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Essoufflé, Deran l'ait un peu. Il faut dire qu'avec tout ces exercices dans une armure loin d'être confortable, et surtout dans une armure loin d'être protectrice, ont mis les nerfs du commandant à rude épreuve. Pour l'heure, il se contente de se reposer un peu. Ils viennent d'échapper au pire, ce qui est déjà pas mal. On a commencé avec un impérial avant de se prendre deux chiens Kath sur la gueule, et on a fini avec toute une troupe d'impériaux. Et on est vivant. Le bilan est pas mauvais, d'autant que l'explosion du transformateur s'est déroulé sans trop de problèmes... Bon, faut dire que une explosion, a part un problème de détonation, quand ça saute... Il y a pas de raisons qu'il y ait de problèmes... Sauf peut-être pour les impériaux, mais bon, à part ça, tout va bien. Deran regarde Korgan, visiblement un peu essoufflé après ça, mais il a l'air aussi très énervé. Bon, faut le comprendre, il a dû se prendre le bec avec Brandon. Le commandant se redresse et manque d'enlever le stupide casque qui lui recouvre la tête, mais il n'a pas le temps de faire un geste de plus que déjà il se retrouve avec deux mains au cul. Il n'a même pas le temps de se retourner que le doux son de la voix de Korgan vient jusqu'à ses oreilles, mais qu'est-ce qu'il fout bon sang?!! Sans même avoir eu le temps de l'ouvrir, Deran se retrouve sans l'armure, arraché par le caporal. D'un geste vif, il se retourne, alors que Korgan étudie l'armure. En caleçon, pas le meilleur de sa collection, Deran note le regard gêné de son enfoiré de soldat... Non mais sérieux, il pouvait pas attendre? Alors que Deran manque de lui en tirer littéralement une bonne, le caporal s'explique... Putain, ce Brandon et ses idées à la con... Un localisateur dans le cul... Non mais pourquoi pas à la... Enfin voilà quoi... Finalement, Korgan lui demande si il y a pas un truc qui dépasse. Deran regarde et finit par apercevoir une petite fiche Electronique qui dépasse.


- Ouais, t'as un truc effectivement...


Sans plus de cérémonie, et avec un jeu de mots qui sied à son niveau, Korgan parviens à indiquer au commandant comment faire pour rétablir les communications. C'est pas trop mal de récupérer les communications. Finalement, deran parvient, grâce aux instructions à rétablir les communications. Par contre, il aurait besoin de son bas maintenant, parce que bon, même s'il fait pas encore trop froid, en caleçon au milieu d'une ruelle, il y a beaucoup mieux que ça. Finalement, une fois les communications actives, Korgan reprend contact avec Brandon qui lui annonce qu'ils sont pas au bon endroit... Il est bon lui, Deran et Korgan ne savent pas comment se repérer, alors bon, ils font comme ils peuvent. Soudain, une puissante explosion retentit au loin, ah, ça doit être les autres qui se sont mis au boulot. Finalement, le commandant entend des bruits de pas derrière le mur et des voix. Il se tient prêt, l'arme prête à faire feu. Soudain, un petit objet circulaire retombe derrière le mur. Et à Deran de penser "Et merde!!". Korgan se jette sur lui pour l'écarter au plus vite du problème. Le commandant se retrouve propulsé par le puissant soldat qui l’éjecte. Ils roulent dans la terre avant que la grenade n'explose. Korgan se reçoit les éclats dans la dos, mais par chance, une issue miracle est annoncée. Une bouche d’égouts à quelques pas d'ici. Deran se relève et mène son compagnon un peu blessé vers la bouche d’égout qu'il ouvre. Les impériaux tentent quand à eux d'ouvrir une brêche dans le mur, mais déjà deran et Korgan sont à l'abri dans les souterrains puants. Et les deux hommes se retrouvent en face de deux gungans, non, pardon, trois gungan et cinq de leurs montures...


- C'est pas vrai... Grommelle le commandant.


****


Ils n'ont mis que quarante minutes pour arriver. Tout bonnement un record. Deran s'est fait refilé un bas, a aussi pensé a retiré ce foutu casque avec une joie non dissimulé alors qu'il sont rentrés. Korgan a été plus direct... Il frappe d'un puissant coup de poing le chargé des communications qui s'écroule. Oulah... Il y est pas allé de main morte. Apparemment, le soldat avait besoin de se libérer du trop plein de problèmes auxquels ils avaient eu affaire. Les autres regardent Deran gêné avant que celui-ci ne prenne une chaise et s'assoie tranquillement. L'un des hommes lui tend une bière que Deran ne refuse surtout pas alors que calmement, ou du moins avec une apparence calme, Korgan lui annonce que les communications sont HS. Pour une fois, Deran ne réponds rien et sirote tranquillement son remontant. Finalement, il déclare:


- Bon, on va déjà enlever ces foutus armures, parce qu'elles commencent sérieusement à m'emmerder. Toi Archi, tu vas passer par le poste infirmerie...


Deran n'a pas le temps de terminer que le rire des quelques hommes présents le fait stopper ses ordres. Il les regarde, un peu incompréhensif avant de voir qu'ils semblent tous le regarder. Bah quoi? On dirait une bande de gay joyeux à le regarder comme ça, comme si ils avaient trouvés un nouveau jouet. Passé cette réflexion digne de Korgan, Deran finit par noter que c'est son épaule qu'il matte. Le commandant regarde donc le cœur du problème... L'armure à grillé, et la chair aussi. Son épaule n'a pas l'air trop abîmé, mais un peu de sang s'écoule. Il regarde finalement Korgan au moment ou Brandon commence à se relever:


- Bon, rectifications, ON passe par le poste infirmerie... Et... Deran s'approche de Brandon, lui tends la main pour l'aider à se relever.


Brandon accepte la main bienveillante du commandant, le remercie alors que Deran lui demande si tout va bien, ce à quoi l'acteur répond que oui, à part le coup reçu par Korgan. Le commandant finit donc par lui en tirer une à son tour, assommant une nouvelle fois Brandon. Il s'en souviendra au moins. Le commandant regarde Korgan et déclare:


- T'as raison, les communications sont HS. Bon, réveillez moi cet abruti, on va avoir besoin de lui. 


Trois types s'évertuent donc, non, se tuent, à réveiller l'acteur qui finit par se relever. Il regarde Deran d'un air mauvais qui lui fait signe de s'asseoir. Finalement, le commandant s’assied, tend une bière à Brandon et en propose une à Korgan malgré qu'il sait que celui-ci évite de boire. Brandon finit par annoncer qu'il ne comprend pas trop, mais au regard que lui lance Deran, il ferme vite ce qui lui sert de gueule. Il s'en ait pris deux parce qu'il méritait de s'en prendre deux. Voilà tout. Le plan à foiré, et il s'est un peu foutu de leur gueule. A première vu, c'était comique ces événements... Oui, pour un abruti qui n'en avait pas grand chose à foutre. Parce que si ça avait été deux autres que Deran et Korgan, le commandant le savait, les choses se serait passé différemment. Peut-être que la mission aurait foiré. On avait donc épargné la population, mais la décision prise avait failli faire foirer l'entreprise rebelle, aussi, Brandon devait comprendre que ce genre de plans pour aider la populace, voilà ce que ça pouvait entraîner. Mais les deux baffes qu'il venait de se recevoir l'avait calmé. Finalement, alors que Korgan s'était assis, Deran lâcha:


- Fort bien, Brandon, tu vas avertir Tyrao et le sergent-chef Beaumont que je veux les voir dans un mois à l'extérieur de la ville.
- pourquoi?
- Bonne question. Je nous laisse un mois pour tout préparer pour l'opération sur ce foutu croiseur. Il va nous falloir des équipements de pilotes impériaux. J'y ai bien réfléchi, au dernier moment, nous remplacerons les deux pilotes qui sont chargés de mené les ouvriers sur le croiseur. Ça nous permettra de nous déplacer plus facilement. Tes rebelles qui ont infiltré le milieu des ouvriers transporteront le matos qui nous permettra de faire exploser ce croiseur. Ils repartiront ensuite et évacueront le vaisseau grâce à une capsule de sauvetage qu'ils se chargeront de déconnecter des systèmes impériaux. Pendant ce mois, nous allons saboter leurs vaisseaux, les orienter vers de fausses pistes, voler quelques caisses d'armement, et nus immobiliseront tout renfort qui pourrait venir d'Artorias vers le croiseur.
- D'accord, mais pourquoi Tyrao et Beaumont?


Deran regarda Korgan. La réponse semblait évidente. Parce que après ça, ils ne se reverraient plus, et Deran comptait bien laisser les dernières instructions nécessaires à la Rébellion. Et puis, quelque chose lui disait qu'un au revoir serait toujours mieux que si ils partaient comme deux voleurs. Non, mieux valait les voir avant de partir. Deran finit par reprendre:


- Tu contacteras Tyrao et Beaumont, mais aussi l'ancienne cellule que commandait Archi et la mienne. Du moins leurs nouveaux commandants. Nous partirons après cette mission, aussi, je tiens à ce que nous les saluions avant de partir. Je laisserais aussi deux trois données utiles à tous.
- Bien.
- Moi et Archi allons gérer la cellule en ville pendant ce mois-ci, je pense que nos gueules ont assez changé pour qu'ils nous reconnaissent pas. Nous allons clouer au sol tous leurs vaisseaux, mais avant ça, nous allons immobiliser toutes leurs communications, détruire tout leurs robots, que ce soit des astro-mécanos, ou alors des droïdes médecin, le but est d'en détruire un maximum. Nous immobiliseront aussi tout leurs véhicules. Ce sera certes un peu gros, et ils sauront que la résistance est encore active, mais ils ne se douteront pas de ce que nous réservons au croiseur au moins. Vous avez compris?
- Oui Chef!!
- Bien. Brandon, on se revoit dans un mois, tu nous donneras un lieu de rendez-vous sûr, et nous... Nous allons nous reposer un peu, et demain, on reprends les opérations, mais il faudra faire attention, avec les attentas que nous avons faits... Les impériaux seront sur leurs gardes.


Une fois de plus, ils réglèrent les derniers détails avant que Brandon ne prenne la poudre d'escampette. Ils se revoyaient dans un mois. C'était tout ce qu'il y avait à savoir. Deran tapota l'épaule de Korgan et le laissa... Il avait à faire, il était fatigué, et il avait besoin d'un peu de repos. Deran laissa donc tout le monde. Il tenait à être frais et dispo pour les jours suivants.


1 mois plus tard, non loin de la capitale, au point delta-cinq.


Deran sortit du speeder armé avec la tenue des pilotes impériaux. Ils allaient devoir rejoindre leur vaisseau bientôt avec Korgan. Ah, pourquoi la tenue impériale? Et bien, pour passer les patrouilles sans soucis. Avec leur identification impériale obtenus en remplaçant deux malheureux soldats tombés pour la gloire de l'empire, le commandant et Korgan avait obtenu les équipements de deux pilotes. Ils risquaient de devoir changer ensuite d'équipement, par exemple en prenant celui des deux soldats qui accompagnaient les ouvriers dans la navette. Le commandant et Korgan étaient le spremiers sur les lieux. Mais Beaumont ne tarda pas à arriver. La rencontre avait lieu sous le couvert des arbres, non loin d'une plaine avant la capitale. Le sergent-chef semblait en pleine santé. Deran le salua en lui serrant la main alors que Tyrao surgissait accompagné de Fal et du remplaçant de Korgan. Ils étaient escortés par cinq autres rebelles. Le commandant salua chacun d'eux avant d'attendre Brandon. pendant qu'ils attendaient, Deran déclara:


- Brandon est déjà au courant... Alors ça je peux vous le dire. C'est la dernière fois qu'on se voit.
- Pourquoi? demanda Beaumont Inquiet.
- Une fois qu'on aura fait exploser le croiseur, moi et archi s'en iront pour retourner dans l'espace républicain. 
- Alors vous nous lâchez!! Reprit le Weequay visiblement déçu.


deran se tourna vers lui. Il n'avait pas changé. Bon sang, ce pirate l'avait surpris bien des fois, mais il fallait bien admettre que là, le commandant ne savait plus trop comment lui répondre. Finalement, il reprit:


- Non, enfin... Si, mais pas comme tu le penses. On repars parce qu'on a déjà passé trop de temps ici. Nous allons adresser un rapport à la République de la situation qui règne ici, mais notre mission était de vous organiser et de vous aider à lutter, aujourd'hui, je pense que vous avez les capacités pour bien lutter sans nous. Vous êtes maintenant bien organisés. On ne pouvait pas rester indéfiniment et au fond... Vous l'avez toujours su Tyrao.
- Mouais, mais ça fait mal de l'admettre. Il les regarda tous les deux avant de reprendre. Sachez que vous avez tout mon respect les gars... Franchement... Je vous admire tous les deux pour tous vos actes... Même si vous nous lâchez!! Ahahah!!


Au moins n'avait-il pas trop perdu son humour. Deran sourit un peu, sourire teinté par un peu de tristesse avant d'entendre les feuilles bruire et de voir Brandon arriver. L'acteur salua en premier Korgan. Il fallait dire que l'histoire de ces deux bougres sur cette planète était assez lié, ils avaient travaillés pas mal de fois ensemble, et maintenant... Après plusieurs aventures ensembles, ils allaient devoir faire leurs adieux. Deran n'avait jamais voulu mettre autant de sentiment, mais il ne pouvait pas non plus nier que ces gens là, ces foutus artoriens, il les avait aimé, apprécié, et ils sentaient en eux de véritables frères, certes avec quelques défauts, mais de valeureux compagnons d'armes. Le commandant regarda Brandon échangeait plusieurs mots avec Korgan alors que Tyrao s'avançait vers lui, une main tendue vers lui. Sans hésitation, Deran s'en empara et la serra promptement.


- J'vous souhaite bonne chance commandant. Et j'vous remercie. 
- De rien Tyrao, de rien.
- Prenez ça, dit-il en lui déposant un collier dans la main. Il était constitué de dents tranchantes. C'est tout les carnassier que j'ai abattu dans ma foutue vie. Il y a un peu toutes les dents.
- Non, non Tyrao, garde-le...
- Ecoute, moi je risque de pourrir ici, peut-être même de mourir, alors fais pas chier. J'ai jamais rien offert à personne que de l'arnaque, alors, pour une fois que j'prends en sympathie des types comme toi et ton collègue le fou de bastonneur, profitez-en.
- On va en profiter. Merci.


Deran rangea le collier et attendit que Korgan termine. Fal voulait lui parler, mais il n'en eut pas le temps, Korgan et Brandon revenaient. Le commandant laissa donc la voix aux deux hommes. Bientôt, lui et Korgan irait foutre deux pilotes dans une benne à ordure avant de prendre les commandes d'une navette de transport et d'aller tout droit dans l'espace, direction un super croiseur de combat.
Korgan Kessel
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Le nez comme une patate, des morceaux de contons dans les narines pour stopper les saignements, Brandon me lance un regard de chien battu et fait :

« Vous êtes vache les gars... J'ai fais ce que je pouvais pour vous sortir de la merde, et voilà comment vous me remerciez ?! Je pouvais pas savoir qu'il y aurait deux énormes chiens dans ce dépotoir, sans déconner ! »

Alors je lève la main pour feindre de vouloir lui en recoller une, il disparaît. Je soupire. Putain ce type me fait sortir de mes gonds à chaque fois... Je me tourne vers Deran :

« Ouais, je ferai bien un petit somme... »

J'ai le dos en vrac. Un type qui se prétend infirmier m'a retiré une quinzaine d'éclats dans les chairs. Morceaux de métal, de plastique blanc provenant de la stupide armure de power space ranger... Tout ça c'est la faute de Brandon merde ! Du coup, j'ai tout le torse enroulé dans plusieurs mètres de bandes, des compresses imbibées de kolto appliquées sur le dos. Le type m'a shooté avec des anti-douleurs, j'ai la tête pleine de brume. Si je me repose pas un peu, j'serai jamais au top pour ce qui nous attend.

Deran me tape sur l'épaule, je lui en claque une dans le dos. Putain on gère trop. L'élite de la République... Hahahaha... Sur cette belle pensée, je file au dodo !

***


Un mois plus tard, non loin de la capitale, au point delta-cinq,

Avec le speeder volé à l'armée impériale, et nos uniformes, il est devenu plus facile de franchir les barrages. Faut dire qu'on a foutu un sacré bordel en ville depuis un mois. L'armée est sur le qui-vive, la tension est à son comble. Dans les campagnes, les autres cellules sont également passées à l'action, comme prévu : il en résultat un chaos planétaire que l'Empire, faute du soutien de son croiseur, a du mal à gérer. On a perdu pas mal d'hommes, mais on en a aussi recruté beaucoup, surtout des campagnards qui sont formés à la va-vite par Tyrao et Beaumont...

Haha, on a vraiment fait passer l'Empire pour des cons. Ces abrutis se sont tellement vantés d'avoir éradiqués la rébellion suite au bombardement planétaire, qu'il ont perdu toute crédibilité après notre retour en force. L'Empire compte sur la peur pour garder la main mise sur le peuple... Et maintenant que plus personne ne les prend au sérieux, tous les jours de nouvelles recrues osent franchir le pas et cherchent à contacter les rebelles.

Alors pour tenter de rattraper le coup, ils ont durci le ton en ville : il y a des contrôles partout, il devient de plus en plus difficile de se déplacer, de communiquer... Les exécutions publiques sont devenues monnaie courante, et parfois pour des prétextes pourris. Suffit de faire un signe ou de dire un truc qui ne plaît pas à un fonctionnaire impériale pour finir fusillé. Il en résulte un putain sentiment de peur, ici, dans la capitale planétaire, alors que sur le reste de la planète semble souffler un vent de révolte difficile à contraindre. Mais dans nos malheurs, on a quand même du bol : les dirigeants impériaux nommés par l'impératrice au lendemain de la prise d'Artorias font le nécessaire pour étouffer l'affaire. Du moins c'est ce que nous a expliqué Brandon. Il estime que ces abrutis ont trop peur de perdre leur tête si leurs difficultés à maintenir l'ordre arrivait aux oreilles de l'inquisition. Alors du coup, ce silence joue en notre faveur... Bah ouais, si l'Empire devait débarquer en force dans le système, on serait cuit...

Je jette un regard à Deran qui conduit. Putain, on va enfin pouvoir lancer l'opération finale, quitter ce monde, quelqu’en soient les conséquences pour ses habitants. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'on a pas chômé... D'un coté ça me fou les boules de partir, d'un autre j'ai bien envie de rentrer au bercail pour faire un pause...

****


Vingt-deux jours plus tôt, à proximité du dépôt de carburants impérial, le « DCI » ,

Allongé dans les fourrés, jumelles sur les yeux, je mate les environs. Le secteur est bien défendu... Putain ça va être chaud... Le gungan qui doit nous servir de taupe a intérêt à être ponctuel ! Je baisse les jumelles pour prendre mon talkie :

« Ours mal-léché à écureuil mégalo... »

Ouais OK, nos noms de codes sont nuls à chier. Mais bon... C'est histoire de ne pas se faire griller nos identités d'emprunt si l'Empire tombe sur nos conversations. Les risques sont faibles avec ce type d'appareils courte distance, il faudrait vraiment qu'un opérateur des communications tombe pile poil sur notre fréquence... Et tout cela en étant dans un périmètre de quelques kilomètres.

« J'suis en position. RAS. Attend instructions. »

La nuit est déjà bien avancée, mais le soleil ne pointera pas le bout de son nez avant deux ou trois heures. Par expérience, je sais que c'est la bonne heure pour passer à l'action : c'est toujours dans cet intervalle que la vigilance des sentinelles est mise à rude épreuve par la fatigue. Je recolle les jumelles sur mes yeux. La vision nocturne m'offre un panorama aux tons verdâtres. Je repère ma cible. La cuve N°2. Deran a la N°1, tandis que les autres ont la N°3 et 4. A l'intérieur de celles-ci, l'Empire entrepose ses réserves stratégiques, centralisées à partir des importations et de la production planétaire. Enfin, c'est c'qu'on ma raconté, moi j'y connais rien en économie. Bref. Tout ce qu'il y à retenir, c'est que sans ce carburant, l'armée impériale seraient paralysée... Et toute la difficulté de la mission est de réaliser cet exploit de manière discrète, que l'Empire ne se doute de rien avant qu'il ne soit trop tard... Haha, j'imagine déjà leurs gueules quand ils se rendront compte que les moteurs de leurs véhicules rendent l'âme les uns après les autres... Le temps de piger d'où vient le problème, ils seront dans une sacré merde !

Soudain mon talkie grésille. Une voix s'en échappe. Celle du Commandant Sarlions. Tout le monde est en place, il faut commencer à approcher... Ok c'est parti !

Je remets mon matos dans ma ceinture tactique, et commence à ramper. Ramper dans la boue, je l'avais pas fait depuis des mois maintenant. Putain ça me manquait pas ! A cette vitesse, il faudra plusieurs minutes pour atteindre le premier périmètre : un mur de permabéton, haut de trois mètres, surplombé d'un magnifique barbelé bien acéré. Impossible de passer par dessus. A intervalles réguliers, des miradors équipés de puissants projecteurs balayent les environs. L'un des faisceaux se dirige vers moi, je m'arrête aussitôt, immobile comme une pierre. Il me passe dessus, sans s'arrêter... Je reprends ma progression. J'ai le visage couvert de peinture noire et verte, une tenue légère que j'ai complètement recouverte de boue et de brindilles d'herbe. A cette distance, si je reste bien immobile, c'est impossible de distinguer de l'environnement. Ici, en périphérie de la capitale, la végétation a reprit ses droits, toute la zone est recouverte d'herbes folles et de buissons épineux. Je coupe définitivement mon talkie. Silence radio oblige. Hors de question de se faire topper à cause d'un abruti qui éternue sans le siens. A partir de maintenant je suis seul. Tout le monde est seul... Ouais j'suis un putain de philosophe. Chienne de vie.

Le site s'étend sur un hectare. En plus des dépôts, il y a aussi un atelier de réparation pour droides et blindés. Il paraît qu'il y a trois cents soldats à l'intérieur, et deux fois plus de techniciens et mécaniciens... Si on se foire, on est mort. Bref... C'est p'tet pas le moment de penser à tout ça. Je continue de ramper.

J'arrive enfin à proximité du mur. A cette distance, les projecteurs ne couvrent plus la zone. Je me redresse. Je plonge ma main dans ma poche pour ressortir un datapad. Dessus une carte détaillée du site. Je suis à une dizaine de mètres de mon point d'entrée. Je m’accroupis pour me déplacer plus rapidement, tout en restant discret. Contrairement à d'autres missions à mon compteur, je me déplace léger. Un simple sac à dos avec une bonbonne de 1L à l'intérieur. A ma cuisse, un pistolet blaster, plus quelques gadgets à ma ceinture. On a préféré ne pas emporter trop de matériel. L'objectif c'est d'être discret et rapide, et non de se battre... Enfin, je trouve mon point d'entrée :

Une petite grille métallique obstruant un orifice circulaire tout juste assez large pour me permettre de passer. Au fond de l'eau stagnante. La grille est verrouillée, un petit appareil est soudé dessus. Une diode rouge bip à intervalle régulier. Je quitte mon sac, le pose à terre. Puis récupère mon couteau de combat. Avec précaution, prenant bien soin de ne pas toucher la grille, j'use de la pointe pour dévisser le cadran de l'appareil... De la sueur perle sur mon front... Putain au moindre faux mouvement... Mais finalement tout se passe sans problèmes. Je retire la façade. Derrière, il y a une carte électronique et un enchevêtrement de fils aux couleurs diverses et variées. Je repose les yeux sur l'écran de mon datapad. Les gungans nous ont fourni des plans détaillés des alarmes et autres équipements de sécurité surveillant le périmètre. Ce petit boîtier est prévu pour donner l'alerte si une personne tente de manipuler la grille... Ou de le détruire. Sur l'écran, un schéma simplifié représente l'appareil. Apparemment, faut que je coupe le fil bleu. Heu ok. Bleu donc. Bon... Je repose les yeux sur le boîtier. Putain c'est le plus petit fil, celui tout au fond. Avec mes gros doigts gantés, je galère pour le récupérer... Puis à l'aide d'une minuscule pince coupante, je parviens à le sectionner. Respiration coupée, sens en alerte, j'attends quelques instants. Rien ne se passe, nickel. Sans perdre plus de temps, je range tout le matériel, puis pose mes deux grosses pattes sur la grille. Je tire un grand coup. Dans un crissement métallique qui m'arrache une grimace, elle sort de son logement. Je la pose sur le coté. Elle est poisseuse, pleine de rouille. Je pousse mon sac dans l'orifice, avant de m'y glisser, à plat ventre. Me contorsionnant dans le petit boyau, je parviens à reposer la grille contre son logement, sans l'y glisser... Histoire que visuellement, sans y regarder de trop près, elle semble à sa place.

Je prends quelques secondes pour souffler. Bon... Ca va être musclé. L'intérieur du tube est glissant, mes épaules me permettent à peine de progresser. En plus, pour faciliter le ruissellement, il est légèrement en pente. Devant moi, je dois pousser mon sac. Il s'imbibe de flotte dégueulasse, le rendant de plus en plus lourd. Bref, au prix de plusieurs minutes de lutte acharnée, je parviens à parvenir de l'autre coté. Face à une nouvelle grille. Mais celle-ci n'est équipée d'aucun système de sécurité. Je la dégonde rapidement. Puis ressort à l'air libre...

Face à moi, le second périmètre de sécurité : un grillage électrifié. De petites lumières jaunes orangées clignent à intervalles réguliers, indiquant que l'ensemble est sous tension. Entre cet obstacle et moi, un chemin de ronde bétonné, large de trois mètres. S'il n'y a pas de projecteurs pour éclairer celui-ci, je sais néanmoins que des patrouilles pédestres font régulièrement le tour, équipées de torches frontales et d'assez de puissance de feu pour me faire regretter d'être né. Je me relève, dos courbé, m'arrête de respirer quelques secondes pour écouter. En face la base est éclairée en de multiples points. Je repère les énormes cuves. Je fonce. En quelques enjambée j'arrive à proximité du grillage, puis m'allonge. Bon... C'est maintenant que tout se joue... J'espère que notre taupe gungan ne va pas nous lâcher... Soudain je vois plusieurs lumières se déplacer non loin. Je porte mes jumelles à mes yeux ! Merde ! Une patrouille ! Les types avancent lentement, braquant leurs faisceaux lumineux de gauche à droite pour balayer les lieux. Ils ne seront pas sur moi avant plusieurs minutes... Mais s'ils y parviennent, impossible de se cacher ! Je regarde le chrono sur ma montre. Encore trente secondes... Ca peut le faire, si le gungan ne se foire pas !

L'attente est longue, la tension monte. Dans le doute, je sors le pistolet de son holster prêt à faire feu. Si rien ne se passe à l'heure prévue, je ferai le nécessaire pour me tirer d'ici, en un seul morceau. Pas question de crever sans avoir tiré le premier ! Ma poigne se resserre sur la crosse de l'arme... Encore cinq... quatre... trois... deux... Un...

Soudain les lumières jaunes au dessus du grillage électrifié s'éteignent. J'entends un éclat de voix. Les deux types de la patrouille se sont arrêtés pour appeler le PC central et demander des comptes. Haha. Ces gungans sont bons putain ! J'aurais cru dire ça un jour ! Les batraciens ont réussi à falsifier un ordre d’intervention de maintenance pour couper le jus à 4:00 précise. Retour à la normal prévu dans dix minutes. Bref, je passe aussitôt à l'action. Je fouille dans mon sac pour récupérer un petit cylindre : c'est un spray cryo. C'est le même principe qu'une grenade... Sauf que ça pète pas, et que c'est plus discret. Je décapsule le bouchon, pose mon droit sur la tête... Je la presse. Dans une « pshiiiiit » relativement discret, j'arrose le grillage en décrivant un arc de cercle d'environ un mètre de diamètres. Un dépôt blanc se forme sur la zone visée. Le froid rend le métal cassant, c'est bien connu... Je lui file un putain de coup de poing. Le fil de duracier se brisent, et la zone découpée, un demi-cercle, tombe à la renverse. Je passe par là pour pénétrer dans le second périmètres. Les impériaux discutent toujours avec leur PC central, putain faut que je me grouille !

Sans me relever, je me retourne, récupère la partie détachée du grillage pour la replacer. A l'aide de quelques morceaux de fil de fer, je fais en sorte qu'elle tienne en place. Si les types y regardent de trop près ils comprendront le subterfuge... Mais avec un peu de bol... Rah putain, j'aime pas compter sur le chance dans pareille opération ! Bref. Pas de temps à perdre. Je recule lentement. Le terrain est en pente, le chemin de ronde étant surélevé. Je récupère mon blaster, et me positionne, silencieux, immobile, la crosse posée au sol juste devant moi. Si l'un deux détecte quoi que ce soit : le grillage découpé, ou bien simplement une de mes traces, je tenterai de les descendre avant qu'ils ne lancent l'alerte... C'est pas ce qui est prévu, mais c'est la moins pire des solutions. Lorsqu'ils avancent à nouveau je suis en sueur, mes doigts tremblent, la tension est à son comble... Mais tout se passe comme prévu. Les types avancent, leur lumière glisse sur la zone de mon intrusion sans s'y arrêter. Ouf. J'attends encore une petite minute, qu'ils soient suffisamment loin... Puis je me redresse et fonce vers le bâtiment le plus proche.

Je m'adosse au mur de préfabriqué, toujours mon blaster en main. L'édifice est rectangulaire, à l'intérieur plusieurs lampes allumés. Je me redresse lentement, juste de quoi jeter un coup d’œil à l'intérieur part l'une des fenêtres. Plusieurs soldats en uniforme en train de jouer aux cartes. Ils sont concentrés, plongés dans leur partie. Nickel. Sans perdre de temps, je me basse pour passer sous la bordure des fenêtres. Je contourne le bâtiment, et m'arrête. Mon réservoir, le numéro deux, est à vingt mètres seulement. Entre lui et moi : plus rien, juste un terrain vague boueux, désert. Aucune lumière. Autour de la cuve, un enchevêtrement de tubes aux dimensions impressionnantes créent un rempart artificiel. N'importe quoi pourrait se trouver derrière. Mais j'ai pas le temps de faire des hypothèses... Un coup d’œil à gauche, à droite, je prends une grande inspiration... Et fonce !

