Pitoyable personnage…Ce Nikto l’insultait ouvertement lui et tout son peuple à grand renfort de « bridés », « face de citron d’Alderande » …Il se retenait de ne pas se lever, arracher le sabre du fourreau de Gon, et séparer la détestable tête de cette brute épaisse. Mais cela ruinerait sa « couverture ». Alors il se contenta de rester impassible, ne montrant aucune émotion. Si cet infect nikto savait qui il était en réalité, il déchanterait illico et son sourire pernicieux aurait cédé à une crainte sans nom…

Son attention s’était particulièrement posée sur le jeune et ravissant blondin, et le Mirialan qui lui faisaient face. Il se demandait s’il pouvait leur faire confiance. Ils étaient du côté du Nikto après tout, mais étaient-il là parce qu’ils y étaient obligés ? Ou bien faisaient-ils bel et bien parti de l’Association ? Le Nikto était resté évasif…Il se devait de les tester…dans tous les sens du terme.

Les questions du plus jeune le firent sourire…un sourire poli. Il avait un esprit bien éveillé celui-là. Peut-être un peu trop cela dit. Il analysait ce jeune homme…il était presque sûr qu’il était Hapien…Ces détestables et pédants semi-humains…Mais à la décharge du jeune homme il était justement un mâle…Et Hong Na-Heul avait noté de légères cicatrices sur le visage du blondinet…il n’était pas parfait…Voila qui le faisait remonter dans son estime. Et plus il le regardait, plus ses soupçons sur la cécité du jeune se précisait. Cela aussi…ce ne devait pas être du gout de ses semblables…

Se saisissant de sa tasse, et surmontant son dégoût pour ce qu’on essayait de lui faire passer pour du thé, il but une gorgée. Cela n’avait rien à voir avec la délicatesse et le parfum des thés taanabiens…Cela avait tout de même le mérite d’être chaud. Puis il répondit, toujours en tangul :

- Cheongnyeon (jeune homme), je ne suis pas responsable du dosage que peuvent prendre les consommateurs. Toute drogue doit être dosé correctement, sans quoi n’importe quelle overdose de n’importe quelle drogue peut tuer…N’êtes-vous pas d’accord ? Il est bien évident qu’il va falloir se montrer prudent lors de la conception des unidoses…Qui plus est…la police n’est pas un problème.

Il n’avait pas peur de la police…après tout…il était un aristocrate. La question suivante était plus…curieuse. Qu’est-ce que cela pouvait-il bien lui faire ? Hong Ha-Neul ne put réprimer un léger froncement de sourcils. Son regard devint un peu plus suspicieux. Il pencha légèrement la tête…examinant toujours le hapien...oui…il en était maintenant sûr. S’en était un. Pourquoi cette question sur Nar Shaddaa ? Il reprit une gorgée de ce…ce liquide chaud … (il ne pouvait résolument pas appeler cela du « thé »). Puis il fit avec un petit sourire et une pointe d’ironie :

- Et qui vous dis que je n’ai pas un homologue qui n’est pas actuellement sur Nar Shaddaa pour présenter ce produit au plus offrant ? Ceci dit… Coruscant est parfaite pour lancer cette nouvelle drogue. Croyez-vous que Coruscant vaut mieux que Nar Shaddaa ? Croyez-moi…sur cette planète il y a bon nombre de gens qui sont aisément corruptible, pour peu que l’on sache comment les atteindre.

Il avait posé son regard sur le Mirialan…un ancien toxicomane ? Et médecin de surcroit. Voilà qui était intéressant…Son oncle lui avait expliqué que pour avoir la main mise sur les gens, il fallait leur être indispensable. Quoi de mieux qu’une drogue pour rendre accro ?

