Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Maître ! Maître ! ô obscure splendeur, ô semence de sagesse, ô mystérieux gardien des arcanes les plus… Vous dormez, maître ? Maître ? Vous dormez ?

Difficile à dire, pour être honnête : le visage d’Absalom était couvert d’un masque à l’argile, avec deux rondelles de concombre sur les yeux. Qui constituaient d’ailleurs l’intégralité de sa tenue car, pour le reste, étendu dans un transat sur le toit de l’ancienne base militaire reconvertie en bibliothèque ésotérique, le sorcier était en train de pratiquer le bronzage intégral sous les innombrables soleils de son monde natal.

Le vieux disciple qui avait bravé les rhumatismes pour accourir jusqu’à lui, se pencha difficilement pour éteindre la musique classique hapienne que diffusait un datapad posé par terre et, d’un index prudent, il tapota l’épaule du maître des lieux.

Maître… ?
Hmpf fut la réponse qu’il obtint.
Bonjour, ô miracle de la saga…
Vous saviez de quoi j’étais en train de rêver ?
… cité. De mystères occultes, j’imagine, ô mon maître ?
Que je devenais champion galactique de fléchettes soniques.

L’Acolyte demeura un instant déconcerté, avant de suggérer d’une voix incertaine :

Une prophétie, mon maître ?
J’en doute.
Il n’est pas de distinction à laquelle vous ne puissiez prétendre, ô fougueux cavalier des étendues de l’esprit !
Bon, bon, c’est bon, soupira Absalom avec résignation, annoncez-la moi, votre mauvaise nouvelle.
Mauvaise nouvelle, mauvaise nouvelle, je n’irais pas jusque là…

Noctis tourna son regard de concombre vers son disciple.

Dites donc, Darth Oscillococcinus, je vous connais : votre obséquiosité est généralement en proportion directe des ennuis que vous vous préparez à me décrire. Allez. Ne perdons pas de temps, c’est que j’ai encore une demi-heure pour faire le dos, après ça, moi.

Car il ne cultivait pas la beauté surnaturelle de ses fesses pour qu’elles restent pâles.

Hé bien, voilà, ô vaisseau de tous les savoirs. Il se trouve que Darth Loranfabius est blessé.
Ah ? Il a affronté un Jedi ?
Pas… pas précisément, maître.
Un Sith, alors ?
Non plus. La machine à café.

Cette fois-ci, Absalom jugea que ça valait bien un soulevage de rondelle de concombre, pour darder un œil très surpris et un peu désapprobateur.

Vous savez que nous avons fait l’acquisition d’une nouvelle machine pour la salle de repos à côté du département Métaphysique et Théologie de la bibliothèque, maître. Hé bien, il semblerait que Darth Loranfabius n’ait pas pris la peine… Je ne veux pas dire du mal de l’un de mes condisciples, bien sûr, mais enfin…
Prenez votre temps, surtout, hein…
Merci, maître. Mais enfin, c’est vrai qu’il est parfois fort distrait, et donc, disais-je, il n’a pas pris le temps de lire le manuel d’utilisation avant de s’y essayer et le café bouillant lui a giclé au visage.
Dites donc, il est dangereux, notre électroménager.
Il est possible que la machine ait un léger défaut de fabrication.
Non, vous croyez ?
Toujours est-il, ô fruit juteux de l’arbre de la connaissance, que Darth Loranfabius est aveuglé.
Définitivement ?
Temporairement, j’en ai bien peu… euh… je veux dire : fort heureusement. Cela dit, il ne pourra pas remplacer Bantha Rieur.
Parce qu’il est où, Bantha Rieur ?
À un séminaire Pêche & Traditions, ô nectar alchimique. Sur Naboo. Vous avez signé sa fiche de formation il y a trois mois.
Ah. Oui. Peut-être. Et que devait-il faire, Bantha Rieur ?
Remplacer Dame Éviscération.
Décidément…

Qui aurait cru que fonder une bibliothèque amènerait à tant de complications ? Absalom finit par se redresser dans sa chaise longue.

Et Dame Éviscération est… ? Inscrite à un tournoi de ping-pong ?
Très enceinte, ô mon maître.
Ah bon, s’étonna Absalom ?
D’où son ventre, ô ange des ténèbres.
Ah. Je pensais qu’elle souffrait de ballonnements, moi.

Cette fois-ci, ce fut à Darth Oscillococcinus de lui lancer un regard surpris, tandis qu’il retirait ses rondelles de concombre.

Hé, oh, c’est bon, hein ! Les femmes, ce n’est pas ma spécialité.
Certes, certes, votre sensuelle ténébrosité. Et donc, en conclusion, nous n’avons plus personne pour l’affaire de Dagobah.
L’affaire de Dagobah ?
Souvenez-vous, ô mon maître : lors de votre dernière visite diplomatique sur Coruscant, vous avez rencontré un monsieur suspect dans un bar et vous lui avez promis de lui ramener un python de Dagobah.
Ah. Oui. Ça me ressemble bien, ça…
Vivant.
Le monsieur ?
Le python.
Ça me revient, maintenant.

Le Hapien passa une main dans ses longs cheveux blonds.

Et vous êtes en train de me dire que nos chasseurs sont soit aveugles, soit en séminaire, soit enceintes ?
Comme à son habitude, l’intelligence supérieure de votre athlétique ésotéricité, a su résumer avec une concision incisive et clairvoyante une situation bien compliquée.
Bon, hé bien… Je suppose que je n’ai plus qu’à y aller moi-même.
Vous-même ?
Moi-même.
Dans… euh… la nature, maître ?
Comme vous dites.
Boueuse, la nature ?
Dites donc, qu’est-ce que vous êtes en train d’insinuer, là ?
Rien rien, s’empressa de mentir le disciple tandis que son maître se relevait, pour se diriger vers la porte du toit. Euh… Maître ?
Hmmm… ?
Vous ne voulez pas enfiler votre peignoir, avant de descendre ?

Quatre jours plus tard, Absalom, résigné à son expédition dans les marais, remontait les coursives impeccablement entretenues de l’une des stations sluissi qui orbitaient autour de Sluis Van, dernière escale civilisée sur la voie de cette mystérieuse planète appelée Dagobah.

Le python de Dagobah était une créature légendaire et il était déterminé à se procurer une bonne dose de son venin, pour servir aux recherches de ses laboratoires secrets. Mais l’expérience lui avait cruellement appris qu’avec les produits de ce genre, il valait mieux remonter à la source, sans quoi on se faisait vendre de l’urine de tooka par des apothicaires peu scrupuleux. Alors, quand l’opportunité s’était présentée sur Coruscant, il avait sauté dessus avec d’autant plus d’enthousiasme qu’il n’aurait pas cru devoir conduire la mission lui-même.

Joe devait avoir de légers doutes sur sa capacité à s’épanouir dans un monde marécageux, parce que, quand il lui avait annoncé ce léger changement de casting, son contact coruscanti avait aussitôt parlé d’une autre mercenaire, intéressée elle aussi par l’affaire, et avec laquelle il ne serait pas mauvais de collaborer. La fierté d’Absalom en fut un peu froissée, mais il fallait bien se rendre à l’évidence : c’était probablement plus prudent.

Et donc, il avait rendez-vous avec une inconnue, venue de l’Espace Hutt, à ce qu’il avait compris. « Une meuf un peu agitée », lui avait dit Joe, en lui préconisant « de pas faire attention », parce que « de toute façon, c’est pas une duchesse, hein ». Rendez-vous avait été donné avec celle que Joe avait baptisé « la frénétique de la gâchette », dans l’un des bars d’une station spatiale résidentielle, principalement fréquenté par les équipages des navires qui venaient livrer leurs matières premières aux chantiers navals de Sluis Van.

Absalom se fondait dans le paysage. Mais Absalom se fondait toujours dans le paysage. Il était habillé comme un baroudeur de la Bordure, il bougeait comme un baroudeur de la Bordure, il parlait le basic comme un baroudeur de la Bordure. Abstraction faite de son physique sensiblement plus avenant et nettement moins couvert de cicatrices que la moyenne de la clientèle, on aurait juré qu’il venait de débarquer de quelque cargo à métaux et qu’il allait rembarquer le lendemain, à peine plus riche qu’à l’arrivée.

Joe lui avait dit : « la table du fond, porte un tee-shirt rouge ». Voilà qui était fait. Il lui avait aussi dit : « tu la reconnaîtras, elle est un peu… enfin tu sais… un peu trop… enfin tu vois ce que je veux dire, hein ». Absalom n’avait pas vu du tout, mais ce n’était pas grave : la Force favoriserait cette rencontre, nécessairement opportune.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
Dans un bar de Nar Kaaga, Maxence buvait en compagnie d'Abraham, AKA trente-trois pour cent, qui devenait jour après jour la preuve que ces deux là étaient fait pour glandouiller et se murger sans raison. Les boissons étaient à moitié prix pour la femme qui se présentait désormais comme la Lieutenante de l'Estafette... plus parce qu'elle buvait tellement qu'à la fin du service, elle restait celle qui avait le plus dépensé dans la boisson que pour son affiliation au Cartel. Elle connaissait bien le barman, ça jouait. À deux, l'un à côté de l'autre sur une table, ils se moquaient de la coupe de cheveux d'une Zabrak. Elle avait bouclé ses cheveux autour de ses cornes, formant une sorte de nid sur sa tête. C'en était sans aucun doute poilant.

-Madame, Monsieur.

Leur regard se tournèrent en direction du Twi'lek qui venait de se positionner juste à côté, en face, un autre gars de la même carrure. Maxence posa sa main sur l'un de ses blasters avant de remarquer que, finalement, ils étaient quatre à les encercler. Ils n'avaient pas laissé leur blaster en évidence pour le style. Les sourires disparurent. Cependant, ce qui figea Maxence, c'était le cinquième type qui venait de s'asseoir en face, un humain, belle gueule, la vingtaine, proche de la trentaine. Il savait qu'elle savait qu'il savait qu'elle le reconnaissait. La belle affaire. En temps normal, elle lui aurait sauté à la gorge pour l'étriper et manger son cœur, mais pour le coup, c'était un peu plus compliqué. La blondinette finit par sourire de nouveau, un rictus presque trop détendu pour être sincère.

-Flakstaff. T'as une sale gueule. T'es bien entouré pour un type incapable de tenir les gens proches de lui plus d'cinq jours.

-C'est temporaire. Tu m'connais.

-Si ça tenait qu'à moi, j'aurais écrasé ta putain d'tête sous ma putain d'botte pour faire de ton cerveau une -vous l'aurez deviné- putain d'bouillie. Qu'est-ce que tu nous veux ?

-Ah mais c'est lui, le fameux Flakstaff ? 'Tain mec, j'suis un grand fan, les fils de pute dans ton genre, ça devient une ressource de luxe.

-Merci, ça m'touche beaucoup. J'ai besoin qu'tu fasses un boulot qui risque de t'intéresser.

-Ah parce que maintenant, on peut disparaître pendant presque un an, se pointer sans prévenir et demander des faveurs aux autres. Putain mais tu t'es pris pour qui trou du cul ? Il détourna nonchalamment le regard en soupirant. Qu'est-ce que j'y gagne ?

-Ton collier. Tu crois vraiment qu'je sais pas c'que t'as rechercher sur moi ? Il recommençait avec ses sourires hautains. Alors ? Ils étaient beaux les culs d'sac ? Elle en venait presque à grogner. Hé, du calme, j'suis prêt à t'filer des infos sur le collier, mais avant ça, va falloir que tu m'retires une épine du pied.

-Ok beau gosse, t'as mon attention. Pourquoi tu ferais ça ?

-Je fais ça parce que l'Empire m'enchante autant qu'il t'enchante. Et ça paraît pas, mais c'que t'as autour du cou, c'est une clef... pas littéralement, genre, spirituellement. Mais pas spirituellement dans l'sens religieux, c'est pas... tu vois ?... un truc mystique quoi, c'est plus, un truc qui t'aidera à comprendre des... euh... des trucs sur... tu vois c'que j'veux dire ?

-Un peu comme un cadenas ?

-Mais non abruti, il parle d'un trésor.

-Nan, pas du... laissez tomber, j't'expliquerai c'que tu voudras entendre.

-J'dois faire quoi ?

-Chopper un gros serpent pour l'Échange. Je sais, c'est pas très glamour, surtout qu'l'Échange et les Cartels, c'est un peu comme Nabila et un cerveau, c'est pas hyper compatible.

-Un peu comme quoi ?

-J'sais pas, ça m'est venu comme ça. Bref, y' a p't'êt' moyen pour toi d'rentrer dans les petits papiers d'l'Échange, j'ai cru comprendre que tu fricotais avec un peu tout l'monde pour bien entourer les Djiilo... donc ça t'assurera pas une paix durable, mais au moins une pause... ou quelques faveurs.

-Ça m'va.

-Plaît-il ? Genre, ça t'va ? Comme ça ? Pas d'question ?

-Bah nan, j'récupère le serpent, j'le file à l'Échange, ils me payent, on s'sert la main et tu m'files c'que j'veux savoir. Donc ouais. Ça m'va.

-Cool. Super. Ouais. Donc pas de question sur...? Nan ? Ok, très bien. On fait comme ça. ... 'fin bref, c'tait cool de t'revoir. ... Du coup... comment... 'fait beau aujourd'hui.

-Nan, pas vraiment.

C'était cette discussion plutôt embarrassante qui amena Maxence a se retrouver sur une station de Sluis Van, affalée sur la banquette d'un bar à attendre le gugusse qui l'accompagnerait. Elle avait commandé un verre d'alcool frelaté local, fabriqué ici même, dans la station. Autant dire qu'il était infecte, mais il n'était pas cher.

Le trick, dans toute cette histoire, c'était bien qu'elle savait avec qui elle allait faire équipe... et Flakstaff l'avait calculé. Le bougre suivait le réseau de Maxence à la trace, principalement parce qu'il en faisait partie. Absalom Thorn, il était bien loin des petites manigances égocentriques du parieur, mais la blondinette avait tellement mis en avant ses informateurs pour récupérer jusqu'à la dernière goutte possible d'information sur lui qu'il était impossible de passer à côté. Les faveurs des amis commençaient à devenir un point faible pour la mercenaire.

La Force et les machines à café étaient de son côté, au final, cette rencontre prochaine était le fruit du hasard plus qu'autre chose. Elle aurait dû se retrouver avec un autre type de base. Maintenant, il s'agissait de savoir pourquoi le Jedi Noir s'intéressait à un Python paumé sur une planète paumée... s'il essayait de faire en sorte de maintenir de bonnes relations avec l'espace Hutt, il aurait tout de même pu choisir une mission à la hauteur de sa beauté, plutôt que de patauger dans des marécages poisseux.

Quand il apparut dans la ligne de mire de Maxence, pile à l'entrée du bar, un sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Instinctivement, elle lui fit un petit signe de main qui lui donnait l'air d'une tueuse en série à la recherche de sa prochaine proie. La mercenaire finit par se lever pour venir à sa rencontre.

-Regardez-moi ça. Comme quoi, les beaux et belles blondes qui gravitent autour de mon Karmy chéri finissent toujours par se croiser un jour. L'homme dont on ne prononce pas le prénom. Voldemort ? T'es plus petit que c'que j'pensais.

Elle s'approcha de lui pour s'arrêter à une petite poignée de centimètres. Un air menaçant, elle se demandait à quel point les choses pouvaient dégénérer si elle commençait à se montrer vraiment sanguine.

-S'il était là, j't'aurais déjà tiré dans les genoux pour qu'il puisse te demander avec toute la douceur du monde d'arrêter d'le stalker, toi et ta gueule tellement parfaite qu'elle en devient immonde. Elle laissa couler les secondes avant de détendre ses traits et hausser les épaules. Mais il est pas là. Moi c'est Max, mais tu l'sais déjà, je suppose.

Absalom avait beau être une belle enflure et un type franchement pas très Charlie, au moins, il n'était pas là pour mettre des bâtons dans les roues des Cartels, au contraire. Il avait des manières peut-être un peu maladroites de faire bonne impression, mais il le faisait. Elle l'invita d'un geste de main furtif à s'asseoir à la table avant de retourner s'affaler sur la banquette. Elle attrapa son verre en scrutant son interlocuteur. Un Sith plus vraiment Sith... un... un... pourquoi on les appelait les Jedis Noirs les types comme lui ? Il avait tout sauf la tronche d'un Jedi. Je propose qu'on les renomme les... ParaSiths. Adjugé vendu, les ParaSiths.

-T'es aussi chiant qu'les autres, ou tu nous prends d'l'alcool pour sociabiliser comme toute personne normalement constituée ? Ce serait con d'faire mauvaise impression, tu m'diras.

Elle lui fit un regard interrogateur qui l'incitait à prendre un verre.

-Alors, qu'est-ce que ça t'fait d'savoir que tu vas travailler avec moi ? Perso, j'suis sûre qu'on va passer une belle journée toi et moi. T'aimes accomplir tes missions avec tirs alliés ou sans tirs alliés ? J'dis ça comme ça, faut pas l'prendre personnellement. J'ai souvent tendance à croire que les Siths sont des gens susceptibles, donc hésite pas à m'dire calmement si ton p'tit cœur sensible commence à s'serrer. Le travail d'équipe et la bonne entente, c't'important.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Mademoiselle Darkan, seriez-vous par hasard en train d’essayer de m’intimider ?

Ou alors la proposition de lui tirer dans les genoux, c’était pour briser la glace.

Absalom haussa un sourcil.
Avant qu’un sourire tout joyeux ne se dessine sur ses lèvres.

Voilà qui ne m’arrive pas souvent. Continuez : j’adore l’inattendu. J’imagine qu’on vous dit souvent combien vous êtes un vent de fraîcheur dans un monde compassé ? Et donc moi, c’est Absalom, mais vous avez l’air d’être déjà au courant.

