Il contre-attaquait enfin, cherchant à briser mon élan et ma garde par la même occasion. Une frappe directe, précise. Il agissait enfin comme il se devait. Bien que mes mouvements n’avaient pas été exceptionnels tant en rapidité qu’en fluidité, je l’avais visiblement mit une ou deux fois en difficultés. J’attendais qu’il pare, qu’il se décide à quitter sa posture défensive. Et c’est ce qu’il finit par faire, d’une manière qui manqua de me surprendre. Beaucoup auraient cherché à écarter ma lame et s’infiltrer d’eux-mêmes dans ma garde par la suite, finissant enfin par me mener à terre pour mettre un terme à l’affrontement. Une technique classique que j’aurais parée sans le moindre problème d’un mouvement tournoyant. Mais Zélonion finit enfin par profiter des avantages de son arme ! Et au lieu de ça, il envoya directement sa lame vers mon torse, au centre de ma garde. Le mouvement vif et direct était presque imparable. Je l’avais déjà vu au Temple.

Je parais la lame avec difficulté d’une translation de mon sabre vers l’extérieur, la lame à la verticale, alors que je me déportais côté opposé. Déstabilisé, je me rattrapais sur un pied, puis deux. Je constatais cette déchirure dans ma tunique, preuve que la lame avait manqué d’effleurer le flanc de mon torse. J’esquissais un très léger sourire alors que je ramenais ma lame sur le côté, à ma droite. Je me replaçais en garde, prêt à repartir au combat. « C’était bien essayé Zélonion. Bien joué, continues. » lui fais-je agréablement remarqué alors que j’étais moi-même plutôt fier de le voir réagir de la sorte. Et comme je le lui avais énoncé, j’espérais sincèrement qu’il continuerait sur cette lancée. C’est pourquoi je le laissais venir, l’incitait à faire le premier pas. Et lorsqu’il frappa, je me lançais à sa suite. Nos lames se frappèrent au ras du sol avec fracas tandis que mes pieds glissaient avec grâce sur le sol. Je pivotais ainsi sur moi-même, ramenant ma lame pour frapper avec plus de force le côté opposé. L’impact sur la lame de Zélonion, et l’élan offert par sa lance me força à faire un pas de recul pour ne pas finir face contre terre. Finissant hors de portée de son arme à l’aide d’un nouveau pivot sur mon pied d’appui, je faisais tournoyer ma lame pour passer à l’attaque.

Frappant de bas en haut pour écarter sa lame, j’avançais. Un pas après l’autre, je cherchais à m’immiscer dans sa garde. Lorsque je frappais, je le voyais parer avec sang-froid. Et lorsqu’il ripostait je me voyais contraint de reculer. A force d’entrainement, je commençais à clairement percevoir les avantages et inconvénients de sa lance-laser. Fébrile au corps à corps si je parviens à me glisser dans sa garde, il n’en reste pas moins redoutable si je me retrouve dans la trajectoire et le rayon d’attaque de son arme. Avec cet arme à sa disposition, il peut frapper alors que l’adversaire n’est même pas à distance pour riposter, gardant ainsi son adversaire en respect. Mais ce qui m’inquiétait le plus, c’était pour les menaces courantes, et plus particulièrement les blasters. Se défendre contre ces armes avec une lance-laser n’était certainement pas des plus évidents. C’est une faille que nous allions devoir étudier.

Nos sabres se rencontrèrent à nouveau avec une certaine violence qui venait parfois briser le rythme presque monotone de notre danse. Je le sentais frapper avec plus d’aisance. Je reculais, faisant un pas de côté avec fluidité pour finalement revenir à l’attaque, feintant une frappe à hauteur d’épaules pour finalement me laisser tomber sur les genoux, ma lame chutant brutalement à hauteur de ses genoux pour venir le faucher alors que mon élan me faisait glisser sur le sol.

Force mais également de mes propres yeux. C’était là une réaction réflexe pour pouvoir parer à toute éventualité. Mon regard se vira sur Zélonion alors que je me relâchais, abaissant lentement mon sabre pour m’approcher. Je voulais m’assurer qu’il n’avait rien, que mon attaque vive, bien plus puissante que les précédentes ne l’avait pas blessé. J’avais haussé le ton, je m’en rendais compte. Je voulais voir jusqu’où il était capable d’aller et j’étais plutôt satisfait qu’il ait tenu aussi longtemps sans réellement connaitre son arme et la manière exacte et précise de s’en servir, d’utiliser son corps pour que sa lance en soi l’extension pure et simple.

Mais il n’était pas nécessaire de l’aider à se redresser. Zélonion le faisait de lui-même et je le regardais agir. J’étais patient. Je voulais qu’il prenne le temps qu’il souhaitait pour se préparer. Il était nécessaire qu’il se sente prêt pour pouvoir donner le meilleur de lui-même dans cet entrainement. Il m’était nécessaire de pouvoir jauger ses capacités pour pouvoir se montrer prévoyant à l’avenir.

Enfin, il bondit à plusieurs reprises, prenant le d’élan pour finalement sauter dans ma direction. Une attaque aérienne classique et typique de l’Ataru. Une attaque que j’avais mis du temps à maitriser. A vrai dire, j’y étais parvenu grâce à l’aide de ma grande cousine, la Maitre Von. Elle m’avait fait réaliser l’utilité de la Force dans cette forme, et dans les combats. Et depuis, j’étais devenu un bretteur des plus qualifiés de mon âge.

