Lyrae s’étira dans son siège, les commandes de pilote laissées en stand-by devant lui. Il bailla à s’en décrocher la mâchoire, persuadé qu’il profitait ainsi des dernières minutes de relative détente avant plusieurs jours : une fois qu’ils seraient lancés dans ce champ d’astéroïde, et ensuite une fois sur Roon s’ils y parvenaient vivants, il n’aurait certainement plus un instant pour se reposer. Pourtant, il n’était visiblement pas celui qui en avait le plus besoin : le ton de Luuna était monocorde, et Lyrae y décela une pointe de désespoir. Ce n’était pas la première fois depuis quelques jours. Le bonheur d’avoir Laïkin entre eux deux, pourtant, avait presque fait croire au jeune Chevalier que sa dulcinée serait comblée pour un bout de temps. Mais c’était sans compter les difficultés notoires que connaissait tout Jedi dans sa vie personnelle, dès lors qu’il ne se vouait pas corps et âme à son ordre.

- En toute sécurité, effectivement, non… répondit-il pensivement, ses yeux suivant paresseusement la trajectoire d’un astéroïde à quelques dizaines de mètres d’eux. Mais nous trouverons une voie en pilotage manuel, ne t’en fais pas.

Ses mots étaient certainement une consolation bien maigre. Le Chevalier finit par tourner vers Luuna un regard énigmatique.
Lui non plus n’avait aucune idée de la raison pour laquelle ils avaient été envoyés tous deux, ensemble, sur une mission de ce genre. Le Conseil désapprouvait plus ou moins leur union, se contentant de la tolérer pour ne pas faire de remous au sein de l’Ordre. Qu’essayaient-ils de leur dire par cette mission ? Leur prouver qu’ils ne leur en voulaient pas, ou bien leur montrer combien l’amour les entraverait dans leurs activités de Jedi ? Lyrae haussa les épaules. Il n’avait que faire de ce que pensait le Conseil. Il faisait son devoir de Jedi aujourd’hui, et celui de père dès qu’il en avait le temps. C’est-à-dire, peu de temps. Laïkin changeait si vite qu’entre deux missions, il avait l’impression de s’être absenté plusieurs années. Quant à Luuna, elle était restée auprès du bébé en raison de sa condition physique.

- Pourquoi t’inquiètes-tu comme ça ? lui demanda-t-il soudain. On a fait pire, tous les deux. On a fait plus dangereux… Je sais que maintenant, avec Laïkin, c’est différent, mais…

En réalité, il n’avait pas vraiment de mots pour exprimer son incompréhension. Peut-être avait-il moins besoin que Luuna de rattacher son existence à celle de son fils ? Etait-ce lui qui était trop détaché, ou elle qui se faisait trop de souci ?
Le seul risque qu’il percevait, c’était que si la mission échouait lamentablement – et il entendait parler, qu’ils ne puissent en revenir – alors Laïkin aurait perdu ses deux parents. D’un coup d’un seul. Ils devraient peut-être continuer leurs activités séparément, à l’avenir, mais quand se verraient-ils alors ? Quand pourrait-il profiter de sa peau délicate, de l’odeur de son cou et de leurs nuits blottis l’un contre l’autre s’ils devaient vivre séparément ? Lorsque Luuna lui avait annoncé être enceinte, elle ne lui avait pas dit que tout changerait autant !
Il ressentit une légère vague de colère et détourna le regard, désireux de dissimuler une frustration. C’était probablement inutile vu les aptitudes toutes particulières de Luuna. Mais il ne lui en voulait pas vraiment, au fond. Ce n’était pas de sa faute.

Lyrae fit un effort pour se recentrer sur l’objet de leur mission. Il jeta un coup d’œil à la carte, et réactiva les propulseurs de la navette tout en passant en pilotage manuel. Il manœuvra quelques secondes l’appareil pour se réhabituer à son envergure et sa maniabilité. Les astéroïdes les plus proches étaient encore à une distance relativement sûre. Lyrae consulta les radars.

- L’endroit semble désert, déclara-t-il, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une embuscade. Selon les rapports du Temple, aucune activité n’a été enregistrée depuis des semaines… ils ont peut-être tout simplement quitté les lieux.

Ce qui leur faciliterait grandement la tâche, mais Lyrae était sceptique : il devait bien rester quelque chose sur Roon. Avec tout le précieux matériel dont disposait Darth Synia, il en restait certainement quelque chose. A moins que ses troupes n’avaient une meilleure solution pour s’approcher et quitter Roon qu’eux ? Le Chevalier se demandait encore comment ils avaient pu manœuvrer pour faire passer des croiseurs entiers au travers de ce champ. A moins qu’en utilisant des boucliers poussés à leur maximum…

De nouveau, il consulta sa coéquipière du regard. Elle avait la mine sombre, mais même quand elle n’était pas d’humeur, elle était terriblement belle.

- Est-ce que tu es prête ?

Lyrae prit quelques instants pour mesurer la distance substantielle qui séparait la vie de Luuna de la sienne. Cela faisait bien longtemps, effectivement, qu'elle n'avait pas quitté le Temple pour des raisons comme celles-ci. Avant, il y avait eu sa grossesse... Précédemment encore, le Chevalier lui-même avait été le premier à faire en sorte qu'elle ne prenne pas trop de risques. Son histoire, pensait-il alors, l'avait rendue fragile. Mais elle avait repris des forces, s'était épanouie sous les yeux émerveillés de son amant. Il l'avait vue alors, plus courageuse que lui-même, affronter le Conseil et les traitements du centre médical... A côté de tout ceci, ses missions, pas toujours brillamment réussi par ailleurs, paraissaient bien fades et vouées à l'oubli. Pas un seul instant il n'avait douté de la supériorité de Luuna en toutes circonstances, ne serait-ce qu'en raison de son âge. Mais Luuna, se rendait-il compte, n'avait finalement pas beaucoup plus d'expérience de la vie, notamment en raison de son amnésie. Pour la première fois, il réalisait qu'il y avait peut-être des choses qu'il maîtrisait mieux qu'elle.
Il ressentit un mélange de honte devant son aptitude imparfaite à la comprendre, et une satisfaction d'avoir une occasion de montrer que sa présence avait une certaine valeur.

Lyrae ralentit l'appareil, le stabilisa de nouveau, en suspension dans l'océan noir. Devant eux, les astéroïdes, un peu plus proches, semblaient avoir sensiblement accélérés leur course désordonnée. Pendant ce temps, Luuna avait posé sur l'épaule de son compagne une main douce et rassurante. Le Chevalier croisa son regard et lui adressa un sourire qui se voulait compréhensif, mais il se sentait coupable. Il n'aurait pas très bien su dire pourquoi.

- J'aimerais avoir ton pouvoir, lui dit-il doucement.

Il aurait aimé avoir quelque chose de plus intelligent à dire, mais il savait que seul le temps confèrerait à Luuna une possible sérénité, même loin de Laïkin. Une pensée fugitive inquiétante le traversa : qu'en serait-il lorsque leur fils serait adulte ? Il y avait de grandes chances qu'il devienne un Jedi, comme eux. Comment Luuna survivrait-elle à l'inquiétude de le savoir loin et en danger, de manière aussi récurrente ? Même pour lui, qui se sentait plus fataliste quant à leur vie à tous, cette pensée lui glaçait le sang. Il eut soudain le pressentiment qu'ils étaient tous en danger, au Temple ou ailleurs. Il fallait profiter de Luuna et de son fils tant que cela était encore possible...

