Luke Kayan
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Dans une petite cafétéria anodine de la rue des fleurs interstellaires, un couple tout aussi anodin attendait Balian. Elle était une Amaran, une créature canine dotée d'un flamboyant pelage roux rehaussé de noir, et lui un "humain" blond. Dans cette Galaxie où les coeurs se croisaient et les âmes s'entrelaçaient sans beaucoup de retenue, c'était au fond de soi, banal. Seulement, au contraire des duos attablés, encadrés par une ambiance qui se voulait chic quoiqu'un peu "hippie alternatif", la renarde et le jeune homme n'attendaient pas leur ami pour discuter boulot, mauvaise paye ou vacances à venir. Malgré son handicap, ce fut lui qui leva la tête vers l'entrée lorsque la petite sonnette se voulant accueillante émit son joyeux tintement pour la énième fois. Si, de l'extérieur, ce fait étrange pour autrui alimentait le folkore à propos de l'intuition des aveugles, il n'étonna guère l'Amaran sensible à la Force. Son "employeur" avait du enregistrer l'aura dudit Balian, son "client". Elle s'empressa de s'atteler aussi à la tâche, entourant son aura de la sienne afin de lui en voler l'empreinte. Elle n'était aucunement surprise de la légère sensibilité du médecin, Luke l'avait prévenu.

Assez bien côtée sans friser le luxe indécent de certains établissements, la cafétéria leur offrait la tranquillité des lieux bien fréquentés sans les mettre en évidence. Noyés dans la masse de familles ou d'amis qui papotaient joyeusement, le duo avait su choisir, à l'initiative d'Eugénie, une table assez isolée pour discuter. Et ils avaient de quoi parler. Pour l'occasion, Luke était habillé d'une simple chemise fine en flanelle, croisée sur sa poitrine un peu à la manière d'une tunique Jedi, ainsi que d'un jean. La renarde abordait une robe d'été fraîche, simple mais que l'on devinait de bonne facture. Un trou savamment fait sur mesure laissait passer sa longue queue fournie et ses pieds étaient chaussées de petites sandales très fines, elles aussi adaptées vu sa marche particulière -à la manière des animaux, elle n'appuyait pas toute sa patte au sol, et son pied en comparaison de celui des humain- était plutôt petit.

-Balian, bonjour. Comment allez-vous?

Luke, puisque c'était lui, avait eu la déférence de se lever, tandis que l'Amaran préférait rester assise, question de discrétion. Elle cachait pourtant sa surprise tant bien que mal. Ce Mirialan, elle le connaissait.

-Docteur.

Prononça la jeune femme d'un ton bas mais malicieux tandis que ses yeux s'étrécissaient au point de devenir deux fentes. Elle le jaugea de haut en bas, ses boucles abondantes coulèrent sur ses épaules minces. Selon le dossier que lui avait donné le Jedi, l'homme avait connu une spirale infernale qui le rattrapait aujourd'hui. Le sage, le studieux Balian, un junkie invétéré? Mais au fond, Eugénie ne s'en étonnait pas plus que ça, elle avait cotôyé ce milieu version huppé durant sa jeunesse, et ce n'était pas les plus tendres. Des fils et des filles à papa ennuyés, blasés, avec des moyens presque illimités, un culot monstre pouvaient être plus dangereux que les paumés en haillons qui s'effondraient une seringue remplie de drogue coupée dans le bras au coin d'une rue sale. Les nantis tombaient aussi, certains hommes brillants aussi d'ailleurs. Il n'y avait qu'à voir les chanteurs et acteurs qui se vautraient dans la farine blanche qui faisait tourner la tête de la Galaxie et le commerce des dealers. Eugénie avait toujours vu Balian comme l'un des plus prometteurs médecins de sa génération. La pression, peut-être. L'ennui du génie qui doit attendre les autres quant lui a déjà -presque- tout appris? Peu importait, finalement la renarde ne jugeait pas ses clients, elle se permettait juste d'accepter ou non la mission, penchant du côté des victimes plus que des coupables qui cherchaient à sortir du tribunal libre. Défendre un malfrat en sachant pertinemment qu'il reprendrait ses activités une fois dehors, souvent accompagnées d'une violence accrue, pas question.

Jusque là, elle ignorait le nom du "client" que Luke avait sagement protégé jusqu'à aujourd'hui, garantie de l'implication de l'Amaran. Le fait qu'elle soit venue après avoir qu'il l'ait laissé, hésitante, dans son bureau sobre mais chic faisait office de signature en bas du contrat. Il faut dire que se décider n'avait pas été simple. Plonger dans les milieux crasseux de la drogue, pis encore, du trafic de médicaments équivalait à chercher le suicide pour une jeune détective, au sortir de l'école, encore imbibée de ses cours théoriques parfois mal adaptés à une réalité dont elle ignorait beaucoup de choses. Luke l'avait choisi, elle s'en doutait, en partie pour sa sensibilité à la Force, appréciant qu'on ne remette pas en question son utilisation et effectivité. Sur le terrain, la renarde ne douterait pas des intuitions du Jedi guidé par elle, sachant de quoi était capable cette grande puissance qui coulait aussi dans ses veines.

En outre, le Chevalier avait opté pour l'Amaran que la célébrité n'avait pas encore corrompue, une nouvelle dans le milieu qui avait tout à gagner si elle y mettait son coeur. Sans réputation déjà faite en jeu, elle prendrait des risques que les moustachus au ventre proéminent et à la carrière déjà faites refuseraient. De même, son aura plutôt lumineuse malgré les aspects grandiloquents de la femme avaient achevé de le convaincre. Elle n'était pas la meilleure, mais son prix restait abordable -en tant que Jedi, il n'avait pas de fortune personnelle à portée de doigts, et il devait penser à ne pas dilapider l'argent du contribuable.- et il sentait son désir de bien faire. Déjà, elle avait été honnête en avouant ses doutes, les complications qu'entraîneraient cette mission sans exiger une hausse de gains. Quitte à perdre le contrat, Eugénie avait prévenu qu'elle ne viendrait peut-être pas à la cantine, rompant ainsi leur pré-accord.

C'est pourquoi le Hapien avait décidé de cacher le nom du client jusqu'au dernier instant et que la renarde découvrait maintenant le visage d'une ancienne connaissance. Ils s'étaient croisés lorsqu'elle avait fait un stage dans le centre militaire afin d'aiguiser ses capacités sur le terrain. Elle avait reçu une formation alternative et plus courte de soldat afin de forger son corps, apprendre les rudiments des arts de défense et poursuivre les criminels après les avoir débusqués. Ils avaient parlé, peu vu leurs caractères réservés, mais bien étant donné leurs capacités cérébrales.

Sans savoir que Balian et elle se connaissaient, Luke enchaîna rapidement après avoir jugé rapidement l'état mental du médecin, déviant et fragilisé il y avait quelques semaines. Compréhensible vu ce qui lui arrivait. Mais l'homme quoiqu'il en dise était fort, le Hapien avait relativement confiance en leur trio, même s'il avait conscience que leur union ressemblait à une mauvaise réplique parodique du fameux récit du jeune initié Jedi contre le Rancor vétéran. Une détective sans véritable expérience pratique, un docteur de talent mais ancien drogué et un Consulaire aveugle. S'en était risible, pourtant ils étaient là, réunis autour d'une assiette encore vide. Pour faire illusion, la renarde leva la main afin de faire venir la serveuse. Elle commanda un poisson avec du riz alors que Luke optait pour une salade. Le robot qui avait vaguement une forme de femme humanoïde avec des courbes agréables plus ou moins réussi demanda à Balian ce qu'il voulait. Malgré des intonations plutôt agréables, sa voix était indubitablement mécanique.

- Balian, je vous présente Miss Del Alba, elle est détective, elle nous aidera pour l'infiltration, tant sur le plan réglementaire afin de ne pas outrepasser les lois qui régissent ce domaine que pour des conseils qui m'échapperaient, puisque vous le savez, ce n'est pas ma spécialité. Avant toute chose, nous aimerions savoir quelle est la profondeur de votre implication dans ce groupe. Si vous les connaissiez bien avant, et si vous aviez acquis leur confiance. Du moins relative. S'ils pensent que vous êtes "droit" ou du moins trop timoré pour essayer de les tromper, ce sera plus simple, sinon, il faudra reconstruire le lien de base en effectuant plusieurs petites missions correctement. Chaque livraison sera composée de véritables produits. Le service spécial d'infiltration à donné son accord pour leur circulation, ils sont traçables et leur utilisation est soigneusement répertoriée. Il s'agit de sacrifices que la police consent à faire, alimentant le marché noir pour obtenir à long terme, la mise à mal dudit réseau. Donc, les risques sont amoindris. Vous versez dans l'illégalité mais avec l'accord du gouvernement en quelques sortes... Et les malfrats recevront un véritable produit, pas de risque d'être découvert. Je ne vous cache pas, ceci dit, que les étapes suivantes seront plus complexes et comporteront des risques.- Évidemment, la police n'allait pas consentir qu'ils alimentent éternellement le trafic. Lorsqu'ils toucheraient à des produits plus dangereux, mortels comme les drogues dures ou des médicaments très élaborés, ils travailleraient avec des placébos. Bien qu'ils soient de bonne qualité, les malfrats étaient malins, équipés aussi. Ce serait surtout l'attitude de Balian qui les décideraient à vérifier ou pas.- - Afin de vous soutenir, nous avons décidé que j'infiltrerai aussi. Nous cherchons seulement le moyen de m'intégrer sans éveiller les soupçons.- L'un des buts était de rattraper Balian sur une éventuelle bourde ou de le tirer de la mauvaise situation si un combat éclatait, mais il fallait encore trouver, effectivement, en quoi grimer Luke pour qu'il intègre ce monde, sans avoir l'air d'être le complice de Balian, tout en réussissant à rester à ses côtés. Peut-être si l'homme parvenait à faire croire qu'il reprenait goût aux drogues, à l'argent facile et qu'il se laissait corrompre? Serait-il possible d'imaginer qu'il entraîne son stagiaire dans cette folie? Mais d'abord, l'essentiel.-Êtes-vous toujours partant?
Balian Atraïde
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Luke avait promis de me recontacter quand il aurait trouvé quelqu’un de fiable pour compléter notre groupe d’investigation. Je l’avais laissé faire. J’avais eu besoin de me recentrer sur moi-même. Ayant littéralement « pété une durite », je devais reprendre le contrôle de moi-même. Et le seul moyen que j’avais trouvé, avait été de revenir aux sources. Contacter mon père ne fut pas aisé. J’avais honte de le décevoir encore une fois. Il y avait longtemps que je ne l’avais pas vu, la dernière fois avait été lors de ma cure de désintoxication. Il m’avait alors expliqué que tout ce que nous accomplissions se répercutait sur notre destinée. Ainsi, nos choix n’avaient rien d'ordinaires ou de triviaux. Ils résultaient d'un long parcours initiatique destiné à mettre en évidence nos talents et nos faiblesses, mais surtout à révéler notre véritable personnalité et notre force de caractère.

En tant que chaman de notre clan, [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] avait toujours su trouver les mots pour permettre aux âmes égarées de retrouver leur chemin. Lorsque son image holographique apparu devant moi, j’avais de suite ressenti un certain soulagement. Son visage souriant me fixait, tandis que j’étais tombé à genoux devant lui, implorant sa sagesse, et son pardon dans notre langue maternelle.

- Pama...yaihalu su... Su gie toluk'júvu p'u… Su q'omal aliyana, q'aleak'a (Père…pardonnez-moi…Je vous ai déçu. J’ai besoin d’aide, je vous en prie)

- Balian…sá espara… (Balian…mon fils…)

Sa voix grave et réconfortante avait de suite empli mon cœur d’un profond sentiment d’apaisement. Un Mirialan qui tournait le dos à ses traditions pouvait, selon mon père, se perdre. Mais cela voulait aussi dire qu’il était possible qu’il accomplisse de grandes choses. Ainsi il fallait que j’aille au bout de ce que j’avais entrepris, réparant ainsi mes fautes, pour rétablir l’équilibre au fond de moi. Je devais suivre la voie que la Force avait tracé pour moi, et accomplir ce à quoi j’étais destiné.

Cet entretien avec mon père m’avait ouvert les yeux sur la marche à suivre. Ce fut ainsi que je me retrouvais, quelques jours plus tard, devant la porte d’une cafétéria, prêt à entrer. Lorsque je pénétrais dans l’établissement, je cherchais des yeux le Jedi qui m’avait donné rendez-vous ici. J’étais tout de noir vêtu. Luke m’avais dit de venir « incognito ». Un militaire était facilement repérable, mais un militaire Mirialan, je finissais par être reconnaissable. C’est pourquoi j’avais opté pour une tenue que je portais que très rarement : une tenue traditionnelle. Une tunique de soie, légère et noire, dont les pans croisés étaient noués à la manière des tuniques Jedis. Un pantalon de coton noir, des bottes noires. Et par-dessus un long manteau noir et argent, sans manches et retenu par une ceinture large. Je pouvais passer pour un chef de Clan Mirialan tout à fait anodin…si ce n’était ma tignasse blond platine, qui dénotait clairement.

Rapidement, je repérais la longue chevelure blonde de mon collègue, qui à mon approche s’était levé. C’était toujours déconcertant de voir un aveugle réagir comme s’il ne l’était pas. Heureusement je savais que Luke avait une forte connexion dans la Force, il m’avait probablement reconnu dès mon entrée. L’autre personne, attablée était aussi un être sensible.

J’avais serré chaleureusement la main de Luke, pour ensuite baisser la tête vers…une Amaran ? Je fronçais les sourcils, avant d’écarquiller les yeux lorsque j’entendis sa voix me dire « docteur ». Eugénie ? C’était bien elle ! J’en étais sûr ! Bordel…la honte…Cette femelle Amaran, je l’avais rencontrée au Centre Militaire. Elle y était venue au court d’un stage pour parfaire ses capacités physiques. Je me souvenais de notre première rencontre…au cours d’une visite médicale de routine.






* *
*


Centre Militaire Coruscant
21.568



Ce jour-là, étant moi-même en formation militaire pour devenir médecin de combat, je devais faire les consultations des jeunes stagiaires. Ils étaient au milieu de leur période de stage, et je devais déterminer s’ils étaient aptes à poursuivre leur entrainement, tant physiquement que psychologiquement. Autant dire que j’étais soulagé d’échapper moi-même aux entraînements rigoureux de [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], notre charmant sergent-instructeur Cathar. Je remplaçais le Docteur [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien], un neuro-traumatologue qui s’occupait habituellement de ce genre de consultations. Un bel enfoiré prétentieux qui n’hésitait pas à me rabaisser en raison de mon passé houleux. Autant dire que je ne me laissais pas faire. J’avais peut-être changé vis-à-vis des patients, mais surement pas à l’égard des autres, surtout mes collègues.

J’attendais dans le bureau une jeune personne du nom d’Eugénie d’El Alba. Quand on frappa à ma porte, je me contentais de dire d’une voix ferme « entrez ». Et tandis que la jeune femme obéissait à mon ordre, je n’avais pas levé le nez de mon datapad, plongé dans la lecture passionnante d’une étude sur une transplantation cardiaque sur un Bothan.

Ce fut un petit raclement de gorge qui me fis sortir de ma lecture…je levais les yeux…Je ne m’étais pas attendu à me retrouver nez à nez avec une…Amaran ! Sur le moment je restais interloqué, puis je décidais d’ouvrir le dossier de la renarde…il y avait forcément une erreur.

- Je vous prie de m’excuser…j’attendais une certaine Eugénie Del Alba…

Et c’était là qu’elle m’avait répondu que c’était elle…J’avais dû me confondre en excuses, expliquant que son nom m’avait induit en erreur…un nom typiquement humain…pas vraiment ce à quoi on s’attendait pour une espèce aussi…animal que sont les Amarans.

Finalement, encore un peu gêné je repris :

- Bien…hrem… je suis le docteur Balian Atraïde. Je suis le remplaçant sur Docteur Artas. Je vais prendre en charge votre dossier. Comment se passe votre formation ?


* *
*


Je n’aurai jamais cru retrouver cette renarde, et encore moins qu’elle soit mêlée à nos affaires. Luke nous présenta, je souris à Eugénie, et pris place, tandis qu’un robot vint prendre notre commande. Je n’avais guère réfléchi à ce que je souhaitais manger, aussi mon réflexe fut de commander une valeur sure, à savoir une assiette variée, composée de viande, légumes cuit à la vapeur, et du riz à la sauce épicée.

En attendant que le droïde revienne avec nos commandes, Luke pris la parole, me présentant Eugénie – il ignorait donc que nous nous connaissions – et m’exposant le plan pour la suite des événements. Eugénie avait eu l’air surprise en me voyant, Luke ne lui avait probablement pas donné mon identité. Ce Jedi était décidément la prudence même. Je souris machinalement, et répondis doucement :

- Mademoiselle Del Alba et moi nous sommes déjà rencontrés il y a quelques années…C'est un heureux hasard n’est-ce pas ?

Les paroles de mon père sur la destinée me revinrent en mémoire. La Force était responsable de tout cela et rien n’arrivait par hasard pour un Mirialan. Des notions qui jusque là ne m’avaient jamais passionné…mais force était de constater que les traditions de mon peuple me rattrapaient. Si la Force avait décidé qu’il était temps pour moi de cesser mes conneries et prendre ma véritable place dans cette Galaxie, qui étais-je pour y résister.

- Si je veux avancer, il me faut tirer un trait sur passé. Je ferai donc ce qu’il faut. Je vous remercie de votre soutien. Je marquais une pause…Eugénie ignorait tout de mon passé. Comment allait-elle me voir désormais ? Je repris : ces hommes étaient mes fournisseurs. Je les voyais régulièrement. Je les payais toujours en temps en heure, je n’avais aucun souci avec eux. Jusqu’à ce jour où j’ai été dans l’incapacité de les payer car je n’avais plus un sou…ruiné par mon procès et mon divorce.

Avisant Eugénie, je guettais sa réaction au court de mon récit.

- J’ai été sauvé de leur griffes par Vhagar, un militaire que nous connaissons bien avec Eugénie. C’est là que je ne les ai plus revus car j’ai suivi ma cure de désintoxication, et ensuite je suis entré dans l’armée. Et envoyé sur le front une fois ma formation achevée. Et c’est par hasard que je les ai recroisés dans les rues de Coruscant, et que vous êtes intervenu Luke.

Je réfléchissais…comment intégrer Luke sans qu’il éveille les soupçons ?

- Des médecins qui se droguent ce n’est pas si rare que cela…surtout quand ils arrivent à un certain niveau…Faire croire à une rechute de mon coté est possible…et je vous aurai entrainé avec moi.

Après toutes les horreurs de la guerre, les blessures qui ne guérissent pas, ravoir un certain train de vie, j’avais, plus qu’il n’en fallait, des « excuses » pour replonger. De moins aux yeux de mes fournisseurs. Je ferai ce qu’il faudrait pour que notre plan réussisse…ces hommes profitaient des faiblesses autres et de leur addiction à des substances dangereuses, pour ne pas dire mortelles à haute doses…Il faut que cela cesse…

- Je suis prêt…


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Avant même de poser son manteau, Eugénie avait remarqué le médecin. Parce que ce n'était pas sa peau couleur pomme qu'elle avait vu défiler du coin de l’œil dans la structure. Un Mirialian. En soi ce n'était pas très particulier, hormis si l'on ajoutait la sensibilité dudit docteur. Par instinct, la renarde s'était aussitôt clos à la Force. La République savait, la hiérarchie du centre militaire aussi, mais ce remplaçant n'en avait guère besoin. Le lien dont disposait le nouveau avait un peu étonné la renarde, il était faible au point qu'elle s'était demandée si elle ne l'avait pas imaginé, car elle se sentait pathétiquement isolée, envieuse de connaître d'autres avec des sensations semblables mais retenue par la prudence.

Le manteau était tombé sur la chaise, verdâtre, rêche et tristement commun, autant de critères réclamés par les militaires qui fournissaient leurs soldats en matériel. Ses boucles de jais avaient suivi le mouvement de sa tête fine, une légère inclinaison sur la droite. De grands yeux en amande, étrécis par la curiosité avaient vaguement précédés sa réponse aux cordialités. Brève, presque ennuyée, répondant aux bases d'une courtoisie apprise par cœur, connue sans âme.

- Bonjour. Très bien, je vous remercie. -En réalité, Eugénie peinait à s'adapter à la routine militaire. Si elle ne rechignait pas face aux exercices comme le prouvait ce corps aux courbes minces, discrètes presque sèches mais efficaces, la brune n'arrivait pas à s'habituer à la discipline. Capable d'obéir à des ordres justifiés, elle détestait s'exécuter sans raison, pour le bon plaisir d'un chef d'escadrille parfois cruelle. Mais ça, elle n'en discuterait certainement pas avec un inconnu. Un inconnu militaire en plus.- Oh. Serait-ce votre livre?

Les yeux pétillants de la future détective s'étaient posés sur une étagère juste derrière le blond. Elle souriait maintenant, dévoilant ses canines blanches comme neige. Un brin moqueuse.

***

Une des oreilles velouteuse immobile tandis que l'autre pivotait tantôt vers le Jedi, tantôt vers Balian, Eugénie écoutait attentivement. Le premier avait tissé un début d'infiltration, simple mais raisonnable, soutenu par le second. Ce même sourire légèrement goguenard habillait ses babines.

- Beaucoup de médecins, hein? Je devrais peut-être songé à collecter mes fonds de leur côté.

Suggéra-t-elle, comme s'il était effectivement dans son intention de fouiller auprès du corps médical afin d'arrêter des gens, de démanteler des réseaux, peut-être de retrouver parmi eux des fournisseurs recherchés dans les commissariats et obtenir une récompense. À ses côtés, le jeune homme blond s'était tendu, même s'il se contrôlait, ses sensations filtraient presque automatiquement au sein de la Force, soulignant par comparaison, la petite connexion de Balian. Non seulement Eugénie ne s'était pas trompée à l'époque, mais en plus le lien était plus fort que ce qu'elle se rappelait.

- Détendez-vous mon cher, nous nous connaissons et je pense pouvoir affirmer que nos rapports sont cordiaux. N'est-ce pas?

Redevenant sérieuse, la renarde abandonna ce petit air mi-taquin, mi-charmeur. Le Jedi aveugle n'y serait pas sensible, Balian non plus probablement, et puis ce n'était pas le moment.

