Grendo S'orn
Grendo S'orn
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Grendo S'orn était hilare devant tant de stupidité et d'ignorance. En l'espace d'un instant il était devenu la tête de turc de ces rares dissidents qui se croyaient tout puissant en brandissant des menaces dont ils ignoraient eux-même les conséquences. Des conséquences désastreuses pour leurs entreprises qui risquaient tôt ou tard de faire faillite ne comptant plus l'Etat comme principal client, mais pour leur monde et leur peuple qui se retrouvait assez vite sans emploi, sans un sous, obligé de vivre dans les bas-fonds de Coruscant. D'un côté l'idée plaisait au Neimoidien. Il failli même ne pas réagir et laisser ces deux énergumènes mettre leur plan à exécution mais son intégrité venait d'être bafouée. Une infime intégrité certes car Grendo S'orn n'était pas tout blanc dans les sombres affaires liées au Sénat mais son intégrité tout de même. Il reprit aussitôt la parole, appuyé par un éclat de rire qui vint résonner dans toute la rotonde du sénat galactique.

« Je félicite Messieurs les Sénateurs Menk et Munsk pour cette merveilleuse intervention digne des plus grandes Comédies Galactique. Vous serez sans doute ravi d'apprendre que vous méritez l'un comme l'autre un Oscar pour nous avoir offert un divertissement mêlant à la fois l'ironie et le ridicule d'un spectacle de rue de la capitale. Non soyons sérieux, ici nous faisons de la politique, la vrai politique. Et cette politique ne peut être influencée par des coups de pression, du chantage enfantin tel que vous venez de le faire alors que nous sommes aux portes de la guerre ! C'est de l'irresponsabilité pure et dure ! Aurez-vous une once de culpabilité lorsque l'Empire s'attaquera à la République tandis que nous investirons d'avantage d'argent pour réparer les problèmes que vous aurez, par cette décision, causé aujourd'hui ? Un argent qui devrait être investis aujourd'hui dans la Défense et la Sécurité Intérieur ! Vous n'avez aucune idée des problèmes économiques, sociaux et militaire que vos actions risquent d'amener. Mais votre intervention a au moins le mérite d'être clair. Le destin de la République n'a que peu d'importance à vos yeux à voir vos méthodes douteuses pour parvenir à vos fins. Si, selon vos dires, j'ai troqué mon intégrité pour une place au Gouvernement, vous, vous avez troqué la vôtre par pure rancoeur. Une rancoeur profonde. Mais je suis rassuré d'une chose, vos discours grandiloquents ne trompent personne. Le Sénat n'est pas dupe, le vote concernant la destitution de la Chancelière le prouve. »

Il tourna aussitôt sa nacelle en direction de la Chancellerie pour s'adresser directement à la chef d'Etat.

« Madame la Chancelière, au vu des derniers événements, des multiples coups de pression et de chantage de certains Sénateurs ici présent, je ne peux que vous conseiller de rappeler à cette assemblée qu'il y a quelques années nous avons voté en âme et conscience pour l'instauration de la célèbre Loi Patriote. Et plus particulièrement rappelons la définition même de l'acte terroriste. Si j'ai bonne mémoire, le Sénat de la République Galactique reconnaît comme acte terroriste toute action destinée à influencer les politiques d'un Gouvernement par l'intimidation, la contrainte et la peur. C'est exactement le cas aujourd'hui. Par leurs interventions, ces deux individus se sont rendu coupable ni plus ni moins de terrorisme en vers notre République. Par vos actions, Messieurs les Sénateurs, vous vous rendez complices de nos ennemis de l'Etat ! Votre but n'est plus de défendre les intérêts de vos planètes mais de déstabiliser l'entièreté de notre territoire et la sécurité de nos citoyens. »

Les membres du Front Libéral Républicain appuyaient les dires de leur Président. Jamais le Sénat n'avait connu autant de violence et de retournement de situations entre ses membres. Les journalistes s'en donnaient à coeur joie, l'audimat était à son paroxysme. Et Grendo comptait bien en profiter pour faire la une des journaux galactiques.

« Sénateur Munsk, à vous qui demandiez des preuves à la Chancelière concernant une probable corruption au sein du Sénat, vous en êtes la preuve vivante ! Vous un traître de la Démocratie, un politicien peu scrupuleux qui pense défendre les intérêts du libéralisme mais vous n'êtes qu'un vulgaire imposteur. Vos idées ne sont pas celle d'un libéral mais d'un extrémiste qui est prêt à tout pour parvenir à ses fins. Quand à vous Sénateur Menk, vous qui aimez répéter sans cesse que le compromis est l'arme de ceux qui pensent que l'échec est une défaite, sachez qu'une politique sans compromis est une politique qui est vouée à l'échec. Un échec lamentable qui ne cessera de vous poursuivre si vous vous obstinez dans cette voie. »

Il termina sur ces quelques mots.

« Il est facile de critiquer un Gouvernement qui aurait commis quelques erreurs en brandissant le drapeau de l'incompétence et de l'ignorance, plus difficile de l'aider à se redresser et à apprendre de ses erreurs. Le Front Libéral Républicain s'est présenté ces dernières années comme une Opposition efficace, compétente qui préférait aider le Gouvernement, au déplaisir de certaines personnes. Mais le terme Opposition ne doit pas nous obliger à nous opposer systématiquement à chaque mesure et décision prise par le Gouvernement de la République. La politique des partis est une richesse que le Sénat connait depuis plusieurs années, ne laissons pas cette richesse se transformer en arme destructrice de la Démocratie. Nous avons foi en la Chancelière dont la confiance du Sénat vient à nouveau d'être prouvée par un vote démocratique avec presque soixante pourcent en sa faveur. »


