« Je n’ai pas touché ta copine. » lâchais-je d’une voix parfaitement plate et monocorde qui aurait davantage pu appartenir à un robot avant de me saisir de son datapad.

Rapidement, je parcours les notes consignées, les relevés intéressants, relevant au passage avec un intérêt manifeste les dates des premières manifestations d’invasion des galeries. Le sourire qui erre sur mes lèvres un court instant, se dévoile carnassier et mes yeux brillent d’une lueur particulière, un peu comme si l’on venait de sonner l’ouverture de la chasse. La coïncidence était bien trop énorme pour qu’elle ne soit que le fruit du destin, et si j’aurais pu m’ouvrir de ma découverte à l’apprenti, ma bouche resta scellée sur ce vague sourire.

« Hummm je vois… » concluais-je en le laissant aveugle de mon savoir et de mes intuitions profondes. « Et … tu n’as rien d’un gentleman. De plus, pour ta gouverne, je me contrefiche de rester seule ici, je ne crains pas les bestioles… ce qui n’est pas ton cas il me semble. »

L’artefact joue entre mes doigts comme une bille luminescente animée d’une vie propre. Avec ça, aucune chance d’être enquiquinée par une grosse bête affamée de sang et de chair, bien que l’idée à contrario du jeune homme, me laisse totalement indifférente. Je sais n’être qu’un spectre, une ombre dans l’obscurité, un murmure dans le vent et passer totalement inaperçue.

« Je n’ai pas vraiment d’intérêt à te suivre. Je me moque bien que tu réussisses ou non ta mission. Non n’essaye pas à nouveau de flatter mon égo ou de jouer du charme, cela fonctionne peut être sur Zora mais je suis parfaitement immunisée à ces petites jeux de séduction. Mais, comme je suis d’une nature généreuse aujourd’hui, je vais t’accompagner à la condition que tu en fasses de même lorsque nous aurons découvert la source de ton problème. Cependant ne sois pas trop déçu si ce que tu crois l’être n’est qu’une illusion, une poupée russe cachée dans une autre. »

Pauvre petit Van qui croit qu’il va découvrir au fin fond de cet abysse, la réponse à ses ordres alors qu’il n’en résoudra qu’une petite partie… l’autre étant en ma seule possession.

« Si ça te convient… »

Je le dépasse ouvrant la marche. Si je sais que nul animal ne viendra nous titiller, je n’en demeure pas moins attentive. Il n’est jamais agréable de savoir son chemin mener vers le danger, mais il n’est pas non plus plaisant de savoir que l’ambition poignarde toujours dans le dos.

L’obscurité tamisée se fend d’éclairs crépitant et de rais mugissant. Sous la brume de chaleur provoquée par nos attaques simultanées, la silhouette disparait dans un linceul, se noyant sous ce mélange de condensations et d’éclats de roches. Mon bras s’abaisse n’ignorant pas que les cartouches thermiques de mon arme, encore fumante, ne peuvent plus tirer bien que je ne doute un instant qu’il soit encore debout. Le blaster choit sur le sol dans un bruit mat, comme si le sol se couvrait d’un tapis trop épais, absorbant le bruit du choc et du métal sur les dalles de pierre.

Van use toujours de sa foudre, mais elle me semble moins dense, moins fulgurante à mesure que les secondes filent. Coordonnant mon attaque sur la fin de celle du jeune apprenti, je m’élance au mépris des étincelles crépitantes qui chantent encore autour de moi. Mon sabre s’abat, féroce et sanguinaire, cherchant à boire à la source de cette veine palpitante, au creux de sa gorge. Ma lame le traverse, venant se perdre dans son corps fantomatique pour se figer dans le sol alors que son rire monstrueusement morbide résonne sous les voutes du tombeau. Un grincement d’outre tombe à glacer chaque parcelle de votre âme. Mes mains se crispent sur le pommeau et je me retire aussi vive qu’une bourrasque pour me prémunir d’une attaque.