En sprint, je bouffe la distance me séparant du réservoir. A deux mètres, je me laisse tomber en arrière, pour terminer cette course-folle en glissade, sur le dos, prêt à faire feu si nécessaire. Je passe sous un énorme tuyau, me retrouve de l'autre coté. Je m'arrête, ne bouge plus, bloque ma respiration. Je me dis que c'est bon... Lorsque soudain une voix lâche :

« Y'a quelqu'un ?! »

Oh merde ! D'un bond je suis sur mes deux pieds, je me planque comme je le peux dans l'ombre du réservoir. Des bruits de pas poisseux, un type approche. Un rayon de lumière me frôle, putain. J'hésite à faire feu, mais la détonation risquerait de me faire repérer si d'autres gars se trouvent dans le coin. Soudain j'apperçois une silhouette. C'est pas un soldat, du moins pas en armure de combat. Il porte un uniforme de technicien... Il regarde à gauche, à droite, hausse les épaules, se parle à lui-même :

« Étrange, je croyais avoir entendu quelque chose. »


Il soupire.

« Ca fera au moins un truc à mettre dans le rapport. »

Je grimace... Je peux pas laisser filer le type. S'il écrit quoi que ce soit quelque part, notre effet de surprise pourrait tomber à l'eau. J'ai pas le choix. Je range mon blaster pour récupérer mon couteau de combat... Et lorsqu'il fait mine de partir, en me tournant le dos, je lui saute dessus. Je le choppe, pose ma main gauche sur sa bouche. De la droite je lui plante le couteau dans le dos, au niveau des poumons. Une mort rapide mais très désagréable : ses poumons se remplissent de sang. Tout en se débattant, il se noie dans son propre fluide. Pauvre type, il avait surement pas demandé à être là... Mais on fait pas la guerre sans casser des oeufs, j'suis devenu fataliste avec le temps. Après trente seconde de lutte, il faiblit, avant de perdre conscience. J'accompagne en douceur sa chute, pour éviter de nouveaux bruits suspects. Bon...

Je me relève, essuie mon couteau sur ma veste avant de le ranger. J'ai besoin de mes deux mains. Je cherche du regard un truc qui ressemble à une trappe d'accès, quelque chose de prévu pour faire des contrôles de routine sur le carburant... Ca devrait se trouver sur un gros tuyau, juste en aval de la cuve... Dans la pénombre je vois pas grand chose, mais je ne peux prendre le risque d'allumer une torche. Enfin je trouve ce que je cherche : c'est une valve rouge, sécurisée par un cadenas. Après un coup de spray cryo, je le défonce d'un coup de crosse. Il tombe au sol et se plante dans la boue. Je le ramasse aussitôt : ne pas laisser de preuves.

Je pose mes deux grosses pates sur la valve. Je force. Oh putain elle c'est du costaux... Je grimace... Et merde putain ! Soudain elle commence à tourner, lentement d'abord, en grinçant, puis de plus en plus rapidement. Ouf, elle est pas grippée. Une fois déverrouillée, je peux ouvrir la trappe étanche. Aussitôt l'odeur acre du carburant me monte aux narines. Les émanations me donne le tournis. Putain c'est du bon !

Je recule, pose mon sac à terre et fouille une énième fois dedans. Cette fois pour récupérer la bonbonne de 1L que je me trimbale depuis le début de cette opération. Je la prends, l'active en pressant le bouton à coté du goulot. Aussitôt le gaz sous pression à l'intérieur commence à s'échapper... Je la plonge immédiatement dans le carburant. De petites bulles se forment à la surface du liquide huileux... Je recule pour réfléchir. J'ai pas vraiment le choix : je dois faire disparaître le corps du technicien. Et pour ça j'ai ma petite idée. Je le choppe, le passe par dessus mon épaule, et le balance dans la trappe de maintenance. Le cadavre flotte sur le carburant. Je la referme aussitôt, reverrouille la valve. Pour que personne ne comprenne ce que je viens de faire avant un petit bout de temps, je replace un cadenas, fourni par le réseau gungan, strictement identique au précédent.

Je recule alors, appréciant la qualité de mon job. Ni vu ni connu. Alors c'est sur, le type manquera à l'appel demain... Mais comme ils ne le retrouveront pas, ils se diront qu'il a certainement déserté. Enfin j'imagine. Y'a peu de chance qu'ils ouvrent les réservoir pour voir s'il a décidé de prendre un bain de minuit.

A présent, un additif corrosif se répand lentement à l'intérieur de la cuve. Tous les véhicules ravitaillés avec celui-ci verront leur moteurs se détériorer rapidement, avant de rendre définitivement l'âme. Le temps que l'Empire ne se rend compte du subterfuge, des dizaines, peut-être même des centaines de véhicules seront affectés... De quoi largement perturber leurs manœuvres en ville, et dans les environs...

Enfin, encore faut-il que les autres réussissent, et s'en tirent sans se faire griller. Bon... Je range mon matériel, repasse le sac sur mon dos, puis regarde ma montre. 4H07. J'ai trois minutes pour ressortir par là où je suis entré, avant que l'électricité ne reviennent...


Je fonce. Le retour se passe sans contre-temps notables. Je franchi le grillage une poignée de secondes avant la remise au jus. Pareil qu'à l'aller, je repositionne le morceau découpé comme je peux, histoire que personne n'identifie mon point d'entrée sans une fouille méthodique. Finalement je ressors du second périmètre, rampe pour revenir à mon point de départ. Je dois m'arrêter deux fois pour éviter de me faire détecté par les projecteurs. Une fois sorti d'affaires, je réactive mon talkie.

« Ours mal-léché à écureuil mégalo, mission accompli. Discrétion assurée. »

Trois autres voix me répondent. Deran a réussi également, tout comme l'un des deux Artoriens. Le second ne peut que nous faire part de son échec. A cause d'une patrouille stationnée dans son secteur, il n'a pu parvenir jusqu'au grillage dans les temps. Putain c'est con ! Il a été contraint de faire demi-tour avant de risquer d'être repéré. Trois sur quatre... J'me dis que c'est plutôt pas mal, non ?

****

Retour au présent, au point delta-cinq,

Perdu dans mes pensées, j'laisse le Commandant s'occuper de la parlotte. Moi, l'air absent, j'observe les mines déconfites des mecs autour de nous. Bah ouais, toutes les bonnes choses ont une fin, sauf les saucisses qui en ont deux.

Brandon s'approche de moi. Je pose les yeux sur cette fripouille. Quoi qu'il ait pu dire ou faire, dans le fond je l'aime bien. Il a quand même du style ce gars, un putain de charisme, et une sacrée paire de couilles... Le roi du mensonge et de la manipulation... Il me fait :

« C'est des adieux alors ? »

Je hoche la tête.

« On se roule une pelle ? »

J'ouvre des yeux énormes ! Que ?! Mais au moment ou je lui lâche un regard assassin il pouffe :

« Fait pas cette gueule ! J'déconne Archi ! Enfin, quel que soit son vrai nom. »

Il me tend le bras, je lui serre la main avec poigne.

« Heureusement que y'a pas deux connards comme toi dans cette galaxie... »

Il sourit, visiblement amusé par le compliment. Je me détends :

« Tu m’enverras des places pour l'avant premier de ton prochain film ? »

« Avec plaisir l'ami ! Je trouverai bien un moyen de te les adresser... »

Ensuite je salue chaleureusement les autres. Tyrao et Beaumont je les connais finalement pas plus que ça, même si je respecte leur engagement. Vient le tour de Zigg, le gars qui m'a remplacé dans ma cellule. Il fait une mine d’enterrement. Il me remercie pour tout et nous souhaite bonne chance. J'réponds que la chance n'a rien à voir là dedans. Il me demande alors :

« Je peux au moins connaître ton vrai prénom ? »

Je fais un signe négatif de la tête.

« Top secret mon pote... Tu connais le topo hein. »

Il secoue la tête, levant les yeux au ciel :

« Ouais je connais, la mission avant tout... Va te faire foutre Archi... »

« Et toi, va te faire enculer mon pote ! »

On explose de rire. Voilà, des adieux comme j'aime ! On s'insulte au lieu de chaler comme des gonzesses !

****

Une demi-heure plus tard, périmètre du spatioport,

Les contrôles de sécurité sont de plus en plus stricts. Un nouvelle patrouille nous arrête. Un type s'approche, contourne le véhicule, tandis que son pote reste plus loin, nous gardant en joue. Lorsque l'on ouvre les vitres, il voit nos uniformes. Évidemment on a pas piqué ceux de deux ploucs. On a des grades de lieutenant. Du coup le gars se met direct au garde à vous pour nous saluer. Pratiquant la méthode Brandon lorsqu'il s'agit de rentrer dans les lieux où l'on a rien à foutre, j'y vais au culot, l'air complètement sûr de moi, alors que j'ai des putains de pétoches :

« Repos soldat. C'est quoi tout ce bordel ? Notre transport décolle dans moins d'une heure... »

L'autre se sent soudain obligé de s'expliquer :

« C'est, heu, le nouveau protocole, mon Lieutenant. Vous savez, avec tout ce qui se passe en ce moment... »

Je lance :

« Ouais, je commence à me dire qu'on est vraiment dirigés par des incapables ! »

Ses yeux s'arrondissent, je sens Deran à coté qui se tend. Ouais quand j'y vais au culot, j'y vais vraiment au culot. J’enchaîne, avant que l'on m'arrête pour trahison :

« Même pas fichu d'arrêter quelques pecnots des bordures... Et ça se prétend nos leaders ? Des gars comme ça, dans mon unité, ne feraient pas les malins longtemps. Après quelques séries de pompes et le décrassage quotidien des chiottes à la brosse à dents, même le pire des incapable fini par se prendre en main ! »

En face, l'humain hoche la tête. Il hésite à parler franchement :

« Oui... C'est vrai que... »

Il regarde pour voir si son collège peut l'entendre... Et comme il est trop loin, alors il reprend, sur le ton de la conspiration :

« Moi non plus j'aime pas trop ça. Ça mériterait bien un changement complet de politique... Un peu de sang neuf, avec un peu plus... de poigne. »

« Je vois qu'on est d'accord ! Bon... Où en étions-nous... A oui le contrôle... »

Il secoue la tête :

« Ça ira monsieur, j'suis content de rencontrer enfin quelqu'un qui ose dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Si ça continue, c'est pas les rebelles qui vont mettre notre Moff dehors grand coups de pied... »

Je deviens sévère :

« Hého doucement, soldat ! Je n'ai jamais dit ça ! Ce serait de la haute-trahison... »

Le type devient blanc comme un cul.

« Mais je n'ai rien entendu pour cette fois. Reprenez-vous, soldat. Même si l'on peut douter de l'efficacité de notre administration, il est hors de question d'en arriver à de telles extrémités... Suis-je clair ? »

« Oui Monsieur ! »

Je remonte la vitre et fait signe à Deran d'avancer. Je souffle, comme un ballon de baudruche qui se dégonfle...

« Oh putain... J'sais pas comment Brandon fait pour faire ça à longueur de journée ! J'ai bien cru que ça allait pas marcher, merde ! Putain, j'ai failli craquer... Mais bon, avoue le, j'suis devenu bon à ce jeu hein ? Putain je m'impressionnerait presque haha ! »

Une fois dans le périmètre sécurisé du spatioport, fini les emmerdes. On se gare, on descend. Les soldats nous saluent, on salue les gradés. Bref, exactement comme on le ferait coté République. De ce point de vue toutes les armées marchent de la même façon. Après s'être renseignée auprès d'un agent, on se dirige vers le box où est stationné le vaisseau de ravitaillement que l'on doit emprunter, dans tous les sens du terme. En laissant traîner les oreilles, on peut entendre que le gros des travaux structurels sont terminés. Ils ont pas chômé pendant ce mois... Les prévisions de Brandon était largement optimistes, heureusement qu'on a pas trop attendu pour lancer tout ça. Faut dire, avec le bordel qu'on a foutu en ville, ils ont sûrement accéléré les réparations. Bref, après une succession de corridors, on arrive enfin sur place : un box ovale, dont le toit ouvrant laisse entrer le soleil de cette magnifique journée d'hiver. Le froid commence à être rude, et il paraît que ce n'est que le début... Nous sommes attendus. Plusieurs gardes armés se dirigent vers nous... Ça fait parti du plan ou ?!

Je chuchote à Deran :

« A toi de jouer, je me sens pas d'attaque là. Essaye d'être cool, sans l'être trop ok ?! »
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Korgan retrouve Brandon qui s'adresse en premier lieu au caporal, ce qui est tout à fait normal. Brandon est Korgan ont eu le loisir de se connaître, de s'apprendre l'un l'autre, et ils ont formés à eux deux une sacré équipe. Finalement, les deux hommes finissent par se laisser. Brandon s'approche de lui et lui serre la main. Deran le regarde. Brandon est sans doute le type qui a le plus changé. D'abord homme de main du gang de Jo', il a rapidement su s'adapter à la nouvelle situation après la chute du gang et est devenu une véritable figure de la Rébellion en quelques mois. Aujourd'hui, c'est encore lui l’emblème de la révolution alors que tout le monde croit le sergent-chef enterré six pieds sous terre. Que dire de Tyrao qui avec ses pirates a très bien sut s'installer dans le sud de la planète? Même si les pirates luttent pour leur propre compte, ou du moins, ne luttent pas pour rien, Deran doit admettre que celui-là l'a épaté. Finalement, alors que Brandon va saluer les autres, le commandant les détaille. Voilà la Rébellion. En voilà les membres qui ensemble forment un corps rodé et prêt à l'emploi. Finalement, Deran finit par croiser les bras et déclare:


- Bien, vous savez tous ce qui nous attends pour la suite. Les gungans le savent aussi. Deran sort un datapad et le tend à Fal qui le prends. On risque de ne pas se revoir avant un moment... Sur ce datapad figure de nombreuses informations, accompagnées de notes, de conseils de ma part. Vous êtes libre d'en tenir compte ou pas. Cela vous permettra d'avoir un appui et peut-être des réponses à... Quelques unes de vos questions sur des thèmes pratiques ou stratégiques. Sachez que combattre avec vous a été un honneur. Désormais, vous pouvez assurer, seul, la suite des événements. 
- Bien, mais... Petite question, demanda Tyrao, ne devrait-on pas établir un chef qui dirigera tout? Non?
Deran s'y attendait, mais pas aussi rapidement. Finalement, il déclara:
- De mon point de vue, vous avez tous un rôle à jouer. Vous avez des qualités et des capacités différentes. Vous devez vous appuyer les uns sur les autres et non pas vous écraser les uns sur les autres. Je ne conseille pas d'élire un chef, formez plutôt un conseil de guerre qui saura écouter ses membres et qui appliquera la démocratie.
- Vous pensez que ce soit la meilleure solution? demanda Beaumont.
- J'en suis presque sûr, mais l'erreur n'est pas exclue. Mais, si vous voulez un chef, vous avez beaucoup d'options. Il y aurait Brandon, parce qu'il est une figure emblématique de cette rébellion et qu'il se charge des communications à merveille. Mais d'un autre côté, si vous voulez un chef militaire, vous auriez le choix entre Tyrao et Beaumont. Vous risqueriez de vous diviser, or, c'est ensemble que vous êtes fort. Vous êtes libre de faire ce que bon vous semble, mais si j'étais vous, je resterais dans cette idée d'égalité où vous saurez vous écouter les uns les autres.


Ils se mirent à réfléchir. Beaumont le fixait, Tyraon croisa ses bras et regarda en l'air alors que Fal détournait le regard et que Brandon regardait le sol. Finalement, ils se concertèrent du regard, puis, finirent par hocher la tête entre eux. Deran sourit et finit par reprendre:


- Je pense que tout est dit. Messieurs... Deran effectua un salut militaire. Ils le reprirent. Il continua, Je vous souhaite bonne chance et... Bon courage pour le reste. 


Ils le saluèrent, puis, il leur tourna le dos avec Korgan. Ils remontèrent dans le spider. Un dernier regard. Deran démarra et partit en direction de la ville... Cette fois, c'était la bonne. La fin même. Le commandant mit les gaz et bientôt, les bâtiments de pierre se rapprochèrent rapidement.


Quinze-jours plus tôt.


Deran se glisse derrière un mur et regarde dans la rue près de la caserne impérial. La capuche sur le visage, il ne détecte rien... Pour le moment. Près de lui, l'un des membres de la Rébellion, un technicien. Il fait presque nuit, et le froid commence à s'installer en ville. Brandon ne mentait pas quand il disait que l'hiver approchait. Quelques coups de vents, assez rare cependant, rafraîchissent un peu le combattant. Finalement, il prend sont Talkie et déclare en appuyant sur le bouton:


- Ecureuil mégalo à toutes les équipes... Vous avez un visuel?


La première équipe, composé de deux bons rebelles, réponds par la négative, tout comme la troisième qui répond par la négative elle aussi. Seul deux autres équipes ont un visuel. Celle de Korgan et celle d'un autre rebelle. L'équipe de Deran bien sûr, n'a rien. L'objectif de la mission est assez simple, permettre aux techniciens d'approcher les droïdes de protocoles ou autres des impériaux pour griller leur carte mémoire. Pour le coup, l'équipe de Korgan s'est vu prendre comme cible un astro-mécano, important dans les réparations d'un vaisseau de combat. Une autre équipe à un astro-mécano, Deran a pour cibles un droïde porteur d'informations, les deux autres ont des droïdes protocolaires tout simple, sans véritables intérêts à première vu, mais qui, une fois mis hors service, ne peuvent pas apporter tout le soutien logistique nécessaire à l'empire. Deran se tient prêt et ne perd pas de vue la caserne. Grâce aux Gungans, ils ont pu apprendre que l'un des droïdes de la caserne sortait, tout comme les astro-mécanos. Rois du vols de l'information, et insoupçonnables, ou presque, les Gungans ont fournis un merveilleux travail, très utile et très apprécié de la rébellion. Le technicien à côté de Deran souffle. le commandant l'ignore. Soudain, la porte d'acier s'ouvre, et, escorté par deux soldats, bien sûr, apparaît leur cible. L'autre rebelle souffle comme pour se concentrer et évacuer le stress. Deran finit par déclarer:


- T'inquiètes, une fois que c'est parti... Tu sens plus rien.


L'autre hoche de la tête. Il n'y a rien à comprendre, c'est juste pour rassurer. Deran sort un pistolet-grappin dont le bout a été replacé par un gros aimant. Il va falloir faire ça rapidement. Deran se plaqua à nouveau à l'ombre du mur, sa main plaquant le torse de son partenaire contre le mur lui aussi. Ils calmèrent leur respiration alors que passait les deux hommes et le droïde noire. Machine d'acier qui roulait sur deux pattes, en gros, et qui semblait bien tenir. Deran tendit le pistolet avec l'aimant à son compagnon alors qu'il faisait signe qu'ils allaient les prendre en embuscade plus loin, l'endroit étant trop exposé. Rapidement, mais silencieusement, Deran grimpa sur un toit et fît signe à son compagnon de le suivre. Dans la lumière tombante du jour, il fallait bien avouer que deux hommes courant dans les ombres naissantes de la nuit étaient presque invisible. Un sniper en bandoulière au cas où, Deran savait qu'il allait devoir en faire usage, et étant le meilleur tireur des deux, il n'hésiterait pas à descendre deux blancs-bec d'impériaux. Finalement, ils sauta sur un autre toit suivi de prés par son compagnon. La Rébellion s'était bien entraînée et disposée d'hommes puissants à présents, solidement entraînés, disciplinés, et capable de survivre quel que soit le milieu. Fruit d'une longue période de mise en place et d'entraînement qui avait duré de longs mois, deran était heureux d'en être arrivé là. Finalement, ils sautèrent dans une ruelle adjacente. Le commandant espérait avoir dépasser sa cible, et il jeta un rapide coup d’œil dans la rue. Par chance, c'était le cas, le Droïde avançait plutôt lentement.   


Deran retira le sniper de son dos et se tint prêt à faire feu. Il entendait déjà les pas des impériaux. Il se tint prêt à faire feu. L'autre allait les attirer dans la ruelle sombre. Puis, il s'occuperait du droïde alors que Deran se chargerait des deux impériaux si tout se finissait rapidement. Les deux soldats passèrent et au même moment, d'une voix craintive, l'autre rebelle les attirait dans la ruelle. Interloqués, les soldats entrèrent dans la ruelle, armes au poings, armures noires. Deran visa le premier soldat et tira. Le tir du sniper, puissant, perfora sans mal l'armure du premier soldat au niveau du cœur laissant un flot de sang s'écouler avant que l'impérial ne tombe à genoux puis s'allonge. Soudain, le second répliqua, Deran se baissa pour éviter les tirs. Soudain, les tirs s'arrêtèrent. Il avait déjà plus de munitions? Le commandant se releva pour voir le soldat allongé par terre, tué par la lame du rebelle. Et bien, il avait été vite en besogne. Deran sortit tranquillement et claqua l'épaule de son partenaire.


- C'est du bon boulot tout ça, je vais contacter les autres, bon, et tu l'as mis où le droïde?
- Le droïde? Ah... Merde.
- Non, attends, ne me dis pas que...
- Mais vous sembliez en difficultés? 
- Mais pauvre idiot. Donne-moi le flingue!!


L'autre lui passa l'arme alors que Deran lui filait le sniper. Le commandant sortit, affolé de la ruelle et regarda en tout sens. Il ne tarda pas à voir le droïde qui partait vers la caserne. Brave petite boîte de conserve bien entraînée. Deran se mit à courir derrière elle. Heureusement que ce secteur de la capitale était désert. A cette heure-ci, et étant donné que la caserne ne se trouvait pas loin, les gens préféraient rester loin, ce qui était pour le coup, une très bonne chose. Le commandant ne tarda pas à rattraper le droïde. Au même moment, il nota la présence d'une patrouille de trois hommes qui leur tournait le dos. Bon sang!! Il était tout prêt du but, si près... Mais Deran n'était pas du genre à abandonner, il se mit à l'abri, arma son pistolet, et fit feu. L'aimant partit et se fixa sur la coque d'acier du droïde. Deran lâcha l'arme pour se saisir du câble qu'il enroula à son bras pour éviter de perdre sa cible. Le droïde tira, mais deran, plus fort, parvint à le ramener, au moment même où les soldats se retourner. Il prit le droïde dans ses bras, le souleva de terre et jeta un nouveau coup d’œil rapide pour voir si les impériaux le suivaient... Tonnerre!! Ils arrivaient en courant, ils avaient remarqués qu'il s'était passé quelque chose. Au même moment, au dessus d'un toit voisin, son compagnon lui faisait signe. Le commandant Lui envoya le droïde et courut sur une caisse. Il prit appuie sur la caisse près du mur, et sauta sur le mur, s’agrippa au rebord. Bon sang... Il se hissa sur le toit, et roula pour éviter au regard des impériaux qui entrèrent dans le ruelle au même moment. Le commandant fit signe qu'ils filaient. 


Les deux hommes se carapatèrent et filèrent jusqu'à changer de quartier. Ils posèrent le tas d'acier noir, et là, le technicien fit son travail. Il supprima l'aide des impériaux. Deran en fût rassuré lorsque la machine s'éteignit et que le technicien parvint, après une bonne heure à extraire la carte mémoire de l'appareil. Bon sang. Deran s'en empara et la mit dans une poche. Il la garderait... On ne savait jamais. Finalement, le technicien se releva, s'essuya le visage transpirant et annonça que c'était terminé, cette fois pas de doute. Deux des équipes avaient déjà termine le travail, dont celle de Korgan qui avait le second et dernier appel. ça voulait dire que trois droïdes étaient hors-services, en espérant qu'il y en ait d'autres. Deran prit le Talkie et annonça:


- Écureuil Mégalo aux autres, avons terminé, pas de problème. On se rejoint au point prévu.


Les deux hommes, après avoir jeté le droïde qu'ils avaient fracassés, partirent pour rejoindre le point de rendez-vous. En chemin, Deran reçut les deux derniers appels. L'une des équipes avaient échoués, elle n'avait carrément pas plus approcher la cible, un astro-mécano qui avait été escorté par deux soldats et quelques pilotes ce qui avaient posé problème à tel point qu'avec les patrouilles du coin, ils n'avaient rien pu faire. Au moins n'avaient-ils pas été pris, ce qui était déjà bien. Deran ne répondit rien. Le silence radio allait s'appliquer jusqu'au point de jointure. Marchant dans les ruelles sombres, le commandant dût faire de nombreuses fois attention aux patrouilles qui avaient pris en intensification dans la capitale, mais par chance, ils n'eurent aucun problème. Les autres non plus d'ailleurs...


Retour au présent, Périmètre de sécurité du spatio-port.


Deran s'arrête, bloqué par une énième patrouille. ça va faire la quatrième là!! Bon sang, ils n'arrêtent pas. Et plus on approche du centre-ville, plus c'est pire. Heureusement que les uniformes impériaux évitent encore quelques désagréments, mais mine de rien, ils ont encore perdus du temps. Deran commence à se demander si ce n'est pas la planète qui veut le retenir ici... Ah bon sang. Korgan ouvre la vitre tout comme le commandant. Cette fois, le caporal y va au culot et prends les airs d'un gradé. Bah, ça il a pas de mal... C'est comme de faire le pitre en imitant son supérieur, c'est la même sauf qu'il faut pas se louper. Et puis, quoique l'on en dise, Korgan a une grande gueule, donc bon, ça peut passer. Deran se crispe un peu. Il y'a trop d'impériaux, et son regard virevolte sur tous les détails, le nombre de types, les armes, leurs mains prêtes à faire feu, le matos au bord de la route, les communications mises en place, bref, tout ce qui peut vous indiquer que la situation est sous contrôle, mais bien sous contrôle de l'ennemi. pour le coup, ils ne sont que comédiens dans cette histoire.


Mais Korgan mène bien son jeu, il faut le dire, il se comporte comme un véritable gradé, et le soldat commence même à se montrer sympathique. Bon sang, sur le coup Korgan a assuré. Deran ne déclare rien, et lorsque finalement le barrage les laisse passer, Korgan souffle un bon coup comme s'il stressait. Par contre, il est tout fier de lui, et Deran est forcé de déclarer:


- Ouais... Bravo. Tu viens de m'épater tout simplement. 


Le commandant se gare, et sort du véhicule. Ils sont salués par plusieurs soldats impériaux. Quelques gradés, mais peu que Deran salue rapidement. L'avantage quand vous êtes dans une armée, et ce n'importe laquelle pourvue qu'elle est une hiérarchie, c'est que ça fonctionne à peu près toujours pareil, donc, pour se gourer et faire une erreur, c'est quand même assez difficile. Tout se ressemble. Jusqu'à l'équipement des gradés toujours plus optimisé et plus brillant que les soldats. Bref, les gradés sont reconnaissables, les autres sont tous pareil, ils sont soldats. Finalement, ils arrivent dans une sorte de bâtiment ovale qui laisse voir un beau transport. Magnifique vaisseau sans aucun doute tiré des chantiers impériaux, Deran a une première envie, piloter l'engin. Bon sang, ce serait magnifique... Mais tellement beau... Mais tellement trop bien. Il n'a pas le temps de se réjouir plus longtemps que Korgan le laisse admirer autre chose. Sept soldats s'approche d'eux... Oh merde. ça sent pas bon. Deran regarde Korgan qui préfère lui laisser la main... Mouais... Il va s'en charger... Ou essayer. d'une mine détendue, deran fait comme si de rien n'était, pensant même que les soldats vont passer à côté sans les enquiquiner et... Et bien spur, ce n'est pas le cas, les soldats les intercepte.

- Lieutenant Rox, Lieutenant Karl, veuillez m'excuser mais je suis le capitaine Terys, moi et mon escouade avons pour ordre de fouiller votre transport afin de vérifier que tout va bien.

Deran souffle, comme indigné et finit par lever les bras au ciel.


- Bon sang, le commandant va pas être content, on va encore être en retard et une fois de plus à cause de ces foutues emmerdes.
- Je vous demande pardon?
- Soldat, la dernière fois ce vaisseau à été fouillé, l'avant-dernière fois, il a été fouillé, l'avant avant dernière fois, il a été fouillé, demain il sera fouillé, et après demain aussi peut-être, or, pendant ce même temps, nous devons passer des tonnes de patrouilles. Loin de moi l'idée que cela n'est pas utile, mais j'ai des horaires à tenir, sinon ce croiseur ne sera pas en Etat de marche avant quelques temps.
- Navré, mais... Les ordres.
- Oui, et bien vous expliquerez ça au haut-commandant quand nous arriverons à bord.
- Comment?
- Aller expliquer à l'amiral que l'un de ses vaisseaux n'a pas reçu sa cargaison de matos en temps et en heure à cause d'une fouille... Vous pensez que ça va lui faire plaisir?
- Euh... Non.
- Bon, alors livrez-vous à cette fouille... Mais vous expliquerez au commandant et à l'amiral ensuite pourquoi cette cargaison est arrivé en retard.
- Euh... Bien... Alors, nous allons faire plus simple, nous monterons avec vous et assisterosn au déchargement de la cargaison.
- Bien, je préfère. Montez, prenez place, on décolle dans cinq minutes.


Deran, sans attendre passa entre les soldats qui s'écartèrent. Il monta dans le vaisseau par la soute et rejoignit le poste de pilotage. Là, il prit place dans le siège du pilote... Oh joie... Il regarda les multiples boutons, quelques uns clignotaient vert et rouges, d'autres étaient complètement éteint. Aller, c'était parti. Korgan prit place à côté de lui. Deran démarra la vaisseau, poussa un peu la manette des gaz alors que tout le monde était prêt, et il ferma le porte de le soute. Il enclencha alors son décollage. Lentement, mais avec précision, il commença à soulever l'énorme tas de ferraille chargé de soldats et de l'équipe d'ouvriers qui allait effectuer le changement et prendre le relais sur les réparations. Finalement, Deran réussit à sortir. Il passa au manœuvre habituelle.


- Ici le transport Araldis à contrôle planétaire, quittons la base pour croiseur de combat le prédateur.
- Ici contrôle planétaire, bien reçu, nous informons le vaisseau de votre decollage. terminé.
- Araldis terminé.


Deran ouvre alors un peu plus les gaz et lentement le vaisseau s'arrache, grâce à ses puissants répulseurs, de l'apesanteur. Deran augmente encore un peu la puissance, vire un peu et finit par s'orienter en direction des coordonnées du prédateur. Bientôt, le transport est parti et le sol devient est de plus en plus loin. Il ne faut pas non plus oublier de dire que la ville devient bientôt toute petite jusqu'à devenir un minuscule point. Il regarde finalement Korgan d'un air entendu et déclare:


- On est parti.


