Luke Kayan
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- N-Non. Je veux dire, je ne suis pas fâché... Je suis euh?... Étonné?


À vrai dire, Luke ne savait pas trop ce qu'il était, sur le coup. Avait-il seulement bien tout entendu, tout compris? Le verre vacilla entre les mains de Luke, son tremblement léger était d’autant plus visible que le liquide y dansait par alternance. Les jointures des mains blanchirent et si le Jedi avait eu suffisamment de force, le récipient se serait brisé. Presque caricatural, le rose qui animait ses joues forcit un peu, en adéquation avec le visage coloré de son Karm. Par réflexe, Luke baissa les yeux, il mordillait sa lèvre inférieure sans en être conscient et ses doigts s’étaient légèrement crispés dans la paume de l’Ark-Ni. Il ne fallait pas lui en vouloir, le niveau était très élevé en comparaison avec ses progrès mais le Consulaire lutta vaillamment et ne s’enfuit pas, mieux, il répondit, d’une voix ne paraissant guère la sienne d’ailleurs.

- Non mais… Je n’ai pas honte, enfin si mais c’est de la timidité, rien de plus. Je ne trouve pas ça… Dégoûtant, plutôt gênant, c’est tout. – Cette petite phrase ne lui avait pas tant coûté d’efforts, il s’était peu à peu habitué, profitant d’une chance inouïe, l’ancrage doux de leur relation dans les « mœurs » du Temple. Personne ne leur reprochait rien malgré l’évidence, il avait le temps de remarquer qu’aucune zone d’ombre ne venait zébrer leur aura. Ils n’étaient pas des monstres. La réflexion quasi-directe (et ce malgré la prudence de Karm) fut celle qui l’avait fait réagir. Il ne savait plus où se mettre, davantage victime d’une pudeur exacerbée que d’une crainte démesurée de sombrer. Il hésitait aussi entre sa fameuse timidité ainsi qu'une certaine fierté, laquelle le rendait davantage pudique: au moins, son ami venait d'avouer directement ne pas se lasser de lui.– Euh… Quand à ça, je… Doute pouvoir, enfin je n'ai aucune connaissance en la matière mais... Je veux bien écouter et... Euh, essayer?

Parce qu'il ne pouvait pas complètement saisir ce besoin d'aller plus loin, lequel s'apparentait de prime abord à un désir viscéral, presque dangereux de "plus". Si l'acte apportait un moment de bonheur associé à cette sorte de profondeur, le Hapien s'en réjouissait sans exiger davantage. On avait naturellement ancré dans son esprit, cette crainte d'aller trop loin. Ce qui faisait gagner en puissance devait être considéré avec respect, prudence saupoudré d'une pincée de peur raisonnable. Le jeune homme peinait donc à comprendre ce désir de Karm, toutefois il s'ouvrait, promettant inconsciemment d'apporter son soutien. Ainsi, le Gardien ne se sentait plus si seul, avec une oreille pour l'écouter, même s'il faudrait de la patience pour réexpliquer, préciser des concepts totalement inconnus à ladite oreille. La volonté était un bon début, cela dit, surtout lorsqu'elle s'accompagnait d'un sourire comme celui qu'offrait désormais Luke à Karm. Un peu timide, certes, mais sincère, celui-ci visait à rassurer mais aussi encourager celui-ci. Malgré une certaine inquiétude face à un sujet si tabou, dont il n'avait nulle idée de l'issue, le Chevalier était soulagé que son ami lui ait parlé.

- Merci de m'en avoir fait part. Au moins, maintenant nous sommes deux pour y réfléchir et...

Régler ça? Était-ce bien un problème? Le blond n'en était pas sûr, d'autant plus que Karm lui avait déjà ouvert les yeux sur d'autres sources de conflit apparentes qui s'étaient finalement révélé enrichissante. Ce passif d'apports originaux mais concluants à sa formation rassérénaient un peu Luke, lui permettant de donner sa confiance à l'explorateur. Il savait au fond que ce dernier ne voulait rien faire qui puisse gâcher leur relation ou même leur intégrité, personnelle ou dans l'Ordre, autant de bilans qui soulageaient le Chevalier.

- Je n'ai qu'une condition. Tu sais que je suis maladroit sur ce thème... Donc si tu as un doute quant à mes propos, que tu les penses offensants, je te demande de d'abord les considérer comme involontairement confus, et certainement pas dégradants. Au pire, demande-moi ce que j'ai voulu signifier, j'essayerai alors de le spécifier... Mais tu dois savoir que de base, je ne suis pas contre cette étude, simplement face à un sujet méconnu. Ma timidité, ma... Honte n'est pas le fruit du dégoût, sans quoi j'aurai déjà tout stoppé. Voilà donc ma condition, je voudrais que tu sois patient avec moi et considère ma volonté d'aider dans ce cheminement. Il n'est pas ma préoccupation première, cependant je souhaite t'accompagner, et cette simple considération fait remonter ce sujet dans l'ordre de mes priorités.

Bien qu'il ne soit pas à l'aise avec l'idée de développer encore cet aspect de leur relation qui la rendrait d'autant plus visible, le jeune homme se promis d'appuyer Karm. Jusqu'à ses propres limites, d'où sa condition. Mieux valait qu'il exprime, anticipe ses futures maladresses- probablement légions- afin d'éviter la cassure. Luke se refusait à crier "ce n'est pas ce que j'ai voulu dire" en plein cœur d'une dispute, contre un compagnon trop blessé pour l'écouter de suite. Ils étaient raisonnables mais humains, et s'ils se réconciliaient, ils auraient tout de même passé un mauvais moment que le Hapien voulait justement minimiser.

L'horloge avait cliqueté, imperturbable, au rythme de leur conversation. Disposant d'une bonne capacité à se situer dans le temps, le jeune homme jugea que la discussion avait rongé environ 15 minutes. Il se leva tranquillement pour aller nettoyer les deux assiettes sans perdre le contact avec Karm via la Force. Il se sentait toujours aussi bien que ce matin, détail qui le réconforta. Fut un temps, un malaise puissant lui aurait gâché une bonne partie de la matinée, le condamnant à penser si ce pas de plus pouvait ébranler leur travail, leur relation. Aujourd'hui décidé à avoir confiance, Luke se promit "de voir" ce qui se passerait, non sans un brin de curiosité saine d'ailleurs.

- Peut-être y-a-t-il des livres de ce genre sur Ossus? La bibliothèque contient beaucoup d'ouvrages rédigés par des Jedis. On dit que certains ont abordé des sujets particulièrement... Originaux. Une autre vision de la Force.

C'était en tout cas ce que l'on racontait, sachant que de tels livres au Temple, à portée des doigts de Padawans fouineurs ne seraient certainement pas trouvables. Luke avait mentionné Ossus avec l'espoir que Karm n'avait pas été visité les lieux ou cherché, ce qui d'une part démontrerait que le sujet le tourmentait depuis longtemps, et de l'autre laisserait peu d'options d'études. Les livres, voilà un domaine que Luke maîtrisait, un support théorique qui le rassurait beaucoup plus que la pratique. Au moins, il avait tenté un premier pas au lieu de clore la conversation après avoir estimé s'être montré assez ouvert.

Il leur restait 45 minutes. Courage! C'était pour eux qu'il essayait.
Karm Torr
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Un immense soulagement s’était emparé de Karm, quand Luke était resté près de lui, compréhensif et conciliant. L’Ark-Ni avait observé son compagnon avec des yeux plus fascinés encore qu’à l’ordinaire et, dans la Force, sa reconnaissance était presque palpable.

— Luke, finit-il par murmurer, vraiment très bas, Luke… je t’aime tellement…

Il fit un pas vers le Consulaire, jeta un regard circulaire tout autour d’eux, et déposa un baiser sur sa joue.

— Tu sais, à chaque fois… à chaque fois que je me dis que quelque chose va coincer entre nous, à chaque fois qu’il y a quelque chose qui nous sépare, tu es là pour écouter, et pour essayer, et pour emprunter des chemins que t’aurais jamais cru parcourir. Tu dis toujours que t’es ennuyeux et, genre, casanier, mais je sais pas si tu te rends compte de la force de caractère que tu as, pour être aussi ouvert d’esprit, et aussi courageux. Tu t’es entraîné au sabre avec moi, tu as… fait le reste. Exploré des mondes. Tu m’as exploré moi. D’ailleurs…

Karm détacha le sabre de Luke de sa ceinture pour le glisser contre la paume de l’Hapien et tendit la main pour récupérer le sien.

— J’ai beaucoup médité avec lui, pour comprendre les impressions dont tu l’avais imprégné, pour te comprendre toi, et en me battant avec ton sabre dans la main, j’ai joint à ses cristaux ma propre aura, ma propre… présence dans la Force. Maintenant, je me sens si proche de toi et j’ai tant confiance en nous que je suis prêt à te le rendre. Maintenant, ces sabres, ils sont les nôtres.

