Emalia Kira
Emalia Kira
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Emalia inspira longuement, s’astreignant au calme. Sa plateforme au Sénat était encore plongée dans l’ombre car dissimulée aux yeux de tous. Elle attendrait le dernier moment pour faire son apparition. En elle, la satisfaction se mêlait à la frustration. Après tout ce qu’elle avait réussi ! Libérer Dubrllion, libérer la République du Traité d’Artorias, provoquer l’Empire et remporter la victoire… Comment le Sénat pouvait-il être si ingrat ?!

La nouvelle de la proposition d’une motion de censure à l’encontre de son gouvernement ne l’avait pourtant pas extrêmement surprise lorsque, encore déboussolée par ce qu’elle venait de vivre, elle avait pu rejoindre le Conquérant. Mais elle s’était dit qu’avec leur victoire, le Sénat changerait bien vite d’avis, et en souhaiterait plus. Pourtant, les médias avaient plutôt relayés des opinions contraires. Son propre gouvernement, visiblement, manifestait sa désapprobation.

Nouvelle longue inspiration. Il ne fallait pas se laisser déstabiliser par tout cela. Après tout, elle avait fait ce que personne d’autre n’avait osé avant elle. Etait-ce cela qui lui était reproché ? Evaluer le nombre de partisans qui se tiendrait encore à ses côtés après l’évènement Dubrillion était difficile. Elle serait vite fixée, toutefois.

Elle entendit soudain la voix de l’orateur sénatorial. Le morne Velt annonçait son apparition lors de cette assemblée exceptionnelle. Et puis, dans la foulée, la coque de métal qui protégeait sa plate-forme se sépara en deux et sa nacelle s’éleva dans les airs. Un bref silence s’était installé dans la Rotonde. Il fut de courte durée avant que n’éclatassent les cris, les hurlements, les sifflements. Emalia resta impassible, bien décidée à ne pas laisser la mauvaise humeur des sénateurs s’emparer d’elle. Elle ne leur fit toutefois pas l’affront de sourire. Ce n’était pas le moment.

Il fallut un certain temps à l’orateur sénatorial pour ramener le calme, après quoi la Chancelière put enfin prendre la parole. Elle commença par les regarder tous dans une longue ellipse décrite par sa nacelle, le temps d’obtenir l’attention. Elle l’avait de toute façon. Chaque mot qu’elle prononcerait pourrait être retourné contre elle. Mais elle était la Chancelière, elle était celle qui avait défié l’Impératrice et qui avait repoussé l’Empire, celle qui avait tombé le traité d’Artorias et libéré Dubrillion et Ondéron simultanément. Ils pouvaient lui retirer sa fonction, mais pas ce qu’elle avait accompli.

- Sénatrices, sénateurs, commença-t-elle avec solennité. Je sais la colère qui vous anime. Je la comprends. Je me tiens ici devant vous pour faire mon rapport suite à la Bataille de Dubrillion, et exposer les raisons qui m’ont conduite à prendre de telles décisions. Je sais que, dans votre grande capacité d’analyse, vous saurez faire la part des choses, peser les arguments avant de prendre une décision sensée, mûrement réfléchie.

Enfin, il fallait l’espérer. Si les Sénateurs n’écoutaient que leurs émotions, elle risquait gros. Il n’allait pas falloir jouer sur leur corde sensible, mais bien sur des faits concrets. La Chancelière plia ses doigts dans ses poings pour les réchauffer. La Rotonde lui semblait plus glacée que jamais.

- Oui, j’ai fait déplacer l’Armée républicaine aux abords du système de Dubrillion qui, comme vous le savez tous, n’appartenait pas à l’Empire selon le Traité d’Artorias. Ce monde a été annexé plusieurs années après, et l’Empire a repoussé jusqu’à ce système ses frontières qu’il avait pourtant déjà bien larges au regard des rétrocessions qui lui avaient été concédées. Entrant dans le système de Dubrillion, je n’ai donc brisé le Traité d’Artorias…

Elle laissa aux Sénateurs le temps de comprendre où elle voulait en venir. Oui, elle avait joué avec les nuances des textes réglementaires. Et non, elle ne s’excuserait pas.

- Bien sûr, l’Empire a pris cela comme une agression, et la bataille a éclaté. La République a été forcée de se défendre et de repousser l’Empire, sous mon commandement.

Il y eut un petit silence, le temps que les Sénateurs comprissent les arguments qu’elle avançait. Puis il y eut des cris de colère, de nouveau des sifflements.

- Je maintiens ce que je dis, reprit-elle, je n’ai pas déclaré la guerre à l’Empire, je n’ai donc pas désobéi à notre Constitution. Seulement, je m’attendais bien évidemment à une riposte violente de la part de nos voisins belliqueux, et ce n’est que là, que la guerre a éclaté. Ce n’est que là que le Traité d’Artorias a volé en éclats – si l’on considère toutefois qu’il n’était pas caduque depuis l’extension des territoires de l’Empire.

Elle peina à se faire entendre au-dessus des vociférations, mais fit un geste répétitif de la main pour montrer qu’elle était prête à entendre les critiques.

- Je comprends votre frustration, répéta-t-elle. Je sais combien il peut être décevant de n’être pas consulté sur des décisions aussi majeures que celles-ci. Pourtant, vous savez tout comme moi qu’il n’était pas envisageable d’annoncer à toute la Rotonde mes plans contre l’Empire. Cela n’aurait que conduit à ce que l’Impératrice se prépare, car les informations seraient parvenues jusqu’à elle. Si je n’ai prévenu personne en dehors de mes plus proches collaborateurs, c’était pour préserver le secret qui nous permettrait de garder l’effet de surprise, et donc de vaincre. Vous pouvez me le reprocher, cependant j’ai la sincère conviction que vous savez que c’était le seul moyen de nous attaquer à l’Empire…

Et c’était là que le bât blessait. Encore bien des sénateurs étaient convaincus qu’ils auraient pu ou dû préserver la paix avec l’Empire. Mais c’était là qu’ils se fourvoyaient, car l’Empire jamais ne serait un voisin tranquille. Il serait une menace jusqu’à sa fin… ou celle de la République. Et cela, la Chancelière n’était pas encore prête à l’envisager.

- Je sais combien d’entre vous m’en veulent d’avoir déclenché ces hostilités. Mais je sais aussi que malgré la terreur que nous inspire à tous cette guerre… Elle est inévitable. Je fais partie de ceux qui pensent que mieux vaut prendre les devants et combattre notre ennemi avant que celui-ci ne soit trop préparé à nous vaincre. Chaque jour qui passe dans la paix est un jour de perdu pour la République, donné à l’Empire pour que celui-ci se galvanise des forces obscures qui l’habitent !

La Chancelière serra le poing devant elle, réchauffée par les convictions et la passion qui l’animait.

- Je sais que nombreux sont ceux qui souhaitent me voir quitter la Chancellerie désormais. Mais réfléchissez-bien… Trouverez-vous quelqu’un qui, à ma place, sera prêt à prendre les risques que j’ai pris, personnellement, pour défendre la liberté ? Demain, ce seront les mondes républicains qu’il faudra défendre. Qui pensera à sa quiétude et ses affaires économiques, quand le monde voisin sera dévasté par l’Empire ? Pas moi ! Chancelière ou pas, je me battrai pour faire face, pour faire front, pour défendre les idéaux pour lesquels j’ai été élue à ce poste !

La voix de la souveraine se répéta en un étrange écho à travers la Rotonde devenue calme de nouveau. Emalia considéra les nombreuses nacelles autour d'elle, le port droit et la tête haute, prête à relever le défi du Sénat.
Elle était parvenue jusqu'ici. Elle avait fait tomber chacun des obstacles, un à un. Mais peut-être était-ce cela qui leur faisait peur, à tous ? Sa faculté à s'être relevé cent fois, sa faculté à avoir échappé à l'Impératrice même ? Qui parmi eux était prêt à accepter qu'elle était une arme à dresser contre l'Empire, plutôt qu'à écarter pour s'acheter une ou deux années de quiétude avant que le monstre ne vienne dévorer la République ?
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Zolten.

Le nom résonnait encore et toujours, telle une litanie sans fin, un appel sourd, une prière muette, les deux syllabes d’un infime espoir comme d’un amour infini, qui refusait l’évidence et s’employait à défier l’imagination pour simplement continuer à espérer, l’espace d’une minute, d’une heure, que la mort avait été évitée, que le pire n’était pas, que la vie avait triomphé. Depuis des jours, silencieusement, murée dans sa haine et sa douleur, cette mère semblable à toutes celles attendant frénétiquement des nouvelles de leur enfant hurlait son chagrin, se raccrochant à tout pour ne pas succomber à la folie. Son cœur déchiré souffrait, tous ses membres étaient raidis par l’attente en un mouvement psychosomatique inévitable tandis que ses yeux demeuraient secs, incapables de verser la larme salvatrice si la confirmation ne tombait pas. Ress Laz’ziark ne connaîtrait pas la paix et se refuserait à la donner tant qu’elle ne saurait pas exactement le sort de son fils, tant que son cadavre ne lui aurait pas été présenté. D’un coéquipier de son escouade survivant, elle avait simplement appris que, touché, son appareil filait vers la surface de Dubrillion la dernière fois qu’il avait eu un contact avec. Le jeune jedi n’avait pas été en mesure de confirmer s’il s’était écrasé, et si son pilote avait pu s’extraire. A terre, la confusion régnante était telle qu’il était difficile de trouver tous les blessés et de les comptabiliser, aussi le nombre de personnes classées disparues allait en grossissant. Sans doute qu’avec le temps s’écoulant, la plupart finiraient dans la case des morts, ultime passage avant le deuil tant attendu. Sauf que ce n’était pas le cas, et toutes les familles ne pouvaient que supporter l’agonie de l’attente.

Hagarde, Ress aurait bien été incapable de décrire son activité depuis ce moment sur le Furtivo où elle avait cru toucher du doigt à ce qu’elle considérait comme l’ultime don de sa personne pour sauver une République en péril. Et puis la bataille avait définitivement basculé, et l’heure n’avait plus été à cela. Evidemment, le Sénat continuait à piailler, sauf que la sénatrice, trop habituée aux excès et renoncements de ses comparses, était prête à parier que la plupart s’assièraient sur leurs revendications dès que la détentrice du pouvoir réapparaîtrait. Allons, protester, c’était bon quand la guerre se livrait. Après ? Chacun retournait à ses occupations, à ses tractations. Depuis quand le Sénat se piquait de contester quoi que ce soit quand il y avait une miette de pouvoir à gagner ? Ironiquement, deux personnes avaient immédiatement réagi comme elle s’y était attendue. Le Sénateur S’orn avait publié une de ses ordinaires tribunes virulentes, et Alsakan avait décidé d’agir selon son bon plaisir. Le pire ? Pour une fois, elle soutenait autant une déclaration du FLR qu’une initiative unilatérale d’une planète puissante. A quoi donc l’avait-on réduite … A moins que voir les divergences s’affaisser ne soit la preuve que quelque chose clochait véritablement au sein de la République. L’hypothèse paraissait tristement probable.

Tandis que la Chancelière s’exprimait, Ress écoutait d’une oreille distraite. Elle savait d’ores et déjà ce qui serait dit, et son visage de marbre n’exprimait aucune émotion. Concentrée, presque ailleurs, elle répétait dans sa tête comme une litanie le nom de son fils disparu, ce dernier l’animant d’une force étrange, d’un pouvoir nouveau, lui offrant le courage et la force de continuer son combat, de faire ce qu’elle jugeait nécessaire. Qu’importait les jugements, ceux qui verrait trahison ou lui reprocherait sa compromission initiale. Elle avait fait une erreur. Elle la payait chèrement. Plus que personne ne saurait le dire. Lentement, tandis que le silence se faisait dans la Rotonde après l’animation survenue à la fin de l’allocution exécutive, la balosar demanda la parole, son cerveau empli d’une seule et unique pensée.

Zolten.

« Honorables confrères … Aujourd’hui, si je tiens à prendre la parole si tôt lors de nos débats, c’est pour apporter un éclairage qui me semble nécessaire sur les événements qui sont survenus dernièrement. Pendant des heures, à bord d’un de nos croiseurs, je me suis efforcée de convaincre les jedis de nous aider, et de coordonner leur effort aux nôtres en compagnie de mon prédécesseur à ce poste, que beaucoup d’entre vous connaissez, je veux parler de Maître Vorkosigan. Pendant ces moments difficiles, j’ai entendu votre colère, vos arguments, pris la parole devant vous quand la situation me le permettait pour vous offrir quelques éléments sur l’avancée de la situation. J’ai eu les mouvements complets de nos flottes, ainsi que celles de nos alliés, sous les yeux, pendant des heures. Je ne suis pas la seule. Mais je peux en témoigner, et je jure sur ma planète de ne vous en révéler que la stricte quintessence véridique. »

Sa voix, ordinairement forte, vitupérante, était d’une douceur confondante, d’une simplicité déconcertante. Il y avait une sincérité évidente en elle, de celles qui ne sont pas contestables car mues par une émotion profonde, bouleversante, personnelle, intime. Et alors qu’elle reprenait sa respiration pour continuer sa logorrhée, un seul nom était sur ses lèvres.

Zolten.

« La République a attaqué Dubrillion. Elle a indéniablement, indubitablement armé ses canons, ses lasers et fait feu sur la flotte et les installations impériales, envoyées son armée à terre prendre la capitale. On peut appeler cela comme on veut. Gloser à l’envie. Les faits sont là. Et eux ne mentent pas. Je ne juge pas de la nécessité, de la justesse, ni même de la justice. J’énonce une réalité. Je vous le dis à cet instant : la République a envahi un monde rattaché à une entité qu’elle avait reconnue comme souveraine, qui n’avait aucunement l’ensemble de ses frontières fixées, mais seulement celle en commun avec elle-même. En clair, la République a porté le fracas des armes contre un Etat dont elle avait reconnu la pleine capacité à se diriger lui-même et à s’étendre. Elle a attaqué sciemment les ressortissants de l’Empire. C’est une rupture franche du Traité d’Artorias. C’est, qu’on l’accepte ou pas, constitutif d’une déclaration de guerre. A vrai dire … C’en fut une. Il est temps de l’assumer. On n’envoie pas des flottes complètes dans un espace occupé en faisant feu avec autre chose en tête. Et le résultat est là. Nous sommes en guerre. Nous l’avons déclaré.

Actons-le. »


Calme, Ress l’était trop, surtout quand on la connaissait. On eut dit un cours de droit constitutionnel, encore que beaucoup en aurait eu un besoin salvateur. Seulement, si elle s’emportait trop, elle risquait de craquer, et alors sa souffrance intérieure dévasterait tout son être, et les vannes de sa douleur seraient ouvertes en grand. Il fallait être forte, solide, faire honneur à son fils qui avait combattu avec bravoure, comme tant d’autres. Va, jeune jedi, ton sacrifice ne sera pas oublié. Meurs ou survis, mais quelqu’un se chargera de te rendre justice. Sois en paix …

Zolten.

« La vérité, pour l’avoir observée, est que cette attaque fut un échec sanglant. Oui, la victoire a été remportée. Sauf que ce n’est pas la République qui a triomphé. C’est l’Ordre jedi et les planètes de l’espace neutre, contre toutes les attentes possibles. La seule démonstration faite, c’est que nous sommes faibles sans nos alliés … Et que la décision prise de ne pas les prévenir a été catastrophique.

Sincèrement, est-ce que le résultat aurait été différent en convoquant une assemblée plénière du Sénat à huit clos en plaçant nos flottes avant de donner l’ordre d’entrer en hyperespace ? Sachant que dans ce cas, personne hormis les sénateurs présents, soit des êtres républicains – à moins que des factieux soient encore dans nos rangs- n’aurait été au courant de nos manœuvres. Aucunement. L’effet de surprise n’a absolument pas joué, les archives pourront en témoigner. Les impériaux s’attendaient à une attaque sur Dubrillion ou Artorias. Dès les premiers échanges, nous avons perdu plusieurs escadres. Cet argument … ne peut être valide en l’état. »


Déjà, les murmures agitaient les rangs des fidèles du gouvernement, alors que ses collègues la regardaient avec des yeux compatissants ou ébahis, suivant ce qu’ils savaient de sa situation personnelle. Plusieurs devaient se dire qu’elle avait perdu la tête. Peu importait. En fait, elle n’avait plus rien à perdre.

Zolten.

« L’Ordre jedi, les neutres ont vaincu l’Empire. Mais la République a perdu, sur le terrain militaire et sur ses valeurs. En privilégiant l’avis des militaires sur celui du Sénat, c’est notre démocratie qui a reculé au profit des attentes de quelques vieillards engoncés dans leurs certitudes qui nous ont déjà mené au désastre. Cette fois a failli ne pas faire exception. S’il n’y a qu’une chose à noter de ce chaos, c’est la satisfaction de savoir que l’Empire est capable de se faire suffisamment d’ennemis pour nous permettre d’avoir des alliés à nos côtés.

Mais nous ne gagnerons pas en reniant ce que nous sommes. En dérogeant à ce qui a toujours été le cœur et l’âme de ce bel édifice que nous défendons chacun. Nous ne vaincrons jamais en sacrifiant la République et ses institutions au profit de la raison d’Etat et de l’urgence militaire. C’est là le privilège des dictatures. » 

Zolten, Zolten, Zolten.

« Je prends acte de ce que je viens d’énoncer, librement et en conscience, avec vous, mes chers confrères, comme témoins. J’en tire toutes les conséquences. J’ai toujours pensé que mon devoir auprès de vous, en tant que Ministre de la Justice, que juriste, était de défendre la rigueur de nos lois et de nos institutions. Je suis convaincue qu’elles ont été bafouées, et ce sciemment.

Par conséquent … »

Un dernier souffle. Une dernière prière pour sauver un fils et trouver la rédemption d’une ambition avortée.

« Je démissionne du gouvernement et demande le vote d’une motion de destitution visant la Chancellerie. »

Le brouahaha atteignit des sommets. On l’insultait, on l’applaudissait discrètement, on la critiquait ou on s’interrogeait sur sa santé mentale, quand rien d’autre que son enfant ne comptait plus.

Zolten, entends-moi.

« Ce ne sont pas des motivations que je condamne. Ce sont des faits. C’est une guerre déclarée dans la solitude de l’ivresse du pouvoir. C’est une offensive menée sans discernement, attirant l’opprobre de nos plus vieux alliés qui ont saigné bien trop comparé à ce qui aurait dû être. »

Sa voix s’érailla très légèrement.

« C’est l’oubli qu’avant d’être des idéaux ou des nombres sur un croiseur, ce sont des hommes et des femmes, des enfants et des parents que nous avons sacrifiés en un nombre inique, pour une entreprise illégale. 

Et je ne peux plus, en conscience, l’accepter. Maintenant que le calme est revenu, au moins pour un temps, que l’urgence de sauver des vies, de préserver l’unité de la République ne m’habite plus … Je peux retrouver ma liberté de parole et agir selon les convictions que j’ai toujours défendues.

Je vous enjoins solennellement, mes chers collègues, à faire de même. A ne pas oublier ceux qui sont morts en notre nom, que nous l’ayons voulu ou pas. A défendre notre Constitution et ceux qui se sont engagés au nom des valeurs qu’elle exprime, même s’ils n’y adhèrent pas officiellement. A soutenir tous les efforts qui visent à dresser un rempart réfléchi contre l’ennemi, plutôt que de s’y jeter tête baissée au risque de mettre en danger toute une opération de par sa seule imprudence, par égoïsme et sans conscience des risques encourus, par l’usage d’une force brute irraisonnée qui n’a jamais démontré son efficacité.

En tout cas, c’est ce que je ferais à partir de cet instant. »


Zolten, regarde-moi.
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Il est des moments où un silence, éloquent, vaut bien mieux que des mots.

Pour Eskos, la placide Sénateur de Caamas, cette maxime revêtait bien plus que les atours convenus d'un adage populaire. Il l'avait élevée en un précepte, un leitmotiv, un mode de vie. Penser avant d'agir, réfléchir avant de parler... Et ne le faire que lorsque les circonstances l’exigeaient. Au cours de ses (trop) nombreuses années dans les hautes sphères politiques Républicaines, d'abord comme ambassadeur, puis comme Sénateur, le vénérable Caamasi s'était vite rendu compte que la grande majorité de ses pairs agissait à l'extrême inverse. Comme si le paraître, au travers d'une communication débridée, prévalait sur la force des idées et de l'intellect. Triste époque, pensait souvent le mélancolique Sénateur.

Il soupira, débout dans sa nacelle, sa délégation derrière lui, le reste de la rotonde devant. Il secoua lentement la tête, cherchant à préserver le flot de ses pensées du vacarme assourdissant. Comment les millénaires institutions Républicaines pouvaient-elles encore fonctionner ainsi ? Un poids indéfinissable voûtait son dos, lui tiraillait les épaules. Le poids du doute, car en ce jour, après les événements tragiques venant de déchirer la bordure impériale, plus que jamais il redoutait que cette République ne soit affublée d'un destin funeste.

En réalité, une seule question taraudait son esprit torturé : Pourquoi avions-nous attaqué Dubrillion ? Qu'est-ce qui justifiait un tel déferlement de violence, au mépris de toutes les règles diplomatiques, au mépris des lois constitutionnelles ?

Alors que la Chancelière Kira, sous le tonnerre d'insulte de ses détracteurs, sous le tonnerre d'applaudissement de ses fidèles, se révélait, Eskos releva la tête, les yeux plein d'espoir. L'espoir d'enfin mettre une réponse sur cette question dévorante. Une réponse qui, il l'espérait sincèrement, ferait taire la grogne, apporterait un éclairage nouveau sur tout ce qui venait de ses passer... Comment pouvait-il en être autrement ?

En fine communicatrice, probablement élevée ainsi depuis son plus jeune age, la Chancelière ne laissa aucun répit à ses auditeurs. Il parlait avec force et conviction... Mais à mesure que les paroles s'échappaient de se gorge poudrée, l'expression du Caamasi se fermait. Derrière lui, les membres de sa délégation commençaient à échanger des messes basses :

« Se défendre ?! Elle a bien dit se défendre ?! J'aurais tout entendu ! C'est inacceptable ! Nous prendrait-elle pour des... »

Mais Eskos fit volte face, tuant d'un geste de la main le discours haineux avant même qu'il ne prenne entièrement forme. Sa voix douce, mais doté de l'autorité naturelle d'un être dont on respectait la profonde sagesse vint réprimander ses collaborateurs :

« Raison doit primer sur Passion. » fit-il, des paroles qui sonnaient presque comme un précepte Jedi. Les délégués baissèrent les yeux, penaud. Sur Caamas, il n'était pas admis de laisser ainsi ses émotions obscurcir son discours et son discernement. Alors que la Chancelière terminait, Eskos soupira encore, ne quittant des yeux ses interlocuteurs. « Mais je comprends vos sentiments mes amis. »

« Sénateur » fit le plus jeunes, le plus vif, le plus téméraire du groupe. « Ne... Ne devrions-nous pas intervenir ? Porter haut et fort notre désaccord ? » Eskos secoua la tête :

« Patience jeune homme. »

En prononçant ces mots, le vénérable Sénateur luttait intérieurement contre des sentiments opposés. Lui, qui se considérait comme un observateur, un conseiller, répugnait à s'exprimer ainsi, devant une assemblée clairement dominée par ses passions. Mais, d'un autre coté, il redoutait de voir cette session se muer en un pugilat verbale sans foi ni loi. Peut-être était-il judicieux, cette fois-ci, de sortir de son éternel mutisme contemplatif pour élever le discours avant que celui-ci ne sombre dans les abysses d'un règlement de comptes ?

Son museau longiforme, petite trompe informe, frétilla. Il ouvrit la bouche pour répondre, lorsqu'une nouvelle voix, féminine, celle de la Ministre Laz'ziark couvrit le brouhaha. Il se retourna alors, posant son regard sur la jeune Balosar, s'attendant au pire. En effet, celle-ci n'était pas réputée pour ses prises de positions en demi-tinte. Un être direct, franc, mais qui pouvait tout aussi calmer les esprits que les échauffer...

Eskos resta muet, parfaitement stoïque tout au long de sa prise de parole. Seulement à la fin, il secoua lentement la tête, de gauche à droite. Oui... Définitivement... La tête dirigeante de la Républicaine partait en lambeaux. Si la Chancelière ne parvenait plus à unir les personnes au seins de son propre gouvernement, alors plus rien n'arrêterait l'inévitable déferlante qui sommeillait dans les esprits de ses pairs. En exposant aussi ouvertement, irrévocablement, sa désapprobation, la Ministre venait de porter un terrible coup à Kira. Une ouverture, une faiblesse dans laquelle ses détracteurs n'hésiteraient pas à s’immiscer pour la faire voler en éclats.

Aussi, avec une spontanéité qu'il ne se connaissait lui-même, Eskos écrasa les commandes directionnelles de sa nacelle. Désolidarisée de la coursive, elle dériva rapidement jusqu'à flotte entre la tour centrale, là où se tenait Kira. Il activa le microphone, afin que sa voix puisse raisonner dans toute la rotonde sans qu'il n'ait à hausser le ton.

« Madame la Chancelière... Madame la Ministre... » fit-il braquant son regard à tour de rôle sur les deux femmes, avant de tourner sur lui-même. « Très chers Sénateurs. » Il se racla la gorge, profitant de cette fraction de seconde pour mettre en place le flot de ses pensées. Le Caamasi braqua son regard triste dans celui de Kira. « Ce que vous avez fait sur Dubrillion n'est pas acceptable. Vous avez provoqué l'Empire au mépris de toutes les règles. Aucune déclaration de guerre. Aucune consultation du Sénat. En agissant ainsi, vous n'avez pas fait mieux que notre voisin, dont nous avons pourtant mainte fois condamné les méthodes autoritaires. En agissant ainsi, ce n'est pas seulement vous que vous avez avili, mais les plus hautes instances Républicaines. Vous avez foulé du pied nos principes, nos valeurs ! En quelques jours, vous avez détruit une réputation que nous avons mis des millénaires à construire. Comment pourrons-nous, à l'avenir, continuer de jouer notre rôle fédérateur ? Comment pourrons-nous faire la morale à nos propres mondes membres, si ceux-ci décident d'agir militairement sans l'approbation du Sénat ? Car c'est bien de cela qu'il est question, à présent, sur la scène galactique : notre crédibilité.

Nous sommes des êtres civilisés, aux mœurs civilisés... Nous devons agir comme tel, même si cela est souvent difficile, parfois même contre naturel. La Raison qui doit prévaloir sur la Passion.Vous êtes tombé dans le piège de la facilité. Je crois encore que vous intentions étaient sincères... Mais voyez le résultat : Le Traité d'Artorias est bafoué, la guerre est déclarée, et nous sommes déchirés. Que Dubrillion ait été libérée ou non ne change malheureusement pas grand chose : car ce n'est pas le résultat qui compte, mais les méthodes utilisées pour y parvenir. Ces méthodes qui, justement, doivent faire de nous des modèles, des exemples, qui doivent nous hisser bien au dessus de notre belliqueux voisin.

Madame la Chancelière... Sachez que j'ai, depuis les premières heures de la crise, refusé de prendre parti. Lorsque cette motion de censure a été évoquée, j'ai refusé de la soutenir, croyant sincèrement, et naïvement, que tous ces actes avaient été dictés par des éléments dont nous n'avions conscience. Je me rends compte à présent que vous avez agis impulsivement, sans discernement... Et que tout ceci aurait pu être évité.

Alors... Alors je vous en conjure : si vos intentions sont réellement celles que vous prétextez, que votre amour de notre République, de ce qu'elle représente, est réellement sincère... Démissionnez.
Quittez au plus tôt vos fonctions... Partez, avant que cette motion de censure ne devienne le cœur d'une discorde risquant de nous diviser alors que, de l'autre coté de la frontière, un Empire meurtri se prépare certainement à une terrible riposte. »
Grendo S'orn
Grendo S'orn
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Coruscant - Sénat Galactique - Rotonde

La prise de Dubrillion était désormais sur toutes les lèvres.
Plutôt qu'un retour glorieux parmi ses pairs politiciens, la Chancelière et Reine d'Ondéron, Emalia Kira devait à présent faire face à la colère de ceux-ci. Une colère évidente à en observer le conflit sans précédent dans lequel la République venait d'entrer dès l'irruption des premiers vaisseaux de combat en territoire impérial.
La Guerre, voilà ce qui effrayait de nombreux Sénateurs pacifistes craignant de voir un jour les hostilités atteindre les mondes du Noyau. Les deux ennemis millénaires se faisaient à nouveau face ne cachant plus rien de leur objectif : verser le sang de son opposant ...

« Madame la Chancelière,
Très chers membres du Gouvernement,
Honorables amis Sénateurs, »
aboya le Neimoidien à la suite du Sénateur de Caamas tout en guidant sa nacelle à mi hauteur de la Rotonde, face à l'atrium sur lequel était installée Emalia les yeux braqués sur lui tel un petit gizka demandant de l'aide. Mais Grendo ne comptait pas donner son soutien à la Chancelière aujourd'hui, que du contraire il avait attendu les premières et virulentes réactions avant d'enfoncer lui-même le couteau dans la plaie. Une plaie pardon ... une véritable faille, un gouffre plutôt qui venait de s'ouvrir au sein même du Gouvernement Républicain. Les détracteurs étaient de plus en plus nombreux, n'hésitant pas à s'afficher publiquement au plus grand plaisir du leader de l'Opposition qui serait ravi de collaborer peut-être avec eux plus tard. Mais chaque chose en son temps.
Se raclant une dernière fois la gorge avant de s'exprimer face à l'assemblée, S'orn s'appuya fermement à la rambarde de sa nacelle et se présenta telle une alternative à un Gouvernement sur le déclin.