«  C’est tout ce que vous avez dans le ventre ? Tsss Tsss Tsss… Extrêmement décevant ! »

Sa main décharnée s’élève, annonciatrice d’une prochaine manifestation. Je me ramasse sur moi, prête à bondir pour ne pas lui laisser l’opportunité de répliquer mais la Force m’étreint subitement, serrant ma gorge avec une brutalité implacable. Mon souffle se coupe instantanément et mon regard coule vers mon allié. Tout comme moi, il suffoque. Une double attaque … aussi redoutable qu’invisible… cependant elle nous prive d’oxygène mais ne nous soumet pas en nous sevrant de notre mobilité. Agir… c’est tout ce qu’il reste pour dissoudre l’étau sur nos gorges. Attaquer, avant d’asphyxier.

Je n’ignore pas que mon sabre risque de le traverser à nouveau, mais peut-être qu’il lui empêchera de centraliser son attention et ses capacités sur nos souffles. Mes doigts sont moites sur le pommeau de mon arme, lorsque je me fends pour atteindre son aine. Comme prévu elle le traverse, comme elle traverserait une brume, cependant la pression s’estompe me permettant un bref instant d’inspirer une goulée d’air vicié. Insuffisant mais salvateur.

« Attaque le, empêche le d’user de la Force, j’ai l’impression qu’il ne peut supporter nos attaques tout en La manipulant ! » glissais-je à l’esprit de Van sans en prononcer un mot. « J’ai une idée… occupes le juste ! »

Une idée… Oui une esquisse d’idée. Je me retire laissant à mon compagnon le loisir d’exposer toute sa maitrise de l’escrime et du combat. Autour de nous, tout me semble encore plus désolé qu’à notre arrivée. Une légère poussière demeure en suspension, lévitant comme par enchantement à chacun des mouvements de l’apprenti. Les voutes ont subit les assauts des éclairs, décochant des monceaux de roches noirâtres. Même le sarcophage tout au fond de la nef, expose ses flans ravagés par le temps et le jeu de mon blaster. Le sarcophage… ? Mes lèvres s’illuminent d’un sourire fugace.

Je jette un regard sur Van qui ne s’en sort pas trop mal, avant d’attirer la Force vers moi, m’enroulant dans ses bras comme dans une couverture. Je disparais rapidement, ne signalant ma présence que par les traces de pas que je sème derrière moi. On ne peut atteindre ce que l’on ne voit. Et si Van s’imagine peut-être que le l’abandonne aux griffes du Sombre, il se trompe. Invisible, je me faufile entre eux, filant vers ce sarcophage auparavant inaccessible. Jamais le Seigneur réincarné ne m’aurait laissé approcher s’il m’avait vu le rejoindre… Et pour cause ! Gisant dans la poussière et les pierres, un squelette parfaitement conservé et un orbe identique à celle faisant fuir les bêtes, hormis sa couleur vampirique. Des marques noires recouvrent les parois internes du cercueil et la lueur rougeoyante, pulsant comme un cœur, en illumine les contours. L’obscurité est ici à son paroxysme, au point qu’elle me coupe un instant le souffle. Tout vient d’ici, tout est né ici, entre les ossements d’un ancien sith et les manigances de l’Hydre… Mon sabre rompt les liens de mon invisibilité avant de venir fracasser le tout. Derrière moi, un vent souffle emportant dans son sillage le voile éthéré constituant notre adversaire. De lui… il ne reste rien. Son aura, ses oripeaux, sa face translucide.. Tout à disparut comme par enchantement.

«  Tu vas bien Van ? »

Je jette un regard m’avisant qu’il parait relativement indemne.

«  Maintenant si nous chassions la véritable raison de tout ce charivari ? Celui, ou celle qui s’est amusé à te laisser ce petit cadeau à toi et Zora.  D’ailleurs qui vous a envoyé en mission ici… parce qu’il est plus que probable que l’un est l’autre soit une seule et même personne »




[disolée j'avais pas vu ta réponse!]