Bientôt, ils arrivent dans l'espace. Le prédateur, immense croiseur de combat, armé de canons super-puissant se trouve juste au dessus d'eux. Son énorme carcasse métallique allongé, tel la gueule d'un monstre, les toise, menaçante. Même si Deran s'attendait à quelque chose de gros, il ne s'attendait pas à cela. Le croiseur de combat doit bien faire un bon kilomètre de longueur pour ne pas dire plus. L'énorme machine de combat qui se dresse devant eux, véritable dinosaure, témoin de plusieurs batailles si l’on en croit quelques marques sur la carlingue. Bien équipé, il est clair que ce prédateur apparaît comme un puissant vaisseau de combat. Il doit sans aucun doute être l'un des symboles de la puissance de la marine impériale... Au moins... Finalement, Deran enclenche leur parcours vers les passerelles de décollages. bientôt, alors qu'ils sont en approche, Deran finit par établir un contact:


- Transport Araldis à Croiseur de combat Prédateur, demandons l'autorisation d'attérir.
- Transport Araldis, veuillez déclinez votre immatriculation je vous prie.
- TRJ-640-XV. Attendons votre réponse.
- Transport Araldis, autorisation accordée, veuillez vous poser sur la passerelle numéro deux. Terminé.
- Bien reçu. Terminé.


Deran finit par regarder Korgan, et d'un regard entendu, il déclenche les manœuvres atterrissage. Bon sang... Il y a l'air d'avoir du monde... Deran avertit alors le personnel de bord de atterrissage imminent alors que son cœur bat plus fort. Il souffle alors à Korgan:


- dernière ligne droite. Dernière. 
Korgan Kessel
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« Lieutenants ! Vous êtes en retard ! »

Oh merde ! C'est quoi ce... Je me retourne, lentement, sans geste brusque. Deran est juste à côté. A peine posé le pied dans ce foutu hangar, voilà que nous nous faisons déjà accoster ! Je pose les yeux sur l’uniforme du type. Un lieutenant-colonel si j'arrive encore à reconnaître les gallons. Un grand gars tout sec. Pas l'air commode. Je reconnais immédiatement l’insigne sur sa poitrine : service coordination et logistique. Il fait, visiblement dépité :

« Mais peu importe. La situation est tellement chaotique au sol depuis un mois, que je ne m’étonne plus de rien… Veuillez me suivre. »

Il fait volte-face, demi-tour gauche parfaitement réalisé. Il marche comme s’il avait un balais dans l’anus, enfoncé jusqu’aux amygdales. Il ne vérifie même pas qu’on lui emboîte le pas. En même temps on n’a pas trop le choix. Impossible de remettre en cause ses ordres sans griller notre couverture. Je jette un regard entendu à Deran puis le suit. Il marche vite l’enfoiré. Même pas le temps d'admirer le paysage...

« C’est incroyable quand même qu’une bande de paysans des bordures puisse ainsi défier l’autorité de l’Impératrice ! Une fois les liaisons longue-distances rétablies, des têtes vont tomber, c'est clair ! Mais en attendant, il faut bien faire avec les moyens du bord, n'est-ce pas ? »

C'est pas vraiment une question. Tout en discutant, il se dirige vers une série de turbolifts. Il pose sa main gantée sur le bouton d’appel du premier. Il s’ouvre aussitôt, l'impérial prend place à l’intérieur. On fait de même. Les portes se referment. Secousse caractéristique. Nous montons vers les ponts supérieurs, au-dessus de la section de poupe. Il reprend :

« Bon. J’imagine que vous n’avez pas été correctement briefés… Je me lasse du manque de professionnalisme de nos officiers au sol… J’espère au moins que vous savez pourquoi vous êtes là ?! »

Je hoche la tête, sans un mot. Les gungan sont sensé nous avoir communiqué toutes les informations vitales... Putain je l'espère ouais ! C'est pas comme si on avait une énorme marge de manœuvre, ici, au mileu d'un croiseur ce combat blindé d'Impériaux.

« Bien. Tout ce que vous avez à savoir c’est que les ponts 8 9 et 12, au niveau des sections 47 48 et 49 sont condamnés en raisons des travaux. Demain en fin de matinée aura lieu l’extraction du réservoir de gaz tibiana, il s’agit de l’opération la plus critique des réparations. Une fausse manœuvre et des sections entières de la coque pourraient être touchée, causant des fuites voire des incendies. Pire même si le réservoir n'a pas été correctement purgé et qu'il explose... Espérons que ça n'aille pas jusque là... Charge à vous de limiter la casse. Je vous ai affecté un tiers des fusiliers de marine du croiseur. Il va falloir ceinturer le périmètre, assurer la sécurité des ouvriers, restreinte l'accès au personnel autorisé... Et faire le nécessaire si la situation dérape.  »

Il soupire, visiblement peu convaincu du plan.

« Si j’en crois vos états de service, tout devrait bien se passer… »

Il peste, silencieusement.

« Quelle poisse quand même que les lieutenants Jonas et Arcadie aient tous les deux chopés une indigestion alimentaire lors de leur perm au sol… Ils devraient être à vos places plutôt que dans une infirmerie miteuse, à rendre le contenu de leurs estomacs ! Mais bon, l’armée impériale sait s’adapter, n’est-pas ? Alors ne me décevez pas, ou l’Impératrice entendra parler de vous, faites-moi confiance. »

« Oui mon colonel ! »

Le turbo-lift vibre à nouveau, il freine, s’arrête. Les portes s’ouvrent. Je sors, suivi de Deran. Le lieutenant-colonel reprend la tête de notre petite troupe. Ici les coursives sont plus larges, les couloirs mieux éclairés. On sent que l’on n’est plus dans une zone réservée aux trouffions. A gauche et à droite se succèdent des portes. Sur celles-ci des plaquettes holographiques indiquant grade et nom des locataires. Quartier d’équipage… Et vu les grades, pas celui-ci des sous-officiers. Et ouais, je viens de mettre les pieds dans l'antre de ces connards d'officiers ! Merde moi qui m'étais promis de ne jamais faire ça... Mais bon, c'est un vaisseau impérial, et c'est pour la bonne cause, alors ça compte pas vraiment... Si ?! Après plusieurs minutes de déambulation, on passe à proximité d’une zone ouverte : tables, chaises, fauteuils et même un bar. Le carré des officiers ? Putain ils se font pas chier les salauds ! D'un coup j'ai qu'une envie : poser mon cul là où un général a mis son derche, et y lâcher un putain de pet. Haha. Ouais bon ok, c’est puéril… Complètement même. Mais j'assume.

Soudain notre officier de liaison s’arrête. Il se retourne. Il pose ses yeux sur ma gueule, me dévisage, me déshabille du regard. Il en fait de même avec Deran. Il récupère un petit datapad jusqu’alors rangé dans un étui à sa ceinture, puis le consulte. L’espace d’un instant je le sens mal. Putain j’espère que la couverture crée par les gungans est à l’épreuve de ces connards ! Déjà qu’ils ont réussi à faire en sorte d’empoisonner deux types pour qu’on puisse prendre leur place ici... Intoxication alimentaire ? Mon cul ouais. Haha.

« Hmm… Je suppose que le Lieutenant Karl c’est vous. »

Je hoche de la tête. Un prénom bien pourri, mais comparé aux autres patronymes de cette mission, ca va quoi.

« Bien votre cabine est juste là. Vous avez sûrement connu mieux, mais compte tenu de la précipitation avec laquelle nous avons dû organiser votre transfert… Lieutenant Rox, vous êtes en face. Vous trouvez à l’intérieur tout le nécessaire pour organiser le cordon de sécurité à mettre en place demain matin : carte du croiseur, cartographie du système de maintenance, zones de sécurité, points critiques à protéger en cas d’incident… Dois-je vous rappeler que votre mission est vitale ? J’aimerais croire que les opérations de demain se passeront sans problème et que vous n’aurez qu’à positionner vos soldats où il faut pour ceinturer la zone… Mais préparez-vous au pire. Au moindre incident, il faudra être prêt à réagir pour limiter les pertes humaines et matérielles… Sur ceux, vous avez votre après-midi pour définir votre organisation. Je veux un compte rendu détaillé avant ce soir, que je puisse le faire valider. »

Il fait mine de repartir, mais lance :

« Demain matin : 6h00 tapante je vous veux sur le pont 6. Gloire à l’Empire ! »

Et là, parce que j’ai pas le choix, je lâche cette phrase qui m’arrache la gorge :

« Gloire à l’Empire ! »

Je dissimule comme je le peux mon dégoût, et rentre dans ma cabine…

****


Dix-neuf jours plus tôt, « Le hangar » : QG de fortune de la résistance en ville,

Je pose mon cul dans la canap, et lâche un grognement de satisfaction. Putain que c’est bon de prendre une pause ! J’en avais bien besoin ! Toute la nuit à faire des allers-retours entre ici et la bouche d’égouts de l’autre côté de la rue pour transférer du matériel gungan… Munitions, quelques armes, plusieurs sacoches bourrées d’explosifs… Mais pas que : une malle de fringues, des vivres… Bah ouais, on a pas vraiment le temps d’aller faire des courses dans un supermarché ! Y’a aussi une caisse de grenades, un peu de matos plus… spécial et dont je me demande ce qu’on va bien pouvoir foutre… Comme ce pistolet chelou avec un énorme aimant au bout… Je sens la mission bien pourrie en perspective… J'ai le nez pour ça, ouais.

Je soupire. Deran passe ses journées dans la salle de breifing. Je le vois qu'à l'heure de la bouffe, et encore. Salle de briefing... Un nom pompeux pour le putain de placard à balais que l’on a retapé à l’arrache pour y mettre une table et un holo. J'imagine qu'il potasse déjà les nouvelles du jour, apportées dans la nuit par les gungans. De là il ajuste ses plans, prépare les futures missions, et rédige les demandes de matos supplémentaires. C’est fou comme tout semble super bien rodé vu de loin… Ouais moi je suis tout ça de relativement loin, j’suis pas un grand stratège et je veux pas en devenir un. J'suis un bon soldat, pas un officier ! Deran le sait, il me bourre pas le crane de toutes ses idées, sauf s’il cherche un avis extérieur, l’avis d’un mec en qui il a confiance et dont il connaît la capacité à trouver des idées complètement tordues et dangereuses. Même s'il ne le dit jamais : il kiffe ma façon de penser, haha. Mais bon, ces derniers temps on rit moins. Tout est toujours tendu en ville, on court partout... Chaque sortie, même pour aller pisser risque de nous faire repérer. Il paraît qu'on s'habitue à tout...

Bref, du coup, voilà que j’ai le cul posé sur ce foutu canapé. Un vieux machin récupéré dans une benne y’a quelques jours dans l’espoir de rendre notre planque un peu plus… confortable. Peine perdue. Comment transformer un putain de vieux hangar qui pue le poisson pourri en quelque chose de vivable ?! En même temps, je me dis qu’on est pas là pour prendre du bon temps hein… Mais bon des fois, t’as juste besoin d’un quart d’heure pour faire le vide, sinon tu finis par péter une pile.

Je me laisse glisser sur les coussins défoncés dont la mousse dégueule d’un peu partout. Je ferme les yeux, les garde clos. Ouais j’pourrais aller pioncer sur ma couchette à coté, mais j’ai trop la flemme de me relever maintenant. Soudain quelqu’un se pose à côté. Je sursaute, me redresse. C’est Bowson. L’un des résistants de longue date ici dans la capitale. Il connaît la ville comme sa poche. Le gars a une bonne gueule, toujours le sourire aux lèvres comme si rien ne pouvait l’atteindre. Un moral d'acier dans un corps de crevette. Il le dit lui-même ! Sérieux ! C’est le genre de gars qui a toujours un truc à sortir, même dans les pires situations, et qui arrive à t’arracher un rire. J’sais pas comment il fait : même en me forçant, j’arrive pas à avoir envie de l’envoyer chier. Il me mate quelques instants et me lance :

« On se mate un truc ? »

Je hausse les épaules, alors que mon regarde se pose sur l’holoécran. Pareil : de la récupération. On capte qu’une chaîne… La propagande impériale locale… Pas franchement de quoi se changer les idées… Mais bon, se laisser bouffer la cervelle par un écran, c’est toujours bon pour faire le vide. Je lui réponds :

« Ok. Mais c'est toi qui bouge ton cul. »

Il se relève, l’allume. Ouais on a pas retrouvé la télécommande qui va avec, c’est con hein ? Bref, l’image holographique apparaît, brouillée une fraction de seconde avant de prendre pleinement forme. Face à nous, la tête du présentateur. C’est toujours le même. A croire qu’il bosse 24h/24 ou qu’ils l’ont cloné pour pouvoir diffuser les informations locales, revues et corrigées, en continue :

//… instabilité. Ces personnes, qui se font nommer « résistance »… //

Hein ? L’Empire qui parle de nous après avoir tout tenté pour étouffer nos actes ? Je me redresse d’un bond, dans la canapé, soudain en alerte :

// .. ne sont que des terroristes, des fauteurs de troubles uniquement intéressés par leur propre intérêt ! Il suffit de regarder leurs méthodes pour le comprendre. En exclusivité pour vous ce matin, un reportage exclusif. Des images choquantes prises au lendemain de la destructions des transformateurs électriques des quartiers nord. Attention, âmes sensibles s’abstenir... //

J'ouvre de grands yeux. Le présentateur disparaît, remplacé par un vieillard qui tient entre ses mains un cadavre de chien. Oh merde ! Je reconnais immédiatement le chien Krath qui m'a croqué le cul ! C'est quoi cette embrouille ! A coté du vieux en larmes et couvert du sang de ses bêtes se tient un journaliste. Un mec avec un micro quoi. Il fait :

// Bonjour. Comme vous pouvez le constater, nous vivons ici un drame. Les résistants détruisent tout sur leur passage ! Regardez ! Ce chien a été empalé avec sauvagerie ! Ces hommes ne reculeront devant rien pour assouvir leur soif de vengeance déraisonnée... Ils tueront tout ce qui se mettra en travers de leur chemin, la preuve ! //

Je me redresse d'un bond, la mine déformée par la haine. Oh putain que quelqu'un m'arrête, je vais exploser cet holoviseur ! Soudain Bowson pose sa petite main sur mon gros biceps. Je la gercle d'un mouvement sec. Personne me touche quand je suis un boule ! Il me fait :

« Laisse tomber Korgan, c'est qu'un foutu tissu de mensonges... Je te parie que le vieux est un acteur payé par l'Empire pour jouer la scène... »

Je secoue la tête. Remonté comme pas deux. Je lui réponds sèchement :

« Ouais j'suis pas con. De toute façon qui va croire à ça hein ? Sérieux ? Genre on bute des chiens pour le plaisir ? N'importe quoi ! C'est pas nous qui avons bombardés cette planète hein ! »

Bowson soupire, visiblement déprimé. Oh putain, c'est rare de le voir comme ça. Du coup, ce con arrive à capter toute mon attention. Il lâche :

« Le pire c'est que je te parie que certains vont y croire. Faut pas sous estimer le pouvoir des images, et des écrans Archi... J'étais dans le milieu de la pub avant l'invasion. J'en connais un rayon sur la manipulation visuelle... Il vont marteler ce genre de communications pendant des semaines, et le doute va finir par germer dans bon nombre d'esprits... C'est dégueulasse, mais ça marche... C'est comme ça. »

« Ouais bah alors, permet moi de lui fermer sa gueule ! »

Je fous un putain de coup de pied dans l'écran. Il se brise. D'autres gars qui dormaient jusque là se réveillent en sursaut. Du coup je lance à la cantonade :

« Désolé les gars, incident technique. On va plus capter grand chose dans les jours à venir... »

Soudain, Gérôme, un autre gars de la résistance : un petit roux barraqué, carré même, me coupe la chique. Il avait juste là le nez dans le ravitallement récupéré cette nuit. C'est lui qui gère l'inventaire et l'armurerie. Avant d'être dans le résistance, il tenait un magasin de produits spécialisés pour le bodybuilding. Je savais même pas qu'il y avait des enseignes spécialisées là dedans ! Du coup il m'a refilé quelques tuyaux pour avoir des abdo de rêve, je testerai ça une fois Artorias terminé... Il dit, surpris :

« Y'a une clé de données les gars ! Y'a la signature de Brandon dessus ! Filez moi un datapad qu'on regarde ça ! »

Ouais même ici Brandon a ses fans. En plus de servir de messager et de visage cool et respectable pour la résistance planétaire, il se tape des trips de temps en temps : genre faire un court métrage sur une action bien précise de la résistance, ou alors envoyer un message super philosophique sur la nécessité de se soulever contre l'envahisseur... Je me demande bien ce que ça va être cette fois. Gérôme plante la clé dans la tranche du datapad et l'allume. Rapidos la voix de Brandon sort des haut-parleurs intégré :

// Journal de la résistance, septième édition ! Le sud se soulève ! L'Empire recule. Qui l'aurait cru il y a un an ? Il faut dire que les troubles dans la capitale sont une bénédiction pour les combattants de la liberté éparpillés sur le globe ! Partout on nous signale des avaries dans les divisions de blindés, les chasseurs patrouillent de moins en moins...//

Et la bande continue comme ça pendant dix bonne minutes. Putain, faut croire que l'Empire n'a pas le monopole de la propagande... Et là, soudain, oh putain, un idée ! Je choure le datapad des mains de Gérôme. Il lâche un juron. Je cours jusqu'à la salle de briefing et entre en trombe. J'y trouve Deran en train de jouer avec les pistolet à aimant... Je lui lance direct :

« Dorian, faut que t'écoutes ça ! Ca ma filé une idée... On va niquer la propagande impériale à son propre jeu... »

****

Le lendemain, soit ving jours avant la mission finale, tour de la propagande impériale.

« Prêt ? »

Bowson hoche la tête, puis enfile sa cagoule. Gérôme et Deran font de même. Pour ce coup on est quatre, plus ça aurait été trop louche. On a du piquer une bagnole pour y fourrer notre matos et s'approcher au plus prêt des locaux de l'holojournal. Comme j'ai eu cette putain d'idée, Sarlions m'a laissé le commandement. C'est cool de sa part. On a planifié ensemble le truc. Parce que tout seul j'aurais fais des couilles.

« Tout le monde se souvient du plan ? »

Les têtes disent oui, mais par acquis de conscience je refais le briefing, en version light :

« On rentre par l'arrière, service livraison. Là on neutralise tout ce qui bouge. Tirs paralysants uniquement hein... N'oubliez pas qu'on est là pour redorer notre image... On choppe le premier ascenseur à porté, on monte au cinquante troisième étage. Bowson Gérôme et moi on sort, on prend d'assaut le plateau télé. Deran continue jusqu'au toit pour poser des charges sur les antennes de transmission. Sur le plateau, on s'organise comme ça : Bowson et moi on tient en joue tout le monde. Gérôme tu te démerdes pour planter la clé de Brandon dans leurs appareils et diffuser en direct le message. Ok ? D'après nos estimations... Vu que la garnison est trois kilomètres, on devrait avoir une dizaine de minutes une fois l'alerte donnée. Si tout se passe bien on pourra passer le message en entier. De toute façon on dégage avant la fin, on prend pas de risques. Point de rendez-vous si y'a un soucis : le toit. C'est clair ? »

Tout le monde est OK. Je fais signe à Deran, il avance le véhicule jusqu'à la zone de livraison. Le bâtiment est pas vraiment sécurisé... Qui irait attaquer une chaîne d'holo-télé hein ? Bah nous ouais, seulement nous. Du coup on rentre, on se gare. Je fais un signe... Et soudain on sort du véhicule, en trombe. Y'a pas grand monde. Deux types en train de décharger une caisse, un agent de la sécurité en train d'attendre son café devant un distributeur. Je tire, les autres aussi. Les trois types s’effondrent lourdement. J'imagine qu'il y a des caméras quelque part. Faut pas trainer !

« Go go go ! On fonce ! »

Avec nos habits noirs et nos cagoules on a l'air de cambrioleurs de seconde zone. Mais bon, on n'est pas là pour faire un défilé de mode. Ça serait con que nos gueules apparaissent sur tous les postes de télé de la planète hein ! Pas facile après pour se déplacer. Je fonce en direction de la cage d'ascenseur, plus loin dans le couloir. Les autres sont sur mes talons. Les doubles portes s'ouvrent. Une nana en sort, minijupe, main pleines de datapad. Ni une ni deux je la dézingue. Elle tombe, son matos dégringole, se brise au sol. Pas de pitié pour les secrétaires ! Et puis merde, c'est juste un tir paralysant, elle va pas y rester ! Je saute dans la cabine de l'ascenseur, pose ma grosse patte sur le bouton numéro cinquante-trois. Les autres entrent. On se place au fond, arme prêt à tirer. Les portes se referment, les numéros défilent rapidement sur le cadran. C'est là qu'on risque le plus gros : si on a été capté trop tôt, la sécurité pourrait bloquer la cage. Soudain je sursaute. Une putain de musique d’ascenseur se déclenche. Je lève l'arme et tire sur le haut-parleur. Il explose dans une gerbe d'étincelle. Je fais :

« Désolé les gars, mais j'ai toujours détesté ce genre de musique. »

Personne ne dit rien. Mais du coup on se retrouve comme quatre cons, serrés comme des sardines, dans un ascenseur parfaitement silencieux. On entendrait même péter les mouches. Alors Bowson ouvre sa gueule :

« J'ai une blague les gars. »

Il continue même si on lui dit « noooon, pas encore une de tes vanne de merde !! »

« Vous savez quelle est l'espèce la plus fétarde de la galaxie ?! Bah les Wookies : car même sans boire ils finissent toujours la soirée à poil ! Haha »

« Putain elle est nulle ! »

« En plus ça marche aussi avec les Drall... »

« Rah ! Ça va, vous avez niqué ma chute putain ! J'en ai une autre... »

« Ta gueule, on arrive. »


Quarante-neuf, cinquante, cinquante-et-un, cinquante-deux... DING ! Les portes s'ouvrent. On se jette dehors. Je beugle :

« Mains sur la tête ! Posez vos armes, vos micros ! Tout le monde face contre terre ! »

Oh putain, je suis comme dans un trip, genre cliché des holofilms d'action ou y'a des casses de banque ! Je prends mon pied sérieux ! L'ascenseur repart, Deran est dedans. Il va s'occuper des antennes de transmission sur le toit... Et aussi s'assurer que la zone d'exfiltration est sure.

Face à moi une dizaine de gars et de nanas. Y'a un table ovale, plusieurs sièges, et une armada de caméras braquées sur ce plateau minimaliste. A la place du logo impérial que l'on voit sur toutes les retransmissions, y'a un fond vert. Genre même ça c'est truqué quoi ! Rajouté par effet spécial ou un truc du genre ! Gérôme lui fonce vers la régie. Il tire sur deux techniciens pour avoir les mains libres. Il bidouille, je vois pas grand chose d'ici, de l'autre coté de la vitre. Soudain il se redresse et fait un signe de la tête. Le prompteur change de couleur, il passe du vert au rouge. « Offline » à « Live ». Oh putain je passe à la télé en direct ! Je l’éclairci la gorge... Tout de noir vêtu, cagoulé, une arme entre les mains, j'imagine les ménagère tourner de l'oeil... Et ouais, c'est que j'en fais toujours de l'effet aux femmes, héhé. Je baragouine :

« Nous... somme la Résistance ! L'Empire vous ment ! Depuis des mois nous luttons au quotidien pour prouver au peuple d'Artorias, pour VOUS prouver que l'espoir existe toujours ! L'espoir d'une Artorias libre et indépendante ! Personne d'autre que vous même ne vous y aidera... »

Je vois Gérôme qui s'agite ! Putain, oui ! Je vais la fermer pour qu'il puisse lancer la vidéo ! C'est juste que... Merde c'est bandant de faire la star quoi. Du coup je coupe court :

« Pour vous le démontrer, je vous présente un court métrage de... Juste Brandon, votre héro national, le visage de la résistance, sa voix... »

Gérôme lance le truc. Sérieux, je vais demander un biffeton à Brandon pour lui avoir ciré les bottes avec tant de prestance ! Le prompteur change encore de couleur : bleu cette fois. Je fais :

« Bon, on dégage. Tant pis pour la clé, on la laisse ici. Faut pas qu'on traîne ! »

Pour être certain de ne pas être emmerdé, je commence à tirer sur tous les types à terre. Les deux autres font de même. Et voilà une belle brochette de journalistes et techniciens en train de faire la sieste haha. Cette fois, on se précipite dans les escaliers. Ouais, maintenant qu'on est repéré, ça serait con de se faire enfermer dedans. Quatre à quatre on monte les marches. A chaque pas, je pose les yeux sur ma montre. Les secondes défilent. La tour faire quatre-vingt étages... Alors... Bah on grimpe quoi. Arrivé au soixante-quatre, deux agents de la sécurité tentent de nous barrer la route, mais on les descend aussitôt. Ces gars sont des privés pas vraiment entraînés pour faire face à ce genre de menace.

Enfin, après sept bonnes minutes de course folle, je file un grand coup d'épaule dans la porte du toit. Deran est là, déjà prêt à décamper. A la base des tours de transmissions, il a foutu plusieurs pains d'explosifs, ainsi qu'un minuteur qui affiche deux minutes et dix-sept secondes.

« Aller ! C'est le moment de faire le truc le plus cool de votre vie ! »

Je pose mon sac à dos au sol. Puis je vire mon pantalon et mon pull. Dessous on porte des wingsuit. Une fois le sac bien blindé, je le repasse sur le dos, le sangle bien fort. Je jette un coup d’œil aux autres, ils sont prêt. J'avance, vers le parapet, puis passe par dessus la barrière. Quatre-vingt étages... Oh merde, c'est impressionnant... Ça foutrait les pétoches ouais ! Soudain une rafale de vent glacé me laboure le visage. On a pas intérêt à traîner !

« Paré ! Go ! »

Je me laisse tomber en avant, Deran fait de même. Bowson tombe en hurlant comme une tapette, Gérôme hésite, chiale qu'il peut pas le faire... Mais s'élance à son tour. En fait, franchement, j'vois pas vraiment tout ça en détail. Le vent siffle à mes oreilles, l'air froid me givre les cils et les lèvres... Sauter d'une tour de quatre-vingt étage, la tête la première... Putain j'ai l'adrénaline qui fait des bonds ! Je me laisse tombe en chute libre, une poignée de secondes, puis écarte les bras. La wingsuit se déploie, je me mets à planer... Énorme. Ma chute s'incurve. Plus bas, à environ quatre ou cinq kilomètres, j’aperçois les reflets du soleil sur une étendue d'eau. C'est le lac au milieu du plus grand parc de la ville : notre destination. Je lève lentement un bras, parvient à dériver dans la direction désirée. C'est finalement pas si compliqué... Je me demande bien pourquoi j'ai lu le manuel ! A plus de cent kilomètres heure, la distance est bouffée en moins de deux minutes. On a tellement de vent dans les oreilles que j’étends même pas les bombinettes de Deran faire leur gros boum. Tant pis. Lorsque je juge qu'il est temps de freiner, j'écarte au max les bras et les jambes... La surface de l'eau n'est plus qu'à une cinquantaine de mètre ! Je tire sur la poignée ! Une poche de mon sac à dos s'ouvre en trombe, libérant un petit parachute de secours. Je suis secoué, décélération violente. Mais ma vitesse est encore bien trop élevée... Je serre les jambes, plaque mes bras le long du corps...

SPLACH !

Je plonge dans l'eau, à vive allure, les jambes les premières. Le choc est rude mais supportable. Sans perdre la moindre seconde, je dé-sangle le sac. Je connais la procédure : faut être rapide, sinon c'est un coup à s’emmêler dans les cordes du parachute ! Bref, je m'execute sans attendre, remonte à la surface. Deux têtes sortent : Deran et Bowson.

« Putain où est Gérôme ?! »

Aussi sec je replonge. Il est là. Plus loin, en train de se débattre avec son parachute. Je fais signe à Bowson de rester à la surface. Deran et moi on fonce sur l'empoté. Il est en mode panique totale. C'est pas bon. Je le choppe, le cale entre mes bras musclés, puis choppe un couteau de combat dans l'étui à ma ceinture. Deran fait de même. A deux on a vite fait de libérer l'autre con. On le remonte aussitôt. A peine la tête sortie de l'eau, il prend un putain de respiration, puis crache ses poumons. Au moins il est en vie.

« Bon, faut pas traîner ! On se sépare et on se retrouve à la planque dans deux heures ! »

Je lève les yeux. Une épaisse colonne de fumée noire s'échappe du sommet de la tour radio. TA GUEULE L'EMPIRE !

****

Retour au présent, quartier d'équipage du Prédateur. Cabine du lieutenant Rox.

J'ai les yeux rivés sur les plans. C'est incroyable quand même. Les impériaux nous ont fourni eux même tout ce dont on a besoin pour faire sauter ce croiseur ! C'est fou ! Lorque Deran me montre des trucs, je hoche la tête, en silence. De temps en temps on sort des phrases bateau du genre :

« Ici, le couloir bleu sept. Il faut placer deux hommes pour que le personnel de la cuisine ne puisse pas accéder à la zone pendant les opérations... »

On est pas cons, du moins pas complètement. Y'a fort à parier que nos cabines soient sous écoute. Alors du coup, on raconte de la merde, tout en tapant sur nos datapad pour communiquer. Old School comme diraient certains. C'est pas pour me déplaire. Je tape :

// Ok je vois. Y'a un second réservoir de gaz tibana dans le secteur d'à coté. S'il saute, toute la poupe saute avec... Mais comment on y accède sans se faire capter ? //

C'est un vrai casse-tête... Un travail pour un commandant, pas pour un caporal... Hahah.
Korgan Kessel
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Spoiler:

Le lendemain matin, six heure tapante, pont 6...

Rapide coup d’œil à Deran. Hochement imperceptible de tête. On a bossé sur notre plan toute la nuit, putain je suis claqué. Mais l’adrénaline me tient éveillé, pire que ça, je suis excité comme un puceau le soir de sa première baise. J’ai le cœur qui bat comme un dingue, c’est abusé. Grand inspiration… Expiration : putain de merde, faut que je garde la tête froide. Sinon je vais me faire griller ! Quand j'y pense... On est trop des malades. Enfin surtout Deran. Quoi que… Comme on dit : lequel est le plus fou des deux : le fou, ou celui qui le suit ? Grande question qui traversera les millénaires j’imagine.

Je fais signe au petit groupe de soldats impériaux placés sous mon commandement. Je lance :

« Suivez-moi ! »

Ils répondent par l’affirmative. Je baisse les yeux sur mon datapad. Les manœuvres d’extraction du réservoir de gaz tibana endommagé vont commencer dans un peu moins de quarante minutes. Et autant dire que dans l’Empire quand c’est l’heure, c’est l’heure. Ils tortillent pas du cul pour chier droit : faut bien leur reconnaître. Je grimace : à moi de me coltiner la phase la plus tendue de notre plan. Lors de notre arrivée sur le croiseur, la navette transportait du matos, pour les réparations… Plus quelques petits trucs cachés par les gungans. Des trucs du genre capable de faire quelques feux d'artifices. Faut que je les récupère, sinon c'est mort pour la suite. Je soupire. Et sans attirer l’attention évidemment... Alors j'ai dû trouver une astuce.