« La Démocratie a officiellement été bafouée ... Nos lois ont été reniées par les plus hautes instances ... Nos valeurs que nous défendons depuis la fondation de la République balayées ... » le ton du Neimoidien était dur, sombre presque sinistre « En provoquant l'Empire sur Dubrillion nous avons déclenché un conflit sans précédent qu'il nous faut à présent combattre avec fermeté et ardeur ! Le Front Libéral Républicain a toujours soutenu l'entrée en Guerre préventive contre notre ennemi au nord et nous ne comptons pas abjurer ce en quoi nous croyons. Au risque de me répéter en ce lieux, le conflit était inévitable. Il est présent une réalité !
Mais nul ne peut lancer un affrontement de cet envergure sans en référer à l'instance qui devait, selon notre Constitution, donner son appui. Le Sénat, bien que parfois lent dans ses procédures aurait dû être consulté. Je partage la position de la Ministre démissionnaire Laz'ziark : l'effet de surprise n'est pas une raison valable pour en oublier nos obligations. Et même la Chancelière doit s'y plier que ça lui plaise ou non. »


Des murmures surgissaient par-ci par-là au sein de la Rotonde, jusqu'ici S'orn avait été très poli marquant son désaccord sur certaines positions et son soutien à d'autres. Mais il se réservait un discours bien plus virulent pour la fin.

« Mais ... » et c'est là que tout bascule « ... notre plus grande et lamentable erreur a été de faire confiance en une Reine dont la mégalomanie et la fourberie l'ont menés tout droit à la tête de la Chancellerie. Une fonction qui nécessite sang froid, prudence et réflexion. Non pas précipitation, désir de vengeance et incapacité à prendre les bonnes décisions comme nous venons de le constater. Un véritable danger mortel, une bombe à retardement qui ne peut que nuire à nos libertés les plus fondamentales car c'est en laissant ce genre de personne à la tête de notre République bien aimée que l'Empire risque de nous anéantir ! La prise de Dubrillion a été un échec sanglant et bien que nous pouvons compter une planète supplémentaire à notre territoire, je serais bien curieux de connaître les premières estimations de victimes militaire ou civil en rapport avec cette bataille ! Mais nous le connaissons tous n'est-ce pas ... un prix bien grand pour une si petite victoire ! A ce rythme nous risquons de voir le conflit atteindre les mondes du Noyau beaucoup plus vite qu'on ne le croit ! » un argument qui risquait d'en effrayer plus d'uns « Encore une fois je ne doute pas de notre puissance militaire ni de notre capacité à nous défendre mais des mauvaises décisions mèneront à une issue catastrophique pour la République et les premières planètes à en subir les conséquences seront celles au bord de la frontière Impériale ... sans parler des mondes sans affiliations qui risquent très bientôt de voir l'ennemi s'en prendre à eux par pure vengeance. Mais à ceux-ci j'adresse un message d'espoir, un appel bref : la neutralité est malheureusement un luxe qu'on peut se permettre en temps de paix. Mais nous sommes en Guerre ! Aussi j'appelle tous ces mondes neutres à rejoindre au plus vite la République ou d'entamer des processus de négociations militaires avec la République afin de se défendre de manière plus efficace contre cet ennemi commun ! Car mieux vaut vivre debout et libre qu'à genoux et enchaînés ! » les membres du Front Libéral Républicain acclamait la position du leader de leur parti qui visait clairement à réunir un maximum d'opposants au Gouvernement actuel pour mieux le détrôner sans doute. S'orn en avait assez de l'immobilisme constant et de laisser des personnes irresponsables au pouvoir.

« C'est pour cette raison que le Front Libéral Républicain soutiendra la motion de destitution visant la Chancellerie proposée par la Ministre de la Justice, à moins que la Chancelière n'accepte de démissionner d'elle-même comme vient de le suggérer l'honorable sénateur de Caamas, Eskos A'Lifa. Mais nous proposons également une motion de censure visant le Gouvernement tout entier ! En se rendant complice d'actes digne de Trahison en reniant délibérément nos lois et le fondement même de notre Démocratie, le Gouvernement actuel ne devrait plus pouvoir exercer aucun pouvoir que ce soit ! » les murmures refirent surface partout dans la rotonde « Dans tous les cas nous demandons la mise en accusation de la Chancellerie par le Sénat devant la cour suprême pour ne pas avoir suivit les étapes obligatoires à l'entrée en guerre de la République ainsi que la création d'une commission d'enquête sur les différents membres du Gouvernement afin de connaître l'identité des réels commanditaires. » Unir certains et diviser les autres. Certes la guerre était déclarée contre l'Empire mais elle l'était aussi au sein même du Sénat Galactique de Coruscant ...
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Depuis la salle d’honneur de l’Amiral Hirken, Jeresen se préparait à affronter le Sénat pour leur annoncer officiellement la décision prise par son monde, à savoir celle de se porter aux côtés des mondes neutres pour les protéger une agression évidente et imminente de la part des Impériaux. Il avait été informé de la tenue de cette séance, et il comptait bien être présent pour entendre ce qu’allait bien pouvoir énoncer la Chancelière ainsi que le reste de la Rotonde à propos des événements de Dubrillion. En appuyant sur le bouton de la console, son hologramme venait se poser sur le projecteur de la plateforme que sa délégation occupait au Sénat, pour le plus grand plaisir de Jon, qui préférait cent fois mieux laisser cet honneur à l’Alsakani que de prendre lui-même le risque de subir les courroux d’un Sénat qui ne pouvait, de toute manière, rien leur reprocher. Si des gens devaient faire des remarques, se serait sur sa propre personne et la décision qu’il avait prise malgré-lui d’aider les Républicains dans cette entreprise, alors qu’il en ignorait le but réel. Il avait prit un risque énorme, et il se retrouvait à présent dans une situation bien délicate. Les propos de la Chancelière lui étaient retransmis en direct, tandis qu’il restait silencieux. Il ne pouvait évidemment pas être d’accord avec son retour, il avait assez bien exprimé sa volonté de la voir quitter la Chancellerie, et cette décision était irrévocable. Ce qu’elle disait n’était pas pour autant totalement faux. Dans les faits, si l’on s’en tenait aux mots et uniquement aux mots, elle pouvait espérer se sortir de cette situation. Mais ça ne pourrait fonctionner, pas cette fois. Il s’était fait promettre de ne pas accabler Emalia Kira, de ne pas laisser ses émotions et les sentiments de haine qu’il pouvait avoir pour la Chancelière dicter son discours. Il n’y aurait rien de cela. Seulement des faits. Il laissait le soin de la motion de censure à d’autres. Il ne ferait que l’appuyer. Il estimait avoir des choses plus importantes à annoncer, des choses soulignées par la Sénatrice Laz’ziark comme par le Sénateur S’orn. Il se surprenait d’ailleurs à partager les volontés de ce dernier, à condition que l’on puisse parler de surprise lorsqu’il s’agit d’une volonté qui ne pouvait être que commune à tous ceux qui voulaient faire respecter le pouvoir du Sénat, ainsi que sa légitimité. Emalia Kira avait déclaré la guerre en lançant cette offensive. Elle l’avait fait en toute connaissance de cause, envoyant ses vaisseaux ouvrir le feu les premiers, pour tenter de surprendre un adversaire qui ne pouvait l’être en cet endroit de la frontière. A présent, les neutres, qui avait participé à la victoire, allaient devoir payer le retour de bâton des Impériaux. A présent, il allait falloir agir.

Mais avant cela, il allait falloir préciser certaines choses, ramener la raison dans l’esprit de chacun des sénateurs présents ainsi que de leur délégation. Leur rappeler que ce qu’il venait de faire était parfaitement légal. Le Sénateur A’Lifa pourrait dire ce qu’il veut, les textes étaient de son côté. Cela ne l’empêchait pas d’acquiescer sur le reste des propos du Caamasi, dans leur généralité.

Jeresen attendit le dernier moment, s’assurant que personne ne comptait prendre la parole avant de faire signe à Jon de les élancer dans les airs. La plateforme s’éleva, grimpant pour rejoindre celles des autres Sénateurs, ainsi que de la désormais ex-ministre Laz’ziark.

« Madame la Chancelière, Sénateurs, nous vous priions de bien vouloir excuser notre absence physique à cette instance, mais d’autres priorités ont retenus notre attention. Des priorités dont les causes ne sont autres que les conséquences du quasi fiasco de la bataille de Dubrillion, car c’est bien de cela qu’il s’agit. Nous ne pouvons pas appeler cela une victoire lorsque nos pertes sont aussi catastrophiques. Nous avons pris pars à la bataille et nous avons pu peser les conséquences de ce carnage. Nous avons été entrainé dans cette affrontement non pas par soutien à la Chancelière Kira, mais par nécessité de protéger ces hommes venus se battre pour une cause qui n’était pas légitime, pour sauver le plus de vie, et espérer nous apporter la victoire. »

Une victoire amère. Il s’en voulait encore, d’avoir dû sacrifier toutes ces vies, d’avoir dû abandonner son poste pour des tâches politiciennes…

« Une victoire que nous n'avons pu apporter ; que la République n’a pu apporter. SI nous avons remporté la bataille, c’est uniquement grâce à l’aide conjointe des mondes neutres et des Jedi. Les Sénateurs Laz’ziark et S’orn ont raison sur les risques pris par ces mondes, et par les représailles que l’Empire compte leur infliger. Ces mondes n’attendent qu’une chose, notre reconnaissance, l’aide de la République, dans l’espoir que sa volonté n’était pas de s’arrêter à Dubrillion. Mais chaque chose en son temps, voulez-vous ? »

L’Alsakani croisa ses bras devant lui, dans une posture plus stricte, alors qu’il se tournait vers la Chancelière :

« Au nom d’Alsakan, nous soutenons la motion de censure à l’encontre de la Chancelière, à condition que celle-ci refuse de démissionner. Mais également contre son gouvernement, dont les responsables stratégiques et militaires n’ont clairement pas été à la hauteur de la situation. Les raisons ont déjà été évoquées. Ils nous ont menés à la catastrophe, en bafouant la légitimité de notre institution ainsi que les principes mêmes de la République. Cependant, comme l’a expliqué le Sénateur S’orn, et bien que la République soit avant tout une alliance défensive, nous n’avons pas hésité à faire la guerre pour nous assurer la paix, et c’est pour cela que nous partageons depuis longtemps l’idée de mener une guerre préventive contre notre ennemi. Cet ennemi qui va d’abord s’en prendre aux mondes de la zone neutre, sans réelle défense, avant de s’attaquer à nos frontières. Il est de notre devoir de leur porter assistance contre la barbarie et la tyrannie de nos ennemis.

La guerre est une nécessité !


Il leva une main, comme pour écraser son poing devant lui, affirmant sa détermination. Il avait déjà pris sa décision, tout comme le reste d’Alsakan. Il avait demandé l’aide des Jedi, et il était logique qu’il demande l’appui de toute la République.

« C’est pourquoi Alsakan a décidé de mobiliser l’intégralité de ses capacités navales et militaires pour venir prêter assistance aux mondes neutres, seul et unique rempart entre les Impériaux et nos mondes du Nord. Nous l’avons fait dans le pur respect de la Constitution, en faisant valoir nos droits en tant que monde souverain. Nous annonçons également que toute tentative de saisie de notre marine par le gouvernement fédéral sera considérée comme une agression, une atteinte à notre souveraineté, et nous déconseillons vivement de prendre pareille décision. A l’heure où nous vous parlons, deux de nos puissantes escadres ont franchit les frontières Républicaines dans les régions de Ciutric et Horus, avec pour volonté d’établir une bulle de protection autour des mondes neutres, avec l’appui de leurs flottes souveraines. De nombreux mouvements Impériaux ont notamment été repérés en direction de Lorrd, d’Argazda et de Ciutric. Gravlex Med serait également menacée.

Ces mondes sont à notre porte ! Nous devons réagir ! Nous ne pouvons laisser l’Empire se renforcer, et transformer les populations des mondes conquis en soldats prêts à marcher sur nos frontières, prêts à envahir nos mondes. Nous devons agir, et nous devons le faire maintenant, en commençant par destituer la Chancelière Kira, son gouvernement, et l’intégralité de l’État-Major Républicain ayant provoqué la tragédie de Dubrillion. Nous devons nous lever et nous battre, tous ensemble. Rejoignez-nous, pour défendre vos frontières, vos intérêts. L’Empire ne vous laissera rien.

Alsakan est prête à prendre partie, en toute connaissance de cause, et à agir activement dans la chute de notre terrible ennemi. Nous sommes prêts à agir pour la République ! »


Il espérait être convainquant, mais son esprit était déjà bien loin de la Rotonde. Il était à bord d’un vaisseau de guerre, un vaisseau qui se préparait au combat.

« Aujourd’hui, d’autres citoyens Républicains vont sans doute perdre la vie pour garantir notre liberté, notre sécurité. Il ne tient qu’à vous de vous assurer que ce sacrifice ne soit pas vain. »
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La galaxie s'enflammait. Remis était assis au fond de sa nacelle en attendant que ne se montre la chancelière. Il avait appris la nouvelle de l'attaque sur Dubrillon tandis qu'il discutait avec quelques diplomates depuis une corvette diplomatique. Il était en route pour Rendili à ce moment et fut contraint d'annuler son déplacement pour revenir sur Coruscant. Une telle action allait forcemment entraîner des répercussion et le sénateur se devait d'être sur le monde capitale au moment où ils arriveraient.

Il se fit excuser sur Rendili et apprit la nouvelle au Prévôt-en-chef qui ne sembla pas plus satisfait que lui de la nouvelle, leur conversation se coupa lorsque le prévôt décida de mobiliser la Rendili Home Defense Fleet autour de la planète. Remis n'était pas certain de l'utilité de la manœuvre, mais pour le moment, il pensait à autre chose, qu'importe comment la situation tournée, il lui restait encore un peu de temps avant que Rendili ne soit directement menacée par l'Empire Sith.

Mais les plans du sénateur s'en trouvaient compromis, la bataille risquait fort bien de faire quitter la chancellerie à la Reine d'Ondéron, bien trop tôt pour le sénateur. Il avait ses idées pour récupérer son entreprise et une stabilité politique minimale était nécessaire afin qu'il puisse réaliser son objectif. Il allait devoir accélérer certains détails et surtout, trouver quelque chose d'autre que la chancelière pour faire passer la fin de la nationalisation.

Bien entendu il restait la possibilité que la chancelière reste en poste après la tragédie de Dubrillon. Mais Remis n'y croyait pas. Elle n'avait pas le soutien du sénat au moment où elle a lancée son offensive et il est fort peu probable que le sénat ne la laisse s'en tirer ainsi. Remis pourrait employer ses ressources à tenter de la soutenir, mais ce ne serait rien de plus que de la stupidité. D'autres s'y opposeront et cela ne risquerait que de faire perdre en crédibilité le sénateur de Rendili, d'autant plus qu'il n'approuvait pas cette effronterie.

Un tel assaut était bien trop prématuré et montrait une volonté de passer outre l'autorité du sénat pour mener la politique galactique telle qu'elle le souhaitait. Inacceptable. Remis ne pouvait pas soutenir quelque chose qui faisait passer l'organe politique dont il était membre pour un simple détail du pouvoir galactique. Le sénat était la base de la république et il était hors de question que Remis ne soutienne ceci. Fallait-il pour autant faire partir la chancelière ? Qui sait, qui donc allait prendre la relève après ?

Et surtout que faire après ? La guerre était déclarée et il fallait la mener, courber l'échine devant l'Empire ? Sottise de penser cela possible, non seulement, il ne pardonnerait pas, mais le sénateur de Rendili vouait une certaine haine à l'Empire. Même si elle arrivait au mauvais moment... Cette guerre était nécessaire. Mais désormais, il allait falloir quelqu'un pour la mener. La question du moment était surtout celle-ci : qui allait donc mener cette guerre ?

Remis sortit de ses pensées tandis que la nacelle de la chancelière s'élevait, sous les cris et les sifflements de l'assemblée. Celle-ci était bien évidemment hostile, pour autant le temps était précieux et perdre du temps avec ce genre de gaminerie était d'une stupidité affligeante. Le sénateur de Rendili resta enfoncé dans son siège tandis que l'orateur sénatorial faisait de son mieux pour ramener le calme dans la rotonde.

La chancelière put alors prendre la parole, Remis l'écouta attentivement, bloti au fond de son siège. Bien entendu qu'elle défendait son point de vue et ses actions. Elle n'avait même pas tort sur toute la ligne, cette guerre effrayait le sénat. La chancelière maintenait que ses actes n'avaient pas enfreint le traité d'Artorias, mais que l'offensive sith sur Dubrillon en réponse à la présence républicaine avait déclarée la guerre. Elle jouait sur les mots, il était évident qu'elle savait pertinemment le résultat d'une telle action.

Mais quand bien même, ce fut vrai, calmé ces sénateurs enragés demanderait bien plus qu'une bonne volonté et un contournement des textes. Le sénat enragé de la situation et était dans son droit le plus strict. Elle assurait que le traité fut enfreint par l'Empire et non pas par la république, les réactions étaient vives et le sénateur Rendilien peinait à tout entendre depuis sa position. Impliqué, il finit par se lever et à s'approcher du bord de la nacelle.

Qu'importe en réalité qui avait brisé le traité, la guerre était là, maintenant, tout de suite, à cause d'elle. Certains dans la rotonde étaient sans doute assez stupide pour s'imaginer pouvoir esquiver la guerre, maintenir la paix dans une galaxie ne demandant qu'à s'enflammer. Il y avait des naïfs partout. Mais il était trop tôt pour cette guerre, bien trop tôt. La chancelière s'impliquait trop, elle affirmait avoir fait tout cela pour sa vision des choses, pour son idéalisme. Désolant, mais au moins maintenait-elle affirmait qu'elle prenait le problème trop à cœur.

Puis vint le moment de la réponse des sénateurs. La ministre de la justice commença, elle était sur le front et maintenait l'idée que la république était entrée en guerre et que cela devait devenir officiel. De toute manière officielle ou non la guerre était là, donc ce n'était qu'un détail noyé dans la mer d'informations, chacun y mettrait sa couche et les quelques fous pensant qu'elle était évitable s'écraseront au fond de leur nacelle en attendant.

Puis vint le grand moment. La ministre de la justice démissionna, visiblement, car elle n'avait pas approuvé ce à quoi elle avait participé, qu'elle pensait que c'était là une mauvaise idée et une erreur. Elle avait peut-être tenté de réduire les dommages, mais elle fut tout de même sur place. Malgré ce qu'elle avait tenté de faire la république y avait subit un sérieux revers, elle affirmait même que la victoire n'était pas républicaine.

Puis un à un les sénateurs s'exprimèrent. Tout d'abord, le sénateur de Caamas, qui ne vota pas pour soutenir la motion mais qui invita malgré tout la Reine d'Ondéron à la démission. Puis le sénateur de Néimoidia qui apporta son soutient à la motion de censure, visant même à l'étendre à l'ensemble du gouvernement. Le leader du Front Libéral Républicain était peut-être le principal opposant de la chancelière donc son choix n'étonnait absolument pas le sénateur Rendilien qui se demandait simplement s'il allait la soutenir entièrement ou non.

Puis vint le sénateur d'Alsakan. Bien que non-présent en personne, il assistait à la réunion par hologramme. Apparemment, il était également partisan de la guerre, peut-être plus que les autres en raison du déplacement actuel des flottes d'Alsakan pour partir en direction des mondes neutres et les protéger d'une agression impériale. Pour Remis bouger les flottes sectorielles était une erreur, affaiblissant le noyau, néanmoins si le sénateur d'Alsakan le faisait, c'est qu'il avait une idée derrière la tête malgré tout. Dans tous les cas, il soutenait la proposition du sénateur de Neimoidia. À son tour Remis se leva donc, la situation semblait déjà plus ou moins plié.

« Madame la Chancelière. Honorables confrères sénateurs. Honorables membres du gouvernement. La situation qui nous réunit aujourd'hui est d'une gravité telle que je ne pensais pas en voir durant mon mandat, ni même durant ma vie. Pourtant, c'est arrivé et la chancelière suprême a décidé d'outre-passer ses droits en emmenant flottes et armées et en déclarant la guerre sans l'aval du sénat. Qu'importe ce que vous pourrez en dire Madame la Chancelière, c'est là un fait, vous saviez très bien ce qu'occasionneraient vos actions. J'ai toujours apprécié l'honnêteté et la droiture dont vous savez faire preuve et je regrette qu'aujourd'hui l'on est à débattre d'une telle chose. Hélas à un tel niveau décisionnel une erreur ne peut-être permise et c'est là bel et bien ce qui est. Vous avez fait une erreur, qu'importe à quel point vos motivations peuvent être profondément républicaine, vous avez agi contre toute logique et déclarer une guerre. En connaissance de ces faits, et malgré tout le respect que j'ai pour vous... Au nom de Rendili je déclare soutenir la motion de censure à l'encontre de la chancelière et de son gouvernement. Ces erreurs ne doivent et ne peuvent être posées juste sur les épaules de la chancelière, cette guerre n'est pas le fait d'une seule personne et le gouvernement a prouvé qu'il était dans le faux ici, l'incompétence qui fut la sienne est un fait que l'on ne peut ignorer. De même que la guerre est désormais une réalité, qu'on le veuille ou non. C'est cette réalité que nous devons tous avoir en tête. Madame la Chancelière. Vous voulez combattre l'Empire, nous ne pouvons qu'approuver désormais, mais vous ne pouvez plus le faire depuis votre place. Simplifiez les choses en acceptant de quitter votre poste. Défendez la république, mais vous ne pouvez plus et ne devez plus le faire depuis cette position. Cette guerre nécessitera des personnes pour la mener, vous avez initié cette guerre alors vous y participerez, je ne doute pas de votre bonne foi sur ce fait. Cette guerre concerne désormais chaque personne ici, nous devons protéger la république envers et contre tous. Il nous faudra meneurs, hommes et vaisseaux pour soutenir l'effort de guerre. Je vous en prie, ne nous emmêlons pas aujourd'hui dans des conflits internes qui risqueraient de nous diviser alors que la guerre est à nos portes. Madame la Chancelière. Encore une fois, si vous voulez protéger cette grande république, abandonnez votre poste, ne laisser pas le désordre s'installer ici alors que nous avons un ennemi à nos portes. »

Quelques idées naissaient dans l'esprit du sénateur tandis qu'il parlait, mais il préférait personnellement s'en tenir à cette demande et à ce soutien, il lui semblait évident que le débat allait se diriger sur la guerre en elle-même, qui mènerait la république et comment la mènerait-il, à ce moment, il aurait une nouvelle intervention à faire.
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Lana était rentrée de Nar Shaddaa le plus rapidement possible, mais cela n'avait pas été une mince affaire. Il fallait s'occuper des blessés, remplir des documents pour témoigner de tout ce qui s'était passé devant le Conseil Hutt, et insulter les journalistes pour qu'ils finissent par la lâcher. Ces vampires lui avaient sauté dessus dés sa sortie de la navette, sans lui laisser le temps de changer ses haillons ensanglantés ou de faire un saut dans une cuve de bacta, si bien qu'elle avait finit par perdre son calme. Au bord des larmes, il avait fallu l'intervention de la sécurité pour lui permettre de gagner une clinique proche.

Elle n'avait eu le droit qu'à une plongée très brève dans le bacta, principe de précaution le temps de finir son auscultation complète. Si la rapide immersion avait supprimé les coupures les plus importantes, elle gardait à sa sortie de nombreuses ecchymoses et une fatigue physique et morale très importante. Elle avait pu voler un peu de sommeil lors de son retour de la lune des contrebandiers, mais il n'avait pas été vraiment réparateur compte tenu de son état à ce moment là. Elle n'aspirait qu'à retrouver sa douche et son lit douillet, lorsque son assistant l'avertit de la séance du Sénat. L'une de celle qu'on ne pouvait pas manquer. A peine capable de mettre un pied devant l'autre, elle se laissa habiller rapidement par ses dames de compagnies, se fit nouer les cheveux en un chignon strict qui cacherait un peu leur état déplorable.

Et c'est ainsi qu'elle se retrouva devant le Sénat, avachie dans son fauteuil de sénatrice, épuisée. Elle ne saisissait que la moitié de ce qu'il se disait. Ce n'était pas spécialement drôle d'écouter l'Univers entier, jusqu'au membre même du gouvernement, critiquer Emalia. Tout le monde y allait de son commentaire, du plus timoré au plus virulent. Voilà qui était bien injuste. Il fallait un coupable à cette assemblée de pleurnichards et de froussards, et la chancelière était la victime idéale. Ne serait-ce que par compassion pour son amie, elle allait la défendre. Sa navette s'avança dans l'espace centrale, et se mit à flotter paresseusement près de l'endroit où siégeait Emalia. Mais au lieu de se tourner vers cette-dernière, Lana se retourna pour faire face au reste de ses collègues.


- Sénateurs...

Sa voix éraillée la surpris elle-même, et elle dût tousser pour s'éclaircir la gorge. Le silence s'était fait dans la salle. Était-ce simplement par respect pour elle ? Ou bien attendaient-ils avec impatience des nouvelles des négociations avec les Hutts ? Ou encore était-il simplement choqué par le son de sa voix, et par son apparence générale ? La princesse de Kuat, d'ordinaire si soignée et si élégante, portait une robe d'un violet sombre sans aucun ornement qui couvrait la plus grande partie de son corps. Le vêtement ne pouvait cependant pas cacher l'énorme hématome qui couvrait sa pommette gauche, tâche sombre contrastant fortement avec le pâle de sa peau.

- Je me bats quelques heures sur Nar Shaddaa, et le Sénat part déjà en vrille ? La République se déchire et se dresse contre son propre gouvernement ? fit-elle d'une voix plus claire et plus assurée.

Elle ne voulait pas se lancer dans une tirade devant les autres sénateurs, mais il fallait bien quelqu'un pour jouer l'avocat du diable. Et puis, qui sait après tout ? Ce rôle lui avait fort bien réussi par le passé.

- Destituer la chancelière ? Le gouvernement tout entier ?! Alors même que la guerre est déclarée, que nous avons besoin plus que jamais de nous unir et d'apporter la stabilité politique ? Si je ne croyais pas profondément vos intentions démocratiques, je jurerais que vous jouez le jeu des Sith. Nommer un nouveau membre à la chancellerie, voire un gouvernement tout entier nous ferait perdre de précieuses journées qui arrangeraient bien l'Empire, surtout si nous n'arrivons pas à un consensus unanime derrière le nouveau gouvernement.

Lana devait se tenir des deux mains à sa nacelle pour conserver une position verticale qui la faisait à présent souffrir. Elle poursuivit néanmoins.

- La chancelière Kira a fait une erreur, c'est un fait. Mais rappelez-vous de ceci : il n'y a qu'en agissant que l'on commet des erreurs, mais ne rien faire en est une plus grande encore ! Si le Sénat avait dû décider de l'entrée en guerre de la République sans cette aide, nous aurions encore été en train de discuter que les Sith seraient en train d'assiéger la capitale ! La chancelière a pris sur elle de précipiter une guerre qui aurait éclaté quoiqu'il arrive, avant que l'Empire n'ait acquis une puissance militaire trop importante pour nous. Chaque jour que nous avons passé dans cette paix illusoire n'a fait que rajouter une semaine et de nombreux morts à une guerre qui était inévitable. La chancelière a peut être condamné des milliers de personnes sur Dubrillion, mais elle en a sauvé des milliards d'autres à travers la galaxie.

Sa parole avait un certain poids dans les rangs des sénateurs, serait-ce suffisant ?

- En ces temps de crises, nous avons besoin de nous unir derrière un leader. Je pense pouvoir dire que nous recherchons tous la même chose en ce leader. De la force, de la volonté, de la détermination. Il lui faudra aussi savoir quand prendre des initiatives, et quand contourner l'avis du Sénat pour faire ce qui est juste pour la République. Parfaitement. Notre système décisionnel est peut être très adapté en temps de paix, mais il est tout simplement trop lent pour faire une guerre, et même pour la déclarer. A qui d'autre que le chancelier alors que de devoir prendre ces décisions rapidement, et les assumer pour les mener à termes ? Je pense sincèrement que la chancelière Kira a prouvé qu'elle possédait toute ces qualités. Cette guerre ne se passera pas selon des règles, et il nous faudra quelqu'un de suffisamment solide pour prendre des décisions, au lieu de rester les bras ballants comme nous le faisions jusqu'à présent !

Sa nacelle tournait lentement autour de la tour centrale, pour faire face au fur et à mesure à tous les autres sénateurs. Dans la semi-pénombre de la salle, tous pouvaient voir ses yeux brillants si particuliers.

- Je rajouterai pour tous ceux qui pensent que Emalia a mené seule cette entreprise. Elle a visiblement été soutenue par l’état-major des armées, qui a de toute évidence approuvé ses idées. Ces amiraux et généreux qui ont créé et effectué le plan de la bataille. Qui de mieux pour savoir quand déclarer une guerre et comment la mener que nos formes armées ? Si le Sénat s'était finalement décidé à la guerre, ce sont aux mêmes hommes que nous aurions confié ces responsabilités. Si vous tenez vraiment à faire les choses jusqu'au bout, vous n'avez qu'à renvoyer aussi l'état-major des armées. Décapiter l'élite de nos forces militaires, histoire de vraiment servir la République à l'impératrice sur un plateau d'argent... Rien d'autre ne sortira de vos idées présentes, de toutes manières...

Elle soupira longuement. Franchement, affronter des Hutts pour se retrouver devant des enfants qui se chamaillaient, Lana avait l'impression de tomber de Charybde en Scylla.

- Kuat ne soutient pas la motion de censure à l'égard de la Chancelière Kira ! termina-t-elle.