Pendant des mois, il avait gardé celui de Luke à ses côtés. Dans tous les combats, quand la Force guidait ses gestes, elle avait résonné avec les cristaux qui y étaient enfermés. Sa présence s’était mêlée à celle de Luke que le sabre renfermait. Il avait consacré à sa compréhension de longues heures de méditation, avec cette concentration singulière dont les Gardiens avaient la spécialité, dans ce genre de circonstance.

Il retrouvait désormais la forme familière de son propre sabre entre ses doigts et il y sentait la présence de Luke. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il avait songé un moment à troquer sa lame contre deux shotos, mais il comprenait désormais qu’il ne saurait se séparer de ce sabre précieux, qui représentait tant pour lui. Il le rangea à sa ceinture, rempli de sérénité.

— Ossus, c’est une bonne idée, c’est une très bonne idée. Je sais pas quand j’aurais le temps d’y aller, parce que j’ai quand même des tas de trucs à faire, et que c’est pas parce que tout ça, ça me parle et ça m’intéresse, que ça veut dire beaucoup pour moi, que pour autant je vais laisser tout le reste de côté.

Sa priorité continuait à être la relocalisation des réfugiés de guerre dans de nouvelles planètes habitables et l’exploration systématique des mondes encore inconnus, dans l’espoir d’y trouver des ressources utiles et de nouveaux lieux de vie. S’il pouvait emporter quelques livres sur son Datapad pour s’occuper au milieu des déserts pendant la nuit, il le ferait, mais il ne comptait pas sacrifier ses autres activités à une quête qui ne serait pour l’heure que personnelle.

— Je pense qu’il y a aussi peut-être un nouveau moyen de méditer. Un peu comme… Quand je m’entraîne et que je médite en même temps, quand la douleur prend sens comme une manière de mieux sentir ses muscles… Il y a quelque chose là, quelque chose dans le rapport au corps…

Comme souvent chez Karm, la conversation avait promptement décollé des impressions les plus sensuelles pour se hisser dans des sphères mystiques et philosophiques. Mais, pour l’heure, le jeune homme était encore incapable de mettre précisément des mots sur ce qu’il ressentait et sur les résultats qu’il escomptait obtenir. Il laissa échapper un soupir, conscient de ses imperfections, et conclut :

— En tout cas, savoir que tu es près de moi, et avec moi, c’est un bonheur immense. Et j’espère arriver à te transmettre tout ça. De préférence ailleurs que sur un vaisseau très étroit, et plus en pleine nature, comme sur la planète, quand, euh…

Les joues de Karm rosirent et il murmura :

— … quand tu es venu à l’intérieur de moi…

La seule et unique fois.

— C’était bien, poursuivit l’Ark-Ni d’un ton un peu rêveur, c’était vraiment très, très, très bien…



Bref !

Je crains que notre avenir tout proche soit essentiellement constitué de discussions économiques et hyperspatiales sur les vaisseaux, les stations, la comptabilité des pièces détachées et ce genre de choses. Enfin, j’espère. Plus on entre dans le technique, plus ça veut dire qu’ils sont convaincus. Tu veux continuer à visiter le vaisseau en attendant ? Ou on peut juste se trouver une salle tranquille et méditer.
Luke Kayan
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Si son teint s'était prêté à ce jeu de couleurs, les pomettes de Luke auraient viré au cramoisi depuis longtemps. De nombreux efforts couples à son amour pour l'homme qui faisait le bilan de son étude plus que personnelle lui permettaient de rester. Aux compliments, le souffle coupé de prime abord, le Jedi avait seulement nié de la tête légèrement: non il n'avait pas tant que ça de courage, et s'il luttait effectivement tel un beau diable, le défi n'en restait pas moins basique. Autrement dit qu'y avait-il de vaillant à lutter contre un sujet pas si sensible dans la vie quotidienne de nombreuses personnnes? Et "oui" enchaînait silencieusement sa tête, lorsqu'on est en couple, on doit faire des concessions. Travailler le sabre-laser? Normal pour un Jedi, ses capacités étaient celles qui se traînaient misérablement au sol. Là encore pas de quoi être fier. Explorer? C'est vrai concédait l'esprit du blond, il lui avait fallu passer outre de nombreuses appréhensions, étant donné son handicap, il s'octrôyait le droit d'être content de sa personne. Explorer Karm? Une bouffée de chaleur envahit le corps du jeune homme, il toussota alors que sa gorge ne le dérangeait pas. Son esprit, c'était autre chose. Cognant aux portes de son cerveau en ébullition, il grattait, chatouillait, piquait furieusement. Le baiser de remerciements brûla sa joue, morsure terriblement douce.

La fraîcheur du métal au creux de sa paume lui fit du bien. Il tressaillit un peu en retrouvant la forme familière de son sabre-laser, étrangement encore plus familier grâce à la présence de Karm sur lui. Un peu mécaniquement, le Hapien détacha l'arme de son ami, soigneusement liée à sa ceinture par un lacet passant sur le milieu de son manche qui le maintenait fixement contre sa ceinture. Il en avait davantage pris soin que sa propre arme.

- Je dois avouer ne pas m'être autant entraîné que j'aurais du avec, j'avais peur de l'abîmer.- Abîmer une arme apte à lui faire bien plus que des égratignures, une idée saugrenue de son cerveau bouilli pourtant vraie.- Mais j'ai aussi médité avec de longues heures. J'ai appris à moins craindre le sabre, mieux, à l'apprécier, parce que j'y ai retrouvé ton empreinte, ton caractère. Maintenant qu'elle est inscrite dans le mien, je l'appréhenderai moins, lui aussi.

Quelque part soulagé de ne plus avoir la responsabilité de veiller sur l'épée de son ami, mais également attristé de la perdre, le jeune homme ferma à demi les yeux, réfléchissant à cette sensation de manque et de joie mêlées. Une voix bien connue le sortie de ses songeries.

La tête de Luke qui ne semblait décidément plus lui appartenir vogua de haut en bas, à nouveau. Bien sûr, les études personnelles, comme son approche de la réaction de la Faune en présence ou en l'absence de la Force devaient se plier devant leurs obligations. À chaque fois que le Chevalier turquoise faisait référence à son devoir, une douce chaleur rassurante envahissait le blond. Une preuve de son engagement, du leur. Ils suivaient toujours le même chemin, son aîné continuait de respecter l'Ordre. Il n'en doutait plus depuis longtemps, depuis son interrogatoire avec la République en ce qui concernait Tavaï, avant les résultats, mais c'était toujours beau d'entendre Karm valoriser leur travail. Le fil d'ariane de leur vie en fait.

- Tu me le transmets déjà et... Ciel ...Karm.


Le rose envahit les joues du jeune homme en une nouvelle attaque renforcée de timidité. Il se tourna vers l'unique autre bruit audible dans la salle, l'horloge qui continuait, imperturbable, de tourner. Les souvenirs affluaient, à sa manière, indéchiffrables pour quiconque sauf peut-être Karm qui lisait la Force, sa Force à la manière d'un genre de braille. La honte mais aussi une touche de plaisir teintaient les pensées de Luke tandis que son cerveau lui évoquait l'odeur des plantes, un peu salée à cause d'océan, le bruit des vagues justement.

- Je... Je t'ai promis d'essayer, enfin de t'assister, enfin de m'ouvrir- ciel, avait-il vraiment choisi ce verbe, ce fichu verbe: s'ouvrir? Et pourquoi ce genre doubles-sens qui lui échappait toujours lui venait précisemment à l'esprit maintenant?- Nous verrons. - Promesse informulée ou doutes sur la question? Le Chevalier Turquoise savait probablement que Luke avait du mal à se lancer mais qu'il ne disait pas "oui" pour ensuite se rétracter. Il fournirait des efforts et celui-ci était à sa portée, même si...

- Visiter le vaisseau? Excellent! Et tu pourras me parler un peu de technique. Je ne vais pas devenir mécanicien en 30 minutes, mais ils apprécieront que j'essaie au moins de m'immerger dans leur monde. Et puis ça m'intéresse de toutes manières. Juste les bases. Ensuite il restera un peu de temps pour méditer, oui.

Avait-il peur de méditer un peu trop profondément avec Karm? D'entrer dans un contact presque érotique suite à leur conversation? Légèrement, toutefois cette inquiétude égalait son désir de se retrouver seul, au calme en sa compagnie. Après tous ces événements, ces retrouvailles en famille et la mission, non cruciale mais pour le moins différente de d'habitude, le jeune homme se rendit compte de combien il aspirait à cette session. Elle leur être profitable avant d'entammer l'ultime partie du processus pour convaincre les Ark-Nis. Et puis c'est vrai qu'ils n'avaient pas encore discuté de leur rencontre avec le sombre, désirable Noctis, sur lui, le Sith n'avait eu qu'un effet partiel, une séduction mentale qui avait poussé le jeune homme à essayer de briller face au Seigneur. En fait le Hapien avait surtout remarqué ses lacunes, et il ne lui semblait pas qu'il pourrait les combler en 5 ans, ces fameuses 5 petites années qui le séparaient du Noctis actuel, un génie. 5 minuscules excuses peu viables. Le Sith était-il hors norme ou était-ce lui, Luke qui était sous-norme? Le sorcier avait glissé des doutes quant à ses capacités, à l'instar de chacune de leurs missions, surtout celles où Karm dominait, le guidait, y compris lors d'entrevues diplomatiques. Le blond ne savait pas trop comment s'ouvrir mais il était décidé à appliquer sa propre médecinde. Il devait lui aussi parler.