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Le représentant d’Alsakan se retira un instant du matériel holographique qui projetait son image au cour de la Rotonde pour récupérer les informations que venaient de lui tendre un des officiers de pont de l’Amiral Hirken. Des renseignements sur les derniers mouvements dans la Zone Neutre, de quoi l’aider à planifier la suite des opérations. Il remercia l’officier, avant de se repositionner pour écouter la suite du débat et la première intervention de la représentation du secteur de Tapani. Jeresen trouvait ses propos intéressants, en plus de se satisfaire de voir enfin les sénateurs monter réellement au créneau pour se faire entendre. Lors des événements de Dubrillion, on avait demandé à Jeresen de défendre leurs intérêts, alors que l’Alsakani était lui-même un partisan de la guerre quand bien même il ne cautionnait pas le mouvement de la Chancellerie. Il avait également participé au combat, et il avait vu de ses propres yeux que malgré les propos de la Chancelière, l’Armée de la République n’avait rien prévu. Les flottes étaient apparues sur Dubrillion pour se faire ensuite massacrer. Alors effectivement, si les défenses planétaires n’avaient pas fait feu immédiatement après l’arrivée des forces républicaines –signe que l’Empire se préparait à recevoir la République, si les forces Impériales n’avaient pas été renforcées au cours de la bataille –car il est évident que si des flottes Impériales patrouillaient dans les secteurs avoisinants alors ils n’allaient pas rappliquer en orbite pour épauler leurs camarades, si l’Ordre Jedi avait été prévenu de l’offensive alors la République aurait pu remporter la victoire sans avoir besoin de l’aide des mondes de la Zone Neutre et de ces mêmes Jedi. Et c’était sans parler de la première erreur commise par l’État-major : frapper un unique point dans le système de défense Impérial. Il ne fallait pas sortir de l’Ecole de Guerre pour savoir que frapper à plusieurs endroits à la fois aurait totalement paralysé l’Empire.
Cependant, si le Sénateur Munsk avait raison sur certains points, Jeresen ne pouvait que désapprouver qu’il puisse se refuser à voir les évidences lorsque celles-ci se présentaient sous ses yeux. Tout comme Ress Laz’ziark, Jeresen était convaincu que l’État-major avait failli dans ses fonctions, tout comme le rapporteur sénatorial n’avait pas fait son travail en ne prévenant pas le Sénat. De fait, ces gens-là n’avaient plus de légitimité.

Quand à l’intervention de la Sénatrice Laz’ziark, Jeresen n’avait rien à ajouter. Il était toujours autant surpris de partager autant de convictions avec la Balosar, alors que tout était réuni, à l’époque, pour qu’ils s’invectivent. Elle avait parfaitement raison de rappeler que c’était aujourd’hui la dernière chance pour le Sénat de garder les cartes en main. Si l’état de guerre contre l’Empire était voté en ce jour, alors la Rotonde n’aurait plus aucun contrôle. Emalia Kira deviendrait la nouvelle Impératrice de cette coalition galactique dont les citoyens ne retiendraient qu’une seule et unique facette : son bellicisme, sa rhétorique guerrière et surtout, le renoncement de ses élites à protéger le peuple. Si la plupart de ces sénateurs avaient oublié une chose, c’est bien qu’il représentait le peuple de la République, celui qui serait envoyé à l’abattoir si ce gouvernement restait en place. L’Alsakani n’en sera pas le bourreau.

Concernant l’allocution du Sénateur Qademanda, l’Alsakani fut surprit par les premières paroles. C’était à croire qu’Agamar se réveillait enfin. Hélas, l’enthousiasme fut de courte durée. Décidément, les défenseurs de la Chancelière n’avait rien compris à la situation militaire et géostratégique. Effectivement, Agamar était à la frontière de la République. Et oui, elle n’était pas la seule. Pour autant, Agamar n’avait rien à craindre. Selon toute logique, ce monde était en réalité le mieux protéger par l’Armée de la République puisque situé à la bordure de la Ligne Rouge. De fait, il était inutile de compter le nombre de flottes de combat républicaines qui devaient patrouiller le secteur. Quand au sujet de la destitution de la Chancelière, Jeresen ne se faisait pas beaucoup d’illusions. Si l’opposition était certes forte, elle ne serait pas suffisante pour contrer le vote à venir.

Pour autant, le Sénateur Qademanda avait au moins fait l’effort d’écouter et de prendre en considérations les précédentes réactions, ce que la Chancelière Emalia Kira se garda bien de faire lors de sa propre intervention. C’était à croire que la République était à l’image d’Ondéron : la Chancellerie représentait la Royauté, et la Rotonde le bas peuple qui ne doit surtout pas être écouté. C’était affligeant, tout comme sa proposition de vote. Qu’il était facile d’ignorer les critiques, de se penser intouchable. Dissoudre le gouvernement ne changerait rien au problème, puisque le précédent gouvernement n’en était pas la cause ! S’il avait été au courant des machinations de la Chancelière, ses réactions auraient été différentes de la stupeur qui l’avait totalement tétanisé. Et encore une fois, le terme d’état de guerre était prononcé avec l’habituelle largesse d’esprit ridicule qui habitait dans l’esprit de tous ces affamés de pouvoirs. Jeresen en avait assez de le marteler : non, la République n’était pas en guerre. De fait, les fameuses garanties que la Souveraine proposait à la Rotonde ne correspondaient pas au contexte actuel. C’est pourquoi Jeresen avait immédiatement proposé une contre-proposition, un « contre-vote ». L’autre raison était que la proposition de la Chancellerie était une insulte à une bonne partie du Sénat, dont les propos étaient totalement ignorés. Quid des demandes ? Quid de la proposition du Sénateur Munsk ?

Une fois encore, la Rotonde se ridiculisa. Ainsi, le Sénat venait à nouveau ramper devant la Chancellerie…

Jeresen ne prit pas la parole pour commenter ces résultats. C’était fort bien inutile, puisque d’autres profitèrent de l’instant pour s’exprimer, et ce pour la première fois en ce jour. Jeresen fut bien déçu lorsque, à l’époque, peu de Sénateurs s’étaient exprimés lors du vote visant à modifier la Constitution. C’était une satisfaction de voir que le Sénat semblait enfin sortir de sa léthargie. Si l’Alsakani n’avait rien eu à redire des propos de Ress Laz’ziark, il en fut de même pour ceux de la Sénatrice Cheung. Il ne pouvait qu’approuver et réprimer le dégoût qu’il avait envers l’avenir qui se profilait pour la République. Tant de pouvoir entre les mains d’une seule et unique personne, un Sénat qui refuse à ses droits. Ce n’était plus la République qu’Alsakan avait fondé aux côtés d’Aldéraan, Corsucant, Corellia, Rendili, Tepasi ou encore Caamas et Chandrila. Cette République était en train de mourir, pour laisser sa place à un Empire. C’était à croire que lorsque l’Hégémonie d’Alsakan tente d’oublier les Conflits Alsakanis, ces derniers reviennent au galop.
Fort heureusement, la Sénatrice de Sarapin proposa une nouvelle solution, une nouvelle idée qui convenait au Sénateur d’Alsakan. Enfin, Jeresen voyait une solution concrète émerger de ce débat –en plus de celle du Sénateur Munsk.