Elle regagna péniblement son siège et s'y laissa tomber. Quelle bande de gamins.
Emalia Kira
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La première personne à avoir pris la parole, derrière elle-même, n’était autre que Ress Laz’ziark. Ce n’était pas réellement une surprise, étant donné qu’on lui avait rapporté la colère de la Ministre une fois qu’elle eût été sortie d’affaire. Ce qui était une surprise, c’était sa véhémence à cracher sur le gouvernement dans lequel même elle avait été invitée à participer. Quelle facilité à retourner sa veste, alors que je lui ai offert le poste de sa carrière ! gronda intérieurement la Chancelière, mais il n’était pas question de laisser transparaître son amertume. C’était plus facile à dire qu’à faire. Elle ne put s’empêcher de faire la moue à plusieurs reprises – un huis-clos ! Il y avait plus de 200 sénateurs dans la Rotonde, un huis clos aurait été un vulgaire canular ! Des sénateurs peu riches auraient vendu les informations à prix d’or après une telle séance qui aurait nécessairement agité la curiosité.

A l’intervention de Laz’ziark suivit celle du Sénateur de Caamas, qui la privait de démissionner. Derrière lui, Monsieur S’Orn en faisait de même. Emalia serra les poings, froissant dans sa main gauche le petit papier sur lequel elle avait noté les détails de ce que lui avait dit l’un de ses conseillers constitutionnels sur l’impossibilité de destituer la Chancellerie si facilement. Un article – lequel, déjà ? elle ne parvenait pas à se concentrer – stipulait que c’était la vice-chancellerie qui tomberait dans le cas d’une motion de censure, mais que la Cour Suprême seule serait en mesure de la faire quitter son poste. Elle avait gribouillé quelques éléments également sur les restrictions liées aux armées régionales, et cette fois se félicita d’avoir retenu un chiffre – 37 – car le Sénateur Fylesan prenait la parole à son tour. Il prenait ce même air scandalisé que les autres. Dans sa tête Emalia construisait la réponse qu’elle allait lui faire, à lui tout particulièrement avant de s’adresser au reste de la Rotonde.
Le Sénateur Menk, sans surprise encore une fois, suivait la réprobation générale pour appuyer le fait qu’elle devait s’en aller. Quelle bande de requins ! Ils étaient tous là à attendre une erreur de ma part pour se débarrasser de moi ! Pour avoir la voie libre pour leurs ambitions ! Un seul d’entre eux s’intéresse-t-il à l’avenir de la République ?

La voix de Lana Anthana s’éleva, reconnaissable, et Emalia crut qu’elle allait elle aussi en rajouter. C’était le jeu de la Rotonde, après tout… Mais non. La souveraine porta son regard sur la sénatrice de Kuat, étonnée. L’intervention de son amie – car, en cet instant, il ne lui était plus possible de douter de cette relation – fut comme une bouffée d’air frais, qui calma le bouillonnement du sang de la Chancelière pour la rappeler au calme. Une étrange buée se forma sur l’iris d’Emalia, et elle battit des cils pour effacer rapidement ce voile de faiblesse. D’où lui venaient de telles émotions ? Etait-elle, ici au milieu de tous, en train de réaliser qu’elle pouvait être touchée par leurs reproches, et plus encore, par un acte de soutien dans un moment si désespéré ?

Soudain, alors que depuis quelques minutes elle avait appuyé sur le bouton de sa nacelle demandant la prise de parole, l’Orateur Sénatorial la lui accorda enfin. Elle prit une longue inspiration, tandis que retentissaient encore quelques cris de réprobation, quelque applaudissement pour une intervention ou une autre. Emalia les ignora, et se tourna en premier lieu vers la nacelle d’Alsakan.

- Monsieur Fylesan, je me dois de vous prévenir que l'intervention de vos flottes, que vous évoquez, est elle-même une violation de la Constitution. L'article 37 stipule en effet que les flottes armées régionales ne peuvent agir qu’au sein du territoire du système régional auquel elles appartiennent. La zone que vous décrivez, Sénateur, me semble bien loin du système d'Alsakan... Vous ne pouviez pas ignorer une telle disposition, vous qui êtes spécialiste des questions militaires. Vous me reprochez donc une entorse à la Constitution, que vous ne respectez pas vous-même ? La seule différence entre vos actions et les miennes, c'est que j'ai préparé l'attaque de l'Empire depuis des mois, planifié les répercussions possibles, gardé un œil sur l'évolution de la situation afin que cette guerre soit la plus réussie possible, dit-elle en se tournant cette fois vers la nacelle de Caamas. Non, Monsieur A'lifa, vous pouvez m'accuser de tout, mais pas d'avoir été impulsive. C'était un plan minutieusement préparé. Certes, l'Empire a montré une résistance plus importante que ce à quoi nous nous attendions. Mais il vous faut, tous, ouvrir les yeux : la défense dont ils ont été capables n'a été permise que grâce aux sept années que nous leur avons laissées pour se préparer, parce que nous avions trop peur de nous débarrasser d'un ennemi ! Et vous me reprochez d'avoir mis fin à ces années ? Auriez-vous préféré que nous attendions plutôt dix ans ? Quinze ans ? Nous n'aurions peut-être pas pu. Car alors ils auraient été prêts à nous attaquer, et peut-être alors suffisamment préparés pour nous anéantir.

Son intervention fut suivie d’un silence glacé, puis les protestations reprirent. Emalia se mordit la lèvre. Personne ne voulait-il entendre raison ?! Des larmes de colère lui brûlèrent les yeux une nouvelle fois, et elle ne pria même pas pour qu’elles ne puissent être aperçues des holocaméras suspendues dans la Rotonde.

- Démissionner ! s’exclama-t-elle d’une voix tremblante d’émotion. Est-ce vraiment là ce que vous voulez ? Laisser la République sans chef d'Etat pendant des jours, l'Armée Républicaine sans directives... Pendant que l'Empire prépare sa vengeance ? Ce serait la pire erreur que je pourrais faire ! Si je quitte mon poste, alors l'Impératrice aura vaincu, car elle aura le champ libre pour attaquer tous les mondes qui l'intéressent sans que la République ne soit en mesure de réagir !

Elle s’interrompit et souffla pour reprendre le contrôle de sa voix, afin d’y insuffler toute la détermination dont elle était capable.

- Hé bien, sachez que je ne ferai pas une chose pareille. Je resterai à mon poste le plus longtemps qu'il me sera possible, afin de défendre la République et les mondes libres à ses côtés ! Quand bien même mes plus fidèles alliés se sont visiblement retournés contre moi, je n'oublierai jamais la raison pour laquelle j'ai été élue à sa poste : le peuple a fait de moi son rempart contre l'Empire. Notre unité sera notre meilleure arme pour remporter cette guerre !


Et sur ces mots, elle se tourna vers Madame Laz’ziark, son ancienne ministre, ce petit bout de femme en lequel elle avait cru si fort et qui ce jour avait décidé de la poignarder dans le dos sur un simple désaccord.

- Madame Laz’ziark, le peuple attend de vous que vous le défendiez. Et la menace la plus imminente est celle de l’Empire. Laissez tomber les différends et les griefs que vous avez contre moi. Si vraiment le peuple est plus important que votre carrière, alors songez à ne pas fragiliser la République en cet instant où l’Empire va se faire le plus vindicatif.

Elle se tourna ensuite vers le Sénateur d’Alsakan.

- Monsieur Fylesan, je sais combien la défense militaire de la République vous importe. Vous nous l'avez déjà prouvé à plusieurs reprises, et le faites une fois encore en mobilisant les flottes de votre système. Pourquoi alors dénigrer ce que vous ambitionnez de faire ? Pensez-vous avoir l'air moins héroïque si vous allez à la guerre autrement que contraint et forcé ? Pensez-vous devoir puiser dans des reproches à mon encontre la légitimité de vos actes ? Alors même que ce sont les mêmes que les miens ? Je vous en prie, Sénateur, vous et moi avons travaillé si durement, il y a quelques mois encore. Acceptez de rester uni à l'Armée Républicaine et de ne pas la déstabiliser. Si chaque flotte régionale y va de son côté, alors ce sera le chaos, dont l'Empire profitera.


Nouvelle rotation, pour se fixer face à la nacelle du sénateur de Neimoidia.

- Sénateur S'Orn, vous savez tout aussi bien que moi que nos avis, sur bien des points, ont toujours divergé. Mais je vous prie de vous souvenir que jusqu'ici, cela ne nous pas empêché de travailler ensemble ; vous en souvenez-vous ? En ce jour, ce jour terrible où nous avons plus que jamais besoin de vos éclairages pour que l'économie de la République reste florissante malgré ces temps de guerre, vous contribueriez à son éclatement ? Pensez à la catastrophe économique que la censure du gouvernement représente, alors que nous sommes en guerre !


La nacelle de Caamas était à peine à quelques mètres de distance.

- Monsieur A'lifa, vous semblez vous soucier de notre crédibilité. Quelle crédibilité aurons-nous si maintenant que la guerre est déclarée, nous ne sommes pas en mesure de nous défendre parce que nous aurons démantelé notre propre organe décisionnel ? Vous savez écouter la voix de la raison, vous nous l'avez démontré cent fois en ces lieux. Encore une fois, je vous en prie, pensez aux conséquences désastreuses si nous n'avons plus de gouvernement pour protéger la République !


Enfin, elle se tourna vers la nacelle de Rendili, à bord duquel se tenait son charmant Sénateur.

- Monsieur Menk, si pour vous, se battre contre l'Empire est une erreur, que serait l'abandon de mon poste que vous demandez si ardemment, sinon la faille béante dans laquelle s'engouffrerait l'Empire ? Vous et moi avons eu l’occasion de discuter en privé, et vous savez tout le souci que j’ai à prendre les décisions les plus justes malgré la complexité du jeu politique. J’ai eu espoir que vous m’aidiez. Dois-je l’abandonner ?

La nacelle de la Chancelière, enfin, s’écarta, pour qu’elle pût avoir une vision d’ensemble de tous les sénateurs présents, qui s’étaient légèrement calmés, curieux peut-être de voir comment réagiraient ceux qu’elle avait personnellement interpelé. Mais d’abord, elle n’en avait pas terminé. Il fallait qu’elle dît tout ce que son cœur portait, toute la résolution qu’elle avait prise, et qui lui paraissait en cet instant intarissable, qu’elle fût ou non dressée au poste de Chancelière dans cette Rotonde dans un futur proche.

- Sénateurs, sénatrices, voilà la dernière chose que j'ai à vous dire, à vous ainsi qu'au peuple républicain : je serai destituée de mes fonctions s'il le faut, puisque la motion de censure ne peut me viser directement, mais si c’est le cas, cela prendra le temps de l'enquête conduite par la Cour Suprême. Et si c'est ce que vous désirez vraiment, me voir quitter ce poste, alors je ne le ferai que contrainte et forcée, bien que j’en appelle à votre bon sens pour ne pas fragiliser notre République en cette heure si grave. Mais même hors de cette nacelle, sachez-le : l'Empire est mon ennemi, et il pourra craindre mon courroux bien au-delà de ce mandat. Mes alliés, j'en suis certaine, militaires ou civils, d'ici ou d'ailleurs, sauront me rejoindre, s'ils reconnaissent que leur combat est le même que le mien, que mes valeurs sont celles qu'ils souhaitent défendre. Quant à vous qui vous tenez dans cette Rotonde, je vous en conjure, ne faites pas le jeu de l'Empire !

Et elle éteignit son micro.
Elle avait défendu sa cause. Ils seraient maîtres maintenant du destin de la République…
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Emalia Kira, Reine d'Ondéron et Chancelière de la République galactique, parla. Après toutes ces attaques, le Caamasi s'était attendu à un plaidoyer défensif, une tentative d'expliciter ses gestes dans les moindres détails, la volonté de témoigner le fond de ses pensées à ses adversaires, afin de leur faire comprendre la nature de ses décisions controversées. Mais il fut tout autre. La surprise fut perceptible dans les yeux d'habitude inexpressifs du vieux sage. Ainsi, en silence, il fixa la souveraine, scrutant ses gestes, observant avec une ferveur quasi-religieuse la lueur née dans son regard, et qui ne cessait de s'affirmer à mesure que les mots sortaient.

Cette reine, Eskos, la connaissait depuis bien des années. Alors Ambassadeur sur Ondéron, auprès de la couronne et des Jedi, il avait eu l’occasion de côtoyer l'enfant devenu aujourd'hui une femme aussi solide qu'un roc. Il avait même joué, à deux reprises, à cache-cache avec elle dans les jardins luxuriant du palais d'Isis. Cette pensée le fit intensément réfléchir. Réfléchir sur la véhémence de sa réaction, lui qui d'habitude, restait calme et insensible aux polémiques. D'une certaine manière, pratiquement paternel, il respectait énormément cette jeune femme... Un feu intérieur brula ses entrailles à cette idée. Une sensation discrète qu'il comprenait à présent : la trahison. Oui, il avait été déçu, il s'était senti trahi par une personne en qui il avait placé tout sa confiance. Et ne s'était-il pas laissé emporter par ce sentiment, dans son jugement somme toute hâtif ?

Il l’observa encore, yeux dans les yeux alors qu'elle s'adressait à lui directement. Elle ne démissionnerait pas. Clairement. Étrangement, il eu la sensation de voir dans son regard les reflets d'une personnalité qu'il ne reconnaissait plus entièrement. Mais cela n'avait rien d'étonnant. Elle avait mené personnellement la bataille du Dubrillion, sur le front. Par ses choix, ses décisions, des hommes et des femmes avaient été tués. Bien qu'elle le dissimulait parfaitement, Eskos imaginait le poids énorme qui reposait à présent sur ces frêles épaules. Si elle se montrait aussi réactive à l'égard des critiques, c'était parce qu'elle devait se sentir... Trahi à son tour. Telle un être s'étant sacrifié pour le bien commun, mais auquel on ne répondrait que par le mépris. Oui. En une fraction de secondes, le vieux Caamasi fut entièrement convaincu de la bonne volonté portée par les décisions polémiques de la souveraine. Et alors, son cœur se serra. La tristesse gagna ses traits. Oui, ses erreurs, graves d'un point de vue de la Rotonde, n'en demeurait pas moins des actes sensés, dictés par une réflexion à mille parsec de l’égoïsme. Au delà de l'impair constitutionnel, c'était un peuple séquestré par une dictature autoritaire qu'elle venait d'être libéré. Jamais avant elle, Chancelier n'avait su s'affirmer autant face à l'ennemi séculaire des Jedi. Il fallait le reconnaître, se l'avouer : il l'avait mal jugé, aveuglé par ses propres sentiments. Alors, le vieux Sénateur pris une profonde inspiration, reprenant la parole aussitôt que la Chancelière coupa son micro. En procédant ainsi, il foula du pied les conventions, celles-là même qui imposaient le respect des ordres de prises de parole. Mais au diable ces règles de politesses, pour une fois !

« Madame la Chancelière » fit-il, s’adressant directement à elle, droit dans les yeux. « Vous devez bien comprendre les devoirs que nous imposent nos fonctions. Nous nous devons d'être irréprochables, exemplaires même. Sinon comment pourrions-nous dicter des lois, et s'attendre à ce que nos concitoyens les acceptent et les appliquent respectueusement ? » Il se racla la gorge, pause stratégique dans le discours, pour donner plus de poids à sa question : « Pensez-vous que la fin justifie les moyens ? Je ne crois pas : sinon nous ne valons pas mieux que l'Empire. C'est pourtant le signal que vous avez donné en agissant comme vous l'avez fait. » Une remontrance ? En vérité non. Eskos se sentait obligé de lui expliciter ses pensées, pour qu'elle comprenne son malaise, la raison de son opposition. « Mais je vous crois. Je vous crois lorsque vous affirmez que cet acte de guerre fut soigneusement réfléchi, doté seulement de bonnes volontés. Celles d'agir, de vous opposer à cet Empire qui depuis des années se montre menaçant et multiplie les provocations. Bien sur, en mon fort intérieur, j'aurais aimé que nous puissions éviter cette guerre. Mais ne sois-je pas qu'un éternel rêveur ? » Un sourire amical s'étira sous son museau tombant. Puis, il fit volte-face, pour s'adresser à l'assembler :

« Ce qui est fait est fait, mes chers amis Sénateurs. » dit-il, en préambule. « Tergiverser sur les choix de notre Chancelière pendant des heures ne nous aidera pas à avancer. Cette motion de censure, symbolique, témoigne de notre grogne... Mais ne doit pas nous aveugler. Le conflit qui couvait depuis des années et là, et il va falloir y faire face. Tous ensembles. » dit-il, avec force, lui-même convaincu de ses propres mots. Il avait sous-estimé la Chancelière. Celle-ci ne démissionnerait pas. Elle assumait ses choix jusqu'au bout. Et il fallait rapidement trouver une parade pour transformer cette colère généralisée en une énergie positive, créative.

« Je me pose encore une question, et vous vous la posez certainement vous aussi :

Pourquoi la personne en qui nous avions le plus confiance pour diriger nos institutions, a-t-elle agit de la sorte ?

La Sénatrice Anthana a parfaitement raison, en disant que l’inertie lié à notre système législatif est un frein à notre réactivité. Elle touche du doigt la réponse que j'entrevois :

La République s'est construite sur des milliers d'années. Parfois dans le feu du conflit, mais bien plus souvent dans la sérénité de la paix. Nos lois, notre système tout entier est-il réellement adapté aux défis majeurs que nous devons relever aujourd'hui ? Certes, j'aurais préféré que nous abordions la question bien avant que nos flottes se jettent dans la bataille... Mais les choix de notre Chancelière témoignent des failles de notre système. Il est urgent de réfléchir à celui-ci, peut-être inadapté aux temps de guerre, qui demandent la capacité de réagir et de s'adapter rapidement. Disposons-nous des bons outils ? Des outils qui doivent consolider le contre-pouvoir qu'est notre Sénat, sans pour autant brider, ralentir, l'action de notre gouvernement et de son armée.

Mesdames, messieurs, je pense que le cœur du problème est là. Nous sommes victimes de notre système séculaire, dépassé par les enjeux d'aujourd'hui. Et plutôt que de nous acharner sur la Chancelière, nous devrions mettre toute notre énergie pour l'améliorer, afin que pareille situation ne se représente plus. »
Niganoht Qademanda
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L'attaque de Dubrillion. En voilà un sujet sensible, un terrain miné, explosif, ayant provoqué le défoulement du Sénat. Un sujet si important que Niganoht avait tenu à être présent dans la Rotonde pour le débat sénatorial sur la motion de censure annoncée à l'encontre de la Chancelière Kira. Sa nacelle disposait d'un siège comme prévu pour un humanoïde moyen, l'Anacondan avait la queue posée dessus mais le corps enroulé autour du dossier pour laisser finalement sa tête s'avancer vers le micro pour le moment où il aurait la parole. Derrière lui, trois personnes, dont Shaffzi et Male Taoran. Le premier, un Fosh, avait sa place dans la nacelle en tant que Gouverneur, le second, un Humain, en tant que vice-Sénateur. Sur Agamar, l'inimitié aussi bien personnelle que politique entre Niganoht et Shaffzi était de notoriété publique ; cependant, dans la Rotonde, ce n'était au pire qu'une rumeur sourde.

Shaffzi et Niganoht avaient eux-mêmes débattu entre eux de l'action de la Chancelière Kira et d'une décision à prendre sur la motion de censure. Dans sa tribune, le Sénateur S'orn avait dressé un pamphlet qui ne laissait aucun doute sur sa position en tant que chef d'un parti d'opposition. Niganoht avait par ailleurs prévu une entrevue avec lui ; il était important non seulement de savoir se positionner par rapport au pouvoir en place, mais aussi par rapport aux principaux partis d'opposition. Il avait également prévu une entrevue avec Ben Doyle, rédacteur en chef du Coruscant Post, qui avait publié un éditorial dans le courant opposé, soutenant l'action d'Emalia Kira.

Quelle était la position de Niganoht là-dedans, et celle de Shaffzi ? Ce dernier se plaisait à croire que Niganoht n'avait un rôle que de porte-parole auprès du Sénat Galactique. Niganoht, lui, voyait les choses tout à fait autrement : Shaffzi s'occupait des affaires planétaires locales, et lui, des affaires galactiques. Et même au niveau local, son poste de Sénateur lui conférait un poids supérieur à celui auquel pouvait prétendre Shaffzi au niveau galactique.
Cela n'avait pas empêché un débat entre les deux rivaux et ennemis. Niganoht se devait de respecter l'avis du Gouverneur d'Agamar. Shaffzi félicitait l'action d'Emalia Kira mais voulait être sûr qu'Agamar, planète assez proche des frontières de l'Empire, serait suffisamment surveillée militairement par l'armée républicaine. Niganoht avait la même crainte, mais se faisait plus critique sur la bataille décidée par la Chancelière.

Justement, voilà que la Chancelière prit la première la parole pour justifier cette décision. Niganoht l'écouta tout en sachant à l'avance ce qu'elle allait dire. Il restait intéressant de savoir quel allait être son axe principal de défense. Il s'attendait à ce que le premier argument soit la lenteur du Sénat et la nécessité de l'outrepasser. Pourtant, Emalia Kira mit en exergue un tout autre argument : elle estimait que l'Empire avait le premier fait l'offense de s'accaparer Dubrillion sans que cela ne fît partie du Traité d'Artorias.
Comme quoi, il était toujours intéressant d'écouter la structure du discuours d'un politicien.

Après Emalia Kira, ce fut un défilé des Sénateurs les plus ardents. La ministre Balosar Ress Laz'ziark annonça sa démission de son poste de Ministre de la Justice. Cette décision inquiéta Niganoht. Le Sénat était déjà en ébullition, la stabilité gouvernementale était fragilisée par la motion de censure, et voilà qu'une Ministre démissionnait du Gouvernement. La situation partait en vrille. Personne ici n'était-il capable de réaliser que cette fragilité serait perçue comme une faille par l'Empire, une faille qu'il exploiterait pour riposter avec plus d'efficacité ? Ce n'était pas le moment de mettre tout le monde à cran. Les critiques du Sénat étaient justifiées, mais cet emballement risquait d'avoir des conséquences désastreuses.

Tour à tour, le Caamasi Eskos A'Lifa, le Neimoidien Grendo S'orn, l'Humain Jeresen Fylesan par hologramme et l'Humain Remis Menk, déclarèrent un avis favorable au vote de censure. Certains lancèrent même une réclamation de destitution du Gouvernement entier.
Mais ils avaient perdu la tête ?! Non, décidemment, les choses allaient vraiment trop loin. Non contents, par une motion de destitution à l'encontre de la Chancelière, de vouloir fragiliser la République juste après ce qui serait perçu comme une déclaration de guerre par l'Empire, des Sénateurs voulaient enfoncer le clou en destituant le Gourvenement tout entier ! Que croyaient-ils faire, de cette façon ? C'était l'escalade, il fallait vite calmer tout cela, éteindre le feu. Du bout de la queue, Niganoht appuya sur le bouton de demande de parole. Deux demandes étaient en cours avant la sienne.

La première était Lana Anthana. Pour la première fois, la Chancelière eut droit à un soutien. Lana Anthana fut le premier Sénateur, parmi ceux s'étant avancés pour prendre la parole, à déclarer un vote négatif sur la motion de destitution.

La seconde était Emalia Kira elle-même. Elle voulait répondre individuellement aux discours qui venaient d'être tenus. Elle conclut en rappelant que si le vote de motion de destitution aboutissait à un résultat positif, cela réclamerait une enquête de la Cour Suprême, qui prendrait du temps, un temps qui devrait être employé à solidifier les forces de la République, et non au contraire à les fragiliser. Elle se sentait acculée, sur un siège éjectable, et se paraît de ses dernières défenses ; mais sur ce point, elle avait raison.

Quand le micro de la Chancelière s'éteignit, Niganoht se prépara à pouvoir prendre la parole, alors que sa nacelle s'avança ; mais c'est alors que le Sénateur A'Lifa prit la parole de façon impromptue, soufflant la place à Niganoht. Ce dernier se retint de tout commentaire de protestation, il pouvait bien attendre encore un peu, à condition que l'ordre revienne vite dans le débat. Ce fut le cas. L'orateur sénatorial donna la parole au Sénateur Qademanda.

NIGANOHT – Madame la Chancelière, Sénateurs de la République, je voudrais apporter ma voix pour faire redescendre la température d'ébullition qui secoue cette Rotonde et risque de provoquer un débordement regrettable. Pour organiser mon propos, je tiens d'abord à exprimer mon avis sur la décision prise par la Chancelière Emalia Kira d'attaquer les positions de l'Empire sur la planète Dubrillion sans consulter le Sénat.

L'Anacondan tourna sa tête de serpent droit sur la Chancelière.

NIGANOHT – Je vais m'adresser à vous directement. Je comprends votre regret portant sur la lenteur dont peut faire preuve notre Sénat pour des décisions qui se doivent urgentes. Je comprends votre dévouement envers la République et votre zèle à en défendre tous ses territoires. Enfin et surtout, je comprends votre point de vue sur cette occupation provocatrice de l'Empire sur la planète de Dubrillion et la nécessité de lui rappeler qu'il n'y était pas le bienvenu. Cependant, vous devez reconnaître que vous avez commis une faute diplomatique. Si la nécessité de consulter le Sénat vous a paru abstraite, la nécessité d'envoyer un avertissement diplomatique à l'Empire aurait dû vous paraître une solution évidente. Un émissaire Républicain aurait dû rencontrer un représentant de l'Empire et lui signifier l'ordre de retirer toutes positions de l'Empire sur la planète, sous peine de quoi ceci serait perçu comme une invasion militaire. L'Empire aurait dû alors prendre une décision, au mieux il aurait justifié sa présence, au pire il aurait refusé catégoriquement et cela nous aurait permis d'affirmer que la déclaration de guerre serait venue de sa part, et nous serions restés dignes de nos valeurs. Voilà pourquoi je ne peux pas défendre votre action.

Sur ces mots, Niganoht promena son regard sur le cercle de Sénateurs autour de lui, changeant ainsi d'interlocuteur :

NIGANOHT – Cependant, Sénateurs, je vous écoute et je suis inquiet. Vous êtes nombreux à réclamer la destitution immédiate ou quasi immédiate de la Chancelière Kira, et j'entends même certains d'entre vous aller encore plus loin en réclamant la destitution du Gouvernement entier. Je vous implore à de la tempérance. Je vous vois vous agiter, je vous entends hurler et siffler, je vous écoute vous emballer. Nous ne pouvons pas revenir en arrière, l'Empire va répliquer incessamment. Le Sénateur Fylesan nous rapporte des mouvements Impériaux autour de planètes telles que Lorrd ou Gravlex Med. De nouvelles batailles sont à venir, incessamment, nous le sentons tous. Jugez-vous que ce soit vraiment le moment de fragiliser notre autorité en destituant la Chancelière, voire aussi son gouvernement ? Je souhaite comme vous blâmer la Chancelière Kira, mais nous devons nous abstenir d'agir par émotion et précipitation, ce même que nous reprochons à la Chancelière Kira. La dignité de la République a été atteinte, ne nous abaissons pas à nous montrer moins dignes encore.

Niganoht espérait que son message soit très clair. Si Emalia Kira lisait là une défense à son sujet, alors cela signifierait qu'elle n'aurait rien compris. Niganoht espérait faire réfléchir les Sénateurs sur les risques de destituer une chancelière et son gouvernement au moment où de nouvelles batailles contre l'Empire vont devoir être dirigées.

Maintenant que le message fut passé, Niganoht conclut :

NIGANOHT – Je propose un report de la motion de destitution à l'encontre de la Chancelière Emalia Kira. Ce report doit permettre la stabilité de notre République à une heure où d'autres batailles sont à venir, ce dont personne ne doute ici.

La nacelle des représentants d'Agamar reprit sa place initiale.
Grendo S'orn
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Le Sénat s'enflammait toujours plus. L'un après l'autre, Sénateurs de la Rotonde abandonnaient tout soutien à la Chancelière Kira. Ce qui n'était pas sans déplaire au Neimoidien qui avait marqué dès le début son profond désaccord avec la politique de cette dernière. Peu à peu la motion de Censure faisait son chemin dans l'esprit des politiciens dont certains étaient maintenant convaincu que la destitution de la Chancelière était une bonne chose. La pauvre, elle qui avait oeuvré pour le bien du peuple, pour le maintien de la liberté, pour défendre les valeurs républicaines ... voilà qu'elle se retrouvait en proie aux flammes les plus vives du Sénat. Quiconque connaissait la Rotonde savait qu'ici se jouait l'avenir de la Galaxie ou du moins de la République. Fallait-il soutenir une Chancelière qui avait délibérément balayé les textes de loi pour mieux prendre par surprise notre ennemi millénaire ? Ou devait-on la condamner pour avoir osé accomplir un acte de bravoure que peu se serait risqué à sa place ? A bien y réfléchir la fonction de Chancelier que la plupart des politiques convoitaient était loin d'être enviable. La moindre tâche sur l'ardoise et c'était tout le Sénat qui vous retombait dessus sans le aucun scrupule.

Si Emalia ne se retrouvait pas très vite un allié de poids, Grendo ne donnait pas cher de sa peau. Entre insultes virulentes et propos acerbes, le Neimoidien lui se contentait d'observer attentivement la scène, ou plutôt le spectacle qui lui était offert. Le Sénateur de Sullust, Borkus Munb accompagné par Mekhr' Rhenogry de Commenor faisaient partie du groupe d'agitateurs. Etait-il nécessaire d'indiquer que ceux-ci avaient été briefé peu avant la Séance par un président de parti leurs ayant demandé de jouer les troubles fête ? Parfait, ils agissaient à merveille. S'orn se félicitait de pouvoir compter sur ces deux individus au tempérament de feu.

