Le Masque de la Force
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Résumé des faits : Depuis les aveux du l'ex-Sénateur de Aargau Côme « Darth Deinos » Janos, révélant l’existence d'un avant-poste Sith sur son monde, les Forces de Sécurité Républicaines sont en alerte maximum. Très rapidement, le gouvernement a ordonné le blocus d'Aargau, une mesure extrême, pour une situation extrêmement tendue. Depuis lors, il est très difficile de rejoindre ou de quitter Aargau. Pour cela, il faut passer quantité de contrôles, de vérifications, de scans... De plus, Aargau étant l'un des principaux mondes bancaires du noyau, la quasi-totalité des capitaux y transitant ont été gelés. Une décision provisoire, prise dans l'urgence, afin éviter un désastre économique. Le plus difficile cependant, sera de sortir de cette crise sans y laisser trop de plumes...


C'est dans le cadre de ces discussions qu'a lieu la rencontre d'aujourd'hui, entre les représentants du gouvernement Républicain, les représentants planétaires, ainsi que les directeurs des principaux groupes financiers et bancaires du système. Entrevue qui s’annonce houleuse et technique.

Toutefois, notre Chancelière reste une Jedi dans l'âme, et malgré ses obligations, n'oublie pas ses devoirs. Comment une base secrète impériale a-t-elle pu prendre racine au cœur de la République ? Comment les autorités ont-elles pu être aussi aveugles ? La réponse semble toute trouvée : Darth Deinos n'a pas agi seul : pot-de-vins, menaces, alliances... Il est fort probable qu'une partie des personnes présentes aient su quelque chose.

Étant donné que cette rencontre va s'étaler sur plusieurs jours, peut-être pourra-t-elle mener l'enquête... En toute discrétion bien sûr... Reste à voir comment réagira le Ministre S'orn, et le rôle qu'elle pourra lui laisser jouer dans cette affaire des plus sensibles.

Grendo, de son côté, est arrivé aux mêmes conclusions... Et un épineux dilemme se présente à lui : Et s'il profitait de la situation pour nouer des relations, pour faire du profit ? Pour cela il faudrait confondre les coupables et les faire chanter. Un plan risqué, surtout avec la Chancelière Jedi derrière lui... Le jeu en vaut-il la chandelle ? Ne serait-il pas mieux, vu le contexte, de rester intègre cette fois ? Il devra faire un choix.


Ordre des posts : Alyria Von – Grendo S'orn

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Debout face à un hologramme stratégique d’Aargau marquant les différents emplacements des troupes déployées, Alyria contemplait l’ampleur de la tâche qui attendait l’ensemble de la machinerie républicaine et l’Ordre jedi. Son cœur de guerrière, de maîtresse d’armes lui soufflait de tout abandonner et de se joindre à la bataille qui s’annonçait, de guider l’armée comme elle aurait pu le faire en tant que Chancelière Suprême, mais sa raison lui intimait de laisser cette lourde responsabilité à d’autres. Pour la première fois de sa vie, sa place n’était pas sur le terrain, et cela la rongeait secrètement. Elle eut fait un commandement efficace, du moins avait-elle l’audace de le croire. Mais désormais, sa fonction n’était point de diriger les forces de la République, mais bel et bien de mener cette dernière depuis la plus haute marche du pouvoir.

Chancelière Von. Le terme lui écorchait encore les oreilles, elle ne s’y habituait guère, malgré tous ses efforts pour ne rien laisser paraître. Dans son esprit, ces deux mots sonnaient comme une imposture, un vol. Cette fonction aurait dû rester associée au nom de Scalia jusqu’au terme de son mandat. Sauf que par la traîtrise des uns, la bêtise des autres, et le truchement du processus constitutionnel, elle avait succédé à l’Artorien. Le Sénat avait élu un politicien appliqué, un ancien militaire, un souverainiste, et se retrouvait quelques mois plus tard avec une maître jedi qui ne s’était jamais confrontée au suffrage universel ou sénatorial, et n’était entrée dans l’arène politique officiellement que depuis les dernières élections. L’histoire avait parfois un goût certain pour l’ironie : Alyria avait accepté le poste de Ministre de la Défense pour ne pas créer d’esclandre en faisant exploser un gouvernement à peine formé et par désir profond de contribuer au redressement de la République, dont elle servait les valeurs fondatrices depuis des années. Maintenant, elle en était la gardienne, alors que tout semblait s’écrouler. Pire encore, qui eut cru qu’un tel élan d’unité puisse émerger, et ce autour de la figure d’une jedi, d’une femme qui portait sur son visage la marque nette de son passé de combattante ? Certainement pas elle.

Et pourtant, le Sénat l’avait suivi. Bien sûr, elle n’était pas dupe, après les déclarations terribles de l’ancien Lord d’Aargau, l’assassinat de Valérion Scalia et le suicide d’Ion Keyien, beaucoup s’étaient ralliés par peur de se voir ajouter sur une liste d’éventuels suspects. Mais à l’annonce de la confirmation de l’existence d’une base sur Aargau par les forces spéciales et les services secrets, un certain nombre l’avait alors fait par crainte des siths, et aussi, parfois, par patriotisme. Cette union sacrée ne durerait qu’un temps, la trentenaire en avait parfaitement conscience. Mais elle avait aussi l’espoir que passé le danger immédiat, et après le grand ménage qui ne manquerait pas d’être fait dans la Rotonde à mesure que les complicités se dévoileraient après enquête, de bonnes volontés se lèveraient pour permettre un nouveau départ à cette République malmenée, mise à genoux, mais qui ne courbait pas encore l’échine. Sans compter que faire partie des artisans d’une rénovation d’un régime ne pourrait qu’aider la carrière de nombreux sénateurs, s’il fallait des arguments plus terre-à-terre.

Mais pour le moment, l’heure n’était pas de penser au futur, mais d’organiser le présent. Après un dernier regard à l’hologramme en face d’elle, Alyria tourna sa tête vers son désormais Ministre de la Défense, le fidèle Fenter. Personne n’avait remis en cause sa nomination, eu égard à son dossier impeccable et à son passé de militaire de premier plan, et pour la nouvelle tête de l’exécutif, c’était l’occasion de mettre un de ses rares fidèles à un poste clé. Etant donné la situation, elle ne pouvait se permettre de batailler avec la personne chargée de la Défense de la République. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle avait accepté de lui laisser le commandement et de se concentrer sur la résolution des nombreux problèmes politiques et économiques que cette situation allait engendrer. Finalement, elle se décida à parler :

« Bien, je vous laisse donc officiellement le commandement, Amiral Fenter. »

Les termes consacrés ayant été prononcés, l’homme acquiesça puis commença donc son rapport rapidement :

« Conformément au plan établi avec le Conseil jedi, les maîtres Tianesli et Vocklan me serviront de relais au sol, tandis que je m’assurerais de l’imperméabilité du blocus et de capturer d’éventuels fuyards qui tenteraient de partir par la voie des airs. Les troupes envoyées en éclaireurs ont d’ores et déjà mis au jour un système de défense et de communication qu’elles vont tenter d’abattre pour faciliter la progression du gros de l’armée.

Une fois que vous et le Ministre S’orn aurez quitté le Valeureux, une escorte vous conduira jusqu’à la capitale où vous pourrez vous entretenir avec les officiels locaux. J’ai affecté le Major Olson au commandement de votre garde personnelle tant que vous resterez sur Aargau. »


Avec un sourire un brin paternel, l’echani se justifia :

« J’ai pensé que vous préféreriez avoir quelqu’un que vous connaissiez déjà pour vous accompagner, Madame. »

La remarque fit sourire à son tour Alyria, qui reconnaissait bien là son vieil ami, et mentor aussi bien militaire que politique. Même si, par respect pour la fonction qu’elle occupait désormais, il ne l’avouerait jamais, la gardienne savait que Yusanis la considérait presque comme sa fille. Et cette marque renouvelée d’attention à son égard la touchait : voilà qui confirmait, s’il y en avait encore besoin, la justesse de son choix d’élever cet homme loyal, discret et attentif à la plus haute-fonction possible pour un soldat.

« Je vous remercie, Fenter. Y a-t-il autre chose que je dois savoir avant de partir ? »

Une grimace tordit le visage du vieil amiral, qui grinça entre ses dents, l’air visiblement contrarié :

« Nous avons reçu plusieurs messages troublants des frontières nord de la République. On parle d’une attaque sur un monde neutre proche des limites de notre territoire. Je vous enverrais un message dès que j’en saurais plus. »

La nouvelle était pour le moins dérangeante. Se pouvait-il que l’Empire, à défaut de réagir publiquement aux dires de Darth Deinos ou de tenter une percée décisive contre la République ait pu préférer profiter de l’occasion pour étendre son espace de domination vers des planètes non-alignées ? Alyria subodorait que son ministre ait plus d’informations et qu’il ne veuille pas l’inquiéter davantage tant qu’il n’aurait pas de confirmation formelle. Une fois encore, la maîtresse d’armes maudit intérieurement les responsables de ce carnage, mais aussi ces financiers et politiques pusillanimes qui ne pouvaient s’empêcher de s’entre-déchirer pour des querelles aussi futiles à ses yeux que ridicules stratégiquement. Enfin, elle présumait que c’était là le lot de tout dirigeant, de devoir résoudre les problèmes à l’arrière pour permettre aux forces armées de travailler sans crainte. Et après tout, les forces terrestres étaient entre de bonnes mains, sous la houlette de Maître Tianesli et de Maître Vocklan. Une certaine fierté l’avait même envahie à la pensée que son amant avait acquis suffisamment d’expérience et de réputation pour se voir adjoint à un membre du Conseil jedi pour assurer la coordination du commandement militaire républicain. Mais cela, bien sûr, elle l’avait gardé pour elle, comme beaucoup de choses depuis sa nomination, à vrai dire. Son esprit était son sanctuaire, et rien ne transparaissait de ses pensées les plus secrètes auprès du monde extérieur. Elle se devait d’être le visage de la République, et de présenter donc la face inébranlable d’un régime qui ne ploierait pas.

Après avoir salué l’Amiral Fenter, Alyria sortir de la salle de commandement et rejoignit finalement son Ministre des Finances, le sénateur de Neimodia, Grendo S’orn. L’homme avait pris garde au début de son mandat à ne pas s’aligner avec la majorité d’alors ou l’opposition menée par Emalia Kira, se faisant cependant remarquer par ses questions pertinentes lors des débats législatifs, notamment lors du vote pour le Traité avec l’Espace Bothan. Ses compétences dans le domaine économique n’étaient plus à prouver, ce qui lui avait valu son poste. La jedi avait pensé, soutenue en cela par le Secrétaire Général de la Chancellerie, que nommer un neutre à un poste d’influence permettrait de rallier certaines planètes qui avaient refusé de se soumettre au jeu politicien entre le Rassemblement Républicain, la Ligue des Mondes Périphériques et l’opposition parlementaire. Pour le moment, le pari était gagné, et elle avait apprécié que le chef d’entreprise, malgré ses convictions libérales, vote consciencieusement les lois proposées jusqu’alors par son gouvernement, notamment le Pacte Social. Elle savait combien cette disposition tenait à cœur à son Vice-Chancelier, et elle devait avouer que ses propres convictions personnelles la poussait à soutenir sincèrement le texte.

Le blocus ayant engendré évidemment des difficultés économiques et financières temporaires, lui proposer de l’accompagner pour cette réunion destinée finalement à apaiser les esprits lui avait paru tout indiqué. La Chancelière et un ministre en personnes, voilà qui devrait d’emblée témoigner de l’intérêt que portait l’exécutif aux requêtes des notables de la planète, du moins en terme purement protocolaire. Sauf que comme disait l’un des proverbes les plus importants en politique, le paraître permettait souvent de commencer une négociation en position de force, et Alyria comptait bien profiter de cet enseignement reçu lors de son passage au Ministère de la Défense, mais aussi au cours des années où elle avait officié en tant que garde du corps de personnalités pour limiter au maximum les dégâts que provoqueraient immanquablement le déploiement d’une telle force au cœur de l’espace républicain.

Il y avait également un avantage bien plus pragmatique à la venue de Grendo S’orn. En effet, d’emblée, la trentenaire avait eu parfaitement conscience de son manque de compétences dans le domaine financier. Certes, son premier geste après avoir pris connaissance de la montagne de dossiers à traiter en urgence relatifs aux derniers événements avait été de demander des conseils à l’un de ses prédécesseurs, son ami d’enfance et maintenant Juge Suprême, Halussius Arnor. Avec les enquêtes à faire suivant toutes les annonces de Darth Deinos, ce dernier devait aussi crouler sous la paperasse, mais il n’avait pas hésité à l’aider dans la mesure du possible. Telkhar Melk’an, le Secrétaire Général de la Chancellerie avait tenté de l’aider lui aussi de son mieux en lui préparant au cours des derniers jours de nombreuses fiches récapitulatives, conscient que plus la nouvelle cheffe de l’Etat en saurait, mieux ce serait pour tous. Même Yusanis Fenter, malgré ses propres occupations, avait pris le temps de lui faire passer des informations grâce à son propre réseau d’influence, comme si malgré leurs nouvelles fonctions respectives, il restait son directeur de cabinet officieux. La jedi avait travaillé d’arrache-pied, reléguant les questions de pur fonctionnement du régime à son Vice-Chancelier et au reste du gouvernement, tandis qu’elle s’efforçait d’acquérir en quelques jours une culture économique suffisamment solide pour faire illusion à la table des négociations. En effet, si les jedis bénéficiaient au sein du Temple d’une éducation soignée, ce n’était pas comparable à une formation universitaire, du moins pour les gardiens notamment. Certes, sur son temps libre et auprès de son maître, puis plus tard avec son padawan, la demi-echanie avait largement dépassé le socle commun de connaissances, mais elle devait reconnaître en toute honnêteté que si la théorie économique générale pouvait avoir un certain intérêt, bien qu’elle l’étudiât sous un angle plutôt politique, elle ne s’était jamais réellement attardée sur les aspects de gestion financière. Manque qu’elle avait dû tenter de combler à peu près correctement en un laps de temps plus que limité donc, en privilégiant la mémorisation de solutions envisageables plutôt que l’apprentissage de tous les rouages économico-financiers aargauniens. Bref, comme à son habitude depuis son arrivée à la Chancellerie, elle ferait au mieux pour donner le change.

S’excusant avec un sourire franc auprès de son ministre, Alyria déclara :

« Je suis navrée de cette attente, Sénateur S’orn, il restait quelques détails à régler quant à notre stratégie proprement dite pour nous assurer le repérage définitif et l’assaut proprement dit de cette base. Mieux nous serons préparés, mieux nous pourrons juguler les pertes et plus vite le retour à la normale se fera, ce qui ne manquera pas de ravir nos futurs interlocuteurs. »

Poursuivant ses explications, la jedi fit :

« Je crois n’avoir pas besoin de préciser à quel point votre figure d’homme de la finance, proche des entreprises sera utile dans les discussions qui vont suivre. Il va falloir expliquer à quel point le blocus était nécessaire, tout en assurant les responsables locaux du soutien étatique pour faire redémarrer l’économie planétaire une fois cette crise résolue. »

Elle n’avait fait qu’énoncer quelques évidences, cependant, ce qui lui tenait réellement à cœur arriva enfin à cet instant précis, quand la mine soudain bien plus grave, la Chancelière ajouta :

« Cependant… Ce n’est pas forcément ce qui me préoccupe le plus. L’installation de tout un complexe, fut-il sur le pôle de la planète, nécessite une certaine logistique, un soutien… En d’autres termes, des complicités. Lord Janos, ou Darth Deinos, plutôt, n’a pu agir seul.

Nous devrons donc être prudents, je présume que certains de nos hôtes ne seront pas forcément ravis de nous voir arriver, soyez-en sûr. J’en ai fait l’expérience lors de mon voyage sur Umbara il y a quelques temps et croyez-moi, les siths et leurs complices n’apprécient guère de voir leurs plans mis à mal.

Le Major Olson, que je connais, est l’officier chargé de notre sécurité tout au long de notre séjour sur Aargau. Je pense que vos propres services devraient collaborer avec lui pour rehausser au mieux notre niveau de protection. Je préfère ne rien laisser au hasard, après tout, nous allons dans une zone de guerre.

Je pense que vous serez de mon avis sur ce point. Mieux vaut être un peu trop prudent que naïvement confiant. »


Une phrase qui avait l’avantage de pouvoir s’appliquer dans beaucoup d’autres domaines que la simple escorte de personnalité, mais Alyria se garda bien de le mentionner à voix haute. A cet instant, un imposant colosse blond frappa à la porte et entra, la gardienne reconnaissant immédiatement le visage familier du Major Olson, qui après s’être excusé pour son entrée, annonça que le vaisseau qui les transporteraient à terre était prêt. La trentenaire le suivit donc après avoir salué l’officier. Tandis qu’il les menait vers leur destination, l’homme lui demanda avec un sourire un peu gêné :

« On a dû vous le dire une bonne centaine de fois… Mais j’espère que vous réussirez à maintenir la République debout, Maître Von… euh pardon, Votre Excellence. Je sais bien que ce régime n’est pas parfait mais… C’est pas une raison pour le laisser couler. »

Peut-être que c’était cela qu’il lui manquait finalement, l’assentiment du peuple, son avis, plutôt que les jacassements sans fin des sénateurs. Mais encore une fois, Alyria préféra garder cette pensée secrète, et se contenta de répondre simplement, veillant à bien inclure son compagnon de négociation dans la conversation :

« Monsieur le Ministre S’orn et moi-même, ainsi que tous les jedis et militaires présents sur Aargau et sur l’ensemble du territoire républicain allons tenter tout notre possible pour remédier à cette crise au plus vite, Major, ne vous inquiétez pas. Concentrez-vous sur notre protection, et vous aurez joué votre part dans les défis qui s’annoncent pour nous tous. »

La fin de sa phrase, pour grandiloquente qu’elle soit, eut le mérite de paraître revigorer le colosse blond, qui acquiesça avec vigueur, puis commença à expliquer avec une rigueur logique toute militaire :

« Nous avons mis sur pied un dispositif de sécurité maximale autour de vous, Votre Excellence. Nous avons sélectionné votre escorte parmi les meilleurs membres des forces spéciales, et les plus loyaux. Quelques spécialistes des services secrets nous accompagnerons également. Et je veillerais personnellement à votre sécurité ainsi qu’à celle du Ministre S’orn. D’ailleurs, Monsieur le Ministre, si vous pouviez me donner le numéro de contact personnel de votre propre officier de sécurité, cela faciliterait grandement la coordination de nos services. »

Cela fait, ils purent enfin prendre place dans le vaisseau qui les conduirait sur Aargau depuis le navire amiral de la flotte républicaine. Une fois confortablement installés, Alyria se tourna à nouveau vers son ministre et lui dit avec le ton sérieux qu’elle adoptait quand il était question de travail :

« Nous avons une petite demi-heure devant nous avant d’atterrir, je pense que si vous avez des suggestions quant à la marche à suivre, c’est maintenant que vous pourrez me les exposez. Ou si vous avez des questions tout simplement, je sais que je n’ai pas forcément été extrêmement disponible depuis… le début de ces événements, même si j’apprécie que vous ayez accepté de faire partie de ce gouvernement d’union, et ce, malgré les désaccords idéologiques que vous pourriez avoir avec certains de ses membres. »

Mettre en confiance son interlocuteur était une condition sine qua non de réussite de cette opération de séduction en territoire aargaunien… Et d’enquête. En effet, comme elle l’avait dit auparavant, la mise en place d’une telle opération de construction n’avait pu se faire sans complicité, extérieure et intérieure surtout. Active peut-être, passive sûrement. Certains, par peur de représailles ou par simple appât du gain, avaient dû couvrir les agissements suspects de celui qui était alors leur Sénateur. D’une certaine façon, allaient se mêler autour de la même table victimes sincères et complices hypocrites ou emplis de remords… Sans doute vis-à-vis de leur porte-monnaie et de leur capital sympathie auprès de la population, Alyria ne se faisait guère d’illusion.

Poursuivant sur sa lancée, la gardienne ajouta :

« Je tiens à vous prévenir également que les Sénateurs d’Artorias et d’Aargau, Thaddeus Kagan et Lars Shadley, assisteront à la réunion. Ces deux-là vont tout tenter pour se contredire mutuellement et essayer que l’autre camp paye l’essentiel des pots cassés, je le crains… Nous allons devoir éviter qu’une crise politique ne vienne envenimer la situation économique. Au pire, je pourrais m’occuper de ces deux-là pendant que vous calmerez les investisseurs, si la situation empire vraiment. »

Ces dernières explications faites, la maitresse d’armes se plongea dans l’étude d’ultimes données, comme le neimodien à ses côtés, un silence studieux s’installant, ce qui ne la dérangeait pas le moins du monde. Et enfin, la voix du Major Olson leur annonça leur atterrissage imminent.

A peine avaient-ils foulé le sol d’Aargau qu’on les conduisit aussitôt sous bonne escorte jusqu’à l’imposant bâtiment servant de résidence officielle habituelle au sénateur de la planète, et à l’intérieur duquel aurait lieu la réunion qui les préoccupait. Le lieu n’avait pas été choisi au hasard : il était situé dans les quartiers les plus facilement protégeables de la capitale, offrait un certain nombre de facilités pour abriter autant de notables et permettait tout simplement de maintenir l’illusion d’un certain décorum malgré les circonstances difficiles. Si cela n’avait tenu qu’à la Chancelière, ils auraient très bien pu se réunir sous une tente de commandement, ce qui aurait sans doute été l’occasion pour tout ce petit monde de se confronter à la réalité du terrain… Mais évidemment, il en était absolument hors de question.

Enfin, ils purent rentrer dans la large salle ouverte pour l’occasion, et dont l’entrée était gardée par plusieurs soldats des forces spéciales lourdement armés. Tous prirent place, Alyria se positionnant naturellement à l’extrémité de la tablée afin de mener la séance, Grendo S’orn à sa droite. Elle remarqua immédiatement que les deux autres sénateurs présents s’étaient assis l’un en face de l’autre et se regardaient en chien de faïence, leurs yeux lançant déjà des éclairs. Ces deux-là allaient plus que vraisemblablement leur donner du fil à retordre.

Elle laissa passer deux petites minutes, puis se leva pour intimer le plus délicatement possible l’ordre de faire silence, ce qui fut compris par l’ensemble des personnes présentes. Tout était en place, à elle de faire une entrée en scène correcte. Alyria prit une profonde inspiration, et commença :

« Bien, comme nous sommes tous réunis, je pense que nous pouvons donc commencer. Je déclare donc ouverte cette réunion.

Je n’ai, a priori, pas besoin de rappeler les faits ayant menés à cette situation dramatique. La trahison de Lord Janos, ou Darth Deinos dirons-nous, ainsi que la découverte d’une base sith sur le territoire aargaunien, sans compter l’assassinat de feu le Chancelier Scalia ont conduit le gouvernement à prendre des mesures certes douloureuses, mais néanmoins nécessaires.
A l’heure où je vous parle, nos troupes marchent sur la base, dont la présence sur Aargau a été définitivement confirmée par les forces déployées sur le terrain. La crise actuelle sera donc bientôt résolue.

Cependant, le gouvernement a parfaitement conscience de vos inquiétudes respectives, et j’espère que la tenue en urgence de cette réunion vous en a pleinement convaincu. Je propose pour commencer un rapide exposé des sujets à discuter, avant de nous concentrer plus pleinement sur les propositions de chacun pour remédier au mieux aux éventuelles conséquences négatives engendrées par la situation actuelle. »

Un murmure d’assentiment parcourut l’assemblée, et Alyria retint le soupir de soulagement qui lui venait. Elle conclut simplement.

« Je vous laisse la parole, mesdames, messieurs. »

Puis elle se rassit et attendit que les hostilités ne commencent.
Grendo S'orn
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Grendo S'orn avait peur.
Bien qu'il faisait son possible pour le cacher, le nouveau Ministre du Trésor et de l'Economie était terrifié. Ce qui ne faisait que renforcer le caractère stupéfiant de ce qu'il avait entrepris jusqu'à aujourd'hui. Sous cette peur se terrait une toute nouvelle émotion, un sentiment qui lui était beaucoup moins familier. La fierté. Une fierté fragile et nerveuse, certes, mais une fierté quand même. Il avait pris un risque. Un très gros risque. Il avait osé donner à sa vie un tout nouveau sens qui, avec un peu de chance, lui serait également financièrement profitable. Pour cela, il avait parfaitement le droit d'être fier. Après de nombreuses années à représenter sa planète au sein du Sénat de la République, le Neimoidien était enfin Ministre. Et pas n'importe lequel, Ministre du Trésor et de l'Economie. Véritable apothéose de sa carrière politique. Tout Neimoidien qui se respecte, rêverait d'être à sa place. Grand amateur de chiffres et de statistiques à l'instar des Muuns du Clan Bancaire Intergalactique, cupide et vénal à la fois, l'idée de fouiller dans les comptes de la République et de pouvoir disposer du porte monnaie le plus important de toute la galaxie avait profondément enthousiasmé le Sénateur de Neimoidia. Sans compter qu'il s'agissait de l'un des Ministères les plus important et respecté de toute la République. Un titre honorifique à haute responsabilité que la nouvelle Chancelière Alyria Von avait proposé à Grendo S'orn qui avait évidemment aussitôt accepté.

Et si le pouvoir paraissait agréable à première vue, il était très vite devenu dangereux. Entre complot, attentat et coups de poignard dans le dos, la République connaissait peut-être la pire crise politique jamais connue depuis bien longtemps. Les révélations de Darth Deinos, mieux connu sous le nom de Côme Janos, n'avaient été que le début d'événements aussi dramatiques les uns que les autres. L'assassinat de feu le Chancelier Valérion Scalia, l'attentat contre la famille du Sénateur de Corellia puis enfin le suicide de ce dernier, sans compter les raisons de sa présence au sein de l'orbite d'Aargau, le fameux blocus imposé sur la planète qui cachait probablement une base Sith. Le Ministre de la Défense avait réquisitionné une flotte importante empêchant quiconque de sortir de la planète sans une autorisation officielle de la plus Haute Instance Républicaine. Et c'est exactement cette Haute Instance qui était présente aujourd'hui, à bord du vaisseau amiral le Valeureux, dans l'attente de fouler le sol d'Aargau et de pouvoir s'entretenir avec les officiels de la planète.

Assis dans la cabine qui lui servait de bureau temporaire, Grendo S'orn était en pleine communication holographique avec sa nouvelle Directrice de Cabinet laissée sur Coruscant, Lyn Ornfray. Cette femme, autrefois assistante du politicien avait très vite réussis à se montrer indispensable jusqu'à se faire grandement remercier pour son excellent travail. Un poste aux lourdes responsabilités dont elle n'aurait aucune difficulté à se montrer digne. Grendo en était convaincu. Il avait confiance en elle. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'il la chargea, avant son départ, de le représenter durant toute la durée de son absence. Le Ministère du Trésor et de l'Economie était entre de bonnes mains.

Il mit fin à la conversation et se leva de son siège pour observer l'espace infini par le hublot de son nouveau lieu de travail. Libérant un léger soupir, le neimoidien s'aperçut qu'ils étaient enfin arrivés en orbite de la planète Aargau. De nombreux vaisseaux étaient déjà présent sur place, signe qu'il s'agissait d'une véritable zone de guerre. La seule idée de devoir mettre un pied sur la planète produisit une sécrétion acide de bile dans ses entrailles. Il était bien conscient qu'un ulcère de belle proportion était en train de se former dans les régions inférieures de son abdomen mais, malheureusement, il ne pouvait rien y faire. C'était son devoir de Ministre du Trésor et de l'Economie, sa présence était indispensable.

Le panneau de la porte coulissa et Loohy Quee pénétra dans la pièce. Quelques instants plus tard, Xiao Katarn fit également son entrée. S'orn se raidit. Un simple coup d'oeil à l'attitude prostrée et au regard fuyant de ses compatriotes lui assura qu'il n'allait rien entendre de réjouissant.

« Nous sommes arrivés en orbite d'Aargau monsieur le Ministre. On vous attend pour monter à bord de la navette qui vous conduira, vous et la Chancelière Von sur la planète. »

C'était le moment.

