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Dubrillion n'avait pas fini de se relever de la dernière bataille, deux ans après. La planète, toutefois, respirait, et suivait tel le plus passionnant des feuilletons le procès d'Emalia Kira, chaque habitant ayant son point de vue sur cet épineux sujet qui concernait cette planète plus que n'importe quelle autre. Les ruines endormies restaient comme autant de stigmates de ce que cette planète avait subi pendant plusieurs années. De tels lieux faisaient office de centres d'intérêts pour le pèlerinage de celui qui voulait en découvrir plus sur la guerre opposant les Jedis et les Siths, sur cette planète qui pourtant ne demandait plus qu'à ce qu'on lui foute la paix, entre des Siths destructeurs et des Jedis irresponsables. C'est justement ce qui faisait de cette planète si ravagée par la guerre dans laquelle elle n'avait rien à gagner, un endroit si neutre : les gens des plus grandes villes du globe avaient mauvaise opinion des deux camps. Cette planète était aussi le lieu propice à la méditation pour les sensitifs qui cherchaient à peser le pour et le contre, pour savoir qui des Jedis ou des Siths méritaient le plus d'être combattus.

Mais ce n'était pas pour un pèlerinage historique que Sxyd était là. Il aurait sans doute un jour à se ranger plutôt du côté des Jedis ou des Siths pour une question de survie, mais ce jour n'était pas encore venu. Un verre à la main, il observait, distant mais curieux, l'âpre combat qui se déroulait au milieu d'une petite arène, sous les cris de passionnés à la fois hilares et engagés. Ce combat opposait... deux gorgs.
En cette place à ciel ouvert se tenaient en effet des combats de gorgs. Insolite, idiot sûrement, cet événement avait au moins l'avantage de suffisamment distraire ces habitants frappés de plein fouet par la dernière grande bataille datant de deux ans, leur faisant oublier qu'il restait encore énormément de choses à reconstruire, sans savoir combien de temps il leur restait avant d'être de nouveau exposés à la guerre. En regardant ces mignons petits animaux au faciès inoffensif s'écharper comme des furets excités, ils arrivaient à oublier ces tracas qui pesaient sur la ville, sur la planète. Ils ne faisaient pas que rire en voyant ces animaux essayer de se combattre. Ils buvaient, et mangeaient aussi, puisqu'à chaque combat, le gorg vaincu était dégusté sur place au barbecue. Mais surtout : ils pariaient. Pas mal d'argent. Au point que ce qui avait pu ressembler au départ – et encore maintenant – à une blague, était devenu bien lucratif pour ses organisateurs.

Ce qui intéressait Sxyd, ce n'était pas de parier, ni même de simplement observer, mais d'enquêter sur cette question : où allait l'argent au final. Il était mis en avant que les recettes de ces combats venaient financer tous les travaux de reconstruction de la ville. Sxyd ne voulait pas prendre parti pour les Jedis ou pour les Siths mais il pouvait compatir au sort des Dubrillioniens. Il était donc important que de telles promesses soient tenues. Les gens avaient l'impression de participer au bien commun, non pas sous la forme d'un impôt qui ne ferait qu'empirer leur quotidien, mais sous la forme d'une contribution volontaire avec un effet de divertissement immédiat. Une chouette idée... bien que les gorgs ne seraient sans doute pas de cet avis si on pouvait le leur demander.
Seulement voilà, comme toujours, il y a des gens pour détourner les bonnes idées avec un cynisme indicible en se faisant de l'argent sur le malheur des autres. A l'heure actuelle, ce n'étaient que des soupçons que Sxyd s'était chargé de vérifier. Si le maire de cette importante ville se remplissait les poches pour ses plaisirs personnels avec l'argent que les habitants donnaient de bon cœur en pensant participer à l'effort collectif pour le bien-être de tous à long terme, alors Sxyd serait là pour le lui faire regretter.

Il semblait toutefois que la Force avait prévu pour lui un tout autre type de rencontre dans cet endroit atypique...
Absalom Thorn
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C’est, hm… c’est une offre très généreuse…

Qui suscitait un enthousiasme pour le moins circonspect. Le chef de chantier considérait l’homme qui lui faisait face avec une perplexité évidente. Un pacifiste notoire, certes, et c’était vrai qu’on le disait diplomate, et puis il inspirait spontanément confiance, mais, tout de même, c’était un Sith. Un ancien Sith ? Un impérial. Un ancien impérial ? Maddox en savait plus long sur les poutrelles métalliques et les murs porteurs que les méandres de la politique galactique, et il n’était pas sûr de situer précisément Absalom Thorn dans le labyrinthe des affaires où évoluaient les grands de ce monde.

Mais vous savez, entre les fonds municipaux et les donations qui devraient arriver des combats de gorgs, je pense que ce sera suffisant. En tout cas pour parer au plus urgent.
Je vois, déclara l’improbable philanthrope d’un ton tranquille.
Vous devriez contacter les autorités planétaires, c’est plus à votre niveau.

Absalom se composa un sourire triste plus vrai que nature.

Je crains que mon expérience ne m’ait appris que les puissants sont plus préoccupés par leurs intérêts propres que par le bien commun. Je préfère m’investir au plus près du terrain.

Naturellement, ce sentiment résonnait avec ceux du chef de chantier et d’une bonne partie de la population de Dubrillion. Depuis deux ou trois semaines, Thorn écumait les mondes neutres touchés par la guerre, paré de son aura de diplomate pacifiste à l’issue du sommet pour la paix, et surfait sur la détresse pour distribuer des conseils avisés et des donations généreuses, méthode sûre et éprouve pour se constituer un réseau de soutiens à l’échelon local.

Enfin… Je comprends bien vos réticences, monsieur, et je vous souhaite tout le courage et les moyens nécessaires pour mener à bien votre projet.

Absalom offrit une poignée de main solide et sincère à son interlocuteur. Son regard plongea dans celui de l’humain. Le chef de chantier eut l’air troublé. Un peu absent.

Vous savez où me trouver.
… oui…, répondit l’homme d’une voix lointaine, avant que le Sith ne prît congé de lui d’un sourire affable.

Bien des rues de Dubrillion étaient encore éventrées par le souvenir des explosions. Un peu partout, d’immenses robots de chantier s’attelaient à une reconstruction qui n’était toujours qu’une aventure précaire, dans un monde qui ne bénéficiait tout à fait ni de la générosité républicaine, ni de la protection impériale. La vie avait repris son cours, malgré tout, comme une cohue incontrôlable et, bientôt, la silhouette de l’Hapien se fondit parmi tant d’autres.

Les gorgs.
Des combats de gorgs.
Chercherait-on par hasard à se moquer de lui ?

Bifurquant dans un vaste bazar plus ou moins informel qui s’était établi dans les ruines d’un ancien et gigantesque parking à speeders, Absalom gagna l’étal d’un bookmakeur, où flottaient par projection holographique les résultats de tel match ou de telle course. On prenait des paris sur l’issue du procès Kira, sur la date de la prochaine catastrophe hyperspatiale ou si les résultats d’un obscur concours musical façon holocrochet.

Qu’est-ce que j’peux faire pour vous, lui demanda d’un ton las la Quarrène qui tenait l’échoppe, sans lever ni l’oeil ni le tentacule vers lui ?
Combat de gorg, lâcha l’Hapien dans le même registre, jouant les parieurs chevronnés.
Ça, faut faire vos paris directement avec notre affilié à l’arène est, près de l’ancienne station.
Celle qui est près du gros immeuble effondré, demanda Absalom, en sachant pertinemment que tout, alors, sur Dubrillion, était près d’un gros immeuble effondré ?
La retraitement des eaux 215. Si vous voulez une carte holographique, c’est 3 crédits.

Mais le Sith avait déjà disparu.
Un speeder de location plus tard et il décrivait un large cercle pour se ranger aux côtés d’autres appareils, sur le parking de l’ancienne station. Des bombes avaient détruit la plupart des appareils de retraitement et une partie des locaux administratifs. Il ne restait plus guère que de vastes bassins, désormais asséchés, sortes de cratères artificiels qui accueillaient, pour l’un, un marché aux pièces détachées, pour l’autre, une déchetterie sauvage.

Le troisième abritait les combats de gorgs.
Il en montait une clameur enthousiaste.
Certains spectateurs se tenaient en hauteur, sur les chemins de l’ancienne station, qui reliaient les différents bassins entre eux, mais la plupart observait de près. Sur tout le diamètre du bassin, la fumée montait des stands de nourriture. D’un regard rapide, Absalom balaya la population locale, aiguisant son regard à travers la Force, avant de se pencher vers le speeder voisin, d’en tirer un peu de crasse pour maculer ses vêtements. De la suie sur la joue. Les cheveux décoiffés. Un bout de manche déchiré.
Le voilà qui se fondait dans le décor.

Sa première préoccupation fut de repérer un bookmakeur et d’y laisser traîner son oreille, pour avoir une idée du montant des paris. Ensuite, en bon économiste, il estima le durée d’un combat, le nombre de parieurs et se fit une approximation des profits dégagés quotidiennement par l’opération. Restait à savoir combien il existait d’arènes semblables, pour avoir une idée de la masse des capitaux qui circulaient dans cette économie semi-parallèle. Enfin, il faudrait savoir s’il était possible d’en prendre le contrôle, au moins en partie, ou bien à tout le moins d’en juguler les versements hypothétiques aux chantiers de reconstruction, pour y substituer ses propres libéralités.

En effet, en bon Sith un brin mégalomane, là où d’autres voyaient un gorg, lui voyait désormais une entreprise lucrative à conquérir.

Des cris de frustration et de jubilation interrompirent ses réflexions. Un gorg venait de mordre la poussière, ce qui voulait dire qu’on allait bientôt mordre du gorg. Les préposés à l’évacuation de l’arène la gagnèrent prestement, les uns pour évacuer le cadavre et le remettre aux cuisiniers, les autres pour maîtriser l’animal triomphant. Des parieurs affluaient vers les bookmakeurs pour empocher leurs crédits, et les hommes de mains des bookmakeurs affluaient vers d’autres parieurs, pour récupérer les leurs.

Absalom observait ce ballet avec la plus grande attention, dans l’espoir de déterminer combien de réseaux de bookmakeurs étaient à l’oeuvre exactement, ou bien s’il s’agissait d’un monopole. Concentré comme il l’était, il n’eut pas conscience qu’une autre présence, dans la Force, était venue là avec le même dessein d’enquêter sur ces affaires. Pour l’heure, l’aura du Sluissi lui échappait complètement.

La sienne, en revanche, comme un lac immense et abyssal du Côté Obscur, était difficile à rater.
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Sxyd n'était, disons-le, pas aussi bien organisé dans ses évaluations. Il n'était pas un homme d'affaire, n'avait pas les bons réflexes pour évaluer l'activité, son potentiel, et vérifier simplement si c'était crédible de pouvoir financer les projets de reconstruction de la ville avec ces combats de gorgs. A la vérité, Sxyd n'avait pas encore élaboré de plan d'action. Il était pour le moment dans une phase d'observation, attendant de bien appréhender le terrain avant de décider comment enquêter. Cela faisait plusieurs heures qu'il observait ces combats, et le fonctionnement de l'arène ; il avait donc tout de même pu prendre la mesure de plusieurs points. Il avait repéré l'identité des bookmakers et des hommes de main de ceux-ci. Ca fleurait le réseau mafieux, mais Sxyd ne se fiait qu'à son intuition pour l'instant. Il se disait que si les combats de gorgs avaient été organisés par la municipalité, le cadre de cette arène serait plus formel : il y aurait une police en uniforme, des affiches avec le logo de la municipalité, une atmosphère différente. Sxyd avait là l'impression d'être dans une affaire privée.

En soi, cela ne signifiait pas forcément que tout était malhonnête. Sxyd avait par le passé déjà approché par exemple un patron mafieux qui se préoccupait des sorts des mendiants : les trafics qu'il gérait servaient à fournir assistance et protection aux mendiants qu'ils prenaient sous son aile et qui en retour lui servaient de réseau d'informateurs. Parfois, une ville peut être sous l'emprise tentaculaire d'un ponte animé de bonnes idées, qui outrepasse le cadre des lois pour agir selon certaines valeurs pas si criticables en soi. Sxyd observait donc ces combats de gorgs en se disant que, peut-être, le maire avait été arrosé par le propriétaire des arènes comme celle-ci pour tolérer le trafic avec la promesse qu'une partie des revenus serviraient à la reconstruction de la ville. Mais alors, quelle partie ? Le marché était-il juste ? Qu'est-ce que le ponte local tirait comme bénéfices de son réseau ?

Clairement, Sxyd ne se mélangeait pas bien à la population. D'une part, il était le seul Sluissi présent, mais la foule était tout de même racialement hétéroclite et ce seul détail ne le faisait donc pas trop détoner ; seulement, rien que le long manche de son sabre-laser, son pourpoint propre couleur bordeaux, et son attitude quelque peu détachées, suffisaient à deviner qu'il n'était pas un habitant du coin. Pour ne pas s'attirer l'attention malveillante des probables mafieux, Sxyd avait tout de même participé à trois ou quatre paris en deux heures, et payé deux consommations, qu'il prenait tout son temps à vider pour ne pas avoir à se soûler. Son verre à la main, il suivit des yeux le mouvements de parieurs exaltés qui vinrent récupérer leurs gains alors qu'un gorg venait de mordre la poussière.

C'est alors que la perception extrasensorielle du Jedi Gris lui signala une présence nouvelle. Une présence du Côté Obscur de la Force. Elle venait certainement d'apparaître, car elle semblait puissante, non dissimulée, et Sxyd ne la percevait que maintenant. Furtivement, le Sluissi bougea la tête pour chercher l'intrus du regard. Sans faire lui-même appel à la Force pour identifier la source de façon précise, il était difficile d'identifier le sensitif du Côté Obscur parmi la foule. Sxyd se fia donc à son intuition pour repérer une personne qui, comme lui, n'avait pas la même attitude que les parieurs habitués, et qui n'était pas l'un des hommes de main des bookmakers – ceux-là, Sxyd les avait tous repérés, ça n'avait pas été difficile.

Sxyd eut deux suspects : une Rodienne, et un Humain – ou Proche-Humain. La Rodienne parcourut la foule du regard, puis la fendit dans une direction assez précise, un sac à dos sur les épaules, avant de s'arrêter, et d'avancer de façon incertaine. Elle semblait chercher quelqu'un en particulier. Quant à l'Humain, il s'approcha d'un bookmaker mais sans faire de pari. Il écoutait, observait, semblait analyser comme Sxyd l'avait fait l'organisation de l'arène, la présence des hommes de main. Si la Rodienne était la sensitive, alors elle était potentiellement mêlée à quelque chose, car elle semblait connaître les lieux et cherchait quelqu'un en particulier ; en revanche, si c'était l'Humain, ce serait plus rassurant, car lui, semblait totalement étranger au lieu. Son comportement faisait véritablement penser à celui de Sxyd lui-même.

Mais alors qu'il surveillait les comportements des deux individus, Sxyd remarqua que deux hommes de main – un Humain et un Wookie – avançaient vers lui. Leur regard fixe suffisait à lui faire deviner que c'est bien vers lui qu'ils s'avançaient à travers la foule. Après quelques heures à ne faire qu'observer en pariant aussi peu qu'il consommait, il était repéré. On pouvait même s'étonner que ce n'eût pas été le cas plus tôt. Inutile de chercher à s'enfuir et d'ameuter tout le monde. Sxyd laissa l'Humain et le Wookie l'aborder.

Homme de main Humain – Suivez-nous hors de l'arène sans faire d'histoire, on ne veut ni Jedi ni Sith, ici.
SXYD – Je ne suis ni un Jedi ni un Sith.
Homme de main Humain – C'est ça, bien sûr... Et le machin dans votre dos, c'est un balai à chiottes, peut-être ? Cassez-vous, si vous ne voulez pas que ça finisse au marché noir.
SXYD – Vous avez mis beaucoup de temps à me voir. Et pendant ce temps, vous ne savez même pas qu'un Sith se trouve aussi ici.
Homme de main Humain – S'il y a un copain à toi dans les parages, t'as intérêt à vite le dénoncer.

Ces deux hommes de mains ne plaisantaient pas, Sxyd savait qu'il s'exposait à des ennuis, et il n'avait pas vraiment envie de se frotter à un Wookie. Mais il ne serait pas tué ici en public. S'il faisait son malin, il serait conduit à l'écart et se serait peut-être l'occasion pour lui de découvrir les coulisses, exactement ce qu'il voulait. En même temps, attirer l'attention de ces hommes de main sur les deux personnes sur lesquelles portaient ses soupçons quant à la source de cette aura de Côté Obscur présentait un avantage. Sxyd ne savait pas si le Sith qu'il sentait présent était mêlé à la gestion des combats de gorgs, et si ce n'était pas le cas, il serait un potentiel obstacle. La réaction des hommes de main pourrait donner un indice quant à son implication. Et pour l'instant, il semblait bien que les hommes de main ne trafiquaient pas avec les Siths. Ils venaient de dire à Sxyd que ni les Siths ni les Jedis n'étaient les bienvenues ici, et une fois que Sxyd eut parlé de la présence d'un Sith, les hommes de main ne semblaient pas savoir de qui il parlait.

SXYD – Vous devriez vous intéresser à une Rodienne avec un colis suspect. Vous ne fouillez personne à l'entrée, n'importe qui peut venir avec une arme, j'en suis la preuve. Et si je suis la seule personne dont vous trouvez le comportement suspect, alors vous avez loupé quelque chose.

Si cette Rodienne n'était pas la Sith, il n'en restait pas moins qu'elle était louche, et les hommes de main des bookmakers devraient essayer de savoir ce qu'elle mijotait ; si elle était la Sith, ce ne serait pas plus mal de savoir ce qu'elle venait faire ici.

Homme de main Humain – Ne joue pas au plus malin. On va s'occuper de cette Rodienne, mais tu as parlé d'un Sith. Balance ton pote.
SXYD – D'accord. C'est un Humain, cheveux blonds, imberbe. (il fit un mouvement de tête en direction dudit Humain) Par là-bas.

L'Humain approcha son comlink de sa bouche pour s'adresser aux autres membres de la sécurité :

Homme de main Humain – Signalement d'individu suspect : une femme Rodienne avec un sac à dos. J'accompagne un reptilien dehors. Occupez-vous de la Rodienne. Terminé.

Le Wookie poussa Sxyd dans le dos pour lui intimer tacitement d'avancer, et commença à empoigner le manche de son sabre-laser, mais aussitôt le Jedi Gris le retint et avertit :

SXYD – Tss tss tss, c'est non. Je ne compte pas m'en servir, mais vous ne posez pas les pattes dessus, sinon les choses vont mal se passer. Vous ne tenez pas à un mouvement de foule ? Alors ça, ça reste sur moi, et je me tiens sage, promis.

Les deux hommes de mains se regardèrent, hésitant un instant, puis l'Humain hocha la tête et le Wookie ôta sa main de l'arme du Jedi Gris. Le Wookie fit avancer le Sluissi et l'Humain ajouta par comlink :

Homme de main Humain – Signalement d'un Sith : un Humain de sexe masculin, cheveux blonds, imberbe, côté Nord-Ouest. Fouillez tous ceux qui correspondent à cette description dans cette zone.

C'était un coup de bluff de Sxyd, puisqu'il n'était pas en mesure de déterminer si le Sith se trouvait être cet Humain ou la Rodienne. Autant que les deux se fassent interpeller comme lui.

Les choses allaient devenir intéressantes... Tant pis pour la discrétion. Place à l'improvisation.
Absalom Thorn
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Comme une bonne partie de la foule qui entourait l’arène était occupée à essayer de détrousser l’autre patrie, Absalom ne comprit pas immédiatement qu’il faisait l’objet d’une attention toute particulière. Il avait attrapé déjà par deux fois le poignet d’un pickpocket un peu trop audacieux, pour le renvoyer vers des cibles plus faciles, mais il avait bien fallu s’habituer au vague sentiment d’insécurité que son intuition lui soufflait à travers la Force. Ignorant donc qu’il avait été repéré, il avait commencé à longer les stands de nourriture, moitié par curiosité gastronomique, moitié pour comprendre comment ils s’articulaient aux affaires de gorgs.

Hé.
Vous.
L’Hum…
Hapien, corrigea la voix à semi-mécanique.

Le jeune Seigneur se tourna vers ceux qui l’abordaient de si cavalière façon.

Ton complice t’a dénoncé.
Ah.
Ton petit jeu est fini.
C’est surprenant.
Ouais.
Je suis surpris.

Principalement parce qu’il n’avait pas de complice.

