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Ainsi ils trouvaient, après avoir multiplier les interlocuteurs, les bonnes et les mauvaises volontés, parcouru la ville en tous sens, la réponse à cette question pourtant si simple en apparence : où était la vérité ? Le tissu de discours, de preuves, de positions politiques, de figures avait été soigneusement démêlé, quoi qu’en partie, et désormais l’urgence semblait se présenter clairement : il fallait effectivement procéder à la mise en sécurité de ces gens qui avaient été abusés. Une honnête indignation avait gagné la Padawane au fur et à mesure que ses ainés échangeaient. Comment pouvait-on ainsi se servir de gens tout à fait innocents à la seule fin d’élection ? L’argent était une réponse évidente mais, dans un esprit aussi candide et juvénile que le sien, la simple cupidité ne pouvait être un si puissant moteur qu’il changerait un être sensible en monstre assoiffé de sang. Comment l’ancienne mairesse, alors qu’elle avait eu si longtemps tant de vies entre les mains, pouvait-elle ce jour les mettre ainsi en danger ?

La vilénie d’un tel acte la dépassait totalement et, puisqu’elle ne pouvait saisir cet objet, elle décida de se concentrer sur celui qu’elle pouvait le mieux appréhender : trouver les mots pour persuader les habitants de quitter leurs appartements avant qu’un accident ne survînt. Si elle ne doutait pas, et chacune des rencontres lui avait confirmé, que son Maître bénéficiait d’une certaine aura de confiance ici, elle craignait pourtant que l’affection qu’ils portaient au lieu de ne brouillât leurs jugements – ils étaient sensibles après tout et combien ils avaient à perdre en quittant ces lieux sans savoir ce qu’ils allaient retrouver ! L’idée germa et tout juste eut-elle le temps de la laisser fuser avant que la conversation ne se termine.

« Peut-être pourrions-nous nous rendre sur place ? Dans les nouveaux logements, je veux dire. Là, Bouteboute pourrait prendre des images, nous pourrions nous assurer que la solution est effectivement heureuse et pouvoir affirmer sans crainte aux habitants qu’ils feraient le meilleur choix en déménageant ? Avez-vous l’adresse du site de relogement, Inspecteur ? »

Il ne lui fallut qu’un instant pour trouver l’information adéquate et la transmettre à ses interlocuteurs à la suite de quoi, son devoir l’appela et ils se séparèrent sur les dernières paroles cordiales de circonstances – mais avec toute la sincérité du monde.

Lorsqu’elle pénétra dans l’ascenseur, Thann ne s’attendait pas à en ressortir les larmes aux yeux. Les compliments de son maître lui allèrent droit au cœur et sinon une révérence polie pour lui faire savoir sa gratitude, aucun son ne parvint à franchir ses lèvres tant l’émotion l’avait saisie. En silence, ils abordèrent leur moto-jet et le choix de la prochaine destination, les nouveaux appartements proposés à l’emménagement des familles concernées, confirma que le Maître suivait l’avis de sa jeune élève.

Sur place, ils furent accueillis sobrement par la gardienne de l’immeuble – laquelle gérait tout une armée de droïde d’entretien afin de conserver le flambant neuf des lieux, et ils purent capter toutes les images désirées sans souci. Ce dernier écart fut le plus court d’entre tous et sitôt leur guide remercié, de nouveau le speeder s’envolait pour refermer la boucle qu’ils avaient tracée.