Le Ministre acquieça, jetant un dernier regard vers sa cabine. Il aurait tant voulu rester là, à l'abris de tout danger, mieux encore rester sur Coruscant et laisser ses subordonnés agir à sa place et en son nom. Mais la Chancelière avait été très claire, la présence du Neimoidien était requise. Probablement pour ses connaissances en matière économique et financière. Car si le blocus avait été une évidence suite aux révélations de Côme Janos, les conséquences économiques en étaient catastrophiques. Plus le blocus était maintenu, plus le risque de se retrouver avec une planète au bord de la crise était grand. La Bourse de Coruscant s'était d'ailleurs déjà affolée plusieurs heures avant son départ pour Aargau. Signe que les investisseurs n'avaient pas tardé à vendre les titres, de peur de perdre de l'argent. Le comportement des investisseurs n'était pas forcément irrationnels, car en effet de part le blocus et la possible crise financière qui en résulterait, ils anticipaient la baisse future des titres et préféraient donc vendre avant que celle ci ne se produise réellement. Le risque principal étant que cette crise s'étende à d'autres mondes qu'Aargau à cause notamment de la spéculation. Si un acteur était touché par une crise financière, il allait mettre en difficulté d'autres entreprises du fait du non paiement de ses dettes. Les acteurs sont en quelque sorte "interdépendants". Ainsi la plupart des entreprises verraient leurs cours de bourse chuter du fait de l'éventualité qu'elles puissent être touchées par la crise. Et par un effet de contagion, qu'il aurait été difficile d'endiguer sans la nationalisation de certaines banques et organismes financiers, la République se serait vue touchée de plein fouet par une nouvelle crise dont-elle se serait bien passée. Sa présence sur Aargau s'expliquait là. Rassurer les autorités locales, les investisseurs et financiers, promettre que la planète ne serait pas oubliée par le Gouvernement de la République.

Marchant en direction de la baie d'amarrage, le neimoidien affichait un trait sévère se forçant à paraître serein au près de ses proches collaborateurs. Xiao Katarn ouvrait la marche suivit de S'orn et de Loohy à ses côtés. Le Chef de la sécurité du Ministre n'avait rien laissé au hasard. Le départ pour Aargau avait été minutieusement préparé pour éviter tout problème ou danger éventuel. Il faut dire que Xiao Katarn, bien que nouveau depuis quelques semaines dans l'équipe du Sénateur Neimoidien, avait une brillante carrière derrière lui. Membre des services de renseignement de sa planète depuis son plus jeune âge, l'homme avait acquis une expérience en la matière que Grendo comptait bien utiliser pour défendre ses intérêts et surtout sa vie.

Grendo S'orn arriva le premier dans une sorte de petite salle d'attente. Probablement que la Chancelière devait encore régler quelques détails techniques avec le Ministre de la Défense qui était également à bord. L'occasion pour le Neimoidien de se mettre au courant des dernières nouvelles en provenance de la Bourse de Coruscant. Aussitôt fait, il ferma les yeux et essaya d'imaginer sa vie, de retour sur Neimoidia, sous les atours d'un vulgaire cultivateur de moisissures. La culture des moisissures devait probablement avoir de bons côtés se dit-il. L'un d'entre eux serait déjà de ne plus avoir à se rendre sur une planète aussi dangereuse qu'Aargau.

L'arrivée de la Chancelière Von mit aussitôt fin à ses rêveries. S'excusant de son retard, celle-ci en énonça les raisons et ne tarda pas à s'exprimer par rapport à la situation de la planète. Bien qu'il partageait la même vision que Alyria sur la nécessité d'investir l'argent de l'Etat dès la crise terminée, il était assez inquiet des conséquences du blocus. Les chiffres de la Bourse étaient clairs, la crise d'Aargau commençait déjà à faire du tord à l'économie galactique. Et investir l'argent de l'Etat bien qu'une bonne solution n'en était pas une à long terme, surtout que la République était déjà endettée de plusieurs milliards de crédits. Il ne s'agissait pas de creuser encore plus ce fossé ou de le combler sans cesse grâce à la récente nationalisation des banques. Il fallait une économie saine. Saine et organisée, par lui de préférence.

« Ce n'est rien Chancelière. Je ne suis pas là depuis bien longtemps de toute façon. Je suis convaincu que vous avez pris les dispositions nécessaire à la résolution rapide de ce conflit. »

Le Ministre écouta attentivement les paroles d'Alyria Von et s'exprima à son tour :

« C'est un honneur pour moi de vous accompagner durant cette mission. Et sachez que je ferai mon possible pour rassurer les autorités de la planète en matière économique et financière. Le blocus imposé sur cette planète va forcément faire du tort à son économie mais nous nous efforcerons autant que faire se peut de le rendre viable par tous. »

Le Blocus était sur toutes les lèvres. Mais la Chancelière ne tarda pas à donner son point de vue sur les raisons qui étaient à la base de ce conflit. La présence d'une base Sith sur une planète aussi proche de Coruscant, l'ancien Sénateur de celle-ci qui avoue être lui-même un Sith, il y avait forcément des complices. Un soutien logistique, financier, moral, peut-être même idéologique, nul ne savait jusqu'où étaient impliqués les autorités d'Aargau. L'étaient-elles du moins ? S'orn s'était lui-même posé la question de nombreuses fois et sa réponse était claire : oui. Il était évident qu'un soutien avait du être présent. L'important était de trouver où et surtout qui. La Chancelière Von en faisait sa priorité. Ceci qui provoqua de nouvelles douleurs dans l'abdomen du Neimoidien. Lui qui essayait depuis tout à l'heure de se rassurer sur les objectifs de sa mission, voilà que Alyria lui rappela la dangerosité de celle-ci. Prétextant même la probable présence de complices des Sith parmi leurs hôtes. Trop c'est trop. C'était la goutte de lait de bantha qui faisait déborder le vase. Il se mit alors à serrer ses mains l'une contre l'autre, comme s'il était déjà en train de tuer un crapaud des marais en prévision de son diner. Il se maudissait d'avoir accepté d'accompagner la Chancelière dans une mission aussi risquée. Il n'avait qu'une envie : aller trouver refuge dans la chambre de gestation de sa mère et en refermer soigneusement derrière lui le rideau d'occultation.

Mais le Ministre s'ordonna silencieusement de garder le contrôle de ses émotions. Il profita d'un instant au cours duquel l'attention d'Alyria était braquée sur l'arrivée soudaine du Major Olson, officier chargé de leur sécurité tout au long de leur séjour sur Aargau, pour se glisser subrepticement une capsule calmante sous la langue. Il sentit ses cavités pulmonaires, proches de l'hyperventilation, se rétracter et se dilater de façon convulsive dans sa cage thoracique. Un vieil adage décrivait les Neimoidiens comme la seule espèce pensante dotée d'un organe entièrement dédiée à l'inquiétude. Bien que le protocole exigeait de lui qu'il n'en fasse rien transparaître.
Au fur et à mesure que Grendo S'orn sentait son anxiété, très fugitivement apaisée, rejaillir à nouveau au creux de ses entrailles, le fameux diction prenait des allures de vérité fort déplaisante.

Le Major Olson, véritable colosse se repérait aussi à son insolente blondeur d'or martelé. Après s'être excusée de son entrée dans la pièce, il déclara que la navette qui les conduirait sur la planète était désormais prête à les accueillir. Bientôt ils fouleraient le sol d'Aargau, ce n'était maintenant qu'une question de minutes.

« En effet Major Olson, voici mon Chef de la sécurité, Xiao Katarn, » dit-il en désignant le Neimoidien d'une quarantaine d'année tout au plus à ses côtés. « Je ne doute pas que vous ferez du très bon travail ensemble. »

A bord de la navette et une fois confortablement installés, les deux politiciens en profitèrent pour échanger quelques paroles sur le nouveau Gouvernement d'Union National. La Chancelière Von semblait satisfaite que le Sénateur de Neimoidia ai accepté d'en faire partie. Qui aurait refusé après tout ? Bien qu'il ne partageait évidemment pas toutes les convictions des membres du Gouvernement c'était certain, lui l'ultra libéral et patron d'entreprise obligé de voter en faveur d'une loi sociale qui l'obligeait à permettre à ses employés de faire grève, de créer un syndicat et tant d'autres choses qui lui étaient totalement inconcevable. Mais l'appât du gain et l'envie de pouvoir avaient été plus fort. Car il ne fallait pas le cacher, un Ministre gagnait évidemment bien plus d'argent qu'un simple petit Sénateur. Et le pouvoir qui en découlait n'était évidemment pas à démontrer.

« C'est tout à fait normal. Il était de mon devoir d'accepter de faire partie de ce Gouvernement. La République a besoin plus que jamais d'hommes et de femmes aux convictions politiques bien différentes. Je ne peux que vous féliciter pour cette Union Nationale qui semble être acceptée et appuyée par le plus grand nombre. » répondit-il en sachant pertinemment que ce n'était que temporaire. Grendo S'orn le savait, probablement la Chancelière le savait-elle aussi. Mais le Sénat était principalement composé de politiciens querelleurs dont l'intérêt personnel primait sur le bien commun. Un véritable fléau qui avait rongé la démocratie durant les dernières années malgré les tentatives pour enrayer la corruption. Bien qu'elle se faisait plus discrète qu'auparavant elle était toujours présente par-ci par là, le neimoidien en était convaincu pour la bonne et simple raison qu'il la pratiquait toujours. Un jeu risqué mais qui s'était avéré payant de nombreuses fois.

Il apprit enfin que le Sénateur Thaddeus Kagan d'Artorias et Lars Shadley d'Aargau seraient également présent lors de la réunion. Cela n'étonna pas vraiment Grendo S'orn qui s'attendait déjà à être spectateur d'une véritable joute verbale entre les deux politiciens. En plus d'une crise économique, ils risquaient de se retrouver avec une crise politique. Ca n'aurait pas pu être pire. Mais la Chancelière rassura quelque peu le Neimoidien en prétextant qu'elle s'occuperait d'eux elle-même, parfait il aurait déjà bien assez à faire avec les financiers et investisseurs, c'était après tout son domaine de prédilection.

A première vue, Aargau semblait être une planète paisible au sein du Noyau, tout ce qu'il y a de plus accueillant à condition de ne pas être au courant des derniers événements qui s'y déroulaient. La réunion devait se passer au sein de la résidence officielle du Sénateur de la planète. Un lieu qui n'avait certainement pas été choisis au hasard mais S'orn préférait laisser ces détails techniques aux services de sécurité. Marchant derrière la Chancelière Von, le neimoidien s'aperçut très vite que la gravité de la planète était moins forte que sur Neimoidia et comparable à celle de Coruscant. Un détail de plus évidemment mais cela l'aidait à ne pas penser aux risques qu'il encourait à être présent lors de cette mission.

Ils arrivèrent enfin dans la large salle ouverte pour l'occasion. La présence de plusieurs soldats des forces spéciales n'échappa pas au Neimoidien qui se sentit du coup un peu plus rassuré. Peut-être sortirait-il vivant de cette mission finalement ?
De nombreuses personnes étaient déjà présente, il reconnu très vite le Sénateur d'Artorias et celui d'Aargau qui semblaient se défier du regard d'un bout à l'autre de la salle. Xiao Katarn prit soin de faire un rapide tour de l'endroit en toute discrétion, s'assurant ainsi de l'absence de danger éventuel. Un léger mouvement de tête en signe que tout était en ordre et Grendo S'orn s'installa comme tout le monde, prenant soin de se positionner à la droite de la Chancelière. Lyn Ornfray ne prit pas la peine de s'asseoir et resta debout, derrière le politicien, tout comme Xiao Katarn qui préférait rester en retrait et éviter de trop déranger l'assemblée par sa présence.
Un léger sourire pu se lire sur les lèvres du Ministre du Trésor et de l'Economie lorsqu'il comprit que le Sénateur d'Aargau et celui d'Artorias s'étaient assis l'un en face de l'autre signe d'une rivalité qui ne s'était jamais éteinte. Nul doute que la réunion d'aujourd'hui permettrait d'y voir déjà un peu plus clair mais les politiciens et encore plus les financiers étaient des gens imprévisibles. Grendo S'orn le savait et en faisait tout autant partie car sous ses allures de Neimoidien sympathique et compréhensif se cachait un être perfide et fourbe qui avait plus d'un tour dans sa manche.

La réunion pouvait à présent commencer.
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L’ambiance était lourde, tendue, désagréable, et tout le monde pouvait le sentir, sans avoir besoin d’être sensible à la Force. Thaddeus Kagan et Lars Shadley se lançaient mutuellement des regards de haine qui auraient réduit en temps ordinaire le protestataire le plus véhément au mutisme le plus total. D’ailleurs, le silence qui s’installa après la déclaration de la Chancelière était symptomatique de cet état d’esprit. Que dire ? Que faire ? Qui oserait prendre en premier la parole, quitte à déclencher l’ire d’un des deux sénateurs ? Et surtout pour dire quoi ? Telles étaient les questions insolubles que se posaient toutes les personnes rassemblées autour de cette table, car toutes savaient que la volonté de celle qui présidait cette assemblée de les laisser s’exprimer n’était pas sans arrière-pensées. Du moins, tous le croyaient. Et ils n’avaient pas tort.

En effet, Alyria n’avait pas fait cela au hasard, pas plus que pour respecter uniquement un certain protocole symbolique. Certes, cette deuxième donnée rentrait en ligne de compte, mais pas seulement. Non, elle avait appris, au cours de ses mois passés dans les entrailles du Sénat tout d’abord, puis comme ministre ensuite, que la première personne à prendre la parole, quand la personne présidant une réunion ne décidait pas d’impulser directement une certaine ligne de conduite, le faisait souvent pour deux raisons : parce qu’elle avait finalement le courage, les tripes, comme disaient les soldats de manière plus familière de s’exprimer, ou parce que, plus prosaïquement, elle avait le plus à perdre.

Or, justement, la jedi n’avait pas voulu s’imposer en force dans l’échange à venir. Cela aurait pu paraître désagréable. Il fallait agir avec plus de finesse, de doigté, avant bien entendu, de s’engouffrer dans la première brèche venue pour finalement prendre la conduite des échanges, en ayant l’air de répondre à des attentes, de proposer des solutions à un problème posé non par elle, mais par d’autres. En un mot, au fond, jouer le jeu de façon presque politicienne. Sauf que le cadre était une crise économique et sociale qui menaçait une planète, voir par extension, une partie de la République. Tous étaient conscients de cet état de fait, et cela devait aussi freiner les enthousiasmes. Du côté des hommes d’affaires, il y avait la volonté de ne pas paraître vindicatif, de ne pas se mettre à dos ceux qui détenaient les cordons de la plus grande bourse de la galaxie, bref, de paraître sous leur meilleur jour également à la nouvelle cheffe de l’Etat. Du côté des deux sénateurs, l’un se devait de se poser soigneusement en victime éplorée, et l’autre de sauver ce qui pouvait l’être pour éviter que ses administrés ne payent un tribut trop lourd pour effacer les erreurs de son prédécesseur.

Tous se regardaient, les yeux se faisaient furtifs, papillonnants, parfois craintifs, souvent calculateurs. Et au milieu, offrant un visage parfaitement imperturbable, sans un seul mouvement facial ayant pu trahir une quelconque émotion se tenait Alyria, les mains calmement posées sur la table, donnant à observer aux curieux les fameux gants blancs qui avaient fait une partie de sa réputation, et qui cachaient la désormais célèbre prothèse au bout de son bras gauche. L’éclat du métal dépassait légèrement de la protection de tissu, attirant l’œil de Thaddeus Kagan, et de quelques autres, avant que ce dernier ne détourne son regard, l’air un peu mal à l’aise. Il était de bon ton à son humble avis de rappeler que celle qui se tenait à cet instant en face de ces hommes et de ces femmes était un être d’action, qui avait combattu sans relâche toute sa vie, et en avait payé le prix. Et puis, si certains pensaient à partir de là qu’elle n’était qu’une simple guerrière incapable de réflexion, c’était tout à son avantage : la Main Brisée saurait les surprendre, comme elle avait toujours su le faire dans de pareilles circonstances. Déjà dans sa jeunesse, de nombreux Sénateurs s’étaient montrés singulièrement surpris en voyant que leur garde du corps jedi comprenait parfaitement ce qui se tramait, parfois même à leurs dépens. L’esprit aiguisé par une enfance passée dans un univers de rigueur militaire et de politique aussi dangereuse que sordide, elle avait persévéré dans ses études, à tel point que la question de son avenir en tant que jedi s’était plusieurs fois posée : elle aurait fait une Consulaire douée, tous s’accordaient sur ce point. Et si elle avait finalement choisi le corps des Gardiens, elle avait conservé cet amour de l’analyse logique et de l’observation politique qui ne l’avait jamais quitté, au point de discuter jusqu’à point d’heures avec un maître du Conseil de sciences politiques galactiques. Mais tout cela, ses interlocuteurs ne pouvaient le savoir.

Le silence s’étirait paresseusement, étendant son ombre rampante dans la salle de façon insidieuse. Alyria balaya la tablée de son regard vert profond, jaugeant l’ensemble des personnes présentes, y compris son propre ministre. Autour d’eux, les quelques autres personnes présentes, officiers de sécurité ou secrétaires, voir conseillers spéciaux commençaient à trouver le temps long, c’était évident. A travers la Force, la Chancelière sentait le malaise du Major Olson, qui scrutait la salle avec une méfiance à peine dissimulée, les yeux se posant souvent sur le Sénateur d’Aargau.

A vrai dire, et de façon amusante, il y avait presque une certaine ressemblance entre les deux, ne put s’empêcher de noter Alyria. Lars Shadley offrait le visage d’un bel homme à la chevelure blonde et au sourire ravageur, dont les yeux verts avaient dû lui assurer un certain succès auprès des femmes… Et de la gent masculine, à en juger par le regard discrètement appréciateur qu’un des gardes du corps d’un des financiers présents lui jetait depuis le début de cette réunion. Habillé élégamment, il offrait une façade agréable, à n’en pas douter. Mais cela n’était qu’apparence, et la maîtresse d’armes avait encore en tête sa prise de parole lors du débat qui avait opposé Emalia Kira à Côme Janos lors de l’annonce du nouveau gouvernement suite à la victoire de Valérion Scalia lors des élections pour la Chancellerie.

Là, Lars Shadley avait offert une leçon que les commentateurs politiques s’étaient évertués à qualifier convenablement : opportunisme pour les uns, realpolitik pour les autres … Mais aussi pour les offensifs, ou les plus réalistes selon Alyria, une démonstration cinglante des mœurs détestables qui prenaient place dans la Rotonde et dégoûtaient bon nombre de personnes de leurs représentants. Il y avait de quoi, ce genre de pratique, de double-jeu permanent, révulsait profondément la maître jedi. Bien sûr, il fallait forcément ruser pour parvenir au pouvoir, mais il y avait une différence entre cela et de la corruption, voire de la pure tromperie. Bref, pour résumer, elle n’avait strictement aucune confiance dans la vipère séductrice qui se trouvait à cette table.

Ironiquement, son rival et confrère, le sénateur d’Artorias élu après l’accession à la Chancellerie de feu son prédécesseur, était un parfait opposé de ce dernier sur le plan physique : très brun, la peau mate, les sourcils broussailleux et l’air perpétuellement en révolte contre le monde entier, un visage aux traits banals, un peu frustes, il en imposait cependant par le feu de son regard d’un noir profond et la détermination farouche qui se lisait dans ce dernier. Partisan des idées défendues par Valérion Scalia, ce qui n’était guère une surprise, il était sans doute l’une des rares personnes autour de cette table avec une réelle fibre sociale. Ce pouvait être un avantage à exploiter, ou un inconvénient à juguler si l’homme se faisait trop véhément et n’était pas satisfait par les propositions qui sortiraient de ce conciliabule qui se faisait décidément attendre.

Et pourtant enfin, le salut vint du bouillant sénateur d’Artorias, qui, comme mû par le regard de la Chancelière posé sur lui, dans une attitude de défi, finit par prendre la parole et s’exclamer :

« Alors je vais commencer, puisque personne ne semble décidé à le faire ! Parce que je pense être le représentant des victimes les plus nombreuses, soit un peuple qui a perdu son ancien sénateur, son Chancelier, et se retrouve sous le feu d’une population qui était censée l’accueillir, et non la poignarder dans le dos en pactisant avec ceux qui ont incendié leurs maisons, leur planète natale ! »

Le ton était vibrant, violent, même s’il fallait reconnaître que fondamentalement, Thaddeus Kagan n’avait pas complètement tort. Les plus grandes victimes de tout ce gâchis monumental étaient sans nul doute les civils artoriens. Cela dit, il ne fallait pas oublier …

« Vous vous oubliez Sénateur Kagan. »

Comme attendu, Lars Shadley venait de prendre la parole, et ayant coupé son opposant dans sa lancée, ne put s’empêcher de siffler :

« Les civils aargauniens n’ont rien à voir avec ce qu’il se passe en ce moment, ils souffrent autant que vos concitoyens, peut-être même plus, car à cause d’un événement dont ils ne sont en rien responsables, le travail de toute une vie, voire de plusieurs générations risque de s’effondrer. Un peu de décence. »

L’autre parut enfler comme une baudruche, avant de rétorquer sur un ton venimeux :

« De la décence ? Quand le Chancelier a été assassiné par un des vôtres ? Quand toute cette horreur a été provoquée par un homme que vous souteniez fermement il y a encore quelques mois ? Dois-je vous rappeler à quel point vous trouviez son don pour le double-jeu… Intéressant ? Ah pour le coup, il a fonctionné d’une manière impressionnante ! »

Un partout, la balle au centre. Concrètement, Alyria avait l’impression d’assister à une rencontre sportive où elle comptait les points, car encore une fois, Kagan avait appuyé, assez perfidement mais avec justesse, sur un point fondamental et soulevé un argument intéressant. L’autre se renfrogna évidemment, et dit d’une voix lourde :

« Que sous-entendez-vous exactement ? Que j’aurais maille à partir avec tout ceci ? »

« Exactement ! »

Il était temps d’intervenir avant que les deux sénateurs n’en viennent aux mains, ce qui au vu de la position des deux, prêts à bondir, se lançant des regards meurtriers, n’allait pas tarder au train où les choses allaient. Déjà certains financiers lançaient des regards nerveux à leurs officiers de sécurité. Bref, il était temps de mettre un terme à ces invectives, et d’en profiter pour asseoir son autorité.

Alyria l’avait compris rapidement, la voix était un atout précieux dans le jeu des négociations, quelles qu’elles soient. Un ton grêle, nasillard, pouvait aisément vous disqualifier complètement dans une conversation car elle serait jugée ridicule, ou désagréable. Une voix pas assez affirmée était un handicap certain pour tenter d’imposer sa préséance. La sienne était un avantage cosmétique non négligeable, surtout dans le cas présent. Grave pour une femme, avec une capacité à porter au loin, elle n’avait nullement besoin de forcer pour se faire entendre, et ce timbre portait en lui un certain charisme naturel. Son travail sur ses inflexions afin de rendre son débit lent, détaché, fluide avait fait le reste. Rares étaient les occasions officielles où la jedi décidait de le forcer, car ce n’était que pour produire un discours un brin plus enflammé, ce qui n’était guère dans ses habitudes. Aux effets de manche et emportements des uns, elle préférait souvent le caractère posé et serein d’une explication claire et logique. Ce qui ne signifiait pas qu’elle n’était pas capable de donner du tonus à ses prises de parole. Simplement qu’elle utilisait cet artifice oratoire rarement, et quand la situation l’exigeait. Ce n’était pas le cas présentement.

D’une voix ferme, qui ne souffrait aucune contestation, tout en restant suffisamment douce pour ne pas paraître péremptoire, dans une métaphore vocale de cette femme à la main de fer dans un gant de velours, et ce dans tous les sens du terme, la Chancelière déclara :

« Messieurs, je crois qu’il va falloir vous arrêter là. Les invectives mutuelles ne serviront à rien, si ce n’est à envenimer une situation qui n’en a guère besoin. C’est la méfiance et la haine qui ont mené en partie à la mort du Chancelier Scalia, mais également d’Ion Keyien. Il n’est pas question de voir de nouvelles tragédies se produire en permettant à ce climat délétère de perdurer.

Vous avez tous les deux raisons, aussi, faire cause commune pour vos deux peuples me semblerait la chose la plus normale en cette heure. Les réfugiés artoriens, déjà durement frappés, ont perdu un leader, même si je suis sûre que le Sénateur Kagan ici présent aura à cœur d’obtenir la même aura que feu mon prédécesseur. Plus encore, ils se retrouvent les victimes innocentes d’un engrenage qu’ils n’ont en rien voulu.

Mais les civils aargauniens, hormis quelques extrémistes que nous allons juguler rapidement grâce aux enquêtes diligentées suite à la mort de Valérion Scalia, n’ont rien à voir non plus avec tout cela. Ils souffrent tout autant que les artoriens d’une situation difficile, mais dont je tiens à rappeler la nécessité.

Si nous sommes tous autour de cette table, c’est pour trouver un ensemble de solutions pour permettre la transition la plus douce qui soit pour tous une fois le danger écarté. Je crois que vous êtes d’accord sur un point non ? Alors partons de là, voulez-vous ? »


Autant régler l’affaire immédiatement. Cependant, Lars Shadley n’était pas de cet avis, et ouvrit la bouche pour le faire savoir… Avant de la refermer brusquement. Légèrement interloquée, Alyria se demanda ce qu’il se passait quand la réponse vint d’elle-même. Le sénateur regarda son communicateur personnel et parut pâlir. Il expliqua finalement :

« Excusez-moi, la Cour Suprême cherche à me contacter, je peux difficilement différer ma réponse. Mesdames, messieurs … »

L’homme sortit, ce qui eut pour effet de faire éclater la bulle de tension qui semblait les avoir tous englobés depuis l’échange tendu entre les deux hommes politiques. Certains en profitèrent pour sortir un peu afin d’échapper à cette atmosphère un brin désagréable. Alyria elle-même aurait bien profité de cette petite pause pour discuter avec son ministre et même quelques-unes des personnes présentes, mais son propre comlink se mit à vibrer. Et là encore, ce n’était pas un appel à manquer. Se levant de son siège, elle chuchota à Grendo :

« Le Haut-Commandement cherche lui aussi à me parler. »

Puis elle s’éclipsa dans une pièce attenante, laissant néanmoins Olson dans la salle centrale, afin d’avoir des yeux et des oreilles à l’intérieur. Mieux valait-être prudente. Une fois les vérifications d’usage quant à l’insonorisation et l’absence d’appareils espions visibles effectuées, elle ouvrit enfin la communication, et Yusanis Fenter apparut:

« Votre Excellence, une bonne nouvelle, les siths ont tiré pour faire fuir nos éclaireurs, la présence de la base est officiellement confirmée, les manœuvres au sol ont également débuté. »

Voilà au moins une bonne nouvelle. Restait à prendre cette maudite base. Pas une mince affaire évidemment, mais Alyria avait confiance dans son Ministre de la Défense et dans tous les jedis et républicains mobilisés pour cela. Elle déclara alors, essayant de transmettre cette assurance à son vieux mentor :

« Très bien, j’ai foi dans vos capacités et dans celles de nos hommes pour que cette opération soit un succès. »

Ils parlèrent encore quelques secondes, puis se saluèrent et Alyria coupa la communication, afin de revenir dans la salle. Son absence n’avait duré que deux ou trois minutes, pas davantage, et au même moment, Lars Shadley revint et le silence se fit une fois la Chancelière rassisse. L’aargaunien lui, préféra rester debout, ce qui, à la lumière de ses explications, parut parfaitement logique :

« La Cour Suprême requiert ma présence pour assister dans l’enquête concernant les agissements de Côme Janos. Je ne pourrais donc être présent durant le reste de cette réunion, j’espère que vous le comprendrez tous.

Mon assistante prendra ma place afin d’assurer la représentation du peuple aargaunien. »


« Bien sûr, Sénateur Shadley, faites, je vous en prie, si la Justice a besoin de vous entendre pour faire la lumière sur les agissements de Darth Deinos, c’est tout à fait normal. »

L’utilisation du nom sith n’était évidemment pas fortuite. Il était temps de rappeler à qui tout le monde avait affaire. L’effet fut assez saisissant, et en un instant, ce fut comme si Lars Shadley avait perdu toute crédibilité dans l’assistance. Après tout, ce genre de convocation était rare, et juste derrière les accusations de Thaddeus Kagan, plus la petite pique de rappel d’Alyria quant à la réalité de la situation… Voilà qui venait de balayer virtuellement le Sénateur d’Aargau des négociations, et ce n’était pas sa secrétaire qui pourrait y faire grand-chose. Un bon point, qui calmerait d’entrée de jeu les choses et permettrait enfin de passer à la suite dans de meilleures conditions, tout en calmant l’artorien.

