez pas dans les autres ?
Si votre question, c’est de savoir si je suis à l’aise dans un tête-à-tête avec un Seigneur Sith, je n’irais pas jusque là.

L’Hapien esquissa un sourire face à la franchise de son interlocutrice.

Je ne suis toujours pas très sûre d’être convaincue que vous nous ayez aidés par pur altruisme, ni par intérêt pour notre cause, mais si d’un autre côté tout cela vous indifférait, rien ne vous retenait de nous fausser compagnie. Alors… Alors quoi ?
Je suis sensible à votre cause. Quoi que puissent en penser vos camarades et mon coéquipier de la journée. En tout cas disons que je suis au moins sensible à la vertu de notre action.
La vertu ?

Jubjii eut une moue dubitative. Même au sein du FUV, il y avait des membres qui doutaient de leur vertu. La valeur de leurs objectifs, certes, mais le reste, les moyens, les actions radicales, n’étaient que l’expression d’une triste et douloureuse nécessité.

Il faut beaucoup de courage pour s’engager dans de nouveaux combats alors que l’on vit déjà au milieu des ruines de la guerre et pour faire le choix d’une action violente, quand tout autour de vous respire l’irénisme du compromis.
Je croyais que vous étiez un pacifiste convaincu.
Pour les États, pas pour les personnes. La paix des peuples et la paix des individus sont deux choses très différentes.

La jeune terroriste secoua la tête.

Vous êtes labyrinthique.
Merci, répondit-il avec un sourire.

Il y eut un silence et puis la Rodienne lui tendit la main.

Hé bien, dans ce cas, au revoir. Ou adieu ?
Au revoir, déclara le Jedi Noir, très certainement au revoir.

Pendant plus d’une heure, Noctis se perdit au petit bonheur la chance dans les rues de Dubrillion, tout à ses pensées. Il garderait un œil sur le FUV, c’était la seule chose dont il avait été à peu près sûr dès le début, et peut-être qu’il en serait un généreux donateur. L’instabilité sur Dubrillion rendrait la générosité de ses contributions à la reconstruction d’autant plus sensible. Quant au reste…

Petit à petit, ses pas l’avaient emmené près du vieux quartier de l’astroport et même au pied de l’immeuble de Pwar. Effet de l’intuition ou de la Force, il n’aurait su le dire, mais il considéra longuement le bâtiment, en repassant dans sa mémoire les événements qui venaient de s’y dérouler. Un sourire se dessina finalement sur ses lèvres, qu’il réprima aussitôt, avant de pénétrer d’un bon pas dans le hall où régnait une activité fébrile.

Une dizaine de blasters se pointa instinctivement sur lui.

Du calme, messieurs, dit-il en levant sagement les mains. Je viens pour vous aider.
Nous aider ?

Un homme balafré qui ne respirait pas l’intelligence se sépara du groupe des hommes de mains de Pwar, qui avaient fini par se rassembler dans l’immeuble pour découvrir l’ampleur du carnage. Désoeuvrés et démunis, ils se perdaient depuis un moment en spéculations inutiles. Pwar, tout à sa paranoïa, n’avait jamais cru prudent de former de lieutenants, et désormais l’absence d’une hiérarchie solide se faisait sentir dans son organisation décapitée.

Vous avez été victimes d’une agression par un autre gang qui vous laisse fragilisés et même vulnérables.
Et comment tu sais ça, au juste ?
Cet immeuble empeste la mort. Je le sens dans la Force.
La Force, intervint un autre ?

Les deux gorilles qui avaient accompagné Pwar ce matin-là aux arènes improvisées étaient apparemment aux abonnés absents et Noctis comprit la nécessité d’une nouvelle présentation.

Je suis Darth Noctis, Seigneur Sith.

Cette déclaration fut accueillie par une vague de scepticisme.

Genre…, fit le balafré, bien décidé à s’imposer comme le chef du groupe et à ne pas se laisser éclipser par un bellâtre de pacotille.
Vous doutez de moi ?
Écoute, boucles d’or, tu…

L’homme s’interrompit brusquement, les yeux exorbités, les lèvres tremblantes. Ses collègues se retournèrent vers lui, alors que la terreur se lisait dans son regard. Son esprit avait été envahi par le Sith qui y maniait librement le souvenir du jour où un vibrolame avait failli le tuer en lui mutilant le visage. Encore. Et encore. Et encore. Les autres restèrent comme interdits, sous l’effet d’une fascination morbide, jusqu’à ce que le vizir qui voulait être calife à la place du calife ne se retrouve prostré au sol, à sangloter, et que Noctis ne consente à le libérer de son emprise.

Je disais donc, reprit-il d’une voix froide qui fit sursauter tous les autres, que vous avez été attaqués par un clan ennemi. Qui plus est, si vous examinez les corps de vos collègues, vous y découvrirez des blessures caractéristiques d’un sabre laser. Qui, ici, prétend avoir les idées et les moyens nécessaires pour mener une guerre des gangs où vos adversaires sont apparemment soutenus par des Siths ?

Les volontaires ne se bousculèrent pas au portillon. La guerre avait laissé des souvenirs vifs et chacun était prêt à croire que l’ennemi rôdait encore. La propagande républicaine, qui brodait volontiers depuis Pakuuni sur le motif des Siths infiltrés partout, n’aidait guère à évaluer froidement la situation.

Bien. J’ai rencontré Pwar ce matin et il m’a semblé que son autorité manquait… de perspectives. Il avait du mal à voir le mérite de ses hommes et à estimer la force de ses ennemis. La mort qui l’a frappé et la désorganisation dont vous êtes victimes en sont les preuves funestes. Je crois que des réformes sont nécessaires.
Alors… alors vous savez qui a fait ça ?
Pas vous ?
Les Mange-Speeders du Fleuve, murmura l’armoire à glace d’un air sinistre.

Absalom tenait à cette vérité éprouvée par tous les faux voyants du monde : pas besoin de savoir les réponses quand ceux qui posaient les questions mouraient d’envie de les donner eux-mêmes.

Mettons-nous au travail, conclut-il.

Et l’organisation de Pwar mourut d’une mort lente, douce et quasiment indolore. Pendant que ses membres les plus testostéronés se préparaient activement à une guerre dont les discours de leur nouveau chef leur rendaient le danger sans cesse plus oppressant, Absalom la démantelait morceau par morceau, pour vendre tel trafic aux Hutts, en dénoncer tel autre afin de s’attirer les faveurs de la police, et livrer tel coupable à des victimes infiniment reconnaissantes.

Quelques mois plus tard, ses éphémères sous-fifres se retrouvaient sans cadre, sans protection, sans objectif et sans ressource, incapables de savoir au fond ce qui avait bien pu se passer.


FIN
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