Les deux énergumènes qui lui faisaient face n’avaient pas l’air d’être sorties des grandes écoles du coin. L’espèce de la cyborg était bien difficile à déterminer, parce que son visage était entièrement couvert par un masque respiratoire de mauvaise facture et que le reste de sa combinaison ne laissait guère deviner autre chose que sa conformation bipède. Elle dégageait une odeur de souffre, mais dans un endroit crasseux, Noctis se voyait mal se fier à ce seul indice.

L’autre était un homme trapu aux épaules démesurées, du genre à soulever de la fonte à longueur de journée. Il tenait son blaster avec la délicatesse d’un rancor qui s’essaierait au point-de-croix et le Sith le soupçonnait d’abattre plus souvent les gens d’un coup de crosse que d’un tir bien placé.

Ma foi, fit l’homme avec philosophie. Puisque je suis dénoncé, autant se résigner.

Sa curiosité était piquée au vif, tout comme sa prudence. Il s’agissait de savoir ce qui s’était passé. L’avait-on reconnu personnellement ? Et si oui, pourquoi ? Pour l’avoir vu sur l’Holonet en train de mener les négociations de l’Empire ? Ou bien pour des raisons plus directes et, par conséquent, peut-être plus sulfureuses ? Ou bien avait-on senti sa présence dans le Côté Obscur, qu’en effet il n’avait pas pris la peine de dissimuler ? Si c’était le cas, il avait affaire à un autre être sensible à la Force, ce qui était toujours pour lui digne d’un intérêt. La dernière possibilité, mais c’était aussi la moins probable, était qu’on l’avait jeté au hasard et pour dieu sait quelle raison en pâture aux soupçons de ces policiers du dimanche.

Fouille-le, fit la cyborg à son acolyte.

L’humain rempocha son blaster et entreprit de palper consciencieusement l’Hapien, qui se laissa faire bien volontiers. Quand la main du loubard sentit la forme de son sabre sous la chemise de Noctis, son esprit s’embruma aussitôt et, avec des gestes automatiques, il poursuivit sa fouille, sans se rendre compte de ce qu’il venait de trouver. Quand il se tourna vers sa partenaire, il déclara d’un ton bourru :

Pas armé.
Excellent, déclara avec un grésillement celle qui semblait diriger.

D’un geste de son canon, elle fit signe à l’étranger d’ouvrir le pas. Ensemble, ils fendirent la foule et Absalom fut conduit par ses gardes jusque sous une vaste tente improvisée. C’était une immense bâche en plastique renforcé, qui avait dû servir jadis à couvrir des caisses de chantier, et qui, dressée sur des pylônes récupérés probablement dans les décombres après les bombardements, servait désormais à abriter ce qui tenait lieu d’administration pour l’arène.

Ce fut là qu’Absalom avisa un Sluissi dont, cette fois-ci, en face à face, il sentit bien la présence à travers la Force. Ni tout à fait clair, ni tout à fait obscur, et un sabre peu conventionnel sur le dos. Le Sith lui adressa un sourire tranquille. Doux. Diplomate.

Darth…

Quinte de toux.

… Noctis…, fit une voix eraillée.

Un humain assez âgé, au dos voûté et qui avançait à l’aide d’une canne, venait de repousser une bâche qui fermait le fond de la tente, pour se porter vers eux. Il ne payait pas de mine mais les quatre gardes étaient clairement à ses ordres et ceux que l’Hapien supposa être des comptables, ou quelque chose dans le genre, à l’autre bout de la tente, lui jetaient des regards anxieux.

Qu’est-ce qu’un…

L’homme tapa nerveusement de sa canne sur le sol. Une nouvelle fois, la bâche fut repoussée et un astromech roula jusqu’à lui en couinant, pour lui tendre d’une pince un masque à oxygène. L’homme s’en empara pour prendre une profonde bouffée, avant de le redonner au droïde.

… diplomate impérial… vient faire… sur notre planète… dévastée ?
Le sommet est fini et je ne suis plus un diplomate, ni vraiment un impérial, expliqua l’intéressé d’un ton calme et courtois, mais un citoyen du Consortium d’Hapès, soucieux de consolider les mondes indépendants, dans une guerre où il n’y a rien à gagner. Comme je l’ai longuement expliqué.

La posture inébranlable de pacifiste de Darth Noctis, tout au long du conflit, donnait du crédit à sa déclaration et on comprenait sans peine qu’il ait pu se lasser des conflits interminables et si manifestement opposés à sa façon de voir les choses.

J’ai abandonné la politique pour me concentrer à des tâches plus immédiatement utiles et à vrai dire plus satisfaisantes. Je venais jeter un coup d’oeil à la reconstruction, on m’a parlé de ces divertissements et me voilà.

Et, en somme, c’était la vérité, à défaut d’être toute la vérité.

Je vois…

L’homme avait l’air manifestement disposé à le croire, mais il restait tout de même méfiant. Après avoir inhalé une nouvelle fois dans son masque, il désigna le Slussi d’un geste de sa canne, apparemment peu décidé à lui adresser directement la parole. Soit par racisme, soit parce qu’il supposait que le Seigneur Sith, (jadis ?) un haut-gradé impérial, était nécessairement celui qui parlait pour les deux.

Votre… apprenti… ?
J’en serais flatté, déclara le Seigneur Sith, en saluant le Slussi en question d’un geste de la tête, mais je regrette de n’avoir pas le plaisir de le connaître. Je crains que vos hommes n’aient tiré des conclusions hâtives de notre présence à tous les deux parmi vos… habitués.
Tirer des conclusions, hâtivement ou pas, ce n’est pas le fort de mes gars, concéda le mystérieux vieillard.
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Les deux hommes de main conduisirent le Sluissi jusqu'à une tente de fortune, consistant en une simple bâche posée sur des pylones hétéroclites. On nageait en plein décor post-apocalyptique. Les cicatrices de la guerre ne s'étaient bel et bien pas refermées, pas encore, et il fallait espérer pour la population que les choses s'accélèrent. Sxyd manquait de référence, il fallait l'avouer : il avait connu les guérillas, les escarmouches, mais pas d'évènements ayant eu l'ampleur de ce que Dubrillion avait subi. Et puisque ce monde neutre refusait l'aide humanitaire de la République qu'il tenait pour partie responsable, la reconstruction prenait du temps, trop de temps.

Le Wookie resta scotché au Sluissi, légèrement dans son dos. En étendant à peine la jambe, il pouvait lui piétiner la queue si l'envie lui prenait. Il se tenait droit comme un I, solide comme un roc. Une façon de faire pression sur l'intrus au sabre-laser : à la moindre incartade, la punition tomberait comme un couperet. L'Humain, lui, s'approcha d'un autre Humain, plus âgé, bossu, souffreteux. Sxyd fut accueilli par une quinte de toux profonde qui ne fut calmée que par l'apport d'un masque à oxygène entre les pinces d'un astromech dont semblait ainsi dépendant le vétéran.

Homme de main Humain – Cet... “homme” espionnait l'arène. Il prétend ne pas être Sith ni Jedi, mais son sabre-laser ne trompe pas, et il a balancé l'identité d'un autre Sith dont j'ai transmis le signalement.

Certains Humains hésitaient à employer les termes “mâle” et “femelle” pour les individus de races non humanoïdes alors que c'était par défaut l'usage. C'était un détail, mais “homme” ressemblait beaucoup trop à “humain” et ça hérissait toujours un peu Sxyd que l'on refuse ainsi de le désigner de “mâle” tout simplement.
Le vétéran rendit son masque à l'astromech et s'appuya sur sa canne. Ses yeux parcourirent le corps entier du Sluissi et ne manquèrent pas de s'attarder quelque peu sur le bijou qu'il portait dans le dos.

Vétéran – Pas courant... comme sabre-laser.

Il y eut un blanc, comme si c'était une question qui attendait une réponse. Que fallait-il donc comprendre derrière cette phrase du vétéran Humain ? Qu'attendait-il que Sxyd dise ?

SXYD – C'est bien le mien.

Façon de rappeler que pour le vendre au marché noir, il faudrait d'abord se battre, chose dont Sxyd n'avait pas envie, il n'était pas venu pour ça.

Vétéran – A qui ai-je donc l'honneur ?...

Et lui-même, qui était-il ? Si Sxyd voulait le savoir, il valait mieux se présenter d'abord. Il espérait que son interlocuteur se présenterait en retour. Il n'osait pas imaginer se trouver déjà face à face avec le ponte local qui tenait ces arènes de combats de gorgs, mais la Force sourit aux audacieux, alors qui sait... Quoi qu'il en soit, il semblait être une figure importante. Les hommes de main lui obéissaient, et cette tente ressemblait presque à un poste de commandement. Mais pourquoi s'installer ici, à côté de l'arène, et pas dans un endroit plus classe digne d'un ponte de la ville ?

Soudain, trois personnes firent irruption dans la tente. La cyborg et l'Humain comptaient parmi les hommes de main et ils traînaient avec eux l'une des deux personnes que Sxyd soupçonnaient être le Sith : l'Humain. Et l'aura fut à cet instant si perceptible que cela suffit à ôter tout doute sur la Rodienne, l'autre suspect.
C'était donc lui...
Entre son attitude et le fait qu'il se retrouva dans la même position que Sxyd, il n'était clairement pas de mèche avec ceux qui organisaient ces combats de gorgs. Il n'y avait probablement rien à tirer de lui, mais Sxyd fut tout de même curieux de savoir ce qui l'avait amené ici. Les Siths avaient-ils décidé d'enquêter de leur côté ? En quoi ça les intéressait ?

Sxyd fut intrigué par un autre point : le bossu souffreteux qui faisait figure d'autorité connaissait visiblement ce Sith, puisqu'il l'appela directement par son nom, Darth Noctis, un « diplomate impérial ». Darth Noctis prit la parole pour refuser cette désignation, affirmant que depuis la fin du « sommet » – sûrement le Sommet Galactique pour la Paix – il était redevenu un simple citoyen du Consortium d'Hapès n'ayant rien à gagner dans la guerre. Il prétendit être ici pour jeter un œil à la reconstruction et s'être laissé aller à la curiosité en entendant parler des divertissements que constituaient les combats de gorgs.

Au moins, Sxyd n'eut besoin de poser aucune question, qu'il obtint déjà quelques informations. A charge ensuite de vérifier si elles étaient tout à fait honnêtes. Il était en tout cas rassurant de voir que le vétéran Humain avait entendu parler de ce Sith comme d'un diplomate. Toutefois, Sxyd doutait que ce dernier se trouvât vraiment là par simple curiosité.
Sxyd n'avait même pas eu le temps de se présenter ; aussi le vétéran Humain le désigna-t-il d'un geste de la canne et demanda à Darth Noctis s'il s'agissait de son apprenti.

ABSALOM – J'en serais flatté (il salua Sxyd d'un hochement de tête que lui retourna courtoisement le Sluissi en se disant que cette flatterie n'était que « diplomatique »), mais je regrette de n'avoir pas le plaisir de le connaître. Je crains que vos hommes n'aient tiré des conclusions hâtives de notre présence à tous les deux parmi vos... habitués.
Vétéran – Tirer des conclusions, hâtivement ou pas, ce n'est pas le fort de mes gars...

Sxyd supposa que ses deux interlocuteurs allaient maintenant attendre de savoir qui il était et ce qu'il faisait ici. C'était à son tour de parler, inutile de faire languir le bossu souffreteux plus longtemps.

SXYD – Mon nom est Sxyd, et je ne suis affilié ni aux Siths ni aux Jedis. Je sais les affres de la guerre, je sais que Dubrillion a souffert et je voulais m'assurer que la renaissance était sur la bonne voie.

Dire une partie de la vérité – et rien que la vérité – était une façon de mentir par omission en gardant un ton de voix affirmatif et sûr. Sxyd se doutait que le vétéran n'était pas un débile et chercherait à gratter les véritables raisons de la présence de Darth Noctis et de la sienne ; mais il n'allait pas livrer toutes ses intentions comme ça, sans jouer un peu les mystérieux. Les hommes de main, que ce gars prenait visiblement pour des benêts, en resteraient sûrement là.

Soudain, des clameurs de panique retentirent depuis l'arène, comme si un mouvement de foule se déclenchait. La piètre ouïe du Sluissi ne lui permit pas d'entendre les deux ou trois tirs de blaster couverts par ces clameurs, contrairement peut-être à ses interlocuteurs. S'il les avait entendu, Sxyd aurait tout de suite pensé à la Rodienne : après tout, il avait orienté les hommes de main sur elle mais n'avait pas eu de nouvelle depuis. Elle ne s'était peut-être pas laissé fouiller gentiment... Le Sluissi tourna la tête et darda sa langue par réflexe même s'il n'y avait aucune chance ou prou que son odorat lui donne un indice sur ce qu'il se passait.

Vétéran – Vous deux, restez-là.

Il s'adressait évidemment au Sith Humain aux épis blonds et au non-Sith Sluissi à collerette. Il les avait dans le collimateur et ne voulait pas prendre de risque au cas où l'un des deux soit mêlé à l'origine du mouvement de foule.

Vétéran – Dever, Stawn, allez voir ce qu'il se passe ! Je veux une info dans vingt secondes.

Dever le Miraluka et Stawn le Wookie quittèrent la tente, laissant leur chef protégé par cinq hommes de main en compagnie des deux intrus.
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C'est toujours aussi mouvementé, demanda le Sith d'un ton dégagé, comme si des tirs de blaster ne formaient jamais que les distractions ordinaires quand on assistait à des manifestations sportives ?
Si vous avez... quelque chose à voir... là-dedans..., fit le vieillard, en pointant vers Darth Noctis une canne qui aurait été menaçante, s'il ne tremblait pas autant.
Vous connaissez manifestement ma réputation, répondit l'intéressé d'un air tranquille, je suis sûr que vous ne me vous imaginez pas sincèrement que je puisse débarquer ici avec des acolytes de seconde zone, blasters à la main.

La prestance aristocratique du Seigneur Sith était telle que le vieillard eut du mal, en effet, à se le représenter en train de jouer les petits caïds de secteur. Il n'empêchait que son irruption, à lui et à l'autre reptilien, coïncidait de bien curieuses manières avec...

Les hurlements redoublèrent. Il y eut des tirs de blaster, encore, et puis une explosion. La détonation avait retenti à quelques dizaines de mètres à peine de la tente et le souffle brûlant qui déferlait depuis les hauteurs de l'ancien bassin d'épuration vint secouer le pilier. Instinctivement, l'Hapien déploya une protection de Force pour contenir le choc résiduel, mais l'explosion fut assez lointaine pour laisser la tente à peu près indemne.

Dans la confusion, le vieillard avait perdu son masque à oxygène. Deux de ses hommes de main bataillaient avec le droïde pour le lui arracher des pinces, dans l'espoir d'aider leur employeur, une tâche à laquelle le robot aurait amplement suffi. Les trois autres avaient mis en joue le Sith et celui qu'ils continuaient à supposer son acolyte.

Vous, parvint à articuler le vieillard, qui avait finalement retrouvé son masque et dont la voix chevrotante parvenait à peine à se faire entendre au milieu des cris de panique à l'extérieur, vous... qu'avez-vous fait ?

Ni l'un ni l'autre n'eurent le temps de répondre, parce que le Miraluka expédié à l'extérieur pour enquêter sur les tirs de blaster déboula de la tente, essoufflé et les cheveux encore fumants.

Pa... pa... papapapa...
Abruti, maugréa le vieillard. Vas-tu donc... t'exprimer ?
Patron, parvint enfin à expirer le mercenaire. Une explosion !
Monsieur, la perspicacité de vos hommes de main vous fait honneur, glissa Absalom.

Sans une sacrée conjonctivite, le monsieur l'aurait volontiers fusillé du regard.

Abruti, répéta-t-il. Parce que tu crois...  qu'on ne s'en est pas... rendu compte ?
Une... C'est une Rodienne. Elle avait l'air suspect. On a tenté de l'interpeller. Elle s'est défendue. Elle s'est enfuie par le haut du bassin. Trop rapi... rapi... pipipipi... rapide pour nous...

Le Miraluka se fourra un doigt dans l'oreille pour tenter de déboucher ses tympans. Le vieillard, lui, frappa le sol de sa canne pour manifester son impatience.

... et elle a lancé... son sac à dos. Une explosion !

(Décidément, il y tenait.)

Vous devriez venir voir à l'extérieur, patron.

L'enthousiasme du patron à s'exposer à ce qui venait de servir de théâtre à un attentat avait quelque chose de modéré.

C'est sans danger, insista le Miraluka, malgré la panique qui agitait manifestement de l'extérieur.
Bon, se résigna le chef de la bande. Vous deux...  vous venez...  avec nous.

Entre deux inspirations au masque à oxygène, il avait pointé Noctis et Sxyd. Escortés, c'est-à-dire entourés, par les hommes de main, ils quittèrent tous la tente. Dehors, c'était le chaos : l'explosion avait plusieurs morts et une bonne vingtaine de blessés. Des stands de nourriture avaient été carbonisés et les spectateurs fuyaient dans tous les sens, en s'engouffrant dans les étroites couloirs de service avec une cohue monumentale où chacun risquait de se faire piétiner. Les gardes, eux, tentaient tant bien que mal d'organiser une évacuation en bon ordre, au milieu des gorgs qui cavalaient dans tous les sens en poussant des cris apeurés.

Mais c'était autre chose pourtant qui attirait l'attention : au-dessus de l'endroit qui avait manifestement servi d'épicentre malheureux à l'explosion, un hologramme gigantesque flottait, signature, de toute évidence, de la terroriste. Il figurait un poing levé entouré d'une plante grimpante, avec ce nom : Front Unifié pour la Vie. En dessous, un message, laconique mais explicite : Aux exploiteurs, la mort.

La peste soit des hippies, murmura le vieillard entre ses dents.
Vous les connaissez, demanda Absalom, en fixant le blason impalpable qui flottait au-dessus du désastre ?
Des écologistes. De satanés écologistes qui nous reprochent... de fournir quelques modestes... divertissements à une... population qui a déjà... tant souffert.
Et j'imagine que jusque là ces reproches prenaient une autre forme...
Des bookmakeurs... se sont faits tabasser... et des vendeurs de viande de... gorgs... ont été... braqués. Sans compter les lettres... de menace.
Je vois.

Le regard du Sith quitta la revendication pour se poser sur le profil du Sluissi. Se pourrait-il qu'il fût mêlé à cet attentat ?
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Sxyd se détendit un tout petit peu plus maintenant qu'il n'avait plus l'armoire à glace de Wookie serré à lui. Les Wookies, ça a beau se découper au sabre-laser aussi bien que n'importe quelle autre race sentiente, ça reste assez impressionnant à cotoyer de près, quand il s'agit d'une homme de main n'attendant que l'ordre d'écraser son poing sur votre crâne.

ABSALOM – C'est toujours aussi mouvementé ?
Vétéran – Si vous avez... quelque chose à voir... là-dedans...
ABSALOM – Vous connaissez manifestement ma réputation, je suis sûr que vous ne me vous imaginez pas sincèrement que je puisse débarquer ici avec des acolytes de seconde zone, blasters à la main.

Sxyd devait reconnaître que le Sith avait une telle prestance qu'on aurait du mal à l'imaginer dire autre chose que la vérité dans cette phrase. Néanmoins, il avait d'instinct envie de se méfier de lui, simplement parce que ce Sith était un Humain, ou appartenait à une race vraiment très proche des Humains – il n'y avait bien que son odeur, plus subtile et raffinée, qui pouvait laisser deviner au Sluissi qu'il s'agissait d'un Proche-Humain.

Le regard inquisiteur du bossu souffreteux se porta sur Sxyd, l'interrogeant tacitement à son tour. Ce dernier dut donc se défendre d'avoir un quelconque lien avec l'incident qui se déroulait à l'extérieur de la tente et dont il ignorait la nature même exactement :

SXYD – J'ignore ce qu'il se passe, je sais simplement que j'avais repéré une Rodienne à l'attitude louche dans la foule, et je l'ai signalée à vos hommes. Ne me pensez pas impliqué dans quoi que ce soit.

La coïncidence devait tout de même être difficile à avaler pour le vétéran au masque à oxygène. Deux utilisateurs de la Force, dont un Sith, s'étaient mêlés à la foule, avaient été interpellés par ses gardes et amenés dans sa tente, et à ce moment-là, un mouvement de foule se déclenchait suite à des tirs de blaster. Sxyd sentait que le Sith et lui-même n'avaient pas fini de devoir montrer patte blanche. Le Sith, encore, avait l'avantage d'une certaine réputation, il était connu par le vétéran, et affichait des manières qui n'étaient pas celles d'un terroriste. Sxyd, lui, c'était certain, n'allait pas pouvoir être cru sur parole.