Pour sa part, ses informations sur la mercenaire restaient somme toute assez vagues, et d’ailleurs, il ne l’avait pas reconnue tout de suite : c’était le petit discours d’ouverture de la jeune femme qui l’avait mis sur la voie. Il faut dire que contrairement aux inquiétudes de Karm, l’ancien Sith ne consacrait pas la totalité des ressources de ses disciples à traquer le Maître Jedi et ses contacts : trop de gens cherchaient constamment à l’assassiner pour qu’il ne soit pas obligé de se diversifier un peu.

Une fois assis à la table, il fit un geste pour attirer l’attention d’une serveuse et commanda la même chose que sa nouvelle coéquipière.

Si vous pouviez éviter de me tirer dessus, ce serait parfait : j’ai la peau sensible. En plus, j’ai fait un gommage il y a quelques jours, avouez que ce serait dommage de tout gâcher avec des brûlures de laser. C’est que j’ai… merci beaucoup.

La serveuse était venue lui apporter sa consommation, et aussi son numéro de comlink griffonné sur la serviette. Absalom lui adressa un sourire chaleureux qui frôlait l’invitation à se retrouver dans l’arrière-boutique pour pratiquer la gymnastique rythmique et sportive sans vêtement, puis il reporta son attention sur la mercenaire.

… une réputation à tenir, conclut-il, avant de lever son verre, de l’avaler cul sec et de le reposer.

Ce qui n’eut pas l’air de beaucoup l’affecter.

Plus sérieusement, vous savez, Maître Torr, je l’ai rencontré deux fois dans ma vie, dont une par hasard dans le hall d’un astroport, où nous avons dû parler dix minutes, montre en main. Quelque intérêt personnel que j’aie au développement de ses idées au sein de ce qui reste de l’Ordre Jedi, et quelque sympathie qu’il m’inspire lui-même, je crains qu’il ne surestime le temps que je suis en mesure de lui consacrer. Voyez-vous, je ne suis qu’un modeste particulier, et lui est un grand Maître Jedi. Enfin, grand… On se comprend.

Ce n’était ni tout à fait vrai, ni tout à fait faux, comme souvent avec Absalom.

Mais si vous voulez que je vous explique pourquoi je me penche sur son cas, il suffit de demander. Ce n’est pas vraiment un secret d’État. Je l’ai d’ailleurs déjà dit à Maître Kayan, il y a quelques mois, sur Coruscant. Encore un blond, notez.

Un sourire amusé se dessina sur les lèvres du Hapien.

Vous devez avoir des conversations très… intéressantes… avec Kayan, d’ailleurs.

Il imaginait sans mal le Consulaire guindé aux prises avec cette mercenaire poétique comme un holofilm d’action vendu en station-service.

Mais nous aurons amplement le temps de parler à coeur ouvert des hommes de notre vie en se faisant des tresses dans les cheveux, la nuit au coin du feu, au milieu des reptiles des marécages.

Tout en parlant, il avait plongé sa main dans la poche intérieure de son blouson, mais avec une certaine lenteur, comme un homme qui était habitué à ce que l’on puisse considérer ses gestes menaçants, et qui voulait montrer que ses intentions n’étaient pas hostiles. Il finit par en tirer une dataclé, qu’il poussa en travers de la table.

J’ai des connaissances qui sont spécialisées dans la chimie et la biologie.

Par « connaissances », il voulait dire « savants fous dans un laboratoire secret destiné à la production de mystérieux psychotropes », mais n’ergotons pas sur les détails.

Elles éprouvent un intérêt pour le venin du python de Dagobah. Vous trouverez là ce qu’on a pu rassembler comme informations sur l’espèce, mais vous verrez que ça ne pèse pas très lourd. Des récits très vagues de rencontres dans le cadre d’explorations superficielles des services cartographiques de la République et un article sur l’analyse scientifique d’une écaille retrouvée dans les marais il y a une vingtaine d’années.

C’était de cet article qu’étaient nés les espoirs de ses scientifiques, mais on ne pouvait pas dire qu’il offrait une base très solide pour la capture d’un spécimen vivant.

Pour ma part, le python en lui-même m’intéresse au fond assez peu et l’argent de l’Échange…

Absalom haussa les épaules.

Disons que je n’en ai pas l’utilité. C’est le venin que je veux récupérer. Pas en des quantités industrielles, assez pour le synthétiser.

Très rassurant, comme d’habitude.

Comme vous le constatez, la situation se prête à une coopération d’autant plus cordiale que je crois d’ores et déjà deviner à votre abord melliflue que la cordialité, c’est votre grande spécialité.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
Effectivement, mieux valait ne pas gâcher tous les efforts de ce gommage en un tir de blaster mal placé... ou trop bien placé, justement.

-On s'comprend. Admit-elle sur la taille du pas si grand Maître Torr. Mais t'en fais pas pour lui, c'est pas comme si on parlait du type qui en avait le plus rien à foutre au monde.Y' m'en a parlé trois ou quatre fois, tout au plus... ça a commencé quand tu m'as envoyé sur Abhean avec lui. C'était d'ailleurs la première fois qu'il me parlait de toi... il m'avait offert des viennoiseries... c'tait romantique.

Il était vrai qu'elle exagérait peut-être elle-même l'intérêt que portait son ami à la figure qui lui faisait face. Elle qui se faisait plein d'idées sur le vilain Jedi tourné vers l'Obscur avant de se faire lui-même virer de l'Obscur, finalement, ce type était sympa comme tout. Difficile de se dire qu'un type ayant quitté l'Ordre avec une telle violence pouvait encore trouver certains intérêts à observer ses anciens compagnons essayer de gérer l'Ordre d'une nouvelle manière. Comme si Maxence allait en avoir quelque chose à foutre après s'être faite retirer ses accréditations... bon d'accord, elle en avait clairement quelque chose à foutre, tout ça à cause de la jolie bouille de Karm.

-Moi et Luke, on est pratiquement meilleurs potes.

C'en était presque naturelle la manière dont elle l'avait dit en attrapant la dataclé. Une fois dans son bracelet, de nombreuses donnés s'en échappèrent, exactement ce qu'on venait de lui expliquer. Les données cartographiques, les témoignages et l'analyse. Rien d'étonnant à ce qu'Absalom ne cherche pas l'argent de l'Échange... la blondinette grimaça une petite seconde, une grimace de frustration. Ces recherches sur le venin la faisait tiquer, non pas qu'elle en avait réellement quelque chose à foutre de ce que pouvait faire le Hapien, juste qu'elle aimait simplement le savoir. Mais caché au Consortium d'Hapès, le bougre était presque intraçable.

-J'suis une femme très cordiale. Affirma-t-elle sans aucune hésitation. Les gens sont trop malpolis pour le comprendre, rien d'plus. Elle lui rendit la clé, tout était déjà enregistré dans son bracelet. On est pas là pour les mêmes raisons... en fait, c'est un type un peu comme toi qui m'a mise sur l'affaire, la Force en moins, la beauté en plus. Elle avait définitivement un problème avec les Hapiens. Entretenir les relations, c'est important... et se faire des contacts, sourit-elle à son attention, c'est encore mieux.

Le ParaSith n'était pas forcément un adversaire : elle ne lui faisait pas confiance, s'était indéniable, mais ça n'allait pas jusqu'à poser ses blasters sur sa tempe... lui-même n'avait même pas encore usé de la Force.

Après une plus grande inspection de la carte, elle remarqua les zones similaires qui se reliaient. Pas besoin d'être inspecteur gadget pour comprendre qu'il s'agissait sans aucun doute du meilleur endroit par lequel commencer. Elle retira son bracelet, le posa sur la table et étendit la carte pour qu'il puisse apprécier quelque chose qu'il avait sûrement déjà constaté.

-Je sais pas si les témoignages sont juste hyper bien ficelés autour des relevés et de l'écaille trouvée, mais ça à l'air de s'élargir sur cette zone là. Une zone de plusieurs kilomètres de rayon qui rendrait la traque longue, mais moins longues que s'ils n'avaient pas d'indices. On devrait commencer là, pas loin d'où a été trouvée l'écaille... les animaux ont pas genre... des routes définies qu'ils suivent souvent ? Un truc du genre ?

Les connaissances naturalistes de la blondinette se résumaient à la procréation des Tookas et celle des espèces intelligentes de la galaxie via des holoporno tous plus terrifiants les un que les autres... pour les espèces intelligentes, pas pour les Tookas.

-J'espère que t'as prévu des vêtements spéciaux pour notre petite escapade, parce que je sais p't'être super bien faire les tresses, mais j'te prêterai pas mes culottes.

La devise des mercenaires, l'argent avant les au... toujours être bien préparé ! Dans le chasseur de Maxence se trouvait des vêtements de pluie légers en synthétique pour éviter qu'ils ne collent trop à la peau avec l'humidité ambiante.

-Ce serait p't'être plus pratique qu'on y aille avec un seul vaisseau, le tiens fait quelle taille ? Puis, après une courte pause, elle termina. Et en passant, pas d'chichi entre nous, tutoie-moi, j'suis pas faite pour ce genre de truc.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Pas de chichis ? Comment ça, pas de chichis ? Mais je suis Hapien, moi : les chichis, c’est toute ma vie.

Avec un peu plus de sérieux, Absalom considéra à nouveau la carte.

Pour être honnête, je ne suis pas un grand spécialiste de ce genre d’affaires. D’ordinaire, je délègue les chasses, mais il se trouve que mes associés sont soit malade, soit en formation, soit enceinte. Ceci étant dit, j’imagine que le python est un prédateur et que comme tous les prédateurs, il doit avoir un territoire, non ? En tout cas, c’est comme ça que ça marche dans les documentaires de Galactic Geographic.

Qu’il lui arrivait de regarder, le soir, avec Aryst, son petit ami, car la vie de sorcier machiavélique n’excluait pas nécessairement les soirées chips et Holoflix.

C’est de toute façon notre seule piste tangible et vu la taille de la créature, j’espère bien que nous retrouverons des traces que même des citadins comme nous seront capables d’interpréter. Par chance, on ne nous demande pas de capturer un petit rongeur furtif.

Ce disant, Absalom cala quelques crédits sous son verre avant de se relever, pour prendre avec sa nouvelle comparse le chemin des docks de la station spatiale. Dehors, les rues s’étaient peu à peu animées, à mesure que les employés des chantiers navals quittaient leur journée de travail. La population était assez cosmopolite, parce que le travail de haute technologie payait bien et qu’il attirait les gens de tous les coins de la République.

J’ai pris un cargo, expliqua le sorcier. Pas spécialement conçu pour le transport d’animaux de base, mais j’ai fait mon possible pour l’aménager et j’imagine que ça fera bien l’affaire, puisque ce n’est l’histoire que d’un trajet.

D’ordinaire, le vaisseau servait surtout à transporter des documents, du matériel médical ou le fruit des fouilles que les bibliothécaires du Hapien conduisaient à tel ou tel endroit de la galaxie.

Je devrais être en mesure d’affaiblir considérablement la créature pour peu que nous arrivions à lui mettre la main dessus. Et qu’elle ne soit pas d’une rapidité fulgurante. Et de la maintenir dans cet état pendant le trajet.

Le plus délicat serait de ne pas la tuer et Absalom pressentait qu’il aurait besoin de toute sa concentration, pendant le transport, pour siphonner l’énergie du python sans pour autant l’endommager irrémédiablement.

Les deux chasseurs en herbe à la préparation très approximative ne tardèrent pas à arriver aux docks, quasi déserts à cette heure où ne demeurait plus qu’un service minimal pour accueillir les livraisons. Absalom conduisit Maxence à un déplacement où se trouvait un cargo somme toute assez quelconque. C’était un vaisseau civile de fabrication impériale, comme on trouvait en Empire, bien sûr, mais aussi dans bon nombre de mondes indépendants de ce côté-là de la galaxie, et dans une partie de l’Espace Hutt. On sentait que des considérations purement fonctionnelles avaient présidé à son acquisition : il était bien entretenu, mais impersonnel, et rien, ni à l’intérieur, ni à l’extérieur, ne suggérait un quelconque attachement de son propriétaire.

Vous… Tu peux l’inspecter librement si tu le désires, avant d’embarquer. Pour vérifier que je n’y cache rien de sinistre. Ma pilote est toujours prête à fournir des explications techniques, le cas échéant.

L’apparition d’une passagère ne fut accueillie qu’avec un enthousiasme très modéré par l’Acolyte de la Bibliothèque de l’Obscur qui officiait ordinairement comme pilote personnelle de Noctis. La jeune femme, une humaine habillée d’une combinaison noire qui se refusa à décrocher la moindre syllabe en la présence de Maxence, adressa à la mercenaire un regard où se mêlaient un peu d’hostilité, beaucoup de menace et une certaine dose de méfiance. Manifestement, les explications techniques, ce ne serait pas pour tout de suite.

Une demi-heure plus tard, le cargo s’éleva dans les hangars de la station spatiale, ce qui ne manqua pas de plonger aussitôt Absalom dans une humeur taciturne. Le Hapien était de toute évidence très mal à l’aise et, profondément calé dans son siège, aussi sanglé que possible, il enfonçait ses ongles dans l’accoudoir et évitait par-dessus tout de regarder par le hublot.

Il n’y eut que le bref passage par l’hyperespace qui parut l’apaiser un peu. Dès qu’ils en sortirent aux alentours de Dagobah, sa nervosité reprit le dessus et il fallut attendre que le vaisseau soit fermement posé sur le sol pour reprendre la conversation. Pendant ce temps, ils avaient pénétré dans l’atmosphère chargée d’humidité de la planète recouverte par la jungle et les marais.

Les cartes qu’on leur avait remises étaient manifestement assez approximatives, ou en tout cas incomplètes, et il fallut un petit moment à la pilote pour trouver un espace suffisamment dégagé où poser un vaisseau de la taille de leur cargo, sans risquer de s’enfoncer dans un sol trop meuble. L’ancien Sith ne prit même pas la peine de retenir un soupir de soulagement, avant de détacher son harnais et de se relever.

Il chargea la pilote de veiller à la sécurité du vaisseau et s’éclipsa quelques instants, pour revenir dans une tenue plus appropriée, ses longs cheveux blonds relevés en un chignon serré dont s’échappaient seulement quelques mèches. Cette fois-ci, il ne cachait plus son sabre-laser, accroché à sa ceinture.

On dirait qu’on a tout de même une bonne heure à pied avant d’arriver sur zone. Tu connais de bonnes chansons de marche ?
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
Juste le temps de prendre ses affaires pour partir sur la planète-marais, son sac, ses vêtements contre l'humidité, elle était presque trop prête pour cette mission. Puis, toute heureuse de se faire un nouveau super copain super vilain, elle le suivit, guillerette comme pas deux.

La navette d'Absalom était spacieuse, sa pilote était une salope, mais au moins, tout était confortable. Maxence maintînt un long et intimidant regard noir sur la pilote qui n'y prêta pas attention et, au bout d'une bonne minute, elle tourna les talons pour se faire sa propre idées de l'embarcation. Elle ne connaissait pas le modèle de son vaisseau, ni même l'entreprise qui l'avait fabriqué, c'était étrange, mais elle n'y porta pas plus d'attention. Le Sith n'avait pas fière allure sur son siège et cette image était sûrement aussi drôle que voir un Jedi bourré pour la première fois. Le pauvre était à deux doigts de crier. C'en était presque trop Humain... venant d'un Hapien, c'était un comble.

La navette se posa, Maxence en sortie la première pour observer le sol meuble de la planète. Elle attendit que monsieur le ParaSith sorte de sa cabine, tout beau tout propre avant de regarder les carte en sa compagnie. Elle-même ne savait pas trop quoi penser de tout ça, elle n'était pas très doué pour suivre les chemins.

-J'connais la chanson d'Grendo qui fait du porno... et j'la chante super mal.

Le voyage allait être long. Elle lui donna une petite tape sur l'épaule avant de se repérer avec la carte holographique de son bracelet. Dès les premiers pas, le ton de la marche était donné, tantôt rempli de ronces toutes plus follement constitué les unes que les autres, tantôt de grands espaces boueux et meubles entre les arbres, les grimaces de Maxence étaient à l'image de son désagrément.

Sur la route, plus ou moins silencieuse... plus ou moins car la blondinette fredonnait quelques chansons paillardes dont les paroles du refrain se figeaient un peu plus dans sa tête à chaque fois qu'elle le répétait... ils ne croisèrent rien de plus que quelques étranges marques sur le sol et les écorces. De drôles de griffes arrachant l'écorce pour ne graver que la chair de bois en elle-même. En redressant la tête, la blondinette se rendit compte que le concept de ciel n'était pas un acquis sur Dagobah, seule cette lumière surnaturelle leur donner la possibilité de voir dans ce dôme de feuilles.

La mercenaire jeta un dernier coup d’œil à la carte avant de poser ses affaires sur le sol et se tomber lourdement sur une grosse racine.

-On est en plein milieu du périmètre. Affirma-t-elle en lui montrant sur la carte. On devrait p't'être poser notre camp ici et faire des recherches avec moins d'matériel sur le dos.

Ça ne la dérangeait pas de travailler son cardio et elle était tout à fait capable de continuer comme ça pendant de longs kilomètres, mais ce n'était pas forcément au goût d'Absalom. Elle ouvrit son paquetage pour en sortir une grosse bâche ainsi qu'une mini-glacière hermétique qui pesait un poids de voleur. La bâche sous la glacière, Maxence venait largement de s'alléger.