Il fut bien dommage de voir cette idée balayée d’un revers de main par… Ondéron. Quelle surprise ! Jeresen secoua doucement la tête, et manqua même de s’étrangler en entendant une nouvelle fois cette idiotie sans nom. Comme si l’Empire pouvait s’offrir les moyens d’une guerre contre la République. C’était ri-di-cule. Décidément, cette Rotonde avait besoin d’un cours magistral à l’Ecole de Guerre.
Mais bon, voir la Sénatrice d’Ondéron soutenir la Chancelière Emalia Kira n’était pas une surprise. Après tout, ne devait-elle pas son poste au bon vouloir de la Souveraine ?

Ce débat commençait à tourner en rond, et Jeresen avait l’impression de perdre son temps. Un temps qu’il pourrait mettre à profit en peaufinant la stratégie qu’il avait adopté avec l’Amiral Nivohn pour l’intervention en Zone Neutre. Une intervention qui fut finalement rappelée par le Sénateur de Rendili, que Jeresen salua d’un signe de tête. La suite, en revanche, méritait d’être étudiée, et Jeresen comptait bien se retenir de trop commenter et d’intervenir sur un sujet qui risquait de le dépasser. La décision de Remis Menk venait le prendre de cours, et l’Alsakani était prit au dépourvu. Mais de tête, il se souvenait effectivement que les nationalisations concernait uniquement les chantiers navals de Rendili, et non les divisions d’ingénierie. En somme, la République avait de quoi construire les vaisseaux, mais ne possédait pas les plans ni les pièces détachées pour leur construction.

A cette pensée, le contre-amiral manqua d’éclater de rire. La situation devenait grotesque, quand bien même elle était sérieuse. La réaction du Sénateur S’Orn était à la hauteur de son ignorance, et le petit débat qui éclata ensuite entre le Neimoidien et les représentants de Rendili et Tapani était assez… ironique. Pour une fois que ce n’était pas Alsakan ou Balosar qui mettaient les feu aux poudres ! D’ailleurs, la Démocratie racontée par le représentant d’un monde à la tendance autocratique, n’était-ce pas là un spectacle magnifique ? Peut-être Neimoidia avait-elle besoin d’un discours des Pères Fondateurs de la République pour réaliser ô combien elle était à côté de sa nacelle ? Et que dire, une fois encore, de ce tout de girouette sur les nationalisations. N’était-ce pas là ironique de voir le défenseur de la privatisation se faire le garant des bienfaits des nationalisations ? Sans parler, une fois encore, que la guerre n’était pas déclarée. Enfin... si Jeresen reconnaissait une chose au sénateur de Neimoidia, c’est qu’il ouvrait enfin les yeux sur la Constitution en proposant de faire voter l’état de guerre. Ce n’était pas trop tôt…

Quoique.

Mais Jeresen n’avait pas le temps de demander la parole que les Sénateurs Menk et Munsk vinrent en rajouter une couche. Le débat devenait de plus en plus relevé, mais les réactions de chacun venaient rajouter des imprécisions ou des incohérences qui méritaient d’être soulignées. Jeresen n’avait cessé de pianoter sur son datapad pour s’assurer de n’avoir rien oublié, car le trio de Sénateur avait enchaîné les arguments et contre-arguments à une vitesse ahurissante, au point de venir se saisir du temps de parole pour ne plus le lâcher. Pourtant, ils allaient bien devoir passer le relais, à moins de vouloir se voir sanctionner par l’Orateur Sénatorial. Ce dernier ne tarda pas à se faire respecter, avant de répondre par l’affirmative à la demande de prise de parole faite par Jeresen, dont l’hologramme venait grésiller par instant du fait de la distance le séparant de Coruscant.

« Sénateurs, s’il vous plait, un peu de retenue ! Il est évident que les nouvelles déclarations des Sénateurs de Rendi et le l’Espace Tapani viennent soulever des questions importantes. Des questions méritant des réponses, ou des éclaircissements. Cependant, nous souhaiterions d’abord éclaircir certains points soulevés quelques instants plus tôt.

Tour d’abord, l’Hégémonie d’Alsakan tient à exprimer son soutien aux propositions de la Sénatrice de Sarapin et du représentant de l’Espace Tapani. En effet, nous entendons depuis l’ouverture de cette séance que les actions de la Chancelière étaient préméditées, minutieusement préparées. Nous entendons aussi des accusations de corruption, d’infiltration, de connivence avec l’Empire Sith. Si Madame la Chancelière et mes confrères et consœurs tiennent à maintenir ces accusations, qu’ils en apportent les preuves. Si les actes de l’Armée de la République étaient effectivement prémédités, préparés, alors de preuves doivent exister : rapport de renseignement humains et matériels, plan de bataille, préparatifs, ordres de mobilisation... ces documents existent et doivent nous être présentés.
Concernant la proposition de la Sénatrice de Sarapin et les objections de la Sénatrice d’Ondéron et du Sénateur de Neimoidia, nous ne dirons qu’une seule chose : nous préférons encore voir ces pouvoirs confiés à une commission plutôt à qu’une seule personne et de son gouvernement fantoche. D’ailleurs, nous invitons les opposants à cette proposition à revoir leur argumentaire après s’être renseigné sur ce qu’est réellement une commission. »


Applaudissements, huées. Jeresen les ignora pour poursuivre d'une voix plus forte.