Dans l’intimité des airs et du micro, la Padawane trouva à son tour le courage de se livrer à cet homme qu’elle admirait tant et dont les mots l’avaient tant bouleversés, ce jour-là comme ceux qui avaient précédés :

« Vous savez, Maître… Je crois sincèrement, même si nous ne nous connaissons depuis peu de temps, que vous m’avez déjà profondément aidé. Si ça n’avait été vous, je pense que j’aurais fini… Comme Maître Marja. Elle savait la tournure peu flatteuse à l’encontre de quelqu’un qui dans l’Ordre occupait une place si importante mais, ainsi suspendu dans les airs, loin de toutes les oreilles, elle savait pouvoir lui dire les pensées qui l’animaient comme ils lui venaient. Vous m’avez sorti de mon ascétisme, vous m’avez permise de concilier mon appétence pour la vie, pour le vivant et de lier mon devoir à mon cœur. Maître, sans vous, je pense que j’aurais été… triste. Alors, merci. »

Elle se tut alors, un peu gênée par un tel étalage de ses sentiments, mais elle ne regrettait aucunement de s’y être livrée ; autrement, c’eût été mentir. Elle réaffirma son étreinte, non plus pour sa simple sécurité mais pour s’accorder, le temps d’un vol, un câlin avec l’homme qui à présent, pour elle, comptait comme un père.
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Alors comme ça, on faisait des câlins à son maître ? Quand il était en train de piloter un speeder et qu’il ne pouvait pas se défendre ? Que c’était vil, les Padawans, à cette époque ! Mais Karm ne se plaignit pas. Son silence répondit à la confession de la jeune fille mais, dans la Force, son aura se fit plus bienveillante encore qu’à l’ordinaire, et plus protectrice. Il s’était attaché rapidement à l’adolescente, avec ses rêves et ses fantaisies, ses fragilités et sa détermination. Il ne croyait pas à cette interprétation littérale du Code Jedi qui lui aurait prescrit un détachement et un souci abstrait, et, d’ailleurs, il n’avait pas rencontré beaucoup de maîtres qui n’eussent pas pour leurs pupilles au sein de l’Ordre une tendresse profonde et sincère.

Pour la deuxième fois de la journée, le speeder se rangea sur la plateforme centrale de l’immeuble qui avait décidément triste mine. Débarrassés de leurs casques, les Jedis purent entendre une fois de plus les grincements inquiétants qui confirmaient que la partie supérieure de la structure n’était pas loin de s’effondrer. Karm considéra un moment la silhouette du bâtiment quasi éventré qui se dressait au-dessus d’eux. Les légendes racontaient que certains Jedis étaient capables de soulever par la télékinésie des masses aussi considérables.

Pas lui, hélas.
Il était préférable de ne pas perdre de temps.

Pour la seconde fois, ils s’engagèrent dans les escaliers obscurs, l’Ark-Ni aidé de sa lampe, pour gagner les couloirs où les fils électriques s’entremêlaient dans des montages pour le moins exotique. Rapidement, un petit attroupement se forma autour d’eux et c’est là, entre les portes entrouvertes, dans le confort tout relatif du corridor, que les deux Jedis durent exposés le résultat de leur enquête.

OK. Bon. On a vu pas mal de personnes, à la mairie, à l’armée, à la police, on a parlé à d’autres Jedis, à des inspecteurs, à des gens de l’administration. On a recoupé des informations et on est sûrs de ce qu’on avance.

Un préambule sobre mais nécessaire. Le Gardien n’avait jamais été très à l’aise pour s’exprimer en public, mais, les années passant, il commençait à accepter que c’était un rôle qui incombait souvent à un Chevalier Jedi, fût-il, à son instar, tenu la plupart du temps à l’écart des affaires diplomatiques.

L’immeuble est bien en danger d’effondrement, ça, ça fait pas de doute, mais je crois qu’on est tous d’accord.
On entend rien, cria quelqu’un !

Karm dut prendre une profonde inspiration pour élever la voix. C’était l’une des très rares fois de sa vie où il parlait plus que dans un murmure et peut-être la seule où il s’exprimait d’une voix forte. Son ton était rauque et dès les premiers mots, ses cordes vocales le firent souffrir.

Je disais : l’immeuble va bien s’effondrait et je crois qu’on est tous d’accord sur la question.

Des hochements de tête graves lui répondirent.