Des hurlements redoublèrent, et si Sxyd ne sut pas entendre les nouveaux tirs de blasters, pas plus que les premiers, il fut impossible même pour lui de ne pas entendre la détonation soudain. Il eut le même réflexe que le Sith, de déployer un bouclier de Force pour éviter des projections de poussière et de débris et endiguer le souffle. Trois hommes de main braquèrent aussitôt les deux utilisateurs de la Force, tandis que les deux derniers firent des efforts superflus pour aider le vétéran à récupérer son masque à oxygène, lâché dans la confusion. Sxyd leva lentement les deux mains à hauteur de sa tête pour montrer son innocence. Il n'avait rien à cacher en rapport avec ce qui était en train de se produire, et se posait autant de questions qu'eux.

Le dénommé Dever rappliqua dans la tente, complètement déboussolé. Il voulut avertir le vétéran de quelque chose mais se mit à bégayer, répétant la syllabe “pa” si bien que l'on se demanda un instant si le vétéran était son père ; dans le chaos de l'instant, ce bégaiement avait presque un effet comique. Mais non, Dever essayait simplement de dire “patron”. Tout ça pour signaler une explosion.

ABSALOM – Monsieur, la perspicacité de vos hommes de main vous fait honneur.

Sxyd n'était pas du genre à rire aux éclats mais il ne put réprimer un rictus étirant largement sa bouche de serpent. Il inclina pudiquement la tête en essayant de réprimer ce rictus. Le vétéran goûta beaucoup moins le trait d'humour du Sith.
La suite du rapport de Dever fut bien plus intéressante : la Rodienne était effectivement la coupable dans l'histoire. Alors que les gardes avaient voulu l'interpeller, elle avait apparemment ouvert le feu puis pris la fuite en se montrant trop rapide pour être rattrapée. Elle avait alors lancé son sac à dos, qui avait déclenché une détonation.

Sxyd avait donc vu juste : ce sac à dos aurait dû être fouillé à l'entrée. C'était quand même étonnant un tel manque de mesures de sécurité. Peut-être que depuis le début, ces gens n'avaient jamais subi d'attaque terroriste, et ne voyaient pas l'utilité de se méfier. Un manque de vigilance qui avait bien fait l'affaire de cette Rodienne.

SXYD – Beaucoup de blessés ?

La question de Sxyd passa totalement inaperçue. Dever incita son patron à se déplacer pour venir voir par lui-même, et dut insister un peu face à la réticence de celui-ci à se montrer au moment où une attaque terroriste venait d'être commise. Sxyd le comprenait : qui pouvait affirmer qu'il n'allait y avoir qu'une seule explosion ? Quand Sxyd l'avait vue, la Rodienne avait semblé à la recherche de quelqu'un. Il n'était peut-être pas prévu qu'elle agisse seule ? Sxyd garda ses réflexions pour lui car il sentait bien qu'il parlerait dans le vide, personne n'était disposé à se calmer pour l'écouter à cet instant, à part peut-être le Sith.

Le chaos avait de quoi attrister Sxyd. Il y avait bien des blessés, une vingtaine à première vue, et même quelques morts. Les gorgs affolés cavalaient dans tous les sens. Des stands étaient carbonisés, la foule fuyait les lieux. La pagaille et la destruction. Les habitants de cette ville sur la planète Dubrillion avaient réussi à se reconstruire petit à petit une vie presque normale et à s'offrir des divertissements comme ils le pouvaient. Et voilà que tout était gâché. Comme si ces gens n'avaient pas connu assez d'explosions pour toute une vie.

Quelque chose disait que cet attentat n'avait pas été prévu comme ça. Ses auteurs – en tout cas la Rodienne tout au moins – n'avaient peut-être pas eu l'intention de faire des victimes dans la foule et de détruire leurs stands. La Rodienne avait été prise de court parce que les hommes de main du bossu souffreteux avaient essayé de l'interpeller.

Un logo en hologramme s'élevait de l'épicentre de l'explosion. C'est ça que Dever voulait que son patron vît. Un poing levé entouré d'une plante grimpante. Le logo du Front Unifié pour la Vie, à en croire le nom inscrit. Et un slogan : “Aux exploiteurs, la mort.”, concis et explicite. Le Sith demanda au patron s'il connaissait ce groupuscule.

Vétéran – Des écologistes. De satanés écologistes qui nous reprochent... de fournir quelques modestes... divertissements à une... population qui a déjà... tant souffert.
ABSALOM – Et j'imagine que jusque là ces reproches prenaient une autre forme...
Vétéran – Des bookmakers... se sont faits tabasser... et des vendeurs de viande de... gorgs... ont été... braqués. Sans compter les lettres... de menace.

Les bookmakers, les vendeurs de viande, que des gens travaillant directement pour le réseau. Mais aucune atteinte portée aux clients eux-mêmes. Sxyd avait cotoyé dans de groupuscules d'activistes qu'il ne pouvait qu'avoir une certaine empathie pour ces « écologistes hippies ». Il préjugeait que leurs revendications étaient nobles et qu'il ne figurait pas dans leurs méthodes de blesser les innocents auxquels s'adressait tout ce réseau. Il voulait maintenant s'en donner des preuves, car il avait d'emblée envie d'être de leur côté.

Sans voir que l'œil du Sith était maintenant posé sur lui, Sxyd serpenta jusqu'à l'épicentre de l'explosion. Ce n'est pas le diffuseur d'hologramme qui l'intéressait. Tel un enquêteur, il chercha des indices, des traces. Il trouva vite ce qu'il cherchait : les morceaux du sac, et les débris de la bombe. Il attrapa délicatement des pièces et les porta à son nez en dardant sa langue bifide frénétiquement, non pas pour savoir quel goût ce métal carbonisé avait, mais pour en goûter l'odeur. Son odorat de serpent associé à son expertise lui permit de déterminer certains composants de la bombe. Il haussa la voix pour s'adresser au vétéran et au Sith laissés à plusieurs mètres derrière lui :

SXYD – De l'oxyde de zinact. Je ne connais pas très bien Dubrillion mais je pense envisageable que l'on trouve ce matériau dans les parages. Et de l'eau salée. Un peu de détergent, et du mercure. Mélangez le tout, vous avez une substance instable. C'est une petite bombe artisanale, qui a dû être fabriquée sur place, pas loin d'ici. Elle supporte mal le transport. Un choc violent, et la substance détone. La Rodienne portait cette bombe dans son sac à dos. Elle a pris des risques, si jamais elle s'était fait bousculer et qu'elle était tombée sur le dos, elle aurait pu déclencher la bombe sans le vouloir.

Le Sluissi à tête de cobra revint lentement auprès du vétéran et du Sith.

SXYD – L'importance de la détonation dépend de la quantité de substance mais elle reste généralement faible, il faut une très grosse quantité pour faire des dégâts importants. La bombe tenait dans un sac à dos, l'explosion n'a pas du avoir un rayon de plus de quelques mètres, trois ou quatre maximum. Mais bon, lancée en plein milieu d'une foule serrée, on peut avoir quelques morts, comme ici. Sauf que l'arène est bien plus grande. Les deux stands qui étaient juste à côté du point d'atterrissage du sac ont souffert aussi, mais les autres stands sont intacts hormis le souffle. Cette bombe n'aurait jamais suffi à tout anéantir. Elle n'était pas destinée à ça. La Rodienne avait un autre plan. Quand vos hommes sont venus pour l'intercepter, elle a paniqué, elle a eu peur de ne pas pouvoir faire exploser sa bombe, alors elle l'a balancée. C'était idiot, mais elle n'avait pas eu l'intention de tuer des parieurs. Votre tente est excentrée, les stands sont tous à plus de cinq mètres. Je pense que c'est votre tente, qu'elle avait prévu de cibler. Elle vous aurait ainsi éliminé sans faire aucune victime collactérale.
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De Sxyd au vieillard et du vieillard au logo, le regard perçant d'Absalom entreprenait de mettre de l'ordre dans la situation. L'exposé du Sluissi le lui avait rendu aussitôt sinon sympathique, du moins intéressant. Une telle expertise trahissait un être bien entraîné et qui n'en était pas à sa première explosion. Les préjugés spontanés contre les autres espèces qu'Absalom, comme la plupart des Hapiens, nourrissait presque malgré lui commencèrent à se dissiper devant cette expertise.

Le vieillard devait nourrir les mêmes réflexions, parce qu'il se mit à regarder Sxyd avec une sorte de convoitise, comme un homme que sa faiblesse physique avait habitué de longue date à agréger autour de lui des compétences utiles qui suppléaient aux limites que la nature avait imposées à ses force.

D'un geste tremblotant de la main, il désigna le projecteur holographique rudimentaire qui signait le forfait de la Rodienne.

Coupez moi ça, déclara-t-il d'une voix pleine de rage.

Rompu à la subtilité, l'un de ses hommes de main y employa un tir de blaster bien placé. Le bruit ne manqua pas de faire surgir de nouveaux cris dans le reste de la foule qui se pressait par les étroites sorties de secours.

Idiot, grogna le vieillard, en donnant un coup de canne indolore à son sous-fifre.

Puis son regard revint sur Sxyd.

Donc je suis la victime.

La cible, plutôt, mais c'était tout un. Cette idée, du reste, n'avait pas l'air de beaucoup l'émouvoir, ce qui suggérait qu'il n'en était pas à sa première tentative d'assassinat. On ne pouvait qu'en conclure qu'il avait l'habitude de tremper dans des affaires louches.

Certainement, fit Noctis, après avoir repoussé du pied l'holoprojecteur carbonisé, pour voir machinalement s'il présentait rien de particulier, vous nous laisserez intervenir pour assurer la sécurité de la population en faisant toute la lumière sur cette histoire.

Il avait enveloppé le Sluissi dans sa proposition, parce que son intuition lui murmurait que l'étranger n'était pas venu observer les combats de cette arène de fortune par pure curiosité.

Le vieillard plissa des paupières, comme dans un effort désespéré de percer à jour les intentions du Sith.

Et vous feriez ça... à cause de la bonté...  de votre coeur ?

Absalom répondit par un sourire tranquille.

Si je dois engager mes ressources pour la reconstruction et le développement de cette planète, j'aimerais autant que sa situation politique soit pacifiée et que sa stabilité ne soit pas troublée par une vague d'attentats.
Une vague ?
Hélas, le terrorisme est rarement une entreprise solitaire faite d'actes isolés...

Il était bien placé pour le savoir : des réseaux terroristes, il en finançait deux ou trois.

... et nous assistons de toute évidence à une escalade dans la violence, fruit d'une radicalisation. Aujourd'hui, c'est une tentative d'assassinat qui se meut en attentat, demain, qui sait ?

Jouer sur la fibre sécurité d'un homme qui éprouvait le besoin de s'entourer de plusieurs hommes de main, c'était comme de voler une sucette à un enfant. Le vieillard fixa le Sith, en pesant soigneusement ses possibilités. Il avait trié ses loubards sur le volet et les avait sélectionnés précisément pour la relative stupidité qu'il leur reprochait si souvent : c'était le gage qu'ils obéiraient sans trop se poser de questions, et surtout sans nourrir des ambitions au-dessus de leur statut. Mais  c'était aussi, et le revers de la médaille était là, l'assurance qu'ils seraient incapables de mener une enquête en bonne et due forme.

Alors qu'il méditait la proposition du Sith, des sirènes commencèrent à se faire entendre et, rapidement, deux speeders de la police citadine vinrent se ranger sur la crête du bassin. En quelques minutes, quatre agents avaient investi les lieux. La Force fut superflue pour deviner la tension entre le vieillard et eux. Elle sautait aux yeux : le chef de la petite bande de mercenaires n'éprouvait aucun soulagement à voir les autorités investir son arène.

M. Pwar, fit l'un des agents.
Sergent...

Le regard du policier qui avait apparemment la charge de l'enquête s'arrêta sur les deux inconnus de l'équation. Tout professionnel qu'il fût, il pâlit à vue d'oeil en constatant que l'un avec un sabre dans le dos et que l'autre était un fameux diplomate impérial.

De simples témoins, s'empressa de dire M. Pwar. Des amis, même.

Il adressa un regard mi-vitreux, mi-entendu à ceux qu'il considérait encore comme deux Siths, signe silencieux qu'il acceptait la proposition de Noctis de redoubler de leur enquête une investigation policière dont il se méfiait manifestement.

Je doute que des gens comme ça soient de simples témoins, fit prudemment le sergent. Ceci étant dit sans vouloir vous froisser, Seigneur Noctis.
Nullement, nullement, déclare celui-ci. Mais c'est pourtant la vérité. J'avais des rendez-vous au centre-vile, puis j'ai été poussé ici par une curiosité toute simple pour cette nouvelle tradition locale et je crois que ce monsieur, que je ne connaissais pas, s'est retrouvé à peu près dans la même situation.
Je vois, je vois, murmura le sergent, à peu près aussi convaincu que si Darth Noctis avait prétendu être une citrouille. Sans doute vous n'auriez pas d'objection à répondre chacun à quelques questions de mes subordonnés ?

Les dits subordonnés avaient envie d'interroger un Seigneur Sith comme de s'enfoncer un vibrolame dans la narine.

Mais certainement, sergent, certainement, répondit Absalom, bien décidé à tirer des policiers plus d'informations qu'eux-mêmes n'en tireraient de lui. Tout ce qui peut être utile à faire toute la lumière sur cette bien regrettable affaire.
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Sxyd ne cherchait pas à cacher qu'il s'y connaissait en la matière. Non seulement il intégrait régulièrement des groupes d'activistes plus ou moins radicaux, dont certains se livraient à des attentats avec tentative d'homicide, mais il avait en plus les compétences liées à ses formations en physique, chimie, électronique, médecine et autres domaines scientifiques. Et c'est surtout ce second point que le bossu souffreteux et le diplomate sith interprétaient. Il était un Sluissi polyvalent, à qui l'on confierait sans hésiter un poste d'ingénieur dans une entreprise multiplanétaire. Le revers de la médaille étant qu'il n'avait aucune spécialisation, voilà pourquoi il ne s'enfermait pas dans un métier où un spécialiste serait de facto meilleur que lui. Sxyd préférait mettre sa polyvalence à profit. Ses deux interlocuteurs ne pouvaient pas encore se douter qu'il était naturellement enclin à soutenir les actions de groupes tels que le Front Unifié pour la Vie, mais il était déjà clair pour eux qu'il avait des connaissances poussées dans de multiples domaines techniques, et que celles-ci lui seraient notamment utile pour mener une enquête sur un attentat.

Ces compétences, ces connaissances, les hommes de main du vétéran ne les avaient pas. Ils semblaient tous, du Wookie au Miraluka en passant par les Humains, être de bêtes armoires à glace, des Monsieurs “tout dans les muscles, rien dans la tête” – il suffisait de voir comment l'un d'entre eux éteignit le projecteur, sans réfléchir au fait qu'un nouveau tir risquait juste de recréer de l'affollement – tout juste bons à obéir ; comme si ça avait été un choix de la part de leur patron de ne s'entourer que de crétins. De fait, il était facile pour Sxyd de se rendre intéressant. Son simple rapport d'expert sur les traces de la bombe venait de lui ouvrir la porte pour infiltrer ce groupe mafieux qui possédait ces arènes de combats de gorgs. Au contact ensuite du Front Unifié pour la Vie, Sxyd ne tarderait sûrement pas à jouer l'agent double. Les évènements risquaient de devenir excitants...

Darth Noctis examina le projecteur hors service en le faisant rouler au sol avec un pied, mais il ne sembla obtenir aucun indice complémentaire au rapport au Sxyd. Le Sith avait envie de faire la lumière sur cette affaire, et prétendit qu'il s'agissait là de défendre aussi ses intérêts, puisqu'il comptait investir dans le développement de Dubrillion. Sxyd resta placide mais réalisait que les intentions de ce Sith risquaient au bout de s'opposer aux siennes.

Le son des sirènes de police interrompirement momentanément le dénommé Pwar qui réfléchissait à la proposition de Darth Noctis – qui englobait tacitement Sxyd sans que ce dernier n'eût à protester. Le Sergent reconnut Darth Noctis aussi bien que Monsieur Pwar. Ce dernier n'était visiblement pas enchanté par l'intervention de la police, le Sergent et lui se regardaient en chiens de faïence. Le Sergent savait parfaitement bien à qui il avait affaire et rongeait son frein. Il y avait à parier que si les choses n'avaient tenu qu'à lui, Monsieur Pwar aurait déjà un trou fumant au milieu du front.

ABSALOM – J'avais des rendez-vous au centre-ville, puis j'ai été poussé ici par une curiosité toute simple pour cette nouvelle tradition locale et je crois que ce monsieur, que je ne connaissais pas, s'est retrouvé à peu près dans la même situation.

C'était la seconde fois durant ce dialogue que Darth Noctis embarquait Sxyd dans son discours, mais c'était fait avec justesse, rien qui n'eût de quoi contrarier le Sluissi. Darth Noctis essayait de lui offrir également un alibi. C'était invérifiable mais c'était toujours un témoignage favorable... même s'il provenait d'une personne dont la présence sur les lieux de l'attentat était elle-même suspecte également. Le Sergent voulut faire son travail de policier et demanda à ce que ses collègues puissent interroger tout le monde. Ni Noctis ni Sxyd ne s'y opposa. Un officier de police Arkanien s'approcha de Sxyd, datapad en main, pour recueillir sa déposition. Avant de poser sa première question, il porta un regard hautain de la tête au sol sur l'homme-serpent à qui il s'apprêtait à s'adresser. Sxyd se contenta de lécher son odeur comme il le faisait machinalement avec n'importe quel interlocuteur.

Officier de police – Pouvez-vous me dire ce que vous avez vu, ou entendu ?
SXYD – Je n'ai rien pu voir puisque j'étais en entretien avec Monsieur Pwar dans cette tente (désignant ladite tente du doigt), je n'ai pu qu'entendre la foule se mettre à crier avant une détonation.
Officier de police – Pourquoi la foule s'est-elle mise à crier ?
SXYD – Je n'ai pas bien compris.

C'était la vérité, puisque le Sluissi n'avait pas perçu le son des tirs de blasters.

Officier de police – Vous avez forcément entendu quelque chose ? Une foule ne se met pas à crier comme ça pour rien !
SXYD – Il est possible que d'autres personnes aient entendu quelque chose, mais je ne sais pas ce qui a provoqué le mouvement de foule à l'origine.
Officier de police – Bon, et que s'est-il passé ensuite ?
SXYD – Deux membres du personnel de sécurité de l'arène (la tournure pour désigner les hommes de main de Pwar, délibérément choisie par Sxyd qui ne voulait pas montrer avoir conscience d'être au contact d'un réseau mafieux, déclencha un rictus à l'Arkanien) sont entrés dans la tente pour expliquer la situation à Monsieur Pwar, et l'ont incité à venir voir par lui-même. Le Seigneur Noctis et moi-même avons emboîté le pas.
Officier de police – Bon, si je résume, vous n'avez rien vu, vous avez juste entendu la détonation, et vous n'avez aucune idée de ce qui a pu se passer.
SXYD – Je fais au mieux pour aider avec les éléments en ma possession, Monsieur l'agent, même si je sais que c'est pauvre.
Officier de police – Bon, et autre question : le machin dans votre dos, c'est à vous ou ça vient du marché noir ?
SXYD – C'est bien à moi.
Officier de police – Noctis dit qu'il ne vous connaît pas, pourtant. Vous n'êtes donc pas un Sith ?
SXYD – Non, ni un Jedi.
Officier de police – Vous êtes bien sûr que vous n'avez pas “récupéré” ce petit joujou en vous disant que personne ne le réclamerait ?
SXYD – Toutes les personnes qui ont été formées à la Force et au maniement du sabre-laser ne sont pas forcément d'allégeance sith ou jedi, Monsieur l'agent.
Officier de police – Allons donc... Un mercenaire ?
SXYD – Je ne prends pas part à leur guerre.

Sxyd se dit qu'il ne pourrait effacer les doutes du policier que par une démonstration : il tendit la main vers un gros caillou et le fit léviter à hauteur de bras, juste le temps que le policier le remarquât.

SXYD – Je n'ai pas volé cette arme.
Officier de police – Bien... Une dernière question : la raison de votre présence ici ?

Impossible de dire la vérité, car aux yeux du policier, cela constituerait un mobile pour complicité avec l'auteur de l'attentat.

SXYD – Un ami est mort dans la dernière grande bataille qui a ravagé la ville. Je pense à lui à chaque fois que je vois les efforts entrepris pour rebâtir la vie ici.

Ce policier était-il doué pour détecter les mensonges ? D'un côté, c'était peut-être plus difficile à faire sur ce visage de serpent assez placide, d'humeur égale. D'un autre côté, cet Arkanien raciste pouvait penser que les langues de serpent mentaient toujours.
Sans un mot de plus, sans un “merci” ni un “au revoir”, l'officier libéra Sxyd et retourna auprès de ses collègues.
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Alors vous vous appelez... euh... vous...