- Combien de temps êtes-vous prêt à investir dans cette mission? Parce que l'option que vous choisissez implique le long terme. Je peux m'occuper de gérer, quant à moi, la logistique, vous guider à travers le réseau via une études des principaux profils de criminels, mais en principe je fais plutôt du pistage, ce qui signifie que je cherche le présumé coupable via les preuves laissées dans son sillage... Il est possible de faire un mélange. À travers l'infiltration vous pourriez obtenir des informations sur la tête de l'Hydre, gagner sa confiance, faire diversion et permettre au docteur de s'offrir un peu de temps ainsi qu'un semblant de sécurité. De l'autre côté, je peux remonter les pistes déjà existantes, réunir les indices et fouiller la filière en parallèle.

Malheureusement, aux yeux d'Eugénie la mission restait mal organisée, elle avait l'impression de servir d'alibi plus qu'autre chose, de prétexte, de complément de dossier pour lancer officiellement la mission et nourrir le dossier. C'était ce que son diplôme indépendant lui permettait: réclamer des perquisitions, fouiner et officialiser leur travail. Le Jedi aurait pu le faire en soi, cependant, il restait limité tout professionnel qu'il soit, parce que ce n'était pas sa spécialité et qu'il était aveugle.

Les circonstances desservaient grandement le trio songeait encore la renarde en découpant habilement un morceau de son poisson pour le déguster. De la même manière que leur manque de professionnalisme apparent les protégeaient des soupçons évidents que tout réseau dirigeait vis--à-vis d'adhérents soudains. Ce serait blanc ou noir, ça passe ou ça casse et elle, en tant que détective débutante, elle n'avait guère d'autre choix que d'accepter. Se mêler à cette affaire dont elle ne reconnaîtrait probablement pas qu'elle la fascinait, éveillant son désir de titiller les statistiques, fouiller dans les profondeurs de son intelligence particulière afin de gagner le défi. Elle était entourée de deux personnes aussi volontaires que -malgré tout.- compétentes, bien que leurs domaines divergent -et c'était là le problème- de leur objectif. Elle-même n'avait pas pour habitude de travailler en équipe sur un projet d'infiltration. Son but à elle était de déterrer un malfrat, pas de se jeter entre ses crocs pour le convaincre qu'elle faisait partie de son équipe et, sur le tard, l'accuser. Eugénie, dans sa branche, savait de base que ses proies étaient des criminels puisque c'était des prisonniers échappés de prison. Malheureusement, elle le savait, personne ne lui confierait cette tâche ardue. Pas encore, elle n'était pas connue. Seul ce Jedi blond un peu confus, perdu qui était entré dans son bureau presque par hasard avait décidé de se fier à elle. Autant tout donner pour son employeur si particulier et Balian pour qui elle éprouvait une certaine amitié-

- Certains sont-ils reconnus par la justice? En fuite, même?

Demanda la renarde tranquillement en triturant un peu son riz. Pour sa part, le Chevalier avait simplement hoché la tête, un geste assez surprenant pour un aveugle avait-elle noté. Il semblait se contenter de l'explication partielle de Balian quant au fait qu'elle et lui se connaissent. De fait, il avait fini par choisir le soulagement quant à cette réalité. Leur lien, en effet plutôt positif, en tout cas assez fort pour se permettre une petite blague, ne pouvait que renforcer la cohésion du groupe. En accord avec les questions D'Eugénie, Luke s'était effacé, silencieux et attentif aux réponses du docteur.
Balian Atraïde
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Le ton de la jeune femme était neutre. Et tandis que je consultais son dossier je sentis son regard sur moi. Selon elle tout se passait bien, et cependant, j’étais surpris. Cette femme était une civile, comme moi, et elle disait s’être adapté sans soucis ? J’étais perplexe.

Sa voix retentit à nouveau, me désignant sur un ton plus enjoué un ouvrage. Je tournais la tête en direction du livre en question et confirma :

- Oui…c’est le mien…

J’étais prêt à renchérir sur un échange plus en rapport avec sa visite médicale du jour, mais je me ravisai soudainement. J’avais tout l’air du parfait médecin qui n’avait cure de sa patiente, et qui accomplissait négligemment une tâche qu’on lui avait imposé. Cette Amarane ne semblait pas vouloir parler de son stage au sein de l’armé, ou du moins ne pas révéler ce qu’elle pensait vraiment. Débattre sur ce livre serait peut-être une façon de briser la glace.

Aussi je repoussais mon datapad, et me levait pour prendre ledit ouvrage, le tendant vers la jeune femme :

- L’avez-vous lu ?

J’espérais ainsi créer une certaine relation de confiance…à condition qu’elle ait une opinion similaire à la mienne…Personnellement j’avais détesté ce livre mettant en avant un sujet des plus à la mode en ce moment, à raison de la profusion d’Holo-série traitant de ces « experts de la police ». Un thème dont tout le monde raffolait…sauf moi…peut-être était-ce mon coté diagnosticien qui trouvait ces pseudos spécialistes trop superficiels, commettant de grosses erreurs sur le plan médical et résolvant des cas en l’espace d’un épisode…pas crédible. Cela ne me divertissait même pas, et j’avais tendance à m’énerver seul, beuglant devant mon datapad ou mon holo-projecteur. Ce livre ne faisait pas exception, son sujet aurait pu rendre ce roman intéressant. Mais l’enquête était bâclée, l’expertise médical n’en parlons même pas, les conclusions arrivaient, seule la Force savait comment…bref…insipide…et bourrée d’erreurs. De quoi me flanquer une urticaire d’énervement.

* *
*


La petite réplique factieuse d’Eugénie me fit sourire, nous avions eux des rapports cordiaux c’était vrai, nul besoin de tant de formalisme entre nous. J’hochais doucement la tête, pour acquiescer à ses propos. Et fis sur un ton plus détendu :

- J’espère que vous ne gardez pas un ressenti traumatisant de votre séjour dans les rangs de l’armée.

La « serveuse » était revenue avec nos commandes, et je me retrouvais avec mon assiette composée de légume viande et féculents, dégageant de subtils aromes épicés, comme je les aimais. C’est don en enfournant une première bouchée que j’écoutais les explications d’Eugénie sur l’infiltration. Cela prendrait du temps effectivement, car il ne s’agissait pas de débarquer parmi eux en terrain conquis. Il fallait faire profil bas, gagner une certaine confiance. La stratégie en double action proposée par Eugénie n’était pas bête, bien au contraire. Je la voyais même comme la meilleure chose à faire, car cela nous ferait gagner un temps précieux, restait à savoir ce qu’en pensait Luke.

Eugénie me demanda si certains étaient des criminels connus. J’eus un faible sourire. Le réseau était connu, mais comme toujours la tête pensante pouvait être n’importe qui, agissant dans l’ombre et tirant les ficelles.

- Certains sont connus oui, je peux déjà vous donner quelques noms que j’ai en mémoire…peut-être qu’en étudiant leurs relations connues et en recoupant des données policières parviendrez-vous à dégager la partie visible de l’iceberg. Ils utilisent les défavorisés des bas-fonds, leur faisant miroiter une paye alléchante. Ainsi ils ont une main d’œuvre changeante, pas chère, et surtout qu’on peut jeter facilement.

Me tenant droit et altier, ma voix ne vacilla pas lorsque j’expliquais cela. La crise dont Luke avait pu être témoin était désormais derrière moi, j’avais repris le dessus, et j’étais parfaitement maître de mes émotions. Mâchonnant un petit morceau de viande, j’avalais tranquillement et repris :

- Har'k Honnen, le Nikto est la tête d’affiche…il sert de diversion, c’est lui qui s’expose. Personne n’ose s’opposer à lui, il est toujours bien entouré. Je l’ai souvent entendu dire que « ceux pour qui il travaillait avaient le bras long » …Mais je ne sais rien de plus.

Je laissais planer un petit temps de pause, à la fois pou laisser du temps de reflexion à mes comparses, mais aussi pour en profiter pour prendre une nouvelle bouchée de mon repas. Je cherchais comment aborder une question qui me taraudait depuis un moment…puis j’optais pour la franchise.

- Que doit-on faire pour mon père ? Le Nikto n’avait pas l’air de plaisanter, et encore moins faire une menace en l’air quand il a parlé d’envoyer des chasseurs de prime sur Mirial. S’il arrivait malheur à mon père, ce serait une catastrophe pour notre clan.

Balerion n’était pas un soldat, c’était un homme doux, qui accepterait son destin sans chercher à le repousser…Mais je n’étais pas prêt à voir mourir mon père.

Luke Kayan
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- Hélas. J'y ai laissé quelques précieuses heures, assassinées.


Avait répondu l'intéressée sans hésitation aucune malgré une voix douce. Même ses oreilles s'étaient jointes à son air affligé, s'abaissant sur le haut de son crâne en une position évocatrice. Impossible pour la renarde de laisser un travail -ici la lecture de ce Best-Seller- à moitié fait. C'était donc partagé entre la rage et l'espoir vain qu'elle avait continué. Le second sentiment s'était vite effacé tandis que le premier n'avait fait que s'amplifier quand elle avait vu que le contenue empirait. Malgré la médiocrité du début, l'auteur avait en effet réussi à continuer à descendre de niveau. En un sens, c'était digne d'admiration. Il fallait du courage pour signer "ça" de son vrai nom, encore plus pour le publier car si l'argent avait coulé à flots, sans nul doute vu le succès incompréhensible de l'oeuvre, la dignité de l'éditeur ne s'y était certainement pas maintenue, elle, à flots. Quoiqu'il en soit si la détective avait été chez un psychologue, il lui aurait soufflé que complimenter ces feuilles reliées aurait été un bon début pour entamer une relation, mais le livre était trop affreux pour qu'Eugénie ne mente au médecin, quitte à s'en faire un ennemi littéraire acharné et puis, elle n'allait chez aucun psychologue.

- À mon avis, ils ont oublié de consulter des experts sur la procédure à suivre pour une enquête, ou alors ils sont allés voir les stagiaires.- Elle aussi était nouvelle dans son métier, d'accord, mais c'était une auto-entrepreneuse, acharnée avec ça en plus. Sans cesse à la pointe des dernières études, enfermée chaque soir dans son bureau modeste qui sentait le neuf.- Quant à la médecine qui y ait pratiquée, j'ai de gros doutes sur certains faits. Oh je ne m'y connais guère, mais assez pour pointer du doigt certains défauts.- Eugénie réfléchit quelques secondes avant d'ajouter- Désolée si vous l'avez aimé.- Au moins elle aurait fait un effort social.- Alors, pourquoi faites-vous l'honneur à cette merveille de siéger sur vos étagères?

Un sourire s'était dessiné sur les babines noires de la renarde alors qu'imperceptiblement, ses doigts avaient légèrement desserré leur emprise sur le sac posé sur ses genoux. Ses oreilles voyagèrent d'avant en arrière une fois, avant de revenir vers le docteur, attentives.

***

Luke ne laissait rien apparaître de l'agacement naissant qui irritait sa gorge. Il avait toujours été un peu excessif en ce sens, peu capable de loisir lorsqu'une mission se profilait, d'autant plus avec ces enjeux. Le groupe allait flirter avec la loi, frôlant les limites avec une effronterie qui ne correspondait en rien à son style. Jouer sur les mots? Les rôles, les statuts de chacun, notamment celui de Balian? C'était de l'acabit de Diplomates beaucoup plus doués, reconnus que lui, le trop sage Chevalier qui se complaisait dans l'ombre et les missions sans gloire, achevées dans l'art de ses chères normes. Luke avait donc des raisons de se sentir irrité par les folâtreries de ses compères, et il tâchait de se retenir de l'exprimer en se rappelant que son dossier était bien formé, que tout avait été validé par la hiérarchie. Le cas de Balian, impliqué dans l'affaire avait causé des sueurs froides, il avait dû user d'un charisme dont il n'avait même pas conscience pour convaincre le petit comité. Heureusement l'ancien statut de militaire avait fini par aider, et surtout l'envie de la police de Coruscant de stopper ce réseau. Connaissant déjà Luke et saisissant l'opportunité d'en finir avec la puissante organisation, apte à rivaliser avec certaines de Nar Shadaa, patrie de tous les malfrats.

- Ce Militaire, Vaghar: quel rang a-t-il? Connait-il ce gang ou passait-il par hasard? S'il est spécialisé dans ce milieu, cela pourrait nous aider. Mais pas seulement en nous donnant des informations. Il existe un système de protection des témoins discret mais redoutable pour des cas comme celui de votre père. Lorsque la prévention n'est plus possible et que les potentiels preneurs d'otages ou tueurs connaissent sa position, que l'intervention policière ne saurait être directe, un réseau spécifique se met en place. Hélas, je devrais encore faire une demande à ce propos -sans oublier de diriger à Mirial une demande de collaboration spéciale-, une demande qui pourrait être fluidifiée si je parlais avec Vaghar, en supposant que ses fonctions touchent ce domaine. La surveillance se veut indétectable pour ne pas mettre la vie du témoin en danger. Votre père ne serait donc pas déplacé mais il serait protégé par un service spécial.

Expliquer ce genre de choses à un "presque"-civil était fastidieux pour le jeune homme habitué à évoluer dans une sphère complexe où les longues phrases alambiquées étaient parsemées d'un vocabulaire spécifique, connu de peu d'experts. C'était un inconvénient que de peiner à vulgariser des connaissances et le pauvre Eckthor en faisait les frais. Par chance, Padawan comme Maître étaient patients, volontaires et disposés à écouter autrui. Chacun s'efforçait donc pour trouver un terrain d'entente.

- La dernière rencontre s'est mal passée apparemment. Te réintroduire dans le système ne sera pas du tout facile. Néanmoins l'avantage des drogués est leur fragilité. En cédant à leur chantage, tu replonges dans ton passé, il est presque attendu que dans la drogue également, notamment pour surmonter cette nouvelle chape de problèmes. Ça peut donc se tenir bien que ça risque d'être long. Par contre, vous. Désolée mais votre infiltration, je n'y crois guère et je pense qu'eux, encore moins. Sauf s'il y avait un poste spécifique qui... Justifierais. Vous avez un quota d'handicapés obligatoire à respecter?

Demanda sans gêne ni considération Eugénie, le dos bien droit et la fourchette sur le point de piquer un légume. Ses parents lui avaient enseigné que parler à table était fort impoli, ainsi la mastication n'était interrompue que sous le prétexte de demander poliment le sel. Néanmoins, la Renarde avait en partie abandonné cette habitude, peu pratique pour les affaires. Elle parlait donc, exposait la vérité mais d'un ton feutré. Le Jedi ne sembla pas vexé, de fait, il avait l'air d'appuyer son idée. Surprise la canidé tourna une oreille vers lui, un sourire posé sur ses lèvres. Combien de temps pourrait-il feindre ne pas être touché par ses paroles piquantes? Peu de gens parvenaient à passer outre le fait qu'on leur balance leurs faiblesses à la figure. Balian par chance était de ceux-là. Ceux qui acceptaient voire appréciaient l'art de l'ironie. Elle avait appris à l'apprécier pour ça, un peu comme Vaghar cliché du militaire brutal, droit au possible mais excellent homme dans le fond, presque... Sensible.

- J'ai tout de même des connaissances en médecine.

Répliqua doucement le Chevalier, pensif et plus suggestif que tranchant. Si ses deux camarades avaient une meilleure idée d'infiltration, il n'était pas contre. Ce n'était pas comme s'il avait une fierté mal placée, surtout en mission où réussir était une priorité -d'accord, il avait ses limites! Qu'on ne lui redemande JAMAIS de chercher à séduire un Sith. Jamais!-. En réalité, le Jedi était beaucoup plus inquiet à propos de leur équipe, hétéroclite au possible et guère spécialisée. Le médecin anciennement drogué qui devrait pénétrer plus profondément encore dans le monde de la drogue, en devenir actionnaire, la spécialiste de fugitifs en fuite chargée de la logistique et un Jedi davantage tourné vers la diplomatie que l’infiltration. Chacun connaissait le domaine dans lequel il allait opérer sans que ce ne soit son atout principal. N'était-ce pas un peu léger face à l'énorme machinerie?

Selon ses contacts dans la police, une petite organisation avait ses avantages, elle était moins visible, plus facile à gérer quant à des changements de dernières minutes, sans parler d'une communication utlra fluide, mais cela suffirait-il?
Balian Atraïde
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Ainsi donc elle non plus n’avait pas aimé ce livre ? Comment lui en vouloir, c’était un navet galactique sans le moindre doute. Je fis tourner rapidement les pages tandis qu’elle me demandais pourquoi je gardais cette littérature digne du cloaque le plus miteux des Bas-fonds de Coruscant. J’expliquais :

- Je vous rassure, je n’ai nullement aimé ce livre…Pour moi c’est un ramassis de conneries improbables, avec une enquête bâclée et des raccourcis scientifiques bien arrangeants.

Mes yeux s’étaient alors posés sur la première page…Quelques lignes et un petit cœur avaient étés tracés…une écriture féminine dont ma mémoire avait conservé le souvenir :

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]




Adila…elle m’avait offert ce livre pensant qu’il me plairait…comme quoi nous n’avions vraiment pas les mêmes valeurs… « Mon roudoudou Acidulé »…je détestais ce surnom ! Est-ce que j’avais une tête de « roudoudou » ? De plus à l’époque j’étais bien trop accaparé par mon travail pour prendre le temps de le lire, et je lui avais reproché sa futilité…Ce livre est une des rares choses qu’elle m’avait laissés. Ce fut durant ma cure de désintoxication que j’avais eu tout le loisir de découvrir cette histoire « passionnante » que mon ex-femme avait manifestement adoré.

Pourquoi je gardais ce roman ? Je refermais sèchement la couverture du livre, générant par la même un nuage de poussière, preuve qu’il n’avait pas été manipulé depuis un moment. Je le remis à sa place et expliqua :

- Je le garde pour me rappeler que la médiocrité ne doit pas être envisageable dans mon métier. Quand on a en main la vie des autres, on ne peut se permettre d’être incompétent. Et c’est aussi un souvenir…

…Le seul qu’elle m’ait laissé en dehors des papiers du divorce, de la note d’avocat, et la somme impressionnante que j’avais dû lui verser en dommages et intérêt pour « préjudices moraux, négligences et violences physiques »…Une somme que j’avais été obligé d’emprunter et que je continuais de rembourser…J’avais peut-être mérité le mépris de mon ex-femme…mais elle avait également fortement gagné le mien…me faisant passer pour un mari violent, impuissant et irritable. Quelle peste ! Voila pourquoi je gardais ce livre…il me rappelait tout ce que je ne devais pas être…et que je n’avais pas à culpabiliser pour mon ex…J’avais payé ma dette à son encontre.

Je m’étais tourné vers la renarde avec un sourire bienveillant et repris :

- Nous avons tous besoin de « piqûres de rappel » ne croyez-vous pas ? Ne pas oublier nos erreurs et chercher à nous améliorer…nous dépasser… ou ne serait-ce qu’avancer, même si on ne se sent pas à notre aise dans une situation. Ne croyez-vous pas ?

J’essayais de faire doucement glisser la conversation vers le but de cette visite, sans pour autant braquer ma patiente. J’avais noté le subtile mais charmant ballet de ses oreilles…Véritables détecteurs sonores, les pavillons de ses oreilles de canidé étaient également une esquisse de l’humeur qui animait leur propriétaire. Elle semblait à l’écoute, en attente…je devinais une personnalité facétieuse, assez forte…Je me demandais comment elle se débrouillait avec l’autorité militaire…Vhagar n’était pas du genre à tolérer les mutineries dans les rangs.

**
*




Ma fourchette piqua un morceau de viande qui se retrouva ensuite entre mes dents à subir le processus de mastication alors que j’écoutais les propos de Luke. Il se demandait si mon ami et mentor avait un quelconque lien avec les dealers qui m’avaient agressé quand il m’avait tiré d’affaire il y a plusieurs années maintenant. Je pris le temps d’avaler mon morceau de viande avant de préciser au Jedi :
- Vhagar est sergent-instructeur dans l’armée…infanterie mobile…Il n’a pas de lien avec eux. Il savait dans quoi ces bougres trempaient car ce n’était pas la première fois qu’il les voyait dans le bar où il m’a ramassé lors de notre première rencontre. Il est intervenu car il ne trouvait pas la « partie » équitable, d’autant plus que je n’étais pas très réaction puisque sous emprise de stupéfiants. Et malgré mon état, j’avais encore tout à fait l’air d’un « petit monsieur » pour reprendre ses propos. Il n’est pas très gracieux et accompagnable, mais ce maudit Cathar est futé, il a un grand cœur et ne supporte pas l’injustice…S’il peut, il nous aidera…peut-être est-il en mesure de se rappeler de certains visages. C’est un familier des bars, toute proportion gardée et en dehors du service. Il peut repérer sans qu’on le soupçonne. Un militaire qui vient se changer les idées dans un bar cela n’a rien d’étonnant en soi.


La mention de la protection de mon père me rassura quelque peu…Cela dit, celui qui risquait de nous mettre des bâtons dans les roues était mon père lui-même…prônant que si la Force en avait décidé ainsi qui serait-il pour aller à l’encontre de son destin. Balérion était du genre à suivre le courant tout tracé par celle que mon peuple avait déifié. La connexion de mon père avec la Force était plus légère que la mienne. Cela ne l’empêchait pas d’en être en fervent serviteur, acceptant tout ce qui lui arrivait comme une fatalité, et qu’il était inutile de chercher à s’en défaire. L’idée que la protection serait discrète vallait sans doute mieux pour tout le monde…surtout pour lui.

- Je vous remercie de votre attention à l’égard de mon père…son lien avec la Force est…particulier…et…il vaut mieux qu’il ne sache rien du danger qui pèse sur lui…pour le moment du moins. J’espère que cette protection discrète sera efficace…J’imagine qu’Hark’Honnen va engager des chasseurs de prime…

Je poursuivis la dégustation de mon assiette, écoutant cette fois Eugénie. Selon elle l’infiltration de Luke posera problème…Il était vrai que le Jedi faisait prude…juvénile…et totalement innocent. C’était à la fois un problème et un atout, car qui le soupçonnerait sous ses airs angéliques ? Après avoir avalé ma bouchée je fis à l’intention d’Eugénie :

- Peut-être qu’on se pose trop de questions…En ce qui me concerne l’infiltration sera facile…je les connais, je connais les symptômes…Mais comme Luke l’a signalé, il a des compétences médicales, il peut simuler tout comme moi…Et franchement…Qui va aller le soupçonner… ? Il a une tête d’ange !


J’avais dit cela avec une sincérité déconcertante, mais c’était la vérité, je comprenais les réticences de chacun quant à cette affaire. Je voyais cela de ma fenêtre en tant que médecin, militaire de surcroit. Mais je songeais que mes deux amis se mettaient trop de pression. Certes, cette organisation était puissance, cela dit nous étions loin de la renommée de l’Echange ou du Soleil Noir…Je repris donc :

- Ce qui semble être notre faiblesse est à notre avantage ne crois-tu pas Eugénie ? Qui soupçonnerait Luke qui peut aisément passer pour un étudiant aveugle qui cherche des sensations fortes ou des choses nouvelles…Il est suffisamment jeune pour que je puisse passer pour son mentor…Et moi…je suis suffisamment instable psychologiquement pour leur faire croire que je replonge…Nous sommes les candidats idéales…au-dessus de tout soupçons…


Je souriais, et ma voix était avenante, j’étais sûr que cela fonctionnerait, et j’avais confiance dans les capacités de Luke qui m’avait déjà montré de quoi il était capable.