-J'pense qu'on peut s'permettre de poser nos affaires ici sans avoir peur qu'on nous les vole. Elle jeta un œil par dessus son épaule, cherchant les touristes et les locaux des marais. Mouais... j'propose qu'on face une première journée tranquille, on repère les lieux et on jette un œil du côté d'l'endroit où y' z'ont retrouvé l'écaille. Ensuite on s'pose ici pour la nuit, dans une jolie tente au chaud, l'un contre l'autre pour... bah... tu sais... se faire des tresses, quoi.

Ce n'était pas en si bon chemin qu'ils allaient changer de sens quand même. Et sans plus attendre, Maxence reprit la route, juste après avoir saucissonné sa glacière dans la bâche pour éviter toute mauvaise surprise. La fin de l'après-midi pointait déjà le bout de son nez, elle le sentait, il faisait bien plus frais. Le milieu dans lequel ils s'aventuraient était encore plus boueux, les bottes de Maxence accrochaient au sol.

Finalement, un râle long, sourd et surtout grave, qui ressemblait à tout sauf à un serpent, retentit dans toute la jungle à l'instant même où la blondinette glissa pour tomber, les fesses en plein dans la boue. Son regard se tourna en direction du bruit qui s'atténuait désormais au loin. Le ParaSith avait dû l'entendre, difficile de se rater. C'était à ce moment qu'elle regrettait un Karm qui lui aurait sûrement dit un truc du genre : « Mais non, t'en fais pas, c'est juste un Patagora des basses-cimes en pleine période de reproduction, c'est les hormones qui montent et qui lui donnent ce chant grave. », mais non, à la place, elle avait son cul dans la boue et l'impression de ne pas être rentrée que sur le territoire d'un Python.

-Eh bah c'est complètement l'genre de truc que j'aime entendre quand j'suis sur une planète sans vie intelligente, en plein milieu d'la boue, avec comme seul compagnon, un Sith qui pourrait essayer d'me tuer à chaque instant.

Finement résumé.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Rassure-toi, répliqua Absalom distraitement, en cherchant à repérer la source du râle dans la végétation dense de Dagobah, si je voulais te tuer, ta mort sera rapide et indolore.

Ses yeux revinrent sur la jeune femme et il lui adressa son plus beau sourire, qui lui donnait un air incroyablement innocent, pour un génocidaire.

Je plaisante.

Il plaisantait sur le fait que ce soit rapide et indolore ?
Ou sur la mort tout court ?

C’est fâcheux, s’il y a un autre prédateur géant dans le coin, dit-il en tendant une main secourable à la mercenaire, pour l’aider à se relever. J’imagine que ces choses-là se partagent des territoires bien distincts. C’est ce qui fait le plus sens. Économiquement.

Vu la taille présumée du python de Dagobah, il ne devait pas laisser énormément de proies derrière lui pour qu’un autre carnassier de grande stature puisse y trouver son compte. Or, si leurs informations sur le territoire du reptile étaient erronées, ils en étaient bons pour chercher une aiguille dans une botte de foins. Marécageuse, la botte.

Par acquis de conscience, Absalom ferma les yeux et laissa les émotions des êtres vivants qui les entouraient affluer à lui. L’empathie de Force était un exercice toujours confus et compliqué, en tout cas pour lui, et il préférait de loin avoir affaire aux êtres sentients, dont les pensées lui paraissaient plus organisées.

Tout autour de lui, c’était un tourbillon d’émotions primitives, à peine compréhensibles, où la faim et la pulsion reproductrice dominaient. Il ressentit le besoin d’engloutir des limaces gluantes, si pleines de protéines, de fourrager dans les ronces pour dénicher des baies juteuses, de saillir une femelle, ou de se faire saillir, d’aller pondre dans le creux d’un arbre, de prendre son envol. Les émotions de Maxence ressortaient plus clairement comme toutes les autres, parce qu’elles ressemblaient à celles dont il avait lui-même l’habitude.

Je perçois pas de peur panique, finit-il par dire lentement, en rouvrant les yeux. On doit être bons.

Il n’empêche que, pendant toute leur marche, les râles continuaient à monter au loin. Parfois, il y avait une espèce de commotion, comme des arbres abattus sur le passage d’un animal gigantesque, et des volées d’oiseaux partaient depuis les frondaisons. Les deux explorateurs amateurs se figeaient, il y avait un étrange silence, et puis le concert habituel de Dagobah reprenait, avec ses piaillements, ses grattements, ses crissements, ses stridulations et ses cliquetis en tout genre.

Tu as remarqué, intervint le Hapien au bout d’un moment ? On ne croise que de petits animaux. On en croise énormément, certes…

Les insectes, les arachnides et les limaces en tout genre pullulaient particulièrement.

… mais je n’ai rien vu de plus gros qu’un poing.

Stratégie adaptative efficace, quand on cherchait à déjouer l’appétit d’un python géant qui marquait une préférence pour les proies de grande taille.

Ils étaient arrivés à la limite de la zone décrite sur leur carte et le Hapien était fatigué. Puiser dans la Force pour poursuivre leur exploration demeurait une possibilité, mais il préférait réserver son énergie pour leurs inévitables rencontres avec la faune locale, d’autant plus que le jour achevait de décliner. Le plus raisonnable demeure de rentrer à leur camp de fortune et de reprendre les recherches pour le lendemain.

Dans le lointain, les râles s’étaient tus. D’ailleurs, tout le marais, autour d’eux, changeait petit à petit de disques. Certaines créatures se réfugiaient dans la vase, sous la racine des arbres et à l’abri des feuillages, pendant que d’autres sortaient de leur sommeil diurne. Un orchestre symphonique de croassements gutturaux, par exemple, rythmait désormais la progression des deux visiteurs.

Sommes-nous d’accord que les reptiles ont le sang froid, demanda Absalom ? J’imagine qu’il y a des exceptions, mais en général… Si c’est le cas, notre proie sera probablement plus engourdie pendant la nuit. Une fois que nous l’aurons repérée, il sera peut-être opportun d’envisager une approche nocturne.

Et il lui en coûtait de le dire, parce que lui-même commençait à devoir recourir à la Force pour aiguiser ses sens et compenser l’infirmité des Hapiens dans l’obscurité. Il fut soulagé de retrouver le site choisi pour le campement, où il fallut d’abord dégager de la bâche une colonie d’insectes quasi exclusivement composés de pattes, qu’Absalom chassa l’un après l’autre au moyen de petites pichenettes télékinésiques.

On pourra essayer de sortir un peu de ce territoire, demain, suggéra-t-il, et d’attraper quelque chose d’un peu plus gros que ce qu’on trouve ici. Une proie de prix. Puis on la libère ici et on la suit à la trace. Notre python s’intéressera peut-être à ce genre de choses, ça le changera de ses maigres repas. Peut-être est-il maintenu dans ce territoire par la présence de l’autre prédateur qu’on a entendu cet après-midi, et qu’il ne serait pas fâché d’un changement de régime.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
-Fâcheux, ouais.

Elle lui prit la main pour se relever. Elle n'allait pas le contredire sur ses connaissances naturalistes, vu son niveau, elle le laissait supposer ce qu'il voulait en hochant naïvement la tête. Ce n'était pas la fine équipe pour retrouver ce gros serpent. C'était donc un rapide coup d'œil, la blondinette considéra les écorces des arbres, intactes, le prédateur n'était pas passé par là. Pas de trace sur le sol... les marques du python devaient disparaître rapidement dans le sol malléable des marais. Une sorte de petit rongeur s'échappa de sous une racine à l'approche de l'humaine pour se cacher à l'intérieur d'un tronc creux et noueux.

-'fectivement, que des p'tits trucs.

C'était elle qui tenait la marche, elle se retrouvait souvent à attendre le Hapien qui n'avait pas fière allure dans le décors. La vie des marais ne lui convenait visiblement pas... ou la randonnée. Arrivés sur place, nouvelle inspection, même si la mercenaire ne savait pas vraiment ce qu'elle recherchait, c'était la moindre trace suspect qui lui allait. Elle s'amusait à scanner le terrain à tout va, observant les nombreuses données creuses qu'Eos peinait à lui offrir. Rien. Que dalle. Nada. Demi-tour. Maxence hésitait presque à demander si le ParaSith voulait monter sur son dos pour aller plus vite... mais elle avait peur de froisser un homme aussi délicat.

De retour au camp, elle étendit la bâche, il fallait dormir ici, le voyage et la première balade de chauffe semblaient avoir fait de l'effet et Maxence ouvrit déjà le premier compartiment de sa glacière, chaque compartiment représentant un jour pour deux personnes, évitant ainsi les problèmes de rationnement. Il s'agissait de sachets de nourriture, froide, la nourriture, avec seulement et simplement le nécessaire de calories et de nutriment pour une personne du gabarit de la blonde.

-J'pense que c'est une bonne idée. Pour l'instant, y s'fait tard et on aura plus de chance de trouver un truc poilu et volumineux demain.

Et après avoir mangé un maigre repas qui contenait malgré cela le nécessaire nutritif, Maxence dégaina un sac de couchage extra étanche anti-moustiques. En retirant ses bottes pour les mettre dans la bâche, à côté de la glacière, elle considéra une nouvelle fois son partenaire, même s'il faisait déjà trop sombre pour distinguer parfaitement les traits de son visage.

-Avant qu'j'te fasse un p'tit bisou sur le front pour te souhaiter bonne nuit. Elle pointa sa tête. Je sais pas d'quoi t'es capable, mais ça, c'est sacré. Puis elle souleva son haut. Ça, c'est sacré. Et...

-Je crois qu'il a compris le message.

Intervint Eos alors qu'elle retirait sa braguette. Elle s'interrompit donc à la dernière seconde, pour le plus grand plaisir d'Absalom avant de s'allonger lentement dans son sac. Punit pour cette soirée, le Hapien n'aurait pas son bisou sur le front. Elle se retourna, dos à lui, elle avait effectivement gardé son couteau proche d'elle, juste au cas où... et elle avait menti, elle savait à peu près de quoi il était capable... à peu près, malheureusement.

-J'te préviens, même endormie, j'ai d'quoi t'surveiller d'près. … Bonne nuit, fais d'beaux rêves.

Comme c'était mimi. Dommage qu'elle n'avait pas prévu son matériel de camping premium, le sol manquait de moelleux.

***

Repas rapide, fermeture hermétique de la bâche, Dagobah était un véritable enfer pour maintenir sa nourriture en place. Ils marchaient désormais dans la direction inverse de la zone où devait se trouver le python. Après cinq bons kilomètres hors de son supposé territoire, les bêtes se faisaient plus grosse. Des mammifères de plus d'un mètre dans les arbres, des oiseaux volumineux aux allures menaçantes... même les insectes paraissaient plus gros.

-Dis-moi, le temps qu'on trouve le bon appât. Fit-elle en écartant des fougères devant elle. Pourquoi Karm en particulier ?... Pourquoi tu gardes un intérêt pour l'Ordre ? T'es pas... genre... parti en faisant d'la casse suffisante pour faire comprendre que tu coupais les ponts ?

Mais sa curiosité ne s'arrêtait pas seulement à ça. Malgré son mépris pour la Force, elle se demandait toujours pourquoi certains « basculaient » de l'autre côté. Les Sith faisaient-ils la même chose, partir du côté des Jedis? Tout cela avait-il un fonctionnement logique, ou, comme à leur habitude, ils fonctionnaient avec impulsivité et irrationalité, tous autant qu'ils étaient ? Finalement, elle le craqua.

-Pourquoi t'es... parti du côté des tarés ? Sans vouloir être vexante, hein, juste réaliste. Le culot. J'veux dire, pourquoi tu t'es dit un jour que finalement, les Siths, c'est cool ? Peut-être était-ce un raccourci un peu vite pris. T'as gagné quoi, dans tout ça ?

Quoi de concret, pensait-elle... Maxence ne considérait pas les connaissances et l'étude de la Force que une véritable raison, il y avait forcément plus, quelque part.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Contre toute attente, Absalom n’avait pas essayé d’attenter à la légendaire vertu de Maxence pendant la nuit. Le sorcier s’était installé en tailleur, les yeux fermés, et il s’était plongé dans l’une de ces profondes transes méditatives qui étaient l’équivalent du sommeil, mais où son rapport à la Force s’approfondissait. Le lendemain matin, frais et dispos, il afficha cette légèreté chaleureuse qui semblait être sa marque de fabrique, comme si sa mission dans la vie était de promener une improbable bonne humeur dans les marais de Dagobah.

Cette planète avait quelque chose de particulier. Il n’aurait pas très bien su dire quoi. Mais cette nuit-là, en méditant, pendant des heures, toute conscience assourdie au profit des seules ondulations de la Force, il avait commencé à percevoir quelque chose, l’un de ces secrets cachés dans les replis de l’univers qui excitaient la curiosité et la convoitise.

Il faudrait qu’il revienne.
Avec ses Acolytes.
Tout ceci méritait plus ample exploration.

Quelques heures plus tard, les questions de Maxence ne parurent pas le déranger.

J’ai rejoint les Siths par défaut. J’avais besoin de ressources, d’infrastructures, de documentation. Si c’était à refaire, cela dit, je crois que je serais orienté plutôt vers l’Espace Hutt. L’ambiance y correspond plus à mon tempérament, disons, quelque peu frondeur. Je ne suis pas un très grand adepte du fanatisme religieux, pour être honnête, mon approche de la Force est plus… Laïque ?

Pas rationaliste, pas tout à fait, pas entièrement. Absalom mêlait beaucoup de science à sa pratique, mais il était le premier à admettre que la Force restait une discipline fondamentalement ésotérique, et qu’elle tenait du spirituel. Simplement, le clergé l’incommodait et les grandes cosmogonies se heurtaient à son scepticisme.

J’ai quitté l’Ordre Jedi pour deux raisons, principalement. La première était que je voulais vivre ma vie pleinement, sans me conformer à une discipline morale qui m’étouffait. Tomber amoureux, avoir des relations sexuelles, pouvoir profiter de ma fortune, organiser mes journées comme bon me semblent, choisir ma propre destinée. Rien de très original, en fait, mais ces choses-là sont difficiles au sein de l’Ordre. Cette organisation reste fondamentalement une secte qui exerce un contrôle totalitaire sur la vie de ceux qu’elle recrute au berceau et leur donne l’illusion du choix, après les avoir conditionnés toute leur vie.

Pour sa part, il se considérait comme un rescapé de l’Ordre Jedi tout autant que de l’Empire. Les Jedis ne décapitaient pas comme les Siths, mais ils éteignaient les élans de l’âme petit à petit, dans le calme et avec le sourire, jusqu’à ce que les êtres qui étaient nés libres ne fussent plus que des fidèles.

La seconde raison est que je souhaitais étudier des aspects de la Force strictement prohibés par les Jedis. Ce qu’eux et les Siths appellent le Côté Obscur. La terminologie n’est pas… Complètement dénuée de fondement, mais son manichéisme repose sur une vision du monde qui tient avant tout de la foi. Le Bien et le Mal. L’Obscurité et la Lumière. Moi, je voulais comprendre les secrets de la vie et de la mort, ma curiosité, tout autant que l’envie de me préserver, me poussait à poser des questions interdites. Selon les Jedis, on doit accepter avec fatalisme la nature, avec ce qu’elle implique de vieillesse et de longue décrépitude, comme si la nature était par principe harmonieuse, bien ordonnée, comme si tout cela…

Il fit un geste de la main pour désigner la végétation qui les entourait, et les animaux dont les cris, les roucoulements, les crachotements dissimulés, trahissaient la présence.

… n’était pas le fruit du hasard dans un vaste tourbillon atomique mais l’expression d’une vérité plus profonde. Les Jedis se sont enchaînés à un fatalisme doloriste. Il faut accepter la souffrance, la maladie, la vieillesse, la mort, la solitude, la froideur de l’âme. Sous leurs aspects tranquilles, c’est une organisation vraiment très sinistre. Moi, je préfère me dire qu’on a le droit de chercher à vivre longtemps et en bonne santé, et de chercher à dévoiler les mystères du monde.

Ils étaient arrivés au bord d’un fleuve qui s’écoulait lentement parmi les marais, comme une espèce de lente coulée de boue, où passaient péniblement des morceaux de bois et, parfois, le cadavre d’un animal emporté par un courant faible, mais inexorable.

Les Siths furent ma seule alternative, et puis j’étais encore jeune à l’époque, et moins… Informé sur tout ce que la galaxie pouvait offrir d’alternative à ce dualisme. J’ai appris des choses au sein de l’Empire, cela dit, mais moins que je l’espérais, et j’ai surtout été en butte à des problèmes politiques qui ne m’ont jamais beaucoup intéressés. Je n’ai jamais vraiment eu l’ambition de gouverner l’univers, je préfère consacrer mon temps à autre chose. Quand on a voulu me chasser, je ne me suis guère défendu, car au fond j’étais trop content de me débarrasser des intrigues de Dromund Kaas. Quant à Karm…

Absalom s’arrêta pour retirer sa botte et la secouer consciencieusement, afin d’en chasser un caillou.

Il représente en quelque sorte la voie que je n’ai pas empruntée. La réforme de l’intérieur. À certains égards, nous nous ressemblons. Nous avons la même volonté de liberté, la même envie de vivre pleinement nos sentiments et nos désirs. Je m’intéresse à sa réforme de l’Ordre, parce que… Parce que je ne crois pas que je vais découvrir tous les secrets de la Force tout seul dans mon coin, tu comprends ? Comme toutes les sciences, c’est un processus collectif. Si les Sensitifs sont libérés de leur joug religieux, qu’ils sont libres de penser et d’explorer à leur fantaisie, alors chacun d’entre nous en récoltera les fruits. Je garde l’espoir que quelqu’un saura faire au sein de l’Ordre ce dont j’aurais été de toute façon incapable, parce que je manque de patience. Et puis…

Un sourire se dessina sur les lèvres du Hapien.