L'inspectrice adjointe à qui avait échu l'honneur empoisonné d'interroger Darth Noctis était toute proche de la décomposition. Alors que son sergent avait décidé de s'occuper Pwar, dans l'espoir de pouvoir faire progresser l'enquête qui, depuis quelques semaines, se déployait autour des arènes, il avait affecté ses officiers de confiance à l'interrogatoire des suspects.

Elle avait éprouvé une vague appréhension, d'abord. Comme tout le monde, elle se faisait une idée sombre et terrible des Seigneurs Siths, nourrie pour moitié par des holofilms d'horreur et pour moitié par les médias républicains. Et puis Noctis avait plongé son regard dans le sien et il lui avait parlé de sa voix douce : le charme surnaturel du Sith, mélange d'une impitoyable sélection génétique hapienne et d'une bonne dose de sorcellerie, avait balayé la méfiance de la policière, pour la laisser dans un état de fascination érotique qui lui faisait perdre l'essentiel de ses moyens.

Absalom. Absalom Thorn, répondit l'intéressé, avec un sourire chaleureux et presque tentateur.

La policière entreprit de fixer aussi obstinément que possible son regard sur son datapad.

Seigneur, c'est comme cela que les gens s'adressent à vous ?

Le Sith haussa les épaules.

Seigneur. Ou docteur. Tout dépend des contextes. Mais vous pouvez m'appeler Absalom.
Très bien, très bien, fit la policière d'une voix absente.

Erreur fatale : elle risqua un nouveau coup d'oeil vers l'Hapien.

Et donc, vous étiez ici pour... ?
Dans cette arène ? Par curiosité. Vous savez, je suis un diplomate et les diplomates sont toujours captivés par les traditions locales.
Y compris les traditions illégales ?
C'est illégal, ce qui se pratique ici, fit le Sith avec un tel air d'innocence et de surprise que, sauf sa réputation, on l'aurait cru comme un agneau égaré dans une meute de loups ?
Disons que ce n'est pas tout à fait légal.
La différence est subtile...
Après la guerre, une certaine tolérance à l'égard de l'économie parallèle et de certains divertissements a été décidée par la municipalité, pour soulager la population.
Je crois deviner que vous jugez que certains ont tiré un profit indu de cette tolérance.

Le regard de l'inspectrice adjointe dévia fugacement vers le vieil homme qui continuait à s'entretenir avec le sergent.

Revenons-en à votre cas.
Bien sûr, fit Absalom, avec un sourire qui précipita le rythme cardiaque de l'inspectrice.
Vous visitez donc la planète pour affaires ?
Le Consortium d'Hapès a toujours été soucieux de participer à la consolidation des autres mondes indépendants. Une manière pour nous de prouver qu'une troisième voie est possible. Les investissements économiques de cette nature sont donc encouragés.
Vous ne travaillez donc pas pour l'Empire ?
Plus depuis le dernier sommet galactique pour la paix.
Je vois, je vois.

Elle ne voyait guère : les subtilités des grandes affaires de la Galaxie échappaient largement à son quotidien de policière.

Et qu'est-ce qui s'est passé, ici ?
Hé bien, monsieur Pwar nous a aimablement invités dans sa tente...
Vous et le Sluissi, coupa la policière ?

Elle se reprit aussitôt et, sans réfléchir, murmura :

Pardonnez-moi.
Mais je vous en prie, répondit le Sith, qui sentait son influence se refermer sur l'esprit de l'inspectrice, M. Sxyd, que j'ai eu l'honneur de rencontrer ici, et moi-même, en effet.
Et c'est un... euh... homme... disons... qui vous inspire confiance ?
Ma foi, oui. Un voyageur et un curieux, comme moi. Qui cherche à se rendre utile. Donc, nous avions été invités dans la tente, et soudain, alors que nous discutions tranquillement, des coups de feu. Un mouvement de panique à l'extérieur, une explosion. Quand nous sommes sortis, c'était le chaos.
Tout cela ne semble pas vous avoir remué, pourtant.
Que voulez-vous, fit le Sith d'un ton mélancolique, La guerre cultive hélas en nous le fatalisme de l'horreur.

Et, avant qu'elle n'eût le temps de répliquer, Noctis plongea son regard dans celui de son interlocutrice.

Je ne doute pas que vous connaissiez cela, ici, malheureusement, et surtout dans les fonctions qui sont les vôtres.

Comme hypnotisée, l'inspectrice se contenta de hocher lentement la tête.

J'ai souvent observé que le plus difficile, poursuivit le Seigneur Sith, d'une voix de plus en plus basse, mais qui semblait comme résonner dans les pensées de sa proie, quand la guerre est finie, c'est de découvrir qu'une autre guerre s'est déclaré, que les marchés noirs se sont mués en véritables entreprises criminelles, qu'après l'ennemi du dehors, il y a l'ennemi du dedans, qu'on est exposé désormais à toutes les prédations et à tous les extrémismes...
C'est...
... et il faut bien des combats, pour restaurer l'ordre dont on est soi-même la gardienne.
Depuis, commença à balbutier l'inspectrice d'une voix incertaine, depuis que Ben Asrok a pris le contrôle des arènes, il n'a de cesse de chercher à diversifier ses activités et avant l'attentat d'aujourd'hui, nous n'aurions pas cru que qui que ce soit chercherait à s'opposer à lui.
Asrok ?
Le magnat des casinos.
Et est-il possible que ce Front Unifié pour la Vie ne soit qu'une couverture pour un concurrent ?
Le FUV n'en est pas à sa première action, mais ils sont peut-être instrumentalisés, oui. Asrok s'est fait beaucoup d'ennemis, mais il les a brisés en chemin. Je ne suis pas sûre que qui ce soit oserait monter une opération contre...
Inspectrice Adorno, coupa la voix forte du sergent, à quelques mètres de là, qui s'était soudain alarmé de découvrir que sa collègue faisait désormais l'essentiel de la conversation, interrogée par le Sith. Je crois que nous avons tout ce qu'il nous faut.
Sergent, si nous pouvons encore vous être d'une quelconque assistance...
Ça devrait aller pour l'heure, fit l'homme, en adressant un regard plein de méfiance au Sith. Mais nous apprécierions que vous ne quittiez pas la ville avant la conclusion de cette enquête.

C'était une requête formulée prudemment, parce que le sergent avait pleinement conscience qu'il ne disposait des moyens ni légaux, ni matériels de contrôler les deux étrangers. Absalom se contenta d'incliner la tête, puis il adressa un sourire à l'inspectrice, et les policiers s'éloignèrent, pour se consacrer à la collecte des indices.

Après une quinte de toux de circonstance, Pwar déclara :

Bon. Je dois m'entretenir avec mes associés.

Le vieil homme jeta un regard mauvais à ses acolytes.

Pas vous, idiots.
Naturellement. De notre côté, nous ne manquerons pas de tirer cette affaire au clair.

Le Sith eut le droit à un regard soupçonneux, mais Pwar se contenta de hocher lentement la tête.

Où pourrons-nous vous contacter ?

Le vieil homme fit un geste de la main au Miraluka, qui tendit un vieux datapad reconfiguré au Sith. Puis Pwar leur fit un signe de tête en guise de salutation, avant de se détourner, pour gagner en maugréant l'un des couloirs qui menaient à la surface.

Absalom le suivit un instant du regard, avant de se retourner vers Sxyd.

L'affaire vous intéresse, n'est-ce pas ?

C'était moins une question qu'une observation.

Moi-même, je suis curieux de rencontrer ces activistes du Front. Qui sait, ils ont peut-être besoin qu'on les conseille pour mener des actions plus efficaces et déterminantes...
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De son côté, Darth Noctis se faisait interroger par une Humaine, et leur échange dura plus longtemps que celui entre Sxyd et l'inspecteur Arkanien. Et surtout, si Sxyd avait simplement utilisé la Force pour une petite démonstration anodine à l'inspecteur, l'assurant qu'il était bien le propriétaire de son sabre-laser, Darth Noctis fit un usage plus sournois de la Force. Sxyd supposa qu'il exerçait une influence sur l'esprit de l'agent de police, afin de l'embrouiller et ainsi de faire passer plus facilement des mensonges ou d'éviter des questions gênantes. Il s'était retenu de le faire sur l'Arkanien raciste, justement pour garder bonne conscience et de pas avoir l'air de se démonter aux yeux du Sith. Retenue stupide, puisque le Sith lui-même s'employa à une influence mentale – si c'était bien cela – sans vergogne.

Au bout du compte, l'inspectrice de police semblait plus divulguer des informations au Sith que l'inverse, ce qui allait dans le sens d'une influence mentale ; et ce dont son supérieur se rendit compte. Le sergent coupa court à l'interrogatoire, prétextant avoir assez d'éléments, alors que l'inspecteur Arkanien venait de lui résumer les réponses de Sxyd. Ce dernier, ne voulant pas se pencher vers la conversation de façon indiscrète, ne put entendre les informations pourtant intéressantes que l'Humaine révéla à Noctis.

Les policiers s'éloignèrent pour récolter des indices et mener d'autres interrogatoires auprès de meilleurs témoins. Pwar déclara devoir s'entretenir avec ses associés, et devant l'air bêtement concerné du Miraluka et d'un Humain, précisa qu'il ne s'agissait pas d'eux, ne manquant pas de les insulter une nouvelle fois. Pourquoi s'entourer d'autant d'idiots ? Sxyd n'aimait pas avoir des pensées dédaigneuses, mais les hommes de main de Pwar n'avaient vraiment pas inventé l'eau chaude...

Afin de pouvoir être contacté, à la demande de Noctis, Pwar fit remettre à Noctis par le Miraluka un vieux datapad, puis salua ses deux invités d'un jour. Le Hapien et le Sluissi attendirent que les mafieux fussent assez éloignés pour discuter entre eux.

ABSALOM – L'affaire vous intéresse, n'est-ce pas ? Moi-même, je suis curieux de rencontrer ces activistes du Front. Qui sait, ils ont peut-être besoin qu'on les conseille pour mener des actions plus efficaces et déterminantes...

Il devait s'agir d'ironie, puisque les actions du Front Unifié pour la Vie allaient à l'encontre des intérêts de Darth Noctis. Ce dernier essayait peut-être de prêcher le faux pour avoir le vrai, en l'occurence de voir la réaction de Sxyd à l'idée de venir en aide aux activistes. Darth Noctis avait un charisme naturel, et sa position de diplomate réputé confirmait l'idée qu'il fût une personne rompue à la rhétorique et à la manipulation verbale. Sxyd avait menti à l'inspecteur de police, mais il n'essaierait pas de se glisser dans un piège avec ce Sith – ou ancien Sith. Sa seule réaction fut donc d'avoir un rictus montrant qu'il ne prenait pas cette dernière phrase de Noctis au sérieux.

SXYD – Laissez-moi enregistrer les coordonnées de Monsieur Pwar.

Il tendit la main pour se faire remettre à son tour le datapad. Il n'y avait pas de raison pour que Noctis ait de quoi contacter Pwar, et pas lui. Et si Noctis voulait coopérer avec Sxyd pour approcher le Front Unifié pour la Vie, il allait devoir éviter toute attitude suspecte. Ce n'était même pas une question de préjugé envers les Siths : tant que Sxyd ne serait pas certain de ses intentions envers le Front Unifié pour la Vie, il ne lui ferait pas confiance, d'autant moins que Noctis ressemblait beaucoup trop à un Humain.

SXYD – Ces policiers vont vouloir retrouver la trace de la Rodienne. Il faut que nous la retrouvions avant eux. Elle a réussi à échapper à l'interpellation par les hommes de main de Monsieur Pwar, elle a jeté sa bombe et elle s'est enfuie. A nous de découvrir où elle est partie se réfugier.
Absalom Thorn
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Absalom tendit bien volontiers le datapad à son associé du jour, tandis qu’il considérait pour sa part le décor désormais dévasté du vaste bassin de retraitement, reconverti en arène et désormais abandonné dans un tel désordre qu’on aurait dit le cratère d’une petite comète. D’un hochement de tête presque distrait, il confirma qu’il pensait aussi que la Rodienne serait leur meilleure piste.


On ne peut pas dire que la vidéosurveillance soit la grande spécialité des organisateurs, commenta-t-il néanmoins, après avoir soigneusement examiné d’un regard circulaire ce qu’il restait des installations. Ceci étant dit…


Et le Sith traversa à grandes enjambées la portion du bassin qui les séparait encore de son périmètre. Là, au plus loin de l’explosion de la bombe jetée à la hâte, de nombreux stands avaient été préservés : c’était autant d’indices sur les occupants ordinaires de cette arène de fortune et, par conséquent, sur les témoins les plus susceptibles d’avoir repéré des attitudes suspectes.


Le sol était jonché de détritus divers : c’était les assiettes, les couverts, les gobelets que les spectateurs effrayés avaient abandonné dans leur précipitation pour fuir les lieux de l’attentat et qui formaient le matériel ordinaire des stands de nourriture. Le souffle de l’explosion avait fait s’effondrer certains tréteaux de fortune, là où l’on n’avait guère construit une échoppe qu’avec de la toile militaire récupérée après le conflit et quelques poteaux métalliques tout droit sortis de chez le ferrailleur.


L’Hapien délaissa ces installations précaires pour se concentrer sur les stands semi-permanents, ceux dans lesquels les propriétaires avaient investi. Ceux-là appartenaient à des gens qui avaient tout à perdre à ce que les combats de gorgs ne s’interrompissent et qui fourniraient par conséquent les témoignages les plus motivés. Sur l’un d’entre eux où s’alignaient encore les brochettes de viande fumante, Noctis extirpa d’une flaque d’alcool frelaté, échappée d’une barrique éventrée par la projection d’un débris, un datapad bon marché.


Le Sith n’avait jamais eu un goût prononcé pour la technologie, sauf du point de vue économique, mais il en savait tout de même assez, comme tout un chacun, pour ouvrir l’appareil hors d’usage, en extirper la carte mémoire et l’insérer dans son propre lecteur. Les données ne tardèrent pas à défiler, heureusement préservées par la coque en plastique de l’effet de la petite inondation.


Rastakos & Fils, rôtisseurs de rue, lut tout haut le Seigneur Sith, avec une pointe de dédain à peine dissimulée, qui en disait long sur l’idée qu’il se faisait de ce genre d’établissement.


(Hé oui.)
(Darth Noctis n’aime pas les kebabs.)


Je suis sûr que Messieurs Rastakos se montreront très coopératifs, après les pertes subies aujourd’hui, et…


Il tourna le dos au stand pour jauger sa position par rapport au lieu de l’explosion.


… qu’ils auront eu un bon point de vue sur les événements. Mais collectons d’autres cartes de visite. Si je puis dire.


Au-delà des témoignages, Absalom espérait que l’un des commerçants se serait montré assez paranoïaque — et dans un pareil endroit, qui ne le serait pas ? — pour avoir tenu à filmer en cachette ses clients. Dans cette arène improvisée, les pickpockets devaient pulluler et Noctis aurait été surpris que personne n’ait cherché à s’en prémunir.


En tout et pour tout cependant, dans les quelques stands survivants, seuls cinq portaient la trace de leurs propriétaires. C’était une maigre récolte, mais la seule piste qui s’offrait pour l’heure à eux et les deux visiteurs reconvertis en enquêteurs finirent par quitter le bassin, pour emprunter les mêmes couloirs où, moins d’une heure plus tôt, les spectateurs s’étaient engouffrés dans la panique.


Des traces de sang témoignaient ici et là de la violence de la cohue, mais aucun cadavre à l’horizon. Personne n’avait été piétiné à mort, ce qui tenait du petit miracle. Quand ils débouchèrent dans les galeries supérieures qui reliaient les différents bassins, les deux hommes purent apercevoir quelques silhouettes qui rôdaient autour des lieux de l’attentat, pauvres hères qui avaient placé de gros paris auprès des bookmakeurs juste avant l’explosion et qui voyaient leur somme temporairement volatilisée.


Vous, là.


Un homme d’une quarantaine d’années s’approcha d’eux à grands pas après les avoir avisés. Quand il fut à leur portée, son regard tomba aussitôt sur le sabre-laser dans le dos de Sxyd et il eut un mouvement instinctif de recul.


Nous pouvons vous aider…, demanda aussitôt Noctis avec toute la douceur bienveillante dont il était capable, et elle était considérable ?
Vous travaillez avec Pwar, je vous ai vus, tout à l’heure.


Le Sith répondit par un hmm hmm évasif qui n’engageait à rien.


J’ai cinq cents crédits dans les paris, moi, qui c’est qui va me rembourser ?
Vous ne connaissez pas le nom de votre bookmakeur ?
J’ai l’air d’un annuaire ?


Un peu d’alcool sans doute et la frustration de la perte surtout avaient permis à l’homme de passer outre la crainte que l’arme de Sluissi avait spontanément éveillée en lui.


C’est que nous-mêmes ne sommes pas familiers du milieu, voyez-vous, et nos relations avec M. Pwar ne sont pas, comment dire, franchement amicales.


L’homme plissa les yeux, fixant l’Hapien d’un air méfiant, mais il fallait bien reconnaître qu’Absalom n’avait guère le type des gens louches qui frayaient avec le petit patron de l’arène.


Le Sith poussa un soupir bien calculé.


Tout cela, c’est la faute de cette cinglée…
La Rodienne ?
Ah, c’était une Rodienne, fit Absalom d’un air parfaitement étonné ?
Évidemment, s’exclama son interlocuteur, c’est de la vermine, ces…


Une nouvelle fois son regard se posa sur Sxyd. Il ravala aussitôt la suite de sa sagace analyse sur la société locale.


Mais elle sortait d’où, cette fille, vous croyez, poursuivit le Sith sur le ton d’une conversation au café du commerce ?
Qu’est-ce j’en sais ? Probablement une sans-papier que le gouvernement a débarqué ici à cause de la République, qui a viré maboule à cause de la guerre et qu’on nous envoie, alors qu’on a déjà pas de travail et qu’on vit dans l’insécurité.
Probablement, probablement, conclut poliment le Seigneur Sith.
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Darth Noctis se résolut à la plus élémentaire des équités, sans quoi il aurait directement été suspect. Bon, il l'était déjà un peu, ne serait-ce que pour la bête raison qu'il ressemblait beaucoup trop à un Humain aux yeux de Sxyd, ce qui ne pouvait que l'empêcher de grimper bien haut dans son estime – façon de dire que ça le ferait même rester bien assez bas. Sxyd attrapa le datapad et nota les coordonnées de Monsieur Pwar. Il aurait rendu ensuite l'objet à Darth Noctis si ce dernier n'avait pas eu le regard ailleurs. Sxyd rangea donc plutôt le datapad dans ses affaires pendant que son compagnon jetait un dernier regard sur les lieux entourant la “scène de crime”.

ABSALOM – On ne peut pas dire que la vidéosurveillance soit la grande spécialité des organisateurs.

Ou bien les caméras étaient très bien cachées. Sxyd n'en avait pas remarqué non plus, hormis une seule, qui ne suffisait pas du tout à garder un angle sur toute la zone ouverte au public. Il fallait se demander les raisons d'un tel manque de vidéosurveillance. Imprévoyance sotte ? Manque de budget ? Ou y avait-il une autre raison encore ? Monsieur Pwar estimait-il que ses hommes de main suffisaient à surveiller la clientèle ?

ABSALOM – Ceci étant dit...

Sxyd suivit Darth Noctis qui se dirigea vers des stands éloignés de l'explosion, et donc en parfait état... ou du moins dans le même état qu'ils avaient déjà avant l'incident. C'étaient des stands de fortune, non prévus pour demeurer ouverts en continu sur une longue période. Le corps du Sluissi dut serpenter entre de nombreux débris et autres objets lâchés par des spectateurs effrayés par l'explosion, et laissés à l'abandon sur place. Parmi tout cela, Darth Noctis récupéra un datapad, hors d'usage puisqu'ils trempait dans une flaque. Qu'importe, le Proche-Humain retira la carte mémoire pour la lire sur son propre appareil. Ainsi, il énonça que le datapad trouvé dans la flaque d'eau appartenait à un certain Rastakos, rôtisseur de rue. Sxyd se demandait intérieurement où Darth Noctis espérait en venir. Ce Rastakos constituait un témoin, certes, mais des témoins, il n'y avait que ça dans les parages, alors pourquoi ce rôtisseur de rue serait plus intéressant à écouter qu'un autre ?

