Absalom Thorn
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Certains sorciers étaient tombés à genoux, d’autres se reposaient contre des troncs d’arbre, mais tous avaient accomplis leur tâche et c’était l’essentiel. Noctis lui-même était affaibli mais la rigueur des entraînements qu’il s’imposait, sa solide expérience et une puissance assez considérable lui permettaient ne pas s’effondrer séance tenante. Mais il lui fallut un moment pour reprendre le contrôle de sa respiration et calmer les légers tremblements de son corps.

C’était un maigre prix à payer pour le succès du jour et il avait même tendance à goûter la fatigue que ce genre de rituels imposait et en laquelle il trouvait la même satisfaction que dans l’éreintement qui venait après une séance d’entraînement physique et représentait la certitude de l’effort accompli. D’un hochement de tête, il assura à Syn que la première partie de la mission était un succès puis il se rapprocha de son Apprenti et murmura :

— Félicitations.

Il avait senti la peur et la fragilité qui agitaient le jeune homme, tous les doutes tumultueux sous la surface de colère rigide, et Syn ne lui en paraissait que plus prometteur, respectable, même, d’un certain point de vue. Ne disait-on pas souvent que le véritable courage n’était pas d’ignorer la peur mais au contraire de surmonter des craintes bien réelles ? Noctis se promit d’évoquer le sujet plus en détail avec son Apprenti, quand les circonstances s’y prêteraient.

La petite équipe resta un bon quart d’heure à l’orée des bois, le temps pour l’expédition vaine des villageois de s’éloigner dans la direction opposée. Ce fut un répit solitaire après les efforts qu’ils venaient de consentir.

— Allons-y.

L’ordre s’adressait à Syn et à deux soldats qui, comme convenus, emboitèrent le pas au Seigneur Sith, en direction du village, tandis que les autres sorciers et le reste de l’équipe militaire demeuraient dissimulés dans la forêt, prêt à intervenir au moindre imprévu.

Les rues du village étaient désertes. Sans parvenir à se formuler clairement le danger qu’ils étaient censés courir, les villages restés en arrière avaient jugé préférable de s’enfermer chez eux, en attendant le retour des gens qui les protégeaient. Aucun drone de surveillance ne flottait dans les airs, aucune holocaméra ne surveillait le coin des maisons : tout indiquait que cette communauté tranquille n’avait l’habitude ni des grands dangers, des grandes émotions.

Noctis s’arrêta devant une porte, ferma les yeux et se concentra à nouveau dans la Force, seul cette fois-ci. Très rapidement, la porte s’ouvrit, une femme apparut dans l’encadrement, qui tenait un bébé dans les bras. Elle s’écarta pour laisser passer le Seigneur Sith, d’un air absent. Noctis, d’un geste de la tête, indiqua à Syn de le précéder dans la maison, tandis que les deux soldats se postaient en garde à l’entrée.

Tenter d’exercer des contrôles plus complexes sur un ou deux villageois restés en arrière constituaient la seconde phase du plan, pour vérifier à quel degré de subtilité se prêtait l’intoxication au milla. D’un regard sincèrement curieux, Noctis considéra la sobre décoration de la maison confortable mais discrète où ils venaient de pénétrer. La femme aux longs cheveux tressés attendaient à côté de la porte désormais reformée. Elle finit par cligner des yeux. Des pensées confuses se remettaient tant bien que mal en ordre dans son esprit.

— Qui… Qu’est-ce que…

Il eut comme un grognement et Noctis se retourna vers le salon, où une sorte de gros chien à six pattes le considérait, babines retroussées, poils hérissés. À son Apprenti, Syn indiqua calmement :

— Convainquez la femme que tout est en ordre.

C’était une idée ardue à imposer, quand deux hommes masqués par des respirateurs venaient de rentrer dans votre salon. Noctis, pour sa part, étendit la main vers le chien. Bientôt, la bête eut du mal à respirer, à mesure que le Seigneur Sith l’étouffait à travers la Force et elle finit par perdre conscience, retombant lourdement sur le tapis du salon. Noctis relâcha son étreinte, peu désireux de tuer inutilement une créature dont la férocité lui plaisait par ailleurs.

Il se retourna vers Syn et la femme, tétanisée moitié par l’incompréhension craintive, moitié par la nouvelle incursion psychique qu’elle était en train de subir.
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Les encouragements de mon maîtres semblèrent cette fois-ci bien plus convaincants. Autour de nous, les sorciers semblaient encore plus éprouvés que moi. L'exercice m'avait réellement épuisé, mais ma condition physique était sans nul doute meilleure que la leur, d'où le fait que je n'étais pas totalement rompus par cette pratique éprouvante.

Une fois que les bruits de pas furent suffisamment éloignés, j'emboîtai le pas de mon maître, et nous rejoignîmes la ville, escortés par deux soldats. Leur présence me parut dispensable dans un premier temps, mais une fois ces considérations orgueilleuses mises de côté, je me rappelai que j'étais ici pour m'exercer à utiliser la Force, et non pour assurer la sécurité de mon maître. Ce dernier me l'avait bien dit : je devais apprendre à sortir de mon rôle de soldat.

Nous arpentions les rues désertes, et ma curiosité se portait à présent sur chaque façade. Comme si chaque maisons contenait un univers à explorer, un passé immémorial à découvrir. J'aurais presque voulu profiter de ces circonstances tout à fait atypiques pour m'approprier cette ville et tenter d'y percer les mystères de la vie des civils, si ennuyante et si attrayante à la fois.
Nous parvînmes enfin devant la porte d'une maison, qui, après une courte concentration de mon maître, s'ouvrit sur une femme tenant dans ses bras un bébé.

Darth Noctis et moi-même pénétrâmes dans la maison, et je pus enfin étancher ma soif de voyeurisme, laissant mes yeux se délecter de chaque meuble, de chaque choix d'agencement et de décoration. J'espérais comprendre comme vivaient ces honnêtes habitants en comprenant dans quelles conditions ils vivaient. Cette maison m'avait tout l'air d'un foyer chaleureux, certainement acquis peu de temps avant notre arrivée. Quelques mois sans doutes, à en juger par l'impression de neuf, l'absence de la moindre poussière.
La femme qui nous avait ouvert la porte était jeune, ravissante, quoique portant sur son visage des marques de fatigue témoignant des nuits raccourcies par les caprices des enfants nouveau-nés. Une bonne mère, certainement une bonne épouse. Et qui petit à petit, échappait à l'emprise mentale que mon maître avait établi avec le renfort du Milla.