- Si nous parvenons à trouver leur repaire…nous trouvons le véritable chef…Pour cela il faudra être très convaincant. Il y aura surement une autre commande de bronchodilatateur…apparemment le demandeur est souffrant d’une maladie chronique, il doit se fournir régulièrement…C’est notre chance de démanteler ce réseau de criminels.


Ce que je ne disais pas à mes amis…c’était qu’il ne fallait pas quand chose pour que je replonge dans la drogue. J’espérais que maintenant que j’avais une meilleure conscience de mes facultés, la Force me préserverait de tout cela.


Invité
Anonymous
- Enfin quelqu'un qui reconnaît la médiocrité de ce... truc.

Eugénie avait plissée les yeux, goguenarde, puis ils s'étaient soudain ouverts en grand, comme étonné. Renforçant l'expressivité de son minois, les oreilles poilues de la demoiselle s'étaient vivement redressées, désormais droites au point d'en devenir rigides, immobiles, presque accusatrices. Une piqûre de rappel? Pour s'améliorer? Où voulait donc en venir ce bon docteur, inconnu de son état? Quelle familiarité. La renarde chercha la subtilité contenue dans les propos de l'homme, persuadée qu'il y avait effectivement un message caché. Lorsqu'elle le découvrit, elle choisit de sourire d'un air énigmatique, les deux mains refermées de manière presque possessive sur son sac... Ou de ses secrets, sans doute.

- Possible. Quoiqu'il en soit, j'espère que vous n'en êtes pas précisément à cette étape de remise en question ou de réapprentissage à l'instant où je suis sensée passer entre vos mains.

Avait-elle finit par dire, faussement suspicieuse, réellement amusée par l'étrange scientifique. De prime abord, le Vert de Peau semblait coincé, mais lorsqu'on le titillait un brin, il avait du répondant. Un peu comme Eugénie, délicate, bien éduquée de prime abord, mais véritable chipie lorsqu'elle le désirait et surtout si elle trouvait que son interlocuteur en valait la peine. Aux autres, elle offrait la gentille fille, adoptée des bas-fonds, sauvée de la misère, devenue noble, aux manières impeccables. La princesse lisse, -presque- parfaite, sans saveur.

*****

S'il y en avait un de coincé, c'était bien l'employeur d'Eugénie. Du coin de l'oeil, elle notait les détails, les manies du jeune Jedi. Chaque geste, parole étaient mesurés, au point qu'elle détectait une genre obsession du contrôle, peut-être à basse échelle, mais en tout cas, il mesurait de manière suspecte, chaque morceau introduit entre ses lèvres rosées. Simple réflexion de professionnelle de l'observation -si débutante soit-elle en pratique.- À chacun ses problèmes et ses troubles psychiques.

- Vaghar, un habitué des conversations de comptoirs et des choppes de bière de Corellia... Je le savais. - Fit-elle, amusée en se rappelant avoir été reprise par le concerné, alors qu'elle fixait son visage avec une concentration qui mettait mal à l'aise. Outre une légère effluve avinée, la Grise avait parfois noté ses pommettes rougies, des poches sous les yeux ou des prunelles qui ne suivaient pas exactement le mouvement. Autant de signes discrets d'un homme porté sur l'alcool. Pas assez pour être alcoolique, suffisamment pour en prendre doucement la voie s'il ne réagissait pas. Un bon vivant derrière sa rigidité. Encore une fois, à chacun ses manies.- Mais il est de confiance. Quant à ton père- La renarde leva les yeux au ciel, un de ses défauts à elle, était de manquer totalement de tact. Surtout quand la situation n'exigeait pas qu'elle joue la comédie.- La situation est bien assez délicate comme ça. Préviens-le et convaincs-le en lui expliquant que lui mort, son clan ne sera pas plus avancé, ni toi. On n'a pas besoin de chichis et d'égards par rapport à la culture des uns ou des autres vis-à-vis de la Force.- Le mysticisme n'avait jamais été un des trucs d'Eugénie. En bonne "scientifique", elle croyait aux choses pragmatiques et selon elle, la Force ne protégeait ou ne guidait personne. C'était un organisme intéressé qui choisissait un hôte et profitait de lui autant que l'hôte en profitait. Cette réciprocité était finalement la seule chose qui permettait aux Midichloriens de ne pas être targués de parasites. Habituellement, elle préférait garder museau clos en ce qui concernait cesdites croyances, son respect se dessinant sous les traits d'un silence poli doublé d'une sage indifférence. Aujourd'hui néanmoins, elle se sentait obligée d'intervenir.-

- Pour qu'un programme de protection de témoins soit réellement efficace, unité spéciale ou pas, le concerné doit respecter certaines règles. Vous pouvez tout mettre en place, dépenser des milliers de crédits, si le témoin utilise une fois son Comlink ou son Datapad c'est fichu. Si un chasseur de primes est engagé, ce ne sera pas n'importe qui en imaginant que votre affaire soit aussi importante que ce que vous pensez... Alors si vous voulez avoir une chance que Balian Senior survive, il doit être dans la confidence, et toi te bouger pour lui expliquer que s'il n'obéit pas à des règles strictes, il mettra la vie de tout son clan chéri en danger.

La jeune Canidé poussa un petit soupir, elle détestait parler autant, et surtout s'illustrer de la sorte, comme une peste rigide, mais s'ils s'attardaient sur les humeurs de chacun, alors ils n'avaient effectivement aucune chance. Faire la chasse aux criminels les plus dangereux de la société inter-galactique donnait plus qu'une vague idée de ce dont était capable un pisteur, nullement limité par les lois ou des scrupules. Avec ou sans protection le père de Balian avait déjà peu de chances -mais ça Eugénie préférait le garder pour soi, imaginant que le Hapien et le Mirialan le savaient plus ou moins. Qu'ils le nient ou l'acceptent en était une autre.- alors s'ils commençaient à aviser une unité spéciale prenant en considération la discrétion envers la propre victime, ce serait de la pure folie.

- Pour moi c'est d'accord, on fait ça. Ce n'est pas comme si je ne savais pas que ce plan était fou de base, ni qu'on avait une autre option.


À nouveau rieuse malgré une angoisse bien cachée qui se baladait au fond de son estomac, Eugénie acheva son plat de résistance, les yeux plantés sur le Jedi qui, à son tour, accepta. Il était probablement temps de se séparer sans même prendre de dessert.
Balian Atraïde
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La Renarde semblait d’accord avec moi concernant le peu de crédibilité et la navrante platitude de cet « ouvrage ». Cependant elle renchérit, me mettant manifestement devant ma réflexion, cherchant à percevoir les subtilités de mes propos…petite futée…

Je ris de bon cœur et revins prendre place sur mon siège à mon bureau :

- Ne vous inquiétez pas…Je n’en suis pas là…l’exercice de mon art est bien trop précieux à mes yeux.

Mes yeux s'étaient posés sur elle, je guettais ses réactions à nouveau...et finalement je décidais d'entrer dans le vif du sujet en rebondissant sur une question:

- Et vous? Qu'avez-vous trouvé en venant à l'armée?


**
*


Notre petit groupe de « comploteurs » s’était quitté il y avait quelque jours à la fin de notre repas…et ayant posés les bases de notre « mission ». La voix d’Eugénie raisonnait encore dans ma tête…Cette renarde avait toujours eu un franc parlé. J’avais eu du mal la première fois que nous nous étions rencontrés, mais j’avais appris à la connaître. Tout comme elle savait que sous mon air ronchon et peu avenant je n’avais pas un mauvais fond.

J’étais dans mes quartiers, à l’Unité Médicale du Centre Militaire de Coruscant, attendant que la connexion avec mon père s’établisse. Je réfléchissais à comment aborder la chose avec mon père. Eugénie m’avait conseillé de révéler à mon père le plan de protection qui allait se mettre en place autour de lui. Je savais pertinemment comme il allait réagir… Cette tête de pioche était aussi butée que moi ! Cela promettait ! Soudain l’image de mon père apparue devant moi. Ses cheveux étaient presque blancs désormais. Des rides sillonnaient sa peau dont le vert perdait un peu de son éclat. Et je pus constater qu’il avait refait ses tatouages car ils étaient bien plus nets, et d’un noir vif. Il sourit en me voyant et écarta les bras, sa voix grave m’emplis d’un bien être dont seul lui avait le secret :

- Balian…Mon fils…Comment vas-tu ? Tu as une petite mine…Tu ne dors toujours pas mieux ?

Hé voila…Balérion était quelqu’un de tellement altruiste, prenant systématiquement la défense des plus faibles, et cherchant faire le bien et répandre le bonheur autour de lui. En particulier quand il s’agit de son fils…à savoir…moi.

- Bonjour…heu…Je dors suffisamment, merci. Je suis juste préoccupé.

Le chaman du Clan Atraïde fronça les sourcils et, d’un geste, m’enjoignit à développer :

- Voila, j’ai des ennuis avec des types que j’ai connus…lorsque j’étais encore médecin et que je prenais…hé bien quand je me droguais. Ils m’ont coincé à cause d’argent que je leur dois. J’ai voulu payer, mais à la place ils ont réclamé que je leur rende un service, mais j’ai refusé et…alors…Il ont menacé de s’en prendre à ma famille…

Balérion soupira. Et d’une voix douce et calme il pris la parole :

- Balian…tu dois suivre ton instinct, la Force te guidera…Tu le sais, rien n’arrive par hasard, nous faisons parti d’un ensemble, la Force nous guide et nous protège. Et si elle a décidé que notre heure était venue, nous ne pouvons rien à faire.

Je secouais la tête…une colère grandissait en moi, je n’avais aucunement envie d’avoir un cours là de suite maintenant surla Force et la perception ue nous en avions et ses multiples et agaçantes interprétations que mon chaman de paternel pouvait en faire. D’une voix forte, j’interrompis mon père :

- PAPA ! S’il te plait…

Nous fûmes tout les deux surpris…Il y avait bien longtemps que je n’avais pas été aussi familier avec Balérion, et m’entendre l’appeler « papa » nous laissâmes, l’un comme l’autre, sans voix un court instant. Finalement je fus le premier à m’en remettre et j’en profitais :

- Papa…je vais devoir réaliser une mission dangereuse. J’ai demandé à ce qu’une protection te soit allouée. Ma requête a été acceptée, alors s’il te plait. Suis bien les instructions qu’ils t’indiqueront…Nous ne pourrons plus nous parler avant que tout cela ne soit terminé…Sans quoi cela te mettrait en danger. Tu ne devras te fier à personne…

Mon père avait souri…

- Balian…je ne crains pas la mort…Je ferai corps avec la Force, et je rejoindrai ta mère qui m’attends depuis bien des années.

Cette fois, je lâchais avec violence :

- Mais moi je ne veux pas que tu meures ! Me rendant compte de la violence de mon ton, je m’apaisais et repris : je ne suis pas prêt à envisager une telle chose…Il y a encore tant de choses dont il faut que nous discutions…je soupirais…Papa…promets-moi que tu resteras tranquille et que tu ne feras rien qui puisse te mettre en danger.

Sentant probablement ma détresse, Balérion acquiesça avec un faible sourire.


________________


Cette histoire avec mon père réglée, il ne fallut pas loin de deux semaines encore avant de parvenir à mettre au point notre infiltration en duo. Mes antécédents jouant nul doute que j’étais potentiellement susceptible de replonger. Et…je devais bien avouer que cette perspective n’était pas seulement que « potentiellement ».

J’avais continué de fournir mes « amis » en médicaments, mais il n’était plus question de bronchodilatateurs. Sans doute le commanditaire avait-il trouvé une autre source pour se fournir ? Une chose était sûre, pour avoir besoin d’autant de bronchodilatateur, il devait souffrir d’une maladie pulmonaire chronique gravidique.

Ce jour-là, je marchais donc, en direction d’un coin de rue, où je devais rencontrer mes anciens fournisseurs, leur demande sommeillait gentiment dans mon sac. Des antidépresseurs et des somnifères…A chaque commande j’essayais de comprendre ce qui pouvait bien motiver ces patients de passer par des groupuscules, alimentant ces réseaux de trafics de médicaments. A chaque liste de traitement le diagnostic apparaissait devant mes yeux. Certains ne souhaitaient pas passer par des voies officielles pour éviter de perdre leur travail, ou des avantages si l’on venait à découvrir une pathologie sous-jacente. Nous vivions une bien étrange époque.

J’arrivais à la ruelle où je devais céder les médicaments à un rodien. Mon contact m’attendait, je lui donnais le sac que je portais, et avant qu’il ne s’éloigne je l’attrapais par le bras et lui fis d’une voix rauque :

- Je veux voir le Nikto…j’ai…j’ai besoin de quelque chose…et, j’ai un client supplémentaire pour lui.

Le rodien se dégagea sèchement et quitta la ruelle.

Une semaine supplémentaire s’écoula quand je reçu le rendez-vous et le lieu où nous devions le retrouver. Un bar qui ne payait pas de mine, à une heure de la nuit assez avancée. Il acceptait donc de m’entendre, et il acceptait de rencontrer ce nouveau client, qui n’était autre que Luke.

C’était donc tout naturellement que j’avais donné à Luke les informations pour me retrouver à l’entrée du bar en question. L’ambiance était lourde, cela puait l’alcool, et les fumées de substances illicites qui fusillaient les poumons des consommateurs et des autres clients, même s’ils étaient passifs, l’air en était saturé. Dans un recoin, le Nikto, Har’k Honnen nous attendait, une prostituée Twi-Lek à chaque bras. Il nous fit signe de nous attabler, non sans qu’un de ses hommes nous ait fouillé au préalable. Nous n’étions bien entendu pas armés, et nous n’avions pas l’air bien dangereux. Le Nikto rouge arborait un rire mauvais, il me regardait avec avidité, et sa voix rocailleuse s’échappa de sa gueule répugnante :

- ça faisait longtemps toubib…Je suis content de constater que tu n’as pas fait de vagues, et que tu es bien obéissant. Il parait que tu voulais me voir…que tu avais besoin de quelque chose ? Alors quoi Balian…la pression de l’armée est trop forte sur tes épaules ? Je vais te dire ça ne me surprend pas…J'ai toujours vu en toi un vrai toxico...

Il avisa Luke…et le désigna du menton :

- C’est qui le blondinet ? Ta copine ? Il eut un rire gras, apparemment satisfait de sa mauvaise blague, c’est lui le client potentiel ? Il a l’air bien propret…le Nikto saisit un cigare, la prostituée de gauche coupa le bout, tandis que l’autre alluma le précieux tabac, tandis qu’Har’k Honnen tira une longue bouffée…qu’il souffla en direction de Balian et Luke, et repris en désignant Luke : hé ! la blondasse, t’es vraiment aveugle ? Qu’est-ce que tu attends de moi ?

Il voulait savoir si Luke n’était pas ce qu’on pouvait dire une taupe déguisée…Je fis avec une pointe de colère du manque de respect de ce nikto à l’encontre de mon ami…s’il savait qu’il avait affaire à u Jedi, il ne fanfaronnerait pas autant…

- C’est mon stagiaire ! Har’k, il est vraiment aveugle, on est sous pression…on a besoin de tenir le choc…

Mais le nikto me fit un geste pour me faire taire, et de ses deux doigts tenant son cigare, il me pointa en premier

- Ta gueule Balian ! puis il pointa Luke, il est assez grand pour parler tout seul le blondinet… à moins qu’il soit muet en plus d’être aveugle…Comment tu fais pour soigner les malades si tu ne vois rien hein ? Avec ta tête d’ange, je pourrais te faire faire le trottoir avec ces demoiselles, il claqua les fesses des deux twi-lek vautrées sur lui, je suis sûr que tu me rapporteras un sacré paquet de pognon…T’en dis quoi le blondin ?

Je voulus intervenir, mais un des gorilles de cet ignoble personnage me saisit par une épaule et me ramena contre le dossier de mon siège. Je tournais la tête vers Luke…le pauvre…dans quel merdier je l’avais traîné…


Luke Kayan
Luke Kayan
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[hj: désolée s'il y a une incohérence, j'ai tapé la majeure partie du RP au travail, sur ma boîte mail puis posté par téléphone. Dis-moi si quelque chose ne va pas! ]

Le plan avait légèrement changé. Parce qu'être un des pauvres hères désespérés qui servaient de clients au Nikto n'ouvrirait guère de portes, il avait finalement été décidé que le Hapien se montrerait plus... Épicé. Avec son passé -il avait déjà retourné sa veste par le passé et était revenu à cause du chantage.- Balian deviendrait plus difficilement un membre de confiance de l'organisation et surtout, Luke ne voulait pas risquer de l'enfoncer aussi profondément dans l'infiltration. Une feuille vierge en guise de dossier, le jeune homme pouvait espérer vite grimper dans l'estime, et si non, servir d'espèce de bouffon utile aux yeux des membres de l'Association- ils avaient le sens de l'ironie dans ce groupe pour l'avoir ainsi appelé, certes.- Un bon bagout surplombé de cécité les amuseraient, on apprécierait sa verve sans s'en inquiéter, exactement comme lors d'un numéro de cirque. Humiliant mais nécessaire. De toutes façons, Luke ne se formaliserait guère de l'opinion de telles personnes à son égard. Autre avantage certain: après avoir invoinvolontairement pris de la drogue et avoir de ce fait, demandé une Sith en mariage, il n'allait pas recommencer. Son intégrité doublée de cette horrible expérience le rendaient incorruptible de ce côté-là.

- Bien sûr et heureusement que je le suis, aveugle. Je n'aurais probablement pas supporté la vue de ta mère quand j'ai soigné ta mère de sa solitude.

Répondit le jeune homme d'un ton sec. La tirade évidemment dessinait un caractère opposé à celui du doux, pacifique et courtois Hapien. C'était complètement voulu, nécessaire pour avoir une chance d'attirer le Nikto, au-delà du "faible" intermédiaire dont la génitrice venait d'être insultée.

-Ignorant, je suis un Hapien. Nous avons tous cette tête.

Il y avait un peu de vérité dans les propos du jeune homme, destiné à se défendre d'une quelconque suspicion d'homosexualité. Les enfants de sa race étaient sans pitié sélectionnés depuis des millénaires pour leur beauté, triés comme des animaux de concours. Les nouvelles technologies n'avaient fait que renforcer le processus, à coup de gênes triturés, retirés, mélangés, ainsi, la perfection de leurs traits pouvait parfois suggérer une certaine androgynie. Il existait bien sûr des exemplaires masculins virils mais le contraire n'était pas non plus rare. Aux yeux des ignorants, le rapprochement entre un physique délicat et une sexualité divergeante était très facile. Dans le cas de Luke, la corrélation entre son physique et son homosexualité étaient inexistantes, c'était le fait du hasard ou de la malchance, peut-être. Quoiqu'il en soit, dans ce milieu plus que jamais, il avait intérêt à cacher son orientation, et de manière très ferme car cela pourrait lui attirer des ennuis. Ainsi profita-t-il lorsque l'une des tapes de l'homme sur les fesses d'une Twi''Lek envoya cette dernière directement sur lui. Le prétendu stagiaire la reçu entre ses bras et lui caressa doucement les Lekkus, replaçant l'un d'eux sur ses omoplates qu'il apprécia de sa paume. Intérieurement le processus le dégoûtait car il était fermement opposé à la prostitution. Il fallait être malade mentalement pour se sentir attiré par une fille ou un homme qui offrait des caresses en échange de son corps. Pour lui, l'alchimie physique dépendait surtout de celle mentale même s'il existait bien des barrières infranchissables, à cause d'hormones capricieuses, ainsi, Luke ne pourrait jamais apprécier le contact amoureux avec sa meilleure amie. Mais qu'importe, aujourd'hui il fallait feindre, et bien feindre surtout. Sans tomber dans la vulgarité, puisqu'il possédait sensément un cerveau de scientifique, le blond jouait sur ce petit côté acide, cette arrogance qu'il était difficile de déterminer si elle était élégante ou provocante. Probablement des deux. Son personnage lui faisait horreur, mais le Hapien avait appris à vider sa tête, à compartimenter sa fausse identité et celle véritable de Jedi qui le faisait vibrer. Sa formation auprès de la police de Coruscant lui avait beaucoup servie, ainsi que ses bases en diplomatie évidemment.

-Je n'opère pas, vous vous en doutez... Mais je suis un véritable dictionnaire, capable de réciter des protocoles entiers, de faire référence à la dernière méthode qui peut sauver un patient ou faire le lien entre des symptômes et une maladie rare. Bref, le gain de temps précieux de l'ordinateur couplé à un esprit humain pourvu d'une capacité d'adaptation en cas de situation imprévue et de... Principes.

Un sourire se glissa sur ses lèvres pour renforcer ce fameux mot "principes" qu'il avait laissé traîner en longueur. Le but de son petit numéro était de montrer un garçon encore propre mais qui pourrait facilement tomber dans le crime. Sa cécité n'était pas destiné à stopper sa progression. Dans son maintien, un délinquant chevronné pouvait lire que ce blondinet aspirait à plus que ce que lui offrait le présent: un poste de stagiaire. Même si pour tenir le coup, il avait besoin d'un peu d'aide.

[color=yellow]-Je connais certaines substances, j'en ai eu besoin à l'université car tous les livres ne sont pas traduits en braille, donc je n'avais pas le référence à portée de main, raison pour laquelle j'apprenais des chapitres entiers, mais pour ça je devais mettre... Toutes les chances de mon côté. Vu que les Examens pour devenir interne approchent, et la pression dont a parlé mon supérieur, nous devons nous préparer.

Le sourire du jeune stagiaire s'était affadi, il semblait désormais inquiet, prêt à retourner dans l'ombre de Balian, son mentor qu'il respectait quand même. Le futur de ce médecin pas ordinaire était en jeu, c'était une proie parfaite pour les vendeurs de drogue, d'autant plus qu'il semblait avoir les moyens, ne boudant pas son plaisir en glissant un billet dans l'échancrure de la Twi''Lek. Un billet raisonnable vu son statut de stagiaire évidemment, mais promess de plus s'il obtenait ses concours. Après tout, les médecins, surtout associés aux militaires gagnaient pas mal de crédits.