J’avance d’un pas rapide, les gars sur mes talons. Je bifurque, me dirige vers une zone de stockage. Là je trouve plusieurs ouvriers en train de déplacer leur matériel. Ils sont sur le pied de guerre, prêt à bosser dès qu’ils auront le top. Je me campe devant eux, droit comme un « i », la mine sévère. Ils s'arrêtent, me dévisagent. Alors je beugle :

« Inspection générale ! écartes-vous des caisses ! »

Regards surpris. J'y lit une pointe de peur. Y'en a un ou deux qui doit pas avoir le cul bien propre m'est d'avis. Quoi qu'il en soit, ils obéissent sans rechigner. Faut dire les gars derrière moi ont déjà la main sur la crosse de leurs pistolets. Ça rigole pas héhé. Sans même me retourner, je balance de nouveaux ordres :

« Prenez-les à part. Fouille au corps, interrogatoire sommaire. Confisquez tout ce qui n'a pas été déclaré. Et si y'en a un qui vous semble louche, on l'embarque ! »

Ouais c'est sévère. Intérieurement j'aurais presque pitié des pauvres types qui ont rien demandé à personne. Ils vont se faire peloter et questionner tout ça pour que je puisse encore mieux la leur mettre à l'envers. Héhé. Nan en fait, au fond, l'ironie de la situation me fait mourir de rire. C'est dingue comme les gungans ont bien joué leur coup en nous plaçant ici... Plus jamais je me foutrai de la gueule de ces batraciens détraqués. Enfin plus jamais avant demain quoi.

Les soldats obtempèrent. En binômes, ils séparent les ouvriers puis les interrogent dans des salles ou des couloirs isolés... J'connais pas vraiment la procédure, mais bon, j'imagine que ça n'a rien d'agréable. Reste avec moi deux derniers impériaux. Intense moment de réflexion. Observation. Les gungans ont marqué la fameuse caisse. Mes yeux glissent dessus. Des boites métalliques, plusieurs en bois sur des palettes amenées ici grâce à un plateau répulseur. Après quelques secondes je décèle une petite croix blanche dessinée juste sous un couvercle. C'est celle là. Je fais à mes deux pots de colle :

« Commencez par là. Inspectez chaque caisse. »

Hochement de tête. Bien-sur je viens de leur désigner la pile la plus éloignée de ma cible. Je rajoute, en m'adressant au plus grand des deux, un blond tout sec qui ressemble à rien :

« Passe ta barre à mine, je commence par l'autre coté... On a pas toute la matinée ! »

L'autre semble surpris, sûrement pas l'habitude qu'un officier mette les mains dans le cambouis. Mais mon argument percute. Ouais il reste plus qu'une demi-heure avant le début des travaux. Dans son regard, je peux presque lire un éclair de sympathie, genre remerciement silencieux. Sauf que je l'ai berné comme un bleu cet abruti : pendant qu'ils ont le dos tournés, j'ouvre MA caisse. A l'intérieur, y'a seulement des trucs réglos : pièces de rechanges, outils... Je tapote sur le fond. Ça sonne creux. Après avoir jeté un coup d’œil par dessus mon épaule pour vérifier que je suis tranquille, j'arrache le double-fond. J'y trouve plusieurs détonateurs de la taille de boutons de manchettes. Des charges de plastiques que j'enfile immédiatement dans les poches intérieures de mon uniforme. Elles sont petites, il faudra les placer stratégiquement si on veut faire quelque chose de bien. Enfin, je récupère le truc le plus cool : un stylo laser plaqué or dissimulant une petite charge EMP. Genre le matos d'agent secret quoi, putain je kiffe trop. Korgan Kessel, espion de la République. Haha ça sonne trop bien. Mon nom est Kessel, Korgan Kessel. Héhé. Bref. Pas le temps de s'amuser. Je referme la caisse et passe à la suivante, dans un simulacre d'inspection des plus sérieuses...


****

Douze jours plus tôt, secteur industriel...

Putain que c’est long. J’ai jamais été du genre patient… Mais alors là… Ça va faire bientôt six heures qu’on a fini de creuser et qu'on squatte cet appartement délabré en tournant en rond comme des félins en cage. J’en peux plus, j’ai qu’une envie : passer à l'action ! Déjà, au loin, je peux voir le soleil descendre vers l’horizon. J’sais que j’ai plus très longtemps à attendre… Mais justement, c’est ce qui rend cette attente encore plus interminable ! Fait chier. Je jure. Gérôme se retourne en sursautant. Il pose ses jumelles et me demande :

« Un problème Archi ? »

Je hausse les épaules, air dépité :

« Non rien, j’en ai juste marre d’attendre. »

Il éclate de rire. Je lui lance un regard assassin. Tout comme moi, il porte des fringues crasseuses, tâchés de terre humide. Il me fait :

« Bah t'as cas prendre les jumelles alors, faut que j’aille pisser. »

Il me les tend, je les prends. Il se relève et disparaît pour aller se soulager contre le mur d’une autre pièce. Je prends sa place, allongé contre la cloison éventrée par un tir planétaire lors de l’attaque de la planète quelque années plus tôt. Je plaque les jumelles sur mes yeux. En contrebas, au bout d’une allée flambant neuve, l’un des plus gros complexes industriels d’Artorias. D’après Gérôme, natif du coin, il s’agissait d’une usine de speeder avant la conquête impériale. Maintenant l’Empire produit de tout et n’importe quoi entre ces murs, pour soutenir l’effort de guerre local : véhicules, blindés, droïdes, et même chasseurs atmosphériques. Il parait que l’Empire fait ça partout, histoire de fortifier les planètes prises, et de filer la frousse aux gens. Bref. Autant dire que les lieux sont sécurisés, on n’entre pas comme ça. Du moins pas sans plan. Or c’est exactement ce qu’on a. Un plan de merde, plein d'inconnu... Mais un plan quand même. C'est déjà pas mal non ?

Soudain des phares m'éblouissent. Je baisse les jumelles. Dans le crépuscule de plus en plus sombre, j'aperçois un bus. Énorme cigare sur répulseurs. Je tourne la tête pour lancer à la cantonade :

« Ils arrivent ! Ramène ton cul ! »

Silence de quelques secondes. Gérôme répond :

« Attend Archi ! Finalement je fais... Ma... Heu... Grosse commission ! »

Je me redresse d'un bond.

« Tu déconnes ?! »

Une terrible odeur de merde me monte aux narines !

« 'tin ! T'aurais plus aller plus loin ! Tu fais chier ! »

« Hé c'est bon, ça va ! C'est pas comme si on allait rester ici encore longtemps ! »


C'est pas faux... Mais bon : question de principe : on chie pas sur un mur à moins de deux mètre de son coéquipier quoi ! Merde ! Y'a des choses qui se font pas ! Connard d'amateur. Bref. En contrebas, le bus s'arrête. Des ouvriers descendent. C'est l'équipe de nuit qui débarque. Des travailleurs journaliers payés au lance pierre par l'Empire. Un travail dangereux, usant. Mais ça se refuse difficilement quand t'as des gosses à nourrir. Au milieu de l’attroupement qui passe les sas de sécurité, deux visages familiers : ceux de Bowson et Deran. Ils ont fait le pied de grue pendant des heures pour se faire embarquer avec les désespérés de l'équipe de nuit. Tout se passe comme prévu donc. Nickel. Je lance :

« Ils sont là, on descend ! »

« Deux secondes... Si tu trouves un caillou plat, je suis preneur, archi... Tu sais... C'est pour me... Tu vois... »

« Démerde toi ! »

« C'est ce que j'essaye de faire figure toi ! »


Je lâche un grognement, et me casse de ce cirque. Quel con quand même. Sans perdre une seconde, je descends les escaliers défoncés. L'immeuble est totalement désert depuis l'occupation impériale, comme la majorité des structures du coin. Les entreprises et usines ont soit fait faillites, soient on été démantelées. J'abandonne notre planque du quatrième étage pour rejoindre le sous-sol. La pénombre rend la descente dangereuse, mais hors de question d'allumer quoi que ce soit. Sinon on risque de se faire capter : personne n'est sensé se trouver ici. C'est seulement lorsque je m'engage dans les sous-sols que je me permets de saisir ma lampe torche. L'air des chargé de poussières et de particules. Faut dire qu'on a creusé comme des demeurés là dessous, et tout ça sans matos de forage. D'après ces abrutis de gungan, l'un des câbles d'alimentation électrique de l'usine impériale, enterré pour plus de sécurité, passe juste sous les fondations de l'édifice. On a mis prêt de trois jours, en se relayant en équipe de deux, pour réussir à le trouver. Putain on avait presque perdu espoir hier soir.

J'avance, m'engage dans le puits qu'on creusé à la force des bras. Au fond, un câble blindé, aussi large que mon torse. Je tombe lourdement dessus. Je fouille dans les poches de ma ceinture tactique, malgré nos vêtements civils, elle ne me lâche pas. J'y trouve ce que je cherche : une petite charge EMP. J'active la minuterie, programme cinq petites minutes. Puis la pose au fond. Je ressors.

C'est alors seulement que Gérôme se pointe. Je lui fais :

« C'est bon, je me suis occupé de tout... Je me demande à quoi tu sers hein... »

« A marquer le territoire non ? »


Malgré moi je lâche un ricanement. Qu'il est con putain. Bref, je reprends :

« On a cinq minutes. On se met en position... Dès que ça pète tout le courant va sauter. Faudra foncer. Tu te souviens du plan ? »

Il me dit oui, mais dans le doute, je refais le topo, alors qu'on bouge au pas de course pour remonter vers le niveau de la rue.

« Quand tout va sauter, ça sera le chaos à l'intérieur. Dorian et Bowson vont faire leur possible pour piquer le premier speeder qui passera à leur porté. Notre job à nous : c'est foutre la merde pour faire croire à une attaque ratée... Et comme ça, personne ne se rendra compte qu'il manque un petit joujou militaire. Ok ? »

Il me refait oui. Bien. Toute la part d'inconnue se joue maintenant... Rez-de-chaussée. On reste planqué sous un arche, bien à l’abri des regards. Je compte les secondes. L'avantage des chargeurs EMP, c'est que ça fait de putains de dégâts aux circuits électroniques pour une détonation minimale. C'est à peine si on va l’entendre sauter d'ici. Dix. Je bande mes muscles, tape sur l'épaule de Gérôme pour qu'il se tienne prêt. Neuf. Huit. Je serre bien la ceinture de mon futal. Sept, six... Je fais craquer ma nuque... Cinq... Quatre... Trois... Deux...

« Go go go go ! »

Je fonce, Gérôme me suit. Soudain toutes les lumières du quartier explosent. Nuit noire. La clôture électrique, juste devant nous, cesse de grésiller. Je fonce dessus, saute, m'y agrippe et l'escalade à la force des bras. Au sommet, plusieurs rouleaux de barbelés. Sans perdre de temps, je récupère une pince pour les découper. Gérôme, plus lourd, moins habitué à ce genre d'exercice peine un peu. Mais du coup ça me laisse le temps de terminer. Je range la pince, tend le bras. Il me le choppe, fermement. Je l'aide à passer par dessus. Il retombe lourdement de l'autre coté. Je fais de même, mais en plus agile quoi...

De l'autre coté des murs, on peut entendre des cris, des bruits de course. C'est le chaos. A peine mes pieds ont-ils touchés le sol que je pars en sprint, je ne sais même pas trop où. On est à l'extérieur, sur une sorte de piste d'essais. Sûrement là qu'ils testent les véhicules. Je croise les doigts pour en trouver un gros avec les clés encore sur le contact... Ouais quoi, on peut toujours rêver... L'obscurité n'aide en rien. Tout ce que je peux voir c'est une sorte de petit bâtiment droit devant. Je m'approche, ralenti le pas... Et soudain je m'arrête, transis de surprise. Gérôme manque de me rentrer dedans en pestant. J'suis là, comme un con, bouche bée. Putain de merde ! C'est pas un préfabriqué posé là, mais un tank ! Ouais un tank, genre modèle pas cher, sur chenilles. J'suis là, à bander devant la taille de ce canon énorme dressé vers le ciel étoilé. Je secoue la tête, reprend mes espris... Je lâche :

« J'crois que j'ai trouvé notre diversion... »

« Arrête ! Tu déconnes ! »


Je me retourne pour le mater droit dans les yeux :

« Tu m'as déjà vu déconner une seule fois ?! »

Regard bovin, sourire pantois. Bah ouais, j'suis pas un petit rigolo hein. Je m'approche encore. Pose la main sur le blindage. J'ai l'impression de le sentir vibrer... J'mets deux secondes avant de piger : parce qu'il vibre vraiment ! Le moteur est en route ! Je monte dessus, aide Gérôme à grimper. Silencieusement, j'avance jusqu'à la trappe du conducteur. Elle est fermée, mais pas verrouillée. Je fais un signe de tête à Gérôme. Il pose ses grosses pattes dessus. A mon signal, il l'ouvre d'un coup. A l'intérieur, un ingénieur relève soudain la tête, yeux écarquillés : intello coupé dans ses mesures héhé. La seconde suivante, mon poing s'écrase sur le coin de sa gueule. Sonnée directe la crevette. J'vais à Gérôme :

« Tu conduits ! Je monte dans la tourelle ! »

Je peux lire la panique sur son visage

« Mais je.. j'ai jamais conduit de tank ! »

Sourire carnassier :

« Et tu crois que j'ai déjà tiré avec un tank moi ? Haha ! C'est facile ! On va appuyer sur tous les boutons et voir ce que ça fait ! Go ! »

Je l'abandonne là. Je monte jusqu'à la tourelle, ouvre la trappe. Personne dans le siège d'artilleur. Parfait. Je m'y engouffre. Le tableau de bord est blindé de boutons de toutes les couleurs. Un vrai sapin de noël. Je les ignore pour le moment. Autant aller à l'efficace. Mes doigts se referment sur un joystick. Ça je connais ! Je le manipule, la tourelle pivote, et avec elle l'affichage tête haute. Gauche, droite. Trop facile. La vision nocturne m'offre une vue incroyable. Des dizaines de tanks rangés en rang d'oignons, attendant l'heure de leur tour de piste. Un peu plus loin, une rangée de chasseurs atmosphériques. J'arrête ma tourelle face à l'un d'eux... Putain ça me démange de...

Soudain notre blindée fait une embardée. Mon index se crispe sur la gâchette du joystick. La tourelle fait feu. Décharge assourdissante. Le chasseur le plus proche disparaît dans une gerbe de flammes. Ouaaah. Mais revers de la médaille : exactement trois secondes après, une sirène générale se déclenche. On est repéré... En même temps, c'est le but hein ! J'hurle pour me faire entendre de l'autre neuneu en bas !

« Fonce ! Bouge ! On doit pas rester là ! »

Pour fêter ça, j'en dézingue un autre ! BOOM ! Une voix étouffée me répond :

« J'essaye merde ! J'essaye ! »

Je l'écoute à moitié. Déjà je fais pivoter ma tourelle. Des types armés approchent. Quels cons. Je tire dans le tas. BOOM BOOM BOOM. Explosion, flammes. Des corps démembrés qui s'envolent. Putain c'est trash, mais efficace. En moins de trente seconde, je transforme la piste d'essais en une véritable scène de guerre. Malgré tout, on se fait rapidement submerger. Ils sont trop nombreux. Leurs tirs ricochent sur le blindage... Mais j'vois plusieurs tenter de monter dans les tanks ou les chasseurs garés là. Comme dans un jeu de tir au pigeon géant, je tente de saper leurs initiatives... Mais impossible de tous leur tirer dessus en même temps ! Seconde de doute. Merde, on va se faire tuer...

Soudain, dans un crissement de chaînes, le tank démarre à fond les ballons. J'suis littéralement écrasé dans mon siège ! Il en a dans le bide ce bestiaux ! Je tire encore et encore. Déluge de feu version XXXL. Gérôme vire, il tourne en rond, paniqué. Je peste, il me répond qu'il fait ce qu'il peut ! Un tank adverse se met en mouvement, je tire plus vite que lui. Il explose, la tourelle éventrée. Un énorme laser fuse dans notre direction, une gerbe de terre vitrifiée nous recouvre. Je tourne, cherche l'origine. C'est pas un blindé, mais trois qui se lancent à notre poursuite ! J'en ai les cheveux qui se dressent sur la tête. Paniqué, je commence à presser sur tous les boutons... Soudain une flash m'aveugle. Je plisse des yeux. J'viens de tirer une salve de roquettes dans la direction de nos poursuivants... Explosion cataclysmique, mur de flamme. J'ai les yeux qui brillent, comme ceux d'un gosse devant un cadeau. Je secoue la tête, pour la garder froide, je lance :

« Faut qu'on dégage de là ! Va tout droit ! Ne t'arrête pas ! »

Nouvelle accélération. Je tire encore pour couvrir nos arrières. Plusieurs de mes lasers perdus découpent la façade de l'usine, les vitres volent en éclats. Putain, j'espère que Deran et Bowson ne sont déjà plus dans cet enfer... On se fait toujours canarder de plus belle, un miracle si on se fait pas dézinguer dans les trente secondes ! C'est tendu ! Soudain j'entends Gérôme beugler, je tourne la tourelle avec précipitation... Juste à temps pour voir un mur de briques. Le choc est d'une violence folle. Je bouffe littéralement le tableau de bord... Mais notre blindé le traverse sans peine. La seconde suivante on se retrouve en pleine rue... Gérôme est en panique :

« J'vais où ? J'fais quoi ?! »

« Vers le centre ! Fonce vers le centre ! »

Et voilà comment on se retrouve à bord d'un tank, lancé à pleine vitesse sur les artères principales d'une mégalopole. Fort heureusement le trafic nocturne est quasiment inexistant compte tenu du couvre feu... Mais à chaque virage, Gérôme bouffe les bordures, arrache les lampadaires, roule sur les speeder stationnés... Un vrai carnage. Des sirènes retentissent au loin. Je tourne la tourelle, tire. Un véhicule est touché de plein fouet, transformé en boule de feu. Les autres font des embardées et s'explosent dans les devantures. La sécurité urbaine est dépassée, leurs speeders légers ne font pas le poids face à notre puissance de feu, haha ! Mais, j'suis pas con, j'me dis que ce n'est qu'une question de secondes avant que l'armée ne débarque en force... Et là, ça sera pas joli joli à voir... Clair qu'ils vont tirer dans le tas ! Du coup, je cogite comme un dingue pour trouver une idée... Et contre toute attente, une me saute à la gueule. J'suis trop un génie :

« Gérôme ! Arrête toi juste au dessus d'une bouche d'égouts ! »

Là, je croise les doigts pour que le tank soit équipé d'une trappe ventrale, comme sur ceux de la République. Je pose la question, le neuneu paniqué me répond par l'affirmative. Parfait. La course poursuite dure encore une poignée de minutes. Je tire dans tous les sens. BIM BAM BOOM SPLAACH. Soudain Gérôme freine. Encore une fois je manque d'embrasser le tableau de bord... Putain, c'est ma soirée...

« On est juste au dessus d'une bouche ! C'est quoi ton plan ?! »

« Ouvre la trappe ventrale, vite ! On se tire ! »


Mon afficheur tête haute devient fou. Des points rouges clignotent de partout. On est encerclés de véhicules de toutes sortes, d'hommes armés... Je riposte encore, pour la forme, histoire de gagner un peu de temps... Mais plusieurs tirs d'arme lourde nous frôlent. L'un même arrache le blindage latéral gauche. Ca sent le roussi ! Une alarme sonne. Nouveaux signaux. Des chasseurs approchent ! Missiles à ciblage laser verrouillés sur nous ! Oh merde ! Il est temps d'y aller ! Adieu petit tank. Je caresse le tableau de bord. Ce fut court mais intense, mais une bonne partie de sexe ! Enfin, j'imagine...

Avec précipitation je quitte mon siège, me laisse glisser dans l'habitacle. La trappe ventrale est juste là. Je saute au travers, la tête la première. Chute de trois bon mètres pour m'éclater dans la fange des égouts. Dégueulasse ! Mais pas le temps de jouer aux vierges effarouchées ! Je prends immédiatement mes jambes à mon cou. Gérôme sur les talons...

C'est alors que, tout explose. Genre explosion de dingue. Détonation tonitruante. Boule de feu qui nous lèche l’arrière-train. On est propulsés en avant, comme des sacs à merde. Limite je perds conscience. Je suis sonné, les oreilles qui sifflent. Odeur de cramé. Je me redresse péniblement. Pas besoin de voir dans le noir pour piger ce qui vient de se passer : les missiles ont touchés leur cible. Méthode expéditive... J'imagine qu'ils pensent nous avoir grillés. Le temps qu'ils virent les décombres... On sera déjà loin. J'ai une petite pensée pour l'ingénieur que j'avais assommé et laissé à l'intérieur... Au moins il aura pas souffert héhé. Qui sait, avec un peu de bol, ils trouveront son corps calciné et penseront même nous avoir descendu !

Bref, péniblement, j'aide Gérôme à se redresser. Il semble déboussolé. Ici, dans les égouts, à cause des capteurs, impossible d'allumer la moindre lumière... On doit se déplacer seulement à tâtons. Je perds toute notion du temps... J'avance, marche. Bref : j'suis totalement perdu, sans repères. Mais j'me dis : on va bien finir par trouver une sortie non ?

Soudain une plaque s'ouvre en crissant juste au dessus de nos tête. J'me dis : ils nous ont retrouvés, on est mort ! Mais non... C'est une voix familière qui nous accueille, celle de Bowson :

« T'avais raison Dorian, ils ont juste avancé tout droit comme des cons... »

Putain de merde... J'ai jamais été aussi heureux d'entendre son humour de merde.

« On vous dépose quelque part les poulettes ? C'est qu'on a un speeder flambant neuf ! Avec ça, on va pouvoir se déplacer un peu partout malgré les restrictions ! Au fait... Le boss a dit un truc, ne le prenez pas mal hein... Mais plus jamais on vous met ensemble pour les diversions... Parce que, sérieux les gars, vous êtes vraiment des putains de malades du cerveau... »

Moi j'prends ça comme un compliment hein...
Korgan Kessel
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Spoiler:

Je referme la dernière caisse. Dans mon dos j'entends plusieurs impériaux revenir de leurs séances d'interrogatoires improvisées. Je me redresse, me retourne. Je les dévisage en silence. Puis fait, après avoir regardé ma montre :

« Inspection terminée. Quelque chose à signaler ? »

Réponses négatives. Aucun objet suspect, les ouvriers ont l'air tout ce qu'il y a de plus réglo. Pourtant, j'sais que parmi eux se trouve un gars du réseau citoyen de Brandon. Il a pour ordre de faire évacuer les civils dès que ça va commencer à péter... Perso, même si c'est prendre un risque supplémentaire, j'préfère bosser comme ça. J'sais que Deran est pas toujours d'accord... Mais moi j'pars du principe que les civils n'ont rien à foutre dans une zone de guerre. Ils ont pas signés pour crever, contrairement à nous, braves soldats. On n'a pas à leur imposer ça. Alors ouais c'est clair, on peut pas toujours éviter les dommages collatéraux, c'est pas ça qui m'arrête... Mais quand on peut trouver une solution, pourquoi la refuser ? Bref. Les ouvriers font la gueule, c'est net. Mais pas un n'ouvre son putain de bec. J'me dis : être officier dans l'armée impériale c'est quand même le pied... Enfin, j'imagine que les échecs se payent cher en retour hein. Bref. Je vais signe aux hommes de se rassembler puis balance :

« Vous deux, vous resterez ici pour surveiller l'avancement des travaux. Je veux également une patrouille dans le secteur six.... »

Je récite les mots appris par cœur pendant la nuit. Notre scénar est au top. Le but : éparpiller les troupes sous couvert de bien contrôler toute la zone, pour nous permettre de mieux nous déplacer ensuite. Je place mes pions donc. Il reste plus qu'un type en face de moi. Je le regarde, il me regarde. Droit dans les yeux. J'sais pas, on dirait qu'il me fixe pour me dire quelque chose, mais j'arrive pas à capter... De toute manière j'ai pas envie de savoir. Je termine :

« Et toi tu vas renforcer le... »

Il me coupe la chique.

« Objection Monsieur... Je ne peux vous laisser seul, c'est contre le protocole 12. »

J'ouvre la bouche pour l'envoyer chier, mais me retient aussitôt. En fait, j'y connais rien au protocole impérial, strictement rien. Du coup, j'ai l'air d'un coup. Je tente de faire bonne figure en improvisant. Je baisse les yeux pour lire sa plaquette d'identification. Dessus une série de chiffres.

« Matricule 21404-C... Très bonne remarque. Vous venez avec moi, nous allons retrouver auprès du lieutenant Rox pour faire notre rapport. »

Huhu, quelle rattrapage de folie. Putain je gère trop. Si ça continue je vais définitivement me recycler dans l'espionnage ! Ouais ok, ça me manquerait les échanges de bastos endiablés, mais j'avoue que l'adrénaline de l'infiltration est quand même sacrément bandante. Genre je peux me faire démasquer à chaque instant, putain c'est géant. Bref. Je fais volte-face, un demi-tour impeccable puis je trace ma route pour revenir sur les pas. Pendant ce temps je cogite grave. Putain, faut que je trouve vite une astuce. Coup d’œil sur ma montre, il reste moins de cinq minutes avant le début des travaux d'extraction du réservoir endommagé... C'est tendu. Bordel à cul. J'ai pas le temps de me coltiner le premier de la classe. C'est pas prévu que je repasse voir Deran... Fait chier. Faut que je trouve une bonne excuse. Je bifurque à gauche, prend à droite. Et là, je peux apercevoir une porte, un peu plus loin, verrouillée, munie d'un pavé numérique. C'est l'entrée d'un tunnel de maintenance. J'suis sensé y faire laisser la charge EMP pour qu'elle explose pile quand tout le bordel va commencer. Bon, pas le choix. Va falloir que j'improvise, comme d'hab. C'est toujours moi qui fait le pire boulot !


****



Dix jours plus tôt... Aux amours vaporeux,

Rapide coup d’œil à gauche, puis à droite. La vapeur est omniprésente, on ne voit rien à plus de trois mètres. J'aurais l'impression d'être seul au monde si un putain de vacarme ne me brisait pas les oreilles. Des rires, des éclats de voix, des gémissements même... Je soupire. Aux amours vaporeux... Lieu de débauche et de luxure en plein cœur de la capitale. A mi chemin entre le thermes, le lupanar et le club échangiste : bonjour l'ambiance... Je lève la main pour approcher ma montre-talkie de mes lèvres. J'y glisse :

« Ours mal-léché à écureuil mégalo, je suis en position. »

Une ombre s'approche, aussitôt je reprends une posture plus... naturelle : les deux mains posées sur le chariot roulant qui me sert de cache-sexe. Un type passe, sans même me jeter un regard. Je me détends... Saloperie de courte paille... J'ai joué, j'ai perdu : du coup c'est moi qui ait le pire rôle... Celui du putain d'agent d’entretien... Et je vous le donne dans le mille : l'uniforme est réduit à son plus simple appareil : C'est à dire un nœud papillon rouge, et rien d'autre ! Absolument rien d'autre ! Sérieux c'est vraiment n'importe quoi ! J'suis là, à oilpé, en train de me balader en poussant un putain de chariot blindé de serviettes propres, sales et de produits divers et variés... Agent d'entretien... Mon cul ouais. J'ai plus de gel lubrifiants que de produits pour laver le sol, je vous laisse imaginer le truc...

Bref. En attendant je tente de jouer mon rôle à la perfection, façon acteur studio : tout ce que m'a apprit Brandon... Avoir l'air décontracté, mais pas trop... M'enfin vu le lieu, je préfère garder les fesses serrées, sait-on jamais ce qui pourrait arriver hein... Je me contente de déambuler, de m'arrêter quand on me siffle ou qu'on me fait signe. Après quoi j'écoute, opine du chef et refile le matos en essayant de garder de putain de sourire cool, surtout quand c'est un plug anal que je refourgue à un couple de gay... Pas facile.

Heureusement le job ne se limite pas à ça... Y'a le coté plus classique de l'entretien. Ramasser les trucs qui traînent genre capotes usagées, sextoys esseulés. Ou éponger les flaques d'eau dans le milieu du passage... Et quand on parle du loup : nouvelle flasque. Droit devant, genre à vous faire casser la gueule sur le carrelage immaculé. Je m'y précipite, espérant que cette opération m'assurera quelques instants de paix intérieure. Je me baisse, me fou à quatre patte... Alors soudain, ça claque !

Je me redresse d'un bond, fait volte-face, rouge de rage, prêt à en coller une à celui ou celle qui vient de me peloter les miches ! Mais rien. La silhouette a déjà disparue dans les brumes... Putain ! Paye ton harcèlement sexuel !

Je secoue la tête, souffle un bon coup... Pas facile de rester calme. Des rires me font sursauter, un autre groupe s’approche : deux hommes et trois femmes, totalement nues. J'prends sur moi pour ne rien laisser paraître... Mes yeux se posent néanmoins sur leurs courbes de rêve. A cet instant j'me dis : après tout, j'ai peut-être pas le pire des rôles...


****

La veille, QG de la résistance,

« Tout est arrangé les gars ! »

Je me redresse, droit comme un « i », et me tourne vers Bowson qui vient de débouler comme une furie dans le bureau de Deran. Putain faut pas me faire des coups comme ça ! J'ai failli faire un arrêt ! Il continue de beugler. Quelle mouche l'a piquée putain !

« C'est bon ! Le contact de Brandon est la patronne d'Aux Amours Vaporeux, c'est un bordel VIP dans le centre... Dans le genre faut lâcher facile un mois de salaire pour espérer une passe les gars ! Alors vous faites pas trop de films... J'sais pas comment il s'est démerdé, mais la dame lui en doit une... Elle va nous faire entrer, faudra se fondre dans le paysage... Et lorsque nos poissons mordront à l'hameçon, on pourra leur sauter dessus ! Génial non ?! »

A ce moment là, j'sens déjà le plan foireux... Et la suite m'a vite donné raison. Il continue :

« Le seul hic c'est qu'elle a pu me dégoter que trois... Hmm... « uniformes » »

Lorsqu'il prononce le mot « uniformes », il mime des guillemets avec ses doigts. Ensuite, il ouvre un paquet et sort une chemise transparente affublée d'un nœud pap' rouge pétant... Oh putain, c'est quoi ce truc.

« Celui là c'est celui de serveur... »

Gérôme, assis à coté, explose de rire. Bowson lui fait :

« Attend, tient toi bien... Y'a pire... »

Là il sort juste un nœud pap', genre pareil que le premier... Mais rien d'autre. Il fait tout sourire :

« Ca c'est l'uniforme de l'agent d'entretien... Y'a rien d'autre ! Haha ! »

Explosion de rire. Fou rire même... J'crois qu'à ce moment aucun de nous ne se rend vraiment compte qu'il devra porter ça dans quelques heures... Enfin il sort un dernier déguisement... Un truc plus cassique, chic même, genre costume de mètre d’hôtel.