- Si cela peut t'aider, dis-toi qu'au plus vite nous irons, au plus vite nous serons de retour auprès de Laïkin, déclara-t-il soudain avec un regard déterminé. Je vais faire attention. Contente-toi d'apaiser mon stress, co-pilote !

Il termina sa phrase avec un sourire. La naissance de Laïkin l'avait tellement changé ! Lyrae avait pris le contrôle d'une vie, qu'il avait toujours cru vaine et dont il avait découvert une valeur et une utilité inestimables. Il avait du mal à comprendre ce qu'il s'était produit en lui le jour de la naissance de leur fils, mais il savait que plus jamais il ne s'en remettrait au destin, désormais.

Lyrae reprit les commandes et réactiva les propulseurs de leur navette. L'appareil vrombit, faisant trembler leurs sièges, puis se déplaça en des courbes souples. Le Chevalier accéléra légèrement - rien ne servait de faire durer le suspens et le danger par la même occasion. Les astéroïdes les frôlèrent, quelques petits débris, mais insignifiants, percutèrent la coque comme si un ennemi leur avait jeté du sable à la figure. Mais en comparaison avec la vitesse de l'appareil, le mouvement des astéroïdes n'était pas assez vif pour que Lyrae ne puisse les anticiper et les éviter. Il avait rassemblé toute sa concentration à cette tâche. Bientôt, le champ de débris fut moins dense, et au bout de presque un quart d'heure, ils pouvaient apercevoir la planète sortie du nuage de perturbations autour d'eux.

- Regarde, souffla Lyrae après de longues minutes de silence. Roon...

Leur destination était encore loin, et ils n'étaient pas encore sortis du champ d'astéroïdes, mais voir se dessiner la planète tant de temps dissimulée avait quelque chose de vaguement mystique. Tant de gens, tant de Jedis avaient été tués ou blessés à cause des agissements de Darth Synia... Lui-même avait subi les foudres de la sombre dame en essayant de s'opposer à son assaut au Temple Jedi. Cela remontait à si longtemps ! Il n'aurait certainement pas cru alors que des années plus tard, il serait celui qui suivrait ses traces...

Lyrae se tira malgré lui de ses pensées vagabondes, pour se recentrer sur son travail de pilote. Il aurait souhaité prendre la main de Luuna pour la rassurer, mais il ne voulait pas prendre de risques. Il se contenta donc de tendre son esprit vers elle via la Force. Sentir son aura auprès de lui était devenu une douce habitude.

Lyrae sourit sans quitter sa destination des yeux. Luuna avait une façon bien à elle de lire dans ses pensées. Elle devinait avec tant d’aisance les émotions des uns et des autres que cela l’étonnait encore. Inutile de cacher sa véritable nature, dans ces conditions… Mais n’est-ce pas quand l’on vous demande d’être vous-mêmes qu’il est soudain le plus difficile de se ressembler ?

Le Chevalier suivit les indications de la Zeltronne sans l’ombre d’un doute. Elle était plus douée que lui pour tout ce qui était étude-du-dossier-avant-de-partir. Non qu’il ne se préparait pas aux missions, mais Luuna était bien plus soigneuse et il lui avait volontiers laissé cette partie du travail.

- Très bien, direction la zone montagneuse dans ce cas… Il va falloir nous servir de nos radars pour voir s’il reste quelque chose d’intéressant.

En espérant que les troupes de Darth Sinya, si elles étaient encore là, ne soient pas trop à l’affût ni trop armées pour les dégommer dès leur approche. Vu le peu d’activité autour de Roon ces dernières années, il y avait peu de chances pour que cela arrive mais Lyrae n’était pas prêt non plus à parier sa vie là-dessus. Il faudra avancer prudemment. Il prit soin de taire cette inquiétude pour ne pas ajouter à celle de Luuna, mais elle avait sûrement déjà perçu, sinon déjà réfléchi à cette éventualité.

Plus ils approchaient, et plus Roon prenaient des teintes vertes lumineuses. Ils surplombèrent longtemps cette beauté végétale avant que, minute après minute, le tout s’assombrisse. Sans entrer encore dans l’atmosphère, ils passaient lentement dans la face obscure de ce monde, celui qui jamais n’était tourné vers l’étoile du système. Lyrae s’était attendu à un appauvrissement de la végétation pour laisser place à une glace désagréable mais, quelle qu’en soit la raison, ce n’était pas si terrible que ce à quoi il s’était attendu. Il restait une forme de végétation, dont le Chevalier supposa qu’elle parvenait, grâce à une nature particulière de l’atmosphère, à capter quelques rayons lumineux reçus par l’autre face de la planète. C’était un étonnant sujet de biologie, et Lyrae se promit de prendre des notes et quelques échantillons pour les ramener au Temple.

Lorsqu’ils furent en vue de la vaste zone montagneuse, Lyrae prépara l’appareil à plonger vers l’atmosphère. Il enregistra leurs coordonnées dans leur journal de bord du vaisseau, en espérant que personne n’enquêterait jamais là-dessus. Puis il reprit les commandes et leur navette s’inclina vers la magnifique Roon.

- En approche, souffla le Chevalier. Je brouille nos signaux, autant qu’on ne se fasse pas repérer…

Rien ne se produisit pendant de longues minutes. Et puis, des sifflements survinrent, comme si la carlingue de l’appareil se frottait à quelque chose. C’était l’air que le vaisseau fendait à toute vitesse. Il y eut quelques turbulences qui n’alertèrent pas Lyrae – elles étaient habituelles, et il était concentré au pilotage – avant qu’il ne puisse enfin changer le mode de propulsion pour résister un peu mieux à la gravité de Roon qui les attirait vers le sol. Se faisant, il redressa le nez du vaisseau qui se mit à survoler les montagnes. Ils étaient encore à des milliers de kilomètres d’altitude. A ce stade, Lyrae estima qu’ils avaient devant eux une bonne heure avant que leur brouillage ne puisse être assimilé à des conditions climatiques et que cela paraisse suspect. C’était donc le temps dont ils disposaient pour scanner le sol et ses formes de vie.

- Ne perdons pas de temps, nous n’avons pas de réserves de carburant superficielles, annonça Lyrae d'une voix atone. Enclenche les radars et… On va bien voir ce qui nous attend.

Quelque part, Lyrae ressentait une certaine forme d’excitation. Ils trouveraient forcément quelque chose même s’il n’y avait plus de troupes. Une armée laissait forcément des traces, et il espérait qu’ils pourraient trouver des indices sur ce qui s’était réellement passé. Si Darth Sinya avait tout bonnement disparu sans laisser de directives dans ce cas, il était fort probablement que des règlements de compte aient démotivé les hommes et qu’ils soient soit rentrés chez eux – ou vers un nouvel empire – soit aient développé leur propre fonctionnement et activités. Auquel cas Lyrae s’attendait plutôt à une forme de société de contrebandiers… Mais si c’était le cas, ils avaient sûrement déménagé : sinon par quelle voie auraient-ils commercé, puisque les mouvements enregistrés autour de Roon étaient devenus rarissimes depuis sa mise sous surveillance ? A moins qu’ils n’aient réussi à contourner les moyens de la République…

- On y voit quelque chose ? interrogea Lyrae. Ce serait bien qu’il y ait quelqu’un. Quoiqu’on trouverait bien quelque chose à faire si c’est désertique, hein…

Il coula en direction de Luuna un regard malicieux. Oh, ça va, ils étaient en mission, mais il avait bien le droit de plaisanter !