Nous violions son espace privé, l'endroit au monde où elle était sensée être le plus en sécurité. Aussi, lorsque mon maître m'ordonna de faire en sorte qu'elle ne s'inquiète plus, la compassion que j'éprouvais naturellement pour les innocents et les braves gens me fit redoubler d'efforts.
Je fermai les yeux, et projetait ma conscience à la rencontre de celle de cette pauvre femme effrayée. Devenu plus familier à cet exercice, je distinguai assez vite la fameuse allégorie de cet esprit innocent.
Une maison simple, bâtie sur un seul étage, composée d'un argile à la couleur chaude, accueillant. La petite maison comportait un grand nombre de fenêtres, et deux portes. Le tout était ouvert. Sans doute était-ce là l'effet du Milla. L'air chargé de cette substance avait abaissé chaque protection de cette maison, et la rendait perméable aux influences extérieures. Mais à l'intérieure, tout semblait grincer, cogner. Comme si quelque chose voulait refermer cette porte en y mettant toute sa force, en vain, et que face à cette incapacité, la vie que renfermait cette maison était en proie à une grande détresse. Je me devais d'y ramener la sérénité.
Je me concentrai alors sur certains de mes souvenirs. Des moments de bonheur, de complicité. Ma pathétique histoire en comportait peu, mais aussi malheureuse qu'ait été ma vie, j'avais eu la chance de rencontrer d'autres misérables dont les cœurs étaient aussi purs et bienveillants que des diamants d'innocence. Je pensais à mon propre semblant de famille. Léo. Ce jeune hapien que j'avais recueilli. Je choisis d'occulter l'immense vide que son assassinat avait laissé en moi, et je me focalisai sur tous nos moments de complicité. Tous les sourires qu'il avait su m'arracher, toute la bienveillance qu'il avait réussi à extirper de ma carcasse trop rigide.
Et alors que je me focalisais sur tous les sentiments que j'avais éprouvé dans tous ces souvenirs, un soleil radieux se leva sur la maison, pénétrant par chaque fenêtre. L'air y fut doux, respirable. La chaleur n'avait rien d'accablant, mais elle rappelait ces après-midi d'été où l'on se prenait à paresser.

Lorsque mes yeux se rouvrirent, j'étais une nouvelle fois essoufflé, mais dans une moindre mesure par rapport au rituel auquel j'avais participé plus tôt. Je m'appuyai contre l'une des chaises du salon, le temps de calmer les très légers vertiges qui me saisirent lors de ce brusque retour à la réalité. Je pus ainsi observer la femme aux cheveux tresser se calmer parfaitement. Elle semblait parfaitement sereine. Elle vint alors s'installer dans l'un des fauteuils qui nous faisait face, sans pour autant nous prêter plus d'intention que cela. Je crus un instant qu'elle ne nous voyait plus, mais elle lança un regard léger accompagné d'un sourire bienveillant, d'abord sur mon maître, puis sur moi. Notre présence et l'absence de réaction de son animal ne sembla plus la déranger le moins du monde. En paix, elle se pencha à l'oreille de son enfant pour y murmurer tendrement, pour le bercer me semblait il.

Je me permis alors de détacher mon attention d'elle. Je me tins de nouveau fermement sur mes jambes. J'attendais la prochaine initiative de mon maître. Etait-il satisfait de moi ? L'était-il du Milla ? De mon point de vue, l'expérience était doublement concluante. Je me permis alors de m'enquérir de sa réaction :

-Est-ce le genre de résultats que vous attendiez maître ?
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Syn était soumis à une attention constante, mais c’était moins le regard que l’esprit même de Darth Noctis qui veillait sur son Apprenti. La tâche qu’il venait de lui confier n’était pas dangereuse mais le risque de s’épuiser ou de s’égarer dans le dédale de ses propres sentiments était malgré tout bien réel. Le jeune homme parvint néanmoins à se tirer de sa petite mission et les Siths s’octroyèrent quelques minutes de repos. Les yeux désormais fixés sur la mère de famille, Noctis en sondait à son tour l’esprit, s’attachant à effacer petit à petit le souvenir éphémère de leur présence.

Quand Syn se releva, il en fit de même et déclara d’abord :

— Rentrons au vaisseau.

Ils quittèrent la maison comme ils étaient venus et la maîtresse des lieux ne parut pas se rendre compte de leur présence. Dehors, les soldats les attendaient encore et le visage était tout aussi calme. La dernière question qui restait à régler concernait la durée de l’influence du milla, mais c’était un point que les scientifiques éclaireraient, en contrôlant l’atmosphère. La participation des sorciers, elle, s’arrêtait là.

— C’est très satisfaisant, oui. Vraiment très satisfaisant. Nos premiers tests en laboratoires et quelques essais d’épandage préliminaires le laissaient supposer, bien entendu, mais c’est toujours autre chose que d’observer tout cela en situation réelle. Restera à voir ce que nous dirons nos météorologistes et nos toxicologues.

La question de l’épuisement des sorciers ne paraissait pas le préoccuper. C’était une pure affaire d’entraînement, selon lui, et quand bien même, il suffisait de prévoir des soldats pour protéger ceux qui seraient chargés d’influencer les esprits.

— Et vous avez vous-même su faire preuve de beaucoup de maturité en ne reniant pas un passé douloureux dont vous voyez bien qu’il n’est pas seulement une blessure mais peut constituer, selon les occasions, un instrument précieux. Il n’y a pas de force ou de faiblesse : il y a des dispositions de l’âme qui peuvent être avantageuses ou contraires, selon les occasions.

C’en était d’ailleurs pareil du corps, même si Noctis le reconnaissait moins facilement. Un Sith expert en manipulation qui aurait été vieux et obèse se serait sans doute aisément prémuni de la méfiance d’autrui et aurait eu une facilité singulière à pénétrer les esprits mais, au fond, Noctis était trop attaché à la beauté pour avoir la même indulgence pour les imperfections du corps que pour celles de l’esprit.

Ils étaient revenus aux bois où les sorciers paraissaient désormais parfaitement rétablis. Noctis n’eut besoin de rien ordonner pour que tout le monde le suive dans l’ascension de la petite colline et, quelques minutes plus tard, la navette décolla à nouveau. Depuis le ciel, rien ne laissait deviner de ce qui s’était tramé dans le village qu’ils laissaient en-dessous d’eux. Noctis se demandait comment les habitants réagiraient quand les effets du milla se seraient dissipés et qu’ils croiraient avoir été victimes d’une psychose collective mais, hélas, dans une petite communauté comme la leur, il aurait été impossible de laisser en arrière un agent pour les espionner discrètement.

Pendant le vol qui les reconduisit au croiseur, Noctis ouvrit la conversation pour interroger tous les sorciers sur leurs impressions, qui constituaient des données moins faciles à quantifier que celles que fourniraient plus tard ses scientifiques, mais tout aussi essentielles. La parole circulait librement, semblait-il, autour du Seigneur Sith. Chacun y alla de son commentaire et il y eut quelques suggestions pour améliorer le rituel.

Enfin, la navette pénétra les hangars du croiseur et ils descendirent tous. Pas de haie d’honneur, pas de ronflants militaires : dans ses propres vaisseaux et pour lui-même, Noctis se passait volontiers du décorum de l’armée. Une Umbarane entre deux âges s’approcha rapidement de lui pour lui tendre un datapad qui contenait un rapport scientifique préliminaire. En marchant dans les coursives du croiseur, Noctis passa rapidement sur les parties les plus techniques, qu’il n’aurait pas comprises, pour se concentrer sur les conclusions.