On est allés voir les immeubles reconstruits pour vous accueillir, ça a l’air plutôt bien, on vous montrera les images qu’on a filmées nous-mêmes. C’est propre, c’est bien construit, c’est bien entretenu.

Mais bien sûr, ce n’était pas la préoccupation première des habitants.

S’agissant de ce qui serait construit à la place de cette tour, ce sera pas un complexe militaire. Le projet retenu est le suivant… Bouteboute, si tu veux bien.

Le robot afficha la rotonde, à partir des fichiers que l’inspecteur Bartok leur avait communiqués.

Siège de Pakuuni pour le Comité Galactique des Sports. OK, c’est pas super utile, à mon avis, et y aurait mieux à faire, mais c’est pas militaire.
Et alors, pourquoi on nous a dit le contraire, lança un homme depuis le fond du couloir ?

À nouveau, Karm dut prendre une profonde inspiration pour maintenir sa voix, tant bien que mal.

C’est une manœuvre politique, pour que vous restiez dans l’immeuble, qu’un accident se produise et que le scandale menace le pouvoir du maire en plus. Ses opposants politiques diffusent de fausses informations.
Lui-même n’est pas un saint, intervint quelqu’un.
On a jamais dit ça, et puis ça change rien, répondit une autre voix.
Nous avons confirmé nos informations auprès d’enquêteurs du bureau de lutte contre la corruption. Des gens dont l’intégrité ne fait pas de doute.

Un murmure se répandit parmi l’assemblée. Chacun avait besoin de temps pour assimiler ces informations, mais il y en avait beaucoup qui étaient soulagés. La perspective de pouvoir partir en toute bonne conscience de ce qui n’était plus désormais qu’un vaste taudis était particulièrement séduisante pour des gens éprouvés par les combats et fatigués par leur situation.

Karm laissa les conversations se développer pendant plusieurs minutes et en profita pour reposer sa voix, puis il dit à nouveau :

Si vous voulez bien, on vous diffuse les images des nouveaux logements, pour que vous voyez par vous-même.
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Elle perçut l’intensité de la présence de son maître aussi bien qu’elle la vit. Son aura l’enveloppa comme un cocon et elle se sentit filer à travers le ciel comme au creux d’un nuage de coton. Même l’approche de l’immeuble gémissant ne parvint pas à entamer, ne serait-ce qu’en partie, sa joie de l’instant. Tout irait pour le mieux, comment pouvait-il en être autrement ? La foule se rassembla rapidement autour d’eux, dans le même corridor qu’ils avaient emprunté un peu plus tôt dans la journée.  Les visages étaient tendus par l’angoisse, les sourires courtois mais plutôt de façade que réels. Thann, galvanisée par la certitude du bien faire et du bon, rayonnait littéralement au milieu d’eux. Elle écouta avec un silence royal son maître fait l’exposé concis et pourtant précis de leur enquête et adressa à chacun de ceux qui tournaient vers elle leur regard, un sourire de réconfort et d’encouragement.
 
D’aucun réclama, obligé d’être en retrait à cause du monde qui se pressait dans le couloir, réclama qu’on parlât plus fort. Son mentor s’exécuta et appela en soutien visuel son assistant de toujours. Les annonces surprirent – il faut dire que les rumeurs allaient grand train depuis plusieurs semaines déjà et étaient devenues, à force de répétition, des faits solidement établis – et les chuchotements allaient et venaient. Lorsqu’un semblant de silence revint, son maître reprit tout en lui posant une main sûre et douce sur l’épaule. C’était à elle de prendre la suite.
 
« Bouteboute, si tu veux bien basculer sur les images des nouvelles zones résidentielles, je crois que ces gens ont hâte de découvrir leurs nouveaux chez-eux. »
 
De toute la puissance de son projecteur holographique, Bouteboute déploya les espaces qui n’attendaient qu’à être investis.
 