Lyrae ne put empêcher un sourire de fleurir sur ses lèvres. Luuna était si absorbée dans l’analyse des radars qu’elle semblait en avoir oublié son appréhension du vol et de la mission. Pendant de longues minutes, le Chevalier se garda bien de l’interrompre. Il se contentait de surveiller la trajectoire du vaisseau et aussi l’heure qui s’écoulait lentement. Tout s’était assombri autour d’eux, et il avait l’impression qu’ils traversaient un début de nuit qui durerait jusqu’à la fin de leur séjour sur Roon. Cela avait plutôt son charme : la nuit, tout était différent. Même la perception de sa propre vie prenait une autre dimension dans l’obscurité, comme si jamais le jour n’avait pu exister. C’était encore plus vrai lorsque ladite nuit promettait de durer des jours.

Le Chevalier ignora la pique de Luuna avec un sourire goguenard. Pourtant, elle n’avait pas tout à fait tort : son principal apport dans cette mission, c’était de piloter le vaisseau à l’aller et au retour. Et peut-être prêter main forte si jamais la situation devenait dangereuse, mais il espérait ne pas devoir en arriver là.

- Oh, si je suis si inutile, je peux rester dans le vaisseau pendant que tu te ballades, alors ? finit-il par lâcher avec un haussement d’épaules.

Le pire, c’était presque que ça lui aurait convenu… Dans un lieu un peu moins dangereux. Il n’était pas question de laisser Luuna prendre les risques, mais il s’attendait maintenant à ce que la mission soit plutôt barbante : ils allaient découvrir des traces de gens absents depuis des années. Super ! Après tout, si les troupes de Darth Sinya étaient encore là, la zeltronne aurait déjà certainement repéré quelque chose, mais c’était le silence complet. Lyrae laissa échapper un soupir dépassionné. Le pire dans tout ça, c’était que s’il n’y avait vraiment personne, Luuna allait encore être trop sérieuse pour qu’ils passent du bon temps en tête à tête !

- "Doublement occupés", parle pour toi, maugréa-t-il dans un accès de mauvaise humeur non dissimulée.

Comme pour infirmer ses dires, Lyrae dut brusquement se raccrocher à ses commandes de pilote qui avaient dévié de leur trajectoire avec un sursaut : allons bon, ils allaient rencontrer quelques perturbations.

- Y’a de l’orage dans l’air, je vais remonter un peu en altitude. Car si on se prend la foudre, tu peux dire adieu à tes joujoux pour un bon p’tit moment…

Mais Luuna venait tout juste de découvrir quelque chose, et Lyrae changea instantanément ses plans. Des idées, oui, il en avait. Du moins, une seule car leur système de brouillage les limitait considérablement.

- Tu as bien repéré où c’était ? Si oui, je vais profiter de l’orage pour descendre en flèche. Avec un peu de chance, le brouillard créé par la pluie empêchera au moins un repérage visuel. Je suis obligé d’atterrir à une certaine distance si on veut être sûr d’échapper à leur vigilance. Car sans savoir quel type de brouillage ils utilisent, nous ne pouvons être sûr de passer inaperçus. Après quoi je couperai tout pour que l’on soit sûr de ne pas se faire repérer. Ensuite, le seul moyen d’être à peu près invisible, c’est d’y aller avec nos deux jambes comme seul transport…

Joignant le geste à la parole, Lyrae se replongea dans les nuages sombres qui couvraient Roon. Le sol, loin sous eux, n’était plus si bien visible et le Chevalier espérait qu’il en était de même pour les habitants de Roon qui auraient l’idée de lever les yeux au ciel plutôt que de s’abriter. Une série d’éclairs s’alluma autour d’eux, déclenchant un tonnerre faisant trembler l’appareil. Lyrae enclencha le dispositif de paratonnerre en priant pour qu’il soit suffisant efficace pour qu’il ne soit pas coupé des principales fonctions électroniques de leur vaisseau.

Heureusement, tout se passa sans encombre et fort rapidement : Lyrae profita d’une nouvelle série d’éclairs pour piquer du nez vers le sol. Ils dévalèrent les kilomètres avant qu’il ne redressât l’appareil, quelques minutes avant qu’ils aperçoivent avec netteté la surface de Roon. Par chance, un brouillard en couvrait certains endroits. Vérifiant le dénivelé pour ne pas prendre de risques, le Chevalier engagea l’appareil dans une nappe grise, loin de toute lumière artificielle.

Quelques minutes plus tard, le vaisseau ralentissait suffisamment pour qu’il puisse s’approcher, à quelques centimètres du sol. Ils s’immobilisèrent au milieu des jets de gaz rejetés par l’appareil avant d’atterrir en douceur. Aussitôt, Lyrae tourna une série de boutons qui interrompirent le fonctionnement de l’appareil. A part quelques ventilateurs encore doucement lancés dans leur mouvement, un silence s’imposa à eux comme s’ils avaient atterri au milieu d’un désert de Tatooïne, la chaleur et la lumière en moins. Seul subsistait dans leur vaisseau un éclairage rudimentaire et les résultats des capteurs extérieurs : température ambiante, taux d’azote, d’oxygène, gaz toxiques, taux d’humidité.

- L’air est respirable, souffla Lyrae comme s’il n’était pas sur de vouloir briser le silence qui les étreignait. En revanche, il va falloir se couvrir comme des tuskens !

Le Chevalier vérifia sur le visage de Luuna que tout allait bien avant de coller son nez contre la vitre. Au-delà, des traînées grises et verdâtres lui indiquaient qu’il n’y avait pas grand-chose d’intéressant à voir à l’extérieur ; peut-être sur des kilomètres. La « végétation » ressemblait à de la mousse ou à des algues gluantes colonisant des rochers ternes et inégaux. Ils avaient atterri dans une vallée, face à une montagne dont on ne devinait qu’à peine le sommet escarpé, à des kilomètres de là.

- Pfiou, je sens qu’on va vachement s’amuser, soupira Lyrae, morose.

Lyrae grimaça à la remarque de Luuna, comme pour infirmer ses dires. Mieux valait qu'il fasse froid, que personne d'autre que lui n'ait le droit de la voir !

- Je n'ai pas besoin de me "rincer l'oeil", quand je t'ai pour moi tout seul pour des années encore, ma douce, répliqua-t-il sur un ton railleur et charmeur à la fois.

Ah ! Il avait bien changé, le padawan timide qui avait accueilli une amnésique les joues empourprées par la gêne de ses questions inappropriées... Il avait fait du chemin, en effet. Pourtant, il ne se permettait une telle détente qu'en présence de Luuna uniquement, car il restait aux yeux des autres un personnage discret et même un peu couard. Qu'à cela ne tienne, sa réputation ne l'intéressait plus guère. Ce qui comptait, aujourd'hui, c'était qu'il oeuvre pour un monde qui accueillerait Laïkin peut-être un peu mieux que ce qu'il faisait aux Jedi aujourd'hui.

