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Gérer une entreprise avait toujours été une tâche compliquée. Le PDG d'Harmonia, Kire Monger pouvait en témoigner. Cette entreprise de Naboo, spécialisée dans la botanique à diverses desseins, notamment la culture des fleurs de Milla, venait en effet de traverser des heures bien sombres.
Tout avait commencé par la destruction d'un hangar essentiel à la production d'une majorité des parties annexes de son patrimoine agricole. Ce hangar, contenant une grande partie des machines et droïdes nécessaires à l'entretien des plantes bons marchés vendues par l'entreprise, avait hélas explosé. La police locale avait convenu qu'il s'agissait d'un accident. Malheureux accident qui obligea le PDG de l'entreprise à renvoyer une partie de son personnel pour éviter d'avoir à mettre la clef sous la porte, ou bien de vendre à perte sa denrée la plus précieuse, qui avait fait le prestige de l'entreprise : les fleurs de Milla.

La machine syndicale se mit alors en route : finement huilée par le leader du syndicat, exemple de dévotion qui, alors qu'il n'était pas concerné par le renvoi de ses camarades, fut pris d'un intérêt soudain pour ces derniers. Les grèves s'enchaînèrent, creusant un peu plus le déficit d' Harmonia. Les responsables dénonçaient ainsi l'inhumanité de la façon dont était traité certains des employés ainsi renvoyés, sacrifiés par les patrons avares qui préféraient préserver intact le prix des fleurs de Milla.
Or, plus les grèves s'enchaînaient, plus l'administration licenciait à tour de bras. La situation dégénéra lorsque l'un des principaux actionnaires d'Harmonia fut retrouvé assassiné, un couteau de cuisine plongé dans son crâne. Fort heureusement, la police locale parvint là aussi à retrouver le coupable et à le jeter en prison, bien que ce dernier ne cessa de clamer son innocence, faisant fi du fait que ses empreintes se trouvaient sur l'arme du crime.

L'entreprise fut salie dans sa réputation. Ses ventes s'effondraient de plus en plus. Pourtant, rien à faire, les actionnaires ne parvenaient pas à se résoudre à vendre les fleurs de Mila, bien que le prix de vente de celles-ci, qui aurait été nécessaire à la survie de l'entreprise continue de chuter.
Bientôt, les bâtiments administratifs furent vides. Vides puis sabotés, avec pour responsables tous désignés les anciens ouvriers. Le leader du syndicat s'était retiré de la lutte ouvrière, ayant subitement mis la main sur une somme non négligeable. Personne ne sut cependant ce qu'il était devenu, et curieusement, après qu'il eût quitté la ville, il cessa de donner la moindre nouvelle...

Trois mois après le malheureux accident, Monger fut contraint de liquider ses stocks de fleurs de Milla, après avoir reçu une offre alléchante, qui lui permettait de rebondir sans sombrer dans la misère. Quelle chance alors !
C'est ainsi qu'après un peu plus d'un trimestre passé sur Naboo, j'embarquai dans un vaisseau cargo chargé de conteneurs débordant de fleurs de Milla. Après plusieurs escales sur des systèmes éloignés, la marchandise et moi-même atterrirent sur Dromund Kaas dans un hangar détenu par Darth Noctis.

Ma mission était un franc succès. Quelques crédits glissés dans les poches des forces de l'ordre et d'un syndicaliste véreux, un hangar explosé, un petit incendie et un pourri assassiné m'avaient suffi à servir mes desseins. Je descendis enfin du cargo, fier, victorieux. Ne voulant pas m'en éloigner avant que mon employeur n'ait constaté mon succès, je demeurai près du vaisseau, tentant de cacher au mieux mon impatience derrière mon casque.
Absalom Thorn
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— Bien.

C’était Ana Su, l’Inquistrice, qui avait finalement passé la porte secondaire du hangar, dans un speeder deux places, et qui avait jeté un œil au cargo, avant de jauger Syn. Sans surprise, la femme n’avait pas le compliment facile mais, au moins, il était sincère.

— Nous avons pu acquérir les derniers actifs d’Harmonia et nous mettrons cette première cargaison à bon escient.

Déjà, des droïdes s’activaient autour du vaisseau. L’entreprise que Noctis avait pu récupérer pour une bouchée de pain resterait un moment en sommeil, le temps des réparations et des restructurations mais, dans quelques saisons, les fleurs de Milla seraient à nouveau récoltées avec toute la régularité souhaitable et d’autres cargaisons suivraient la première, qui avait accompagné Syn.

— Il vous attend aux sources.

Le trajet en speeder n’eut rien de bien agréable : entre le ciel toujours sombre de Dromund Kaas, zébré perpétuellement par des éclairs inquiétants, et le laconisme de l’Inquisitrice, qui ne prononçait jamais un mot de trop, Syn fut laissé à ses pensées ou à la contemplation de l’architecture parfois inquiétante de la capitale sith. Noctis n’avait lui-même aucune tendresse pour cette planète qu’il jugeait désolée et même assez laide. Seule la nécessité de veiller parfois à ses relations politiques et, le cas échéant, de puiser dans un espace imbibé du Côté Obscur, le poussait de temps à autre à y accomplir un pèlerinage de quelques jours.

La dernière fois qu’il y avait mis le pied, quelques mois plus tôt, c’était pour s’attirer les bonnes grâces d’un esclave de l’héritière présumée de l’Impératrice, une ressource qu’il n’était pas encore sûr d’employer un jour mais il était un homme de précaution. En tout cas, son dégoût de la planète ne l’avait pas empêché d’y acquérir quelques propriétés essentielles : un appartement, des hangars, un ou deux commerces dont il profitait en sous-main, et un ancien temple perdu dans une ruelle tortueuse au pied de la citadelle, dont les cryptes donnaient sur des sources chaudes.

Le speeder se posa sur le toit d’un bâtiment qui, de l’extérieur, ne se distinguait guère des autres immeubles pressés là les uns contre les autres. Mais plus Syn et Su descendirent les escaliers de pierre raides qui menaient du toit à la crypte, plus la présence de la Force devenait palpable. Ils parvinrent enfin à une porte de bois devant laquelle se tenait un sorcier sith, le visage entièrement dissimulé par une capuche : c’était l’un des fidèles de Noctis, qui le suivait depuis le rituel de Kano-IV.

L’homme n’émit qu’une série de cliquetis étranges, probablement insectoïdes.

— Vous devriez retirer votre casque.

C’était presque un conseil d’ami. Ana fit un signe de la tête au sorcier sith et la porte s’ouvrit toute seule, pressée par la télékinésie de la créature qui la gardait. De l’autre côté, c’était ce que l’Inquistrice avait appelé les sources. La caverne avait été creusée dans la roche de Dromund Kaas et les parois en avaient été sculptées en partie, mais pour l’essentiel, elle gardait l’aspect irrégulier de la pierre nue. Au centre de cette salle dépouillée, un bassin naturel bouillonnait comme une source thermale. Il régnait dans la pièce une atmosphère chaude et moite, qui montait à la tête.

La porte se referma dès que Syn eut franchi le seuil et l’Inquisitrice ne l’avait pas suivi. Il n’était pas seul cependant. Noctis était là, bien sûr, assis en tailleur à même la pierre, entièrement nu, les yeux fermés, le corps tremblant, couvert de sueur et de sang qui perlait à travers les pores de sa peau. Devant lui, une fiole vide était posé. Trois autres formes encapuchonnées attendaient sans bouger ni rien dire dans des coins de la caverne. On ne pouvait pas en être certain mais on avait bien l’impression que tous fixaient le Seigneur Sith.

Les paupières de celui-ci finirent par se soulever. Derrière, ses yeux étaient révulsés. Il poussa un long râle et parvint enfin à contrôler ses tremblements. Il cligna plusieurs fois des yeux et essuya la sueur de son front. Aussitôt, deux des sorciers mutiques se précipitèrent vers lui, pour l’aider à se relever. Sa nudité ne paraissait pas l’embarrasser et d’ailleurs, il n’aurait aucune raison d’en avoir honte, même quelque beauté surhumaine qui fût la sienne, son corps couvert de sueur ensanglanté avait quelque chose d’inquiétant.

— Votre mission, commença-t-il d’une voix encore faible, a été un succès et je vous en…

Toujours soutenu par les deux sorciers, il fut obligé de s’interrompre, avant de reprendre la parole :

— … félicite.

Noctis parvint à pénétrer dans le bassin où il se tint debout. Les sorciers le suivirent et, avec des coupes en étain, ils récupéraient l’eau des sources pour laver son corps.

Le Hapien fit un signe vers la fiole vide.

— Chaque poison est susceptible de trouver son maître.

Ainsi donc, il s’était empoisonné lui-même — et le poison, à en juger par les effets, avait dû être violent — pour entreprendre de se guérir, de surmonter la douleur et même la mort. Noctis avait beau ne pas être un combattant, il n’en ménageait pas pour autant son corps.

— Votre salaire vous attend sur un compte. Mais approchez-vous.

De toute façon, il ne comptait pas se rhabiller de sitôt.

— Je n’ai suivi vos exploits que de loin, j’en ai déduis je suppose l’essentiel, mais racontez-moi vos impressions sur cette mission. Je suis curieux de savoir ce que vous, vous avez éprouvé.
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Une nouvelle fois, ce fut la même femme qui vint à ma rencontre. Je hochai respectueusement la tête à chacune de ces déclarations, pour lui témoigner à la fois mon respect mais aussi la distance que je tenais à garder entre nous. Elle n'était jamais qu'un intermédiaire entre moi et le Seigneur Sith qu'elle servait, je voulais le lui faire comprendre implicitement. Elle n'avait pas autorité sur moi.

J'embarquai par la suite en sa compagnie à bord d'un speeder. Ce trajet me permit de m'y retrouver dans mes pensées, et d'entrer dans une sorte de contemplation. Après trois mois et quelque passés sur une planète aussi charmante que Naboo, je ne pouvais que constater à quel point Dromund Kaas était inhospitalière. Peut-être un jour les Sith n'auraient-ils plus à se terre dans des recoins aussi misérables. Lorsque nous aurions conquis la galaxie, nous pourrions peut-être nous établir sur des planètes comme l'étaient Naboo.
Je ne pus m'empêcher de me remémorer mes deux précédentes venues sur cette planète hideuses. D'abord, ma traversée de celle-ci avec Darth Anetherion, puis ma mise à l'épreuve par ce dernier au cours laquelle j'avais taillé en pièces des acolytes pour lui démontrer ma valeur. Ensuite, ma rencontre avec la Dame Noire, à laquelle j'avais prêté allégeance après qu'elle m'ait torturé et soumis. Autant de souvenirs violents qui me rappelaient avec aigreur tous les sacrifices que j'avais du faire, pour au final stagner dans une position inconfortable.

Je suivis la fameuse femme encapuchonnée jusqu'à l'entrée d'un bâtiment qui de l'extérieur, n'avait rien de particulier. Nous descendîmes une volée de marche de pierre, pour rejoindre une première salle gardée par une silhouette recouverte d'une bure noire comme la nuit, si épaisse que je ne distinguai rien en dessous, tout comme je ne compris son étrange façon de s'exprimer. Comme m'y invita la femme qui m'avait accueilli, j'enlevai mon casque, dévoilant une fois de plus mon visage, conservant mon heaume sous le bras.

Après avoir franchi une nouvelle porte, je pénétrai dans une salle sinistre, aussi bien imprégnée par une chaleur et une humidité pesante dans mon armure et ma bure, que par le côté obscur qui suintait de chaque pierre. Darth Noctis était assis là, plongé dans une transe intensive. Aussitôt après l'avoir aperçu, je posai le genou à terre, m'inclinant avec respect.

-Me voici devant vous Seigneur.

Je me relevai, et inspectai un peu mieux mon entourage. Trois nouveaux fidèles du Sith ne le quittaient pas des yeux, et je ne pus m'empêcher de constater que mon employeur était dans un état critique. Je fus saisi par l'inquiétude, effrayé à l'idée qu'il puisse être sur le point de céder sous je ne savais quelle pression exercée. Je ne parvins pas à dissimuler l'inquiétude sur mon visage, mais avant que je ne cède à cette angoisse, en rompant ainsi la distance respectueuse que j'avais mis entre nous pour tenter de lui venir en aide de quelque façon que ce soit, il rouvrit les yeux. Son état était déplorable, il suait sang et eau. Ses fidèles l'aidèrent à tenir debout, puis à rejoindre les eaux bouillonnantes derrière lui, s'affairant à le laver de cet effort.
Je ne pus m'empêcher de constater sa nudité, mais, à la fois pour ne pas être gêné et ne pas violer son intimité, le pourpre de mes yeux dans l'azur du sien, et tâchai de retrouver à nouveau mon impassibilité.

Je compris alors qu'il s'était empoisonné lui-même. Seul un homme d'une grande puissance dans la Force pouvait survivre à une telle épreuve. Il m'était moi-même arrivé, sur Hapès, de parvenir à me sortir d'une anesthésie. Une fois de plus, l'éminent Sith me démontrait que le fossé qui nous séparait était bien vaste. Ses compliments me flattèrent donc d'autant plus.
Je hochai la tête pour lui témoigner ma gratitude lorsqu'il évoqua ma récompense financière, puis m'approchai de lui, m'agenouillant devant le bassin. Mes deux genoux touchaient presque l'eau.

-J'ai semé la discorde parmi les employés de l'entreprise ciblée. J'ai joué sur la volonté de révolte qu'entretiennent les travailleurs de ces systèmes où règne la faiblesse. J'ai tranché certains fils sur lesquels es chefs comptaient pour faire avancer leur marionnette. Je crois avoir bien cerné les enjeux économiques de la mission. Cela faisait écho à ce dont nous avions parlé, au sujet de l'argent et de l'influence qu'il donnait sur les autres. J'ai fait de mon mieux pour cerner les personnes auxquelles j'étais confronté. La Force m'y a aidé. Mais cette réussite n'aurait pas été possible sans les moyens que vous m'avez accordé Seigneur. Là encore, vous m'avez prouvé que l'argent a un pouvoir corrupteur insoupçonné.

Je restais tout de même vague, ne voulant pas l'embarrasser plus que cela, car j'avais le sentiment que chacun de mes mots était un mot de trop, grossier et dispensable. Je voulais tout de même témoigner du fait que cette mission avait appuyé les dires du Seigneur Sith, et encore renforcer mon respect pour lui.
Absalom Thorn
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— Vous avez certainement prouvé votre intelligence et j’espère que vous vous êtes aussi prouvé à vous-même que vous êtes plus qu’un simple guerrier et évidemment plus qu’un vulgaire exécutant.