Darth Noctis eut l'idée de vérifier si certains stands n'étaient pas pourvus de caméras cachées, disposées par des propriétaires de stands craignant les vols à l'arrachée. Choux blanc sur cette idée. Puisqu'il ne restait plus grand-chose à faire sur place, les deux enquêteurs quittèrent le bassin. En empruntant des galeries de traverse, ils tombèrent sur quelques silhouettes désœuvrées que l'attentat avait privées du fruit de leurs paris. L'une d'entre elle, un Humain d'âge mature et de bonne carrure, sortit de l'ombre et les interpella. Quand il remarqua le sabre-laser d'hast dans le dos du Sluissi, toutefois, il eut un mouvement de recul instinctif, ne s'étant pas attendu à avoir affaire à des utilisateurs de la Force.

L'Humain avait une réclamation. Comme les autres, il ne voulait pas s'assœir sur l'argent placé dans des paris, et demanda aux deux enquêteurs s'ils pouvaient y faire quelque chose, puisqu'ils travaillaient apparemment pour Monsieur Pwar. S'adresser au bookmakeur à qui il avait remis ses paris n'était pas une solution.

ABSALOM – Tout cela, c'est la faute de cette cinglée...
Client frustré – La Rodienne ?
ABSALOM – Ah, c'était une Rodienne ?

Bien joué de la part de Darth Noctis de feindre l'ignorance, ainsi son interlocuteur lui fournirait spontanément des informations sans se dire que les enquêteurs les possédaient déjà. C'était à double tranchant, car le client pouvait tout aussi bien penser avoir affaire à des incompétents et estimer que ça ne valait donc pas la peine de leur parler, mais par chance, cela fonctionna, sans que Darth Noctis ne semblât avoir besoin de faire appel à la Force.

Client frustré – Évidemment ! C'est de la vermine, ces...

… reptiles ? Bien que les Rodiens aient une tête de mouche, ils possèdent une peau reptilienne, et de fait, les xénobiologistes les qualifient d'espèce reptilienne, autant que les Sluissis. C'est justement parce qu'un Sluissi armé d'un sabre-laser se trouvait juste à côté de lui, que l'Humain quelque peu raciste – à croire que tout le monde l'était ici, y compris Sxyd lui-même – n'alla pas au bout de sa phrase et préféra ravaler sa salive.

ABSALOM – Mais elle sortait d'où, cette fille, vous croyez ?

Pour un “enquêteur”, Darth Noctis ne prenait pas du tout le même ton que les inspecteurs de police. Il parlait de façon beaucoup plus décontractée, espérant sans doute gagner un capital sympathie de la part de l'Humain. Sxyd, pas aussi bien rompu à l'art du mentalisme, admirait. Il ne prit pas la parole pour ne pas casser l'interrogatoire, d'autant plus que l'interlocuteur semblait avoir les races reptiliennes en mauvaise estime.

Client frustré – Qu'est-ce j'en sais ? Probablement une sans-papier que le gouvernement a débarqué ici à cause de la République, qui a viré maboule à cause de la guerre et qu'on nous envoie, alors qu'on a déjà pas de travail et qu'on vit dans l'insécurité.

Une telle réponse indiquait qu'interroger cette personne n'apporterait pas beaucoup d'éléments. Sxyd s'approcha de quelques autres personnes, en particulier d'une Quarrene et d'un Ithorien qui venaient de stopper une discussion. Il décida de prendre la continuité de Darth Noctis en feignant d'avoir appris à l'instant que la coupable était une Rodienne :

SXYD – Excusez-moi, confirmez-vous que la personne ayant causé l'explosion était une Rodienne ?

Intimidées, les deux personnes hochèrent simplement la tête.

SXYD – Bien... Savez-vous dans quelle direction elle est partie ?

Echange de regard entre les deux personnes interrogées. Elle avaient l'information mais hésitaient à la dévoiler.

Femelle Quarrene – Vous nous payez combien pour l'info ?

Il fallait s'en douter, tout se monnayait, ici.

SXYD – Pendant que vous êtes fauchée, cette Rodienne se la coule douce en préparant sûrement un nouvel attentat. C'est dans votre intérêt de nous permettre de la capturer.
Femelle Quarrene – C'est pas sa capture qui va me rembourser.

Impasse. La cliente lésée cherchait une compensation immédiate ; le moyen terme n'avait pas de pertinence pour elle. Peut-être Darth Noctis pouvait-il utiliser son magnétisme naturel et son sens aigu de la négociation pour obtenir des informations ? Car cette Quarrene et cet Ithorien savaient tous deux où était partie la Rodienne, c'était au moins ça d'évident.
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La vermine, la vermine.

Tous les talents de comédien du Seigneur Sith furent employés à ne pas écraser le parieur malheureux sous son mépris, qui était pourtant considérable, et après quelques politesses d’usage, pleines de compassion apparente pour les pertes regrettables de son interlocuteur, il se glissa aux côtés de son partenaire du moment, auquel on tentait de soutirer de l’argent.

Et ça vaut combien, cette information, selon vous ?
5 000 crédits, fit la Quarrene sans se démonter.
Mon speeder et mes chaussures, pendant que vous y êtes ?

Les deux parieurs parurent aussitôt désarçonnés par l’agressivité du Sith. Elle était pourtant bien calculée : Noctis avait parfaitement conscience qu’avec les gens qui avaient développé une dépendance, une attitude ouvertement hostile et dominatrice pouvait aboutir à une soumission spontanée. Habitués à faire des compromis dans tous les domaines de leur existence pour continuer à satisfaire leur inavouable passion, les parieurs invétérés, comme les drogués, pouvaient être manipulés avec des démonstrations de force.

Tout ce que je dis, c’est que ça vaut bien quelque chose.
Ça vaut sans doute quelque chose, c’est tout ce que je dis.

Absalom se contenta d’abord de hausser les épaules, puis lâcha d’un ton nonchalant :

Ça vaut quelque chose aussi pour tous les autres qui se promènent là…

En vérité, ils n’étaient pas non plus des dizaines à rôder autour des bassins, mais il y en avait suffisamment pour que la femme craignît de se faire voler la primeur de l’information par un autre témoin.

500 crédits, intervint brusquement l’Ithorien, qui avait justement vu sa chance dans la déconvenue de sa camarade !
Que…

Les tentacules faciaux de la Quarrène s’agitèrent furieusement.

450 !
200, glissa négligemment Absalom, qui prenait un plaisir un peu sadique à les monter l’un contre l’autre.
300 !
250.
100, lança l’Ithorien, emporté par la fougue de ces contre-enchères, sans se rendre compte qu’il venait de passer sous le prix suggéré par le Seigneur Sith.
Excellent, s’exclama aussitôt l’intéressé, avec une affabilité retrouvée, pour glisser sans attendre la somme dans la main de son futur informateur, tandis que la Quarrène paraissait désarçonnée par la tournure qu’avait prise la conversation.

Après avoir murmuré une insulte dans sa langue, elle se détacha du groupe, pour cacher plus loin sa colère et sa honte.

Elle est partie par là-bas, déclara l’Ithorien, après avoir promptement empoché ses crédits, en désignant une esplanade nue lézardée par l’impact de projectiles pendant les combats sur la planète. Elle a attendu un moment, comme si elle pensait qu’un speeder viendrait la récupérer, et quand elle s’est rendue compte que rien ne venait et que tout le monde commençait à sortir, elle s’est enfoncée plus loin, dans les buissons.

Au-delà de l’esplanade, probablement un ancien parking, il y avait en effet des rangées d’arbres et de buissons, ancien alibi de verdure dans quelque projet d’aménagement de la municipalité locale, mais qui depuis avait pris une espèce de vie à demi-sauvage, coincé dans l’enchevêtrement minéral d’une ville toujours en expansion.

Merci, monsieur, fit Noctis, vous fûtes fort secourable.

L’Ithorien, heureux de sa bonne fortune, lui qui avait perdu sept cents crédits dans la journée mais qui venait d’en gagner une centaine, s’éloigna pour partir en quête d’un pari à placer. Noctis, lui, croisa le regard de Sxyd. Le Sluissi se rendit-il compte que pour quelqu’un comme lui, les 5 000 crédits exigés au début par la Quarrène auraient été une somme aussi dérisoire que la centaine qu’il venait d’abandonner à l’Ithorien et qu’il n’avait négocié que pour le plaisir d’exercer son ascendant psychologique sur ces deux pauvres hères ?

En quelques dizaines de minutes, auprès de Pwar, des inspecteurs et des parieurs, Absalom avait révélé à son compagnon du genre sa nature de caméléon, feignant une émotion après l’autre, sans que ses intérêts propres, dans toute cette histoire, n’apparaissent encore clairement.

Alors, dites-moi, puisque nous allons travailler ensemble, commença-t-il avec le même ton courtois que d’ordinaire, alors qu’ils s’acheminaient vers l’esplanade indiquée par l’Ithorien, dites-moi si j’ai raison de déduire au fait que vous restiez à côté de moi, plutôt qu’à chercher à m’arrêter, que vous n’êtes pas un Jedi ? Et pas un Sith, que je sache, encore que je ne connais pas prétendre connaître chacun des noms de notre prolifique institution.

Volontairement ou non, il avait mis dans le mot prolifique assez d’ironie pour qu’on pût deviner le peu de bien qu’il pensait de la profusion d’apprentis et de guerriers.

Mais ils ne sont pas nombreux, les gens qui sillonnent la Galaxie avec un sabre laser mais sans affiliation.

Arrivés sur l’esplanade, un examen rapide confirma qu’il n’y aurait rien à en apprendre de particulier, et il ne leur resta plus qu’à pousser vers la verdure.

C’est par choix que vous menez cette existence qui me semble être solitaire… ?
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Sxyd contempla la phase de négociation. La Quarrenne demanda un prix bien trop élevé juste pour des informations, ce que Darth Noctis lui fit remarquer. La Quarrenne protesta mais sans donner de prix, consciente qu'elle s'était décrédibilisée en tapant trop haut. Seulement, Darth Noctis sortit une autre arme pour négocier : la concurrence. Non seulement il fit planer la possibilité d'aller marchander plus raisonnablement avec d'autres personnes dans les parages, et donc de faire passer la Quarrenne à côté de tout gain potentiel, mais il la mit même en concurrence directe avec l'Ithorien juste à côté.

Les deux furent montés l'un contre l'autre dans des enchères au rabais : il s'agissait de proposer le prix le plus faible pour être celui auprès de qui le Sith achèterait les informations. A un moment, Noctis suggéra le prix de deux cents crédits, mais la bataille fut si rude entre la Quarrenne et l'Ithorien que ce dernier descendit même au-dessous.

Quel joli tour de passe-passe de la part de Darth Noctis. Sxyd ne put qu'être admiratif devant le talent de négociateur du Sith, et en même temps cela attisa sa méfiance envers celui qui ressemblait beaucoup trop à un Humain, il n'y avait bien que son odeur pour indiquer au Sluissi qu'il n'en était pas tout à fait un. N'empêche. Cette faculté à retourner le cerveau de ses interlocuteurs était comparable à celle des politiciens et hommes d'affaires Humains tous plus cupides les uns que les autres. Sxyd avait beau être admiratif – et un peu envieux – de ce talent, il cataloguait déjà Darth Noctis dans le type de personnes qu'il méprisait.

L'Ithorien, sans même sembler se rendre compte qu'il s'était fait manipuler, dévoila les informations désirées pendant que la Quarrenne s'en allait marmonner sa défaite. Les deux enquêteurs obtinrent la direction prise par la Rodienne, et l'Ithorien précisa qu'elle avait attendu un moment, comme si elle avait pensé qu'un speeder viendrait la récupérer, mais personne n'était venu pour elle, tout le monde avait commencé à sortir, alors la Rodienne s'était finalement enfoncée plus loin, dans les buissons.

Les deux enquêteurs prirent la direction indiquée. Ce Darth Noctis était impressionnant, mais vraiment le genre de personnes que débectait Sxyd. Un beau filou, qui changeait d'émotions comme il changeait de chemise, qui jouait des rôles en permanence pour mentir, manipuler, et arriver à ses fins de la façon la plus sournoise possible.

ABSALOM – Alors, dites-moi, puisque nous allons travailler ensemble, dites-moi si j'ai raison de déduire au fait que vous restiez à côté de moi, plutôt qu'à chercher à m'arrêter, que vous n'êtes pas un Jedi ? Et pas un Sith, que je sache, encore que je ne connais pas prétendre connaître chacun des noms de notre prolifique institution. Mais ils ne sont pas nombreux, les gens qui sillonnent la Galaxie avec un sabre laser mais sans affiliation.
SXYD – Vous avez vu juste, oui. Je ne suis ni un Jedi ni un Sith... ce qui a été difficile de faire comprendre à l'inspecteur de police qui m'a interrogé tout à l'heure.

Les deux enquêteurs arrivèrent à l'esplanade. Le Sluissi dut grimper un escalier, ce qui ne lui posait pas trop de problème en dépit du fait d'être dépourvu de jambes. Un regard appuyé sur l'esplanade ne permit pas de détecter quelque élément intéressant, il restait donc à fouiller dans les buissons.

ABSALOM – C'est par choix que vous menez cette existence qui me semble être solitaire... ?

Darth Noctis se montrait amène mais cela ne changeait rien à ce que Sxyd pensait déjà de lui. Ce dernier en venait à se demander s'il y avait un but caché derrière ces questions faussement anodines. Cherchait-il déjà à deviner les intentions de Sxyd une fois au contact du Front Unifié pour la Vie ?

SXYD – Je déteste que l'on m'impose une philosophie, un dogme. La guerre entre les Jedis et les Siths ne me concerne pas.

C'était vrai, et concis. Pas besoin d'en dire plus. Sxyd commença à ramper dans les buissons, dardant frénétiquement sa langue à la recherche du moindre indice olfactif.

SXYD – Et vous alors ? Vous dites « notre institution » et Monsieur Pwar vous a appelé Darth, pourtant vous lui avez affirmé ne plus être un diplomate au service de l'Empire, mais un simple citoyen hapien. Dois-je conclure que vous avez quelques ennuis avec vos confrères de l'Ordre ? Ou bien est-ce par choix, cette retraite ?
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Des ennuis, ma foi…

Absalom haussa les épaules d’un air indifférent.

C’est le lot des Seigneurs Siths que d’être constamment le sujet des sombres méditations de leur semblable. Au sein de l’Empire, si personne ne cherche à vous assassiner ou à vous jeter dans la fosse aux rancors, c’est que vous avez raté votre vie.

En écartant les buissons, ils avaient pénétré dans une sorte de petit bois qui avait dû être jadis bien entretenu, planté là pour rassurer les associations de riverains et décorer les plaquettes publicitaires de la ville : un peu de végétation faisait des miracles sur les vues aériennes et on pouvait ainsi entretenir l’illusion que l’urbanisme minéral n’avait pas encore tout dévoré. Mais depuis la guerre, les employés de la mairie avaient d’autres et de plus urgentes préoccupations que de veiller au bon ordre de la végétation et un certain air de sauvagerie désordonnée s’était répandu comme une traînée de ronces.

Mais en effet, poursuivit Absalom en repoussant des branchages, les yeux rivés au sol, j’ai pris mes distances avec l’Empire. Trop de politique, trop d’intérêt personnel et pas assez de recherche. Ce qui m’intéresse, c’est la Force, pas les luttes de faction.

C’était la stricte vérité, mais il était tout aussi vrai que les luttes de faction faisaient partie de son quotidien et que la politique qu’il paraissait mépriser formait une bonne partie de son activité. Mais pour Darth Noctis, le pouvoir sur les affaires du monde n’était qu’un moyen de se laisser les coudées franches pour explorer la Force sans la moindre restriction et la fortune était l’assurance de n’être jamais embarrassé pour poursuivre ses expériences.

Je crois que nous pouvons remercier le mauvais temps, murmura-t-il, en suivant du regard les traces distinctes laissées par la Rodienne dans la terre que la pluie des derniers jours avait laissée meuble.

Il n’avait rien d’un traqueur, mais n’importe qui aurait pu remonter cette piste. Après une bonne dizaine de minutes à enjamber des souches et à se dépêtrer des ronces, les deux explorateurs parvinrent au bout des traces de pas, c’est-à-dire au pied d’un large tuyau qui dépassait d’un ou deux mètres du sol. La lourde grille striée qui le recouvrait avait été replacée avec soin, mais Absalom n’eut qu’à faire un geste de la main pour qu’une poussée de Force la dégage : c’était la preuve qu’on n’avait pas pris le temps de la boulonner à nouveau derrière soi.

Le Sith prit appui sur le rebord et se hissa pour jeter un coup d’oeil à l’intérieur. Les effluves qui montaient du tuyau ne trompaient pas : il donnait directement sur les égouts.

Il y a une plateforme, déclara-t-il, avant de tendre la main pour presser le bouton rouge qui servait ordinairement aux égoutiers à appeler cet ascenseur rudimentaire.

La plateforme s’éleva lentement avec des grincements sinistres, jusqu’à ce que les deux enquêteurs pussent y prendre place.

J’imagine que c’est encore le moyen le plus discret de voyager, quand on commet des attentats, remarqua le Hapien. Si toute la ville est connectée au même réseau d’égouts, le Front peut circuler d’un bout à l’autre à l’abri des regards ou à peu près.

Et dans les circonstances actuelles, après les batailles, on pouvait douter que la police locale fût en mesure de contrôler ce qui se tramait sous terre.

La plateforme recommença à s’enfoncer. La perspective d’aller s’embourber là-dedans n’enchantait guère l’Hapien, plus à l’aise dans l’élégance, la beauté et la distinction que dans la boue du terrain, mais il faisait de son mieux pour cacher sa répugnance sous une expression égale. Bientôt, ils s’immobilisèrent, avec un chuintement plaintif, et un immense souterrain s’ouvrait devant eux : au milieu, un ancien canal d’écoulement, désormais asséché, mais encore couvert d’immondices, et de part et d’autre, les chaussées qui avaient servi à la circulation des égoutiers, chacune munie d’un rail tout près du sol, dont Noctis supposa qu’il devait avoir servi à des droïdes d’entretien. Un long tube lumineux de basse intensité courait au milieu du plafond et jetait une lumière crépusculaire sur ce décor nauséabond.

Quelques mètres plus loin, le Sluissi et son acolyte se trouvèrent face à un embranchement. Ils avaient débouché dans une salle à demi-circulaire, d’où partaient cinq ou six tunnels semblables à celui dont ils venaient de sortir. Difficile de savoir lequel emprunter.

Elle doit sentir les explosifs, fit remarquer Absalom. Vous seriez capable de la repérer, malgré l’odeur ambiante ?
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ABSALOM – Des ennuis, ma foi... C'est le lot des Seigneurs Siths que d'être constamment le sujet des sombres méditations de leurs semblables. Au sein de l'Empire, si personne ne cherche à vous assassiner ou à vous jeter dans la fosse aux rancors, c'est que vous avez raté votre vie.

De ce que Sxyd avait déjà entendu de l'Empire, et qui était forcément un peu biaisé, la réponse de Darth Noctis était cohérente. C'était toutefois la première fois que Sxyd parlait de ce sujet en toute décontraction avec un Sith même. Encore que cela ne comptait pas vraiment puisque Darth Noctis confirma avoir « pris ses distances » avec l'Empire.

ABSALOM – Trop de politique, trop d'intérêt personnel et pas assez de recherche. Ce qui m'intéresse, c'est la Force, pas les luttes de faction.

L'ancien Sith en parlait avec un tel détachement et une telle bonhommie que Sxyd ne pouvait pas s'empêcher de se demander s'il n'y avait pas une autre raison plus profonde et plus précise derrière. Et puis, il venait de voir cet Humain manipuler plusieurs personnes par ses dons de rhétorique, utilisant le verbe comme un Zeltron utilisait les phéromones ; peut-être disait-il la stricte vérité mais Sxyd ne pouvait se résoudre à le croire sur parole. Comme envers chaque Humain et particulièrement ce genre-là d'Humains, Sxyd restait sur une méfiance permanente ; il remettrait toujours en doute les mots qui sortiraient de la bouche de cette infâme personne.

A la faveur des récentes pluies, la Rodienne avaient laissé des traces de pas très visibles sur la terre meuble. Derrière les buissons, les deux enquêteurs suivirent ainsi lesdites traces dans un bois peu entretenu, où les ronces s'ajoutaient aux souches parmi les obstacles à franchir hors des sentiers. Sur ses deux jambes, l'Humain semblait gêné, tandis que la longue queue du Sluissi serpentait fluidement dans la végétation, devant parfois se hisser sur des branches ou des souches pour progresser. Les traces de pas de la Rodienne les menèrent jusqu'à un gros tuyau, assez large pour permettre à des personnes de se déplacer à l'intérieur, dépassant d'environ deux mètres du sol. Une plateforme électrique servait de monte-personne pour accéder à l'intérieur du tuyau. Sxyd n'eut pas besoin de se hisser comme Darth Noctis pour percevoir de plein fouet les effluves malodorantes des égouts, son odorat de serpent ne pouvait percevoir que ça. Sxyd dut recroqueviller sa queue autour de son corps pour ne pas gêner Darth Noctis en prenant la plateforme en même temps que lui.