Sous les encouragements de la Zeltronne, Lyrae tâcha de retrouver un peu de motivation et entreprit de quitter son siège de pilote pour aller ouvrir un compartiment situé derrière eux. Il s'y trouvait de gros paquets gris marqués du symbole du Temple Jedi d'Ondéron. Ils contenaient de l'équipement pour diverses situations, et le Chevalier en extirpa sans délicatesse deux chaudes combinaisons ainsi qu'une paire de masques filtrant. A priori, ce n'était pas utile, mais qui savait dans quelle vieille base ils allaient devoir pénétrer... Se protéger de gaz ou de poussière n'était pas une précaution anodine.
Lyrae s'habilla avant de fourrer dans un sac à dos son datapad, une torche, la balise qui leur permettrait de retrouver la direction du vaisseau et quelques vivres. Il remit la ceinture comportant son sabre laser autour de sa combinaison avant de vérifier que Luuna était occupée à en faire autant.

- Prêt, confirma-t-il avant de vérifier une dernière fois que toutes les commandes du vaisseau étaient éteintes.

Il verrouillerait l'appareil de l'extérieur. Même si le vaisseau ne pouvait être rallumé sans les codes du Temple, il ne souhaitait pas spécialement que des animaux un peu trop malins viennent piller leurs maigres rations.

Lyrae suivit Luuna à l'extérieur. Le brouillard les empêchait de voir convenablement autour d'eux. L'air froid était humide et semblait vouloir s'insinuer dans leurs combinaisons, avides de leur chaleur corporel. Dix kilomètres, ça n'allait pas être une partie de plaisir... Surtout que le sol était recouvert d'une étrange mousse verte qui semblait constituer la principale flore de la région, mais qui rendait le sol glissant. Evidemment, aucun chemin n'était tracé en face d'eux. Ce serait plus une randonnée, voir de l'escalade, qu'une simple balade, finalement...

- Je te suis, déclara simplement le Chevalier.

La température et l'atmosphère opaque l'avait remis dans les conditions nécessaires au bon déroulement de leur mission : sérieux et concentration...

Ils s'engagèrent à pas prudents sur les rochers glissants, et bientôt leur vaisseau fut englouti par le brouillard. Au moins, leur navette comme eux-mêmes seraient bien dissimulés aux yeux d'ennemis potentiels...
Le silence s'installa entre eux pendant plusieurs longues minutes. Le bruit des pas guidait Lyrae sur la bonne voie, mais il s'efforçait de rester très proche d'elle pour ne pas la perdre de vue. Il lui semblait que si elle s'enfonçait trop loin dans le brouillard, elle y disparaîtrait à jamais. Il chassa brusquement cette pensée terrifiante pour se concentrer sur la mission de nouveau.

- Luuna, l'interpela-t-il à voix basse. Quel genre de bête on peut rencontrer par ici ?

Il avait entendu quelques grondements, au loin, mais il les avait associés plutôt à des éboulis ou à l'orage qui s'éloignait plutôt qu'à un animal dangereux. Néanmoins, mieux valait être renseigné. Il s'y prenait d'ailleurs un peu tard, mais mieux valait tard que jamais !

Un nouveau grondement se fit entendre au loin et, ne parvenant à en reconnaître la cause, Lyrae sentit un frisson lui parcourir désagréablement l'échine. Il n'avait plus du tout envie de se trouver un coin sombre pour embrasser Luuna, finalement. Par ailleurs, les rochers inégaux étaient en train de laisser peu à peu place à une boue froide et sombre qui recouvraient leurs bottes. Heureusement, c'était assez liquide pour qu'ils ne laissent pas de trace, songea Lyrae, mais les gargouillis qui provenaient de certaines flaques, plus larges que d'autres, ne l'inspiraient guère...

Lyrae écoutait la liste des bestioles que donnait Luuna avec attention, sans toutefois oser détacher son regard du brouillard devant eux. Il s'épaississait peu à peu, tant et tant que le Chevalier commençait à douter de la rapidité avec laquelle ils allaient pouvoir effectuer cette mission. Quant aux cousins des Maalraas, ils ne lui disaient rien qui vaille. D'instinct, il gardait donc une main posée sur le manche de son sabre, à sa ceinture.

- "Rien de bien méchant", hein, ironisa-t-il avec une trace d'aigreur dans la voix. Pourquoi s'inquiéter alors...

Il se tut ensuite, et ils poursuivirent leur ascension boueuse. Lyrae ne relançait pas la conversation, de peur que leur voix n'alertât quelques prédateurs aux alentours. De toutes façons, ils avaient la Force pour rester intimement lié, tout autant que pour surveiller que des créatures vivantes ne s'approchassent pas trop près d'eux.

Les grondements recommencèrent, puis s'espacèrent avant de disparaître, sans que ni l'un ni l'autre ne pût deviner ce dont il s'agissait réellement.

De temps à autre, ils entendaient des bruits d'ailes claquer à quelques mètres au-dessus de leurs têtes, mais aucun d'eux ne fit de commentaire. Il y avait de fortes chances pour que ce soit des mynocks, néanmoins le brouillard était trop épais pour ne serait-ce que deviner leur silhouette. Ils se contentèrent d'aligner leurs pas durant de longues minutes en silence, qui se transformèrent bientôt en heures. Lyrae suivait sa coéquipière, lui faisant confiance quant au chemin à suivre.

Au cours de leur quatrième heure de marche, néanmoins, il finit par la héler et s'immobilisa, poings sur les hanches. Ils avaient pris de l'altitude - l'air était plus frais, le sol de nouveau sec mais le brouillard les enveloppait toujours. Cependant, il sentait sur sa peau une légère brise qui ne tarderait pas à dissiper cet écran gris.

- Petite pause ? proposa-t-il. Je pense que le brouillard vient bientôt se lever, et alors nous serons à découvert. Il vaudrait peut-être mieux aviser maintenant ce qu'on fera à ce moment-là.

C'était l'avantage du brouillard qui les avait couverts jusque-là : ils n'avaient guère eu le souci de la discrétion, la nature ayant oeuvré pour eux. Mais désormais, il leur faudrait prendre garde : l'altitude qu'ils avaient pris depuis les rendraient plus visibles, autant du ciel que depuis un poste d'observation terrestre. A moins qu'ils ne parviennent à définir judicieusement un chemin qui les mènerait à couvert vers leur destination.

Lyrae trouva un rocher sur lequel s'asseoir, et il s'y laissa tomber en grognant. l'ascension avait été raide, et il n'était pas mécontent de reposer un peu ses jambes endolories.

- Dis-moi si tu veux manger quelque chose, j'ai des provisions dans mon sac, fit-il en desserrant son col pour mieux respirer.

Il allait lui demander de lui expliquer où elle pensait qu'ils se trouvaient mais il referma la bouche aussitôt l'avoir ouverte. Il croisa le regard de Luuna : les grondements venaient de reprendre brusquement. Ce qui ne lui plaisait pas spécialement, c'était que la source paraissait VRAIMENT beaucoup plus proche qu'auparavant. Elle lui évoquait des plaques de pierre crissant l'une contre l'autre... Sous la terre.

- On dirait que ça vient de sous nos pieds ! chuchota Lyrae, stupéfait.

Il se leva et inspecta le sol, mais ce n'était que de la terre tassée par les ans, couverte par endroits de petits rochers polis par les pluies récurrentes et les vents millénaires. Le Chevalier fronça les sourcils. Il fallait prendre une décision. Ce qui semblait un phénomène étrange précédemment lui apparaissait désormais comme un danger qu'ils n'avaient pas su appréhender assez tôt.