Au sein de la Force, plus par habitude qu'autre chose, le Hapien avait glissé une onde légère se voulant rassurante. Il ignorait si le Mirialan pourrait attraper ce soutien furtif au vol. Luke voulait à la fois lui prouver que derrière son personnage se cachait toujours le collègue, l'ami (?), le protecteur. Mais il voulait aussi maintenir Balian à flots, que ce dernier ne se laisse pas glisser dans les bras séducteurs de la drogue: infâme femme aux courbes délicieuses, au regard magnifique et venimeux.

La seconde Twi''lek quitta les bras de l'intermédiaire pour venir se loger sans façon contre la poitrine du véritable médecin. Elle passa un doigt langoureux sur le col de ce dernier puis lui offrit un baiser sur la joue. Luke, discrètement, remonta la main de la sienne, de fille de compagnie, qui était descendu jusqu'à son postérieur. Il y avait des limites au jeu quand même.
Balian Atraïde
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Je ne m’étais clairement pas attendu à une telle réponse de la part de mon comparse Jedi. Parfaitement entré dans son rôle il avait répondu avec une fermeté et un langage que je ne lui aurai jamais soupçonné. Il ne s’était pas laissé démonter et avait poursuivi sur sa lancée ! Je le vis recevoir dans ses bras une des pauvres twi-leks, et jouer le jeu en témoignant à la jeune femme des marques d’intérêt. J’étais…scotché…sidéré !

Mais je n’étais pas le seul. Car le Nikto avait ouvert de grands yeux en entendant les mots durs de Luke, notamment la mention à sa mère…Tous se demandaient comme il allait réagir…contre toute attente Har’k parti dans un rire franc et amusé. Il pointa Luke de son cigare et fit à la cantonade :

- Haha ! Il me plait le jeune ! Au moins toi t’en a dans le pantalon !

Encore plus stupéfiant ! Luke avait tapé dans le mille pour se faire bien voir…Le Nikto nous observait tour à tour, écoutant les explications de Luke…le passage sur sa formidable mémoire, et sur ses connaissances sur les substances fit tiquer le Nikto qui haussa un œil…visiblement intéressé. Il fut amusé de voir que Luke avait glissé que certaine quantité de crédit à la fille qui avait été envoyée vers lui. Il était bien évident que chacun de nos comportements était analysé, et nous devions nous montrer de bonne composition et conciliant envers ces crapules.

- Je vois…et tu viens donc vers nous sous la coupe de notre ami vert ici présent…Haha…Ecoute moi bien gamin, tant que t’es réglo je le serai avec toi. Je t’aime bien, tu ne semble pas avoir froid aux yeux (il rit de sa mauvaise blague) …mais si tu comptes nous doubler je te préviens que je ferai de ta vie un enfer avant de te tuer…Demande donc à ton ami comment il en est arrivé là…N’est-ce pas Balian… ?

Il poussa la seconde Twi-Lek vers moi. Je la vis s’approcher en minaudant et se coller langoureusement à moi…Sa main sur mon torse, son doigt jouant dans mon cou, elle se hissa sur la pointe de ses pieds pour venir claquer un petit baiser sur ma joue…Je fermais les yeux…essayant de relativiser…Je restais de marbre ...Har’k me connaissait…Si je jouais un autre rôle ille saurait…Je repoussais la Twi-Lek avec douceur…Le Nikto éclata de rire :

- Toujours pas porté sur la chose Balian à ce que je vois ? Sérieusement ! Je comprends pourquoi ta femme t’as plaqué haha…tu aurais dû me l’envoyer…j’aurai su compenser ton impuissance hahaha ! Mais je comprends…tes sentiments et désirs étaient tournés vers autre chose…Ton ami est moi difficile…Il désigna la twi-lek qui se frottait à Luke : si tu veux passer du temps avec elle, je peux te faire un prix d’ami…elle est…très inventive…tu verras…

Il avait posé sa main sur son torse comme s’il voulait certifier de son « amitié » envers nous…tel un parrain de pègre qui traitait avec des membres de sa famille…Mais l’entendre parler ainsi de mon ex-femme m’irrita au plus haut point…j’avais quitté Adila en mauvais termes…mais ce n’était pas une raison pour cracher sur son nom. Je tâchais toutefois de me contenir…Soudain…je sentis une présence autour de moi…il me fallut du temps pour en comprendre l’origine. Je n’étais nullement habitué aux pouvoirs liés à la Force. Et bien qu’étant légèrement sensible, j’étais loin de maitriser le peu de capacités que je pouvais obtenir à travers Elle.

Il se tourna vers Luke et me désigna :

- Tu sais ce qu’il a fait n’est-ce pas ? Haha…tu aurais vu dans quel état il était…complètement accro à l’adrénal…Un brillant médecin à ce qu’on m’a dit…hein Balian…un rictus mauvais apparu sur ses lèvres, il a foutu sa vie en l’air…pour çà…

Il sortit de sa poche une injection qu’il posa sur la table. J’écarquillais les yeux en reconnaissant les symboles illustrant le précieux liquide qui sommeillait dans la seringue. Je sentis mes mains se crisper, un feu jailli au plus profond de mon être, envahissant mes entrailles et se diffusant dans tout mon corps. Le souvenir cuisant des effets de ce produit sur mon organisme…la sensation qu’il me procurait autrefois…

Je serrais les dents, tâchant de me raccrocher au soutien invisible que Luke avait lancé vers moi à travers la Force. Devant mon hésitation Har’K Honnen éclata de rire :

- Haha…tu te fais pudique toubib ? Je comprends… Tiens…je te la donne…tu auras tout le loisir de refaire connaissance avec ta bien-aimée en privé…hahaha.

Je réalisais avec horreur que le Nikto n’avait pas tort. L’amphétamine qui composait l’adrénal avait été l’objet de tous mes désirs pendant longtemps…Je m’étais approché pour saisir la seringue qu’il me tendait. Mes doigts se refermèrent sur l’injection qu’il lâcha au même moment. Je restais un instant interdit devant mon « bien » …Hésitant…J’éprouvais désormais une terrible aversion pour celui que j’avais été…mais en même temps il ne faudrait pas grand-chose pour que je cède à la tentation…Comme beaucoup de drogué, il était difficile de tourner définitivement le dos à ces démons. La voix du Nikto raisonna de nouveau, d’un ton plus sérieux :

- Bien… Maintenant que nous avons fait connaissance, passons aux choses sérieuses. Balian, si tu continues comme cela…je te fournis comme avant…on reprends nos bonnes vieilles habitudes. Mais souviens-toi de ce que je t’ai dit…Si tu fais ne serait-ce qu’un pas de travers…je sais où frapper…Il tourna la tête vers Luke : Quant à toi…tu m’as l’air bien sympathique, et sûr de toi…J’apprécie cela…on peut, peut-être, devenirs bons amis…comme avec ce cher Docteur ici présent…Je peux te fournir en substances, tout ce que tu veux…Soit tu paies, soit tu te rends utile…Et justement, avec ta tête d’ange et ton handicape, tu ferais un excellent coursier…T’en penses quoi ?

Son sourire mauvais était posé sur mon ami Jedi…et je remerciais la Force en force en cet instant que Luke ne puisse pas le voir…
Luke Kayan
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- Seul le domaine médical m'intéresse.

Signala le jeune homme, évinsçant rapidement les doutes concernant une éventuelle intention de doubler L'Association. La réponse collait avec le personnage, plus que l'argent, c'était la gloire qui intéressait le stagiaire, la reconnaissance au-delà de son handicap: un parcours somme toute commun, une réaction stéréotypée d'un jeune ambitieux freiné par les circonstances de la vie. Finalement, ces délinquants se contentaient de peu, appréciant les mêmes profils: réponses éhontées mais pas trop, insolence prudente, avec en épicentre une faiblesse pour les manipuler. Les lèvres du Hapien s'étirèrent en un sourire, étrangement sincère lorsque le Nikto acheva sa tirade, contente de sa mauvaise blague, tellement clichée qu'il aurait dû avoir une amende pour non-respect de copyright.

- Le Docteur est l'un des meilleurs, c'est pour ça que je le suis, il le sait d'ailleurs. Sincèrement, sa relation avec la drogue n'est pas mon problème, je me charge de me contrôler, lui de se gérer.

Fit mine d'avouer Luke bien qu'il croit réellement aux capacités de Balian. Dans leur histoire, il n'était pas le stagiaire dévoué en tout point, sinon un jeune prometteur n'ayant aucun remord à expliquer à son supérieur que ses dons ainsi que ses déviances vis-à-vis de la drogue étaient le lien qui les maintenaient. Il ne devait pas paraître trop proche de son mentor afin qu'on ne se serve pas d'une amitié éventuelle pour le faire plier. Détaché, ambitieux, son personnage était un petit effronté sans scrupule, cependant trop intéressé par la médecine pour représenter un danger comme futur baron de la drogue. Le Nikto observait longuement le duo entre quelques blagues graveleuses, il calculait déjà comment rendre le gamin doublement aveugle, le rendre assez accro à ses substances pour s'assurer son service. Il lui laissait premièrement le choix, mais si tout allait bien, ce fils à papa au cerveau bien doté n'aurait plus assez de son salaire -même en ascendant- pour payer la drogue. C'était ainsi que le Nikto s'assurait la loyauté de ses clients ou des membres de son groupe: en les impliquant tellement que ceux-ci le protègeraient par peur de tomber avec lui. Quant à Balian, l'intérêt était d'en faire un fournisseur efficace, une passerelle vers les stocks de l'armée, sans oublier les crédits que le désespéré de la seringue pourrait lui apporter. Difficile de dire qui du lot était le plus gros, mais il se régalait d'avance. L'arrogance du gamin l'aiderait à le faire tomber au même niveau que Balian, il en était persuadé.

- C'est gentil, mais je préfère l'exclusivité, je n'aime pas trop ce qui a déjà servi. Avec votre respect mademoiselle, mais je suppose qu'aux vues de vos courbes parfaites, un bon nombre de clients sont passés par là.

Le Hapien repoussa doucement la concernée qui encaissa l'insulte. Il aurait en fait aimé avoir un tête à ête avec la prostituée afin de l'interroger subtilement sur la dynamique du groupe qu'elle cotôyait, néanmoins finir dans un lit tel un prostitué lui-même afin de ne pas soulever de soupçons devenait un prix beaucoup trop cher à payer. À ce que l'on disait, certaines Ombres en arrivaient à ce point, prêtes à des sacrifices impensables pour servir l'Ordre mais Luke n'en était pas une, sans compter que son manque de réactions sous les draps aurait éveillé moqueries ou pire, des inquiétudes, parler avec la fille de joie n'était donc pas une option. En revanche, trafiquer sur le court terme pouvait éventuellement en être une. Les agents en infiltration avaient la permission de fournir de la drogue -souvent issue de stocks retenus dans les entrepôts de la brigade des stupéfiants suite à des arrestations.- afin de remonter le réseau. Lorsque ce dernier était important, la police délivrait une sorte de permis pour verser dans l'illégalité sur le court terme pour faire tomber les grosses têtes. Le Nikto n'était pas un intellectuel, cependant il était doué dans son domaine, expérimenté aussi, et Luke sut qu'il ne dormirait pas beaucoup cette nuit, occupé qu'il serait à obtenir le droit d'utiliser de la drogue retirée du marché.

La phrase "je te la donne" fit sortir Luke de ses calculs internes, protégé par son visage masculin, Balian avait été targué d'impuissant mais pas de lopette, déjà ça. Désormais, cependant, il avait troqué la fille contre autre chose. Nul besoin d'être un génie ou un voyant pour deviner qu'il s'agissait de drogue. Luke supposa que c'était de l'adrénal que l'homme avait évoqué avant. Luke ne s'y connaissait pas beaucoup en drogue, ce n'était pas son domaine après tout, et ignorait si c'était en pastille ou en injection que le médecin avait reçu son cadeau empoisonné. Quoiqu'il en soit, il devait résister et ne rien avaler, même pas au nom de l'infiltration. C'était un coup à se laisser prendre à leur propre jeu, à aller trop loin comme accepter un rendez-vous avec une des filles d'Hennen. Au sein de la Force, le lien qui unissait Luke à Balian devint plus ferme, sur le fondtoujours tamisé et doux, une onde rapide et sèche comme un mot unique qui marque claqua.

* Non *

Un ordre clair, afin d'aider le cerveau du Mirialan à prendre sa décision sans trop avoir à réfléchir, un acte presque impossible lorsqu'on se trouvait face à son addiction.

- Nous verrons -signala le Hapien qui se demanda si le Nikto résisterait à l'envie de faire une blague encore plus nulle sur l'expression commune qu'il avait employé.- Je ne voudrais pas que cette activité extra... Scolaire affecte mon travail. Mais c'est vrai que je vais avoir besoin d'une bonne réserve pour passer ces examens.

Fit-il, dubitatif pour ne pas avoir l'air de se vendre trop tôt. Difficile de deviner si Har'K compris la technique de celui qui ne voulait pas passer pour un désespéré mais en tout cas, il fit mine de le respecter. Un claquement de doigts plus tard, il envoyait la prostituée préparer de petits paquets, ces derniers contenaient de la poudre sensée relaxer, il offrit aussi une injection d'Adrénal, le même poison auquel était accro Balian. Évidemment, le Nkto les lui donna gratuitement, une stratégie pour rendre accro le futur client, et peut-être lui rappeler cette dette le jour où le stagiaire serait trop défoncé pour se défendre. Il devrait alors passer le reste de sa misérable vie à rembourser la faveur.

- Merci. Et bien au revoir.

- On vous recontactera, n'oubliez pas, c'est l'Association qui prend l'initiative de rendez-vous, si vous n'avez pas assez de... D'aide disons, vous passez par la voie commune, le secrétariat.

L'homme ricana, éructa-ce qui le fit davantage rire- et retourna à ses affaires sans attendre que les deux autres réagissent, signe que c'était bien lui le "dominant", celui qui pouvait se passer des formules de courtoisie élémentaires. Luke sortit de l'étouffante gargotte. Il avait prévu de rentrer au Temple mais changea les plans.

- À part analyser tout ça, relever des empreintes, nous n'avons pas grand chose à faire d'autre que d'attendre. En attendant, j'aimerais que vous vous installiez dans un hôtel, en espérqant qu'ils ignorent encore où vous habitez, et je vais d'ailleurs aussi m'y loger. Sait-on jamais s'ils cherchent à vous contacter pour obtenir des informations sur moi ou vous proposer une affaire sans mon concours, et le contraire pareil, nous devons pouvoir contraster sans cesse ce qu'ils nous transmettent afin de nous mettre d'accord. Je serai aussi plus tranquille de vous suivre maintenant que nous sommes en contact avec eux, sait-on jamais si un des membres de l'Association vous tient rigueur pour votre "retournement de veste" et souhaite se venger.

En réalité, le Hapien en doutait, parce que personne ne voudrait retirer au Nikto une source d'argent plausible. Aussi, bien que certaines têtes soient tombées à cause du témoignage de Balian, elles se tiendraient loin de lui, jusqu'au jour où Hennen jugerait ne plus en avoir besoin et qu'ils se bousculent au portillon pour l'achever, certes. Mais si Luke était inquiet dans l'immédiat sans ose le dire -par pur tact- c'était parce qu'il avait peu confiance envers Balian concernant sa résistance à son ancienne addiction. En logeant avec lui, il pourrait se préparer au cas où l'Association contactait le Mirialian agissait sans passer par "Lou", mais aussi veiller sur le médecin.
Balian Atraïde
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Finalement nous ne nous en sortions pas trop mal. Har’K Honnen avait apprécié le caractère sûr et fier mis en avant par Luke. Le Jedi avait su doser entre acidité et complaisance pour satisfaire à l’ego du Nikto. C’était ainsi qu’il fallait traiter avec ce genre d’oiseau. Il fallait lui montrer qu’on était mentalement suffisamment forts, mais sans être trop rebelles pour lui créer des ennuis. De plus avoir des faiblesses ou des besoins spécifiques nous rendaient redevable envers le Nikto et l’Association.

Une fois sortis de là, je pris une formidable bouffé d’air…l’atmosphère était étouffante, tant par la petitesse du lieu que par l’ambiance lourde. Je n’étais pas fâché de retrouver les rues de Coruscant qu’habituellement j’exécrais.

J’écoutais les propos de Luke… « habiter dans un hôtel »… « me protéger »… « nous concilier »…des mots qui sonnaient justes dans ma tête…Mais j’étais préoccupé par autre chose…ce que je tenais à l’instant dans ma main…la seringue d’Adrénal…Je n’osais la regarder. J’avais senti la vague de Force de Luke un peu plus tôt lorsque le Nikto m’avait suggéré de refaire connaissance…comme s’il s’agissait d’une femme somptueuse aux courbes tentatrices. J’avais nettement entendu cet appel de Luke à travers les liens invisibles que nous avions tissé…ce « non » avait claqué eu plus profond de mon être.

Je soupçonnais mon ami Jedi de ne pas me faire confiance quant à ma résistance à l’envie de planter cette seringue dans mon bras et injecter le produit autrefois désiré. Finalement je mis la seringue dans les mains de Luke…joignant le tout aux paquets de substances que le Nikto avait fait donner à Luke comme cadeau de « bienvenue ».

D’une voix sombre j’approuvais ses propositions :

- Nous n’avons plus qu’à attendre. Ne vous inquiétez pas…il ne faudra pas longtemps pour qu’ils se rappellent à notre bon souvenir. Je marquais une pause…réfléchissant quelque peu avant de reprendre : certes…il vaut mieux que je loge dans un hôtel…en attendant que tout soit terminé. Je loge dans un appartement qui appartient à l’armée. Inutile d’attirer l’attention de mes supérieurs sur d'éventuels allers et venues suspectes. Et par la même de me mettre en danger.

Il ne nous fallut pas longtemps pour nous décider sur l’hôtel en question. La cohabitation avec Luke promettait d’être particulière. Pour des soucis d’économies et pour mieux veiller sur moi (dixit Luke) nous avions choisis de vivre dans les même quartiers…Deux lits, une salle de bain…une pièce de vie commune…pas le grand luxe, mais l’ensemble était correct. Nous avions chacun nos fonctions quoi nous occupaient dans la journée, nous nous retrouvions donc le soir.

Je n’étais clairement pas habitué à partager mes quartiers avec quelqu’un depuis mes classes à l’armée. J’étais un solitaire, et j’aimais avoir mon espace vital bien à moi. L’austérité des lieux ne me posait aucun souci, je n’étais pas matériel en soi…et je n’avais pas besoin de grand-chose pour vivre. J’étais maniaque et je rangeais absolument tout ce que j’utilisais. Je n’aimais nullement le désordre, selon moi il était impossible de travailler correctement dans un environnement mal tenu si l’on pouvait dire. Nous nous entendîmes donc très bien avec Luke sur ce point qui était aussi – si ce n’était plus – rigide que moi. A dire vrai, Luke était quelqu’un de silencieux…très silencieux…c’était parfait, je n’étais moi-même pas très loquace.

J’essayais d’aider mon nouveau colocataire du mieux que je le pouvais sans être trop sur son dos…sa cécité était un handicap non négligeable et malgré sa formidable capacité d’adaptation…Au début il lui fallait s’habituer aux murs, au peu de meubles présents. Je redoublais d’attention pour que rien ne vienne le gêner…comme une paire de chaussures mal rangée ou tout autre obstacle inopportun.

Nous avions été recontactés par l’Association…encore un détournement de médicaments. Ils nous disaient ce dont ils avaient besoin et nous convenions d’un point de rendez-vous pour refiler les médicaments au contact qui nous attendait…Souvent c’était le Rodien, ou une des deux Twi-Lek prostituées. Nous avions pu ainsi refaire le lien entre les différents protagonistes que nous avions rencontrés jusque-là. Tout était bien huilé. Mais clairement, Har’k n’était pas la tête pensante, il se contentait de mordre et effrayer ceux qui ne pouvaient pas payer leurs redevances, ou servir d’intermédiaire. Il nous fallait découvrir qui était derrière tout cela…et où se cachait cette pieuvre cancéreuse qui avait étendu ses tentacules dans les rues de Coruscant. Pour cela rien ne valait mieux que de jouer les bons éléments, indispensables…Luke menait son enquête de façon efficace, il était en lien avec la police et Eugénie. Moi je ne me sentais guère utile. Néanmoins j’essayais de mener ma petite enquête…notamment je tâchais de dresser une liste de bars ou de gargote dans lesquels se faisaient des deals comme celui que nous avions eu avec Har’k…Je me souvenais de celui où Vhagar m’avait ramassé : « Au Fathier Fringant » …il y avait aussi un autre nom qui ressurgit : « Le Diamant Vert »…je ne connaissais pas…je me promis de faire des recherches dessus. Le nom me plaisait…il fallait dire j’aimais le vert…allez donc savoir pourquoi.

La cohabitation se passait donc au mieux. Une idée m’avait traversé l’esprit. J’avais demandé à mon nouveau coloc’ si nous pouvions profiter de la situation pour me familiariser avec la Force et poursuivre la petite formation engagée au préalable par Luke. J’avais encore beaucoup à apprendre, et je me disais que peut-être me concentrer sur la Force m’empêcherait de me troubler de nouveau au contact de la drogue…comme lorsque j’avais eu la seringue dans les mains. Je fis part de mes doutes à Luke :

- Bon…on ne va pas passer par quatre chemins…j’ai été accro…et comme beaucoup de toxico, décrocher ce ne fut pas facile. Ma cure de désintoxication fut un calvaire, et les infirmiers du centre de désintoxication se souviennent encore de moi… Alors oui j’ai peur de replonger…mêmes si je ne sais que je peux le surmonter…Je te laisses imaginer ce que j’ai pu ressentir avec cette seringue dans les mains…

Depuis que nous cohabitions, le tutoiement était venu assez facilement pour moi. Sans doute l’esprit « casernement », « fratrie militaire » qui me rattrapait. L’armée et son fonctionnait commençait à laisser des traces en moi.



Luke Kayan
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Si Luke n'était pas dérangé en soi par la colocation -parce qu'il avait partagé un dortoir commun plus de 10 ans- il ne trouvait pas moins étrange de retourner à ce mode de vie. Bien qu'il n'ait rien à cacher, hormis sa relation avec Karm!- le jeune homme appréciait son intimité autant qu'il craignait d'embêter Balian. En mission, son handicap n'était pas si notable, parce que le Chevalier regorgeait de ressources pour y pallier, utilisant la Force dans les moments extrêmes, pourvu que ce soit sur un très court laps de temps, afin de se diriger. Dans la vie quotidienne, c'était une autre question. Il fallait ranger absolument tout ce qui traînait, ramasser les chaises contre la table, ne jamais bouger les meubles, remettre chaque chose à sa place. Bref, malgré son adaptabilité, le Jedi n'était pas -bien malgré lui- le meilleur colocataire du monde. Certes, il y avait aussi des avantages comme ne jamais avoir à se battre pour la lumière entre celui qui voulait lire et celui souhaitait dormir, ceci dit, Luke se rappelait que les autres gamins du dortoir avaient parfois -difficilement- tu leur agacement. Comble du comble, le fait qu'il échappe au ménage pour des raisons évidentes achevaient de tendre l'ambiance, parfois du moins, parce qu'heureusement, le comportement des gosses était tempéré par leur éducation Jedi. Sans cela, dans un pensionnat normal, sans doute serait-il devenu la victime idéale.