Le Mirialan semblait tendu…gêné. Avait-il quelque chose à cacher ? Un conflit interne ? Conscience professionnelle peut être ? En tout cas le Nikto paraissait ravi, et lui aussi pour la peine. Il reprit sur un ton à nouveau neutre :

- Vous me voyez ravi d’apprendre que ce projet est réalisable et facile. Peut-être vos deux hommes ici présents pourraient se charger de l'extraction? C’est une bonne nouvelle. Nous serions donc ravis de conclure un marché avec vous. Peut-être est-il temps d’aborder la question…financière ? Je propose que, puisque nous avancions la matière première, vous pourriez prendre en charge la fabrication dans un de vos locaux secrets. Nous partagerons ensuite les gains ? cinquante-cinquante ? Mais peut-être n'avez-vous pas le pouvoir de discuter de l'argent? Votre chef nous recevrait-il?

Il rendait l’offre alléchante…il fallait qu’elle soit acceptée. Il fallait que le Nikto la soumette à son patron. Mais il voulait aussi attirer l’attention des deux autres…Pouvait-il leur faire confiance ? Difficile à dire…

Ce Hong Ha-Neul avait quelque chose derrière la tête mais je ne parvenais pas à déterminer de quoi il s’agissait. Il fallait dire que j’étais terriblement accaparé par cet enfoiré de nikto qui semblait bien décidé à me pourrir l’existence à grands coups de réflexions désobligeantes. Luke en prenait également pour son grade, se faisant insulter de « dico » ou se retrouvait affublé de petit sobriquets implicitement déplacés. Je tâchais de garder mon calme malgré la situation plus que désagréable et l’ambiance pesante dans laquelle nous nous trouvions. Mais je bouillonnais de rage et de colère aux plus profond de moi. Les dents serrées je restais stoïque face aux incartades de ce désagréable et sinistre personnage.

Finalement le nikto et le taanabien en vinrent aux questions d’argent, ce qui en soit était inévitable quand on était en pleine négociation sur un nouveau « produit ». D’autant plus que Luke et moi venions de rassurer notre désagréable « patron » sur la facilité de réalisation de cette drogue ô combien dangereuse.

Le nikto renait beaucoup d’assurance selon moi, était-ce en raison de l’apparence délicate et soignée du taanabien ? Je ne saurai dire. L’allusion à mon père me fit frissonner. Il avait fallu qu’il remettre cela sur la table. J’espérais que Balérion Atraïde ne tenterait rien de complètement stupide courant le risque de se mettre en danger. Il était en ce moment sous protection, mais je savais que le nikto surveillait mon père. Et je craignais pour la vie de ce dernier. Har’k Honnen était sans aucun doute un être infect, dénué d’éducation, et particulièrement lourd – dans tous les sens du terme – mais il n’était pas débile, et il pouvait se montrer très méfiant. Toujours était-il que ce bougre d’enfoiré décida de nous planter là pour …s’accorder une pause avec une de ses « dames » nous en proposant une gratos si on le souhait. Les pauvres filles, je les plaignais sincèrement.

Luke me fit un signe de sortir, je ne me fis pas prier sur la question. L’ambiance était si étouffante et malsaine prendre l’air me ferait le plus grand bien. Et puis connaissant le nikto, il n’était pas du genre discret dans ses ébats. Je n’avais aucune envie d’en profiter. Luke demeurait si tranquille et si silencieux. Je ressentais le calme qui transpirait de lui à travers la Force et me demandais bien comment il pouvait bien faire pour être aussi paisible.

Une fois sortis de cette pièce, je ne pus m’empêcher d’exprimer un juron :

- Bordel ! Il essaye vraiment de nous prendre pour des cons cet espèce de salopard en rut ! Comment tu fais pour ne pas…je sais pas…exploser !

En un sens je me disais que si Luke l’avait voulu, il aurait pu pourfendre ce nikto en deux sans la moindre difficulté. Mais Luke avait tout mon respect et toute mon admiration pour être resté de marbre face aux insultes de l’autre attardé galactique. Je pris une profonde inspiration et poursuivis sur un ton plus calme et posé :

- Qu’est-ce que ce taanabien fait ici…Il dénote totalement…C’est incroyable. Je ne sais pas ce que tu en pense, mais moi je n’arrive pas à le cerner. Il se dégage quelque chose chez lui…il est si…imperceptible.