La secrétaire de Shadley prit place, et immédiatement, la ressemblance avec le Sénateur d’Aargau fut frappante. Même cheveux blonds, mêmes yeux verts, même structure faciale, presque les mêmes expressions… Les deux devaient être de la même famille, ce que la femme s’empressa de confirmer en se présentant :

« Je suis Jeanne Shadley, ce sera un honneur de remplacer le Sénateur lors de cette réunion. »

Le nom de famille leur offrait la confirmation nécessaire, quand bien même la ressemblance fut suffisamment frappante pour que le lien soit évident. Bon, on ne mentionnerait le népotisme évident, même si à cet instant, le mot était dans toutes les têtes.

Alyria attendit un instant, puis se décida à enfoncer le clou et prit la parole à cet instant :

« Merci Madame Shadley, je suis sûre que vous vous acquitterez de cette tâche à merveille. »

Puis son ton devint nettement plus grave, ses traits se durcirent, et elle lâcha ce qu’elle voulait en réalité dire depuis un bon moment :

« Je profite de la convocation du Sénateur Shadley sur les agissements criminels de Darth Deinos pour partager avec vous la nouvelle que m’a transmis à l’instant le Ministre de la Défense, l’Amiral Fenter. »

Immédiatement, toute l’attention de la salle fut sur elle.

« Afin de mettre en déroute nos éclaireurs aériens, les siths ont tiré, révélant leur présence, et la localisation de la base par la même occasion.

L’assaut a été lancé, les forces républicaines marchent en ce moment même vers cet objectif.
Voilà qui confirme, si besoin était, la nécessité de ce blocus. Nous avons en face de nous, à quelques kilomètres seulement de ce bâtiment, un complexe remplis d’ennemis de la République qui auraient constitué une force de frappe terrible sur l’ensemble des territoires environnants, avec Aargau en première ligne.

Mais cela prouve aussi que l’opération des forces armées de la République fonctionne comme nous l’espérions et que nous devons donc dès à présent travailler à la meilleure transition possible. »

Le contenu était volontaire inquiétant, même si elle l’avait un peu atténué sur la fin. Marteler la nécessité du blocus était un impératif, et rappeler aussi à tous ces officiels le danger à leurs portes n’était pas une mauvaise chose, car cela avait tendance à ramener ces êtres à la réalité précaire, violente, dans laquelle ils évoluaient, et non dans ce monde de chiffres dans lequel trop de ces hommes et femmes de pouvoir avaient tendance à se perdre.

Désormais, le problème de la rivalité entre les sénateurs d’Aargau et d’Artorias était diminué, pour ne pas dire écarté. Alyria avait l’impression qu’aidée un peu par les événements, ou la Force, comme auraient dit certains jedis adeptes de la Force Unificatrice, elle avait fait un pas en avant déterminant dans la mise en place d’une ambiance propice à la résolution des difficultés en présence.

C’était un début, et il fleurait un léger parfum d’espoir.
Spoiler:
Grendo S'orn
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L'atmosphère était pesante presque inconfortable, si bien que Grendo S'orn se demandait ce que la Chancelière pouvait bien penser là tout de suite. Elle, qui de part sa fonction représentait le plus Haute Autorité de la République Galactique, avait introduit la réunion à peine était-elle installée. Sans dire un mot, le Neimoidien, lui, continuait d'observer les différents membres autour de la table. Outre les deux Sénateurs d'Artorias et d'Aargau qu'il connaissait déjà, il reconnu l'un ou l'autre visage sans pour autant se souvenir de leur nom. Quoi de plus normal pour un homme qui rencontrait énormément de monde chaque semaine, se souvenir de chaque individu était tout simplement impossible. Il se retourna, demandant discrètement à son assistante d'approcher, elle s'exécuta.

« Pouvez-vous me rappeler le nom et la fonction de l'individu au bout de la table, à côté de la femme aux cheveux noires là bas ? » lui chuchota-t-il.

Loohy Quee releva discrètement les yeux pour apercevoir le visage de l'homme aux traits sévères, probablement âgé d'une cinquantaine d'années.

« C'est le représentant des banques d'Aargau, l'un des membres les plus influents de la planète. »

Le Neimoidien acquiesça lentement, fixant l'individu durant un instant tandis que le Sénateur d'Artorias, Thaddeus Kagan, prit enfin la parole. Tant mieux, ce long silence ne pouvait plus durer et commençait sérieusement à mettre mal à l'aise Grendo. Non pas qu'il était nerveux, non pas du tout, enfin un peu peut-être. Après tout il connaissait les financiers, il savait que bon nombre d'entre eux étaient capable de vendre leur propre mère pour faire du profit, sans regret et sans état d'âme. S'orn n'était pas ce genre d'homme, il était froid et calculateur évidemment, comme n'importe quel Neimoidien de pure souche, mais pour lui le mot famille avait encore un sens. Pendant une seconde il se rappela la naissance de chacun de ses enfants. Shanka, la première, l'unique fille et enfant qu'il a eu avec Findos Lik, l'amour de sa vie, avant qu'elle ne décède en couche. Haako, son premier garçon aujourd'hui âgé de 21 ans, Rune, Guunay et Rute, fruits de l'union avec Damak Ten'shi sa femme actuelle. Et bien que ces derniers temps les relations avec celle-ci devenaient de plus en plus tendues, il appréciait chaque instant qu'il pouvait passer avec sa douce progéniture. Dommage que son travail ne lui prenne autant de temps, il aurait tant aimé passer plus de temps avec eux et les voir grandir ...

D'après leurs déclarations, ni le Sénateur d'Artorias, ni son homologue d'Aargau ne voulait prendre la responsabilité de toute cette situation. Se lançant la balle continuellement, la Chancelière Von mit fin à cette conversation qui de toute façon n'aurait rien apporté d'intéressant au débat. De par son discours, il reconnaissait bien la jeune Alyria qui tentait de calmer le jeu tout en rappelant que les deux parties étaient avant tout victimes et non l'une ou l'autre coupable. Cela semblait fonctionner, plus personne ne disait un mot excepté Lars Shadley qui s'apprêtait déjà à répondre mais referma la bouche instantanément tout en baissant la tête vers le côté droit. D'où il était assis, S'orn ne pouvait apercevoir ce que le politicien Aargaunien observait, si bien qu'il commençait déjà à paniquer. Et si il avait une arme ? Et si il s'attaquait à la Chancelière, il serait probablement le second sur sa liste, ça y est son heure était arrivée, pourquoi aujourd'hui, pourquoi lui ...

L'homme s'excusa respectueusement, la Cour Suprême cherchait à le contacter et quitta les lieux un instant. Ouf plus de peur que de mal, décidément Grendo devait absolument se calmer afin d'éviter une éventuelle crise de stress. S'emparant de la manche gauche de sa tunique, il essuya son front humide tandis que la Chancelière vint le prévenir que le Haut-Commandement désirait lui parler. L'occasion pour lui d'entrer en jeu et de s'adresser directement aux personnes présentes dans la salle.

« Mesdames, Messieurs, beaucoup d'entre vous me connaissent déjà, je suis le Sénateur S'orn de Neimoidia, récemment nommé Ministre du Trésor et de l'Economie par la Chancelière Von.
En qualité de représentant de l'économie républicaine, veuillez vous adresser à moi pour toute question relative à mon domaine. Sachez que la situation économique d'Aargau est pour moi une priorité et comme la Chancelière vient de vous le dire, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour entamer le processus de transition. Avant qu'on ne me pose la question, je souhaite vous dire que le Blocus imposée sur la planète était une nécessité. Plus vite nous aurons abordé les sujets importants, plus vite la situation se règlera et le blocus sera levé. »


Le Neimoidien se tût et attendit le retour de la Chancelière qui s'était absentée quelques minutes à peine. Lars Shaldey revint également parmi l'assemblée s'excusant une fois encore de ne pas pouvoir participer à la réunion, sa présence étant requise pour l'enquête concernant les agissements de Côme Janos. Jeanne Shadley, son assistante représenterait dès lors les intérêts du peuple d'Aargau. A voir leur ressemblance physique, Grendo aurait parié qu'ils étaient de la même famille, mais peu importe, le piston était un moyen couramment utilisé au sein de la politique. Lui-même le savait sur Neimoidia. Le nombre d'incapables et d'incompétents à des postes clés du Gouvernement Neimoidien était ahurissant. Et on osait parler de liberté, sottise !

L'annonce d'Alyria Von sur les nouvelles du front paraissait à la fois rassurer et terrifier l'assistance. Jusqu'ici rien ni personne n'avait pu confirmer la présence des Sith sur Aargau, si ce n'est les dires de Côme Janos en personne. Désormais c'était vérifié. Une base Sith était effectivement présente sur la planète, à quelques kilomètres de là selon la Chancelière. La peur de Grendo aurait pu refaire surface si l'un des membres de l'assemblée ne s'était pas aussitôt exprimé sur la question :

« Madame la Chancelière, Monsieur le Ministre, je ne doute pas de l'utilité du Blocus, surtout après ce que vous venez de nous confirmer à l'instant. Néanmoins sachez que si il dure trop longtemps, notre économie risque d'en subir les lourdes conséquences. A vous entendre le Gouvernement s'intéresse de près à notre situation, j'entends bien mais s'intéressera-t-il toujours à nous une fois le blocus levé ? Que ferez-vous pour compenser nos pertes financières éventuelles ? »

L'homme d'une trentaine d'année qui en oublia même de se présenter, avait les cheveux blonds, des petite lunettes sur le front et portait des vêtements sombres. Le Ministre se doutait qu'il s'agissait probablement d'un espèce de comptable plus intéressé par les chiffres et les graphiques que par la situation dramatique qu'aurait pu causée la présence des Sith aussi près de Coruscant.

« Il va de soi que nous n'oublierons pas Aargau lorsque cette crise prendra fin. Vous faites partie de la République et pour cette raison, le Gouvernement Républicain participera à relever votre économie et rembourser vos pertes éventuelles. Nous disposons d'un large panel de possibilité pour le faire, croyez moi. »
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La codification d’un duel en bonne et due forme était extrêmement complexe, et tout adepte du Makashi, voir plus généralement de l’art du sabre en avait conscience, et en avait intégré les rudiments. Certains poussaient plus loin leur apprentissage en respectant scrupuleusement ces règles parfois laborieuses, mais héritées d’une étiquette d’un temps lointain, et ce en toutes circonstances. Pourquoi s’embarrasser d’un tel décorum ? Tout simplement car il permettait de se reconnaître entre pairs, d’introduire un semblant de code d’honneur dans ce qui restait au final un bain de sang programmé, mais aussi et surtout parce que c’était un moyen rapide d’identifier la personnalité de ceux que l’on affrontait, à la manière dont ils comportaient face à ces subtilités réellement maîtrisées par une poignée d’initiés.

L’art de la conversation, et par là-même de la négociation, n’était pas différent. Sous ces airs policés, c’était avant tout une lutte féroce, dans laquelle chaque partie s’engageait âprement avec pour seul but de sortir vainqueur, ou au moins de limiter les dégâts. Or, pour jauger les forces en présence, rien de mieux que de sacrifier aux mondanités, ou refuser de le faire, au choix. Toute prise de parole équivalait à mettre dans la balance sa propre personne, son code moral, et les intérêts que l’on représentait. Par conséquent, suivant le respect ou non des usages en vigueur, il était aisé de discerner qui on avait en face de soi, et donc de déterminer la marche à suivre pour se sortir de l’ornière, ou au contraire enfoncer le clou.

Ainsi, en demandant immédiatement de revenir à la question financière, l’homme qui venait de parler avait révélé les intérêts qu’il défendait immédiatement. Non pas qu’il eut été difficile de le dire avant, évidemment, mais en un sens, de cette manière, les choses étaient devenues immédiatement plus claires. Fini les questions politiques pures au sens strict du terme, il était temps de faire des annonces. La nécessité du blocus était avérée, personne ne pouvait le contredire, l’humain lui-même n’avait pu qu’en convenir. Or, difficile de critiquer une décision fondée sur des bases aussi solides. Il ne lui restait donc que la demande polie, quoique légèrement inquisitrice, pour s’assurer de la suite. Si Alyria avait été une véritable politicienne, elle aurait pu penser que tout se déroulait pour le moment de façon suffisamment pratique pour lui permettre de se positionner de manière avantageuse.

En effet, une fois la question éminemment délicate du blocus évacuée, il ne restait qu’à régler le côté pécuniaire proprement dit. Et de côté-là, son prédécesseur avait doté la République d’outils puissants, comme l’avait rappelé son Ministre de l’Economie. Sans compter l’éventail de lois préparés sous le début de mandat de Valérion et qu’elle s’était empressée de faire voter au Sénat, pour des raisons certes au début purement utilitaire, soit rassurer les anciens soutiens de Scalia, s’allier définitivement son Vice-Chancelier… Et doter l’Etat des mesures de sécurité nécessaires pour éviter qu’une telle cohue ne se reproduise. Le fait qu’elle soit à titre personnel favorable aux deux lois n’avait pu qu’aider évidemment.

Cependant, il fallait saluer le travail législatif d’Alan Bresancion et de feu Ion Keyien pour un aspect sur lequel personne n’avait trop insisté : celui qui consistait à créer des dispositifs cruciaux au détour d’une loi générale. En arrivant à la tête de la Chancellerie, elle avait immédiatement étudié avec zèle les projets qui restaient dans les tiroirs du gouvernement, mettant à profit sa participation au Conseil des Ministres pour pouvoir entrer directement dans les détails sans devoir s’ennuyer à devoir tenter d’obtenir des explications plus complètes.

Mais ce n’était pas tout : impossible de l’oublier, tant l’évidence se lisait sur son visage, et accessoirement à sa ceinture, mais la nouvelle Chancelière était membre de l’Ordre jedi, et un maître de surcroît, qui avait reçu lors de la réunion exceptionnelle organisée le soir-même de son accession surprise au pouvoir la confiance du Conseil, et disposait de certaines connaissances à l’intérieur de ce dernier. Elle savait pouvoir compter sur l’appui de ce dernier, et comment l’utiliser d’une façon qui satisferait l’éthique du Temple, achèverait de le montrer sous un jour favorable aux citoyens républicains ce qui terminerait l’œuvre entamée sous Halussius Arnor. Après la méfiance, puis la conciliation, il était temps de rappeler que l’Ordre était un allié fidèle de la République, qui se souciait des plus faibles, sans jugement ni parti pris, et disposait de ressources fiables pouvant servir en temps de guerre… Ou ce qui semblait s’en approcher.

Enfin il restait bien entendu le cœur de la politique économique de Valérion, soit les nationalisations, aussi utiles que contestées. Si le vote du budget était passé au Sénat avec une écrasante majorité, alors qu’il listait explicitement ses dernières, il était évident pour autant qu’une telle mesure ne pouvait que faire parler certains milieux. Mais elle permettait en contrepartie à l’Etat de disposer d’un panel de mesures impressionnant pour juguler les crises à venir, et notamment celles-ci.

Qui avait dit que les lois et la politique ne servaient à rien, si ce n’était à complexifier un code pénal et civil déjà suffisamment indigeste ? Elle allait prouver le contraire, et montrer à tous ces financiers le bien-fondé des décisions prises.

Reprenant la parole à la suite de son Ministre de l’Economie, Alyria déclara donc :

« En effet, comme vient de le souligner Monsieur S’orn l’Etat fédéral, grâce notamment aux mesures prises par feu mon prédécesseur, et à celles votées immédiatement au début de ma propre mandature dans une volonté de ne pas interrompre les travaux législatifs du Sénat, est doté d’un dispositif permettant d’intervenir efficacement dans les cas comme celui d’Aargau présentement.

C’est pourquoi je tiens à assurer à tous ici le plein soutien du gouvernement, mais aussi, j’en suis convaincue de l’ensemble des citoyens républicains et de leurs alliés. Mais comme des actes valent mieux, en pareil cas, que des mots, je vous propose de passer immédiatement à la discussion quant à la mise en place d’un dispositif complet afin d’aider au mieux Aargau à résorber les éventuels désagréments liés à la situation actuelle, qui pourra s’imbriquer dans une vision plus large de politique économique globale. J’y reviendrais néanmoins en temps utile. »


Sure d’avoir à présent l’attention de toute la salle, elle prit une profonde inspiration et commença à dérouler ses propositions :

« Les divers services du gouvernement, soit la Chancellerie, la Vice-Chancellerie, les Ministères de l’Economie, du Travail et de l’Industrie ont travaillé de concert pour fournir un plan global qui comporte deux volets : le premier, central, qui nous concerne prioritairement maintenant, est un plan pour Aargau afin d’aider à amortir au mieux les coûts des opérations en présence afin que cela ne pénalise pas les activités civiles. »

Et ne grève pas le budget fédéral, mais c’était un détail technique à ne pas dire à voix haute.

« Le second est à une échelle plus vaste, puisqu’il concerne des mesures d’ordre macroéconomiques destinées à dynamiser l’activité dans l’ensemble de l’espace républicain, mais qui viendra donc en soutien à la relance d’Aargau.

L’imbrication d’une action locale et d’une autre au niveau fédéral permettra une maximisation des effets bénéfiques, et ce sur l’ensemble du territoire, tout en nous attardant sur les planètes les plus fragiles actuellement. »

Il était important de ne pas donner l’impression non plus que les citoyens payeraient pour les erreurs d’autres. Le tout était donc de doser subtilement le niveau global et le niveau local pour permettre de multiplier les effets de relance tout en profitant de l’occasion pour stimuler l’économie en général, soit ce qu’il fallait en des temps de crise pour retrouver la confiance.

« Voyons d’abord la première partie du plan. Comme vous le savez sans doute, ces derniers jours, la loi Scalia, dite aussi du Pacte Social, a été votée par le Sénat. Dans cette loi est inclue la création de la Caisse pour les Interventions Humanitaires d’Urgence, ou CIHU, qui a pour but de fournir une aide financière en cas d’urgence pour la population dans les temps de crise. Aargau se qualifie amplement pour cette dernière.

A cela peut s’ajouter la Loi Patriote, dont la section 103 de l’article premier prévoit la création sur le budget de la Sécurité Intérieure d’un Fond pour le Contreterrorisme, qui prévoit le remboursement des agences ministérielles ayant eu à dépenser des fonds pour reconstruire ou réparer des installations, lutter contre des actes terroristes…

La combinaison de ces deux outils va permettre dans un premier temps : de financer presque intégralement la prise en charge des dépenses issues du blocus et ayant été dommageables aux activités civiles sur place, en ce qui concerne le Pacte Social. Si cela s’avère nécessaire, les Ministères de l’Industrie et de l’Economie travailleront en étroite collaboration avec la Sécurité Intérieure grâce au Fond pour le Contre-terrorisme pour financer d’éventuelles reconstructions d’édifices du gouvernement planétaires et les installations essentielles à la vie en collectivité et ayant pu être détruit. »


Ce début sembla plaire à l’assistance, mais Alyria ne leur laissa pas le temps de souffler, et enchaîna rapidement :

« Cependant, cela ne résoudra pas la sortie plus immédiate de crise, soit l’organisation du transfert de nourriture, et il est nécessaire afin d’éviter une spéculation sur les prix des denrées de première nécessité, ce qui déclencherait une pénurie alimentaire, avec des conséquences que je vous laisse aisément imaginer…

C’est pourquoi j’ai demandé l’aide d’un des plus vieux alliés de la République, qui combat aujourd’hui sur le terrain pour protéger les populations locales. Je veux bien sûr parler de l’Ordre jedi. »


Un mumure interloqué parcourut l’assistance, les financiers et politiques présents se demandant ce que les jedis pouvaient bien avoir à faire la-dedans. Mais la maîtresse d’armes ne les laissa pas s’interroger lontemps, puisqu’elle poursuivit d’une voix forte, déterminée :

« Au moment où je vous parle, l’Ordre fournit déjà du matériel sanitaire et transporte de la nourriture vers les populations. En effet, je m’engage personnellement, en tant que représentante de l’Ordre jedi à cette table, à ce que les surplus du Medcorps et de l’Agricorps continuent à être acheminés vers Aargau même une fois que le blocus aura pris fin, gratuitement, afin de remplir les magasins et de permettre à tous d’avoir accès aux produits indispensables pour repartir sur de bonnes bases.

Ainsi, il n’y aura aucun risque de pénurie, ni de flambée des prix. Une fois la situation stabilisée, les jedis se retireront et les commerces pourront recommencer à s’approvisionner normalement. Cependant, en prévision d’une flambée des prix qui ne manquera pas d’intervenir, et des difficultés à dégager des liquidités, nous avons une dernière carte dans notre manche pour parfaire ce dispositif en plusieurs étapes.

Un certain nombre d’entreprises ont été en partie nationalisées par la République au cours des derniers mois. Il me semble important qu’en temps de crise, elles se mettent au service des populations dans le besoin. C’est pourquoi, si le gouvernement planétaire l’estime nécessaire, il pourra faire appel à ces dernières à des prix bas, fixés par l’Etat fédéral, afin que les entreprises ne travaillent pas à perte, mais que la reconstruction des infrastructures locales d’Aargau ne soient pas un coût démesuré non plus. Là encore, il faut à tout prix éviter une flambée des prix qui mettrait l’économie et la société aargaunienne dans son ensemble en danger.

Mais comme l’Etat n’est pas le seul acteur économique majeur, et que nous faisons pleinement confiance aux acteurs du secteur privé pour démontrer leurs capacités d’invention et leur sens des affaires, il nous semble vital de les associer à ce vaste projet. C’est pourquoi, après une sélection menée en concertation par les acteurs réunis autour de l’Etat suite à l’émission d’un appel d’offre général, un certain nombre d’entreprises privées pourraient être appelés, en fonction de leurs compétences, à fournir des produits importants pour le retour à une vie normale sur Aargau, après le retrait des investissements de l’Etat et celui des denrées de l’Ordre jedi.

En échange d’un monopole temporaire de quelques semaines, offrant évidemment des possibilités de marchés considérables, ces firmes s’engageront à pratiquer des prix bas, qui seront compensés par le nombre de ventes faisables grâce au monopole octroyé. A l’issue de ces semaines, et pour ne pas pénaliser les entreprises locales ni leur faire du tort, lesdits monopoles seront retirés, et la loi du commerce normal reprendra son cours.

J’espère que ces mesures vous rassureront, et vous satisferont. Elles ont été pensées pour faire peser le moins possible le coût des erreurs de quelques-uns sur les épaules de la population, tout en assurant la collaboration de tous au redressement de l’économie locale.

Je vous remercie. »


Alyria se tut, et se tourna vers son ministre pour lui indiquer par un très bref signe de tête que c’était à lui de jouer. Après tout, les questions ne manqueraient pas, et elle n’avait fait que tracer de grandes lignes, certes de façon technique, mais son expertise serait sans doute indispensable pour achever de convaincre les plus réticents.
Mesures annoncées:
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Grendo S'orn avait écouté attentivement le discours de la Chancelière Von. Un discours franc, sincère, que le Neimoidien n'aurait pas manqué d'applaudir si il n'avait pas été au sein de cette petite assemblée rassemblant financiers et autorités d'Aargau. Il devait bien le reconnaître, Alyria menait bien sa barque. Une parfaite maîtrise des mots utilisés pour s'adapter à n'importe quel interlocuteur et un contenu tout aussi intéressant. Un plan pour sauver l'économie d'Aargau en deux phases qui avaient le don de ne pas trop puiser dans les caisses de l'état, à sa grande satisfaction.
Alors qu'elle terminait son allocution, Grendo sentait que son tour arrivait. Il allait devoir convaincre lui aussi l'assemblée du bien fondé de ces propositions et répondre aux questions techniques.

« Bien, maintenant que la Chancelière Von vous a exposé en détail les deux phases du Plan de relance de l'économie d'Aargau, je ne doute pas que certains d'entre vous ont des questions, des suggestions peut-être. Aussi je me permettrai d'y répondre. Je vous écoute ? »

Le même homme de tout à l'heure leva la main, le Ministre lui donna la parole.

« Monsieur le Ministre, je constate avec une grande satisfaction que vous, la Chancelière Von et les Ministères compétents en la matière ont pu mettre en place un système qui semble, d'après vos dires, assez efficace. Bien que je ne doute pas de vos propos, pourrions-nous avoir des chiffres ? Ce que je veux dire, êtes-vous convaincu que la première phase de votre plan permettra d'amortir les coûts des opérations en présence et que cela ne pénalise pas les activités civiles ? »

Grendo s'attendait à ce genre de question. Dès sa première question, il avait compris que ce dernier était amateur de chiffres, de preuves tangibles, un véritable gratte papier à l'esprit étroit. Le Neimoidien avait l'habitude de traiter avec ce type de personne, il s'exprima en retour :

« Pardon, veuillez m'excuser, je n'ai pas compris votre nom ? » dit-il pour rappeler à l'homme qu'il n'avait même pas pris la peine de se présenter.

« Garil Hilse, comptable au service du Ministère du Trésor de la planète Aargau. »

Parfait, les présentations étant faites, S'orn savait mieux à qui il avait à faire.

« Bien, monsieur Hilse, c'est effectivement une très bonne question. Et comme l'a dit la Chancelière Von avant moi, mieux vaut des actes aux mots, je vous présente, selon nos estimations, le plan de relance d'Aargau, » dit-il en présentant le projet grâce à un holoprojecteur.

« Mon assistante ici présente, va vous remettre à toutes et tous un dossier complet comprenant nos estimations. Comme vous pouvez le constater en observant cette courbe ici présente, l'installation du Blocus a fait chuter l'import/export, ce qui comme vous vous en doutez, est tout à fait normal. Chaque jour où le blocus n'est pas levé représente un manque à gagner pour l'économie d'Aargau. »

Loohy Quee distribuait un dossier par personne.

.:. .:.

Vingt minutes plus tard ...

« Si vous observez plus en détail le graphique suivant, vous pouvez facilement comprendre que les coûts liés par exemple au blocus seront quasiment entièrement amortis par la première phase du plan de relance. Bien sur ce ne sont que des estimations, et si besoin est, nous adapterons cette première phase pour permettre à votre planète de ne pas trop subir cette crise. »

L'homme à la chevelure blonde et aux petites lunettes sur le front analysa le graphique qui lui était présenté un instant. Il semblait être satisfait de la réponse du Neimoidien.

« Monsieur le Ministre, Joah Wilrow, je représente les intérêts des banques d'Aargau. »

« Allez-y. »

« Permettez-moi de poser une question à laquelle probablement personne n'a pensé. Si les Sith réussissent à passer le blocus ? »

Le Neimoidien émit un léger rictus.

« Je ne suis certes pas qualifié pour ce qui concerne le domaine de la défense, mais je vous assure qu'il est probablement impossible de forcer le blocus. Et quand bien même, les Sith oseraient s'aventurer en orbite de la planète dans l'espoir de fuir, nos vaisseaux se chargeraient de les intercepter. »

« Ou ils pourraient aussi nous attaquer ici même, vous ne croyez pas ? »

« C'est une possibilité mais dans quel but ? »

« Je ne sais pas moi, se servir de nous comme une monnaie d'échange pour s'enfuir. Vous dites vous-même qu'ils sont condamnés, qu'ont-ils à perdre après tout ? »

« Cher Monsieur, je pense que vous sous-estimez largement nos forces de sécurité. Voyez autour de vous, et je ne parle même pas des unités qui font route vers cette base récemment découverte. Je doute que les Sith ou qui que ce soit au sein de cette base, ai le temps ou même l'occasion de riposter. »

Joah Wilrow ne semblait pas convaincu par la réponse du Ministre du Trésor et de l'Economie.

« Une autre question ? » demanda Grendo au reste de l'assemblée.