« Nous souhaitons également réagir aux allocutions du Sénateur d’Agamar et de la Sénatrice d’Ondéron, qui ne cessent de nous rappeler les dangers d’une offensive de l’Empire Sith contre les mondes de la République. Il semblerait qu’un petit enseignement se doit d’être dispensé. J’ai actuellement entre me mains les derniers rapports en provenance d’éclaireurs postés dans la Zone Neutre, ainsi que de renseignements en provenance des forces navales des mondes de cette même zone. D’après ces informations, les forces Impériales dans les régions de Kanz et Raioballo sont en train de se rassembler à proximité des mondes de Gravlex Med et Lorrd. Il s’agirait de deux flottes de combat, dont l’une serait partiellement constituée d’éléments venant de Bastion. Enfin, une troisième flotte a été repérée dans les environs de Ciutric, mais dans le territoire impérial défini par le Traité d’Artorias. Les objectifs de ces flottes ne sont pas les mondes républicains frontaliers, mais bien ceux de la Zone Neutre. De fait, il n’y a ici aucune preuve tangible d’une invasion imminente du territoire Républicain, et ce n’est pas une surprise. Le rapport de force entre les armées de la République et de l’Empire est écrasant. Notre puissance militaire est de loin supérieure, nous possédons une économie et une industrie qui dépasse de loin les capacités de notre voisin. Nous avons un réservoir de population écrasant. Si l’Empire décidait de passer à l’offensive contre la République, cela le forcerait à fragiliser un de ses flancs, que nos forces enfonceraient sans difficulté. Nous sommes capables de concentrer trois à quatre fois plus d’hommes, de vaisseaux, de flottes que l’Empire. Alors non, Sénateurs, Sénatrices, l’Empire n’attaquera pas la République.

Devons nous pour cela refuser d’entrer en guerre ? La réponse est non, tout simplement parce que nous ne pouvons pas abandonner ceux qui nous ont évité la défaite. Nous ne pouvons rien lâcher maintenant, car nous sommes déjà allés trop loin. L’Hégémonie d’Alsakan a toujours été pour la guerre, et c’est ce que nous sommes sur le point de faire à votre place !

Pour autant, devons-nous déclarer l’état de guerre si précipitamment ? Une fois encore, la réponse est non ! Nous avons déjà frôlé la catastrophe sur Dubrillion, car nous n’avions absolument rien préparé sur le long terme. Ce n’est pas en libérant un symbole que nous gagnons des guerres ! De fait, tant qu’un véritable plan n’aura pas été proposé, l’Hégémonie d’Alsakan s’opposera au vote de l’état de guerre. Nous ne tenons pas à partir au combat avec des incapables. »


Il marqua une pause, secouant la tête un instant, portant son regard à gauche et à droite, avant de reprendre :

« Nous ne commenterons pas ce qui a déjà été déchiffré par nos confrères et consœurs, mais nous ne pouvons pas rester silencieux face aux déclarations des représentants de Rendili, de l’Espace Tapani et de Neimoidia. Les décisions prises par les Sénateurs Menk et Munsk ne sont que des réactions au manque d’intérêt porté par la Chancellerie et ses défenseurs pour les propositions faite par une grande partie de notre Rotonde, et par extension, par une grande partie des citoyens de notre République. Ce n’est là que la réaction de la République aux décisions aux tendances autocratiques de certaines de ses élites. Des élites dépourvues de la moindre consistance, du moindre idéal, de la moindre intention. Des élites dont le seul objectif réside dans leurs ambitions. Des ambitions qui les rendent aveugles. Sénateur S’Orn, vous étiez le premier à vous opposer à la Chancelière Kira. Votre mouvement politique fut parmi les premiers à monter au créneau pour, je cite, « s’opposer fermement à ce qu’un Gouvernement aussi irresponsable soit à la tête de la République en cette heure si grave. » Ou bien encore, que « nous faisons face à un tout nouveau danger plus meurtrier : une chancelière déraisonnable, proférant des menaces populistes face à l’Empire et profitant de son autorité gouvernementale pour vociférer sur l’holonews à l’encontre de notre ennemi millénaire. » Où sont donc vos discours, votre éthique ? Vous et votre parti ont toujours été de grands fervents de la dénationalisation, et maintenant vous nous sortez que les nationalisations sont indispensables ? Avez-vous conscience que cette séance est diffusée sur l’Holonet ? »

Il soupira, avant de le lever un doigt, comme pour souligner l'évidence :

« Ah, mais c’est vrai. Votre aptitude à retourner votre veste ne date pas d’aujourd’hui. Nous avions pu, à l’époque, observer tout votre talent lorsque vous avez démissionné du gouvernement de la Chancelière Von.

Vous nous avez aussi présenté ce qu’était la Démocratie, Sénateur S’Orn. Après tout, la Démocratie Neimoidienne est bien connue. Sincèrement, Sénateur, faites attention à ce que vous dites. On a l’impression que vous vous pensez déjà Ministre, ou peut-être même Vice-Chancelier. Ne vendez pas la peau du Wampas avant de l’avoir tué.

Vous parlez de semer le trouble. Vous parlez de trahison. Vous parlez de terrorisme. Ce sont là des mots forts jetés sur l’Holonet. Vous affirmez que la Chancelière vocifère des menaces populistes. Mais voyons Sénateur, pensez à balayer devant votre porte. A moins que vous ne la partagiez déjà avec la Chancelière Kira...

Cela ne veut pas pour autant dire que nous soutenons intégralement les démarches entreprises par les Sénateurs de Rendili ou de l’Espace Tapani, mais nous vous invitons vivement à ne pas les ignorer, comme vous avez pu si facilement le faire avant de voter.

Enfin, sachez que nous ne commenterons pas vos accusations, ou encore vos affabulations concernant la Loi Patriote. Nous préférons laisser cela à la Sénatrice Laz’ziark, plus au fait des questions juridiques, pour éclairer notre lanterne. Ou encore à d’autres de nos confrères et consœurs.