En réalité il m’intriguait plus qu’autre chose, mais je ne parvenais pas à savoir dans quel sens. Est-ce que je le détestais cordialement ? Ou non ? Son air si poli…son dédain.

- Tu a déjà entendu ce nom-là ? Hong ?

Je n’avais pas la mémoire des noms, c’était plutôt les caractéristiques biologiques qui m’intéressaient. Les taanabians étaient des humains, une race qui s’adaptait à beaucoup de conditions, quelques fragilités cela dit, notamment sur le plan cardiovasculaire, mais sinon assez intéressante à étudier. La peau des taanabiens était assez caractéristique, avec des sous-tons dorés, voir cuivrée, très résistante aux rayons solaires. J’éprouvais cependant une certaine honte de ne pas savoir grand-chose sur Taanab ? Cela dit il m’était impossible de tout savoir sur tous les mondes de la République. J’essayais de me souvenir comment fonctionnait cette planète.

Je sentais Luke tout aussi préoccupé que moi de notre sujet d’étude. Qu’allait donc faire cet homme ? J’avais l’impression que nous l’intéressions beaucoup, il ne cessait de nous regarder. Il se forgeait sans nul doute une opinion sur nous. Allait-il nous suivre ? Ou allait-il accepter le cadeau du nikto ?

L’analyse du Mirialan fut payante…Il avait décelé en lui des signes de rage contenue et visiblement il était malmené bien souvent par ce nikto écœurant. Il fut fait mention du père du docteur, il en conclu donc que le Mirialan était – en quelque sorte – forcé d’être présent ici. Et son expertise semblait demandée contre la survie d’un être cher. Voila qui était intéressant. Quant au jeune homme, il était plus jeune, mais il se contenait davantage. Malgré tout lui aussi subissait les affres et les turpitudes du gredin rouge.

Ses menaces à l’encontre du taanabien sur la possibilité de le trahir n’eurent pour effet chez le jeune homme qu’un haussement de sourcil. Il parvenait à rester aussi zen que possible malgré sa folle envie de sauter sur le sabre de son garde du corps et pourfendre en deux le nikto. Il ne fut pas fâché de voir ce dernier s’éloigner avec une des prostituées pour prendre du bon temps. La deuxième jeune femme avait tentée une approche vers lui-même, mais il avait levé la main d’un geste autoritaire. Son garde-du-corps avait également fait un pas en avant, signifiant qu’il n’était pas question que quiconque accoste son maître de trop prêt.

Hong Ha-Neul avait fini par se lever, dans un mouvement élégant. Les deux soignants pourraient ainsi voir qu’il n’était pas très grand, un mètre soixante-dix. Sa silhouette, bien qu’un peu dissimulée sous ses vêtements trahissait un homme sportif, et actif. Le droïde lui traduisit les propos du jeune homme blond, confirmant ses doutes sur les origines du jeune : un Hapien. Les mains dans le dos, il hocha la tête aux propos du blond. Il essayait d’estimer son âge, car il paraissait bien vif et réfléchis pour un jeune homme. Les hapiens étaient souvent comme les taanabiens…sans âges, difficiles à jauger sur ce point.

Il les vit s’éloigner, et quitter la pièce. Il n’avait pas été convié à les suivre, mais nul besoin d’invitation pour lui. Il attendit un peu, fit un tour de la pièce, puis il emprunta le même chemin que le mirialan et son jeune ami. Le droïde voulu le suivre mais le garde du corps l’en empêcha. Il les rejoint assez vite, légèrement isolés, à l’abris des oreilles indiscrètes. La démarche de Hong Ha-Neul était légère, et lente. Il avait reçu une éducation d’aristocrate, ses mains dans le dos, il avançait crânement affichant une suffisance à tout épreuve. Il s’arrêta devant le mirialan et l’hapien qui avaient entamé une discussion pour le moins animée…du moins pour le docteur vert.

