Ne pas m’en faire, c’était plus facile à dire qu’à faire. C’est tout de même ma première fois et je ne sais pas du tout comment agir, si ce n’est faire confiance à mon instinct et en les compétences d’Alys. Sa remarque avait l’avantage de me détendre un peu plus. Oui, je ne devais pas m’en faire. On savait ce que l’on faisait, nous étions tout les deux consentants pour aller plus loin, pour se découvrir mutuellement. Je ne voulais pas tenter de prendre l’ascendant, de tenter des choses dont j’ignorais l’existence. C’est pourquoi elle était la mieux pour gouverner, et je la suivais avec enthousiasme, mais retenue. Je me laissais guider, mes mains glissant sous les siennes le long de sa peau blanche et douce, fermant les yeux pour mieux découvrir, pour mieux ressentir. Je laissais la Force à la porte de mon esprit, de ma conscience, pour éviter de laisser se déverser en échos les émotions que je ressentais en cet instant. Laissant la couette glisser au dessus de nos têtes, je laissais échapper un léger rire amusé alors que nous continuions nos intimes glissades, mes lèvres s’ourlant autour des siennes alors que je découvrais des sensations que je n’avais jamais imaginé, et que je peinais à contrôler. Je me sentais soudainement léger, alors que nous étions enveloppés d’une aura agréable. J’avais bien fait de rejeter la Force au-delà de mon esprit, car je comprenais maintenant pourquoi l’amour était un sujet tabou au sein de l’Ordre Jedi. Il était en effet possible de ressentir ce qu’il se passait chez soi, mais aussi ce que notre partenaire expérimentais, le tout dans un tourbillon se répandant en échos où l’on finissait inévitablement par se perdre.

J’expirais fortement, alors que nos corps s’emballaient, jusqu'à ce que nos plus folles pensées fussent assouvies. J’étais encore tout étonné par les sensations, et l’étreinte de nos corps m’était agréable. Je respirais lentement, laissant Alys reposer en partie sur moi. Je l’enserrais d’un de mes bras, à l’écoute d’un fait dont j’avais parfaitement conscience. Oui, elle allait repartir. Et je lui avais fait la promesse de veiller sur elle jusqu’à ce que son transport ait quitté la planète. Oui, je savais que ce n’était là qu’une aventure sans lendemain. Je n’avais absolument aucun problème avec ce fait. En tant que Chevalier Jedi, Gardien de surcroît, j’étais amené à parcourir la galaxie de long en large, loin d’un potentiel partenaire. Le cas d’Alys était similaire, le côté Jedi en moins. C’était incompatible.

Je soupirais doucement, portant mon regard dans le sien, ma main glissant doucement dans son dos.

« Moi aussi, je ne vais pas tarder à repartir à l’aventure. Enfin, si on peut vraiment appeler ça comme ça. »

Je souriais, alors que je mettais volontairement mes émotions sous clé, dans un recoin de ma conscience. J’avais ressenti les prémices de la séparation, et je ne voulais pas expérimenter la douleur de l’éloignement plus en détails. Alys avait peut-être l’habitude de ce moment à force de courir la galaxie mais ce n’était clairement pas mon cas. Oui, j’allais rester encore à ses côtés, ne serait-ce que pour veiller sur elle et m’adonner un peu plus, sans doute, à l’étreinte de nos corps.

« Oui. Je te le promets. »

Ma réponse était évidente. J’allais rester avec elle. Le rapport sur ce qui s’était passé la veille pouvait attendre. Un jour de plus ou de moins n’y changerait rien. Nous avions réussi à obtenir nos renseignements et à les déchiffrer. Nous avions les preuves que nous voulions, du moins en partie, et le sénateur ne pourrait pas effacer les faits qui lui étaient reproché. Il n’avait peut-être pas tué ces Jedi, mais il avait au moins commandité l’acte, que ce soit indirectement ou non. Les preuves étaient encore insuffisantes pour le faire tomber, mais je savais déjà qui aller voir pour obtenir le reste des réponses.

Je laissais doucement mes lèvres épouser les siennes, comme pour sceller mes paroles dans une réelle promesse, qu’il m’était impossible de ne pas tenir. La suite de la journée fut dans le même esprit que ces moments de proximités échangés. L’étreinte de nos corps se fit plus resserrée que jamais face au sentiment d’éloignement qui allait nous tirailler l’un et l’autre par la suite, comme pour oublier le fait que ce n’était là qu’une histoire sans lendemain. Hélas, c’était bien le cas, mais je ressortirais de cet expérience en ayant appris quelque chose. J’avais également eu des réponses à mes questions au sujet de l’amour et des émotions et pourquoi l’Ordre déconseillait à ses membres d’avoir ce genre de relations. Le risque était certain, mais il suffisait de ne jamais se laisser tenter par l’interdit, de garder la Force au placard pour supprimer le danger. J’étais convaincu que ma mère avait fait le bon choix à ce sujet, et que sa relation avec mon père n’était en rien une erreur.

La journée passa bien plus rapidement que je ne l’avais pensé, et la nuit se révéla guère plus salvatrice, et ce fut avec un air béat que j’étais partis sous la douche au matin suivant. Je préférais ignorer le fait que tout ceci était terminé, que ce n’était qu’une infime halte perdue au milieu de ma vie de Jedi. Mais au moins, maintenant, je savais. Mon regard ne cessait de regarder l’horloge, alors que l’heure s’approchait inexorablement. Puis, vînt finalement le moment de partir, de rompre définitivement avec cette histoire.

« Il est l’heure, Alys. » Je soupirais. « Si tu as besoin de quoi que ce soit, un jour, n’hésite pas à me demander. Je ne garantis pas de pouvoir t’aider, mais je ferais de mon mieux. »

Elle ne méritait pas toute l’intégralité des casseroles qu’elle tirait derrière elle.

Je restais neutre, lui offrant un léger sourire alors que je finissais de me vêtir de la bure que j’avais laissé délaissé dans un des placards. Je ne cacherais plus mon véritable statut, car je n’étais plus en mission. Je n’étais plus ce riche homme d’affaire, mais bien le Jedi que j’avais toujours aspiré à être. Je l’invitais à prendre place dans le speeder, avant de grimper à mon tour et de la contempler un dernier instant. Puis je démarrais le véhicule et je nous lançais vers le spatioport. Son vaisseau était le prochain à partir, et le rater risquerait de la mettre en danger.

Et ça n’arrivera pas.