Derrière lui, les sorciers s’étaient dispersés pour regagner chacun leur quartier. Ce fut donc à l’attention de Syn qu’il commenta à haute voix :

— Les premiers relevés atmosphériques sont plutôt positifs mais il y a quelque inquiétude sur la possibilité que la concentration élevée de milla soit détectée par des stations météorologiques. Ça a été le cas ici par une station de surveillance agricole, qu’un de nos informaticiens a pirater avant qu’elle ne donne l’alerte. Il me parait difficile de réduire la concentration, il serait peut-être nécessaire de développer en complément un virus informatique.

Il tendit le datapad à son Apprenti.

— Si jamais les détails scientifiques vous intéressent. Moi-même, j’avoue ne jamais être arrivé à me passionner pour les sciences dites dures…

Économiste comme il l’était, il devait cependant avoir de solides aptitudes mathématiques.

— … mais si c’est quelque chose qui vous tente, il est toujours possible de s’arranger pour que vous receviez une formation.

De toute évidence, ce n’était pas du tout une exigence de sa part : il considérait simplement que satisfaire des intérêts intellectuels, quels qu’ils fussent, était l’une des voies de l’épanouissement.

D’un geste, il fit signe à l’Umbarane de les laisser, alors que Syn et lui passaient la porte de ses quartiers sur le croiseur. C’était une suite vaste, par comparaison avec les autres, mais qui demeurait plus modeste que ce que Syn avait vu sur Dromund Kaas ou Korriban. Ici, aucune décoration particulière : un lit, un bureau, une penderie et plus loin une douche. Dans l’espace, le vrai luxe, c’était d’avoir de la place.

Noctis se débarrassa de son manteau et servit deux verres d’eau à la carafe qui était posée sur un coin du bureau.

— Quelles furent vos impressions à vous, demanda-t-il en tendant l’un des verres à Syn, Qu’avez-vous éprouvé à vous plonger dans ce que j’ai deviné être des souvenirs douloureux, et bien différents de ce que vous voulez au quotidien laisser apercevoir ?
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Je fus surpris que notre excursion s'arrête là. J'aurais imaginé que mon maître voudrait pousser plus loin l'expérience. Mais d'une part, je ne voulais surtout pas le contrarier, et d'autre part, je doutais d'être capable de soutenir encore une fois un tel effort. Au même titre que mon corps, mon moral venait d'essuyer un coup dur. Me replonger dans tous ces souvenirs m'avait épuisé.
Même si la colère m'accompagnait quotidiennement, j'évitais de plonger à ce point dans tous ces souvenirs douloureux. Visualiser de nouveau tout cela m'avait infligé une profonde tristesse, une nostalgie que je n'essayais même pas de cacher, et dont même les félicitations de mon maître ne purent me tirer.

J'emboitai le pas de ce dernier jusqu'au vaisseau, le suivant comme une ombre silencieuse, affichant seulement quand c'était nécessaire ma gratitude face à ses encouragements. Je ne prêtais pas la moindre attention aux sorciers Sith, ni lorsque nous les retrouvâmes dans la forêt, ni même lorsque nous fûmes à bord de la navette. Je préférais rester silencieux, car je savais qu'avec la tristesse qui m'enserrait le cœur, la réaction logique que j'aurais lors d'une discussion serait l'agressivité, la violence. Ne voulant pas montrer à mon maître cet aspect de ma personne à mon maître, je pris mon mal en patience, attendant patiemment que nous atterrissions sur le croiseur.

Lorsqu'enfin, je fus libéré de la compagnie devenue pesante de tous les sorciers Sith, mon mentor et moi-même furent rejoint par une umbarane qui vint remettre au Seigneur Sith un datapad visiblement rempli de données scientifiques inabordables pour les gens comme moi, dont l'instruction avait été incomplète.
Lorsque mon maître me la remit, je m'en saisi puis la rangeai en songeant au meilleur moyen de la faire disparaître. Assimiler toutes les connaissances économiques que voulait me prodiguer mon maître était déjà assez pénible pour que je me plonge encore dans de nouvelles disciplines repoussantes. Peut-être un jour m'y attèlerais-je, mais étant donné qu'il ne s'agissait pas d'un ordre direct de Darth Noctis, je ne considérais pas cela comme une priorité.

Je fus enfin soulagé de retrouver une sorte d'intimité avec mon maître, lorsque nous entrâmes dans ses appartements. Je ne voulais plus du tout être confronté à qui que ce soit. Mes nerfs étaient au bord de l'explosion, et le Hapien était le seul homme au monde auprès duquel j'accepterais de dévoiler mon instabilité.
Aussi, dès lors qu'il me laissa l'occasion de confier un peu de mon mal-être, je bondis sur l'occasion. Je m'approchai du verre d'eau qu'il venait de me servir, y portant un regard emprunt de nostalgie, et bien que je ne le portai pas à mes lèvres, je laissai mon index tinter contre la paroi du verre, agitant l'eau de remous.

-Pour être honnête maître, cela m'a fait beaucoup de mal. Rien dont je ne puisse me remettre, assurément. Je suis habitué à endosser toute cette peine. Et au sein de notre ordre, je crois que les souvenirs macabres sont monnaie courante, lui avouai-je, le regard pensif.

Je relevai la tête, croisant son regard. J'imaginais que je devais faire peine à voir. Mais après tout, mon mentor me demandait de lui révéler mes sentiments, et il m'était impossible de le faire sans les laisser transparaître physiquement.

-Mais j'ai constaté qu'ils m'ont permis d'influencer cette femme. Peut-être n'était-ce que de l'empathie, mais j'ai eu la ferme impression que je parvenais à l'obliger à ressentir certaines choses. Je suis habitué à avancer grâce à la colère, mais là, c'était autrement plus profond.
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Pour une part, c’était là une expérience commune à bien des Siths, comme le soulignait son Apprenti, qui échappait d’un point de vue personnel à Darth Noctis. Toutes ces peines, toutes ces frustrations, il en avait été préservé. Du reste, il n’estimait pas que la souffrance rendait fort, même si c’était une théorie courante sur Korriban. La souffrance faisait souffrir, et c’était tout. Parfois, on arrivait à en faire quelque chose, à transformer les infirmités en opportunité, mais c’était plutôt l’exception qui confirmait la règle. Combien de Siths étaient indéfiniment cantonnés au rang de simples Acolytes, sans même devenir jamais des guerriers, parce qu’ils étaient écrasés sous le poids de leurs drames passés ?

Pour sa part, Noctis était persuadé que si l’Empire s’était ouvert à un tant soit peu de bon sens psychothérapeutique, il aurait été moins prompt à s’engager dans des guerres stériles et plus à même de progresser à pas de géants sur le chemin encore largement à déchiffrer du Côté Obscur. Le traumatisme était à ses yeux la voie la plus simple vers l’Obscurité, mais certainement pas la meilleure ; la plus directe, non la plus fertile.