« Je ne vais pas vous mentir votre nouvel espace résidentiel est effectivement, pour la plupart d’entre-vous, un peu plus loin de vos lieux de travail mais… C’est là l’un des seuls, voir le seul inconvénient que l’on peut trouver à ce nouveau logement. J’ignore si la décision de vous y loger fut prise par pure bonté d’âme, je vous laisserai juger par vous-mêmes de la question, mais il est indubitable que les autorités ont voulu s’occupaient avec un soin tout particulier de vous.
 
Chaque famille dispose dès à présent d’un nouveau lieu de vie adapté à ses besoins présents et futurs. 
Elle prit le temps d’une pause pour sourire largement aux quelques parturiantes en puissance présentes dans la foule avant de poursuivre. Par ailleurs, pour avoir rapidement parcouru certaines de vos demeures – et bien que j’aie conscience qu’elles ne sont pas en l’état au mieux de ce qu’elles furent – je pense pouvoir vous promettre sans me mouiller que ce sera pour chacun de vous un surclassement certain ; une forme de compensation pour les soucis occasionnés par ce relogement j’imagine.
 
Les lieux d’habitations sont tous à proximité des infrastructures nécessaires à votre épanouissement : médecins, crèches, parcs, écoles, surfaces commerciales, et tutti quanti. Vous disposerez tous de places d’air-speeders réservées, quand bien même vous ne seriez pas encore propriétaire d’un tel engin.
 
Sans avoir fait de l’immobilier pakuunien ma spécialité, je pense que vous serez, avec ces appartements, à compter parmi les plus heureux habitants de la cité. »

 
Elle allait s’interrompre lorsqu’une petite trille de celui qui, décidément, se montrait toujours aussi nécessaire, lui rappela un détail.
 
« Ah ! Et Bouteboute m’invite à vous annoncer ceci : ceux parmi vous qui ont la chance d’être déjà propriétaires de leur logement le seront toujours, la propriété de ce nouveau bien – qu’importe qu’il soit d’une gamme supérieure – vous sera immédiatement transférée tandis que ceux qui ne sont que locataires auront à un choix à faire : continuer de payer un loyer semblable à celui d’aujourd’hui ou envisager de devenir eux-mêmes propriétaires du bien au tiers du prix du marché. Je n’ai malheureusement aucune idée de la somme que cela peut représenter, tout cela dépend de bien trop de choses, mais j’imagine que c’est une occasion à saisir. »
 
Aussitôt, les rumeurs reprirent de plus belles mais cette fois, il n’était plus du tout question de base militaire ou de rester sur place. Une petite dizaine de minutes suffit à se faire disperser la foule et sept heures plus tard, sur la dernière plate-forme active de l’immeuble, le bal des services automatisés de déménagement s’achevait. Les habitants, conscients de la précarité de leur situation, vivaient depuis quelques semaines déjà au milieu des cartons et avaient rapidement organiser leur départ. Ne restait plus sur l’aire de décollage que les plus anciens parmi les habitants, lesquels versaient malgré tout quelques larmes sur ces lieux qui avaient accueillis tant de leurs souvenirs, ainsi que Karm et Thann, un peu en retrait, veillant à ce que plus personne ne restât dans cette tour devenue bien trop dangereuse pour quiconque.
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L’immeuble, immense, était vide désormais, et la nuit était tombée sur Pakuuni, substituant pour la capitale à la lumière du jour les myriades de lampes qui délimitaient les bâtiments en construction, les titanesques grues robotiques et, plus loin, dans les zones épargnées par les combats, les appartements qui s’éclairaient la nuit, les enseignes des magasins, le centre-ville. Debout sur la plateforme intermédiaire de la tour en danger, les deux Jedis considéraient le dernier speeder qui s’envolait, enfin, avec les ultimes habitants.


Épuisant, lâcha finalement l’Ark-Ni, après quelques secondes d’un silence perturbé seulement par la rumeur de la ville, tout autour d’eux.