- En quoi penses-tu que j'ai failli, face à Noctis? Il a coupé à chacune de mes tentatives pour le piéger, pareil pour le Twi''Lek. À peine entamais-je un processus d'infiltration qu'ils l'annulaient en partant dans un autre sens.- Y compris jouer les modérément séduits auprès de Skill avait échoué, il avait au final, récolté beaucoup trop peu d'informations. Noctis avait-il prévu le coup et donc renseigné le Twi''Lek au minimum, ou ce dernier avait-il été capable de déjouer les tentatives de Luke?- Je n'ai pas non plus su anticiper les actions d'Ekkt- il ne disait plus "maître" en ce qui concernait cet individu s'étant servi d'eux.- et je n'ai pas réussi à déterminer le profil de Noctis, du moins je suis resté avec des interrogations. Je ne veux pas qu'on me rassure en me disant que j'ai essayé de faire au mieux, je veux savoir où j'ai failli afin de réparer cela. Nous aurions vraiment pu mourir, ou pire encore, égarer notre essence. J'ai vraiment eu peur.

Et la peur menait au côté obscur... À la morgue pour lui, sans doute.
Karm Torr
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Le rouge qui montait aux joues de Luke évoquait à Karm des idées de moins en moins chastes, et le désir qui tourbillonnait dans l’Hapien, si évident à travers la Force, se déployait dans son esprit avec des nuances de seconde en seconde plus grand. L’idée de visiter le vaisseau paraissait soudain bien moins attrayante à Karm, qui se voyait plutôt se fondre dans la présence de Luke, et peut-être dans Luke tout court. L’Ark-Ni frémit et, un brin gêné, murmura :
— Euh. Oui. Allons voir, les, hm… Machines. Et tout ça.
Ils s’engagèrent donc une nouvelle fois dans les coursives de l’immense appareil, où régnait un calme inhabituel, occupée qu’était une bonne partie de l’équipage à conduire les opérations de minage sur les astéroïdes pour lesquelles on leur avait demandé de prêter main forte. C’était sans doute une chance pour Luke, qui pouvait éviter le plus souvent de se faire bousculer par un clone de Karm vaquant à ses activités.
— Ah, je sais ce qu’j’peux te monter. Montrer.
Tout va bien. Les hormones de Karm n’étaient pas du tout en ébullition. Quelques coursives et échelles plus loin, puis un ascenseur pour faire bonne mesure, les deux Jedis pénétrèrent dans une vaste salle entièrement silencieuse. Mais quelque chose résonnait là à travers la Force, comme une mosaïque, comme une myriade d’impressions diverses, moins saisissantes que les caves de cristaux où les Padawans se rendaient avant de forger leur sabre, certes, moins captivantes néanmoins.
— C’est la baie où on entrepose les minerais stellaires extraits des astéroïdes. Enfin, l’un des hangars.
Les roches étaient alignées et soigneusement étiquetées, en attendant d’être revendus, parfois pour des sommes absolument considérables. On y trouvait des cristaux communs, mais également des raretés, impossibles à débusquer sur aucune planète, et qu’on ne pouvait exhumer que des profondeurs de ces rochers qui sillonnaient l’espace silencieux.
C’était probablement, de toutes les parties du vaisseau, celle à laquelle Luke, malgré sa cécité, pouvait être le plus sensible. Les deux Jedis commencèrent à marcher à pas lents entre les astéroïdes péniblement récoltés par les Ark-Nis. Quand Luke commença à l’interroger sur Darth Noctis et sur le bilan qu’il convenait de tirer de leur rencontre avec le Seigneur Sith, Karm avoua humblement :
— En vrai, j’en sais trop rien.
La présence du sorcier sith avait été terrible. Pas comme le traumatisme que ses congénères les plus sordides éveillaient invariablement, pas comme celle du nécromant que Karm avait dû affronter aux côtés de Korgan et de Marja : sournoise, insidieuse, envoûtante. Des semaines plus tard, le Gardien doutait de s’être débarrassé de son influence. La beauté vénéneuse de Noctis et la douceur de ses discours continuaient à hanter les recoins de son esprit, et il se doutait que Luke devait batailler aussi avec les conséquences de leur aventure.
— C’était pas du tout ce à quoi on est préparés quand on nous parle du Côté Obscur. C’était pas de la violence, c’était pas de la peur, c’était pas de la colère. Son obscurité, elle est vachement différente de tout ce que j’ai rencontré jusqu’à présent, sur les champs de bataille. J’y ai pas mal réfléchi, et je crois qu’elle tenait plus à… Déjà, une ambition inépuisable. J’sais pas si tu l’as senti, mais…
Karm s’interrompit pour tenter de mettre des mots sur les impressions fugitives qu’il avait eues à travers la Force, en présence de Noctis.
— On avait comme l’impression qu’il brûlait de l’intérieur. Pour le pouvoir. Le pouvoir de la Force. Y avait quelque chose à l’intérieur de lui, comme une soif, comme une… J’sais pas. J’ai relu un peu son dossier de quand il était au Temple, ‘fin la partie pas protégée, quoi, et c’est ce qu’ils disent aussi. Qu’il était toujours à étudier, toujours à s’entraîner, toujours à chercher quelque chose de plus, à aller plus loin. Et j’crois que c’est une manière d’aller au Côté Obscur qu’est beaucoup plus dangereuse, pas vrai ? Parce que la peur, la colère, tu les sens, tu les combats et voilà. Le désir de savoir, la soif d’apprendre, c’est bien jusqu’à un certain point, donc tu peux pas fuir complètement.
Tous les Jedis n’étaient-ils pas précisément encouragés sur ce chemin ? Darth Noctis était peut-être un Sith de la pire espèce : un Jedi extrême. Il n’était pas toujours radicalement différent des autres représentants de l’Ordre.
— C’que j’veux dire, du coup, c’était qu’on était absolument pas préparés à ça. Il voulait pas nous torturer, c’est à peine s’il a vraiment cherché à nous embrigader ou quoi. On était vachement démunis et on s’en est sortis comme on a pu. Je crois pas que t’aies démérité. Qu’est-ce que tu voulais qu’on fasse de plus, pris de court, sans vraiment formation, sans préparation ni rien ? La vraie question, c’est quoi faire maintenant.
Karm s’efforçait de réfléchir en Maître, d’imaginer des mesures qui ne le concerneraient pas seulement lui, mais aussi l’ensemble de l’Ordre. Penser de manière systémique, pour prouver qu’il pouvait accéder à des responsabilités plus importantes.
— Déjà, j’pense qu’il faut renouveler notre façon de penser aux Siths. On fonctionne beaucoup sur les anciens préjugés, sur les anciens textes et tout, alors qu’en vrai, on a affaire à quelque chose de souvent nouveau et atypique. Comme une maladie qui aurait muté. Qu’est-ce qu’on fait quand un Sith est pas colérique et cherche pas à traumatiser les gens ? Qu’est-ce qu’on fait quand un Sith est pacifiste dans les relations internationales ? C’est des questions générales, mais sans principe général, on va pas pouvoir se pencher sur des cas particuliers comme Noctis. Nous deux, là, faut qu’on arrive à tirer de cette expérience qu’était super spéciale et étrange quelque chose d’utile et de réplicable.
Luke Kayan
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Cette fois Luke n'eut même pas la force, le souffle pour s'exclamer "Karm!" afin de reprendre le propriétaire du prénom décidément osé. Se contentant de rougir de plus belle, le jeune Jedi fila se poster derrière son ami, à peine en retrait, pour suivre son sillage. Pur bonheur dû au minage mais également à la préparation de la réunion, les coursives étaient vides, Luke s'amusa à projeter la Force devant lui. Ne rencontrant aucun obstacle, elle galopait dans le boyau et achevait sa course une fois épuisée, vers le nez de l'appareil. Le Hapien, au passage, récoltait quelques informations intéressantes, la détection d'obstacles ponctuels ou une idée sommaire de la taille du grand couloir. Le vaisseau était si grand qu'il avait l'impression d'avoir les pieds sur terre, un constat plutôt rassurant pour lui qui n'appréciait guère la navigation dans les cieux. Il y perdait ses repères, se sentait cloîtré et finalement, enfermé dans une noirceur plus indicible qu'à l'accoutumée encore.

