Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


Ses grands yeux d’or soulignés par le carmin de la fleur, sa lèvre fendue qu’il avait tant observée, tant dévorée.





Le hapien sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, et il serrait toujours Dana, à lui en faire mal certainement, tandis que ses yeux s’étaient embrasés en fixant le visage de l’Inquisitrice – ses grands yeux d’or soulignés par le carmin de la fleur, sa lèvre fendue qu’il avait tant observée, tant dévorée.

- Qui ?

Comme Dana ne répondait pas, tremblant légèrement entre ses mains, le hapien tâcha de se maîtriser, mais ses veines étaient parcourues de cette adrénaline irréfrénable, et il exploserait si elle ne lui disait pas un nom. Un putain de nom, encore.

- QUI ?! cria-t-il en la repoussant un peu plus sur le bureau, la penchant. Arboghast ?!

Elle ne répondait toujours pas. Lloyd lui administra une secousse brutale contre le bureau et Dana fit non de la tête.

- Graymes.

L’Inquisitrice se mordit la lèvre. Le hapien la lâcha subitement, reculant d’un pas. Mais son regard était toujours aussi féroce. Sa bouche s’était un bref instant tordue de dégoût.

- Graymes a fait ça et tu l’as laissé faire, gronda-t-il d'une voix désincarnée. Tu l’as laissé faire parce que mes décisions ne correspondaient pas à ce que tu voulais ?!

Il opina du chef en pinçant les lèvres, avant de la saisir de nouveau par un bras. Cette fois, pas pour l’acculer, mais pour l’emmener. Il l’entraîna à sa suite vers la sortie sans ménagement, commanda l’ouverture de l’écoutille et ils déboulèrent tous les deux dans un corridor. Ignorant les deux soldats qui les regardèrent, étonnés, le capitaine traîna Dana à sa suite d’un pas rapide qui manqua de la faire trébucher. Ils passèrent devant les bureaux de ce pas précipité, jusqu’à ce que le hapien poussât l’Inquisitrice dans un turbolift où il s’engouffra lui-même.
Ils restèrent dans la cabine en silence le temps que celle-ci se mût, et il ne la lâchait pas. Il ne la regardait plus, les yeux fixés sur l’écran qui indiquait leur progression jusqu’à ce qu’un tintement artificiel leur annonçât que leur destination était atteinte. Les portes se rouvrirent et le turbolift les rejeta dans un long corridor vide – celui de quartiers privés. Ils étaient plongés dans le silence, et seul un droïde nettoyait consciencieusement un tapis de velours – l’aile des invités. Le hapien traîna encore Dana derrière lui, l’amenant sèchement vers la cabine qu’il avait attribué à l’Inquisitrice. Son pass lui permit d’ouvrir l’écoutille – le commandant avait aussi ce genre d’autorisation – et aussitôt les lumières du petit espace éclairèrent l’endroit resté presqu’intact. Un droïde avait retiré les plateaux empilés, par chance.

Lloyd jeta Dana à l’intérieur de la pièce et se hâta de refermer derrière lui, jetant des coups d’œil inquisiteurs dans la cabine qui à peu près restée intacte depuis la dernière fois qu’il l’avait vue. Dana avait dû à peine l’utiliser. Il lui sembla que c’était là une preuve supplémentaire qui acheva de déchirer quelque chose au fond de ses entrailles.

- TU VOULAIS PAS DE CETTE CABINE ?! hurla-t-il en se tournant vers elle et ce faisant il attrapa une lampe et l’arracha du mur, avant de la jeter à travers la pièce. La lampe se fracassa contre un miroir dont les débris se répandirent au sol. HE BIEN VOILA, INUTILISABLE !

Il traversa la pièce vers la couchette, où les fleurs blanches gisaient toujours, intactes, mais quelque peu défraîchies. Le hapien se pencha pour saisir le bouquet et l’agiter entre Dana et lui.

- TU VOULAIS PAS DE CES FLEURS NON PLUS ?!

A deux mains, il sépara le bouquet en deux et des brins s’échappèrent avant qu’il ne jetât le reste au sol. Il piétina les fleurs dans un accès de rage. Les pétales massacrés se déchirèrent pitoyablement.

- VOILA ! PLUS DE FLEURS NON PLUS !

Après avoir jeté un regard dégoûté sur ce qu’il venait de faire, il toisa de nouveau l’Inquisitrice qu’il avait laissé au milieu de la pièce, figée.

- TU VOULAIS PAS QUE JE TE LAISSE A L’ECART ?! poursuivit-il sur le même ton enragé, et il fouilla l’intérieur de sa veste pour en tirer sa carte d’accès. BEN TIENS ! TIENS !