- Luuna, demanda-t-il soudain. Est-ce qu'on sait ce qu'on est sensés trouver dans cette montagne ? Et juste au-delà ?

Lyrae ne craignait qu'ils n'aient approché du repaire de Darth Synia beaucoup plus vite que ce à quoi ils s'étaient attendus. Si ces grondements provenaient d'une activité humaine, il y avait fort à parier que les bases de la Sith n'étaient pas aussi vides qu'ils ne l'avaient espéré...

Autour d'eux, le brouillard commençait déjà à se dissiper, et ils pouvaient désormais voir à plusieurs mètres d'eux. Rien n'était suspect en-dehors de ce bruit saccadé et mystérieux.

Lyrae ne put réprimer un frisson ; il rentra la tête dans ses épaules avec une moue de suspicion. Au-delà des grondements sinistres qui s'interrompaient et reprenaient - de manière soit dit en passant beaucoup trop régulière pour être naturels - la supposition de Luuna quant à la présence de Darth Sinya ne l'enchantait guère. Il s'avouait maintenant être parti pour cette mission avec la certitude que la Sith avait pris la poudre d'escampette longtemps auparavant. Mais sur quoi s'était-il basé pour avoir cette certitude ? Il n'en savait rien, en réalité. Il se sentit complètement idiot d'avoir accepté la mission avec tant de légèreté. S'ils se retrouvaient face à face avec Darth Sinya, elle ne ferait d'eux qu'une misérable bouchée. Pourquoi avait-il emmené Luuna !

Mais inutile de céder à la panique. Il s'efforça de ne pas montrer à sa compagne son angoisse pour ne pas l'inquiéter à son tour. Il ignora soigneusement le fait qu'elle en devinait généralement un peu qu'il ne laissait paraître pour mieux se concentrer sur la marche à suivre.

Lyrae écouta, immobile, les réguliers grondements. Plus il écoutait, et plus cela lui faisait penser à une usine. Soit les procédés utilisés étaient incroyablement bruyants... Soit l'usine était sous terre. Sous leurs pieds. Il observa le sol, pensif, avant de lever les yeux vers ceux, d'un noir infini mais légèrement dissimulés sous les couches de tissus, de Luuna.

- Voilà ce que je propose, dit-il posément. On se rapproche en catimini, le plus possible. On ne se sépare pas. On prend autant de notes qu'on peut. Dès qu'on estime que notre sécurité est trop en danger, on rebrousse chemin et on rentre.

Sa voix était déterminée. Or de question qu'il perde Luuna. Que Laïkin perde Luuna. Il ne prendrait aucun risque inconsidéré. Ne sachant pas si la Zeltronne serait d'accord avec lui, il se hâta d'argumenter, mais toujours sans élever la voix :

- Le Conseil pensait qu'il ne restait presque plus rien ici, mais ce n'est visiblement pas le cas. Si nous ne revenons pas rapidement pour leur faire notre rapport, non seulement nous courons un danger jusqu'ici sous-estimé, mais en plus l'Ordre perdra un temps précieux pour régler ce problème.

C'était à dire que morts, ils ne serviraient plus à rien. Lyrae se prépara à être intransigeant là-dessus. Mais une part de son cerveau travaillait déjà à l'exploration de ces industries inattendues.

- Je pense qu'il y a un complexe souterrain, expliqua-t-il en reportant son regard tout autour de lui.

Il s'attendait presque à apercevoir une trappe entre les rochers, mais ce serait beaucoup trop facile. Alors, il s'orienta vers ce qui lui semblait être la direction du bruit, et commença à marcher lentement. A tout instant maintenant, ils pourraient déclencher, s'ils n'y prenaient pas garde, un dispositif de sécurité ennemi. Sauf que Darth Sinya s'attendait certainement à un assaut par les airs, pas à l'infiltration, à pied, de ses usines par des petits humains dans un climat pareil. Au moins, leur premier choix avait été le bon.

Le brouillard devenait moins intense. Le bruit, lui, emplissait maintenant l'air jusqu'à faire parfois vibrer les plus petits cailloux entre les rochers. Les Jedi progressaient toujours à pas de loups.

Ce fut une colonne de fumée - non de vapeur ? - qui les alerta qu'ils se rapprochaient de leur but. Comme si une locomotive de leurs ancêtres avaient été enfouie sous terre, sur la crète de la montagne qu'ils escaladaient lentement, dépassait une petite cheminée. En se rapprochant, ils constatèrent qu'elle avait tout juste la taille d'un cylindre dans laquelle pouvait se glisser un homme. Aucune échelle néanmoins. Lyrae jeta à Luuna un regard abattu.

- On se rapproche du but, mais on ne peut pas descendre par là.

Ils évaluaient la chaleur du dispositif à cause de la vapeur intense que le contact de cet air provoquait avec celui, glacé, dans lequel ils avaient progressé jusqu'ici.

Un brin découragé, Lyrae se laissa glisser sur le rocher le plus proche. Avec cette histoire, ils en avaient omis leur pause initiale. Le temps était vraiment venu, cette fois, de se reposer et se restaurer quelques instants.
Ne serait-ce que parce qu'il n'avait pas, là tout de suite, la bonne idée qui leur permettrait de poursuivre leur route.

Lyrae rongeait son frein. Il avait lancé à Luuna sa portion de nourriture - non, ce n'était pas la purée de la dernière fois, mais des tranches de pain complet avec des oeufs durs de volaille d'Iziz et quelques fruits. Comment Luuna pouvait-elle, si détendue, s'occuper maintenant de ce qu'ils allaient manger ? Lyrae, lui, dévora, les yeux rivés sur le sol et en silence. Le bruit cahoteux de la cheminée rythmait ses pensées. Globalement pas très positives.

- Oui, une sortie... Certes, finit-il par approuver, bougon.

Il n'était pas spécialement pressé de trouver les gardes à l'entrée, ceci dit. S'ils trouvaient une issue, il faudrait prendre des précautions pour s'en approcher.
Luuna avait raison, quelque part : s'ils devaient repartir, il faudrait des informations solides.

- Nous ne sommes pas sûrs que c'est elle en personne, ça pourrait être ses larbins qui ont repris le flambeau.

Il n'avait pas prononcé le mot "apprentis". Tout ceci était-il détaché de l'Empire Sith actuel ? Il n'avait vu aucun vaisseau ennemi s'approcher de Roon... Mais ils pouvaient très bien venir sous couverture, tout comme eux-mêmes l'avaient fait aujourd'hui.

- Même si on trouve une issue, ce sera sûrement bien gardé, déclara-t-il en se relevant lorsqu'il eut fini de manger. Comment entrer sans se faire repérer ?

Ils auraient dû emporter une technologie d'espionnage, se fustigea-t-il, mais il était trop tard pour revenir en arrière. Ils devraient faire avec les moyens du bord.

Ils reprirent leur marche quelques minutes plus tard, Lyrae toujours sur les nerfs. Le bruit allait et venait, régulier, et désormais les deux Jedi se fiaient plus à leurs oreilles pour évoluer que l'orientation initiale des cartes de Luuna. Plus les grondements s'amplifiaient, et plus Lyrae avait l'impression de pousser sa douce dulcinée au danger. Mais avait-il seulement un autre choix...

Et puis, brusquement, il se dissimula derrière un rocher, accroupi. il fit signe à Luuna de le rejoindre en silence.

- Regarde, juste au-delà de la crète. C'est bien... Une porte, n'est-ce pas ?