Un instant plus tard, se dévoilant presque comme une libératrice, la Sénatrice de Kuat s'opposait au reste du Sénat. Forte de caractère, elle était convaincue que destituer le chef de l'Etat ne ferait qu'affaiblir le Gouvernement. En théorie elle n'avait pas tout à fait tort, la destitution de la Chancelière et l'élection de son successeur prendrait du temps, un temps dont nous manquions cruellement. Sans oublier que la République se retrouverait temporairement privé de tout pouvoir exécutif. En temps de guerre c'était hors de question.

Kira reprit cette fois la parole afin de s'adresser personnellement à chaque Sénateur s'étant opposé à elle quelques minutes plus tôt. Loin de céder à la panique, elle leur répondit judicieusement en espérant récupérer le moindre petit soutien nécessaire pour garder sa fonction. S'agrippant au pouvoir telle une sangsue sur sa proie, Emalia défendait corps et âme ses convictions, S'orn lui ne pu s'empêcher d'afficher un léger sourire en coin devant cette scène des plus cocasses.
Puis, il se racla la gorge avant de tenir à son tour le crachoir.

« Sénateurs, Sénatrices ... » Grendo laissa un instant ses yeux vagabonder au sein de la Rotonde. Il savait qu'étant le Président du second parti le plus important du Sénat, sa voix était attendue et écoutée attentivement par de nombreux politiciens. A présent qu'il avait pu observer l'avis de la plupart des membres, il parla d'un ton calme et serein, presque paternel « Inutile d'éprouver de la rancoeur et encore moins de la haine qui nous mèneraient tout droit à la discorde. La République est en Guerre, c'est un fait mais aucune Guerre ne peut-être gagnée sans un minimum d'unité ! » la nacelle vint à présent faire face à celle de la Chancelière Kira en personne. La fixant du regard, le Neimoidien parla « Madame la Chancelière, certes comme vous venez de le préciser, nos avis ont très souvent divergé. Ma politique est loin de ressembler à la vôtre. Et pourtant cela ne nous a pas empêché de travailler ensemble et ce de manière efficace ... la modification de la route de Trellen n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. » il s'agrippa enfin fermement au rebord de sa nacelle « Mais malgré tout le respect que je vous dois Chancelière, je serais bien naïf d'accepter la moindre erreur de votre part sous prétexte que nous avons effectuer du bon travail ensemble. Votre fonction plus que n'importe laquelle d'entre nous impose de suivre des procédures très strictes, des procédures écrites mot pour mot au sein de notre Constitution et qui existent afin d'empêcher l'ascension d'un individu aux sombres projets à la tête de notre belle République. Une fois de plus l'Autorité a failli. Lors de votre élection et malgré notre rôle d'Opposition au sein du Sénat, le Front Libéral Républicain vous a fais confiance pour mener la République sur le droit chemin. Nous avions tort. Les faits le prouvent aujourd'hui. L'ordre d'attaquer Dubrillion a été donné sans l'accord du Sénat, sans même nous avoir consulté un seul instant, l'Empire et la République sont à présent au centre d'un conflit galactique. Et Pourtant ... » la nacelle du Neimoidien prit aussitôt de la hauteur, il désirait s'adresser à toute l'assemblée « ... vous connaissez tous mon ressenti sur la politique actuelle que j'ai jugé longtemps trop crédule face à cette menace grandissante au nord de la galaxie. Et je serais totalement hypocrite de dire que ce conflit m'attriste. La Guerre était une nécessité, désormais nous l'avons. Allons-nous juger la Chancelière pour avoir eu le courage d'accomplir notre destiné ? Je ne le pense pas ... » comptait-il soutenir Emalia Kira finalement ? Peut-être mais pas sans trouver un coupable, une autre tête à faire tomber « Mais nous ne serions pas digne d'occuper nos fonctions si nous laissions passer un tel acte sans en tirer des conclusions et sans en dénoncer les coupables ! Certes notre République est gravement malade, mais le fléau de l'incompétence n'est pas une finalité ! Certes le système politique pourrait être amélioré sans aucun doute Sénatrice Anthana, oui Sénateur A'Lifa nos textes de lois devraient-être adaptés à un temps de Guerre mais une chose est sûr, le Gouvernement actuel ne reflète définitivement plus la composition du Sénat. La Ministre de la Justice ici présente vient elle-même de démissionner, signe d'une cassure profonde au sein même des membres du Gouvernement. Et vous Sénateur Qademanda, vous voudriez que nous laissions cette histoire de côté sous prétexte que ce n'est pas le moment opportun ? Nous vivons peut-être un moment historique et vous voudriez que nous restions les bras croisés laissant des individus à l'unité défaillante gérer un conflit qui nécessite plutôt un rassemblement fort et solidaire ? Je réponds non ! Non non et non ! » répondit-il gravement en frappant sur la rambarde de sa nacelle qui vibrait sous les chocs à répétition « La Sénatrice Laz'ziark a été la première à quitter sa fonction de Ministre de la Justice, je la félicite d'ailleurs pour avoir eu l'audace de se considérer elle-même comme parfaitement incompétente en la matière et d'avoir préféré s'écarter elle-même d'une fonction dont les responsabilités la dépassaient largement. J'implore enfin le reste du Gouvernement à en faire de même. Démissionnez et quitter vos fonctions la tête haute, sans quoi je maintiendrai mon vote en faveur de la Motion de Censure visant le Gouvernement. Que celui-ci soit dissous et que la Chancelière Kira procède le plus rapidement possible à un remaniement ministériel d'urgence car la situation l'exige ! » la demande du Neimoidien était claire, il était prêt à retirer sa demande de mise en accusation de la Chancelière devant la Cour Suprême à condition que le Gouvernement soit renouvelé « La Guerre nous force à établir un Gouvernement d'Union Nationale. Non pas comme l'Administration fantoche du Maître Jedi Alyria Von précédemment, mais un Gouvernement capable de prendre des décisions difficiles lors de circonstances tout aussi difficiles ! » pour terminer sur ces quelques mots « Madame la Chancelière, je vous prie de ne pas commettre l'erreur de croire que nous cherchons à tout prix à affaiblir votre autorité. Le Sénat a pour rôle de contrôler les actions de l'exécutif que vous représentez, voilà pourquoi nous sommes là aujourd'hui. Une faute a été commise et je vous encourage fermement à réfléchir à un remaniement ministériel rapide. Que les membres de votre Gouvernement démissionnent ou non, les faits sont là, ils n'ont plus la confiance du Sénat. Votre majorité est définitivement brisée. Je pense parler au nom du Front Libéral Républicain ici présent, nous nous inquiétons de la sécurité de nos concitoyens. Aujourd'hui ce sont les mondes de la Bordure qui sont probablement visés par la vengeance impériale, mais le combat ne se limite pas à nos frontières. Ne sous-estimons pas notre ennemi. Il est habile lorsqu'il s'agit d'user de ruse pour nous affaiblir au sein même de notre territoire, voilà pourquoi le Ministère de l'Intérieur a tout intérêt à mettre en oeuvre des moyens importants pour contrer l'une ou l'autre incursion. Un budget adapté à une période de guerre devrait être également proposé par le Ministre du Trésor une fois que cette affaire aura été réglée. Comme vous le voyez, sans confiance du Sénat, vous n'arriverez à rien car nous ferons tous Front à moins qu'un changement notable soit à l'ordre du jour. Je préfère largement voir une Chancelière assumer ses erreurs et agir intelligemment en acceptant de travailler avec de nouveaux collaborateurs plutôt que de voir un Chef d'Etat n'acceptant aucun compromis et vivant dans l'illusion que tout va s'arranger avec le temps. »

Etonnement Grendo S'orn avait revu sa position après avoir écouté le discours franc et sincère de la Chancelière Kira. Lui qui dès le départ avait soutenu les pires propositions possible et imaginable à son encontre, il était devenu un homme conciliant capable de compromis à condition qu'on le soit en retour et de préférence en sa faveur. Laissant aussitôt tomber le masque du politicien populiste, le Neimoidien savait que sa proposition était envisageable. De nouveaux politiques au Gouvernement, des hommes et des femmes compétentes, d'ailleurs le FLR ne contenait-il pas plusieurs experts en matière d'économie, de sécurité et de justice ?


Position du FLR:
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Chacun ici savait que la séance du jour serait loin d'être aisée, chaque sénateur avait un bout de gras à grignoter, et chaque bout de gras avait un sénateur préféré. Applaudissement et sifflements se mêlaient, cette chancelière divisaient bien trop pour pouvoir rester en poste maintenant que tout était aussi brouillon dans le sénat. Il y aurait forcement des soutiens à la chancellerie, quelques fous s'imaginant que la reine d'Ondéron sait comme réagir.

Certains pensent qu'en soutenant la chancelière ils ont une chance de gagner en rang, d'être récompensés pour leur loyauté. Une bande de larves n'assumant pas ses pensées. Les autres soutiens ne peuvent qu'être des parasites se prenant pour des gens loyaux, ou des profiteurs en quête d'un siège au gouvernement, sans doute les pires. Sacrifier ses idées et son image pour quelques sous et une place aux côtés de la chancellerie ? Quel acte de basse envergure.

Seuls les pires peuvent s'adonner à de telles choses , trop inquiètes de son image et fier le Rendilien ne peut pas accepter de s'abaisser à cela, encore moins face à une chancellière sur la sellette. Jamais Remis n'acceptera de ternir son image et de passer pour quelqu'un changeant de camp comme de veste, une telle réputation est désastreuse pour quelqu'un de son rang, donc il maintiendrait sa position, qu'importe les idiots qui se rangeront du côté de la chancellerie.

La première sotte à rejoindre la Reine d'Ondéron fut la sénatrice de Kuat. Comment peut-on être à la tête de la diplomatie d'une planète aussi importante et être aussi aveugle et impétueuse ? Remis secoua la tête tandis que la sénatrice de retour de Nar Shadaa se positionnait en faveur de la chancelière. Envie ou loyauté stupide ? Le sénateur de Rendili ne trancha pas, se contentant de faire un signe négatif de la tête.

La sénatrice ne voulait pas vouloir la reine d'Ondéron quittait son poste... Pourquoi ? Car l'heure était à l'unité ? Vrai, mais voir une personne comme elle à la chancellerie n'entraînerait que plus de désordre. Elle a fait une erreure, au moins la Kuati le reconnaissait, mais elle la diminuait tant que possible affirmant qu'au moins elle avait agit. Naïveté touchante que de croire qu'une erreur est pardonnable à un tel niveau décisionnel. Si c'était réellement le cas, alors le jeu de la politique ne serait rien qu'ennuyeux.

Elle ressentait un besoin intense de s'unir derrière un leader, que la chancelière était le leader parfait et que passaient outre les institutions sénatoriale était un mal pour un bien. Remis grogna dans sa barbe tandis qu'elle débitait ces erreurs. La naïveté du jeune âge, ou bien la stupidité des idéalistes, ou fatalistes, tout dépend du point de vue. Toujours est-il que le Rendilien voyait son opinion se renforcer en entendant les arguments qu'il trouvait si puéril.

Puis la chancelière reprit la parole, répondant aux accusations. Elle était fière et toujours droite. Elle cachait bien son jeu, pour quelqu'un aussi critiquée. L'avis de la rotonde semblait moins tranché qu'auparavant et elle tentait tant bien que mal de rallier à sa position nombre d'autres sénateurs, dans l'espoir de garder le peu de pouvoir qu'elle conservait encore. Malgré tout, elle peinait à s'exprimer, tandis qu'elle parlait de démission, elle tremblait.

Tandis qu'elle parlait de résistance, elle hurlait. Elle s'accrocher à son pouvoir tel un rapace à sa proie, une preuve de plus qu'elle défiait le sénat, ce qui n'était pas pour arranger sa position, elle affirmait qu'elle refusait de quitter le pouvoir si l'on ne la forçait pas, elle appelait à l'unité, comme chacun ici qui avançait un tel argument. Une stupidité affligeante ressortait de ces mots, cet appel n'aurait jamais eu à être si elle avait réfléchi un peu à ses actions avant de lancer la république dans la guerre sans lui demander son avis.

Puis elle s'adressa un à un à ceux s'étant opposé à elle, puis vint le tour du sénateur de Rendili. Elle affirmait qu'abandonner son poste ne ferait que créer une faille dans la défense républicaine. Elle évoqua par la suite l'entrevue privée qu'eurent les deux politiciens, au sujet de Rendili Star Drive notamment. Remis acquiesça tandis qu'elle parlait, elle n'avait pas tort, Remis avait un certain respect pour elle et leur rencontre n'avait fait que prouver au sénateur qu'elle pouvait être une alliée de choix.

Puis de nouveau, chacun prit la parole, à commencer par le sénateur de Caamas. Tandis qu'il parlait l'expression sur le visage de Remis se changeait en dégoût, il reniait son ancienne position juste parce que la chancelière avait dit « non » ? Quelle façon de jeter ses convictions pour rejoindre le côté en force. De la lâcheté, c'était bien là le terme venant à l'esprit du Rendilien tandis qu'il fixait le sénateur qui parlait.

Puis vint le tour du sénateur d'Agamar. S'il était plus ou moins d'accord globalement, il était pour un report de la motion de censure pour ne pas désunir. Un report ? Sottise, cette guerre pouvait durer longtemps, si l'on devait attendre la fin de la guerre pour rejeter la chancelière alors elle resterait en place beaucoup plus longtemps que de raison, cette hypothèse n'était hélas pas recevable, pas dans de telles circonstances. Pas là, pas maintenant.

Puis finalement le Leader de l'opposition reprit la parole. Il parlait toujours avec une conviction et une véhémence peu commune. Si Remis acquiesçait une bonne partie du temps, ne pas reporter et montrer les erreurs du gouvernement, il s'arrêta quand il comprit que le Neimoidien retournait sa chemise également. Il abandonnait l'idée de la motion de censure, souhaitant simplement un remaniement ministériel. Remis grinça des dents tandis que le Neimoidien revenait à sa place, vendre ses idées pour une place au gouvernement ? Impossible. À son tour il se lança dans la parole tandis qu'il semblait un peu plus sur les nerfs.

« S'unir ? Bien entendu, la république galactique existe pour cela, pour que les planètes s'unissent et face front, dans une unité exemplaire. Pourtant lorsque la république fut fondée, c'était par des mondes souhaitant être égaux les uns les autres. Et aujourd'hui certains demandent d'oublier cette idée d'égalité ? Pourquoi ? Pour voir à notre tête, quelqu'un qui agit sans le consentement des mondes ? Quelqu'un qui prend la guerre pour une facilité ? Un détail ? Un petit rien en plus ? Et c'est cette personne à qui vous voulez donner les traits de bon dirigeant ? Vous souhaitez fermer les yeux ? Oublier donc ce qui s'est passé ? Que ceux qui veulent se cacher se cachent, que ceux qui veulent se dire que c'était un mal pour un bien le fassent. Moi, je n'oublie pas pourquoi cette république existe, pour que chaque monde soit traité sur un pied d'égalité. Je n'oublie pas pourquoi cette rotonde existe, pour que chaque monde puisse se faire entendre. »

Remis fit une pause, fixant tour à tour les sénateurs les plus véhéments, les opposants à la motion de censure ainsi que la chancelière.

« Mon monde croit en cette république depuis sa fondation. Mais vous nous demandez d'oublier et de pardonner pour cette guerre ? Si cette république demande aujourd'hui à chacun ici d'oublier ses idéaux pour combattre un ennemi à qui elle ressemble rien qu'en osant ses mots, je ne vois aucun intérêt à être membre de cette république que je chérie pourtant. »

Puis il se tut sur ses mots forts, laissant à chacun le temps de comprendre les paroles du sénateur de Rendili.

« Sénatrice Anthana. Vous dites que l'état-major est à remettre en cause dans ce cas ? Je ne puis que le faire alors. Vous souvenez vous de son talent lors des différentes crises par le passé ? Il est loin d'être tout blanc. Pourtant, ce n'est pas de lui qu'il s'agit aujourd'hui. Les militaires se battent et commandent les batailles. Mais en aucun cas, ils ne déclarent les guerres sénatrice. Vous pensez qu'il serait bon de donner à quelqu'un dirigeant une armée le droit de décider de politique et de diplomatie ? Voyons, soyons sérieux, la guerre est quelque chose de trop important pour être laissé aux militaires. Laissons-les commander les armées et les batailles. Mais ne leur laissez pas la diplomatie, ou alors voulez-vous leur offrir l'économie ? Chacun a sa place dans un système comme le nôtre. »

Il fit de nouveau une pause avant de reposer son regard sur la chancelière, l'air attristé.

« Se battre n'est pas une erreur. Mais le faire à cet instant en fut une, vous avez agi de manière insensée et sur un coup de tête. Vous le niez à cause de mois de préparations ? En quoi cela empêche-t-il cette décision d'être prise sur un coup de tête ? Vous avez pris des mois à préparer ? Pourquoi ne pas plutôt les avoir utilisés pour obtenir l'accord du sénat ? Ou bien pensez-vous réellement que le sénat soit un poids ? Cette plaie dans la république dont vous parlez, ne pourra se refermer qu'avec votre départ chancelière, si vous voulez menez la guerre alors menée là, prenez la tête d'une flotte et aller combattre, mais je vous en prie, laissez la diplomatie à ceux qui savent en faire. Je vous l'ai dit, j'ai un grand respect pour vous, mais n'espérez pas de soutien de ma part, pas alors que vous avez bafoué tout ce en quoi je crois et qui me pousse à être présent à la rotonde. »

Il fit de nouveau une pause, visiblement agacé par les arguments de la chancelière qui semblait vouloir jouer sur leur entrevue privée. Puis il reprit la parole, fixant les sénateurs, notamment ceux de Caamas et de Neimoidia.

« Dites moi sénateur A'Lifa, est-il sérieux de changer ainsi d'avis face à un simple non, face à une opposition trop forte ? Vous qui êtes si sage, est-ce donc le choix à faire, sacrifier ses idéaux au profit d'une unité qui ne pourra être assurée ? Si c'est cela être sage, alors je préfère être un sot. Dites-moi, est-il si simple de changer d'avis ? De passer de sifflets à applaudissement ? Et pourquoi donc le faire ? Par peur d'être dans le camp le moins imposant ? Ou bien pour une chance d'entrer au gouvernement ? Personnellement je ne n'irais pas vendre mon honneur contre une poignée de crédit, alors pourquoi irai-je donc le vendre pour une place dans un gouvernement aussi décadent que celui-ci ? »

Puis il se retourna de nouveau face à la chancelière.

« Contrairement à certains ici, je ne troquerais pas mes idéaux que vous bafouez en agissant de la sorte contre un peu de reconnaissance ou de pouvoir. Je maintiens ma position et mon soutien total à la motion de censure à l'encontre la chancelière Kira. »


Puis il retourna à sa place, bien décidé à faire voir son point de vue.
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Le mal que font les hommes survit après eux
Le bien souvent est enterré avec les os
Jules César par Willam Shakespeare

Regarder la chancelière dans les yeux. Lire dans ses yeux lointains, à travers des coups d'estoc dissimulés sous la forme de regard innocents la beauté du Sénat en pleine action. Accrochée à sa plateforme la nouvelle sénatrice d'Impératrice Téta suivait les débats avec passion et une discrétion factice qui est celle du chat battant de la queue en observant des souris danser. Elle avait été surprise, remplie d'une chaleur nouvelle par la bonne surprise qu'était le concert dissonnant des individualités galactiques. Elle s'était attendue à un orchestre jouant en toute soumission les notes uniformes préparées en grande instance dans le petit bureau de la chacelière quelque part au dessus de cette immense rotonde. Ce n'était pas le cas. Elle s'était attendue à voir de vieux aveugles aux vêtement trop propres sortir de leurs litières pour s'asseoir sur les ruines fumantes de Dubrillion et en discuter comme si elles avaient toujours été ruines. Ce n'était pas le cas. Parmi la multitude de voix qui s'étaient élevées pour répondre au chant perfide de la chancelière Kira beaucoup étaient dissonantes et certaines ressemblaient à de véritables coups de tonnerre comme si la République blessée dans sa fierté avait décidé de diriger ses foudres vengeresses vers la Reine d'Ondéron.

Mais Sobée était bien placée pour aperçevoir en Emalia Kira l'héritage de l'impératrice Téta. Kira était, c'était certain, une guerrière. C'est bien sûr ce qu'avait prouvé son comportement belliqueux et impérialiste qui avait plongé un monde dans le chaos. Mais elle était aussi une spécialiste de l'agon sénatorial : une grande partie des plateformes qui s'étaient élevées au début du débat pour regarder la chancelière de haut et la condamner à tomber dans l'abîme de la destitution avaient nuancées leurs propos. Le débat commençait à durer et les velleités primaires s'étaient calmées. Silencieuse dans son espace réservé, sous un sénateur Ayrou qui sifflait d'un son strident tout à fait insupportable dès que les débats s'envenimaient, Sobée avait vu son ancien employeur le sénateur de Caamas Eskos A'Lifa condamner la chancelière comme une honte à la république et une belliqueuse aux ambitions quasiment impérialistes. Puis le vieux sage avait retenu son élan et semblait avoir ajouté la tempérance à l'équation. Cette même tempérance dont le sénateur Ninanoht Qademanda sifflait la nécessite. Depuis la réponse brûlante de fierté de la Chancelière les sénateurs avaient peur. Alors qu'ils venaient de se rappeler au bon souvenir de la guerre et de ses atrocités sur Dubrillion ils avaient soudain peur que la guerre vienne faire rage au sein de la République et peur de se plonger eux-même dans l'ombre en décapitant le corps Républicain. Finalement les sénateurs refusaient de mettre en œuvre la république et voulaient faire le jeu de l'Empire. S'assurer d'un pouvoir fort et reculer devant les principes mêmes de la démocratie : la possibilité de garantir la paix en supprimant les éléments nocifs avant qu'ils n'agissent. Garantir la paix justement en empêchant un seul individu de faire tomber le pouvoir éxécutif sur un ennemi, déclaré ou non, sans l'aval de tout le corps sénatorial. Le principe même de la république était la réduction des pouvoirs de la chancelière et la décision publique de toutes les actions engageant la Galaxie libre dans sa globalité.

Mais aujourd'hui au nom de la prudence, le modèle Impérial prenait le dessus. Les sénateurs avaient peur de leur Chancelière guerrière, peur d'attiser la guerre entre eux en poussant la reine ondéronienne hors du pouvoir ce qui les obligeraient à se combattre l'un l'autre pour prendre sa place. C'est cette peur de la désunion qui poussaient des gens aussi différents que le caamasi et le serpent à refuser les principes démocratiques au nom d'un pouvoir fort. Finalement, Kira avait bien agi comme une reine : voilà ses sujets persuadés que malgré ses défauts la femme qui tenait le pouvoir serait plus coûteuse à remplacer qu'à suivre. C'est exactement le genre de principes qui permettent la continuation des monarchies et assurent une belle vie aux oligarques. Kira avait pu agir en son propre nom et ceux-mêmes à qui elle avait confisqué la décision de la guerre se tassaient sous sa botte comme des couleuvres inoffensives. Il était temps pour Sobée d'agir. Elle avait fini de re-visionner le discours inaugural de Kira et s'apprêtait à intervenir enfin, juste après son ancien supérieur hiérarchique au museau fatigué lorsque le sénateur d'Angamar puis le némoidien Grendo S'orn se succédèrent à la barre galactique. C'était éclatant : depuis la dernière prise de parole de la reine de la basse-cour, tout le monde avait revu sa position. Même le FLR qui avait d'abord tiré à boulets rouge naviguait désormais toutes voiles dedans. Le coup de Kira avait été splendide. En se remettant en avant sous le signe de l'honnêteté et en associant sa sortie à une faiblesse provisoire de la République, elle avait réussi à faire oublier le principal : elle avait frappé seul et engagé toute la galaxie libre dans la responsabilité et la force de son coup. Maintenant elle voulait que tout le monde ressente la douleur de l'impact sauf elle. Enfin, le sénateur Menk monta au créneau pour rappeler à tous l'affront à la république elle même que la Chancelière avait perpétré et reposer les bases réelles du débat. Il démasqua la tempérance du Nahash sénatorial comme une peur de l'égalité entre les peuples et du principe démocratique. Il était temps de soutenir ce vent de liberté qui se relevait avec une émouvante vertu.

Défaisant sa queue de cheval pratique pour faire tomber sur ses épaules et dans son dos une crinière de cheveux bruns, Sobée Yorshka activa les commandes nécessaires pour élever sa nacelle vers le centre de la rotonde. Si quelqu'un se devait de rappeler l'impératrice Téta aujourd'hui ce serait elle. Mais au contraire d'Emalia Kira qui se voulait une dirigeante guerrière, Sobée devait rappeler la sage ancestrale dont sa planète avait pris le nom. Au fur et à mesure de son ascension elle sentit distinctement que ce n'était pas un appareil magnétique qui la portait vers le centre de la pièce mais les bras conjugués de ses électeurs qui venaient de placer leur confiance en elle, ceux de la CRT et ceux de toutes les planètes qui comptaient sur la paix.

Sénatrices, sénateurs ! Aujourd'hui est un jour de célébration pour la démocratie ! Pour nous tous ! Oui, aujourd'hui jusqu'à quelques minutes plus tôt, la République s'est révélée dans sa majesté. Nous avons vu des sénateurs courageux et responsables qui aiment la paix, qui aiment l'harmonie et surtout qui comprennent l'importance de la justice. Oui, j'ai vu, nous avons vu, des femmes et des hommes qui ont su parler pour protéger leur peuple et qui se sont élevés pour montrer du doigt l'ennemi commun de la République Galactique et de tout ce qu'elles représentent. Sans peur, vous Grendo S'orn, vous Ress Lanz'zark, vous sénateur Menk, vous avez agi non pas dans votre intérêt personnel, pour plaire à la maîtresse de ces lieux, mais dans l'intérêt général. Ce courage c'est celui de la liberté. Cette force républicaine qui doit punir celles ou ceux qui agissent contre elle, c'est la force de la liberté.
« Cette vague ira grandissant, cette vague ne s'arrêtera pas ». Mais vous avez changé d'avis....

Elle se tourna vers le sénateur S'orn qui venait de regagner sa place mais aussi vers le sénateur de sa planète natale. Le coup devait être direct

"Sénatrices, sénateurs, ne soyez pas crédules. La Chancelière a agi sans vous concerter, bafouant par là le principe même de notre état démocratique et vous la condamnez. Puis elle vous annonce qu'appliquer la loi de la république serait l'affaiblir et vous la croyez. La censure de la chancelière Kira n'est pas une décapitation du corps républicain mais l'expression nécessaire de sa propre loi : personne, même la tête, ne doit décider et surtout agir à la place du corps entier. Le monde est une force publique qui doit travailler à son propre développement, pas une armée privée au service de la reine d'Ondéron. Emalia Kira vous dit qu'une République qui ferait son devoir et la punirait de son faute serait affaiblie contre l'Empire. Et vous la croyez sur parole. Emalia Kira vous dit qu'elle représente un pouvoir fort, un pouvoir fier qui se devait d'agir et vous acquiescez. Emalia Kira reproche à la république exactement ce qu'une monarque – ce qu'elle est ! - ou qu'un dictateur reproche à une institution démocratique : le temps que mettent les décisions, l'impossible harmonie de tous les voix et l'impossibilité de répondre dans l'urgence contre un ennemi impérial. Ces défauts de la République nous les avons déjà entendus, sénateurs. Nous avons dèjà vu des individus souligner la lenteur de l'intérêt public et proposer à la place un, et je cite quasiment, pouvoir fort, capable d'agir dans l'urgence et de frapper avec vigueur. Oui, nous avons déjà vécu cela et nous l'avons appelé despotisme, je n'ai pas peur de le dire. Quel autre état aujourd'hui dans notre Galaxie se range derrière un individu puissant que l'on laisse agir sans l'aval de tous et qui propose effectivement un pouvoir fort ? Le même à qui nous avons repris Dubrillion.

Sobée Yorshka laissa quelques secondes de silence porter toute la force de son accusation.

"Sénateur S'orn, vous vous demandez si nous allons juger la Chancelière pour avoir eu le courage d'accomplir notre destinée. Vous ajoutez que la Guerre était une nécessité. Je dis que rien n'est fatal, que la destinée du peuple est entre ses mains propres et pas dans celles d'une seule femme. La Chancelière parle, pour se défendre de ses actes et pour les décrire, avec un Je qui n'est pas digne de son poste. Oui, la Chancelière dit « Je » depuis le début de cette séance et c'est un Je que nous devons repousser. La République se doit d'être un nous, ou elle n'est pas république. L'on craint une République affaiblie par l'éjection de sa tête ? La véritable faiblesse serait plutôt d'avoir trop peur pour appliquer ses propres principes. Un véritable pouvoir fort est un pouvoir qui sait se restructurer lui même. 

C'est pourquoi le report proposé par le sénateur d'Agamar, au nom d'une force fantasmée, est inacceptable et dangereux. Nous finissons par discuter de l'augmentation des pouvoirs de la chancelière au nom de l'urgence au lieu de nous souvenir de l'essentiel : la République est une et multiple à la fois et son pouvoir est justement de rester une et multiple à la fois. Mettre la chancelière Kira à la tête d'un gouvernement de guerre, ne pas la condamner pour avoir agi sans notre aval, c'est jouer le même jeu que l'Empire Sith. C'est construire un Sénat guerrier ou plutôt donner le sénat à une personnalité forte qui agit impunément tandis que ses ministres seront injustement remerciés. C'est faire du nous républicain le « Je » que martèle celle qui n'est plus dèjà l'accusée du sénat mais sa Reine. Le sénateur A'lifa a raison quand il dit que le système sénatorial est trop lent et trop vieux mais le changement auquel il invite ne doit pas se faire au service d'une chancelière qui agit seule. Il doit justement faire de cette dernière l'un des sujets du changement pour prouver que la République est un indivisible et entière.