Le pauvre Karm n’avait pas l’habitude de s’embarquer dans des négociations de ce genre, avec des militaires et des politiciens, des policiers et des habitants, et, à chaque instant, il avait craint de mal faire, de ne pas saisir toutes les implications, d’être roulé par tel ou tel protagoniste, d’avoir le mot de trop, ou de manquer, au contraire, de celui qui aurait été nécessaire.


La prochaine fois, on démantèle une station spatiale infestée de pirates ou un truc du genre, ce sera nettement plus reposant, poursuivit-il d’un ton égal.


(D’ailleurs, il ne plaisantait qu’à moitié.)


Allez, viens, on va boucler l’affaire avec Rhyll et ensuite, on profite de la soirée avant de repartir demain matin.


Le tourisme n’était pas exactement l’activité numéro 1 des Jedis, mais, quand une mission était finie, et qu’ils avaient encore quelques heures à tuer, rien n’empêchait de profiter de l’occasion pour visiter les dédales urbains d’une grande ville étrangère. De Pakuuni, Karm, lors de sa précédente visite, avait surtout découvert l’astroport et le réseau des égouts — il supposait que la cité réservait ordinairement d’autres paysages à ses visiteurs.


Ils repartirent sur leur speeder.


Une bonne partie de leur journée avait été consacrée à sillonner la ville de long en large, mais, à la faveur de la nuit, elle leur offrait encore un visage nouveau. Ils n’eurent pas de mal, cependant, à retrouver le chemin du quartier général de la force de reconstruction républicaine et, là, à travers les bureaux jusqu’à gagner celui du colonel, où l’homme était encore au travail.


Rhyll se leva pour les accueillir avec une rigidité toute militaire, mais les nouvelles qu’il avait reçues lui-même de l’immeuble à évacuer le disposait à toute la cordialité dont il était capable. L’Ogemite les invita à s’asseoir d’un geste de la main.


Mission accomplie, colonel.
C’est ce que j’ai cru comprendre, oui. À ce qu’on raconte, vous avez aussi agité deux ou trois enquêtes, ici, au Temple, au service de lutte anti-corruption…
Un problème ?
Au contraire, au contraire, répliqua le militaire, avec un léger sourire. Vous imaginez bien que les affres de la politique locale compliquent considérablement les travaux de reconstruction. Si ça ne tenait qu’à moi, les enquêteurs de Coruscant monterait une cellule spéciale issue, mais je crains qu’il n’y ait des considérations diplomatiques à prendre en compte.
On craint que Pakuuni ne se rebelle contre une surveillance trop rapprochée du Noyau ?


Deux ans plus tôt, Karm aurait été incapable de penser la situation en des termes aussi politiques, aussi évidents fussent-ils. Mais il avait évolué et beaucoup appris.


Rhyll hocha lentement la tête.


Quoi qu’il en soit, je vous remercie pour votre aide.
Ce n’était que notre de voir, colonel.
J’espère que nous aurons l’occasion de nous recroiser, chevalier Torr, padawane Sîdh. Et si à l’avenir je peux faire quelque chose pour vous…


Karm hocha la tête à son tour et ce bref entretien de courtoisie se termina par de fermes poignées de main. Quelques minutes plus tard à peine, les deux Jedis étaient libérés dans les rues de Pakuuni, soulagés du poids de leur mission et avec la conscience du devoir accompli. C’était de la sorte que Karm, comme beaucoup de Jedis souvent sur le terrain, s’était constitué un réseau de contacts à travers la Galaxie, parmi l’armée et les scientifiques, principalement. Il n’avait pas tout-à-fait conscience que ça aussi, d’une certaine manière, c’était de la politique.


Bon. Perso, je crois que j’ai besoin de faire un peu de sport, pour évacuer le stress…


Comme Thann avait eu l’occasion de s’en rendre compte, depuis qu’elle était devenue la Padawane de Karm, « un peu de sport » prenait souvent, chez lui, la forme d’entraînements intensifs.