Il n’est pas mal de sa personne, ce qui ne gâte rien. Franchement, tu as vu ses jolies petites f…

Il s’interrompit brusquement et désigna la rivière d’un geste de la tête. Là, parmi les débris végétaux et les carcasses d’animaux, flottait indolemment une petite balise qui clignotait. Le sorcier tendit la main. L’objet se mit à frémir dans la boue et l’eau verdâtre, avant de s’élever lentement et de flotter dans leur direction. C’était un petit tube d’une dizaine de centimètres, muni d’un voyant, et, selon toute vraisemblance, de capteurs. Au-delà de ça, Absalom eût été bien incapable d’en déterminer l’usage.

Il posa la balise au sol et laissa la Force affiner son ouïe. D’abord, ce ne fut que la cacophonie de la forêt qui les entourait et il lui fallut bien de la concentration pour y repérer des sons étrangers. Mais il perçut — à quelle distance ? difficile à déterminer — des grognements très caractéristiques.

Alors Noctis se pencha à l’oreille de sa coéquipière et, au cas où la balise fût équipée de micros, il chuchota aussi bas que possible :

Des Wookies. Deux, trois. Peut-être plus. Pas évident de distinguer.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
Absalom semblait être un homme plutôt simple, tout compte fait. Difficile de dire s'il était sincère ou non, ceci dit, mais Maxence n'en demanda pas plus. Comprendre les secrets de la vie et de la mort, grand bien lui fasse, personnellement, elle s'en foutait, elle était d'ailleurs plutôt du côté des Jedis... même si au-delà d'accepter ça avec fatalité, elle n'y faisait simplement pas attention, la blondinette était plutôt dans le genre à vouloir découvrir les secrets du non-vivant, de la mécanique... et de la mignonnerie des astromechano.

Au meilleur moment de son histoire, les secrets de la mécanique, comme un instant de karma, l'interrompit pour jouer les récupérateurs de ferraille. Maxence jeta un œil à la balise. Sur le moment, elle ne voulut pas la toucher, considérant la chose pendant que monsieur scannait les environs avec ses antennes mystiques ou peu importait. Après inspection, elle en conclut qu'il ne s'agissait pas d'une menace et dégaina son couteau pour enfoncer délicatement la pointe dans l'une des rainures de la coque, l'ouvrant en deux pour l'observer à l'intérieur. La blondinette releva la tête face à ce spectacle qui ne devait pas paraître si explicite aux yeux du ParaSith.

-Oupsi. Chuchota-t-elle. J'croyais qu'c'était des capteurs sonores, mais pas du tout, on a affaire à des capteurs de mouvements et j'pense que toi en train d'le sortir de sa p'tite vase a dû prévenir les coquins qui l'ont fabriquée. Elle coupa deux fils avant de les dénuder tout en continuant. J'suis d'accord avec toi, le p'tit cul d'Karm est incroyable. T'as déjà mâté son déhanché ? J'suis jalouse à c'niveau là. Elle les lia hasardeusement, donnant l'impression d'arracher une partie avant de la brancher à son bracelet. Par contre, règle numéro un, tout c'qui est électronique et suffisamment grand pour exploser, tu ne le ramènes pas vers nous. Maintenant baisse la tête laisse-moi faire.

Elle venait de contrer le signal de la balise. Si elle appartenait aux Wookies comme elle le supposait, ils ne devaient plus du tout recevoir de signal, mais elle recevait la position de la personne qui gérait la balise. Eos tenait les rennes, c'est lui qui était en train de bidouiller les signaux et finalement, un petit point vert apparu en haut à droite de l'écran. La mercenaire, referma le capteur avant de le laisser retomber, comme si de rien était. Elle fit signe à son équipier de la suivre, quelques mètres plus loin, derrière une souche d'arbre pourrie sur laquelle poussait une mousse dense. Les secondes se transformèrent en minute et la minute en minutes. Mais heureusement, en se fiant au radar intégré dans le cerveau du Hapien, les deux cibles apparurent pour ramasser leur appareil.

Ils se regardèrent en se hurlant dessus comme la coutume le voudrait. Ils s'expliquèrent deux trois trucs, haussèrent les épaules, puis emportèrent la capsule, sans aucun doute dans le but de la réparer. La blondinette tapota l'épaule d'Absalom, elle menait la danse, à pas de louve, elle glissa parmi les végétaux, entre les racines pour maintenir une bonne distance avec eux. Des tresses, des teintures de poils formant un signe spécifique, de l'armement de bonne qualité, fusil, arme de corps à corps... même du matériel de terrain accroché, visible, à leurs paquetages. Ils ne se trouvaient pas là par hasard, mais le hasard les avait-il menés à se retrouver au même endroit pour la même mission en même temps ? Presque prévisible.

Ils les avaient suivis pendant près d'un bon trois quarts d'heure. Jusqu'à arriver à un chemin construit sans aucun doute par une espèce intelligente. Un chemin souvent emprunté. Toujours dans l'ombre, Maxence stoppa la marche pour laisser au ParaSith le temps de reprendre son souffle. Elle ne savait pas ce qu'il y avait au bout et préférait voir les deux Wookies disparaître avant de vérifier quoi que ce soit.

-Voilà c'qu'on va faire. Je vais jeter un œil, toi... euh... soutient moi par la Force ou un truc qui te semble utile, du moment qu'tu bouges pas et qu'tu fais pas d'bruit.

Petit pouce levé. Elle voulait simplement mettre toutes les chances de son côté et rester la plus discrète possible. Elle suivit en parallèle le chemin de terre. Les arbres se faisaient de plus en plus rares, des souches fraîches les remplaçaient, puis, seulement quelques dizaines de mètres plus loin, un nouveau paysage se découvrit. Elle retrouva les deux Wookies, qui parlaient à d'autres Wookies, au milieu d'un marais désormais complètement dénudé de sa végétation. Il y avait un gros vaisseau, plus grand qu'un cargo léger habituel, si Maxence et Absalom ne l'avaient pas vu, c'était bien grâce à sa largeur, et non sa hauteur. Il y avait des baraquements de fortune montés en dessous, des restes de feux de camp, des caisses de matériel et des cages remplies d'animaux exotiques de la planète. En comptant les têtes, elle en était arrivée à une quinzaine de Wookies, tous armés jusqu'aux dents. Une vidéo s'imposa.

De retour auprès du ParaSith, elle ne fit pas plus que lui montrer la vidéo.

-Ils doivent être là depuis un bon bout d'temps... j'ai pas pu m'approcher plus. Pas l'air commode, je sais pas c'qu'ils cherchent... y' a des chances qu'ils soient aussi là pour la même raison. Après j'connais ce genre de truc, le trafique d'espèces protégées commence toujours quelque part. On pourrait p't'être leur piquer une ou deux bestioles pour s'en servir comme appât.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Le petit truc malin pour survivre dans une galaxie pleine à craquer de gens qui cherchent à vous assassiner ? Écouter ses associés, quand ils ont l’air de mieux savoir quoi faire. Absalom n’opposa donc pas la moindre protestation aux ordres de Maxence : chacun son domaine et la jeune femme avait manifestement une idée très claire sur la manière de procéder. Il suivit donc ses instructions à la lettre.

Un moment plus tard, quand la mercenaire revint lui présenter sa vidéo, le sorcier observa d’un air presque distrait :

On pourrait aussi tous les tuer.

C’est ça qui est bien, quand on travaille avec des sociopathes : toujours des solutions pratiques à toutes les situations.

Après cette remarque on ne peut plus rassurante, l’homme enchaîna :

L’idéal à vrai dire serait qu’ils attrapent le python par eux-mêmes. Ils ont l’air de parfaitement savoir ce qu’ils font, et je crois que vous et moi serions plus à l’aise pour gérer ces gens-là que pour s’improviser chasseurs de grand gibier.

Seulement, les Wookies avaient peut-être de tout autre projet et Absalom se voyait mal patienter pendant des jours dans les marais empuantis par l’eau saumâtre, le temps de voir si les grands poilus se décidaient à mettre la main sur un serpent géant.

En tout cas, tout diplomate qu’il était, le Hapien ne parut pas envisager un seul instant la possibilité de faire affaires avec ces chasseurs-là. Un vieux reste de spécisme propre à sa culture le poussait à considérer spontanément les Wookies comme des êtres déraisonnables avec lesquels il eût été vain de tenter de négocier.

Je m’occupe de la diversion, conclut-il, et je te laisse récupérer l’une des cages.

Ils se séparèrent à une bonne dizaine de mètres du grand campement wookie, qu’Absalom entreprit de contourner. L’installation était impressionnante et cette équipe devait avoir ses habitudes sur Dagobah. À en juger par ce qu’il avait appris sur la planète, et le peu d’intérêt qu’elle suscitait par ailleurs, elle devait constituer quasi une chasse gardée, une véritable corne d’abondance pour des gens comme ça.

Le sorcier finit par s’accroupir derrière un arbre abattu par quelque récente tempête. De là, il pouvait apercevoir une partie du camp. Deux Wookies étaient occupés à des réparations sur leur vaisseau, tandis qu’une autre, non loin, faisait des réglages sur une arbalète blaster. À une dizaine de mètres de là, trois chasseurs discutaient autour d’une projection holographie de la forêt dagobienne.

Le regard d’Absalom revint sur la femme à l’arbalète. Son esprit s’attacha moins à la créature qu’à l’objet, à ses détails, aux pièces mobiles. Il chercha à en épouser les contours, ce qui ne fut pas sans difficulté, à cause de la distance qui l’en séparait. Et puis, profitant d’un moment d’inattention de sa propriétaire, le sorcier fit pivoter très légèrement l’arme sur ses genoux et actionna la gâchette.

Un trait laser partit droit dans la cuisse de l’un des trois qui discutaient et le Wookie poussa aussitôt un hurlement de douleur. Noctis n’eut pas beaucoup à faire pour attiser la colère dans son esprit. Il avait déjà l’âme tempétueuse et le sorcier eut à peine à le pousser pour qu’il se lance dans une diatribe incompréhensible et violente. L’arbalétrière commença à se confondre en excuses, alors ce fut sur elle que le sensitif revint se concentrer.

Il s’efforça de balayer en elle l’instinct de soumission instinctif à celui qui devait être une sorte de chef de clan et, à la place, il poussa le tesson de la colère, de l’indignation, du ressentiment face à une accusation injuste. Les excuses se tarirent et la femme finit par se lever pour vociférer à son tour. Quand la dispute fut bien engagée et qu’il parut clair qu’ils allaient en venir au moins, Absalom s’attaqua au public.

Cette fois-ci, le travail fut facile : la perspective d’un combat excitait déjà l’instinct prédateur des quatre autres Wookies et il fut aisé d’attiser leur ardeur. Bientôt, ils hurlaient chacun des insultes ou des encouragements, tandis que la femme à l’arbalète lançait le premier coup de poing. Toute cette clameur finit par attirer les autres chasseurs. D’ailleurs, leur curiosité n’était pas tout à fait futile : sans qu’Absalom s’en rendît compte lui-même, c’était bien plus qu’un différend qui se jouait là. C’était une question d’honneur et de domination politique sur le petit groupe, pour qui l’emporterait.

Comme le cuisinier qui veille sur une marmite en ébullition, Absalom ne quitta pas son poste d’observation avant de recevoir un signal de Maxence. Il guettait le moindre signe que l’animosité des belligérants et de leurs partisans faiblissait pour leur insuffler une haine nouvelle, et, au fond, c’était un peu une œuvre d’art qu’il orchestrait là, anonyme metteur en scène, où giclaient le sang, les dents et les touffes de poils.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
-Ou on pourrait les tuer, ouais, je suppose.

La grâce du côté Obscur, tout ça. Cependant, elle préférait le deuxième plan qu'il avait en tête, pourquoi mal faire le boulot quand on peut voler celui bien fait de quelqu'un ? Il lui fallait simplement une belle ouverture et Maxence pourrait passer comme un fantôme au milieu de la brume... ou un truc du genre. Elle leva son pouce, c'était parfait. En se séparant, et en attendant que le Sith trouve un moyen de détourner l'attention, la blondinette tourna autour du camp, à la lisière de la forêt, comme une panthère attendant le bon endroit et le bon moment pour frapper. D'un pas léger, elle s'approcha pour s'écraser derrière une souche d'arbre.

Le tir retentit. C'était le moment. La diversion se trouvait de l'autre côté du vaisseau. Le coup de feu avait réveillé tout le camp et il ne fallut pas plus d'une poignée de seconde pour se retrouver avec une bande de gros poilus courant, arme en main, pour faire attention au danger. Malgré cela, si la mercenaire s'attendait à entendre le vrombissement d'un sabre massacrer une bande de Wookie braconniers, mais que nenni, rien de plus que des cris bestiaux.

Maxence s'approcha donc, tête baissée, le centre de gravité près du sol et le pas léger en direction des cages, toutes entreposées au même endroit, entassées les unes sur les autres. Il y avait de tout, de la petite bête écaillée multicolore, de la grosse bête en fourrure compressée dans sa petite cellule un... truc, visiblement, qui avait une gueule vraiment à vomir et un corps tout visqueux en plus de ne pas sentir très bon. La vision du serpent étant basée sur l'odorat et... non, elle l'avait juste pris parce que sa gueule la faisait rire et qu'elle voulait voir Absalom se trimballer ce truc qui pue.

Demi-tour avec Machin, son nouveau prénom, très vite, la blondinette s'arrêta pour lancer un œil furtif dans l'ouverture en toile d'une tente. Elle balaya les alentours pour s'assurer qu'elle était seule, toujours bercée dans les cris de guerre et de colère, la voix était libre. Elle s'approcha à pas de louve, posant la créature qui empestait de plus en plus pour tendre la main, l'autre sur la crosse de son blaster, elle poussa la toile.

L'intérieur était étrangement bien équipé en technologie. Il y avait deux ordinateurs reliés directement au vaisseau par un réseau de câble noueux. Sur la même table, des datapads. Beaucoup de datapads. Ils étaient triés en deux tas. Sur la droite, des armes laissées là, à gauche, du matériel de reconnaissance, trop de matériel pour pouvoir l'emmener discrètement avec elle. À la place, Maxence se pencha sur les datapads. Le trie était assez simple à comprendre, il s'agissait de commandes, des animaux recherchés. D'un côté, ceux déjà capturé, elle pouvait le dire parce qu'elle les avait vus de près en train de gémir dans leur cage, dont Machin. De l'autre, les proies à capturer.

Une fouille s'imposa. Des trucs qu'elle n'aurait même pas imaginé en cauchemar, tout était super moche, abominable, rempli de mucus ou de crochets assez grands pour vous arracher une dent. Elle s'arrêta sur un datapad, le datapad. Toutes les informations se trouvaient sur ce qu'ils cherchaient... en fait non, il n'y avait pas plus d'information que ce qu'ils avaient déjà, mais au moins, c'était sûr, eux aussi étaient là pour le Python. Sans voler l'appareil, elle le brancha à son bracelet pour télécharger toutes les données. Il n'y avait pas d'image de la bête, trop rare pour en avoir une photo.

Maxence reprit ensuite Machin et sa route en sens inverse avec son dû. Avec un peu de chance, en ayant posé le bloc de données sur le dessus de la pile, ils s'en occuperaient en premier... on ne savait jamais, il fallait essayer avant de cracher sur l'idée. Malheureusement, ce que les Wookies savaient sur le Python était au final encore plus mince que ce qu'Absalom avait pu fournir.

-Comme sur des roulettes.

Se rassura-t-elle en retournant au point où ils s'étaient séparés. Une petite minute plus tard, le Sith était de retour, sans aucune égratignure. La blondinette lui fit signe de s'éloigner un peu plus du camp pour être au calme et discuter. Au bout d'un moment, Maxence posa Machin avant de s'en écarter d'un bon mètre. Elle le présenta avec fierté, comme une enfant qui venait de dessiner un père noël en forme de bite, forçant implicitement son papa à dire que c'était magnifique.

-Je sais, on m'appelle l'Ombre dans l'métier, même pas un poilu qui m'a calculé. Elle pointa Machin du doigt. Y' pue comme une soupe de cadavres aromatisé à la merde, mais au moins, de loin, pour un serpent, j'suis sûre qu'y' paraîtra appétissant. Bon. Du coup, on parlait du p'tit cul d'Karm. J'l'ai vu à poil, t'as raté un truc mon grand. Je sais qu'la taille ne fait pas tout, mais la sienne à tendance à impressionner. C'est à s'demander comment y' fait pour marcher avec ce truc entre les jambes.

Soit. Mais ça ne faisait pas avancer le schmilblick, l'entre-jambe de Karm. Elle resta silencieux en passant longuement sa langue sur ses dents avant de tiquer en écarquillant les yeux.

-Ah ouais, putain, le plan, j'me suis dit qu'pour chopper l'Python, on l'attire avec Machin, genre, on l'assomme dans la cage, on ouvre et on attend qu'le p'tit père écailleux se pointe pour le dîner, ensuite boum, on l'capture, direction le marché noir. Alors ? Ouais, je sais, pas la peine de m'remercier. Puis elle prit la pause, les mains sur les hanches, avant de sortir le sortir son bracelet pour lui montrer les données. Ou alors on attend. Mais c'est moins drôle.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Tout de même, quel spectacle consternant ! Et dire qu’il y avait encore des Jedis pour parler de l’harmonie secrète de la nature, de la beauté de toute chose vivante. Ces gens-là n’avaient jamais vu des Wookies se démonter la mâchoire à grands coups de poing en vociférant comme des commentateurs sportifs, en pleins marais lugubres. Tout cela lui faisait passer à un groupe de Siths en train de se disputer pour savoir qui irait nettoyer la cafetière — les membres sectionnés en moins.