Hong Ha-Neul tourna la tête vers son garde du corps, nul besoin de mot, juste un regard et un signe pour que ce dernier comprenne qu’il devait surveiller les alentours et les avertir si quelqu’un approchait. Hong avait pris sont temps, afin de vérifier qu’ils n’étaient nullement surveillés avant de reposer ses yeux noirs sur le mirialan et l'hapien. Si son analyse à leur encontre était bonne, ils n'étaient pas des sbires du nikto à proprement parler. Avec un sourire affiché, il inclina doucement la tête pour saluer ses deux interlocuteurs. Puis, dans un basic parfait – malgré un léger accent – il se présenta :

- Je suis ravi de pouvoir deviser avec vous en tête à tête. Veuillez pardonner la comédie jouée face à notre « ami » Har’k Honnen, mais elle était nécessaire pour le mettre en confiance. Je ne me suis présenté qu’à moitié…Je me nomme effectivement Hong Ha-Neul…Et pour répondre à la question que vous avez soulevé docteur, je suis le neveu du Sénateur de Taanab Hong Sam-Nong.

Il marqua une courte pause, il semblait bien plus détendu et jovial que précédemment. Comme s’il venait d’ôter un masque. En révélant ainsi son identité et son rang, il espérait leur montrer qu'il n'était pas ennemi. Croisant ses mains devant lui, il reprit sur un ton des plus poli :

- Je n’ai jamais été sur Hapès, mais effectivement on vante la beauté des lieux. Mais là où il y a la beauté il y a la laideur. C’est ainsi…de même que pour avoir de la lumière il faut de l’obscurité. Le tout est de conserver un équilibre pour une harmonie parfaite.

Les croyances Taanabiennes reposaient justement sur l’harmonie et l’équilibre de toute notion. Il demeura un instant silencieux, avant de poursuivre, entrant dans le vif du sujet cette fois-ci :

- J’ai cru comprendre que vous étiez tous les deux du corps médical. Mais…je vous ai senti réticent concernant cette affaire. Est-ce en raison de l’illégalité de la chose ? Visiblement il essayait de soutirer des informations et d’en apprendre plus sur ses interlocuteurs. Il ne savait même pas leurs noms. Il se tourna vers le mirialan : je suis navré d’apprendre que votre père est menacé…est-ce le nikto qui vous fait chanter ? J’ai besoin de savoir à qui j’ai affaire afin de déterminer à qui je peux faire confiance…Car croyez-moi il y a beaucoup en jeu dans ces négociations. Et je ne parle pas de l'aspect financier ou de la commercialisation d'une nouvelle drogue...


Un moyen plus ou moins discret de laisser sous entendre que sa présence ici impliquait une autre raison. Mais il ne savait pas encore s'il était en présence de personnes de confiance, aussi il tut la suite. Il affichait un air détendu, tâchant de se rendre agréable.

Comme de coutumes les propos de Luke étaient imprégnés de sagesse et d’apaisement. Il avait raison, ce n’était que de la provocation témoignant du manque certain d’intelligence de du Nikto…Ses insultes étaient prévisibles, mais elles avaient eu le don de me mettre hors de moi. Je n’étais pas réputé pour être un exemple de patience. Et j’avais cet individu en horreur, il était malsain, repoussant, irrespectueux et il lui manquait clairement une case…Je maugréais de nouveau :

- Certes…je parie que son QI est à peine plus élevé que sa température anale. Mais tu as raison…il ne vaut pas la peine que je gâche ma salive contre lui.

Je soufflais un peu…tout se bousculait dans ma tête, entre mon énervement contre le nikto et mes suspicions contre le nouveau venu…Je fus cependant obligé de m’extirper de mes réflexions en entendant la voix du taanabien. Il nous avait suivis, et il venait de révéler son identité. Le neveu d’un sénateur ? Qu’est-ce qu’un noble taanabien faisait dans ce marasme puant et grouillant ? Mais une autre chose me fit tiquer…il parlait basic !? Pourquoi jouer la comédie devant le nikto ? En réfléchissant un peu je me disais que tromper le nikto était un moyen de s’assurer une certaine assurance, et surtout conserver des atouts dans sa manche.