« Oui moi. Morgan Firin, Ministre de l'Agriculture. » Une jolie jeune femme aux cheveux noirs bouclés prit la parole. « Je remercie dès lors l'Ordre Jedi de nous fournir du matériel sanitaire et de la nourriture pour notre population. Si j'ai bien compris, et dites moi si je me trompe, des entreprises privées étrangères vont arriver chez nous, et vous leurs accorder un monopole temporaire ? Et que feront nos entreprises locales ? »

« Mademoiselle Firin, je tiens avant tout à vous rassurer quand à la présence d'entreprises étrangères sur le sol Aargaunien. Ne voyez pas ceci comme une occupation étrangère mais plutôt comme un effort commun à la relance de votre économie. Il ne s'agit pas de prendre la place des entreprises locales sur le marché, uniquement d'éviter la spéculation et la hausse des prix. Pour se faire, les secteurs d'activités qui seront touchés pourront disposer de l'aide des sociétés extérieures.
Je n'ai malheureusement pas la liste sur moi actuellement, j'ai cependant pu la consulter et prendre contact moi-même avec leurs représentants. Je ne citerai que deux exemples, les Guildes Commerciales Ithoriennes pour les denrées alimentaires et S'ornPharma Corp pour ce qui touche au domaine médicale. Comme vous l'a annoncé la Chancelière Von tout à l'heure, notre système implique des prix bas. Des prix bas qui seront compensés par le nombre de ventes potentielles grâce au monopole octroyé. Concernant les entreprises locales, celles qui seront en mesure de reprendre immédiatement leurs activités, nous n'y touchons pas. Les autres nous leur laissons le temps de se remettre financièrement afin de mieux revenir sur le marché une fois la crise terminée. »


Loohy Quee s'approcha du Neimoidien et lui chuchota quelques mots à l'oreille.

« Ah oui, de plus le Ministère du Trésor et de l'Economie s'engage à aider également toutes les entreprises Aargaunienne à la recherche de nouveaux marchés. Nous disposons d'experts en la matière qui se feront un plaisir d'accomplir cette tâche. »

Grendo S'orn répondait franchement à chaque interlocuteur qui lui posait une question pertinente. Jusqu'ici l'assemblée semblait convaincue par les propos du Ministre si ce n'est Jorah Wilrow qui restait silencieux dans son coin. L'homme avait tout de suite paru étrange aux yeux du Neimoidien. Il en parlerait avec la Chancelière une fois la réunion terminée.
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Si Alyria avait appris une chose de son passage au Ministère de la Défense, et même en général de ses années de formation au Temple, c’était bien qu’il ne fallait jamais à s’entourer de spécialistes et à leur demander soutien, avis, et conseil. On ne pouvait pas exceller dans tous les domaines, et encore moins quand il s’agissait de rentrer dans les détails techniques d’application. Présenter les grandes mesures, les projets conséquents, une étude approfondie pouvait suffire, puis après, il y avait un mélange évident de chance et de charisme.

Chaque mot choisi comptait et pesait lourdement dans la balance. Dès sa plus tendre enfance, sa génitrice avait été particulièrement ferme sur ce point : le vocabulaire choisi devait être celui de ses interlocuteurs, ou à défaut s’en rapprocher le plus possible. Cette éducation de pure diplomate, habituée à se transformer en véritable caméléon social, Alyria avait tenté de s’y astreindre au mieux, mais avait compris avec l’expérience que parfois, cette maxime se retrouvait en butte avec un problème simple : il arrivait qu’on ne soit tout simplement absolument pas familier avec le jargon de son auditoire. Et là, il n’y avait que quatre solutions : y aller littéralement au talent, comme disait en riant certains étudiants, ou au charisme comme aimaient le dire quelques sénateurs ; laisser un technicien parler à sa place afin d’éviter de commettre une bourde ; tenter d’en apprendre le plus avec le moins de temps possible ; utiliser un lexique technocratique basique qui avait l’avantage d’être suffisamment abscons pour être compris par tout le monde dans certains milieux. Alyria avait choisi clairement comme méthode le mélange de toutes ces solutions.

Pour le moment, elle devait reconnaître avec une once d’autosatisfaction que l’ensemble semblait donner d’assez bons résultats. Ainsi, elle avait réussi à exposer sans trop de problèmes à l’assemblée le plan concocté par la Chancellerie et les différents ministères, et regardait maintenant son Ministre de l’Economie s’attaquer aux questions de chiffres et aux précisions auxquelles elle n’aurait jamais pensé. Clairement, elle se félicitait d’avoir requis son assistance. De façon amusante, l’aura de peur qu’elle avait ressenti autour de lui dans la Force s’était évanouie pour laisser la place à un ensemble plus vivant, plus bouillonnant, comme si elle pouvait sentir à travers les flux autour d’elle les connexions neurales du neimodien. Décidément, la Force Vivante ne cesserait jamais de la surprendre.

Elle écouta donc l’échange entre le comptable, dont le nom se révéla être Garil Hilse, et Grendo S’orn, et fit mine de rester impassible tout le long, alors qu’en réalité, elle étudiait attentivement comme les autres les chiffres présentés, en essayant par analogie de comprendre ce que cela pouvait bien représenter. Si elle les avait eu en main, évidemment auparavant, la maîtresse d’armes n’avait pas franchement fait trop d’effort pour les retenir, estimant que c’était s’encombrer la tête de beaucoup de données alors qu’il lui fallait prioriser déjà la théorie simple. Elle n’avait rien d’une économiste, ou d’une comptable, encore moins d’une mathématicienne, et observait avec un réel intérêt les discussions qui s’engageaient avec animation, autour de détails de virgule ou de demi-pourcentage.

Si au départ, il fallait être honnête, l’ensemble se révélait assez… eh bien, oui, barbant, après un petit moment et à force d’attention, en tentant de compartimenter au mieux son esprit pour entretenir facilement des liens logiques simples, son système analytique de pensées commençait enfin à mettre les éléments en relation et à en retirer des raisonnements simples. Après tout, passer des annonces globales et de la maîtrise d’un fonctionnement était différent de son application concrète en chiffres, avec toutes les variations que pouvaient entraîner une différence de un ou deux… Milliards évidemment, mais au vu des montants, il n’y avait même pas à se poser la question.

A vrai dire, Alyria avait eu un aperçu de cela en étudiant les propositions au niveau fédéral, même si elle s’était pas mal contentée de la théorie générale là encore, et de l’impact que la proposition choisie finalement aurait. Après tout, ces journées n’étaient pas extensibles, et son cerveau ne pouvait pas faire de miracle. Certes, la Force permettait de se concentrer plus longuement, et de gagner en acuité au moment venu, la maîtresse d’armes avait utilisé à profusion l’Amélioration des Capacités pour maintenir son esprit en éveil en stimulant les connexions nerveuses, ce qui améliorait sensiblement pendant un court instant les performances intellectuelles. Cependant, cette astuce ne pouvait pas marcher vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. Elle avait beau avoir une sensibilité à la Force assez élevée, et surtout une maîtrise de cette dernière dont témoignait son rang au sein de l’Ordre, il était impossible de rester ainsi en permanence, comme sous perfusion en quelque sorte. A un moment, le corps avait besoin de se reposer, et de compter sur ses propres capacités. En un sens, dans ces instants, la maîtresse d’armes utilisait la Force comme de la coffeine, mais uniquement pour booster ses capacités intellectuelles, et ingurgiter rapidement de plus grandes quantités d’information. C’était en partie grâce à cela, allié à une endurance physique supérieure à la moyenne et à une détermination sans faille qu’elle avait réussi à faire illusion. Les jedis avaient eu aussi leurs petites astuces.

Après vingt longues, longues minutes qui lui parurent des heures, enfin, l’ensemble de l’holo-projection prit fin. Cependant un nouveau venu dans la discussion prit la parole, et enfin, Alyria se sentit à son aise dans la conversation. Sith, défense… Au moins, elle savait de quoi on parlait et se considérait pour le coup comme l’experte en la matière à cette table. Après tout, elle était une jedi, un maître jedi, une maîtresse d’armes de l’Ordre, et l’ancienne ministre de la Défense. Techniquement, pour le coup, elle était l’interlocutrice la plus fiable non ?

Cependant, force était de constater que pour le coup, sans que ce soit son domaine d’expertise, Grendo S’orn s’en sortit admirablement. Il fallait croire qu’elle n’était pas la seule à savoir faire illusion. Au final, il semblait bel et bien que la Chancelière et son ministre formait un duo assez efficace dans cette négociation, se répartissant les rôles et comblant les lacunes de l’autre tout en donnant le change dans les domaines qui ne les concernaient pas prioritairement.

Malgré la bonne répartie du neimodien, Joah Wilrow continuait pourtant à faire grise mine, aussi Alyria se permit d’intervenir à la suite de son ministre, se râclant la gorge discrètement pour faire comprendre à tous qu’elle souhaitait s’exprimer. D’une voix parfaitement maîtrisée, calme, sans une once de variation malvenue, mais où perçait une détermination palpable et qui respirait la confiance :

« Monsieur Wilrow, si cela peut vous rassurer, sachez que le processus de localisation et d’encerclement du périmètre où se situe la base a été mené pendant plusieurs jours par les forces spéciales et les services secrets de la République, avec le concours de l’armée locale et de l’Ordre jedi et avec une extrême minutie. Nous avons pris soin de couper immédiatement toute possibilité de retraite terreste, tout en massant nos flottes pour éviter toute tentative de sortie par la voie spatiale.

Concrètement, il n’est pas possible matériellement d’abriter une force de frappe suffisante pour forcer un tel blocus, et je suis sûre que tous les analystes présents ici vous le confirmeront. Quant à une attaque au sol, il faudrait pour cela passer les lignes de nos éclaireurs, puis de l’armée républicaine en marche et de ses alliés, et ce à plusieurs reprises, avant de parvenir au cœur de la capitale, qui est, vous vous en doutez bien, protégée par nos meilleures unités. Le Ministère de la Sécurité Intérieure a évidemment dépêché certains de ses agents ici pour assurer la sécurité du gouvernement d’Aargau et des exilés Artoriens, tout en s’assurant que le regroupement d’officiels qui se passe à cette table en ce moment-même se fasse dans les conditions les plus satisfaisantes. Passer un tel barrage relève de l’impossible. Croyez-en une femme qui a vu de nombreuses batailles au cours de sa vie. »


La dernière phrase plongea évidemment l’assistance dans un certain silence. La maîtresse d’armes sentit alors pour la première fois que toutes les personnes réunies voyaient désormais les cicatrices sur son visage plus nettement, et percevait que derrière la Chancelière engagée dans des discussions économiques et volontiers pragmatique, se cachait surtout une guerrière. Ils étaient son nouveau champ de bataille, mais cela ne voulait pas dire qu’elle avait oublié sa vocation première, ni qu’elle était capable de rappeler qu’en matière militaire, elle était amplement qualifiée. Le fait est qu’elle n’était pas non plus la seule.

« Le blocus est mené par le Ministre de la Défense en permanence, c’est un homme d’expérience, qui a déjà eu l’occasion d’expérimenter ce genre de manœuvre au cours de sa longue carrière. J’ai toute confiance en l’Amiral Fenter pour nous conduire sereinement à la victoire, tout comme l’Etat-Major de l’armée républicaine, dont plusieurs membres se trouvent à ses côtés pour superviser l’ensemble de nos mouvements militaires.

Je connais personnellement les chefs de nos troupes à terre, et je puis dire que ce sont de meneurs d’exception.

Alors certes, tout cela ne signifie pas qu’une infiltration d’agents ennemis n’a pu se faire en ces lieux. Mais nous sommes tous sous la plus haute surveillance, accompagnés des meilleurs soldats professionnelles de la République.

Et si un sith se trouvait dans les environs… N’oubliez pas qu’un maître jedi se trouve à cette table, que d’autres sont présents sur ce site, et qu’il est possible de discerner la sensibilité à la Force chez une personne.

J’espère que cela vous aura définitivement convaincu. Concentrons-nous plutôt sur le règlement de cette crise, j’ai toute confiance dans les hommes et les femmes qui se battent pour la sécurité de tous sur Aargau et ailleurs dans la République, et j’espère que vous la partagez également. Mais eux comptent sur leurs représentants pour défendre leurs intérêts en retour, et gérer les conséquences logistiques et économiques de leurs actions.

Ne les décevons pas. »

La trentenaire se tut après ce qui avait commencé comme une remarque et avait fini presque comme une allocution officielle. Cependant, ce n’était sans doute pas plus mal de tenter d’insuffler de temps en temps un sentiment de courage et d’unité à une assemblée. Surtout, il ne fallait pas oublier que tous avaient un rôle bien précis, et que le leur était de faire ce que les militaires ne pouvait pas résoudre. Mue par sa vision de jedi, Alyria avait tendance à voir les choses comme la conséquence d’un système où les rôles se partageaient et les rouages de la gigantesque machine de la République avaient pour but de fonctionner harmonieusement dans des secteurs liés tout en assurant le travail qui ne pouvait être fait par les autres rouages. Idéaliste, aurait-on pu dire. Peut-être. Sans doute. Mais la Main Brisée croyait au pouvoir des visions d’ensemble : elles avaient l’avantage de donner une direction, un sens. Trop souvent, chacun naviguait dans la vie avec ses petites affaires en tête, ses intérêts, en oubliant tout ce que tous devaient à d’autres, n’hésitant pas à vitupérer contre les politiques corrompus et intéressés tout en reproduisant le même schéma. Si les dirigeants, qu’ils soient politiques, syndicaux, membres de la société civile ou pas, prenaient la peine de montrer l’exemple, et de croire un peu plus en ce qu’ils disaient, de présenter non pas un programme, mais un modèle, une idée aux citoyens, alors peut-être que ces derniers retrouveraient un certain goût pour leurs représentants, et leurs élites en général.

La discussion reprit son cours, et Alyria nota avec satisfaction la mention de l’Ordre jedi dans les remerciements de la Ministre de l’Agriculture locale, et laissa son ministre répondre à ses questionnements, au demeurant légitimes. Alors qu’elle pensait la salve de questions enfin terminée, une voix nouvelle prit le relais, retardant la clôture de cette première séance plus que fructueuse.

« Delaana Wandr, de la Confédération Générale du Travail aargaunien. »

Celle qui venait de se présenter était une togruta assise à la droite de Thaddeus Kagan, et qui avait passé une partie de la réunion à lui parler à voix basse. En entendant son identité, Alyria ne se demanda pas pourquoi. La représentante d’une des centrales syndicales les plus puissantes ne pouvait que s’asseoir à côté du bouillant sénateur d’Artorias, qui devait partager un certain nombre de ses opinions.

« Depuis le début de cette réunion, nous parlons des entreprises, de leurs profits, de leur marché… Mais et les salaires des ouvriers ? Y a-t-on pensé ? Qu’est-il prévu exactement ? J’ai bien entendu les mesures pour les populations civiles. Mais il va y avoir du chômage technique, et certains vont tenter de profiter de la crise pour ne pas payer ce mois de travail, ou baisser arbitrairement nos revenus.

Est-ce que le gouvernement a réfléchi à un moyen d’empêcher ce genre de comportement, et d’aider les salariés ? »


C’était une excellente question, et sur ce coup-là, Alyria bénissait son Vice-Chancelier d’avoir inclus cet angle de réflexion dans les travaux préliminaires à l’élaboration du plan. Ils seraient bien avancés si, à la levée du blocus, leurs efforts tombaient à l’eau à cause d’une grève générale. Aussi la Chancelière répondit prudemment :

« Cet aspect est bien entré en compte lors de l’élaboration de notre plan d’aide pour Aargau. Ainsi, les compensations prévues par le CIHU prennent en compte le fait que certains vont avoir des salaires diminués en fonction d’un manque de jours ouvrés.

S’il y a un recours au chômage technique, sachez que conformément à la loi sur le Pacte Social votée il y a peu, les travailleurs couverts par l’assurance chômage et à jour de cotisation seront indemnisés conformément au cadre prévu par la loi, comme pour toute période de chômage, et ce peu importe la cause.

Enfin, la loi permet une certaine flexibilité aux entreprises pour juguler leurs problèmes économiques et s’adapter au marché, ce qui est normal et nécessaire pour dégager des bénéfices ou amortir des déficits, mais cela doit se faire dans le cadre prévu par les conventions collectives sectorielles, et ne pourra donc contrevenir au salaire minimum fixé par la concertation des partenaires sociaux.

Cela dit, afin de s’assurer d’une coopération maximale entre le patronat et leurs employés, il me semble judicieux d’organiser prochainement des négociations entre les représentants des chefs d’entreprises et les syndicats de travailleurs afin de fixer ensemble d’éventuelles mesures à prendre pour assurer le redémarrage de l’activité, dans l’intérêt de chacun et au détriment de personne. Je pense que la Ministre du Travail, Madame Emalia Kira, sera volontaire pour vous aider à organiser au mieux cette concertation, et vous pouvez compter sur la pleine collaboration des services de son ministère. »


La togruta nota la réponse avec une certaine satisfaction, et Alyria sentit le soulagement l’envahir. Au fond, elle ne s’était pas engagée à grand-chose, mais rappeler la législation avait souvent l’avantage, surtout quand elle était dans votre sens, de donner l’illusion que vous faisiez des annonces alors qu’en réalité, il ne s’agissait que d’une application pure et simple de la loi.

La discussion pouvait se poursuivre.
Grendo S'orn
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Voilà presque une heure que la réunion avait débutée. Point par point, la Chancelière et son Ministre de l'Economie abordaient les différents sujets qu'il était nécessaire de traiter pour garantir une sortie rapide et efficace de la crise. Les nombreux acteurs économiques autour de la table semblaient tous - ou presque - satisfaits des réponses apportées par la Haute Autorité du Gouvernement Républicain. Grendo se félicitait d'ailleurs de permettre à certains de ses interlocuteurs une meilleure compréhension des étapes du Plan présenté par la Chancelière quelques minutes plus tôt. Comme tout bon Neimoidien, il jonglait avec les chiffres et c'est grâce à ce talent inné qu'il avait pu trouver les mots justes pour rassurer les Aargauniens. Et bien qu'il s'agissait là de la mission première du fameux duo, Grendo n'en n'oubliait cependant pas la petite conversation qu'il avait eu à bord de la navette avec la Chancelière. La présence d'une Base Sith sur une planète n'avait pas pu passer inaperçue par tous, certains même avaient pu participer soit à sa construction et à sa réalisation, soit à la cacher au reste du Gouvernement d'Aargau. Quoi qu'il en soit, il s'agissait probablement d'hommes ou de femmes puissantes, ayant des postes à hautes responsabilités, comme l'avait été autrefois Lord Janos, ex Sénateur de la planète. Peut-être étaient-ils là, autour de la table, essayant d'enfuir leur implication espérant ainsi éviter une condamnation quasi-certaine. Mais le Neimoidien ne se laissa pas perturber par ses nombreuses et furtives pensées qui lui traversaient l'esprit. L'intervention d'une jeune Syndicaliste Togruta du nom de Delaana Wandr vint d'ailleurs le sortir précipitamment de ses rêveries. Celle-ci travaillait pour la Confédération Générale du Travail aargaunien. Une syndicaliste ... Grendo ne la connaissait pas mais pourtant il la méprisait déjà. Elle qui luttait probablement pour la défense des droits des travailleurs, employés et ouvriers. Des droits qui avaient été permis par le vote de la fameuse Loi Sociale ou Pacte Scalia comme certains disaient. Il se maudissait chaque jour d'avoir voté "oui" à cette proposition de loi. Lui le chef d'entreprise, lui le libéral, l'ultra libéral ! Une loi qui malgré ses bonnes intentions en vers le peuple de la galaxie, mettait d'énormes bâtons dans les roues de S'orn notamment lors des négociations avec la communauté Duros. Maudit soient-ils eux aussi ! Il avait été obligé de nommé l'un des leurs au poste de responsable de TradeCo Transport suite à la mort d'Homiral T'skati pour éviter des grèves qui auraient failli couter de nombreux millions à S'ornPharma Corp. Il s'était senti piégé, tout comme le jour du vote de la loi sociale, obligé de voter contre ses idéologies faisant de lui un Neimoidien ... socialiste ! Cette idée lui donnait la nausée.

Comme Grendo s'en était très vite douté, Delaana Wandr s'inquiétait de l'avenir des salariés. Et fort heureusement pour lui, Alyria prit elle-même la parole. L'occasion pour lui de rester silencieux et d'écouter attentivement la Chancelière rassurer la syndicaliste. Aussitôt répondu, une nouvelle question fût lancée :

« Et qu'en est-il des hôpitaux ? Des cliniques ? Des centres médicaux ? »

Grendo leva la tête, il n'avait pas eu l'occasion de voir qui avait pris la parole.

« Qui a posé cette question ? »

Un humain au teint grisâtre et d'une cinquantaine d'année leva la main.

« Moi Monsieur le Ministre, Kendal Thanas, Ministre de la santé de la planète Aargau. Si j'ai bien compris tout ce qui a été dit, S'ornPharma Corp va débarquer sur Aargau et s'occuper de la santé de tous nos citoyens ? »

« Ce n'est pas vraiment ça Monsieur Thanas. S'ornPharma Corp va effectivement pouvoir aider la planète Aargau à se ravitailler en matériel médical de pointe. L'entreprise possède toutes les ressources nécessaires à cet effet. De plus, si votre Ministère le désire et le juge utile uniquement, la société pourra mettre à votre disposition à la fois employés et droïdes qualifiés dans le domaine. Ce n'est nullement une obligation je tiens à le souligner. »

« Très bien et pourquoi avoir choisis S'ornPharma Corp plutôt qu'une autre société ? Je crois savoir que vous détenez vous-même la plupart des parts de cette entreprise non ?! »

« Ce n'est un secret pour personne en effet. Mais le choix de cette société n'a nullement été influencé par ma position au Ministère de l'Economie Républicaine si c'est ce que vous vous imaginez mais par la proximité de son siège sociale par rapport à votre planète. De plus, S'ornPharma Corp est présent dans la plupart du Noyau, c'est une entreprise efficace qui ne cesse de s'agrandir et de nombreux médicaments que vous vendez déjà sur Aargau sont produits par cette société. Comme je l'ai dis tout à l'heure à Mademoiselle Firin, ne voyez pas ceci comme une "domination" étrangère. Nous sommes là pour vous aider ! Comprenez moi bien, je suis ici en tant que Ministre de l'économie et du Trésor de la République, pas en tant qu'actionnaire majoritaire de S'ornPharma Corp. Ce monopole certes est profitable à l'entreprise mais comme la Chancelière Von vous l'a déclarée tout à l'heure, cela sera compensé par des prix excessivement bas pour la population, qui en sera très reconnaissante. De plus, le matériel médical et les denrées alimentaires font partie des produits que nous jugeons de premières nécessitées. Des produits que le peuple d'Aargau doit avoir pour survivre, ce n'est pas des produits de luxe Monsieur Thanas. Alors si maintenant vous jugez que la présence de S'ornPharma Corp sur votre planète est inutile il n'y a aucun problème, S'ornPharma Corp ne vous aidera pas. Ou si vous préférez une entreprise à l'autre bout de la galaxie libre à vous mais je doute que de l'efficacité d'un tel processus.
Je finirai par dire ceci et j'adresse ce message à tout le monde autour de cette table. Ce que nous avons essayer de vous faire comprendre la Chancelière Von et moi-même c'est que dans le fond Vous avez le choix, le choix d'accepter l'aide que nous vous offrons. Mais sachez aussi que des experts se sont penchés sur la situation et que les entreprises étrangères vous aideront finalement à relever votre économie tout en évitant la spéculation. Qui je le rappelle, ne sera bénéfique pour personne mis à part les spéculateurs eux-même. »


L'homme se tût ne sachant que répondre, Grendo espérait ainsi l'avoir convaincu, tout comme le reste de l'assemblée qui aurait pu s'inquiéter de ces monopoles d'une durée limitée fallait-il le rappeler. De plus, donner l'impression notamment aux différents Ministères d'Aargau qu'ils avaient le choix d'accepter l'aide proposée par la République permettrait certainement de les mettre en confiance. La pilule serait peut-être plus facile à avaler pour certains.

« Personnellement je n'ai rien à redire sur ce qui a été proposée par la Chancelière et Monsieur le Ministre. Je ne suis pas expert en économie mais ça semble tenir la route. Qu'en pense Aargau ? » s'exclama Thaddeus Kagan en s'adressant à Jeanne Shadley, la remplaçante du Sénateur d'Aargau. La jeune femme, toute surprise qu'on lui adresse enfin la parole, ne su d'abord quoi dire et s'exprima en balbutiant :

« Ma foi ... » cinq secondes de pause « je suis assez d'accord. De toute manière nous n'avons pas le choix et sortir de cette crise est primordiale, tout comme débusquer et anéantir cette base Sith présente sur notre planète. »

Grendo S'orn souri légèrement. Comme quoi même les meilleurs ennemis pouvaient enfin finir par se mettre d'accord. Mais il ne se faisait pas trop d'illusion, être en accord sur certains points ne suffisait pas à oublier cette rivalité présente entre les deux peuples, ni entre ses deux représentants.
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Tandis que son Ministre de l’Economie se débattait avec ce qui s’apparentait peu ou prou à une accusation de trafic d’influence, ce qui n’était sans doute pas complètement inexact d’ailleurs, Alyria se mit à sonder discrètement dans la Force l’ensemble des participants, étudiant les flux qui circulaient autour de cette table comme certains avaient une tendance marquée à tenter de décrypter les expressions faciales de leurs interlocuteurs. Mais la sensibilité à la Force présentait des avantages autrement plus marqués que la simple, quoique bienvenue, psychologie.

Ce n’était pas pour rien que les jedis répugnaient à se lancer en politique… Et que les siths avaient une tendance confirmée par les événements précédents à s’y sentir à l’aise. En effet, la Force permettait bien des tours, et offrait de nombreux avantages à qui savait la manier. L’être sensible développait souvent des capacités physiques plus hautes que la moyenne, mais aussi une acuité intellectuelle basée sur une sorte d’instinct difficilement expliquable au commun des mortels. On pouvait sentir le mensonge, la tromperie, un problème… Ces manifestations étaient rarement précises, souvent de l’ordre de la simple prescience, mais constituaient de précieux indicateurs pour qui savaient écouter la Force et reconnaître des signes annonciateurs.

Evidemment, s’ajoutait à cela des capacités mentales supérieures à la normale, dans le sens où avec un peu de concentration, il était possible de déceler certains changements d’humeur, voir pour les moins regardant, de lire les pensées de ses interlocuteurs… Quand cela n’allait pas jusqu’à la subtile persuasion de l’esprit adverse. Bref, autant d’outils qui faisaient des utilisateurs de Force des interlocuteurs redoutables… Et qui expliquait aussi bien la réussite de certains que la répugnance des autres à les utiliser. Les jedis se restreignaient volontairement, et d’un point de vue démocratique, c’était sans doute pour le mieux. Mais sonder la Force restait une option envisageable, presque une seconde nature pour beaucoup, et d’après Alyria, cela ne faisait que révéler la vérité. Elle ne contraignait pas cette dernière, ne la modifiait pas : elle se contentait de l’observer, et d’en tirer les conclusions qui s’imposaient.

Ainsi, elle sentait une certaine perturbation chez le Ministre de la Santé à mesure qu’il posait ses questions, cette dernière s’atténuant peu à peu néanmoins, sans disparaître totalement. Une explication simple consistait évidemment à dire qu’il n’était pas entièrement convaincu, mais n’allait pas creuser plus loin, par peur de compromettre les négociations et de mettre en péril un plan qui restait largement à l’avantage de son peuple.

La peur, Alyria l’avait perçue flotter autour de cette table depuis le début, émaner des auras de chacun, avec son parfum désagréable, pervers, doux-amer. Peut-être était-ce son imagination, mais la maître jedi avait toujours eu l’impression que les sentiments avaient chacun leur couleur, leur apparence, leur odeur à travers la Force, et que la sensibilité à la Force permettait de savoir discerner les nuances de chaque sensation. Après tout, il n’était pas rare que quelqu’un dise, un peu trivialement, qu’un endroit empestait la mort, qu’une personne semblait suer la peur par tous les pores de sa peau… Pour la trentenaire, ce n’était pas de simples affirmations en l’air, mais une réalité qu’elle avait appris à percevoir tout au long de son existence, tant la Force prenait des formes particulières autour de ces derniers. Peut-être que ces impressions passées dans le langage courant résultait de l’influence des midi-chloriens chez tous les êtres vivants, même ceux traditionnellement considérés comme non sensible à la Force.

Quoiqu’il en soit, deux auras particulières retenaient son attention autour de cette table : celle de Thaddeus Kagan, et de Jorah Wilrow. La première avait ceci d’intéressant que justement, elle ne semblait pas touchée par cette peur ambiante. Au contraire ; Thaddeus Kagan exsudait la colère, mais aussi un maelstrom difficile à percer, de joie, de tristesse, et encore de rage noire… Un cocktail explosif, qui bouillonnait puis se calmait sans cesse. Quelque part, Alyria se demandait quelle serait le résultat final.