La maison des Ark-Ni était au contraire, brillante, probablement parce qu'elle était habitée tout le temps et que Luke captait des résidus, des traces de vie un peu partout. Là, les sentiments fades d'un homme aux cheveux argentés, et ici, le passage très récent d'une femme androgyne malade. Savait-elle qu'elle l'était? Luke oublia l'inconnue laissée derrière eux lorsqu'ils s'engouffrèrent dans une pièce vraiment spéciale. Au début, le Hapien ne capta pas grand chose de différent, toutefois, son aura envahissant l'espace eut tôt fait de découvrir autre chose que les dimensions approximatives de la salle. Aussitôt attirée par les roches, ses dons convergèrent vers plusieurs d'entre elles, notamment une qui devait avoir un lien avec la Force. Tant de mystères résidaient encore dans l'Univers.

- Est-ce qu'il y a une pierre de Force? J'ai toujours cru que c'était une légende, mais on dirait que certaines de ces pierres sont capables de renvoyer la Force comme un prisme. C'est magnifique.

Venant d'un aveugle, le terme était plutôt étrange, mais le blond le percevait. À sa manière, il le voyait, notamment grâce à ses pouvoirs. Il projeta une onde qui se répercuta sur une petite roche avant de filer vers la poitrine de Karm, tel un tir de blaster en nettement plus doux, tendre et agréable. Étaient-ce vraiment ces pierres qui possédaient cette "capacité" ou le cerveau de Luke conditionné par le mysticisme des lieux?

- Je pense que tu as entièrement raison.- Reprit le Consulaire d'un ton beaucoup moins éthéré, sérieux au possible. Ses dons s'étaient d'ailleurs momentanément rétractés pour le laisser se concentrer.- Je pourrais, pour commencer, chercher à m'entretenir avec le Conseil, rapport élaboré en mains pour leur expliquer profondément notre ressenti. Parler avec Ekkt ne servira à rien, il s'échapperait avec une silhouette et voudrait évidemment, occulter l'affaire, la mission entière en somme. Les Padawans doivent être prévenus que le côté Obscur n'est pas qu'intensité, passion et colère. Il peut aussi naître d'une ferveur maladive pour les études, cette ambition dont tu parles. Après tout, ne dit-on pas que le savoir est le pouvoir? Je n'arrive pas à cerner Noctis, mais je pense que tu poses les bonnes bases. Une technique en fin de compte, vieille comme le monde: la séduction. Néanmoins, elle n'est pas souvent mise en application car il faut de la patience et surtout de la subtilité, de l'intelligence pour la mettre en place, convaincre sans en avoir l'air. Tu sais- Luke hésita un instant à s'ouvrir avant de continuer. Après tout, il ne cachait rien à Karm.- Je trouve que de nombreux Padawans se laissent influencer. On a beaucoup de cas dans les archives, de plus en plus qui ont sombré, et je te parle des connus... Ceux qui ne le sont pas doivent être légions. Il y a en ce moment, de nombreux apprentis portés disparus.- Loin de lui l'idée de salir l'image de ces jeunes gens, il se sentait mal en semblant le faire d'ailleurs, pourtant le thème nageait déjà dans les méandres de son cerveau depuis quelques temps. Il ne s'y était pas encore penché, l'idée, le bilan étaient confus, mais maintenant qu'ils parlaient de séduction, de côté obscur et de Noctis.- L'apprenti de Lyrae O'Sil est l'un d'eux, je crois qu'une Togruta aussi... J'ai vaguement entendu parler d'elle. Mais il y a aussi Galen Jare, ce gamin que je cherchais à Iziz et qui s'était échappé du Temple. J'ai appris qu'il a quitté le foyer que je lui avais trouvé. Comment savoir s'il n'a pas sombré? Zélonion Tianesli, de la famille d'un Maître Jedi plutôt reconnu au Temple est aussi parti sans laisser de traces. Où sont-ils allés? Vivent-ils encore?

Les rangs de la Noirceur se gonflaient, il faudrait être bien plus qu'aveugle pour ne pas le remarquer. Tout chez eux était désormais ostentatoire, hurlant victoire. Le jeune homme se demandait s'il y avait d'autres Padawans comme lui avant, laissés libres dans la sinistre académie, au bon vouloir des apprentis. Lui n'avait pas cédé à l'obscurité mais c'était surtout parce qu'on l'avait maltraité, que ce serait-il passé si quelqu'un comme Noctis lui avait vanté l'éducation? Le savoir qui normalement, combattait l'ignorance chez les citoyens, protégeait les États de l'anarchie la plus totale. Peut-être aurait-il trouvé ça bien, légitime, logique. Les livres ne pouvaient pas faire de mal. Et que dire des traitements de faveur, l'ambiance sur cette île? Si Luke n'était pas du genre à se laisser séduire par le matériel, d'autres si. Et par la luxure? N'en était-il pas lui-même un peu coupable avec Karm? Impossible de nier la difficulté de résister au désir, il y avait cédé pas plus tard que cette nuit. Le Hapien en vint à se demander si l'Ordre se montrait plus laxiste pour cette raison, afin d'éviter une fuite de couples vers le côté Obscur. L'idée lui parut toutefois sinistrement commerciale et il la refusa d'un signe de tête négatif.

- En tout cas, tu as raison. -répéta-t-il- de ce côté il n'y a pas à discuter. Ce n'est pas une question d'esprit traditionnel ou moderne, il faut absolument avertir et prévenir.

Le tout était de savoir comment le faire. Une conférence, peut-être?
Karm Torr
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— Ah, mais j’suis bien d’accord que y a un sérieux problème avec la formation des Padawans.

Quand il s’agissait de critiquer l’Ordre, Luke déployait toujours des trésors de précaution, mais Karm, lui, ne prenait jamais de gants. Pourtant, leurs deux attitudes diamétralement opposées naissaient toutes les deux d’un profond respect pour l’institution. Celui de Luke se témoignait par la réserve et la révérence, et celui de Karm par un perfectionnisme obstiné, qui n’épargnait aucune critique.

— Déjà, j’en suis l’exemple ambulant. J’m’en suis relativement bien sorti, mais on va pas se mentir, à l’heure actuelle, j’aurais très bien pu être en train de jouer au super-guerrier à l’autre bout de la Galaxie, explosifs en main.

Quand on considérait le flegme ordinaire de l’Ark-Ni et sa propension à vanter les beautés de la nature et de l’érotisme comme un hippie enveloppé d’un nuage d’encens et de cannabis, on pouvait oublier facilement qu’il avait été façonné avant tout pour être une machine de guerre et que sa première et plus grande spécialité demeurait l’art du combat. La formation qu’il avait reçue auprès de Tavaï n’aurait pas été déplacée au sein de l’Empire Sith, cruauté gratuite mise à part.

— Les Padawans sont pas du tout préparés parce qu’ils sont lâchés au milieu d’une guerre qui les dépasse largement, qu’ils font l’expérience de situations traumatiques, qu’ils sont constamment mis en compétition et que les Maîtres qu’on leur propose en exemple ont un comportement au mieux douteux, au pire…

Karm haussa les épaules. Il s’abstint de citer des noms, mais Luke devait deviner sans peine de qui il voulait parler : il avait raconté à son compagnon les détails de sa mission avec Maître Marja, au milieu des zombies, et ce qu’il avait pensé de l’attitude et des choix de leur aînée. Pour Karm, elle était l’incarnation des problèmes d’un Ordre qui avait troqué sa méditation philosophique pour des traditions sclérosées et sa discipline pour de la violence dépourvue de compassion.

— On envoie des gamins de douze ans sur le pont de vaisseaux de guerre, on enseigne la chasteté ascétique à des jeunes en pleine puberté, sous couvert de respect, on leur enseigne l’asservissement à l’autorité, pas parce qu’elle est juste ou réfléchie, mais simplement parce que c’est l’autorité. Autant les conduire directement à la frontière de l’Empire avec leur baluchon. Franchement, c’est pas la puissance du Côté Obscur qui les séduit, c’est la faillite de nos institutions qui les repoussent.

Des institutions que Karm continuait à servir avec une efficacité scrupuleuse, sans hésiter à mettre sa propre vie en danger, preuve s’il en était que ses critiques reposaient d’abord et avant tout sur un profond attachement à ce que l’Ordre représentait et à ses principes, à défaut de sa forme actuelle.

— Enfin bref… C’est pas pour rien que je veux devenir Maître et prendre place dans le Conseil de Réorientation. J’crois que c’est notre devoir, en tant que génération montante, de rattraper les choses. On a pas le droit d’attendre passivement que nos solutions nous viennent des aînés. Même si c’est inconfortable, c’est à nous aussi de prendre le destin de l’Ordre en main. D’en faire quelque chose dans lequel les jeunes Padawans puissent se retrouver. Quelque chose qui les protège. Quelque chose qui soit pas tellement englué dans la realpolitik qu’il en soit incompréhensible.