ABSALOM – J'imagine que c'est encore le moyen le plus discret de voyager, quand on commet des attentats. Si toute la ville est connectée au même réseau d'égouts, le Front peut circuler d'un bout à l'autre à l'abri des regards ou à peu près.
SXYD – Un repaire de hors-la-loi dans des égouts, ce serait un cliché de littérature.

commenta Sxyd avec un sourire sarcastique. Toutefois, rien n'indiquait encore que leur repaire se trouvait là-dedans. Ce serait d'ailleurs un peu triste. Darth Noctis venait simplement de suggérer que les terroristes empruntaient le réseau d'égouts pour traverser la ville sans se faire repérer.

Sxyd et Darth Noctis avancèrent le long de l'une des deux passerelles qui flanquaient le couloir dont le canal avait servi à l'écoulement d'eaux sales, mais qui n'était maintenant plus qu'un alignement d'immondices. L'éther souterrain fétide avait de quoi soulever les estomacs. Même un Humain, à l'odorat pourtant profondément moins sensible que celui d'un Sluissi, ne pouvait qu'en être affecté. Sxyd fit l'effort de s'acclimater à cette nouvelle atmosphère, car son odorat pouvait rester utile à détecter des traces olfactives moins grossières que cette ambiance d'égouts. Et justement, quelques mètres plus loin, Sxyd et Darth Noctis arrivèrent à un carrefour circulaire que rejoignaient six coursives dont celle par laquelle ils étaient entrés. Sur les passerelles métalliques, la Rodienne n'avait pu laisser aucune trace, et il n'y avait qu'à l'odeur qu'elle pouvait être pistée à présent.

ABSALOM – Elle doit sentir les explosifs. Vous seriez capable de la repérer, malgré l'odeur ambiante ?
SXYD – Je peux essayer.

Cet odorat de serpent était très avantageux pour les Sluissis, mais servait essentiellement à analyser les odeurs présentes ; pour le pistage, il ne valait pas le flair d'un cochon comme celui d'un Gamorréen. L'odeur de l'explosif était toutefois assez frappante, et avec un peu de chance, Syx pouvait en reconnaître une trace au milieu de l'éther fétide des égouts. Le Sluissi se positionna devant une première coursive et lappa les particules olfactives de l'air avec sa langue bifide qu'il ramena frénétiquement à son palais. Il plissa les yeux et émit un petit son de voix suspicieux. L'odeur caractéristique de l'explosif lui vint déjà, c'était peut-être un coup de chance, mais il devait confirmer cet indice en inspectant les quatre autres coursives, ce qu'il s'attela à faire. A chaque fois, le Sluissi se positionna devant et lappa frénétiquement l'air.

Il n'y avait vraiment que devant la première coursive qu'il sentait des traces de l'explosif. Il y revint donc et commença à ramper le long de la passerelle.

SXYD – Par ici.

Dans un pareil endroit, il se serait bien retenu de renifler à tout-va, mais son objectif lui demandait cette peine. Sa langue bifide fut ainsi bien plus active qu'à la normale, et encore plus quand il lui sembla, quinze mètres plus loin, avoir perdu la piste. Il s'arrêta, alors qu'il s'approchait d'un autre carrefour.

SXYD – Attendez. Ca ne sent plus, ici...

Mince ! Qu'avait-il loupé ? Il n'avait pas été sûr de réussir à pister la trace olfactive laissée par la Rodienne, mais avait été surpris de directement mettre la langue dessus, ce qui l'avait encouragé et lui avait fait croire qu'il allait finalement pouvoir retrouver le chemin pris par sa cible. Faux espoir ? Sxyd revint en arrière pour essayer de rattraper cette odeur d'explosif. Quand il la tint, il essaya de comprendre comment elle pouvait disparaître, et son regard se posa sur ce qu'il supposa aussitôt être la solution à l'énigme : une échelle. Un renfoncement dans le mur descendait sur une dizaine de mètres vers un étage inférieur. Sxyd fit un geste du museau.

SXYD – Elle est descendue par là.

Les échelles, pour le Sluissi, étaient moins difficiles à monter qu'à descendre. Un serpent n'avait absolument aucun problème à se hisser en s'enroulant sur les barreaux verticaux et horizontaux. Le Sluissi avait un corps plus épais qu'un simple serpent et donc moins d'espace et de prise sur les barreaux d'une telle échelle. Il y avait un risque de glisser et de chuter.
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Excellent, murmura Darth Noctis en contemplant cette nouvelle échelle avec un enthousiasme que les miasmes des égouts avaient certes considérablement diminué. Les barreaux métalliques s’étageaient sous une mousse suintante et la perspective de s’enfoncer un peu plus dans les profondeurs méphitiques de ce cloaque infâme n’avait rien de très engageant.

C’était tout à fait le genre de missions qu’il eût confié à un acolyte, mais hélas, parce qu’il avait cru que son voyage sur cette planète serait sans histoire, il s’était dispensé de s’entourer de cette suite de serviteurs dont la dévotion pour lui touchait au fanatisme sectateur et dont il avait su petit à petit se constituer une garde rapprochée. Il tira donc ses gants et entreprit de descendre promptement les échelons, sans s’arrêter un instant pour considérer la difficulté que la chose représentait pour Sxyd. La bienveillance du jeune Seigneur trouvait rapidement ses limites.

Hmm…

L’échelle aboutissait en quelque sorte à un cul de sac. La galerie dans laquelle ils venaient de déboucher étaient faites de pierres soigneusement jointes, plutôt que de longs tubes métalliques, comme celle du dessus, et avait été construite de toute apparence à une date plus ancienne. Mais elle était aussi brutalement coupé par une épaisse porte métallique, dont on distinguait tant bien que mal la forme dans une obscurité nouvelle.

Les yeux d’Absalom s’habituaient peu à peu à l’obscurité, alors qu’il s’approchait de la porte circulaire, pour mieux l’examiner.

La serrure électronique est beaucoup plus moderne, commenta-t-il, à moitié pour lui-même. Je crois que nous sommes dans un ancien système d’égouts, théoriquement désaffecté et remplacé par les installations au-dessus de nous, de toute évidence plus modernes. Mais quelqu’un s’est pris d’un intérêt moins qu’archéologique pour ces corridors oubliés.

Ses doigts effleurèrent le boîtier électronique qui gouvernait à la serrure et il y eut un léger trouble dans la Force : alors qu’il imposait une surtension à l’appareil, un crépitement électrique se fit entendre, puis la serrure céda tout à fait. Il ne restait plus qu’à tirer la lourde porte, ce qu’Absalom fit tant bien que mal, les gonds jouant malaisément, à cause de leur âge et de la rouille.

De l’autre côté, le couloir était plongé dans la plus complète obscurité. Le Hapien, qui n’avait pas prévu de se livrer à de la spéléologie urbaine, n’eut guère que la fonction d’éclairage de son datapad pour se reconnaître et il en promenait le faisceau carré tout autour de lui. Les odeurs se dissipaient petit à petit : ici, les couloirs étaient secs et, depuis longtemps, les détritus s’y étaient sédimentés. On sentait plutôt la poussière que les immondices.

Le couloir prenait décidément la direction de la ville. Confusément, au-dessus de sa tête, Darth Noctis entendait la rumeur de l’eau qui continuait à s’écouler dans les égouts à proprement parler, ce qui ne l’empêchait pas de marcher à pas aussi précautionneux que possible, afin de ne pas alerter leur proie, si par hasard ils surgissaient dans le repaire des terroristes.

Après une bonne demi-heure de marche quasi silencieuse, il s’arrêta brusquement, alerté par son instinct auquel la Force murmurait. La lumière de son datapad éclaira toute la circonférence du couloir, avant de se fixer sur une petite machine, ancrée dans la pierre, au-dessus d’eux. Une alarme, ce qui était plutôt bon signe : ils étaient sur la bonne voie. Noctis plissa les yeux et, une nouvelle fois, la machine fut parcourue d’une légère surtension, jusqu’à s’éteindre tout à fait, et les deux explorateurs reprirent leur progression.

Il leur fallut encore un quart d’heure pour arriver à une première sortie. C’était une échelle qui remontait droit vers la surface, à en juger par le nombre d’échelons qui se perdaient dans l’obscurité au-dessus d’eux.

Il n’est pas certain qu’elle soit partie par là, concéda le Sith, et possible qu’il existe plus loin d’autres issues.

En tout cas, l’examen rapproché des barreaux confirmait qu’ils avaient été empruntés peu de temps auparavant : leur poussière était marquée par des traces de pieds et de mains, dont la largeur cadrait avec la physionomie de la Rodienne. C’était encore le meilleur indice qu’ils avaient à leur disposition et Absalom décida d’entreprendre l’ascension. Comme ils avaient pu le pressentir, l’échelle ignorait le nouveau système d’égouts et allait droit à la surface, probablement dissimulée derrière les parois métalliques des conduits récents.

Quand il fut arrivé au dernier barreau, Absalom sonda dans la Force ce qu’il y avait de l’autre côté de la dalle qui leur barrait encore le passage et, trouvant que personne ne les attendait là, il la souleva aussi discrètement que possible, avant de s’extirper, pour prendre pied dans ce qui paraissait être l’arrière-cours d’une manufacture, encombrée de pièces détachées et de caisses de matériel. Des caisses qui pourtant les blasons des diverses institutions auxquelles elles avaient probablement été subtilisées…
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Sxyd laissa Darth Noctis descendre l'échelle en premier, puis se faufila à sa suite. Contrairement à la plupart des races pourvues de jambes, le Sluissi descendit l'échelle la tête la première, comme le ferait un vrai serpent, utilisant sa longue queue de serpent comme support et contre-poids sur l'étage, évitant ainsi à son buste de se laisser emporter par son poids. Il cramponna les barreaux un à un avec ses mains en descendant, et dès qu'il put le faire, il glissa sa queue entre les barreaux afin de conserver un appui. Il sentit la mousse suintante sur ses écailles et réprima un certain dégoût, se faisant violence pour emprunter cette échelle à peau nue, contrairement au Sith Humain qui avait des pottes aux pieds et des gants aux mains, lui évitant un contact direct avec les mousses putrides.

En bas de l'échelle, le Sluissi posa les deux mains au sol et s'avança en laissant lentement couler de l'échelle sa longue queue de serpent jusqu'à pouvoir se redresser. Une façon qui semblait assez atypique de descendre une échelle, mais qui était en fait la plus naturelle pour lui. Descendre tête en haut, impliquerait de laisser d'abord tomber sa queue pour la faire s'accrocher aux barreaux et glisser en arrière vers le bas. Alors que sa queue pouvait servir de contre-poids à son buste et lui permettre de “ramper” sur l'échelle. Il fallait être un Sluissi pour le comprendre. Après tout, un vrai serpent serait descendu tête en bas.

Une fois cet obstacle franchi, il fut confronté avec Darth Noctis à un tout autre : une porte épaisse et blindée, commandée par un digicode. Le tunnel était condamné de l'autre côté. Celui-ci était construit dans la pierre, et non dans le métal, et semblait plus ancien. C'est comme si le réseau d'égouts avait été refait entièrement. Restait toutefois cette porte, dont la commande digitale ne résista pas à une surtension de la Force appliquée par le Sith. Ce tunnel ne servait plus d'égouts, mais des gens l'empruntaient toujours, manifestement.

La porte franchie, Sxyd essaya de recapter la piste olfactive laissée les composants alchimiques manipulés par la Rodienne. Il réussit, non sans peine, la piste restant toujours aussi subtile, or le Sluissi n'avait pas non plus le flair d'un Gamorréen qui, lui, parviendrait sans doute à flairer l'odeur de la Rodienne même. Si cette dernière n'avait pas porté sur elle la marque olfactive des composants de sa bombe artificielle, Sxyd n'aurait pas été capable de la pister. L'odeur corporelle d'une personne, sauf odeur très forte comme celle d'un Hutt – ou d'un Gamorréen, justement –, ne restait détectable par l'odorat de l'homme-serpent qu'une dizaine de minutes après un simple passage. C'était déjà extraordinairement plus que ce dont la majorité des humanoïdes étaient capables. Heureusement, l'odeur capiteuse que portait la Rodienne sur elle était bien plus forte et plus tenace, et il n'y avait pas besoin d'un flair de cochon pour la capter : un odorat de serpent suffisait.

C'est ainsi qu'au bout de trois quarts d'heure, Sxyd sentit que la piste s'échappait par une autre échelle, montante cette fois. Darth Noctis, avec son pauvre odorat d'Humain, dut se fier à d'autres indices, tels que les empreintes laissées sur les barreaux.

ABSALOM – Il n'est pas certain qu'elle soit partie par là, et possible qu'il existe plus loin d'autres issues.

Sxyd lécha scrupuleusement l'air à un centimètres des barreaux avec sa langue de serpent, et assura :

SXYD – Notre artificier Rodienne est bien passée par cette échelle.

Comme précédemment, bien que cette fois-ci il s'agît de monter, Darth Noctis passa le premier, soulevant après inspection dans la Force la dalle au sommet du conduit. Cette échelle ne remontait pas dans les canalisations actives, mais directement à la surface. Sxyd la grimpa à la suite du Sith, et il n'y eut rien de spectaculaire à le voir faire cette fois-ci, l'action se réalisant de la même manière pour lui que pour un humanoïde, sa queue de serpent jouant le même rôle que des jambes pour se hisser sur les barreaux.

Sxyd replaça consciencieusement la dalle en fermant le conduit par lequel il venait de déboucher sur l'arrière-cour d'un bâtiment, où étaient entreposées tout un tas de pièces détachées et de caisses remplies de matériels divers. Les odeurs de suie, d'ammoniac, et autres substances potentiellement nocives, assaillirent les narines et la langue du reptile, et n'auraient pas manqué de lui faire tourner la tête s'il n'y avait pas été habitué depuis son jeune âge. Toutefois, à partir de maintenant, impossible de continuer à pister la Rodienne : la trace olfactive se mélangeant à un tas d'autres odeurs aussi fortes se couvrant les unes les autres.

Sxyd se planqua derrière une pile de caisses, pour observer les lieux avant d'agir. Il était typiquement dans les conditions d'une mission d'infiltration, à la différence près que, dans son esprit, il n'infiltrait potentiellement pas un ennemi ; or il ne pouvait pas le montrer à cause de son compagnon d'aventure. Il n'était pas là pour assassiner qui que ce soit, et risquait de devoir empêcher son compagnon de le faire.

Il ne vit ni n'entendit personne pour l'instant dans cette arrière-cour ; quant aux odeurs, son sens était brouillé par l'amalgame flottant en cet endroit. En revanche, à force d'examiner sans céder à la précipitation, il repéra une caméra qui surveillant la zone devant une porte – cette dernière servant sûrement d'issue de secours en plus d'accès à cette arrière-cour. Sxyd et Darth Noctis n'étaient pas arrivés n'importe où, pour que cette simple porte – qui ne semblait pas fermée par un digicode – à l'arrière du bâtiment soit surveillée par une caméra. Darth Noctis avait déjà fait démonstration de sa capacité à utiliser la Force pour neutraliser les dispositifs de sécurité, aussi Sxyd lui fit-il un signe pour lui faire remarquer cette caméra.

C'est alors que la porte s'ouvrit et qu'en sortit une Duro, portant dans la bouche un appareil à fumer. Elle portait des vêtements punk : une chemise noire sans manche en cuir, des chaînes autour du cou, un soutien-gorge blanc cassé apparent sous sa chemise, un pantalon bleu-gris partiellement déchiré. Et un blaster à la ceinture. Sitôt dehors, elle se mit à promener son regard parmi tout le matériel entreposé dans l'arrière-cour, ne se doutant pas un instant de la présence de deux intrus. Elle était visiblement venue chercher quelque chose de particulier, chose confirmée par cette phrase :

Duro – Putain, où est-ce qu'elle a été foutre son bordel...

Sxyd se mit comme objectif d'immobiliser cette femme pour l'interroger. Il fit signe à Darth Noctis de rester inactif. Puis, sans un bruit, le Sluissi se glissa derrière une caisse plus près de la Duro, en se ratatinant pour ne pas laisser dépasser sa tête. Sa queue, repliée, dépassait légèrement mais par un côté caché à la vue de la Duro. Un instant, sa cible lui fit face. Sxyd s'aida de la Force pour percevoir les mouvements de celle-ci sans utiliser ses sens physiques. Dès que la Duro lui tourna le dos et commença à fouiller ailleurs, l'homme-serpent rampa jusque derrière elle, son corps n'émettant aucun bruit en se déplaçant sur le sol. Sa main gauche vint fermement plaquer la bouche de la Duro au même moment où sa queue vint emprisonner ses jambes et ses hanches dans ses anneaux.

SXYD – Tu alertes qui que ce soit, je te tue. Tu réponds simplement à mes questions, et je te laisse la vie sauve. Acquiesce.

Le premier réflexe de la Duro fut d'essayer d'attraper son blaster : en faisant ainsi l'erreur de garder le bras contre son corps, elle ne rendit que plus facile la tâche d'immobilisation : le Sluissi enroula sa queue plus haut et lui emprisonna le bras avec le bas du torse en plus de se plaquer contre le blaster, le rendant inaccessible. Il ouvrit grand sa gueule sur le côté du visage de la Duro, exhibant ses deux crochets venimeux en sifflant, la menaçant d'une morsure que la proie devinait sans doute mortelle, plus ou moins à tort. La Duro punk voulut jouer les dures-à-cuire malgré tout, et sa main gauche essaya d'enfoncer des coups de poing dans l'épaisse queue de serpent enroulée autour d'elle ; le cuir reptilien encaissa parfaitement ces coups qui manquaient de force. En réponse, Sxyd serra un peu plus ses anneaux, donnant vite une sensation d'étouffement à sa proie, et lui faisant deviner qu'avec un tout petit peu d'insistance, quelques os finiraient par être broyés.

Après s'être bien débattue, la Duro fut frappée par la fatalité de sa situation, et acquiesca enfin. Sxyd commença à retirer lentement sa main de sa bouche... et soudain la Duro vint lui mordre un doigt avec hargne ! Sous l'effet de douleur, Sxyd siffla assez fort mais heureusement personne ne put l'entendre. De son bras gauche toujours libre, la Duro essaya de lui porter un coup de coude en arrière au niveau du visage. Sxyd se résolut à lui mordre en retour le bras, lui plantant ses crochets dans le biceps, et lui injectant de fait son venin ; sa main droite alla à son tour lui plaquer la bouche pour étouffer son cri. Coriace, cette femme !

Sxyd n'eut qu'à la garder immobilisée patiemment quelques dizaines de secondes pour que sa proie commençât à sentir l'effet du venin. Engourdissement du bras, ralentissement du rythme cardiaque, sensation de lourdeur...
Sxyd ne savait pas si quelqu'un allait rapidement venir chercher cette femme qui commençait à s'absenter un peu trop longtemps juste pour un objet à récupérer. Seulement, pour se déplacer, il devait défaire ses anneaux. Cette Duro avait sans doute l'esprit fort, mais le venin commençait déjà à l'affaiblir. Sxyd tourna son buste autour d'elle pour la regarder droit dans les yeux, comme pour l'hypnotiser, et d'un geste de la main, lui imposa par la Force la pensée suivante :

SXYD – Tu vas me suivre docilement pour répondre à mes questions.
Duro – Je... te suis docilement pour... répondre à tes questions...

Ca n'avait pas été loin de ne pas fonctionner. Mais l'essentiel était là. Sxyd la relâcha et la guida par le bras jusqu'à sortit de l'arrière-cour avec Darth Noctis, de sorte à ce que si une personne venait chercher la Duro, il ne la trouve pas. Là, le Sluissi s'enroula de nouveau autour de sa malheureuse proie, immobilisant cette fois-ci ses deux bras dans ses anneaux.

SXYD – Quel est ce bâtiment ?

D'une voix un peu lancinante, comme une junkie venant de s'injecter un shoot, la Duro répondit :

Duro – Front Unifié pour la Vie...
SXYD – Combien êtes-vous à l'intérieur ?
Duro – Lâchez-moi...

La Persuasion de Force ne faisait évidemment plus effet, mais la Duro, consciente de sa situation – étreinte, immobilisée, empoisonnée par du venin – ne pouvait que répondre sous la menace. Sxyd insista :

SXYD – Combien êtes-vous à l'intérieur ?
Duro – Je sais pas... Une trentaine peut-être...