De temps à autre, quand il lui semblait qu’un belligérant manquait d’entrain, Noctis s’empressait d’exhumer dans les souvenirs du malheureux telle ou telle scène de vexation infligée par ses camarades, et c’était reparti pour une nouvelle tournée de marrons en pleine poire. Enfin, jugeant que Maxence avait probablement eu le temps de dérober quelque mignonne petite créature à la vigilance des braconniers, Absalom disparut dans les épais fourrés, se cogna à une branche trop basse, pesta en hapien et se fraya un chemin jusqu’à leur point de rendez-vous.

Grands dieux, mais qu’est-ce que c’est que cette abomination !

C’en était tellement laid que ça en devenait fascinant. Absalom se pencha vers la cage et la créature se pelotonna instinctivement contre les barreaux, comme il arrivait souvent quand les êtres primitifs mais doués d’instincts de survie bien développés sentait l’approche de la dangereuse heureux du sorcier.

Notez, observa-t-il en plissant le nez tandis que des filets de bave dégoulinaient sur les innombrables mentons de Machin, j’en aurais moins de scrupules à le sacrifier à notre proie.

Il se redressa et on tenta de l’attirer vilement dans une conversation autrement plus intéressant, parce qu’elle concernait les mensurations de Karm. À cette nouvelle information, le regard du Hapien brillait d’un intérêt sincère, vif et pas tout à fait poétique.

Ah oui ? Et il n’y a pas, je ne sais pas, des, hm… Vidéos… ?

(Ce n’est pas parce qu’on est un super-méchant qu’on n’a pas le droit de rêver.)

Je demande par intérêt scientifique. Anthropologique. Je suis sûr que toi et lui, vous avez pu… Tu sais. Célébrer ensemble une athlétique amitié.

Retour sur Terre, à savoir Dagobah, car il était tout de même question dans cette histoire de se précipiter vers une mort douloureuse par empoisonnement / constriction / déchiqueture en tentant de chasser un serpent géant.

Quand Maxence évoqua la possibilité de l’attente, Absalom secoua la tête.

Non, je crois comme toi qu’il faut que nous allions au devant de la situation. Pour ce qu’on en sait, ces Wookies n’étaient qu’une bande de braconniers parmi d’autres dans la région et la planète n’est pas si peu fréquentée qu’on nous l’a dit. Dans ces conditions, on court le risque que notre proie finisse dans la soute de quelqu’un d’autre. Ce serait dommage de…
Biiiiiwaaaa !

Absalom sursauta au cri suraigu de Machin.

J’espère que tu as meilleur goût que tu n’en as l’air, toi…, soupira-t-il.

Il fit un léger signe de la main et la caisse de transport se mit à léviter à côté de lui. C’était l’heure de la randonnée de retour, en direction du territoire de chasse présumé du Python. À mesure qu’ils s’approchaient, Absalom jetait des coups d’oeil inquisiteurs à Machin, pour voir si la créature avait l’air inquiet et s’il était possible de se guider à ses instincts. Hélas, comme Machin sortait tout droit de l’imagination délirante d’un peintre cubiste passionné par les limaces, ses sentiments demeuraient, pour dire le moins, difficiles à déchiffrer.

À quel point penses-tu que ces Wookies pourraient être territoriaux ?
Biiiiwaaaa, fit Machin, au cas où ce soit à lui qu’on pose la question.
Je veux dire : admettons que nous capturions le Python et que nous mettions les voiles. Penses-tu qu’il y ait des chances qu’ils nous prennent en chasse ? Si par exemple ils considèrent cette planète comme leur chasse gardée, justement, comme leur petit coin de… euh…

À côté de lui, une fleur laissait échapper une liqueur vaporeuse qui dissolvait à ses pieds le cadavre d’un petit rongeur.

… paradis…, conclut-il d’un ton peu convaincu.

Quelques années passées au sein de l’Empire Sith avaient forgé chez Absalom cette conviction : qu’on mettait toujours les pieds dans le territoire de quelqu’un. Il y avait toujours un sadique emburé pour considérer que tel astéroïde ou tel marécage lui appartenait et les plus vindicatifs cherchaient à faire valoir leurs droits.

Parce que si c’est le cas, nous avons intérêt à vite remballer nos affaires pour les distancer ou au contraire, à prendre les devants et à calmer leurs ardeurs belliqueuses. Mieux vaut ne pas être pris par surprise.

En attendant, dans le campement des Wookies, la rixe avait connu une résolution satisfaisante (un mort, cinq blessés). Une femelle avait émergé victorieuse de la mêlée : intervenue sur le tard, elle avait su profiter de la faiblesse des autres. Désormais, elle inspectait son nouveau domaine, considérait les cages, faisait des plans sur l’avenir.

Ou, en ce moment précis, poussait un rugissement de contrariété. Car une cage manquait à l’appel et, jusqu’à preuve du contraire, quand des animaux parvenaient à se libérer, ils n’emportaient pas leur prison avec eux. Quelqu’un d’autre était présent sur cette planète empuantie et se livrait avec beaucoup d’indélicatesse à des actes de concurrence déloyale.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
-Si j'avais la teub de Karm en vidéo, je serais pas sur une planète paumée comme celle-là à chasser du reptile de merde, mais dans un studio porno à tourner mon vingtième film après m'être faite repérer grâce à mes talents pour dénicher les troisièmes jambes. Amen. Dans tous les cas, fais-moi confiance sur un point, il est bien trop amoureux pour goûter à mon corps de déesse.

En toute modestie. Si Absalom était du même avis que Maxence, alors il n'y avait pas une seconde à perdre. Personne ne voulait passer plus de temps que nécessaire ici, pour sûr.

Elle avait les pieds qui s'enfonçaient jusqu'aux tibia dans cette bouillasse informe aux relents fécaux. C'en était écœurant, même pour Maxence qui n'était pas dans le genre à faire la fine bouche, là, les nappes de méthanes coincées dans le sol la conforté dans son idée que la nature ne représentait qu'un immonde tas de pourritures et de maladies n'attendant qu'un être pensant pour l'en dégoutter. Sauf Karm. Karm aurait adoré patauger là-dedans. Parce que Karm était bizarre.

-Les Wookies ? Territoriaux ? Mais mon grand, tu sais à qui tu t'adresses ? La grande Darkan, maîtresse absolue des connaissances culturelles galactiques. J'pourrais même te dire c'qu'y' mangent au p'tit déjeuné et t'offrir l'hospitalité Wookie toute seule, tu t'y croiras sans y être. Évidemment, elle n'essayait même pas de cacher son emblématique sarcasme, elle n'en avait aucune foutre idée. Il se font même des infusions de pipi avant d'aller dormir. Non, là, ça s'appelait aller trop loin. Dans tous les cas, suffit juste de bien regarder derrière soit mon grand et tout ira bien.

Et pour peu dire, même Eos n'y connaissait rien en Wookies, seulement quelques études anthropologiques, mais rien de plus, ça base de données restait des fois bien trop incomplète et l'IA préférait se concentrer sur la connaissance des êtres intelligents bien plus évoluer technologiquement. On peut en effet considérer ça comme de la discrimination.

Ils étaient presque arrivés sur le territoire du Python, retrouvant la faune plus petite, la luminosité ici semblait

-Biiiwaaaa.

soudainement bien plus faible. Sûrement avait-elle toujours été ainsi, mais si les rayons de l'étoile avait pu réchauffer Maxence durant sa petite excursion dans le campement, ici, c'en était autrement. Ils avaient fait halte à leur petit camp de fortune, juste le temps de manger un bout avant de reprendre. Empruntant donc le même premier chemin, facile à suivre, leurs pas étaient encore partiellement marqués dans le sol meuble, la blondinette stoppa la marche. Ils y étaient.

-On a encore un peu de temps avant qu'l'étoile se couche. Faut qu'on pose... euh... elle jeta un œil furtif à Machin, ça dans un endroit bien dégagé pour voir venir la cible... on devrait p't'être même se mettre dans un arbre pour éviter d'se faire remarquer s'il vient d'notre direction. Elle était maligne la bougre. Genre, là-bas.

Entre les troncs, on pouvait apercevoir une petite zone, pas plus d'une vingtaine de mètres carrés dégagés, pas énorme, juste de quoi faire l'affaire. En s'approchant, une sensation bizarre envahi le corps de la blondinette. Elle s'arrêta, puis un grognement retentit. Elle choppa Absalom pour le plaquer avec elle contre un arbre épais. Elle posa son index sur ses lèvres.

Elle n'allait pas faire l'affront à son coéquipier d'essayer de lui expliquer à l'aide d'un langage des signes approximatifs qu'il s'agissait de la deuxième bête. Elle pouvait entendre les imposantes pattes de la chose s'approcher. Elle n'était pas loin, sur la droite, derrière son couvert. Sa lourde respiration s'intensifia et elle crut même l'entendre renifler. Pas chance, peut-être, les habits recouverts de vase avaient masqué son fumé de délicieuse petite humain entraînée pour avoir une chair aussi fraîche que tendre. La chose ne faisait que passer. Pas la peine de se battre. Il suffisait juste d'attendre silencieu...

-Biiiiiwaaaaaaa !

Elle leva les yeux au ciel. Évidemment, aucun instinct de survie. Comment cette chose ne s'était pas encore éteinte ? Quoi qu'après réflexion, c'était peut-être pour ça qu'il chassait machin. Ceci dit, durant ce court instant de réflexion, une main faisant presque la taille de son torse lui attrapa les vêtements depuis derrière l'arbre pour la balancer plusieurs mètres plus loin, dans la boue. Elle roula, puis glissa. Douleur expresse aux fessiers, sacré coup au coccyx. Elle tenta de se relever avant de s'étaler à nouveau, le terrain manquait d'adhérence, visiblement. Mais heureusement pour elle, la grosse silhouette sauvage essayait d'abord de chopper un sorcier beau gosse et un truc vraiment moche.

En se redressant, elle dégaina héroïquement son blaster, le pointant en direction de la bête. Presque trop fière pour l'allure immonde qu'elle avait, recouverte de terre humide. Son doigt appuya sur la gâchette avec nonchalance pour tout compte fait, ne rien faire sortir. Froncement de sourcil. Elle observa son canon. Rempli de boue. Enraillé. Oups.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Ah, tiens…

Absalom enjamba une énorme limace plate alors qu’on discutait de la généreuse anatomie d’un certain Maître Jedi.

… j’ai tourné dans un film érotique, une fois.

Voilà.
Ce fut dit comme ça.
D’un ton dégagé, presque indifférent, en plein marécage, sur une planète inhabitée, avec pour seul témoin une mercenaire portée à la fabulation.

Une expérience intéressante.

Mais la vie d’Absalom était fait d’expériences intéressantes, car qu’y avait-il de pire au monde qu’une existence dominée par l’ennui ? Dès avant sa libération du carcan de la morale jedi, le jeune Chevalier qu’il avait été avait cherché à découvrir un univers au-delà des murs étroits des Temples. Désormais, il avait tous les moyens de sa curiosité.

Autre expérience inédite : se retrouver face à une créature simiesque de cinq mètres de haut, velue à souhait, les babines retroussées et une dentition à se curer les crocs avec un landspeeder. Après avoir éjecté la mercenaire un peu plus loin dans le marais, le prédateur se pencha vers Absalom, pour jauger de près son meal appeal.

Et j’imagine qu’il est impossible de négocier, demanda à tout hasard le diplomate ?

La chose répondit par un long gémissement qui couvrit le malheureux sorcier d’une pluie diluvienne de postillons.

Erk.

Absalom vit une main pleine de doigts voler dans sa direction et il essaya de se protéger du choc avec un rempart télékinésique. Succès très mitigé, constata-t-il en volant pour percuter le tronc le plus proche.

Hmpf.

À genoux au sol, le sorcier tendit la main pour déverrouiller à distance la cage de Machin, qui eut le bon sens d’en bondir en poussant des cris de cochon qu’on égorgeait. De quoi occuper quelques instants le singe sur stéroïdes.

Ne t’approche pas, lança Absalom à Maxence.

(Au cas où elle soit tentée par un corps-à-corps.)

La raison de sa préconisation ne tarda pas à devenir évidente. Toujours à genoux par terre, il venait de fermer les yeux, les mains plongées dans la fange. Quelques secondes plus tard, les premières plantes autour de lui commencèrent à dépérir. Les fleurs fanèrent en premier, puis ce furent au tour des insectes de se recroqueviller dans leurs carapaces sans vie, avant que les poissons ne se mettent à flotter ventre à l’air. Les rongeurs roulèrent raides morts de leurs troncs, les oiseaux qui avaient le malheur de voler trop bas battirent de l’aile avant de s’effondrer.

Puis le singe poussa son premier gémissement plaintif, alors que les hématomes et les éraflures sur la peau du sorcier commençaient à disparaître. Dans la patte puissante du prédateur, qui avait réussi à attraper Machin, l’immonde créature venait de mourir avec un soupir étouffé. L’autre animal se mit à chercher tout autour de lui la source de sa douleur soudaine, de son inexplicable faiblesse. Du sang coulait maintenant de ses yeux, lentement, tachant sa fourrure grise et brune.

Tout était en train de mourir. Les créatures les plus résistantes convulsaient au pied des arbres ou, affectées au point de ne plus pouvoir se mouvoir, elles s’étouffaient dans la boue. Le singe prit la fuite, titubant, en laissant derrière lui de grosses touffes de poil, comme s’il avait été frappé d’une maladie foudroyante qui lui faisait perdre son pelage.

La frontière de ce terrible spectacle s’arrêtait juste devant les pieds de Maxence. Là passait la limite : d’un côté, l’herbe jaunie était morte, de l’autre l’écosystème compliquée de Dagobah avait encore tous ses droits. Il y eut des tirs de blaster au loin. Le cri du singe. Absalom rouvrit les yeux et se redressa, lentement. Il était couvert de saleté, mais de toute évidence parfait remis de ses blessures, seul être vivant dans un cercle de quinze mètres à la ronde, entouré par le silence brutale d’une mort surnaturelle.

C’est bon, déclara-t-il alors, c’est sans danger, désormais. Je crains que nous n’ayons en revanche perdu notre appât.

Le sorcier traversa une partie de la zone dévastée dont l’énergie vitale vibrait désormais à l’intérieur de lui, lui dont la jeunesse contre-nature venait de prendre une dimension sinistre. Debout devant Machin, il poussa un soupir résigné.

Plus rien à en tirer, à moins que notre proie soit un charognard.

Tirs de blasters et cris animaux continuaient à monter à quelques dizaines de mètres de là : les Wookies étaient tombés sur le singe et, surtout, ils chassaient dans le territoire du python. Le datapad placé par Maxence en haut de la pile avait eu son petit effet.

D’un autre côté…, fit Absalom en tournant son regard dans cette direction, ce ne sont pas les proies agitées qui nous manquent.

La perspective de sacrifier un être sentient à leurs projets ne le troublait guère, particulièrement ceux issus d’une espèce si éloignée de la sienne. Et puis après tout, les Wookies étaient venus chasser, n’était-il pas naturel qu’on les chasse à leur tour ?
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
Alors que la mort s'étendait autour du Sith, Maxence resta sans bouger, là, à la limite même qui la séparait de la mort. Ce n'était pas comme un tir de blaster, comme une course poursuite ou comme un Gamorréen qui vous fondait dessus avec une vibrohache. Ce n'était qu'un simple pas. Et autour de lui, tout le monde mourrait. Elle en était presque curieuse, elle qui avait réchappé à la mort une poignée de fois, elle qui l'avait trompé, juste pour le plaisir, et si elle tendait la main, qu'allait-il se passer ? Elle secoua la tête. Machin était mort, kapoute, dead. « Sans danger ». Au moins, le côté obscur ne lui avait pas fait perdre son humour. La blondinette tendit lentement la jambe et passa dans le cercle mort, les yeux fermés, un petit saut dedans. Un œil s'ouvrit. Toujours en vie. Le deuxième suivit, elle soupira.

-J'éviterai d'parler politique à table avec toi à l'avenir. Fit-elle en s'approchant de l'abomination qui ne ressemblait plus qu'à un petit tas de morve séché. Oh c'est con, j'commençais à bien l'aimer, j'trouvais qu'vous faisiez la paire à deux.

Ceci dit, elle tourna aussi la tête en direction des tirs et de la confrontation qui faisait rage. Aussi loin avait-elle fois en l'incompétence des Wookies, la bête avait bien trop été mise à mal pour perdre ce combat.

La blondinette se regarda de haut en bas, elle était immonde, comme ses armes. Ils avaient un peu de temps avant que les Wookies viennent à bout de la grosse bêbête, ce qui lui donnait l'opportunité de secouer ses armes et retirer les grosses mottes de boue qui collait sur les parties délicates de ses blasters. En s'écartant du cercle où tout était mort, légèrement mal à l'aise de se trouver dans ce genre d'endroit, elle prit même la peine de garder une distance de sécurité avec le ParaSith, ce genre de démonstration ne l'avait pas laissée impassible.

-Je suis pas sûre que les pythons apprécient beaucoup le bruit et les tirs de blaster... mais tu penses qu'il fait quelle taille ? J'veux dire, p't'être que si on choppe un Wookie pour le nourrir...

Le dernier tire retentit. Plus rien. Elle fit un simple signe à Absalom, celui de la suivre. Un index sur les lèvres, elle se baissa légèrement pour partir contourner les chasseurs. Elle passait au large, à gauche de leur première ligne droite en direction de ce qui devait être le lieu de capture. La mercenaire s'arrêta derrière un tronc, levant une paume en direction d'Absalom pour lui faire comprendre de se cacher à son tour.