Il hocha lentement la tête, bien conscient de s’engager sur un terrain sensible.

— Au risque de souligner l’évidence et de vous servir une banalité, c’est la totalité des expériences que vous avez eues qui font de vous ce que vous êtes et pour être fort, pas seulement physiquement, mais dans tous les sens, pour être, disons, excellent, c’est tout votre être qui doit se convertir. Par définition, il n’y a pas de plénitude qui s’accomplisse dans la partialité. Il faut être tout entier soi avant de pouvoir songer à être la meilleure version de soi-même.

Comme souvent, les conseils de Noctis reposaient sur des considérations philosophiques qui pouvaient paraître de prime abord un peu abstraites, même si le Seigneur faisait en général sont possibles pour les rendre compréhensibles à ses interlocuteurs. Il avait de la vanité et il aimait paraître intelligent mais il ne voyait aucun intérêt à se montrer hermétique.

D’un geste de la main, il désigna la chaise en plastique moulé en face du bureau et s’installa sur l’autre. C’était un mobilier un peu austère comparé à celui dont il avait l’habitude mais il s’en accommodait sans peine.

— Vous savez, en réalité, il y a beaucoup de points communs entre l’Ordre Jedi et ce que l’on pourrait appeler l’orthodoxie sith. Dans un cas comme dans l’autre, l’approche de la Force, l’approche de l’accomplissement personnel, repose sur une attitude très sélective par rapport aux expériences de l’existence. Les Jedis vont préconiser de se priver de jouissances matérielles, qu’elles soient celles de la table ou de la couche, des jeux ou des combats, et les Siths vont préconiser de se priver de faiblesses spirituelles, tendresse, fragilité, altruisme, ou que sais-je encore. L’un et l’autre ordres présentent cela comme de l’ascétisme mais, au fond, c’est surtout une manière un bon simple de fuir les problèmes, de se mettre des ornières.

La stérilité de la vie matérielle des Jedis avait beaucoup contribué à lui faire quitter l’Ordre et il s’était d’abord attendu à trouver au sein de l’Empire sinon une plus grande tolérance, du moins une certaine liberté d’esprit, dans le domaine de la morale. Depuis, il avait appris à composer avec ce qu’il y avait trouvé.

— Et ce sont des méthodes qui ont leur valeur, quand on ne veut pas progresser très loin ou quand on a une tournure d’esprit très particulière. On peut être un très grand Jedi en étant parfaitement conforme au Code mais c’est plutôt l’exception que la règle. Les figures marquantes de ces dernières années ont toujours eu quelque chose de peu conformiste. La règle, le code, les habitudes des Siths, c’est surtout ce qui marche le mieux pour la masse, en quelque sorte le plus petit dénominateur commun. Affronter ses émotions, accepter sa fragilité dans votre cas, chercher non pas à se détourner de ses faiblesses mais à les comprendre et à pouvoir les employer, quand la situation s’y prête, pour progresser sur le chemin qu’on s’est tracé, c’est un exercice, comme vous l’avez dit vous-même, douloureux et compliqué. Mais de la même manière qu’on ne peut se battre très bien avec un bras attaché dans le dos, on ne peut explorer la Force dans toute sa spiritualité avec une partie de ses pensées retenues par la bride.

Noctis vida son verre d’eau et le reposa sur le bureau.

— Avez-vous, je ne sais pas, des amis ? Des partenaires romantiques ? Des gens auxquels vous vous confieriez et qui vous aideraient à extérioriser ces émotions, pour finalement les accepter et progresser. Parce que quelque respect que vous ayez pour moi, ou précisément à cause de ce respect, je vous vois mal me confier toutes vos petites peines et, soyons franc, je me vois mal avoir la patience de les écouter.
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Mon maître m'avait une fois de plus séduit avec tout son recul. Toute sa philosophie. A chaque fois que je lui ouvrais la porte menant sur certaines de mes réflexions intimes, il parvenait en l'espace de quelques minutes à me fournir un raisonnement convaincant, appuyé et réfléchi.
Une fois de plus, mon mentor m'opposait une vérité flagrante : je ne pourrais m'accomplir qu'en admettant et en portant le poids de mon passé, sans chercher à oublier, ou même à renier quoi que ce soit.

Certes, fuir le chagrin et mes souvenirs était plus simple, mais les endosser et les accepter me permettrait de combattre avec d'autant plus de ferveur. De comprendre le monde autour de moi, la Force aussi. J'étais prêt à tout pour devenir l'homme accompli que j'aspirais à être. J'avais la force requise pour affronter et défaire les autres Sith, les autres jedis auxquels j'avais été opposé. J'étais un être illuminé, capable de manipuler les objets qui m'entouraient, et désormais en partie les esprits que je côtoyais. Pourtant, je continuais à fuir ce qui faisait ce que j'étais. La chose qui me faisait le plus horreur, c'était moi-même, et mon histoire.

Je pris l'intime résolution que plus jamais je ne céderais à cette facilité. J'étais prêt à tous les sacrifices, mais aussi à ressentir le poids de ceux que j'avais déjà fait. Car je n'étais qu'à l'aube de ma vie de Sith, et des épreuves, j'en endurerais sans nul doute encore beaucoup. Mais je ne doutais pas que je saurais franchir tous les obstacles.

La comparaison que Darth Noctis faisait de notre ordre et de celui des jedis était quelque chose d'absolument inédit pour moi. Jamais un Seigneur Sith n'avait fait la critique de notre façon de considérer la Force, ou même simplement la vie en général.
Et bien que je rejoignais la vision de mon maître, convaincu comme je l'étais de l'impact que pouvaient avoir la confiance et la sollicitude, je doutais que celui-ci ne fasse jamais de croix sur quoi que ce soit. La vie des êtres illuminés comme nous l'étions me paraissait nécessairement pleine de sacrifices.

-Alors vous pensez que nous ne devrions faire aucun renoncement maître ?

Je cherchais une meilleur façon de formuler mes doutes, alors je pris la décision d'étayer, quitte à en faire trop.

-Ne pas faire de concessions, comme par exemple s'accorder une vie de famille ? Une vie sentimentale ? J'ai toujours pensé que c'était en sacrifiant ce genre de choses que l'on pouvait progresser dans notre apprentissage.

La dernière remarque de mon maître m'avait cependant un peu froissé. Jusqu'à présent, j'avais toujours tenu à ne pas l'encombrer de paroles inutiles, et à ne pas l'embêter avec mes remords et autres états d'âme. J'étais toujours parvenu à dissimuler au mieux mes sentiments. Je n'avais pas besoin de confident, pas besoin d'amis. Pour désamorcer un peu cette réplique pesante, je me permis un petit trait d'ironie :

-Il est difficile de se faire des amis sur Korriban vous savez.