Il saisit sa main et força les doigts de Dana à se refermer sur le pass. La carte glissa de la main blessée de l’Inquisitrice et tomba au sol, mais il l’ignora.

- TU VOULAIS BAISER ?!

Il déboutonna sa veste avec des gestes tremblants de colère, avant de la retirer et de la jeter au sol avec rage. En dessous, il portait une chemise et la voix de Runà lui revint en mémoire. Je crois qu’il faut que vous commenciez par retirer votre chemise.

- TU VOULAIS BAISER COMME TA MAITRESSE ?! ME DIRE DE COMMENCER PAR ENLEVER MA CHEMISE, ME DIRE DE FAIRE CECI OU CELA PARCE QUE JE SUIS UN MAUVAIS OFFICIER A QUI IL FAUT TOUT EXPLIQUER ?!

Il s’échina à arracher les boutons de sa chemise pour dévoiler son torse où les traces de sa vie subsistaient en cicatrices plus ou moins visibles.

- ET QUI EN PLUS FAIT TOUT MAL, MAIS AU MOINS CA ME RENDRA PLUS CONCILIANT HEIN ?! BEN VAS-Y FAIS TOI PLAISIR SI C’EST CA QUI COMPTE !

Il écarta les mains en un geste provocateur, indiquant qu’il l’attendait, que tout à la fois il était peut-être prêt à se battre aussi.

- VAS-Y ! QU’EST-CE QUE T'ATTENDS !!

Son souffle était précipité, et il ouvrit de nouveau la bouche mais plus aucun cri n’en sortait. Ses bras retombèrent le long de son corps. Il y avait un mélange de rage et de supplication dans son regard.

- Comme ça tu pourras aller retrouver Graymes tranquillement ensuite, persifla-t-il, lui dire qu’il a meilleur goût en matière de fleurs, le laisser être romantique puisqu’il sait y faire, et admirer ses décisions, hein ? Moi après tout, tu peux me garder pour ma cabine et les nuits où t’as besoin de t’occuper, hein ? Puis c’est toujours bien d’avoir un commandant de frégate comme toutou, on sait jamais.




CSS par Gaelle

Darth Hope
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C’était un nouveau duel.








Dana tremblait toujours. Elle se sentait minuscule au milieu de cette cabine immense que la colère du hapien ravageait. Elle sentait l’oxygène se raréfier et l’air se tasser brutalement au fur et à mesure que les cris du Capitaine vibraient, déchirant les oreilles de l’Inquisitrice, provocant ces tressaillements d’appréhension. Elle le contemplait, interdite, paralysée comme une proie dans l’ombre du prédateur. Elle avait l’impression qu’aucune des mots qu’il hurlait n’avait de sens. Elle était simplement en train de sombrer, de se noyer profondément. Une eau invisible s’insinuait dans ses poumons en feu, provocant des larmes qui brûlèrent ses yeux tant elle se retenait pour ne pas les laisser couler. Elle avait contracté la mâchoire, serrer ses petits poings, tendue au possible pour éviter un pathétique déferlement de sanglots.



Jusqu’à ce que le silence arrive.



Le silence.



Plus aucun mot. À peine le bruit de leurs respirations et le discret vrombissement de la machinerie du vaisseau. Un silence absolu qui la percuta comme un coup de poing en plein ventre.



Elle ne souhaita pas briser cette tranquillité soudaine, par peur que les hurlements ne recommencent. Elle gardait la tête haute et se rendait compte que la silhouette du Sith était brouillée par ses larmes retenues. Elle n’avait pas envie de rester. Ses yeux se détachèrent de la vague image de Lloyd pour viser la sortie. Il était sur son chemin, mais il suffirait de le contourner. Elle engagea un pas et se dépêcha d’atteindre les portes de la cabine.



Elle l’avait à peine dépassé qu’il avait saisi son poignet entre ses doigts furieux. Dana se détourna. La fleur accrochée à ses cheveux noirs frémit avec le mouvement. Et elle tomba dans le regard de Hope, comme on tombait d’une falaise, comme on basculait dans le vide absolu. Une seconde plus tard, ses lèvres s’écrasaient déjà contre celles du commandant. Elle sentit la poigne de Lloyd se raffermir autour de sa main alors qu’il la ramenait davantage contre lui, avec une rage sourde. Elle donnait un écho tout aussi enragé à cette colère. Elle avait attrapé une touffe de la tignasse blonde entre ses phalanges. Leurs bouches bataillaient. C’était à celui qui volerait le plus d’oxygène à l’autre, comme pour le punir. C’était à celui qui vaincrait. C’était un nouveau duel.