Il y avait des piétinements, à seulement une petite dizaine de mètres. Quelques grognements caractéristiques. Des bruits de matériel, se cognant l'un contre l'autre. Elle pencha la tête sur le côté pour observer les silhouettes poilues, traçant leur pas dans la terre meuble. Deux d'entre eux boitaient et semblaient se tenir un bras, ou les côtes. Ils n'avaient pas subi de perte. Elle se demandait tout de même... si le python n'était pas un charognard, comment allaient-ils faire pour en garder un en vie. Entre elle qui ne fera pas le poids au corps à corps contre une personne faisant le double de sa taille et boucle d'or qui avait la capacité de transformer ce qui l'entourait en un vieux concombre fripé... la jouer fine n'allait pas être mince affaire.

-Garde la tête basse.

Souffla-t-elle entre ses dents alors qu'elle s'avançait en direction de ses ennemis, jetant un dernier coup d’œil à ses blasters encore sale. Elle agissait comme on voyait rarement la blondinette agir. Comme une lionne prête à bondir sur sa proie, les yeux acérer, ses doigts se resserrant sur le manche d'une de ses armes, rangeant l'autre pour dégainer sa vibrodague. Elle les comptait. Deux. Quatre. Six. Sept en tout. Ils n'étaient pas tous venus.

Les mètres se faisaient de plus en plus petit entre le groupe et la mercenaire. Passant derrière les troncs. Elle remarqua très vite le traînard, en queue de peloton, il rêvassait. Nouveau mouvement de main. Tout compte fait, elle n'utiliserait pas son blaster. Le ParaSith s'arrêta. Elle attrapa un caillou, avançant un peu plus vite. Sur la droite, elle avait pris de l'avance. Au détour d'une fougère, elle s'allongea de tout son long, une partie du corps dans la boue, une autre sous les feuillages. Elle lança le caillou contre un gros rocher. Le Wookie tourna la tête dans la direction du bruit, laissant les autres avançait, il fit quelques pas, mais s'arrêta. Un grimace échappa à la blonde qui attrapa un autre leurre. Deuxième lancé. Les yeux du poilu se plissèrent et il se mit à avancer, doucement, tendant l'arme dans la direction d'un possible proie. Ce qu'il ne savait pas, c'était qu'il venait de marcher à seulement une poignée de centimètres de la tête de la coupable.

Arrivé à destination, il se pencha derrière la grosse pierre. Jeta un œil aux alentours. Un haussement d'épaule lui échappa. Quand il se retourna, son arme tomba sur le sol. Il perdit l'équilibre. Ses mains se portèrent à son cou. Du sang coulait abondamment et sa meurtrière se tenait juste devant lui, couverte de boue. Quand il lança son dernier souffle qui ressemblait plus à un gargouillis étouffé dans le sang et la douleur, Maxence se tourna vers son équipier qui était déjà en train de rattraper le retard en voyant le danger s'éteindre.

-Bientôt, y' s'rendront compte qu'il en manque un à l'appel. J'vais m'occuper d'eux un à un. Puis elle eut un soudain doute. Ouais... 'fin, j'essaierai. Si jamais ça tourne mal... fais en sorte d'en garder un en vie.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Hmm…

Les yeux baissés sur le Wookie mort, Absalom continuait à se masser le front.

Car il s’était cogné.
Contre une branche.
On peut être un grand sorcier et faire preuve parfois d’un zeste de distraction.

Je peux vous aider à les éliminer, bien sûr, je ne suis pas toujours aussi…

D’une moue boueuse, il fit un geste vague vers les marécages par lesquels ils venaient de se faufiler.

… holistique, disons. Cela étant, je crois que nous tenons une opportunité d’une autre nature avec votre nouvelle victime. Les Wookies vont venir le chercher. Fort bien. Il suffirait qu’ils croient que leur camarade a été assassiné par le python pour qu’ils se mettent décidément en chasse, vous ne croyez pas ? J’imagine que c’est une belle proie pour eux qu’il ne faudrait pas grand-chose pour les motiver.

Ces gens-là n’étaient-ils pas mû par une sorte de code d’honneur ? Absalom trouvait ce genre de principaux moraux désuets pour ne pas dire primitifs, mais ils joueraient peut-être en leur faveur.

Ça exigera un peu de créativité, mais je pense parvenir à les convaincre de loin. De toute évidence, ils sont plus habiles que nous pour traquer les bêtes et sauront mieux s’y prendre. Nous interviendrions soit pendant leur lutte contre le serpent, soit quand ils le ramèneraient au camp de base. Dans tous les cas, ils feraient l’essentiel du travail à notre place et s’en retrouveraient, on peut l’espérer, considérablement affaiblis.

Utiliser les autres pour parvenir à ses fins : c’était un réflexe de diplomate solidement ancré chez lui. Toute sa jeunesse, on lui avait appris qu’on agissait souvent mieux par des intermédiaires qu’en s’impliquant soi-même et qu’il fallait savoir manoeuvrer les êtres comme on agence les choses. Selon lui, l’enseignement des Jedis en la matière n’était pas dépourvu de cynisme, formulé avec tact et délicatesse.

La première étape fut de se débarrasser du corps du Wookie, dont les blessures étaient trop explicites, en laissant des touffes de poil, un peu de sang et quelques pièces d’équipement derrière lui. Puis la mercenaire et le sorcier s’installèrent en embuscade. De temps en temps, le comlink militaire de leur victime crachotait des propos incompréhensibles, dont il était difficile de savoir s’ils étaient spécifiquement destinées au mort.

Au bout de deux heures à repousser héroïquement des sortes de grosses limaces avec une branche desséchée, les deux complices entendirent des pas dans la forêt. Absalom coupa le comlink et prit une profonde inspiration. Les yeux fermés, il laissa son esprit s’étendre jusqu’à toucher ceux des Wookies. C’était un travail délicat, surtout sur des êtres dont il ne maîtrisait pas la langue. Il fallait aller en-deçà des mots : les impressions, les émotions, les images fugitives.

La matière première, c’était les souvenirs. Le plus tangible. Les images des datapads, du profil du python de Dagobah, les idées de grand serpent dangereux, associées immédiatement à la découverte des poils et de la marre de sang qui avait commencé à sécher. Les trois Wookies dépêchés pour retrouver leurs camarades examinaient les indices et, dans leurs esprits, ces images tournaient en boucle, comme si leur cerveau leur soufflait une intuition en partie inexplicable, mais à coup sûr solide. Le fruit d’une longue expérience de chasseur.

Une conversation s’engagea entre eux. Absalom n’en comprit pas un traître mot, mais il veilla à ce que l’idée du reptile habite leurs pensées. À défaut de saisir le dialogue, il percevait leurs émotions, l’échauffement progressif, le désir de vengeance et surtout le sentiment d’un honneur blessé, eux qui s’étaient jusque-là débrouillés à merveille sur une planète hostile, leur territoire de chasse, ces marécages où ils prétendaient régner en maître. Le sens de l’orgueil se mêlait à une solidarité naturelle et c’était ce qui les poussaient à l’action.

Au bout de quelques minutes d’un échange de plus en plus animé, l’un d’entre eux dégaina son comlink. Le sorcier rouvrit lentement les yeux et murmura tout bas :

Je crois que c’est bon.

Cette plongée dans des esprits si différents du sien lui laissa un vague sentiment de malaise. Tout maître qu’il fût de ces techniques, le spectacle d’une organisation mentale fondamentalement distincte, dans ses souvenirs, ses réactions et ses préoccupations, avait toujours quelque chose de déplaisant.

Il fallut encore une heure pour que le reste de la troupe arrive. Huit personnes en tout. Les trois éclaireurs se mirent à défendre avec conviction leur théorie, non sans se heurter à un certain scepticisme de leurs congénères, dont Absalom, tant bien que mal, tentait d’adoucir les angles. Par souci de simplicité, il chercha surtout à susciter chez le gros de la troupe le désir de la chasse. Le python était une opportunité parmi d’autres. Et certains, que le singe avait malmenés, éprouvaient le désir de refaire la preuve de leurs capacités. Une faiblesse trop manifeste pouvait vite mettre un terme à une carrière de chasseur.

Au bout d’une demi-heure, les Wookies se mirent en mouvement d’un pas décidé.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
-J'ai faim. Souffla la mercenaire en dégainant une barre fruité et terriblement calorique de sa poche. Ça va faire des heures qu'ils le chassent... la nuit va bientôt tomber...

Elle était perchée en haut d'un arbre plutôt imposant aux multiples ramifications. Cela faisait maintenant plusieurs heures que la traque était lancée du côté des Wookies sans qu'aucun soupçon sur la présence des inconnues ayant volé l'immondice qui leur servait de trophée ne traverse leur esprit. Ils restaient sur leurs gardes, malgré tout, mais visiblement, ils n'étaient aucunement une priorité.

Absalom était un peu plus bas, peut-être que jouer les chimpanzés ne l'enchanter pas autant que son équipière. S'ils ne bougeaient plus, à deux, auprès de ce vieux centenaire qui n'avait pas du voir d'être intelligent de sa vie, c'était bien parce qu'en face, à une bonne quarantaine de mètres, se dessinait un tout petit camp de fortune autour duquel les poilus se rassemblaient. Il en manquait à l'appel, des éclaireurs étaient partis à l'avance pour chercher des traces de leur proie. Il discutait calmement de... truc de Wookie, peut-être... pas facile de lire dans les penser de ces gens quand on ne comprenait pas la langue... et qu'on ne maîtrisait pas la Force.

Finalement, ils n'avaient pas fait plus que tracer de possibles traces de la bête avant de s'installer là où ils se trouvaient. Absalom devait avoir raison, les chances de le croiser la nuit étaient bien plus grandes et eux, sans aucun doute, devaient en connaître un plus gros morceau que le ParaSith. Maxence passa d'une position assise à une position allongée, affalée sur la grosse branche qui la soutenait pour patienter : elle le sentait, il lui restait encore une heure ou deux à attendre.

Un cri bestial la sortie de sa torpeur. Sursautant, elle glissa de sa position pour venir se rattraper à bout de bras. Les pieds pendus au-dessus de deux bons mètres de haut, elle tourna la tête en direction du bruit. Les Wookies étaient en train de s'activer. Presque tous se levèrent pour suivre l'un des éclaireurs de retour de mission. La mercenaire échangea un regard rapide avec le sorcier avant de se laisser tomber. Rattrapée comme un félin sur ses pattes, elle hésita à donner une petite tape sur l'épaule du Hapien avant de vite ranger sa main sur le manche de son blaster en se rappelant de quoi il était capable.

-En route, quoi qu'ça puisse être, ça nous intéresse maintenant.

Et ce n'était pas peu dire, parce que tout le camp se bougeait désormais. La blondinette prit la tête du duo, faisant signe, ou non, à Absalom de se bouger ou de rester sur place. Le groupe de chasseurs avançait à tâtons dans les marais, complètement silencieux, chacun de leur pas n'était pas laissé au hasard : le dos légèrement courbé, le centre de gravité bas, ils gardèrent cette posture pendant une bonne trentaine de minutes avant de s'arrêter net.

Maxence leva son poing dans les airs, derrière une grosse pierre, elle considéra, les yeux plissés, les hommes et femmes rejoindre le petit groupe d'éclaireur. Ils ne parlaient pas, seulement des signes... un langage développé, mais avec les mains... impossible pour elle de le comprendre, mais elle comprit la direction de leur cible quand ils se tournèrent tous dans la même direction. Le python avait donc montré un bout de sa queue.

-Difficile à dire... souffla-t-elle, j'vois pas d'cage. Elle se tourna vers son équipier. T'en vois une ? Tu penses qu'ils sont du genre à capturer pour se venger, ou juste tuer ?

La pénombre ainsi que la végétation n'aidaient pas à bien voir... il y avait tout de même des bouts qui manquaient et il semblait insensé de ne se contenter que de tuer la bête.

-On les laisse commencer le boulot et... sourire mesquin, on les coiffe au poteau. Pas d'survivants.

C'était quand même éthiquement vachement plus simple de travailler avec un Sith qu'avec un Jedi, tout simplement parce que ce mot n'existait pas. La fin justifie les moyens, voilà quelque chose qui vous faisait tomber la blondinette dans vos draps. Elle les contournait. Ils avançaient. Impossible de voir la cible. Impossible de s'approcher. Maxence fit détour. Le genre qui les éloignerait pour leur donner un meilleur angle d'approche. Sans se soucier du sorcier, elle se mit à trottiner comme une lionne, passant à travers les branches... des fois dans les branches... heureusement trop loin pour qu'on l'entende... surtout quand elle trébucha dans la boue. Quand elle finit son trajet, elle s'étala sur le sol.

-Une cage... merde... il en manque. Un, deux, trois, quatre... cinq... et les autres ?

Un cri singulier, bestial, Wookiesque, la surprit et elle se retrouva soulevé de la boue par le col par un Wookie franchement pas enchanté de la voir ici. Les pieds ne touchant pas le sol, elle se débattit en vain pour échapper à son emprise. Lorsqu'elle dégaina ses blasters, ils furent balayés d'un simple revers de patte. Les doigts du Wookie s'enroulèrent autour de la gorge de la jeune femme. Maxence attrapa sa dague pour l'enfoncer dans le poignet de son agresseur. En tombant sur le sol, elle se servit de la flexion de ses jambes pour lui sauter dessus sur l'instant et le poignarder à de multiple reprise, au visage.

-Pourquoi ! Toujours ! La ! Gorge ?!

Un filé l'emprisonna. À l'instant où elle allait le découper, une décharge électrique traversa son corps et elle se retrouva avec tous les membres de son corps tendu, convulsant, espérant trouver un moyen de se sortir de ce piège.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Ah. Vous êtes réveillée.

C’était le petit matin désormais et les oiseaux chantaient gaiement dans les frondaisons d’une forêt riante et infestée de limaces aussi géantes que carnivores. Absalom était assis dans une cage prévue pour un spécimen plus grand que lui. Autant dire que c’était tout confort. Maxence, qui avait survécu à son électrocution, était installée non loin de là, dans une autre cage.

Nous avons été capturés.

En voilà un homme qui avait un sens de l’observation hors pair. Les événements de la nuit demeuraient encore un peu confus pour lui. Il avait tenté de suivre la mercenaire dans la forêt, en se fiant à la Force pour se guider, faute d’y voir goutte — cécité nocturne hapienne oblige. Quelque chose, ou plus probablement quelqu’un, avait fini par l’assommer d’un bon coup sec derrière la nuque peu avant que l’humaine elle-même ne tombe dans le très littéral filet d’un chasseur wookie.

Désormais, ils se retrouvaient au camp de base. À côté d’eux, à quelques mètres de là, se trouvait le grand vaisseau de transport wookie. Dans d’autres cages, des animaux à l’aspect plus ou moins révoltant attendaient avec patience ou furie qu’on les embarque vers un destin probablement sordide. Absalom ne doutait pas que Maxence et lui pouvaient être vendus comme esclaves. Ou dépecer. La prothèse de la mercenaire ferait sans doute des heureux.

Ils nous ont pris nos armes, poursuivit-il d’un ton plus las qu’inquiet, mais une partie de la troupe est encore en chasse. Pour attraper quoi, difficile à dire, mais avec un peu de chance, ils sont toujours sur les traces du python et nous n’avons de notre côté qu’à nous enfuir, à récupérer notre matériel et à les éliminer le moment venu.

Rien de plus simple, en effet. Le sorcier n’avait pas la moindre idée d’où se trouvait leur équipement, mais au fond, le sabre laser était le moindre de ses outils. Et de ce qu’il avait vu de la mercenaire, celle-ci n’avait pas besoin d’un blaster pour se montrer redoutable. L’essentiel était donc de sortir des cages. Il avait essayé de pianoter au petit bonheur la chance sur le boîtier électronique qui fermait la sienne, sans grand succès.

S’imposait donc une autre stratégie tout en discrétion.

Hééé hoooo ! Hééé hooo ? Y a quelqu’un ? Youuhoou ?

Quelques secondes plus tard, un grognement se fit entendre et une montagne de muscles, de poils et de mauvaise humeur se présenta devant la cage dans laquelle l’ancien Sith était assis en tailleur.

Ah, bonjour, cher… ami. Je crois qu’il y a eu un terrible malentendu, que nous pourrions dissiper si…

Le Wookie administra un violent coup de pied à la cage avant de s’éloigner en maugréant ce qu’on pouvait à bon droit supposer être des insultes. Absalom croisa le regard de sa codétenue.

Un excellent début, à n’en pas douter.

Tuer les gens qui les entouraient depuis sa prison n’était pas un problème dans l’absolu, certes, mais quelque chose lui disait que ça n’avancerait pas beaucoup leurs affaires, s’ils restaient emprisonnés.

Au bout d’une dizaine de minutes, un autre Wookie fit son apparition avec un crâne à la main : la tête d’un droïde de protocole installé sur une batterie de canon laser. Il enfonça la chose dans la boue avant de tapoter dessus de la crosse de son fusil blaster pour l’activer. Après un petit crépitement électrique, les yeux électroniques du robot s’allumèrent.

B… Bon bon bon bon bon bon bon bon bon…

Le Wookie poussa un grognement guttural avant de se baisser et de secouer la tête robotique.

Bonjour, gazouilla cette dernière une fois réintégrée dans la boue. Je suis Mignon, l’automate pour soigner toutes vos relations.
Merveilleux.
Que puis-je faire pour vous en cette splendide matinée… s… s… spécimen hapien non-identifié ?

Le propriétaire du droïde interrompit ces courtoisies par une série de bruits inintelligibles.

Kraaaryyyk veut savoir ce que vous faites sur cette planète. Planète identifiée : Dagobah.
Nous chassons le python, répondit Absalom en levant les yeux vers leur geôlier. Nous étions sur ses traces quand il a attaqué l’un de vos congénères. On l’a vu l’emporter dans les profondeurs de la forêt, mais d’autres de vos chasseurs sont arrivés et nous avons préféré nous faire discrets.
Pas assez discrets, est la réponse traduite par le droïde.
Certes. Quoi qu’il en s…
Êtes-vous un Sith ?