Je laissais apparaître un petit rictus, amusé de ma propre réplique. J'eus une pensée pour l'académie avant que Darth Laduim n'impose la "civilité" dans celle-ci. Autrement dit, l'académie dont on devait dégager les couloirs le soir venu car ceux-ci étaient obstrués par les corps. Puis, retrouvant mon sérieux, je répondais d'une mine grave au Seigneur Sith :

-Jamais je ne vous embarrasserais avec cela maître. Mes états d'âme ne regardent que moi. Tous ceux que j'aurais pu apparenter à des amis sont morts. Et excepté si vous me le demandez, je ne vous confierai aucun de ces sentiments.
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C’était que la sympathie de Darth Noctis avait en effet ses limites et que tout magnanime que le Seigneur pût être souvent avec ceux qui le servaient, son esprit dominateur, comme celui de n’importe quel Sith, transparaissait de temps à autre. Il se souciait sincèrement du bien-être de Syn et de ses progrès, mais il ne comptait pas s’improviser psychanalyste. Il y avait selon lui une différence importante et même nécessaire entre la relation qui unissait deux amis et celle d’un Maître à son Apprenti.

— Je ne doute pas que vous parviendrez à rencontrer des gens dans mon entourage. Tous mes fidèles ne sont pas aussi taciturnes que les sorciers siths que vous avez croisés aujourd’hui et, de mission en mission, d’entraînement en entraînement, vous finirez bien par trouver quelqu’un dont les dispositions répondent aux vôtres et avec qui vous n’entretenez pas l’une de ces relations hiérarchiques qui sont un obstacle insurmontable aux confidences trop sincères.

C’était une manière d’adoucir le refus préventif qu’il avait opposé à Syn, en soulignant les raisons qui le soutenaient.

— Quant à la vie de famille, ma foi, Odium a deux filles qui sont devenues des guerrières, et leur place à elles dans l’Empire renforce sa place à lui. C’est une manière pour ainsi dire féodale de construire sa puissance, de s’assurer des soutiens immédiats et presque toujours infaillibles, et c’est une manière qui me semble excellente. Évidemment, c’est aussi une manière de s’exposer à des kidnappings, des demandes de rançon, des peines nouvelles, mais toute arme a deux tranchants et la première chose que l’on apprend au sabre laser, n’est-ce pas qu’il peut d’abord nous trancher nos propres bras ?

Il n’y avait pas d’instrument parfait et, pour Noctis, les choix existentiels relevaient d’un équilibre des forces et des faiblesses. Lui-même n’avait pas d’enfant, tout du moins pas à sa connaissance, mais c’était seulement parce qu’il ne se croyait pas la patience de former un esprit qui ne contenait rien d’abord et qui aurait dépendu entièrement de lui. Ce qu’il appréciait chez Syn, par exemple, c’était d’avoir affaire à un adulte déjà complexe et libre, chez qui ses propres conseils trouvaient vite leur sens.

— Quant à la vie sentimentale… Ma foi, c’est un sujet sensible et vous n’avez pas peur de mettre les pieds dans le plat.

Noctis adressa un sourire amusé à Syn. Les amours de l’Hapien étaient l’objet de constantes rumeurs au sein de l’Empire, en tout cas dans les cercles siths, et ces rumeurs-là étaient rarement favorables. On considérait en général que les amants que le Sith collectionnait d’un bout à l’autre de la Galaxie, et pour lesquels on se rendait vite compte qu’il éprouvait une passion véritable, étaient sa principale faiblesse.

— Vous connaissez ma réputation. Vous savez peut-être qu’il m’arrive parfois de laisser tomber les grands projets pour aller sauver quelque joli garçon en difficulté dans tel ou tel bouge hutt. Et sans doute, si j’avais sacrifié cette passion pour me concentrer uniquement sur la politique, j’aurais écarté de mon chemin bien des pièges et bien des obstacles. Sans doute, si j’avais choisi de ne jamais assouvir mes désirs, bien des généraux impériaux ne me considéreraient pas comme un homosexuel faible et incompétent.

Les militaires homophobes utilisaient sans doute des termes sensiblement plus désobligeants pour désigner le Seigneur Sith.

— Et ce sont de vraies faiblesses. Que j’essaie de considérer lucidement. Mais il est vrai aussi que sans ces passions, je ne serais pas aussi… Hé bien, par exemple, obnubilé par ma beauté, et sans cette obsession, je ne rechercherai pas la jouvence éternelle, et sans cette jouvence, beaucoup de ma connaissance de la Force, de la vie, de la manière de se l’approprier et de la manipuler, ne me serait jamais venue. Sans cette obsession, moi qui suis peu adepte du sabre laser, je ne m’astreindrais peut-être pas à des exercices physiques qui sont d’abord pour moi des outils de sculpture personnels mais qui ne m’en gardent pas moins en excellente santé.

La lucidité sans concession dont Noctis faisait preuve envers lui-même, il la devait très probablement à l’entraînement de Jedi, à ces séances d’introspection où les Padawans et les Chevaliers étaient invités à observer honnêtement leurs défauts pour se réformer. C’était l’une des habitudes qu’il avait gardée de l’Ordre et il l’estimait en effet très utile. La première des forces, c’était bien de connaître ses faiblesses.

— Et de la même manière un Sith qui aurait de la passion pour l’argent serait bien forcé de développer toutes les connaissances qui permettent de l’obtenir, et les intuitions de Force qui assurent de faire les bons placements et les bons investissements. Les goûts et les inclinations sont des chemins sûrs vers l’excellence pour les âmes dont le tempérament est solide.

Mais Syn avait vu Noctis s’empoisonner lui-même, il avait entendu le Sith se lever tous les matins avant l’aurore, pendant les quelques jours où il avait vécu sur son toit, et s’astreindre à des exercices de toute sorte : c’était bien que l’Hapien ne préconisait pas une vie de complaisance et de facilité. Il y avait même une sorte d’exigence supérieure dans la manière dont il conseillait de suivre ses passions. De la même manière qu’il n’était pas un coureur de pantalons comme les autres, mais un sorcier qui déployait ses pouvoirs pour s’assurer une séduction surhumaine, au prix d’interminables heures d’études et d’entraînement, l’appât du gain prenait dans son exemple les allures d’une dévotion quasi mystique et scientifique à l’économie et à la Force.

— Qu’aimez-vous, vous ? Où sont vos plaisirs, où sont vos passions ? C’est d’abord en reconnaissant les appels de votre âme que vous pourrez dessiner le chemin qui y conduit, le vrai chemin, celui qui ne sera pas fait de facilités et de plaisirs médiocres, mais d’excellence personnel. C’est une vérité toute simple, après tout : quel enfant étudie correctement ce qu’il n’apprend que par dégoût et à force de sacrifices, plutôt que ce qui le passionne sincèrement ? Et ainsi, nous sommes tous les enfants de nous-mêmes.
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Jamais je n'avais considéré que ce que je considérais comme des faiblesses puissent être en réalité des armes à double tranchant. Pourtant, cela n'avait rien d'inadmissible. J'avais été témoin du prestige témoigné à Darth Odium lors de l'accession de ses filles au rang de guerrières Sith. De plus, j'avais déjà vu la ferveur de certains jedi à défendre des êtres chers à leurs yeux. J'avais moi-même pensé à maintes reprises que ce qui me rendait si fort, c'était mes idéaux, la cause que je défendais. Pourquoi n'en aurait-il pas été de même envers d'autres personnes physiques ? Si j'avais pu défendre Léo, sans doute aurais-je été prêt à m'opposer à un bataillon entier.