De fait, nous n’ajouterons qu’une dernière chose à votre intention Sénateur. A vous aussi, Madame la Chancelière : ne cherchez pas forcément la faute chez vos voisins, car c’est peut-être vous qui l’avez commise. »




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Niganoht Qademanda
Niganoht Qademanda
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La nacelle d'Agamar regagna sa place après le discours de Niganoht. Il n'avait pas été écouté avant de reprendre la parole, peut-être pouvait-il espérer l'être maintenant. Vu comment chaque Sénateur était braqué dans l'optique de réagir par émotion ou bien de saisir une opportunité politicienne, à vrai dire Niganoht doutait que sa parole de raison réussisse à se frayer un chemin dans leurs oreilles jusqu'à leur cerveau. De fait, il se sentait bien seul. Il attendit tout de même de voir. Sait-on jamais que certains Sénateurs soient finalement plus ouverts d'esprit que d'autres...

La première personne à prendre la parole après ce discours de Niganoht, fut la Chancelière elle-même. Son propos fut de procéder à un vote alternatif. Décidant d'être la première ici à essayer de faire des concessions, elle accepta de dissoudre le Gouvernement et de se soumettre à une enquête de la Cour Suprême. Niganoht grinça des dents : voilà qu'elle tombait dans le piège du Sénateur S'orn qui n'attendait que ça pour se loger confortablement à un poste de ministre. Niganoht espérait se tromper, mais il ne doutait pas qu'un Neimoidien soit au moins autant qu'un Humain attiré par le pouvoir comme un hanneton par un néon.

La Chancelière était celle à avoir eu le pouvoir décisionnaire pour la bataille de Dubrillion, c'est elle avant son gouvernement qui devait être destituée pour sa faute. Sa proposition allait donc à l'inverse de ce qui était souhaitable : elle restait en place tout en ouvrant la porte aux requins à ses côtés. Pourtant, les choses devait avancer, et l'on ne pouvait pas continuer à voter contre tout ce qui était proposé par l'opposition alors qu'un pas était fait dans la bonne direction. Cette bonne direction, c'était le report de la destitution de la Chancelière et son jugement en cour martiale avec levée d'immunité une fois le temps de guerre apaisé. C'est ce qu'avait demandé Niganoht. La Chancelière Kira salua au passage sa sagesse, et Niganoht se sentit flatté tout en se disant qu'un compliment venant de la Chancelière n'était pas sa meilleure publicité pour faire passer son discours.

Après le passage de la Chancelière Kira, il y eut un nouveau défilé d'esprits fermés refusant toute réflexion sage. A commencer par la Sénatrice Cheung de Sarapin. En voilà encore une qui, malgré le discours pourtant clair de Niganoht, s'entêtait à penser en substance que temporiser, c'était considérer que les actes d'Emalia Kira étaient acceptables. En voilà encore une qui n'avait rien compris, ou rien écouté, au discours de Niganoht. C'en était navrant. Autant de sénateurs ayant des bouchons dans les oreilles et une pierre à la place du cerveau. En quelle langue fallait-il leur parler pour leur faire comprendre que Niganoht trouvait inacceptable les actes de la Chancelière Kira mais que ce n'était pas contradictoire avec une volonté de la destituer à un moment plus opportun ?

La Sénatrice Jem'pra d'Ondéron prit la parole pour apporter un avis contradictoire. Même si Niganoht ne fut pas d'accord avec sa façon de voir avant tout le bon côté des actes de la Chancelière Kira, il dut bien dire que cela lui fit plaisir d'entendre enfin un autre Sénateur s'inquiéter des activités de l'Empire. La Sénatrice Jem'pra voyait plus loin que le bout de son nez : les mouvements de l'Empire sur Dubrillion, Gravlex Med et Lorrd n'étaient pas anodins. Il restait encore trop de Sénateurs pour le nier.

En tout cas, le vote vint à son terme. Niganoht ne s'attendait pas à ce résultat : le “oui” fut majoritaire. Ainsi, la destitution de la Chancelière Kira fut reportée, ainsi que le souhaitait Niganoht, aux dépens de son gouvernement certes, mais l'on ne pouvait pas obtenir tout ce que l'on souhaitait non plus. Niganoht vérifierait si la Chancelière Kira tiendrait parole en renonçant à son immunité le moment venu.

Le Sénat n'avait pour autant pas complètement redoré son blason aux yeux de Niganoht, et le débat lamentable qui opposa les Sénateurs Menk et S'orn montra bien à quel point le niveau pouvait stagner bien bas. Mauvais perdant, le Sénateur Menk annonça mettre fin à des collaborations très importantes entre ses entreprises et l'armée de la République. Non content de voir le Gouvernement se faire dissoudre, il décida de planter une épine dans le pied de la République à l'aube d'une guerre. Il n'était qu'un autre Sénateur à prendre une décision encore plus dangereuse qu'absurde en réagissant par émotion. Pour essayer de l'en dissuader, le Sénateur S'orn ne se montra pas plus digne de sa fonction. Les injures condescendantes furent échangées entre les deux hommes, donnant là un bien triste spectacle.

Niganoht eut honte de faire partie de ce Sénat.

Puis il se dit qu'il valait mieux y être pour faire valoir une autre façon de penser. Mais vraiment, il ne comprenait pas comment c'était possible qu'autant de sénateurs soient indignes de leur fonction.
Heureusement, le Sénateur Munsk de l'Empire Tapani s'insurgea contre ce comportement. Il y alla franchement, et Niganoht n'en fut pas du tout choqué, au contraire reconnaissant. Il fut en revanche très inquiet de l'entendre approuver la décision du Sénateur Menk et y aller lui-même de son grain de sel. La République était en train d'imploser devant les yeux tristes de Niganoht. En quoi pouvait-on croire maintenant ? Pourtant, la proposition qu'il soumit au vote était très bonne. Faire le point sur la situation permettrait de prendre une sanction juste et appropriée à l'encontre de la Chancelière Kira, plutôt que de bêtement la destituer maintenant et ensuite passer à autre chose. Le meilleur cotoyait le pire chez certains Sénateurs. Pourquoi devaient-ils tout gâcher en s'emportant de la sorte ?