Difficile d’interpréter l’émotion dans une langue comme celle du Wookie et une réponse traduite par un droïde, mais Absalom laisse la Force développer son empathie, à la recherche d’une clé pour lire les intentions du Wookie. De la haine, peut-être, ou bien de la peur, ou…

… de l’intérêt ?

Naturellement, fit-il alors. Vous avez trouvé mon sabre, non ?
Vous travaillez pour l’Em… em… em… em… empire ?
Je suis un Seigneur Sith, répliqua Absalom en se drapant dans une dignité théâtrale, c’est l’Empire qui travaille pour moi.

En attendant, il réfléchissait à toute vitesse pour donner du sens à l’avidité ressentie par le Wookie à l’évocation de l’Empire. Son interlocuteur le voyait comme une opportunité, mais une opportunité de quoi, précisément ? Absalom finit par tenter prudemment :

J’imagine que le commerce d’espèces exotiques paie bien…

Le droïde traduisit sa remarque. Le diplomate marqua un temps d’arrêt, avant de rajouter :

… mais moins que le commerce d’esclaves.

À ces mots, le Wookie s’accroupit pour lui faire face dans la cage.

Les kajidics se rapprochent de l’AGPU et donc de la République, ils sont prudents sur le marché des esclaves, n’est-ce pas ? Pour ne pas froisser de nouveaux alliés potentiels. Tout est verrouillé par les Hutts. Et pénétrer sur le marché impérial est difficile. Dangereux même. Il faut des relations. Un premier acheteur. Mais la demande est là. La demande est même…

Absalom se pencha légèrement en avant.

… considérable.

La lueur de la convoitise brillait désormais dans le regard de son interlocuteur.

Vous êtes le chef, ici, murmura tout bas Absalom ?

A peine le droïde eut-il traduit la question que le Wookie promena un regard nerveux tout autour d’eux, pour vérifier que personne ne surprenait leur conversation.

Vous le seriez sans doute si vous étiez en mesure d’offrir des activités plus lucratives et moins… Salissantes. À vos compagnons de chasse.

L’homme ne répondit rien, mais il se releva en embarquant la tête du droïde, l’esprit troublé et sa cupidité attisée.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
-J'ai fait un rêve où j'essayais d'traverser une bordure avant d'me faire arrêter par les impériaux...

Comme quoi, on en revenait toujours aux fondamentaux. Elle ne savait pas ce qui l'avait assomée en premier, son électrisation, ou le coup de crosse qui laissait désormais une jolie marque rouge-violassée sur son front... en plus de faire sacrément mal. À la différence du Sorcier, elle avait été ligotée, peut-être par principe d'éviter de laisser la psychopathe qui avait poignardé plusieurs fois leur frère d'arme au visage les mains libres. Elle haussa longuement les sourcils, les yeux au ciel, elle se contorsionna pour passer les poignets de son dos à son ventre.

-Charmant, le confort et l'accueil des motels de Nar Shaddaa.

De son côté, pendant qu'ils discutaient, Maxence essayait de trouver un moyen de se sortir de la avec l'aide de sa meilleure pote : la manière forte. Elle observa, dans un coin, derrière des caisses d'équipement de camping, un de ses holsters dépasser, pendouillant gentiment. Trop loin. Même les cages, loin d'être stupide, pas d'objet tranchant à portée de main... même pour quelqu'un avec la Force, il aurait été compliqué d'en attraper un d'aussi loin.

Elle se tourna vers Absalom qui avait l'air bien sûr de son petit stratagème. Était-il seulement possible de retourner la hiérarchie de cette manière ?... ou de faire entendre sa voix aussi facilement en temps que prisonnier ? Les minutes s'écoulèrent, mais rien ne se passait. Un léger sourire se dessina sur le visage de Maxence.

-J'pense que c'était bien tenté. Mais à ton avis, qu'est-ce qu'y' vont faire de la gamine qu'a poignardé une dizaine de fois le visage de la sous-merde qui leur servait de pote ? Et en quelques secondes seulement, deux d'entre eux s'approchèrent de sa cage. Deuxième question, ils m'abattent sur place, ou trouvent un truc un peu plus personnel ? Ils ouvrirent la cage violemment et en attrapant Maxence -tout aussi violemment-, elle se mit à pouffer de rire. Alors on part sur du sophistiqué, j'adore !

Portée par les aisselles, elle souriait. On la conduisit à l'écart, pour le sorcier, son équipière venait de disparaître derrière le vaisseau, pour l'équipière, c'était un virage vers un décors pour le peu singulier. Il y avait un tabouret, fait de bric et de broc, taillé dans différents bois de différentes planètes. Au-dessus, une corde dont le nœud coulant avait été minutieusement fait pour sa victime au visage d'ange. L'arbre sur laquelle elle était fixée semblait avoir comme éclatée, peut-être frappé par la foudre, ses branches sans feuille, noircies, donner cette impression rocailleuse, comme renforcées.

-Le coup du pendu. Un grand classique.

Après quelques coups brusques pour la faire avancer plus vite, la blondinette grimaça en arrivant aux pieds du tabouret. Elle n'avait pas spécialement peur de mourir, elle ne voulait simplement pas terminer maintenant, comme ça, sur une planète paumée entourée de Wookies. Ses yeux balayèrent une nouvelle fois son entourage à la recherche de quoi que ce soit. Son improvisation légendaire, elle était toujours là pour la sortir de la merde, ce n'était pas une corde au bout d'une branche qui la ferait dérailler... ses lèvres se pincèrent... ou peut-être que si. Elle grimpa sur le tabouret, menacé par une arbalète chargée. La corde autour du coup, elle souffla du nez.

-Vous savez qu'j'suis avec lui ? Avec un Seigneur Sith. Si je meurs, le deal tient plus. Elle désigna le Wookie qui se faisait petit, celui qui était venu les voir. Pas vrai ? Hm ? L'esclavagisme ? Tout ça ? J'donne pas chère de votre peau si vous poussez ce... Gh !

Et elle tomba dans le vide, porté par le cou. Maintenant qu'elle y était, elle aurait tellement pu balancer sa plus belle insulte, mais c'était trop tard et ses jambes cherchaient désespérément un endroit où s'appuyer. Alors que les secondes s'écoulait, le Wookie susnommé précédemment se mit à piétiner sur place. Hésitant, il regardait la femme pendue, toujours consciente, lançant de discrets regards en direction du vaisseau où, juste derrière, se trouvait la cage d'Absalom. Finalement, il s'approcha de la cheffe pour lui chuchoter dans l'oreille. Ils échangèrent une œillade cupide.

Un tir retentit. Maxence s'écrasa sur le sol. Elle toussait, levant ses mains vers son cou pour desserrer la corde. Elle suffoquait encore et sa respiration sonnait comme un tuyaux rouillé.

Quelques minutes plus tard, sa petite gueule hautaine avait fait réapparition devant le Sith, à genoux devant sa cage, une marque rouge autour du cou, une marque qui allait sûrement tourner au violet plus tard, mais pour l'instant, c'était un blaster sur la tempe qu'elle avait pour lui porter compagnie. La -nouvelle- cheffe du groupe se mit à tourner autour de la cage avec Mignon.

-Donnez-moi une bonne raison de croire un Sith. Et une autre bonne raison de ne pas mettre une balle dans la tête de cette raclure.

-Il a déjà la marque de mon p'tit cul imprimée dans sa tête, il ferait tout pour moi. Elle fit un petit clin d’œil au sorcier. T'es un peu comme mon Papa-sucré.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Ah, zut.
La contrebandière était morte.
Dommage : Absalom commençait à la trouver sympathique. Mal éduquée, mais sympathique. C’est qu’il avait toujours préféré les conversations fleuries des criminels de la Bordure que les mondanités millimétrées de la bonne société hapienne.

Ceci étant dit, on pleurerait aux funérailles de Maxence plus tard. L’ancien Sith était donc fort occupé à chercher un moyen de s’évader. Le délicat consistait en ce que la cage étant fermée par un code plutôt qu’une clé magnétique, assassiner ses geôliers se révéleraient contre-productifs. Un petit essai télékinésique lui confirma que la force de son esprit resterait inutile contre l’alliage des barreaux.

Il en était donc à imaginer des évasions rocambolesques sur une planète lointaine où on tenterait — imprudemment — de le vendre comme esclave. Fatigant d’avance. Tous ces gens à hacher menu, alors qu’un bon roman l’attendait à la maison. La vie était parfois bien inj…

Ah, tiens, fit-il d’un air tout étonné. Vous n’êtes pas morte.

(Les diplomates sont toujours de fins observateurs.)

Le regard d’Absalom passa de la mercenaire malmenée à la tête de droïde et aux mollets velus d’à côté, la seule partie de son interlocuteur, ou trice, qu’il fût capable d’apercevoir.

Une bonne raison de croire un Sith ? Ma foi, ce n’est qu’une affaire de bon sens. L’Empire souffre des prix exorbitants pratiqués par les kajidics, particulièrement depuis l’annexion d’une partie de leur territoire. Puiser dans les ressources internes de notre territoire reste délicat, si on veut éviter de trop mécontenter les populations. L’Empire a besoin d’un approvisionnement alternatif en esclaves frais. C’est un territoire en plein développement. Les besoins sont considérables. Vous avez les compétences pour cela. Nous en tirerions un profit mutuel.

La Wookie mit un genou à terre pour approcher son visage de celui du Hapien. Son acolyte resserra sa poigne sur son arbalète-laser, manifestement mal à l’aise de se retrouver si proche d’un sorcier.

L’Empire n’hésite pas à réduire des Wookies en esclavage, traduisit la tête de droïde.
L’Empire n’hésite pas à réduire des humains et des Hapiens en esclavage. Personnellement, ça ne m’empêche pas de dormir.

Absalom plissa légèrement les yeux et, en percevant les sentiments de son interlocutrice, il comprit confusément qu’il avait mal interprété la nature de l’objection, qui n’était pas d’ordre moral. La Wookie jeta un bref regard circulaire au-dessus des cages, pour s’assurer que personne ne pouvait les surprendre, et elle prit même le soin de régler plus bas le volume de Mignon.

O… O… O… O…

Le sorcier haussa un sourcil interrogateur.

Ooogarrruuk a deux frères qui sont esclaves sur Korriban.
Je vois.

(Il ne voyait pas du tout.)

Et Ogratuk…
Ooogarrruuk.
O pour les intimes. De qui s’agit-il ?
Le chef de l’expédition de chasse.
Donc vous pensez qu’il serait réticent à tout accord.

Kraaaryyyk hocha la tête.

Et elle…

Elle venait de désigner Maxence.

… a tué l’un des nôtres.
Le progrès exige parfois certains sacrifices et si votre chef actuel fait passer ses préoccupations personnelles avant l’intérêt collectif, je dirais qu’il est de votre devoir moral, par principe de solidarité avec vos camarades, de prendre les mesures qui s’imposent pour assurer la prospérité commune.

Ainsi la cupidité et le désir de pouvoir pouvaient-ils se transformer en vertu. La Wookie ne répondit rien et Maxence fut rejetée dans sa cage, avant que les deux prisonniers ne soient de nouveau laissées seuls.

Ravi de vous revoir en en vie, chère amie, glissa le Hapien à la mercenaire, de façon parfaitement sincère. Vous m’auriez manqué dans la suite de cette aventure, et pas seulement pour le spectacle charmant de votre petit cul, comme vous dites, quoique celui-ci mérite à n’en pas douter tous les efforts de la galaxie. Sans transition…

Le sorcier changea de position à l’intérieur de la cage, pour tenter d’apercevoir leurs précédents interlocuteurs, mais sans succès.

Votre objection à ce que j’intervienne dans votre esprit est bien notée, et parfaitement compréhensible, mais seriez-vous opposée à des conversations télépathiques ? Je crois que si nous voulons nous sortir de cette histoire, un moyen de communication discret entre nous ne serait pas inutile. Quoi qu’il en soit, je connais mal la culture wookie, mais je retrouve ici certains dynamiques de l’Empire Sith, et des sbires qui veulent devenir Seigneur à la place du Seigneur. Jouer sur la frustration de ceux qu’on laisse en arrière pour garder les prisonniers est toujours productif. Et puis…

Il s’interrompit parce que la Wookie revenait avec son complice. Le code des deux cages fut composé et les deux prisonniers purent en sortir — braqués par des arbalètes-laser. Kraaryyyk portait Mignon sous son bras.

On ne vous rendra pas vos armes.
J’imagine.
Je vais parler au groupe quand il sera rentré. Me confronter à Ooogaarrruuuk. Et s’il ne plie pas…

Même sans être expert des expressions faciales wookies, celle-ci était manifestement carnassière.

Vous anticipez un affrontement généralisé ?

Les deux Wookies échangèrent quelques mots que le droïde ne traduisit pas, et puis :

Peut-être. Sans doute.
Nous serions heureux d’apporter notre contribution pour une… prompte résolution… Du différend.

Prompte et sanglante, bien entendu.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
Quand ils furent mit l'un à côté de l'autre, debout, entourés de Wookie, Maxence se tourna vers le Sith, son expression s'était assombrie à sa proposition et un petit rictus nerveux caressait discrètement le coin de sa bouche. Elle se pencha discrètement, parlant à voix basse, si basse qu'il était difficile de l'entendre, même pour le Sith.

-Écoute-moi bien, j'accepte ta merde télépathique, uniquement parce qu'on est un poil dans la merde. Commença-t-elle, la voix encore enraillée par la pendaison. Mais si jamais tu t'amuses à trifouiller dans mon cerveau pour chercher un truc en particulier, je te torture lentement jusqu'à c'que mort s'en suive, puis je décroche ton joli minois de ton corps pour le planter sur un pieux et l'offrir moi-même à Darth Connard, roi des Darth Attardés.

Quelle manière singulière d'ériger le portrait de Bekhaar, c'en était touchant ! Après s'être remise en place, rappelée à l'ordre par un petit coup d'arbalète dans le dos, elle se tînt droit comme un pique, attendant impatiemment l'arrivée de Ooogarrruuk. Elle imaginait déjà, comment s'échapper de ses liens, de nombreuses idées se bousculèrent dans sa tête, la manière dont elle pouvait se tourner pour éviter la balle, celle avec laquelle elle esquiverait les tirs, ou encore comment se détacher de ses liens. Absalom, de son côté, pouvait parfaitement lire ses idées, brouillonnes, mais possible, avec la bonne coordination et la bonne configuration.

Les iris bleutées de la mercenaire passèrent sur chaque personne, la pression était palpable en attendant le chef de la chasse. Par instinct, elle passa sa main contre la poche intérieure de son blouson pour ne pas trouver son paquet de cigarettes, ni son briquet. Une longue attente, donc.

Ils arrivèrent, le groupe de chasseurs débarqua de la végétation, glorieux. Ooogarrruuk était reconnaissable par le soin apporter à ses teintures de poil, équivalent à des teintures de guerre, derrière lui, ses hommes le suivaient, deux d'entre eux tenait une grosse boite métallique avec quelques trous pour permettre à ce qui se trouvait à l'intérieur de respirer. La mercenaire échangea un regard avec le Sith. Le Python ?

Sur l'instant, Ooogarrruuk prit une posture défensive. Entre les prisonniers hors de leur cage, les armes et le groupe, amasser, attendant son retour, même un Wookie savait que quelque chose clochait. Il cria. Ou parla. Difficile à dire. Il brayait. Et l'autre aussi brayait. Puis il brayait encore, en retour. Ils brayèrent beaucoup, pour la faire courte. Un peu comme moi saoule à deux heures du matin devant une série polonaise, Maxence fut prise d'un intérêt nouveau à écouter cette discussion incompréhensible. Étaient-ils en train de s'engueuler, ou de se chauffer, elle crut presque qu'ils allaient s'embrasser quand ils s'approchèrent l'un de l'autre. Finalement, la gestuelle ne trompait pas, ils s'engueulaient salement et on pointait du doigt les deux énergumènes aux mains liées.

La seconde d'après, elle braqua son arme sur lui. Puis il braqua son arme sur elle. Puis ils braquèrent leurs armes les uns contre les autres. Il y eut un vacarme de Wookie. Maxence se tourna vers le Sith. J'avais une blague sur les violences conjugales, mais j'vais m'contenter d'te demander d'te tenir prêt à courir. J'm'occupe de récupérer ton sabre.

Le ton monta, encore. Et encore. Et encore. Les menaces étaient accompagnées d'armes se dressant un peu plus vers son opposant, le doigt sur la gâchette. Quand la Wookie abattit Ooogarrruuk d'une balle surprise dans le torse, tout le monde se mit à faire feu. Maintenant. Elle avait essayé de crier dans sa tête, sans succès. Je vous mets au défis de le faire.

D'un mouvement brusque, la blondinette s'écrasa au sol, maintenant son corps uniquement à l'aide de ses mains, ses pieds s'envolèrent pour frapper l'arbalète qui la menaçait. En un instant, elle propulsa son corps sur ses jambes, terminant devant le Wookie qui la tenait précédemment au respect, ses paumes s'écrasèrent sur sa gorge pour lui couper le souffle. Elle bondit ensuite sur le côté, roulant sur elle-même pour terminer derrière un couvert. Des lasers transpercèrent le dit couvert, principalement fait de plastique. Nouvelle roulade, petite course en zigzag, glissade non-maîtrisée, elle s'écrasa contre le vaisseau, sur la caisse où se trouvait leurs armes. Maxence saisit son couteau, se détachant, attrapant ses blasters, elle saisit la poignée de l'arme Sith à pleine main. Il y eut une petite pause. Elle se demanda, combien pouvait coûter un sabre laser sur le marché ? Du moins, son histoire augmentait-elle la valeur ? Gagnerait-elle plus à abandonner son partenaire ici pour vendre son arme que de terminer la mission proprement ?