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Chaque parcelle de toi sera impériale.





Le hapien n’avait pu résister. Dès qu’elle avait donné le signal de l’assaut, son corps s’était soumis à ses pulsions, incapable qu’il était de résister à ce corps sulfureux, à cette main qui attrapait ses cheveux comme pour le dompter quand l’Inquisitrice savait très bien que cela le rendait plus sauvage, plus assoiffé. Et dans le même temps qu’il basculait Dana à terre, ses idées s’entrechoquaient, se percutaient pour se fracasser contre les théories qu’il avait échafaudé dans la jalousie et la convoitise, jusqu’à tout brouiller. Que Dana eût choisi ce moment pour le soumettre à ses désirs, cela signifiait-il que tout ce qu’il avait dit était vrai ? Qu’elle voulait baiser, qu’elle faisait ça pour le rendre plus conciliant, comme elle l’avait dit à Arboghast ? Qu’elle domptait le commandant de frégate pour le contrôler, pour faire de lui l’animal docile, sur qui on enverrait des rapports truqués comme il était devenu un instrument de l’Inquisition ?

Chaque parcelle de toi sera impériale.


Le hapien écarquilla les yeux à la vision des pétales rouges.

- Dana, haleta-t-il subitement, et il remonta sa main pour lui saisir le menton, pour la forcer à le regarder dans les yeux tandis qu’il se redressait. Dana ?

Il avait prononcé son prénom comme pour lui signifier qu’il fallait s’arrêter, avec urgence. Il s’immobilisa, couché sur elle, le souffle court, le regard égaré dans l’étendue dorée. Il fronça les sourcils, la bouche entrouverte comme il haletait.

- Est-ce que tu fais ça juste pour sauver ta vie et rien de plus ? demanda-t-il, très sérieux.

Il remonta sa seconde main pour saisir le visage de Dana des deux mains et ses pouces tracèrent un sillon dans les joues de l’Inquisitrice, tandis qu’il paraissait essayer de décrypter l’expression de ces traits qui avait rougi sous les baisers sans délicatesse qu’il lui avait administré.
Il y eut quelques instants de silence où seules leurs respirations s’entendaient, couvrant le lointain ronronnement de Melantha. Le visage de Lloyd s’était décomposé, et il paraissait chercher partout sur celui de l’Inquisitrice une explication qui ne s’affichait pas : ni sur sa lèvre fendue, ni sur ses joues rouges, ni sur les petites cicatrices qui semblaient attester leur histoire, et pas non plus dans les battements de cils noirs qui semblaient lui renvoyer ses propres questions. Il exhala un souffle atterré, écarquillant les yeux comme il ne trouvait aucune réponse.

- Parce que moi non, Dana !



Parce que moi non Dana, moi non. Moi je fais ça parce que je


Le silence se poursuivit jusqu’à ce qu’il se décidât à prendre une inspiration, soudain.

- Tu crois que j’suis un pervers et qu’on baise Dana. Mais c’est pas ça pour moi. C’est pas ça, tu comprends ?

Essayer de formuler quelque chose pour exprimer ce qu’il ressentait lui sembla lui faire l’effet que des épines étaient plantées quelque part au fond de sa poitrine et qu’il essayait sans succès de les ôter. Comme s’il tirait dessus, et que ce faisant il risquait d’arracher l’intérieur de ses tripes, de ses poumons, de s’ôter la capacité de respirer, de provoquer des hémorragies incontrôlables.

Alors il se força à se taire, à laisser tomber. A serrer les dents, à ravaler les épines.

Les stars de Melantha rendaient son vaisseau célèbre, même si lui devrait peut-être le quitter. Est-ce que Dana resterait à bord ?

Est-ce que Stan Graymes lui offrirait d’autres fleurs qui lui plairaient ?

Est-ce que Stan Graymes la rendrait heureuse avec ses bons goûts de fleurs ?

Est-ce qu’elle lui en voudrait s’il tuait Stan Graymes ?

Et si Stan Graymes pouvait faire des enfants vivants ?


Elle lui en voudrait sûrement. Ce serait encore une mauvaise décision. Comme toutes les mauvaises décisions qu’il avait faites.

Il sentit ses yeux se remplir de larmes stupides. Le monstre qui pleurait. Ridicule. Mais Dana le connaissait, ce Sith absurde. Elle avait couché avec lui, elle l’avait dompté, et il était injuste de songer qu’elle avait fait de lui un animal : il l’était déjà avant, il n’avait fait que changer de maître. Le problème, c’est la main du maître qui le nourrit.