Tirer de la fierté du travail que l’on accomplissait et de ses propres talents, c’était une valeur importante aux yeux de Noctis, qui jugeait durement les exigences d’humilité de l’Ordre Jedi. Certainement, il avait gardé de son passage au sein des Temples la conviction qu’il importait de se méfier de son propre ego, un principe prudent qu’à vrai dire il ne s’appliquait pas toujours à lui-même, mais il estimait que chacun devait aussi savoir s’estimer, pour progresser.

— Relevez-vous.

Les deux sorciers passaient désormais des linges humides sur le corps du Seigneur Sith, dont la respiration était devenue petit à petit un peu plus régulière, même s’il paraissait encore pâle et fragile.

— Nous mettrons la cargaison que vous avez ramenée à bon usage. Ces fleurs sont de puissants psychotropes, qui peuvent provoquer bien des plaisirs et bien des tourments. Et si la Force est un instrument précieux pour agir sur les esprits, véritablement irremplaçable, il faut toujours s’assurer d’employer tous les outils que l’on a à sa disposition. Quelqu’un dont les pensées seraient ordinairement trop robustes pour plier peut s’avérer plus maniable une fois qu’il a humé les bonnes vapeurs.

L’un des sorciers se retira et l’autre se mit à genoux dans la source, laissant l’eau imbiber sa bure obscure. Il retira lentement sa capuche, pour révéler le visage d’un humain d’une quarantaine d’années, très massif, au crâne entièrement rasé et au visage couvert de tatouages typiques des sorciers siths. Noctis posa la main sur la tête de son fidèle acolyte et ferma les yeux.

Il ne fallut pas longtemps pour que ce qui se passait soit parfaitement clair : l’homme pâlissait à vue d’œil tandis que Noctis reprenait des couleurs. Le Seigneur Sith respirait à pleins poumons, absorbant la vie de sa victime volontaire, qui continuait à lever vers lui des yeux pleins d’une dévotion fanatique. Et juste au moment où l’homme perdait conscience, au lieu de le tuer, Noctis retira sa main. Le sorcier en bure s’effondra dans l’eau et les deux autres accoururent pour l’en tirer.

Il survivrait probablement, grâce au repos, et il était même évident qu’il avait l’habitude d’offrir en sacrifice son énergie pour son Seigneur. Noctis quitta le bassin.

— Suivez moi.

Il se dirigea vers le fond de la grotte. En s’approchant, on pouvait constater que, dans l’obscurité, il y avait en réalité l’ouverture d’une galerie, qui serpentait sous la ville, jusqu’à gagner les appartements du Seigneur. Toujours nu, il ouvrit la marche, et on ne pouvait douter qu’il avait l’habitude de circuler ainsi au milieu de ses fidèles dans son plus simple appareil.

— J’ai racheté Harmonia, dont le cours des actions s’était effondré, et j’ai commencé une lente restructuration, qui permettra à terme d’exploiter à nouveau les récoltes et d’assurer un approvisionnement régulier. Pour une bonne partie, ces transactions seront d’ailleurs parfaitement légales et légitimes. L’économie de la galaxie est comme un vaste écosystème et il faut s’efforcer d’en devenir un acteur essentiel. De la sorte, quelque différent idéologique que les gens puissent avoir avec vous, ils dépendent sinon de votre bon vouloir, du moins de votre volonté de trouver un compromis, même pendant les crises.

Ces explications somme toute superflues suggéraient bien que le succès de Syn lui avait attiré les bonnes grâces du Seigneur Sith et que celui-ci comptait parfaire son instruction. Pendant qu’il exposait ainsi ces quelques préceptes fondamentaux, il guidait l’humain dans un couloir rocheux tout en tours et détours, où la marche était souvent interrompue par une volée de marches.

Bientôt cependant, il poussa une porte de bois, qui s’avéra être le dos d’une bibliothèque, et ils pénétrèrent dans le petit bureau de ses appartements. Sur Dromund Kaas, le logement de Noctis était plus modeste que sur Korriban : un étage de plain pied seulement. Mais on y retrouvait tout ce dont Syn était déjà familier : les artefacts siths, les livres innombrables et, bien sûr, un jeune homme légèrement vêtu, occupé à se distraire avec quelque holojeu à la mode sur un datapad.

L’humain, qui ne devait pas avoir beaucoup plus de dix-neuf ans, leva les yeux vers Noctis.

— J’ai cru que t’allais jamais re…

Il s’interrompit en apercevant Syn, baissa les yeux aussitôt et rougit.

— Pardon.
— Tous ces livres à ta disposition, et toujours sur ton datapad, commenta le Seigneur de toute évidence un brin irrité.

Il commençait en effet à se lasser des passe-temps superficiels de son protégé du moment.

— Pardon, répéta le jeune homme.

Noctis fit un signe de la tête et l’ancien prostitué s’éclipsa, en fermant soigneusement la porte du bureau derrière lui. Le Sith attrapa un pantalon de toile légère posé sur le dossier d’une chaise et l’enfila pour seul vêtement, ce qui ne constituait guère qu’une pudeur légère par rapport à sa nudité. Il désigna d’un geste de la main un fauteuil à Syn et s’assit en face de lui, comme sur Korriban.

— Vous voulez peut-être retirer votre armure ? Ou vous restaurer ? SI mon jeune ami n’est pas très cultivé, il cuisine admirablement. Certainement, vous n’adoptez pas toujours cette rigueur militaire. Dites moi, qu’est-ce que fait l’homme sous le casque pour se délasser, une fois ses missions réussies ?
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Darth Noctis m'encourageait de nouveau, et chacun de ses mots était une parole d'évangile pour moi. Il y avait bien longtemps qu'un Seigneur Sith n'avait flatté mon ego. De plus, il était dans le vrai : cette mission m'avait fait du bien, m'avait prouvé que j'étais capable de comprendre des enjeux plus importants que le simple combat.
Je notais cependant enfin l'utilité des fleurs de Milla, que je n'avais même pas cherché à cerner au cours de mon voyage. Je pris cependant en considération les dires du hapien. Si jamais on cherchait à m'empoissonner avec une telle fleur, je saurais reconnaître son odeur ou encore sa couleur.

Lorsque le colosse d'une grâce toujours aussi remarquable se releva, je pus constater une preuve encore plus flagrante que la dévotion aveugle de ses disciples. L'un deux venait de servir sa propre énergie vitale sur un plateau d'argent. Je n'avais jamais constaté auparavant de telle fidélité. Les esclaves et acolytes craignaient et obéissaient à leurs maîtres, mais jamais je n'avais vu des fidèles donner de leur propre personne et ce, de leur propre initiative. C'était tout à fait inédit pour moi. Qu'est ce qui poussait ces hommes à risquer jusqu'à la mort pour s'attirer les bonnes grâces de leur maître ? Même Darth Ynnitach n'avait pas su imposer autant de rigueur et de fidélité à ses semblables. Sa première apprentie l'avait d'ailleurs trahie disait-on. Et aujourd'hui, une autre de ses apprenties dirigeaient l'Empire en son nom.
La présence d'une novice sur le trône semait la discorde. Bien que mes serments de fidélité lui revenaient par "héritage", je doutais qu'elle soit capable de faire preuve d'une force suffisante pour diriger l'Empire longtemps. Un homme comme Darth Noctis en serait-il capable lui ?

Une fois ces réflexions écartées, j'emboîtais le pas de mon hôte à travers un dédale de marches et de couloirs, tout en écoutant son analyse du pouvoir commercial et financier. Peut-être un jour aurais-je le privilège de mettre en œuvre ses conseils avisés. J'y voyais déjà les prémisses d'une formation intellectuelle et spirituelle, car il était indéniable que dans ces deux domaines, j'avais énormément à apprendre de mon aîné.
Nous parvînmes enfin à une nouvelle bibliothèque. Décidément, c'était une habitude ! Les lieux ne semblaient pas déborder de richesses outre mesure, mais étaient toujours finement décorés, chargés de toute l'expérience et de tout le savoir qui suintait de Darth Noctis. Nous croisâmes alors un garçon d'apparence plus jeune que moi, que mon hôte ne manqua pas de remettre à sa place. Je fus presque amusé de constater qu'il devait s'agir d'un de ses amants, comme je l'avais soupçonné sur Korriban, et que celui-ci savait qu'il ne devait pas pour autant se risquer à une certaine familiarité en présence d'invités.

Comme mon hôte m'y avait invité, je m'assis en face de lui, déposant mon casque entre mes deux pieds, la visière de ce dernier tourné vers le Seigneur Sith, comme si ce deuxième visage était lui aussi tourné vers lui. La question de mon employeur créa en moi un certain malaise, car je ne savais pas quoi lui répondre :

-Non merci Seigneur, je ne voudrais pas vous embarrasser. Je ne mange jamais pour mon plaisir. Et à dire vrai, je ne me délasse jamais vraiment. Je m'impose une certaine rigueur, qui ne me quitte pas car elle est intimement liée à une colère dont je ne me défais pas. Sans elle je ne suis plus grand chose, et elle me protège de mes vieux démons.

Car oui, rester renfermé sur ma propre colère jusqu'à ce que le sommeil m'emporte me permettait de ne pas être rattrapé par toute ma peine, toute ma souffrance. De la même manière que quitter mon armure me donnait le sentiment d'être bien plus vulnérable face à cet univers impitoyable. Et je n'étais pas parvenu à trouver une façon digne de mon hôte d'évoquer les esclaves Twi'Lek qui partageaient ma couche pour tromper mon ennui et soulager mes bas instincts.
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— Je vois.

En réalité, les expériences qui poussaient bien des personnes à rejoindre l’Empire Sith, les traumatismes de frustration, de colère, de perdition, étaient étrangères à Noctis. Il avait grandi au sein d’une famille aimante et fortunée puis mené une carrière brillante et reconnue au sein de l’Ordre Jedi. C’était tout autre chose qui l’avait poussé dans le Côté Obscur : la soif irrépressible de connaissance d’une part et d’autre part, ce que lui appelait l’amour et que d’autres auraient appelé une excessive passion charnelle.

Noctis aurait balayé des cités entières pour sauver un seul de ses amants et il avait sacrifié tout un continent pour mesurer la puissance d’un rituel et se plonger plus profondément dans le Côté Obscur. Ce qu’évoquait Syn lui était relativement étranger mais, s’il ne pouvait s’identifier, il n’en était pas pour autant incapable de concevoir ce que le jeune homme voulait dire.

— Les plaisirs sont un danger, c’est certain. Mais ils sont aussi une manière de se connaître soi-même. Les Jedis croient qu’un homme ne se révèle vraiment que lorsqu’il est privé de tout. Quand il dort sur une planche, quand il se revêt de laine grossière, quand il mange chichement et qu’il se dépossède de tous ses biens. Mais la vraie mesure d’un homme, ce n’est pas de surmonter l’adversité mais de survivre au luxe.

Voilà qui n’avait rien de très intuitif.

— Prenez, par exemple, ce qui distingue un grand Hutt d’un petit baron local. Le second a conquis sa petite fortune et il passera son temps aux jeux des arènes, avec ses esclaves, à se gaver, et tout entier absorbé par ces passions, il n’aura jamais ni la patience ni l’intelligence de s’étendre. Le premier connaitra peut-être les mêmes plaisirs mais, à chaque fois que les circonstances l’imposeront, il saura se retirer, méditer ses affaires, organiser ses trafics, se prémunir des manigances et continuer à prospérer.

Se comparer à un Hutt n’avait rien de très reluisant, surtout pour un être aussi obsédé par sa propre beauté que l’était Noctis, mais en vérité, le jeune Seigneur avait un respect certain pour les Hutts d’exception qui parvenaient à garder sous leur contrôle des secteurs peuplés de criminels, des dizaines de mondes parfaitement chaotiques en apparence, qui auraient désespéré bien des Siths.

— Et il en va ainsi des Siths. Il est aisé de résister à ce à quoi on ne s’expose jamais, plus ardu en revanche de ne pas se laisser distraire par les plaisirs. Mais les plaisirs sont aussi une finesse de l’âme. Une éducation à l’esthétique. Distinguer la gastronomie de la cuisine, la poésie du tout-venant, la beauté de la vulgarité, c’est acquérir un sens de la nuance qui permet de cerner ensuite les nuances de la Force. C’est une éducation à la délicatesse qui mène à la précision et à la rigueur. Mais surtout, surtout…

Noctis se fendit d’un sourire enjoué.

— … il faut savoir se reposer. Qui veut aller loin ménage son speeder. L’avenir appartient certes à ceux qui se lèvent tôt mais jamais à ceux qui ne dorment pas. Apprendre à se reposer sans apprendre à être paresseux, et à déguster sans être gourmand, voilà un exercice bien difficile.

Et après la démonstration qu’il venait de donner dans la crypte, on ne pouvait pas douter que Noctis pratiquât la discipline ascétique au moins autant que les raffinements du confort.

— Ceci n’étant pas pour dire que vous devriez dépenser tout votre salaire en bons repas et en femmes charmantes. Si j’étais vous, j’en investirais une bonne partie dans une petite affaire sûre bien protégée dans l’arrière-pays impérial, quelque chose qui n’aura pas un rendement financier très spectaculaire, mais qui sera constant et peu soumis aux aléas des marchés financiers. De l’agricole, de l’extraction de minerai, du carburant, quelque chose comme ça. C’est toujours une bonne manière de commencer.

Lui-même possédait des parts dans toutes sortes d’entreprises des plus banales, des sociétés sans histoire, qui constituait le socle solide de sa fortune.

— Mais c’est vous qui voyez, conclut le Seigneur. J’imagine de toute façon que je ne suis pas le premier à vous donner des conseils. Vous avez déjà eu quelqu’un pour veiller à votre formation, peut-être ? Un Maître ?

Noctis faisait la conversation d’un ton libre et tranquille, comme si Syn et lui étaient deux bonnes connaissances qui bavardaient autour d’un thé, mais il était évident que ses dernières questions étaient cruciales et, d’une certaine manière, prometteuses.
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Je n'avais jamais vu les choses d'une telle façon. Moi qui avais toujours vécu en m'imposant rigueur et violence, de peur de me ramollir, d'émousser le tranchant de ma lame, je n'avais jamais considéré que mener une vie plus profitable, sans pour autant céder à la facilité, pourrait me servir davantage. C'était logique pourtant. Je m'étais imposé de devenir un soldat. Un militaire. J'avais visé un excellence militaire, certes, mais je n'avais pas dépassé cette condition.