Il la laissa trouver de quoi il parlait, avant de jeter un nouveau coup d'oeil. A quelques dizaines de mètres, une brèche était taillée dans la roche. Une fumée blanche, semblable à de la vapeur d'eau, s'en échappait doucement. Mais il n'y avait pas l'ombre d'un garde. Etrange...

Lyrae jetta de nouveau son sac au sol, puis en extirpa des jumelles électroniques pour regarder l'entrée de plus près.

- Ce n'est pas gardé par des hommes... mais par une tourelle, annonça-t-il avec une grimace.

Il tendit les jumelles à Luuna pour qu'elle puisse regarder par elle-même.

- Tu crois que ce serait possible que genre... tout le complexe fonctionne depuis l'absence de Synia, si c'est géré par des machines ?

C'était peut-être un vain espoir. Mais si c'était le cas, que produisait l'usine souterraine exactement ? Et comment l'arrêter ? Apercevoir une tourelle montrait que l'endroit serait sûrement encore mieux gardé une fois à l'intérieur...

Ok, ça faisait beaucoup d'hypothèses et peu de réponses, mais il n'avait pas d'autres pistes pour le moment. Au pire, ils pouvaient toujours essayer de dégommer la tourelle d'ici et de voir quelles conséquences ça aurait...

Toujours accroupi derrière sa planque, Lyrae haussa les épaules, arborant une moue dépitée.

- Bah, peut-être que quelqu'un a repris la tête de tout ce bordel effectivement... Honnêtement, je vois mal Darth Sinya être recluse ici depuis tant d'années sans refaire sa sortie, surtout après l'avènement de l'Empire...

La Sith en question était en effet, comme beaucoup de ces adeptes du côté obscur, d'un orgueil qui leur empêchait de vivre en ermites loin de la civilisation. Et Lyrae savait pouvoir placer Sinya dans cette catégorie-là, tout simplement parce qu'il l'avait rencontrée en personne. A y repenser, il fut pris d'un frisson. Darth Sinya lui avait laissé la vie sauve, au Temple Jedi, il y avait de longues années de cela. Elle l'avait étranglé et jeté à terre dans un couloir parce qu'il s'était interposé entre des padawans et elle. Et puis elle s'était enfuie avec des enfants innocents. Qui savait ce qu'ils vécurent ensuite... Tous n'étaient pas revenus après le sauvetage organisé par Don et Caldin. Quant à lui-même, l'apprenti de Sinya l'avait arrangé de sorte qu'il arborait maintenant cet étrange bras mécanique. Mais le dénommé Toldran, ex-Jedi, avait finalement fini en taule pour ses crimes. Il n'en avait plus entendu parler depuis. Il avait peut-être été libéré à cause d'Ynnitach... Pouvait-il être celui qui dirigeait cette usine aujourd'hui ? Finalement, cette mission avait beaucoup plus avoir avec l'histoire de Lyrae qu'il ne se l'était imaginé depuis le début...

Le Chevalier récupéra les jumelles et détailla l'entourage de l'issue. A une certaine distance de la tourelle s'étalait un corps avachi, velu et grillé par endroits. La bête devait avoir été abattue quelques jours plus tôt à peine, peut-être même quelques heures avant leur arrivée. Lyrae grimaça.

- NON ! Attends Luuna, arrête ! s'exclama-t-il en essayant de ne pas élever la voix pour ne pas les faire repérer, mais il était déjà trop tard.

La Zeltronne disparaissait déjà dans les fourrés en contrebas, tandis que Lyrae pestait en tâchant de ne pas la perdre des yeux. Mais le voile de Force et la végétation l'engloutirent bientôt, et il ne sut plus où elle était exactement. Il utilisa la Force pour la détecter néanmoins, et suivit avec appréhension son cheminement approximatif. Si la tourelle détectait la chaleur de la Zeltronne, elle était fichue... Lyrae avait tiré un blaster de sa ceinture, prêt à inonder la tourelle si celle-ci décidait de faire feu. Il y avait peu de chances pour que cela changeât quelque chose, mais que pouvait-il faire de plus ?

Heureusement, Luuna parvint à atteindre la tourelle sans encombre avant de lui faire signe de la rejoindre. Lyrae grogna de mécontentement et de soulagement à la fois, puis s'élança au pas de course dans la végétation. Quelques minutes plus tard, il était lui aussi passé au-delà de la tourelle que Luuna réactivait déjà.

- Ca va pas non !! chuchota-t-il, agacé mais non désireux d'attirer d'autres mécanismes de sécurité sur eux. Ca te prend souvent de faire des trucs pareils sur un coup de tête ?

Boudeur, il pivota vivement vers le tunnel qui s'enfonçait, sombre, dans la roche. Des néons rouges éclairaient à intervalles réguliers la coursive de plus en plus étroite à mesure qu'ils s'y enfonçaient. Y régnait uniquement le grondement récurrent, mais ils ne croisèrent âme qui vive sur plus d'un kilomètres. Mais enfin, ils entrevirent de la lumière au bout du tunnel.

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Se profilait une barrière au bord d'un précipice, et Lyrae n'osa guère passer la porte, se dissimulant toujours dans le couloir rougeoyant, car au-delà pouvaient s'activter droïdes et humains. En ressentant la Force autour de lui, il ressentit des êtres vivants et fut instantanément sur ses gardes. Il jeta un oeil derrière lui, vérifiant que Luuna le suivait toujours.

- Avant que tu coures faire n'importe quoi encore une fois... prévint-il, dans un chuchotement entêté, il semblerait qu'il y ait du monde en bas. Il serait peut-être plus prudent qu'on se sépare pour ne pas être pris tous les deux si cela devait arriver, non ? Et dans ce cas... On se donne un point de rendez-vous ?

La lumière rouge dansait sur le visage de Luuna, et il eut envie de l'embrasser une dernière fois avant qu'ils ne se séparent.

M'inquiéter trop, moi ? Ben voyons...

Lyrae ruminait. Il savait maintenant pourquoi le Conseil, d'ordinaire, les séparait en mission. Leur aventure pouvait à tout instant devenir une querelle de couple. Mais c'était elle aussi, elle était inconsciente ! S'il était Maître du Conseil, il enverrait Luuna faire des missions diplomatiques au Sénat ou... Non, trop dangereux. Des missions diplomatiques sur des mondes très calmes. Genre... Alderaan, ou Naboo. Mais pas au coeur d'une ancienne base Sith, ça non ! Ils étaient tombés sur la tête !
Lyrae ne goûtait pas non plus l'humour de Luuna en cet instant. Il se contenta de secouer la tête, la mine morose.

- Ok, parfait, acquiesça-t-il néanmoins en jetant un œil sur sa montre, mémorisant l'heure de sa prochaine communication avec Luuna. Et t'en fais pas, je saurais me débrouiller.

Assertion confortée par la détermination. Pourtant, Lyrae n'avait pas développé les pouvoirs qui lui permettraient d'échapper à des utilisateurs de la Force chevronnés. S'il croisait Darth Synia, il n'en mènerait pas large... Mais il comptait surtout sur le fait que les Sith avaient dû déserter les parages. Sinon, ils auraient déjà senti leur présence dans la Force, non ? Pour éviter les individus normaux, il lui faudrait donc jouer de ses qualités de discrétion classiques : silence, stratégie, patience... Pour Lyrae, les vieilles techniques étaient les meilleures !
En tout cas, il espérait sa déclaration suffisamment convaincante pour obtenir son bisou-top-départ.