- Tant pis, sanglota-t-il subitement, le front toujours au sol. Fais de moi ce que tu veux. Va voir Graymes si tu veux.

Enfin, si elle arrivait à soulever la masse de muscles qui écrasait son corps.




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Darth Hope
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Elle n’avait pas le droit de dire tout ça.





Les yeux écarquillés de Dana fixaient le plafond ouvragé de la cabine luxueuse. L’état de choc avait engourdi ses membres après l’extase forcée, après avoir perdu le contrôle, hantée par la voix de Lloyd qui prononçait tant de fois son prénom. Dana. Dana…Dana ! Sa peau frémissait et elle sentait les larmes du capitaine couler dans sa chevelure sombre, imbiber la peau de son cou. Il lui semblait qu’aux endroits où ces pleurs se déposaient, son derme brûlait douloureusement. Elle aurait voulu hurler, mais le moindre soin qu’elle tentait d’émettre restait piégée dans sa gorge nouée.

Après un long moment, les bras de l’inquisitrice tressaillirent. Ils se soulevèrent pour s’enrouler autour de Lloyd, à l’image de deux serpents jalousement protecteur. Elle banda ses muscles, resserra son étreinte. Sous ses doigts, elle caressait les cicatrices à portée, tâchant de les reconnaître sur ce corps devenu si familier au fil des mois qui s’étaient écoulés. Son pouce cajola la plaie ancienne que les initiales de Rhysode avaient formé sur la peau du hapien.

- Lloyd…murmura-t-elle, comme si elle avait voulu le réveiller en douceur, sans le brusquer. Lloyd je…

Sa gorge se dénouait progressivement. C’était douloureux parce qu’il y avait encore ce poids dans sa poitrine.

- Je fais pas ça parce que…je veux survivre. C’est un mensonge…c’est un mensonge Lloyd. Sur Dathomir, j’ai menti, avoua-t-elle du bout des lèvres, contemplant toujours le plafond comme si les mots qu’elle devait dire s’y trouvaient gravés. J’ai menti parce que….je voulais pas que tu saches que…je voulais pas que tu saches que j’avais envie de recommencer. Recommencer à te faire l’amour, à ce que tu me fasses l’amour, après le Grand Temple. J’avais envie de recommencer, j’avais tellement envie de recommencer. J’en avais envie parce que…

Elle prit une profonde inspiration. Sa poitrine se souleva laborieusement sous le poids des muscles du capitaine. Elle ne savait pas s’il l’entendait, s’il avait la moindre envie d’entendre ses réponses. Elle ne savait pas si ses réponses étaient ce qu’il avait besoin d’entendre, ou s’il croirait ses paroles.

-Parce que j’aime l’odeur de ta peau, la couleur de tes cheveux. J’aime gémir ton nom. Je me sens bien. C’est pour ça que je suis revenue chez Rhysode, c’est pour ça que j’ai répondu au code sur Jabiim.

Ses mains s’étaient égarées sur le dos du Sith où elles vagabondaient librement, dessinant des runes invisibles, des prières silencieuses, des arabesques de tendresse. Elle sentait les battements de coeur de Hope contre les siens et c’était une sensation étrange sur laquelle elle se concentra.

-Me laisse pas remonter chez Kedrod, supplia-t-elle. Me laisse pas partir chez Stan Graymes. Je suis à toi.

Les paumes de Dana s’immobilisèrent soudainement alors qu’elle se mit à l’étreindre avec la force du désespoir.

-Je suis à toi, Lloyd Hope. Je serai à toi jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien de moi. Je veux te protéger. J’te protégerai. Je te soignerai. J’apprendrai comment on fait si je sais pas faire. Je tuerai comme t’as tué pour moi. Des enfants, s’il faut. Je tuerai encore des enfants, si ça me permet de te protéger. Je veux pas que tu meurs, Lloyd. Rien ne me consolera non plus si tu meurs, rien, ni personne. Ce sont tes fleurs que je veux. Je veux toutes les fleurs de Vaynai, que ce soit toi qui me les apportes. On…on en apportera sur la tombe des jumelles. Tous les deux, si tu veux. D.H, c’est pas Dana et Hope. C’est pas ça…c’est…

Elle détourna enfin sa figure et ses lèvres rencontrèrent une tempe blonde qu’elle baisa avec douceur.