Lorsque Darth Noctis évoquait ainsi les plaisirs réservés aux personnes influentes, comme la nourriture ou la poésie, j'eus le sentiment qu'il m'invitait à m'ouvrir au monde. Cette idée me ramena face à certaines réalités, certaines questions que je fuyais depuis bien longtemps. Je regrettai souvent qu'on m'avait formé à n'être qu'une machine de guerre, pourtant, j'étais libres de mes choix et de mes mouvements depuis des années, et je m'étais contenté de ne rester que cela : un tueur impitoyable. Etais-je passé à côté de la vrai vie ? Avais-je le potentiel requis pour atteindre le niveau de raffinement et de spiritualité de mon hôte ?

Je n'interrompais jamais le hapien lorsque ce dernier commençait à parler. Jamais un Seigneur Sith ne s'était autant intéressé à moi. Pas même ceux qui m'avaient tendu la main. Tous était parvenu à s'approprier, à convaincre l'apprenti belliqueux. Mais pour l'heure, seul Darth Noctis était parvenu à gratter la peinture et atteindre l'homme sous l'armure. Ses conseils n'avaient pas seulement vocation à faire de moi un meilleur Sith, mais aussi à faire de moi un meilleur homme. Que l'on me témoigne un tel intérêt me rendait véritablement heureux. Je me sentis, sur ce canapé, dans un endroit où j'étais le bienvenu. Et c'était assez rare pour le noter.

Toujours dans cette démarche de me dispenser des conseils, Darth Noctis profita de mon soudain intérêt pour l'économie, forcé par le contexte de Naboo, pour me conseiller de monter une petite affaire légale, pour m'assurer une stabilité. C'était en effet une idée ravissante, qui me permettrait enfin d'être indépendant. Pourquoi ne pas monter une forge ? Moi qui avait toujours été passionné par les améliorations que j'apportais régulièrement à mes armures, pourquoi ne pas rendre cette obsession utile ? En vendant à des soldats impériaux ou à des chasseurs de prime, il y a avait de quoi bâtir un sympathique fond de commerce.

Vint enfin l'ultime question, concernant ma formation, et ceux qui l'avait ou non prise en charge. Je sentis mon pouls s'emballer. Il y avait un enjeu latent. Qu'il veuille ou non s'occuper personnellement de mon élévation au sein de l'Empire, mon hôte pouvait me faire progresser. Sur un ton qui lui témoignait toute ma confiance, avec une once d'intimité implicite, mais qui n'en demeurait pas moins solennel, je répondis finalement :

-Non Seigneur, vous n'êtes pas le premier. Mais jusqu'ici, les conseils de vos pairs me servaient à mieux tuer, pas à mieux vivre. Plus jeune, Darth Raventes m'a pris sous son aile. Mais elle a rapidement coupé les ponts avec l'Empire, et avec moi. Depuis, j'ai été contraint d'apprendre en autodidacte.
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Difficile de juger si ses prédécesseurs avaient manqué de perspicacité en n’accordant pas au jeune homme venu de Naboo une attention plus particulière. Noctis avait conscience de rencontrer Syn après bien des épreuves : l’Apprenti qu’il avait en face de lui était déjà un homme, qui avait pu réfléchir sur sa condition, sur ses gloires et sur ses défaits, et non un adolescent aveuglé par la rage, qui peut-être avait pu passer pour seulement bon à remplir la fonction ingrate et limitée d’assassin.

— L’indépendance a certainement du bon. Celui qui m’a formé était un Maître Jedi, qui tirait sa sagesse des millénaires de son expérience, un Neti rompu à la diplomatie, et j’ai assurément beaucoup appris à ses côtés.

Il était rare qu’un Sith qui était venu de l’Ordre Jedi se permette d’évoquer ouvertement son héritage, car toute marque d’attachement pouvait paraître suspecte et annoncer une trahison en retour, mais Noctis estimait avoir donné des marques assez nombreuses et assez considérables de son implication dans le Côté Obscur pour ne pas craindre de reconnaître ce qu’il devait à sa première formation.

— Mais très vite, beaucoup de ce que je sais, je l’ai tiré de mes propres expériences et de celles de mes amis. Et au sein de l’Empire, ma foi, j’ai forgé moi-même mon destin. Savoir être autodidacte est assurément une qualité importante, essentielle même, car la Force est une expérience profondément personnelle et il se trouve toujours un moment où même le Maître le plus perspicace et le plus sage qui soit est contre de vous laisser en face à face avec vos propres expériences.

Quoique le Seigneur n’eût rien dit, son jeune amant ouvrit la porte de la bibliothèque, suivi par un petit droïde qui transportait sur sa tête plane un plateau chargé d’assiettes. Une fois de plus, le Sith paraissait entretenir une communication silencieuse avec ses fidèles. Le jeune homme, qui avait gardé la mine sombre depuis que Noctis l’avait rabroué, disposa en silence les assiettes sur la petite table basse qui séparait les deux Siths. Avant de s’éclipser, il interrogea le Hapien du regard et celui-ci lui répondit par un sourire chaleureux : aussitôt, le visage de l’ancien prostitué s’anima du bonheur, un peu comme un chien, à vrai dire, à qui l’on viendrait de jeter un os, et ce fut d’un pas léger qu’il se retourna pour quitter la bibliothèque.

La collation qu’ils avaient désormais devant eux était légère mais raffinée. À strictement parler, les petits légumes, les baies, les lanières de viande crue, les fromages et les pains n’étaient pas des mets rares mais ils étaient préparés avec une attention méticuleuse, témoignant de l’élégance discrète mais sûre qui paraissait avoir en toute circonstance la faveur de Darth Noctis. Il se pencha lui-même pour piocher dans les différentes coupes et remplir une assiette, soucieux de reconstituer ses forces après l’épreuve qu’il venait de s’infliger.

— Mais de la même manière qu’on ne peut être toujours accompagné, on ne saurait être toujours seul. Je vous sens capable, Syn. Très différent de moi-même, c’est certain, ce qui au demeurant n’est pas une mauvaise chose. Mais très capable. Soyons francs : vous avez pris du retard. Vous devriez être un guerrier à l’heure qu’il est. Mais je crois que c’est moins vous qui avez failli que l’Orde qui n’a pas su porter attention à vos aptitudes.

C’était du reste inévitable : la formation Sith était bien moins structurée, à de nombreux égards, que la machine parfaitement huilée de l’Ordre Jedi. C’était une liberté que Noctis trouvait précieuse au demeurant mais dont il fallait bien reconnaître qu’elle n’était pas sans défaut.

— Je souhaiterais que vous vous joigniez à moi. Que vous deveniez mon Apprenti, que vous appreniez à mes côtés jusqu’à vous hisser au rang de Guerrier authentique, que j’imagine prochain pour vous, et après cela… Après cela, je souhaite que vous continuer à me servir mais vous seriez maître de votre destin. Ceci étant dit, avant que vous ne répondiez…

Noctis avait levé un index pour empêcher toute déclaration précipitée. L’assiette posée sur les genoux, il fixa gravement Syn.

— Je vous parais peut-être plus accessible et pour ainsi dire moins… Brutal que la plupart de mes semblables. Et certainement, j’ai une perspective différente, qui m’est propre, sur bien des aspects de la vie d’un Sith. Mais ne vous y trompez pas. J’attends qu’on obéisse à mes ordres, j’attends une dévotion entière et une application constante. Une dévotion purement platonique, naturellement.

La dernière précision n’était pas inutile. Certains Siths ambitieux avaient cru que servir Darth Noctis, c’était aussi se faufiler jusqu’à son lit, et inversement, mais le Seigneur ne s’arrogeait aucun droit de cuissage sur ses fidèles et il tenait à dissiper le malentendu éventuel qui pouvait naître des conceptions un brin viriliste ayant cours à l’Académie de Korriban.

— Considérez posément tout ce qui nous sépare, tout ce que j’attends de vous, et ensuite seulement donnez moi votre réponse. Si elle est négative, je pourrais malgré tout encore vous proposer quelques missions : beaucoup de gens m’entourent. Je vous attendrais dans la pièce voisine. Prenez votre temps. Et votre repas, aussi.

Noctis se releva en embarquant son assiette et bientôt, la porte de la bibliothèque se referma derrière lui, laissant Syn à ses pensées.
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Je fus très étonné, dans un premier temps, de comprendre que Darth avait pu recevoir une formation de jedi. Après ce que je venais de voir dans la précédente salle obscure, et l'aisance avec laquelle le Seigneur Sith avait assimilé la force vitale de son fidèle, j'eus d'abord du mal à considérer qu'il ait pu acquérir de tels pouvoirs en étant formé auprès d'un des défenseurs de la galaxie. Mais après y avoir réfléchi quelques secondes, cela n'était pas incohérent avec la façon qu'il avait affirmé utiliser pour s'assurer la fidélité de ses suiveurs. Cela donnait même une explication à ce côté rationnel et sage que je retrouvais davantage chez lui que chez les autres Sith éminents que j'avais côtoyé.

Tout comme il l'avait expliqué, apprendre et suivre ma route seul avait eu ses bénéfices : j'avais joui d'une grande liberté dans les arts Sith auxquels je m'étais dévoué, notamment ceux en rapport avec le combat. Mais il ne fallait pas s'y tromper : cela relevait davantage d'une nécessité que d'un choix de ma personne. Si j'avais pu choisir, j'aurais sans nul doute préféré recevoir une formation complète des années auparavant.

Je hochai gravement la tête lorsqu'il évoqua le retard que j'avais accumulé. Inutile de nier que j'avais vu d'autres apprentis prendre les devants, les observant en retrait. Ne serait-ce que Dame Ha'mi, laquelle dirigeait maintenant l'Empire. Il était temps pour moi de rattraper le peloton de tête. Néanmoins, ce que je voulais partager avec mon hôte, et que je finirais sans nul doute par partager avec lui, était mon expérience de survivant. J'avais vu d'autres Sith s'élever puis s'écraser : Zora Shaar-Là, Van Atha'Lith, Darth Odium, Darth Riakath. Autant de noms d'anciens Sith à qui tout était promis, et qui était aujourd'hui mort, ou tout du moins leurs noms l'étaient. Seul moi demeurai constant. Et je finirais un jour par tous les supplanter, je m'en étais fait la promesse.

Une nouvelle fois, sans même qu'il n'ait eu besoin de prononcer le moindre mot, le jeune garçon que nous avions croisé précédemment apporta un certain nombre de mets préparé avec une évidente délicatesse. Jamais on ne m'avait accordé une telle attention. Manger n'avait jamais été pour moi un plaisir gustatif, encore moins visuel. Pourtant là, que l'on mette les petits plats dans les grands pour me mettre à l'aise parvint à m'arracher une petit rictus de gratitude.
Alors que je me permettais d'assembler moi-même une assiette composée du plus de viande que possible, les végétaux servant plus de points de couleur pour me donner bonne conscience, Darth Noctis me fit la proposition la plus alléchante de ma courte existence : le servir et devenir son apprenti. Alors que j'étais prêt à renverser mon plat et me jeter à genou sur le champ, avec la réponse qui me venait le plus évidemment du monde, mon hôte m'intima l'ordre de ne pas lui répondre sur le champ.
Je me ravisai, mais ne parvenais pas à dissimuler ma joie. Le rouge de mes yeux semblait plus vivent et ardent que jamais, et tout mon corps était tendu. Le Seigneur Sith m'invita à peser le pour et le contre, ce que je me résolvais à faire au mieux pour avoir la démarche la plus construite et convaincante possible.

Lorsque celui-ci me laissa seul pour entamer mon repas, et réfléchir à sa proposition, je ne pris même plus la peine de dissimuler mon sourire. Enfin ! Enfin s'ouvraient pour moi les portes de la réussite ! Puis, réunissant tout mon sang froid, je parvins à calmer mon enthousiasme.
Comme l'avait souligné le Seigneur Sith, lui et moi avions des profils bien différents. Mais c'était ce qu'il me fallait, j'en étais persuadé. Au combat, ma marge de progression était à présent très réduite. Ce qu'il me manquait, c'était l'aisance que Darth Noctis semblait entretenir avec la Force. C'était le savoir, la sagesse. J'étais devenu, j'en étais persuadé, la lame la plus fine de tout Korriban. Il me fallait désormais devenir apte à dominer par la Force.
Quant à ma dévotion, voilà des années que je servais Darth Ynnitach sans rien attendre en retour. J'avais presque sacrifié ma vie pour cette femme et sa cause, qui au final de m'avais accordé la moindre gratitude, encore moins de la sollicitude lorsque mon cas l'exigeait. Si Darth Noctis devenait mon maître, et me permettait de combler mes lacunes, m'élevait au rang de grand homme, il allait de soit que tout lui reviendrait : ma dévotion, ma lame, ma vie. Le seul blocage que j'aurais pu avoir aurait été qu'il me demande de lui servir d'un point de vue intime, ce qui aurait un renoncement de toute ma dignité. Mais il avait à présent écarté mes craintes à ce sujet. Plus rien ne m'empêchait d'accepter. Je voulais recevoir sa formation. J'en avais besoin. Peut-être même serait-il en mesure de me transmettre certaines connaissances réservées aux jedi. Des connaissances qui me permettraient de dominer d'autant plus la concurrence que me faisait les autres apprentis Sith.
Par bien des aspects, j'étais convaincu que Darth Noctis était le mentor dont j'avais besoin.

Vorace, je finissais mon assiette. Je ramassai mon casque au sol, puis je pris l'initiative de rejoindre mon hôte dans la pièce voisine où il avait trouvé refuge. Une fois la porte franchie, à peine avais-je distingué sa silhouette que je m'inclinai, posant le genou droit à terre. Devant, je disposai d'une façon très cérémonielle ce que j'avais de plus précieux : mon visage de fer, et mon sabre laser. Le message était simple : je lui vouais ce qui faisait de moi ce que j'étais.

-Si vous le permettez, je m'en remets à vous et à votre enseignement.

Mon regard était braqué sur les pieds du Seigneur Sith. Y brillait une détermination, une ferveur dans laquelle nul n'aurait pu douter.

-Que vous choisissiez de me former dès maintenant, ou que vous préfériez m'envoyer en mission aux quatre coins de la galaxie, je vous servirai. Considérez que chaque aspect de ma personne vous est entièrement fidèle, dès à présent. Maître.