-Absalom ! Elle jeta le sabre de toutes ses forces dans les airs, pour qu'il puisse bien le voir. Réflexe !

Maintenant il n'y avait plus qu'à massacrer la populace et récupérer joyeusement ce qui leur était dû.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Des sauvages.

Ces gens-là étaient des sauvages.
(Poilus.)
(Qui plus est.)

Absalom eut un bref sentiment de fierté patriotique pour la culture hapienne. Chez lui, les principes fondamentaux étaient exactement les mêmes, mais à la place de ce concours de vociférations, on se souriait à l’opéra en empoisonnant le champagne de ses opposants. C’était plus poli, c’était plus propre, et les gens avaient moins de poils.

Dès les premiers tirs, le Hapien se jeta derrière une cage avec une rapidité surnaturelle. En une fraction de seconde, le campement fut plongé dans le chaos — un chaos de pure apparence, car en réalité, chaque Wookie semblait savoir parfaitement quel était son camp, et son rôle, comme s’ils étaient tous les protagonistes d’une pièce de théâtre déjà jouée bien des fois.

Un sabre laser vola à travers les airs, expédié par une main adroite et reçue par une main beaucoup moins adroite, mais heureusement secondée par la télékinésie. Une vibration de mauvais augure se mêla aux tirs de blaster dès le moment où la lame trancha les menottes magnétiques du Hapien, pour lui rendre sa liberté de mouvement.

Absalom jeta un bref coup d’oeil hors de sa cachette.

Eeeuh…

Léger, très léger, très, très léger oubli dans leur plan autrement bien conçu : distinguer les Wookies les uns des autres, quand on manque d’habitude, ce n’était pas si simple que ça. Le regard du sorcier passait d’un belligérant à l’autre et, abstraction faite du chef de la bande avec ses teintures, le reste se fondait à ses yeux dans une massue velue et brunâtre, de sorte qu’il était bien incapable de dire à quel camp appartenait les uns et les autres, et surtout qui était en train de l’emporter.

Le vaisseau, gazouilla soudain la voix du droïde avec une teinte d’urgence. Ils vont prendre le vaisseau !

Et Noctis s’élança donc sur le champ de bataille.

Où on eut l’obligeance de le laisser passer. À vrai dire, à chaque fois qu’un Wookie s’avisait de pointer son arme sur le sorcier, un tel sentiment de peur s’emparait de lui que son bras se mettait à trembler. Les plus courageux parvenaient bien à presser la gâchette, mais le tir maladroit fusait presque au hasard sur le champ de bataille.

Absalom sentit tout de même une brûlure au bras. Mieux valait ne pas regarder l’étendue de la blessure. Courir : c’était la priorité. Courir vers le cargo. S’engouffrer dans le cargo. Éteindre son sabre.

L’imposant vaisseau des chasseurs était plongé dans un silence étrange à côté de l’affrontement apocalyptique qui faisait rage de l’autre côté de sa carrosserie. La rampe d’embarquement menait à une soute où s’alignaient les caisses de matériel. Absalom la traversa à pas précautionneux, les sens en alerte. Derrière la première porte, une seconde soute, espèce de dortoir fruste où s’étageaient des couchettes pour géants.

Un léger frémissement parcourut le vaisseau et, partout, des voyants commencèrent à s’allumer. Le système de recyclage de l’air se remit en route. Quelque part sous ses pieds, l’ancien Sith sentit les premiers tremblements des moteurs. Si le camp adverse parvenait à prendre de l’altitude et à pointer ses canons sur leurs alliés du moment, c’en était fait de leur petit coup d’État.

Les sens en alerte, Absalom hâta le pas. Il entreprit de se faire aussi discret que possible, où une opération dans laquelle il n’eut manifestement qu’un succès limité, à en juger par le grognement menaçant qui monta dans son dos, alors qu’il s’engageait dans une coursive du pont supérieur, pour tenter de gagner le cockpit.

Hmm…

Le sorcier se retourna, ce qui précipita la rencontre de son torse avec le pied massif d’une Wookie peu amène avec les passagers clandestins.

Hmpf, commenta-t-il sobrement en volant de trois mètres en arrière !

Le sabre lui échappa des mains. Il était étalé sur le dos, le souffle coupé, ses beaux cheveux pleins d’huile de moteur, ce qui reste l’incident le plus grave de cette histoire. D’un pas pesant, la chasseresse le rejoignit pour l’empoigner par la tignasse et le soulever de terre.

Mais ayeuh, protesta le puissant sorcier !

Son adversaire lui brailla quelque chose au visage.

M… madame…

(Absalom avait tendu la main et, quelque part dans l’obscurité de la coursive, son sabre laser commençait à vibrer contre le métal.)

… l’halitose n’est pas…

De sa main libre, la Wookie dégaina une vibrolame. L’éviscération, ça, c’est une valeur sûre.

… une fatalité.

Le sabre se logea dans sa paume. La coursive prit une teinte soudain écarlate. Absalom plongea son arme dans le ventre de son adversaire. Elle ouvrit des yeux ronds, il lui ouvrit l’estomac. La vibrolame tomba au sol et la Wookie lâcha les cheveux de l’Hapien, qui lui aussi tomba au sol, sur les fesses, c’est-à-dire héroïquement.

Les entrailles fumantes, son adversaire tomba à la renverse en arrière avec une expression de surprise, tandis qu’Absalom se relevait en se massant la croupe, laquelle, d’une beauté hapienne, était habituée à plus de déférence.

Pendant ce temps, le vaisseau en avait profité pour commencer à prendre de la hauteur.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
Messages : 2364
Eclats Kyber : 0
Deux cents trente-sept. Il s'agissait du nombre exacte de personne dans la galaxie ayant, à cet instant précis, pensé la même chose au même moment, toutes langues confondues, sous le feu d'un ennemi quelconque. Cette idée saugrenue qui leur avait traversé l'esprit, comme une pensée intrusive, mais délicieusement alléchante : « Et si je me mangeai un petit sauté de Bantha après ça ? ». Le plus intéressant étant, Maxence Darkan était l'une de ces personnes, et alors que son couteau ressortait de la gorge d'un Wookie, projetant une gerbe de sans sur son compagnon terrorisé par les actes barbare de la blondinette, elle imaginait déjà le goût de la sauce qui accompagnerait son plat. Drôle de pensée me direz-vous, tendance psychopathe peut-être... peut-être. Mais imaginez donc à votre tour sa déception lorsque cette fantastique image de plat fraîchement préparé se mettait à disparaître en voyant le vaisseau trembler, embaumant la forêt de son vacarme mécanique et de son odeur de moteur, prêt à prendre son envole.

Elle laissa tomber le corps à ses pieds. Sa main se dressa instinctivement pour mettre une balle dans la tête du compère traumatisé, les yeux toujours rivés sur le vaisseau. En un millième de seconde, son cerveau fit un tour complet de la situation, elle avait vu le petit père se précipiter dans le vaisseau après l'appel de Mignon... mais quand leur navette, avant d'arriver, avait décollé, il s'était cramponné comme une mauviette. Maintenant, il était dans un navire ennemis, probablement avec du monde, en plein décollage.

Il y avait les cages d'animaux, remplies ou non. Elles formaient un drôle d'escalier. Un peu plus loin, peut-être deux mètres derrière, des caisses, de très grosses caisses de matériel, elles montaient, encore plus. Sur la droite, en décalé, le vaisseau avait poussé l'armature d'une tente haute pour accueillir un gros dix personnes en les tassant. Et au-dessus, le cargo en train de s'envoler. Avant de se mettre à courir, elle tira dans le genou d'un Wookie trop entrepreneur dans sa manière d'approcher. Droite, gauche, droite gauche. Sa foulait s'accélérait un peu plus à chaque mètre. Elle goba la distance qui la séparait des cages en un rien de temps. Grimpant dessus, toujours prise par l'élan, elle bondit, posant un pas de louve sur les caisses pour se propulser sur l'armature, lançant son corps une dernière fois pour atteindre son objectif. Tendant les mains, elle s'accrocha au train d'atterrissage, dressant ses pieds pour l'agripper de tout son corps.

Elle se balança ensuite d'avant en arrière pour attraper une espèce d'essieu, une barre transversale longeant la carlingue. La mercenaire trouva un moyen de se dresser sur le flanc du vaisseau, proche d'une porte, au-dessus du vide, un vide qui commençait à creuser un écart mortel. À l'aide de son couteau, elle décapsula comme on décapsulerait une bière, le boîtier de commande de la pote. Branchant ensuite son bracelet, c'était à Eos de trouver le code pour l'ouvrir. En une poignée de secondes, Maxence venait de rentrer, essoufflée, mais prête au combat.

Lentement, la blondinette s'avança dans les coursives, en quête de trouver le cockpit. Au détour d'un couloir, elle dressa son arme en direction du sorcier qui venait tout juste de sortir de sa petite rencontre. À l'instant où allait sans aucun doute lui lancer une punchline des dieux, elle fut balayée par une main appartenant à un corps poilu d'au moins deux mètres de haut pour cent-cinquante kilos minimum. Poussée contre un mur, sonnée, en dressant la tête, c'était au tour du wookie de se faire projeter à l'aide de la force, suivi d'un tir dans le thorax.

-Aoutch ! S'exclama-t-elle sobrement. Ça fait mal. Un peu. J'suis une grande fille. Voulut-elle se justifier. J'vais bien.

L'ego avant tout. La question était désormais : qui conduisait ? La mercenaire se dressa sur ses jambes avant de courir comme une folle dans les coursive, imaginant un plan des lieux comme elle pouvait, l'idée étant d'aller vers l'avant. Elle se cogna contre un mur, puis un second, le conducteur devait être bourré... ou très mauvais. La porte s'ouvrit pour laisser entrer une Maxence décoiffée qui, sans se faire attendre, descendit le chauffeur avant de lui dégager du siège. Une dizaine de secondes, c'était ce qui lui avait fallu pour trouver comment piloter cette immondice Wookie. Commandes de tir actionné, pilotage manuel, elle repéra la caisse, les ennemis, pencha son engin et, non sans une flamme d'excitation brûlant dans ses yeux, elle tira sans sommation sur les hommes et femmes. Ils tentèrent de s'éparpiller, certains coururent en vain en direction de la forêt. Les lasers étaient si puissants qu'ils dépeçaient ses adversaires. L'un d'entre eux n'était plus qu'une bouillie de chair fumante. Les derniers survivants s'étaient cachés sur le flanc droit du vaisseau, dans un angle mort, le temps d'attraper des explosifs. Maxence ne put les voir qu'au dernier moment, trop tard pour éviter l'explosif artisanal qu'ils venaient de lancer sur l'aile droite, lui faisant perdre une grande partie des commandes. Prise d'un réflexe suicidaire Darkanien, elle pencha la carcasse sur la gauche, dressant le manche pour la faire tourner sur elle-même pour finalement la forcer à s'écraser sur les rescapés.

Le cargo trembla dans son intégralité, un cri de métal, strident, plaignard, lui échappa et, comme un sexagénaire pris d'une crise cardiaque surprise, il s'écrase de tout son poids sur trois Wookies qui n'eurent pas le temps de comprendre ce qui leur arrivait. La carlingue entière se froissa, remuant la terre meuble des marais, déracinant des arbres à la lisière du camp. À l'intérieur, Maxence avait été éjectée de son siège, propulsée contre le plafond, contre le mur, avant de s'étaler -non sans une certaines grâce chaotique- face contre terre, contre le sol.

Sa paume peina à caresser le métal pour la redresser. La tête qui tourne, le corps entier douloureux, les jambes en miette, elle se leva en grognant. Elle porta sa main à son arcade en sang, se tenant contre la parois qui se trouvait être le plafond, au final, à la recherche d'une sortie. Grimper au niveau de la porte était l'un des défis les plus compliqués de sa vie, s'écroulant par la suite, elle arrivait à mêler ramper et marcher à la perfection.

-Absa ? Mon papa-sucré-d'amour ? Si t'es mort, j'irais pisser sur ta tombe, j'te préviens. Simple question de culture Coruscanti. Ahouheuuu... J'ai la tête qui... j'sais pas, mais elle fait des trucs.

L'écoutille de secours s'ouvrit. La mercenaire en sortit. Glissant le long de la carlingue, elle tomba en roulé-boulé à la fin, marquant, pour sûr, une victoire glorieuse au milieu d'un champ de bataille sens-dessus-dessous.
Absalom Thorn
Absalom Thorn
Messages : 490
Eclats Kyber : 0
Hmpf.

(Si vous lui passez l’expression.)

Absalom était suspendu par les pieds.
Dans des câbles.
Qui crépitaient.

Le sorcier prit quelques secondes pour : petit a) surmonter le traumatisme qui lui avait valu cette expérience aéronautique brève mais intense, petit b) faire le point sur sa situation et petit c) vérifier qu’il avait encore le plein usage de sa personne, des orteils jusqu’aux sourcils.

À ses côtés se trouvait dans un coin de la pièce un cadavre de Wookie façon art cubiste déstructuré de l’avant-garde mon calamari. Le Hapien considéra quelques instants le triste sort qui aurait pu être le sien, avant de tendre la main vers les câbles et d’entreprendre de se démêler les pieds.

Hmpf, réitéra-t-il quelques instants plus tard en tombant lourdement sur le sol, qui était en fait le mur.

Une petite investigation des décombres métalliques autour de lui permit de remettre la main sur son sabre laser et il entama sa progression hors de l’appareil naufragé. Une dizaine de mètres plus loin un astromech tout paniqué et salement amoché le frôla à toute vitesse avec des cris aussi suraigus qu’électroniques, pour entreprendre des réparations dérisoires compte tenu de l’état du vaisseau.

Dans la soute, il fit la rencontre d’un Wookie qui rampait au sol, faute d’avoir encore des jambes, manifestement abandonnées sous une caisse de plusieurs tonnes à quelques mètres de là. La créature tendit le bras vers lui avec un grognement vindicatif ou possiblement mourant.

Ah non, ça suffit, maintenant, la rigolade, marmonna le sorcier.

Le sabre laser s’activa un bref instant pour perforer le crâne du malheureux et lui cautériser la cervelle. Il y avait de la pitié dans cette violence, car sans cette exécution, le pauvre homme aurait sans doute agonisé pendant des heures.

Enfin, Absalom se laissa glisser sur la carlingue du cargo avec une grâce discutable, pour atterrir à genoux dans la boue et se relever.

Ah. Vous êtes là, vous. J’imagine que c’est vous la responsable de cet atterrissage d’une délicatesse discutable ?

Le sensitif fit quelques pas au centre du camp qu’il balaya d’un regard prudent. Le spectacle était apocalyptique. Des caisses éventrées, des animaux morts, des Wookies morts, de la chair carbonisée, écrabouillée, et même, pour des raisons qu’il était probablement préférable d’ignorer, ponctuellement acidifiée et mastiquée.

Le regard de l’ancien Sith se perdit un instant dans le vague, à la recherche de pensées et d’émotions tout autour d’eux, sans trouver autre chose que la présence de Maxence, et l’agitation des quelques animaux survivants.

S’il y a des survivants, murmura-t-il en s’enfonçant un index dans l’oreille gauche pour entreprendre de la déboucher, ils ont pris leurs jambes à leur cou.

Mais ce n’était pas l’essentiel. Après avoir retiré son index, bâillé, fait jouer sa mâchoire de gauche à droite puis claquer sa langue, le Hapien se dirigea vers la caisse de transport qu’ils avaient vu les Wookies ramener de la forêt, peu avant le début des combats. Il s’accroupit pour en examiner le contenu, difficile à discerner à travers les rares interstices de l’enveloppe métallique.

Je crois que c’est bien ça, dit-il. Il dort enroulé sur lui-même, possiblement sous sédatif, et c’est trop sombre pour moi. Pour juger de la taille. Mais on dirait bien une créature serpentine. Encore vivante.

Elle faisait partie des cages les plus éloignées du site du crash. Une dizaine d’autres avait survécu à l’explosion. Le Hapien aurait volontiers ouvert toutes celles qui ne les intéressaient pas, pour en libérer les occupants, mais la triste vérité était qu’il ignorait si les créatures à l’intérieur présentaient un danger ou non, et que le risque eût été trop grand.

L’idée qu’elles allaient toutes mourir inutilement de faim et de soif le remplit d’une mélancolie et d’une compassion que le carnage parmi les Wookies n’avait pas éveillées un seul instant.

On devrait se mettre en route, suggéra-t-il. Au cas où des survivants reviendraient voir ce qui reste. Ou qu’il y ait d’autres chasseurs sur cette planète que notre remue-ménage aura attirés. La cage avait l’air d’être équipée d’un système anti-grav, j’imagine que votre…

D’un geste de sa main libre — celle qui n’était toujours pas fermement refermée sur son sabre laser éteint — il désigna Eos.

… truc… saura l’activer.

Pour sa part, il fit quelques pas de côté et posa sa main au-dessus d’une autre cage, qui contenait une sorte de phacochère beau comme un ulcère à l’anus. Au bout de quelques secondes, la cage laissa échapper un gémissement plaintif. En même temps, les éraflures sur le visage et les bras du sorcier étaient en train de disparaître. Après le bruit sourd d’un corps animal qui s’effondrait, Absalom sembla tout à fait remis de sa mésaventure aérienne.

Je vous aurais volontiers soigné, mais mes pouvoirs ne vont pas jusque là. Si vous voulez, cela dit, je peux probablement vous permettre de faire abstraction de toute douleur, le temps du retour à bord de notre propre vaisseau.
Revenir en haut
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
skin made by
© jawn