Par chance, outre le fait qu'il en ait fini avec l'adolescence, âge bête où être organisé semblait être une tare pour certains, le médecin était naturellement soigneux, silencieux aussi. De ce fait, les deux jeunes gens ne se dérangeaient pas au fil de la journée. Hormis les quelques missions que le Nikto leur donnaient, ils faisaient vie à part. Par souci de réalisme autant que de sécurité, le Chevalier accompagnait Balian jusqu'au centre, histoire qu'un possible espion les y voient rentrer ensemble. Plus tard, il quittait les lieux pour vaquer à ses tâches, même si pour des raisons similaires à le précédente, il ne rentrait pas au Temple. Sa vie du moment s'en trouvait d'autant plus décalée, car le Consulaire n'avait jamais passé plus d'une semaine sans porter sa tenue Jedi ou faire état de son rang. Même en mission, il jouait son rôle de Consulaire ou de Guérisseur, alors que dans l'hôtel, il était redevenu Civil à part entière, ou plutôt devenu car il ne l'avait jamais vraiment été.

Vêtements civils de bonne facture sans être tape-à-l'oeil, malette de travail dans laquelle se trouvaient quelques ouvrages de médecine en braille- pour donner vie à la couverture mais aussi parce qu'il s'en servait.- et des repas préparés dans la petite cuisine aménagée. Le Hapien avait la vie d'un salarié ou d'un jeune entrepreneur. La nourriture, pour y revenir, était en apparence, l'aspect le plus facile, mais pour lui, isolé, loin du Temple et de la surveillance de Karm, c'était en réalité plutôt complexe. Il devait se forcer à manger y compris en situation de stress ou de paresse (dans le domaine, Luke pouvait effectivement être atteint de cette maladie aussi répandue que passivement ravageuse.), car la préparation était un problème de plus à surmonter. Généralement, il avalait un sandwich dans son coin par acquis de conscience, tout en sachant que son ami se fâcherait quand même, parce que ce n'était pas assez. Parfois, lorsque Balian et lui se réunissaient, il consentait à partager un repas avec. Jamais quelque chose d'industriel, mais rien de très élaboré non plus. Depuis son arrivée à l'hôtel, le jeune homme avait d'ailleurs égaré les deux kilos difficilement pris lors de son passage à l'infirmerie. Solona le tuerait quand il rentrerait au Temple. À moins qu'elle n'ait la bonté de juste le massacrer pour ensuite laisser à Karm le bonheur de l'achever. Bref, pour l'instat, le Hapien évinsçait rapidement le thème, il avait bien d'autres Cathars -avec tout le respect qu'il devait à cette race- à fouetter.

- Je comprends. -Répliqua doucement le Jedi après avoir attentivement écouté Balian.- Je te remercie de me confier tout ça, je sais que ce ne doit pas être facile, comme lorsque tu m'as confié la seringue. C'est une grande preuve de ta volonté. Je pense néanmoins que tu es encore en danger, de ce fait, continuer sur la voie de la Force me semble raisonnable. Non seulement ces exercices occuperont puis fatigueront ton esprit, mais en plus, elle pourrait te permettre, par la suite, de lutter efficacement contre cette addiction.

Si Balian ne substituait pas la première pour une seconde, parce que les gens comme lui avaient tendance à s'accrocher à tout. Ceux qui lâchaient la drogue s'obsédaient avec la nourriture, le travail, le sport, n'importe quoi qui puisse occuper leur esprit prisonnier de désirs inconsidérés, illimités et malheureusement souvent dangereux. Mais Luke espérait pouvoir anticiper ce problème en arrêtant les exercices, en exigeant que balian se repose, sans compter son lien faible qui devrait, de part sa nature, freiner une nouvelle fixation.

Quant au tutoiement, c'était avec une certaine difficulté que Luke y avait cédé, tellement timide envers les autres qu'ils conservaient très longtemps le statut d'étrangers, avant de passer à connaissance puis éventuel ami. Balian était en train de traverser doucement la porte vers le cercle réduit de proches de Luke. Ce dernier l'appréciait, il voulait, en plus de l'aider parce que c'était son devoir, assister à l'avancée de ce Mirialan perclus de faiblesses mais surtout d'un immense courage. Bientôt, le blond espérait le voir libéré de son passé, de ses traumatismes et de son addiction.

***
- Vide ton esprit, rien d'autres n'existe, hormis ce courant qui te berce. Laisse la Force te mener vers où bon lui semble, petit ruisselet calme ou fleuve tourmenté.

Là où le Hapien aurait demandé à un Padawan de bloquer la "navigation" vers des flots en colère, il encourageait Balian à laisser la Force le porter, le but premier étant qu'il apprenne à se connecter à la discrète source qui voyageait dans son organisme. La prochaine étape était de remplacer le "soigneur", celui qui en temps troublés parvenait à tranquilliser l'esprit de Balian. Bientôt, ce ne serait plus au Chevalier d'intervenir, de répandre cette douce chaleur pure, sinon au propre Mirialan. Il pourrait ainsi couper court au stress, à l'inquiétude ou à l'ire qui le terrassaient. S'il était aveugle, le Jedi était justement, loin, très loin d'être sourd. Son oreille affûtée avait déjà assisté aux terribles cauchemars du médecin. Il les avaient, en tout anonymat, adoucis de son mieux, essayant de rendre une certaine paix au trentenaire lorsque ce dernier se réveillait en sursaut. Malheureusement, le Jedi ne serait pas toujours là pour aider Balian, c'est pourquoi, sans lui indiquer le but secondaire de leurs exercices, il essayait de le mener vers l'autonomie en ce sens. Après avoir appris à sentir la Force qui courrait dans son corps, avoir pris conscience de son existence complète puis la maîtriser au moins pour la calmer, alors Balian pourrait apprendre à la voir chez autrui, et donc détecter des êtres Sensibles. Enfin, dernière étape, il pourrait l'insuffler -certes, peu vu son niveau de Midichloriens- chez eux, afin de toucher leur esprit voir calmer les souffrances de ses patients.

Avant tout, ceci dit, c'était une thérapie, pour que Balian voit combien il était loin d'être un inutile, pour qu'il prenne confiance en lui et occupe son âme blessée à autre chose que ressasser ses tourments. Un peu comme Luke finalement.
Balian Atraïde
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**
*


La colère…c’était tout ce qu’il ressentait en cet instant. Sous l’emprise de l’adrénal, un dérivé de l’épinéphrine, le Mirialan était en proie à une rage sans nom. Il était dans son appartement, reversant tout ce qui tombait sous sa main, et n’hésitait pas à faire voler quelques objets, du type, vase, ou lampe, etc.

Face à lui, au milieu de la tourmente, une femme, même race que l’autre déchaîné. Elle demeurait impassible, cherchant à dissimuler sa propre ire, mais aussi la peur de voir celui qu’elle avait épousé il y a quelques année, ainsi excédé. Jamais elle ne l’avait vu dans un tel état.

Soudain le Mirialan pointa un doigt haineux vers elle et éructa :

- Comment as-tu osé ! Je savais que tu étais vénale…mais à ce point-là…Tu n’es qu’une traînée ! Qu’es-tu allée raconter à la commission d’enquête !? Ils m’ont suspendu ! Je pourrai perdre définitivement ma capacité d’exercer la médecine avec tes conneries !

Cette fois s’en était trop, elle s’exclama, furieuse :

- « Mes conneries » ? Si tu es dans cette situation Balian, c’est à toi qu’il faut t’en prendre ! Je n’ai fait que dire la vérité ! Je me doutais bien que tu ça ne tournait pas rond sous tes cheveux décolorés ! C’est toi qui a merdé et commis une erreur médicale ! C’est toi qui te drogues ! Pas moi !

Le docteur Atraïde saisit sa femme par les épaules, ses yeux étaient grands ouverts, il était u bord de la panique et de la crise de nerfs :

- Tu t’attendais à quoi hein ? Que je t’accompagne dans tes soirées mondaines et futiles ? Que je suive tes conversations ennuyeuse et dénuées d’intérêt ? Je suis médecin ! Mon travail est plus important que n’importe quoi d’autre ! Même toi ! Si j’ai pris de l’adrénal s’était pour tenir face à la montagne de travail et le rythme que tu voulais m’imposer !

La jeune femme éclata de rire, et railla en se dégageant de l’emprise de son époux :

- Haha ! Le rythme que je t’imposais ? Mais mon pauvre Balian tu n’as jamais été capable de suivre…Voila bien longtemps que j’ai renoncé à toi. Tu es égoïste, asociale, imbu de toi-même ! Alors oui, quand ils sont venus pour enquêter sur toi, j’ai tout déballé !

Elle s’éloigna pour ouvrir son sac à main et en extirper un datapad. Elle l’alluma et montra à Balian la procédure judiciaire qu’elle venait d’ouvrir à son encontre. Balian leva vers la jeune femme un regard interloqué, comme s’il ne comprenait pas, ou refusait de comprendre la situation. Elle fit tout net :

- Je demande le divorce ! Il ne sera pas difficile à obtenir. J’ai matière à dire à ton encontre…drogué, irascible, impuissant…

Balian leva un sourcil et répliqua :

- Plait-il ? Impuissant ? Que…quoi ?

Elle rit, moqueuse :

- Oui…tu sais…ce qu’on faisait au début de notre mariage ? Le truc là qu’on fait d’ordinaire pour prendre du bon temps au début…et ensuite pour faire des enfants…T’es médecin non ? Je ne vais pas te faire un cours de biologie…Des enfants Balian… C’est ce qui arrive quand on s’aime…Quand un couple fonctionne. Mais tu es incapable d’aimer. La seule chose qui a un tant soit peu d’intérêt à tes yeux, c’est la médecine…et tes précieuses recherches. Et bien restes-y dans ton bureau ! Et prends tes saloperies ! Mais tu vas me rendre ma liberté !

Balian serrait les poings, un brasier de rage le consumait…Et d’un coup d’un seul, sa colère se déversa par une gifle monumentale qui envoya valser Adila Atraïde au sol…Un peu hébété, Balian resta interdit quelques instants…puis il réalisa ce qu’il venait de faire. Son courroux retomba brusquement et il voulu porter assistance à sa femme qui se relevait péniblement. Elle leva la main vers lui pour lui intimer l’ordre de ne pas bouger. Ses yeux étaient mouillés de larmes, et sa lèvre était en sang. Elle parvint à articuler :

- Ne…me…touche…plus jamais ! JAMAIS ! Je ne veux plus jamais te revoir !

Balian balbutia :

- Je…Adila…je suis…je suis désolé…je ne voulais pas…ce n’est pas moi…c’est…c’est à cause de la drogue…je n’en peux plus de cette vie Adila…

Il était tombé à genoux et s’était pris la tête dans ses mains. Il avait la désagréable sensation de se sombrer, tout devint noir autour de lui. Il avait froid, tellement froid, il lui sembla alors tomber dans un trou béant…une chute sans fin…dans l’obscurité la plus totale.

Il entendait alors de déflagrations, des hurlements, des tirs de blaster…comme s’il était sur un champ de bataille. Des gens criaient et appelaient « toubib ! pitié »…Il ne voyait toujours rien…et ne comprenait pas ce qui lui arrivait…Soudain il y eut un éclair et il sentit comme une odeur de grillé…il ouvrit les yeux et réalisa qu’il brûlait…sa chair était dévorée par les flamme…une terrible douleur le saisit alors à la jambe…La peur le submergea et il s’entendit crier :

- NON !! NOOOON !


**

Je me redressais, j’étais dans mon lit…il faisait toujours noir, mais je n’entendais plus que le silence. J’étais littéralement trempé, en sueur. Lentement les connexions de mes neurones se firent, et je pus comprendre la situation…un cauchemar…bordel ce n’était qu’un cauchemar…Envoyant valser les draps de mon lit, je pivotais et posais mes pieds au sol…un « clang » retentit lorsque ma prothèse entra au contact avec le sol froid. Je me levais, mes yeux s’étaient acclimatés à la pénombre, je me dirigeais vers la kitchenette. Je saisis un verre et me servis une rasade d’eau. J’espérais ne pas avoir réveiller Luke...le pauvre devait être aux premières loges avec mes cauchemars quasi chaque nuit…

Je revins vers la petite chambre qui m’était dédiée…Je m’assis sur mon lit…impossible de retrouver le sommeil après un tel rêve. La tête dans mes mains, j’essayais de me concentrer sur autre chose…de me calmer et trouver une certaine paix intérieure. Une image naquit subitement dans ma tête…une seringue ? Oui…l’Adrénal…NON… surtout pas. Je chassais cette pensée de ma tête. Je ne devais pas penser à la drogue. J’étais justement en « mission » pour démanteler un gang de malfrat qui m’avaient servi de fournisseurs pendant des années…Je réalisais alors que mes mains tremblaient…bon sang…il avait fallut seulement de tenir cette foutue dose entre mes mains pour que mes sombres désirs et mes pulsions passées resurgissent…Balayant des années d’abstinence…

Ce serait plus difficile que je ne l’aurai cru…Je devais me changer les idées. Essayer d’occuper mon esprit à quelque chose d’utile…Je pris mon datapad et entrepris de suivre les derniers articles de médecine notamment en cardiologie, que e n’avais pas eut le temps de lire ces derniers temps. Mais il n’y avait aucune réelle innovation…et j’en eut vite fait le tour. Alors je me résignais à reprendre mes investigations sur les bars dont j’avais relevé les noms comme étaient des potentiels lieux de trafics.

Comment il s’appelait ce foutu bar déjà ? Ha oui… le « Diamant Vert »…Voyons ce qu’on trouve à son sujet…hum…L’itinéraire pour s’y rendre…les avis des habitués…et…c’était quoi ça ? [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] ?

« Cet holo-site contient des images et annonces à caractère pornographique
Avez-vous + de 18 ans ? »

Ha fait chier…c’est pas ça que je veux moi comme renseignements ! J’allais fermer le tout, quand je repensais aux deux prostitués qui bossaient avec le Nikto…peut-être qu’un lien pouvait se faire avec des filles qui sont au Diamant Vert…Je me résignais donc à entrer sur ce site prono…Bien sûr que j’ai plus de 18 ans ! Alors voyons la suite…

« Entièrement rénové »…hum…un poil kitch et tape à l’œil la déco…

«notre établissement vous accueille dans le quartier le plus torride de Coruscant »…cool…passons…

- Y’a pas de photos des filles putain !?

Je me rends compte que dis comme ça, cela faisait un tantinet pervers…Surtout si on venait à prendre ce genre de réflexion hors de son contexte…

Ha ! En voilà une ! Visiblement la star des lieux. Elle s’appelait Kaa’lia…je notais son nom dans un coin de mon esprit et cliquais sur la petite photo pour l’agrandir. Un twi-lek rose…Elle était sacrément jolie. Et pourtant je n’étais pas du tout porté sur la chose…Et le plus drôle c’était qu’elle me disait quelque chose. En fait elle me rappelait une autre Twi-Lek rose…mais c’était impossible que ce soit elle…parce que celle que j’avais rencontré était une fille de sénateur et non une prostituée qui vendait son corps pour quelques crédits…



En fait…elle lui ressemblait vraiment…

- BORDEL ! La petite garce !!

(Encore une fois ces quelques mots hors contexte peuvent être tellement mal interprétés…) C’était bien la même twi-lek…Ce petit air taquin, ce mignon petit minois, ces lèvres qui avaient mis le feu aux miennes et m’avaient fait tourner la tête quelques instants…Ces grands yeux expressifs…Ce corps parfait…et cette peau rose bonbon…Elle m’avait donc menti ? Il allait falloir que je tire cela au clair, et la donzelle ne perdrait rien pour attendre.

Le jour pointait, j’avais passé une bonne partie de la nuit dans mes recherches… (passionnantes cela dit). Une journée banale allait débuter. J’avais eu tout le loisir de réfléchir et c’était ainsi que j’en étais venu à demander à Luke son aide pour trouver dans la Force un secours potentiel. Par chance, il avait accepté de m’aider.


**
*



Et donc je me retrouvais là, à tenter de faire le vide mon esprit…Facile à dire…Je venais de revivre tout cela, y compris les images de ma mystérieuse Twi-lek…Comme concentration on faisait mieux…Mais je devais faire l’effort, pour Luke qui prenait sur son temps précieux pour former la catastrophe ambulante que j’étais.

Luke parlait d’un ruisseau…déjà lors de nos derniers exercices il avait comparé la Force à un cours d’eau, cette comparaison était en effet des plus pertinente. Mais pour le néophyte que j’étais, la métaphore du flux sanguin sonnait mieux. Aussi je transposais cette notion à mon exercice.

Faire le vide…se laisser bercer, transporter par la Force. Ma connexion avec elle était si faible. C’était tellement diffus… subtile. Luke m’avait appris à capter et suivre un flux crée par la Force afin de cartographier un corps et déceler un potentiel problème qui aboutirait à un début de diagnostic. Je n’avais pas eu l’occasion de réellement m’entrainer depuis notre dernière rencontre. Retrouver mes marques fut un poil plus complexe que prévu… Néanmoins je parvins à me raccrocher à cette veine que j’espérais salvatrice…Je me laissais porter à travers mon corps…

Si mon père me voyait…il serait fier…son fils méditant, et faisant corps avec la Force. Imaginez-vous chevauchant un globule rouge et voyageant à travers votre système sanguin, vous aurez une petite idée de ce que je pouvais ressentir…L’idée me fis sourire…ha nan…il a dit de faire le vide…Se laisser porter….

Bien…et maintenant ?

Luke Kayan
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Balian oscillait entre amertume, tristesse et... Joie? Ou plutôt, un léger amusement. Autant d'émotions qui défilaient, transmises à Luke. Ce fil, illogique d'idées qui gambadaient ressemblaient, le Jedi le savait, à des souvenirs. Le médecin essayait naturellement de les combattre, de refuser au passé la place enviée de personnage principal pour en revenir au présent. Difficile lorsqu'on était perturbé comme il l'était. Le Hapien essaya de faire abstraction de ces mouvements cérébraux avant de renoncer et de rouvrir les yeux. Les souvenirs étaient trop forts pour que la séance continue correctement. D'abord, il leur faudrait -esssayer de - ranger le désordre. Luke envoya une onde ponctuelle sensée attirer l'attention de Balian. Douce mais intransigeante à la fois, cette dernière se voulait plus puissante, plus brillante que les lucioles qui, sans contrôle, dansaient autour de l'esprit du trentenaire. Le Hapien s'imposait afin de le guider vers la fin de cette session sans provoquer un choc trop grand, question de sécurité. Lui-même émergea de l'état second dans lequel il était en train d'entrer, il soupira, ouvrit les yeux, papillonna quelques instants des paupières avant de retrouver la capacité à parler. Même si Balian devenait de plus en plus indépendant, le jeune Jedi devait encore fournir une grosse partie du travail, notamment surveiller le médecin qui se perdait dans les limbes de son propre cerveau. Lorsque son passé sombre prenait le dessus, il intervenait à travers la Force pour obliger son ami à s'arracher aux griffes aussi délirantes, effrayantes que séductrices de l'obscurité.

Par chance, il n'avait pas accès aux images, surtout lorsqu'il captait à la volée le manque de concentration d'un compagnon de méditation. À l'image d'un zow-boy moderne chevaucheant un globule rouge, le Hapien aurait peut-être changé d'avis quant à ce cher docteur, soupçonné qu'il se droguait à nouveau... À moins, et c'était probable, qu'il ne saisisse même pas le sens des images transmises. Les rares fois où il avait en effet recouvré la vue, Luke peinait à distinguer quoique ce soit, et surtout, il savait à peine comment était un arbre, alors un pourvoyeur d'oxygène qui servait de monture, ce serait peu probable. Quoiqu'il en soit, le Jedi sentait confusément les traces de la nuit agitée du trentenaire, et il peinait à savoir si le trouble qui l'habitait résultait d'un manque de concentration en cet instant, ou si c'était le sillage laissé pendant ces quelques heures de repos.

- Veux-tu en parler? Des gémissements, des cris que j'ai pu entendre cette nuit, par exemple.

Suggéra doucement le Chevalier, conscient qu'il ne pouvait pas obliger son aîné à se confier, tout en espérant lui démontrer que pour avancer, mieux valait qu'il parle. Luke n'était en effet parfois pas sûr de continuer ces leçons avec Balian. Sur le principe, occuper son esprit, lui donner une méthode pour travailler à se sortir seul de son désespoir était positif. Malheureusement, la Force n'était pas foncièrement lumineuse ou obscure, elle prenait le chemin que l'hôte des midichloriens lui offrait. Balian saurait-il faire appel à ses dons pour s'apaiser ou tomberait-il dans le piège d'enfler encore ses colères, ses peurs, son passé? La Force avait en effet, ce pouvoir à double-trancant d'amplifier chaque sentiment, chaque souvenir. Un Sensible éclairé, équilibré s'en servait pour se concentrer, focaliser son esprit sur une tâche sans ressentir trop de fatigue, de la même manière qu'il pouvait aider la sérénité à conquérir tout un espace. Mais un esprit fissuré, tourmenté risquait surtout de se laisser mener par des émotions noires, nourries par une Force sauvage et agressive.

Au fur et à mesure que les jours se déroulaient, le jeune homme sentait que le Mirialan était davantage perturbé. Jusqu'à un certain point, c'était compréhensible. D'ailleurs, il faisait montre d'un grand courage à affronter ainsi un terrible pan de son passé. La vaillance, hélas ne servirait à rien si ce fameux passé était destiné à se transformer en avenir.

- Il n'y aurait aucune honte à arrêter. Le Nikto ne me fais pas encore complètement confiance, mais je pourrais me passer de toi, m'arranger pour la gagner. Il est possible de t'exfiltrer désormais.