Darth Noctis avait certainement des questions à poser, lui aussi...
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Même après avoir signé la Galaxie dans tous les sens, c’était la première fois que Darth Noctis observait un Sluissi en plein combat et son regard brillait de curiosité, alors qu’il fixait avec une attention scrupuleuse les gestes et les attitudes de l’homme-serpent dans sa mémoire. C’était un souci de savant, plutôt que de tacticien : il ne comptait pas affronter Sxyd dans un futur proche, et quand bien même quelque divergence de vue devait les opposer, et même les opposer mortellement, le corps-à-corps n’était jamais le terrain de prédilection du Sorcier Sith.


La Duro immobilisée, bientôt plongée dans un état second, Absalom quitta son poste d’observation et sa propre influence vint s’ajouter à celle du Sluissi, plus sombre, plus pénétrante, plus envoûtante. Le venin facilitait considérablement l’exercice et Absalom, qui avait passé lui-même bien des années à développer des armes chimiques de masse destinées à permettre le contrôle mental de toute une planète, était familier des interactions entre les substances vénéneuses et les pouvoirs de la Force.


Avez-vous un chef, murmura-t-il d’une voix que la Duro crut entendre résonner jusque dans les tréfonds de son esprit ?
N… non…, bégaya-t-elle, pas vraiment…
Comment prenez-vous vos décisions ?
Des… comités d’action… autogérés…


Les questions du Sith n’avaient pas grand-chose à voir avec celles d’un homme qui aurait été simplement déterminé à arrêter une terroriste en fuite. Et pour cause : Absalom s’intéressait beaucoup plus à un groupuscule capable de commettre un attentat avec une relative efficacité qu’aux organisateurs de vulgaires combats d’animaux. Les seconds offraient la perspective d’un commerce lucratif, certes, mais ce n’était pas l’argent qui lui manquait. Les premiers étaient potentiellement des agents efficaces et déterminés, et c’était là une ressource beaucoup plus rare et beaucoup plus précieuse.


Comment choisissez-vous vos membres ?
Par co… coopta…


Les paupières de la Duro, victime du venin et de la pression que les deux hommes exerçaient à travers la Force sur son esprit, s’alourdissaient de seconde en seconde.


Cooptation, suggéra le jeune Seigneur ?


La punk hocha faiblement la tête.


Dors maintenant, murmura Darth Noctis, en effleurant son front de l’index et du majeur, juste avant que le corps de la jeune femme ne s’affaisse entre les anneaux étroitement serrés de Sxyd.


Laissant au reptile le soin de séquestrer leur informatrice, Absalom se mit à inspecter les caisses au petit bonheur la chance. Certaines contenaient des vivres, surtout des rations militaires, d’autres des composants chimiques, d’autres encore des vêtements. Deux d’entre elles seulement contenaient des armes, dérobées à la police. Les capacités du Front à s’équiper pour des opérations lourdes semblaient somme toute limitées.


Ce fut cependant les vêtements qui attirèrent l’attention de Darth Noctis. Après un dernier coup d’oeil à la Duro, il se dépouilla rapidement des siens, restant en sous-vêtement dans l’arrière-cour. Son corps, même pour un Hapien, avait, selon les standards humains, une beauté dont la perfection irréprochable, et pour tout dire contre-nature, était la conséquence d’arcanes obscures et rarement explorées de la sorcellerie sith. Quelques secondes plus tard, Absalom était rhabillé, avec les vêtements glanés dans la caisse.


La transformation était saisissante. Il avait adopté le style de la Duro : pantalon déchiré, tee-shirt à l’effigie des Slaughtering Jawas, un groupe de deep galatic death laser bien connu, blouson de cuir et cheveux jetés dans le désordre le plus absolu. Il n’y avait pas jusqu’à ses gestes, sa façon de marcher, ses regards, les expressions de sa visage qui n’avaient changé, pour emprunter un air plus brusque et plus bravache, une impression de rébellion qui tranchait avec son calme aristocratique. Dans une autre caisse qui contenait des pièces détachées pour moteur, il plongea les mains dans un barrique d’huile mécanique, pour s’en enduire consciencieusement les cheveux, effaçant leur blond au profit d’un noir sombre et brillant.


Ainsi donc les pouvoirs de persuasion surnaturels du Seigneur Sith s’appuyaient d’abord et avant tout sur des techniques ordinaires, mais solidement acquises — dont celles du comédien.


L’homme se pencha pour tirer un objet du tas de ses vêtements. Un sabre laser, qu’il fit disparaître dans la poche intérieure de son nouveau blouson. Ainsi donc, il en portait bien un. Il rejoignit la Duro inanimée pour la soulager de son blaster qu’il fixa à sa cuisse, bien évidence, comme un accessoire plutôt que comme une arme véritable, au demeurant : ses talents de tireur étaient plus que limités.


J’crois qu’il est l’heure d’se mêler à la population, déclara-t-il d’une voix rocailleuse qui n’avait plus grand-chose à voir avec son ton ordinaire, après avoir repoussé du pied ses anciens vêtements dans le puits qui leur avait donné accès à l’arrière-cour.


Et, sans hésiter, il frappa trois lourds coups à la porte, qui était pourtant ouverte. Quelques secondes plus tard, un type avec un nez de porc, des oreilles tordues et de petits yeux de fouine, métisse d’une dizaine de races peut-être sur quelques générations, comme on en trouve toujours dans les alentours des astroports mal famés, ouvrit la porte à la volée et grogna :


Qu’est-ce tu fous Devari ?

Quand son regard tomba sur Absalom et puis sur Sxyd, il s’exclama vivement :


Putain, t’es qui toi ?
Mike, lâcha Absalom d’un air ennuyé.
Mike qui ?
Juste Mike, t’es d’la police, ou quoi ?
Elle est où, Devari ?
L’excitée du blaster ? Mon pote et moi, on a dû la mettre au lit, elle était vachement vindicative.


Les doigts de l’autre frémissaient près de son blaster, mais l’étrangeté de la situation le plongeait dans une sorte d’indécision dont la conversation vive de Darth Noctis l’empêchait toujours de se tirer.


Bon, on peut rentrer ?
Ben du tunnel, abruti.
Le… mais…
C’est Mike qui nous l’a montré.
J’croyais que c’était toi, Mike.
L’autre Mike.
L’autre Mike ?


L’hybride cligna plusieurs fois des yeux. Darth Noctis le fixait intensément. Le Côté Obscur devenait presque palpable tout autour de lui, alors que sa volonté remplaçait petit à petit celle de sa victime. Bientôt, le type répéta d’un air absent :


Ah oui… l’autre Mike…


Puis Absalom commença à relâcher progressivement son emprise.


Il a dit que si on avait envie d’faire du concret, c’est par ici qu’il fallait venir.
C’est quoi qu’il a dans l’dos, ton pote ?
Sabre laser, lâcha le prétendu Mike d’un ton dégagé.
Où… où est-ce qu’il a trouvé ça ?
Qu’est-ce j’en sais ? J’suis pas sa mère. Va lui demander, toi.


L’inconnu considéra Sxyd avec circonspection et jugea que sa curiosité n’excédait finalement pas sa prudence.


Bon, tu nous l’fait remplir, ton formulaire d’adhésion, où on va rester là à tailler l’bout du gros pendant trois plombes… ?
Faut… qu’on aille en parler aux autres…
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Darth Noctis prit la parole et Sxyd fut curieux de découvrir quelles questions il allait poser. La première fut assez évidente : avaient-ils un chef ? Etonnamment, la réponse fut négative, mais impossible d'en douter de la sincérité, d'autant plus que Sxyd sentit son compagnon du jour user à son tour de son influence dans la Force.
Deuxième question : comment prenaient-ils leurs décisions, en l'absence de chef ? Réponse : des comités d'action autogérés. Ca faisait sens. Même les groupuscules ayant un chef à leur tête agissaient souvent après délibération d'un comité de membres plus ou moins restrictif. Ces groupuscules-là n'obéissaient pas aux ordres d'une seule tête, et le chef préférait soumettre ses idées et ses plans à l'approbation de ses membres les plus loyaux. Ici, le Front Unifié pour la Vie n'avait pas de chef, mais cela ne changeait pas le fonctionnement d'une prise de décision.

Sxyd se posa un instant pour se demander pourquoi Darth Noctis s'intéressait au fonctionnement interne du Front Unifié pour la Vie. Une hypothèse lui parut évidente : grâce à ses talents de diplomate et de comédien, il ferait un parfait agent infiltré, pour saboter le groupuscule de l'intérieur. Son approche serait donc l'infiltration, et non l'assaut. Il ne comptait pas organiser une opération commando pour éliminer les figures du groupuscules. Il lutterait contre eux de l'intérieur – Sxyd restait encore persuadé que Darth Noctis souhaitait le démantèlement du Front Unifié pour la Vie contrairement à lui.

L'idée de l'infiltration fut clairement confirmée par la troisième question : comment les membres étaient-ils choisis ? Réponse : par cooptation. Voilà pourquoi il était intéressant de voir quelles questions Darth Noctis allait poser : cela donnait des indications quant au plan d'action qu'il avait en tête. Nul besoin pour Sxyd de lui demander ce qu'il comptait faire, c'était désormais évident, et la bonne chose, c'est que Sxyd lui-même avait prévu de faire la même chose : les infiltrer, pour ensuite décider s'il leur apporterait son soutien.

Ce fut la dernière question avant que la Duro ne perdît connaissance. La Sluissi déroula ses anneaux, étendant son long corps de serpent au sol, et couchant délicatement sa proie au sol plutôt que de la laisser tomber au risque qu'elle se cause une blessure. En vrai, Sxyd n'avait pas eu envie d'aller jusqu'à la mordre, mais la Duro ne lui avait pas laissé le choix en se montrant à ce point coriace. Il saluait intérieurement sa combativité, et n'avait aucune envie de lui faire du mal, plus que ce qu'il avait fait en la mordant. Vu la constitution de la Duro, Sxyd était à peu près certain que son venin ne la tuerait pas, et son organisme ne devrait pas mettre plus d'une heure à l'éliminer.

Pendant que Darth Noctis fouillait les caisses, sans sembler craindre que quelqu'un débarque dans l'arrière-cour pour venir chercher la Duro, Sxyd fouilla directement cette dernière, et s'intéressa tout particulièrement à son datapad. L'écran se débloquait par empreinte digitale, et Sxyd avait ce qu'il fallait à portée de main. Il parcourut les données en cherchant certains éléments en particulier. Puisque l'idée était d'infiltrer le Front Unifié pour la Vie, Sxyd serait plus crédible s'il avait connaissance de plusieurs actions menées par le groupuscule, et du nom de plusieurs contacts.
Il trouva plusieurs informations en ce sens, qu'il ne pouvait pas toutes mémoriser dans le détail, aussi se concentra-t-il sur une ou deux et sur les principaux éléments, de quoi juste lui permettre de les évoquer vite fait en ayant l'air de savoir de quoi il parlait. En fouillant, il finit même par tomber sur l'identité de la personne neutralisée dont il fouillait le datapad, apparaissant sur un document du FUV : Devari, race Duro, sexe femelle.

Il éteignit le datapad et le replaça dans la même position. Il rejoignit Darth Noctis qui maintenant se déshabillait pour arborer des vêtements trouvés dans les caisses de matériel et le faisant ressembler à d'autres activistes. Pour le coup, il se donna le même style vestimentaire que la Duro, et alla même jusqu'à se glisser du suif dans les cheveux. Sxyd n'avait pas ce souci : les vêtements qu'il portait étaient tout à fait quelconques, et il n'avait pas besoin d'en changer pour se donner une fausse identité. En revanche, si Darth Noctis put cacher son sabre-laser dans ses nouvelles fringues, Sxyd n'avait pas d'autre possibilité que de le garder apparent, s'il ne voulait pas s'en séparer. On l'interrogerait forcément dessus, mais Sxyd avait l'habitude de balayer le sujet avec un gros mensonge.

ABSALOM – J'crois qu'il est l'heure d'se mêler à la population.
SXYD – Vous en avez sûrement conscience, mais cette Duro va finir par se réveiller, elle a vu nos visages, et dès lors, elle nous dénoncera. J'estime que nous avons entre une demi-heure et une heure avant qu'elle ne reprenne connaissance. Voire moins, si son organisme est résistant.

La porte n'était même pas fermée, mais Darth Noctis resta à sa place et frappa. Il ne s'agissait pas de s'introduire sans se faire repérer, mais de se faire passer pour des volontaires, des gens voulant rejoindre le mouvement. Entrer par effraction n'aurait aucun sens... si tant est que cela en avait déjà de se présenter par la porte de l'arrière-cour. Sxyd laissa Darth Noctis faire, se disant qu'il devait savoir ce qu'il faisait.

Un homme de race hybride se pointa. Dans ses origines proches, il devait y avoir du Gamorréen, à en juger par son groin et ses oreilles. Un enfant des rues probablement né d'un viol et que tout le monde devait appeler “bâtard”.
Darth Noctis échangea quelques mots avec lui d'un air assuré, affirmatif, cherchant à garder le contrôle du dialogue, ne laissant jamais le temps à son interlocuteur de réfléchir. Ce Demi-Gamorréen ne devait de toute façon pas être une personne très futée, mais Sxyd s'en voulait déjà d'être méprisant à cette pensée. Evidemment, le portier du moment tiqua sur le sabre-laser de Sxyd qui ne pipait mot, Darth Noctis l'avait déjà anticipé lui aussi et ne montra aucune hésitation, aucune confusion, affirmant sans broncher qu'il s'agissait bien d'un sabre-laser et invitant le brave type à poser la question directement au Sluissi s'il voulait savoir où ce dernier l'avait trouvé.

Darth Noctis insista pour remplir le formulaire d'adhésion, et ayant eu l'esprit retourné, le brave Demi-Gamorréen tempéra qu'il fallait « en parler aux autres ». Devant le regard insistant des deux candidats, il accepta de laisser entrer ces derniers, et les fit patienter dans un couloir, devant une porte menant à des vestiaires munis de casiers et de douches au fond. On entendit le Demi-Gamorréen balancer plusieurs noms – Dreevaabra, Pom'n'ri, Jubjii – en demandant où ils étaient, car « deux types voulaient remplir le formulaire d'adhésion ». Une personne lui répondit d'un ton maussade mais Sxyd ne comprit pas ce qu'elle dit. Finalement, au bout de quelques instants, le Demi-Gamorréen revint avec une Rodienne. Sxyd tiqua en gardant son visage reptilien impassible, malgré quelques tics de sa queue : était-ce la Rodienne ? Cette Rodienne qu'ils avaient poursuivie ? Celle qui avait balancé son sac avec la bombe ? Il pouvait y avoir plusieurs Rodiennes dans le bâtiment, cette race était commune, et il fallait rester prudent. Mais c'était une possibilité.

Demi-Gamorréen – Bon voilà, j'vous laisse avec Jubjii.

La Rodienne toisa le Proche-Humain et le Sluissi de haut en bas, puis appuya sa main sur la hanche d'un air nonchalant. Machinalement mais avec un intérêt tout particulier, Sxyd léchait son odeur corporelle avec des mouvements frénétiques mais anodins de sa langue de serpent. Il n'avait jamais pu sentir l'odeur de la Rodienne coupable de l'explosion aux arènes de combats de gorgs, mais autant retenir celle-ci. S'il finissait par apprendre qu'il s'agissait de cette personne, alors il saurait la reconnaître.

Rodienne – Joli sabre-laser !

Sxyd resta stoïque, fixant la Rodienne dans les yeux, ne cherchant pas à répondre un stupide “merci”.

Rodienne – C'est pas courant de se trimballer avec des trucs pareils...

Là encore, Sxyd ne se sentit pas obligé de répondre, montrant qu'il n'avait aucun problème avec le fait d'avoir un sabre-laser dans le dos. Parfois, plus c'est gros, plus ça passe. Montrer le moindre signe de malaise serait fatal et attirerait une méfiance indélébile.
La Rodienne considéra ses deux interlocuteurs :

Rodienne – Pourquoi vous voulez rejoindre le mouvement ?
SXYD – Ce qui m'a décidé, c'est le coup du Gambit Scélérat. J'suis orphelin, et la seule personne qui s'est véritablement occupée de moi, a tout perdu à cause du gérant de ce foutu casino. Plus de ferme, plus de champs, plus de revenus, plus rien. Votre coup, c'était du génie, et je me suis senti vengé. Je suis né dans le marais derrière la Baie de Spavoon. Des espaces comme ça, c'est aussi mon identité, une part de moi. Mes parents sont morts pour les protéger, et je peux pas laisser des gens comme Tisko ou Pwar tout faire disparaître et arnaquer ceux qui font un travail honnête.
Rodienne – Et ton sabre-laser, c'est ton fermier de parrain qui l'avait ? Parce que c'est bien connu que tous les fermiers ont ça chez eux...
SXYD – Non, c'est mon père. Je ne sais rien des Jedis ou des Siths, mais ça, c'est la mémoire de mon père, mais aussi de ma mère, de ceux qui sont nés dans ces marais et qui sont prêts à se battre pour défendre les terres sauvages. Vous ne voyez qu'un sabre-laser, moi je vois autre chose.

Du pur mensonge de A à Z. Et pourtant, Sxyd n'avait pas particulièrement envie de mentir au Front Unifié pour la Vie : s'il venait à les rejoindre, il finirait par en dévoiler plus sur lui, et ces mensonges finiraient par s'effriter petit à petit. Il ne voulait pas s'inventer une vie auprès de gens qu'il souhaitait soutenir. S'il mentait à ce point, ici et maintenant, c'est uniquement à cause de la présence du Sith – ou ancien Sith. Darth Noctis, lui, n'avait rien à savoir de la vie de Sxyd ; il devinerait que c'était un pur mensonge, mais au moins, il ne saurait rien de la vérité, ça ne le regardait tout simplement pas.

Rodienne – Et toi ? Pourquoi tu veux rejoindre le mouvement ?

demanda-t-elle à Darth Noctis.
Absalom Thorn
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Et toi ? Pourquoi tu veux rejoindre le mouvement ?
T’as vu ma gueule ?


La Rodienne plissa les yeux. Leur noir avait quelque chose de plus intense, comme si elle cherchait à percer à jour cet homme si sûr de lui et si peu décidé, apparemment, à se montrer conciliant. Noctis, lui, savait bien qu’une approche rugueuse portait souvent ses fruits : les gens étaient d’autant plus portés à accorder leur confiance qu’on paraissait moins disposé à la solliciter.


Tu n’es pas humain, finit par murmurer prudemment la Rodienne, qui avait assez fréquenté d’humains pour saisir dans les grandes lignes leurs critères de beauté.
Hapien, confirma le Sith d’un hochement de tête.


Il s’abstenait de donner la moindre explication, bien conscient que son interlocutrice serait d’autant plus convaincue par ses raisons si elle pouvait les imaginer par elle-même. Devant le silence tranquille de l’homme, elle finit par suggérer, avec un demi-sourire amusé :


En rupture de ban avec la société ?
Avec la mienne et ma famille, ouais, ça, c’est sûr. Jamais eu la fibre fasciste, quoi.


De la part d’un Seigneur Sith, l’ironie était entière. Mais il servait à la Rodienne une histoire crédible, parce qu’elle était banale : un jeune grandi dans une société eugéniste et restrictive, qui cherchait à se libérer des préjugés des autorités qui avaient assombri son éducation et embrassait une cause radicalement opposée à celle qui dominait sa planète. Après un tout, un Hapien rebelle n’était-il pas une recrue toute naturelle pour un Front qui affirmait l’égalité entre toutes les espèces ? Qui de mieux placé pour connaître les ravages d’une société fermée et trop soigneusement hiérarchisée ?


J’suis pas spécialement en odeur de sainteté, par chez moi, poursuivit Absalom d’un ton dégagé, alors j’ai pas mal baroudé pour trouver des gens qui soient plus ouverts, dans la Bordure et tout ça, quoi, puis me voilà, de fil en aiguille.


C’était vague, mais c’était après tout l’histoire de bien des membres du Front et il y avait juste assez d’émotion, comme pudiquement retenue, dans le regard d’Absalom pour que Jubjii eût l’impression de déceler malgré lui l’authentique fragilité d’un faux dur à cuire. Elle finit par hocher lentement la tête, après les avoir encore fixés l’un et l’autre un moment.


Suivez-moi.


Ils traversèrent les vestiaires, pour déboucher dans une vaste salle qui ne laissait guère de doute sur le genre de bâtiments que le Front avait investi : un ring, des appareils de musculation d’un autre temps, des sacs de frappe. Ils se trouvaient dans une salle de sport, dont on pouvait à bon droit supposer qu’elle offrait une couverture idéale pour expliquer les incessantes allées et venues des membres de l’organisation et le profil varié de ses membres.