La seconde, elle, était également particulière, et ce pour une raison simple : la maîtresse d’armes n’y ressentait rien de particulier. Rien du tout. Alors que l’homme aurait dû dégager une forme d’inquiétude qui se serait ressentie dans la Force après ses questions précédentes… C’était comme si le banquier était en parfait contrôle de lui-même. Peut-être avait-il été satisfait des réponses apportées, des assurances prises devant lui ? C’était l’explication première optimiste, logique. Pourtant… Son visage n’avait guère reflété un contentement, ou un soulagement quelconque après les échanges passés, et l’homme compulsait ses notes à présent d’un air indifférent.

Son instinct de chasseuse, d’enquêtrice formée par un Ombre lui soufflait que quelque chose clochait. Le tout était de savoir quoi exactement. Mais pour le moment, mieux valait se concentrer sur la fin de cette réunion, qui approchait manifestement de son but initial : présenter un plan, et le faire accepter.
Au grand soulagement de la Chancelière, les deux représentants politiques à la table des négociations décidèrent de l’appuyer. Le premier barrage était donc franchi. Restait à convaincre les partenaires sociaux concernés. A la suite de Jeanne Shadley, Delaana Wandr prit donc la parole :

« Je rejoins le sénateur Kagan et Madame Shadley. Cependant, pour s’assurer du respect des engagements pris ici, je pense qu’envoyer des superviseurs fédéraux des ministères concernés permettra une totale transparence envers nos concitoyens, et sera un rempart contre d’éventuels abus.

La Confédération Générale du Travail aargaunien n’appuiera le plan qu’à cette condition. »


Alyria trouva l’idée intéressante, et si de toute façon, l’envoi d’experts pour mettre en place l’ensemble était au programme, autant pousser dans ce sens pour rassurer tout le monde… Et s’assurer du bon déroulement des opérations, avec l’œil vigilant de l’organisation fédérale. Aussi, elle se tourna vers son Ministre avec un sourire en coin et déclara :

« Je suis sûre que cela ne posera pas trop de problème, après tout, le recours à des experts a été proposé par le Ministre S’orn tantôt, et il allait de toute façon falloir des superviseurs pour organiser tous ces transferts correctement. Les services ministériels concernés n’auront pas trop de mal à trouver des superviseurs, de même que les Commissions sénatoriales, pour plus de diversité dans le choix. »

Delaana Wandr hocha la tête avec une satisfaction non dissimulée, et remercia la Chancelière. Restait donc le patronat et les financiers. Garil Hilse regarda ses collègues quelques instants puis finit par dire de sa voix sans relief :

« Nous n’avons pas d’autres questions, mais à propos de ces experts… Monsieur le Ministre voudrait-il bien nous expliquer en quoi consisterait exactement leur éventuel apport ? Parce que si Madame Wandr voulait des garanties, nous aimerions en avoir aussi… Et une aide substantielle n’est pas inintéressante, mais seulement si elle garantit l’indépendance d’Aargau.

D’ailleurs, toutes ces mesures ne devraient-elle pas faire l’objet d’un contrat écrit ? Ou d’une proclamation signée ? »


Décidément, on sentait le technocrate pointilleux chez cet homme. Alyria laissa son Ministre répondre, et enchaîna rapidement :

« Si l’ensemble des partenaires ici présents accepte ce plan, nous pourrons signer une charte pointant les différents engagements pris, avec la signature des représentants légaux de cette planète, de la République et les partenaires sociaux concernés, en effet.

Cependant, il me semblerait inopportun de procéder à une signature tout de suite, c’est pourquoi je préfère vous laisser quelques heures pour en discuter, et nous pourrons procéder, à l’issue de ce délai de réflexion, à la signature.

Dans l’intervalle, nous serons bien évidemment à l’écoute d’éventuelles suggestions qui pourraient nous parvenir.

Est-ce que cela convient à tout le monde ? »


Pour le coup, cela semblait en effet convenir à tout le monde, aussi Alyria décida finalement de clôturer la réunion.

« Bien, je pense donc que nous pouvons donc mettre fin à cette première réunion, qui a été, je le pense, particulièrement fructueuse.

Par mesure de sécurité, il est nécessaire que tout le monde reste dans ce bâtiment, mais il est suffisamment grand pour permettre à tous de se reposer, et de contacter qui de droit à travers des lignes sécurisées. »


Et surveillées par l’Etat-Major de la République, mais c’était sans doute un détail technique à ne pas révéler … Même si en tant de blocus, c’était somme toute évident.

« Mesdames, messieurs, nous en resterons donc là pour le moment. »

C’était le signal attendu de la dispersion. Alyria se tourna vers le Major Olson qui sembla sortir d’une léthargie soudaine, et s’empressa de la guider vers la sortie, ainsi que le Ministre S’orn suivi de son officier de sécurité.

Conformément au protocole, les deux officiels de plus haut-rang, soit eux-mêmes, seraient logés dans la plus grande aile du lieu, et sans doute la mieux équipée. Ainsi, une imposante suite les attendait, avec deux chambres séparées plus que vastes, une pièce pour leurs équipes de sécurité, et une flopée d’autres choses que la maîtresse d’armes ne chercha même pas à regarder.

Soudainement épuisée, elle s’assit sur un sofa qui paraissait confortable et laissa échapper un soupir de contentement, puis, s’adressant à son Ministre qui avait dû se mettre lui aussi à son aise, elle déclara :

« Eh bien, cela ne s’est finalement pas trop mal passé, je crois. Enfin, ce n’est qu’une première étape… Mais franchie avec les honneurs je trouve.

Enfin, c’est vous l’expert, Monsieur S’orn… Quel est votre ressenti personnel ? Je vous en prie, soyez franc. Ici, pas de risque d’oreilles indiscrètes. »
Grendo S'orn
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La réunion touchait bientôt à sa fin. Grendo se félicitait d'ailleurs d'avoir pu convaincre en compagnie de la Chancelière, certains des partenaires autour de cette table. Un discours bien ficelé et une collaboration efficace telles étaient les clés de leur succès. Et même si quelques uns s'opposaient peut-être en silence à eux, cela n'avait que peu d'importance, la majorité l'emporterait. Ravi de la tournure de la situation, Delaana Wandr prit à nouveau la parole, au grand désespoir du Neimoidien. Décidément cette syndicaliste de pure souche ne comptait laisser aucun détail au hasard. S'orn était prêt à parier qu'elle était d'ailleurs le fruit d'une longue lignée de syndicalistes Aargauniens. Malgré tout il écouta attentivement la jeune femme, cachant parfaitement son réel dégout pour ce type de personne. Alyria lui répondit aussitôt positivement, permettant à la Confédération Générale du Travail aargaunien d'appuyer le Plan proposé par la Chancelière. Un acteur clé de plus du côté du Gouvernement. Parfait !

Quelques secondes plus tard, Garil Hilse reprit la parole. Ce misérable gratte papier, amateur de chiffres n'avait pas relevé la tête de ses notes depuis le début de la réunion. Il avait pris soin d'analyser chaque page, chaque ligne et chaque virgule du dossier remis par le Ministre de l'Economie. Il s'adressa personnellement au Neimoidien demandant plus d'explication concernant l'usage d'experts dans la recherche de nouveaux marchés. Grendo lui répondit :

« Je souhaite avant tout préciser que l'usage d'experts n'est nullement obligatoire. Elle a pour but d'aider les entreprises Aargauniennes qui le souhaitent à trouver de nouveaux marchés, et ainsi de les mettre en contact rapidement avec de potentiels clients. Nous ne laisserons pas vos sociétés fairent faillite sans les aider au préalable. Je sais par expérience qu'il n'est pas toujours facile de rester compétitif au sein de cette galaxie, surtout lorsqu'une planète est victime d'une situation comme la vôtre aujourd'hui. De plus la concurrence est rude et soyons sincères, certaines entreprises mal intentionnées risquent de vouloir tirer profit de ces récents événements, voir même de vouloir vous voler des marchés, ce que nous essayerons de limiter tout en gardant les principes même du libre marché.
Le Plan que nous vous proposons la Chancelière Von et moi-même est divisé en deux étapes, l'un entre en action immédiatement, le second pourra débuter lorsque la crise d'Aargau sera terminée. Il ne s'agit pas de vous aider maintenant et de vous laisser vous débrouiller tout seul par la suite, les risques sont trop grands. Aargau fait partie de la République et la République se doit de vous aider ! »


L'homme acquiesça, déposant ses petites lunettes de lecture sur le front, il paraissait reconnaissant de l'aide apportée par la Chancelière et le Ministre. Evidemment il demandait des preuves écrites de tout ce qui avait été proposés lors de la Réunion ce qui sera fait, à condition que chaque participant accepte les différentes étapes du Plan.

La réunion prit fin peu de temps après. Grendo S'orn salua les différents interlocuteurs et vint rejoindre la Chancelière installée confortablement sur un sofa d'un rouge vif. Il prit place face à elle, prenant soin de retirer les malheureux plis de sa tunique.

« En effet, une première étape de franchie et permettez-moi de signaler que nous formons un duo efficace ! En ce qui concerne la réunion je suis de votre avis, tout s'est bien déroulé dans l'ensemble quoi que ... » il s'interrompit quelques secondes, observant de gauche à droite pour vérifier que personne d'autre ne les écoutait. « n'avez-vous pas trouvé l'attitude de Jorah Wilrow quelque peu ... étrange ? » En effet ce dernier n'avait pas vraiment été convaincu par les réponses du Ministre de l'Economie concernant le blocus, la Base Sith et une éventuelle fuite des membres de l'Ordre obscure.

« Sans oublier le Ministre Kendal Thanas. Oser m'accuser d'influencer les décisions du Gouvernement à mon propre avantage ! En avançant ma propre société plutôt qu'une autre ! Quel toupet ! A se demander si il désire vraiment qu'on aide sa planète ou non ! »

Bien qu'il n'avait rien laissé transparaître lors de la réunion, Grendo S'orn paraissait vexé de la réaction du Ministre de la Santé d'Aargau. Il n'aimait pas se laisser marcher sur les pieds, encore moins se laisser accuser sans réagir, et il avait du se retenir pour ne pas faire un scandale.

« Mais je ne peux pas trop lui en vouloir. Il a probablement peur c'est normal, la planète est victime d'un blocus qui aura de lourdes conséquences, si Neimoidia était atteinte d'une situation semblable je ne doute pas que je réagirais de la même façon ... » finit-il par admettre calmement.
Invité
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Travailler en duo, Alyria en avait l’habitude. Généralement, son partenaire habituel avait été Lorn, plus jeune son maître, ou son padawan quand Armod n’avait pas encore été adoubé. Les règles du travail à deux étaient simples, et peu importait le contexte : synergie entre les membres du tandem, complémentarité, capacité à intervenir au bon moment pour aider l’autre, ou à enfoncer le clou, et surtout, à anticiper les mouvements de son associé, pour pouvoir agir sans lui demander, de concert, par simple instinct.

Généralement, arriver à un tel niveau d’osmose requérait des années d’entraînement, une connaissance intime de l’autre, une réelle complicité… Mais parfois, un simple agrément et un solide ouvrage en amont apportait autant de satisfaction, suivant les situations. Ainsi, Alyria n’avait pas besoin réellement de connaître personnellement ou d’apprécier son Ministre de l’économie pour travailler correctement avec lui. Elle avait besoin de poursuivre les mêmes objectifs.

Elle avait tenu ce discours relativement froid à chacun de ses ministres, et même à son Vice-Chancelier : elle ne les avait pas choisis par sentimentalité ou logique de renvoi d’ascenseur politique. Elles les avaient tous choisis parce qu’elle les estimait compétent, et parce que tous représentaient une orientation particulière et un certain poids politique au Sénat. Comme en retour, elle ne doutait pas que nombre d’entre eux avaient accepté parce qu’ils n’avaient pas le choix compte tenu de la situation, et aussi, parce que cela servaient leurs intérêts et pouvait leur offrir un tremplin de rêve vers le sommet.

En politique, tout le monde utilisait tout le monde. Alyria ne faisait pas exception à la règle. Elle avait choisi sciemment ses ministres, son Vice-Chancelier, certes, pour ce dernier, une dimension de proximité idéologique avait pu rentrer en ligne de compte… Mais à l’arrivée, ce qu’elle avait voulu, c’était une équipe de combat, d’unité, avec ses divergences, mais aussi ses forces. L’Union était à ce prix, et c’était à elle maintenant de l’exploiter.

Pour le moment, la jedi devait reconnaître que la suggestion de ses conseilleurs sur la nomination du neimodien au poste crucial de Ministre de l’Economie était fondée, et elle avait eu raison de faire confiance à leur expertise. Tous deux arrivaient à être un tandem bien coordonné, et ce grâce à une vision commune immédiate, ainsi qu’à, il fallait le souligner, une masse de travail en amont conséquente pour coordonner leurs positions, les divers esquisses préparatoires de plan, les réunions interminables… En quelques jours, Alyria ne comptait pas les heures à discuter sur tel ou tel aspect à ses yeux abscons de ce vaste système de sauvetage économique. Après tout, ce qui était familier au chef d’entreprise pharmaceutique devait l’être un minimum pour elle… Inversement, il avait évidemment fallu le tenir au courant des décisions prises pour le blocus.

Du coup, arrivés à la table des négociations, la répartition des rôles déjà décidée, il ne restait plus à chacun de jouer sa partition, et à louvoyer pour éviter d’éventuels accrocs. Alors, oui, ils avaient été efficaces. Heureusement.

Aussi elle répondit avec un mince sourire :

« En effet… Remercions ses heures à rester jusqu’à pas d’heures à la Chancellerie pour mettre au point ce plan d’action et à se coordonner sur notre manière de le présenter.

Comme quoi, avec un peu de bonne volonté, nous pouvons mettre de côté nos différences et appuyer nos points communs. »


Elle regarda l’homme en face d’elle de ses yeux verts brillants, perçants, et lança finalement d’un air amusé :

« Quand j’y pense, cette phrase pourrait presque servir de devise à ce gouvernement, ne trouvez-vous pas ? »

Alyria adorait ce genre de questions jetées au vent, qui semblaient sortir de nulle part. C’était un moyen comme un autre de tester, sans être désagréable, ses interlocuteurs, dans un tête-à-tête. Evidemment, elle ne cherchait rien sur son ministre à proprement parler. Elle se devait de lui faire confiance, de toute manière. Mais la jedi avait ce goût des gens, et appréciait de percer les carapaces, de savoir à qui elle avait affaire. Cela pouvait marcher, ou pas, et en l’état actuel des choses, n’avait pas une grande importance. C’était simplement une démarche personnelle, pour sa propre curiosité, et sa propre satisfaction.

Cela dit, la perspicacité de son Ministre lui arracha un autre sourire, cette fois satisfait. Par expérience, la jedi avait tendance à préférer quand les politiciens non-sensibles à la Force avançaient leurs propres soupçons… Avant d’asséner les siens. Cela offrait un support sur lequel démarrer son enquête, autre que la simple présomption via la Force. Et cela venait en outre renforcer son sentiment initial.

« Vous me soulagez en abordant directement ce sujet. En effet, tout au long de la réunion, Monsieur Wilrow a attiré mon attention… A travers la Force. »

Le mot était lancé.

« Vous le savez, les jedis sont capables de percevoir… certaines choses à travers leur sensibilité à la Force. Les sentiments profonds, souvent ont tendance à imprégner… Comment dire… A laisser des traces autour des personnes, peu importe qu’elles soient ou non sensibles à cette dernière. »

Il n’était jamais aisé de parler de ce que l’on pouvait découvrir à travers la Force à quelqu’un ne pouvait ni la voir, ni la manipuler. Et encore, ce qu’abordait Alyria était parfois enseigné dans certaines universités.

« Les questions de Jorah Wilrow auraient pu passer pour de la peur, c’eut été l’explication la plus logique, vous en conviendrez, sauf que… Pas un instant je n’ai ressenti la moindre émotion en lui. Ni inquiétude, ni peur, ni colère… Rien. Soit cet homme est extrêmement doué pour se maîtriser, ce qui est là encore, du domaine du possible… Soit il a posé ces questions dans un certain but, avec une idée en tête. Toute la question étant évidemment de savoir laquelle. »

La maîtresse d’armes espérait avoir été suffisamment compréhensible, et elle ajouta :

« Je sais que nombre de personnes… Ne sont pas forcément à l’aise avec la Force, et les explications qu’en tirent les jedis. A votre place, je pourrais même être dubitative, je l’admets. Mais disons que ce que vous avez ressenti… Ce qui vous a troublé, pour que vous le notiez, j’ai pu en voir une manifestation d’une autre manière. »

La suite n’aurait pas manqué de la faire rire, en d’autres temps. La colère du neimodien à l’idée de se voir accuser de favoritisme, aurait pu paraître presque comique, mais la gardienne se garda bien de laisser une telle impression apparaître sur son visage, dans un contrôle parfait, et habituel chez elle, de ses pensées, émotions, et expressions faciales allant avec.

« Sans doute en effet, que la chose a pu lui paraître comme une incursion désagréable sur la souveraineté de sa planète. Bien que la République soit une fédération, il est normal que chacun désire préserver les intérêts de son sol natal en de telles circonstances.

Cela dit, vous savez aussi bien que cette question, et dans l’ensemble, la question des connexions diverses de tous les membres du gouvernement, ne manquera pas de se poser, et d’être posée à l’avenir. Le fait que vous soyez actionnaire d’une entreprise prospère, que je sois une jedi… Ce sont des choses qui reviendront, étant donné l’exposition de ces postes. Ce n’est sans doute qu’un début. »


Si elle comptait le nombre de fois où quelqu’un s’était interrogé sur les liens entre Halussius et l’Ordre, elle n’aurait pas assez de la nuit. Pour son cas, si les circonstances faisaient que la chose restait tue, nul doute que, comme toujours, au moindre problème, elle reviendrait sur le tapis. Cependant, elle enchaîna, avec un ton presque ironique :

« Cela dit, j’ai suffisamment entendu certains déclarations sur le positionnement de tel ou tel membre du gouvernement dans les journaux que je suis persuadée que la question d’avantager un chef d’entreprise serait saugrenue dans un plan préparé et agréé par vos services, les miens, ceux de la Ministre du Travail, de l’Ordre jedi et de la Vice-Chancellerie… Ou alors, la logique n’a plus sa place dans le débat public. »

Manière rapide de rassurer son Ministre. Certes, elle reconnaissait la coïncidence troublante. D’un autre côté, il fallait être objectif : avec un Sénat composé pour bonnes parties de ploutocrates, difficile de trouver une seule entreprise n’ayant aucun lien avec un représentant politique, surtout en période d’union, à moins de prendre une toute petite firme… Ce qui n’aurait alors aucun sens. Parfois, le pragmatisme devait primer, comme à cet instant.

Se levant du sofa om elle était posée, Alyria demanda aimablement :

« Avant que nous ne continuions… Vous désirez quelque chose à boire ? Après tout, cette réunion fut longue, notre salive guère épargnée, et de rudes heures de travail nous attendent encore, à n’en pas douter. Autant être le plus à l’aise possible. »

La jedi se servit un verre de belaria, appréciant la saveur fruitée et surtout sans alcool de la boisson, puis attendit la réponse de Grendo avant de se rasseoir.

« Bien, il est plus que probable que très rapidement, un bon nombre de représentants divers vont vouloir nous rencontrer en privé, pour poser les questions… Qu’ils n’ont pas osé poser en public. Ou tout simplement pour parler de la suite, et sonder nos intentions futures.

A nous également de convoquer certaines personnes pour en apprendre plus sur la situation… Ou disons… de possibles implications avec les événements actuels.

Par ailleurs, nous devrions revoir en priorité le texte d’accord et l’annoter au plus vite avec les ajouts dont nous avons convenu tout à l’heure. Plus tôt ce sera fait, mieux cela vaudra. »


Ils se mirent donc au travail, mais alors qu’ils étaient plongés dans la rédaction d’un paragraphe, on toqua à la porte. Alyria se leva, et déclara d’une voix forte :

« Oui ? »

« C’est le Major Olson, Votre Excellence. On m’a communiqué une information urgente ! »

« Entrez. »

L’imposant humain blond pénétra dans la pièce en se tassant légèrement pour faire passer ses deux mètres par la porte. Ce dernier s’inclina, puis ouvrit la bouche… Avant de la refemer, les yeux posés avec insistance sur le neimodien.

« Parlez, Major, le Ministre a été mis au courant d’une partie non négligeable de nos informations sur le blocus de toute manière. »

Le blond regarda la jedi, puis lui tendit un datapad :

« Comme convenus avec l’Etat-Major, tous les réseaux de communication ont été mis sous surveillance pour le blocus, y compris ceux de la capitale.

Voilà les relevés que l’on m’a transmis par rapport à votre sécurité en ce lieu. Certains ont attiré l’attention des services secrets, et l’Amiral Fenter a pensé que pour votre sûreté et celle du Ministre S’orn, mieux valait vous transmettre ces informations. »


Alyria empoigna le datapad, le parcourut, puis le passa sans mot dire à son ministre, pour qu’il puisse lire par lui-même ce qui y était inscrit.

« Je crois qu’il va falloir agir avec prudence... »
Grendo S'orn
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La Chancelière avait tout à fait raison. Les jours précédents le voyage sur Aargau n'avaient pas été de tout repos. Grendo ne comptait plus les longues heures de travail acharnée en compagnie des autres Ministres et d'Alyria sur la préparation du Plan de sauvetage de la planète. En revanche, le Neimoidien avait du s'abstenir des nuits complètes et reposantes dont il avait pourtant l'habitude. Le poste de Ministre de l'Economie l'obligeait dans pareilles circonstances, à rester éveillé une bonne partie de la nuit afin d'être sûr d'une issue positive pour Aargau. Encore heureux qu'il s'agissait d'une importante planète du Noyau s'était-il dis un soir avant de se coucher, il n'aurait jamais agis de la sorte pour aider une vulgaire planète barbare de la bordure extérieure. Elle comptait tant de mondes peu civilisées aux traditions étranges, pourquoi s'encombrer de peuples semi-développés au sein de la République ?

« En effet Chancelière Von. Je dois vous avouer que j'ai moi-même parfois pensé que cette association de politiciens aux idéologies bien différentes pouvait représenter un réel risque pour la survie de notre Gouvernement. Mais je remarque avec grande satisfaction que c'est tout l'inverse. Cette Union Nationale semble fonctionner et je me réjouis du résultat obtenus. »

Cela dit, les deux politiciens échangèrent leurs impressions sur l'attitude suspecte de Jorah Wilrow lors de la réunion. La Chancelière n'hésitant pas à utiliser comme argument à son ressenti, la Force. Ahhhhh la Force. Cette mystérieuse magie que seuls les Jedi semblaient détenir les ficelles. Il n'était pas étonnant qu'au sein même de la Rotonde plusieurs Sénateurs préféraient ne pas associer Jedi et Politique. A en croire le discours d'Alyria, Wilrow n'avait ressenti aucune émotion durant son intervention. Ni peur, ni colère, rien. Plutôt étrange pour quelqu'un qui semblait s'inquiéter d'une possible fuite des Sith ou pire encore, d'une attaque de la capitale malgré les systèmes de défenses imposés par la République. Observant sa supérieure hiérarchique de ses deux yeux rouges, le Neimoidien réfléchit tout en tapotant des doigts sur le rebord de son siège.

« Il serait peut-être nécessaire de commencer notre enquête du côté de ce Jorah Wilrow ne pensez-vous pas ? » dit-il avant de reprendre :

« Permettez-moi une question Chancelière, avez-vous déjà eu à faire à ce type de personne ? Comment réagir en conséquence selon vous ? » un homme sans émotion ne faisait pas partie de son domaine d'expertise, lui qui usait et abusait des faiblesses des autres habituellement, il risquait de se retrouver devant quelqu'un qui ne laissait rien transparaitre ce qui, il devait l'avouer, l'inquiétait quelque peu.

« Je ne dirais pas non à un verre de whisky. Cette réunion m'a effectivement donné très soif. » répondit Grendo à Alyria qui venait de lui proposer à boire. Enfin il pouvait souffler cinq minutes, un repos bien mérité mais le travail ne tarda pas à le rattraper. Tout deux plongés dans la rédaction du Texte d'accord qui serait présenté prochainement aux membres de la réunion, un homme vint les déranger ce qui ne manqua pas d'agacer intérieurement le Ministre. Il détestait être dérangé !
La porte s'ouvrit lentement laissant dévoiler une tête blonde, celle du Major Olson, un datapad à la main. Après avoir échangés quelques mots, la Chancelière s'empara de l'objet, le parcouru rapidement et le passa au Ministre qui commença à le lire. Enormément de données par-ci par-là, des annotations, etc. Il n'y comprenait rien et tourna la tête en direction du militaire.

« Je n'y comprends absolument rien, qu'est ce que cela veut dire ? » il abaissa à nouveau les yeux en direction du datapad à la recherche d'une information qu'il aurait loupé lors de la première lecture et aperçu plusieurs appels sortant vers l'extérieur, venant tous d'une même personne : Jorah Wilrow.

« Avez-vous pu intercepter les communications de Wilrow ? De quoi s'agit-il ? Qui appelait-il ? Répondez-moi bon sang !! » le Neimoidien paraissait perdre son calme s'imaginant déjà au centre d'un complot plus grand, victime d'un attentat quelconque. Sa respiration se fit de plus en plus rapide, la peur de mourir refit surface tandis qu'il essayait au maximum de la dissimuler. C'était probablement peine perdue face à la Jedi à ses côtés mais il s'efforçait de reprendre un rythme de respiration plus ou moins normal. Après quelques secondes d'effort et avoir vidé son verre de whisky cul sec, il y parvint enfin.

« Ne serait-il pas plus prudent de l'interroger directement ? Ou du moins de le mettre à l'écart d ... du groupe ? » pour ne pas dire "de moi".

Au fond de lui il savait que cette proposition ne serait pas retenue. Peut-être les preuves n'étaient-elles pas assez suffisante, mais les Neimoidiens avaient l'habitude de prévenir plutôt que de guérir. Il n'était d'ailleurs pas étonnant de voir un Neimoidien arrêté, emprisonné voir même tué sur son monde natal, tout ça sur de fausses accusations sans réels fondements. Un système autoritaire où dénoncer son prochain s'avérait souvent beaucoup plus efficace que se faire justice soi-même.
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« Peut-être qu’il faut parfois rappeler ce qui rassemble les acteurs de la République, et non ce qui les divisent. »

Alyria laissa là la conversation, avec cette phrase certes simple, mais qui, selon elle, contenait une vérité qu’il est aisé d’oublier en temps de paix, et indispensable à marteler lors des temps plus troublés. Les désaccords idéologiques pouvaient s’exprimer, et avaient tendance à s’exacerber quand, finalement, il n’y avait rien d’autre pour animer la Rotonde. Elle estimait néanmoins que désormais, il y avait largement de quoi faire ailleurs pour mettre de côté les petites querelles politiques et se concentrer sur l’essentiel.

Mais, en y réfléchissant, dans ce positionnement personnel, sans doute que la trentenaire, en fidèle représentante de son Ordre, avait tendance à opter pour la voie de la conciliation, persuadée que deux partis pouvaient s’entendre pour trouver une position médiane, et que ce serait le meilleur choix possible. Valérion Scalia avait décidé de gouverner sa coalition par sa présence, son autorité, et de dicter le programme qui lui tenait à cœur politiquement. Elle n’en avait pas, à proprement parler, hormis celui de redresser cette République vacillante, et se contentait d’opinions personnelles et non de grands ensembles théoriques. En résumé, elle pouvait tenter de gouvernement au centre, en surplomb, laissant les débats se faire et tranchant au dernier moment, quand cela était nécessaire, s’occupant plus des grandes orientations que de telle ou telle loi en particulier. Peut-être ainsi, réussirait-elle à se couler dans ce moule de chef de l’Etat qui ne lui allait guère.