« Et v'la la tenue du réceptionniste... Bon, par contre on a rien pour le quatrième... Alors soit il devra jouer le client soit faire le guet dehors... »

« Ouais ! T'en fait un sacré de gay, Bowson ! »

Gérôme se marre tout seul. Il va trop loin pour moi. Je déconne pas avec ça. Je redeviens sérieux. L'autre l'ignore royalement et continue son speech :

« Y'a juste une condition : pas d'embrouilles. Si on fait les cons, elle nous lâche et nous dénonce. Elle veut pas d'emmerdes, ça peut se comprendre. L'Empire a fait fermer tous les bordels sauf celui-ci... Faut dire que la crème de la crème s'y rend, ça aurait fait grincer des dents héhé. Et puis faut bien que les officiers paumés sur notre maudite planète puissent tirer leur crampe quelque part j'imagine ! »

Le fou rire reprend. Général. Ouais ça, ça me fait marrer grave. Je kiff me foutre de la gueule de ces enculés d'impériaux. Gérôme, qui est moins con que son physique pourrait le laisser penser, saute aussitôt sur l'occasion pour en placer une :

« Je prends la réception ! »

Je le coupe dans ses ardeurs :

« Hé minute ! Pas question ! On tire au sort, point barre. »

Et c'est comme ça que j'ai perdu... Putain, moi et mes idées à la con...


****


Retour aux thermes,

Les autres répondent, tout le monde est en position. Bowson à la réception, Gérôme dans ses fringues de serveur, Deran dans notre speeder garé dans la rue en face. Moi, je continue mon numéro. J'ai trop les boules. Je croise le regard de quelques clients, ceux des putes. Ils me remarquent à peine, genre je fais parti des meubles... C'est pas pour me déplaire. Je transpire comme un gamoréen sur Tatooine, il fait une de ces chaleurs... Des bains brûlants se dégagent d'épaisses vapeurs. Je préfère même pas imaginer ce qu'il s'y passe. Pratiquement tout le monde se balade à poil. C'est dingue, un autre monde. J'aurais vu plus de nichons en trente minutes que ces deux dernières années... Pour ce qui est des services trois pièces, j'en vois déjà bien trop souvent à goût : vive l'armée et les douches communes. Bref, c'est pas le sujet.

Soudain la voix de Deran s'échappe de mon oreillette. Les cibles sont là. Je me crispe sur la poignée de mon chariot. Une vingtaine de secondes plus tard, Bowson répond :

« Ils viennent de passer la réception. Casiers numéros 452 et 476. Je leur ai conseillé les bains bouillants. C'est à toi Archi. »

« Ouais, ouais... »

J'accélère le pas. Je m'arrête à deux mètres de la porte des vestiaires pour homme. J'attends en faisant semblant de passer la serpillière. Après quelques minutes, deux types visiblement intimidés passent l’ouverture façon saloon. Ils ont roulé leur serviette autour de leur taille, genre ils sont pas à l'aise avec leurs parties à l'air quoi. Ça me fait marrer, deux coincés du cul. Encore une fois, si on réussi cette mission, on devra remercier le réseau gungan... Ces batraciens ont réussi à faire parvenir des invitations exceptionnelles – et gratuites – aux deux officiers. Ces fumiers ont mordu comme du bon gros poissons pervers sur les bords. Trop facile. Comme quoi : quand y'a du cul, ça marche toujours. Même s'ils ont du mal à l'assumer héhé. Les deux gars restent là quelques secondes, le regard dans le vague. Soudain l'un s'approche de moi. Je fais genre je suis trop occupé pour le voir venir. Il me fait :

« Excusez-moi... »

Je me retourne.

« Pourriez-vous nous indiquer où sont les bains bouillonnants... »

Je les dévisage. C'est trop beau pour être vrai : ces gars sont vraiment des brèles. Bref, je réponds, aussi aimable que possible. Un putain de jeu d'acteur ouais. Parce que sur le coup, j'ai juste envie de répondre : DANS TON CUL GROS PÉDÉ.

« C'est au fond à droite monsieur, dans cette direction... Je peux vous y conduire... »

« Non merci, ça ira. »


Le gars se referme comme une huître. Sûrement pas envie d'être collé par un type à poil. Ça je peux le piger. Il fait signe à son pote puis disparaissent dans le brouillard surchauffé. Je lâche entre mes dents :

« Ils ont mordus. Je les file. »

J'attends quelques instants, puis leur emboîte le pas. D'autres silhouettes apparaissent. Deux femmes, dans leur plus simple appareil, en train de fumer une clope. L'une fait, en ricanant comme une pintade :

« T'as vu leur tête ? C'est leur première fois j'imagine ! Ah ! J'adore les petits nouveaux ! Tu sais, ils se baladent partout avec leur serviette, comme si on allait leur voler leurs bijoux de famille... »

L'autre se marre à son tour. Je m'avance dans leur direction. La seconde tourne la tête et me mate de la tête aux pieds... En passant par ma... mon... Berny quoi. Sans aucune gène, aucune. Elle susurre, comme si je n'étais pas là :

« En parlant de nouveaux... T'as vu le type de l'entretien... Il est sacrément bien foutu... Je ferai bien des extras moi... »

Dans d'autres circonstance peut-être que... Mais là, sans déconner, j'ai pas le temps ! Merde ! Je mérite une médaille juste pour ça ! Je fais mine de ne rien entendre, je passe à coté sans tourner la tête. Au fond, j'suis deg', faut l'avouer. Pareille occasion, c'est unique dans une vie... Mais voilà quoi : le devoir avant tout. L'autre répond :

« Laisse tomber, je te parie qu'il est gay. Y'a des signes qui ne trompent pas... »

Là, réflexe instinctif, je me fige. Putain y'a une chose à ne pas faire, à ne pas dire ! Dans mon dos l'une fait :

« T'as touché une corde sensible ! »

Elles se marrent de plus belle. Les pétasses. Putain, Korgan, zen, reste calme... Inspire, expire... En plus avec la chaleur, j'ai tout sauf la tête froide. Pense à un truc cool, tu sais genre ces vidéos de petits chatons qui traînent partout sur l'holonet... Tu peux le faire... Je prends sur moi un truc de dingue, tout en reprenant mon chemin. Putain de putain : c'est le cas de le dire ! Je secoue la tête. J'ai rien contre les putes d'hab : ma mère était une pute hein... Mais là, elles ont poussé le bouchon trop loin ! Je tente de me reconcentrer sur la mission... Les bains bouillonnants tout ça...

Et justement, j'y arrive à ces fameux jacuzzis. J'approche lentement. Les nappes de vapeurs sont encore plus épaisses : et c'est le but. Ici l'eau est à trente-neuf degrés : de quoi faire perdre la tête à ces petits nouveaux héhé. Ils sont seuls dans le bassin, il faut dire que la patronne a donné comme directive à ses filles de ne pas approcher : ça fait parti du plan. Enfin... Toutes sauf une. Une complice. Une putain de blonde trop bonasse, genre sorti d'un fantasme d'ado en rut. Elle s'avance en se déhanchant : mes hormones ne font qu'un tour. Pour le coup, j'arriverais même à conduire mon chariot sans les mains... L'espace d'un instant j'en oublie presque la raison de ma présence ici. Elle entre dans le bassin, se laisse glisser dans l'eau. Les deux lieutenants sont totalement absorbés... C'est maintenant ou jamais ! Je prends sur moi pour détourner le regard et me précipite sur leurs serviettes posées à la va-vite derrière eux. Je pose mes deux grosses pattes dessus, les retourne. Je trouve rapidement ce que je cherche : les digicartes de leurs casiers respectifs. Nickel. Sans perdre la moindre seconde, je les glisse sous le tas de linge propre de mon chariot et décampe. Je lance dans le micro de ma montre :

« J'ai le colis. Je reviens. A toi de jouer Banana Split »

Je fonce. Ouais... Gérôme s'est choisi lui même ce pseudo merdique. Incroyable mais vrai ! Quel branleur. En fait c'est lui qui a tenu ce qu'on en ait tous... Et comme j'ai pas arrêté de le faire chier à cause de ça, j'ai hérité d'Ours mal-léché... Putain, y'a des claques qui se perdent. Il acquiesce. Môôsieur joue les serveurs. Son rôle : venir proposer aux lieutenants des boissons désaltérantes... Vu l'état dans lequel ils doivent être, ils vont accepter direct. Sauf qu'on aura un peu chargé leurs cocktails, et pas seulement avec de l'alcool... Les gars vont être chaud patate, on est pas prêt de les voir revenir à leurs casiers si tu veux mon avis...

Je reviens sur mes pas. Retour aux vestiaires. Là je me pose en travers de la porte et y dépose ma pancarte jaune « attention sol glissant, risque de chute ». Bowson quitte l’accueil pour me rejoindre. L'air de rien, d'un geste vif et précis, il choppe les cartes sous le linge, et disparaît dedans. Et c'est pile à ce moment qu'un gars se pointe. Un mec à poil évidemment, quoi d'autre ? Un grand type tout sec, grisonnant des tempes et du pubis. Détail que je m'efforce de ne pas noter... Trop tard. Putain. Il tente de me contourner, mais je lui bloque aussitôt le passage. On se retrouve face à face, nos corps dégoulinant de sueur à quelques centimètres l'un de l'autre. Nos bites pourraient presque se serrer la pince et taper la causette. Je réprime un frisson de dégoût. Il me lance un regard assassin. Je réplique :

« Nous avons un... problème... de... Tuyauterie... »

Putain ! Pourquoi est-ce que je dis ça moi ?! C'est sur, avec son service trois pièces sous le nez, j'ai pas les idées claires... Le pire, c'est qu'il pourrait se faire des idées le type, genre scénar pourrave de film de boules ! Pourquoi c'est moi qui me retrouve toujours dans ces situations aussi chelou ? VIE DE MERDE ! Rapidement, je tente de me rattraper :

« De canalisation... Les WC sont bouchés. Ça déborde. Mais tout sera bientôt réparé. Désolé pour le désagrément... »

« Quoi ?! Je ne peux pas récupérer mes affaires ?! »


Non, pas tant que Bowson aura pas fini de piquer les deux uniformes... Mais comment lui dire ça autrement ?

« Pas dans l'immédiat monsieur... Mais la direction m'a fait savoir que le bar offrait les cocktails pour se faire pardonner... »

« J'espère bien... »


Le gars fait demi-tour, disparaît dans les brumes. Ça commence à sentir mauvais. Faut qu'on dégage, et vite. Bowson réapparaît quelques instants plus tard, un tas de serviettes entre les mains : les uniformes roulés en boules à l'intérieur. Il les fout sur mon chariot. Je lance :

« Paquet récupéré, on décolle. »

Ni une ni deux, je prends la direction de l'entrée de service, celle derrière les laveries. Je vérifie que la pièce est vide, puis fait signe aux autres de venir me rejoindre. Dans une panière, je récupère mes fringues et les enfile. Bowson et Gérôme font de même. Chacun dans son coin, genre le pire qui pourrait nous arriver, c'est de nous entre-mater. L'opération ne dure qu'une poignée de secondes, puis je choppe les uniformes sur le chariot que j'abandonne là. J'me dis : v'la le cache-sexe le plus atypique que j'ai porté... Heu... Le seul que j'ai porté je voulais dire. Bref, je m'apprête à passer le pas de la porte, lorsqu'une voix me fait sursauter : celle de la patronne. Elle nous balance, colérique :

« Vous direz à cet enfant de salaud de Brandon que je ne lui dois plus rien ! Ne revenez plus jamais ! Vous n'êtes pas les bienvenus ! »

Je prends même pas le temps de répondre... Je me tire. Deran nous attends déjà au bout de l'allée, speeder prêt à foncer.

Et voilà comment nous sommes parvenu à piquer deux uniformes d'officiers de la marine impériale. Quand j'y repense : une mission sans tirer un seul coup de feu, putain, ça m'arrive pas souvent !


****



Retour au présent, tunnel de maintenance,

Finalement j'ai pas eu le choix, manque d'option. J'ai dis à l'impérial qu'on devait vérifier la zone, être sur que tout soit clean. Pas besoin de répéter qu'on est sensé assurer la sécurité du secteur, faire en sorte qu'aucune personne non autorisée ne se balade dans le coin pendant les travaux sensibles. Le type a rien dit. Il m'a juste fixé. Mais j'sais pas, j'ai cru voir un truc dans son regard. Ca m'a filé un putain de mauvais pressentiment... Sur le coup, j'ai pas fait attention... Et voilà quoi...

C'est la merde.

Le soldat est devant moi, son fusil braqué dans la direction. Il me lance :

« Je ne le répéterai pas une seconde fois ! Qui êtes-vous ?! »

Il se montre plus insistant que la première fois. Putain c'est ma veine. Le tunnel est exigu, je touche presque le plafond. Au dessus de ma tête passent des tonnes de câbles aussi large que mes avant bras. Je suis crispé, très crispé. Faut dire que je porte plusieurs pains de plastique dans mes poches. S'il tire, je vaporise la moitié du secteur... J'ai les mains levées, paumes ouvertes. Je secoue la tête lentement. Mais quel con, j'ai rien vu venir. L'éclairage blafard donne au visage de mon adversaire un air encore plus con.

« Bon... Si tu veux rien dire... Central, ici Matri... »

Je réagis immédiatement. Tentative de bluff ultime :

« Calmez-vous soldat ! Vous faites la pire connerie de ta vie là ! »

Il se fige. Me mate. Il sue comme un porc. Faut dire que l'air est lourd ici. Je peux lire dans son regard une lueur de doute : sûrement que ses années de conditionnement militaire ne l'aide pas à défier un officier. Mais il se repend rapidement :

« Ne me prenez pas pour un imbécile. Il n'y a pas de protocole 12, j'ai sorti ça pour vous tester... J'avais déjà un doute... J'sais pas, une intuition... »

Ouais et j'suis tombé dans le panneau comme un con... Il se rapproche encore un peu. Son canon n'est plus qu'un une longueur de bras de mon abdomen.

« Dernière fois... Après je... »

Soudain ma montre sonne. Je l'avais programmée sur l'heure du début des opérations. Instant de distraction. Il détourne le regard une fraction de seconde. Je passe à l'action. Je tends le bras, détourne le canon. Il tire. Le laser me frôle le visage, éventre les câbles au dessus de ma tête. Des gerbes d'étincelles s'en échappent... La lumière se coupe, puis tout devient rouge : éclairage de secours.

Je lui colle mon poing dans la gueule. Il est sonné, recule. Je lui rentre dedans, coup d'épaule, le plaque contre le mur. Il lâche un râle de douleur. Mais l'enculé riposte rapidement. Il lève son fusil, coup de crosse sur l'arrière du crâne. Je douille. Je me redresse, saisit son arme pour la lui arracher des mains. Mais le mec la lâche aussi sec, pour s'emparer d'un couteau de combat. Putain. Esquive instinctive, je recule direct. La lame fend l'air juste devant moi, balafre mon uniforme. Ses yeux sont exorbités, il est comme enragé. Il me saute dessus, tente de me planter... Mais cette fois, je lui choppe le bras. Il tente force, mais j'arrive à repousser ses bras. Je lève les yeux. Il fait de même. Son visage se décompose... Je crois qu'il a compris. Juste au dessus de nous les câbles éventrés par le tir... Je lâche un sourire carnassier, puis lui repousse les bras. Je me jette au sol.

Flash lumineux. Choc électrique. Le gars est catapulté en arrière, se fracasse contre une cloison. Il se redresse péniblement, sa main calcinée recroquevillée contre son torse. Le couteau a été vaporisé par l'arc électrique. Il titube... Mais je lui laisse aucun répit. Je lui fonce dessus. Nouveau coup d'épaule. Placage en règle contre le mur, avant bras sur sa gorge. Je presse de toute mes forces, il suffoque. Mais l'enculé se débat comme un diable... Coups de poings, de pieds. La pointe de sa botte frôle mon entrejambe, mes bonbons font des bons... S'en est trop : je perds définitivement mon calme... Je recule la tête...

Coups de boules. Je frappe une fois, deux fois... Trois fois. BAM BAM BAM. Son pif éclate, ses yeux roulent dans leurs orbites. Il cesse de bouger, je recule. Son corps glisse le long de la cloison en laissant derrière lui une traînée de sang. Je lui ai littéralement éventré la boite crânienne. Putain. Je passe me passe une main sur le front. J'avais avoir des putains de bleus. Mais il l'a bien mérité : personne ne frôle mes couilles, c'est clair ?! Je baisse les yeux. Mon uniforme est foutu... Merde !

Mon comlink grésille. Une voix s'en échappe :

« Lieutenant Karl ?! Nous avons des signaux inquiétants dans votre secteur, rapport de la situation ?! »

« Tout est sous contrôle. Je répète : tout est sous contrôle...»

« J'envoie une patrouille... »

« Négatif, je... »


Putain ! Trop tard ! Il a coupé ! Merde ! C'était le centre des opérations du croiseur. Saloperie. Je relève les yeux vers les câbles éventrés. Ils ont sûrement capté qu'il se passait un truc. Fait chier. Je regarde ma montre. Plus deux minutes. Les travaux d'extraction du réservoir sont en cours... J'ai pas une seule seconde à perdre ! Rapidement, je repère une armoire électrique. Elle est aussi haute et large que moi. Je l'ouvre. Y'a tout un tas de fils là dedans, ça devrait faire l'affaire. Je choppe le stylo plaqué or, presse le bouton dissimulé au sommet du capuchon. Le minuteur se déclenche... tic-tac-tic-tac... J'ai dix secondes...

Je détale au pas de course, m'engouffre dans la porte d'accès. Retour aux coursives... Pour me retrouver face à deux autres soldats.

Il me regardent avec leurs gueules d'ahuris... Là, j'me fais : j'suis mort.
Korgan Kessel
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Spoiler:

Je m'arrête net. Les deux types lèvent leur armes, les braquent dans ma direction. Putain, j'suis mort... Mais aucun tir mortel ne s'échappe de leurs canons. Ils me fixent. L'un fait, l'air paniqué :

« Lieutenant ?! Que se passe-t-il ?! »

J'pige direct que ma couverture est pas morte. Pas encore. Mon uniforme est déchiré, j'ai du sang sur la gueule. Mais j'suis encore là, dans les habits d'un officier. C'est maintenant où jamais. Je tente le tout pour le tout pour sauver ma peau. Je beugle :

« Des rebelles ! Ils sont dans les tunnels de maintenance ! »

Les deux impériaux ouvrent des putains de yeux surpris. Genre, l'espace de quelques secondes ils arrivent pas à me croire. Bah ouais, merde ! C'est vrai que des rebelles à bord d'un croiseur impérial, c'est impossible ! Putain ils mériteraient une bonne paires de claques... J'en rajoute une couche, autoritaire :

« Qu'est-ce que vous attendez ?! Allez-y ! J'appelle des renforts ! »

Je choppe le communicateur pendu à ma ceinture et fait mine de le porter à mes lèvres. Les deux gars réagissent au quart de tour, soldats disciplinés de l'Empire. Ils baissent leur armes et avancent...

Et c'est pile à ce moment que la charge EMP explose. J'aurais voulu le faire exprès, j'y serais pas arrivé. Pour une fois que j'ai le cul bordé de nouilles, je vais pas me plaindre. Bref.

Détonation étouffée. Les lumières sautent, une alarme assourdissante se déclenchent. Bon ben, c'est clair que toute la sécurité va être en alerte maintenant. L'éclairage de secours se met en marche, rouge blafard. Instant d’inattention, les deux types ont un mouvement de recul. Je passe direct à l'action. Je me jette sur le premier.

Il n'a pas le temps de réagir. Mes mains se referment sur son arme. Coup de coude dans l'estomac. Il se plie en deux. Au même instant, je lui presse l'index, le forçant à écraser la détente. Son arme vomit une volée de lasers. Son pote est frappé de plein fouet, au torse, au visage. Il s'écroule, fumant. Je lâche le fusil, passe derrière lui. Gestes rapides, des centaines de fois répétés. Mon avant-bras gauche passe sur sa gorge... Le droit sur son front. Je serre de toutes mes forces... Craquement sonore. Il s’effondre, nuque brisée. Héhé. Je me frotte les mains, sourire au visage. Pas mal. Vite fait bien fait...

Mais l'heure n'est pas à l’auto-astiquage. Regard à gauche à droite. Personne. Mais ce n'est qu'une question de minutes avant que de véritables renforts arrivent. Tout le vaisseau doit être en alerte maintenant. Et lorsqu'ils tomberont sur les cadavres de ces deux abrutis, ils comprendront vite que c'est pas un incident liés aux travaux à l'extérieur de la coque. Parce que ouais : j'ai pas vraiment le temps de faire du ménage. Je détalle direct au pas de course. Je fonce vers ma cible : le second réservoir de gaz tibana. J'crois que Bowson m'a raconté une fois que ça servait à alimenter les batteries turbo-laser, ou un truc du genre. Là, franchement, tout de suite, j'en ai strictement rien à foutre. Tout en courant, je check que les charges sont toujours dans mes poches. Elles n'ont pas bougées.

Toute la section est plongée dans la semi-pénombre de l’éclairage de secours. Les ombres prennent des allures cauchemardesques. Je fonce toujours. L'avantage de notre plan, c'est qu'on a complètement dispersées les patrouilles. Si je fais pas le con, j'ai le champ libre...

Soudain un laser me frôle la tête, il s'écrase contre la cloison d'en face. Je me jette par l'ouverture la plus proche... Putain ! J'ai la veste bourrée d'explosifs ! Un seul tir et je fais sauter toute la section ! Ça m'apprendra à parler trop vite ! Enfin penser quoi ! Je me prends les pieds dans un truc, m’éclate sur d'autres machins. Dans le noir, ouais parce que l'éclairage de sécurité n'illumine pas franchement tous les foutus réduits de ce putain de vaisseau, j'mets cinq bonnes secondes pour piger que je viens de débouler genre dans le placard à balais. Une serpillière encore humide sur la gueule, je me redresse alors que dans le corridor, j'entends un type de hurler :

« Sortez de là, les mains en évidences ! »

Fait chier. C'était pas le plan putain ! Mode intello : je cogite à mort. Je me redresse. Choppe mon pistolet à ma ceinture. Ils m'auront pas sans combattre... Mais à deux contre un, dans un couloir, j'suis franchement pas en position de force. Je baisse les yeux. Le truc dans lequel je me suis pris les pieds, c'est un genre un chariot d'entretien, ça me rappelle celui que je poussais dans les thermes chelou de la capitale. Et là : PAF une idée. Héhé. Dans le genre diversion à la con, je pourrais avoir une palme d'or... Je recule d'un pas, prend une profonde respiration...

« Couloir J7, nous avons coincé un individu suspect, demandons assistance ! »

Et je fous un putain de coup de pied dans le chariot. L'engin déboule en trombe dans le corridor, s'éclate contre le mur d'en face. Fracas pas possible. Les fous de la gâchette tombent dans le panneau, surpris, ils l'arrosent d'un feu nourri sans même prendre deux secondes pour réfléchir. Aussitôt, je passe la tête et le bras par l'ouverture... Je presse la détente. Ils ont même pas le temps de réagir. Trois tirs, deux mots. Héhé, tu parles d'un diversion... Je secoue la tête. Erreur de débutant. C'est pour ça qu'il faut toujours garder la tête froide sur le terrain : la moindre distraction, même d'une seconde suffit pour se faire refroidir. Mais bref, c'est pas le moment de philosopher. Arme toujours en main, je prends mes jambes à mon cou, en mode : je dégage avant que d'autres se pointent. Avec tout ce bordel, ma main à couper qu'il vont chercher à placer tout le coin en quarantaine, pour en ratisser chaque centimètres carrés.

Là j'me dis : putain Korgan, j'espère que t'as bien mémorisé les plans du vaisseau... Je prends à gauche, puis à droite. Je m'engage dans un long couloir rectiligne. J'suis presque sûr de moi... Bah ouais putain ! Avec le stress et la précipitation j'suis pas certain d'avoir pas raté un croisement ! Soudain je me fige. Des claquements de bottes. Plusieurs impériaux se rapprochent de ma position. Avec les échos, impossible de dire s'il viennent de devant ou derrière... Ni leur nombre. Rah ! Je tourne la tête, à gauche, à droite. Y'a une porte : je m'y précipite. Ma grosse paluche s'écrase sur la commande d'ouverture. Aucun verrouillage. Le panneau d'acier glisse vers le haut. Je m'y jette la tête la première, il se referme dans mon dos. Je reste là silencieux, fixe. J'arrête même de respirer. Autour de moi des consoles illuminent la pénombre tels des sapins de noël. J'sais pas où je suis, mais j'en ai rien à foutre. Les impériaux se rapprochent... Je croise les doigts... Mais ça change rien. Ils s'arrêtent, juste de l'autre coté. Éclats de voix étouffée... J'ai un putain de mauvais pressentiment... Soudain la porte s'ouvre ! Merde ! Mouvement de recul, le me plaque contre le mur, dans la pénombre. Je lève les yeux. Une bouche d'aération. Instinct de survie. Je saute, mes doigts se referment sur la grille. Je relève les jambes, me suspends au plafond. Un type entre. Le canon de son fusil d'assaut est surmonté d'une lampe torche. Il balaye la pièce rapidement puis fait :

« RAS commandant ! »

« Ok ! On bouge ! On va isoler tout cette section du reste du vaisseau... »

La porte se referme. Je serre les dents. Mes abdos sont en feu ! La vache ! Dans ma tête je compte encore jusqu'à dix... Mais arrivé à huit, la grille lâche. Je retombe comme une merde, me la prend sur la gueule. Je jure, me relève rapidos, aux aguets. Mais rien ne se passe. Je souffle, ré-ouvre la porte, passe la tête prudemment... Personne.

Sans attendre, je continue ma progression, passe encore deux intersections. Alors le marquage sur les murs change de couleur. J'entre dans une autre section du bâtiment de guerre. Ici l'éclairage de sécurité rouge blafard laisse place à la lueur crue des néons. Je ralenti le pas, plus prudent que jamais. Le pire dans cette histoire, c'est que je sais même pas si ma couverture est grillée. Clair qu'ils recherchent au moins un intrus... Mais est-ce qu'ils sont parvenu à m'identifier ? J'ai pas trop envie de rallumer mon comlink pour tester.

Mais cette fois j'ai de la chance. J'arrive à destination sans croiser le moindre soldat. Partout sur les écrans suspendus aux murs se diffuse un message d'alerte. Ils doivent ratisser tout le coin où j'ai foutu la merde... J'suis passé au travers des mailles du filet, héhé. Enfin pour le moment. Je m'arrête devant une porte blindée. Elle est verrouillée par un digicode. Celui là je l'ai pas... Mais les gungans ont tout prévu. Je plonge la main dans une des poches de ma veste pour en ressortir un objet métallique ressemblant à un briquet. Je le plaque contre le pavé numérique. Aussitôt six petits bras articulés s'en échappent, plongent dans les commandes en perforant plastique et métal. La seconde suivante la console émet un sifflement, plusieurs étincelles... Puis les voyants passent au vert : la porte blindée glisse dans son logement.

J'entre, et me fige aussitôt. Et merde. Face à moi le fameux réservoir. Il est énorme, aussi large et haut qu'un immeuble de trois étages. Il est encastré dans les murs sur plusieurs niveaux, un véritable labyrinthes de passerelles suspendues cheminent autour de lui. Je baisse les yeux sur mes poches. A l'intérieur : trois pauvres petites charges explosives... Comment j'suis sensé faire ça ?!
Korgan Kessel
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Je reste là, comme un abruti, près de trente secondes, la gueule entre-ouverte, limite la bave aux lèvres. Je lève les yeux jusqu’au sommet du réservoir, que j’aperçois même pas d’ici, vu qu’il s’enfonce dans le pont supérieur.  Puis je baisse les yeux vers mes trois pains de plastique. Ils sont pas plus gros que ma paume… Putain, j’suis sensé faire quoi avec ça ?! Je peste à voix basse. Chiotte. La sensation d’être mal outillé, un vieux cauchemar d’ado héhé. Mais l’en faut plus pour me faire perdre mes moyens : le réservoir qui me résistera n’est pas encore né !

Quoi que je puisse décider, faut que je bouge. Rester là comme un con ne sert à rien ! J’avance donc, pistolet bien en main, sur le qui-vive. J’me dis : autant essayer de faire le tour, et aviser ensuite. Ouais, j'sais, je suis un grand stratège qui s'ignore. Bref, j’avance. Mais soudain des éclats de voix me parviennent. Je me jette derrière la conduite de gaz la plus proche. Accroupi dans l'ombre, j’attends. On dirait deux types qui s’engueulent. Je fronce des sourcils. Chelou... Mais tout ce que je peux affirmer d’ici avec certitude, c’est que le volume sonore ne varie pas. Donc ils sont statiques. Je décider d’avancer dans leur direction.

A moitié à quatre pattes, je longue la conduite, pour dissimuler mon approche. Je progresse, lentement, en silence. Les voix deviennent compréhensibles :

« … devrait dégager ! » 

Ouais, c’est bien deux gars qui s’engueulent. Ça me titille la curiosité...

« Pas question ! On doit rester ici jusqu’à la fin des travaux ! C’est notre ordre de mission ! »

J’avance encore, avec prudence, genre mode ninja. Ils ne sont plus très loin. Je me redresse, lentement, pour jeter un coup d’œil fugitif par-dessus le tuyau. Ils sont juste devant. En uniformes de techniciens. Ils portent tout de même un pistolet-blaster à la cuisse. Le plus jeune des deux répond, visiblement hors de lui :

« Oui, ok ! C’était notre ordre avant le début de l’alerte ! T’es sourds comme un pot ou quoi ? Ils sont en train de ratisser tout le secteur ! Y’a une intrusion ! Faut pas qu'on... »

Huhu. Ils parlent de moi. Trop la classe. J’suis une terreur héhé. Ils ont les boules, les glandes, les crottes de nez qui pendent !