J’amenais mon sabre en opposition dans les airs et je faisais un pas de côté pour pouvoir me décaler de l’axe de la frappe de Zélonion et ainsi me placer hors de portée de son arme. Je pivotais presque aussitôt, automatiquement, pour revenir dans son dos alors que ma lame terminait son cercle pour venir le rencontrer avec une force accentuée qui ne laisserait aucune chance à un adversaire non préparé. Une telle frappe relevait presque du Djem So ou du Shiien, tranchant littéralement avec mes habituels Ataru et Soresu, alors que mon pivot précédent, lui, relevait clairement de ma forme de prédilection, la Forme IV.

« C’est pas mal. Mais tu peux faire beaucoup mieux…

Retombant sur mes appuis, je constatais sans réelle surprise la chute de celui qui était prêt à devenir mon élève. Je ramenais ma lame à la verticale avant de la rétracter. Je laissais mon regard planer dans sa direction alors qu’il était encore à quatre pattes, cherchant son souffle. Je le sentais en plein doute, pensif. Peut-être était-il même frustré ? C’était des ressenti que je comprenais car je les avais partagé étant plus jeune. Peut-être se demandait-il s’il était vraiment à la hauteur ? Si cet entrainement avait réellement un sens ? La réponse était oui, évidemment. J’avais mis du temps à me rendre compte que malgré mes débâcles, face à Maitre Vulnik par exemple, je progressais. Au début, je ne parais presque rien, je ne comprenais pas comment il agissait. Puis avec suffisamment de temps et d’entrainements, j’avais commencé à bloquer, résister puis riposter. Et à présent, j’étais un Chevalier Jedi capable de rivaliser en duel face à des Sith ! C’est pourquoi il ne devait pas douter mais continuer à avancer et cela même s’il n’entrevoit pas encore parfaitement où tout ceci semble le mener.

Penser à l’avenir est toujours intéressant et attrayant, si bien que l’on vient à créer tout un tas de scénarios qui se révèlent très souvent erronés. C’est pourquoi je songe que très rarement à l’avenir –uniquement durant certains de mes méditations, en fait- et préfère me concentrer sur le présent et ce à chaque instant. Zélonion se doit d’étudier ses échecs plus encore que ses succès. Il ne pouvait pas devenir un bon bretteur en un seul entrainement. Cela demande du temps, de la patience et de la persévérance. Et ces qualités, je les savais en lui. Il devait juste les embrasser, s’en servir.

Mon regard resta rivé sur lui encore un instant, le regardant peiner à se relever pour finalement rechuter. C’était évident : il était épuisé. Et s’il n’y avait eu que ça, la galaxie aurait été bien faite. La grimace que j’avais vu se dessiner sur son visage laissait présager des dommages plus physiques encore. Je devais donc mettre un terme à cet entrainement. J’arrivais rapidement à sa hauteur, le regard prit d’incompréhension. Mes coups ne pouvaient pas l’avoir blesser à ce point ! Puis, je réalisais qu’il se tenait le bras, et je venais poser un genou à terre à côté de lui. Le pauvre gémissait, et je ne voyais pas quoi faire pour l’aider à part apaiser sa douleur. Je posais fermement une main sur son épaule saine avant d’apposer avec plus de douceur mon autre main sur son crâne.

« - L’enlever ? … Enlever quoi, ta prothèse ? » lançais-je hésitant mais surtout inquiet, alors que je faisais au mieux appel à la Force pour apaiser la douleur qui devait à présent l’étreindre. Et le voyant acquiescer à ma question, je grimaçais. « Je… je suis désolé Zel’, je… je ne sais pas faire ça… attends, restes calme… »

Je tapotais doucement son épaule saine et je me saisissais de mon communicateur, fouillant habilement dans mon répertoire pour trouver la fréquence d’appel de notre collègue aventurier.

« - Johun ! Rejoins-moi d’urgence dans la réserve avec un médipack ! »

Je rangeais mon comlink et revenais faire mon office pour tenter d’apaiser la douleur lancinante qui devait paralyser mon pseudo-élève mais surtout ami et collègue Jedi. J’en profitais aussi pour regarder l’architecture de la prothèse qu’il me demandait de lui retirer. Cela semblait complexe aux premiers abords. Sans doute faudrait-il retirer quelques modules avant de pouvoir la retirer de son support. Mais Johun ne tarda pas à venir nous rejoindre et à prendre connaissance de la situation. Ensemble, nous allions pouvoir agir au mieux.

« - Ok Zélonion… Respires à fond…. Souffles… voilà comme ça. C’est bien, continues… »

J’observais calmement le bras mécanique qui reposait sur la table devant Johun et moi-même. Je n’avais jamais eu l’occasion de l’étudier en détails auparavant. Et pour cause, elle était précédemment portée par une personne qui trônait actuellement sur le lit derrière nous, endormi. Nous avions tout deux démonté presque intégralement la prothèse pour en connaitre au mieux son fonctionnement. Mais nous devions avouer que nous étions dépassés par la technologie à laquelle nous étions confrontés. C’est pourquoi nous l’avions en partie remontée en l’état, à la recherche des problèmes ayant pu causer son disfonctionnement…

«- Et si on branchait ce câble sur ce module, là ? On devrait pouvoir obtenir la réaction que l’on souhaite, non ? énonçais-je sur une pointe d’interrogation à mon confrère de l’Explocorps. Ce dernier sembla étudier un instant la question avant de rétorquer habilement. «- Mmh… Non. En agissant de la sorte on va bloquer la servocommande du module là. On perdrait la motricité du coude. C’est étrangement conçu, comme système, et ça a visiblement été rafistolé à de nombreuses reprises. »

Je regardais Johun avec un air désolé. Je devais avouer mon impuissance sur ce sujet bien que mes connaissances en mécaniques étaient somme toutes appréciables…

«- Alors je suis totalement dépassé, Johun… C’est trop complexe pour moi. »