C'est pourquoi j'approuve la fermeté du sénateur Menk."
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Hilarante. Voilà comment Jeresen trouvait l’intervention de la Chancelière Kira à son égard. Il était amusant de voir comment la responsable de toute cette histoire était capable de venir se cacher derrière des articles d’une Constitution qu’elle avait insultée de part ses actes. Secouant doucement la tête, l’Alsakani écoutait le reste du discours et ne pouvait s’empêcher d’être en admiration devant toute la conviction d’Emalia Kira dans ses paroles. Quel dommage qu’elles soient si creuses, si vides de sens. Du fin fond de la Zone Neutre, l’Alsakani avait l’impression d’assister au naufrage du gouvernement Kira, alors que bientôt il irait livrer bataille contre les forces Impériales. Non loin, derrière les murs en duracier, ses hommes s’activaient pour se préparer à un éventuel combat. Ses forces se déployaient là où la République était incapable de bouger. Il avait encore du mal à croire que l’État-major n’ait pas prévu de plans après la conquête de Dubrillion. C’était comme s’ils n’avaient jamais prit en compte qu’ils n’affrontaient pas une simple planète, mais bien une entité régnant sans partage sur des dizaines de systèmes stellaires…

A vrai dire, Jeresen était assez confiant quand à la suite des événements au sein de la Rotonde. Tout les Sénateurs qui s’étaient exprimés avait suivit le mouvement, et il n’imaginait pas que les choses puissent se retourner aussi rapidement. Sa désillusion fut bien trop immense lorsque, coup sur coup, les Sénateur A’Lifa et S’Orn firent volte-face, bientôt rejoint par d’autres Sénateurs. Comment la chose était-elle possible ? Comment pouvaient-ils être si dupes ? La Rotonde était-elle devenue un cirque ?

Pire que de s’opposer à la destitution, voilà qu’ils voulaient renforcer les pouvoirs d’Emalia Kira ! Après ce qu’elle avait fait ! C’était impensable. Comment pouvaient-ils accepter de voir leurs droits, leur liberté être bafoués de la sorte, au nom de la peur ? La Réaction du sénateur A’Lifa était incompréhensible, et celle du sénateur S’Orn totalement insensée. Pire encore, le voilà qu’il discréditait et décrédibilisait tout son mouvement politique… pour un poste au sein du gouvernement ?
Fort heureusement, il y avait encore des gens sensés et ouverts d’esprits au sein de cette Rotonde pour ne pas tomber dans le panneau. Jeresen fut clairement soulagé de voir que le sénateur de Rendili restait droit dans ses bottes, et il fut d’autant plus rassuré de constater qu’Impératrice Teta venait, elle aussi, dénoncer ouvertement l’hypocrisie, et la stupidité d’un pareil mouvement.

Jeresen était étonné de voir qu’il partageait les mêmes convictions que la sénatrice Yorshka. Enfin… ce n’était pas vraiment une surprise. Après tout, ne s’entendait-il pas bien avec la Sénatrice Laz’ziark ? N’était-ils pas sur le point, tout deux, de lancer un projet qu’ils avaient noyauté depuis des mois ? Cette idée lui tira un nouveau sourire, alors que son visage se tournait vers le sénateur S’Orn. Le FLR n’avait qu’à bien se tenir, à présent.

L’Alsakani attendit qu’une nouvelle ouverture se fasse dans le débat, et c’est après avoir respectueusement salué les sénateurs Yorshka et Menk qu’il prit de nouveau la parole. Grâce à leurs interventions respectives, il avait une base solide pour établir son discours :

« Sénateurs, Sénatrices. Madame la Chancelière. Nous tenons d’abord à dire combien nous partageons les propos des sénateurs de Rendili et Impératrice Teta. La République a été pensée par les Fondateurs comme une alliance, une union où tout les peuples, toutes les nations, pourraient s’exprimer librement, et faire valoir leurs droits. Aujourd’hui, notre République a été ébranlée, bafouée dans ses plus profondes fondations par une seule personne qui, ayant oubliée qu’elle n’était plus seulement souveraine absolue d’Ondéron mais aussi Chancelière de cette même République, s’est cru permise d’ignorer notre illustre Sénat pour assouvir un caprice. Sénatrices, Sénateurs. Vous avez tous dénoncé le mouvement de la Chancelière Kira. Sa décision, nous l’avons presque tous dénoncé. Vous l’avez fait, Sénateurs S’Orn. Vous aussi, Sénateur A’Lifa. Mais maintenant qu’Emalia Kira vous affirme que ses actes étaient prémédités, vous faites volte-face ? Mais c’est d’autant plus grave ! »

Il leva un bras en l’air, en signe de protestation, avant de porter son regard vers l’ensemble des désignés. Leur réaction était scandaleuse, pour ne pas dire honteuse. Qu’ils aient un point de vue, d’accord. Mais les voir en changer de la sorte face au poids de la Chancelière était ridicule, pour ne pas dire insultant.

Son regard s’arrêta bien vite sur le Sénateur de Neimoidia, et c’est avec un grand calme et une forte dose de condescendance qu’il s’adressa à lui :

« A ce sujet, Sénateur S’Orn, nous sommes grandement surpris par le vent qui balaye actuellement votre nacelle, au point de vous faire changer d’avis telle une girouette. Vous êtes sensé représenter le plus grand rassemblement politique au sein de cette Rotonde, mais qui voudrait encore adhérer à une mouvance politique aussi peu crédible ? Vous souillez la respectabilité de votre mouvance pour une vulgaire place au sein d’un gouvernement décadent. Le Front Libéral Républicain ? Nous pensons plutôt avoir à faire au Front des Lâches et du Renoncement !

Vous parlez d’un gouvernement fantoche, mais allez-y donc, rejoignez-en un nouveau sous la protection de votre souveraine, Emalia Kira ! »


En agissant de la sorte, en laissant tomber toute sa légitimité dans l’espoir d’avoir une place à ce gouvernement, le Neimoidien venait de perdre le peu de respect que l’Alsakani pouvait encore avoir pour lui et son mouvement. A ses yeux, le FLR était désormais en perdition et la cause était toute désignée.

Il avait dit ce qu’il pensait, et il se tourna alors vers la nacelle de Caamas. Bien qu’il respectait depuis de longue date les Caamasis, Jeresen avait du mal à comprendre comment Eskos A’Lifa avait pu flancher de la sorte face à de pareils arguments.

« Quand à vous, Sénateur A’Lifa, votre nouvelle position est d’une grande déception. Comment un esprit aussi intelligent que le votre peut-il se faire berner par des paroles aussi creuses ? Une attaque préméditée depuis des mois ? Le massacre de Dubrillion, quand bien même certains osent appeler cela une victoire, n’en est que plus pesant, révulsant ! Et pour quels bénéfices ? Notre offensive sur ce monde n’était pas accompagnée, pas soutenue. Nous avons repris un monde mineur, ravagé et perdu dans le Braxant sans même nous être donné les moyens de le tenir ! A l’heure où nous vous parlons, les forces Impériales initient un mouvement d’encerclement, pour couper les lignes de ravitaillement entre Dantooine et Dubrillion. Et que font nos forces armées ? Absolument rien ! Et si nous ne faisons rien, si nous laissons la Chancelière Kira à son poste, nous aurons bientôt le droit à un nouveau massacre. »

Et il n’y prendrait pas part. Il n’y aura pas d’Union Républicaine, pas dans de pareilles conditions. Et certainement pas avec des lâches qui, après avoir vociféré contre Emalia Kira, venait à présent faire l’éloge de ses décisions au point de vouloir désormais lui donner plus de pouvoirs. Cette Rotonde le dégoûtait. Comment tout ces Sénateurs pouvaient-ils accepter de perdre leur liberté de parole et de décision ?
Fort heureusement, beaucoup d’entre eux ne le voulaient pas.

Lui non plus.

« Sénateurs, Sénatrices. Il est hors de question de donner plus de pouvoirs à une monarque butée et dangereuse. En agissant de la sorte, nous ne vaudrions pas mieux que les Impériaux. Est-ce cela que vous voulez ? Un Empire ? Ne plus avoir le choix, parce que vous avez peur ? Il est hors de question- vous entendez ?-, hors de question de donner plus de pouvoir au Chancelier. Quel qu’il soit. »

Il se tourna alors vers l’Anacondan :

« Alors non, Sénateur Qademanda, nous ne repousserons pas cette motion à l’encontre de la Chancelière et d’une petite partie de son gouvernement pour les raisons que les Sénateurs Yorshka, Menk et nous-mêmes avons énoncé.»

Ses bras s’écartèrent, comme pour faire vloir le fait qu’il n’était pas le seul à défendre cette position légitime. Il ne voulait pas la démission de tout le gouvernement Kira, mais seulement de sa tête ainsi que la Ministre de la Défense.C ‘était selon lui les véritables responsables, et les autres ne pouvaient être réellement impliqués. Enfin, faire tomber la Chancelière mais conserver son gouvernement avait l’avantage de ne pas paralyser la République, comme certains semblaient le craindre.

« Mais de quoi avons-nous peur, justement. De la guerre ? Quand bien même certains d’entre-nous nous parlent d’état de guerre, nous ne nous souvenons pas avoir voté quoi que ce soit ! Qui plus est, et nous sommes bien placés pour en parler, nous ne relevons aucun mouvement Imperial en direction du territoire Républicain. Au contraire, les forces Impériales sont actuellement en train de se déployer pour étouffer les mondes neutres. L’Empire ne souhaite pas une guerre contre la République car il n’est pas encore assez puissant pour nous vaincre. L’Impératrice le sait, et ne fera rien qui puisse nous menacer sans être certaine de nous vaincre. Elle aurait beaucoup trop à y perdre. »

C’était la seule explication logique. Il n’avait pas d’informations sur ce qui pouvait bien se passer ailleurs, mais ses forces étaient à présent entrées en contact avec les gouvernements des différents mondes de la Zone Neutre pour prendre connaissance des mouvements Impériaux. Et ces derniers étaient trop importants dans la Région. L’Impératrice ne prendrait pas le risque de déclencher quoi que ce soit contre la République avec autant de forces déployées à d’autres tâches. Ce qui allait se jouer là-bas pourrait décider de la suite des événements, mais tout dépendait surtout de ce qui se déciderait aujourd’hui. La guerre n’était pas encore là, et c’était à eux, Sénateurs, de décider de la déclencher. Ou non.

L’Alsakani se tourna ensuite vers la Sénatrice de Kuat, et c’est sans la moindre animosité à son égard qu’il allait réagir à ses propos sur l’armée, quand bien même elle ait pu défendre Emalia Kira. L’Umbaran n’était pas responsable de ce qui s’était passé, mais il se devait de rappeler certains points d’importances.

« A ce sujet, Sénatrice Anthana, vous avez soulevé un point important, et qui mérite d’être discuté. Vous avez parlé de notre État-Major, et en tant qu’Amiral je ne peux hélas être d’accord avec vous. Vous parlez de compétence, nous pensons le contraire. Mais peut-être vous faut-il des exemples. Parlons d’abord des événements de Byss. Qui n’a pas bougé, lorsque des forces Sith sont intervenues pour frapper Ondéron et le Temple de nos alliés, les Jedi ? Qui a approuvé le passage de toute une armada Impériale au cœur de notre territoire, et aux portes de Coruscant ? Qui a approuvé la croisade du Chancelier Arnor sur Artorias ? Qui a laissé repartir l’Impératrice de Makem Te, alors que nous la tenions sous nos armes ? Qui, enfin, à refusé de s’interposer face à la folie de la Chancelière Kira ? C’est à croire que notre État-major passe plus son temps à servir l’Empire que notre République !

Sénatrice Anthana. Un militaire se doit de suivre les ordres. Certes. Cependant, lorsque cet ordre est totalement insensé, c’est de son devoir de s’interposer de tout son poids pour qu’il ne soit pas appliqué. Ce n’est pas de la trahison, mais une preuve de bon sens et de courage. Et croyez-nous, nous préférerons encore faire preuve de courage que de cette même lâcheté dont ils se sont plus qu’entachés. »


La chose ayant été dite, l’Alsakani pouvait enfin se tourner vers la responsable de toute cette cacophonie, et porta son regard vers la tribune de la souveraine d’Ondéron :

« Finalement, Chancelière Kira, permettez-moi de sourire. Vous nous présentez un article issu d’une Constitution que vous insultez vous-même par vos actes. Comment osez-vous, après tout ce que vous avez fait ? Nous le répétons une fois de plus, ce n’est pas parce que vos actions étaient préméditées depuis des mois qu’elles en deviennent légitimes. Surtout à la vue des résultats. Tout ces morts ne sont peut-être pour vous que des chiffres, mais pour ces hommes qui se battent et protègent notre République, elles ont un sens bien différent. Enfin, nous tenons à rappeler que nous sommes parvenus à repousser les forces combinées de l’Empire Sith et du Seigneur Hutt Borenga sans la moindre préparation, ce qui balaye de fait votre argumentation ridicule et dépourvue de logique. Tout ce que cela prouve, c’est votre incompétence. Ce que nous faisons actuellement dans la Zone Neutre, nous le faisons parce que vous êtes incapable de voir la réalité en face. Ce sont ces mondes qui nous ont permit la victoire, qui vous permettent de vous tenir debout devant nous en cet instant. Nous faisons tout simplement votre travail à vous, à votre Ministre de la Défense ainsi que votre État-major.

Alors nous vous en conjurons, démissionnez. Retournez vous occuper de votre peuple et laissez-nous faire ce dont vous êtes incapable : maintenir notre illustre République sur son cap. »

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Un mois, voilà un simple mois que j’ai été élu sénateur. Depuis un mois, j’exerce avec discrétion, calmement, découvrant comme un débutant le domaine de la politique galactique, le Sénat républicain, et toute cette lourde bureaucratie qui l’entoure. Je n’ai, à vrai dire, jamais encore eu l’occasion de parler à la Rotonde.
Ce sera une première pour moi. Et quelle première !

Rappelons les faits. Il y a quelques jours, la République Galactique donne l’assaut sur le monde de Dubrillon, annexé par l’Empire Sith il y a quelques années maintenant. Jusque là, nous étions en paix, relative il en convient, depuis le traité d’Artorias. Bien, rien que pour cela, la situation est inédite et délicate. Elle devient encore plus sensible lorsqu’un vote pour une motion de censure contre le gouvernement et la Chancelière Kira est enclenché. Rien que ça. Alors que la République est à l’aube d’une guerre importante, et hélas nous pouvons le redouter, sanglante. Autant dire que la pression est au rendez-vous.

Cela doit bien faire une heure que la séance a commencé. Les uns et les autres ont tentés chacun leurs tours d’expliquer la situation, d’attaquer leurs adversaires, et ont enfin terminés par donner leurs avis. Les grands ténors d’aujourd’hui sont la Chancelière, bien évidemment, et les sénateurs de Caamas, Balosar, Alsakan, Neimoidia, Rendili, Kuat, Impératrice Têta et Agamar. Rien que ça. Je pourrais presque me sentir impressionné, mais, heureusement, on n’impressionne pas un Tapani !

Au milieu des attaques, des invectives, des recours à la Sainte constitution qu’ils connaissent tous par coeur mais qu’aucun n’applique véritablement, personne ne semble réellement prendre conscience qu’au final, nous sommes en état de guerre. Nous l’avons déclenché. Nous devons l’assumer. Là dessus, je suis parfaitement d’accord avec les propos de la sénatrice de Balosar. Mais puisque nous devons l’assumer, il ne s’agit pas tant de juger les erreurs qui ont été commises, même si bien évidemment cela garde de son importance, il s’agit plutôt de déterminer si la Chancelière, si le gouvernement, si tout ce qu’elle a apporté et qui l’entoure, sont suffisamment compétents et dignes de confiance pour mener notre République à la guerre, et pour faire en sorte qu’elle soit victorieuse.

C’est pourquoi jusqu’ici, je ne me suis pas prononcé. J’ai préféré observer. Observer le triste spectacle se déroulant devant moi. Mais je ne resterais pas sans voix, je ne resterais pas assis là, à ne rien dire et à observer. Parce que je n’ai pas été élu pour cela. J’ai été élu avant tout pour défendre mon peuple, mon empire, mais aussi pour apporter notre façon de faire, de voir les choses et de penser à la République, au Sénat. C’est aujourd’hui que je ne dois pas décevoir. C’est véritablement aujourd’hui que débute ma carrière politique.

J’attends donc la deuxième intervention du sénateur d’Alsakan, actuellement déployé sur le champ de bataille, pour notifier mon désir de prendre, à mon tour, la parole. Grâce à mes assistants, j’ai pu gribouiller, improviser, quelque chose à prononcer, qui marquera la position de Tapani, qui marquera mes observations. Aujourd’hui je ne me fais pas d’alliés, je ne me fais pas d’amis. Je ne me fais pas non plus d’ennemis, du moins pas volontairement. Aujourd’hui j’agis simplement pour moi-même, en étant moi-même, en étant ce que les Tapani ont élu, ont jugés bon de les laisser les représenter.

Le président du Sénat tourne sa tête vers moi, m’accorde la parole. Le sénateur d’Alsakan vient de terminer. D’une façon des plus calme, dissimulant du mieux que je le peux le trac et la tension d’une première intervention retranscrite dans des milliers, si ce n’est des millions de système, je me lève, et salue d’un signe de tête et le sénateur d’Alsakan, et le président du Sénat. A mon tour.

« Sénateurs, Sénatrices. Madame la Chancelière. C’est là une première pour moi, une première tragique s’il en est, puisque c’est à l’occasion d’une motion de censure que je dois m’exprimer. Aussi, je vous demanderais de bien vouloir pardonner mon inexpérience et mes talents d’orateurs, bien piètres comparés à des ténors tels que vous l’êtes ici.

Je ne vais pas de nouveau résumer les faits, vous l’avez tout aussi bien fait. Je remercierais d’ailleurs les sénateurs Fylesan et Laz’ziark de leurs témoignages. Il est important, je pense, d’avoir des avis professionnels et des auteurs même des événements, pour mieux comprendre la gravité de la situation tout d’abord, mais aussi vers où nous nous dirigeons.

Mais c’est tout d’abord à Madame la Chancelière que je m’adresserais. Vous avez déclenché une attaque militaire et rompu un traité diplomatique sans en informer le Sénat, sans lui demander de voter. De cela, je pense que nous pouvons désormais tous nous accorder à dire qu’il s’agit des faits. Et ces faits soulèvent de graves questions. Avez-vous conscience de ce qu’est la démocratie ? Avez-vous conscience que la République Galactique ne se compose pas seulement de l’exécutif, du gouvernement et de la Chancellerie ? Je ne le crois pas.

Bien évidemment, vous pourrez parfaitement nous dire qu’il s’agit là d’une manoeuvre du Sénat et, de manière plus générale, du législatif pour l’emporter sur l’exécutif, pour accroître son pouvoir. Ces critiques là, je ne les écouterais pas, je ne leur apporterais aucun crédit. Parce que nous ne devons plus en être là. Parce que la situation est bien trop grave pour que l’on se tourne vers des problèmes politiques mineurs, vers de petites luttes de pouvoir intérieures.

C’est pourquoi, je répondrais à la sénatrice Anthana et au sénateur A’Lifa que notre système n’est peut-être pas parfait, j’en conviens, que notre système est peut-être daté, limité, qu’il peut arriver à son terme. Pour autant, je ne pense pas qu’il s’agisse du bon moment pour aborder ses questions là. Aujourd’hui, nous sommes aux portes de la guerre. Il ne s’agit plus de déterminer si le système est bon ou non.

Je veux revenir sur votre accusation extrêmement grave, blessante et scandaleuse, Madame la Chancelière. Vous sous-entendez que le Sénat est infiltré d’éléments ennemis, d’éléments Sith. Allons-nous, alors que vous prônez l’union, vers une chasse aux sorcières ? Au nom du pouvoir qui m’a été conféré, madame la Chancelière, je vous somme de nous fournir les preuves de vos dires.

J’irais même plus loin. Car vous parlez de nos ennemis, certes, et je partage votre dégoût envers l’Empire Sith, mais valez-vous mieux qu’eux, lorsque vous cherchez à argumenter que pour mener cette action, il ne fallait pas prévenir le Sénat, lorsque vous menez, vous seule, la République à la guerre, lorsque vous faites tuer des milliers de gens ?

Vous nous avez amené à la guerre. C’est pourquoi aujourd’hui le Sénat est en colère. Voilà la vérité. Est-ce au Sénat de porter cette responsabilité, comme vous le sous-entendez, vous et la sénatrice de Kuat ? Non. Nous avons déclaré la guerre oui, parce que vous l’avez voulu, et qu’en avons-nous retiré ? Un échec. Sans l’Ordre Jedi, nous n’en serions pas sorti vainqueurs. Qu’est-ce que cela veut dire ? Que la République est faible ? Que ses forces armées ne sont pas capable de mener seuls une offensive ? Que nous avons besoin des Jedi pour toutes nos actions militaires ? Vous portez le discrédit sur la République, sur sa réputation, sur ses forces armées, sur sa diplomatie, parce que vous avez été capable de rompre un traité, parce que nous ne passons plus pour des personnes dignes de confiance. Vous devriez avoir honte.

Mais ce n’est pas tout. Puisque vous osez nous dire que votre plan était préparé. Bien. Je veux bien croire en votre bonne parole. Mais je demande des preuves. C’est pourquoi, en ma qualité de sénateur représentant l’Empire Tapani au sein de la République Galactique, je demande une session extraordinaire à huit clos, où nous serons divulgués les comptes-rendus des états-majors et les rapports du renseignements qui ont menés à l’attaque de Dubrillon. La situation sera alors, pour tous, beaucoup plus claire. Ou bien nous avons affaire à un grave problème de compétence dans nos armées et notre renseignement, et alors je pourrais blâmer les états-majors, ce que je me refuse de faire pour le moment et en cela, refuse de soutenir la sénatrice Laz’ziark sur ce sujet, ou bien nous avons affaire à une Chancelière qui nous ment, et les conséquences en seraient d’autant plus grave.

Bien évidemment, je ne suis pas ici pour me mesurer en un duel d’articles de la constitution. Vous semblez tous la connaître autant que moi, si ce n’est plus, et nous combattre autour des articles est ridicule. Nous ne sommes pas des juges et nous n’avons pas le temps de nous le permettre. La constitution reste la base de notre République, elle nous protège et nous limite et je ne la blâme pas, je ne la remet pas en question. Mais en ces temps troubles, alors que nous vociférons, que nous débattons tandis que des milliers des nôtres sont mort ou meurent, nous devrions plutôt nous concentrer sur l’essentiel.

Je regrette une dernière chose Chancelière, et je crois qu’elle est un reflet de votre mandat, c’est votre verbe à notre égard. Vous attaquez d’abord, de façon impulsive, les sénateurs qui s’opposent à vous, n’hésitant pas à brandir à votre tour la Constitution alors même que la situation dépasse de loin les lois sacrées, avant de vous adoucir. Par là, j’y vois une femme qui est dépassée par les événements. Qui joue sa dernière carte. Mais je n’y vois pas une Chancelière et reine d’une planète de trente-six ans.

Je m’adresserais brièvement à certains de mes collègues sénateurs, avant de conclure. Il est déplaisant de voir qu’à l’instar des sénateurs S’orn et A’Lifa, on peut abandonner son intégrité pour presque rien. Mais il ne faudrait pas oublier qu’à la fin, c’est tout ce qui nous reste. C’est pourquoi j’exprime mon plus fort soutien aux sénateurs d’Impératrice Têta, de Balosar, de Rendili et d’Alsakan pour leur volonté de rester intègre et de ne pas changer de camp telles des girouettes, comme le dit si bien le sénateur Fylesan.

Je concluerais donc, chers sénateurs, chères sénatrices, madame la Chancelière, en rappelant qu’ici, à cette heure là, dans ce contexte là, nous ne sommes pas tant là pour juger les erreurs passées, bien qu’évidemment, elles gardent leur importance. Nous sommes ici pour déterminer si vous, madame la Chancelière, si votre gouvernement sera le bon pour mener cette guerre, pour nous mener à la victoire, pour assumer vos choix, vos erreurs qui vont nous coûter tant.

A cette question là, au vu de votre immaturité profonde, au vu de vos accusations honteuses, au vu de vos réponses dont mes demandes nous permettront, je l’espère, de déterminer si nous avons là affaire à une incapable ou une menteuse, je ne puis que me dire que vous n’êtes pas celle qui nous mènera à notre victoire mais bien à notre perte.

Par conséquent, l’Empire Tapani et les sept maisons nobles qui le composent vote en faveur de la motion de censure et souhaite que la Chancelière ne puisse plus souiller de nouveau la République Galactique.

Je vous remercie de votre attention.
 »

Sur ces mots lourds de sens, je me laisse retomber. Les jeux sont faits. Advienne que pourra.
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Contrairement à certains, Ress ne trouvait pas l’atmosphère électrique de la Rotonde dommageable, alors que les périodes d’applaudissements et les sifflets se succédaient suivant les orateurs et les réactions partagées du public. Il y avait des emportements, mais au moins, les masques tombaient, au fur et à mesure que les ambitions se révélaient. Quant aux invectives … Clairement, beaucoup de ces sénateurs désignés dans un fauteuil n’avaient jamais connu les réunions survoltées qui font les élections, les bras de fer politiques avec d’autres parties opposées, les retournements de situation … Ce qu’il se passait à cet instant, c’était une entreprise de vérité, de clarification pareille à nulle autre depuis bien des années au sein du Sénat. La République vivait des heures graves, certes, cependant, il y avait une vitalité du débat renouvelée. Rarement la balosar avait vu des représentants de tout bord exprimer avec tant de forces des idées si semblables aux siennes.

Certes, elle regrettait les approximations, le fait que beaucoup ne se focalisent pas sur la bonne cible en confondant gouvernement et Chancelière. C’était là un point qu’elle devrait aborder au moment de prendre la parole. Néanmoins, ce ne serait pas le seul. Il convenait d’expliquer une fois pour toute ce qu’était réellement défendre le peuple, dont certains, y compris la Chancelière en personne paraissaient avoir une vision bien chimérique, pointer les enjeux laissés en friche … Et réagir face à ceux qui venaient de se parjurer de la façon la plus grossière possible. Le vieux rêveur et le faux-jeton avide, unis dans une même entreprise de suicide collectif … Il y avait dans cette étrange alliance une forme d’ironie. L’un renonçait presque par lassitude, l’autre par appât du gain. Et le pire, c’était qu’aucun de ces revirements ne surprenait réellement Ress. Oui, certains tenaient en effet à leur carrière, au point de piétiner tout ce qui avait fait leur engagement. Elle n’était pas faite de ce bois-là. Finalement, ces ceux-là venaient de confirmer l’image qu’elle s’était faite d’eux. Et à entendre les hoquets de stupéfaction des uns et des autres, leur indignation, elle avait envie de rire : mais à quoi donc s’attendaient-ils tous ?

Non clairement, ces trahisons étaient à attendre. Elles étaient simplement ridicules, mal pensées et définitivement à son profit. Pour un peu, elle aurait presque applaudi cette magnifique tentative destinée à se tirer une balle dans le pied et à perdre toute crédibilité. A ce point, c’était carrément du grand art. En revanche, la défense acharnée des principes de la République par d’autres sénateurs auxquels elle ne s’était pas attendue contenait réellement l’intérêt de ces débats. Des mondes à l’importance non négligeable comme Impératrice Têta ou Procopia prenaient la parole pour aller dans son sens et celui du Sénateur Fylesan, tandis que la Bordure en la personne du sénateur d’Agamar la décevait légèrement dans cette position de prudence malséante au vu des circonstances plus que dramatiques. Même Rendili venait de délivrer une charge particulièrement forte contre Emalia Kira et le FLR, ce à quoi elle ne s’était pas attendue, considérant que Menk suivrait probablement ses intérêts et s’alignerait sur S’orn. Pas du tout, l’humain restait droit dans ses bottes, avec un discours qui, il fallait le reconnaître, la charmait. Intéressé ou réellement sincère, force était de constater que l’homme avait fait appel à des fondamentaux qui touchaient évidemment le cœur d’une égalitariste farouche comme l’avocate. La nouvelle représentante de Koros Major en faisait d’ailleurs de même, bien que, compte tenu de son passé, ce soit attendu et relativement logique. Il n’empêche, il était plaisant de constater certaines lignes de force au sein de la République. De son point de vue, la messe était dite, suivant l’expression du Pius Dea. Peu importait le résultat final : soit la Chancelière était destituée, soit la République partait en guerre profondément divisée, avec une opposition franche. Les deux cas revenaient presque au même …

Ress se moquait de son propre destin. Sincèrement. A vrai dire, son cœur s’était brisé depuis longtemps. N’eut été sa fille, sans doute que la disparition de son garçon aurait suffi à l’amener à un geste fatal. Alors la politique … Voir d’autres sénateurs se lever contre un pouvoir qui avait selon elle outrepassé ses droits était rassérénant. D’autres têtes plus jeunes émergeaient. Quelqu’un saurait reprendre son œuvre. C’était tout ce qui comptait. Et ce détachement lui donnait la force de tendre sa main pour demander la parole, de défendre jusqu’au bout ce qu’elle estimait juste.

« Tout au long de mon engagement, le peuple, les peuples de la République, ont été au cœur de mes convictions. J’ai souvent regretté publiquement, ici-même parfois, que le respect de la liberté de chacun ne soit pas respecté. Que les plus puissants aient la préséance sur les plus faibles, alors que chaque voix devrait avoir le même impact. Que bien souvent, des décisions soient prises sans prendre en compte les aspirations de chacun, sans que tous aient pu s’exprimer, faire valoir leurs idées, leur allégeance ou opposition.