Mon maître avait raison, une fois de plus. Après tout, j'avais sans doute évité de me lancer dans ce genre de passions avant tout par confort. Par peur du rejet, de l'abandon. Mais si je m'étais fait des amis, je serais davantage heureux. Et ce serait sans doute pour préserver ce bonheur que j'aurais affuté mes crocs. Il y avait bien des façons différentes de considérer des projets sentimentaux. La lecture que l'on faisait trop souvent de ce type de relations à l'académie était qu'elles émoussaient les lames et les esprits. Pourtant, après y avoir réfléchi un instant avec un professeur dont la lecture était différente, il était évident que des sentiments autres que la colère et la violence avaient eux aussi leurs arguments. Là encore, peut-être était il temps de me dispenser de ma petite bulle de confort haineux.

Je rendis son sourire à mon maître lorsqu'il évoqua ses passions amoureuses. Effectivement, j'avais manqué de tact. Après m'être un peu renseigné à son sujet, il était vite apparu que mon mentor était réputé pour être un coureur d'hommes. Mais qu'y avait-il de mal à cela ? Cela ne l'empêchait manifestement pas d'avoir autant de fidèles que bon lui semblait, et j'aurais aimé voir ses détracteurs face à lui l'arme à la main. Quelque chose me disait qu'ils auraient fait pâle figure.
La vision que mon maître avait de lui-même était anormalement humble, pour un Sith. Jamais je n'avais auparavant entendu un membre de notre ordre, qui plus est de son rang, faire sa propre critique. Pourtant, lui y parvenait, et en dégageait certaines autres qualités, le tout dans un cheminement logique.

Après tout, ne pouvais-je pas faire ma critique d'une manière similaire ? J'étais orgueilleux, bien souvent insolent. Mais n'avais-je pas repoussé mes limites grâce à cela ? Jamais je n'avais combattu aussi farouchement que pour défendre mon nom. Jamais je n'avais autant brillé qu'en m'opposant à des adversaires dont le rang était supérieur au mien. De défauts étaient née des actes de bravoure, qui m'avaient permis d'atteindre l'homme que j'étais.
Je grinçais un peu des dents lorsque mon mentor évoqua ces impertinents généraux impériaux. Je savais que ces derniers n'étaient pas avares de critiques face aux Sith, pour en être moi-même régulièrement la cible, sinon de leurs commentaires désobligeants, au moins de leur mépris dû à mon statut d'apprenti.

-Je défie vos détracteurs d'atteindre votre renommée maître. Et je défie quiconque de vous insulter en ma présence, ne puis-je m'empêcher de commenter.

J'étais déjà redevable envers ce Seigneur Sith, le premier à me prendre sous son aile depuis des années. Comme il l'avait souligné plus tôt en évoquant la capitaine, j'avais déjà contracter une loyauté. Et je ne faisais jamais rien à moitié. Peut-être était-ce encore là un de mes défauts : ne jamais faire de concessions. C'était d'ailleurs là aussi une preuve de ma fierté : je ne tolérais pas que l'on puisse salir le nom de mon maître, car par extension, cela aurait déteint sur le mien.

Je réfléchis un instant à ce que je pouvais aimer. Quelle discipline je pouvais apprécier outre mesure. La réponse me vint naturellement, bien qu'elle fut en partie basée sur une contradiction :

-Je vous ai dit auparavant que je n'aimais pas me battre. C'est faux. Je n'aime pas blesser inutilement. Mais ce que j'aime par dessus tout, c'est la victoire. Lorsque celle-ci est humble. Il n'y a rien que je n'aime plus que de ranger mon sabre après avoir défait mon adversaire. Dans ces moments là, j'aime sentir l'adrénaline redescendre, le plaisir de l'accomplissement.

Mon mentor n'étant pas un bretteur, je doutais qu'il puisse comprendre ce que j'éprouvais. Aussi, je tâchais de lui faire part d'un autre sentiment que j'affectionnais outre mesure, et qui pouvait avoir un écho chez lui :

-J'aime, lorsque je vaincs, accabler mon adversaire. Non pas avec tyrannie, mais avec respect. J'aime lui avoir prouvé ma valeur, avoir défait l'image qu'il se faisait de moi. J'aime penser qu'il aura retenu mon nom, ou, s'il est mort, que d'autres le retiendront pour lui.
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Syn venait d’exposer sa passion personnelle mais ils furent interrompus par quelques coups frappés presque timidement à la porte de la cabine.

— Entrez, lança le Seigneur Sith.

Une humaine d’une vingtaine d’années, avec des cheveux violets dressés en couettes et de nombreux piercings, fit son apparition dans la petite chambre.

— Alors ?
— Ça roule. Tranquille.

La jeune femme se pencha au-dessus du bureau pour glisser une puce dans le lecteur holographique et, bientôt, une représentation tridimensionnelle de la lune qu’ils venaient de quitter s’afficha au-dessus du meuble. On en voyait surtout l’atmosphère et des flèches colorées illustraient ce qui était, de toute évidence, le processus de dispersion du milla.

— Y a quelques corrections à faire, on a sous-estimé le rôle de la biomasse forestière dans la modification de la basse atmosphère, faudra même deux ou trois biologistes sur le coup, mais ça reste largement dans nos paramètres prévus.
— Et la faune ?
— Pas affectée de manière préoccupante mais faudra quand même faire quelques tests de labos, histoire d’être systématiques et de couvrir au moins une partie substantielle des arbres phylogénétiques.

Tout ce vocabulaire, Noctis avait fini par l’assimiler, à force de fréquenter des scientifiques, et même s’il n’était jamais certain de ce que ces expériences impliquaient précisément, dans le détail de leur technique, il avait au moins une idée générale de l’intérêt qu’elles revêtaient pour la réussite d’ensemble du plan.

— Par contre, c't'un peu une bonne et une mauvaise nouvelle, vous voyez, fit remarquer la jeune femme, qui ne craignait pas apparemment d’être un oiseau de mauvais augure.

C’était que la tolérance et la patience dont Noctis faisait preuve avec ses fidèles avait une vertu essentielle : elles les disposaient à se montrer honnêtes avec lui et à ne pas cultiver ces mensonges prudents qui étaient la spécialité de certains Acolytes craignant qu’un problème ne conduise leur maître mécontent à les décapiter.

Le Sith interrogea la scientifique du regard.