Alyria retint un soupir de soulagement quand elle vit Grendo S’orn accepter son argument et se mettre à réfléchir à ce sujet. En effet, son attitude était déconcertante… Pour autant…

« Sans doute, oui. Néanmoins, il n’est peut-être pas seul… Ou peut-être que nous nous fourvoyons complètement. Mais cela ne coûte rien de commencer par le plus…. Etrange, en effet. »

La question suivante du neimodien ne manqua pas de la surprendre. Avait-elle déjà eu à faire à ce type de personne ? En tant que jedi, des individus contrôlant leurs émotions, elle en avait côtoyé toute sa vie durant. Cependant, en effet, contrôler ne voulait pas dire supprimer, mais souvent rationnaliser, se détacher. Après, en terme de non-sensibles à la Force… Rares étaient ceux capables d’avoir une telle maîtrise d’eux-mêmes.

« Ne rien laisser paraître sur un visage est un art délicat. Se maîtriser suffisamment pour ne rien laisser à travers la Force, surtout quand on y est pas sensible, est encore plus difficile. Or, si Jorah Wilrow l’était, je l’aurais probablement senti.

Par conséquent, cela suppose une force mentale conséquente, une confiance en soi forte… Ou un entraînement particulièrement rigoureux.

Imaginez le plus récalcitrant, le plus impassible de vos collègues de la Rotonde. Demandez-vous comment vous pourriez réussir à lui faire avouer quelque chose que vous soupçonnez. Oui, voilà, vous y êtes : en fournissant des preuves suffisamment tangibles pour fissurer sa garde… Je ne vois pas d’autres moyens.

Cela dit… Sous pression, cette force, cette assurance, peut devenir un handicap, en se précipitant. Alors, c’est cela qu’il faudra, si c’est nécessaire, exploiter.»


Et encore, parfois, récupérer de telles preuves était particulièrement complexe, sans parler de leur exploitation. En bref, à supposer qu’il y ait bien quelque chose à trouver là, les choses ne seraient pas aisées. Enfin, à eux deux. Mais comme Olson venait de le rappeler, ils avaient une véritable machine de guerre derrière eux, pour les aider.

Cependant, tout à sa hâte, Alyria avait oublié que la lecture des comptes rendus des services secrets pouvait être singulièrement déconcertante pour les non-initiés. Ayant une certaine connaissance des rapports militaires, la jedi avait pourtant eu beaucoup de mal à comprendre les premiers blocs de données qui lui avaient été tendus à son arrivée au Ministère de la Défense. Elle avait su s’y faire néanmoins, il suffisait de s’adapter à une manière rapide, codifiée précisément, d’écrire pour s’y retrouver. Aussi elle prit le datapad dans ses mains et entreprit d’expliquer ce qu’elle en comprenait elle-même:

« Sur cette colonne, vous avez les noms de tous ceux ayant passé des appels vers l’extérieur. Evidemment, presque tous les individus présents lors de cette réunion y sont inscrits, c’est assez logique. Là, vous avez les destinations. Et c’est précisément cela qui est intéressant. La plupart sont prévisibles, et indexés dans nos bases de données de lignes de communication. Ainsi, Morgan Firin a demandé à s’entretenir avec le cabinet du Ministre fédéral de l’Agriculture, et Delaana Wandr a contacté le siège de la centrale dont dépend son syndicat et basée sur Corellia. Jusque-là, rien d’anormal, vous en conviendrez.

Mais à la ligne suivante… Regardez Jorah Wilrow. La première communication qu’il a lancée est d’un terminal normal, avec un niveau de protection faible, et est à destinationde son supérieur sur Coruscant. Toujours rien à redire. Puis, une seconde, en même temps, très brouillée, de son holocom personnel, et empruntant un canal difficile à trouver. Son signal se perd rapidement, tant il est bien camouflé. Cependant, comme cela intriguait l’officier de renseignement qui a intercepté cette communication, elle a tenté de le retracer. Il mène au-delà de la frontière, sans doute vers les territoires rétrocédés à l’Empire… Ou au-delà.

Ce qui est évidemment beaucoup moins anodin. »


Cela eut l’air de faire complètement paniquer son Ministre, aussi Alyria tenta à travers la Force, grâce à un apaisement de l’obscur, de le calmer quelque peu, ou au moins de créer une bulle propice à la sérénité, tandis que le Major observait la scène d’un œil franchement dubitatif. Les militaires avaient parfois tendance à oublier, surtout après des années de service dans des corps d’élite comme les forces spéciales, à quel point ce genre de nouvelles était dur à encaisser.

Elle lui laissa le temps de retrouver une certaine posture, puis répondit finalement :

« Non, après tout, une communication venant d’un certain appareil de communication ne veut pas dire que cet homme l’a envoyé, et je pense qu’il est suffisamment intelligent pour prétendre le contraire.

Ici, vous avez la trace d’une tentative de géolocalisation n’ayant pas fonctionné. L’appareil doit être défectueux… ou détruit.

Nous savons simplement qu’il a servi à envoyer un message très brouillé qui a transité par de nombreux canaux, et qui est arrivé au-delà de nos frontières. Il y a beaucoup d’explications possibles.

Mais pas non plus tant que cela. La loi Patriote a été votée. Il est temps de la faire rentrer en application. »


Avisant Olson qui était toujours là, silencieux et fidèle au poste, Alyria ordonna :

« Mettez-moi en contact avec le Ministère de la Justice, son secrétaire d’état plus précisément, le Ministre Vorkosigan étant en dehors de Coruscant à l’heure qu’il est. »

« Tout de suite. »

Dans la minute qui suivit, Alyria s’entretenait avec l’homme, et lui expliqua sa demande après avoir exposé les faits :

« En vertu des sections 104 et 206 de la Loi Patriote, et en raison d'un doute suffisante, il semble primordial que le Ministère de la Justice émette un mandat pour que les services dépendant de la Défense et de la Sécurité Intérieure actuellement mobilisés puissent avoir accès aux archives des communications privées du dénommé Jorah Wilrow. »

Techniquement, elle aurait pu passer par les services secrets directement, étant donné que cela touchait à la sûreté de l’Etat en période de crise, mais elle tenait à ce qu’il y ait une trace du ministère de la Justice. La loi, toujours la loi, encore la loi.

« Très bien, j’envoie le mandat quand il sera prêt aux personnes concernées. »

Une bonne chose de faite. Se tournant vers Grendo S’orn, Alyria ajouta :

« Il mettra sans doute du temps avant d’arriver, et encore plus avant que nous ayons de nouvelles données.

Dans l’intervalle, mieux vaut commencer à nous entretenir avec chacun des intervenants de la réunion, pour répondre aux questions qu’ils n’ont éventuellement pas voulu poser… Et voir si quelque chose ne nous a pas échappé. »

Spoiler:
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« Je suis d'accord, mieux vaut s'entretenir chacun en privé avec ceux qui le souhaitent. Nous rassemblerons toutes nos informations plus tard et en tirerons nos conclusions. »

Grendo appuya de ses deux mains sur les rebords de son siège et se releva. Prenant la direction de la sortie, il s'arrêta un instant et s'adressa à Alyria :

« Que faisons-nous à propos de Jorah Wilrow ? Attendre qu'il nous contacte lui-même ou préférez-vous prendre l'initiative ? » dès la réponse de la Chancelière donnée, le Neimoidien quitta définitivement l'anti-chambre dans laquelle ils se trouvaient depuis un moment. Retrouvant à l'extérieur Loohy Quee et Xiao Katarn, les trois individus prirent la direction du lieu réservé pour le Ministre. Il s'agissait en réalité d'un magnifique salon dans les tons bordeaux et dorés. A croire que cette pièce ne lui avait pas été choisie par hasard. Quoi qu'il en soit il entra dans son nouveau lieu de travail et s'installa derrière son bureau, prenant soin d'observer les moindres détails des environs.

« Monsieur Katarn, vérifiez qu'il n'y a pas de micro, d'appareils espions ou toute chose suspecte dans la pièce s'il vous plait. » l'homme s'exécuta durant plusieurs minutes où il régnait un calme semi-religieux. Aussitôt la vérification effectué, il déclara : « Rien Monsieur le Ministre. Tout est en ordre. » Grendo était rassuré « Très bien, vous pouvez vous poster devant la porte, que personne ne rentre sans mon autorisation, c'est bien clair ?! »

Le chef de la sécurité acquiesça laissant Loohy Quee seul avec le politicien.

« Mademoiselle Quee, pouvez-vous me donner la liste complète des individus présent à cette réunion s'il vous plait ? J'aimerais la consulter assez rapidement. »

« Elle est déjà sur votre bureau Monsieur le Ministre ... »

« Ah bon ?! Où ça ? C'est un véritable bordel ici, débarrassez moi de tous ses dossiers, vous pensez réellement que je vais tous les feuilleter ?! »

« Mais je pensais que ... »

« Je ne vous paye pas pour penser Quee ! Exécutez mes ordres c'est tout ! »

« Oui Monsieur le Ministre. » répondit-elle en balbutiant avant de remettre de l'ordre sur le bureau du Neimoidien. Elle lui tendit une liste, qui en réalité avait été mise bien en évidence depuis le début. Le Politicien la consulta silencieusement laissant son assistante déplacer les piles entières de dossiers sur un autre meuble de la pièce. Avant qu'il n'eu le temps de finir, Xiao Katarn ouvrit délicatement la porte :

« Monsieur le Ministre, Garil Hilse souhaite s'entretenir avec vous un instant. Dois-je le faire entrer ? »

Déjà ! On peut dire que ce comptable n'avait pas traîné pour venir s'entretenir avec le Neimoidien. Pourtant l'homme s'était montré des plus bavards lors de la réunion. Curieux de naissance probablement, il n'avait pas hésité à poser la moindre question qui lui passait par la tête. Peut-être s'était-il rendu compte d'un oubli ? Ou désirait-il des informations complémentaires concernant le Plan de sauvetage ? Impossible à savoir sans l'inviter à entrer.

« Oui oui, faites le entrer. »

La porte s'ouvrit.

« Monsieur le Ministre, merci de me recevoir. »

« Je vous en prie, installez-vous. Excusez le désordre, je viens à peine d'arriver dans mes ... appartements, on peut dire que vous n'avez pas trainé à venir me parler. »

« Excusez cette précipitation Monsieur le Ministre, mais je devais absolument m'entretenir avec vous au plus vite. »

Le Neimoidien paraissait soudain intrigué.

« Je vous écoute ? »

Garil se retourna un instant pour observer l'assistante toujours occupé à s'afférer à sa tâche.

« Ne craignez rien, ce n'est que mon assistante. Soyez-sur qu'elle restera muette de cet entretien. »

« Je préfère vous parler en privé si cela ne vous dérange pas ... Monsieur le Ministre. »

Grendo fit un geste de la main à son assistante pour lui faire comprendre qu'elle devait sortir du bureau ce qu'elle ne manqua pas de faire aussitôt.

« Bien, nous sommes seuls désormais, qu'aviez-vous de si important à me dire ? »

Garil Hilse prit une grande respiration avant de se lancer :

« Peut-être mes informations ne seront-elles pas utiles concernant la crise de notre planète mais je préfère néanmoins vous en faire part à vous et à vous seul. L'un de mes amis travaillant au sein du service comptable des Banques d'Aargau m'a fait part de mouvements de fonds quelque peu suspect. Il m'a aussitôt contacté pour que je jette un rapide coup d'oeil aux comptes concernés ce que j'ai évidement fais. Après de longues heures de recherche, j'ai effectivement pu constater quelques ... comment dire ... erreurs. »

« Des erreurs vous dites ? »

« Oui des erreurs, mais je pense qu'elles ont été faites volontairement, dans l'espoir qu'elles passent inaperçues. »

« Expliquez-vous je ne comprend pas ... »

« Je pense que certains comptes ont été trafiqués volontairement pour peut-être cacher des mouvements de fonds suspects. »

« De l'évasion fiscale vous voulez-dire ? »

« Non, je pense plutôt à des investissements étranges. Après avoir consulté les différents mouvements j'ai pu remarquer la présence constante d'un nom en particulier : Lara Olander. J'ai effectué une petite recherche dans la base de donnée de la planète et ce nom n'apparaît nul part, comme si cette personne n'existait pas. »

« Et le compte en question à qui appartient-il ? »

« Je n'ai malheureusement pas encore réussis à le découvrir ... je ne suis que comptable au service du Ministère du Trésor de la planète Aargau, mes pouvoirs sont assez limités. En revanche, peut-être que vous pourriez mener votre propre enquête ... ? »
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« Attendre un peu, afin de ne pas éveiller ses soupçons, s’il a bien des choses à nous cacher… Et à se reprocher. Dans l’intervalle, agissons de façon normale, recevons ceux qui voudront nous parler, qu’une convocation de notre part ne paraisse pas déplacée.

Je préfère ne pas agir dans la précipitation sans de plus amples informations. »


Ceci dit, le neimodien partit rejoindre ses propres appartements, et Alyria se retrouva seule avec le Major Olson, qui soupira d’un ton désolé :

« L’a pas l’air très rassuré votre ministre, Madame… J’espère qu’il n’y aura pas de grabuge. »

Pour le coup, Alyria était du même avis que le militaire, sur la partie consistant à prier pour éviter qu’une nouvelle grappe d’ennuis ne vienne s’ajouter à son panier déjà chargé. Le reste… Oui, S’orn avait peur, elle l’avait senti. Pour autant, elle ne le blâmait pas. L’homme était un civil, un politicien, chef d’entreprise, pas un soldat ou un jedi. N’importe qui réagirait de même dans de telles conditions, et après que de telles révélations aient jeté un doute plus qu’important sur la loyauté de quelqu’un qui se trouvait dans le même bâtiment. A vrai dire, la maîtresse d’armes trouvait que le ministre s’en sortait même plutôt bien pour donner le change et afficher à l’extérieur un visage serein. C’était tout ce qu’elle lui demandait, et savait que l’expérience parlerait. Aussi elle répondit avec une certaine confiance, réprimandant gentiment, mais fermement son officier de sécurité :

« Vous parlez d’un Ministre de la République, Major. »

Le grand blond se raidit, et marmonna promptement :

« Mes excuses, Votre Excellence… »

La jedi ajouta alors afin d’apaiser un peu le colosse :

« La peur est un phénomène normal, surtout dans ces circonstances. Tout le monde n’a pas reçu l’entraînement des Forces Spéciales… L’essentiel est de savoir y faire face. »

Cela eut l’air de clouer le bec du Major pendant un bon moment, et finalement, il finit par murmurer :

« Navré de vous avoir dérangé avec mes pensées en l’air, Votre Excellence. »

Manifestement, le militaire venait de prendre sa réflexion comme une attaque personnelle, aussi Alyria soupira et finit par dire, l’air un peu désolée :

« J’apprécie toujours quand vous me parlez franchement. Je fais simplement de même. »

L’homme releva la tête, et une lueur de compréhension passa sur son visage, puis enfin, un léger sourire éclaira sa face :

« C’est juste que… Parfois, quand les gens montent, ils n’écoutent plus comme avant. J’aimerais pas que vous deveniez comme ça, sauf votre respect, Madame. »

« J’aimerais éviter aussi, Major. »

Sur ces mots, il la salua et retourna se poster devant la porte, et Alyria se retrouva enfin seule, remuant dans sa tête cette conversation. Malgré tous ces efforts, difficile d’effacer ce fossé qui grandissait à son insu entre elle et ceux qui l’entouraient. Peut-être faudrait-il du temps avant que ces subordonnés comprennent qu’elle ne les contredisait pas pour leur faire signe qu’il était temps de se taire, mais tout simplement car elle n’approuvait pas leur propos, rien de plus. Etait-ce simplement possible de de conserver l’équilibre entre tous ceux qui l’entouraient, et qui attendaient des choses différentes d’elle ? Parfois, elle en doutait.

Chassant ces pensées désagréables de sa tête, Alyria profita de l’accalmie pour envoyer un message à l’Amiral Fenter afin de se tenir au courant de l’avancée de la situation. Apparemment, l’armée avait entamé sa marche vers la destruction de la base, même si les forces sur place, largement en sous-nombre, compensait cela par une résistance acharnée, mues par l’énergie du désespoir. On parlait également de tentatives ultimes pour forcer le blocus par la voie des airs, ainsi que d’un problème de communication venant du commandement central…

Pire, l’Amiral Tel’Kasan, le chef de l’Etat-Major, qui assurait la liaison entre Fenter et le reste des forces éparpillées dans la galaxie, faisait était de rapports alarmants prévenants de Kashyyk et de la lointaine Dubrillion, mais l’echani restait, sans doute volontairement, vague à ce sujet, ce qui ne manquait pas d’inquiéter plus que de rassurer la Chancelière. Apparemment, à défaut d’une mobilisation contre la République, certains avançaient leurs pions en profitant de la voir tournée vers ses problèmes internes… Lâche, mais compréhensible.

Cependant, coincée sur Aargau avec ses propres ennuis à régler, Alyria ne pouvait que faire confiance aux soldats et jedis mobilisés un peu partout dans la galaxie, en évitant de songer qu’à quelques centaines de kilomètres, des amis, des êtres chers, des connaissances combattaient sur ses ordres et ceux du défunt Valérion Scalia. Quoiqu’il se passe, elle serait forcément responsable des vies perdues. Une fois de plus, le poids de sa charge lui parut soudain bien lourd, et infiniment douloureux à assumer.

Cette revue de l’avancée des opérations n’ayant rien fait pour apaiser ses inquiétudes, la jedi se résolut à prendre une dizaine de minutes pour méditer, se coupant volontairement du monde pour se ressourcer dans la Force et sentir sa présence apaisante la parcourir. Et pour une fois, elle tenta de se plonger dans les limbes de cette dernière, entièrement déconnectée de toute réalité, dans une tentative qui ne lui était pas forcément familière de sentir à travers la Force Unificatrice le vent du changement, et ce qu’il apporterait avec lui.

Alyria n’avait jamais été douée pour entrer en connexion avec cette dernière, contrairement à certains de ses pairs et nombre de consulaires. Comme à son habitude, rien ne se produisit durant sa méditation, mais elle en ressortit fraîche et dispose, presque revigorée. Dépliant ses jambes et se soulevant du sol, la gardienne s’étira de manière presque féline, et entreprit de lire en détail les informations sur le datapad qu’on lui avait transmis précédemment, afin de vérifier qu’elle n’avait rien oublié d’autre.

Alors qu’elle parcourait des lignes entières de données, la voix du Major Olson traversa la porte et elle entendit :

« Madame Delaana Wandr désire s’entretenir avec vous, Excellence. »

S’extirpant de son siège, Alyria souffla :

« Faites la entrer Major. »

La syndicaliste se glissa à l’intérieur de la pièce et tendit sa main à la Chancelière qui la serra avec familiarité, préférant ce genre de manières directes. Avec un mince sourire en coin, la togruta déclara :

« Je présume que vous vous attendiez à vous retrouver assaillie par tout ce beau monde une fois les portes closes… »

Voilà au moins qui était franc. Alyria la regarda et acquiesça simplement, avant de répliquer :

« En effet, ce qui est naturel. Après, vous êtes la première à venir me voir, même si je présume que le reste ne saurait tarder. »

Cela eut l’air de la contenter, car Delaana Wandr, tout en s’asseyant à l’invitation de la Chancelière, expliqua :

« Je préfère cela. Ainsi, vous ne serez pas influencée par tous ces financiers avant que je ne vous parle. »

Eh bien, en dehors d’une table de négociations, la togruta avait sacrément plus d’assurance, le changement était saissisant. Cela dit, Alyria répondit, parfaitement impassible :

« Mon rôle de Chancelière et de maître jedi m’astreint à un devoir de neutralité, je me dois d’écouter en connaissance de cause toutes les parties avant de trancher de façon raisonnable. »

Le sourire de Wandr s’agrandit :

« Bien sûr, bien sûr. Mais vous ne pouvez pas nier que les décisions que vous prenez sont liées à vos inclinaisons personnelles… Et aux influences de tel ou tel pouvoir. »

Certes, c’était évident. Pour autant, tout de même, Alyria aurait apprécié qu’on évite de sous-entendre qu’elle était facilement influençable… Pour un maître jedi, c’était assez gênant.

« Je n’ai aucun parti pris idéologique, pas d’allégeances politiques. Je fais au mieux étant donné les circonstances, et le fait que vous soyez ici devrait vous rassurer quant à ma capacité d’écoute… »

Un partout, la balle au centre.

« J’espère que cela restera le cas… Quoiqu’il en soit, si je suis venue, c’est pour… »

S’ensuivit une heure assommante de grandes envolées lyriques et de revendications qui sortaient largement du cadre du Plan préparé pour la crise d’Aargau. Finalement, afin de couper court à l’entretien, Alyria promit de mettre en contact Wandr avec les services du Vice-Chancelier pour discuter de l’application du Pacte Social… Ce qui n’engageait pas à grand-chose.
La togruta la remercia alors chaleureusement, et à partir de ce moment-là, se montra singulièrement plus aimable. Mise en confiance, elle informa la Chancelière d’un élément qui retint enfin son attention :

« La CGTA aimerait faire savoir à la Chancellerie que nous avons tenté d’alerter depuis de nombreux mois sur la disparition de matériel de construction dans certains lieux républicains, malheureusement sans succès, notamment des appareils technologiques qui avaient tendance à se perdre lors de leur transit vers Coruscant… Pour réapparaître dans les comptes de certaines entreprises derrière.

Je ne sais pas vous, mais j’ai tendance à trouver cela très louche… »


Alyria réfléchit un moment. En effet, c’était étrange, mais il pouvait y avoir beaucoup d’explications : accords secrets entre entreprises, transferts de technologie… Puis elle répondit finalement :

« Effectivement, c’est assez étrange, bien que de nombreuses explications soient en théorie possibles. Mais je veillerais à garder ces informations en tête et si je trouve une explication, vous en serez informée. »

La syndicaliste parut satisfaite, et prit enfin congé. Alyria entreprit de réfléchir à ce qu’elle venait d’entendre… Mais ses réflexions furent interrompues par une nouvelle communication prioritaire, qui cette fois se révéla très intéressante. Les services secrets avaient enfin des informations complémentaires.

Enclenchant son holocom afin de joindre Grendo S’orn sur son terminal privé, elle déclara :

« Ici Alyria Von. Si vous n’êtes pas en rendez-vous, je vous prie de bien vouloir me rejoindre dans mes appartements, j’ai du nouveau. »
Grendo S'orn
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Les propos de Garil Hilse paraissaient de plus en plus intriguer le Ministre S'orn. Bien sur il était habitué aux multiples magouilles utilisées fréquemment par les chefs d'entreprise, si bien qu'il en usait lui-même de temps en temps. Mais les récents événements ne lui permettait pas d'établir des conclusions trop hâtives. Si le comptable jugeait cette piste quelque peu curieuse, il se devait de fouiller à son tour dans l'espoir de trouver quelque chose d'intéressant, ou au contraire absolument rien. Prenant soin de mordre délicatement un stylo posé sur son bureau, le neimoidien réfléchit un instant à la situation. L'attitude suspecte de Jorah Wilrow qu'il avait lui-même constatée tout comme la Chancelière Von Jedi de sur-croix, des mouvements de fonds suspects émanant des banques d'Aargau, décidément beaucoup trop de coïncidences menant vers la même personne pensa le Ministre.

« Personne d'autre n'est au courant à part votre ami, vous et moi c'est exact ? »

« Personne. Lorsque j'ai appris votre venue et celle de la Chancelière sur notre planète, j'ai préféré attendre pour vous en parler en personne ... »

« Vous avez bien fais. » lui dit-il aussitôt en posant son stylo face à lui.

L'homme paraissait soudain soulagé. A croire qu'il doutait de la réaction du Neimoidien face à une telle nouvelle.

« Mais vous devez comprendre qu'il me sera difficile d'agir avec si peu de preuves tangibles ... Je ne doute pas de votre parole monsieur Hilse, mais elle n'est malheureusement pas suffisante. Avez-vous des extraits de compte ? Des documents confidentiels ? Quelque chose ? »

« J'ai bien les quelques extraits de compte que mon ami m'a envoyé dernièrement, cela suffira ? »

Le Neimoidien soupira légèrement.

« Apportez les moi, j'analyserai ses documents moi-même pour voir ce que je puis en faire. A propos, votre ami ... pourrait-il venir témoigner lui-même ? » il était normal de vouloir rencontrer la personne directement concernée plutôt que d'utiliser un intermédiaire tel que ce cher Garil.

« Je ne sais pas Monsieur le Ministre, je peux toujours le contacter pour lui demander. »

« Faites donc ça. »

L'homme acquiesça et prit respectueusement congé du politicien. La porte à peine fermée que la Chancelière le contactait sur son Holocom lui demandant de venir la rejoindre dans ses appartements. Apparemment il n'était pas le seul à avoir de nouvelles informations qu'il ne manquerait pas de partager avec sa supérieure pour avoir son point de vue sur la question. Mieux valait jouer la carte de la transparence dans pareille situation, et si une occasion intéressante s'offrait à lui, nul doute qu'il s'empresserait de la saisir. Mais jusqu'ici il n'avait qu'un simple témoignage, ni preuve, ni documents, juste un témoignage. Pas du tout suffisant pour établir une réelle conclusion mais c'était un début pour son enquête et celle d'Alyria.

« Oui Madame la Chancelière, j'arrive tout de suite. » répondit-il en quittant son bureau précipitamment.

« Katarn restez ici, si vous voyez Mademoiselle Quee dites lui qu'elle continue de ranger ce bureau. »

« Affirmatif Monsieur le Ministre. » tandis que S'orn s'éloignait déjà au sein du couloir. Plongé dans ses pensées, le Neimoidien prit la direction des appartements privés de la Chancelière. Tournant à droite au bout d'un couloir, puis à gauche, à nouveau à gauche, ... il s'arrêta un instant ne reconnaissant pas les environs.

« Je vais faire demi-tour ce sera plus sûr. » se dit-il à voix basse en prenant le chemin inverse. Malheureusement pour lui, l'absence du moindre sens d'orientation finit par le perdre totalement. La plupart des couloirs se ressemblant tous, Grendo n'avait plus aucune idée d'où il était arrivé, ni de la direction à prendre. De plus, il était seul, ne manquait plus qu'une lumière tremblotante pour rendre la situation inquiétante. Avançant à pas de loup dans la direction opposée d'où il était supposé se rendre, il opta pour toquer à l'une de ses nombreuses portes. On finirait bien par ouvrir l'une d'entre elles et renseigner Grendo sur sa position exacte. Il frappa ... pas de réponse. Seconde tentative, toujours rien. Une idée lui vint, pourquoi ne pas appeler son assistante Loohy Quee pour venir le secourir discrètement ? Il s'empara de son appareil de communication fier comme un paon de son idée ingénieuse mais ...l'épaisseur des murs ne lui permettait pas d'avoir une once de réseau. Il râla.

« Maudit soit cette planète, maudit soit ses habitants, maudit soit ce satané Blocus. A quoi sert de disposer d'une entreprise spécialisée dans la production de nouvelles technologies de pointes quand on a même pas de foutu réseau ?!! » sa voix résonnait dans les couloirs. Il reprit sa route jusqu'à atteindre un embranchement, quatre solutions possible, revenir sur ses pas, aller tout droit, à gauche ou à droite. Aucune indication, rien. Lui qui avait pourtant l'habitude de se repérer facilement dans les rues de Coruscant, il était tout simplement perdu dans un bâtiment officiel de la capitale Aargaunienne. Se sentant prisonnier à jamais, il failli pleurer sur son misérable sort mais l'arrivée d'une Togruta vint l'en empêcher. Il reconnu aussitôt Delaana Wandr, la syndicaliste, celle la même qu'il détestait sans même la connaître. Hésitant une seconde à s'adresser à elle, il se résigna :

« Excusez moi, Mademoiselle Wandr c'est bien ça ? »

« Oui oui c'est exact monsieur le Ministre, je peux vous être utile ? »

« Oui en effet, pouvez-vous m'indiquer les appartements de la Chancelière Von ? Je dois m'entretenir avec elle au plus vite. »

« J'en viens justement. Vous devez suivre ce couloir puis tourner à droite et encore une fois à droite. C'est la troisième porte à gauche, vous ne pouvez pas la rater, c'est la seule qui dispose d'un garde devant. » probablement le Major Olson se dit-il.

Le Neimoidien remercia la jeune femme et reprit sa route comme si de rien n'était.

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Lisant aussi vite qu’elle le pouvait, quitte à s’en brûler la rétine, Alyria parcourait les lignes de mots devant elle, qui en s’assemblant formaient un puzzle certes intéressants, mais dont elle avait du mal pour le moment à trouver le sens. Il y avait une quantité phénoménale de données, et elle n’avait que deux yeux, et un cerveau pour en venir à bout.