La République est constituée d’une multitude d’individus. Certains viennent de planètes qui, majoritairement, ne désiraient pas la guerre contre l’Empire. C’était leur choix. Leurs convictions n’étaient pas les miennes, mais il m’importait de les respecter. Personnellement, je me suis toujours élevée contre la résurgence de l’Empire. Contrairement à d’autres, à vous-même, Chancelière Kira, j’ai toujours refusé la perspective de dialoguer avec l’Empire, avec un régime tyrannique fondé sur l’asservissement de ceux qui n’ont rien, au nom d’une inégalité fondamentale entre sensibles à la Force et non-sensibles. Fût un temps, vous critiquiez Valérion Scalia pour ce que vous appeliez alors du bellicisme. Fût un temps, vous bâtissiez une campagne sur le respect de chacun. Fût un temps, vous sortiez de de la crise de Makem Te comme la représentante du camp de ceux qui avaient voulu maintenir la paix jusqu’au bout, sans sacrifier les mondes neutres, si peu favorisés. C’est cela, que le peuple a choisi. Dites-moi, quand avez-vous perdu de vue ce qui avait fait la force de votre engagement ? Quand, alors que le fait de ne pas avoir été consultée sur l’avenir d’Ondéron avait été une plaie béante dans votre cœur, avez-vous décidé d’infliger la même sentence à d’autres mondes ? Quand, finalement, avez-vous oublié vos convictions ? A quel moment, dans votre bureau, l’idée de consulter le Sénat vous est-elle apparue si intolérable ?

Je suis fière de ne jamais avoir dévié de mes idées, peu importe le coût à subir. Je me suis toujours opposée à l’Empire, et je continue à le faire. J’estime simplement qu’une offensive légitime pour libérer un peuple opprimé ne doit pas se faire sur le dos d’autres peuples. La guerre est une nécessité. Beaucoup des voix qui se sont exprimées l’ont répété. La vraie question, c’est de savoir comment nous voulons la mener. En sacrifiant nos idéaux, ou bien en les suivant, parce qu’ils constituent l’essence-même de la République.

En cela, Madame la Chancelière, je considère servir le peuple. Tout le peuple. Rien que le peuple. »

Il y avait de l’émotion dans sa voix, plus qu’elle ne l’aurait cru. Par conséquent, la balosar décida de faire une brève pause, avant de reprendre et de changer d’interlocuteur.

« Vous regrettez, Sénateur A’lifa, de ne pas avoir pu défendre vos idées. Ce constat est, je crois, le plus terrible qui ait jamais été fait au sein de cette Rotonde, car l’essence même de sa création a donc été bafoué. Vous auriez voulu exprimer ce que votre peuple pensait, puis vous soumettre à la décision légitime de toute la République assemblée.

Vous avez choisi d’abandonner, pire encore, de vous rétracter, de renoncer à défendre jusqu’au bout ce qui vous était cher, ce pour quoi vos concitoyens vous faisaient confiance. Ce comportement m’attriste, car il est l’essence même d’un renoncement à exercer nos droits délétère. Vous vous inclinez devant le fait accompli. Devant l’affirmation qu’en conscience, on vous a floué, et que s’il le fallait, Emalia Kira recommencerait.

Je ne vous comprends pas. Et je veux au contraire, affirmer que je me battrais jusqu’au bout pour permettre à tous, même ceux qui ne partagent pas mes idées, de les défendre. Sinon, je ne vois pas l’intérêt de parler encore de République. Autant rejoindre l’Empire !»


Cette affirmation brutale eut le mérite d’en réveiller certains qui sifflèrent. Ress ne les écouta pas, préférant continuer son intervention.

« A ceux qui veulent que la démocratie soit respectée, et démontrer sa force, j’ai envie de dire : réveillez-vous ! Sénateur Qademanda, vous avez exprimé vos regrets. Allez jusqu’au bout de votre raisonnement ! Vous savez parfaitement que reporter cette discussion signifie sa perte pure et simple ! Ne pas agir maintenant, c’est condamner la République à un commandement divisé, à de nouveaux coups de force contre l’Etat de droit. Jamais, malgré mes opinions sur la nécessité de s’attaquer à l’Empire, je n’aurais voulu souffrir cela !

A ceux qui se plaignent de la lenteur de nos institutions, je répondrais ceci : depuis les réformes Scalia, le Chancelier a déjà énormément de pouvoirs. Une fois la guerre déclarée, il est seul maître du jeu. Le Sénat est l’ultime garde-fou, l’unique organe de la République qui peut autoriser un individu à détenir entre ses mains l’essentiel de notre destin commun. Voilà pourquoi le vote devant la Rotonde n’est pas superflu ! Voilà pourquoi il est essentiel même ! Si nous votons la guerre, alors la Chancellerie deviendra, à l’heure actuelle, la maîtresse de l’appareil républicain. Il ne fallait qu’une procédure pour l’obtenir, et Emalia Kira l’a jugée inutile. Est-ce réellement cela que nous voulons pour conduire notre destin justement ? L’impulsivité ? Le manque de discernement ? Un chef qui abandonne la bataille en plein cours dans une manœuvre hasardeuse, laissant sa flotte en péril ? Si le Maître Manteer n’avait pas repris de justesse le commandement, la défaite aurait été une réalité !

Alors non, il n’est question ni de report, ni d’acceptation contrainte ! Il est nécessaire de poser un choix clair ! En conscience ! Pour l’avenir de la République, et pour le peuple !»


Sa voix nasillarde résonnait dans la Rotonde. Puis elle enfla, alors qu’un torrent se déversait à nouveau.

« Ne suivez pas ceux qui viennent de démontrer toute la vacuité de leurs convictions inexistantes. Ne suivez pas les lâches qui, pour tout programme politique, n’ont jamais eu que leurs ambitions dévorantes. Sénateur S’orn, il est clair qu’en matière de tapin ministériel, je n’ai pas vos compétences, et je dois avouer que je m’en félicite ! Vous prostituez de la sorte offre un aperçu saisissant de la manière dont vous défendez le peuple de Neimodia !

D’autres choix s’offrent à nous, Sénateurs, Sénatrices. Il existe une autre voie que le renoncement ou la trahison de toutes ses croyances. Accepter de voir le Sénat bafoué, les peuples réduits au silence, c’est accepter la fin de la République. Proclamer notre foi dans la décision démocratique, voilà ce à quoi j’aspire. Je crois en une République victorieuse, à une République forte, qui se bat contre la dictature, et je ne crois pas que ce soit incompatible avec nos idéaux … ni avec nos institutions !

La République a les moyens de vaincre, elle l’a déjà démontré, mais ce n’est possible qu’en cas de coopération avec ses alliés, et d’union. Que dirons ceux que nous voudront rallier, quand ils auront vu que nous ne consultons même pas nos plus vieux soutiens ? Ils penseront que nous nous moquons d’eux. Pis, que verront-ils dans la situation actuelle, si ce n’est la certitude que malgré d’éventuels accords, la Chancellerie se passera de leur avis au gré de ses envies ? Et que dira le peuple quand pèseront sur lui taxes nouvelles et enrôlement ? Que lui doit suivre les règles, mais pas ses gouvernants ? Que nécessité fait loi ? Quel ordre est possible avec de tels préceptes !

La guerre, ce n’est pas uniquement mener des batailles. C’est savoir que seul, il n’y a pas de victoire. Dubrillion en a été la sanglante démonstration. C’est reconnaître que la crédibilité est notre bien le plus précieux, de même que le sentiment du peuple que chacun a les mêmes droits et devoirs.

Pour le moment, ce n’est pas le cas. Pour le moment, certains ont plus de droits que d’autres. Vous voulez améliorez notre République ? Voilà ce qu’il faut faire alors : garantir l’égalité et la liberté de chacun, pour dénoncer la tyrannie ! »


La voix cassée d’avoir tant parlé, Ress conclut finalement :

« Pour toutes ces raisons, je réitère ma proposition de destitution de la Chancelière. La loi est la même pour tous. L’enfreindre, c’est rejeter notre pacte commun. Et une guerre ne se mène pas par coups de force, mais par l’union. Il est manifeste qu’en l’état actuel des choses … Cette union est mort-née. Et à raison. »
Niganoht Qademanda
Niganoht Qademanda
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Niganoht avait essayé d'organiser son discours du mieux qu'il avait pu. Une partie avait été préparée, une autre avait forcément été improvisée pour répondre aux différentes interventions des autres Sénateurs et de la Chancelière. Il avait essayé d'apporter de la sagesse dans le débat, de la mesure dans les propos, et des arguments convaincants. Il ne s'était pas attendu à rallier une majorité de Sénateurs à son point de vue et d'obtenir facilement un vote majoritaire pour le report de la motion de censure. Il savait que dans un premier temps, chacun essaierait de rester sur ses positions, de répéter les mêmes arguments, parfois par fierté de ne pas être celui qui fléchirait dans le débat, de ne pas être celui qui se laisserait convaincre.

Mais il ne s'était pas attendu à tout ce qui suivit. A commencer par le revirement du Sénateur S'orn de Neimoidia. La visite diplomatique prévue en sa compagnie dans peu de temps serait l'occasion d'éclaircir les points de vue de chacun, car dans l'instant, Niganoht eut du mal à bien comprendre où le Neimoidien voulait en venir. Après avoir publié une tribune virulente à l'encontre de la Chancelière Kira et avoir réclamé sa destitution, il changeait soudain son fusil d'épaule pour demander plutôt la destitution du Gouvernement. N'avait-il donc rien écouté de ce que Niganoht venait de dire ? Il voulut faire croire que si en lui adressant quelques mots directement. Des mots creux : il parlait de saisir un moment historisque. Si la République était mise en branle au moment où elle devait défendre plusieurs Mondes Neutres contre l'invasion impériale, c'est sûr que la galaxie assisterait à un moment historique, mais pas dans le bon sens !

Le Sénat avait perdu la tête à cause de cette histoire. Tous les regards étaient braqués sur la Chancelière et son Gouvernement, sans prendre aucune mesure de la globalité du problème. Tous ces Sénateurs voyaient les choses par le petit bout de la lorgnette, et Niganoht comprit qu'il allait avoir besoin de faire une deuxième intervention pour leur faire ouvrir les yeux. Il écouta tout de même les réponses des autres Sénateurs, mais aucune ne lui plut vraiment. Le Sénateur Menk de Rendili s'insurgea certes contre le revirement du Sénateur S'orn, mais pour au final rester sur cette ritournelle véhémente, croyant que les Sénateurs « demandaient d'oublier et de pardonner pour cette guerre ». Lui non plus ne semblait pas avoir été bien attentif au débat. Niganoht avait entendu bien peu de Sénateurs réclamer l'oubli et le pardon. C'était même le contraire ! La plupart, comme lui, voulaient punir sans mesure la Chancelière Kira, vite et sec. En quoi son discours, à lui, différait-il de cet empressement funeste ?
Preuve qu'il était loin d'être seul, la Sénatrice Yorshka d'Impératrice Téta prit la parole pour la première fois, tout ça pour aller dans le même sens, accusant même Niganoht de fantasmer sur la force de la République et de demander un report dangereux. Elle ne trembla pas des genoux quand elle eut le culot de lui prêter l'intention de « discuter de l'augmentation des pouvoirs de la Chancelière ». Mais où avait-elle entendu ça ? Y avait-il une seule personne ici qui avait bien écouté ce qu'avait dit Niganoht ?

Non, les Sénateurs restaient murés dans leur révolte. Tous impulsifs et irréfléchis. Quelques uns défendaient coûte que coûte l'action irresponsable de la Chancelière Kira, beaucoup s'empressaient de vouloir mettre en branle le pouvoir en place sans vouloir réaliser que l'Empire n'espérait que cela. Parmi ceux-là, certains avaient même le déni de penser que la guerre était encore un choix à l'heure actuelle, comme la Sénatrice Yorshka ou la Sénatrice Laz'ziark. N'avaient-ils pas non plus écouté le Sénateur Fylesan qui avait signalé des mouvements de flottes impériales en directions des planètes Lorrd et Gravlex Med ?

En parlant de lui, justement, le Sénateur Fylesan reprit la parole pour tenir des propos indignes. Sûr que l'Empire n'avait pas encore une armée suffisante pour attaquer la République, il minimisait l'importance des attaques à venir en rappelant que ce n'étaient que deux Mondes Neutres qui étaient pris pour cible. Ben voyons, et puis quoi encore ? Si l'on ignorait les Mondes Neutres, si on les laissait à l'abandon, aux mains de l'Empire, peut-être que ce dernier finirait par lever une armée suffisamment puissante, et alors là le Sénateur Fylesan serait le premier à se mordre les doigts de n'avoir pas jugé ces attaques préoccupantes. Par ailleurs, Niganoht s'inquiétait un peu aussi pour sa propre planète : Agamar était près de la frontière du territoire républicain, et si les Mondes Neutres tombaient aux mains de l'Empire, les habitants d'Agamar pourraient dire bonjour à l'Impératrice par le hublot.

Quant à la Sénatrice Laz'ziark, elle s'époumonait à répéter ce que trop de Sénateurs avaient déjà dit avant elle. Alors, Sénateur Menk, on trouve toujours que beaucoup de voix demandent d'oublier et de pardonner l'action de la Chancelière Kira ? Par ailleurs, la Sénatrice Laz'ziark était autant dans l'émotion que dans le déni. Elle croyait qu'il était possible de ne pas « voter la guerre ». Pourquoi selon elle l'Empire décidait-il d'attaquer Lorrd et Gravlex Med ? Ne pas voter la guerre, cela signifiait-il le laisser faire et croire encore que l'attaque de Dubrillion serait pardonnée par l'Impératrice ? L'Empire était belliqueux et la République n'aurait aucun crédit à agiter le drapeau blanc maintenant, après ce que la Chancelière Kira avait fait. Ress Laz'ziark avait démissionné de son poste de Ministre mais cela ne lui avait pas rendu les idées plus claires pour autant.

Il était maintenant temps pour Niganoht de reprendre la parole dans ce Sénat troublé. Sa nacelle vint prendre place au centre de la Rotonde et il prit la parole du ton le plus posé possible :

NIGANOHT – Sénatrices et Sénateurs, je crois qu'il serait bon de faire avancer ce débat. Nous pouvons procéder à un vote mais je crois déjà observer que la grande majorité d'entre nous sommes favorables à l'exécution d'un blâme à l'encontre de la Chancelière Kira. Je pense donc qu'il n'est plus question de savoir si nous devons aboutir à sa destitution, mais de savoir quand cela sera effectif.

Le débat devait évoluer, pour éviter que tout le monde continue de se paraphraser.

NIGANOHT – Sénateur S'orn, je regrette que vous vous réjouissiez, je vous cite, de « vivre un moment historique ». Je regrette aussi votre revirement mais je ne m'étendrai pas là-dessus, d'autres ont déjà parlé de façon très juste à ce sujet. Je ne veux pas vous prêter l'intention de défaire le Gouvernement pour pouvoir vous y loger à une place de Ministre, car je compte sur le chef de parti que vous êtes pour éviter de faire preuve d'un tel cynisme dans une heure aussi grave.

Voilà qui était dit, et Niganoht n'allait pas s'étendre sur le sujet. Il changea donc d'interlocuteur :

NIGANOHT – Sénatrice Laz'ziark, puisque nous ne pouvons plus vous appeler “Ministre”, vous semblez très affectée par tout ce qu'il se passe, et je le comprends. Vous êtes révoltée, atteinte dans votre sang. Prenez garde, cependant : il ne sort que rarement quelque chose de bon lorsque l'on agit sous le coup de l'émotion. Or, cette émotion est évidente dans votre voix. Je l'ai entendue pendant que vous parliez.

En partant de ce cas précis et illustratif, Niganoht élargit son auditorat, s'adressant maintenant au Sénat entier :

NIGANOHT – A la vérité, je regrette d'entendre une majorité d'entre vous agir par émotion. Je vous supplie d'ouvrir les yeux. L'Empire s'avance vers les planètes de Lorrd et de Gravlex Med. Quel est son but, selon vous ? Ne devons-nous pas nous sentir préoccupés sous prétextes que ce ne sont “que” des Mondes Neutres ? Et que se passera-t-il si nous n'intervenons pas maintenant, de façon unie ? Que se passera-t-il lorsque l'Empire aura obtenu suffisamment de force pour s'attaquer aux planètes suivantes ? Oui, certains d'entre vous vont penser que je crains pour ma planète, Agamar, qui a une position proche des Mondes Neutres, en bordure du territoire de la République. Mais si Agamar ou une toute autre planète républicaine est attaquée, ne considèrerons-nous pas que la République elle-même sera attaquée ? Certains d'entre vous ont l'air de penser que la guerre est encore un choix, qu'elle peut encore être « votée ». J'eusse aimé que cela soit vrai. Seulement, pensez-vous vraiment que la République aurait le moindre crédit à agiter le drapeau blanc après l'attaque de Dubrillion ?

Niganoht pondéra son discours avec un petit temps.

NIGANOHT – Comme je vous le dis, la question est de savoir quand la destitution de la Chancelière Kira doit être effective. Je viens de m'entendre dire que repousser la motion de censure serait dangereux. Je dois vous dire que si l'Impératrice avait été présente ici, elle se serait gaussée de voir le chaos qui agite notre Sénat. Allez-y, destituez la tête de notre République maintenant, mettez en branle notre pouvoir exécutif à l'aube de batailles annoncées, l'Empire n'attend que cela ! Ouvrez les yeux, Sénatrices et Sénateurs, c'est au contraire d'agir par émotion et par empressement qui sera dangereux. Un peu de dignité, de grâce, ne vous comportez pas comme ceux que vous pointez du doigt aujourd'hui même. La Chancelière Kira est ici, elle nous écoute, elle prend la mesure, je l'espère, de sa faute. Mais nous avons besoin d'un pouvoir stable pour mener les batailles à venir. De notre côté, nous pouvons déjà commencer à préparer son remplacement, de façon calme, digne et sereine. Ce remplacement sera effectué à un moment plus opportun, dans l'ordre et la dignité. C'est de cette manière que nous montrerons à l'Empire que nous avons des valeurs, que nous sommes soudés et que nous lui ferons front avec une solidité de fer. Ouvre une brèche maintenant, et l'Empire s'y engouffrera ; restez tempérés, vous découvrirez que cela n'empêche pas la fermeté et que cela nous rendra tous plus forts et plus fiers de notre République.
Emalia Kira
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La haine déferlait dans la Rotonde comme jamais. D’aussi loin qu’elle se souvint, Emalia n’avait vu le Sénat lancé dans une telle démonstration d’animosité. Ils réclamaient que des têtes tombassent. Comme si trouver des coupables supprimerait le problème auquel ils étaient tous confrontés. Comme si s’entretuer plutôt que de réunir leurs forces les aideraient face à l’Empire.

Assise sur le fauteuil bordé de velours de sa nacelle, la Chancelière sentait tous ses membres trembler sous l’effet de l’émotion. Elle avait rêvé de son retour de Dubrillion pendant tant de mois. Elle s’était imaginée triomphante, la figure de proue ayant rendue la liberté à un peuple occupé par une tyrannie, la première personne à avoir sérieusement osé repousser cet Empire qui ne cessait de croître à leurs dépens.

Rien ne s’était passé comme prévu, c’était vrai. Les pertes avaient été bien plus lourdes que prévues. Mais surtout, le Sénat s’était vu blessé dans son orgueil, et ne semblait pouvoir surmonter la haine qui naissait de cet ego qui ne pouvait souffrir d’avoir été négligé, même lorsque cela impliquait de risquer la survie de la République même.
Mais il était trop tard pour changer les choses. Elle devait accepter les faits. Elle n’avait guère d’autres choix. Fébrilement, elle notait sur son datapad une idée, puis deux. Il fallait dire que les propositions pour trouver une issue autre que sa destitution pure et simple. Comme si cela allait régler le problème.

Au bout d’un moment, elle comprit qu’il n’y avait plus vraiment d’issue. Elle devait se conformer à certaines attentes, et offrir des garanties, si elle voulait pouvoir conduire la guerre qu’elle avait préparé contre l’Empire. Si elle était éjectée de ce siège, alors il faudrait des mois pour réorganiser un gouvernement. Des mois que l’Empire mettrait à son profit pour déferler sur les mondes neutres, puis sur la République, il ne fallait pas en douter.
Alors elle se leva, digne mais livide, et demanda la parole.

Elle fut huée, une nouvelle fois, mais ferma les yeux le temps qu’un silence relatif lui permît de parler.

- Sénateurs, sénatrices. J’entends votre colère, mais j’entends aussi des propositions sensées. Nous devons écouter la voix de la raison.

Nouveaux cris d’indignation. Visiblement, ils ne la considéraient pas comme porte-parole de la « raison ». Bien. Elle acceptait cette critique. De toute façon, c'est les sénateurs A'lifa et Qademanda qu'elle désignait par là.

- Beaucoup d’entre vous, aujourd’hui, semblent vouloir me diaboliser. Je vous prie de vous souvenir que le véritable mal prend rarement des formes évidentes. Le véritable mal est celui qu’on ne voit pas venir, qui s’insinue dans une société où les garde-fous tombent un à un, mis à terre par les accès de haine de ceux qui se laissent guider par leurs émotions.

Elle s’interrompit brièvement. La colère qui la visait était palpable, mais elle décida de se concentrer sur ses mots pour ne pas se laisser davantage influencer : il fallait qu’elle allât au bout de sa détermination. Elle prit une longue inspiration.

- Des garde-fous, me direz-vous, c’est précisément ce qui a semblé vous manquer. Or, je souhaite vous montrer combien seul l’avenir de la République m’importe. Pour faire face à l’Empire à la tête de la République, même un temps bref, je suis prête à vous donner les plus grandes garanties.

Pour une fois, le silence se fit relativement. Elle sut qu’il n’y aurait que peu de choses que la Rotonde accepterait.

- Ainsi que le propose le Sénateur S’Orn, j’accepte de dissoudre le gouvernement actuel, et d’en former un nouveau, composé de personnes qui constitueront un contre-pouvoir. Je m’engage à désigner parmi les ministres uniquement des personnes n’ayant jamais été de mon parti et représentant des idéologies variées afin de refléter les opinions du Sénat, énonça-t-elle comme première condition.

La proposition fit naître de vives discussions, sans surprise.

- Pour vous prouver ma bonne foi, et pour me forcer à respecter cette parole, j’accepte que cette clause soit présente dans l’enquête de la Cour Suprême qui définira la possibilité de ma destitution ; enquête à l’issue de laquelle vous statuerez définitivement sur mon sort, puisque je vous rappelle que la Chancellerie ne peut être atteinte par une motion de censure qu'après cette enquête. Toutefois, je rejoins le Sénateur Qademanda dans sa sagesse : remettre à plus tard cette décision ne peut qu’être un facteur de salut pour les batailles à venir. Pensez qu’elles vont déjà perdre leurs repères par la dissolution du gouvernement actuel.

Les discussions s’élevèrent, plus bruyantes que les précédentes. Emalia se tordit les mains. Ça ne suffirait pas. Hé bien, elle leur donnerait donc toutes les garanties nécessaires.

- Comme dernière garantie, reprit-elle, la voix tremblante, une fois la République assurée de sa sécurité relative après les batailles qui nous attendent, soit à la fin de l’état de guerre et ce, que je sois encore ou non en exercice à cette fonction, j’accepte de renoncer à l’immunité de la Chancellerie, et d’être jugée par la Cour martiale si le peuple juge qu’une enquête doit être ouverte pour savoir si oui ou non, j’ai porté atteinte à la sécurité nationale. A ce titre, j’accepterai la sentence de ce jugement, de quelque nature qu’il soit. Les uns auront ainsi la vengeance qu’ils désirent pour les faits de Dubrillion, et les autres la garantie que je suis dissuadée d’enfreindre les prérogatives qui sont les miennes dans les mois à venir.

D’une main fébrile, elle éteignit le micro.

Elle ne pouvait pas leur offrir plus. Elle venait de se condamner elle-même, même si elle repoussait la sentence de quelques mois ou de quelques années. Elle n’avait plus rien d’autre à offrir au Sénat.


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Coruscant bourdonnait de vie. Qu'ils soient humains ou non, les nombreuses âmes qui peuplaient la capitale de la république se mélangeaient, chacun guidé par un objectif et un but bien particulier. Au loin sur le boulevard de la république un groupe d'humanoïdes jouaient une partie de pazaak, ce jeu de cartes très populaire où les amateurs se défiaient dans d'interminables parties. Non loin de là, j'aperçus les prémices d'un marché ambulant où se fréquentaient divers produits tels qu'épices, armes, pièces détachées de vaisseaux, droïdes tout comme plusieurs denrées alimentaires typiques du noyau.

Cette mégalopole était décidément incroyable. A croire que toutes les espèces de la galaxie pouvaient se retrouver ici, sur cette planète. Bien sur ce n'était pas la première fois que je posais le pied sur Coruscant. Père nous y avait emmené ma soeur et moi pour rencontrer de riches investisseurs lorsque nous étions encore de jeunes adolescents. Un bref séjour qui m'avait tout de suite plu tant la ville paraissait gigantesque pour le garçon que j'étais. Aujourd'hui les circonstances avaient changées. Le jeune garçon était devenu un homme, un adulte fier comme un paon qui foulait pour la première fois les marches du sénat de la république. Ce dôme immense surplombait les plus grands grattes-ciels de la capitale. Chef d'oeuvre d'architecture et symbole de la puissance du sénat que je ne manquais pas d'apprécier au passage. Malheureusement pour moi, la séance avait déjà commencée depuis plusieurs minutes, raison pour laquelle le grand hall était pour le moment à moitié vide, si ce n'est quelques journalistes en quête du moindre scoop de dernière minute. Tous les sénateurs s'étaient rassemblés dans l'illustre rotonde pour aborder la probable destitution de la chancelière Emalia Kira. Un sujet d'une importance cruciale pour la république sachant que la chef d''état venait de lancer sans en référer au sénat, une attaque éclair contre l'empire sur Dubrillion. Et bien que la république en soit sortie vainqueur, le résultat de ce conflit était mitigé. Des pertes catastrophiques en homme, en matériel mais surtout un risque supplémentaire de voir l'ennemi impérial s'attaquer en retour aux mondes républicains et d'envahir les planètes de la zone neutre.
Père m'avait envoyé ici pour représenter Corellia.


- Bienvenue au sénat de la république amiral... ou préférez-vous que je vous appelle Sénateur O'Connor ? Je suis le capitaine O'Malley, votre nouvel assistant.

J'échangea un sourire amusé avec le capitaine qui hésitait sur le titre à utiliser pour me désigner.

- Continuez à m'appeller amiral, capitaine O'Malley. Bien que mon père le Prince-Amiral ai jugé bon de me nommer sénateur de notre planète, je ne suis pas encore habitué aux différents protocoles liées à cette fonction.

L'individu face à moi portait également l'uniforme militaire corellien ce qui n'était pas pour me déplaire. Certain m'imaginait sans doute troquer le mien au profit d'un accoutrement civil ridicule telle qu'une tunique bon marché. Hors de question. Sénateur ou non je ne quitterais pour rien au monde ces vêtements et risquer de me sentir mal à l'aise.

- La séance a déjà commencée depuis plusieurs dizaines de minutes. Je vais vous briefer rapidement avant d'arriver à votre nacelle.

J'acquiesça n'ayant aucune raison de refuser. Après tout, cet homme était là pour m'aider à mieux m'intégrer dans cet univers qui m'était encore inconnu en pratique. En théorie je connaissais la plupart des intervenants, ayant pu profiter du voyage vers Coruscant pour mémoriser les noms de la plupart des politiciens présent aujourd'hui, leurs mouvances politiques, les dernières propositions de loi, j'avais même consulté plus en détail notre constitution. Plusieurs noms avaient attirés mon attention. Jeresen Fylesan pour commencer. Actuel sénateur d'Alsakan, il représentait l'alliance des secteurs Alsaka et Borméa au sénat. Il était tout comme moi, amiral au sein de la marine de son monde. Forte personnalité, il avait également participé au récent conflit sur Dubrillion. Le second individu qui avait considérablement présenté un réel intérêt n'était autre que le président du front libéral républicain, le nemoidien Grendo S'orn. Personnalité atypique et réputé pour ses prises de positions extrême, sa popularité n'avait cessée de croitre ces dernières années jusqu'à porter son parti à la première place du camp de l'opposition.

Je n'ignorais rien des jeux politiques et des coups bas qui se déroulaient chaque jour au sénat. Avant mon départ de Corellia, Père m'avait mis en garde m'affirmant que Coruscant risquait fort de changer ma vision du monde mais surtout des hommes en général. Sur le front on pouvait généralement compter sur ses frères d'armes, ici la confiance était signe de faiblesse.


- ...voilà pourquoi plusieurs mondes tels que le secteur tapani, Alsakan, Impératrice Têta, Balosar, Rendilli et bien d'autres n'accordent plus leur confiance à la chancelière. Face à eux, Nemoidia, Caamas, Ondéron, Agamar, Coruscant,... soutiennent fermement la proposition de loi faites par mademoiselle Kira.

J'écoutais attentivement chaque parole énoncée pour mon tout nouvel assistant qui m'avait été désigné d'office. L'homme était habitué des lieux, connaissant chaque recoin, chaque couloir et le moindre raccourci nous permettant de rejoindre plus rapidement notre future nacelle. Arrivés quelques étages plus haut, nous étions enfin à quelques pas de la rotonde.