— Si les animaux sont pas très réceptifs, y a des chances que plus on s’éloigne des espèces humaines, moins notre solution sera efficace. Y a toujours la possibilité d’utiliser du milla pur, qui a l’air de marcher sur un peu tout le monde, mais…
— … mais il se disperse mal dans l’atmosphère.

La jeune femme confirma d’un signe de tête. L’Hapien resta un moment pensif avant de décréter :

— Inutile de s’alarmer sans avoir de plus amples informations. Dès que la délégation diplomatique sera revenue, nous repartirons sur Dromund Kaas et les tests complémentaires nous permettront de voir où on en est. Pour l’heure, félicitations, Rakkia.
— Merci, boss.

C’était peut-être familier mais au ton de la jeune femme, on pouvait deviner le respect qu’elle éprouvait pour Noctis. Il lui adressa un signe de tête, elle lui décocha un sourire, avant d’en offrir un autre à Syn et de s’éclipser, prête à organiser la suite des opérations. Quand la porte se fut refermée derrière elle, Noctis quitta sa chaise.

— Le plaisir de la reconnaissance est une puissance motivation, reprit-il, comme s’ils n’avaient pas été interrompus. Et c’est prestige que je ne suis pas opposé à ce que vous recherchiez, bien au contraire. Je vous avoue même que si vous éprouviez de l’intérêt pour les opérations militaires en cours, au point de vouloir m’y représenter et vous illustrer aussi en votre nom propre, ce me serait bien utile.

Les mains croisées derrière le dos, Noctis s’était approché du petit hublot par lequel il pouvait observer le système composé de la planète et de ses lunes.

— Je vois beaucoup de choses à travers mes missions diplomatiques mais naturellement une partie des opérations militaires tend à m’échapper. Mon manque d’intérêt personnel pour la chose n’aide en rien mais votre goût de la victoire personnelle pourrait le pallier. Je suppose qu’il ne serait pas difficile de vous faire confier une… Je ne sais pas. Escouade ? Garnison ? Troupe ? Quelque chose d’assez significatif pour que vous puissiez vous rendre plus qu’utile à l’Empire : presque nécessaire dans certaines opérations. Et qui vous permette de vous faire un nom. Les décorations, les victoires, les honneurs, ce ne sont pas des choses à mépriser, quand on les apprécie : c’est une récompense et les récompenses sont les signes extérieurs de notre valeur.
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Alors que mon maître s'apprêtait à me répondre, nous fûmes interrompus par une humaine un peu plus jeune que moi, manifestement scientifique, dont le style et la façon de s'exprimer, si peu courants et tranchant particulièrement dans les circonstances qui étaient les siennes, me plurent. J'adorais les femmes de caractère.

Mais ce genre de réflexions étaient totalement hors sujet, aussi, je chassais ces pensées le plus vite possible de mon esprit. Je tâchais de comprendre ce que je devinais être les résultats de l'expérience menée plus tôt sur la lune. Ce qui m'avait pourtant eu l'air concluant semblait ne pas être si rose que cela. Je fus d'ailleurs surpris de comprendre que mon maître cherchait également à ce que le milla rende plus docile la faune. Pouvait-il aussi influencer la faune ?
L'arme biologique prenait à mes yeux une ampleur encore plus grande. S'il devenait possible de contrôler la faune d'une planète pour la jeter contre les hordes ennemies, alors des planètes comme Félucia revêtait un intérêt tout nouveau pour l'Empire. Je me voyais déjà lancer des légions de rancor rendus docile grâce au milla face à des troupes républicaines désœuvrées.

Une fois le rapport fini, la jeune femme se retira en m'adressant un sourire. Nouvelle pensée coupable : elle était définitivement tout à fait mon genre. Darth Noctis avait raison, il était plus que possible que je m'épanouisse au-delà de ce que j'avais imaginé en entrant à son service. Outre ces pulsions presque bestiales, je notais qu'il me serait bénéfique de m'attirer les faveurs de scientifiques. Pourquoi de tels individus ne m'aideraient-ils pas à concevoir un sabre laser plus performant ? Une armure bien au-delà de ce que j'avais pu concevoir jusqu'à présent. Je devrais soumettre l'idée à mon maître...

Mais avant que je ne puisse formuler cette suggestion, celui-ci me fit l'honneur d'évoquer d'éventuelles troupes que je pourrais mener pour le servir. Quel privilège ce serait ! Depuis quelques années, j'avais évolué parmi les soldats. Et bien que les généraux me méprisaient, j'avais su entretenir avec les fantassins une relation de profond respect. Jamais aucun supérieur ne les avait traité avec autant d'intelligence et d'humanité que moi. Mon sens martial s'était développé au-delà de ma propre personne, et ne demandait qu'à s'étendre encore :

-Ce serait pour moi un honneur que de vous représenter au front mon maître.

Jamais personne ne m'avait fait une telle suggestion. Jusqu'à présent, je n'avais toujours été que le petit soldat de plomb, que l'on envoyait au front sans vraie ambition, en attendant qu'il fasse un carnage et rentre sagement à la caverne. Là, mon mentor parlait de me confier de véritables responsabilités, de me donner une chance de m'illustrer.

-Autant vous le dire, je suis encore trop expérimenté pour diriger un groupe conséquent. Mais peut-être avez-vous parmi vos fidèles certains acolytes présentent un potentiel au combat ? En infiltration ou en assassinat ? Avec quelques mois, tout au plus une ou deux années, je serais capable de former une petite escouade. Ce serait pour moi un privilège maître. Je suis sûr que je saurais mettre ce genre de talents à profit, pour peu que vous m'accordiez votre confiance. S'il le faut, je suis prêt à sacrifier mes jours et mes nuits pour parfaire ma formation tout en servant vos projets.
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De la surface de la planète, ce qui n’avait été d’abord qu’un point imperceptible grossissait : c’était la silhouette de la navette diplomatique qui revenait au croiseur. Noctis était curieux de savoir si cette mission qui n’avait été en vérité qu’un alabi n’avait pas malgré tout porté quelque fruit intéressant. Après l’avoir observé un moment, il se retourna vers Syn et confirma :

— J’ai quelques exécutants en effet, qui me servent pour des missions particulières, mais ils opèrent généralement seuls. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas parmi eux des hommes et des femmes capables de s’entendre dans un groupe et si vous vous sentez l’âme pédagogique, il pourrait être opportun en effet de constituer un commando.

Même s’il ne s’impliquait guère dans les affaires militaires, la situation de la Galaxie ne lui en laissait pas toujours le choix et, depuis quelques mois, Noctis avait beaucoup réfléchi à la meilleure manière de s’associer à l’Armée Impériale, au-delà des quelques officiers qui lui étaient acquis. Créer une unité de forces spéciales comme le proposait Syn était vraisemblablement l’un des moyens les plus simples et les moins coûteux.