La passion de Karm résonnait dans la Force et contre les cristaux dont ils étaient entourés. L’Ark-Ni avait parfaitement conscience que sa route était encore longue. Plusieurs années s’écouleraient probablement encore avant qu’il ne puisse ne serait-ce que penser sérieusement à prétendre au titre de Maître, et alors la porte des Conseils ne lui serait pas aussitôt ouverte. Quand il songeait à cette entreprise finalement titanesque, et à l’urgence de la situation, il craignait parfois que tout ne soit déjà trop tard.

Un instant, il sentit le découragement monter en lui. C’était finalement plus facile de songer aux grandes solutions radicales, mais inaccessibles, qu’aux mesures immédiates et concrètes.

— J’crois déjà qu’il faut que toi et moi, on accepte de faire plus d’enseignement. C’est ta passion ni à toi ni à moi, mais c’est une nécessité. Prendre des Padawans, c’était déjà un début, mais… Faut faire plus, tu vois ? Aller au contact des plus jeunes. Et je suis pas sûr que les classes traditionnelles de l’Ordre soient toujours les plus appropriées. Je songe de plus en plus à faire des genres de… J’sais pas, des sorties, tu vois ? Ou des discussions ouvertes. Créer des circonstances qui permettent aux Novices et aux Padawans de s’exprimer plus librement, sans avoir à jouer un double jeu constamment pour nous épater.

Mais c’était intimidant, parce qu’au fond, Karm se sentait encore très jeune lui-même, et que la perspective de servir de boussole morale à un groupe d’enfants ou d’adolescents lui faisait se sentir comme un imposteur. Le drame de tous les professeurs débutants.

— Ensuite, faut définitivement lancer une discussion sur le Côté Obscur. Tout le monde a pu se rendre compte au fil de la guerre que les Siths sont pas que des psychopathes sanguinaires qui torturent à la moindre occasion. C’est plus compliqué et c’est cette complexité qui est dangereuse. J’ai l’impression que le Conseil a peur d’humaniser les Siths, parce qu’il croit que ça les rendra plus sympathiques et plus attirants. Mais moi, j’pense le contraire. J’pense que les gens sont assez intelligents pour comprendre qu’il y a une forme de normalité dans le mal et que c’est cette normalité qu’il faut comprendre. J’sais pas si c’est très clair…
Luke Kayan
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Luke avait vécu en marge de cette ambiance de compétition sous-jacente, ayant un maître depuis ses 9 ans. Il n'était en revanche ni sourd ni stupide à l'adolescence, et il avait entendu des conversations, senti des tensions. Certaines amitiés au dortoir s'étaient brisées car deux élèves cherchaient à attirer les faveurs de tel ou tel maître. Les bretteurs étaient naturellement les mentors à la mode, recherchés, cependant à l'approche des fatidiques 13 ans, n'importe lequel était bon. Aujourd'hui, il n'y avait plus de limite d'âge, pourvu qu'un aspirant semble stable, il pouvait commencer sa formation à 15, 16 voir 17 ans ou plus, mais à la leur, d'époque -l'expression donna à Luke l'impression de vieillir de 15 ans.- ce n'était pas pareil. Si le Conseil commençait à lever la barrière, bon nombre d'adultes continuaient de s'y accrocher, d'y croire, et certains Padawans prostituaient littéralement leurs capacités, se vendant à n'importe qui, sans songer à une entente sur le long terme. Saï l'avait choisi si jeune, parce qu'il était justement plus faible que les autres que leur relation avait été différente. Pas de compétition, Luke avait avancé à son rythme, le vieillard n'attendait rien de plus que ce qu'il avait vu lors de ce fameux cours au sabre: un gamin effrayé par la lame, fragile, doux et docile. Les Maîtres auxquels les apprentis vendaient leurs "charmes" finissaient par décevoir une fois la fureur des tests passés. Parfois en tout cas, ils relâchaient leurs efforts ou ne se montraient pas aussi doués que le jour où ils avaient brillé. L'angoisse et la recherche d'un nouveau mentor reprenaient dans le meilleur des cas, dans le pire, le Padawan chutait, déçu par un système effectivement agressif.

Luke l'avait plus ou moins remarqué sans parvenir, partial, à vraiment cerner le souci. En outre, il ne savait pas comment inverser la tendance. L'apprentissage était si difficile que sa réussite dépendait en partie d'avoir un maître personnel. Impossible d'accomplir son rôle sans mentor. La compétition était en quelque sorte un facteur naturel, y compris encouragé, parce qu'un Jedi devait toujours donner le meilleur de soi. Comment trouver le juste milieu et comment favoriser une "lutte" saine entre ces aspirants en quête de savoir?

-Des sorties en forêt? euh, en ville? Comme les expéditions parfois organisées sur Iziz? À quelle échelle voudrais-tu mener cela?

La lueur des cristaux sur la table qui séparait les deux amants ne parvenait pas à cacher le rouge peint sur les joues du blond. "Rattraper", il avait sur le coup, trouvé le terme un peu fort, au fond pourtant, Luke savait que Karm avait raison. Au moins, il faisait ça pour le bien-être de l'Ordre. Il serait facile de se taire, d'approuver la tradition afin de s'assurer une place en tant que Maître puis au Conseil. De ce fait, le Hapien admirait autant qu'il craignait certaines revendications du Chevalier Turquoise. Aujourd'hui cependant, leurs points de vue se ressemblaient, se réunissaient bien que Luke soit plus prudent. Il avait vu, y compris sans yeux, combien Noctis échappait aux stéréotypes. Une arme aussi tranchante qu'un sabre-laser qu'il fallait arracher à ses mains charmeuses.

-Sur Coruscant, alors que je préparais une infiltration sur le long terme, j'ai un peu étudié le profil psychologique des criminels avec la police.- Luke avait fait sensation en intégrant pour quelques semaines, la salle de classe d'une université de criminologie spécialisée. S'il n'était pas chaque jour rentré au Temple, il aurait eu une expérience d'étudiant normal.- Un des cours me rappelle vraiment Noctis. Il traitait des tueurs en série. Ces derniers se séparaient en deux groupes et plusieurs sous-groupes mais en résumé, il y a les les psychopathes primaires, impulsifs, dont la méchanceté, selon le professeur se dessine par le visage et finit par vider leur regard. Leur enfance est souvent marquée par de terribles événements mais pas toujours. On considère qu'ils sont nés pour tuer, qu'un gêne leur manque, qu'il y a une modification légère dans leur cerveau au niveau des émotions. Les autres sont des sociopathes, des gens qui ne sont pas nés prédisposés pour tuer, bien que certains ont une facilité innée pour franchir le pas. Déçus par la société, ils savent néanmoins s'y fondre, s'y intégrer ou mieux encore, briller par leur talent, leur charisme et parfois, oui, leur physique. Ils justifient leurs actes, leur vision du monde. Beaucoup sont de véritables génies poursuivant un but -souvent obscur pour les esprits non criminels- sur le long terme. Dans ce même groupe, on retrouve donc les génies dans les plus hautes sphères de la société, évoluant avec fluidité sous les feux des projecteurs tout en parvenant à cacher leur double vie, et les voisins, les plombiers, des citoyens passe-partout que personne ne soupçonnerait. Ils ont un physique, des attitudes, un travail, une famille banals, personne ne s'attendrait à ce que cet ami ou collègue souvent réservé mais gentil voir un peu fade est en réalité un tueur en série. Je pense que, remaniés, ces cours pourraient convenir aux jeunes.

En fait, il n'était pas si étonnant que les cours de criminologie ne soient pas davantage développés au Temple. Les Jedis se chargeaient de missions génériques impliquant un bon nombre d'individus voir des planètes entières. Pour autant, le blond se rappelait avoir apprécié les classes de l'université ou auprès de la police. Il trouvait cela applicable aux politiciens que les Consulaires devaient affronter, ou les ennemis armés auxquels se mesuraient les bretteurs. Connaître des profils permettaient de ranger -avec prudence, toujours- un individu dans une catégorie, reconnaître les signes avant-coureurs ou anticiper leur prochain coup.

Enseigner tout ceci ne passionnait guère le Hapien. Il n'avait aucune envie de se confronter à une bande d'adolescents riant bas dans une salle de conférence mais Karm avait raison. Saï était très occupé, les autres principaux éducateurs aussi et si les groupes de petits étaient bien encadrés, ceux des jeunes pêchaient.

-Tu as été très clair, tu l'es de plus en plus. Je suis fier de toi.

Acheva le Hapien en soufflant doucement. Il lui était difficile d'accepter de critiquer l'Ordre mais s'il l'appréciait, il pouvait au moins essayer de retirer la chape d'assurance confortable qui recouvrait ses épaules. Pas au point de reconnaître ouvertement que Maître Marja avait des lubies pour le moins étranges, quoique... Dans le même registre...