A ce dernier mot, mes yeux se refermèrent, et j'inclinai encore davantage mon visage, tourné alors vers le sol, en gage de soumission.
Absalom Thorn
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— Il est quoi ?
— Hm ?
— Comme race.

Dans le salon sur lequel s’ouvrait la cuisine, à côté de la bibliothèque, Noctis observait Dromund Kaas par la baie vitrée, les mains croisées dans le dos, tandis que son amant ajustait quelques fonctions du droïde servant, à ses côtés.

— Humain.
— Mais ses yeux et ses ch’veux.
— Albinos. Enfin je crois. Quelle importance ?

Le Seigneur Sith avait bien remarqué que son compagnon de Dromund Kaas avait des idées un peu racistes, faute d’éducation, à vrai dire, plutôt que de vraie idéologie personnelle. En tout cas, l’ancien prostitué était perturbé par le nouveau venu dans le cercle du Hapien. Il fallait avouer que Syn n’était pas exactement d’un abord facile mais c’était rarement le cas des Siths.

— Il va vraiment devenir ton… je sais pas quoi…
— Apprenti.
— Voilà.
— Oui.

Noctis n’avait guère de doute sur la question. Il avait mûrement réfléchi la question, pendant l’absence de Syn, et la perspective d’assumer cette responsabilité ne l’effrayait guère. Il y avait déjà veillé à l’éducation d’un certain nombre de Jedis aux arts siths, quand il les avait corrompus, et former un Apprenti qui avait fait ses classes sur Korriban était la continuation naturelle de cet engagement. Quoiqu’il y vît son propre intérêt, bien entendu, il y avait presque de l’altruisme dans la décision de Noctis : son désir d’ouvrir d’autres Siths à une approche plus subtile de l’Empire et de la Force était sincère.

— Tu devrais rejoindre la chambre, il ne va pas tarder à arriver.

L’humain ne se le fit pas dire deux fois, guère enthousiaste à la perspective d’assister à l’un des étranges rituels des Siths. Il se releva, déposa un baiser sur la joue de Noctis et s’éclipsa, suivi de près par le droïde. Quelques secondes plus tard, Syn franchissait la porte de la bibliothèque et Noctis se tourna vers lui, pour recevoir son hommage d’allégeance. Après que le jeune homme se fut profondément incliné, il y eut un silence solennel puis Noctis ordonna :

— Relève toi.

C’était la première fois qu’il le tutoyait et c’était un signe non d’irrespect mais de confiance.

— J’aurai des missions à te confier naturellement et certaines affaires que je mènerai seul de mon côté mais nous passerons beaucoup de temps ensemble. Petit à petit, nous apprendrons à nous connaître et les choses se feront plus naturellement mais au début, il faudra un certain nombre d’éclaircissements et de procédures. Sache en tout cas que mon séjour sur Dromund Kaas est temporaire.

D’un geste de la tête, Noctis désigna la citadelle dont on apercevait une partie depuis la baie vitrée.

— Le pouvoir est instable au sein de l’Empire. Ou inexistant, selon les points de vue. L’impératrice a disparu, ou elle est morte, mais en tout cas personne ne le voit et son apprentie s’imagine gouverner. C’est vrai dans une certaine mesure mais, pour être honnête, ni moi, ni j’imagine la plupart des Seigneurs Siths, ne sommes très impressionnés par son inexpérience. Il y a des envolées rapides qui ne servent qu’à se brûler les ailes et une jeune femme à qui il manque encore bien des choses ne saurait unir durablement un empire.

Or, tout jeune despote à la légitimité douteuse recourt à la même tactique : se plonger dans la guerre, parce que le désordre est plus aisé que l’harmonie, et la conquête plus facile que la paix. La guerre sourit aux aventureux alors que la paix est impitoyable pour les destins politiques, parce qu’elle exige une constante perspicacité, de l’application et une méthode qui ne s’impatiente pas devant la banalité des affaires. Et ainsi donc l’Empire est précipité tête la première dans une guerre dont il n’est pas évident qu’il tire beaucoup de profit.

La guerre, c’est coûteux. En argent et en vie bien sûr, mais surtout en temps. Plus l’Empire s’enfonce dans la guerre, moins les sorciers mobilisés sur les champs de bataille ont le temps de plonger dans les mystères de la Force, moins le commerce peut prospérer, les planètes se développer et ainsi de suite. Nous allons conquérir avec une débauche de moyens des planètes que nous aurions pu assimilés avec douceur, pour consolider le pouvoir d’une jeune femme qui veut brûler toutes les étapes.

Il n’est par conséquent pas douteux que chacun essaie de tirer son épingle du jeu et j’imagine que la plupart des Seigneurs méditent, d’une manière ou d’une autre, un coup d’État, sauf peut-être Nero, qui est trop heureux de régner sur son propre monde, un bonheur qui témoigne, je dois dire, d’une certaine sagesse. Pour ma part, je suis ici pour sonder le terrain, tempérer les rumeurs sur mon pacifisme, en faire sentir le pragmatisme, nouer quelques contacts et rassembler des informations sur la pseudo-impératrice.


C’était un exposé de la politique de l’Empire dont Noctis avait le sentiment qu’il relevait pour l’essentiel du bon sens et il supposait que la plupart des analyses qu’il venait d’exposer étaient largement partagées, sinon par tous les Siths, du moins par les principaux Seigneurs. Il tenait cependant à ce que la situation telle qu’il l’envisageait soit parfaitement clair pour son nouvel Apprenti.

— Je ne désire pas nécessairement devenir empereur à la place de l’impératrice. D’abord, ma situation politique a sa fragilité et ensuite, régner exige beaucoup de temps et beaucoup de précaution, qui me détournerait de travaux que je juge plus utile. Les circonstances peuvent l’imposer finalement, mais j’en doute. Par défaut, il me semble que je me rangerai aux côtés de Nero, dont les idéaux de liberté me laissent les coudées franches. De toute façon, la situation est trop instable pour faire des plans à long terme. Ceux qui se croient de grands stratèges en imaginant dix coups à l’avance sont des naïfs qui sous-estiment l’imprévisibilité du monde.

Mais dis moi. Comment crois-tu que l’Empire devrait fonctionner ? Quelle est selon toi son organisation idéale ? Comment devraient se succéder les Empereurs ? Tu as dû te rendre compte que la réalité des choses est bien différente des théories simplistes que l’on enseigne sur Korriban.
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Dès lors que mon maître m'intima l'ordre de me relever, je faisais preuve d'une rigueur encore plus martiale. Je ne bougeai pas d'un pouce, étant devenu aussi inamovible qu'une des reliques ou des armes qui ornent la pièce. Ne parler que lorsqu'on m'en donnait l'ordre, ne bouger que si c'était nécessaire. Une discipline de fer que je devais à mon enfance et à ma première maîtresse. Je devais lui démontrer que je me plierais à chacune de ses volontés. J'avais fait taire l'humain, et je faisais de mon mieux pour renvoyer l'image d'une machine, encore davantage que celle d'un soldat.

J'écoutai ensuite avec attention le long monologue de mon maître au sujet de l'Empire. Il était qu'autrefois, les choses étaient bien plus simples : Darth Ynnitach était la plus puissante des Sith, et c'était elle à qui l'on devait la naissance de l'Empire. Seulement, avec son retrait, les Sith avaient perdu leur souveraine, et le trône de l'Empire était vacant. Un double poste essentiel à la stabilité de la galaxie, qui, s'il n'était pas rapidement repris, coûterait très cher à tous les impériaux.

Quelques années, voire même seulement quelque mois, j'aurais sans doute pensé que cette place reviendrait au plus fort des Sith, sans autre forme de réflexion. Et il était évident que la force jouait tout de même un très grand rôle au sein des utilisateurs du côté obscur. Difficile de considérer que l'apprentie de la Dame Noire, qui malgré ses qualité, n'en demeurait pas moins apprentie, était capable de plier à sa volonté des Seigneurs Sith qui étaient au choix des bretteurs vétérans, ou des experts des moindres secrets de la Force, quand ce n'était pas les deux à la fois.

Je fus également très attentif aux dires de mon maître concernant la paix. J'avais visité nombre de mondes récemment conquis par l'Empire, et partout, nous avions du mal à asseoir notre emprise. Partout émergeait la rébellion, l'incivilité. Pourtant, l'Empire n'était pas en manque d'arguments. Les Sith pouvaient y faire régner la paix, y assurer la justice. Mais faire la guerre n'était pas un choix judicieux pour rendre notre présence légitime.
Depuis mon séjour sur Naboo, j'avais cerné en partie les enjeux de l'économie, de la sociologie. J'avais compris que je devais pousser le cercle de mes compétences au-delà du seul combat. Pour transcender mon état d'apprenti, je devais comprendre comment m'assurer l'obéissance et la reconnaissance des autres, à la manière de mon tout nouveau mentor.

Ma nouvelle allégeance entrait quelque peu en inéquation avec celle que j'avais déjà faite à la Dame Noire, car mon maître ne semblait pas vouloir se soumettre à l'autorité de Dame Ha'mi, mais si mon professeur et l'héritière de la véritable impératrice venaient à entrer en conflit, la question de mon obéissance ne se poserait même pas : je suivrais Darth Noctis, et si c'était sa volonté, je tuerais de mes mains la nouvelle impératrice. Elle qui avait remporté le tournoi des apprentis de Korriban l'avait fait en profitant de mon absence. Si j'y avais participé, je n'aurais eu aucun mal à la tailler en pièces.

-Je crois qu'il est nécessaire que l'ordre Sith soit dirigé par quelqu'un qui le connaisse vraiment. Quant à l'Empire, il doit avant tout être contrôlé par une personne qui saurait en gérer les ressources, les habitants, la politique. Sans vouloir vous flatter sans subtilité maître, je crois que l'Empire devrait être laissé aux mains de quelqu'un comme vous. Je crois que pour le diriger efficacement, il faut savoir épargner, et non plus seulement tuer. La force et la peur permettent de régner sur le court terme, mais seule la justice et la paix permettront à notre gouvernance de prospérer.
Absalom Thorn
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Le Seigneur Sith avait hoché la tête, lentement. Diriger l’Empire, il y pensait parfois, mais c’était en général pour lui une idée passagère. Il était dubitatif quant à l’allégeance que pourraient lui prêter les Siths les plus belliqueux et il n’était pas certain que son passé de Jedi ne fût pas un obstacle considérable même si, ces derniers mois, il avait découvert que sa situation au sein de l’Empire était bien moins délicate qu’il ne l’avait craint d’abord.

La perspective de voir l’Empire tomber durablement entre les mains d’une jeune femme qui n’avait pas même fini sa formation invitait cependant à des réflexions nouvelles. Son ambition avait toujours été ailleurs que dans le pouvoir politique, qui n’avait jamais eu pour lui qu’une valeur instrumentale. Mais si l’Empire venait à s’effondrer, à cause d’une gouvernance maladroite et inexpérimentée, alors ses autres projets en seraient gravement entravées. D’un autre côté, si le désordre venait à régner, il serait facile de se tailler un pré carré dans quelques secteurs à la frontière de l’Empire et de l’Espace Hutt, par exemple.

De longues secondes s’étaient écoulées en silence, pendant lesquelles Noctis avait observé la silhouette de la citadelle de Dromund Kaas, de l’autre côté de la baie vitrée. Il finit néanmoins par se tirer de ses pensées.

— Bref, s’exclama-t-il, inutile pour l’heure de tirer des plans sur la comète. Je me laisse au moins encore quelques semaines de réflexion, avant d’envisager des initiatives plus radicales, par moi-même ou par des alliés. J’ai le pressentiment que notre attente en la matière ne sera plus longue. Et pendant ce temps, quelques leçons préliminaires.

Noctis se tourna vers son Apprenti.

— Un Sith n’est pas un militaire, ou en tout cas il n’est pas un soldat de rang. Il faudra petit à petit apprendre à être chose. À faire preuve de plus de souplesse, y compris dans votre posture. À troquer votre armure militaire pour d’autres tenues. Ces détails peuvent paraître superficiels et en vérité, ils le sont en effet mais la surface des choses est ce qui mène à leur profondeur : les apparences comptent et vous devez apprendre à vous adapter aux circonstances. Non que vous deviez devenir comme moi, notez, il y a de la place pour des styles bien différents. Ceci étant dit, retournons à notre cargaison.

Et une nouvelle fois, le jeune homme qui partageait les appartements de Noctis fit son apparition, tenant dans les bras quelques vêtements. Il les tendit à son maître, qui enfila un lourd manteau dont les deux pans étaient reliées par de petites cordelettes, qu’il croisa sur son torse encore nu. Ainsi vêtu, il passa la porte du salon, qui menait à un petit vestibule et, au-delà, aux rues de Dromund Kaas.

Des esclaves, des administrateurs impériaux, quelques Siths vaquaient là où leurs occupations, sous le ciel déchiré d’éclairs de la sinistre planète. Les mains dans les poches, par son rang, sa prestance et sa tenue particulière, Noctis attirait les regards et, de temps en temps, il s’arrêtait pour échanger quelques mots avec tel ou tel personnage important, une brève conversation qui était toujours précédé par la précision « Syn Kieffer, mon Apprenti ».

Quand ils arrivèrent enfin à l’entrepôt, on avait jeté à Syn une bonne dizaine de noms et de fonctions : haut commissaire à ceci, secrétaire général de cela, et telle capitaine, et tel Guerrier. En entrant le code de sécurité de la porte, Noctis précisa :

— Il y a peu de compétences plus nécessaires en politique que celle de retenir les noms, les visages et les fonctions des gens. Rien n’interdit de s’aider en se constituant un petit fichier que l’on consulte avant de se rendre sur telle ou telle planète. Ensuite, la mémoire vient avec la pratique. Et c’est une aptitude utile aussi à la guerre : les soldats sont d’autant plus fidèles au général qu’ils ont l’impression de connaître personnellement.

À l’intérieur de l’entrepôt, les caisses avaient été déchargées du cargo de Syn et elles étaient désormais inspectées soigneusement par une demi-douzaine des fidèles de Noctis, dirigé par une Nautolane entre deux âges, dont les tatouages nombreux indiquaient la Sorcière Sith. Tout le monde s’interrompit à l’entrée du Seigneur, le genou à terre, et, quand il leur eut ordonné de se relever, la Nautolane rejoignit Syn et Noctis.

Sans préliminaire, elle débuta un rapport délivré d’un ton rapide et précis, qui sentait la professionnelle soucieuse surtout de l’efficacité. Néanmoins, elle paraissait enjoué.