-C’est Dana Hope. Parce que si j’étais pas déjà mariée, si je pouvais choisir. C’est toi que je marierai. J’aurais plus besoin de mentir quand je voudrais qu’on fasse l’amour. J’aurais plus besoin de mentir quand je voudrais être dans ta cabine, dans ta douche, dans ton lit. Mais on est des Sith. C’est….plus facile de dire que t’es un pervers, c’est plus facile de mentir. C’est juste plus facile comme ça Lloyd…

Le corps de Dana se cambra un peu, parce que le poids de Lloyd commençait à paralyser ses muscles. Leurs peaux glissèrent l’une contre l’autre et elle enfouit son minois dans le cou du hapien, désireuse de disparaître. Elle n’avait pas le droit de dire tout ça. Elle n’avait pas le droit d’être faible. Etre faible, c’était mourir, lui avait tant de fois répété son père. Mais il ne lui avait rien enseigné sur l’amour, sur les sentiments. Il ne lui avait rien dit sur les hommes blonds, hapiens, en uniforme, avec des yeux aussi verts qu’une eau dangereuse. Il lui avait juste dit de ne pas être faible. Ils étaient deux âmes entremêlées, au milieu d’un champ de bataille invisible. Dana avait laissé la Force filer, juste pour mieux sentir Lloyd, pour sentir qu’il était vivant, qu’il allait bien.

- T’as pas besoin d’être romantique si tu veux pas l'être, reprit-elle une fois que le silence était devenu trop mordant. Et à la naissance de son cou gracile, une légère douleur pulsait, là où il l’avait mordu. Le sang ne coulait pas, mais les dents de Lloyd avaient coloré le derme doux de l’Inquisitrice. Chet serait ravi de revenir soigner une nouvelle morsure. T'as pas besoin de prendre les bonnes décisions. Je voulais juste t’aider…je voulais juste te protéger. T’es pas un incompétent, t’es…pas un con. Je voulais juste t’aider, te protéger.







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Il s’efforça de respirer plus calmement, et enfin le silence revint, sans ses sanglots stupides.





Il avait par moments tressailli, secoué de sanglots silencieux qu’il essayait d’écraser au fond de lui, mais les mots de Dana faisaient des brèches dans les digues qu’il avait construit pendant des années autour d’un océan de solitude. Et maintenant, voilà que Dana était là, qu’elle était sous lui sans chercher à s’enfuir, qu’elle aimait l’odeur de sa peau, la couleur de ses cheveux, gémir son nom, qu’elle voulait être à lui, être à son nom, et tout cela aurait dû l’aider à respirer, à colmater les brèches mais au contraire, il se sentait plus minuscule, plus vulnérable, il avait tant besoin d’être protégé, comment cela se faisait-il qu’il ne s’en était jamais rendu compte ?
Ses larmes coulèrent encore, et il resta enfoui contre Dana sans vouloir relever son visage devenu rouge et humide. Le baiser de Dana sur sa tempe l’aida à se raccrocher à une forme de présence au monde, comme une bouée de sauvetage pour qu’il arrêtât enfin de sangloter comme un enfant.

Il lui fallut encore quelques secondes, la honte de s’être ainsi allé remplaçant peu à peu la peine sourde qui lui avait arraché des larmes. Il s’efforça de respirer plus calmement, et enfin le silence revint, sans ses sanglots stupides. Il renifla.

- J’ai toujours trouvé que Dana et Hope c’était bizarre aussi, bougonna-t-il avant de s’autoriser à se redresser, libérant enfin un peu Dana qu’il avait écrasée.

Il évita de croiser son regard en se relevant, essuyant son visage de son avant-bras avant de s’échiner à remettre son pantalon. A côté de lui, l’Inquisitrice était restée allongée dans une position lascive, le corps dénudé, il se mit à genoux comme pour mieux la contempler. Autour d’elle, il vit le gâchis qu’il avait avec le bouquet. Il s’humecta les lèvres, renifla une nouvelle fois.

- Les fleurs, c’était pour… C’était parce que..

Le hapien se mit à rassembler des brins abimés, essaya de refaire un bouquet avec les fleurs détruites, en choisissant celles qui étaient les moins tristes, mais ça ne donnait pas grand-chose. Malgré tout, il les assembla, avant de prendre la main de Dana pour qu’elle refermât ses doigts autour des brins végétaux.

- C’est un peu nul, désolé. Je suis pas très doué pour ça. Y’a quelques temps j’ai compté… J’ai compté et ça faisait un an que t’étais ma coéquipière et alors…

Il accompagna le bouquet jusque sur la poitrine de l’Inquisitrice, comme si elle pouvait encore en humer le parfum malgré leur allure pitoyable. Il haussa les épaules, penaud.

- C’était pour ça que je les ai commandées, je sais pas. Pour te dire merci, je suppose. Pour dire que j’étais content de t’avoir dans ma vie un an après tu vois ?