« Putain, mais t’es une vraie gonzesse ! ON NE BOUGE PAS ! Surtout pas maintenant qu’on a isolé le réservoir du reste du vaisseau ! Imagine si on nous demande de le rebrancher en urgence ? On fait quoi si on s’est cassé ?! »  
  
Je me rapproche encore. Ils se prennent le chou pour une histoire d’ordres à respecter ou non. Pour le coup, j’avoue être de l’avis du vieux, même si je pige rien à leur blabla technique. Un ordre est un ordre, point barre. Lorsque je suis assez près, à moins d’une dizaines de mètres, je me redresse d’un bon, arme pointée dans leur direction. Je beugle, pour courir le volume sonore impressionnant du duo :

« Un coup de main les gars ?! »

Ils sursautent. Le plus jeune devient blanc en posant les yeux sur mon arme. Mais l’ancien ne se démonte pas. Il fait volte-face, plonge la main dans son holster. Qu’il est con, maintenant je n’ai plus le choix : je presse la détente. A peine a-t-il posé ses doigts sur la crosse de son arme qu’il s’effondre, fauché au torse par une salve de lasers. Une odeur de chair carbonisée me monte aux narines. Un parfum devenu tellement… familier. L’autre technicien porte les mains à sa bouche, la mine horrifiée. Il recule de plusieurs pas. Lentement, avec un sadisme non dissimulé, j’ajuste ma visée, braque le canon de mon arme dans sa direction. Je lâche :
  
« Un seul geste, et tu vas rejoindre ton débile de pote en enfer. »  
 
Mais l'autre gogol se met à paniquer, il tremble comme un feuille. Soudain, il hurle, me tourne le dos... Tente de fuir. Putain quel con ! Dépité, je presse encore la détente. Les lasers fusent, dévorent l'espace nous sépare en une fraction de seconde. Flash lumineux. Le type bascule en avant, le dos transformé en une bouille informe... Je le regarde tressaillir encore quelques secondes... Je secoue la tête, peste en relevant les yeux vers leur matos éparpillé un peu partout. Sans dec, j'fais quoi moi maintenant ? Aucune idée, retour à la case départ. Je me reproche des corps, toujours sur le qui-vive. De la pointe du pied je retourne l'ancien. Il a un badge agrafé sur la poitrine. Je me baisse, l'examine. Çà ressemble à un passe de sécurité. Je le fous dans ma poche, me disant que ça peut toujours ouvrir quelques portes... Dans le doute... Je reste là, accroupi, le regard dans le vide. Je cogite à mort, cherche un plan. J'aurais bien cuisiné l'un de ces gars pour comprendre comment toute cette installation fonctionne... Y'a forcément un point faible quelque part... Au pire je peux toujours... 

« Et bah ! Il aura fallu que j'aille pisser pour que vous vous calmiez ?! » 

Une voix, dans mon dos, toute proche. Je me redresse d'un bond, fait volte-face. Réflexe de survie, je me jette sur le coté, contre le réservoir, planqué derrière un gros tuyau vertical qui semble jaillir du sol comme un bite prêt pour l'action. Un type apparaît, les yeux rivés sur sa braguette qu'il peine à remonter. Uniforme de technicien lui aussi... Ça me rappelle alors une vanne pourries de Bowson. 
 
 
**** 
 
Six jours plus tôt, en planque dans un speeder volé, à proximité du spatioport. 
 
J'ai la gueule dans le cul. Une nuit pratiquement blanche à observer les patrouilles. Avec tout la merde qu'on fout en ville, les impériaux ne lésinent plus sur la sécurité. Ça grouille de soldats, y'a des barrages partout. Alors même si ça va peut-être pas nous servir de suite, on essaye de se tenir au jus : genre minuter les rondes, compter le nombre relèves... Un travail chiant à clamser mais nécessaire. Je tourne la tête. Bowson s'est endormi comme un merde. Il bave la gueule ouverte. Tranquille le gars, putain. Je regarde ma montre. Ça va être à son quart... Sans ménagement, je lui file un coup de poing dans les pectoraux. Il se réveille en sursaut. Mais ce con me lance un sourire. Putain, jamais je le verrai tirer la gueule celui là... Ça m'énerve un mec qui s’énerve jamais ! Il est pas normal ! Il me fait, la bouche pâteuse : 
 
« Tiens j'ai rêvé d'une blague... » 
 
Je lève les yeux au ciel. Sans déconner, même en dormant il fait des vannes ? Ce type n'arrête jamais... C'est... désolant. Je commence même à me demander si je ne devrais pas l’euthanasier pour le bien de la galaxie...
 
« Tu sais combien il faut de techniciens impériaux pour changer une ampoule ? » 
 
Que ça sent la vanne de merde... Merde puissance dix. Je grogne genre je m'en fous. Il continue :
 
« Trois ! » 
 
Je fronce des sourcils, malgré moi. 
 
« Un pour tenir les outils, un second pour faire la manip... » 
 
Plusieurs secondes de blanc. J’attends la suite. Mais l’autre me lâche un sourire de benêt…  
 
« Putain vas-y accouche ! Et le troisième merde ?! » 
 
Il explose de rire : 
 
« Bah il est en pause ! » 
 
Je lui colle mon poing dans l'estomac. 
 

****

 
Retour au présent, 
 
Et ben putain. Bowson, mon connard, t'avais jamais été aussi près de la vérité qu’avec cette vanne de merde. Je secoue la tête, sans perdre de vue l’autre guignol qui parvient enfin à refermer correctement son futal. Ça en dit long sur sa dextérité. Mais bref. Il continue : 
  
« Quel calme ! Vous êtes mort où... » 
 
Il relève la tête, tout sourire. Ma sa mine se décompose aussitôt. Il hurle, voix de crécelle, mode panique totale : 
 
« OH PUTAIN C'EST QUOI CETTE MERDE ?! » 
 
Soudain en sueur, tremblant, il tente de s'emparer du blaster pendu à sa cuisse. Mais sa main moite glisse, l'arme lui échappe. Elle tombe lourdement au sol. Il se baisse... Il aurait rien pu faire de plus stupide pour me faciliter la tâche... Je bondis dans son dos, pose le canon froid de mon pistolet sur sa nuque. Il se fige, paralysé par la peur... L’instant d’après, il lève les mains. Tellement cliché… Puis pleurniche, la voix chevrotante : 
 
« M'tuez pas ! J'vous jure, je ferai tout ce que vous voulez ! Me tuez pas ! J'veux pas mourir... » 
 
Putain, c'est si désolant que je dois prendre sur moi pour pas presser la détente. Une telle attitude me file juste la nausée… Merde, ce type a pas de couilles ou quoi ?! Sérieux, ils recrutent des pédales dans l'Empire maintenant ?! Je grogne, recule d'un pas. Et ordonne, autoritaire : 
 
« Relève toi, et tourne toi ! Pas de gestes brusques, tes mains bien en évidences... Voilà... Explique-moi tout ce bordel, là ! » 
 
Du menton je désigne la conduite de gaz démontée et le matos éparpillé à côté des deux cadavres encore tièdes. Il hoche la tête servilement, les yeux humides, la morve aux narines : 
 
« Oui !! Bien-sûr !! On a procédé à l'isolation mécanique de la valve principal du réservoir secondaire alpha-2 en prévision d’un risque de défaut d'étanchéité inhérent à la nature des… » 
 
Je relève les babines, montre mes dents, grogne. Je le coupe, agressif, rapprochant le canon de son front: 
 
« ET EN LANGAGE NORMAL CA DONNE QUOI ?! » 
 
Il se décompose, bafouille, bégaye, mais reprend : 
 
« Je... Oui... Pardon... Je... C'est à cause des travaux. On a isolé le réservoir du reste du réseau... Vous voyez... Comme ça si y'a un problème... Y'aura pas de fuites. » 
 
« Ok, j'vois... Et comment ça marche ? » 
 
« Ben heu... La grosse valve là. Elle permet de fermer la vanne d'isolement... Et pour vraiment assurer le truc, la procédure demande à ce qu'on démonte physiquement l’extrémité de la conduite... » 

 
Alors qu'il me cause, je mate le bordel d'un œil nouveau. Ok. Grosse valve rouge, ok. La conduite a été déboulonnée, posée au sol. Les vis et les écrous sont éparpillés tout autour... Et là, dans le vide entre mes deux oreilles, un putain de plan naît. Un beau bébé. Ouais, trop cool comme idée. Korgan, t'es un boss. J’me dis : ça va être un carton plein. J’réponds, sourire carnassier sur les lèvres : 
 
« Ok merci mon pote. » 
 
Je presse la détente. Quasiment touché à bout portant en pleine tête, il a même pas le temps de piger ce qui lui arrive. Il tombe à la renverse. Malgré tout cet abruti a du bol. Je vais encore avoir besoin de lui, alors je l’ai juste shooté à coup de tir paralysant. Je me baisse, pose deux gros doigts sur sa gorge. Le pouls est toujours là. Il respire lentement mais sûrement. Impec. Je mate à gauche, puis à droite. Toujours personne. Bon, plus le temps de prendre des précautions : maintenant faut agir. 
 
Je range mon flingue dans son holster, à ma ceinture, puis traîne le débile que je viens d’assommer en le tirant par les jambes. Puis je bouge les deux cadavres pour avoir de la place. Je prends quelques secondes pour mater l’ensemble. Ça va le faire.  
 
Je plonge les mains dans mes poches, en ressort les charges explosives. Je les active, règle le minuteur sur trente minutes… Y’a plus aucun retour en arrière possible. Je déclenche le compte à rebours... Une vague d’adrénaline me file la gaule. Héhé. Ça me fait toujours cet effet-là de manipuler des gros paquets. Je parle de bombes hein ! Je me baisse, genoux à terre… Puis fourre l’ensemble à l’intérieur du tuyau démonté en les collants comme je le peux à la paroi. 
 
Une fois le job fait, je me redresse, choppe le tube à  deux mains. Il pèse une tonne ce con ! Je grogne, j’en chie, je deviens aussi rouge qu’une pucelle lors de son premier soir de baise. Je le soulève… Et parvient tant bien que mal à le remettre en place. Chier, je manque d’y laisser un doigt ! Je peste. Bref. J'suis en sueur, essoufflé... Mais la suite est une partie de rigolade. Je récupère une clé anglaise dans la caisse à outils, refous les boulons en place. Je serre comme une brute, jusqu’à ce que les écrous crissent sur les filets des vis. Au moins ça ne bougera pas avant le gros BOOM ! Je balance l’outil devenu inutile. Il rebondit lourdement au sol, et tombe dans une fosse entre deux passerelles. Enfin, je pose mes deux grosses pattes sur la valve, qui ressemble à un volant métallique peint en rouge. Ouais c’est un cliché, mais c’est comme ça. Je serre les dents, force dessus. Elle se met à tourner en grinçant. Aussitôt, la conduite gronde. Elle vibre quelques secondes, avant de se stabiliser. Le gaz du réservoir, sous pression, circule à nouveau dedans. 
 
J’imagine déjà le spectacle… Les charges vont péter directement à l’intérieur du réseau de gaz. Autant dire tout le réservoir va imploser, façon scène de fin du monde. Le pied. Ça va être un putain de feu d'artifice ouais. Parfois je rêverai d’être une petite souris pour voir tout ça de plus près… Ou pas. Je chasse cette pensée stupide, j’ai pas le temps de rêvasser… Je pose les yeux sur le cadran digital de ma montre : 
 
Vingt-trois minutes avant explosion. 
 
Faut pas que je traîne ! 
 
Je fais volte-face, me précipite sur le technicien que j’ai paralysé. Je le choppe par le col, le redresse pour lui filer trois beignes. Le gars cligne des yeux, gémit. Soudain il trésaille, en panique total. Je le lâche. Il s’éclate cul au sol, livide. J’lui fait : 
 
« Tu devrais pas traîner mon pote, tout va exploser dans moins de trente minutes… » 
 
Il ouvre des yeux énorme, bouche bée. Il tremble comme une feuille. Mais ne bouge pas. Je fronce des sourcils : 
 
« T’AS SOURD OU T’ES CON ?! CASSE TOI TOUT VA PETER ! » 
 
Il sursaute, se relève d’un bond, recule d’un pas, puis deux… Avant de me tourner le dos et de partir à fond les ballons. J’avais jamais vu un mec courir aussi vite. C’est limite si ses jambes ne s’emmêlent pas au point qu’il se casse la gueule. Je secoue la tête, dépité. Une bonne chose de faite. Dernier regard autour de moi. Bon… Reste plus qu’à se tirer de ce merdier avant le bouquet final. Je re-choppe mon flingue, et revient sur mes pas en trottant : faut que je parvienne à retrouver Deran maintenant… 
 
Moins d'une minute plus tard, une putain d’alarme se met à sonner dans tout le navire. Elle me défonce les tympans. Une voix féminine artificielle hurle : 
 
« ALERTE NIVEAU 1 ! EVACUATION GENERALE ! CECI N’EST PAS UN EXERCICE ! EVACUATION GENERALE ! TOUT LE MONDE DOIT REJOINDRE SON POINT DE RALLIEMENT ! » 

 
Je lâche un sourire. Le technicien a parfaitement joué son rôle. Les impériaux sont psychorigides mais pas cons. Enfin si ils le sont, mais pas dans ce sens là. Bref. Tout ça pour dire qu'ils vont pas sacrifier des milliers d’hommes et de femmes pour rien. Alerte à la bombe, les rats abandonnent le navire par mesure de sécurité… Alors ouais, en laissant filer l'autre abruti, j'ai pris un putain de risque… Mais je doute qu’ils soient capables de désamorcer mes petits cadeaux vu le peu de temps qu’il reste. Surtout vu où je les ai foutu. En tout cas, si je fais tout ça c'est pour la bonne cause : la confusion de l’évacuation va couvrir notre fuite. Du moins en théorie.
 
Je remonte les coursives au pas de course. Un moment j’entends des claquements de bottes… Un groupe de techniciens escorté par deux soldats déboulent dans le couloir devant moi. Mon sang ne fait qu'un tour... Mais les gars sont tellement en speed qu’ils s’occupent même pas de ma gueule. Héhé. Korgan, t’es le roi de la diversion. Je décide de ranger mon flingue pour avoir les deux mains libres. 
 
Rapidement, Dix-sept minutes avant explosion, je rejoins le secteur où j’ai laissé Deran. Et c'est pile à ce moment qu'un souvenir me revient en mémoire. Je l'avais complètement oubliée cette histoire...

 
****
 
Le matin-même, au moment de dire au revoir à la résistance, 
 
Brandon me regarde droit dans les yeux. Un regard plein de détermination. La mine grave. Au début, j’crois qu’il fait la gueule parce qu’on les « abandonne », même si ça a toujours été le deal : on peut pas rester ici ad vitam æternam… Mais rapidement j’pige que c’est pas ça. Il ouvre la bouche pour dire un truc mais la ferme aussitôt. Il plonge la main dans une poche de sa veste et en ressort un bout de papier. Il me le tend. Curieux je le récupère, pose les yeux dessus. Il est tout froissé… Mais sur un coté est griffonné deux séries de chiffres. Je fronce les sourcils puis relève la tête. Brandon fait alors : 
 
« Ecoute Archi… J’sais pas comment ça va se passer là-haut… J’veux pas que tu prennes des risques stupides pour moi hein… » 
 
Comme si on n’en prenait déjà pas assez comme ça. Pour le coup : je m’attends au pire : 
 
« C’est le coordonnées GPS du centre des opérations planétaires impériales… Tu sais, celui dont on a fait les poubelles y’a six mois… » 
 
Quand j’y repense, j’ai l’impression que ça remonte à des années tellement il s’est passé de trucs de dingue entre temps. Je commence à voir où il veut en venir… 
 
« Si jamais t’as une occasion… Je sais pas trop comment… Colle ces coordonnées dans le système de tir du croiseur… Et rase les installations de ces putains de connards d’enculés. Ok ?! » 
 
A mon tour d'avoir la mine grave. Je hoche la tête, mécaniquement. Brandon est un vrai taré qui s’ignore… Alors, intérieurement, parce que j’ai du respect pour cette tête à claques, j’me jure de tenter le coup si jamais j’ai une ouverture… Je dois bien ça à ce monde que la République a lâchement abandonné à son sort.
 

****


Retour au présent, dans les couloirs du secteur sept. 
 
Je m’arrête, me fige. Je secoue lentement la tête… Putain Korgan, me chuchote une petite voix dans ma tête… Tu vas pas faire ça hein… Tu vas pas… Mais c’est déjà trop tard. Mon corps tout entier a déjà fait son choix. Je fais volte-face et repars en arrière, à fond les ballons. Je sprint. Niveau timing ca va être chaud. Impossible même. J'en suis bien conscient... Quel con ouais. J’prends alors cinq secondes pour ouvrir mon communicateur et lancer à Deran : 
 
« Écureuil mégalo… J'voulais juste te dire... Ça a été cool de servir sous tes ordres. J'ai un dernier truc à faire, alors m'attend pas... Casse-toi ! »

Un message d’adieux ouais. J'ai jamais aimé les au-revoir. Faut être réaliste : il reste à peine plus d'un quart d'heure avant l'explosion... C'est un aller simple, y aura pas de retour. Mais voilà, j’suis comme ça : une tête brûlée. J'ai promis un truc, j'le fais, point barre.
 
Trop bon trop con comme dirait l’autre : un résumé de ma chienne de vie.
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Douze minutes avant explosion… 
 
Je m’arrête, à bout de souffle, me plie en deux, les mains sur les genoux. Je dois être aussi rouge que le cul d’une twi’lek. Fait chier. Je peine à respirer, mon cœur bat comme un dingue. Mais j’ai pas vraiment le temps… Vraiment pas. Coup d’œil sur ma montre. Fait chier ! 
 
Je ferme les yeux, tente de me remémorer les plans vu la veille. Autour de moi c’est le bordel absolu : alarmes stridentes, bruits de course. J’ai du mal à me concentrer… Surtout que y’a urgence quoi ! Putain, pourquoi j’ai pas mis quinze minutes de plus sur le détonateur ??? 
 
Je me redresse, repars à fond. Je tourne à gauche, puis encore à gauche. Je déboule dans une coursive plus large que les autres, genre allée centrale dans le croiseur.  Y’a du monde, c’est la folie. La tension est palpable, la peur lisible sur bien des visages. Pourtant autant, j'me dis que ça pourrait être bien pire. Faut reconnaître que les impériaux ont le sens de l’organisation et du respect des consignes. Par petits groupes, les types passent d’un couloir à l’autre, pour aller j’ne sais où. Sûrement vers un point de ralliement pour rejoindre une navette ou une capsule. Mais pour être franc : je m’en branle. Tout ce qui compte : c'est qu'ils sont tellement pressé qu'ils ne me regardent même pas. J'pourrais presque me croire invisible héhé.
 
Moi, en tout cas, j'ralenti pas. J'suis en plein milieu d'un nid de frelons, la moindre couille et je suis mort. Forcément ça donne des ailes. Je remonte l'allée, droit vers la poupe. Du moins c'est le plan... Soudain j’aperçois mon objectif... Enfin ! Putain j'suis trop bon ! J'accélère encore, mode sprint final, direction un groupe de turbo-élévateurs ! Ceux-là, si je me suis pas planté, montent droit vers la passerelle de commandement !

Mais lorsque je ne suis plus qu'à une poignée de mètres... Leurs portes s'ouvrent : toutes en même temps... Une véritable marée humaine en sort. Des types et des gonzesses en uniformes d'opérateurs et d'officiers. Merde ! Je tire une de ces gueules... Mais c'est trop tard pour faire marche arrière... Lancé à pleine bourre, je leur rentre littéralement dedans.
 
Coup d’épaule.

Je défonce le premier, une petite nana. Pas de bol. Frappée en plein visage, elle est propulsée en arrière, sonnée, le pif en en sang. Je fends la foule, aidé par les lois de la dynamique. Des yeux interloqués se braquent direct sur moi, une cacophonie me broie les oreilles : 
 
« Attent... » 
« Qu’est-ce que… » 
« Pour.. » 
« Hé ! » 
« Aie ! »
 
 
« Stop !! Arrêtez-le !! » 
 
J’reconnais immédiatement la voix de cet enfoiré de lieutenant-colonel nous ayant accueilli la veille. Je m’engouffre dans l’ascenseur le plus proche, alors que des mains tentent de m’arrêter, m’arrachant ce qui me reste d’uniforme. L’autre continue de beugler, comme une truie en chaleur : 
 
« Empêchez-le de monter ! » 
 
J'me dis : trop tard pour faire dans la dentelle. Hors de question qu'une bande d'abrutis m'emmerdent. Je fais volte-face, dégaine mon flingue. Rumeur de panique. Je le braque sur le groupe et fait feu sans sommation, dans le tas. Le premier laser fauche le gars le plus proche. Il tombe, raid mort. Les autres ont un mouvement de recul. C'est la débandage. Quelle bande de cons. Les plus courageux se jettent sur le côté, tente de chopper leurs armes pour riposter. Mais je les canarde. Non-stop. Ceux qui échappent à mes tirs se font marcher dessus par leurs potes. De mon autre main, j'appuie comme un dingue sur les commandes du panneau de contrôle de la cabine. Je presse plusieurs boutons. Chuintement pneumatique. La porte commence à se refermer, je souffle. Mais au même instant une main se cramponne dessus. Putain, non ! Les battants s'arrêtent... Se ré-ouvrent ! Fait chier ! Sans réfléchir, je tire. Plein visage. En même temps y'a pas trop de mérite, c'est pratiquement un tir à bout portant. Le type tombe en avant… Évidemment, en plein milieu du passage… Les portes tentent de se refermer à nouveau, buttent sur le cadavre, se ré-ouvrent pour la seconde fois… Rah ! Même dans la mort il va me les gonfler cet abruti ! Cette connerie me distrait une fraction de seconde... Lorsque je relève les yeux… J'ai juste à temps pour voir un type presser sa détente… Je me jette sur le côté... Le déluge de feu commence véritablement.
 
Le premier laser me touche, à l’épaule. L’uniforme n’absorbe rien. Je serre les dents, me presse contre la paroi, profitant de la largeur de la cabine comme d'un maigre couvert. Je riposte comme je peux. Sans sortir la tête : tir en aveugle... Tout en les canardant, je fous, comme un demeuré, des coups de pied au cadavre qui m'emmerde. Des bons coups de bottes dans la gueule et les épaules. C’est d’un glauque… Mais ça marche. Centimètre après centimètre, sous mes assauts, il glisse sur le sol lisse, recule. En face, ils sont déchaînés. C’est de plus en plus tendu pour ma gueule. Putain ! Quelle perte de temps ! La chaleur monte d’un cran, l’air se charge d’ozone, me pique les narines et les yeux. Tout le fond de la cabine est criblé d'impacts carbonisés. Le panneau est noirci, défoncé, fondus. De petites flammèches brûlent au milieu des cratères. C'est vraiment n'importe quoi...
 
Mais ma persévérance paye. En même temps c'est pas comme si j'avais le choix hein. Ultime coup de botte. La boite crânienne du macchabée éclate. Elle explose comme un œuf pourri… Du liquide cérébral se repend partout… Mais le porte est libérée. Un voyant, sur le panneau de commandes, passe du rouge au vert. Elles commencent à se refermer… Je lâche un putain de :

« Allez tous vous faire enc... »

Lorsque, au même instant, une ombre traverse mon champ de vision. Un mec vient de se jeter dans la cabine. Putain de merde, c’est quoi cette connerie ?! Les portes se verrouillent derrière lui. Vibrations. L’ascenseur commence à monter. Sans réfléchir, je braque mon flingue sur le connard d’inconnu. Mais le type me choppe l’avant-bras, le lève. Je canarde le plafond. Les lasers l’éventrent, des étincelles nous retombent sur la gueule alors que l’éclairage saute. Noir total. Oh putain, c'est ma journée ! Inutile à si courte portée, je lâche mon arme. Je frappe, il frappe. Torse, estomac, foie, je morfle, lui aussi. Sans lumière, on frappe au hasard, dans le vide, espérant toucher un point vital… Je lui bloque un bras, il riposte de plus belle. Soudain son poing s'éclate dans ma gueule. Mouvement de recul. Connard ! Je marche sur mon arme, perds l’équilibre. Putain ! Je tombe sur le cul, comme une grosse merde. Mais l’en faut plus pour me faire perdre mes moyens. Je le mitraille aussitôt des puissants coups de pieds. Je le touche, et pas qu'à moitié. Tu l'as pas vu venir celle là hein ?! Il gémit, tombe à son tour, déséquilibré. Je me redresse et bondit. Il est au sol, je me retrouve au-dessus. Il gigote, cherche à me désarçonner. Je m’accroche à son uniforme, lève le poing… Et frappe de toutes mes forces, vers ce que je suppose être son visage. Mais ma main s’éclate contre le sol froid de la cabine ! Saloperie ! Je râle, les phalanges éclatées ! Quel con ! Par réflexe j’ai frappé du droit… Alors que j’ai une prothèse de dingue sur l’avant-bras gauche ! Je morfle, dents serrées. L’autre en profite, reprend le dessus, me fait basculer. La seconde suivante, tel un couple en pleine séance de baise, c’est lui qui se retrouve au-dessus. Enculé ! Ses cuisses puissantes se verrouillent autour de  ma poitrine, son cul lourdement posé sur mon estomac. Souffle court… Je tente de le désarçonner. Mes poings virevoltent… Mais il parvient, j’sais pas comment, à me bloquer les bras. Soudain, une de ses mains se pose sur mon visage. Il presse de toutes ses forces. Je tourne la tête, pour pas qu’il m’explose le pif… Sa paume glisse sur ma bouche. Je l’ouvre, mords de toutes mes forces. Un morceau de chair qui me reste entre les dents. L'autre hurle, me lâche les bras. Je crache le bout de viande, lève le poing... Et frappe ! Dans le mille ! Ma prothèse lui fracasse la gueule. Craquement osseux. Il relâche la pression de ses cuisses. Coup de bassin, je le fais tomber sur le côté. CH'KONG. Il s’éclate de tout son long contre la paroi toute proche… Elle vibre comme un gong.
 
Soudain l’ascenseur freine. S’arrête. CH’DING ! Les portes s’ouvrent. Un halo de lumière me force à plisser des yeux. Plusieurs silhouettes. Cris de stupeur. Ouais j'imagine que le spectacle a de quoi surprendre... Je beugle : 
 
« OCCUPE ! » 
 
Je me redresse d’un bond, me jette sur les commandes. Les autres ont un mouvement de recul, cherchent à se saisir de leurs armes. Mais c’est déjà trop tard. Mon poing s’écrase sur un bouton. Les portes se referment et l’ascension reprend… Mais un bruissement dans mon dos me fait faire volte-face. L’autre n’a pas encore son compte ?! La seconde suivant un flash  lumineux me broie les rétines. Sur celle-ci s’impriment une silhouette armée d’un blaster. MON blaster. Le tir quasi à bout portant passe juste sous mon aisselle. J'ai un cul de monstre ! Odeur de poils roussis. Je bondis. Lui choppe le bras. Il tire encore, mais cette fois je suis hors de mire. Plusieurs lasers ricochent, frappent le plafond, d’autre la porte en métal. L’un me touche à l’arrière de la cuisse, tandis qu’un autre le fauche au bras. On tombe, roule. Je me retrouve encore au-dessus. Mais cette fois, je ne le rate pas. Le type est sonné, à bout de souffle, l’esprit vrillé par la douleur. Moi aussi je morfle, mais je gère… J’ai vu bien pire. Mes deux grosses pattes se referment sur sa gorge… Je serre… Serre de toutes mes forces. Avec mes pouces je lui explose la pomme d’Adam. Elle craque, s'enfonce dans sa trachée. Il se débat, frénétiquement, puis après quelques secondes ses mouvements s’alourdissent… Ses bras retombent lourdement. Je relâche la pression… Me penche sur lui. Il est mort… Pour de bon...
 
Raaah putain ! Quelle connerie ! Je me laisse retomber en arrière, dos contre la cloison. Essoufflé. Tous les muscles endoloris… Mon épaule et mon mollet me lancent. Je grimace, assis seul dans le noir… Mais je remarque aussitôt un truc. Un truc pas cool. Je me redresse. Pose ma paume sur la paroi la plus proche. Aucune vibration ?! On est à l'arrêt ?! A tâtons, je cherche le panneau de commande. Je me crame les doigts sur une bouillie de métal. Merde ! L’autre abruti a tiré dessus ! Putain ! La sécurité s’est activée, ou un truc du genre : la cabine est bloquée entre deux étages ! Hors de question que je crève comme un con parce que je suis resté coincé ce foutoir ! 
 
Je me jette sur la porte, tente de glisser mes doigts entre les deux battants. Impossible, la fente est beaucoup trop fine. Merde ! J’suis pas claustro, mais quand même… Instant de panique, je fais volte-face, plisse des yeux pour tenter de distinguer un truc. Mais tout est bien trop noir. Ultime réflexe. Je me jette au sol, tâtonne. Mes doigts se referment sur mon blaster. Je me relève, pointe le canon vers le plafond… Et tire. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois. Je perds le compte, frénétique. Les flashs lumineux m’aveuglent... Soudain, dans un bordel pas possible, quelque chose me tombe sur le coin de la gueule. Le plafond, criblé de tirs, vient de céder. Une lueur tamisée me donne comme un second souffle. Je baisse les yeux, prend quelques secondes pour analyser ce qui m’entoure maintenant que j’y vois quelque chose. Un cadavre, du jus de cervelle étalée partout. On s’est battu dedans, on en a foutu partout sur le sol et les murs. Mon uniforme, déchiré et brûle en de multiples endroits, est poisseux. Paye ton truc glauque. Je fourre mon flingue dans son holster, puis relève la tête. Genou flexion… Je prends une grande inspiration… Et saute. Bras au dessus de la tête, mes mains se referment sur le métal déchiqueté, tranchant et brûlant. Si ma prothèse s’en branle, mais ma main morfle grave. Mais je serre les dents et me hisse à la force des bras. Comme à l’entraînement, passage d’obstacle. C’est à ça que ça sert d’avoir des biceps et des triceps de rêve, héhé. L’instant suivant, je me retrouve hors de la cabine, dans la cage d’ascenseur. Je me penche avec prudence. Le vide tout autour est impressionnant… La cage est visiblement prévue pour le passage de plusieurs cabines. Je lève les yeux. Idem, c’est dingue comme c’est haut… Fait chier. J'fais quoi maintenant ?! L'heure tourne. Rapidement, je repère une échelle de maintenance. Elle est boulonnée à la cloison, à six bons mètres de ma position. Tendu mais faisable. Je recule de trois pas, prenant bien soin de ne pas trébucher… Je m’arrête, prend une grande inspiration… Et je précipite en avant. Deux grands pas, je saute ! 
 
