-T'as vu ça ? Fit-elle en dressant une main victorieuse dans les air, toujours étalée au sol. J'm'impressionne chaque jour de ma vie. … Par contre j'ai mal au... j'ai mal partout en fait.

Ceci dit, il fallait bien se lever un jour ou l'autre. Ce fut donc avec la grâce d'une grand mère arthrosée ayant survécu à deux AVC non sans laisser d'irrémédiables séquelles qu'elle réussit à se relever. Tenant ses côtes douloureuses, elle s'approcha lentement, mais sûrement, de la boite où se trouvait leur cible initiale. Et, comme l'avait indiqué son partenaire, Eos était l'IA de la situation pour gérer cette petite histoire de caisse. La mercenaire s'écroula contre, élargissant un câble de son poignet, plus précisément de son bracelet -neuf, soit dit en passant-, pour le brancher contre la caisse et, sans rien faire, activer le système anti-grav.

Elle finit par grimper dessus, non sans garder sa légendaire grâce de grand mère pour s'y allonger de tout son long. Du coin de l'œil, elle put admirer le sorcier faire ses trucs de... sorcier. Rien que l'image de cet homme se régénérant sans même prendre l'effort d'en faire un la répugnait au plus au point et, si elle n'était pas complètement KO, elle se serait permis de lui rappeler à quel point il la dégouttait. À la place, elle se contenta de détourner le regard, préférant la vision tristoune est franchement déprimante du ciel de Dagoba. À sa proposition, elle pouffa de rire, terminant ce ricanement gras en une grimace de douleur.

-Pousse la caisse et arrête de m'faire des blagues comme ça, rigoler me fait mal.

Une dernière balade champêtre au milieu des marais, bercée par les cris des volatiles, les coassements des amphibiens, les regards des rongeurs perchés dans les arbres et la lancinante puanteur des lieux. Une odeur de pet, en somme, qui les avait suivis durant ces jours, plus forte encore quand ils marchaient dans la tourbière, suivant leurs victimes jusqu'au combat. Il arrivait à Maxence, toujours sur la caisse, de grogner en changeant de nombreuses fois de position. Ses côtes avaient pris de sacrés coups et la douleur la faisait suer, mais étrangement, elle gardait une grande lucidité. Une lucidité qui en ferait pâlir certains utilisateurs du Côté Obscur se servant de la douleur pour être plus puissant.

-C'est pas trop tôt.

Fit-elle remarquer en voyant la soute ouverte de la navette du sorcier l'engloutir. Une fois arrêtée, la blondinette se tordit le corps entier pour se laisser glisser le long de la caisse, tombant sur ses pieds, se maintenant d'une main ferme contre le mur, l'autre portée à son buste. Par curiosité, elle se pencha pour regarder d'un œil à travers l'un des trous de la caisse. Elle ne put qu'imaginer la forme du serpent dans la pénombre. L'instant d'après, la pilote d'Absalom vînt à leur rencontre, allant voir son Maître pour lui chuchoter quelque chose que, même si Maxence avait la possibilité de l'entendre, aurait tout fait pour ne pas le faire. Deux regards de chiennes montrant les crocs.

-Tu m'avais pas manqué, toi. Elle commençait déjà à laisser ces deux là entre eux, peu importe ce qu'ils pouvaient se dire, la mercenaire n'en avait rien à foutre. Ceci dit, elle se retourna tout de même avant de quitter la soute pour monter. Bien joué l'sorcier, même si t'es clairement pas aussi cool que l'tableau qu'on m'a fait d'toi, j'commence à m'dire que t'as p't'être tes chances avec Karm. Puis elle bougonna en quittant la salle. Tu seras toujours mieux qu'ce tocard de Luke...

Quelques minutes plus tard, Maxence se trouvait dans ce qu'il semblait être la salle de repos de la navette. Elle avait sorti la trousse de secours du vaisseau, étalant tous les outils médicaux qu'elle avait trouvé. Un miroir face à elle, ses vêtements sur le sol, elle ne portait plus qu'un vague short de rechange délavé et franchement douteux sur sa propreté. Tournant la tête à s'en filer des torticolis pour observer les nombreux coups reçus, elle fut soulagée ce remarqué qu'aucune coupure ne nécessité de couture. Déroulant un large et épais bandage autour de son torse, elle espérait faire en sorte que ses côtes ne tombent pas, du moins, pas avant d'aller voir un médecin. Pansement sur le front, pommade sur les brûlures causées par le filet électrique, quelques discrets « putain » lui échappèrent, suivi, souvent, de la suite logique « de sa grosse mère la pute ». Le bracelet sur son flanc, elle s'adressa en même temps à son fidèle compagnon.

-Eos, envoie un message à Flakstaff, dis lui que...

-Désolé, il n'existe aucun contact sous le nom de « Flakstaff » dans ma base de données.

-Ah ouais... merci d'me l'rappeler. Envoie un message à « Fils de pute d'enculé d'sa mère » et dis lui qu'je suis en route pour filet son putain d'réptile à l'Échange. Ajoute que j'veux tout savoir, j'm'occupe de fixer la date et le lieu d'la rencontre.