Exposa le Hapien, un sourire triste flottait inconsciemment sur ses lèvres. D'un côté, impossible de ne pas se sentir coupable de l'état du médecin qui se dégradait. C'était après tout lui qui avait rendu possible cette entrée dans le monde de la drogue, lui avait convaincu le Comissariat et le jury que la mission était valide, une chance unique pour casser le réseau envahissant de l'Association. Avec l'aide de Balian Atraïde en tant que militaire, et non comme civil. D'un autre côté, Luke se disait qu'à sa place, lui aussi aurait aimé être intégré à cette affaire qui le touchait d'aussi près, de la même manière que Karm et lui avaient tenu à enquêter à propos de l'explosion du Trépidant, la navette qui les menaient vers leur mission et qui n'était jamais arrivée. Uniques survivants, les deux jeunes hommes étaient tombés amoureux sur une lune sauvage, dangereuse, garnie du souvenir d'un équipage qui avait péri pour de l'argent. Une simple histoire de crédits d'après leur investigation sur Bakura. Loin d'être terminée, l'affaire ne relevait désormais plus ni de leur juridiction ni de leur domaine, c'était particulièrement frustrant, et reconnaître ce sentiment poussait le blond à ne pas simplement déchoir le Miralian de son poste, sinon de lui proposer de le quitter. Quelque part, le Consulaire espérait que ce dernier abandonne malgré la compagnie, le soutien que le médecin apportait, parce qu'il sentait bien la souffrance qui grandissait, toujours plus, en lui.

Serait-il, lui-même, à la hauteur de cette mission? Balian avait remis sa vie entre ses mains, et le dilemme de Luke augmentait proportionnellement aux divagations du Mirialan. Avait-il pensé que ce dernier serait plus équilibré en commençant? Non, le médecin lui avait révélé la vérité, il y avait aussi assisté lors d'une crise de douleur impressionnante. La solution était-elle de l'obliger à sortir de cette ambiance ou de le laisser en finir avec ce chapitre?

- Je peux apaiser temporairement tes souffrances, mais ce serait semblable à la drogue, avec un effet bien sûr moindre et surtout sans conséquence physique. Ceci dit, le processus pourrait aussi effacer quelques souvenirs, donc... Te faire perdre une partie de ce que tu es, parce que nos souffrances nous forgent, nous construisent. Mais je peux le faire.

Proposa Luke, le regard ombragé, grave et, oui, désolé.
Balian Atraïde
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Je sentais que mon compagnon de « jeux » m’extirpait de mes exercices. Allez savoir comment, j’avais senti une onde de Force quelque peu particulière…un signal…A coup sûr j’avais merdé quelque part. En même temps question concentration je pouvais mieux faire.

J’ouvris les yeux et observait le Jedi qui me faisait face. Il semblait soucieux, d’une certaine manière. Finalement ce qui lui trottait dans la tête sortis : en parler ? parler de quoi ? mes cauchemars…il m’entendais donc…C’était bien ce que je craignais durant cette colocation. Je soupirais…Luke ne pouvais pas voir ma moue grimaçante, pareille à celle d’un enfant pris en flagrant délit.

Ma mauvaise humeur revint au triple galop et je marmonnais :

- T’aimerai pas ce que je pourrais te raconter…Je n’ai pas été des plus exemplaire dans ma vie civile…Et avec l’armée…hé bien il y a la guerre. Et il n’y a rien de beau là-dedans.

Je me redressais, étirant mon corps, pour ensuite faire quelques tours dans le vide avec ma jambe bionique comme pour la dérouiller. J’observais Luke…un gargouillis s’élava de mon ventre. Je crevais de faim. Je tournais les talons, laissant là mon ami pour me diriger vers ce qui nous servait de kitchenette.

- T’as faim ?

Un truc me taraudait…Luke n’y voyait goutte, et je ne le voyais pas manger grand-chose depuis qu’on était en coloc’. Il avait vaguement partagé un ou deux de mes repas mais cela s’arrêtait là. Si ça continuait il allait finir par me taper une anémie ou une autre joyeuseté du genre. Ce n’était pas le moment de se négliger de ce côté. Je n’étais pas un fin cuisinier, mais faire ses classes dans l’armée, cela vous formait en à peu prêt toutes les bases du maintien d’un foyer. En même temps on apprenait à se démerder avec rien.

- Parce que moi j’ai faim…

J’ouvrais toutes les portes de placards, le frigo, afin de trouver n’importe qui qui puisse nous servir de festin…En même temps je réfléchissais à comment aborder la question de Luke…Je mis la main sur des boites de viande de bantha version corned-beef qui étaient souvent utilisée comme agrément des rations militaires. Sur des féculents cela venait remplir votre estomac, vous callant pour un moment. Cela nous assurait également un repas chaud. Je dégotais quelques fruits secs, du lait bleu (très nourrissant…j’en étais friand) et des biscuits…Il fallait vraiment qu’on se décide à remplir les placards et le frigo si on ne voulait pas crever de faim. J’entrepris de faire cuire la viande végétale…j’ignorais tout du régime alimentaire des Jedis et de Luke en particulier… Personnellement j’étais un grand amateur de viande…Néanmoins j’aurai préféré un steak de Roba que cette boite…mais cela fera l’affaire ; J’avais également du polyamidon dans mon sac… (au cas où). Je le réhydratais, et il prit aussitôt la forme d’un pain qu’on pourra se partager.

Tout en « cuisinant » j’écoutais Luke qui me proposait d’arrêter ? Il avait reçu un coup sur la tête ou quoi ? Je soupirais de nouveau. Les inquiétudes du Jedi étaient toutefois fondées. J’étais instable, fragile, influençable sur un certain point…à la limite du nocif. Je répondis alors d’une voix grave :

- Je te remercie de vouloir me protéger…Mais je ne veux pas m’arrêter en si bon chemin. Ce n’est pas de la honte en effet de stopper là mon implication. C’est plus une question d’honneur et de boucler une spirale sans fin qui me hante. C’est comme un pari, osé je te l’accorde, mais un pari avec moi-même. Je me dois de le faire jusqu’au bout…Quelqu’un soit les conséquences.

Bon sang…c’était mon père qui était bon dans ce genre de palabres…pas moi…Je testais un peu la pitance que j’étais en train de touiller…vérifiant à la fois la chaleur et l’assaisonnement…Pas encore assez chaud…Je poursuivis sur ma lancée :

- C’est un combat que je dois livrer. Je ne sais pas, j’ai l’impression que si je le réussi je pourrais me libérer d’un fardeau qui me pèse depuis tant années…et enfin tourner la page sur un pan de mon passé…Tu vois ce que je veux dire ? Je ne lui en voudrais pas s’il ne voyait pas où je voulais en venir…moi-même je ne me trouvais pas forcement compréhensible. J’arrive à peine à me regarder dans un miroir…imagine si j’abandonnais de nouveau…tout cela parce que j’aurai une fois de plus été…faible…décevant…

L’image que me renvoyait un éventuel miroir était à prendre sous deux angles…à la fois mon physique désormais souillé par mes blessures de guerre. Mais aussi mon âme…loin d’être belle, et lumineuse. Je n’étais pas quelqu’un de bien, j’essayais vraiment de l’être. Mais je n’avais pas l’habitude d’être… bienveillant. C’était un travail de tous les instants. C’était ainsi que je pouvais tomber dans l’excès, et que je me retrouvais presque à me faire engueuler par une Cally Venta qui me reprochais d’être trop paternel et prévenant avec elle. Il fallait dire qu’elle me servait littéralement de cobaye. Elle était ma rédemption…Difficile de ne pas fondre devant sa moue permanente. Ce qui me faisait bien penser que je n’étais pas si irrécupérable au fond…

Néanmoins je savais que le Jedi voulais m’aider…je soupirais de nouveau, tout en disposant le « repas » que je venais de concocter dans des assiettes que je posais sur la table et invitais mon ami blond à venir prendre place :

- Depuis quand tu n’as pas mangé ? C’est pas du trois étoiles, mais c’est comestible, et surtout ca tient au corps. Viens manger…ordre du médecin…

Pour illustrer mon propos, j’avais écarté la chaise destinée à Luke, attendant qu’il daigne se bouger pour poser son derrière d’hapien sur le siège en question. Une fois que je pus constater qu’il ne manquait de rien, je m’installais…saisissant une fourchette, je pris une première bouchée…mâchonnant…réfléchissant…Finalement je me décidais à parler…et à raconter ce que Luke attendait…d’une voix sombre :

- J’ai…revu le jour où ma vie a basculé…Je venais d’être suspendu…attendant la décision de la commission d’enquête suite à une erreur médicale que j’avais commise sur un patient alors que j’étais en manque. Ma femme a profité de la situation pour m’annoncer qu’elle voulait divorcer…Ca faisait trop de choses d’un coup, j’ai pété les plombs…je…je ne me contrôlais plus…je…je l’ai frappé. Je posais la fourchette…passant machinalement ma main sur mon front, Je n’ai jamais été violent physiquement…Je m’étais toujours contenté d’être acerbe verbalement avec les gens…Mais là…Je ne sais pas ce qui m’a pris. Finalement je repris mon couvert et entrepris de continuer mon repas. Ensuite j’ai de nouveau été rattrapé par la guerre…pas d’images…juste les bruits des déflagrations, les tirs de baster et les hurlements, alors que je chutais dans un trou noir et sans fin…Avant de finalement être réveillé en sursaut…

La proposition de Luke était attrayante…faire cesser la douleur…mais aussi oublier ? Je fronçais les sourcils…

- Soulager ma douleur tu l’as déjà fait une fois…Mais tu ne seras pas toujours là pour me servir d’anti-douleur…En revanche. Qu’entends-tu par… « effacer des souvenirs » ? Genre…définitivement ?

Comme venait de le dire Luke, les souffrances de nos souvenirs et les leçons qu’on pouvait en tirer nous façonne dans notre présent et notre futur. Difficile d’évoluer quand il nous manquait une partie de nous-même.




Luke Kayan
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La nourriture, une manière de rompre l'angoisse d'une situation stressante, l'excuse parfaite pour se donner le temps de la réflexion, s'offrir une pause ou socialiser. Luke avait vaguement abordé le thème en cours de psychologie. Les études révolutionnaires de Frédéric Karma l'avaient mené, à coup d'algorithmes à anticiper les mouvements d'un criminel selon ses goûts et habitudes culinaires. Il avait ainsi fait surveiller des établissements douteux ou luxueux pour piéger des fugitifs en cavale, lesquels ne résistaient pas à l'envie, au besoin de se retrouver autour d'un repas en famille ou pour des réunions d'affaires. Les gens se sentaient protégés par leur assiette, elle leur donnait une consistance, et même les assassins devaient se nourrir. En outre, Frédéric avait publié un long essai réservé à la communauté scientifique expliquant qu'en connaissant les habitudes alimentaires d'un individu, on pouvait entrevoir son caractère, sa véritable nature. En mangeant, personne ne mentait. Luke pour sa part peinait à y croire. S'il était d'accord concernant le fait que la nourriture déliait les langues -il était diplomate de base et avait donc été formé aux arts rudimentaires d'une bonne table lors de galas ou rencontres hauts placées.- elle n'était pas si importante. Lui angoissait plutôt à l'idée de manger d'ailleurs. Parce qu'il avait eu très faim dans sa tendre enfance, que réclamer, obéir à son estomac lui avait crée des ennuis alors qu'apprendre à gérer ce sentiment de vide l'avait protégé. Sa mère n'avait plus d'emprise sur sa personne.

Plus tard, c'était aussi devenu un moyen -inconscient- d'affirmer sa résistance aux besoins bassement matériels, primitifs. Il se contrôlait, veillant à ne pas couper une activité importante pour gaver son estomac et vider sa cervelle avant de s'alourdir puis s'endormir, épuisé par la nourriture ingéré.

- Nous avons mangé il y a peu. Mais va donc te servir.

Signala sobrement le Chevalier en haussant les épaules. S'il était habitué à survivre seul, entraîné à le faire dans certaines conditions difficiles bien que ce ne soit pas sa spécialité, le Hapien était incapable de prendre correctement soin de lui dans une situation quotidienne. Se laver et porter des habits propres tenaient de l'évidence, mais penser à remplir le frigidaire, payer les factures beaucoup moins, parce que depuis tout jeune c'était la cantine qui s'en occupait. Errer dans une jungle et chercher sa pitance lui semblait plus naturel que s'occuper d'un appartement, des charges ou des placards. Faire les courses ne lui était donc pas vraiment venu à l'esprit, fait d'autant plus aggravé par son peu d'attirance pour ce qui était comestible.

Vaguement agacé de couper la conversation intéressante, le Chevalier attendit patiemment que Balian prépare il-ne-savait-quoi. La symbolique de préparer un sandwich, simple aliment, frais, garni de produits naturels pouvait lui apparaître intéressante, mais des plats longs, qu'il fallait cuire, assaisonner et remplir de sauce, certainement pas. Cependant, le médecin n'étant pas son "vrai" Padawan, il maintint la bouche close, concentré sur les aveux de ce dernier.

- Je peux comprendre, en partie. Le chapitre sur la guerre je veux dire. Quant au fait de ne pas avoir été exemplaire... J'ai aussi cette impression d'avoir failli. Plusieurs fois.

Bien que le Mirialan ne puisse le voir, Luke baissa légèrement la tête, honteux. Des années après, le dilemme de sa relation amoureuse continuait de le déchirer. C'était moins prononcé et surtout moins fréquent, mais il lui arrivait encore de se sentir coupable, presque sale d'agir de la sorte, d'outrepasser les principes de son Ordre, même si ces derniers avaient évolué depuis une dizaine d'années. Oh, il ne s'était pas drogué, ni avait frappé une femme, cependant, il avait été déjà combattu, presque tué. Pour se défendre, certes, mais son éducation disait qu'il y avait toujours une autre solution. Solution que le Consulaire n'avait pas su trouver parfois. Il avait aussi indirectement étéresponsable d'une prise d'otages à Makem Te ou avait échoué auprès d'Eckthor, qui, heureusement avait trouvé un meilleur maître.

- On nous apprend que le véritable courage consiste parfois à savoir quand abandonner, mais je saisis ton point de vue. Nous allons devoir faire attention mais tu as conscience de te fragilité, donc je vais te laisser continuer pour l'instant.

Lança le Jedi d'une voix calme mais suffisamment profonde pour qu'elle traverse le petit couloir et de disperse dans la cuisine où s'affairait le médecin. Personne n'avait donc appris aux militaires la valeur du jeûne qui purgeait corps et esprit?

- Merci - Grogna-t-il avec une mauvaise humeur à peine contenue. Qu'avaient-ils donc tous avec la nourriture, en particulier celle que lui ingérait? S'il était un être normal au milieu de goinfres, qu'y pouvait-il?-

- C'est une situation délicate - commenta le jeune homme dont le timbre avait immédiatement changé. Le thème était en effet douloureux, pour lui aussi vu son passé, mais Luke n'était pas du genre à relier les événements d'autrui à sa propre histoire. Tous les chemins ne menaient pas à son égoïste petite personne contrairement à certains.- Il n'y a jamais d'excuse pour lever la main, ceci dit, la drogue change les gens. - Les psychologues de l'hôpital qu'on l'obligeait à voir entre ses 7 et 9 ans pendant sa réeducation ne cessaient de lui répéter que sa génitrice n'avait aucun droit à le frapper, que la première gifle était le signal que cela recommencerait, mais le Hapien, s'il était daccord sur le fond, préférait nuancer. Son expérience couplée à celle de la police de Coruscant qu'il avait cotôyée lui avaient appris que dans certaines circonstances, une gifle n'éveillait pas forcément un monstre maltraitant. Balian entrait dans cette catégorie où le surmenage avait guidé son geste. Cela signifiait-il qu'il avait une tendance violente en lui? Davantage que le drogué qui s'auto-mutilait ou s'écroulait sur le sol, mais ça ne signifiait pas qu'elle soit assez forte pour ressurgir au moindre problème. Sa violence ponctuelle semblait bloquée dans les tréfonds d'une âme habitée par les remords.- Je ne pense pas que tu pourras un jour arranger ça avec ton ex-femme qui semble n'admettre aucun pardon. Il te reste donc toi pour t'offrir ce cadeau, avec la condition de ne jamais recommencer. Un pardon et un avertissement. Mais cela ne te condamne pas, je pense que tu as le droit de recommencer... Il faut juste que tu t'en persuades aussi.

Aux bruits de la guerre, le Chevalier ne préféra rien commenter, il baissa juste la tête, sachant bien ce que c'était ses gémissements étouffés, l'odeur du sang qui surgissait d'entre les draps, les cris de reproches mêlées à de la terreur pure et enfin, le silence morbide. Il l'avait rêvé aussi. Sans image. On avait beau lui expliquer qu'il était particulièrement dur de regarder un corps ensanglanté, Luke se demandait si pour un voyant, les bruits sans couleur n'étaient pas pire, plus suggestifs, impersonnels et envahissants.

- Les souvenirs se diluent plus qu'ils ne s'effacent, un genre de confusion, parce que le cerveau ne sait plus vraiment s'ils ont vraiment été vécu. La douleur ressentie à leur évocation ne correspond pas à l'intensité du souvenir, donc il hésite entre un songe lointain et une réalité enfouie, acceptée. Mais c'est vrai, je ne serai pas toujours là... Je suis heureux de voir que tu ne te sois pas précipité sur ma proposition.

Reprit le Chevalier t'un air un peu plus joyeux, qui se voulait encourageant.

- On devrait peut-être reprendre la séance? Si tu apprends à bien méditer, tu pourras t'apaiser toi-même, sans le subterfuge de gommer le mal, juste savoir le mettre de côté, c'est aussi efficace et plus sain.

Suggéra Luke, désormais encombré par son plat. Par politesse il avait goûté un peu mais s'était vite détourné. Il ne mangeait de la viande que forcé, lors de grands galas. Autant à cause de la nature de cet aliment lourd, gras et calorique que par conviction. Pour lui, les carnivores n'étaient pas des monstres, mais si l'on pouvait éviter de tuer un être vivant pourquoi lui dérober son souffle? Naturellement -et ce n'était pas un mal- le jeune homme tendait vers le véganisme, restait à voir si ce n'était pas plus dû à un trouble qu'à une idéologie. Aujourd'hui, s'ajoutait le désir de vite reprendre la session. Luke aimait quand ses élèves progressaient, c'était presque comme s'il y parvenait lui aussi. Il était content pour eux et voulait les aider à avancer encore sur le chemin fascinant, doux et accueillant de la Force. Qu'ils aient accès à son plus grand bonheur, son recueillement auprès de sa si chère Amie.

Balian Atraïde
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Luke sous ses aspects sérieux avait une réelle empathie et une compréhension des choses qui ne cessait de me surprendre… Etait-ce parce qu’il était un Jedi ? Possible…mais je ne prendrai pas le risque de stigmatiser l’hapien sur ce fait. Je l’écoutais parler, constatant que mon ami ne touchait guère à son assiette…Mouai…l’était pas épais l’animal…tsss…le genre à être callé en aillant mâchonné une salade saupoudrée de quelques graines ? Bah…j’allais pas le forcer. Il n’aimait peut-être pas la viande…et encore moins la nourriture militaire ? J’étais un bon mangeur, et tout particulièrement de la viande. Mais j’avouais qu’il m’arrivait de sauter des repas…ce n’était nullement une bonne habitude. Des repas équilibrés avec un apport calorique suffisant étaient nécéssaires pour une vie saine. Mais ces derniers temps, je n’avais pas la tête à tout cela. Alors quand j’avais faim…ben je mangeais. Logique bête n’est-ce pas ?

« - Il n'y a jamais d'excuse pour lever la main, ceci dit, la drogue change les gens. »

Pas faux. J’en savais quelque chose. Cela dit, soit on changeait, soit cela révélait un peu plus notre véritable nature. Qui étais-jre vraiment ? L’espère d’enfoiré misanthrope ? Ou le médecine patient et avenant qui chouchoutait ses patients ? Je faisais des efforts…vraiment…pour ne pas être désagréable avec les gens…Ne pas prendre les gens de hauts…bref…me sociabiliser et faire amande honorable. Mais je ne pouvais pas me métamorphoser en si peu de temps. Oui j’étais un éternel ronchon…insatisfait, et j’emmerdais littéralement les clivages et les hiérarchies quand cela m’empêchait de faire mon boulot. Mais je n’étais pas pour autant un anarchiste…et je haïssais tout particulièrement l’injustice…en particulier quand elle était dirigée vers des êtres fragilisés. Je me disais que finalement prendre parti pour ces gens…ces victimes, cela me redonnerait goût à la société ?

Bof…pouvait mieux faire…Mais je ne baissais pas encore les bras…Et les paroles du Jedi me ragaillardissaient…Il ne me jugeait pas…Il ne m’harassait pas de reproches…Il me comprenait. C’était tout ce qui comptait…Je souris en avalant ma dernière bouchée :

- Toi ? avoir failli ? Je me rends compte que je ne sais rien de toi cela dit…

Saisissant une serviette jetable, j’essuyais ma bouche et pris une gorgée d’eau. La mention de mon ex-femme et d’un potentiel pardon me fis ricaner…

- On vois que tu ne connais cette…sa…sale garce…Je m’étais ravisé d’exprimer un juron…Luke était bien trop élevé pour que je puisse deviser de la sorte. Je passais vraiment trop de temps auprès de Vhagar, son franc-parler de bas étages déteignait sur moi. Je repris plus posément : nous nous sommes quittés en très mauvais termes…chacun rejetant la faute sur l’autre…J’ai, sans aucun doute, une bonne part de responsabilité dans ce qui est arrivé, mais elle…a profité de la situation pour me plumer financièrement. Je me suis retrouvé complètement ruiné et à devoir payer procès, avocats pour ce maudit divorce…La banque continue de me prélever pour les dommages et intérêts que j’aurai fait subir à cette….cette…

Ma voix s’éteignit doucement…mon ire avec elle…J’avais été en colère après Adila jusque-là…Il était peut-être temps de passer à autre chose ? Je soupirais

- Peu importe…Elle s’est sans doute remariée…je l’ignore…mais peu me chaut…Tu as raison…j’ai le droit de reprendre ma vie…

Je jouais négligemment avec mon verre tandis que Luke m’expliquait la notion de douleur reliée aux souvenirs. J’étais plus que d’accord sur ce fait. De toute façon j’aurai sans doute développé une dépendance à ses « anesthésies » par la Force. Certes ce serait sans doute moins nocif que d’éventuels traitements…auquel je n’avais de toute façon pas le droit en tant qu’ancien toxico…La méditation ? C’était le délire de mon père ça. Mais après tout pourquoi pas…si lui y arrivait, pourquoi pas moi ? C’était un peu pédant de ma part de penser une telle chose vu que mon père était le chaman de notre clan, ce genre de pratique lui était plus que familière. J’avais quitté depuis bien longtemps le cocon familial. Cela ne me dispensera pas, un jour – le plus tard possible ! – d’hériter de son titre et de sa fonction…Autant apprendre…même si ce n’est pas avec lui. Après tout j’étais en parti sensible, m’entrainer avec un jedi était plus que recommandé. Avec un petit sourire, j’acquiesçais :

- Allons-y. Reprenons !