A peine ai-je quitté la cabine que je sais déjà que je suis mort. Saut complètement foiré, dans la pénombre j'ai trop mal jugé la distance. Je manque l’échelle, et pas d'un peu. Avec un « aaaaaaaaaaaaaaaaaaaah » réflexe, je tombe comme une bonne grosse merde. Chute libre de plusieurs secondes. Panique total, je tente de me raccrocher au vide. Lorsque soudain un bruit assourdissant me vrille les oreilles. La seconde suivante quelque chose me percute, violemment. C’est mon épaule et mon flanc qui morflent. Le machin cède sous mon poids. Je tombe encore, m’éclate sur un sol jonché de débris. Sonné, me faut dix bonnes secondes pour capter que je viens de me faire percuter par une cabine qui monte vers la passerelle. Le choc a défoncé le plafond, je suis passé au travers. Je me redresse lentement, sonné, la gerbe aux lèvres, la gueule pleine de coupures. Sous les débris, y'a les corps de deux types, sûrement tué sur le coup lorsqu’ils se sont pris plus de cent kilo sur la gueule. Je secoue la tête, regrette aussitôt ce geste. Elle est comme une bonbonne de gaz prête à exploser. Mais au moins j’suis entier. Putain, j’ai eu la trouille de ma vie… 
 
Je baisse les yeux sur ma montre. Dans la pénombre je peine à lire le cadran.  
 
Huit minutes avant explosion.

J’la sens vraiment mal cette histoire… 
 
Coup d’œil sur le panneau de contrôle. Le bouton du dernier étage est allumé. C’est la passerelle de commandement au sommet du croiseur. L’ascension dure encore de trèèèès longues secondes, presque une minute. Je tourne en rond, comme un fauve en cage. Mais faut voir le bon coté des choses : cette attente me permet de récupérer, un peu... Enfin les portes s’ouvrent. 
 
Pistolet en main, j’suis là, paré à toutes les éventualités. Surtout les pires et les moins probables. Mais rien ne se passe. La passerelle est plongée dans un éclairage rouge de secours, les alarmes de l’évacuation générale résonnent de partout. Vide. Personne. Devant moi s’alignent, dans une fosse, des dizaines de consoles bardées de boutons, de claviers, de voyants multicolores qui clignotent comme autant de sapins de noël. Y'a aussi une putain de baie vitrée qui offre un panorama impressionnant sur Artorias. Je distingue des dizaines de navettes et capsules s'éloignant du croiseur condamné. Avec prudence, je sors de la cage d’ascenseur. Aucun mouvement. Y’a vraiment personne ?! Ils ont tous évacués, sans exception ? Intérieurement, j’me dis même que les connards de gradés sont sûrement pas du genre à rester en arrière. Tous les mêmes… Sauf  Deran… Quoi que. 
 
Petite pensée pour le commandant. J’espère qu’il s’est tiré comme je le lui ai dit.  
 
Six minutes avant explosion.

J’ai pas le temps de traîner. Arme en main, je me précipite vers la fosses, saute à pied joint dedans. Regard à gauche, à droite. Soudain plein de doutes, je cherche... Un truc. Aucune idée de quoi exactement. C'est où qu'on tire un bombardement orbital sur un croiseur ?? Merde, j’y connais rien moi aux vaisseaux ! Et encore moins en vaisseaux impériaux ! Par réflexe, j'suis venu sur la passerelle en me disant qu'on peut tout contrôler d'ici... Mais en vérité j'ai aucune certitude. Merde.
 
Mais j’ai du bol. Ou du moins, j’ai du bol que les imp' soient vraiment des abrutis psychorigides. Devant chaque pupitre, une plaque indicatrice rivetée indique le grade, rôle et nom de l’opérateur ou de l’officier en charge :

Lieutenant James Borsil, officier de bord...

Major-colonel Galdry Burns, responsable des communications secteur J6...

Lieutenant Colins Maccoy, coordinateur espace-sol…

...


Mes yeux glissent dessus, lorsque soudain je me fige. J'y croyais déjà plus. Face à moi :

Lieutenant-Artilleur Clara Gaggan, opératrice de tir orbital.

Sérieux, j’ai le cul bordé de nouilles ! Enfin pour quelqu’un qui va crever quoi ! Limite je me frotterait les yeux pour vérifier que c'est pas une hallucination... Mais j'ai pas le temps pour ce genre de conneries. Je me jette sur la console, pose mon cul sur le siège solidement boulonné au sol. Y’a des boutons partout… J’en remarque un plus lumineux que les autres. Je presse dessus. Un écran s’allume. L’électronique ronronne… Je pose mon flingue à côté du clavier. Me fait craquer les doigts. Intérieurement je jubile. Putain, Korgan, t’es trop bon quand tu veux. 
 
Mais je déchante aussitôt. Une voix féminine monocorde fait :

« Veuillez entrer le mot de passe... »

Merde ! Je tente de taper le nom de l’opératrice, son prénom… Accès refusé. Merde ! Je regarde à gauche, à droite, cherche une idée... Dans les films, ils trouvent toujours le truc en regardant les effets personnels du gars... Sauf que y'a aucun effet personnel. Cette passerelle est froide, sans vie ! Vive l’Empire quoi... Ultime geste de désespoir d'un gars qui cherche n'importe quoi : je soulève le clavier. J'y crois pas ! Dessous je trouve un post-it, sur lequel y’a marqué : BigBoobs452//d. C'est son mot de passe ?! Sérieux ?! Roh la salope ! Mot de passe de salope ! J'explose de rire. Héhé. Je repose le clavier, tape dessus.

« Accès autorisé » 

« YEAH BABY !!!  » 
 
Ouais, c’est sorti tout seul. J'ai bien le droit d'exprimer ma joie hein ?! Non ? Bref. Plusieurs fenêtres s’ouvrent alors sur l'écran tactile. Cartes stellaires, images satellites. J’y pige pas grand-chose. Sur le coté, en bas, y’a une barre de tâche. Je pose mon gros doigts dessus. Un menu déroulant long comme le bras s’ouvre… Options d’affichage… Données tactiques… Canaux de communications… Paramétrage de tir… Aide à la… Paramétrage de tir ?? Oui ! Je presse dessus. Nouveau pop-up.

« Veuillez entrer à bombarder »

Merde, c'est limite trop facile d'un coup ! Je plonge une main dans une de mes poches, ressors le papier que m’a filé Brandon, puis tape les séries de chiffres. Je presse entrée.

« Etes-vous sûr de vouloir ordonner un bombardement sur ces coordonnée ?! »

Je presse entrée.

« Êtes-vous vraiment sûr ?! »

Je presse entrée.

« Sûr de sûr ?! »

Putain ce logiciel ce fout de ma gueule ou quoi ?! Je défonce la touche entrée.

« Requête envoyée à l’officier de bord. Veuillez attendre sa validation. »

Hein ?! C'est quoi encore ça ?! Officier de bord de mon cul ! Je me redresse d’un bond, remonte l’allée. Je fonce vers la première console, je me souviens encore parfaitement de ce que j’ai lu dessus :

James Borsil, officier de bord.

On me l'a fait pas à moi ! J'imagine que y'a un truc à faire dessus... Mais quoi ? En m'approchant, je remarque un gros voyant rouge qui clignote. Ma main à couper qu'il n'était pas allumé tout à l'heure... Sans me poser de question de presse dessus, en croisant les doigts. Soudain une voix électronique résonne sur toute la passerelle : 
 
« Séquence de tir initialisée… Rejoindrez vos postes de combat… » 
 
Je jubile… Je vais vraiment tirer avec un croiseur sur une planète ?! Putain, c'est trop cool !
 
« Cible verrouillée. Analyse des solutions de tir. Attention ! La cible sélectionnée est hors de portée… Séquences mise en pause… La cible sera à portée de tir dans… Trois minutes. Trois minutes. » 
 
Douche froide. Je baisse les yeux sur ma montre :

Quatre minutes avant explosion.

Instant de doute. Quatre minutes… Une lueur d’espoir naît dans mon esprit. J’ai peut-être le temps de trouver un moyen de me tirer d’ici... De toute façon ca sert à rien que je reste dans le coin à attendre, je pourrais...
 
Soudain un « Sh’ding » sonore me fait sursauter, me coupe dans mes pensées. Par réflexe, je me jette sous la console la plus proche : celle de l'officier de bord, accroupi dans l'ombre. Une voix, humaine celle-ci, s’élève, au-dessus de la fosse. Cette voix, je la reconnais immédiatement : celle du lieutenant-colonel qui nous a accueilli la veille. Putain quel pot de colle ! Il n’est pas seul. Il ordonne : 
 
« Il est encore ici ! Fouillez toute la zone ! Abattez le ! Je vais désactiver la séquence de tir ! » 
 
Je grimace. C’est mort pour la fuite ! Faut toujours qu'une connerie arrive quand on l'attend pas... J'ai aucune idée de leur nombre, mais je me dis : je me rendrais pas sans combattre ! Je glisse ma main vers mon holster. Vide. Je fronce les sourcils… Putain ! J’ai laissé mon flingue à coté du clavier de l’opératrice aux bigboobs ! De ma planque je peux le voir, à l'autre bout de la fosse...

Putain, Korgan, sans déconner... T'es vraiment trop con !!!
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Un peu plus de trois minutes avant explosion… 
 
Recroquevillé sous le bureau, j’ai les yeux rivés sur mon arme. Putain ! Quel con ! J'suis vraiment un abruti, c'est pas possible... Au-dessus de ma tête, sur la passerelle de commandement surplombant la fosse, les connards d’impériaux se déploient. Pas moyen de les voir sans sortir la tête et me faire canarder… Mais j’entends clairement leurs bottes claquer sur le métal de la passerelle. 
 
« Couvez-moi ! Je vais annuler la séance de tir sur la console du Lieutenant Borsil ! » 
 
Je secoue la tête, dépité... J’suis dans une putain de merde noire… Si cette enflure pose le pied dans la fosse, il me captera direct : impossible de rater un mec de mon garabit plaqué sous un bureau… J'ai passé l'âge de croire que si je ferme les yeux, personne ne me captera. En survie, y’a qu’un principe fondamental : se déplacer c’est la vie, rester sur place c’est crever. Bref, j'ai pas le choix. Dernier coup d’œil sur mon arme. Elle est à dix bons mètres. Je prends une grande inspiration… Brande les muscles de mes jambes… Et bondis hors de ma cachette. Genre j'ai jamais couru aussi vite de toute ma vie. A peine ai-je sorti la tête de ma plaque qu'un type hurle :
 
« Il est là ! » 
 
La seconde suivante, un véritable déluge de feu me tombe sur le coin de la gueule. Plusieurs lasers me frôlent, frappent le sol juste devant mes pieds, éventrent des consoles, fusent le long de la fosse. L’un d’eux passe si proche, qu'il m’arrache la moitié de l’oreille gauche, me carbonisant la joue. A moitié sonné, je râle, plonge en avant. Un autre laser me touche, à l’arrière de l’épaule, sur l’omoplate… Mais mes doigts se referment sur la crosse de mon arme. Je touche le sol, sur le ventre, roule aussitôt sur le côté et presse la détente. Il sont quatre, plus le lieutenant-colonel qui doit se plaquer quelque part. Mon premier tir manque d'un pouillème le plus proche, il se jette à couvert. D’autres lasers manquent de me réduire en bouillie, mais aussi dingue que cela puisse paraître, je ne bouge pas d’un pouce. Cible suivante, deux tirs. L’un fait mouche, il recule, légèrement blessé. Le troisième se met de lui-même à couvert lors que braque mon arme dans sa direction. Je presse la détente pour shooter le dernier… Mais rien ne se passe, le pistolet lâche un cliquetis foireux… Putain, non ! Je n’ai plus de munitions ! 
 
D’un bond je suis sur pieds, je me précipite derrière une console. Le déluge reprend. Je me recroqueville, mains sur la tête. Les lasers pulvérisent les écrans. Débris de verre, de métal en fusion qui me retombe sur la gueule. Détonation après détonation  la console dégueule ses composants fondus. Des feuilles de papiers carbonisées volent dans toutes les directions. Mais soudain, une voix autoritaire s’élève, parvient à couvrir ce putain de vacarme assourdissant : 
 
« Stop ! Cessez le feu ! » 
 
Le carnage prend fin. Par réflexe je baisse les yeux, me tripote un peu partout à la recherche de trous dans la peau. Putain j’suis encore entier… Enfin presque. Oreille arrachée, épaulée meurtrie, une cuisse et un mollet carbonisés. La chair à vif pulse au rythme de mon pouls devenu dingue, m’arrachant un rictus de douleur. Mais ça reste un putain de miracle… Ça aurait pu être bien pire !
 
« Arrêtez de détruire le matériel ! Si vous faites sautez les systèmes, je ne pourrais pas stopper le bombardement ! » 
 
Et comme si l’ordinateur de bord l’avait entendu, il hurle alors : 
 
« La cible sera à portée de tir dans deux minutes… Deux minutes… » 
 
Je roule immédiatement sur le côté, derrière une autre console. Je lève les yeux. La passerelle au-dessus de ma tête s'avance sur la fosse d'un bon mètre cinquante, de manière à ce que tout le bordel électronique reliant les consoles entre-elles soit hors de vue des officiers de pont. Je me glisse dans cet espace étroit. Y’a des câbles de partout, je me prends les pieds dedans. Je peste en silence. Ces connards s’enroulent autour de mes chevilles. Saloperies. Je galère à m'en libérer. Dans la semi-pénombre de l’éclairage de secours rougeoyant, j’me dis que je suis pratiquement invisible : faudrait que les types s'approchent de plus prêt pour me capter. Ça me laisse quelques secondes de réflexion. 
 
Mon arme est devenue inutile : chargeur vide. J’ai les boules… Mais j’me dis que les types en face ne le savent pas encore. Dans ma tête, une seule phrase gronde : gagner du temps. Je dois survivre encore deux minutes… Une fois que le croiseur aura tiré, je pourrais crever en paix. Je baisse les yeux sur le cadran de ma montre. 
 
Deux minutes et quarante–sept secondes avant explosion. 
 
C’est le temps qu’il me reste à vivre. Je secoue la tête : fallait bien que ça arrive un jour, non ? Ouais, c’est pareil pour tout le monde. De toute façon je laisse pas grand chose derrière moi, ni même personne ne fait. Mourir puceau c'est juste très con, mais bon, c'est comme ça.
 
« Bougez-vous ! Débusquez-le ! Je ne peux pas m’approcher de la console tant qu’il sera là ! » 
 
L’autre commence à s’impatienter, stresser même… Clair que si j’avais encore des munitions, je lui referait le coin de la gueule à grand coup de lasers. Sauf que j’suis à sec, c'est con. Je pose le pistolet, puis commence à regarder autour, j'sais pas... Genre j'vais trouver unr putain d'arme de secours. Pas vraiment le choix, faut bien que je trouve un truc pour reprendre l’offensive. Gagner du temps… Gagner du temps… 
 
A mes pieds y’a rien à part des tas de câbles. Je plisse les yeux, choppe l’un deux entre mes grosses pattes. Souples mais rigides, aussi épais que mon petit doigt. Je tire dessus un grand coup. Je l’arrache de sa prise et du mur. Il fait un petit mètre. Les yeux dans la vague, pensif, j'enroule ses extrémités autour de mes paumes. Je teste sa solidité. Parfait… Ça va le faire.
 
Un claquement de botte me fait sursauter, revenir à la réalité. Je me presse contre l’arrière de la console. Bruits de pas. L’un des abrutis approche. Sur le canon de son arme une lampe-torche balaye les moindres interstices sombres. Il est sûrement couvert par ses potes, au-dessus. Il approche… Je me recroqueville encore plus lorsque le rayon lumineux me frôle. Putain s'il me voit, j'suis mort ! Je referme les poings sur le câble, à m’en faire blanchir les phalanges. Encore trois pas… 
 
Un. La lumière me rase encore. J’ai du bol de m’être planqué derrière une putain de console volumineuse. Deux. Il tourne la tête, braque son arme de l’autre côté de la fosse. Trois… 
 
Je bondis, tel un diable hors de sa boite. Il n’a même pas le temps de réagir. Le câble passe par-dessus sa tête, se pose sur sa gorge. Je le croise sur sa nuque et presse de toutes mes forces. Par réflexe, il lâche son arme, porte ses mains à son cou, tente de chopper l’entrave. Ses potes réagissent au quart de tour, me canardent direct. Je tire ma proie en arrière, pivote. Les tirs labourent ses chairs. C’est ce qu’on appelle un bouclier humain, héhé. Mais cette protection n’est pas infaillible. Loin de là. Plusieurs lasers me manquent de peu. Je recule, tente de prendre de la distance... Mais, soudain, je suis touché à l’épaule, encore, cette fois sur le dessus. Je serre les dents, tiens bon… Mais la seconde suivante un autre tir me fauche l’avant-bras, m'arrachant les chairs pratiquement jusqu'à l'os. Râle de douleur. Instant de faiblesse, je chancelle. Mes doigts tressaillent, le câble glisse, m'échappe. Le gars, raide mort, s’éclate au sol, la gueule la première. Putain de merde ! Là, j’me dis : j’suis foutu. Mais mon corps a la survie dans le sang, et pas qu'un peu. Je me précipite sur le côté, vers la console la plus proche. Je bondis, pose un pied sur le clavier, me propulse encore plus haut, l’énergie du désespoir me donne des ailes... Un peu comme la boisson énergisante Mon Calamarienne... Si, si, vous savez : Red Poulpe. Mes coudes passent par-dessus rambarde de la passerelle. Je me hisse aussitôt, retombe de l'autre coté comme une bonne grosse merde. Un autre tir me frappe à l’arrière, m’arrachant un morceau de fesse gauche ! Putain ! Mon cul de rêve, défiguré ! Ils vont payer les enculés ! Je vais leur faire bouffer leurs armes par l’anus ! Je roule, lourdement. Je douille grave. Je me redresse, précipitamment, genou à terre. Je relève la tête... Et là, c’est le drame… 
 
Face à moi, à une dizaine de mètres, un impérial fait volte-face. C’est déjà trop tard. Il lève son canon et presse la détente. Mais rien ne se passe. Micro-seconde de flottement… On se regarde dans le blanc des yeux, incrédules. Chargeur vide ! Oh putain de merde, j’ai le cul bordé de nouilles, j’y crois pas ! Le type met un peu plus de temps que moi à calculer le truc, son doigt frétille mécaniquement sur la détente. Moi j’suis pas du genre à cogiter avant d’agir… Je m'élance, fonce sur lui, mode sprint final. Ses potes, de l’autre côté de la fosse séparant la passerelle, continuent de m’arroser. Je passe derrière une série d’écrans tactiques, qui volent en éclats, dans un vacarme indescriptible, sous les assauts lasers.  Le visage de ma cible se décompose, il lâche son arme, plonge la main dans le holster à sa cuisse. Ses doigts se referment sur le crosse de son pistolet, qu’il braque aussitôt dans ma direction. Il tire. Je me jette, les pieds en avant, mode glissade, fion sur lit de verre pilé. J’vous raconte pas la gueule de mon cul, façon steak haché bien saignant… Le premier laser me frôle le visage, passe juste au-dessus de la tête. Par réflexe je lève la main pour me protéger, celle bionique hein, pas l’autre : j’suis pas débile non plus. Et ce geste à la con me sauve la vie : le second tir s’écrase dessus. Flash lumineux, gerbe d'étincelles. Au même instant, mes bottes percutent les rotules de l’autre abruti. Ses genoux se plient dans l’autre sens avec un craquement sinistre. Il hurle, me tombe dessus. Il s’éclate la gueule sur le métal en fusion de ma prothèse. « P’shiiiiit » sonore, odeur de barbeuk, vapeur de viande cramée. Le type beugle à s’en décrocher les cordes vocales. Mouvement réflexe de recul, il roule sur le côté. Des filaments de peau fondue se forment être lui et moi. Son orbite droite est vide, le globe oculaire éclaté sous l’effet de la chaleur. Il tombe, recroquevillé, les mains sur le visage, en proie à des spasmes. Je grimace. Putain, j’ai mal pour lui… Dans ma grande mansuétude, je lui colle un direct du droit dans la gueule. Craquement sonore, je lui explose une pommette… Mais le choc le met hors course. Va chier en enfer mon pote. 
 
Toute la scène n’a duré qu’une poignée de secondes. Pendant ce temps ses potes n’ont cessés de tirer comme des abrutis. Par chance, ouais j’en ai pas mal aujourd’hui, j’sens que ça va se payer… J’suis à moitié planqué derrière la lourde de base d’un des écrans tactiques défoncés. Je choppe le fusil de l’autre con défiguré, l’un de ses chargeurs à sa ceinture, avant de me plaquer dos contre le couvert. Je presse un bouton, le chargeur vide tombe au sol. Je le remplace immédiatement par le nouveau. J’ai mal partout, mon cul n'est qu'une vaste plaie, le reste du corps carbonisé par au moins six impacts de lasers. Et j'vous parle même pas de mon avant-bras dont je peux voir l'os sous les lambeaux de peau cramée. Ah oui, et y'a aussi ma prothèse qui a bien morflée, la paume a fondue, plusieurs doigts sont déformés, désarticulés, soudés entre eux par la chaleur du tir. Une migraine tambourine entre mes tempes, la douleur me sape les forces et le moral. Mais une phrase résonne non-stop sous mon crane : « gagner du temps »
 
Je me redresse, lève mon arme et tire, salves ininterrompues. En face les gars sont pris de court, ils se jettent au sol, se planque comme ils peuvent. Je les arrose comme un débile, de gauche à droite, sans même chercher à les viser. C’est un carnage. Des écrans explosent, l’air se charge de vapeur d'ozone, des débris volent dans toutes les directions. Une voix sans intonation balance, couvrant à peine tout le bordel : 
 
« La cible sera à portée de tir dans une minute… Une minute… » 
 
L’ultimatum, fait réagir les gogols d’en face. Ils prennent le risque de se mettre à découvert pour riposter. J’en touche un, au flanc, rien de mortel, mais il recule, la queue entre les jambes. Je peux tenir comme ça encore quelques...

Soudain j'ai un putain de vertige. Je chancelle. Commence à basculer en avant comme si le sol se dérobait sous mes pieds. Les connards d'en face reprennent aussitôt l'initiative, je cherche même pas à piger : je me laisse tomber comme une merde, pour me mettre à couvert. La gerbe me monte aux lèvres... Je tourne la tête, lâche le contenu de mon estomac en évitant de justesse mes bottes. Je m'essuie la bouche d'un revers de manche... Putain, j'suis vraiment pas bien... Le déluge reprend de plus belle… C’est l’enfer… Tout ce bordel va me rendre complètement dingue !
 
Mais, contre toute attente, les tirs cessent rapidement. Le silence revient. Lourd, pesant, inquiétant même. C'est le lieutenant-colonel, plaqué je ne sais où : putain quelle flipette, qui le brise : 
 
« Lieutenant Karl ! Enfin quel que soit votre véritable nom… Rendez-vous maintenant ! » 
 
J’ai juste envie d’éclater de rire. Il est con ou quoi ? Sérieux, il croit que je vais déposer les armes comme ça ?! Plutôt crever ! Et j'en suis pas si loin... Mais je ferme ma gueule, ne fait pas un bruit. Encore quelques secondes de grappillées… L'autre hésite puis reprend : 
 
« Vous êtes en train de faire la pire connerie de votre vie ! Que croyez-vous ? Que vos actes vont changer la donne ? Ridicule ! Même si vous faites sauter ce vaisseau, que vous parvenez à vaporiser des cibles au sol, Artorias demeurera impériale ! La seule chose que vous allez provoquer, c’est une répression sans précédent ! Une chasse aux sorcières, des exécutions sommaires, la loi martiale… C’est ce que vous voulez ?! Vous croyez peut-être agir pour Artorias… Mais en vérité vous êtes en train de signer son arrêt de mort ! » 
 
Je grimace. Putain il me les gonfle. Le pire c’est que ce qu’il braille a du sens. Et pas qu’un peu. Instant de doute. Et si tout ce qu’on avait fait avec Deran depuis six mois ne servait à rien ? Tant de morts, de sang, de tripes à l’air, et tout ça pour quoi ? Pour une guéguerre entre deux gouvernements qui ne peuvent pas se piffrer ? C’est toujours les mêmes qui payent : les militaires envoyés au casse-pipe et les civils qui n'ont rien demandés… Je secoue la tête, chasse ces pensées parasites. Un ordre est un ordre, j’suis pas payé pour penser. Et c’est mieux ainsi, parce que les trucs intellectuels c'est vraiment pas mon point fort. Ouais, j'suis du genre lucide et réaliste : ça se voit pas ?!
 
« Alors rendez-vous ! Déposez votre arme ! Laissez-moi annuler la séquence de tir, et vous éviterez à vos concitoyens de subir les représailles sanglantes d’un Empire vengeur… » 
 
Malgré tout je cogite. Mais pas sur ses paroles. Gagner du temps, gagner du temps… Si j'fais rien, ils vont tenter le tout pour le tout, et j'suis pratiquement plus en état de combattre... La douleur sappe mes forces. Merde. Du coup, un peu pris au dépourvu, je lâche :

« Pour que vous me descendiez dès que j'aurais tout lâché ? Allez-vous faire enculer par des wookies ! »

Malgré moi, une image se forme dans mon esprit. Putain, mais où j'vais chercher tout ça... Mais l'autre ne se démonte pas. Au contraire, il rebondit sur ma remarque :

« Vous avez raison ! C'est pour ça que j'ordonne, haut et fort, à mes hommes ici présents de ne pas vous tirer dessus ! Si vous déposez votre arme, ils déposeront les leurs. »

Ouais, le type est carrément désespéré, ça se sent. J'imagine la gueule des autres en face, ils doivent faire une de ces tronches...

« Et je pourrais avoir un procès équitable ?! »

Putain, je raconte trop n'importe quoi. Mais bon, ca me fait gagner encore deux secondes, héhé.

« Oui ! Je le jure ! Tout ce que vous voudrez si vous lâchez ce putain de fusil et vous levez les mains en l'air ! »

« La cible sera à portée de tir dans quarante secondes… Quarante secondes… » 

Mort pour mort... Autant jouer le jeu pour grappiller. Je grimace, me relève, le fusil bien en main. Là, à cet instant, je remercie l'armée impériale d'être aussi disciplinée : les gars en face me matent, sans tirer. Je fais :

« On lance nos armes dans la fosse, en même temps, à trois... Un... Deux... »

Je laisse tomber mon fusil, les deux soldats en face font de même. Un putain de sourire déforme les traits du lieutenant-colonel, genre il va se pisser dessus de joie.

« Vous avez fait le bon choix ! »

« La cible sera à portée de tir dans trente secondes… Trente secondes… »
 

Sans un mot de plus, il saute par dessus la rambarde, retombe lourdement dans la fosse. Ça sent le type qui manque un peu d’entraînement physique... Mais bref. Il se précipite vers le pupitre de Lieutenant Borsil. Arrivé à son niveau, il se sent obligé d'ajouter, de son air supérieur :

« Vous êtes un idiot fini, Karl. J'ai ordonné à mes hommes de ne pas vous tirer dessus... Mais les renforts sont déjà en route... Ceux là ne vont pas vous rater... »

Il a l'air tellement fier de lui. A gerber. A non, c'est déjà fait. Il contourne le pupitre, baisse les yeux sur les commandes... C'est toujours pareil avec les méchants : à la ramener comme des cons au moment où ils croient triompher... Et c'est justement là que je passe à l'action.

Au sol, y'a le pistolet-blaster du cadavre que j'ai défiguré. Pendant que l'abruti de gradé me racontait sa vie, je l'ai fais glisser lentement de la pointe du pied, pour le bloquer entre mes bottes. D'un geste vif, genre la classe atomique, je relève les genoux en sautant sur place. L'arme est projetée en l'air, entraînée par le mouvement de mes pieds. Je la choppe au vol, et presse aussitôt la détente. La gueule du lieutenant-colonel vire au rictus de terreur. La seconde suivante, un laser s'écrase dessus, labourant les chairs de son visage, le tuant sur le coup. Les deux abrutis en face réagissent avec célérité, plongent leurs mains dans leurs holsters pour s'emparer de leurs armes de poing. Mais ils ne sont pas assez rapides... Je les dégomme, l'un après l'autre. BAM BAM. Tous les deux touchés au torse, à la base du cou, ils tombent à la renverse. Je baisse la tête vers le corps encore fumant du lieutenant-colonel, et lance à la cantonade :

« C'est qui le plus con des deux hein ? Le con, ou le con qui se fait dézinguer par le con ? Héhé. »

Putain c'est profond. Ouais, j'suis un philosophe dans l'âme. J'crois bien qu'il faut avoir l'âme d'un poète pour être dans les Forces Spéciales, nan ?

« Attention ! La cible sera à portée de tir dans dix secondes... Dix secondes... »

Je décoche un putain de sourire. Je baisse les yeux sur le cadran de ma montre. Il reste trente-huit secondes avant que les charges que j'ai laissé dans le réservoir de gaz tibana n'explosent. Je soupire, relâche la pression. Mes épaules se voûtent sous le poids de la fatigue. Voilà... J'aurais fait tout ce que je pouvais pour Artorias, même y laisser ma salope de peau. Brandon me doit une vie, l'enfoiré. Par réflexe, mes yeux se tournent vers les étoiles, de l'autre coté de la baie d'observation. Adieu galaxie... Tout autour du croiseur s'agitent des dizaines de petits points lumineux : les modules d'évacuation, capsules et navettes... Parmi elles, j'espère que y'a Deran quelque part.

« La cible sera à porté de tir dans... Cinq... Quatre... Trois... »

Soudain un « Ch'ding » me fait tourner vivement la tête. Quatre des six ascenseurs à l'extrémité de la passerelle s'ouvrent. Les battants de leurs portes métalliques glissent lentement, comme au ralenti. Non j'crois que c'est mon cerveau qui, sous le coup d'un putain de stress, se met soudain à turbiner. A l'intérieur, des dizaines de soldats. Oh putain de merde ! Les renforts !

« Deux... »

J'vous décrit même pas la gueule que je tire à ce moment. Je fais immédiatement volte-face, fonce dans la direction opposée, au pas de course. Fini les nausées, l'adrénaline coule dans mes veines. Second souffle.

« Un... »

Les gars débarquent des ascenseurs, lèvent leurs armes, tirent. Je me jette en avant, roulade. Les premiers lasers me manque de peu. Je termine mes acrobaties désespérée, la gueule dans une cloison.

« FEU ! »

Un flash lumineux inonde la passerelle. Les batteries principales de proue viennent de faire feu vers Artorias. Des rayons d'énergie aussi larges qu'une corvette corellienne perforent son atmosphère, laissant un trou dans la couche nuageuse devenue noire sous l'effet de la chaleur intense. Mais j'ai pas vraiment le temps d'admirer le spectacle. Le bombardement m'offrent une diversion d'une fraction de seconde, les enflures d'impériaux sont surpris, aveuglés par la luminosité soudaine, comparée à l'éclairage blafard des systèmes de secours. Je me redresse, bondis sur le coté. Me planque derrière ce que je peux... Les tirs reprennent... C'est dix fois pire que tout à l'heure... Ces enculés sont une vingtaine, au bas mot, peut-être même trente ! Merde quoi, j'ai pas eu le temps de compter...

De toute façon mort pour mort... Je baisse les yeux sur ma montre.