Evidemment, les services secrets, dans le peu de temps alloués, avaient fait un tri sélectif en tentant de ranger les communications par catégories, et en analysant à l’aide d’ordinateur une partie. Mais ils n’avaient pu tout lister, évidemment, et par soucis de rapidité, avaient préféré transférer le reste. Rien de particulier vers l’extérieur n’avait été signalé, en tout cas, ce qui la laissait pour le moins perplexe. Cela dit, il avait pu se servir d’autres terminaux, mais elle décida d’accorder jusqu’au bout le bénéfice du doute, afin de ne pas foncer tête baissée et condamner un possible innocent.

Il n’y avait presque aucun appel familial ou qui puisse y ressembler, l’ensemble se bornant à des envois pour le travail, si on en jugeait par les destinataires. Manifestement, cet homme n’aimait guère tisser des liens en dehors de son poste de banquier. Bon, c’était un peu triste, pas forcément suspect. Certaines personnes se dévouaient corps et âmes à leur emploi, à vrai dire, bon nombre de jedis auraient pu être catalogués dans cette catégorie, et étaient relativement solitaires. Rien de forcément bizarre là-dedans, ce qu’avait noté l’officier de renseignements en charge de cette partie de l’extraction de données. Pendant un bref instant, Alyria se demanda si Leda Hans avait usé de ses talents d’informaticiennes pour l’aider à nouveau, depuis la base coruscantie de la Défense. Elle ne le saurait sans doute jamais.

Restait donc l’impressionnante masse de communications institutionnelles de Jorah Wilrow. Bon sang, ils ne seraient pas trop de deux pour trouver quelque chose dans cet amas d’appels.
Bientôt un solide mal de crâne la saisit, et elle se résolut, la mort dans l’âme, à attendre son Ministre qui mettait décidément longtemps pour traverser un ou deux couloirs. Alyria espérait qu’il ne lui était rien arrivé… A force, avec toutes ces horreurs, elle finissait par imaginer le pire en permanence… Et le pire, c’est qu’il y avait raisonnablement de quoi.

Cependant, le neimodien finit enfin par arriver, et aussitôt, la maîtresse d’armes lui demanda :

« Ah, vous voilà, Monsieur S’orn. Je me suis entretenue avec Delaana Wandr, et si l’essentiel était à propos de choses parfaitement en dehors de ce qui nous préoccupe en ce moment sur Aargau, elle m’a communiqué une information intéressante. Apparemment, il y a quelques temps, du matériel de construction a commencé à disparaître lors de transfert sur Coruscant, puis, à réapparaître dans les comptes de certaines entreprises…

Quelques ouvriers ont trouvé cela étrange, et ont alerté la CGTA après avoir tenté d’alerté leurs directions.

Ce pourrait être la trace d’accords secrets, de transferts technologiques, que sais-je, vous vous y connaissez bien mieux que moi dans ce domaine.

Mais… Si les dates correspondent au début supposé de la construction de cette base… Bien sûr, je ne sais comment ces transferts ont pu être financés, acheminé, bref, tout cela.

En tout cas, que cela ait un rapport ou non avec notre affaire… Quoiqu’il en soit, c’est une donnée à mes yeux intéressantes.

Et de votre côté ? »


La jedi écouta l’homme d’affaires, puis lui tendit un bloc de données sur lequel elle avait transféré une partie des appels à examiner de Jorah Wilrow.

« Les services de renseignements m’ont également envoyé les archives des appels de Wilrow.
Malheureusement, ils n’ont pas pu tout extraire, et tout trier.

Apparemment, notre homme se concentre exclusivement sur son travail, et il n’y a pas d’autres itérations d’appels vers l’extérieur de nos frontières depuis son holocom personnel. Ce qui ne veut rien dire en soi, évidemment, puisqu’il est aisé d’accéder à d’autres terminaux.

Cela dit, je suis incapable de tout lire à moi seule… Nous ne serons pas trop de deux. »


Ceci dit, elle commença à se mettre au travail, pour sentir rapidement la fatigue l’envahir. Alyria n’avait rien d’un gratte-papier, et la fatigue accumulée les jours précédents, plus l’afflux nerveux lors de la réunion et les efforts faits pour se montrer à la hauteur commençaient à réclamer leurs dus. Hors, il fallait être honnête : elle ne connaissait presque aucun des noms listés là, et devaient donc parcourir les annotations rapides des services secrets, quand elles étaient disponibles, pour comprendre un peu ce dont il retournait.

Une fois cela fait, il fallait encore tenter de réussir à assimiler ce dont il était question, et au milieu de tout ce charabia de banquier, qui parlait de taux de change convertible et autres taux différés d’elle ne savait trop quoi… Alyria était atrocement, irrémédiablement larguée, et incapable d’être utile à quoi que ce soit. Un sentiment d’abattement la saisit soudain.
Entêtée, comme à son habitude, elle se força pourtant à avancer, et ce malgré une lenteur affolante et une compréhension qui frôlait le néant parfait. Autant dire que son ministre avait intérêt à trouver cet amas infâme de conversations assommantes aussi passionnant qu’elle le trouvait d’un ennui à périr. Après tout, c’était son domaine d’expertise non ?

« Vous avez quelque chose ? »

Silencieusement, la jedi pria la Force pour que la réponse soit oui. A défaut d’être compétente, elle avait peut-être choisi judicieusement son collaborateur du jour pour l’être à sa place… Sinon, ils étaient sans doute condamnés à faire chou blanc.

Spoiler:


Le Masque de la Force
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Jet d'Intelligence d'Alyria raté!
Grendo S'orn
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Rassuré d'avoir enfin trouvé les appartements de la Chancelière, le Ministre S'orn pu reprendre son calme. Le Major Olson lui ouvrit délicatement la porte après avoir pris soin de l'annoncer au près de sa supérieure Il entra.

« Mmmh étrange en effet, j'ai justement pu m'entretenir en privé avec Garil Hilse tout à l'heure. Celui-ci semble convaincu de transferts de fonds suspects émanant des Banques d'Aargau. Ce n'est pas lui directement qui a pu le constater mais un ami à lui, au sein du service comptabilité des Banques. Après avoir constaté des erreurs il a contacté aussitôt monsieur Hilse pour une vérification et effectivement selon lui il semble y avoir des transferts d'argent plutôt louche ... Se pourrait-il que ce Jorah Wilrow soit dernière ces mystérieuses disparitions, financés par ces transferts suspects ? Cela se tient vous ne trouvez pas ? » le neimoidien n'avait rien d'un enquêteur de police mais il faisait rapidement des liens entre divers éléments. Peut-être avait-il raison ou au contraire totalement tort et il ne s'agissait là que de simples coïncidences. Quoi qu'il en soit il n'aimait pas l'immobilisme et selon lui mieux valait vite trouver une solution à ce problème. Le risque de mettre un potentiel innocent derrière les barreaux était pourtant grand et il fallait agir avec prudence.

S'installant aux côtés de la Chancelière, il s'empara du datapad que celle-ci lui avait tendu quelques secondes plus tôt et commença à analyser les nombreuses données en silence. Une recherche minutieuse qui ne manqua pas de fatiguer les yeux du Neimoidien qui retira un instant ses lunettes pour se frotter les paupières. Durant plusieurs minutes, les deux individus restèrent très silencieux.
Un nom après l'autre, Grendo lu à voix basse les nombreux appels effectués par Jorah Wilrow jusqu'à l'un d'entre eux qui attira plus particulièrement son attention.

« Lara Olander ... Tiens, Garil Hilse m'a justement assuré que la plupart des transferts suspects étaient à destination d'une certaine Lara Olander. Malheureusement il n'a trouvé aucune information à son sujet dans la banque de données d'Aargau. Peut-être devrions-nous effectuer une recherche au sein de la République pour connaître qui est cette mystérieuse personne ? A moins que ce ne soit qu'un nom d'emprunt. »

Grendo n'aimait pas les énigmes, hors il se retrouvait là devant l'une d'entre elle. Sa théorie semblait tenir la route, mais que venait faire cette Lara Olander dans l'histoire ? Qui était-elle ? Et surtout pourquoi lui envoyer des fonds importants régulièrement depuis plusieurs mois déjà ? Autant de questions restées sans réponse.

« Mademoiselle Wandr ne vous a pas dit à quelles entreprises la disparition de matériels de construction profitaient le plus ? Ce sont des sociétés Aargauniennes ou étrangères ? Sauf s'il s'agit d'accords secrets ou de transferts de technologie dans ce cas ce que je vais dire ne tiendrait pas la route, mais nous devrions peut-être rechercher du côté des entreprises victimes de ses disparitions. Et si les victimes étaient également les coupables ? Si ses disparitions n'étaient pas le simple fruit du hasard mais un travail préparé à l'avance dans le but de dissiper les doutes. » une théorie comme une autre qui pouvait s'avérer vraie ou fausse, le manque de preuves commençaient malheureusement à se faire ressentir.

« Procédons par élimination. Combien d'entreprises de construction importantes sont-elles présentes sur Aargau ? Si mes souvenirs sont bons, quatre ou cinq. Ne comptons pas les petites sociétés, je doute qu'elles aient les moyens d'établir un tel scénario. Voyons maintenant la liste des appels de Jorah Wilrow avant la réunion, qui appartient à une entreprise de construction ? » il tapota sur son datapad pour établir un filtre de recherche. « Voilà, nous avons trois noms, Ban Bruckman, Jan Rik et Klivian .... Olander. » il leva la tête vers la Chancelière. « Olander, comme Lara Olander ? Klivian et Lara sont probablement de la même famille, peut-être a-t-on versé l'argent à cette femme pour ne pas éveiller les soupçons d'investissements dans une entreprise de construction ! » la solution paraissait à porté de main, mais peut-être n'était-elle pas la seule plausible ...

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D’une certaine façon, Alyria avait tendance à l’oublier, mais entre elle et Grendo S’orn, il y avait dans cette pièce une quantité de pouvoir phénoménale à utiliser, tant leurs positions respectives et connexions précédentes formaient un réseau aux ramifications impressionnantes. Surtout, en ayant des passés et surtout des domaines d’expertise différents, ils arrivaient à obtenir par des sources diverses, mais concordantes, des informations qui se recoupaient pour le moment plutôt correctement.

Ainsi, ce n’était pas forcément étonnant que le comptable ait préféré parler au neimodien, et la syndicaliste à sa propre personne, soit une jedi, ce qui avait tendance à faire écho à quelqu’un de relativement juste et impartial. Depuis le début, de toute façon, Alyria avait la certitude que cet ensemble complexe n’avait pu se mettre en place qu’avec des complicités, plus ou moins importantes, mais existantes néanmoins. Sinon, comment expliquer la construction d’un complexe sans matériaux, sans bras ? Il fallait embaucher, faire passer des centaines de personnes, et surtout, toutes ces technologies venaient forcément de quelque part… Les bases militaires ne sortaient pas de terre en un claquement de doigts, leurs habitants encore moins.

Pendant toute la réunion précédente, Alyria avait gardé en tête cette donnée importante : tous ces notables aargauniens avaient eu des liens plus ou moins étroits avec leur ancien sénateur. Tous pouvaient avoir eu maille à partir avec cette base. Il fallait donc rester sur ses gardes, tout en accordant le bénéfice du doute, sans se montrer aveugle. L’exercice était délicat, mais il ne fallait pas oublier que pour l’aider, derrière, les deux officiels républicains avaient l’imposante machinerie des services secrets derrière eux, de nombreuses connaissances à des postes clés… Et la Force, selon la jedi.

Ainsi, sans lever les yeux de son datapad, la trentenaire répondit après avoir soupesé un instant le pour et le contre de la logique d’un tel raisonnement :

« En effet, on peut trouver pas mal de liens de causalité qui semblent se tenir. Du moins, hypothétiquement. »

L’échafaudage intellectuel tenait, c’était certain. Cela dit, il fallait relier les éléments entre eux de façon irréfutable pour en tirer réellement quelque chose. Ce à quoi s’employa le Ministre de l’Economie, décidément très en forme et redoutablement utile, avec une précision diabolique, aidé par la montagne d’informations qu’Alyria avait jugé atrocement barbante un instant plus tôt, et pour laquelle elle éprouvait soudain un regain d’intérêt.

Prenant garde à ne pas se précipiter, réfléchissant presque à haute voix, la demi-echanie déclara d’un air songeur :

« Donc si je récapitule… Monsieur Hilse a eu connaissance de mouvements de fonds suspects, et je fais confiance à ses talents de comptable et à son amour du détail pour que ce ne soit pas sans raison. Dans le même temps, des disparitions et réapparitions de matériels dans les inventaires et compte de diverses entreprises sont parvenues aux oreilles de Delaana Wandr.

Les transferts suspects étaient essentiellement vers le compte d’une certaine Lara Olander. Qui se retrouve dans les communications de Jorah Wilrow… Et nous avons une entreprise de construction qui appartient à un autre Olander.

Effectivement, dit comme cela, nous avons une architecture de puzzle qui semble se constituer… Reste à combler le centre. »


Alyria ouvrit la porte pour faire à nouveau rentrer le Major Olson dans la pièce, et lui ordonna avec autorité :

« Major, contactez-moi votre agent de liaison aux services secrets. Dites-lui que je désire avoir d’éventuelles informations sur une certaine Lara Olander, dans le cadre d’une enquête avec mandat. Au moins où elle habite en ce moment, si cela est possible. »

Le Major s’inclina et ressortit précipitamment, conscient que ce n’était pas le moment de discuter avec sa supérieure et que sa mission était d’importance. Cela fait, la gardienne retourna à sa position antérieure, alluma une nouvelle fois son holocom, et contacta Delaana Wandr, qui lui avait évidemment laissé ses coordonnées. A vrai dire, la jedi pensait ne pas s’en servir avant un petit moment, mais il fallait croire que la Force en avait décidé autrement.

« Oui, Madame Wandr, ici la Chancelière Von. Non, je ne compte pas revenir sur ce que je vous ai dit. En revanche, j’apprécierais grandement que vous puissiez m’envoyer la liste des entreprises dans lesquelles ces… fraudes supposées ont pu être rapportées. Oui, le Ministre S’orn s’intéresse grandement à cette affaire, depuis que je lui en ai parlé.

Merci, voici l’adresse de réception. Au revoir, Madame Wandr. »


Quelques minutes plus tard, Alyria reçut la liste et la communiqua immédiatement au neimodien.

« Reste à savoir si les trois noms que vous avez cité, soyons méthodiques jusqu’au bout, appartiennent à des entreprises citées là-dessus.

Je crois que vous aurez plus de facilités que moi pour déterminer cela. »


Elle voulait bien connaître quelques têtes de noms, mais tout de même… Il ne fallait pas compter sur la maîtresse d’armes pour se dépatouiller avec tous ces noms d’entreprises qui se ressemblaient tous à ses yeux. D’ailleurs, le Major Olson entra à cet instant, avec quelques notes.

« Voilà ce qu’on a pu vous trouver : Lara Olander, 45 ans, ancienne officier de l’armée planétaire d’Aargau ayant effectué trois ans de service dans l’armée régulière fédérale auparavant. Actuellement hospitalisée pour raison médicale sérieuse et permanente, dernièrement aperçue sur Coruscant. »

Nous n’avons pas plus de précisions. »

« Merci pour ces précieuses informations.»

L’homme se reposta devant la porte, et Alyria se tourna vers son Ministre :

« Des centres médicaux accueillant leurs patients sur de la longue durée… Il ne doit pas y en avoir beaucoup, hormis des dispensaires du Medcorps jedis et le Centre médical général de Coruscant… »

S’ils parvenaient à obtenir plus d’informations… Les choses pourraient commencer à prendre tournure réellement.

« En tout cas, suivant son état… Si elle est incapacitée de façon permanente… Je ne vois pas forcément pourquoi Jorah Wilrow prendrait la peine de l’appeler régulièrement. A moins que ce ne soit un ami proche… Mais pourquoi alors ces versements d’argent… »

Se grattant le bas du menton d’un air pensif, la jedi se perdit un instant dans ces réflexions, certaine que la clé du problème se trouvait à portée de mains…
Grendo S'orn
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Le puzzle commençait petit à petit à se compléter à la grande satisfaction du Neimoidien. Avec un peu de chance il quitterait définitivement cette planète très bientôt pour rejoindre son délicieux confort de Coruscant. En parlant de ça il n'avait reçu aucune nouvelle de la Capitale, rien, ni de sa Chef de Cabinet censée le représenter durant son absence au Sénat, ni de personne. Balayant ses inquiétudes, le Ministre se remit au travail.

« Voyons voir cette liste des entreprises. » il prit le datapad fermement des deux mains et commença à analyser le contenu des informations en vue de les comparer avec celles de Wandr. La première société portait le nom de Bruckman Corporation, celle qui appartenait à Ban Bruckman que Grendo S'orn connaissait d'ailleurs personnellement. La seconde était Trovaplex Incorporated, Grendo n'en n'avait par contre jamais entendu parler. La troisième et non la moindre, Aargaunian Construction Group. Les noms suivants appartenaient à de petites entreprises mais le Neimoidien ne s'attarda pas trop sur elles. Selon lui, mettre en oeuvre un scénario de la sorte imposait de lourds moyens et surtout une grande influence dans le milieu.

« Bruckman Corporation, Trovaplex Incorporated et le célèbre Aargaunian Construction Group. Toutes ont été victimes de nombreuses disparitions de matériels de construction et de technologies de pointe. Si je la compare avec la liste remise par Mademoiselle Wandr, et si je ne fais aucune erreur dans ma théorie ... oui c'est bien ce que je pensais, deux des trois sociétés sont sur cette liste : Bruckman Corporation et Trovaplex Incorporated. Et si je fais une recherche concernant Klivian Olander ... » quelques secondes plus tard « Trovaplex, il fait partie des architectes de Trovaplex. Quand à Jan Rik ... Ingénieur dans la même société. » il avait enfin les réponses à ses questions et pouvait mettre ainsi hors de cause le Aargaunian Construction Group à qui la disparition du matériel n'avait pas du tout profité, que du contraire. Seuls les deux premières sociétés y avaient trouvés un réel intérêt.

« Par mesure de sécurité, je dirais qu'il vaut mieux interroger les trois hommes que Jorah Wilrow a essayé de contacter vous ne pensez pas ? » mieux valait ne pas montrer son jeu trop rapidement à leurs potentiels ennemis. Caressant un instant son menton, le Neimoidien réfléchit à la situation. Comment faire pour convoquer les trois hommes sans les effrayer ? En espérant évidemment qu'ils se trouvaient tous sur Aargau sans quoi les contacter serait beaucoup plus compliqué. Il observa encore la liste sur son datapad et finit par déclarer :

« Permettez-moi de m'occuper de Ban Bruckman Chancelière, je le connais personnellement. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un ami mais au moindre doute je pourrais éventuellement lui faire avouer deux-trois choses. C'est un homme qui aime s'entendre parler, un égocentrique de la pure espèce, j'ai l'habitude de fréquenter ce genre d'individus. Préférez-vous vous occuper directement de Klivian Olander ou de Jan Rik ? » les derniers détails aussitôt réglés, Grendo et Alyria pouvaient désormais débuter leurs interrogatoires respectifs. Ordonnant à son assistante de convoquer le plus rapidement possible Ban Bruckman pour s'entretenir avec lui, le Neimoidien retourna dans ses appartements pour se reposer quelques heures. Un repos bien mérité.

.:. .:.

La tête posée sur un oreiller, les yeux clos, le corps affalé sur une chaise longue du haut de son balcon, Grendo S'orn dormait à point fermé. Rêvant de son retour sur Neimoidia, ses retrouvailles avec ses merveilleux enfants et sa terrifiante femme. Un léger sourire pouvait se lire sur son visage. Il était bien !

« Monsieur le Ministre ? » la voix de son assistante paraissait si loin, si floue.

« Monsieur le Ministre ?! Réveillez-vous. » elle approchait.

« Monsieur le Ministre ?!!!! Réveillez-vous !! S'il vous plait !!! Oh mon dieu non. » elle le secoua.

« Mais enfin ! Vous êtes folle ?! Pourquoi hurler de la sorte ?! »

La Neimoidienne paraissait gênée.

« Veuillez m'excuser, je pensais que ... que vous étiez ... »

« Mort ?! C'est ça que vous pensiez ?! Petite idiote, j'ai encore de belles années devant moi avant de passer l'arme à gauche contrairement à ce que vous pensez. » cracha-t-il en se relevant de sa chaise.

« Bon, que voulez-vous ?! »

« B ... Ba ... Ban Bruckman est dans le salon privé juste à côté. Votre rendez-vous, vous vous souvenez ? »

Il ouvrit de larges yeux.

« Mais quelle heure est-il ?! Je ne l'attendais pas avant ... » il regarda l'heure « ... avant maintenant. Très bien, dites lui que j'arrive tout de suite. » l'assistante s'éclipsa laissant le Neimoidien reprendre un instant ses esprits. Il s'était tout simplement assoupi. De nombreuses heures probablement. Un manque sommeil énorme qu'il devait récupérer par n'importe quel moyen. Fort heureusement pour lui la Chancelière Von n'avait pas essayé de le contacter, elle devait être occupée d'interroger l'homme qu'elle avait choisis plus tôt dans la journée, à moins qu'elle ai eu le temps de faire les deux ? Aucune façon de le savoir, pour l'instant il devait se consacrer à son entrevue avec Ban Bruckman. Vérifiant une dernière fois qu'il était bien habillé pour le recevoir, replaçant sa mitre qui était tombée, il entra dans le salon privé. Un homme l'attendait, assis sur le sofa rouge. Loohy Quee avait déjà pris soin de lui servir un verre pour le faire patienter.

« Grendo S'orn, vieille crapule, quel plaisir de vous revoir. » l'homme était extrêmement (trop) familier aux yeux du Neimoidien qui ne manqua pas de lui faire savoir.

« Eh bien, je ne savais pas que nous étions devenu des amis si ... proches. Auriez-vous oublié que j'ai été nommé Ministre du Trésor et de l'Economie entre temps ? Il est généralement préférable de nommer un homme par le titre qui le qualifie ne pensez-vous pas ? »

« Voyons, vous allez me faire croire que vous n'êtes pas au dessus de tout ce satané protocole républicain ? »

Il répliqua aussitôt en prenant soin d'articuler chaque syllabe pour se faire comprendre :

« J'insiste. »

« Bon très bien, excusez moi ... Ministre S'orn. »

Les deux individus se serrèrent la main mutuellement et s'installèrent confortablement face à face.

« Veuillez m'excuser monsieur le Ministre, mais votre assistante a été très floue quand aux raisons de ma présence aujourd'hui. Vous sembliez plus apte à répondre à cette question selon ses propres mots. »

Ban Bruckman faisait presque une centaine de kilos pour seulement un mètre soixante-dix. Un poids qui ne l'avait pas quitté malgré ses multiples tentatives pour faire régime et retrouver son allure d'antan. Contrairement au passé, l'homme avait aujourd'hui les cheveux grisonnants, l'âge ayant déjà laissé quelques traces sur son visage ridé.

« En effet, vous n'êtes pas sans savoir que la planète Aargau a été mise sous Blocus Républicain. »

« Pour être au courant je le suis ! Nos actionnaires m'appèlent tous les jours pour connaître la suite des événements, même nos investisseurs commencent à trembler. Fort heureusement pour moi je n'ai pas tout misé sur cette planète, mes nombreuses filiales sur Corellia, Skako et Coruscant m'aideront à ne pas faire faillite. Mais j'ose espérer que la République se montrera généreuse en vers nos sociétés. J'ai d'ailleurs ouïe dire que le Plan de sauvetage que vous et la Chancelière Von avez proposés était tout à fait acceptable. »

« Rassurez-vous Bruckman, la République s'attèle à rendre cette crise la plus supportable possible. Nos différents Ministères travaillent tous en collaboration pour mettre un terme rapidement à ce Blocus. Malheureusement ... » il s'arrêta un instant, le temps de se servir un verre « ... vous devez comprendre que si nous en sommes arrivés là, il y avait bien une raison. Une raison importante. »

L'homme acquiesça tout en déclarant :

« Selon les rumeurs il s'agit d'une Base Sith c'est bien ça ? »

« Exactement, et vous comprendrez que tout ce qui touche de près ou de loin aux Sith est pris très au sérieux par nos services. »

« Evidemment. »

« Evidemment. » répéta-t-il après Ban.
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Une fois encore, le recoupement d’informations fit merveille. Ils avaient donc deux entreprises, et trois suspects. Au vu du nombre, Alyria aurait porté son attention sur Trovaplex Incorporated, mais mieux valait en effet vérifier les trois. Si Grendo S’orn connaissait leur premier inconnu, tant mieux, il ne lui restait plus qu’à s’occuper des deux autres, et à user du poids du titre de Chancelière pour ce faire. Autant que cette maudite charge lui serve de temps en temps à quelque sorte. Quel ingénieur ou architecte refuserait un entretien avec le chef de l’Etat ? A sa connaissance, aucun. Trop de choses pouvaient être en jeu, la curiosité jouait forcément, la peur aussi… Bref, elle savait que ces deux futurs interlocuteurs viendraient. Restait à trouver un motif de convocation.

« En effet, autant enquêter sur toutes les pistes possibles. Sait-on jamais. Cependant, étant donné que nos indices se portent prioritairement sur Klivian Olander, autant interroger en premier les deux autres. A vous Bruckman, je m’occupe en premier de Jan Rik… »

A vrai dire, la description donnée du premier individu aurait convenu à la moitié de la Rotonde et à un sacré paquet de gros bonnets de tout poil de sa connaissance… Mais Alyria se retint de faire ce commentaire à voix haute, histoire que son interlocuteur ne se sente pas compris dans le lot. La trentenaire avait beau être plus diplomate et pragmatique que bon nombre de ses homologues jedis, elle partageait néanmoins pas mal de leurs jugements sévères sur les occupants du Sénat, et ce n’était sûrement pas les jours qu’elle venait de passer à la Chancellerie qui allaient la convaincre du contraire.

Résignée à passer le reste de sa journée en entretiens feutrés en mode jeu de dupes, la maîtresse d’armes se jura qu’une fois sortie de cet enfer républicain, elle se tiendrait éloignée pendant longtemps de tous ces jeux de pouvoir. Elle tiendrait le temps qu’il faudrait, mais après, il ne faudrait plus lui parler d’un poste au Sénat avant un long moment. Que n’aurait-elle pas donnée pour se trouver sur le champ de bataille en ce moment-même… Enfin, ce n’était pas le moment de râler, et si elle pouvait se débrouiller pour tenter de couper court aux complicités de Janos… Autant le faire, elle aurait l’impression d’avoir accompli son devoir de jedi pendant quelques heures.

Contactant son bureau à la Chancellerie, Alyria demande au fidèle Tel’khar, complètement débordé mais qui, comme depuis son arrivée à ce poste, effectua sans mot dire sa demande, à savoir contacter Jan Rik pour lui fixer un rendez-vous rapidement et trouva une excuse quelconque pour cela, la dirigeante jugeait plus intelligent de passer par le décorum du Secrétariat Général plutôt que d’appeler en personne. Et puis, le snivvien était doué pour effectuer ce genre de tâches, autant éviter les impairs. Une fois cela fait, elle lui demanda également de lui communiquer rapidement le plus d’informations possibles sur ces deux suspects à interroger, et éventuellement sur Jorah Wilrow. Le tout arriva une heure plus tard, et la demi-echanie entreprit de compulser fébrilement ces nouvelles notes. Au moins, Tel’khar avait conscience des compétences et incompétences de sa supérieure, et avait rédigé le tout de façon intelligible pour elle.

La jedi s’installa donc aussi confortablement que possible et entreprit sa lecture, attendant patiemment que son invité arrive. Après deux heures, enfin, l’homme parut. De la même taille qu’Alyria, Jan Rik était assez quelconque physiquement, avec un début de calvitie prononcé. Ingénieur de formation, il semblait l’archétype de l’ingénieur discret, sans problème particulier. Respectueusement, il salua la Chancelière en exercice :

« Bonjour Votre Excellence, et excusez ma tenue, mais je n’ai guère eu le temps de me changer le temps de venir de mon lieu de travail. »

« Cela n’a aucune importance, rassurez-vous. Je ferais une piètre Chancelière si je jugeais les gens à leurs vêtements. »

Et une piètre maître jedi, également, ajouta-t-elle pour elle-même dans sa tête. A vrai dire, elle trouvait risible que les gens se soucient de leur apparence en sachant ce qu’elle était… Enfin, là n’était pas la question.