Pour illustrer ma bonne volonté, je me levais et allait reprendre la position que nous avions initialement avant que mon esprit ne dérape. Il avait dit de faire le vide…D’accord…faire le vide. Je fermais les yeux et tâchais de me concentrer sur ma respiration. Penser au flux de la Force…la sentir. Jusque là tout allait bien. Le plus dur était de faire le vide…Sérieux comment il voulait que je fasse ça !? J’avais un cerveau en permanence en ébullition !

Et si mon problème était tout autre ? Et si je n’étais pas habité par une peur perpétuelle de rester inactif et de braver mes démons ? Si je lâchais prise et que je faisais le vide, j’avais peur de m’égarer dans les tréfonds de mes émotions et de ne pas être capable de les affronter, et d’être incapable de repousser leur oppression. Cette crainte de voir mes peurs s’affoler, inoculant le poison de mon errance spirituelle…J’avais peur de me retrouver seul avec moi-même…
Luke Kayan
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- Hummm.

Il était vrai que Balian connaissait finalement peu de choses sur Luke. Davantage que la moyenne, notamment parce que ce dernier avait confessé avoir quelqu'un, mais le Jedi restait somme tout mystérieux. Pudeur? Éducation tournée vers l'humilité? Crainte de désintéresser son interlocuteur avec des menus détails sur sa vie ennuyeuse? C'était probablement un mélange de toutes ces caractéristiques qui avaient forgé l'esprit de ce jeune adulte en apparence lisse, fonctionnaire qui se mélangerait à la masse s'il n'avait pas ce physique d'éphèbe acquis par sa race après des générations de cruelle sélection. Ni son passé d'enfant maltraité, ni son présent d'homme amoureux qui doutait si souvent n'apparaissaient sur ce visage tranquille habillé de prunelles limpides et colorées.

- Bien sûr que j'ai failli, de nombreuses fois, et cela arrivera encore. Je suis loin d'être parfait, ni même correct selon ma définition.

D'un côté, sa relation avec Karm le grandissait indubitablement, mais de l'autre, elle salissait l'image pure, détachée du matérialisme et des envies primaires qui caractérisaient les êtres sans contrôle. Son éducation aurait dû lui permettre de refuser ces pulsions auxquelles il cédait aujourd'hui, certes plutôt sagement, avec toujours en tête, l'Ordre en priorité, mais il cédait. Sur ce pointl le Chevalier n'avait pas totalement fait la paix, se jugeant incohérent, hypocrite et faible. Sa culpabilité n'en était pas à le ronger, pour autant, selon sa fragilité du moment, le blond en venait parfois à se détester. C'était si difficile de savoir comment agir, surtout lorsque l'idéologie se heurtait à la réalité. Force était de constater que le Gardien aidait grandement le Consulaire, ce qui signifiait apporter davantage à son cher Temple, ceci dit, comment jongler, dès lors, avec un des plus vieux principes de sa communauté? Balian ignorait ce dilemme, cette déchirure et bien que Luke la lui explique, sans doute ne parviendrait-il pas à saisir sa profondeur. Pour qui n'était pas Jedi, c'était une torture idiote, inutile, presque irrespectueuse pour les gens sans Amour à laquelle se soumettait le Complexé jeune homme. N'avait-il pas un merveilleux homme à ses côtés? Une vocation qui le faisait vibrer malgré les dangers qu'elle supposait? Tout, le Hapien avait absolument tout pour être heureux, contrairement au Mirialian, hanté par son passé envahi de trahisons, de remords.

- Impossible de juger si ton acte a révélé une tendance malveillante ou si ce fut la réponse trop vive d'une personne blessée dans son orgueil, indignée. Peut-être a-t-elle développé un certain appât du gain, un goût pour la vengeance, peut-être simplement avait-elle mal et s'est-elle concentrée sur te rendre la pareille pour ne pas avoir à soigner ses blessures. Je l'ignore, mais il aurait été désirable que chacun suive sa route sans regarder en arrière. La rancoeur détruit aussi bien la victime que le coupable, dans votre cas... Deux victimes.

Le médecin avait été en effet plus victime qu'autre chose, la proie de la drogue. Désormais libéré de cette dernière, il faisait de réels efforts pour se réintégrer. Qu'on le voit comme sarcastique, cynique ne changeait rien à la bonté qui habitait son coeur. L'homme essayait de se racheter une conduite, il soulageait les maux avec une opiniâtreté admirable que le salaire n'expliquait pas.

- Le simple fait que nous ayons cette discussion démontre combien tu essayes de t'en sortir, de demêler tes sentiments, or malheureusement, ce n'est pas toujours possible d'obtenir de réponses. Tout ceci est passé et je pense qu'il faut regarder devant désormais. Ne porte plus ceci en toi, ton ex-femme a refait son chemin. Qu'il soit bon ou mauvais, tu ne peux plus influencer sa vie, ni positivement, ni négativement et c'est pareil pour elle. N'oublie pas ce souvenir, ne l'ignore pas car il t'a en partie construit, mais ne le ravive pas non plus.

Conseilla doucement le Chevalier qui avait parfois du mal à appliquer ses propres conseils. Au moins s'y essayait-il, secondé par un certain Ark-Ni. Un silence s'installa entre les deux hommes, d'abord gêné, puis, chargé de cette ambiance de travail que Luke appréciait. Elle gommait les différences, soulignait les points communs. Axés sur un même objectif, le médecin et le Jedi se faisait face, plongeant à nouveau dans les douces limbes de la Force. Bien que moins agité, Balian semblait peiner à complètement se poser. En particules légères, volages et fragiles, la Force quittait son socle pour danser autour du trentenaire sans avoir l'air de vraiment le pénétrer. Plus lourd était le silence, plus calme était l'atmosphère et plus l'homme semblait être perturbé. Après leur discussion, il y avait une nette amélioration, mais Luke était un perfectionniste dans son art, il n'admettait pas qu'un élève, y compris partiel, ait un contact biaisé avec la Puissance de ce Monde. Balian devait pouvoir, en toute autonomie et sécurité, y recourir lorsque lui ne serait plus là.

Alors le Consulaire vint à son secours, il déposa son aura à côté de celle de son camarade, comme un genre de point lumineux désirant guider ces particules éparpillées, désireuses d'entrer en contact avec le médecin sans parvenir à se fixer.

- Si tu n'arrives pas à faire le vide, choisis des souvenirs heureux, des sensations douces, agréables, apaisantes.

Suggéra le Hapien d'une voix suave quoiqu'un peu absente car il était quasiment plongé en transe. Habituellement, le Chevalier serait d'ailleurs se serait plus profondément engoncé au sein de la Force mais il devait veiller sur le néophyte, prêt à intervenir en cas de besoin. Si le chagrin ou la colère le submergeaient, que la Force l'envahissait à grandes eaux comme un raz-de-marée, il faudrait lui éviter la noyade.

Pour inciter Balian à se tranquiliser, le Chevalier usa d'ondes de Force réconfortantes, légèrement anesthésiantes et bientôt, dans la salle, ce fut une espèce d'ambiance invisible mais chaude, accueillante qui les enveloppaient. Le Hapien poussa un soupir et se détendit malgré lui. l'expérience fonctionnerait-elle pour le trentenaire, aurait-il trouvé ce souvenir doux, imaginé ou réel qui lui permettrait de combattre les mauvais?

Luke ne pouvait pas deviner que l'exact problème de Balian était la peur de se retrouver seul face à lui-même, alors qu'il commençait à penser que l'hyperactif Karm en souffrait. Il pensait surtout que les souvenirs continuaient de hanter le Mirialan, surtout lorsqu'il s'immobilisait. Sans doute parce que parfois, lui aussi, ses maux le rattrapaient.
Balian Atraïde
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Les paroles de Luke étaient réconfortantes. Il voulait me montrer que finalement je n’étais pas si irrécupérable que cela. Cependant j’avais du mal à m’en convaincre. Il allait bien falloir que j’y arrive si je voulais un jour me pardonner tout le mal que j’avais pu causer ; mais par contre l’autre péta…heu…sal…non…garce…pas question de lui pardonner. Au lieu de l’aider elle m’avait trainé dans la boue…et dépouillé ! Tu parles d’une épouse « aimante…pour le meilleur et pour le pire »…

Un souvenir heureux proposa Luke…effectivement l’idée me semblait très bonne. Restait à trouver…



**
*



C’était une journée particulièrement froide sur Mirial, planète aux déserts gelés. Mais malgré le froid, un attroupement s’était fait devant un temple. Un Mirialan pris alors la parole d’une façon très solennelle. Il était vêtu d’une sorte de bure qui rappelait celle des Jedis, mais assez richement brodée. Un capuchon dissimulait en partie son visage et il portait un bâton en bois sculpté. Tous l’écoutaient avec attention :

- Aujourd’hui le Clan Atraïde est réuni pour célébrer la réussite de l’un des siens…Balian, mon fils…approche-toi.

Un jeune Mirialan s’approcha. Il était tout de blanc vêtu. Sa peau était d’un vert vif, ses yeux sombres pétillaient. Il se posta devant son père qui poursuivis sur le même ton :

- C’est un grand jour pour toi mon fils, car tu vas recevoir ton premier tatouage. Il sera le symbole de ta réussite, porte-le fièrement et sois-en toujours digne.

Tous emboitèrent le pas au duo qui pénétra dans le temple où les attendait une vieille Mirialan. Elle invita Balian à prendre place sur un coussin placé à même le sol juste devant elle. Elle expliqua ave douceur :

- Mon garçon, en mémoire de ta défunte mère, les Anciens et notre Chaman ont décidé que ton premier tatouage sera identique à celui qu’elle portait.

Balian hocha la tête en guise de soumission à cette décision. Après tout c’était la mort de sa mère qui avait généré un déclic en lui et suivre sa voie pour devenir médecin. Il venait tout juste de valider sa thèse en chirurgie cardiaque. Il était officiellement Docteur. Il était donc normal qu’on lui appose le même tatouage que celui de sa mère. La vieille femme lui tendit un morceau de bois enroulé d’un linge propre qu’il plaça dans sa bouche afin qu’il ait tout le loisir de mordre dessus. Il allait souffrir, mais il n’avait pas le droit de crier, ni même de gémir. Ce rituel était très important et rien ne devait entacher sa réalisation. La vieille femme se saisit d’une aiguille préalablement désinfectée (Balian s’en était assuré !) elle la trempa dans de l’encre noire et le travail commença. Les autres membres du Clan s’étaient assemblés tout autour du trio formé par Balian, son père et la vieille tatoueuse.

Il fallut prêt d’une heure pour que les souffrances de Balian cessent. Mais le résultat était là, il arborait désormais un magnifique tatouage géométrique qui s’étendait au niveau des zones nasale et infra-orbitaire.
Son père, Balérion, Chaman du Clan Atraïde, aida son fils à se redresser et s’exclama fièrement :

- Puisses-tu suivre pour toujours le destin sur lequel la Force te guidera !

Tous reprirent en cœur cette devise, représentative des croyances Mirialanes, et les festivités purent commencer, en l’honneur de la réussite de Balian.


**
*



Une vague de chaleur m’emplis soudainement…oui…c’était une pensée heureuse…tout comme la fois ou mon père était venu me soutenir lors de ma cure de désintoxication. J’étais tombé au plus bas, et il m’a relevé…Mes souvenirs les plus heureux…c’étaient ceux que je partageais avec mon père. Il était celui qui m’avait toujours soutenu, dans toutes mes décisions…Jamais il ne m’avait jugé, jamais il ne m’avait tourné le dos. Ma force…c’était lui…Quand il était présent, j’étais bien.

Un sentiment de bien-être m’envahissait, je sentais des douces ondes tout autour de moi…avais-je réussis ? Etait-ce la Force ? Je la ressentais toujours sas jamais vraiment y préter attention. Comme une détection plus qu’autre chose. Là c’était différent, un peu comme si une porte s’était ouverte en moi…Plus rien n’existait, en dehors de ces pensées heureuses…ces ondes bienfaitrices, moi et…Luke ?

Luke Kayan
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Une douleur inexplicablement satisfaisante. La sensation était paradoxale, déroutante mais Luke ne se laissa pas démonter. Il avait vécu cette expérience lors d'entraînements épuisants qui le menaient au bout de ses forces, tout lui permettant d'avancer, de saisir ce qui bloquait jusque là. Un déclic recherché depuis de longues semaines intervenant après. Aujourd'hui, la sensation était cependant différente. Le jeune homme frissonna parce qu'il vécu par procuration la piqûre qui attaqua son visage. Une seconde, il se demanda si Balian se souvenait d'une prise de drogue comme d'un heureux souvenir avant de saisir. Le tracé en relief ressemblait à un tatouage. Ses cours en Xénologie avaient beau être lointain, le Chevalier se souvenait que les Mirialians appréciaient ce type de cicatrices colorées. Il avait d'ailleurs été assez choqué, adolescent, d'apprendre que l'on s'inflige volontairement des plaies, quant à la notion de beauté, à l'instar de maintenant, elle lui échappait déjà. Après réflexion, il avait haussé les épaules puis s'était penché sur ses notes afin de les apprendre et de se préparer pour l'examen qui aurait lieu dans un mois. Si les Hapiens étaient capables de sélectionner génétiquement des enfants pour leur physique, tout était à peu près possible et Luke trouvait d'ailleurs la "fantaisie" des Mirialans beaucoup moins barbare que celle de sa race qui affectait garçons et enfants considérés comme laids. Lui-même avait eu de la chance que sa mère avait aimé ses yeux vairons -et qu'elle ait déjà 42 ans, aussi-, sans quoi il aurait pu terminer à la poubelle suite à son premier souffle.

Le tatouage sans anesthésie galopa sur les traits de Balian qui transmettait à Luke, douleur et joie mêlées. Le jeune homme imagina la fierté ressentit en se souvenant de sa propre nomination au rang de Chevalier. Il avait eu l'impression d'enfin devenir un ètre accompli, d'appartenir à une famille et de lui être utile. Dès lors, il sut que ce souvenir fonctionnerait pour en appeler à une Force bienveillante. Le médecin avait habilement fouillé sa mémoire afin d'en ressortir un stimulant aussi efficace que naturel. Luke plongea un peu plus profondément au sein de la Force, assuré que Balian ne sombrerait plus dans les fantômes de son passé. La chaleur agréable qui les entouraient rendait la petite chambre d'hôtel merveilleuse, transformant la modeste kitchinette en un nid douillet où le mal ne saurait entrer. Le Hapien soutenait habilement son aîné, guidant parfois son aura vers des points internes, des zones du cerveau qui soulageait la douleur mentale, anesthésiant sans brutalité les peines. Contrairement aux drogues ou à l'action d'un tiers sensible à la Force, en agissant -presque- seul sur ses neurones, Balian n'annulait pas son passé, il l'adoucissait juste. Le calme, l'apaisement lui permettraient sur le long terme de considérer ses problèmes avec un certain recul, sans que la douleur ne l'assaille de prime abord. La concentration plus que la Force en elle-même permettaient à l'esprit de relativiser ce genre d'incidents de la vie.

Ainsi, les Jedis réellement adeptes de la méditation passaient des journées entières à le faire, sans se nourrir ou boire. Pour autant, d'après les dires -vrais ou faux? Luke pensait qu'il y avait un juste milieu entre la vérité et la légende.- leur corps ne se dégradait pas. Ils ne perdaient pas de poids, ne s'épuisaient nullement, nourris par la Force couplée à leur propre sagesse. Le Consulaire ne demandait évidemment pas à Balian d'en arriver à ce niveau, refusant pour sa propre personne d'être aussi passif, mais le médecin saurait désormais que faire pour s'éclaircir l'esprit. L'atténuation de la douleur n'était qu'un premier pas, une libération qui permettait d'accéder à la porte qui se cachait derrière le brouillard, celui de la réflexion. En ce sens donc, cet exercice était très différent d'une prise de drogue, parce qu'il y avait un but, un au-delà au simple soulagement. Luke espérait que son aîné finirait par découvrir le pouvoir de l'introspection, et que les pensées voyageuses remplaceraient le chaos. Si le médecin manquait de Midichloriens pour aller très loin, il avait en revanche toutes les neurones nécessaires pour parvenir à changer, à s'améliorer et tirer les enseignements de cette pratique qui ressemblait finalement à du yoga ou tout autre activité apaisante, il y avait juste un peu de magie en bonus, l'occasion de caresser de l'esprit, les liens formés par ses neurones, prendre conscience de leur cheminement.

Lentement, le Chevalier guida le médecin vers la sortie de la méditation, en douceur, comme s'ils quittaient un songe pour retrouver la réalité. Il était important d'effectuer la transition lentement afin de ne pas provoquer un choc, mais également nécessaire de la compléter. Balian ne devait pas adopter ce monde à part comme un refuge, sinon un trempoline vers la compréhension de soi, puis, enfin, la paix. Une paix qui petit à petit deviendrait réelle.

- Assez pour aujourd'hui.

Murmura le Chevalier. Même lui qui était habitué à méditer sentait une certaine fatigue envahir son corps. Une torpeur douce mais qui le ralentissait un peu, comme si son cerveau était enveloppé dans du coton. La sensation s'évanouirait en bougeant, mais il ne voulait pas risquer que Balian soit envahi d'une fatigue mentale trop forte ou, ne s'accoutume à la sensation de flottement, conséquence directe de la méditation, surtout lorsqu'elle était soutenu par une Jedi expérimenté.

Le jeune homme décroisa ses jambes. L'odeur de la nourriture se rappela à lui, il saisit le plat, évitant de justesse que la sauce ne se renverse. Il avait heureusement l'habitude de tenir ses assiettes bien droites à défaut de les assaisonner. Alors qu'il se dirigeait vers la cuisine et concrètement le frigidaire, son comlink sonna. Le Jedi fit demi-tour, chercha Balian -recourir à une table quand il était pressé tenait du suicide dans son cas.- et lui flanqua le plat entre les mains pour se saisir de l'appareil, au dernier instant. C'était une voix étrangère qui s'exprima, mécontente et pourvu d'un accent difficile à saisir. C'était en soi peu étonnant puisque jusque maintenant, différents dealers de petite envergure leur avaient servi d'intermédiaires. Jamais encore Balian et lui n'avaient à nouveau été en contact avec le Nikto.

- Bah tu en as mis du temps.
- Eh...
- Bref, on a une nouvelle mission pour voir. Que Balian ramène aussi son cul verdoyant.


Aussitôt, le Comlink se ferma tandis qu'un message illuminait l'écran du datapad du médecin avec une adresse.

- Et c'est reparti.

Fit-il non sans un léger soupir. Même lui, habitué aux inflitrations sentait que celle-ci lui pesait. Autour du monde de la drogue, gravitaient d'autres comme la prostitution, les trafics en tout genre. C'était éprouvant d'ainsi changer d'identité, mais le Hapien avait fait une promesse à Balian, et accessoirement la police de Coruscant, alors il avisa son collègue de travail -et de méditation maintenant- alerté par la légère vibration du datapad à laquelle son ouïe fine était sensible.

- Je crois qu'ils ont enfin compris que m'écrire en basic sans option à la traduction ne servait à rien.

S'amusa le jeune homme toutefois conscient de ce que cela signifiait. D'habitude celui qui lui envoyait des messages était un sous-fiffre pas très malin, un drogué à qui on ordonnait de servir d'intermédiaire. Aujourd'hui, ce devait être un plus gros poisson qui les contactaient. Un qui était parfaitement au courant du rôle à venir du duo.
Balian Atraïde
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Allez comprendre ce qui m’arrivait, mais pour une fois, je me sentais bien et apaisé avec moi-même. C’était impressionnant comme sensation. Je ne saurai dire comment cela était possible. Pour moi, selon les croyances de mon peuple, la Force était une entité consciente, et en cet instant elle agissait comme une déité réconfortante…presque comme une mère. Assez bizarre comme comparaison que vous l’accorde, mais elle m’enveloppait, m’enlaçait, et j’avais presque l’impression d’être bercé au sein de cette forme de quiétude que je n’avais pas ressentie depuis longtemps. Cependant je doutais être capable de reproduire ce sentiment seul. Car après tout ma connexion était si faible. Luke me guidait sans cesse, je le sentais prêt de moi. D’ailleurs, avec douceur, je perçu une onde chaleureuse émanant de mon ami qui m’indiquait qu’il m’appelait à travers le courant invisible. C’était temps de mettre fin à cette méditation.

J’étais épuisé, était-ce en raison de cet exercice ? Je n’avais pas l’impression d’avoir fourni une telle énergie cependant. Luke paraissait lui-même ressentir une certaine lassitude. J’étais quelque peu dans un état cotonneux, un peu comme si je m’extirpais d’un rêve étrange, d’un sommeil lourd, engendrant une perte des repères. Il me fallut un certain temps pour remettre en route mon cerveau et mes neurones et réaliser où nous étions, et pourquoi nous y étions.

Je réalisais subitement la catastrophe culinaire que mon ami aveugle évita, mais il se rattrapa de justesse. Soudain son comlink retentit et une voix nous somma de revenir au QG du Nikto. Je grimaçais…et ronchonnais :

- Il sait ce qu’il lui dit mon « cul verdoyant » …Je n’en dis pas plus, et me dirigeais vers la chaise où reposait ma veste. Je répondis à Luke avec une pointe d’ironie : que veux-tu ce ne sont pas des lumières…Ils comprennent vite mais faut leur expliquer longtemps…Enfin…cela dépend pourquoi. Va savoir comment…parfois ils ont des éclairs d’intelligence…mais ce n’est jamais de bon augure.

J’actionnais l’ouverture de la porte et passais devant, guidant Luke avec le bruit de mes pas, même si je me doutais qu’il connaissait les lieux par cœur et s’était accoutumé à notre petit « nid ». J’avais fourré mes mains dans mes poches et nous nous mîmes en route, direction la gargote mal famée à l’ambiance lourde et étouffante où nous avions rendez-vous. Sitôt arrivés nous fûmes fouillés (sait-on jamais) et guidés en direction du fond de la salle, une porte coulissa et nous fûmes introduits dans un quartier VIP. Le Nikto était là, vautré dans un sofa, deux prostituées (différentes de la dernière fois…la Force sait de ce qu’il était advenues des précédentes). Ses gardes du corps – des niktos entre autres – se trouvaient là, veillant sur sa sécurité. Mais il y avait quelqu’un d’autre. Un type, sans doute un humain, ou proche humain. Derrière lui, un autre gars, même espèce, vue qu’ils se ressemblaient quelque peu. Il se tenait debout, et j’imaginait qu’il était au service du premier vu qu’il gardait un œil avisé sur lui. Un droïde de protocole assurait le service et versait ce qui s’apparentait être du thé dans une tasse qu’il posa devant l’inconnu attablé.