Il s’autorisa enfin à croiser le regard de l’Inquisitrice, cette étendue dorée sauvage, avec une pointe d’appréhension – tout ce qu’elle avait dit, tout ce qu’il avait pleuré le temps de quelques minutes, tout cela lui paraissait remplir quelque chose entre eux qu’il se sentait un peu honteux d’avoir déclenché dans sa faiblesse. Il aurait dû savoir tout cela, elle n’aurait pas dû avoir à révéler ces choses qui leur étaient interdites. Et pourtant, il se sentait plus léger maintenant.

- Mais t’as raison. C’est mieux de mentir. Alors, on peut dire que j’suis ton pervers préféré ?

Lloyd grimaça un bref sourire avant de regarder le bouquet de nouveau. Les fleurs déchiquetées reposaient entre les deux seins de Dana, qui se soulevaient au rythme de sa respiration, et côtoyaient le médaillon au-dessous de son minois. Le tableau lui sembla particulièrement bien composé, élégant et sulfureux à la fois, du genre qui n’était qu’à lui, que personne d’autre ne pouvait voir parce que Dana Hope ne s’offrait plus à personne d’autre.

Il se pencha soudain pour l’embrasser, pressant un instant ses lèvres contre celles de l’Inquisitrice avant de les séparer pour rester son visage à quelques centimètres du sien, pour mieux voir ses prunelles dorées, accoudé à côté de son chef d’œuvre – à lui.

- Toi t’es ma menteuse favorite. Le plus joli monstre que j’ai mis dans mon lit, chuchota-t-il.




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La Rage de Melantha

Tout ce qu’il faudrait taire pour, elle l’espérait absurdement, encore bien des années.






Dana avait suspendu son souffle et ses grands yeux dorés s’étaient encore embués. Ses doigts fébriles pressaient les petits brins de fleurs abimés, comme si sa vie en dépendait. Elle se mordit la lèvre, jusqu’à ce que la douleur la rappelle à la réalité et elle dévia son attention sur l’officier impérial.

-C’était toi ? Pour…moi, articula-t-elle d’une toute petite voix. Elle avait besoin de verbaliser pour se rendre compte. Les fleurs c’était pas ce qui attendait tous les invités dans chaque cabine c’était pour moi ? De ta part ? Et ça fait un an ?

Il avait hoché la tête, admirant toujours l’Inquisitrice avec attention. Une année complète aux côtés de H. C’était mieux que tous les scénarios qu’elle avait déjà élaboré à son sujet. Les rêves qu’elle s’était chuchotée le soir dans les dortoirs des Lames Rouges, s’imaginant ce qu’elle dirait quand elle reverrait enfin H, comment elle se comporterait, comment elle lui sourirait pour tenter de le séduire, comment elle ferait pour ne plus le laisser partir. Mais à cette époque, elle était tellement seule et désespérée qu’elle ne souhaitait qu’une seule minute. Juste une minute aurait été suffisante en sa compagnie. Elle avait prié pour que la Force lui accorde cette minute-là un jour. Et à la place, elle avait eu une année entière.

-J’avais encore jamais vu des fleurs comme ça, murmura-t-elle dans un sourire et le rouge lui était monté aux joues après qu’il eût répété qu’elle était le plus joli monstre qu’il avait mis dans son lit.

Des fleurs. Des compliments. A sa manière, le capitaine Hope savait être romantique. Elle échappa un rire léger avant d’égarer une main contre la joue hapienne.

-Voleuse. Tu m’as aussi traité de voleuse à Piya. Voleuse, menteuse, tu devrais revoir tes fréquentations, mon Capitaine. Tu devrais…

Et elle oblitéra le reste de sa phrase contre les lèvres du Sith. Elle l’embrassa. Il lui rendit son baiser. Elle l’embrassa encore. Ils basculèrent, reprirent leurs esprits pour se contempler mutuellement, pour louper les marches, pour trébucher dans l’âme l’un de l’autre, pour concevoir toute l’attirance, tout ce qu’il ne fallait pas dire, tout ce qu’il faudrait taire pour, elle l’espérait absurdement, encore bien des années.





















- Stan Graymes, je vous cherchais.

Sur l’une des plus grandes baies d’atterrissage et de décollage du Melantha, Stan Graymes inspectait le chasseur de Rascal, celui-là même dans lequel Dana était montée sans permission avec le risque de mourir, de devenir une poussière invisible au coeur du vide absolu. Le lieutenant devait donner l’aval pour l’envoi de l’engin sur un chantier naval de Dromund Kaas, mais quelque chose semblait le préoccuper. Il était certain que l’appareil pouvait encore être réparés dans les ateliers du Melantha. Ses yeux azurés quittèrent la carrosserie du chasseur pour s’intéresser à l’Inquisitrice. Sans surprise, il découvrit qu’elle ne portait plus l’Asha dans sa chevelure soyeuse. Coriace, avait-il affirmé. Une preuve de plus qu’elle l’était. Il croisa les bras sur son torse, les manches de sa combinaison de pilote retroussée.