Quelque chose me dérangeait chez ce taanabien, comme Luke le signalait, pourquoi nous annoncer son rang et son identité ? Etait-il donc si peu attaché à la vie ? A moins qu’il ne se crût au-dessus des lois parce que son oncle était sénateur ? Je penchais plus pour cette 2ème option…Qui plus est il était un peu trop…prévenant. Qu’est-ce que cela pouvait bien lui foutre que mon père soit en danger ? Des petits cons comme lui nés avec une cuillère en argent dans la bouche il y en avait une panoplie…et ils se fichaient pas mal du sort des autres en général. Il voulait savoir s’il pouvait nous faire confiance ? Mon gars tu ne vas pas être déçu…Après les explications de Luke je repris avec un haussement de sourcil et d’une voix teintée d’obscurité :

- Ce qui peut arriver à mon père ne vous regarde en rien…J’eus un geste d’agacement, C’est quoi pour vous tout ceci ? Un jeu ? Vous issu de la noblesse, qu’est ce que vous faites ici ? Croyez-vous que ce soit par plaisir que je suis tombé dans tout ce merdier – passez-moi l’expression… Et une fois qu’on a le pied dedans on ne peut plus en sortir. Alors partez d’ici avant qu’il ne soit trop tard…

J’imaginais que ce jeune coq avait trop de pognon et souhaitait s’amuser un peu, et s’était trouvé un passetemps avec la drogue, et quelques jets d’adrénaline. Mais le danger était réel…

Soudain une des prostituées revint pour nous signifier que nikto souhaitait nous voir. Je ne pus m’empêcher de songer que ce fut rapide…aurait-il des soucis d’endurance ce pauvre vieux…Cette pensée me fit sourire et me redonna un peu de baume au cœur. Har’k nous attendait, visiblement assoiffé car il vidait d’un trait une bière corellienne lorsque nous entrâmes. Il était en sueur et son œil lubrique se posa sur nous, me faisant grimacer. La pauvre fille qu’il venait de besogner était prostrée dans un coin, pleurant à chaudes larmes. Nul doute qu’il l’avait violenté. Elle essayait de couvrir sa nudité. Je cherchais à m’enquérir de son état de santé. Il la regarda et ragea :

- Qui t’as dit de te couvrir !

En gémissant elle laissa retomber le pan de sa robe qu’elle avait essayé de rajuster. Ce nikto était repoussant…j’en avais presque la nausée. Il s’approcha de nous comme si nous étions ses amis en étirant ses bras :

- Haaaa vous voilà. Bon…j’ai décidé de lancer cette nouvelle drogue. Le doc et son dictionnaire ambulant s’en chargeront. Il se tourna vers le droïde : traduis-toi ! Le niak nous fournira en matière première. Vous aurez accès à un de nos labos secret. On partagera les gains…

Il espérait ainsi briller auprès de son boss pour mieux prendre du galon et qui sait…peut être le supplanter ? Je fronçais les sourcils…je n’étais pas chimiste…et j’avais un code d’honneur…j’allais devoir produire de la « Met » ? moi ? Il se foutait de ma gueule ! Il l’avait fait exprès ce n’était pas possible autrement. Encore un moyen de me mettre à l’épreuve. Et le pauvre Luke entrainé là-dedans par ma faute…

Il observait le jeune aveugle qui semblait le mettre en garde au sujet de la sécurité par rapport à la révélation de son identité. Il eut un petit sourire narquois que le jeune hapien ne pouvait pas voir, contrairement à son compagnon vert. Manifestement on ne lui faisait pas confiance…Comment les blâmer… ? Il se contenta de répondre d’une voix douce, mais imprégné d’une certaine suffisance :

- Que croyez-vous que je risque ? Gon est un des meilleurs épéistes que je connaisse. Et croyez-moi, ces petites frappes sont loin de faire le poids.