— Tout est en ordre et les fleurs ont bien résisté au transport dans l’ensemble. Quelques pertes évidemment mais tout à fait dans la marge prévue. Elle posa les yeux sur Syn et rajouta à son intention, Félicitations, c’est du beau travail.
— Quand pourra commencer l’extraction ?
— Dès demain. Il nous faudra environ deux semaines pour tout traiter, histoire de faire quelques tests préliminaires, pour pas faire d’erreur, quand on se lancera dans les séries, vous voyez ?

Noctis hocha la tête.

— Phan Hon est ma principale herboriste, déclara-t-il en désignant la Nautolane, Et Syn Kieffer mon nouvel Apprenti.

La Nautolane inclina la tête.

— Si vous voulez bien lui expliquer le processus d’extraction. Dans les grandes lignes. Que sa mission soit mise dans un contexte plus large.

La Nautolane répondit d’un sourire et elle guida les deux hommes vers les caisses, se lançant dans des explications détaillées, mais à vrai dire fort pédagogiques, sur la manière dont les fleurs seraient traitées pour obtenir le précieux liquide et sur les usages de celui-ci, comme médicament, comme drogue dure ou comme poison, selon les doses que l’on employait.
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La remarque de mon maître au sujet de ma posture, de mon comportement, et plus globalement l'image que je renvoyais me déstabilisa. Voilà des années que je n'avais pas vraiment revêtu d'autres vêtements que mon armure avec parfois une bure par dessus celle-ci. Bien qu'il m'arrivait de porter une tenue plus élaborée pour de grands évènements, mon armure était presque devenue une extension. Une seconde peau, une coquille qui avait pour but non seulement de me protéger en combat, mais qui était aussi un rempart face au reste du monde. Le rideau qui dissimulait au reste du monde celui que j'étais réellement. Le Sith qui m'avait reconnu et recueilli au sein de l'Empire m'avait toujours conseillé de revêtir ce visage d'acier pour inspirer la terreur et dissimuler mon humanité.

Peut-être était-il temps de changer ? Le garçon que j'étais à l'époque n'avait plus rien à voir avec l'homme que j'étais devenu. J'avais appris la patience, le respect, la discipline. Peut-être était-il temps de révéler au monde le visage du nouveau Syn Kieffer. Et quel meilleur moment pour cela qu'après avoir été pris sous l'aile d'un illustre Seigneur Sith tel que Darth Noctis ?
Plongé dans cette réflexion, je ne trouvai rien de mieux à répondre qu'un humble :

-Bien maître.

Lorsque nous fûmes sur le point de quitter les appartements de mon maître, je fus confronté à un dilemme. Devais-je arpenter les rues de cette maudite planète sous mon vrai visage. Après un rapide coup d'œil sur mon nouveau mentor, prêt à dévoiler et exposer sa peau en dessous d'une veste élégante, je pris l'initiative de laisser mon casque dans le vestibule.
Contempler le ciel noir zébré par le tonnerre de Dromund Kaas sans sentir ma coquille entre ce monde hostile et ma peau si vulnérable fut d'abord d'un curieux inconfort. C'était comme si, sans ce visage inexpressif et froid, ma légitimité à me trouver en ces lieux se trouvait affecté.

Je marchais dans les pas de mon maître, et à chaque fois qu'il me présenta à un nouvel inconnu, dont je tâchai de noter rigoureusement les noms dans un creux de ma mémoire, le fait qu'il me présente comme son apprenti me remplit de fierté, et fit disparaître un peu plus mon malaise. Lorsqu'il me désignait par mon nom et ma fonction, j'inclinai légèrement mon visage et mon regard, en signe de salutations. Lorsque l'un des passants s'adressait directement à moi, je lui répondais avec le plus grand respect, et j'économisais mes mots, pour ne pas embarrasser mon maître. Cependant, je tâchai de mettre en œuvre ses instructions, et donc d'avoir plus expressif, plus humain et surtout d'amoindrir ma rigueur militaire.

Nous rejoignîmes enfin l'endroit où j'avais débarqué plus tôt, accompagné de toutes la cargaison de fleurs de Milla. Sur les lieux, un petit groupe fidèles de Darth Noctis s'afféraient à gérer toutes les fleurs que j'avais ramenées. Une nautolane en particulier retint mon attention, de par son physique me rappelant certains sorciers Sith qui enseignaient sur Korriban.
Celle-ci semblait superviser les opérations. Aussi, lorsqu'elle reconnut la qualité de mon travail, je la remerciai franchement. Puis, une fois que mon maître ait fait les présentations, je me permis d'ajouter que j'étais...

-Ravi de faire votre connaissance.

Je me permis également d'accompagner mes salutations d'un sourire chaleureux. Accompagné par mon tout nouveau professeur, j'avais déjà acquis une toute nouvelle aisance, bien qu'étant à visage découvert.
J'écoutai ensuite avec intention cette fameuse herboriste m'expliquer dans les grandes lignes toutes les façons d'user des ressources que j'avais rapportées. Ainsi, les fleurs pouvaient avoir un usage multiple, mais je retins surtout qu'elles pouvaient servir comme poison. Après ce à quoi j'avais assisté plus tôt, je soupçonnais mon maître de vouloir utiliser ce fameux poison pour éprouver son corps et repousser les limites de celui-ci. Le Milla ayant également des propriétés psychotropes, s'en inoculer provoquerait également probablement des hallucinations, et autres mises à l'épreuve mentale. L'employer aux mêmes fins que lors de l'exercice pratiqué plus tôt par le Seigneur Sith pourrait donc renforcer non seulement le corps , mais aussi l'esprit. Mais cela uniquement dans l'optique où il serait possible de survivre à la consommation d'une telle substance.

Bien que je doutai que mon maître veuille révéler son plan devant son herboriste, fusse-t'elle la meilleure, je me permis de demander :

-Sauf votre respect maître, quel usage comptez-vous faire d'une telle ressource ?
Absalom Thorn
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— On est en train de…[/color]

Phan Hon s’interrompit en se rendant compte que la question ne lui avait pas été adressée. Son regard croisa celui de Darth Noctis et elle baissa la tête, avant de murmurer :

— Pardon, Maître.
— J’aurais du mal à vous reprocher votre enthousiasme.

Mais il l’aurait certainement fait si la Sorcière ne s’était excusée.

— Poursuivez.
— Merci, Maître. Nous sommes en train de construire sur… ailleurs une série de sondes atmosphériques, comparables à celles que l’on utilise par exemple pour provoquer la pluie quand on terraforme des planètes désertes, afin de diffuser l’huile essentielle de milla dans l’atmosphère d’une planète ou, tout du moins, au-dessus d’une large portion. Des ingénieurs et des climatologues s’occupent dans le détail des appareils eux-mêmes, je m’assure pour ma part de la volatilité des extraits, pour une meilleure diffusion.

Ce plan exposé si naturellement en disait long sur Noctis et son organisation. Il en suggérait l’ambition, bien sûr, et l’extension, la diversité et la complexité, mais aussi la fidélité sans borne qu’elle supposait de ses membres et qui seule pouvait expliquer que la Nautolane se confie aisément à celui qui suivait son Maître. C’était qu’elle était certaine que Syn vouerait une dévotion inconditionnelle au Hapien — ou qu’il rencontrerait une mort brutale et soudaine des mains de Darth Venenous, l’Inquisitrice qui était chargée du maintien de l’ordre.

— Une planète dont les habitants subiraient une dose légère mais constante d’extrait de milla pendant quelques jours serait susceptible de toutes les influences : l’esprit de ses habitants se laisserait aisément plier, que ce soit par l’influence de la Force ou par une propagande plus traditionnelle. Sans parler de l’alliance des deux méthodes. Évidemment, nous réserverons une partie de la cargaison à un usage plus traditionnel.

Les Siths avaient une affection particulière pour les super-armes, ces dispositifs de grande envergure qui soutenaient la redoutable machine de guerre de l’Empire. Le passé glorieux et en partie fantasmé des Siths était riche d’exemples en la matière mais, en règle générale, il s’agissait d’engins de dévastation, qui enfantaient des cataclysmes terrifiants, et certainement pas de ce qui relevait, finalement, d’un diffuseur d’odeurs géants. Mais il n’était pas surprenant que Noctis ait une perspective sensiblement différente sur la question que celle de la plupart de ses semblables.

— Naturellement, cette cargaison-ci ne suffira qu’à un premier test grandeur nature, sur quelque planète isolée, loin des regards républicains, afin que nous puissions réaliser ensuite quelques ajustements, à moins que la nécessité nous presse sur le terrain, et il faudra ensuite attendre la restructuration d’Harmonia, sur Naboo, et les nouvelles récoltes pour envisager une utilisation concrète. Mais nous avons faits déjà quelques essais sur de petites villes, ici ou là, et des simulations par extrapolation qui nous permettent d’être assez optimistes.

Les sciences exactes et l’ingénierie ne relevaient pas réellement de ses propres domaines de compétences et il se reposait sur ses subordonnés pour mener à bien ce genre de conceptions. Il l’avait l’idée et l’exécution concrète, il la confiait à des gens qu’il jugeait plus capables que lui, de la même manière qu’il avait recruté en Syn un Apprenti dont les aptitudes complétaient les siennes.

— D’ailleurs, on a un autre test programmé dans deux jours, sur une lune d’une planète pas très peuplée, si jamais ça vous intéresse de voir.

Noctis hocha lentement la tête.

— Mais nous ne voudrions pas vous déranger plus longtemps, Phan.

C’était une manière polie de la renvoyer au travail. La Nautolane inclina la tête et s’en retourna vers les acolytes qui inspectaient les caisses et qui commençaient aussi à les charger sur des barges aériennes, qui les transporteraient ailleurs. Noctis se tourna vers Syn.

— Nous allons nous rendre sur la lune en question. Et ce sera l’occasion pour vous de commencer à renouer avec les techniques les plus subtiles de la Force. Le contrôle des esprits, qui sera facilité par l’atmosphère psychotrope, notamment. Même avec le milla, si vous manquez de pratique, l’exercice s’avéra exigeant, mais je ne doute pas que vous saurez faire preuve de détermination.

Autant dire que l’échec ne serait pas accueilli avec beaucoup de bienveillance.
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Fascinant. Le projet de mon maître était tout à fait fascinant. Je ne m'attardais pas plus que cela sur la façon dont le Seigneur Sith avait réprimandé sans vraiment le faire son herboriste. Une fois de plus, il lui avait suffi de quelques mots, sans entrer le moins du monde dans une posture agressive. Il était tel un très grand serpent, dont la vue hypnotisait ses fidèles, et dont on ne pouvait déceler s'il était ou non sur le point de mordre avant qu'il ne l'ait effectivement fait.

Ce projet était tout à fait incroyable. Sur Korriban, j'avais souvent trouvé que l'on n'accordait pas assez de crédit à l'embrigadement idéologique, et que l'on se contentait d'une loyauté de surface, en pensant que les apprentis se soumettraient aux Seigneur et plus généralement à l'Empire par la peur et la force. Mais là, on parlait de distille dans l'air de quoi amoindrir la résistance mentale. Sans nul doute qu'une telle arme permettrait d'assoir au sein des systèmes impériaux une fidélité à toute épreuve. Nous en finirions peut-être enfin avec tous ces peuples qui refusaient leur assimilation et entraient en rébellion contre les forces de l'Ordre.
Cette volonté de manipuler sans écraser, d'influencer sans tuer ou blesser, collait parfaitement avec l'image que je m'étais faite de mon maître. Une image bien loin des tyrans un peu trop penchés sur la violence gratuite, comme l'avaient été des Seigneurs Sith comme Darth Riakath.

Voilà longtemps que j'aurais voulu exercer mes pouvoirs afin d'obtenir l'ascendant qu'avaient mes aînés sur les consciences. J'avais déjà vu des Sith imposer leur volonté par la Force à d'autres personnes. Des tels pouvoirs pourraient parfaitement me permettre de rebondir et de diversifier mes compétences. Avec des telles facultés, je pourrais ouvrir le champ des possibles au-delà du simple combat.

Mais à en juger par les dires de mon mentor et de sa fidèle, il était encore trop tôt pour affirmer si cette arme serait réellement efficace, et si son déploiement serait possible. Ce premier test sur une lune à proximité serait probablement déterminant. Non sans une certaine courtoisie, Darth Noctis congédia l'herboriste, afin que nous puissions recouvrer une certaine intimité.
Il m'expliqua alors que notre dessein était de nous rendre sur la planète en question, afin de mettre à profit les effets des fleurs de Milla pour m'exercer au contrôle des esprits, le pouvoirs auquel j'avais songé quelques secondes auparavant. Je m'étais douté que mon maître n'avait pas évoqué ce genre de facultés sans la moindre arrière pensée. J'étais donc enchanté que le Seigneur Sith prenne l'initiative de m'enseigner un pouvoir aussi adapté à l'évolution que je voulais marqué. Il ne restait plus qu'à le convaincre de mes capacités :

-Je ferai tout ce qu'il faut pour vous satisfaire maître.
Absalom Thorn
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— Excellent. Alors, en attendant…

Noctis plongea la main dans sa poche et en tira un holodisk qu’il confia à Syn.

— C’est une introduction rudimentaire à la gestion d’entreprise.

Le rudimentaire en question faisait quelques centaines de pages mais, au moins, il y avait une bonne table des matières et un index complet.

— Ça devrait vous aider à vous faire une première idée de la manière d’investir votre argent. Lisez les chapitres qui vous paraissent intéressants, réfléchissez à un projet et nous nous pencherons dessus ensemble, demain, avant de partir le jour suivant pour notre petit test. L’exercice ne vous sera pas naturel mais n’oubliez pas : la Force est une excellente guide.

Tout en parlant, Noctis surveillait avec insistance les allées et venues de ses acolytes qui s’occupaient de la cargaison, mais il ne paraissait pas éprouver de difficultés à partager son attention entre les deux sujets qui occupaient en même temps son esprit.

— Vous avez l’habitude peut-être de vous reposer sur elle pour vous battre. Être plus fort, plus rapide, pressentir les coups de vos adversaires. Mais elle peut vous aider à aiguiser votre esprit, au moment de prendre une décision. Aiguiller votre intuition. C’est un exercice plus délicat parce qu’il est moins concret mais il peut porter ses fruits. Quand vous sentez que tous ces facteurs économiques deviennent trop compliqués, plongez-vous dans un état méditatif, faites le vide, concentrez-vous sur la Force et laissez-la faire émerger vos intuitions informulées, vos idées cachées, vous guider sur le chemin de vos propres décisions.