-Est-ce une bonne nouvelle quand l’Inquisition nous cherche ? S’amusa-t-il, l’air faussement innocent.
-L’Inquisition a une mission pour vous, j’espère que vous serez à la hauteur, répliqua-t-elle d’un ton prétentieux.
-Ca m’a l’air tellement officiel, que je me sens dans l’obligation d’accepter, rit-il.

Elle découvrit l’une de ses mains qu’elle avait gardé dans son dos tout ce temps. Au creux de son poing féminins, quelques brins de Pluies de Vaynai aux pétales meurtris.

-Vous m’offrez des fleurs ? Lâcha-t-il, haussant un sourcil dubitatif.
- Ce sont les miennes et j’espère bien qu’elles me reviennent. En bonne santé. Je me disais que, vous pourriez…les soigner.
-Les soigner ?
-Vous êtes doué, admit-elle dans un soupir impatient.

Il hésita. Durant une courte seconde, toute lueur d’amusement quitta son regard et il se reprit, acceptant de prendre les pauvres fleurs dont il ne restait presque plus rien.

-Et qu’est-ce que je gagne en retour ? Fit-il, les yeux plissés en direction de Dana.
-S’il vous faut des crédits, je peux payer, déclara-t-elle froidement.
-Je suppose que votre gratitude me suffira, se moqua-t-il, la voix légère.
-Combien de temps ?
-Combien…de temps ? Répéta-t-il, incertain.
- Combien de temps ça va prendre, pour les soigner. Je pourrais les récupérer quand ?
- Il faut compter environ quelques jours. Si j’avais une meilleure technologie à ma disposition, quelques heures mais…
- Je vous fais confiance, ponctua-t-elle avant de tourner les talons, mais il l’interrompit dans son départ :
-Ce sont vos fleurs ? Dois-je comprendre que Madame l’Inquisitrice a une serre secrète dont je pourrais être jaloux ?
-Si c’est le cas, je vous souhaite de ne jamais la découvrir, ou bien cela sera à vos risques et périls.
-Un défi, j’aime ça.

Elle leva les yeux au ciel.

- Trois jours, pas plus, décida-t-elle, au sujet des fleurs.
- Encore un défi, j’aime vraiment ça.

Il la salua avec non-chalance et elle quitta les lieux sans un mot de plus.

























Bip, bip.


Valor Arboghast avait enfin daigné lui faire parvenir un passe-partout. Elle s’assurerait plus tard que le pass ouvrait l’accès à tout le vaisseau et elle avait commencé par l’éprouver avec la cabine du commandant lui-même dont les portes cédèrent sous la signature électromagnétique de la carte. La cabine était plongée dans une semi obscurité. Elle capta la veste du capitaine, abandonnée sur la banquette près du grand hublot. Le lit était défait et elle songea absurdement à le refaire, à mettre un peu d’ordre afin que Lloyd soit bien. Prendre soin de lui. Il n’y avait rien d’autre que ses tripes lui ordonnaient de faire. Rien d’autre que de s’occuper de l’officier impérial. Un bruit régulier attira son attention loin du lit. L’écoutille de la salle d’eau était ouverte et un rayon de lumière s’en échappait ainsi que le suintement caractéristique de l’eau qui coulait. Le kimono rouge était suspendu et flottait dans la pénombre. Elle se pencha pour retirer ses bottines, faire le moins de bruit possible. Ses pieds nus glissèrent au sol et à pas feutrés elle pénétra la petite pièce qu’une vapeur chaude envahissait. Elle se mit à défaire la fermeture éclaire de sa robe, devinant la silhouette du blond sous les jets d’eau brûlants. Elle s’imagina les larmes qu’il avait fait coulé, rincée par l’eau de la douche salvatrice, ses muscles puissants se détendre sous la chaleur des jets.

- Ma cabine est indisponible pour cause de « Travaux de rénovation ». Les droïdes m’ont annoncé quarante-huit heures de délai avant que je puisse la regagner, c’est inadmissible. Il faut que quelqu’un paie cet affront. Mh, le capitaine à tout hasard ? Je vais être obligée de squatter sa douche, son lit, sa bouffe.

Sa voix claire passait le bruit de l’eau qui s’écoulait. Sa robe chuta au sol alors qu’elle s’avançait dans la cabine de douche, que l’eau frappa sa peau nu à son tour.