Le Nikto eut un élan de contentement en nous voyant arriver :

- Ha ! Les voilà ! Approchez donc mes amis ! Vous voulez boire quelque chose ? Un café ? Alcool ? Drogue ? Ou un thé comme notre « ami » ici présent ? Un rire gras et malsain s’échappa de sa gorge. Il nous fit signe de nous asseoir et repris :

- Bien…on ne va pas épiloguer. Monsieur…dont j’ai déjà oublié le nom imprononçable, ici présent, est Taanabien. C’est une pointure chez lui apparemment…des histoires de clans tout ça…Bref on s’en fou. Et donc, il cherche à commercialiser un nouveau produit. Il se tourna vers le Taanabien et s’esclaffa : Hein mon bonhomme ! Il se redressa et repris un air sérieux, bref…notre petite organisation a attiré donc l’attention de nos amis bridés (il rit de son trait d’humour désobligeant) et donc nous voilà. Le boss est plus ou moins d’accord, mais avant cela, il veut votre expertise sur la question. Savoir si la proposition, que notre ami va nous exposer d’ici peu, est réalisable…et surtout rentable ! C’est là que vous intervenez les gars…

Il bu une rasade de ce qui ressemblait à un whisky Corellien et fis un geste pour signifier au Taanabien qu’il pouvait nous expliquer de quoi il retournait. Il eut toutefois un éclair de lucidité et s’exclama :

- Attends ! C’est que ce bougre de crétin parle pas un mot de basic…ou est cet empaffé de droïde protocolaire !

La malheureuse machine se présenta devant Har’k :

- Je suis là…votre vénérée excellence…

Pauvre droïde, sans doute programmé pour balancer ce genre de titre ronflant à cette grosse brute de Nikto, juste pour lui donner un semblant d’importance et flatter son ego démesuré. Pitoyable…



HRP:

Lee Yeong
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Quand on lui avait demandé de prendre contact avec des petites organisations qui œuvraient dans les Bas-fonds de Coruscant, il n’avait pas de suite compris pourquoi une telle stratégie. Pourquoi ne pas taper « plus haut » …Son oncle lui avait alors expliqué que pour devenir une fleur magnifique, une graine devait suivre un long processus de croissance. Il en était de même avec leur projet, pour être sûr qu’il se développera de manière optimale, rien de mieux que de commencer en bas de l’échelle pour le voir ensuite grandir. Ils avaient bon espoir qu’un jour on s’arracherait ce « produit » encore à l’état larvaire, rependant ainsi leur emprise sur les bas-fonds.

Voila donc pourquoi il se retrouvait en ces lieux sombres, décadents et crasseux. Il avait prix soin de se vêtir un peu plus simplement que d’ordinaire, afin de ne pas trop attirer les regards. Il portait une tunique longue, de couleur gris clair, portée croisée et maintenue par une ceinture noire (et des petits liens dissimulés à l’intérieur du vêtement). Ce vêtement s’arrêtait un peu au-dessus de ses chevilles révélant des bottes noires épaisses, d’excellente manufacture. Bien évidement en dessous de cette tunique, il portait une chemise et un pantalon blanc, selon la tradition vestimentaire de Taanab. Par-dessus l’ensemble, il avait passé une sorte de veste anthracite, sans manche, descendant jusqu’au même niveau de sa tunique. Un simple liseré argenté venait orner cette veste. Comme tous les taanabiens, il arborait un visage neutre, impassible. Seul transparaissait un air suffisant, presque hautain. Il était de noble lignage et cela le répugnait de se trouver ici. Sa peau était claire avec une petite nuance jaune. Ses cheveux, d’un noir froid et totalement lisses, étaient relevés en un parfait chignon orné d’une broche, signe extérieur d’une appartenance à un rang assez élevé, voir aristocratique, sur Taanab. Enfin, ses yeux en amande étaient d’un marron profond, totalement inexpressifs. On lui donnait sans doute un peu plus de la vingtaine, mais il avait tout juste trente ans.

Comme tous les membres de l’aristocratie de Taanab, il ne se déplaçait jamais sans son garde du corps personnel. Ce dernier s’appelait : Gon, et était tout de noir vêtu. Il portait une vibro-lame longue à la main et un blaster était dissimulé dans sa tunique croisée. Par courtoisie sans doute, en guise de bonne volonté, ses armes n’avaient pas été ôtées lors de la fouille. Les malfrats étaient plus inquiets de la présence de micro que d’armes sur les « invités ». Et tandis que son maître s’était assis à une petite table, attendant qu’on lui serve son thé, son homme de main restait debout derrière lui, impassible.

Autre précaution, il avait fait croire qu’il ne parlait pas le basic. Si cette lacune était vérifiée chez la plupart des taanabiens, peuple très introverti, il n’en n’était rien pour lui. En effet il avait reçu une éducation digne d’un prince, après tout, il était le neveu favori du Sénateur de Taanab. Il parlait le basic et le comprenait depuis sa plus tendre enfance. En faisant ainsi l’ignorant face au nikto Har’k Honnen, il espérait que ce dernier soit facilement en confiance, et ne rechigne pas se lancer dans la production de cette nouveauté dont il était venu vanter les mérites.

Le nikto, tout dépravé qu’il était, lui avait fait comprendre à travers un droïde de protocole qu’on attendait deux autres personnes. Ces dernières ne tardèrent pas à arriver. Il y avait un mirialan à la peau verte et aux cheveux blonds courts. De nombreux tatouages tribaux ornaient son visage, témoignant déjà d’un certain nombre de défis relevés dans sa vie, et donc de son âge. Il était vêtu à la manière des militaires…et vu le grade qu’il affichait, il aurait dit…un sergent…mais il n’était pas assez calé sur la chose pour en être tout à fait sûr. L’autre individu était un magnifique jeune homme au physique élancé. Son teint pâle mais parfait contrastait avec ses yeux vairons. Ses longs cheveux blonds donnaient presque l’impression d’être ourlés d’or. Une telle beauté…sans doute un fichu hapien…Il n’aimait pas ces êtres « parfaits » qui se prenaient pour les plus beaux de la galaxie…Et après on disait que c’était les taanabiens qui étaient pédants…que devrait-on dire des hapiens alors ? Cependant quelque chose n’allait pas avec ses yeux. Ils étaient fixes, et leur éclat était quelque peu atténué. Aveugle ? Il n’en était pas certain…

Il se contenta de hocher la tête à l’encontre des nouveaux venus. Il grimaça en voyant le droïde lui servir son thé comme s’il s’agissait d’un vulgaire café…sans cérémonie, ni grâce d’aucune sorte…Vivement qu’il retrouve un monde civilisé ! D’un geste élégant et distingué, il écarta sa manche ample d’une main et la maintenait afin qu’elle ne le gêne pas pour prendre sa tasse qu’il porta doucement à ses lèvres afin de humer le liquide chaud…il se risqua à y tremper ses lèvres et ne retint pas une moue…Ça…du thé ? De la pisse de Robas oui ! Il reposa la tasse et reporta son attention sur le nikto qui lui cédait la parole pour expliquer la raison de sa venue.

Faisant mine de ne pas comprendre ce qui se disait autour de lui, il sourit poliment et attendit que le droïde soit prêt pour prendre la parole en taangul, la langue maternelle sur Taanab.

- Annyeong-hachimnikka (Bonjour), je me nomme Hong Ha-Neul. J’ai été mandaté afin de présenter une plante qui croit sur mon monde et dont nous avons découvert des propriétés susceptibles de vous intéresser.

Ha-Neul fit un geste, et son serviteur Gon, s’approcha pour poser sur la table une boite contenant un des morceaux de plante séchés et finement hachés, presque comme une préparation pour une décoction. Le serviteur recula pour reprendre sa place derrière son maître. Ce dernier repris :

- Voici une plante que sur Taanab nous appelons « Ma Huang ». Elle est utilisée par mon peuple depuis des siècles pour soigner divers maux tels que les rhumes, les allergies, l’asthme, etc. Elle a un fort pouvoir vasoconstricteur nasal, et bronchodilatateur. Toutefois, cette plante contient également des alcaloïdes, tels que l'éphédrine. Ces alcaloïdes ont donc une structure semblable à celle de l'épinéphrine (ou adrénaline). Chez les espèces de Ma Huang, les alcaloïdes représentent en moyenne 0,5 à 2,5 % de la composition chimique, dont 30 à 90 % d'éphédrine. Or, les normes commerciales pharmaceutiques précisent que cette plante, une fois séchée doit contenir au moins 1,25% d'éphédrine.

Il avait marqué une pause afin de vérifier que tout le monde suivait bien…Puis il reprit :

- Des chercheurs de mon clan se sont penchés sur cette plante. Sur Taanab nous sommes en mesure d’accomplir des prouesses en génie agricole et nous excellent dans les organismes génétiquement modifiés. Ainsi nous sommes parvenus à tirer de cette plante un pourcentage de 3% d’éphédrine. C’est largement au-dessus des normes, et plus qu’assez pour produire un stimulant sur une base de méthamphétamine.

Il affichait un petit sourire satisfait, et d’un nouveau geste, il saisit le datapad posé à ses coté et qui contenait les propriétés de dopantes et stimulantes de la plante en question. De quoi produire un produit bien plus fort que l’Adrénal qu’on pouvait donner aux militaires ou aux sportifs pour leur donner un coup de fouet. Il était bien évident que si une telle drogue venait à être produite elle apporterait avec elle son lot d’effet secondaires : une forte dépendance, risques cardiovasculaires, crises cardiaques, hémorragies cérébrales, une nervosité aigue pouvant aller jusqu’aux troubles du comportements, avec un risque de désorientations entre réel et réalité pouvant amener les consommateurs à se donner la mort.

Toujours avec un sourire, le taanabien apporta une petite précision, toujours sous l'égide de la traduction du droïde :

- J’oubliais, l'éphédrine a également la propriété d’augmenter le taux métabolique, ce qui permet au corps de brûler les graisses et le sucre de manière plus efficace. En mobilisant les réserves de lipides et de glucides, l'éphédrine réduit l'appétit. Cela ferait un produit miracle pour toutes les personnes, notamment féminines qui cherchent à avoir un corps plus en adéquation avec ce qu’elles souhaitent…Il y a donc moyen, grâce à cette plante, de toucher une large gamme de consommateurs potentiels…

Oui…la plante était dangereuse…mais qu’importait…il fallait savoir prendre des risques pour s’enrichir et gagner en puissance. Et le Clan Hong, allié au Clan Yi n’avait aucune morale, contrairement à cet idéaliste…le 3ème Prince Lee Yeong…


Images de Hong Ha-Neul et Gon:
Luke Kayan
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La vulgarité du Nikto aurait presque fait sourire Luke tant elle était forcée. Si c'était dans la nature du trafiquant d'agir de la sorte, il poussait la caricature afin de sembler terrible. Aujourd'hui face à l'invité- de marque apparemment- son égo gonflait davantage, et, en proportion, son mauvais jeu d'acteur. Impassible, Luke triait les informations qui se cachaient dans les messages à rallonge de leur interlocuteur, à Balian et à lui. Le Nikto n'avait jamais grimpé les échelons, et il ne le ferait probablement pas. Lors de ses différentes collaborations avec la police, le Chevalier avait appris que les délinquants de haut vol étaient calmes, passe-partout ou au contraire, très huppés. Un peu comme le nouveau qui s'exprimait dans un langage presque châtié. L'individu n'avait, en apparence, rien à voir avec la pègre, ce qui le rendait insoupçonnable pour la police. Dans un autre genre, son propre double avait le physique d'un jeune premier qu'on hésiterait grandement à emprisonner. Balian enfin, avait le typique profil d'un professionnel admirable, tranquille, presque fade. Ici, seul le Nikto démontrait clairement son appartenance à la basse cour de la délinquance, probablement parce que c'était le seul véritable aspirant criminel. Cela dit, Luke n'en avait aucune idée, il devait être trop attentif aux participants pour prendre le risque de se plonger dans la Force. C'est donc très superficiellement qu'il sonda le nouveau. Insensible à la Force, présentement maître de lui, on ne pouvait pas dire qu'hormis les informations qu'il divulgait, le potentiel partenaire ne livre grand chose de sa personne.

Après avoir négligemment refusé les boissons proposées, le Hapien se rendit compte qu'effectivement, le nouveau buvait... Du thé. L'odeur légère, discrète mais déplacée dans ce milieu parvint à ses narines sous forme d'une vapeur fine. Malgré lui, il pencha un peu la tête, démontrant une surprise retenue. Qui était cet homme au langage plus fin encore que le sien en temps normal?

La métaphantamine était une drogue particulièrement addictive et agressive. Elle détruisait le corps à une vitesse effrayante. Dents, peau, tout y passait, sans oublier l'esprit qui se perdait dans les méandres de neurones emmêlées, isolées les unes des autres par la métaphantamine. Prisonnier du besoin de vivre sans cesse à cent à l'heure, l'accro égarait souvent sa conscience s'il en avait eu une un jour. Ainsi, de nombreux citoyens normaux d'origine avaient été inculpé de violence voir de meutres, toujours à cause de cette drogue. L'éphédrine quant à elle était l'amie des ménagères désespérées. Prêtes à mettre des milliers de crédits et leur santé en jeu pour éliminer leurs rondeurs, ces femmes passaient du côté noir du marché afin de se procurer ce produit.

Luke réfléchit à ce qu'il devait faire. Sensément du còté du Nikto, il devait veiller à ses intérêts, commercialement, ils étaient sans doute énorme. Les bâtons de la Mort représentaient un marché énorme, mais ils étaient un peu différents de la fameuse métaphantamine. Leur faux allié pourrait donc fidéliser une clientèle accro à cette substance peu répandue sur Coruscant. D'autre part, s'il était bien aiguillé, l'homme finirait par comprendre que les femmes au foyer complexées étaient d'excellentes clientes en devenir. Ceci dit, Luke n'allait pas aller jusqu'à lui offrir cette idée sur un plateau. Au contraire, il cherchait rapidement, mine de rien, comment détourner le Nikto des offres de l'inconnu au beau langage, le tout sans avoir l'air suspect. Sa formation en médecine l'y aida.

Il ne s'adressa à l'inconnu que pour lui rendre un bonjour poli accompagné, par habitude, d'un hochement de tête. Il avait failli le prolonger en une légère révérence d'ailleurs, comme c'était le cas face à un interlocuteur de marque. Ces gens-là, sénateurs ou autres politiciens mettaient un point d'honneur à respecter l'étiquette. Le discours si élégant du Tanaabien avait réveillé le Consulaire sommeillant en lui, mais heureusement, il se retint. Son rôle n'était pas de négocier directement, encore moins de se donner de l'importance en énonçant son prénom. Complètement sous l'influence du Nikto, le Chevalier se contentait du minimum, ce pourquoi l'avait appelé leur vulgaire chef.

- C'est intéressant et vendeur, mais si vos clients meurent -et c'est ce qui risque d'arriver à grande échelle- la police va vite s'intéresser à vous, elle ne vous lâchera plus.

Fit-il d'un ton neutre, alors que dans sa tête, informations, idées et inquiétudes se bousculaient. Pourquoi le Nikto leur demandait-il leur avis? Depuis quand l'opinion de professionnels de la santé l'intéressait? Était-ce un test? Le nouveau était-il un partenaire de longue date avec qui le marché était conclu depuis longtemps? Comme le Nikto ne disait rien, le Chevalier prit le risque de se montrer plus curieux, d'interroger l'inconnu, aussi bien pour sembler vouloir protéger les intérêts de son "allié" que pour réellement obtenir des informations.

- Pourquoi Coruscant? Sur Nar Shadaa, vous auriez pu sans problème infiltrer le milieu hospitalier. Les autorités se laissent facilement convaincre.

Le Jedi utilisait un langage toujours correct à défaut d'être aussi développé de d'habitude. Si son travail en tant que stagiaire dans les soins expliquait des expressions assez hautes, il n'était pas sensé être formé aux interrogatoires, encore moins à mener une enquête. C'était donc la question logique d'un jeune homme méfiant pris dans les rouages de la délinquance essayant de se protéger qu'il posait ses questions. Son statut de stagiaire laissait aussi peu de place à l'initiative. Il se tu donc sagement et attendit la réaction de Balian, ayant toujours en tête que le Nikto avait proposé de la drogue en guise de coktail de bienvenue.

Pendant ce temps, le nom de Tanaab se tordait dans son esprit. Il essayait de se souvenir d'un lieu appelé ainsi. Son passé de Padawan très studieux voir trop zélé l'avait mené à connaître beaucoup de Mondes, au-delà des frontières de la République, ainsi, le souvenir vague de ce nom lui revint. Dirigé par une monarchie peuplée de proches-humains, c'était un lieu assez fermé dont les habitants ne se mêlaient pas aux autres, pour preuve leur tendance à refuser d'apprendre le basic. Outre ces faits malheureusement, Luke ne tirait rien d'autre de sa mémoire, et surtout pas la langue du dénommé Hong. S'il en maîtrisait plusieurs comme tout bon Consulaire, celui-ci était beaucoup trop spécifique pour que ce soit le cas. Certains Jedis spécialisés dans les langages considérés mineurs -car venant de mondes éloignés ou petits.- pourraient éventuellement déchiffrer les mots du potentiel allié, mais pas lui. Ceci dit, la curiosité du Hapien s'en trouvait décuplé. Pourquoi un être de cette planète si fermée, si méfiante avait décidé d'exporter une plante traditionnelle de chez lui, au risque de dévoiler d'ailleurs le secret d'extraction de ces fameux 3%?
Balian Atraïde
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Taanab… Taanab… en plein sur la route Perlemienne…Toutefois je n’y avais jamais mis les pieds. Un monde en plein cœur de la République, très bien situé, et qui ne faisait pas parler de lui. Un Taanabien…ces gars-là sortaient rarement de leurs cercles. Il était donc étonnant d’en voir un là…tout propret dans cet univers de crasse et de déchéance. Il dénotait clairement – tout comme Luke et moi cela dit. J’étais perplexe en écoutant ce type nous expliquer, dans sa langue, heureusement traduite par le droïde, ce qu’il avait à proposer. Mon sang n’avait fait qu’un tour alors qu’il expliquait les propriétés de cette plante…J’avais immédiatement fait le lien avec l’Adrénal, mon produit "favori"…Si ce que ce Taanabien disait vrai, il allait se retrouver avec de l’or dans les mains. Ce produit allait être bien plus efficace, mais également…nocif à trop haute doses.

Mais il y avait quelque chose qui n’allait pas. Ce type je ne le sentait pas. Avec ses manières, son allure, c’était quelqu’un d’important. Il n’avait même pas dissimulé son identité…Il nous faudra faire des recherches discrètes sur ce type. Qu’est-ce qu’il foutait ici ? Etait-ce un piège ? Je ne devais pas être le seul à ressentir cela, car Luke posa quelques questions, visiblement parfaitement dans son rôle de défenseur des intérêts du Nikto. Ce dernier d’ailleurs nous dévisageait, un regard mauvais sur le visage.

Il s’était penché vers la table pour prendre la petite boite et humer la plante séchée. Il avait écouté les questions de Luke avec intérêt. Le droïde avait scrupuleusement traduit dans a langue du Taanabien les questions de mon ami. Avec un geste de dédain, le crapuleux Nikto fit remarquer à Luke :

- Bah ! Quelle drogue ne tue pas à long terme gamin ? Et puis…de bons docteurs comme toi et Balian se chargeront de les soigner…pour mieux qu’ils rechutent en un cercle vicieux…haha…Tu vois de quoi je parle toubib…

Har’K Honnen s’était tourné vers moi, attendant mon expertise. Il tendit la boite à une de ses filles de joie pour qu’elle me l’apporte en me disant :

- Tiens toubib…C’est pour toi ça non ? Plus fort que l’Adrénal…Il pointa son doigt vers moi et fit avec une mine enjouée : j’ai un testeur de choix ! Haha… Ce cher docteur carburait déjà aux méthamphétamines il y a quelques années…Il se souvins alors que le Taanabien ne comprenait et ne parlait pas le basic…il maugréa : ha…comme c’est chiant…c’est bien la peine d’avoir une belle gueule et des beaux habits…ces bridés m’ont envoyé un gosse illettré…nan mais regardez-moi cette face de citron d’Alderande…traduis toi ! aboya-t-il sur le droïde.

- Toute suite votre sérénissime seigneurie!

La pauvre machine s’exécuta en omettant bien sûr de mentionner au Taanabien le flot d’insultes et de remarques déplacées du Nikto à son encontre.

J’étais mal à l’aise…Entre les regards du Nikto vicieux et les yeux sombres et impassibles du taanabien, j’avais la désagréable impression d’être passé au scanner sous tous les spectres. Pourquoi étions-nous là ? Sentant mon désarroi, Har’k repris plus sérieusement :

- Détends-toi doc’ ! On est entre amis non ? Bon, trêves de bavardages, t’en penses quoi toi Balian ? Ce truc est réalisable ? Sous quelle forme tu penses qu’on peut le fabriquer ? Et est-ce que ça va valoir le coup surtout financièrement ?

Je me sentais pris au piège. D’un côté, ma conscience professionnelle m’interdisait de favoriser la création d’une telle drogue, mais d’un autre côté si je refusais d’aider l’Association, je mettais nos vies et celle de mon père en danger…Je jouais avec les petites particules de plante séchée finement hachée. Puis, je me lançais :

- Ce pourcentage rend l’extraction plus facile et plus rapide. La drogue sera plus pure. Je ne suis pas chimiste…mais…avec peu de matériel, tu pourrais faire synthétiser de la méthamphétamine et la laisser soit en poudre soit sous forme de comprimés de petites tailles pour éviter un surdosage. N’importe quel chimiste en herbe peut te synthétiser de la méthamphétamine. C’est très simple. Compte tenu de son aspect volatile, elle peut être fumée…en agrément d’une base de drogue douce…Cependant…

- Quoi ? Quoi ! Hé bien parles !

Je soupirais…je me disais que même si nous aidions le Nikto pour sauver les apparences, une fois l’Association démantelée nous mettrons aussi la main sur ce produit pour stopper sa production et ce Taanabien pourra également être arrêté.

- La méthamphétamine rend accro…dès la première prise.

Le Nikto pris une mine réjouie :

- Haha ! Mais c’est excellent ça ! Tu m’as fait peur bougre de crétin avec ta tête de déterré ! Donc…si je comprends bien cette « alliance » est tout bénéf’…les gens vont s'arracher ce produit...Il en pense quoi le bridé?


Le droïde s'empressa de traduire en y mettant, bien entendu, les formes et la politesse de mise. Cela dit je demeurais sur mes gardes. Les questions posées par Luke étaient pertinentes, et j’avais hâte de savoir ce que notre nouvel intervenant avait à répondre sur les sujets…Que cachait-il ? J’essayais de le sonder, mais ce diable d’homme était imperceptible.


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