Et sur ces bonnes paroles, Noctis adressa un signe de tête à son Apprenti, ce qui voulait bien dire que Syn était censé s’éclipser. Le lendemain, il tint sa promesse et retrouva chez lui le jeune homme, pour se pencher sur ses préparatifs. Les explications du Seigneur Sith n’étaient pas toujours aisées à suivre, même quand il faisait des efforts de pédagogie, par son esprit allait vite et était prompt à explorer des nuances qui échappaient toujours aux néophytes mais il paraissait doué d’assez de patience pour se répéter et il n’hésitait pas à confier des ouvrages de sa bibliothèque assez vaste pour que Syn puisse compléter par des lectures ce que la conversation échouait à éclairer.

Et c’est ainsi, studieusement, qu’ils passèrent le temps jusqu’au départ du petit croiseur affrété par le Seigneur Sith, à destination de Camiston, un monde isolé de la Bordure Extérieure. Dans une salle de conférence du vaisseau flottait un hologramme de la planète et de ses trois lunes.

— Camiston elle-même est essentiellement désertique, avec ces quelques oasis, ici, ici et ici, expliquait Noctis en pointant les différents endroits qui s’illuminaient d’ailleurs sur l’hologramme, et des plateaux miniers ici et là. La civilisation locale s’est développée assez lentement et elle est aujourd’hui encore très loin de pouvoir envisager quoi que ce soit de plus perfectionné que des vols orbitaux, mais ils furent suffisant pour coloniser les deux trois lunes qui ont une atmosphère. Elles servent aux exploitations agricoles et forestières, c’est d’ailleurs là que vit l’essentiel de la population, du reste assez réduite. Camiston elle-même est devenue plutôt le lieu des administrations, de certaines économies de service. Ce genre de choses.

Le Hapien agrandit la représentation de l’un des satellites.

— Nous nous rendons sur Cami-IV. Nous prendrons une navette pour survoler ce village d’exploitation sylvicole, relativement isolé des plus grandes agglomérations. À partir de la navette, nous lancerons les sondes qui diffuseront l’extrait de mila. Nos tests précédents confirment que cette partie se déroule en général sans encombre. Ce qui nous intéresse désormais, c’est d’évaluer notre capacité à contrôler la population dans sa globalité, grâce à ce soutien chimique. Le scénario que nous nous proposons d’imposer est assez simple : convaincre le village que des enfants ont disparu et les pousser à organiser une battue dans la forêt. Cette idée proche du quotidien devrait être facile à instiller. Une fois les forces vives de la communauté parties dans ce but, nous tenterons des manipulations plus radicales avec ceux restés au village.

Des sorciers siths et des scientifiques consigneraient leurs observations, sous la supervision de Noctis, mais celui-ci était aussi soucieux d’observer son Apprenti dans un exercice qui ne lui était pas familier.

— Avez-vous déjà essayer ? D’en imposer à quelqu’un par la Force ? Fût-ce pour une idée toute simple.
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Après que mon maître m'eut congédié, je pris l'initiative de retourner à ses appartements, pour passer la nuit et me pencher sur le travail que mon maître venait de me confier. J'avais une boule au ventre à l'idée d'imaginer que je ne serais pas le bienvenu et que l'on m'invite à enfiler mon baluchon et à me trouver un coin où passer la nuit. Fort heureusement pour moi, l'un des fidèles du Seigneur Sith me désigna une petite chambre très humblement meublée pour passer la nuit, et commence à étudier le dit holodisk.

Celui-ci contenait assez d'informations pour m'occuper plusieurs mois. Je pris la résolution de me pencher sur les sujets qui me paraissaient les plus abordables. L'économie était un univers des plus vastes, et m'y jeter sans en comprendre les fondements aurait été le meilleur moyen de m'en dégoûter. Sans doute mon maître me fourniraient d'autres moyens de cerner les notions les plus vagues.
J'essayais d'être le plus studieux possible, passant plus de deux heures à me jeter corps et âme dans l'océan sans fin des théories marchandes. Je n'avais jamais pour ainsi dire étudier. J'avais tardivement appris à lire et écrire, et à l'exception des arts Sith, je ne m'étais jamais intéressé à aucune discipline intellectuelle. Autant dire que l'exercice mettait mes nerfs à rude épreuve.
Après avoir autant étudié, mon aspect rebelle finit par faire de nouveau surface. Comment ces maudites leçons d'économie feraient de moi un meilleur Sith ?!

C'est au moment où je faillis balancer mon poing contre la cloison du mur rageusement, que je finis enfin par me calmer. Cet exercice visait à faire de moi un homme avant de faire de moi un Sith. Je devais m'accomplir en tant qu'être humain avant tout, et mon investissement serait également pour mon maître la preuve de l'étendue de ma motivation.
Je me calmai enfin, et ma démarche redevint constructive. Je me plongeais dans cette étude, dans cette expérience inédite pour moi, et ce, jusqu'à ce que la fatigue ne me rende la tâche trop compliquée. Je mis alors en pratique une autre des leçons de mon maître : me reposer correctement. Cette nuit fut sans doute la plus agréable que j'avais passé depuis des mois et des mois. J'avais le sentiment d'avoir enfin accompli quelque chose, et que le meilleur était à venir.

Je retrouvais mon maître le lendemain, bien décidé à lui prouver ma valeur. Je voulais le convaincre que j'étais bien l'apprenti qui lui fallait. Je lui démontrai au mieux que je m'étais penché avec sérieux sur l'holodisk qu'il m'avait confié. Celui-ci m'aida alors en personne à approfondir le sujet. Je fus agréablement surpris de constater qu'il était prêt à se répéter et à s'investir lui-même très profondément dans mon apprentissage. En plus d'être un homme brillant, il était un fin pédagogue, et à ses côtés, je serais sûrement capable d'investir et d'entreprendre, de manière à accroître mes moyens.
Aussi, je ne vis pas le temps passer jusqu'à ce que nous embarquions dans le petit croiseur chargé de nous emmener sur Camiston. A bord de ce dernier, j'écoutais avec une profonde attention les instructions de mon maître. J'étais toujours ravi de découvrir de nouvelles planètes, de nouveaux horizons.

Une fois le plan de mon maître exposé, je me permis de lui poser une question. La veille, je n'aurais sans doute pas osé, mais les enseignements, la pédagogie dont mon mentor avait fait preuve plus tôt m'avait donné l'assurance nécessaire pour oser dépasser le quota de mots que je prenais gare à ne pas dépasser d'habitude. De plus, la question me brûlait les lèvres :

-Maître, dans quelle mesure est-il possible de contrôler l'esprit d'une personne ? Quelle est la limite du contrôle que nous pouvons exercer ?

Puis, lorsqu'il me demanda si je m'étais déjà appliqué à essayer d'infliger à qui que ce soit un tel contrôle, je lui avouai, non sans une pointe de regret :

-Non maître. Mes pouvoirs ne m'ont toujours servi qu'à compléter mes aptitudes au combat. Les seules fois où j'aurais eu besoin de manipuler quelqu'un, le dialogue m'a permis d'obtenir plus ou moins ce que je voulais.

Je disais cela en ayant une petite pensée pour Kolin, le padawan retenu dans les geôles de Korriban. Dire que je l'avais contrôlé ou abusé aurait été mentir, mais j'étais parvenu à faire germer chez lui les graines d'une certaine discorde. Je l'avais rendu réceptif à mes idées, mais pour cela, je m'étais davantage appuyé sur ma connaissance de la psychologie humaine et ma propre expérience que sur la Force.
Absalom Thorn
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D’un geste de la main, Noctis balaya l’hologramme et le projecteur s’éteignit. Le croiseur impérial offrait un confort quelque peu spartiate, y compris dans les quartiers du Seigneur Sith, mais sa technologie était irréprochable et c’était bien l’essentiel. Sur les vaisseaux, Noctis était partisan du pragmatisme et il préférait être certain que les boucliers étaient parmi les meilleurs sur le marché qu’avoir des fauteuils confortables.

— Il est difficile de vous répondre. Dans l’absolu, il n’y a pas de limite au contrôle qu’un utilisateur de la Force très expérimenté est susceptible d’exercer et c’est sans doute à cause des conséquences parfois dévastatrices de ce genre de pouvoirs qu’il est concrètement banni au sein de l’Ordre Jedi, au-delà des exercices de persuasion du reste fort superficiels.

Le contrôle des esprits était ainsi bel et bien une spécialité sith.

— Mais certaines idées sont si difficiles à faire admettre que l’exercice peut dépasser le pouvoir même du meilleur des Siths. Est-ce que cette difficulté est une impossibilité théorique, ou est-ce que le maître de cet art délicat n’est pas encore parmi nous, c’est difficile à dire. Ce qu’il faut voir, c’est que tout dépend de la victime, de sa force de volonté, de la contradiction entre l’idée que l’on essaie d’implanter et le reste de ses pensées, de ses propres dispositions personnelles et du reste des circonstances.

Noctis jugea plus pertinent d’éclairer l’analyse par quelques exemples concrets.

— Un Zeltron Sith qui voudrait convaincre une femme aux dispositions sensuelles d’avoir des relations sexuelles avec lui n’éprouverait guère de difficulté. En vérité, il pourrait même se passer de la Force et, chez les utilisateurs de la Force, la limite entre ce qui relève de la persuasion disons ordinaire et du vrai contrôle peut être très difficile à cerner. Maintenant, le même Zeltron qui essaierait de convaincre un autre homme plutôt intéressé par les femmes se trouvera devant un obstacle plus considérable. S’il doit le convaincre de quelque chose qui ne l’intéresse pas et qui ne relève pas du sexe, alors ses phéromones lui seront moins utiles et l’affaire se compliquera encore un peu plus. Et ainsi, de degré en degré de complication, on finit par arriver à ce qui est impossible.

C’était donc une situation très différente, beaucoup plus floue, que celle d’autres pouvoirs. Chacun télékinésiste savait à peu près ce qu’il était capable de manier par la Force, selon qu’il se trouvait devant une maison ou un speeder, un blaster ou un enfant. Le reste du corps n’intervenait guère dans cet exercice-là et c’était, finalement, une pure affaire de puissance mystique.

— Or, une tentative de contrôle qui échoue est le plus souvent repéré par la victime qui a résister et le secret éventé peut avoir des conséquences dramatiques. C’est pourquoi il est toujours plus sage, quand c’est possible, de miser en-dessous de ses capacités, d’une part, et d’autre part de s’assurer tous les soutiens extérieurs : prendre soin de sa personne, employer des drogues, faire boire la cible et ainsi de suite.

La beauté soigneusement entretenue de Noctis avait évidemment ses avantages dans ces circonstances même si, au fond, c’était d’abord par vanité personnelle, par obsession même, que le Seigneur Sith s’assurait du soutien de la Force à son excellent patrimoine génétique. Du point de vue de sa mère la généticienne, il était une œuvre d’art vivante et il veillait avec acharnement à sa propre conservation.

— La façon la plus simple de considérer les choses, c’est de vous faire de l’esprit des autres une représentation architecturale. Par métaphore. Vous laissez les perceptions de la Force venir à vous et vous essayer de concevoir leur esprit comme une maison, un palais, peu importe. De sentir les murs à ne pas franchir, les portes fermées mais qui pourraient être forcées, les fenêtres qui sont ouvertes. Un peu comme la télékinésie passe d’abord par la perception de l’existence matérielle de l’objet à travers la Force, la télépathie invasive passe par la perception de l’existence psychique d’une personne à travers elle. Quand vous serez plus expérimenté, la métaphore spatiale deviendra superflue et la Force vous apparaîtra plus pure ou plus… intuitive. Mais chaque chose en son temps.

Une enseigne passa la porte de la salle de réunion pour informer les deux Siths que le croiseur serait en orbite lunaire dans moins d’un quart d’heure. Noctis leva la main pour signifier à l’homme d’attendre puis il se pencha vers Syn pour murmurer à l’oreille de l’apprenti :

— Convainquez le de s’agenouiller devant vous. C’est un soldat de rang, à l’esprit parfaitement ordinaire, et c’est une idée qu’il acceptera volontiers, puisqu’il le fait souvent. Vous ne devriez pas rencontrer de résistance mais encore faut-il arriver à percevoir son esprit.
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J'écoutais avec attention les explications de mon maître. Je compris alors qu'il ne me serait pas possible de contrôler n'importe qui de n'importe quelle façon. Pour exercer un tel contrôle, il fallait faire germer chez une personne une idée qui aurait pu y fleurir naturellement, ou qui pouvait tout du moins s'y épanouir de toute manière. Par exemple, un tel pouvoir ne m'aurait pas permis de transformer Kolin en tueur sanguinaire. Cependant, avec une telle faculté, j'aurais pu entretenir et nourrir sans rancœur envers son ordre, et peut-être le rendre encore davantage réceptif à mes idées.

L'allusion aux zeltrons me rappela ma mission aux côtés de Darth Xela, au cours de laquelle j'avais affronté à mains nues un maître jedi. J'avais également été confronté aux passions dévorantes qui obsédaient plus ou moins les zeltrons, notamment leur amour inconditionnel des plaisirs charnels, facilité par les phéromones qu'ils émettaient sur commande. J'imaginais alors très facilement ce que voulait dire mon mentor. Je pris connaissance avec application de ces derniers. J'avais l'avantage d'être associé à nombre de fous furieux sanguinaires, de par mon allégeance à l'ordre Sith, et c'était un avantage dans le mesure où ma politesse et ma courtoisie surprenaient souvent, et m'attiraient un certain capital sympathie auprès des citoyens impériaux ou des esclaves Twi'Lek -mes préférées- notamment.

Après autant de temps passer à voyager au travers les quatre coins de la galaxie, à tuer mais aussi, on l'oubliait bien souvent, à préserver la paix civile au sein de l'Empire, j'avais développé une certaine empathie, et une capacité à comprendre la psychologie des personnes que j'approchais. Aussi, je n'eus pas de mal à imaginer ce que voulait dire mon maître par architecture. Chaque être reposait avant tous sur certaines valeurs ou habitudes qui déterminaient sa réaction face à divers événements et son rapport aux autres, de la même manière que les fondations d'un bâtiment impactaient sur tout le reste de sa structure.