- ...certains sénateurs risquent fort de vous demander plus en détail ce qui s'est réellement passé sur notre planète. Je ne peux que trop vous conseiller de rester flou dans vos explications. Votre père, le Prince-Amiral m'a chargé de vous prévenir qu'il fera un communiqué de presse dans la soirée afin de clarifier la situation. Je vous en prie, après-vous.

Aussitôt à bord de la nacelle réservée à la délégation de Corellia, je pu ressentir toute l'animosité présente en ces lieux. Une cacophonie inimaginable. Nombre de sénateurs huaient purement et simplement les paroles de la chancelière qui s'efforçait d'offrir des garanties au sénat ainsi qu'une occasion de parvenir à un compromis. Balayant la salle d'un rapide regard, je reconnu sans trop de difficulté les deux acteurs qui avaient plus tôt suscité mon intérêt. Le sénateur d'Alsakan, Jeresen Fylesan était assis à bord de sa nacelle les yeux rivés sur la chancelière qui répondait à ces précédentes affirmations. Grendo S'orn était quelque étage plus haut, le visage imperturbable et observant les membres du flr s'exciter à sa place. Avant tout, mon but était d'observer, silencieusement les différents interlocuteurs présent aujourd'hui, ensuite de me faire de nouveaux alliés et peut-être de nouveaux ennemis....

Il était désormais trop tard pour reculer, j'étais officiellement dans l'arène. Corellia entrait dans la partie.
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- Culotté, lorsqu’on doit sa liberté à un vice de procédure.

Le regard oblique de la Sénatrice de Sarapin intima le silence au jeune adulte, qui se contenta de recommencer à pianoter son datapad. Confortablement installée dans sa nacelle, accompagnée de deux de ses attachés politiques, un verre d’eau entre les mains, Salma Cheung fulminait calmement en écoutant le discours de Lana Anthana.

Si elle avait été maigrement offensée par les paroles de la Chancelière, intriguée par l’alliance tacite entre son ancienne élève balosar et l’aristocrate impérialiste, rarement avait-elle été aussi insultée qu’en entendant l’apologie subtile de la dictature militaire énoncée par sa collègue kuati. Son sang bouillonnait ; ses joues rosissaient. Ses deux acolytes réalisant la colère animant leur supérieure, ils commencèrent immédiatement à marcher sur des œufs ; lorsque la Reine des Abeilles aiguisait son dar, ses apidés avaient longtemps estimé plus prudent de se faire discrets. L’injure mortelle qui semblait l’obnubiler – le fait de cautionner la tyrannie, à l’intérieur du Sénat galactique, devant des milliers de mondes ayant souffert des affres hégémoniques des diktats centraux – s’estompa lentement, remplacée par une longue litanie d’arguments vaseux, d’émotion hypocrite et de paraboles tronquées. Les législateurs fédéraux excellant dans la diversion et dans l’exercice hypnique, son courroux précédemment virulent se métamorphosa, empruntant le masque chatoyant de la lente détermination.

Signalant son intention de s’exprimer à la présidence de l’assemblée, observant sa place dans la file d’attente, qui incluait la Chancelière, Salma recommença à prendre des notes sur son datapad en suivant attentivement le déroulement du débat. Tout ce que les autres disaient pouvait lui servir, après tout. Puis, elle fut appelée :

- La parole est accordée à la Sénatrice de Sarapin, Salma Cheung.

Sa nacelle s’élançant vers l’avant à l’appel de l’Orateur, Daw Cheung se dressa de toute sa hauteur, affichant toute l’olympienne quiétude de la mère déçue. Occultant sa fougue, elle vit tandis qu’elle balayait des prunelles l’assemblée les sourires satisfaits des naïfs, qui l’imaginaient créature inoffensive, énième somnolence ambulante. Elle regarda la Chancelière, et vit un enfant. Elle regarda le Grendo, et vit toute la moralité d’un crapaud. Elle regarda le rat, et vit la mollesse. Elle regarda les nobles, et vit l’opportunisme. Elle détailla son ancienne élève, la jeunette de Tétâ, et observa l’esquisse illusoire d’hypothétiques camarades de combat. Déposant ses deux mains sur le tableau de bord du disque flottant, stratégiquement situé à la bonne hauteur pour qu’elle l’utilise sans pour autant devoir se pencher, elle entama sa litanie :

- Honorables confrères et consœurs… Aujourd’hui, comme bon nombre d’entre vous, je me retrouve coincée. Coincée, par les actions illégales d’une Chancelière. Coincée, par l’état de guerre désormais latent existant entre l’Empire et la République, à défaut d’être officiellement voté et déclaré. Coincée, par mes idéaux, par ma loyauté envers nos institutions qui me pousse à prendre la parole et à adopter une position à laquelle je compte demeurer fidèle, contrairement à certains d’entre vous.

Pique directement tirée en direction des deux affreux du moment, Kermit et Mickey, la Huon appuya son affirmation d’une courte pause, ayant commencé avec un fugace regret son discours, pour ensuite enchaîner avec le sarcasme tout particulier de l’enseignante impatiente.

- Au début de la séance, la Chancelière, dans un effort honorable de sophismes, détournements et déflections, nous a tous invité à renoncer à la peur, à prendre sa main et à joyeusement embarquer dans la charrette martiale. Elle nous a parlé de frustration, de terreur, de déception et de ressentiment, balayant du même fait tous les arguments présentés devant elle – juridiques, politiques, économiques, militaires, peu importe. Dans une démonstration sublime d’arrogante déconnexion, elle a, volontairement ou non, réduit toute opposition à ses actions à l’émotive caricature de ses propres insécurités.

Soupir dédaigneux. Le ton cinglant de la dernière phrase soulignant l’extrême ironie de voir l’Emalia trépidante se peindre en avatar de sûreté, de sécurité, alors que des milliers de morts pèsent sur la conscience de son inconscience, elle poursuivit d’une voix plus conciliante, plus douce, plus maternelle :

- Pourtant, à quelque part, elle avait raison. J’ai effectivement peur. J’ai peur, parce que la République est dirigée en temps de guerre par une tête brûlée. J’ai peur, parce que le fonctionnariat et l’État-major, pourtant tenus de respecter la Constitution, ignorèrent leurs obligations et se lancèrent sans question dans la préparation secrète d’une offensive illégale. J’ai peur, parce qu’à l’heure actuelle, aucun plan ne semble avoir été élaboré pour préparer l’après de la conquête de Dubrillion. J’ai peur, parce que le nombre de Sénateurs qui semble réellement saisir la portée des derniers événements s’avère ridiculement faible. Mais, surtout, j’ai honte. J’ai honte, parce qu’aujourd’hui, alors que tous les parlementaires présents devraient s’afférer à garantir l’intégrité de notre État de droit, beaucoup trop d’entre eux se livrent à un exercice vulgaire d’autopromotion dans le bas espoir d’obtenir un ministère.

Le dégoût aristocrate déforma son faciès, expression rare sur un visage pourtant si plébéien ; elle-même opportuniste, elle ne se privait cependant jamais de souligner l’attentisme d’autrui lorsque celui-ci se garde de bien le camoufler. La honte vint cependant supplanter l’horreur face à la corruption :

- Oui, en ce moment, je souffre de mille-et-unes hontes. La honte de voir mes confrères et consœurs oublier leur devoir vis-à-vis des troupes républicaines et de leurs citoyens. La honte de voir une dame auparavant respectée offrir ouvertement à qui le veut des pots-de-vin, se drapant dans l’étendard de la stabilité et de la prudence, alors que son unique but est de s’accrocher à son pouvoir. La honte de voir bon nombre d’entre vous opiner, accepter et se satisfaire des quelques ministres sacrifiés, se contentant de couper les mains et de simplement en ajouter de nouvelles tandis que le véritable cerveau du méfait se dresse devant eux, fier, rayonnant dans sa suffisance. Lorsqu’un animal mord, on ne lui achète pas de nouvelles laisses et colliers. Non, on l’abat.

L’énergique détermination qui accompagna l’attaque directe, le sous-entendu sur-entendu, signala à ses deux collaborateurs qu’elle allait se diriger vers la deuxième partie de son argumentaire ; demeurant baissés dans la nacelle, afin de ne pas distraire l’attention de leur maîtresse, ils applaudirent, accompagnant les frustrés de la rotonde qui se manifestèrent immédiatement, les Sénateurs ne partageant pas son idée huant pour exprimer leur désaccord.

- Le pire, c’est que certains d’entre vous ne comprennent même pas l’implication des actions de la Chancelière, ou choisissent plutôt de l’ignorer. La Constitution est un pacte solennel entre le gouvernement fédéral, sa population et les membres qui décident de le rejoindre. En rompant l’un de ses articles, en s’accaparant l’un des pouvoirs appartenant au Sénat, la Chancellerie a non seulement miné l’autorité morale et législative de cette institution, mais a aussi signalé aux mondes adhérents qu’il était correct de s’y adonner. En laissant la Chancelière s’en tirer sans conséquences, en refusant de punir l’illégal et l’anticonstitutionnel, le signal que le Sénat lancerait, lui, serait que tous peuvent s’y mettre sans devoir nécessairement en subir les conséquences, et que, au final, après tout, l’on devrait tolérer l’ « erreur ».

Les guillemets imaginaires entourant le mot « erreur » étant matérialisés par la fausse compassion de Salma, cette dernière se tourna légèrement vers la droite, de façon à faire face au secteur où se situait la nacelle de la Princesse sith – kuati, pardon.

- À l’argumentaire houleux de la Sénatrice de Kuat, je ne répondrai que ceci ; son discours est celui apaisant et débilitant de ceux cautionnant l’autocratie. Il y a de cela plus de vingt ans, sur Sarapin, l’on pouvait entendre dans les médias ce genre de point de vue. « Nous avons besoin d’un leader fort, déterminé ! », « La législature est trop lente ! », « L’armée sait mieux que nous ! »… Tant d’affirmations fausses, dangereuses, qui pavent lentement la voie pour l’érosion progressive de nos droits, de nos pouvoirs et de nos libertés. Or, la République n’est pas une autocratie. Il s’agit d’un symbole, d’une image de justice et d’égalité dont la force morale est le principal argument en faveur de sa légitimité sur la scène galactique. Emprunter le chemin que la Sénatrice de Kuat propose, celui de l’aveuglement volontaire, c’est lentement, mais sûrement, se lancer à la suite d’États impériaux. En parlant de faire le jeu de l’Empire…

Elle pivota de nouveau, afin de regarder cette fois-ci dans la direction du serpent siffleux et de la poupée cheffe d’État.

- Temporiser, comme le souhaitent le Sénateur d’Agamar et la Chancelière, c’est laisser l’occasion au cancer de se répandre et au parasite autoritaire de s’implanter définitivement dans l’appareil républicain. Temporiser, c’est donner une deuxième chance à une administration qui ne le mérite pas, ayant déjà démontré son incompétence quant à la planification militaire. Temporiser, simplement avaler le gouvernement que la Chancelière souhaite nous sacrifier, c’est signaler que oui, violer la Constitution, c’est acceptable si l’on fait semblant d’avoir de bonnes intentions… Par conséquent, la délégation sénatoriale de Sarapin votera contre la proposition de la Chancellerie, et s’annonce en faveur de la destitution de cette dernière. Du même coup, j’invite tous nos amis, alliés, voisins, tous ceux qui encore très récemment s’insurgeaient en notre compagnie face aux tentacules insidieuses de la tyrannie, à nous emboîter le pas et à défendre la République telle que nous la connaissons. Car, n’en déplaise au Sénateur de Caamas, ce ne sont pas nos institutions qui nécessitent réforme majeure, mais bien plutôt ceux à leur tête.

Nouvelle salve d’applaudissements, qu’elle accueilli en élevant ses mains sur les côtés jusqu’à la hauteur de ses épaules, ne pouvant aller plus loin, comme pour leur demander le calme et le silence. Elle revêtit alors un air contrit, agréable, expression physique d’une évidence très évidente.

- Pourtant, je suis consciente que la Chancellerie risque de remporter ce vote. Effectivement, le Sénat est actuellement en pénurie de vertèbres. Ce pourquoi, concurremment à ces prises de positions, j’annonce mon support pour la demande du Sénateur de Tapani. Ce faisant, j’avance aussi la résolution suivante ; que le Sénat autorise la formation immédiate d’une commission sénatoriale extraordinaire ayant comme mission la surveillance, la supervision et l’encadrement du gouvernement Kira. Afin de l’aider à remplir sa mission, le Sénat accordera les pouvoirs suivants à ladite commission : contrôler et examiner toutes les communications et déplacements des membres du gouvernement, incluant la Chancelière ; convoquer tout individu de la fonction publique afin de recueillir ses témoignages sous serment ; exiger, le cas échéant, un nouveau vote devant le Sénat si la Constitution était une seconde fois rompue. Finalement, je demande le vote nécessaire à l’existence de l’état de guerre officiel entre la République et l’Empire sith.

Une exigence qu’elle était surprise d’être la première à demander ouvertement, sachant qu’il s’agissait d’un conflit légal devant absolument être réglé.

- Seulement avec la formation d’une commission extraordinaire la survivance du gouvernement Kira s’avérera tolérable pour Sarapin. Dans le cas contraire… Eh bien, nous serons condamnés à répéter les erreurs du passé, n'ayant cette fois-ci que nous-mêmes à blâmer.

La Dame Bleue laissa sa menace en suspense ; inutile de plus détailler, les mondes les plus dépendants des ressources énergétiques de sa planète sauraient additionner un et deux. Retrouvant son siège tandis que sa nacelle reculait, sous les applaudissements nourris de ceux s’alignant sur ses demandes, elle se pencha légèrement vers l’avant, ses deux attachés faisant de même pour lui faire part de leurs commentaires et l’informer des développements médiatiques survenus durant son allocution.

Au suivant.
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Shoey s’étira sur son siège et regarda sa montre. Elle devait bientôt quitter Onderon pour se rendre au sénat. La sénatrice soupira et replaça pour la sixième fois la pile de dossier sur son bureau. Elle n’avait pas du tout mais pas du tout envie de s’y rendre. Mais avait-elle le choix ? Pas vraiment et elle le savait parfaitement. Le sénat se réunissait et ce pour discuter de l’action du gouvernement sur Dubrillon. Shoey inspira et finalement se leva. Elle enfila son long manteau marron clair et sortit de son bureau. Elle retrouva dans le couloir un militaire en charge de sa sécurité. Shoey ne le regarda qu’un bref instant. Était-ce vraiment nécessaire ? Emalia devait le penser et l’homme aussi puisqu’il lui emboita le pas rapidement. Elle se dirigea vers la navette qui devait l’amener sur Coruscant et ne prononça pas un mot.

Les talons de la Sénatrice touchèrent le sol de Coruscant et déjà, ses pas raisonnait dans les couloirs du sénat. Son manteau ouvert, elle laissait voir sa longue robe noire et ses cheveux voltait à chacun de ses pas. Un coup d’œil à sa montre et son pas s’accélérât sensiblement. Elle allait finir par être en retard à ce rythme. Jamais, elle n’accepterait jamais d’être en retard à une séance du sénat. Fort heureusement pour l’homme qui l’accompagnait, ce ne fut pas le cas. Shoey Jem’ra passa la porte et s’installa dans une nacelle. La séance commença et déjà Shoey sentait que cela n’allait pas être agréable. Rapidement, les uns après les autres, les sénateurs déversèrent tout leur ressentiment envers la chancelière Emalia Kira qui se défendait assez bien. Pendant ce temps, Shoey, elle, restait bien silencieuse. Mais elle ne loupait rien. Le moment viendrait où elle prendrait la parole. Mais il ne fallait pas parler trop vite. Chacun ici savait que la sénatrice d’Ondéron était proche de la chancelière.

Et finalement, la sénatrice de Sarapin prit la parole et cette fois Shoey sut qu’il était temps pour elle de répondre. La sénatrice d’Onderon toussota et passa sa main sur quelques plis de sa robe. Elle s’approcha du micro.

« Sénatrices, sénateur, cher confrère, permettez que je prenne la parole. Si je ne l’ai pas fait plus tôt, c’est uniquement parce que je sais parfaitement tout le bien que vous pensez de moi. » Commença la sénatrice. Puis elle reprit. « Cher confrère, je suis affligée de voir à quel point cette discussion s’est transformer en jugement plus que déplacé à l’encontre de la chancelière suprême. Madame la sénatrice de Sarapin, je suis navrée de vous dire que votre demande est particulièrement grave. Vous proposez la constitution d’une commission extraordinaire qui aurait bien trop de pouvoir. Vous critiquez violemment le gouvernement mais votre commission pourra faire de même. Qui peut nous dire si elle n’abusera pas de sa position pour éloigner du gouvernement ce que ses membres considéreront, peut-être à juste titre mais nous ne pourrons vérifier, comme dangereux pour le bien de la République. Je ne peux accepter une telle proposition et j’espère ne pas être la seule ici. »

Shoey avala sa salive et poursuivit. « Cependant, je reconnais que la chancelière a commis une faute en agissant avant même de consulter le sénat. Malheureusement, je crains fort que sa pris d’initiative nous soit un jour salutaire. Regardez-vous, regardez-nous ! Nous sommes là à débattre encore et toujours d’une décision qui a été prise et que nous sommes amenée à juger et pour laquelle nous devons voter. Alors cessons ce petit jeu. Pensez-vous réellement que l’Empire attendra sagement que le sénat de la République est pris une décision pour lancer une attaque. Pensez-vous que l’Empire se contentera de planète se trouvant à la frontière mais non dans la république. Je ne pense pas. Hier c’était Dubrillon, demain ce sera quelle planète ? Le sort de la chancelière devra attendre. Parce que c’est bien la République et nos planètes qui sont menacées. » Shoey éteignit son micro et s’écarta. Elle s’assit dans sa nacelle. Elle avait tout dit ou presque. Mais le reste n’était guère important. Chacun pouvait se douter que la Sénatrice d’Onderon voterait dans le sens de la résolution proposée par la chancelière suprême et reine d’Onderon, Emalia Kira.
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Chacun mène son combat. Chacun combat à sa manière ses ennemis. La chancelière semble affectée par la situation au sénat. Par les reproches de chacun et la division de la galaxie par sa seule stupidité. Mais cette stupidité n'était pas comprise par tous. Si certains, toujours les mêmes, se battaient pour que tous réalisent ce fait, d'autres continuaient à se voiler la face, ils souhaitaient attendre avant de destituer.

Quelle incorrigible stupidité. Le sénat galactique n'était rien de plus qu'une bande de chien appeurés. Ils aboient, ils aboient, mais lorsque l'heure vient de faire un choix la majorité préfère baisser la queue et revenir aux pieds de leur maître plutôt que d'assumer leur position, plutôt que de comprendre. La république devait s'unir pour affronter l'Empire ? Bien entendu. Mais en aucun cas, absolument aucun cas, les valeurs de base de la république ne devaient être bafouées de la sorte. En aucun cas l'on devait pardonner mensonge et trahison.

Cette séance du sénat se transformait en un combat entre les appeurés et les résistants, entre ceux qui voulaient voir chacun faire face à ses actes et ceux près à passer l'éponge pour le futile prétexte d'une guerre. Ils étaient pressés par le temps ? Non. L'Empire ne bougeait pas vers la république, seul les mondes neutres semblaient menacés actuellement, donc aucun danger. Un point de vue qu'il garderait bien pour lui, même s'il ne voyait pas de menace imminente.

Chacun y allait de son petit commentaire assassin ou de sa loyauté bornée. Ce débat tournait en rond, maintenant chacun savait que le résultat approchait, plus que continuer d'exposer les erreurs de la chancelière il fallait acter. Il fallait prendre des décisions pour faire valoir les valeurs sur lesquelles la république fut fondée il y a plus de 20.000 ans. Des millénaires bafoués comme s'ils n'étaient rien de plus qu'un détail.

Depuis quelques années la république perdait son identité, voir le sénat n'être qu'un détail était la goutte d'eau en trop. Heureusement, heureusement, certains avaient encore la tête sur les épaules. La ministre de la justice avançait de beaux arguments plein de volonté et de sensibilité. Elle avait le caractère que Remis se donnait, à moins qu'elle ne fasse également un effort pour cela ? Remis en doutait fort, mais jamais rien n'est impossible.

Le représentant de l'Empire Tapani, nouveau au sénat également, se rangea aussi aux côtés de ceux ne voulant pas laisser cet affront impuni. Tant mieux en soit, un soutient de poids de plus. Il proposa par la suite quelque chose, souhaitant s'assurer que la chancelière soit bridée et montre les preuves de ses accusations. Corruption. Le mot fit tourner le regard du Rendilien vers la sénatrice de Kuat un bref instant. Les sith corrompent et infiltrent, certains sont soupçonnés, à tord ou à raison. Mais même une rumeur a toujours un fond de vérité. Les sith sont une maladie de la pire espèce.

Finalement la chancelière reprit la parole, Remis resta de marbre tandis qu'elle faisait preuve d'une émotivité ridicule. Preuve de plus qu'elle n'avait pas les épaules pour mener une guerre. Remis nota ce petit point dans sa tête pour pouvoir attaquer par la suite sur un point pouvant forcer un peu la chose, faire pencher la balance en leur faveur. Finalement, comme l'on pouvait s'en douter, elle accepta la proposition du Neimoidien, au moins avait-il finit de retourner sa veste. Décevant pour quelqu'un avec une telle volonté avant.

Puis elle lança un vote, un vote visant à dissoudre le gouvernement, à reporter sa chute et à lui enlever l'immunité à la fin de la guerre, à improviser à ce moment. Quelle stupidité, quelle erreure. C'était là lui offrir une chance qu'elle ne méritait pas. Le sénateur d'Alsakan tenta bien de donner son point de vue avec une contre proposition à laquelle Remis se rallia, sans succès. Non content d'être peuplés d'incapables le sénat était aussi composé de gamins naïfs.

Ils s'imaginent voir là une règle ? Une fatalité ? La chancelière doit diriger ? Ce genre de comportement est la porte au pouvoir absolu et à la fin de l'indépendance des planètes de la république, chose que le sénateur Rendili voulait à tout prix éviter. Finalement et fatalement la chancelière garda son pouvoir, Remis prit donc intérieurement la décision de mettre tous ses moyens en œuvre pour lui barer la route, afin de montrer le côté droit et têtu qu'il se plaisait à créer.

La sénatrice de Sarapin prit la parole par la suite, ses mots étaient censés, elle reprochait l'absolutisme mit en avant par la sénatrice de Kuat et le fait que temporiser serait pardonner comme le voulait le sénateur Qademanda. Elle avait raison. Même si une commission au dessus de la chancelière était dangereuse et inadaptée pour le Rendilien, c'était donner trop de pouvoirs à ceux parlant le plus fort, il ne pouvait pas s'y rallier, mais pour le moment c'était d'autres choses qu'il fallait discuter.

La sénatrice d'Ondéron maintint l'unique argument des défenseurs de la chancelière : il fallait temporiser pour ne pas laisser la république incapable de réagir face à l'Empire. Naïveté et faiblesse, c'était là tout ce que Remis pouvait voir dans ces mots, la naïveté de croire que la république ne pourrait rien faire sans chancelière, la faiblesse de laisser cette peur la dominer. Remis secoua la tête de gauche à droite avant de prendre la parole.

« Je plussoie la sénatrice Chalmung sur bien des points, je ne ferais pas le tour de chaque juste pour le plaisir de parler. Bien que je dois avouer ne pas trop m'accorder avec une commission contrôlant la chancellerie. Néanmoins, vous avez raison sur bien des points. Par la suite, sénatrice Jem'Pra, vous avez peur de voir la république exsangue ? Incapable de se défendre sans chancelière ? Vous croyez que le sort de cette guerre dépend de la chancellerie ? Laissez-moi vous rappeler un fait. Le premier à réagir aujourd'hui est le sénateur Fylesan, il est le premier à réagir et à mobiliser ses forces. La chancellerie n'est pas tout dans la république, elle en est la voix. Il est vrai. Elle en est le cœur ? Non. Le sénat, est le cœur de cette république et il est hors de question que cela change par peur d'un ennemi, quel qu'il soit. Céder ainsi à cette peur c'est offrir à l'Empire une victoire qu'il ne peut acquérir sur le champ de bataille. »

Remis fit une pause, reprenant doucement son souffle tandis qu'il fixait tour à tour chaque personne ici. De toute évidence le sénat ne changerait pas d'avis. Face à une telle stupidité, une telle erreur peu de choses peuvent être faites, si ce n'est de se battre pour faire changer les choses et conserver ce qui peut l'être. Remis reprit donc la parole.

« Je soutiens également la proposition du sénateur Munsk. Et vote positivement quand à l'entrée en guerre prochaine de la république. Mais je dois bien admettre être déçu par l'aveuglement du sénat et son soutien vis à vis d'une chancelière qui baffoue tout ce sur quoi repose la république, qui agit seule, qui se bat seule... »

La fin de sa phrase laissait présager d'une suite. Remis prit une profonde inspiration et se tourna droit vers la chancelière, oubliant un instant le reste du sénat. Un air profondément triste se posa sur son visage tandis qu'il semblait résigner à voir les choses ainsi, à agir tel qu'il devait le faire même si cela ne lui plaisait pas.

« Vous avez débuté cette guerre seule madame la chancelière. Vous avez voulu agir seule. Fort bien, menez donc cette guerre seule. Vous utilisez la peur et la crainte pour manipuler la sénat. Vous me décevez hautement. Très bien, vous savez à quel point je déteste agir ainsi. Mais puisque vous voulez voir les choses ainsi, très bien. Je peux aussi agir ainsi. »

Il soupira, visiblement cela lui était tout aussi difficile que désagréable mais il prenait une décision que certains devaient avoir le courage de prendre. Lorsqu'il reprit la parole son ton était sombre, porté par une déception certaine.

"En tant que représentant de Rendili et, pas extension, des entreprises Rendili HyperWorks et Vehicle Corporation j'annonce officiellement la rupture des accords commerciaux entre Rendili et la Confédération Navale de la République Galactique. Par cet acte je déclare donc la suspension des constructions liées aux brevets détenus par Rendili HyperWorks et produits par la CNRG. De plus j'annonce officiellement mettre un terme à toute négociation entre Rendili et la CNRG tant qu'Emalia Kira sera à la tête de la république."

Ceci pouvait passer pour du chantage. Et c'en était. Mais il fallait faire quelque chose, ne pas juste remuer la queue pour remuer la queue.
Grendo S'orn
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Le sourire sournois qu'affichait le Neimoidien en disait long sur ce qu'il pensait réellement de la situation. Le vote en faveur de la Chancelière Kira était passé avec une large majorité, presque soixante pour-cent. Un remaniement ministériel était donc à prévoir prochainement tandis que la chef d'état resterait à la tête du Gouvernement. Le Front Libéral Républicain pouvait se féliciter d'avoir choisis le bon camp. Encore fallait-il sortir son épingle du jeu avant la fin de la séance afin de bénéficier vraiment des fruits de ces amusants jeux politique. Tandis que Grendo S'orn profitait de sa victoire, son regard s'attarda sur les innombrables nacelles de la Rotonde. Le sénat se déchirait littéralement. Tiraillée entre ceux qu'on nommait déjà les dissidents et les fervents défenseurs d'une Chancelière pas comme les autres, la République connaissait une période sombre. Mais ne disait-on pas que de l'obscurité naissait la lumière ?

« La parole est accordée au Président du Front Libéral Républicain et Sénateur de Neimoidia, Deko- et Koru-Neimoidia, Grendo S'orn »

La nacelle du Neimoidien prit soudainement de la hauteur pour se positionner devant l'estrade occupée par la Chancelière et les futurs ex-membres du Gouvernement encore à ses côtés. S'orn appréciait ce moment où l'orateur sénatorial avait de grosses difficultés à retrouver le silence dans la salle. Personne ne semblait vouloir écouter l'avis des autres, chacun restant braqué sur ses propres positions. Soit, il parlerait pour ceux qui écoutaient.

« Il est navrant d'observer que certains au sein même de cette immense et gigantesque structure, ignorent l'exacte définition du terme Démocratie. Au risque de ressembler à un maître d'école l'espace d'un instant, laissez moi vous rafraîchir la mémoire. La Démocratie désigne le plus souvent un régime politique dans lequel le peuple détient le pouvoir. Le Peuple. Voilà ce que nous représentons ici, le peuple. Chaque politicien ici présent a été élu ou nommé pour être la voix, les yeux et les oreilles d'un peuple en particulier. C'est ce peuple qui subit chaque jour d'une manière ou d'une autre les décisions que nous prenons en ces lieux sacrés. Depuis des millénaires le Sénat rassemble des centaines de planètes en son sein. Plus qu'un symbole de la puissance de la République, nous sommes le Pouvoir législatif de celle-ci par excellence. Il ne s'agit donc pas de contrôler à outrance les actions d'un Gouvernement qui risque fort d'être empêché d'exécuter son rôle pour lequel il est présent. Certes le Sénat est un organe de contrôle du pouvoir exécutif mais toujours dans une certaine mesure. La création d'une commission sénatoriale extraordinaire est de ce fait totalement inutile mais elle est tout aussi dangereuse comme vient de le faire remarquer l'honorable Sénatrice Jem'pra d'Ondéron. Cette commission aurait beaucoup trop de pouvoirs et d'influence sur le Gouvernement si bien que ce dernier deviendrait futile et incapable de faire son travail sans une vérification minutieuse de chaque fais et gestes de ses membres. Pour cette raison, la planète Neimoidia que je représente se joint au secteur d'Ondéron et ne peut accepter une telle demande. »

Grendo préférait ignorer les dizaines d'opposants politiques préférant huer purement et simplement ses dires plutôt que de trouver une réelle répartie. Il leur aurait bien dit de se taire, de fermer immédiatement leur gueule et de ravaler leur fierté mal placée qui venait d'être piquée à vif par la défaite lors d'un vote démocratique, mais il se gardait bien de leur porter la moindre attention. Non S'orn préférait s'attaquer à un tout autre poisson, le Sénateur de Rendili, Remis Menk. De toute évidence l'humain avait troqué son intelligence pour la folie des grandeurs à en croire ses dernières menaces à l'encontre de la Chancelière et de la République toute entière. Le Neimoidien comptait bien lui faire remarquer son erreur et les risques qu'il encourait à agir ainsi.