Mais t’as quartier libre, si tu veux, euh…


Finalement peu familier des villes, ni d’ailleurs des loisirs adolescents, Karm n’était pas trop sûr de ce qu’une jeune fille pouvait trouver à faire dans une ville comme celle-ci.


… aller… faire… des trucs.


Précis.
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« Épuisant… »

La fatigue s’était abattue sur les épaules de l’adolescente avant même que son maître n’eut le temps d’achever son mot. Heureusement, le sentiment du devoir accompli et la joie qu’elle éprouvait, en ce moment, à l’idée de toutes ses vies guidées vers un mieux certain, la soutinrent aussi sûrement que ne l’eût fait la poigne de son aîné. La journée avait été fort riche en rebondissement, en allers, en retours et en réflexion et, l’enseignant déteignant certainement sur l’enseignée, elle ne put s’empêcher d’ajouter :

« J’ai la sensation d’avoir été mise à moins rude épreuve lors de nos journées de randonnées et notre rencontre avec les mineurs que lors de cette seule journée… Je vous suis sans hésiter pour les pirates ! »

Elle rit, et son rire l’aida à dissiper, comme par onde successive, sa fatigue dans l’air alentour. La gaieté luttait énergiquement contre l’entropie. Elle suivit son maître sans hésiter et enfourcha une nouvelle fois leur moto volante, quoiqu’avec une assurance nouvelle. Le trajet fut plus bref qu’elle ne l’avait connu – peut-être le fait qu’elle avait, comme le dirait les humains, ‘fermé les yeux’ quelques secondes n’y était pas étranger – et c’est presque avec surprise qu’elle remarqua en s’éveillant que son maître venait de couper le moteur.

Si l’accueil du colonel continua d’être marqué par la rigueur militaire, au moins le ton n’était plus à l’agacement mais à une certaine forme de cordialié. Les nouvelles avaient été vites et l’avaient enchanté autant qu’il semblait pouvoir l’être. Les remerciements furent sincères, de même le sourire angélique qu’elle adressa au soldat pour seule réponse à celui avec qui les choses avaient si mal commencé ; à vrai dire, elle avait déjà totalement fait sortir l’incident du champ de ses pensées.


Sortis du bâtiment, sur la large place, les deux Jedis se posèrent un temps pour discuter du peu d’heure qu’il restait à occuper dans la journée.

« Je pense que je vais vous suivre, Maître. J’ai besoin de délasser un peu mes muscles et j’aimerais travailler mes katas. J’irai me coucher tôt et profiterai d’être matinale pour découvrir la ville à son réveil. J’ai déjà beaucoup à méditer pour aujourd’hui, je ne saurai en accueillir davantage. »

Il n’était pas si loin, le temps où elle considérait son entraînement martial avant tout comme un devoir. Elle avait découvert au contact de son maître un plaisir à cet effort et à cette concentration dynamique qu’elle n’avait pas sur trouver auparavant d’elle-même. En outre, ses dessins en témoignaient, l’idée la taraudait de plus en plus de passer ce cap de son apprentissage : la confection de son sabre-laser. Ce n’était pas qu’elle avait hâte de se servir de son arme, simplement, le plaisir de confectionner autre chose que des vêtements, l’envie de passer à plus complexe dans l’espoir d’être bientôt à la hauteur des rêves que son maître avait déjà évoqués la travaillait. Elle se sentait enfin devenir une Jedi, elle qui avait durant presque deux ans désespérer d’être un jour autre chose qu’une fermière de l’agricorps, était aujourd’hui poussé tous les jours dans ses retranchements physiques et intellectuels par ce guide doux et bienveillant qu’était Karm si bien qu’elle trépignait à l’idée de ce qu’il l’attendait et parvenait avec peine à se contenir, catalysée par sa jeunesse et les milles idées qui fusaient toujours sous sa tignasse rousse.
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