Baigné par la lueur tantôt chaleureuse, tantôt inquiétante des cristaux selon la tournure des événements, le blond se lança dans ses explications-

-Je dois te parler d'un cas. Connais-tu le chevalier Ses'Kai Mora?

Luke mordit sa lèvre inférieure, à la fois inquiet et impatient.

-Je l'ai surpris après un duel particulièrement violent. Au point d'avoir complètement fracassé les meubles de la salle, mes genoux égratignés et mes mains qui ont reçu deux échardes en savent quelque chose. Juste avant, il combattait férocement une Padawan. La tienne. Je crois qu'elle n'a fait que répondre, et je n'ai encore rien éclairé la concernant... Mais le pire c'est la conversation que j'ai eu avec. Il prônait la colère comme moteur, une sorte de rage de vaincre à tout prix, l'unique arme pour l'emporter contre les Siths. Il serait la main armée de l'Ordre, l'unique capable de se salir les mains. J'admets avoir du mal à saisir. Crois-tu que le Conseil le surveille, attend un faux pas? J'ai du mal à croire qu'ils puissent passer outre un comportement presque... Caricatural tant il est agressif. Lors d'une seconde rencontre, il m'a provoqué pour s'entraîner dans une salle, préférant recevoir sa colère plutôt qu'un apprenti, j'en ai gardé des marques... Outre le fait que je sois limité au sabre et que je me confrontais à un excellent bretteur, la séance m'a paru vraiment violente. Il a vraiment laissé s'échapper des techniques.
Karm Torr
Karm Torr
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— Hmm…

Des cours de criminologie ?

— Tu crois qu’on devrait inciter les Jedis à fréquenter plus régulièrement l’enseignement civil… ?

Ce n’était pas tout à fait ce que Luke avait dit, parce que le Consulaire n’avait pas prôné que d’autres marchent sur ses pas et fassent la même expérience que lui. Néanmoins, si elle lui avait réussi, il y avait des raisons de supposer que d’autres en profiteraient également.

— C’est vrai que je suis plutôt autonomiste dans ma manière d’envisager les choses, concéda Karm, avec cette propension typique des Ark-Ni à envisager de changer d’avis dès qu’on leur présentait un argument intéressant, je me dis tout le temps que l’Ordre pourra répondre à tous ses besoins, au prix de quelques réformes, mais peut-être faut envisager que par définition, notre organisation est imparfaite, comme toutes les organisations, et incomplète, et qu’elle doit nouer des rapports étroits avec d’autres systèmes éducatifs. Pourrait y avoir… Des conférenciers invités, déjà. Pour commencer petit. Ce serait simple à mettre en place.

C’était une idée nouvelle pour Karm, qui avait été formé exclusivement par des Jedis, au sein des Temples. Ce n’était que sur le terrain, à cause de la guerre, au contact avec l’Armée Républicaine, qu’il avait été confronté à d’autres savoirs et d’autres techniques, d’autres perspectives sur le monde. Il ne pouvait pas nier que sa collaboration avec les soldats et les ingénieurs de la République, plus tard avec ses scientifiques et ses diplomates, quand il était devenu explorateur, avait beaucoup contribué à enrichir son savoir et à nourrir son expérience.

C’était un sujet qui méritait réflexion mais son examen fut repoussé à plus tard, quand Luke aborda un problème plus pressant. Le regard de Karm, qui s’était perdu dans le vide, revint se poser sur son ami et l’Ark-Ni l’écouta avec la plus grande attention. Son expression demeura impassible, comme souvent, et même son aura dans la Force conserva cette tranquillité quasi inébranlable qui lui était propre.

— Je vois, finit-il par dire calmement, avant de contourner la petite table à cristaux qui le séparait de Luke, pour poser une main au creux des reins de son compagnon, l’attirer dans ses bras et refermer autour de lui une étreinte protectrice.

L’idée que Luke pût être violenté lui déplaisait profondément, et plus encore que ce fût le cas dans le sein théoriquement protecteur des Temples Jedis. Si, au milieu de la tourmente de la guerre et du crime, dans cette Galaxie de jour en jour plus hostile, ils ne pouvaient pas compter sur la protection de leur foyer, que leur restait-il ?

L’étreinte finit par se relâcher néanmoins.

— Soruan est une Padawan très perturbée, et je travaille avec elle sur la colère. Je lui apprends à l’écouter, pour la comprendre et la dissiper, plutôt qu’à la refouler, au risque de l’accumuler et de la voir exploser. Mais c’est évidemment un chemin… euh… ‘fin la limite est difficile à cerner, quoi, entre écouter ses sentiments pour parvenir à les maîtriser et se laisser submerger. J’suis pas surpris qu’elle ait parfois des moments où ça se passe pas très bien. Mais quiconque apprend à marcher doit aussi apprendre à chuter.

Il s’était beaucoup documenté sur le sujet. Lui-même peu prompt aux impulsions violentes et aux mouvements d’humeur avait de la peine à cerner par pure empathie ce que vivaient les personnes colériques ou impulsives. Alors il s’était reposé sur le témoignage d’autres Maîtres et sur des livres de l’Ordre, pour se laisser convaincre par les pédagogues qui prescrivaient que les problèmes émotionnels des Padawans ne pouvaient pas être régentés totalement dès le début, sans quoi on s’exposait à des conséquences dangereuses. Il fallait faire preuve de patience et de compréhension, au moins autant que de vigilance.

— Pour le chevalier, là… Mora, c’est ça ? C’t’un autre problème. Mais j’t’ai déjà dit, j’ai vu Maître Marja à l’oeuvre, et je suis plus du tout convaincu que nos confrères et nos consœurs, sur le terrain, quand ils se spécialisent dans les combats armés, soient si différents dans leurs méthodes des Siths. Et plus la guerre continue, moins ça risque de s’arranger. Les gens vont finir comme Mora ou comme Tavaï.

Un moment pensif, Karm reprit la parole :

— Mon conseil, c’est que t’en parle à Maître Don. Il te laissera tout expliquer correctement, sans te harceler de questions, et sans essayer de te faire tomber dans les méandres de la politique du Conseil. Avec le renouvellement du Conseil Jedi et la part importante prise par les Maîtres bellicistes, si tu vas directement au Conseil, tu t’exposes à ce que l’affaire soit étouffée. Maître Don saura quoi faire.

Le vieux Maître jouissait d’une réputation considérable, qui au sens de Karm n’était pas usurpé.

— C’est pas bien agréable de dénoncer un confrère, mais si on traite pas ce genre de problèmes les uns après les autres, on sera submergé. Ces discours deviennent de plus en plus populaires, mais ce sont des raisonnements spécieux qui ne sont rien d’autres que le Côté Obscur avançant à visage caché. Tu sais…

Le ton de Karm se fit plus hésitant.

— J’me suis laissé bercer par l’idée pendant quelques mois que je pouvais être un Consulaire aussi, un pur Chercheur, tout ça. Tourner définitivement la page de Tavaï. Mais quand j’entends des histoires comme celle que tu viens d’me raconter, j’me dis que j’ai une responsabilité envers le corps des Gardiens. Une responsabilité de proposer, pour l’art martial jedi, une alternative à cette espèce de promotion de la violence et cette justification par la guerre. Mon parcours incarne une autre voie et j’me dis qu’il faut que je me saisisse de cette expérience pour communiquer ces possibilités à d’autres.
Luke Kayan
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- ... Euh.

Pris de cours, Luke cligna deux fois des paupières, dérobant quelques grains au sablier qui se vidait doucement mais sûrement avant la réunion. Il réfléchit à cette proposition qui n'émanait pas vraiment de lui, le regard, l'esprit tourné vers ces cristaux que de nombreux Jedis n'avaient probablement jamais côtoyé. Également conservateur, le jeune homme n'aimait pas trop mélanger civils et Jedis, néanmoins, son expérience ne pouvait lui faire ignorer la réalité.

- Pourquoi pas. Certains policiers ou chercheurs ont de profondes connaissances sur ces sujets, ils l'abordent également de manière objective quant nous comptons parfois trop sur la Force.- Le constat fut difficile à cracher pour lui le Consulaire, l'amoureux de la grande Puissance Mystique les habitant.- Noctis nous dépasse sur d'incalculables domaines, dont la maîtrise de ses pouvoirs. L'approche traditionnelle est si simple, si complexe à la fois qu'il pourrait ne pas y songer. Les civils possèdent une pugnacité incroyable, des ressources insoupçonnées forgées au fil de milliers d'années sans cette capacité qui nous fut offert. J'ai pu apprécier leur analyse de chaque geste-bien qu'en grande partie ce chapitre m'échappe, évidemment.- chaque inflexion de mot. Des détails auxquels Noctis et d'autres "nouveaux Siths" ne songent pas, ou dont ils ne peuvent pas se dépareiller. L'idée d'inviter ces conférenciers semble un début honorable et raisonnable.