Soudain, une enseigne fit son apparition et nous informa mon mentor et moi-même que nous approchions de notre objectif. Mon maître me confia alors ses premières instructions, sa première mise à l'épreuve : obliger ce soldat à s'agenouiller devant moi. Je déglutis d'un air grave, préparant mon esprit à sauter ce pas. Je hochai la tête pour signifier à mon enseignant que j'avais bien reçu ses consignes, puis je réduisais à quelques centimètres la distance qui séparait mon visage de celui du soldat, en le rejoignant d'un pas assuré.
Il sembla ne pas comprendre ce que je lui voulais, et mon regard rouge, où brillait à la fois défi et agressivité déstabilisa celui-ci. C'était un simple humain que je dominai de quelques centimètres et sans doute de quelques années, et je compris qu'il était un soldat obéissant avant tout car il craignait mon maître, et probablement, tous les Sith. Nous restâmes là quelques longues secondes à confronter nos regards, jusqu'à ce que le sien se tourne vers ses pieds signe de son malaise. Quant à moi, la vie avait quitté mes prunelles, car celles-ci n'étaient jamais que la prolongation de mon esprit, un esprit plongé dans une intense concentration.

Je réunissais toute ma concentration, et toute ma capacité d'analyse pour me focaliser sur la volonté de ce soldat. C'est alors que se présenta à mon imagination cette petite cabane de bois. Un bois souple, dont l'épaisseur laissait à désirer, et qui était la seule isolation qui protégeait la vie enfermée dans cette maison du reste du monde. Elle était humble, encore neuve. N'importe quelle tempête la balayerait sans mal. Mais ce que je voulais, ce n'était pas qu'elle soit balayée. Je voulais simplement la faire ployer, faire frémir la vie qu'elle renfermait en y insinuant la bise froide de ma volonté.
Voulant appliquer les conseils de mon maître en renforçant mon emprise par des éléments extérieurs, et donc entretenir la peur de ma cible, je déposai ma main droite sur le pommeau du sabre laser qui pendait à ma ceinture. J'eus alors très vite le sentiment de sentir un vent froid s'engouffrer entre les planches de bois, assaillant la chaleur et le confort qui y régnaient jusqu'à présent.

-A genoux.

Il n'en fallut pas plus pour que, sans la moindre protestation, le soldat ne s'agenouille, sans oser croiser mon regard, n'aurait-ce été qu'une seconde. J'étais ravi de ce succès, bien qu'il mettait difficile de dire si j'avais véritablement exercé une emprise mystique sur ce pauvre soldat, ou s'il avait perçu une menace trop oppressante pour qu'il se permette de révoquer ma demande ou même de chercher à la comprendre.
Satisfait, je relâchai subitement mon emprise, délaissant la paume de mon sabre laser, relâchant mon attention et l'hostilité de mon comportement. Je me permis alors de le congédier.

-Bien soldat. Vous pouvez disposer.

L'humain quitta les lieux précipitamment, sans demander son reste. Une fois débarrassé de ses oreilles suspectes, je me retournai vers mon maître, et un petit sourire au coin des lèvres, lui demandai :

-Etait-ce convainquant maître ?
Absalom Thorn
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— C’était un bon début, répondit posément le Seigneur Sith.

On n’avait connu des compliments plus dithyrambiques et, d’ailleurs, en règle générale, Darth Noctis ne répugna pas à mettre du baume au cœur de ses recrues. Autant dire qu’il devait être, sinon un peu déçu, du moins un brin réservé. Il s’était attendu à ce que Syn se dispense de parler et tente d’influer sur l’esprit de l’enseigne par la seule imposition de son esprit.

— Rendons-nous sur le pont.

De toute évidence, l’entraînement était terminé et, cette fois-ci, la pointe de déception de l’Hapien était évidente. Il n’avait pas fait de reproches à Syn, il ne l’avait certainement pas puni, et en vérité il ne croyait à la vertu pédagogique de la douleur que quand elle était cherchée volontairement, et le fruit d’une profonde discipline personnelle. Il se faisait souffrir lui pour s’éduquer mais les autres seulement pour les punir et la punition, à son sens, enseignait peu de choses, si ce n’était la crainte.

Dans les couloirs du vaisseau, toute une petite société s’activait. Il y avait quelques soldats mais, dans la mesure où personne ne s’attendait à rencontrer une résistance considérable et que l’équipe de recherche comportait de toute façon bon nombre de Sorciers Siths, les militaires n’étaient pas les plus nombreux. Des scientifiques s’activaient aux côtés du personnel de navigation, et il n’était pas croire de croiser des hommes ou des femmes en bure sith, de toutes les races et de tous les âges, profondément plongés dans leurs réflexions, et qui n’en sortaient que pour incliner la tête respectueusement devant Darth Noctis et, du même coup, son Apprenti.

Depuis le décollage du vaisseau, Syn avait pour la première fois l’opportunité de prendre véritablement la mesure de ceux qui gravitaient autour de Noctis. Il régnait dans l’entourage du Seigneur Sith un respect qui n’était pas caractérisé par la rigueur martiale que l’on observait parfois dans d’autres factions. À vrai dire, chacun paraissait avoir ses propres raisons d’être là, ses propres projets et ses propres activités, et Noctis cultivait certainement l’indépendance d’esprit de ses fidèles, au moins dans une certaine mesure, parce qu’il était convaincu qu’elle permettait la naissance des idées les plus originales, et par conséquent les plus précieuses.

Sur le pont, c’était une humaine de plus de soixante-dix ans qui était aux commandes de croiseur. Elle ne quittait guère son siège que pour saluer le Seigneur Sith quand il venait lui rendre visite, et ce n’était que pour un court instant où elle tremblait, mais ses ordres étaient toujours et rapides, et précis. Grâce à une longue expérience, elle ne se laissa pas déstabiliser par grand-chose et elle paraissait connaître la fonction du moindre boulon de son vaisseau et les tâches du moindre de ses opérateurs.

— Capitaine.
— Seigneur Noctis.
— Comment ça se présente ?
— Rien à signaler. Les conditions atmosphériques seront optimales.
— La délégation est prête ?
— Elle n’attend que vos ordres.

Darth Noctis expliqua à l’intention de Syn :

— Nous avons préparé une petite délégation diplomatique pour les autorités de la planète, pour expliquer notre présence dans le secteur. Des discussions banales, sur la situation du monde au sein de l’Empire, sur le progrès de l’intégration économique, pure contrôle de routine. Sans ça, naturellement, un croiseur sith éveillerait bien des inquiétudes qui nuiraient à la pureté de nos observations.

La mission diplomatique était un prétexte mais, à vrai dire, Noctis comptait aussi faire d’une pierre deux coups. Si ce monde-là se sentait l’objet d’une attention particulière de tel Seigneur plutôt que de tel autre, il pourrait en attendre une fidélité plus entière. Il y avait souvent plusieurs facettes aux décisions de l’Hapien.

— Faites partir la délégation et préparer ma navette. Pour le reste, suivons le déroulé prescrit par l’équipe météo.

Noctis n’était pas un scientifique et bien des aspects précis de l’opération atmosphérique lui échappait. Il en avait conscience et en la matière, il s’en remettait à ses scientifiques.

— À vos ordres, Seigneur.

Il tourna les talons et s’engagea à nouveau dans les couloirs, avec Syn.

— Ne jamais se fier aux apparences. Les plus grands militaires sont parfois les plus inattendus. Cette capitaine est une perle que beaucoup négligeaient à cause de son âge et de sa maladie. Comme si le commandement d’un vaisseau avait besoin d’enchaîner les tractions ou les combats à mains nus. Quand vous repérez un être d’exception qui a été longtemps négligé, sa reconnaissance est une base solide à la fidélité.

Encore une fois, celui que l’on appelait le Boucher de Kano-IV paraissait bien gouverner par la douceur plutôt que par la terreur. C’était à se demander si, sur Kano-IV, il n’avait pas été littéralement un boucher, à servir de la viande aux habitants.
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Je sentis chez mon maître une certaine réserve. Bien qu'il ne l'eût pas formulé à haute voix, j'étais persuadé que de véritables encouragements de sa part auraient été plus chaleureux. Il s'agissait probablement d'une désapprobation implicite.
Après plus mûre réflexion, je songeais que j'avais certes soumis le soldat, mais que pour cela, j'avais tout de même formulé à haute voix mon ordre. Mon mentor avait sans doute voulu m'orienter sur un contrôle davantage spirituel. Car même sans avoir exercé de pression sur l'esprit de l'enseigne, j'aurais sans nul doute fini par obtenir ce que j'ordonnais. Je me sentis d'un con assez idiot, et je me fis la promesse de me montrer plus convainquant aux yeux de ma maître lorsque j'en aurais de nouveau l'occasion.

J'emboîtais le pas de mon maître à travers les couloirs qui devaient nous mener au pont du croiseur. Je fus sincèrement d'explorer cette ruche grouillante de vie et de travailleurs en tout genre, tous afférés à une tâche bien précise, qu'ils aient l'air Sith, militaires ou simples chercheurs. Une ruche dans laquelle mon maître jouissait d'une autorité presque royale, mais le tout sans écraser ou soumettre qui que ce soit. Chaque personne occupée à courir d'un bout à l'autre de vaisseau avait choisi de le faire. C'était là toute la différence entre un leader comme Darth Noctis et un tyran comme Darth Riakath : il dirigeait ceux qui avaient choisi de le suivre.

Une fois sur le pont du croiseur, nous rencontrâmes une vieille femme, à laquelle j'aurais donné soixante-dix ans, dont les traits et les cheveux tirés à quatre épingles témoignaient d'une certaine rigueur. L'expertise dont témoignait ses gestes contrastait fortement avec son âge et les compétences qu'on aurait pu lui attribuer au premier regard. Elle était sans doute possible une pilote aguerrie.

Après que mon maître m'eût informé de l'envoi d'une délégation qui nous servirait avant tout de couverture, celui-ci me prodigua une nouveau conseil, me dévoilant une nouvelle façon pour lui de s'assurer la loyauté de ses hommes : permettre aux éléments prometteurs mis de côté de jouer à nouveau leur rôle pour bénéficier de leur gratitude. Je n'eus même pas besoin d'y réfléchir pour trouver un parallèle entre la vieille pilote et moi-même.
Un apprenti Sith de 24 ans, plus âgés que certain guerrier, parfois même plus expérimenté qu'eux, mais qui pourtant, avait été mis de côté à la fois par l'Empire et l'Ordre. Sans Darth Noctis, je n'étais plus qu'un outil cassé. Sa reconnaissance, et le chance qu'il me donnait de faire mes preuves lui avaient assuré que je lui sois fidèle et loyal. Je ne pus m'empêcher de dresser ce constat à haute voix :

-Un peu comme moi n'est-ce pas ?

Il n'y avait pas l'ombre d'un reproche dans mon commentaire. Je ne voulais surtout pas que mon maître puisse penser que je le soupçonnais de me manipuler. Au contraire, cette question rhétorique me permit de lui faire de nouvelles promesses :

-Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour être digne de vous maître.
Absalom Thorn
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— Tout à fait comme vous, confirma sans hésiter le Seigneur. C’est une méthode qui est toujours mutuellement profitable. On attire à soi des éléments de valeur et on leur permet de développer leurs talents. Écraser les autres, c’est gâcher des ressources, se contenter de médiocre, c’est s’exposer à finir médiocre soi-même.

Il y avait quelque chose de quasi économique dans la manière dont Noctis envisageait la chose : c’était en somme une question d’assurer la plus grande prospérité possible pour le plus grand nombre possible. Même s’il était ambitieux et dominateur, fier de sa propre excellente, le Seigneur Sith était profondément convaincu que le véritable pouvoir exigeait l’agrégation de talents très divers, qu’il était illusoire de vouloir posséder à soi seul.

— Mais c’est aussi, comment dire ? La Force est une réalité complexe dont on ne peut pas découvrir tous les secrets en soi-même. Même la méditation la plus intense, les recherches solitaires les plus studieuses et les plus patientes, rencontrent un jour leur limite et il faut observer chez d’autres, très différents de soi-même, des mystères qu’on ne porte pas en soi. Et les mystères les plus intéressants dorment toujours chez celles et ceux qui sont un peu à part.

La curiosité qu'il éprouvait pour les autres était sincère, même si, parfois, elle le poussait à les traiter plutôt comme des sujets d’étude que comme ses prochains. La soif de savoir de Noctis le poussait aux extrémités les plus radicales, comme au test qu’il était en train d’orchestrer, pour droguer tout un village, mais elle nourrissait aussi ses attentions les plus humaines.

Les deux hommes ne tardèrent pas à atteindre la petite navette qui, depuis le hangar du croiseur, les conduirait au village, tandis qu’une autre navette, elle, se dirigerait vers la capitale de la planète, pour mener les négociations. Une petite dizaine de soldats s’était joint à eux, une mesure de sécurité qui relevait plutôt de la prudence que de la nécessité, puisque la lune agricole n’était guère militarisée et qu’ils n’avaient pas de raison d’y craindre quoi que ce fût.

Cinq sorciers siths étaient aussi présents, qui affectaient déjà une mine grave et pensive, concentrés sans nul doute sur la tâche somme toute titanesque qui les attendait. Ils étaient tous plus âgés que Noctis, autant qu’il était possible d’en juger à certaines physionomies d’espèces bien différentes des humains, et pourtant, au frisson qui avait parcouru la Force à l’entrée du Seigneur Sith dans l’habitacle, il n’y avait aucun doute sur la hiérarchie qui gouvernait l’expédition.

— Décollage dans cinq minutes, informa la voix du pilote retransmise dans la navette.
— Nous atterrissons sur une petite clairière à flanc de colline, dans forêt, à quelques kilomètres du village. Nous descendrons jusqu’à l’orée des bois et commenceront le travail dans la Force, pendant que les sondes déploieront le milla. Si le village se vide de ses hommes et de ses femmes capables, comme nous l’avons prévu, mon Apprenti et moi-même y pénétreront pour observer de plus près les effets sur ceux qui restent.

C’était un rappel pour chacun, qui avait surtout pour but de faire sentir que la mission était simple et bien organisée, et qu’il n’y avait donc pas de raison d’être anxieux — ni de faillir à sa tâche. Bientôt, la navette vibra avant de s’élever en douceur dans le hangar, pour filer finalement à travers le bouclier du croiseur et en direction de la petite lune. D’autres navettes la suivaient, chargées de déployer les sondes ou de transporter les scientifiques qui procèderaient à de précieux relevés atmosphériques.

Ils ne tardèrent pas à entrer dans l’atmosphère et le pilote se posa bientôt sur la prairie. Les soldats furent les premiers à descendre la rampe et à déployer un périmètre aux alentours, suivis des Sorciers et, enfin, du Seigneur et de son Apprenti. L’air avait la fraîcheur d’un printemps lunaire.