« Pardonnez ma curiosité, mais votre Secrétaire Général s’est montré assez flou quant à l’objet de cette visite. Je suis flatté qu’un modeste ingénieur comme moi soit reçu par la Chancelière en personne mais j’avoue ne pas comprendre les raisons exactes de cette attention. »

Manifestement, l’homme se méfiait, semblant légèrement inquiet. Logique, dans de telles circonstances. Tout d’abord, Alyria devait le rassurer.

« Ce n’est rien de grave, rassurez-vous. Seulement, comme vous ne l’ignorez évidemment pas, un blocus est en cours ici, et je me dois de tenter de le superviser et d’aider au mieux nos troupes… Hors, on m’a indiqué que vous seriez l’homme idéal pour le besoin que j’ai. »

Cela eut l’air de surprendre, mais également de flatter l’homme, qui minauda presque :

« Oh bien sûr, je serais ravi d’apporter mon aide à Votre Excellence. Après tout, plus vite ce blocus sera terminé, plus vite nous serons en sécurité, non ? »

« C’est exact. »

De façon inhabituelle au vu de ses interlocuteurs des derniers jours, Jan Rik n’avait pas fait référence à la reprise économique, mais à la sécurité, ce qui plut immanquablement à la Chancelière. Ce qui n’était pas une raison pour baisser sa garde. Après avoir proposé à boire à son invité, Alyria le pria de bien vouloir s’asseoir, et rentra dans le vif du sujet.

« Comme vous le savez, Lord Janos a fait construire une base sith sur Aargau… Un ingénieur comme vous doit sûrement avoir quelques idées de la manière dont une telle entreprise a été possible, et des matériaux utilisés. Cela pourrait grandement aider nos forces. »

La question était tout sauf innocente : certains des matériaux volés étaient rares, et ne devaient pas se trouver sous le premier bantha venu…

« Hum, oui, bien sûr, voyons… »

Jan Rik commença à détailler quelques idées, qu’elle suivit plus ou moins attentivement, se concentrant sur les noms énoncés. Soudain, l’un d’entre eux attira son attention :

« Des murs avec un alliage à base de chanlon… Mmh… C’est un matériau rare, non ? »

« Euh oui, en effet, peu d’entreprises peuvent en importer en grande quantité… »

« Donc, une disparition d’un stock serait un problème majeur ? »

« Oui, évidemment, pourquoi ? »

Alyria laissa planer un long silence un instant, observant le malaise gagner son interlocuteur, puis asséna d’une voix presque trop douce :

« Il n’y a sans doute que trois entreprises qui pourraient s’en procurer sur Aargau… Dont la vôtre n’est-ce pas ? »

« Certes, mais enfin qu’insinuez-vous ! Je n’ai jamais… »

« Calmez-vous, je n’insinue rien. C’est simplement une constatation. »

L’homme parut réfléchir, puis un déclic se fit soudain, et il déclara d’une voix songeuse…

« Je… Il y a quelques mois, un de mes employés m’a parlé d’un problème de stock de chanlon… Je n’y ai pas fait attention mais… S’il y avait un voleur… Je pourrais être accusé ! »

Alyria ne répondit strictement rien, se contentant de fixer l’homme de ses yeux verts perçants, comme si elle attendait qu’il fasse lui-même le travail de réflexion… Où elle désirait l’emmener depuis le début.

« Hum, si je fais une vérification rapide, cela ne serait pas superflu… »

« Sans doute. Mais n’oubliez pas que j’attends votre rapport sur les usages du chanlon très vite. »

Hop, noyer subtilement le poisson… Sans le faire vraiment. Jan Rik s’attarda un instant sur la cicatrice faciale de son interlocutrice, puis se leva :

« Si vous voulez bien m’excuser, je vais rédiger cela sur le champ. »

« Je vous en prie, au revoir, Monsieur Rik, ce fut un plaisir. »

L’humain parti, Alyria poussa un soupir et se rassit, fermant ses yeux quelques instants… Qui se transformèrent en minutes, puis une bonne heure. Soudain, un bip sonore la tira de son sommeil. Jan Rik venait de la contacter, et apparemment, il était inquiet :

« Je vous ai envoyé les renseignements demandés, Madame… Et j’ai regardé nos stocks de chanlon… En effet, il y a des chsoes que je ne comprends pas… Des kilos qui disparaissent, qui ré-apparaissent. Je vous jure que je n’y suis pour rien ! »

L’homme semblait réellement affolé, aussi la Chancelière prit sur elle pour répondre d’une voix apaisante :

« Allons, je n’ai rien dit de tel. Y a-t-il quelque chose que vous avez appris à ce propos ? »

« Non, enfin… Apparemment, aucun des autres ingénieurs n’est au courant. Je peux voir auprès de mon supérieur, Klivian Olander si vous voulez. Ce n’est qu’un architecte mais… »

Bingo ! Tentant de cacher sa jubilation, Alyria répondit d’un air nonchalant :

« Oh, écoutez, si vous voulez l’appeler maintenant pour lui demander de venir vous accompagner jusqu’ici… Ce pourrait être pratique ? »

« Oui, oui sans doute, vous avez raison… Et ce sera mieux, je ne veux pas l’affoler inutilement… »

Tous deux tombèrent d’accord, et Jan Rik raccrocha. Alyria envoya un rapide message textuel à Grendo pendant ce temps :

« Où en êtes-vous ? Klivian Olander est apparemment le supérieur de Jan Rik, ce dernier assure qu’il n’est pas au courant des disparitions mais que ces dernières ont bien eu lieu, il arrive ici accompagné d’Olander pour s’expliquer. »
Grendo S'orn
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Cela faisait déjà presque une heure que Ban Bruckman et Grendo S'orn échangeaient des banalités sur les récents événements politiques galactique. Bien que le politicien avait très vite abordé le Blocus d'Aargau, le chef d'entreprise, lui, s'était empressé d'amener la discussion sur un autre sujet. Une attitude des plus suspecte qui ne manquait pas d'interpeller le Neimoidien, bien obligé de répondre aux questions de son interlocuteur pour le mettre peu à peu en confiance.

« Vous savez, loin de moi l'envie de critiquer cette Loi Sociale, mais ne pensez-vous pas que ce n'était pas le moment opportun pour une telle réforme ? »

Grendo émit un léger rictus tout en finissant son verre.

« Au contraire Bruckman, c'était exactement le bon moment pour faire passer une telle loi. Remettons les choses dans leur contexte voulez-vous. Feu le Chancelier Valérion comptait déjà mettre en place cette réforme sociale, bien avant sa mort. La Chancelière Von ne fait que continuer sur cette voie. Vous êtes un homme intelligent, vous devez comprendre qu'après tous les récents événements, la mort de Scalia, le suicide de Keyien, les multiples attentats terroristes, ... revenir sur cette loi aurait été perçu comme un affront pour la plupart de la population. Ne vous y trompez pas, j'ai moi-même été en quelque sorte victime de ces changements, mais nos entreprises doivent s'adapter en conséquence. C'est tout. » l'explication était clair, concise. Mais si son discours paraissait préparé d'avance sur ce sujet, Grendo n'était pas vraiment convaincu de la mise en pratique de la réforme qui avait touché S'ornPharma Corp de plein fouet, notamment dans le conflit avec la communauté Duros.

« Vous devez bien avouer que pour le moment le Gouvernement se fiche un peu de Patronat ... » lui répondit aussitôt Ban d'un ton sec.

Le Neimoidien se leva lentement en silence en direction du bar qui était à un mètre à sa droite. Il s'empara d'une bouteille de whisky et revint à sa place.

« Je vous re-sers un verre ? » l'homme acquiesça. « Vous savez, la politique est un jeu et un jeu souvent compliqué. Observez la Rotonde. Le nombre de représentant venant de tout horizons, aux idéologies bien différentes, pensez-vous sincèrement qu'il soit un jour possible de tous les mettre d'accord ? Non bien évidemment. Le Gouvernement fait au mieux avec les moyens qu'il dispose. De plus, comme je l'ai déjà dis lors de la Réunion Patronale sur Corellia la semaine passée à laquelle vous n'avez malheureusement pas pu participer, je ferai mon possible pour accorder des contreparties aux entreprises. Nous sommes tous dans la même bateau n'est ce pas ? »

Ban Bruckman croisa une jambe sur l'autre tout en jouant nerveusement avec son verre récemment rempli. Grendo tenta à nouveau d'aborder le sujet tant redouté :

« Permettez-moi une question Ban. A combien s'élevait le chiffre d'affaire de Bruckman Corporation l'année dernière ? »

« Plusieurs millions. Vous devriez demander à mon comptable je ne connais malheureusement pas le chiffre exact. Pourquoi cette question ? »

Le Neimoidien laissa quelques secondes de silence avant de répondre :

« Et d'après-vous, combien de millions risquez-vous de perdre si l'opinion publique apprenait que vous êtes lié de près ou de loin à la construction d'une Base Sith ? »

La question avait paru comme un violent coup de fouet au sein de la conversation. Ban Bruckman, le regard fixé sur son interlocuteur, cessa aussitôt de jouer avec son verre qu'il déposa brutalement sur la table devant lui, l'air choqué face aux accusations de Grendo S'orn. Ne sachant quoi répondre immédiatement, il se leva, ouvrit la bouche et hurla de sa voix grave :

« Comment osez-vous m'accuser d'être lié à cette sombre affaire ?! Je pensais que vous me connaissiez un minimum pour savoir que je n'ai rien à voir avec tout ça. M'associer à ces brutes de Sith, je ne suis pas aussi stupide ! »

Grendo paraissait soudain agacé du comportement de Ban Bruckman. Il n'était pas le genre d'homme à tourner autour du pot pendant des heures. Le simple fait d'avoir accusé son interlocuteur d'avoir collaborer consciemment ou inconsciemment avec les Sith vint mettre un terme à cette ambiance chaleureuse qui était présente depuis le début de l'entrevue. Quoi de plus normal ? Qui aurait voulu être accusé d'un tel crime ? Qui aurait accepté ses accusations sans essayer de s'en sortir un minimum ?

« Trèves de plaisanterie Bruckman, rasseyez-vous et cessez cette petite comédie avec moi. C'est justement parce que je vous connais bien que j'ai immédiatement eu des soupçons sur vous. Vous êtes le genre d'homme à saisir la moindre occasion pour s'enrichir. Vous pensiez pouvoir vous en sortir jusque quand comme ça, à agir dans l'illégalité. Skako et cette mystérieuse cargaison de Ryll, Corellia, Fondor, le cargo en partance de Devaron et j'en passe. Réfléchissez une seconde ... Vous avez peut-être le bras long mais ça ne peut durer comme ça indéfiniment. Votre carrière ne supporterait pas une autre accusation croyez-moi. Qu'elle soit vraie ou fausse importe peu. » le Neimoidien resta très calme, posé et assis contrairement à son interlocuteur maintenant furieux.

« J'ai toujours été acquitté dans la plupart de ses affaires S'orn vous devriez le savoir !! »

« Car de nombreux témoins ont mystérieusement disparus ou retirés leurs plaintes après le transfert d'une importante somme d'argent. Chez moi on appelle ça un meurtre ou de la corruption, et tout deux sont des crimes puni par la loi. »

« Vous n'avez aucune preuve de ce que vous avancez là !! »

« Je dois bien avouer que vous avez raison, mais en fouillant un peu il me serait assez facile d'en trouver ... ou même d'en fabriquer vous le savez n'est ce pas. »

« Espèce d'enfoiré !! Vous n'oseriez pas ?! »

Grendo laissa apparaître un léger sourire sur son visage. Ban Bruckman perdait définitivement son sang froid. L'occasion pour le Neimoidien de mettre un terme à cette petite comédie.

« Je n'hésiterais pas une seule seconde. Pensez-vous sincèrement que je n'ai pas le bras long moi aussi ? Je suis Ministre de l'Economie Bruckman ne l'oubliez pas !
De plus, je suis au courant de la disparition de matériel de construction depuis plusieurs mois qui réapparait mystérieusement dans les comptes de votre entreprise, c'est le fruit du hasard c'est ça ?! Niez-vous aussi les liens que vous entretenez avec Trovaplex Incorporated dans cette sombre affaire ?! »


Touché. L'homme ne su quoi répondre comme si on venait de lui clouer le bec instantanément. Toujours debout, il serra ses poings imaginant le cou du Neimoidien entre ses doigts. La bouche ouverte, aucun son ne sortait.

« Maintenant asseyez-vous et expliquez moi calmement toute l'histoire. Avec un peu de chance peut-être aurez-vous des circonstances atténuantes ... » lui dit-il d'un ton posé.

Bruckman se réinstalla brusquement au fond de son siège, le regard fuyant, presque gêné de cette situation. Il prit son verre et bu le contenu cul sec comme pour lui donner du courage dans ses révélations qu'il était sur le point de faire. Grendo, lui, enclencha discrètement un petit enregistreur qu'il tenait sous le bureau.

« C'était il y a plusieurs mois, je ne pourrais pas vous dire précisément quand. J'ai été contacté par un homme qui représentait les intérêts de Trovaplex Incorporated. Cette société et la nôtre sommes rivales depuis bien longtemps, mais lorsqu'il m'a parlé d'une possible entente entre nos entreprises j'ai directement accepté de le rencontrer. L'occasion de mettre un terme à ces nombreux conflits ne se serait pas présenté deux fois vous comprenez.
Soit au cours de cette entrevue et après nous être mis d'accord sur cette alliance, il m'a parlé d'un projet sur lequel sa société s'était penchée depuis quelque temps. Une affaire en or. En principe se devait-être une usine, une sorte de méga-usine de traitement des déchets. Je n'étais pas vraiment intéressé dès le départ mais lorsque j'ai vu la couleur des grosses sommes d'argent qui nous étaient envoyées j'ai très vite accepté de collaborer. Le principe était simple, on faisait disparaitre notre matériel de construction qui était ensuite utilisé pour la construction du Bâtiment. A ce moment là j'étais loin de m'imaginer que ça allait devenir une Base Sith. »


« En êtes-vous sûr ? »

« Aussi sûr que je vous vois monsieur le Ministre. J'ai moi-même été visité deux fois ce chantier et une troisième fois lorsque le Bâtiment était terminé. En apparence c'est loin d'être impressionnant mais en réalité tout se passe dans les souterrains. »

Grendo S'orn écouta attentivement les dires de Ban Bruckman qui s'était lui-même resservi un autre verre.

« Et quand avez-vous appris qu'il s'agissait d'une Base Sith ? »

« Très récemment à vrai dire ... Peu de temps avant que Côme Janos ne l'annonce aux médias. »

« Et vous n'avez rien fais pour le signaler à quelqu'un de haut placé ? Un politicien d'Aargau par exemple ? La police ? Personne ? »

« Vous pensez sincèrement qu'on aurait cru à mon histoire ? Moi ayant décidé de collaborer les yeux fermés avec Trovaplex sur la construction d'une Usine de traitement de déchets qui en réalité est une Base destinée aux Sith ? Sans compter que je ne savais pas à qui faire confiance, ni qui était mêlé à cette affaire. »

Bien qu'il avait de gros doutes, le Neimoidien pouvait comprendre qu'il n'aurait pas été facile de prévenir quelqu'un dans pareille situation. Si tenté qu'il ai bien voulu le faire un jour malgré l'argent versé sur son compte en banque.

« En effet, je dois vous avouer que j'ai moi-même de nombreux doutes par rapport à tout ce que vous venez de dire ... »

« C'est pourtant la vérité monsieur le Ministre, jamais j'aurais osé me lancer consciemment dans une collaboration avec les Sith. »

Grendo S'orn se mit à réfléchir un instant à l'histoire de Ban Bruckman. Ses révélations avaient beau paraître étrange, l'homme semblait pourtant sincère. A aucun moment il n'avait hésité durant ses aveux. A moins qu'il ne s'agisse d'un scénario préparé à l'avance pour faire face à une telle situation, le Neimoidien partait d'abord du principe que l'histoire était vraie. Après tout, Ban n'était pas un homme intelligent. Il se pourrait très bien que par l'appât du gain il se soit retrouvé mêlé à cette histoire, sans pouvoir en ressortir.

« Vous dites que vous avez plusieurs fois visité le chantier, vous souvenez-vous de quelques noms présent sur place ? Qui s'occupait des travaux ? »

L'homme répondit sans hésitation.

« Un architecte du nom de Klivian Olander. »

Bingo, le prochain suspect allait avoir du mal à s'en sortir lors de son propre interrogatoire mais il manquait encore quelques éléments.

« Personne d'autre ? Rien qui vous a semblé étrange ? »

« Il y avait beaucoup de monde sur ce chantier, des hommes de métier, des droïdes de construction, ingénieurs, architectes, bref tout le nécessaire pour ce genre de construction. »

« Très bien, je vais devoir mettre au courant la Chancelière de toutes vos révélations. » dit-il en coupant soigneusement l'enregistrement.

Pris de panique, le chef d'entreprise se leva précipitamment en se mettant devant la porte empêchant le politicien de sortir de ses appartements.

« Non !! Attendez !!! Vous devez absolument faire quelque chose pour moi ! Personne ne croira mon histoire ! »

« Si tout ce que vous avez dit est la vérité, vous n'avez pas à vous inquiéter, votre condamnation sera minime comparé à celle des membres de Trovaplex. »

« Non !! Vous m'aviez dis qu'avec un peu de chance j'aurais des circonstances atténuantes !! »

L'homme barrait toujours la route du Neimoidien qui commençait à s'impatienter.

« Vous devez comprendre que ce genre de circonstance n'est pas à votre avantage. Certes selon votre histoire vous n'étiez pas au courant qu'il s'agissait d'une Base Sith mais à part votre témoignage, de quoi disposez-vous ? » long silence « C'est bien ça le problème : rien ! Comment voulez-vous qu'on vous croit lors d'un procès ? »

« Je ... J'ai ... Si vous voulez j'ai de l'argent ! »

S'orn fixa son interlocuteur avec un air de malice.

« Je vous écoute. » il activa à nouveau discrètement l'enregistrement qu'il tenait derrière le dos.

« J'ai beaucoup d'argent, combien voulez-vous ? Un million ? Deux millions ? »

« Et que pensez-vous gagner en m'offrant cet argent ? Mon silence ? C'est bien ça ? »

« L'occasion pour moi de m'en sortir. Personne ne me croira de toute façon, vous l'avez dis vous-même. »

L'appât du gain était tentant mais dans une situation pareille cela aurait été très risqué. Tout était surveillé, les banques, les comptes, les transferts d'argent, ... Comment faire pour passer au-dela de toutes ces vérifications ? Bien sur il connaissait la plupart des trucs et astuces utilisées par les plus grands magouilleurs de la galaxie. Mais aucun ne s'était retrouvé face à un Blocus d'une planète du Noyau. Soudain une idée lui vient.

« Très bien, je vais vous faire sortir d'ici. Mais ce sera trois millions, pas moins. »

Ban n'hésita pas une seconde, peu importe le montant du moment qu'il quitte les lieux au plus vite. S'orn ouvrit la porte dévoilant Xiao Katarn, son chef de la sécurité, toujours en poste devant les appartements.

« Accompagnez-nous je vous prie. » il se retourna vers Ban « Il nous aidera à quitter les lieux ne vous inquiétez pas. »

S'orn en tête, Ban sur les talons et Xiao fermant la marche, tout trois se dirigèrent au sein des couloirs. Soudain, tournant à droite, le chef de la sécurité s'exclama :

« Euh monsieur le Ministre, la sor ... » « Taisez-vous. Je sais ce que je fais. » le politicien tourna une nouvelle fois à droite et arriva dans le couloir où se trouvait les appartements de la Chancelière, le Major Olson gardant toujours l'entrée. « Pas un mot, la sortie est de ce côté là. » Ban Bruckman suivait toujours le Neimoidien.

S'arrêtant devant le Major, S'orn s'exprima :

« Major Olson, la Chancelière a demandé pour me voir. Je lui apporte une bonne nouvelle, un suspect de première qualité. Il vient de m'avouer le rôle qu'il a joué dans toute cette affaire. » il se tourna face à Xiao Katarn « Arrêtez le je vous prie. » ce que le chef de la sécurité fit sans tarder en s'emparant des bras du nouveau détenu.

« Quoi ?!! Non !!! Vous m'aviez promis de me faire sortir d'ici !!!! Laissez-moi partir !!!! »

Tous entrèrent dans les appartements de la Chancelière, Ban Bruckman faisant scandale, Xiao Katarn et le Major Olson tenant le détenu et Grendo S'orn fier comme un paon d'avoir réussis à manipuler un traître.
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Si Alyria estimait avoir fait des progrès, son ministre avait apparemment avancé à pas de géants. A vrai dire, heureusement que la pièce était spacieuse, parce que la petite troupe qui s’y entassait commençait à prendre de la place. L’atmopshère était assez lourde, et la jedi se doutait qu’avec les nouveaux arrivants, les choses allaient être encore plus tendues.

Son regard se posa sur Ban Bruckman qui faisait un raffut sans nom et un simple haussement de sourcils lui fit comprendre que ce n’était vraiment, mais alors vraiment pas le moment d’énerver la Chancelière, cette dernière ayant l’air aussi commode qu’une porte de prison à cet instant précis, avec ses yeux froids et ses traits durs. A cet instant, nul doute que toutes les superstitions sur les pouvoirs des jedis devaient lui revenir. Finalement, il arrêta de brailler, pour mieux glapir quelques secondes plus tard :

« Je suis innocent ! Je vous le jure ! »

Insensible à ses dénégations, et comprenant qu’elle ne risquait pas de tirer grand-chose de cet homme dans un état aussi avancé de panique, Alyria se résolut à employer un pouvoir aussi redouté que particulier : la Persuasion de Force. Cette dernière marchait rarement dans le milieu politique, donnant ses meilleurs résultats sur des esprits faibles, facilement influençables. Cependant, elle redevenait efficace quand le sujet visé perdait le contrôle et que son esprit s’effondrait, notamment sous l’effet de la panique. A cet instant, Bruckman, avec ses yeux qui roulaient dans ses orbites et la sueur qui lui dégoulinait sur le visage sous l’effet du stress et de la peur était une cible idéale.

Lentement, elle l’enveloppa d’une onde de Force rassurante, lumineuse, agréable, et entreprit d’effleurer les abords de sa conscience, sans jamais y pénétrer, cherchant à y faire passer un message entêtant, calmant, afin qu’il se détende, puis elle déclara d’une voix claire, lente, en prenant garde à détacher ses mots :

« Expliquez-moi pourquoi vous êtes là. »

Ses traits restèrent dans leur état de panique un moment, avant de se détendre et d’énoncer d’une voix monocorde ce qu’il avait avoué à Grendo S’orn, tout en rajoutant des détails comme le nombre de chargement, quelques noms d’ouvriers, d’autres matériaux utilisés, des dates. Puis, finalement il se tut.

Se tournant vers le neimodien, Alyria déclara d’une voix neutre :

« Bien, je crois que nous allons pouvoir croiser cette histoire avec nos nouveaux invités… Jan Rik revient ici avec Klivian Olander. Un petit face-à-face devrait être intéressant, qu’en pensez-vous ? »

Un gémissement lui répondit du côté de Ban Bruckman, et un ricanement appréciateur de la part de son geolier blond. L’avisant, elle ajouta d’ailleurs :

« Major, contactez vos hommes, demandez-leur de venir renforcer la garde devant cette pièce, et que deux d’entre eux vous assistent. Je ne tiens pas à mettre qui que ce soit en danger. Oh… Et détachez cet homme. »

La surprise se peignit sur les traits des personnes présentes, aussi Alyria s’expliqua plus avant :

« Je vous laisse le choix : coopérez, et vous bénéficierez de la clémence du ministère publique lors de l’instruction de cette affaire. Sinon, je vous laisse avec vos menottes et vous déferre pour haute-trahison. »

Par les temps qui courraient, autant dire que l’homme risquait de passer le restant de sa vie en prison avec une accusation pareille sur le dos. Aussi Bruckman hocha frénétiquement la tête en sifflant d’une voix rauque :

« D’accord, d’accord, je vais… Je vais coopérer. Que dois-je faire au juste ? »

« Pour le moment rien, hormis continuer de vous calmer. Quand Jan Rik et Klivian Olander franchiront la porte de ce seuil, vous ne direz strictement rien non plus, et vous contenterez de répondre quand nous vous interrogerons. Nous sommes d’accord ? »

« Je… Oui. »


Enfin Alyria se tourna vers Grendo et le remercia avec un sourire appréciateur :

« Mes félicitations pour avoir levé une partie du voile sur cette affaire, Monsieur le Ministre de l’Economie. Peut-être aurais-je dû vous nommer à la Sécurité Intérieure, finalement ? »

La boutade avait pour objectif de détendre légèrement l’atmosphère, mais la maîtresse reprit cependant rapidement son sérieux, et enchaîna :

« Bien, nos derniers invités ne devraient plus tarder… »

Silencieusement, un whipid massif et une zabrak tout en muscles entrèrent, complétant les forces de sécurité présentes de leurs carrures imposantes, et faisant se ratatiner Bruckman sur place. Ne restait plus que les hommes de l’art… Qui finirent par arriver.

Immédiatement, le whipid bloqua la porte, afin d’éviter toute retraite, et Jan Rik lança des regards inquiets autour de lui. Klivian Olander, lui, resta parfaitement calme, même si l’œil aguerri d’Alyria remarqua les rides qui se creusèrent soudain sur son visage. L’homme prit d’ailleurs la parole d’une voix froide, arrogante :

« Pardonnez ma surprise, mais je ne pensais pas que nous serions aussi… nombreux pour cet entretien. La Chancellerie est donc tellement occupée qu’elle fait des lots ? »

La morgue du rat pris au piège… La gardienne se contenta de jauger l’homme sans mot dire, et finit par souffler :

« Quand les personnes convoquées ont toutes un lien avec ce qui préoccupe la République, en effet. »

« La République… Eh bien, aussi haut que cela ? En quoi ma modeste personne peut vous aider ? »

Jan Rik et Ban Bruckman roulaient des yeux affolés en entendant l’architecte se gausser à ce point de son interlocutrice, mais la trentenaire resta de marbre, le sarcasme ayant à peu près autant de prise sur elle qu’un Dun Moch sith. Elle y était trop habituée dans la furie d’un combat pour se laisser intimider maintenant, alors qu’elle était en position de force.

« Pour commencer, asseyons-nous tous, nous serons plus à l’aise. »

Chacun s’installa donc, dans un silence pesant, Alyria invitant Grendo à se positionner à son côté. Puis elle explicita :

« Monsieur Olander, vous travaillez pour Trovaplex Incorporated, comme architecte, n’est-ce pas ? »

L’homme confirma d’un signe de tête, attendant la suite.

« Vous avez également une sœur, qui est actuellement hospitalisée ? »

« Oui, même si je ne vois pas trop le rapport entre ma vie privée et ma situation professionnelle. »

« Je vais y venir, ne vous inquiétez pas… »

Un regard vers son ministre, puis l’interrogatoire commença :

« Plusieurs versements ont été effectués sur le compte de votre sœurs. Des versements importants… »

« Je ne vois pas le lien avec moi. Ma sœur gère son argent comme elle veut. »

« Certes, mais elle n’est pas état de le faire actuellement, et vous le savez aussi bien que moi… Vous êtes son tuteur légal, n’est-ce pas, puisqu’elle est placée sous curatelle ? »

Merci les services secrets pour l’information…

« Je ne fais que signer ses frais d’hôpital, rien de plus. »

« Donc, quand le compte de votre sœur malade se remplit brutalement plusieurs fois, vous ne vous y intéressez pas ? »

« Non. »

Bon, il la prenait pour une imbécile. Magnifique. Passons…

« Très bien. Je suppose que quand des matériaux rares disparaissent des comptes de vos chantiers pour réapparaître, vous y adressez le même intérêt jaloux… »

Avec un grand sourire, l’homme répondit :

« En effet. Je suis un artiste, pas un gratte-papier… »

Et il dit cela sur un ton méprisant, dirigeant son regard vers le neimodien à son côté. Alyria se contint pour éviter de laisser échapper un soupir. Manifestement, la méthode douce ne marchait pas…
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