Jugea finalement Luke qui convint assez rapidement qu'il serait difficile de transférer une douzaine de Padawans à l'université de Coruscant dont il avait usé les bancs. C'était plus judicieux d'inviter des spécialistes, sans que ce ne soit d'ailleurs si choquant puisque certains non Sensibles travaillaient déjà au Temple. La solution paraissait si simple que le jeune homme se sentit honteux de ne pas l'avoir proposée. De fait, il n'y avait jamais pensé, c'était l'interprétation de Karm qui l'avait fait évoluer.

La caresse dans le creux de ses reins provoqua un bien-être pur et agréable qui s'étendit en ramifications fructueuses dans son corps. Une impression de chaleur l'envahit et malgré une certaine gêne, mâtinée de crainte -et si on les surprenait?- il resta dans les bras de son ami, lequel finit par rompre l'étreinte. La sensation toutefois demeura assez pour qu'il trouve le courage de continuer sur ce sujet déplaisant. Au-delà de la correction reçue, le Chevalier détestait l'idée que des êtres comme Mora assassinent l'image des Jedis et pire encore, leur sécurité. Quant à Maître Marja, il ne savait que songer, inquiet, chagriné de la savoir au Conseil.

- C'est étrange, elle-Maître Marja- a toujours prôné une lecture traditionnelle du Code. Son application est littérale d'après ce que j'ai entendu. Où a-t-elle vu que la Colère est bonne Conseillère? Ceci dit, ces doutes ne font qu'appuyer tes arguments, j'irai voir Maître Don en personne. Il sera apte à me juger. Ai-je été aveuglé par ma propre intolérance envers une vision différente? Ai-je simplement pris en grippe Ses'Kai ou ai-je raison? Signer la fin de carrière d'un Pair de la sorte, ou même lui causer des torts à cause de rumeurs ne serait pas digne du rang que l'on m'a octroyé. Ainsi, Saï Don saura, en tant que mon ancien mentor et Chef du Conseil aviser. Deviendrais-tu diplomate et prudent avec l'âge?

S'amusa Luke qui se rappelait avoir vu l'Ark-Ni plus impulsif malgré le flegme apparent. Il aurait eu, un temps donné, l'occasion de rencontrer Ses'Kai qu'il lui aurait dit ses 4 vérités dans cette même salle d'entraînement au milieu des débris. Du moins, c'est ce que pensait Luke. Encore une fois, avait-il raison? Le raisonnement humain lui échappait, dévoilant de profondes carences que l'Ordre avait su, en partie, occulter sans combler. Toute la pédagogie du monde n'avait pas su le rendre capable, hors mission, de vraiment cerner les gens, leurs réactions. Ses'Kai était d'ailleurs pour lui un véritable mystère. Comment pouvait-on éprouver une telle colère en permanence? Lui en serait probablement mort vu son étrange intolérance à l'obscurité.

- Tu dois choisir la voie qui te plais, sinon cela ne fonctionnera qu'un temps. Ne reste pas Gardien par obligation.- Luke était pourtant le premier à regarder ce dont l'Ordre avait besoin pour prendre ses décisions. Cela dit, il restait persuadé que la voie -martiale ou philosophique principalement- devait être au goût du Chevalier, du Maître en devenir. Saï l'avait, à l'époque, aiguillé un peu de force mais avec le temps Luke avait découvert que c'était vraiment son chemin, caché par ses ronces-hormones et désirs de briller comme tout adolescent. Ainsi s'efforcerait-il pour mener Eckthor sur la route du Gardien malgré sa méconnaissance du domaine. Il chercherait de meilleurs précepteurs en stratégie ou demanderait à Karm de l'éduquer au sabre pour l'y aider, sans lui imposer la voie du Consulaire parce qu'on en avait éventuellement besoin au Temple ou que lui la comprenait davantage.- Ton Histoire illustre déjà l'équilibre, la victoire obtenue par la sérénité au-delà de la rage. Finalement, ce fut celle qui eut l'orgueil de se penser protéger, celle qui prétextait aider l'Ordre par le biais de la rage qui le trahit. Elle l'aînée, tandis que son Padawan plus prudent resta du côté lumineux, se préservant ainsi de l'infection. Je pense que tu as déjà tout prouvé, que ton parcours peut déjà être cité en modèle.

Énonça Luke avec douceur, non sans une note d'admiration pour son aîné. Lui-même avait résisté à la Noirceur, d'abord sous le joug de sa mère puis à l'Académie Sith pendant des semaines. Son cas cependant avait été plus simple, puisque l'obscurité lui faisait physiquement mal. Souvent, il se demandait ce qu'il en aurait été si lui aussi pouvait ressentir la tentation du côté sombre. Serait-il assez fort pour y résister?

Le jeune homme poussa un soupir, il glissa à son tour son dos contre la poitrine de Karm, juste pour la frôler, regard perdu au-delà d'une baie vitrée qui offrait un spectacle magnifique sans qu'il soit capable de s'en émouvoir. Un grattement de gorge les surpris, Luke se fit violence pour ne pas effectuer un bond en avant, histoire de cacher ce qu'il n'y avait guère à cacher. Après tout, malgré l’ambiguïté de leur proximité, ils ne faisaient rien d'indécent. C'est ce que se força à penser Luke, rempli de ses bonnes résolutions. Il devait résister, ne pas illustrer ce qui ressemblait à de la honte comme l'avait cru Karm de prime abord. C'est donc le plus naturellement possible que le jeune homme interrogea la personne d'une Onde de Force. Évidemment, l'autre insensible ne ressentit rien et se contenta de briser le silence devenu trop épais, y compris pour un Ark-Ni.

- La réunion va commencer.

Malgré quelques difficultés, Luke parvint à reconnaître la voix de Dax, surtout aux inflexions encore jeunes mâtinées de petites intonations particulières. Excellent observateur auditif, le Jedi commençait enfin à se faire aux petites différences entre les différents Ark-Nis.

- Nous te rejoindrons dans un instant, Dax.

L'adolescent ouvrit de grands yeux, surpris et ravi par ce qu'il pensait être un tour de magie Jedi qui avait permis à l'aveugle de le reconnaître. La scène précédente oubliée -ou peut-être jamais relevée, simplement.- Dax s'enfuit dans les coursives, marchant vite en essayant de ne pas céder à un joyeux trot. Luke esquissa quelques pas en avant, vers la sortie donc, sans pour autant se décider à la franchir directement. Il préférait que dans le laps de temps qu'il leur restait -15 minutes.- tous deux closent sereinement la conversation, quitte à ouvrir un nouveau chapitre plus tard. Heureusement- et Luke en était gré-Karm n'avait pas mal pris le fait que Soruan soit mêlée à cette affaire. Bien sûr, le Hapien n'avait pas encore déterminée si elle avait subi ou participé à l'entraînement forcé, mais désormais qu'il connaissait son penchant pour la colère, il doutait. Karm saurait toutefois comment l'aider, le blond en était certain.
Karm Torr
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— Espèce de vil flatteur, murmura Karm, alors que Luke, sans scrupule, le couvrait de compliment.

Pour sa part, il avait du mal à s’attribuer du mérite dans la résilience dont il avait témoigné lors de sa formation avec Tavaï. C’était une question de tempérament, sans doute, et il estimait avoir eu surtout de la chance d’être né avec un caractère déterminé et solide. La Force l’avait conseillé et protégé, les premières années de son éducation ark-ni l’avait poussé à faire preuve d’ouverture d’esprit et de circonspection, et un bon naturel avait fait le reste.

La conversation fut interrompue par l’irruption de Dax et la maîtrise dont témoigna Luke n’échappa pas au Gardien. Quand l’adolescent partit après les avoir avertis, les laissant à nouveau tous les deux seul à seul, Karm tendit la main et frôla du bout des doigts celle de son compagnon.

— Merci, souffla-t-il, sans juger nécessaire d’être plus précis.

Sa présence dans la Force s’étendit pour envelopper celle de Luke : il laissa son esprit s’ouvrir pour accueillir aussi celui de son ami. Leurs impression se mêlèrent quelques secondes, dans une intimité étroite, et puis Karm laissa la Force refluer en lui. Il reprit le fil de leur conversation.

— Pour Ses’Kai, vu ce que tu me décris, je pense pas que tu te fasses des idées. Après, je suis pas sûr qu’il soit uniquement responsable, t’sais ? Je veux dire, il est victime aussi, en un sens, de tout un discours qui se déploie au sein de l’Ordre depuis quelques années. La victoire à tout prix, la détermination intolérante, le prix de la guerre, etc. On pourrait faire une liste des poncifs qu’on nous sert volontiers. Et ils sont pas tous inutiles. Je dis pas qu’un total pacifisme est une meilleure alternative. Mais qu’on a besoin d’un peu plus de distance critique.