Quelques secondes plus tard, il faisait signe à Luuna d'une main pour expliquer qu'il prenait le chemin de droite. Si la voie était libre et que seul le silence venait aux oreilles de la zeltronne, alors elle pourrait à son tour sortir de leur cachette pour emprunter un autre chemin.

Lyrae marchait lentement sur la passerelle de métal, pour ne pas qu'elle émette de bruit. Il jetait parfois des coups d'oeil en contrebas - il lui semblait entendre des voix de temps à autre, mais impossible de distinguer les silhouettes à cause de l'enchevêtrement de tuyaux et la présence de grosses citernes suspendues. Il lui faudrait se rapprocher s'il voulait voir ou entendre plus de choses...

Une passerelle, puis une autre, une autre encore... qu'il fallait mémoriser au fur et à mesure, afin de pouvoir réaliser le chemin en sens inverse plus tard. Le bruit qui l'accompagnait, ces grondements réguliers, lui permettait parfois d'accélérer l'allure en couvrant le son de ses pas.

Ce n'est que bien des minutes plus tard, et après avoir emprunté plusieurs escaladés de métal, qu'il fut à proximité d'une âme... vivante. Deux hommes discutaient technique dans un langage de Lyrae ne pouvait comprendre, penchés sur des plans, tandis que le Jedi se faufilait dans leur dos et se dissimulait l'instant suivant derrière un silo volumineux. Il se plaqua entre l'objet et le mur pour disparaître totalement. Le glou-glou du silo lui indiquait qu'un liquide se promenait là-dedans... Un liquide chaud, précisément, constata-t-il lorsqu'il colla son oreille.

Un peu plus loin, les deux hommes furent rejoints par un troisième, qui sembla annoncer des ordres d'une voix forte et grave. Les deux techniciens s'activèrent - sur quoi ? Lyrae était incapable de le voir - tandis que le supérieur faisait les cent pas derrière eux. Le Jedi, lui, priait pour que sa balade sur place ne le rapproche pas trop de l'endroit où lui-même se cacher...
Mais ce ne fut pas le cas. Quelques minutes plus tard, l'un des techniciens fit une déclaration en s'exclamant, qui attira tout de suite le supérieur. Les trois hommes baragouinèrent encore quelques instants avant de quitter la zone au pas de course. Lyrae pencha la tête pour voir s'il était bien seul de nouveau, puis sortit de sa cachette pour aller inspecter les plans examinés par les techniciens. Malheureusement, s'il comprenait qu'il s'agissait d'un plan technique de la station, cela ne lui disait rien d'intéressant, notamment à cause des annotations qui n'étaient pas dans une langue qu'il connaissait. Il prit quelques secondes pour connecter son dapatad et y faire une copie du plan, avant de sortir de sa poche son comlink.

- Première demi-heure écoulée, énonça-t-il à voix la plus basse possible. Tu me reçois ?

En attendant la réponse de sa bien aimée, Lyrae se dirigea par la voie empruntée par les trois hommes, bien décidé à découvrir ce qui les avait alerté, à défaut de comprendre à quoi pouvait servir toute cette station.

- J'ai croisé quelques hommes... Ils parlent une langue que je connais pas, avec plein de sons nasaux. Tu me diras si ça te dit quelque chose ? J'ai trouvé un plan de la station, mais c'est un plan technique qui représente des flux, pas les coursives que l'on peut emprunter. Je m'en vais un peu plus loin dans la zone, je piste quelques techniciens qui s'affolent sur je-ne-sais-quoi... Rapport terminé, à toi.

Il éteignit le comlink et l'accrocha par sa petite pince à son col, histoire de pouvoir entendre Luuna qui lui répondrait probablement à voix basse elle aussi, puis se remit à parcourir les coursives à pas de loups...

La voix de Luuna rassura le jeune homme. Non qu’il douta des capacités de son amante, mais il préférait la savoir sans ennui malgré tout. Elle semblait d’ailleurs avoir fait son bout de chemin pour arriver dans un entrepôt, et Lyrae décida qu’ils n’allaient certainement pas tarder, par conséquent, à deviner la fonction première de cette usine sous-terraine.

- Bien reçu, tant pis pour la langue, on s’en passera…

Certains Jedi parvenaient à déchiffrer via la Force une langue qu’ils ignoraient, en se basant sur les intentions des visages et le ressenti empathique. Lyrae n’était pas doté de cette capacité, mais il aurait bien voulu en être capable en cet instant. Il se promit de faire un peu plus d’efforts au Temple pour perfectionner ses aptitudes… Car maintenant, un enfant attendait leur retour, et Lyrae ne pouvait se résoudre à ne plus voir le petit Laïkin en se condamnant bêtement au cours d’une mission.

Lyrae poursuivit sa descente sur les passerelles métalliques, aussi silencieusement que possible. Il se glissait comme une ombre d’un coin sombre à un autre. Heureusement pour lui, il n’y avait presque pas de passage dans cette zone et lorsque quelqu’un arrivait, il l’entendait bien à l’avance à cause des bruits de chaussures sur le métal.

Finalement, il déboucha sur une pièce circulaire dont les murs étaient recouverts d’une étrange mousse blanche. Mauvaise nouvelle que cette blancheur pour ses intentions de dissimulation… Mais comme personne ne se manifestait à l’intérieur, il se faufila malgré tout, poussé par la curiosité.
A l’intérieur, une longue table soutenait plusieurs fioles transparentes. Elles contenaient toutes un liquide vert, plus ou moins opaque selon les contenants. Un écran donnait des chiffres changeants tandis que des sondes plongées dans les fioles lui renvoyaient des informations visiblement régulières.
Lyrae fit glisser son sac à dos de son épaule et le déposa à terre. Rapidement, il en extrait une sorte de seringue métallique dans du papier aseptisé avant de la plonger délicatement dans l’une des fioles. Il prit à garde à ce que ses doigts ne touchent pas le liquide mais en préleva quelques millilitres qu’il rangea dans son sac après avoir bien verrouillé son échantillon. Voilà qui pourrait être analysé au Temple.

Il allait reprendre sa progression lorsqu’un cri retentit derrière lui, lui faisant faire brusquement volte-face. Un rodien en blouse blanche se tenait là, les yeux écarquillés. La créature hoqueta, décréta quelques mots dans sa langue incompréhensible avant de s’apprêter à tourner les talons, l’air paniqué.

- Merde. Attends un peu là, toi !

Lyrae s’élança à la poursuite du rodien et se jeta sur lui dès qu’il fut à portée. Juste à temps pour empêcher le scientifique de crier, il lui plaqua sa main sur la bouche et il s’ensuivit une lutte silencieuse. Lyrae força le rodien à reculer pour retourner dans la salle, où il ne le lâcha que brièvement pour lui asséner un coup violent derrière l’oreille visqueuse de la tranche de la main. Les yeux noirs et globuleux roulèrent dans leurs orbites avant que ses paupières ne se referment. Lyrae accompagna le rodien dans sa chute pour l’empêcher de faire trop de bruit en tombant. Lyrae se hâta de récupérer son sac à dos et son comlink.