Quand le Sénateur Fylesan d'Alsakan prit la parole, Niganoht fut très attentif sur une partie. Il eut peur, un instant, de l'entendre essayer de rassurer tout le monde en rappelant que l'Empire ne menaçait jusqu'à présent que des Mondes Neutres. Il n'y avait vraiment pas de quoi se réjouir de ça. Heureusement, Jeresen Fylesan affirma ne pas vouloir abandonner les mondes ayant évité à la République une défaite. Une troisième nuance vint compléter le discours : Alsakan était certes pour la guerre, mais pas pour la faire immédiatement.

Il était temps pour Niganoht de reprendre la parole. Une fois que le Sénateur Fylesan eut conclu son intervention, la nacelle d'Agamar flotta vers le centre de la Rotonde.

NIGANOHT – Sénatrices, Sénateurs, en vous écoutant depuis le début de cette séance, j'ai par moments ressenti de la honte à faire partie du Sénat. Je me rappelle néanmoins que ma fonction me donne la prérogative d'intervenir pour essayer d'ouvrir le plus possibles d'esprits si fermés. Tout à l'heure, j'ai tenu un discours vous invitant tous à ne pas réagir par émotion. J'ai maintenant la certitude de ne pas avoir été écouté. Je le regrette.

Voilà pour l'introduction.

NIGANOHT – Les décisions prises par les Sénateurs Menk et Munsk m'inquiètent au plus haut point. Je ne parlerai pas du comportement du Sénateur S'orn, plus lamentable qu'inquiétant. La guerre n'est aujourd'hui pas un choix. Je trouve le vote de l'entrée en guerre vide de sens. J'aime le combat, mais pas la guerre ; j'aime me battre, quand je n'implique personne d'autre que moi et mon ennemi, mais je n'aime pas voir la République se battre, quand cela implique la mort de civils qui n'ont aucune appétence martiale. Et pourtant, il va falloir que la République se batte. Pourquoi ? Parce que l'Empire ne va pas nous attendre. L'Empire prépare la guerre. Le Sénateur Fylesan se repose sur le rapport de force actuel entre l'armée de la République et celle de l'Empire. Puisse ce rapport de force être exact, je ne prétendrai pas être mieux renseigné sur ce sujet. Mais que croyez-vous que l'Empire cherche à faire en attaquant Dubrillion, puis Gravlex Med et Lorrd ? Suis-je le seul ici à réaliser que cela sent mauvais ? Suis-je le seul ici à considérer que les mouvements de l'Empire ne sont anodins ?

Niganoht espéra obtenir du silence pour faire peser la phrase suivante :

NIGANOHT – Quand l'Empire aura réussi, grâce à de nouvelles bases sur Gravlex Med, Lorrd et d'autres mondes encore peut-être, à lever une armée digne d'inquiéter la République, les gens qui comptent sur nous retiendront votre erreur de ne pas avoir pris en considération les mouvements de l'Empire sous prétexte qu'il n'attaquait pas encore directement la République.

Il espérait que cette phrase fasse réfléchir les Sénateurs. Il continua après un temps d'arrêt :

NIGANOHT – Sénateur Menk et Sénateur Munsk, je ne vais pas vous apprendre comment faire des affaires et comment gérer vos entreprises, non, ce n'est pas mon propos du tout. Je veux simplement attirer votre attention sur les conséquences que vos décisions vont avoir sur la République. Vous condamnez notre capacité à combattre l'Empire, pour... quoi ? Une vengeance contre la Chancelière Kira ? contre les Sénateurs ayant voté “oui” pour la résolution en coalition proposée par la Chancelière Kira ? Vengez-vous, oui, je le comprends, il est normal de vouloir se venger ; mais vous avez tant d'autres façons de le faire, alors ne vous vengez pas au prix même de la sécurité de la République, car vos décisions vont impacter bien plus que simplement la Chancelière et les Sénateurs qui ne partagent pas votre point de vue. Voyez ce que les actes de la Chancelière Kira ont pour conséquences : un Sénat qui ne sait plus se tenir, qui ouvre la porte à des requins, et qui va provoquer l'implosion de la République. Vous avez le pouvoir, tous, oui, vous tous, Sénatrices et Sénateurs, chacun à votre niveau, le pouvoir de minimiser les dégâts causés par les actes de la Chancelière Kira. Je vous vois gâcher cela en posant les pavés d'une route conduisant à l'implosion de la République.

Maintenant, la conclusion :

NIGANOHT – Par ailleurs, enfin, je vous demande de ne pas caricaturer un point de vue qui est le mien. J'ai pris plusieurs fois la parole pour clairement exprimer mon point de vue, ne faites pas semblant par entêtement de ne pas le comprendre. Il n'a jamais été question, pour moi, de pardonner la Chancelière Kira, de minimiser l'impact de ses actes, et encore moins de trouver acceptable de bafouer le Sénat. Vous ne m'avez jamais entendu dire des choses pareilles. J'attire votre attention sur le fait que le vote qui a été passé, implique que la Chancelière renoncera à son immunité et se soumettra à un verdict de la cour martiale, quand le moment sera opportun, et quand tous les rapports auront été remis pour permettre un verdict juste et approprié, rapport qui seraient permis par la proposition du Sénateur Munsk et pour laquelle je porte évidemment un vote positif. Je ferai partie des gens qui vérifieront que la Chancelière tiendra bien parole.
Sachant tout cela, Sénatrices et Sénateurs, je vous prie désormais de faire honneur à votre capacité de compréhension et d'écoute. Nous vivons un moment fort, il ne tient qu'à nous de ne pas en faire un moment funeste pour la République. Et si vous avez dans l'immédiat envie de me répondre que maintenir la Chancelière Kira temporairement à son poste est une décision funeste pour la République, je vous invite à tenir votre langue et à vous repasser en tête tout ce que j'ai pu dire.


A bon entendeur, Niganoht acheva son discours et sa nacelle reprit sa place.
Emalia Kira
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Le vote avait obtenu la majorité. Une petite majorité, certes, mais sa proposition l’avait emportée. La Chancelière, debout dans sa nacelle, serrait ses mains dans son dos, tentant d’en faire cesser le tremblement, mais déjà sa nervosité retombait légèrement. Qu’on continuât à l’insulter, cela ne lui importait guère – elle y était habituée. Voilà combien d’années maintenant que les sénateurs l’avaient raillée ? Aujourd’hui, elle était au pouvoir. Lorsqu’elle était devenue Ministre, leurs moqueries s’étaient mués en dédain, et ce même dédain maintenant qu’elle était Chancelière s’était transformé en une haine sans bornes qui dépassaient dans la Rotonde. Ce n’était que justice : ils avaient douté de sa capacité à obtenir ce qu’elle désirait.