— Sortez les respirateurs.

Chacun s’équipa du petit appareil qui filtrerait l’air et leur permettrait de se prémunir des effets du milla. Quelques-uns des scientifiques de Noctis entreprenaient de développer depuis un moment un antidote contre la solution que les autres avaient inventée mais ce n’était pas vraiment une priorité pour le Seigneur. Il fit un signe de tête et ouvrit la marche, suivi par son équipe, sauf les quelques soldats affectés à la sécurité de la navette.

La pente descendait doucement jusqu’à l’endroit où la forêt reprenait et, après, la progression était plus lente, parce qu’aucune piste ni aucun chemin ne menait jusqu’à l’orée des bois, et qu’il fallait éviter sans cesse des branches basses et des racines traîtresses. Ailleurs, au contraire, à l’est du village par exemple, dans les bois de culture, tous les arbres étaient organisés en rangés rectilignes, pour faciliter les travaux des hommes et des machines.
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Mon maître acquiesça face à ma remarque, puis partagea avec moi sa réflexion sur la façon que l'on pouvait avoir d'entretenir et de développer son lien avec la Force. Je voyais parfaitement ce qu'il voulait dire, mais force était de constater que je n'avais pour ainsi dire jamais vraiment pu échanger sereinement au sujet de la Force. J'avais appris et développer mon lien avec celle-ci dans l'adversité. Aussi bien dans mon enfance que durant mes années à Korriban. Une fois de plus, je songeais à tous les apprentis que j'avais côtoyés, et avec qui j'étais, de manière quasi systématique, entré dans une farouche opposition.
Mes plus grandes leçons au sein de l'ordre Sith étaient celles qui m'avaient appris l'humilité et l'obéissance, comme ces infligées par Zora, ou encore Darth Riakath. Mais malheureusement, avoir un échange construit n'avait jamais été possible. Il n'y avait que face à un seul type d'individus que j'avais réellement affiné mes idéologies et mon rapport avec la force, et j'eus l'audace de partager ces expériences personnelles avec mon mentor :

-Je crois en avoir rarement appris à mon propre sujet et sur celui de la Force qu'en m'opposant aux jedi. Me confronter à eux m'a amené à grandir, et paradoxalement, à être toujours plus à leurs antipodes.

Confier que j'entretenais une relation particulière avec les jedi aurait pu être dangereux. Si mon maître n'avait pas été le hapien qui m'avait pris sous son aile, je n'aurais pas osé d'ailleurs. Mais j'étais persuadé que Darth Noctis pouvait le comprendre. Lui dont l'esprit était si ouvert, et qui était capable de voir au-delà des apparences, qui avait d'ailleurs reçu une formation jedi, saurait assurément comprendre ce que je voulais dire par là.

Je repensais à mes quelques combats face à des jedi, comme le chevalier Belluma ou le padawan Tianesli. Ces combats m'avaient enrichi, et m'avaient permis de reconnaître la valeur chez des individus qui ne partageaient pas les miennes. A devenir plus qu'une brute impitoyable.
J'aurais aimé que mon maître rencontre Kolin, toujours retenu prisonnier sur Korriban. J'étais alors persuadé qu'un homme comme mon maître achèverait de faire germer en lui les graines de la passion, celles qui permettaient d'ouvrir le chemin vers le côté obscur.

Nous embarquâmes dans une navette à destination de la fameuse lune. Mon maître et moi n'étions cependant pas seuls. Avec nous embarquaient plusieurs personnages habillés de bure Sith. J'aurais mis ma main à couper qu'il s'agissait de sorciers. Leur présence me mit mal à l'aise, car mon objectif était d'apprendre à utiliser la Force d'une façon qui devait sans doute leur être déjà bien familière. Mon statut d'apprenti de Darth Noctis était un privilège, et il me faudrait le justifier auprès de ces nouveaux inconnus. Je ne prêtais pas vraiment d'attention aux soldats. J'étais persuadé de pouvoir remplir leur rôle à leur place si le besoin s'en faisait sentir.

Une fois débarqués dans la fameuse prairie, j'enfilai mon respirateur, puis observait tous les fidèles de mon maître remplir de nouveaux leur rôle, d'une façon studieuse, presque habituelle, alors qu'ils étaient pourtant si loin de leur ruche.
Une fois de plus, je suivais le Seigneur Sith, sans me faire remarquer le moins du monde. J'aurais voulu que l'on me considère comme son ombre. Après que nous eussions traversé toute la forêt, et que quelques centaines de mètres seulement nous éloignaient des abords du village, je me permis une dernière question pour le Sith accompli :

-Quelle est la marche à suivre maître ? Peut-on influencer les habitants à cette distance ?
Absalom Thorn
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Depuis les bois, ils pouvaient apercevoir désormais les vastes machines semblables à des araignées qui servaient à l’exploitation sylvicole. Certaines, au loin, marchaient par-dessus les arbres et happaient les troncs avec une facilité déconcertante. À l’intérieur, des rouages bien huilés retiraient l’écorce et, selon les besoins, débitaient l’arbre en stère, en granules ou en planches. Des travailleurs les précédaient sans doute dans la forêt pour retirer les obstacles au sol. D’autres machines étaient au repos, en train d’être réparées ou rechargées, près des vastes hangars autour desquels s’organisait le village.

Quand son Apprenti s’enquit de la distance à observer, Noctis hocha la tête.

— Arrêtons nous là, confirma-t-il, la voix légèrement déformée par le respirateur.

Les sorciers formèrent d’eux-mêmes un cercle avec Darth Noctis et Syn fut bien forcé d’y prendre naturellement place.

— Maintenant, tout est une question de rituel, expliqua le Seigneur à l’intention de son Apprenti, Vous allez vous offrir à la Force, vous ouvrir à ma présence, et me laisser puiser en vous les ressources nécessaires, pour que je guide votre action. Notre esprit d’abord balaiera les pensées les plus faibles, les âmes les plus maniables, pour créer une grande vague d’assentiment dans la population, puis chacun d’entre nous se concentrera sur les poches de résistance, les quelques têtes fortes qu’il faudra faire plier.

C’était un exercice atypique pour bien des Apprentis de Korriban, habitués plutôt à puiser dans ce qu’ils avaient de plus personnel pour nourrir leurs ambitions dans le Côté Obscur, mais les rituels étaient plus communs chez les Siths aguerris, en tout cas les Sorciers, qui savaient la puissance d’une Force que l’on explorait collectivement. Fort heureusement pour Syn, il s’agissait ce jour-là pour lui de suivre le mouvement.

Noctis pressa l’oreillette de son comlink pour écouter les rapports de l’équipe de diffusion et, quand il eut la confirmation que l’opération d’épandage était bien en route, il étendit un peu les bras, paumes vers le ciel, ferma les yeux et se mit à réciter des formules anciennes, dans une langue gutturale et âpre, à voix basse d’abord, puis de plus en plus fort. Les autres sorciers se joignirent bientôt à ses incantations, à mesure que chacun ouvrait son esprit, se concentrait sur la Force, et se préparait à devenir le vaisseau des intentions du Maître.

La présence de Noctis s’imposa peu à peu à l’esprit de Syn, comme à celui des autres qui se livraient à lui. C’était une impression sombre et inquiétante, et séduisante à la fois, une puissance profonde, vaste, qui ne s’imposait pas comme un ciel de plomb mais qui s’enroulait autour des âmes comme une plante envahissante dont les fleurs auraient éclos dans les ténèbres. Noctis s’immisçait, se répandait comme un poison ou comme une drogue, bientôt aussi nécessaire que l’air qu’on respire.

Leurs pouvoirs se mêlaient, celui des sorciers considérable aussi, et les impressions de Syn furent démultipliées par celles des autres occultistes. C’était comme si, à des kilomètres à la ronde, tout lui devenait perceptible, comme si toute la Force vive se livrait à lui, et puis, sous l’impulsion de Noctis, leur attention se referma sur le village, avant d’abandonner toute matière pour se concentrer sur les esprits, et se mêler aux pensées. Elles étaient indiscernables, comme un immense océan d’idées et d’impressions diverses, qu’il aurait été vain de décrypter, mais Noctis en observait les mouvements et en devinaient la logique.

L’air petit à petit commençait à se charger de milla. L’océan des esprits se calmait, attentif — passif. L’idée que des enfants s’était perdu dans la forêt germa quelque part, peut-être dans aucun cerveau en particulier, mais dans cet imaginaire collectif que la Force tissait entre les êtres d’une même communauté. Petit à petit, elle développait ses ramifications vénéneuses, elle infectait d’autres esprits, rendus faciles par la drogue diffusée dans l’atmosphère.

Certains des Sorciers Siths tremblaient. C’était un exercice éprouvant mais ils étaient habitués à sacrifier leur corps à la Force, aux pouvoirs qu’ils en tiraient, et surtout à la volonté de leur Seigneur. Les incantations avaient finalement cessé à mesure qu’ils se concentraient, pour laisser la place à des respirations rauques, qui trahissaient la profondeur de la transe. Plus que jamais, la protection des soldats était utile, absorbés que les Siths étaient par leur tâche immense.

Enfin, Noctis rendit à ses fidèles un tout petit peu de liberté, pour que chacun puisse se concentrer sur les quelques esprits qui, plus solides que les autres, ou moins exposés à la drogue peut-être, demeuraient réticents à l’hallucination collective. Mais la présence du Seigneur était toujours envahissante et il était difficile de se défaire de l’impression que, en même temps qu’il maniait les esprits des villageois, il pénétrait les secrets les plus intimes des Siths qui s’étaient livrés à lui.
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Les sorciers et mon maîtres m'inclurent dans un vaste cercle visant à joindre leurs pouvoirs pour parvenir à corrompre comme nous le voulions l'esprit de tous les villageois. Je pris part à la ronde sinistre, partageant avec mes camarades de circonstances ma bonne volonté et mon humble puissance dans la Force.

J'écoutais les instructions de mon maître, et compris avec un peu de soulagement qu'il s'agirait pour moi de suivre le mouvement, et non de prendre une initiative trop audacieuse. Tenter l'aventure en solitaire viendrait plus tard, pour l'heure il me suffirait de me laisser emporter par le courant.
De plus, je n'avais encore jamais participé à de tels rites. J'avais déjà été confronté à la sorcellerie Sith, notamment lors d'un rappel à l'ordre de ce fourbe d'Anetherion, mais jamais encore je n'avais eu à en pratiquer moi-même. Le frisson de la découverte me fit trépigner d'impatience. C'était un nouveau pas vers l'ouverture sur le monde que j'avais désiré.

Lorsque mon maître fit le premier grand pas, et que les autres Sith joignirent leurs incantations aux siennes, je me contentai de rester silencieux, mais je fis preuve d'une concentration absolue sur chacun de ces mots, que j'étais encore hélas incapable de prononcer ou d'apprendre.
Bientôt, la noirceur de la présence de mon maître m'envahit. Son esprit sembla pénétrer le mien, empruntant pour cela chaque pore de ma peau. J'eus le sentiment d'être nu, de ne plus avoir rien pour me protéger. Mon mentor s'était insinué par delà ma carapace de haine, et pouvait à présent distinguer toute ma tristesse, tout mon mal-être. J'espérais qu'il ne s'intéresse pas assez à moi pour approcher le petit garçon aux iris rouges et meurtris dans sa chaire et son esprit, que j'avais depuis longtemps appris à cacher sous le tapis.

Le pouvoir de mon maître étreignit bientôt l'entièreté de mon corps, mais toute cette présence renforçait dans le même temps mes propres pouvoirs. Je devenais bien plus fort, gagnant par la même en assurance. A mon esprit s'imposa l'image du tumulte bouillonnant d'un océan de pensées entremêlées. Je percevais tant de voix, tant de sentiments entrecroisés qu'il m'était impossible de les suivre.
Mais à mesure que l'air s'emplit de Milla, ce tumulte se calma, jusqu'à devenir une eau plate, calme, cristalline, dans laquelle on pouvait aisément distinguer l'image d'une pensée : celle d'une battue pour retrouver des enfants fantasmés, perdus dans la forêt.

Après que nous ayons réussi, ou plutôt après que nous ayons permis à mon maître de diriger le courant des pensées vers ce constat imaginé, je regagnai une petite part de liberté, et, remettant un pied dans le réel, je constatai que mon front était moite, et que l'effort était partagé. Les paroles rituelles avaient laissé la place à des grognements sinistres, la douleur et l'effort marquaient chacun des fidèles de mon maître, moi y compris.
Mais tout à coup, ma conscience fut ramenée face à un dernier tumulte, une dernière résistance face au courant instigué par mon maître. A mon esprit s'imposa l'image d'une bâtisse de briques et de pierre polie. Presque imperméable, droite et digne, prête à résister à n'importe quelle intempérie, forte de son âge et des épreuves déjà endurées. Un doyen, ou plutôt, une doyenne, qui continuait de résister au contrôle de Darth Noctis.
C'était à moi de faire ployer cette bâtisse si résistante. Fort de la puissance conférée par ma communion avec mon maître, je fis frémir la terre, éprouvant ses fondations. Pour cela, je me servis de toutes mes inquiétudes, toute la peur que j'avais accumulée pendant des années à servir l'Empire. Je n'hésitai pas à replonger dans mes souvenirs les plus insoutenables anxiogènes, me rappelant de ma gorge nouée, de mes maux de ventre lorsque la peur s'en emparait. Bientôt, les murs de la baraque eux-mêmes se mirent à trembler, à tanguer. La peur que j'avais éprouvé s'était transmise à la fameuse doyenne, désormais effrayée à l'idée que des enfants du village puissent courir le moindre risque. L'idée s'était imposée à elle, et ce tumulte se calma.

Lorsque les eaux furent entièrement calmes, et que plus aucun tumulte n'en perturbait la surface, je revins peu à peu à moi, tous comme chacun des sorciers. Mon front était trempé de sueur, et il me fallut quelques dizaines de secondes pour retrouver mon souffle.
Alors que je parvenais à retrouver une respiration régulière, nous entendîmes le bruit de portes se claquer au loin, puis de quelques discussions rapides, et enfin le pas décidés et organisés d'habitants habitués à organiser ce type de battues.

Cherchant le regard de mon maître, qui semblait avoir cent fois mieux toléré l'exercice que nous autres, j'attendis ses prochaines instructions, mais je n'osai pas poser la moindre question, ne sachant pas s'il serait satisfait ou non de cette première réussite purement spirituelle.
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