— C’est Darth Venenous, poursuivit-il, en évoquant sous ce nom Ana Su, l’Inquisitrice que Syn avait déjà rencontrée par deux fois, qui se charge en général des recrutements de ce genre, parce qu’elle a l’œil sûr, et de la formation, mais si elle pouvait être déchargée par là même d’une partie de ces responsabilités, ce ne serait pas un mal. Elle a beaucoup affaire avec les multiples tentatives d’assassinat dont je suis ces temps-ci victime.

Il avait évoqué cette réalité sinistre de l’Empire Sith d’un ton tranquille, parce qu’il avait fini par s’y habituer. C’était un risque inhérent à la position de Seigner Sith, et plus encore quand on prônait une ligne politique sensiblement différente de celle embrassée par la majorité. L’instabilité du pouvoir impérial n’arrangeait rien à l’affaire : tous les Seigneurs Siths se regardaient un chien de faïence et certains s’empressaient de tenter d’éliminer la concurrence.

Quelques semaines plus tôt, sur les terres de Darth Nero, quelqu’un avait ainsi tenter de l’empoisonner.

— Il faudra voir avec elle si elle a quelques recrues à vous conseiller. Je crains que Venenous ne soit pas d’un abord très facile mais c’est une fidèle parmi les fidèles et elle aime l’efficacité. À défaut de vous entendre sur le plan personnel, je doute que vous ayez beaucoup de mal à collaborer.

L’Inquisitrice, une ancienne Ombre Jedi corrompue par l’Hapien, était principalement chargée de maintenir l’ordre au sein de l’organisation de Darth Noctis et c’était un rôle qu’elle remplissait à l’excellence. Par conséquent, elle était souvent isolée et peu populaire. Elle en avait achevé de développer un caractère très réservé mais elle restait une figure incontournable de l’entourage du Seigneur.

— On vous communiquera la liste de nos planètes d’arrière-pays relativement tranquilles et aux paysages variés qui pourraient fournir d’excellentes bases d’entraînement et vous choisirez celle sur laquelle il vous semblera le plus propice d’installer l’opération.

Une nouvelle fois, ils furent interrompus par quelqu’un qui frappait à la porte. De toute évidence, le Seigneur avait imposé le contact personnel comme une habitude plutôt que les communications par comlink. La porte s’ouvrit et un lieutenant de de la capitaine annonça :

— La mission diplomatique est revenue, Seigneur, et nous sommes prêts à passer en hyperespace.

Noctis approuva d’un hochement de tête et le jeune homme se retira pour regagner le pont.

— Bien, je vais m’entretenir avec nos diplomates mais ça ne risque pas d’être très palpitant. Si vous voulez en profiter pour vous reposer dans votre cabine ou éplucher les profils de nos assassins et des acolytes combattants repérés par Venenous, vous devriez pouvoir trouver ça sur votre console. Ah, oui. Si c’est possible, essayez de composer une équipe variée, du point de vue des espèces. L’Armée Impériale a parfois des habitudes un peu sectaires dont je crains qu’elles ne finissent par être problématiques.

Pour sa part, Noctis essayait de s’abstraire du racisme, même s’il fallait bien avouer que les Proche-Humains, qui répondaient le mieux à ses canons de beauté, étaient très nombreux dans l’entourage du Seigneur Sith. Il avait bien conscience de son racisme latent et il essayait de le combattre en lui-même comme il le pouvait, persuadé que l’avenir stratégique de l’Empire serait toujours dans la diversité.
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J'était flatté que mon mentor soit prêt à m'accorder une telle confiance. Je ferais tout ce qui était en mon pouvoir pour honorer cette confiance. J'étais convaincu de pouvoir trouver de jeunes hommes et de jeunes femmes avides de faire leurs preuves parmi tous les fidèles de Noctis.
J'avais sûrement beaucoup à apprendre à des fantassins. Si en effet, ma formation de Sith, en terme d'affinité avec la Force laissait à désirer, je pouvais sans nul doute ma targuer d'être l'un des meilleurs combattants de l'ordre. J'avais reçu une instruction militaire très jeune, instruction prodiguée à une classe d'enfants comme je l'étais alors. J'avais déjà pu observer les moyens que l'on employait pour former des novices au combat. Certes, mes professeurs avaient été violents et abusifs, mais j'étais persuadé de pouvoir enseigner d'une façon qui ne soit ni tyrannique, ni oppressive. Je serais sans nul doute meilleur pédagogue que ceux qui m'avaient appris à tuer.

Je songeais aussi à tous mes camarades coincés comme je l'avais si longtemps été sur Korriban. Nombre d'entre eux tueraient jusqu'à leur propre mère pour avoir une chance de se démarquer. Depuis que Darth Laduim avait proscrit le meurtre, tuer d'autres apprentis, comme j'avais pu le faire était proscrit, ce qui empêchait les plus grand combattants d'émerger de cette masse bruyante en faisant couler le sang.

Je notais donc dans un coin de mon esprit le nom de Darth Venenous, avec laquelle je m'entretiendrais au plus vite afin de partager avec elle quant aux profils qui pourraient coller avec mon projet. Peu m'importait qu'elle soit aimable ou non. Ce qui comptait, c'était surtout qu'elle m'aide dans mon entreprise.

Je compris qu'il était temps que je laisse là mon maître. Je comptais bien le soir même commencer à poser les premières pierres qui me permettraient de fonder un projet cohérent, qui aurait la chance de durer dans le temps. La dernière instruction de mon maître entrait une fois de plus avec les conseils qu'il m'avait prodigué plus tôt : l'armée impériale ayant la fâcheuse tendance à ne pas recruter d'une façon diversifiée ethniquement parlant, elle ne laissait pas sa chance à un certains nombres d'éléments prometteurs. Leur accorder une de ces chances en ferait avec certitude des acolytes loyaux, à mon maître d'abord, pourquoi pas à moi ensuite.

-Dans ce cas, je me permets de me retirer maître. Je vais étudier les profils d'éléments qui pourraient convenir à notre projet. Je contacterai dès demain Darth Venenous. Faites moi quérir si je peux vous être utile. Lorsqu'il s'agit de vous servir, je suis toujours disponible. A bientôt maître, lui adressai je avant de me lever.

Sur ces derniers mots, je tournai les talons, et quittai les appartements de mon maître. Une fois dehors, je retrouvai un fidèle de mon maître, un adolescent vêtu d'une bure bien trop épaisse pour son petit gabarit, dont la capuche laissai deviner une peau d'un blanc laiteux et de grands yeux noirs. Sans doute un arkanien, pensai-je. Celui-ci m'invita à le suivre jusqu'à mes appartements.

Ma cabine était assez étroite, semblable de par sa simplicité à la chambre que j'avais occupée sur Dromund Kaas. Un petit bureau me permit d'éplucher certains profils, mais rien qui puisse retenir mon attention. Sans l'aide précieuse de la fameuse Darth Venenous, mon entreprise était similaire au fait de chercher une aiguille dans une botte de foin. Finalement accablé par la fatigue, je ne tardais pas à m'endormir. Mes dernières pensées furent, c'est assez incroyable pour le noter, pleines d'espoir.
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