- Ahem, Luuna ? chuchota-t-il dans l’appareil. J’ai trouvé… Une salle de labo, j’ai fait des prélèvements. Mais j’ai… rencontré un petit pépin. On risque de ne pas passer inaperçu très longtemps…

Bon, il comptait bien dissimuler le type assommé, mais il ne resterait pas éternellement inconscient. Quand il donnerait l’alarme, Lyrae et Luuna seraient-ils ressortis du complexe ?

- Disons qu’il va p’t’petre falloir accélérer un peu, quoi. T’as trouvé quoi dans l’entrepôt ?

Lyrae accrocha le comlink à son col pour continuer à écouter Luuna pendant qu’il s’occuperait du Rodien. Puis il entreprit de fouiller les poches du scientifique, en préleva une carte magnétique, un datapad, un comlink et un jeu de clés. Il fourra tout cela dans son sac à dos, sauf le datapad qu’il alluma directement. Comme il s’y attendait, les notes étaient prises dans cette langue qu’il ne reconnaissait pas. Il prit néanmoins le temps d’ouvrir les derniers fichiers utilisés par le rodien, un à un, pour y jeter un coup d’œil. Rien de très utile sauf…

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Lyrae observa, sourcils levés, le plan de l'arme sous lui. Ce dessin était suivi par de nombreux autres. Toutes des armes, de tailles différentes. Certaines parties arboraient systématiquement des couleurs et le Chevalier commença à s'inquiéter lorsque des dessins de blaster, il passa aux schémas d'armement spatial.

- Luuna… murmura-t-il, pensif. Je crois que notre usine a quelque chose à voir avec l’armement.

Ses yeux se portèrent de nouveau sur les fioles. Se pouvait-il que ce liquide soit un concentré utilisé pour des cellules d’énergies alimentant le blaster ? Et si oui, Sinya avait-elle toujours la main sur cette industrie ? Car nul doute qu’elle devait, en tout cas, profiter à quelqu’un… Et l’armement, en ces temps troublés, ça rapportait gros…

Pourquoi Luuna ne répondait-elle pas ?! C’était précisément pour ce genre de situation que faire une mission en couple était angoissant : à la moindre hésitation, au moindre silence, on s’imaginait le pire pour l’autre.
Mais ce qui était pire encore, bien sûr, c’était quand l’autre confirmait vos craintes en expliquant avoir un pépin.

Lyrae jura tout haut, envoya son sac sur son dos et sortit du laboratoire au pas de course, laissant derrière lui l’individu encore léthargique. Au même moment, une alarme stridente se mit à retentir. Des lumières rouges s’allumèrent par intermittence, accentuant la sensation qu’un évènement critique était en train de se produire. Les employés avaient-ils l’habitude ? Y avait-il une alarme particulière pour dénoncer des intrus et si oui, quels étaient leurs ordres ? Avaient-ils, surtout, le droit de se servir des armes présentes dans l’usine ? Lui qui était curieux de voir les effets de la substance verdâtre allait peut-être en avoir une démonstration plus tôt que prévu…

En temps normal, bien sûr, il aurait dû courir vers la sortie ou vers le point de rendez-vous, afin que les deux Jedi puissent se rejoindre ou au moins, que l’un des deux soit sauf pour pouvoir alerter le Temple de la détention de l’un des leurs. Mais bien sûr, il n’était même pas venu à l’esprit de Lyrae qu’il pouvait suivre une telle consigne : se guidant par la Force, il courait droit dans la direction qu’avait prise son amante, dans l’espoir de lui venir en aide en arrivant au beau milieu du bordel qu’elle s’était employée à mettre.

Malheureusement, il rencontra de la compagnie avant d’atteindre le fameux hangar. Un rodien, d’une taille inhabituellement haute pour sa race, se retrouva nez à nez avec lui. A peine avait-il vu le Jedi qu’il dégainait le blaster de sa ceinture – en même temps que Lyrae allumait son sabre pour dévier le tir prochain. Les rayons verts rencontrèrent la lame et furent renvoyés sur les parois de roche de l’usine. Le rodien s’exclama dans une langue incompréhensible tandis que le Chevalier bondissait à sa rencontre pour le désarmer. Mais de sa main gauche, l’ennemi avait sorti une courte vibrolame de sa ceinture et, se laissant désarmer d’un côté, profita de la proximité de Lyrae pour lui entailler le torse.
La douleur, brusque et vive, fit glapir le Jedi tandis que pour se défendre, il se servait de sa propre lame pour mettre fin aux jours du rodien. Ce dernier s’effondra dans un gargouillement odieux dès lors que la lame du Jedi avait pénétré ses organes vitaux. Lyrae vérifia sa propre blessure en y plongeant ses doigts, avec une grimace de douleur. Heureusement, l’entaille n’était pas profonde ; le couteau avait heurté une côte sans pouvoir aller plus loin.

Il ne fallait plus perdre davantage de temps. Lyrae s’élançait de nouveau en s’efforçant d’ignorer la douleur, éteignant son sabre pour moins attirer l’ennemi. Mais son souffle court et son pas de course le feraient remarquer dès que de nouveaux ennemis se présenteraient devant lui… Et cette fois-ci, il ne pourrait plus se permettre de tenter de les garder en vie.

Le hangar, enfin, se dévoila devant lui après l’embouchure d’un long couloir. Des éclats de voix lui parvenaient – mais non celle de Luuna, pour qui son cœur paniqué battait à tout rompre. Il déboula dans la grande salle et se rendit compte qu’elle était constituée de plusieurs niveaux. Il se pencha à une barrière en suivant les sons de voix : un groupe d’individus évoluaient sur une passerelle inférieure en pointant du doigt un amas de caisses… Sur lequel Luuna évoluait avec agilité.

Et VIVANTE ! Pourquoi en avait-il douté, déjà ?

Il souriait bêtement quand des bruits de pas sur le métal, beaucoup plus proches, se firent entendre : d’autres ennemis arrivaient par en haut : au moins six allaient descendre par l’escalier et piègeraient Luuna pour sortir… A moins qu’il ne s’interpose.
Sans réfléchir plus avant, Lyrae se précipita sur une pièce à ses côtés et se servir du manche de son sabre éteint pour faire levier : le couvercle d’une caisse sauta après avoir appliqué un peu de force et il plongea la main à l’intérieur. Il en ressortit un blaster à répétitions d’une taille un peu trop grosse pour lui – pour une race plus imposante, très certainement. Il fallait espérer que les dégâts seraient à la hauteur de ses espérances…

A peine les renforts d’ennemis étaient arrivés à son niveau qu’il ouvrit le feu de manière désordonnée. Deux tombèrent à terre rapidement tandis que les autres, en poussant des cris de panique, remontèrent par les escaliers qu’ils avaient empruntés en se bousculant.

- LUUNA, VITE ! GRIMPE, LA SORTIE EST LIBRE ! beugla-t-il par-dessus son épaule.

La sortie était libre, mais pas forcément pour longtemps… Lyrae dût de nouveau ouvrir le feu, puis se dissimuler derrière une colonne de caisses lorsqu’il se rendit compte que les ennemis, cette fois, revenaient armés. Comment Luuna allait-elle pouvoir emprunter la passerelle sans être trop à découvert ? Il lui fallait faire diversion…

Lyrae se leva et se jeta, épaule la première, contre la colonne de caisses qui le protégeaient quelques instants auparavant. Elles chancelèrent, comme suspendues dans les airs… Puis s’effondrèrent avec un fracas assourdissant sur la passerelle, certaines d’entre elles s’ouvrant sous le choc et déversant leur lot d’armes…