« Sénateur Menk, vous n'allez pas mettre en application vos menaces et laissez-moi vous expliquer pourquoi. Vous savez tout aussi bien que moi que l'entreprise Rendili Stardrive a été nationalisée ainsi que beaucoup d'autres par l'ancien Gouvernement du feu Chancelier Scalia. Bien que je ne partage pas l'engouement de ceux qui ont engendrés ces nationalisations du fait de mon orientation politique, c'est un fait, elles sont là et vouloir y changer quelque chose sans un vote du sénat risque d'ouvrir un contentieux entre la République et Rendili Stardrive. Bien sur, Rendili Hyperworks et Vehicule Corporation ne font pas parties des sociétés nationalisées et vous le savez-bien. Bien qu'elles soient affiliées à Stardrive qui reste malgré tout l'entreprise la plus importante du trio, cela reste trois entités différentes. Mais votre menace, si vous la mettez à exécution risque de déclencher tout à fait le contraire. Je ne serais pas étonné de voir dans les prochains jours, le futur Gouvernement s'en prendre aux deux dernières entreprises de votre monde en les nationalisant par un arrêté de la chancellerie n'exigeant de ce fait aucun vote du sénat sur la question. Et vous n'auriez strictement rien à dire sur le sujet, ni vous ni votre Gouvernement planétaire, ni personne ici présent car c'est parfaitement légal, c'est la loi, les précédentes nationalisations ont été engendrées de cette manière souvenez-vous. Alors monsieur le Sénateur, le libéral que je suis vous somme de retrouver raison et de ne pas commettre un acte irréparable qui vous serait beaucoup plus préjudiciable à vous qu'à la République. Celle-ci pourrait très bien pallier le manque à gagner par de nouvelles sociétés privées désireuses de compter l'Etat parmi ses plus fidèles clients. Par cet acte, vous signez l'arrêt de mort de vos deux plus grandes entreprises, je doute fort que le peuple de Rendili approuve une telle décision. »

Sincèrement Grendo S'orn n'avait que faire de ces deux sociétés qu'il considérait comme secondaires. Si il avait été Ministre de l'Economie, le Neimoidien aurait bien proposé plus d'une dizaine d'entreprises qui pourraient remplacer Rendili Hyperworks et Vehicule Corporation d'ici cinq à dix ans moyennant plusieurs investissements du Gouvernement Républicain. L'aide du Clan Bancaire Intergalactique serait certainement nécessaire mais le président du FLR était prêt à parier qu'avec un peu de patience et d'astuce, la République ne souffrirait pas trop de la perte d'accords commerciaux avec ces deux entreprises.

« Selon nos prédécesseurs, les Nationalisations ont été organisées afin de permettre à la République de se défendre plus rapidement et plus efficacement en cas de conflit. Elles permettent aussi, selon ces mêmes prédécesseurs, de garantir une certaine stabilité au sein de notre territoire. Au vu de ces informations, vous devriez vous estimer heureux Sénateur Menk, que nous ne sommes plus sous l'égide du Gouvernement Scalia, sans quoi vous auriez été suspecté de vouloir semer le trouble au sein de la République tel un vulgaire traître ! Vous seriez prêt à la priver de deux entités importantes alors que la Guerre a déjà commencée ! Sénateur Menk, jusqu'où êtes-vous prêt à aller pour obtenir gain de cause exactement ?! Plutôt que d'agir dans votre intérêt personnel et de privilégier votre fierté à votre raison, acceptez donc les résultats de ce vote démocratique qui vient d'avoir lieu et cessez cette chasse aux sorcières qui va finir par vous décrédibiliser définitivement ! » S'orn en avait assez des faux semblants, des menaces à peine voilées de certains et de l'insubordination des autres, à présent que le vote avait eu lieu, tous devaient accepter le résultat, que ça leur plaise ou non. Eux avaient échoués, la Chancelière, elle, en sortait grande vainqueur « Madame la Chancelière, Sénateurs, Sénatrices, je pense qu'il est temps de nous mettre d'accord sur le premier point important de la politique du futur Gouvernement qui sera mis en place, je l'espère, très rapidement. Afin de se dresser contre l'Empire dont la puissance ne cesse de croitre et dont l'appétit territorial ne peut-être contenu par la diplomatie malgré de multiples tentatives, je propose à cette assemblée extraordinaire que le Sénat décrète immédiatement l'état de guerre !!! » sous les applaudissements de ses supporters.
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Tandis que la nacelle du Rendilien retournait à sa place elle fut bientôt remplacée par le sénateur de Neimoidien. Le regard mauvais du Rendilien se posa sur cet homme capable de changer de camp comme de chaussette. Ce type n'avait rien à faire là. Remis qui avait songé s'en rapprochait ne pouvait que s'en éloigner. Le rendilien retint un rire moqueur alors que le Neimoidien parlait, il se réjouissait de la situation mais n'en comprenait pas un détail.

Il ne soutenait pas la formation d'une commission supérieure au chancelier, Remis n'était pas pour non plus, pourtant la résistance ridicule qu'il y opposait montrait quelqu'un soucieux de rattraper sa bourde diplomatique d'un peu plus tôt. Ridicule. Parfaitement ridicule. Le sénateur Rendilien balança sa tête de gauche à droite tandis que le Neimoidien perdait toujours plus de crédibilité. Puis finalement, arriva le moment amusant.

Celui-ci voulut apprendre à Remis ce qu'était son monde et lui dictait quoi faire. Il semblait appuyer ses dires en citant une loi qu'il prétendait connaître. Remis ne put se retenir cette fois, il pouffa de rire en entendant le discours visiblement savant de Grendo. Il le laissa lâcher chaque erreur, chaque insulte, chaque connerie qu'il avait en stock Un moyen parfait de prouver à tous sa méconnaissance de son sujet. Puis il finit comme pour un triomphe, sous les applaudissements des chiens fidèles à sa cause.

Remis se remit de ses émotions et se leva, tout en demandant la parole. Il commença à applaudir doucement, de manière visiblement sarcastique tandis que sa nacelle bougeait, les véritables applaudissements tandis que Remis affichait un sourire heureux en fixant le Neimoidien, il retenait quelques rires de plus tandis que le sénat se demandait ce qui arrivait. Remis finit son applaudissement et reprit alors la parole.

« Tout d'abord sénateur Sorn, merci, un grand merci au nom de tous ceux tendu par ces évènements, un grand merci de la part de ceux visiblement touchés par les évènements, vous avez visiblement un don inimitable pour faire rire autrui, je ne peux que vous en féliciter. Mais malgré tout la courtoisie veut que je vous réponde, alorss allons-y. Vous pensez que vos mots ont un poids ? Vous voulez m’expliquez des choses ? Vous pensez décider à ma place ? Vous avez tord, simplement et seulement tord, votre manque de foi me consterne. Je ne suis pas un homme fuyant devant l'adversité ou revenant sur ses paroles, voilà deux différences entre nous sénateur. J'ai parlé, j'ai annoncé et je ferais. Mais continuons. Star Drive a été nationalisé, vrai, elle est également membre de la CNRG. Par conséquent, comprenez moi bien, tous ceux qui, comme monsieur Sorn, ignore les tenants et aboutissants de cette décision. Je retire à Rendili StarDrive la fabrication des vaisseaux estampillés Rendili. Plus encore, je retire des vaisseaux de la CNRG chaque pièce estampillée Rendili. Chaque Hyperdrive de Rendili Hyperworks, chaque simple pièce de nos ingénieurs. Comprenez moi bien, les chantier de la république n'auront plus de relation avec Rendili, cela vaut donc pour StarDrive. Donc non, je ne donne pas d'ordre à la CNRG, navré de vous décevoir mon cher ami. Ensuite. »

Remis reprit sa respiration, il affichait un sourire amusé tout en se remémorant les paroles suivantes du Neimoidien. Il voulait apprendre à Remis comment fonctionnait son monde, hillarant.

« Rendili Hyperworks et Vehicule Corporation ne sont pas affiliée à Rendili StarDrive, elles l'étaient, car ces entreprises sont Rendili. Elles sont notre gouvernement et nos institutions. Vous pensez que je ne vais pas mettre à execution mes menaces ? Ou plutôt ma sanction pour utiliser des termes corrects ? Pourquoi ? Par peur de nationalisation ? Au risque de me répéter sénateur... Je ne suis pas homme à reculer devant l'adversité. Vous semblez prendre le cas de la nationalisation de StarDrive comme légal ? Alors, laissez-moi vous donner un cour de politique et vous rappeler la constitution. Les entreprises de Rendili font parti intégrante de notre gouvernement, pire, ils sont ce gouvernement même sénateur. Maintenant, citons la constitution. Article 2 du Titre premier de la constitution de la république galactique : Article 2 : La République respecte l’identité propre des Systèmes Régionaux, inhérente à leurs structures fondamentales politiques et constitutionnelles. Elle respecte les fonctions essentielles de leurs institutions, notamment celles qui ont pour objet d’assurer l’intégrité territoriale, de maintenir l’ordre public et de sauvegarder la sécurité intérieure. Connaissez vous cela ou suis-je en train de vous parler rancor ? La nationalisation de StarDrive n'était pas légal, ma prédecesseure était juste trop incompétente pour le voir. Elle me fait beaucoup penser à vous sénateur ceci dit. Personnellement je trouve que la constitution a été suffisamment bafouée comme cela pour le moment sans encore que la république tente de s'en prendre à l'identité propre des systèmes, une fois encore je dirais. »

Remis fit une pause tout en retenant de nouveau un rire, le sénateur Sorn était un enfant dans la cour des grands, un petit garçon tentant d'argumenter sans connaître son sujet. Peut-être espérait-il pouvoir faire plier l'homme têtu et fier qu'était Remis. Ou bien pensait-il qu'une fois récompensé il saurait se passer des plans de Rendili ? Sans doute. Pourtant, peu de chantiers spatiaux possèdent la capacité de production de Rendili. Et il faudra des années pour obtenir des plans et des chaînes de production pour oublier totalement les Hammerhead.

« Mais vous savez, je vous aime bien quand même, vous avez égayé ma journée. Navré monsieur. Mais cet acte irréparable a été fait lorsque nombre de couards ici au sénat ont laissés la chancelière au pouvoir alors qu'elle venait de bafouer la constitution et de se moquer des valeurs de notre république. »


Le regard de Remis se fit inquisiteur, il passa sur tous les sénateurs ayant soutenu la chancelière, s'attardant particulièrement sur ceux ayant retournés leur veste.

« A vous qui avez fait le premier pas pour faire de la république un état totalitaire, je vous dis ceci : Rentrez-chez vous, vous n'avez plus rien à faire ici. Vous parlez de crédibilité et de peuple sénateur Sorn, vous êtes le représentant de votre peuple ? Vous de votre grande crédibilité capable de la perdre pour un poste au gouvernement ? Vous qui représentez si bien votre peuple que vous en bridez les médias. Sénateur, je ne vous dirais pas que vous avez détruit votre crédibilité : je doute fort que vous en ayez jamais eu. »


Remis termina avec un applaudissement sarcastique, mais son air était redevenu sérieux. Il fit une mine triste tout en terminant sa réponse à un enfant dans la cour des grands.

« Semer le trouble ? Traître ? Des mots dont vous ignorez la portée. Mais si vous me le demandez, oui, je suis près à priver la république de mon soutien et de mes vaisseaux. Des mes hyperdrives et de ma technologie. Rendili ne peut cautionner une république dont le gouvernement se rapproche de l'empire. Ce gain de cause n'est pas le mien sénateur, ni même celui de ma fierté. Le résultat de ce vote est clair, mais un non ne suffit pas. Le compromis est l'arme de ceux qui pensent que l'échec est une défaite cher ami. Je ne veux plus rien avoir à faire avec une république qui ne se reconnaît plus. Cette guerre a été voulue par une personne seule, nous devons porter le poids de la stupidité d'une enfant ? Non. Surement pas. Il existe mille et une personne capable de mener cette guerre mieux qu'Emalia Kira, votre grande amie de ce que je vois, quelle opposition vous faites. Maintenant, que les témoins prennent acte. Malgré la ridicule tirade d'un sénateur en manque d'attention, la république et la CNRG devront se passer du soutien de Rendili dans le conflit à venir. Néanmoins, je ne suis pas homme à laisser tomber ceux n'y étant pour rien. A ceux voulant se battre pour la république, la vraie, celle en laquelle je crois, celle que nos pères ont fondés il y a des millénaires... Je suis à vos côté et Rendili également. Je fournirais à ceux en ayant besoin les vaisseaux sous un an. Je fournirais à ceux en ayant besoin le soutien qu'ils méritent. La république en a besoin, mais tant que Madame Kira sera au pouvoir, ne le méritera pas. Pour votre gouverne sénateur Sorn, vous n'êtes ni un leader ni un homme en qui l'on peut croire. Prenez un nouveau bureau au gouvernement, riez de votre naïveté, faites joujoux avec vos procès et vos besoins personnels d'argent. Mais ne tentez pas d'apprendre à quelqu'un comment est son foyer. »

Remis termina sur un air déçu, tout en retournant à sa place.
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Depuis ma première intervention, nous avons pu voir passer un certain nombre d’autres sénateurs. Tout d’abord, la réponse tant attendue de la sénatrice de Balosar. Elle a rappelé un certain nombre de principes de bases et je pense que cela fait du bien de les entendre un peu plus. Aujourd’hui, beaucoup bafouent, à la simple justification de leur propre carrière, en espérant faire passer cela pour le bien commun. Comme s’ils en avaient quelque chose à faire ! Ce ne sont pas eux qui risquent de se battre et de mourir. Si le temps des défaites vient, ils seront les premiers à fuir comme des lâches. Des gens comme le sénateur S’orn ou A’lifa, qui n’ont aucune intégrité, qui ne méritent même pas d’être ici. Jusqu’alors j’ai pu temporiser, notamment dans mon discours par une brève allusion. Je ne veux pas risquer l’insulte diplomatique, ou bien simplement de rentrer dans le verbiage sans intérêt, dans les injures qui rendent le débat intéressant. Jusqu’ici il est de qualité et j’ose espérer qu’il le restera. En tout cas, je ne peux que soutenir la sénatrice Laz’ziark.

Du sénateur Qademanda, je n’en retiendrais que l’impuissance. L’impuissance mais aussi une certaine forme de courage. Proposer l’attente dans une telle situation, proposer le report alors que nous sommes aux portes de la guerre, que des milliers de nôtres ont été tués dans une offensive ratée.. Pour cela, il faut être courageux et terriblement impuissant. Incapable d’aller jusqu’au bout. Si je respecte le courage de proposer une telle chose, si je respecte l’idée qu’il faille quelqu’un pour partir sur une voie plus nuancée, ce qui devrait permettre d’affiner le débat et de lui donner matière supplémentaire, je critique également la pensée que la motion de censure est dangereuse. Ce qui est réellement dangereuse, c’est d’avoir pareille Chancelière au pouvoir. En une simple séance, le Sénat pourrait parfaitement revoter un autre Chancelier ou assurer la transition vers un nouveau gouvernement.

Ce que je critique d’autant plus, c’est la récupération qu’en fait la Chancelière, pour finalement proposer au vote une résolution très proche des idées du sénateur Qademanda, tout en incluant la destitution du gouvernement. Tiens donc ! Cela est à mettre en lien avec le volte-face du sénateur S’orn et avec les choix de la sénatrice Laz’ziark, je peux le parier. On notera d’ailleurs que pour une Chancelière qui veut unifier, qui veut rassembler, elle n’est même pas capable de s’adresser aux autres sénateurs que ceux qui la soutiennent, et de relever les propositions. Je me sens complètement ignoré, j’ai l’impression, l’espace d’un instant, d’avoir fait un flop. Pourtant, mon intervention est retransmise et commentée sur de nombreux médias, bien évidemment Tapani mais pas que. Cela suffit à me rassurer. Il s’agit simplement d’une stratégie visant à ignorer pour ne pas avoir à réagir. C’est bas. Le niveau devient terriblement bas à cet instant, alors que le vote commence.

Il est ponctué de deux nouvelles réactions : la sénatrice Cheung de Sarapin, qui n’avait pas encore pris la parole, et la sénatrice Jem’pra d’Ondéron, le ‘toutou’ de la Chancelière. De la sénatrice Cheung, on en retirera de bonnes choses : un assaut tout à fait raisonnable et justifié contre les dires de la sénatrice de Kuat, dont quelques rumeurs circulent dans la Rotonde concernant sa proximité avec les Sith, et une proposition fort intéressante. Une commission sénatoriale. Un garde-fou comme il en manque tant. Pourquoi pas oui. La proposition nécessite débat mais s’avère extrêmement intéressante en l’état.

De la sénatrice Jem’pra, alors que j’achève mon vote contre la Chancelière, nous en retiendrons qu’un lot d’arguments tirant plus vers le pathos que le logos. Une technique rhétorique certes, mais qui n’a, je pense, que peu sa place face à la gravité de la situation. A ce moment là, je demande une intervention. Elle me sera accordée après l’intervention de Rendili puis de Neimoidia. J’en profite pour dresser les grandes lignes de ma seconde allocution, tout en restant attentif. Jusqu’ici, Rendili s’est montré à la hauteur et sur la même longueur d’ondes que Tapani.

Le choc ! Après avoir énoncé divers soutiens, notamment en faveur de ma proposition (tout comme la sénatrice Cheung, il faut le noter et s’en souvenir), et rappeler qu’aujourd’hui, c’est Alsakan qui intervient et protège Dubrillon, alors que ce devrait-être la République, voilà que Rendili annonce la rupture avec la Confédération Navale de la République Galactique. Un choc certain mais parfaitement compréhensible. Rendili ne veut pas prendre le risque de perdre la guerre, et beaucoup d’argent, parce qu’il aura mis aux mains d’une Chancelière ne respectant pas même la constitution une puissante flotte de guerre.

Place à la contre-attaque du leader du FLR, le parti-girouette. Une contre-attaque qui commence par une douloureuse insulte envers nous tous, autres sénateurs. Une insulte que je n’oublie pas de noter dans les grandes lignes de mon intervention. A vouloir jouer aux donneurs de leçons, il va en prendre pour son grade celui-là. Sa rhétorique est agressive et condescendante. Pire, elle est contradictoire, revient sur le programme politique même du FLR. Enfin, elle se ponctue d’injures. De graves injures diplomatiques.

Je laisse alors volontiers la place à une réponse de Rendili, avant d’intervenir moi-même. Le sénateur Menk ne se laisse pas faire et réplique coup pour coup. Une belle mise en scène, qui ne peut que montrer la tension présente entre les deux politiciens, mais je peux comprendre que Rendili prenne mal les propos de S’Orn, avant d’enchaîner avec des arguments concrets. Un joli recours à la constitution qui peut être extrêmement intéressant pour Tapani, et mieux : une affaire qui montre toute la fragilité du gouvernement Neimoidien, un gouvernement qui va jusqu’à museler sa presse.

C’est désormais à moi d’intervenir.

« Sénateurs, Sénatrices. Vous avez voté. Vous avez fait le choix de temporiser et de permettre à Emalia Kira de rester au pouvoir alors que la situation ne permet guère, si ce n’est pas, de fautes. Je respecte votre choix, je respecte le choix de la démocratie. Mais il y a une chose que je ne peux tolérer. Ce sont les insultes dont nous sommes victimes, nous, l’ensemble des sénateurs et sénatrices, le coeur de la République, nous, les représentants des peuples. Et ces insultes, vous en êtes l’auteur Madame la Chancelière, et vous en êtes l’auteur, Monsieur S’Orn. »

Rupture complète avec les codes de la Rotonde. Je suis parfaitement conscient qu’à ce moment là, il ne s’agit ni plus ni moins d’une attaque personnelle envers le sénateur de Neimoidia et dirigeant du Front de Libération Républicain. Mais je n’en démordrais pas.

« Vous nous insultez madame la Chancelière, lorsque vous prônez l’union, lorsque, pour vous opposez à nos opinions, vous avancez que la République doit rester forte, unie et entière pour contrer la menace Sith. Pourtant, vous n’êtes même pas capable d’écouter les propositions des uns et des autres. Quels sont vos avis concernant la proposition des mondes Tapani, dont vous n’avez même pas fait allusion dans votre intervention, et je vous épargne la demande concernant la proposition de Sarapin simplement parce que vous n’avez pas pu intervenir encore. Nos mondes ne comptent-ils pas pour vous ? Nous ne sommes pas assez bien pour la République Galactique d’Emalia Kira ? C’est une honte, un scandale Madame la Chancelière. Jamais dans cette Rotonde nous n’avons subi pareil traitement, jamais ! »

La voix s’emporte vers un son fort et plus proche du cri que de la simple parole. Parfaitement contrôlé. Il faut un petit électrochoc pour faire monter la contestation.

« Quant à vous, Monsieur S’Orn, le sénateur sans intégrité et sans scrupules. Vous osez venir nous faire à nous, Sénateurs et Sénatrices de tous coins de la Galaxie, la leçon sur ce qu’est la démocratie. Je crois, l’espace d’un instant, rêver. Quand un politique comme vous l’êtes est capable de retourner sa veste du tout au tout sans le moindre argument correct, quand un leader d’un des plus grands mouvements politique de cette République est capable de renier l’entièreté de son programme, notamment en matière d’économie, et cela dans le simple but d’oser espérer une place - vous comprendrez d’ailleurs mieux, messieurs et mesdames qui nous écoutez dans cette Rotonde ou bien ailleurs dans cette Galaxie, pourquoi dans sa résolution Madame la Chancelière a précisé la destitution du gouvernement - dans un gouvernement qui devra faire face à une guerre. A en voir vos états de service, autant nous rendre directement à l’ennemi, le supplice serait moins intense ! »

Un petit rire dédaigneux s’échappe l’espace d’un instant.

« Quant à votre petite leçon, je vous suggère un retour rapide dans les écoles de sciences politiques. Car vous y apprendrez qu’il existe dans la démocratie pas seulement le mandat impératif mais aussi le mandat représentatif. Vous y apprendrez également que tout gouvernement qui se veut un minimum cohérent et stable adopte le mandat représentatif, ou une forme hybride. Vous pouvez donc aller réviser votre leçon, tandis que nous nous demanderons si vous avez meilleure place dans cette Rotonde ou dans une école. Et par pitié, ne venez plus nous parler de respecter le choix du peuple quant vous n’êtes pas capable de suivre votre programme après moins de deux heures de débat en situation de crise ! Ne venez plus nous parler de démocratie quant même le régime Tapani, qui porte pourtant le nom d’Empire comme je l’entends souvent chez nos détracteurs, garanti et protège le droit des médias et des citoyens, alors que vous muselez la presse. Je crois me souvenir avoir été élu par le peuple de Tapani, et je leur suis pleinement fidèle en défendant leurs intérêts et mon programme. Pouvez-vous en dire autant, Monsieur S’Orn ? »

Les charges violentes effectuées, il est temps de voir le reste. Je ne m’adresse cette fois plus directement au sénateur S’Orn, et me détourne d’ailleurs physiquement de lui, alors que mon regard était jusque là tourné vers lui, pour m’adresser à l’ensemble de la Rotonde.

« J’aimerai de nouveau exprimer mon soutien à la sénatrice Laz’ziark, dont les paroles sont plus que nécessaires en ces périodes d’incertitudes. Nous sommes un régime démocratique, comme le cher sénateur S’Orn a tenté de nous l’expliquer maladroitement, pas une dictature tel que l’Empire Sith. Garantir l’égalité de chacun et la liberté de chacun, dénoncer la tyrannie, tel que vous l’avez dit, voilà notre vrai combat ! Voilà où nous devons d’abord mener l’offensive ! Et ce combat passe par chez nous également, par notre République et j’ai bien dit notre, car elle nous appartient à tous, et pas seulement à la Chancelière ou ses sbires. Sans cela, arrêtons immédiatement de parler d’état de guerre, rendons nous et acceptons un régime Sith galactique car nous ne vaudrions pas mieux qu’eux ! »

Les mots coulent comme de l’eau de roche. Le discours est fluide. Je suis dans mon élément, et en même temps, je donne tout.

« Je soutiens également la sénatrice Cheung, dans l’entièreté de ses dires et bien évidemment dans sa proposition. N’en déplaise aux sbires de la Chancelière, il faut, dans cette République, un garde-fou capable de veiller à la bonne santé de la République. Mais je peux comprendre ceux qui penseraient que cette commission puisse être trop puissante. Je propose alors, si cela convient à chacun, de limiter cette commission à la surveillance de l’application de la Constitution. Si celle-ci est bafouée, la Cour Suprême de la République jugera. »

Après tout, le cheminement entre les propos de la sénatrice Laz’ziark et la proposition de la sénatrice Cheung est parfaitement logique. Au tour de la sénatrice d’Ondéron.

« Pendant l’espace d’un instant, je me suis demandé si la sénatrice d’Ondéron allait réussir à prendre du recul vis à vis de la Chancelière. Puis je me suis souvenu que la reine d’Ondéron, une certaine Emalia Kira, nommait le sénateur de sa planète. J’ai alors compris que nous n’aurions ici qu’une défense par le pathos plutôt que le logos. Or, cette crise ne nécessite pas de faire appel aux sentiments, aux émotions. Vous pensez que les soldats et les équipages, ou bien même encore les civils, qui ont été tués à Dubrillon et qui seront bientôt tués dans le reste de la Galaxie, parce qu’il y aura riposte, il y aura guerre, et il y aura du sang, ont besoin d’arguments émotionnels ? La guerre ne se fait pas avec le coeur, mais avec la tête. Le coeur permet de haïr ou d’aimer, c’est un bon carburant pour maintenir une guerre. La tête permet de réfléchir, de gagner et de limiter les pertes. Je pense que nos amis Laz’ziark et Fylesan seront d’accord avec moi, eux qui connaissent le monde militaire et la guerre, eux qui ont vu les combats, à Dubrillon notamment. »

Enfin, un petit retour au sénateur S’Orn.

« J’aimerai maintenant réagir à la proposition de rentrer en état de guerre émise par le sénateur S’Orn. Je vote contre. Pourquoi ? Non pas parce que je ne veux pas rentrer la guerre. La guerre est inéluctable. Les Sith contre-attaqueront, nous répliquerons et ainsi de suite. La guerre elle est déjà là en réalité. Je vote contre, et ce n’est pas un vote définitif, parce que c’est prématuré.
Je vous le demande, chers Sénateurs et plus particulièrement l’investigateur de cette proposition, avons-nous eu un discours de la Chancelière relatif à un état de guerre ? Connaissons-nous les raisons, les casus belli, les objectifs et les buts de cette guerre ? Qu’en est-il de l’union sacrée ? Est-ce que la Chancelière décrètera un gouvernement d’union, taillé pour la guerre ? Où sont les renseignements, l’armée, pour donner leurs avis ? 
Je ne voterais pas la mort de millions de gens, au bas mot, sans avoir la moindre information. Or pour l’instant, je n’ai entendu dans cette Rotonde qu’un discours de la Chancelière demandant au Sénat de ne pas la destituer. Je n’ai entendu que des discussions tournées vers l’intérieur. Pas vers la guerre à proprement parler.
 »

Evidemment, j’ai gardé le meilleur pour la fin.

« Pour terminer, je reviendrais sur le choix du Sénateur Menk. Un choix que certains ici apparentent au chantage. On parle même de trahison. De la part d’un sénateur qui s’empresse de parler de former un gouvernement - prêt à troquer son peuple contre une place aussi infime soit-elle - dans la même intervention qu’il donne une leçon à l’ensemble de la Rotonde, qu’il injure et menace le Sénateur Menk et qu’il va jusqu’à renier son propre programme, c’est comique. Non, cela n’a rien d’une trahison. La République Galactique, c’est des peuples. Des planètes. Mais aussi des entreprises. Et ces entreprises là ne veulent pas tout sacrifier, alors qu’elles ont parfois mis des générations, quand ce n’est pas des millénaires, à se bâtir. Le Sénateur Menk représente une partie de ses entreprises. Il est grave, injurieux et dangereux de déclarer ces entreprises traitres, alors qu’elles ne font que la même chose que celui qui lance de telles accusations : elles pensent à elles avant tout. Ce mettre les entreprises républicaines à dos, c’est s’assurer l’échec de la guerre. Ce qui me fait encore plus peur si on venait à vous mettre dans un gouvernement Monsieur S’Orn. 
Pour ma part, je soutiens le sénateur Menk. Et je vais même plus loin. J’annonce d’une part la rupture des accords et des négociations entre les Chantiers Navals de Fondor, nationalisés mais n’ayant d’ailleurs pas même la moindre capacité de production militaire, et la planète de Fondor. Les vaisseaux et les ouvriers des Chantiers Navals de Fondor ne seront plus admis dans l’espace orbital, atmosphérique et terrestre de la planète pour des raisons évidentes de sécurité. Plus encore, les banques de Tapani, dont l’importance n’est plus à prouver pour le système économique républicain, se retirent, ne verseront plus de subsides et demandent le remboursement immédiat de toutes les dettes que la République Galactique a pu contracter. Ces mesures seront effectives dès demain et jusqu’à ce que des négociations aboutissent à des garanties pour l’ensemble du domaine financier de la République Galactique. Nous restons solidaires avec l’ensemble de la République, et la République c’est aussi ses entreprises !
Je vous remercie de votre attention.
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