Il était bourré d’arrogance, s’imaginant qu’il ne risquait rien. Cela dit, il n’avait pas tout à fait tort. Qui voudrait s’en prendre lui alors qu’il valait actuellement son pesant d’or compte tenu de la proposition qu’il venait de faire ? Les explications du jeune blond étaient légitimes, les études coutaient cher, et son handicap ne facilitait pas les choses. Il tiqua sur un point cependant :

- Ho…je comprends que tout cela coûte très cher…Et je suis navré de constater que vous ne pouvez bénéficier d’une aide financière malgré votre handicap…

Toutefois le ton employé par le médecin mirialan ne lui plaisait pas. Mais il n’en laissa rien paraître. Visiblement ce militaire était sur la défensive surtout à la mention de son père. L’animal acculé pouvait montrer les griffes à la moindre remarque. Il en conclut que le médecin était – tout comme son jeune ami – une victime plus que des véritables membres de l’Association. Il eut un nouveau quand le médecin se risqua à lui demander si tout ceci n’était qu’un jeu…S’il savait…Avec le même aplomb et calme il répondit doucement :

- Un jeu…Non…Je suis on ne peut plus sérieux. Et pour répondre à votre question jeune hapien, les enjeux sont bien entendu le bien de la République. Croyez-vous que je sois ici parce que je l’ai choisi ? Les dieux m’en sont témoins j’aurai préféré être ailleurs que de négocier avec cette raclure de Nikto à supporter ses quolibets et son humour douteux et malsain. Ce projet n’est qu’un appât… Mais c’est pour la bonne cause, et je pense qu’il est bon de savoir sur qui on peut se reposer…Car sans une base solide, il est impossible de mener une croisade contre les déchets de cette société pourrie jusqu’à la moelle…

Il n’en dit pas plus, interrompus par la jeune prostituée qui venait les prévenir que le Nikto voulait les voir. Se donnant des airs de chef, il avoua avoir pris la décision de lancer la production de la drogue…le droïde traduisit en des termes plus convenables que ceux du détestable personnage. Il eut un geste de la tête pour signifier son approbation. Puis tournant la tête vers la jeune femme prostrée dans un coin, essayant tant bien que mal de cacher sa honte, il s’approcha d’elle en ôtant sa tunique sans manche pour en recouvrir le petit corps de la prostituée…La chaleur du tissu aiderait à la réconforter sans nul doute.

Il se redressa fusillant du regard le nikto, faisant fi de ce qu’il pouvait lui dire. Il avait horreur du gaspillage. Cette pauvre fille était traumatisée, elle ne pourrait plus être bonne à grand-chose sur le marché de la prostitution. De plus des coups et des violences marquaient sa peau à vie, la rendant beaucoup moins attractive. Ce Nikto n’était qu’un imbécile. C’était pourtant la base de tout bon gérant…

Si le Nikto ou ses hommes tentaient quoique ce soit contre le taanabien trop entreprenant, visant à protéger la pauvre fille, Gon se ferait un plaisir d’intervenir pour protéger son jeune maître. Il s’était d’ailleurs rapproché de lui, tenant son sabre bien en main. Le neveu du sénateur regardait le nikto d’un air de défi, puis il fit en taangul, traduit immédiatement par le droïde :

- Vous n’êtes qu’une brute épaisse…Cela dit, j’accepte le marché. Vous serez livré pour la matière première dans les plus brefs délais. Vous m’avez menacé précédemment de ne pas vous doubler sur quoique ce soit. Je vous retourne la mise en garde. Si vous tentez quoique ce soit contre ces filles, contre de jeune hapien, ce médecin ou n’importe qui d’autre…je vous jure que vous arracherais le cœur et vous regarderais mourir en vous vidant de votre sang, votre palpitant dans ma main. J’attendrai le premier versement dès le début de la mise sur le marché…N’essayez pas de m’arnaquer…

Ses mots avaient été durs…et il n’avait visiblement pas peur du nikto. A présent que le marché était conclu, il ne pouvait rien lui arriver, sans quoi la précieuse matière première ne serait jamais livrée…Et tout s’achèverait dans un bain de sang.