Pourtant, il était difficile de considérer ce vote comme une victoire. Tout au plus parvenait-elle à sauver les meubles en permettant un statu quo qui tiendrait quelques mois, peut-être guère davantage. Mais il fallait s’accrocher à ce qu’elle avait obtenu. Il fallait capitaliser sur ce qu’elle avait obtenu : des garanties pour les uns, des possibilités d’action pour les autres.

Un petit noyau dur, pourtant, restait arc-boutait sur leur désir de vengeance. Oui, ils voulaient voir sa tête tomber. Mais le Sénat avait, démocratiquement, décidé de ne pas la lui trancher immédiatement, et ils seraient bien forcés de se soumettre à ce vote effectué dans les règles de l’art. Et bien sûr, comme c’était la chose la plus raisonnable à faire, ils ne le feraient pas.
Certains demandaient une commission contrôlant le gouvernement, d’autres la mise en accusation immédiate de sa personne, d’autres encore la divulgation au Sénat d’éléments stratégiques clés. La Chancelière soupira. Ragaillardie par ce qu’elle avait réussi à bâtir à force de persévérance dans l’heure qui venait de précéder, cependant, elle était prête à objecter avec calme à ces propositions. La parole lui fut donnée juste après l’intervention du Sénateur Qademanda, qui appelait une nouvelle fois à la raison.

- Sénateurs, sénatrices. Je ne peux répondre à vos multiples injonctions, parfois contradictoires, vous le savez. Je ne peux m’adresser à chacun de vous personnellement, mais je dois répondre aux principales propositions provenant de l’opposition au vote qui vient d’avoir lieu. Je vous prie donc d'excuser ma concision, mais nous devons avancer au plus vite désormais.

A ces mêmes personnes qui formeraient aussi l’opposition au nouveau gouvernement, il ne fallait pas en douter. Si l’on se fiait aux chiffres du vote, alors cela signifiait environ 40% du Sénat contre le gouvernement. Un score plutôt élevé contre elle pour une deuxième année de mandat. Tant pis, on ne faisait pas d’omelette impériale sans casser les pieds des sénateurs républicains frileux.

- Tout d’abord, énonça-t-elle d’une voix claire, madame Cheung, l’organe que vous proposez me semble un contre-pouvoir bien trop puissant, potentiellement paralysant pour un gouvernement, quel qu’il soit. Il serait un véritable danger de créer une république bicéphale, dont les deux parties seraient perpétuellement en conflit alors même que nous avons un ennemi véritable contre lequel nous devons faire front. Deuxièmement, cette proposition est anti-démocratique : je vous rappelle que le peuple m’a élue. Que vous soyez ou non en accord avec la façon dont je tiens mes promesses électorales, créer un organe contrôlant le gouvernement revient à nier les volontés des citoyens républicains.

Bien sûr, cette déclaration provoqua de nouveau des cris contradictoires dans la Rotonde. Elle y était désormais habituée. Emalia prit une nouvelle inspiration, et devant les holos, reprenait quelques couleurs sur ses joues, jusqu’ici blêmes.

- Relativement à la proposition du Sénateur Munsk, reprit-elle en se tournant vers la nacelle de l’homme en question, je ne peux qu’être contre. Et ce pour deux raisons : la première est que votre proposition implique de dévoiler des informations hautement stratégiques à l’entièreté du Sénat. Or, si la possibilité existe pour un gouvernement de ne pas dévoiler l’ensemble des informations classées secrètes par le ministère de la Défense, cela a bien toujours été pour des questions de sécurité. Je ne vois pas en quoi cela serait offensant. Par ailleurs, je tiens à vous faire remarquer que je n’ai accusé personne, Sénateur Munsk, vous avez déformé mes propos. Je n’ai qu’énoncé un fait : divulguer des informations stratégiques à huis-clos au Sénat n’est pas sécuritaire : nous sommes plus d’un millier dans cette Rotonde, Sénateur ! Je ne détiens pas des informations compromettantes sur chacun de vous, et n’aurai donc rien à dévoiler pour mettre qui que ce soit en accusation, quand bien même cela n’a jamais été mes propos. Cela signifie-t-il pour autant que nous devions dévoiler toute notre stratégie à des centaines de personnes sans considération de fuites possibles ? Ce serait pure folie, Sénateur.

Bien sûr, elle se plierait à la volonté du Sénat si celui-ci votait oui à la proposition du Sénateur Munsk, mais cela impliquerait de devoir repenser en urgence une nouvelle stratégie notamment militaire, car des éléments de la stratégie actuelle pourrait fuiter jusqu’à l’Impératrice. En somme, ces sénateurs allaient-ils mettre en danger la République plutôt que l’aider ?

- Enfin, je vous ferai remarquer que ce vote revient à nier le vote démocratique qui vient d’avoir lieu : le Sénat a voté que ma mise en examen était repoussée, Sénateur Munsk. Lui ferez-vous l’affront d’ignorer l’opinion majoritaire, vous qui vous drapez dans la notion de démocratie comme une colombe sans reproche ?

Des sénateurs souhaitant la faire chuter, celui-ci sembler se démarquer en criant le plus fort. Il était hors de question de paraître faible devant une telle opposition dans la Rotonde. Elle ne s’était jamais laissé faire, et cela n’a pas commencé aujourd’hui.

- Quant à ceux qui menacent de priver la République de leurs contributions, je rappelle que leur chantage revient lui aussi à nier qu’un vote démocratique vient d’avoir lieu. Mais ils sont des êtres libres et leur gouvernement planétaire est souverain sur leur territoire : qu’ils agissent comme bon leur semble. La République saura reconnaître ses alliés et ses soutiens dans cette période qui s’annonce difficile, et saura se passer de ceux qui ne souhaitent pas combattre l’Empire à ses côtés.