Certains s’exerçaient en effet, dans la petite vingtaine qui était assemblée ce jour-là, mais la plupart discutait, préparaient des holoaffiches sur des tablettes graphiques rafistolées jusqu’au point du miracle ou lisaient les nouvelles. Tous les esprits, et c’était prévisible, paraissaient occupés de l’attentat des fosses à gorgs. À en juger par les expressions des visages, on le tenait malgré tout pour une réussite : la terroriste avait dû improviser, mais le message était passé.


C’t’une journée un peu particulière, expliqua leur guide, en leur jetant un regard en coin.


Leur arrivée impromptue quelques heures à peine après l’attentat avait de quoi éveiller les soupçons. Elle guettait leurs réactions, mais Noctis affectait de détailler les lieux du regard et elle n’était pas trop sûre de pouvoir correctement déchiffrer les expressions d’un Sluissi.


Vous en avez p’têtre entendu quelque chose ?
Nan pas vraiment, répondit Absalom d’un air distrait, avant de reporter son attention sur Jubjii et d’afficher un sourire d’excuse. Pour être honnête, on a pas mal zoner dans les tunnels avant d’trouver not’ chemin, les indications étaient pas hyper précises.
Tant mieux, ça me rassure, ce serait chiant qu’il y a des panneaux indicateurs.


Les regards avaient fini par s’arrêter sur eux, alors Jubjii grimpa sur une table et déclara d’une voix forte.


C’est deux mecs qui veulent nous rejoindre, ils ont entendu parler de nous. Si ça vous va, j’propose qu’ils en disent un peu plus sur leur parcours, puis vous leur poser des questions, et ensuite on en parle, quoi.
C’est eux qu’ont assommé Devari ?


Les nouvelles allaient vite. La Rodienne se tourna vers les deux hommes d’un air surpris.


V’z’avez…
Ben en vrai, coupa Absalom, c’était plutôt elle qu’était partie pour nous allumer, rapport au fait qu’on débarquait comme ça, alors l’un dans l’autre, on s’est plutôt défendu, quoi.


Il y eut un silence, puis un petit rire amusé partit dans un coin. Les deux infiltrés, c’était inespéré, profitaient de la réputation sanguine de la jeune femme et personne ne semblait avoir de mal à s’imaginer qu’elle se fût montrée trop brutale dans sa réception. La Rodienne finit par hausser les épaules et descendre de sa table, avant de faire signe à Sxyd de prendre la parole en premier, pour convaincre son auditoire.
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L'attitude de Darth Noctis fut rugueuse, et venant de sa part, c'était forcément calculé. Il semblait expert pour manipuler ses interlocuteurs, et n'avait sur le coup pas peur, visiblement, de heurter Jubjii. C'était un pari risqué, mais Sxyd ne paniqua pas, puisqu'il savait que c'était calculé. Peut-être que Darth Noctis, par expérience, se disait qu'une approche trop complaisante attirerait la méfiance. Là, pour le coup, il était à l'opposé de ça. Et il faut dire que cela fonctionna plutôt bien.

Ainsi, Jubjii, convaincue par leurs histoires, les invita à la suivre. La plupart des gens étaient rassemblés dans une grande salle disposant d'un ring de combat, de sacs de frappe et d'appareils de musculation. Le Front Unifié pour la Vie avait établi son quartier général dans une salle de sport. Le fondateur du mouvement devait être le propriétaire de cette salle ; tous les équipements étaient en bon état général, ce n'était donc pas un lieu abandonné qui aurait d'abord été squatté par les activistes. Et personne n'aurait vendu une salle de sport sans vendre tous les équipements qu'elle comprenait.

Les gens discutaient beaucoup, et dans le brouhaha ambiant, Sxyd ne parvint pas à saisir une seule phrase de conversation, mais il devinait que la tentative d'attentat aux arènes de combats de gorgs occupait tous les esprits. Mais qu'en disait-on exactement ? Son ouïe ne lui permit pas d'en avoir une première idée. Il était quelque peu frustré au fond de lui de se dire qu'il avait à tous les coups en face de lui la Rodienne qui avait commis cette tentative d'attentat mais qu'il n'avait aucun moyen d'en être sûr. Si encore il arrivait à reconnaître son visage... Ses vêtements étaient banals et il n'avait pas fait attention à ceux portés par la suspecte quand il l'avait repérée au milieu de la foule ; et il ne pouvait pas être sûr de ne pas confondre ce visage avec celui d'une autre Rodienne. Il n'avait pas observé la suspecte de près, et maintenant, affirmer avec certitude que son interlocutrice était la même Rodienne, lui était impossible. Ca restait probable : un coup d'œil rapide lui fit savoir qu'il n'y avait en tout cas aucune autre Rodienne dans la salle. Plus précisément, il y avait un autre Rodien, mais c'était un mâle.

Jubjii annonça à la cantonade que deux nouveaux arrivants allaient se présenter à eux, pour qu'ensuite ils discutent de leur intégration. Aussitôt, un Togruta demanda si c'est eux qui avaient assommé Devari, ce qui surprit Jubjii : les nouvelles allaient vite, pourtant cette dernière n'était pas au fait. Darth Noctis affirma aussitôt que Devari s'était montrée hostile en premier et qu'ils avaient bien été obligés de se défendre. Contre toute attente, cela parut crédible aux yeux des gens présents, comme si Devari n'en était pas à son premier coup de sang. Il faut dire, Sxyd avait pu lui-même vite se rendre compte qu'il avait eu affaire à une femelle de caractère, et il imaginait facilement qu'elle eût pu tirer la première si elle n'avait pas été prise par surprise.

Cependant, ce mensonge risquait d'être vite démasqué et de leur porter préjudice : comme Sxyd l'avait annoncé, Devari n'en avait que pour trente à soixante minutes avant de reprendre conscience et du temps s'était déjà écoulé, et dès qu'elle déboulerait dans la salle, elle mettrait les deux infiltrés face à leurs mensonges. Sxyd espérait que Darth Noctis savait ce qu'il faisait ; mais pour l'heure, il ne put s'empêcher de penser qu'il aurait été préférable qu'il agisse seul. En étant trop sûr de ses capacités, Darth Noctis pouvait prendre l'initiative de dire des choses qu'il ne fallait pas.
Autre mensonge de Darth Noctis qui pouvait poser problème : prétendre ne rien savoir du dernier événement. Sxyd avait déjà cité le nom de Pwar à Jubjii quand il avait expliqué ce qui l'avait inspiré à rejoindre le mouvement. Jubjii ne semblait pas avoir relevé, mais ça pouvait paraître contradictoire.

Sxyd s'avança juste d'un mètre, ne grimpant pas sur la table qui venait de servir de piédestal à Jubjii.

SXYD – Salut. Moi, c'est Sxyd. Je viens des marais, et je suis orphelin à cause du type de personnes contre lesquelles vous luttez et contre lesquelles je veux vous rejoindre dans cette lutte. Les capitalistes corrompus qui veulent que tout leur appartienne, qui estime que tout s'achète ou se détruit, que tout n'est que rentabilité et profit. La vie de mes proches a été jouée comme ça. Je n'ai rien à perdre, et je ne veux pas rester les bras croisés.

Sxyd venait d'édulcorer l'histoire complètement inventée qu'il avait fournie à Jubjii. Il répétait venir des marais, mais sans préciser lesquels, cette fois-ci. Il ne parlait pas d'un parrain l'ayant élevé après la mort de ses parents. Ni même d'une exploitation agricole. Quant à son nom, Darth Noctis l'avait déjà entendu, et il était inutile de s'en inventer un devant ces gens. En revanche, il parlait toujours comme quelqu'un n'ayant encore mené aucune action dissidente de sa vie et souhaitant commencer à s'y mettre. Mais au moins, s'il venait à être percé à jour, il n'y aurait pas vingt personnes mais uniquement une, Jubjii, qui le mettrait face à ses plus gros mensonges. Et si le Front Unifié pour la Vie décidait de le rejeter, au pire, il hausserait les épaules : les groupuscules activistes, ça ne manquait pas dans la galaxie ni même sur Nar Shaddaa.

Le Sluissi se recula du même mètre et laissa la parole à Darth Noctis.
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Pendant que le Sluissi parlait, Darth Noctis avait embrassé d’un regard circulaire l’assemblée. Le Front ressemblait un équipage hétéroclite comme on en voyait tant dans les groupuscules du même genre : ici, des intellectuels idéalistes qui approchaient un blaster pour la première fois de leur vie, là, des marginaux qui avaient rejoint cette cause comme ils auraient pu se rallier à l’exacte opposée. Pas de chef, mais peut-être moins, jugeait-il, par conviction idéologique que parce que personne ne s’en sentait vraiment les épaules.


Sxyd avait fini de parler et le Seigneur Sith grimpa souplement sur la table. Les humains et les proche-humains de l’assistance, les femelles surtout, le regardaient avec une insistance particulière, troublés par le charme des Hapiens, qu’Absalom avait doublé avec la sorcellerie sith. Elles étaient prêtes à croire le plus grossier des mensonges, s’il sortait de ses jolies lèvres. D’autres, en revanche, le fixaient d’un air plus hostile. Après tout, Hapès était à peu près à l’autre coin de l’échiquier politique.


Darth Noctis ouvrit la bouche pour prendre la parole, mais une voix lança d’un bout de la salle :


Hé, mais je le reconnais !


Le Seigneur Sith haussa un sourcil.


C’est le mec, là, le mec des Holonews.
Qu’est-ce que tu racontes, Funky ?
Mais si… Dass Novice ou quelque chose comme ça.


Malédiction.
La rançon de la célébrité.


Attends, ouais, moi aussi, sa tête me dit quelque chose…, fit une autre voix.
Darth Noctis, s’exclama la première voix, avec la satisfaction de celui qui parvient à se souvenir !


Laquelle satisfaction, à vrai dire, retomba brutalement. Le seul mot de « Darth » avait jeté un froid comme l’annonce d’une pénurie d’eucalyptus à une réunion de koalas. En quelques secondes, tout le monde eut bien à l’esprit les reportages aux holonews décrivant Darth Noctis, l’un des Seigneurs Siths représentant l’Empire au dernier sommet diplomatique.


La moitié de la salle fit un pas en arrière.
C’était une chose d’aller malmener la pègre locale pour arrêter des combats d’animaux, c’en était une autre de côtoyer un psychopathe avec des pouvoirs magiques.


Ah.


Cinq blasters se braquèrent aussitôt sur l’Hapien, comme s’il venait de proférer une terrible menace.


Du calme et de la pondération, mes intentions ne sont que pacifiques.


Pour faire bonne mesure, d’autres membres du Front avaient aussi mis Sxyd en joue.


Pacifique comme quand tu as massacré la population de Kano-IV ?
Il ne faut pas croire tout ce que racontent les médias, de nos jours, vous savez, dit tranquillement le Boucher de Kano-IV.


(Techniquement, il n’avait massacré qu’une partie de la population. Et vidé une parti de la planète de son énergie vitale, certes.)


J’ai une cousine dont la sœur du copain a une amie qui vient de Kano-IV, protesta une voix ronronnante !
Autant dire une source fiable, ironisa Darth Noctis.


Jubjii prit son courage à deux mains et s’avança vers la table où le Seigneur Sith était toujours perché.


Écoutez, nous, on est pas dans vos histoires. L’Empire, la République, tout ça, c’est pas notre problème. On s’occupe de ce qui se passe ici et maintenant. On a aucune importance dans vos affaires à vous.


Personne, dans cette salle, sauf Sxyd, ne se représentait vraiment ce dont était capable un Seigneur Sith. Nourris aux histoires apocalyptiques qui circulaient dans la population, en particulier depuis le début de la guerre entre la République et l’Empire, chacun s’imaginait Darth Noctis capable de les éviscérer d’un claquement de doigt. La prudence était de rigueur. Et Sxyd lui-même était considéré avec la même méfiance terrifiée.


Je ne suis pas ici pour vous menacer, encore moins pour vous malmener, expliqua Darth Noctis avec tous les accents de la vérité. Au contraire…
Au contraire… ?
L’écoutez pas, lança une voix de loin, avec tout le courage de l’obscurité !
Si vous me connaissez, vous savez que je suis un pacifiste. Vous en avez eu les preuves en regardant le sommet pour la paix. Ce qu’on raconte sur moi, les massacres, les meurtres, ça, ce sont des histoires dont personne ne vous a jamais apporté la moindre preuve.
N’empêche que t’es un Seigneur Sith, avança prudemment quelqu’un.
Et combien de gens dans cette ville vous décriraient comme des fous terroristes et sanguinaires ?


Silence.


Est-ce que vous n’êtes pas bien placés pour savoir que les médias dominants décriront n’importe qui avec les pires termes pour ne pas qu’on menace ceux qui dirigent le monde et qui, sous couvert de bienveillance, brident toutes les libertés et oppriment toutes les populations ?
Parce que l’Empire n’opprime personne ?
Je travaille pour la paix, pas pour l’Empire. J’ai été recruté par les Jedis dès l’enfance, sans qu’on me demande mon avis. Jeté dans les guerres sans qu’on me laisse choisir. Entraîné comme un moine soldat à l’époque où j’aurais dû jouer aux jeux vidéos. Traîné d’une faction à l’autre de ce conflit ignoble qui ravage la vie d’un bout à l’autre de la Galaxie. On fait ce qu’on peut pour survivre, beaucoup d’entre nous ici le savent.
C’est vrai, approuva une exclamation !


Le discours d’Absalom sonnait d’autant plus sincère qu’il reflétait pour une bonne part ses véritables sentiments. Il aurait rêvé d’une jeunesse sans sabre laser et, à ses yeux, l’Ordre Jedi était aussi vicié que l’Ordre Sith, aussi secrètement violent et brutal, et simplement moins honnête sur sa vocation profonde.

Surtout, le Sith s’était fié aux études sociologiques sur la composition des groupuscules politiques d’action violente. On savait depuis longtemps qu’ils attiraient une bonne part de gens dont la vie était marquée d’abord par la violence et ensuite par l’idéologie. Des gens qui n’avaient pas la conscience tranquille et qui s’identifieraient facilement à un Sith contraint à des actes terribles par les logiques implacables d’une existence qui le dépassait.


Moi je suis là pour vous aider. Pour que de petits caïds locaux ne rebâtissent pas cette planète pour y reproduire les mêmes causes qui ont provoqué la guerre. Pour que chacun puisse y vivre librement.
Et qu’est-ce que vous y gagnez, demanda prudemment la Rodienne ?
L’espoir qu’un jour on cesse de me traîner sur les champs de bataille pour profiter de ce que je sais faire, répondit Absalom, cette fois-ci, une parfaite honnêteté.
Invité
Anonymous
Sxyd était un illustre inconnu. En revanche, Darth Noctis était un illustre Sith. Et ça faisait pas le même effet. Sxyd pouvait bien raconter ce qu'il voulait, personne ne le connaissait ici. Darth Noctis, qui, contrairement à Sxyd, avait eu la désinvolture de grimper sur la table, n'eut pas le temps de se présenter tout à fait que quelques personnes dans l'assemblée le reconnurent. La planète Dubrillion avait chèrement souffert de la guerre entre Jedis et Siths, beaucoup de ses habitants considéraient les deux camps comme indifféremment nuisibles ; malgré tout, certains ici aussi gardaient un préjugé plus particulièrement hostile envers les Siths. Sxyd lui-même, il devait bien l'avouer, serait à choisir plus enclin à entamer des relations avec un Jedi qu'avec un Sith. Même si cette guerre ne le concernait pas et qu'il l'observait avec recul sans s'impliquer, il avait tout de même une image plus grise des Siths que des Jedis. Le fait d'avoir été éduqué par un ancien Jedi n'y jouait pour pas grand-chose, dans son esprit ; après tout, Gedrag ne s'était pas éloigné des Jedis pour rien alors qu'il leur devait sa formation.

Heureusement, Darth Noctis – dont Sxyd venait d'apprendre grâce au sens de l'observation de Jubjii qu'il était un Hapien et non un Humain, si tant est que ce fussent bien deux races distinctes – avait une vraie bonne verve. Il était charismatique et manipulateur, trouvant toujours la bonne approche et les bons arguments pour retourner le cerveau de ses interlocuteurs. C'était utile parfois mais Sxyd ne pouvait que ressentir de la méfiance, et ne se sentait pas fier de coopérer avec un type pareil. Quoi qu'il en soit, à ceux qui dans l'assemblée voulurent accuser trop vite le Sith de tous les maux de la galaxie, Noctis leur renvoya les préjugés que les gens ici-même dans cette ville pouvaient avoir sur eux et leur groupuscule de terrorristes. Cela fit réfléchir. Comment se livrer à des préjugés quand on en était soi-même victime ? Ces gens estimaient que les Siths étaient des fous sanguinaires répandant la terreur ; d'autres habitants de la ville voire du pays pensaient la même chose du Front Unifié pour la Vie. Alors, ceux qui accusaient déjà Darth Noctis de tous les maux durent se taire par honnêteté d'esprit : s'ils étaient bien placés pour dire que les critiques à leur égard étaient injustes, ils devaient admettre que leurs propres critiques à l'égard des Siths n'étaient pas plus fondées. Ou tout du moins, que tout était question de point de vue, et donc relatif. Certains allaient entrer dans une dissonance cognitive, mais l'essentiel des voix venaient d'être tues.

Il avait bien fallu ça pour faire redescendre la tension, vu toutes les armes braquées sur les deux candidats. Certains s'imaginaient déjà que Sxyd était un Sith lui aussi : que pourrait-il être d'autre étant donné qu'il accompagnait un Sith et portait un sabre-laser dans le dos ? Non, décidemment, Sxyd aurait préféré approcher le Front Unifié pour la Vie seul, ou alors avec quelqu'un d'autre. Il pensa avec émotion à Namico. Depuis la mort de ce dernier, Sxyd n'avait jamais trouvé quelqu'un d'autre à la hauteur de sa confiance et de son estime. Ce gamin n'avait pas mérité de mourir.

Seulement, à force de vouloir se faire passer pour, presque, un défenseur de la veuve et de l'orphelin, malgré ce que les gens savaient ou pensaient savoir des Siths, Darth Noctis se vit pertinemment demander ce qu'il avait à gagner à aider le Front Unifié pour la Vie. Là encore il savait quoi répondre : c'est avec une forme de sincérité déroutante qu'il prétendit espérer qu'on cesse de le traîner sur les champs de bataille pour profiter de ce qu'il savait faire. Que Darth Noctis ait sincèrement ou non ce désir d'indépendance, de disposer par lui-même de ses talents plutôt que de les mettre au service d'une guerre, d'une faction, Sxyd n'appréciait pas ce personnage qui mentait comme il respirait, qui manipulait comme il transpirait. Le Sluissi le jugeait indigne de confiance. A chaque parole du Sith ou ancien Sith, il ne savait pas s'il devait croire ou douter.
Car une fois qu'on sait qu'un mensonge peut parfaitement avoir l'air de la vérité... alors la vérité elle-même peut avoir l'air d'un mensonge.

Toutefois, cette réponse sembla convenir à la Rodienne. Sxyd jeta un œil furtif à une horloge sur le mur. Il comptait le temps qu'il leur restait, à Darth Noctis et lui, avant de devoir affronter le réveil de Devari. Cela faisait approximativement quinze ou vingt minutes que Sxyd l'avait mordue et paralysée par son venin. La première chose que la Duro ferait à son reveil, serait d'informer ses camarades de ce qu'il s'était vraiment passer : elle n'avait pas attaqué la première, mais s'était fait agresser par surprise. Et Sxyd se demandait si Darth Noctis serait capable là encore de se tirer de cette situation avec sa seule verve. Il leur restait entre un et trois quarts d'heure...

JUBJII – Bien ! Moi, c'est Jubjii. Je suis l'une des têtes du groupe. Vous aurez l'occasion de rencontrer les autres en temps et en heure, quoique vous pouvez déjà aller parler à Stafan'h, c'est le Twi'lek mauve là-bas, taillé comme une armoire. Je vous laisse faire connaissance avec les autres membres. On n'est pas tous là, donc il vous restera des têtes à rencontrer.

Jubjii, dans son rôle de meneuse, s'écarta des deux nouvelles recrues et interpella une Rattataki qui s'échauffait au niveau du ring de combat.

JUBJII – Tetti ! Tu peux aller récupérer Devari dans l'arrière-cour et la porter au doc ?

Tetti, loyale et obéissante, stoppa ses échauffements pour se diriger vers l'arrière-cour avec une expression froide sur le visage. Sxyd profita ensuite que personne ne fût en train de parler à Darth Noctis ou à lui pour murmurer à ce dernier :

SXYD – Quand Devari sera en mesure de raconter que nous l'avons surprise de dos, vous avez déjà réfléchi à ce que vous direz ?
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