Karm se détacha de la table pour ouvrir la voie en direction de la salle de réunion. Quelques minutes plus tard, ils pénétraient dans la même grande pièce où régnait le même désordre apparent de sièges dépareillés et éparpillés, sans aucun décorum ni sens du protocole. Certains des Ark-Ni de la veille étaient à nouveau là, d’autres étaient partis s’occuper des problèmes miniers.

La discussion démarra de but en blanc sur la question de la comptabilité technologique entre les équipements ark-ni et les vaisseaux républicains, et sur la responsabilité des frais qui pouvaient être encourus en cas d’adaptations nécessaires. Comme Karm l’avait prévu, c’était un excellent signe : passer aux détails techniques impliquait l’acceptation de base du principe.

Pendant plusieurs heures, les questions fusèrent, sur le contrat, sur les routes spatiales, sur l’ingénierie, sur la rétractation des parties, sur mille et un sujets juridiques, économiques, gestionnaires ou mécaniques. Certaines étaient adressées à Karm et Luke, mais d’autres étaient jetées à la réflexion commune. Parfois, il se passait plusieurs minutes sans que les deux Jedis ne fussent sollicités, les Ark-Ni occupés à régler par eux-mêmes telle ou telle difficulté prévue.

La fatigue commençait définitivement à se faire sentir quand un homme (ou une femme… ?) d’un certain âge (probablement… ?) prit la parole pour conclure :

— Bien, je crois que nous avons couvert l’essentiel des questions et que nous allons pouvoir exposer la situation au reste de la Flotte. Je suis pour ma part plutôt optimiste.

Il promena un regard circulaire autour de lui et son intuition fut confirmée par quelques hochements de tête.

— Quand une décision aura été prise, nous vous contacterons, puis je suppose qu’on aura à traiter avec d’autres personnes.
— Probablement des ingénieurs et des gradés de l’armée républicaine, oui. Nous, on joue principalement le rôle d’intermédiaires, mais y a un moment où il faudra traiter directement.
— Très bien, très bien.
— Les opérations de minage sont finies, coupa une autre voix. On ne va pas tarder à rejoindre la station de raffinement. Vous devriez partir avant le saut hyperspatial, sans quoi, ça vous fera un sacré détour, pour votre route de retour.

Karm resta un instant pensif. Ces retrouvailles avaient été somme toute bien formelles, mais en réalité, il ne les avait pas imaginées différemment. Il n’avait pas vu les siens depuis ses cinq ans et, au fond, ils étaient surtout des étrangers un peu familiers, pour lui. La perspective de s’en séparer si vite n’avait rien d’insupportable.

— Si vous voulez envoyer une délégation à un moment pour visiter des équipements républicains et vous faire une idée, on pourra sans doute arranger ça.
— Très bien, très bien, répéta l’autre Ark-Ni.

Des petits groupes commençaient déjà à quitter la pièce, pour s’assurer que le nouveau stock de minerai était correctement arrimé, avant de se préparer au saut hyperspatial.
Luke Kayan
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De rien souffla la Force, ténue mais lumineuse. Leurs corps et esprits se séparèrent pour franchir la porte qui les mèneraient à réunion, au milieu de l'attention. Luke savait d'avance que retrouver Dax raidirait ses muscles. Et si un adolescent, inapte a juger qui que ce soit et l'ayant prouvé de part ses promenades volages le mettaient dans cet état, la conclusion s'imposait d'elle-même: il restait encore beaucoup de travail au jeune Jedi. Qu'importe, il avait esquissé un pas, Karm l'avait remercié. Ils dialoguaient, voguant semblait-il, vers une accalmie, l'oeil du cyclone où chacun s'apprêtait à faire des concessions. Désormais, leur inquiétude était dirigée vers un même endroit, une unique cible: les Jedis déviants toujours plus nombreux apparemment.

- Un juste milieu.

Constat Luke tandis que ses pas résonnaient différemment, annonçant le passage de cette fameuse porte, juste derrière son ami. Oui. Il fallait contempler la solution du juste milieu. Elle était la réponse à tant de maux, de guerres, un peu comme la leur discrète mais indéniable. Karm prônait la reconnaissance de leur couple tandis que Luke s'y était opposé. Plus ils s'approchaient du fameux juste milieu, mieux ils se comprenaient. Mais Ses'Kai, dans son domaine, serait-il apte à revenir sur ses pas pour chercher la conciliation? Le Hapien en doutait tout en espérant que son intolérance envers la rédemption -ses expériences personnelles l'avaient mené à ne pas vraiment y croire, en tout cas suspicieux de prime abord, contrairement à certains de ses pairs qui pensaient tout le monde apte à s'y prêter.- l'aveugle. Maître Marja devait-elle aussi se remettre en cause? Luke peinait à juger et encore pire, à condamner une membre du Conseil, son cher Conseil qui menait son encore plus cher Ordre. Pour autant, il devait se résigner à y croire, du moins à laisser le doute planer, sachant que Karm était bien placé pour reconnaître des Déviants parmi les hauts placés.

Elle aussi placée sous la belle étoile du juste milieu, la réunion se déroula sans accroche. Les Ark-Nis "accueillants" de la veille s'étaient parés d'un froid manteau de commerciaux attachés à sauvegarder leurs atouts. Vêtus de bon sens également, ils acceptèrent de céder sur quelques points, adoucissant une heure particulièrement ennuyeuse pour quelqu'un comme le Chevalier qui ne comprenait presque aucun des détails techniques abordés. Pourtant attentif, l'élève prit des notes, vieux réflexe de premier de la classe qui désirait, sans doute par manque de confiance en soi quelque part, contrôler son sujet. Chaque paragraphe y compris anodin semblait nécessiter d'être couché sur papier, juste dans l'hypothétique cas où le peuple des Étoiles descendrait effectivement les voir.

Un adieu sobre, presque froid sépara les Ark'Nis des deux Jedis qui acceptèrent de descendre au prochain arrêt. Sortant petit à petit de sa torpeur, de cette ambiance feutrée induite par le vaisseau, le Hapien rassembla ses maigres affaires pour s'en aller. Il ressentait un mélange de joie à l'idée que la mission soit une réussite et une certaine nostalgie. Le peuple des Étoiles ne lui manquerait pas vraiment, il était un Jedi et donc habitué à se détacher rapidement des êtres ou des choses pour voler au secours de la prochaine victime. Cependant, la parenthèse vécue avec Karm, le cap franchi, celui du dialogue notamment donnaient à cet endroit, une signification spéciale.

Encore bercé par le Très bien -presque?- indifférent de l'Ark-Ni qui avait clos la réunion, le Chevalier se dirigea vers le sas de sortie, lequel devait les mener à la fameuse station de raffinement. Tous deux descendraient certainement en premier, la famille de son compagnon n'étant pas du genre à proposer un ultime repas dans le petit restaurant accolé à la station. Seul un moment, le Jedi ferma les yeux, il essaya d'imaginer les adieux de Karm et de sa mère, chose difficile à faire, sachant que cette dernière lui avait à peine adressé un "au revoir" peu concerné. La magie de la musique s'était évanouie depuis la veille, laissant place à une routine qui faisait ressortir le côté froid, pragmatique des Ark-Nis. Était-ce une simple apparence ou la vérité? Le Hapien ne connaissait pas assez ce peuple pour le déterminer, mais l'adieu lui sembla légèrement triste. Assez pour l'affecter légèrement bien qu'il soit aussi heureux de retrouver son amoureux pour lui. Du moins le temps de relier Ondéron ou Coruscant et jusqu'à leur prochaine mission. Quelle étrange vie ils menaient. Pourtant le jeune Jedi s'en satisfaisait. Il sourit un peu en songeant à Karm, ce que ce dernier dirait après avoir atterri. Probablement parlerait-il de leur prochaine mission voir de manière plus immédiate du vol à prendre pour rentrer. Sans doute qu'aucun d'eux ne commenterait quoique ce soit vis-à-vis de la famille.

- Des nouveautés sur ton Datapad?

Demanda Luke quand il sentit la présence de son ami s'approcher. D'une Onde de Force il effleura l'esprit aimé, souhaitant intérieurement qu'il n'y ait rien pour qu'ils puissent juste rentrer, peut-être s'entraîner demain? Ou repartir en mission? Finalement l'option ne le dérangeait pas non plus. Peu importe au final, du moment qu'ils continuent d'évoluer en parallèle pour la même cause.
Dans un bruit caractéristique, le Sas s'ouvrit et Luke franchit, cette fois le premier, le seuil du vaisseau des Ark-Nis. Momentanément, il tourna la tête vers la machine ronflante qui faisait voler des mèches de cheveux clairs le long de son visage. Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il n'y avait aucun regret à avoir après cette étrange mais belle rencontre avec le mystérieux peuple des Étoiles.

Son regard inutile à nouveau posé sur la station qui s'étendait devant eux, le Chevalier poussa un léger soupir avant de se mettre en marche. Il leur fallait trouver un transport pour rentrer.
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