Et que pesait une poignée de planètes mécontentes face au mastodonte qu’était la République ? Faire la guerre nécessiterait de ne pas faire dans la dentelle. Ils n'en auraient ni le temps, ni le luxe. Ils trancheraient dans le vif. C’était la seule façon de tenir la route en période de guerre.

- Car oui, mesdames et messieurs : l’Empire est à nos portes. Nous pouvons le repousser… Ou au contraire attendre sa vengeance. Au plus tôt nous serons opérationnels pour se battre, au plus élevées seront nos chances de vaincre cet ennemi. Sénatrices, Sénateurs, je vous sollicite pour voter en faveur de la déclaration de l’état de guerre.

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Les discussions au Sénat allaient bon train. Shoey écoutait les remarques et restait de marbre autant qu’elle le pouvait. Elle s’était attendue, évidemment, aux critiques mais visiblement, les autres sénateurs s’y donnaient à cœur joie. Elle serra les dents laissant l’orage passer la concernant mais n’oublierait pas. Elle n’était pas femme à faire des scandales et certainement pas au sénat. Mais elle n’allait certainement pas laisser passer ces remarques et critiques sans rien dire. Ou peut-être que si, mais elle n’en resterait pas là. Sa position de proche de la chancelière la desservait, elle en était consciente. Mais, elle, son travail était de servir les intérêts de la planète Ondéron et non celle de la chancelière. Emalia lui faisait d’ailleurs assez confiance à ce sujet. Et après quelques hésitations et un échange digne d’une cour de récré entre les sénateurs Menk, S’Orn et Munks, le sénateur Fylesan prit la parole. La sénatrice d’Ondéron prit note de ce qu’il venait de dire et elle en fit de même pour le sénateur Qademanda. Puis la chancelière reprit enfin la parole. Shoey s’assit un court instant et le militaire à ses côtés la regarda d’une étrange façon. A dire vrai, elle hésitait à présent entre rester à cette séance qui n’avait plus ni queue ni tête ou tout simplement prendre congé. Finalement, la brune se redressa et se releva pour prendre le micro.

« Chers collègues, je vois que nous pouvons enfin reprendre le cours normal de cette séance, puisque messieurs les sénateurs Menk, Munks et S’orn nous le permettent enfin. Je ne peux qu’aller dans le sens du sénateur Fylesan et vous demandez de rester à la digne place qui est la vôtre. Vous êtes sénateurs, ne l’oubliez pas je vous en prie. »
commença la sénatrice d’un ton assuré et un peu de reproche. Puis elle reprit la parole.

« Messieurs les sénateurs, j’ose encore espérer que vous ne tiendrez pas parole quand à vos menaces de priver la République du soutien de vos entreprises respectives. Vous ne cessez de répéter que le Sénat est le cœur de la République et vous voulez la priver d’oxygène ? Je n’aurais pas l’audace, si j’étais à votre place, de demander aux miens de retirer leur soutien à la République comme vous le faites aussi facilement !

De plus, bien que suivant les paroles du sénateur Fylesan, qui est, je le reconnais bien volontiers, plus apte que moi-même à juger les forces militaires de la République et de l’Empire, qui ce dernier ne serait pas en capacité immédiate de porter son feu jusqu’à nous, je suis aux regrets d’abonder dans le sens du sénateur Qademanda et je regrette également de devoir dire qu’effectivement je ne pense pas que l’Empire se contentera de rester sur ses acquis concernant son armée et sa force de frappe. »


La sénatrice s’interrompit et prit une gorgée d’eau. Elle n’avait jamais autant parlé, elle, la femme si silencieuse et si discrète qu’elle était. Mais elle ne voulait pas en rester là. Alors elle poursuivit. « Si je puis me permettre sénateur Qademanda, je ne suis pas pour inciter ces messieurs à se venger. La vengeance n’est pas l’arme des sénateurs et des hommes politiques mais de ceux qui n’ont pas la même capacité que nous à discourir aussi aisément. Messieurs, vous êtes, je l’espère, au-dessus de tout ceci. » Shoey braqua enfin son regard sur chacun de ceux qui avait, semble-t-il, presque accusé la sénatrice d’être à la solde de la chancelière. Et elle reprit la parole d’un ton clair et posé.

« Quant aux sous-entendus de certains concernant mes liens avec la chancelière, j’aimerai éclaircir certaines choses et répondre à certaines autres.

Premièrement, je ne saurai tolérer que les sénateurs soutenant la chancelière soient qualifiés de sbires, sénateur Munks. Ces mots sont insultants, offensants et je doute que chacun d’entre nous se considère comme étant pieds et poings liés face à une chancelière despotique qui nous dicterait notre conduite. Sénateur Munks, vous qui vous vous êtes offusquez d’entendre l’hypothèse que certains d’entre nous soient corrompus, je m’étonne de vous entendre qualifier les membres du sénat soutenant la chancelière par des termes qui siéent d’avantage aux alliés de l’empire et de son impératrice. Et je ne vous ferai pas l’affront de vous réclamer des preuves !

Deuxièmement, je me permets de souligner une chose. J’aimerai que mes dires ne soient pas compris comme étant des paroles sortant de la bouche d’un pantin manipulé. Mes convictions sont miennes et le seront toujours… Si je soutiens la chancelière en ce jour, c’est uniquement parce que mes convictions sont semblables aux siennes.

Enfin je tenais à expliciter mes positions. Bien que j’entende parfaitement les paroles du Sénateur Fylesan, je crains fort que la déclaration d’état de guerre ne soit plus une option comme le montre le résultat de notre vote. C’est pour cette raison que j’ai voté POUR cette déclaration. En revanche, concernant la motion visant à demander à la chancellerie de dévoiler son plan d’action cernant Dubrillon et le reste, bien que je soutienne cette proposition, j’aimerai que l’on s’assure qu’on ne déplora jamais une fuite quelconque suivant cette séance à huit clos. »


Shoey se retira enfin et se rassit élégamment dans son siège. Elle regarda le reste de la rotonde et se surpris elle-même à essayer de deviner qui de l’un d’entre eux viendrait faire quelques critiques à son sujet.
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