Quinze secondes avant explosion...

Le déluge de lasers est infernal. La chaleur devient étouffante, l'air irrespirable. Par réflexe, et aussi parce qu'il est hors de question que je crève sans rien faire, je sors la main du couvert, tire au hasard, simplement pour forcer les gars à se planquer. J'me dis : ils sont tellement nombreux que je vais bien en toucher un ou deux, non ?

Soudain ma montre sonne...

Détonation étouffée par la mètres et les mètres d'acier feuilleté. Tout le croiseur se met à trembler, vibrer, façon séisme. La passerelle grince, se tord, cède. La baie d'observation se fissure. Le plafond nous tombe littéralement sur la gueule. Des tuyaux lâchent, rependant des gerbes de gaz surchauffé dans toutes les directions. C'est l’apocalypse selon saint Korgan...

Je suis projeté au sol, souffle coupé... Des points dansent devant mes yeux... Des débris, amas de métal et morceaux de cloisons défoncées, réduites en miettes, m'ensevelissent... Je perds conscience.

C'est la fin...
Korgan Kessel
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Ou pas...
 
« Alerte ! Intégrité de la passerelle compromise ! Alerte ! Intégrit… » 
 
Les sonneries stridentes des alarmes me sortent des ténèbres. Sensation de danger imminent. Par réflexe, je tente de me redresser. Je me cogne. Peste. J’ouvre les yeux. J’y vois rien. Je tousse, râle. Putain, j’ai mal partout... Je tousse encore, sensation d’étouffer, l'air est saturé de poussière… Je passe la main sur mon visage, il est plein de sang, poisseux, encore tiède… Qu’est-ce que… 
 
« Alerte ! Intégrité de la passerelle compromise ! Alerte… » 
 
Flash mémoriel. Artorias, le croiseur, la passerelle… L’explosion ! L’explosion ?! Putain de merde !  
 
Je pige que si je suis encore en vie, c’est que j’ai foiré ! Et pas qu'à moitié. Le croiseur est toujours là ! Putain ! Cette révélation me fout les boules, style coups de fouet sur les miches. Jamais testé, mais j’imagine bien le truc… Bref. C'est la loose totale. Le pire, c'est que j'sais même pas où je suis... Je palpe autour de moi. C’est un bordel sans nom. Rapidement, j’arrive à repousser les débris qui me recouvrent de la tête aux pieds, une lueur blafarde perce l’amas de métal et de plastique. Je tousse encore, j’ai du mal à respirer… De plus en plus de mal. C'est pas normal...
 
« Alerte ! Intégrité de la passerelle compromise ! Alerte… Seuil critique d’oxygène atteint ! » 
 
Oxy quoi ?! Je me redresse d'un bond, alarmé. Mais je redresse aussitôt ce geste. Je manque de retomber sur le cul, pris de vertiges. Je m'accroche à une poutre, énorme, genre deux fois plus large que moi. J'me dis : putain, qu'est-ce qu'elle fout là ?! Elle n'y était pas tout à l'heure ! Je baisse les yeux ! Oh la vache ! Elle s’est plantée dans le sol juste à quelques centimètres de ma gueule. J’ai eu chaud ! Je chancelle encore, une boule dans l’estomac. J’ai la gerbe au bord des lèvres, les yeux douloureux,  rougis, irrités… Des écorchures partout sur le corps. Les alarmes me défoncent toujours les tympans, tambourine sous mon crane. Ma vision est floue, et la luminosité faiblarde n’aide en rien. L’éclairage de secours a rendu l’âme, seule la lueur d’Artorias, de l’autre côté de la baie d’observation m’aide à voir quelque chose… 
 
« Alerte ! Intégrité de la passerelle compromise ! Alerte… Seuil critique d’oxygène atteint ! » 
 
Je plisse des yeux, cherche à me repérer…  C'est quoi cette histoire d'oxy... Mon regard se pose sur la verrière… 
 
« Putain de merde ! Bordel à cul ! » 
 
Expression de ma surprise la plus totale, doublée d’une peur viscérale, incontrôlable, dictée par mon seul instinct de survie. 
 
Face  moi, la baie vitrée est fissurée en de multiples endroits… L’air s’en échappe, formant des gerbes blanchâtres sur fond d'espace… Fait chier ! Seul critique d’oxygène ?! Tu m’étonnes… L’atmosphère pressurisée de la passerelle est en train de se faire la malle ! Si je bouge pas rapidement, je suis mort ! 
 
Je tousse encore, peine à respirer. Je pige vite alors que ça vient pas de toute la poussière soulevée, arrachée aux murs et aux plafonds, par les secousses de l’explosion. Tout comme mes maux de tête, et les points qui dansent devant mes yeux. J’suis juste en train de crever à petit feu, asphyxié ! Instant de panique, je tourne sur moi-même, cherche une issue… Mais c’est un vrai carnage. Une large partie de la passerelle s’est effondrée dans la fosse, emportant tout sur son passage. Y’a des cadavres un peu partout, certains transpercés, éventrés, découpés par des morceaux de tôles arrachés violemment de leurs logements. Les turbolift sont inaccessibles, et de toute manière, je doute qu’ils fonctionnement encore. Merde. Mais j’me dis : doit bien y avoir une issue putain ! Je peux pas claquer aussi merdiquement, pas après tout ce que je viens de faire et subir !
 
Clopinant, parce que j’ai une cheville en vrac, je me rapproche de la cloison la plus proche, celle qui semble le plus intacte. Rapidement, je repère l’encadrement d’une porte verrouillée, derrière un amoncellement de flexibles arrachés du plafond, qui pendouillent mollement dans le vide. Je m’approche, les contourne. Ils sont encore chauds. Une lueur d’espoir dans le regard, j’inspecte le panneau de duracier… Froid, lisse, visiblement en bon état. Ca va le faire ! Ouais, putain, j'suis un optimiste né ! Mes doigts s’arrêtent sur une excroissance, à côté du cadre. Dans la pénombre, je devine comme un panneau. J’écrase aussitôt ce qui semble être la commande d’ouverture. Une voix masculine, autoritaire, me répond : 
 
« Accès refusé ! Veuillez contacter la maintenance ! » 
 
Putain de merde ! C’était trop beau. Parce que je suis un peu con et que j’ai pas vraiment d’autres solution, j’écrase le bouton une seconde fois. 
 
« Accès refusé ! Porte verrouillée pour cause de fuites atmosphériques ! Veuillez-vous adresser à un technicien de la maintenance… » 
 
Fait chier ! Je ferme les poings, tambourine sur la porte. Un coup, deux coups... Mais évidemment, rien ne se passe. Je tousse encore, peine à respirer… Vertiges. Le sol se met à tourner. Je vacille, menace de me casser la gueule. Je me claque la gueule contre la paroi, les yeux fermés, la mine désespérée… Puis, m’étant résolu à clamser comme un bonne grosse merde ayant échoué sa mission, je me laisse glisser, lentement, jusqu’à finir assis au sol, dos contre la porte. Je secoue la tête lentement, dépité. C'est pas ma journée.
 
En fait, je m’en branle un peu d’y rester. Parce que, sans dec’, personne ne m’attend. J’ai pas de famille, pas de nana, même pas vraiment d’amis, justes quelques connaissances qui se diront dans un an ou deux : tiens, ça fait un bout de temps qu’on n’a pas eu de ses nouvelles… Et m’oublieront aussitôt. C’est comme ça : j’ai toujours été une bille dans les relations avec les êtres vivants, sauf quand ceux-ci se retrouvent à l’autre bout du canon de mon flingue… 
 
Mon flingue ?! 
 
Éclair de génie. Pourquoi j'y au pas pensé plus tôt ?! Je peux peut-être faire sauter le panneau de commande non ?! Putain ça se tente ! Je plonge la main dans mon  holster. Vide ! Merde ! Je l’ai sûrement lâché pendant l’explosion… Par réflexe, geste de désespoirs, je fouille mes poches… Genre sais-t-on jamais… Mes doigts se referment sur un truc rigide, rectangulaire, dans la poche pectorale de l’uniforme en lambeaux.  Je choppe l’objet, le lève au niveau de mes yeux pour le mater dans la pénombre. Une carte ?! C’est quoi ce... Ah oui ! Putain, j’suis con ! C’est l’espèce de passe de sécurité que j’ai piqué au technicien que j’ai buté près du réservoir… Ça semble s’être passé des heures et des heures plus tôt, c’est dingue… Et là je tilt. Le manque d’oxygène c’est vraiment pas bon pour la cervelle, déjà que la mienne n’est pas une machine de compet’. 
 
Je me redresse, précipitamment, les vertiges manquant de me faire rechuter. Mais je m’accroche au  mur. D’un geste vif, je passe la carte devant le lecteur, sous le bouton d’ouverture. La même voix me répond : 
 
« Accès autorisé. » 
 
YES ! Je presse le bouton. La porte s’ouvre aussitôt… Et une bourrasque fraîche me saute à la gueule. L’air encore pressurisé, de l’autre côté de l’ouverture s’engouffre sur la passerelle. La première bouffée est un vrai délice. Comme boire un verre d’eau fraîche après une mission de plusieurs mois sur Tatooine. Mais au même instant, une nouvelle alarme se déclenche. Dans le couloir, face à moi, une porte anti-explosion s’active alors. Les épais panneaux coulissent dans leur logement, obstruant rapidement le passage… Merde de merde ! 
 
Puisant de mes dernières forces, je fonce dans sa direction, façon estropié désespéré qui tente un sprint pour sauver sa vie. Mais l’énergie du désespoir est une force à ne pas sous-estimer. Je me jette la tête la première, passe de justesse l’autre côté. Les volets d’aciers claquent lourdement derrière moi, se verrouillent hermétiquement, manquant de me chopper la jambe. Putain, c’était moins une. Je m’éclate au sol, de tout mon long, à bout de souffle. Le manque d’oxygène, les blessures, la douleur… Mon corps est en bout de course. J’suis là, étalé comme une merde, genre étoile de mer échouée sur une plage, incapable de trouver le courage de me redresser. Je respire bruyamment, la gueule ouverte, les poumons en feu. Enfin, je recouvre un peu d’énergie. Je roule sur le dos, m’adosse contre une cloison. Putain que je douille. L’espace d’un instant, j’ai juste envie de jeter l’éponge. De rester là, fermer les yeux, piquer un somme, et tant pis pour tout le reste ! Mais non, j’suis pas du genre à abandonner. Pas comme ça. L’Empire, ce ramassis d’enculés congénitaux, n’aura pas ma peau aussi facilement ! 
 
 Mais bon… Mes jambes ne répondent plus vraiment. Elles sont lourdes, bien trop lourdes… Alors j’me dis que rester là encore quelques minutes ne devrait pas … 
 
« A tout l’équipage ! Ici le Vice-Amiral Julius ! Ordres d’évacuation annulés ! Je répète, ordres d’évacuation annulés ! » 
 
L’annonce me fait l’effet d’une décharge. Je grimace. J'ai vraiment échoué sur toute la ligne...
 
« Le Prédateur est gravement endommagé… Mais nous pouvons encore le sauver ! Tout le monde doit regagner son poste ! » 
 
Je secoue la tête. Ce soudain sentiment d'impuissance sape mes dernières forces. D'énervement, je me claque l'arrière du crane contre la cloison. Ce geste con m'arrache un râle de douleur. Je soupire. Ouais, j'ai vraiment fait de la merde... Alors que le Vice-Amiral ferme sa putain de gueule, un message d’alerte général se diffuse sur tous les canaux internes : 
 
« Incendies dans les secteurs 7 à 10… Passerelle principale hors-service. Initialisation des protocoles de secours. Brèches dans les secteurs B7 à B12. Verrouillage des secteurs endommagés… » 
 
Des mois qu’on prépare cette foutue opération ! Et tout ça pour quoi ? Pour rien ! Alors, OK, mes bombes vont certainement clouer le croiseur sur place pendant un sacré bout de temps… Mais on est bien loin du résultat voulu ! Rapidement, je cogite. Quelles sont mes options ? Il me faut pas bien longtemps pour me rendre compte que j’en ai aucune. Sans matos, je peux rien faire ! Et vu mon état général, j’suis incapable de poursuivre la mission. Un moment faut être réaliste : j’crois pas que je vais pouvoir retraverser tout le croiseur à la recherche d’explosif pour ensuite les fourrer dans d’autres zones sensibles. C’est mort, point barre. 
 
Petite étincelle de positivisme, alors que je me remémore ces dernières minutes. J’ai quand même réussi à balancer la sauce, le bombardement planétaire, depuis la passerelle. Évidemment, impossible, d’ici, d’en voir les effets. Ai-je touché la cible ? Aucune idée. Putain, c’est vraiment une mission de merde ! Finalement, après seulement quelques instants de réflexion lente et laborieuse, j’en arrive à une seule et unique conclusion : il me reste que l’option de la fuite. Si je veux sauver ma peau, faut que je trouve un moyen de m’en tirer… Mais comment ? Va falloir improviser c’est clair… Je relève la tête.
 
Face à moi, le corridor dans lequel je suis affalé serpente sur plusieurs dizaines de mètres avant de bifurquer, en forme de « T ». Prenant appui contre la cloison, je me redresse en position debout. Rester sur place ne sert à rien : faut que j'avance. Le pire dans cette foutu histoire, c’est que je n’ai même plus d’armes… Lentement, péniblement, je remonte le couloir. Il me faut plus d’une minute pour arriver à l’extrémité du « T ». Là, je m’arrête net. La voie de gauche est impraticable, le plafond s’étant effondré. Un amoncellement de tubes, câbles, poutres et autres joyeusetés de duracier obstruent totalement le passage. De tout ce bordel, s’échappe un corps à demi enseveli, portant les restes déchiquetés et tâchés d’un uniforme d’officier impérial. Je détourne le regard. J’en ai vu des saloperies dans ma vie, mais voir un gars réduit en bouilli ne fait pas parti de mes trips. Au final, le choix est rapide : il ne reste plus qu’un seul couloir praticable. Je continue donc ma route, en boitant. 
 
Silencieux autant que possible, tous les sens en éveil, je guette le moindre bruit suspect. Plusieurs fois je sursaute, alors qu’un machin métallique se détache du plafond défoncé, tombant lourdement sur le sol cabossé. Mais, coup de bol, je ne croise personne… A croire que toute la zone est considérée comme sinistrée. Je peine, souffle irrégulier. Je m’arrête quelques instants pour me reposer. Je me retourne. Derrière moi je laisse une traînée ensanglantée, et je parle même pas de la marque de ma paume sur la cloison. Bonjour la discrétion... Je me vide, petit à petit. A ce rythme, je vais pas aller bien loin… Je secoue la tête, reprend ma progression. Penser est une perte de temps, je décide de me concentrer sur l'instant présent. Le corridor tourne encore. Je le suis… Et manque de me vautrer comme une merde. A mes pieds, le corps désarticulé d’un soldat. Il a le crane éventré, probablement résultat du choc de la terrible explosion qui l’a propulsé tête la première contre le mur. Je me baisse, en grimaçant. Je plonge la main droite dans son holster et y choppe son arme de poing. Malgré moi, je lâche un putain de sourire carnassier. C’est comme si je venais de retrouver ma virilité, mon « mojo ». Une arme bien serrée entre les doigts, putain que je me sens bien. Je reprends mes pérégrinations. 
 
Mais ce sentiment de puissance se dissous rapidement. La fatigue et la faiblesse lui sapent les fondations. Mécaniquement, j’avance. Tout droit. De plus en plus lentement. Mon esprit se perd dans des divagations. Des images me reviennent. Artorias. Des visages. Celui de Brandon, des connards de gungan, Bowson, Gérome, Zigg, et tous les autres. Je me demande ce qu’ils font maintenant. Où ils sont. S’ils guettent le feu d’artifice de l’explosion du croiseur ils risquent d’être bien déçus… Je me dis que… La voix du Vice-Amiral tonne à nouveau : 
 
« A tout l’équipage ! Ici le Vice-Amiral Julius ! Ordres d’évacuation annulés ! Je répète, ordres d’évacuation annulés ! Les vaisseaux et les capsules qui ne refont pas demi-tour immédiatement seront abattus ! » 
 
Nouvelle grimace. Mes pensées dérivent sur Deran à présent. J’ai kiffé bosser avec cette tête brûlée. Il est loin d’être con, pour un putain de gradé je veux dire. Au moins il sait aller sur le terrain, les pieds dans la merde, la tête dans les emmerdes. J’me dis : j’espère qu’il m’a pas attendu, qu’il a pris ses distances, parce que vu le dernier ultimatum du Vice-Amiral de mes couilles… Et alors que je pense justement à lui, l’enfoiré reprend : 
 
« Dernier avertissement, tous les vaisseaux qui ne feront pas immédiatement demi-tour seront… » 
 
« Vous feriez mieux de ne pas écouter votre boss, si vous voulez sauver vos petites fesses impériales… » 
 
La nouvelle voix me faire sursauter. Je la reconnais immédiatement, malgré la déformation de la retransmission de mauvaise qualité. C’est… C’est Tyrao ! Le chef des pirates et contrebandiers recrutés par Deran pour soutenir l’effort de résistance… Mais qu’est-ce que… Il repend, autoritaire, limite condescendant : 
 
« Votre croiseur est déjà mort ! Moi et mes potes on va l’achever… Mais comme j'ai pas un mauvais fond, hein, je vous laisse une chance... » 
 
Il explose de rire. Un rire dément, qui me donne un véritable coup de fouet. Merde ! C’était pas le plan ! Ils vont se faire allumer… Quoi que, après l’explosion, le Prédateur, malgré sa taille et sa puissance de feu impressionnante, est plus vulnérable que jamais. Le Vice-Amiral répond immédiatement : 
 
« Allez en enfer ! A tous les chasseurs : abattez ces intrus ! Gloire à l’Empire ! » 
 
Soudain toute la coque se met à vibrer. Je me précipite en avant, déboule dans un couloir plus large que le précédent. Malgré les signaux d'urgences qu’envoie mon cerveau au reste de mon corps, je me fige soudain. Je reconnais les lieux... C'est le quartier des officiers ! Celui où on a créché avec Deran la nuit dernière... J'accélère, remonte l'allée, passe devant des portes défoncées, déformées, parfois béantes. Aucun signe de vie. J'me dis, normal : les gradés se sont sûrement cassés depuis des lustres, la queue entre les jambes. Enfin, j'arrive devant le carré des officiers, sorte de salon leur étant réservé. Les sièges sont renversés, tout comme la table de billard... Mes craintes se dissipent dès que je pose les yeux sur les hublots : intacts. Je m'en approche rapidement.

L’espace, sur fond d’Artorias, est zébré de décharges d’énergie : rouges, vertes, jaunes… Des dizaines à la fois. Depuis ma position, toujours dans la structure de la passerelle surplombant le reste du croiseur, je peux voir la coque blanche, déformée, percée, trouée en de multiples endroits, sous l’effet de l’onde de choc provoquée par l’explosion. La plupart des batteries turbo-laser sont silencieuses. Définitivement, le Prédateur est dans un état déplorable, vulnérable. Plusieurs points lumineux approchent rapidement. De viennent de plus en plus gros. Soudain je pige que c’est des torpilles à proton, une bonne vingtaine ! Oh merde ! Ça va secouer !!
 
La première vague s’écrase sur les restes d’un bouclier déflecteur jadis quasi-impénétrable. L’espace autour du croiseur devient électrique, des reflets bleutés apparaissent, avant de disparaître aussitôt. Les suivantes passent. Elles fondent sur la coque, la percutent, explosent. Flash lumineux. Tout se met à vibrer, et pas qu'un peu. Je perds l’équilibre, tombe au sol. La structure du croiseur se met à grincer… Un cri rauque, inhumain, monstrueux même, qui me dresse les poils sur le corps. Je me redresse rapidement. L’adrénaline coule de nouveau dans mes veines, chassant la douleur et la fatigue. J’écarquille les yeux, bouche bée… Les torpilles ont frappé le navire sur plusieurs de ses points rendus faibles par mes faits d'armes pyrotechniques. Spectacle indescriptible. L’espace est saturés de débris, la proue, sectionnée, arrachée au reste du croiseur, semble à présent dotée de sa propre volonté. Elle dérive, pivote lentement, prend de la vitesse et s’éloigne. Le reste du croiseur est parcouru d’explosions multiples, gerbes de flammes qui menacent de le dévorer tout entier. Nouvelles secousses. Plus terribles encore. Merde ! Tout va péter ! Encore une salve ou deux, et il sera désintégré !
 
N’écoutant plus que mon envie de survivre, je fonce ! Tout tremble. Une trappe tombe du plafond, dans une gerbe de flammes. Une cloison grince, se déforme. Une armoire électrique implose, projetant des étincelles dans toutes les directions... Je m’accroche à mon arme, à m’en faire craquer les phalanges.

Soudain, le sol se dérobe sous mes pieds. Grincement strident. Le couloir s'effondre. Des trucs lourds et coupant me tombent sur la gueule, je lève les bras pour me protéger. Je me précipite vers la porte la plus proche. Coup d'épaule. Elle cède, éjectée de ses gonds, avant de tomber lourdement. Face à moi, une silhouette. Je réfléchis même pas. Je lève mon arme et presse la détente. L'autre a exactement le même réflexe. Nos lasers mortels se croisent. Le mien frappe l'inconnu au cou. Fauché, il tombe en arrière, dans une série de gargouillis écœurants... Mais j'ai pas vraiment le temps de considérer tout ça... Son tir me frappe au visage, m'arrache la moitié de la joue gauche. La douleur me fait tourner de l’œil, je tombe, la gueule en avant.

Fracas de métal, grincements stridents... Alarmes. Explosions, secousses.

Je lutte pour ne pas sombrer dans les ténèbres. J'ai la gueule en feu, je pisse le sang. La douleur est telle que je n'arrive même plus à ouvrir l’œil droit. Je rampe, sur le sol froid, déjà jonchés de débris. Derrière moi tout se casse la gueule. Le corps de l'enculé que je viens de descendre est juste devant moi, à quelques mètres seulement... Et c'est alors, seulement, que je remarque son uniforme. Blanc !

Oh putain de merde ! C'est le Vice-Amiral Julius que je viens de descendre !!

Maigre lot de consolation. Je tousse, la quinte manque de me faire sombrer. Je rampe encore, me rapproche. Petit sourire, méconnaissable sur mes traits défigurés, carbonisés. Buter un Vice-Amiral, c'est la classe non ? Héhé... Au moins je crèverai pas complètement comme un merde... Je...

Une lumière clignotante me faire relever la tête. Face à moi, à l'autre bout de la vaste cabine, une trappe circulaire coulisse lentement dans son logement. Je mets dix bonnes secondes avant de piger face à quoi je me trouve. Nouvelle secousses... C'est mon ultime chance ! Une capsule de sauvetage ! Cet enculé d'officier a une capsule personnelle directement reliée à ses quartiers privés ! Puisant des mes ultimes forces, je rampe encore. Tout autour de moi, tout se casse la gueule. Une étagère lâche, des bibelots s'éclatent au sol. Nouvelle explosion. Flammes. Une épaisse fumée se forme au dessus de ma tête... Mais je tiens bon. Enfin, je me laisse glisser à l'intérieur. Je roule, sur le dos. Puis d'un puissant coup de pied, je parviens à enfoncer le bouton coup de poing. Aussitôt l'écoutille se referme. Sifflement pneumatique. Bourdonnement : des moteurs s’allume. Vibrations. Secousses. La seconde suivante, je suis éjecté dans l'espace...

Un écran holographique retransmet les images prises par une caméra extérieure. Le Prédateur, fleuron de la flotte Impériale en orbite autour d'Artorias, est totalement dévoré par le flammes. D'autres points lumineux le frappent... Flash lumineux... Il explose ! L'onde de choc est si violente qu'elle aspire ma capsule de sauvetage. Désaxée, elle est propulsée, ballottée. Je m'éclate contre une cloison, perds conscience.

Intérieurement j'me dis : bon ben voilà, c'est la fin. Mais en fait non, c'est pas mon heure, pas encore. Un crissement métallique me sort de ma torpeur, genre quelque chose s'est accrochée à la coque extérieure. Je tourne la tête, mate l'écran. Une ombre impressionnante obstrue le champ de vision de la caméra. Merde, c'est quoi encore cette histoire ! Quelque chose cogne contre l'écoutille. Soudain, elle s'ouvre... Une silhouette apparaît... J'ai un mouvement de recul, saisit mon arme... Mais une voix parfaitement connue me lance une saloperie. Genre j'ai une gueule à faire peur à un Hutt... Ma tension se relâche instantanément... Je laisse même glisser mon pistolet, qui tombe lourdement au sol.

C'est Deran. Il a repéré ma capsule, l'a récupérée... Il m'aide à me relever, me pose sur une couchette... Je ferme les yeux, sombre dans le néant. Lorsque je les ré-ouvre, nous sommes déjà dans l'hyperespace. Retour au bercail... Putain, c'est pas trop tôt...


EPILOGUE


Centre hospitalier militaire, Coruscant,

« … reconstruction totale... »

Une voix masculine me fait sortir de mes rêves. Instant de panique, j'ai la sensation de me noyer. J'ouvre les yeux. Cuve de bacta. Je suis dans une cuve de bacta !

« Quand nous l'avons récupéré, il était dans un sale état. Défiguré, oreille arrachée, de multiples brûlures, coupures. Il avait perdu beaucoup de sang... Mais le pire... »

Je tente de suivre la conversation, je mets dix bonnes secondes à piger que ça parle de moi ! Merde, il se passe quoi encore ?!

« Le pire était l'état de son postérieur. Je ne sais pas où cet homme a été envoyé en mission... Mais on a retrouvé des morceaux de verre jusque dans son anus ! Une vraie boucherie ! Mais c'était sans compter sur nos dernières techniques de reconstruction... Regardez le résultat ! Des fesses flambant neuves ! Une vraie peau de bébé ! Et un anus tout neuf, prêt à l'emploi... »

Entendant ces paroles surréaliste, je me débat, tente de tourner la tête pour voir qui peut bien les sortir ! Immédiatement, le chirurgien détecte mes mouvements et fait :

« Ah ! On dirait que Monsieur Kessel est de nouveau parmi nous ! »

A la limite de mon champ de vision je capte un mouvement. Ma tête est bloquée, j'ai un masque respiratoire sur la gueule. Impossible de bouger. Une silhouette apparaît, faisant le tour de ma cuve pour se placer en face. Non pas une silhouette, mais une dizaine. Un cinquantenaire en blouse blanche, badge de médecin sur le poitrail. Il est suivi de prêt à des étudiants qui prennent des notes.... Et des photos ?!

Putain de merde ! Mon cul, devenu sujet d'études... Ils vont en faire quoi de leurs clichés ?! Un exposé ? Des posters ?! J'ai envie de beugler, de hurler, de les insulter... Mais mes mouvements, bridés, n'ont que pour effet que de faire baisser le regard aux quelques jeunes filles visiblement intriguées, gênées, amusée... Bah ouais... En cherchant à me débattre, le seul résultat obtenu, c'est un petit Berny qui frétille dans le liquide cicatrisant... VIE DE MERDE !


****


Quelques jours plus tard, sur Artorias,

La voix de Brandon résonne sur la radio de Gérome et Bowson, devenus chefs des insurgés dans la capitale :

« Ici Juste Brandon, la voix de la résistance ! Depuis la destruction du centre de contrôle des opérations terrestres, bombardé par nos héros Archibald et Dorian, l'armée impériale est désorganisée ! Tout le continent Sud s'est soulevé, contrairement à ce que cherche à faire croire la félonne propagande ! Pour autant, mes frères, le chemin qui reste à parcourir est encore bien long ! L'Empire tout entier ne peut plus ignorer notre défiance... Et les renforts ne vont plus tarder à arriver. Il faut s'attendre à des heures sombres, difficiles, encore plus violentes et terribles que celles qui ont vu notre planète céder sous les bombardements impériaux... Mais même si Artorias est tombée, son peuple lui ne sera jamais soumis... Artorias libre ! »


****

Quelques jours plus tard, Coruscant,

« Mais puisque je vous dit que tout va bien ! Physiquement et mentalement ! C'est pas possible, faut le dire dans quelle langue, merde ! Fait chier quoi ! »

Pas sur que cette démonstration soit la preuve irréfutable de ma santé mentale... Mais putain, il me cherche l'autre psy militaire !

« Calmez-vous monsieur Kessel ! Je ne mets pas en doutes vos facultés ! C'est simplement qu'après ce que vous venez de vivre, ainsi que les traumatismes subit, vous devriez prendre du recul, penser à vous même, prendre du repos... »

C'est le mot de trop !

« Du repos ?! Mais ça fait des semaines que je glande sur un lit d’hôpital ! Tout ce que je demande, c'est pouvoir retourner au service actif ! C'est pas possible sans votre accord... »

L'autre se masse les tempes. Je lui tape visiblement sur le système. Mais en même temps ça fait trois jours que ce cinéma dure. Je vais l'avoir à l'usure...

« Ok ! Ok ! »

J'ai envie de hurler de joie, mais je reste zen. Putain, Korgan, t'es le dieu de l'emmerdement.

« Je vais signer ! Mais à condition exprès que votre officier direct, le Colonel Mishido, vous ménage pour votre prochaine affectation : une mission de routine, pour remettre le pied à l'étier... »

Je sais pas si je dois rire ou pleurer... Fait chier ce con... Mais bon, je ferme ma gueule : c'est toujours mieux que rien...


****


Le lendemain, bureau du Colonel Mishido,

« Caporal... Je ne saurais dire si j'admire votre dévouement ou s'il me fait peur... Déjà de retour au service actif ? Sérieusement... Bon... »

Il fait style de réfléchir, mais je sais déjà qu'il a une idée en tête. Il est comme ça le gros, toujours un coup d'avance : avec le temps que je commence à le connaître...

« Dans quelques jours une délégation officielle va se rendre dans la périphérie, pour le sommet galactique sur la paix... Encore un truc de politiciens... Faites pas cette gueule, je ne vous envoie pas dans ce nid de vipères ! Non. Au même moment, le Ministre Vorkosigan, vous savez, celui de la Justice... Oui... Il va se rendre sur Mon Calamari, pour l'inauguration de la nouvelle flotte. Et le haut-commandement a insisté pour que des membres des Forces Spéciales fassent parti de sa garde rapprochée... Une mission de routine en somme ! Ah, oui, le commandant Sarlions vous accompagnera, il a fait exactement comme vous pour obtenir la signature du psy... Vous faites une sacrée paire... »

Je secoue la tête dépité. Mais ai-je le choix ? Mission de routine ? Euphémisme pour dire : missions nulle à chier...

Mais bon... C'est comme ça que, quelques jours plus tard, je me suis retrouvé dans l'enfer de Félucia... Mais ceci est une tout autre histoire...
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