- Comment…comment t’as trouvé les fleurs ? Comment t’as pu les faire venir sur Melantha ?

Elle se pencha et tendit le bras pour récupérer un peu de gel douche; celui qui avait l’odeur de Hope. D’une main sensuelle, elle s’en badigeonna le cou, le décolleté, amusée.

- Je me disais que, remplir mon devoir d’Inquisitrice pleinement à bord permettrait de ramener un peu d’ordre et de calme, de…d’arrêter toutes les rumeurs impossibles, que ce soit sur Graymes et moi ou, toi et moi. J’assiste aux réunions, j’inspecte les cabines, je m’enquiers de la loyauté des troupes. C’est déjà ce que je faisais sur le Lightbreaker, il y a un an. Retour à la case départ, je présume.

Elle partagea ensuite la mousse soyeuse, frottant le derme de Lloyd avec tendresse, massant ses cicatrices, les parcourant comme elle aurait pu parcourir sa vie, le minois concentré sur sa tâche.







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Lloyd Hope
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L’une des mains de Dana passa dans son cou et il en profita pour pencher la tête, déposer doucement un baiser sur son poignet avant qu’il ne s’éloignât.





Lloyd n’avait pas sursauté lorsqu’il avait entendu sa voix. Il avait senti la présence de l’Inquisitrice à travers la Force, espéré même qu’elle vint à lui. Elle était apparue dénudée entre les vapeurs et, les cheveux humides plaqués en mèches dorées au-dessus d’un regard hardi, il avait baissé la puissance du jet d’eau pour qu’elle pût le rejoindre tranquillement. Il l’avait contemplée se servir de son gel douche avec son habituelle désinvolture avant de l’accueillir contre lui, quand elle s’était décidée à s’occuper du hapien. Il la regarda faire un moment en silence, mais il finit par hausser les épaules.

- Je les ai commandées, expliqua-t-il. Mais je les ai reçues seulement quand on est arrivés dans le système de Kaas. Figure-toi que… Elles ne poussent pas que sur Vaynai, en fait. J’ai découvert ça en cherchant des trucs sur elles, qu’elles poussaient aussi sur Vaynai. Ça a achevé de me convaincre que c’étaient celles qu’il fallait que je t’achète.

L’une des mains de Dana passa dans son cou et il en profita pour pencher la tête, déposer doucement un baiser sur son poignet avant qu’il ne s’éloignât.

- Elles poussent aussi sur les berges des lacs d’Hapès. Et là-bas, on les appelle L’ams’ip. Ca veut dire littéralement, ne m’oublie pas.

Il s’humecta les lèvres tandis que ses mains caressaient doucement les avant-bras de l’Inquisitrice. Cette dernière s’occupait tendrement de lui, il sentait ses doigts masser doucement sa peau et il aurait voulu qu’elle continuât ainsi, toujours. Chaque jour. Qu’elle n’oublie jamais.

- On les appelle comme ça parce que comme elles disparaissent le jour, on pourrait oublier qu’elles existent.

Il parlait rarement de Hapès, et encore moins du hapani, à quiconque. De sa mémoire, en réalité, à part quelques rares fois avec Dana, il n’en avait jamais parlé. Avec Mat’aenna, il avait toujours botté en touche. Dans l’Empire, il avait renié ses origines. Et Mumkin ne posait pas de question – la raison pour laquelle, probablement, il l’avait finalement gardé comme pilote. Mais depuis l’épisode de la douche, il avait eu quelques rêves. Rien de bien étrange, à l’exception près que d’ordinaire, ses rêves étaient en basic, et que là, il se souvenait que des gens avaient essayé de lui parler hapani. Au matin, plusieurs fois, il s’était éveillé en cherchant ses mots après avoir cherché Dana. Parlait-il encore la langue de son enfance ? A peine. Mais il se souvenait de ce mot-là : L’bams’ip, où l’on ne prononçait pas le b, comme souvent en hapani.

- Case départ, case départ, répéta-t-il, ronchonnant un peu. C’est vite dit, je pense pas que t’étais dans la douche du capitaine Chaos, rassure-moi.

Il se rapprocha un peu de Dana, sentit les mains de celle-ci glisser dans son dos, remonter de part et d’autre de sa colonne vertébrale tandis qu’il se noyait toujours dans l’étendue dorée.

- Mais ça m’ira très bien. Tu peux rejoindre ma cabine après le couvre-feu, tu auras beaucoup moins de chances de croiser du monde. Et le matin, la quitter après neuf heures, en général dans le quartier des officiers tout le monde est déjà au travail à cette heure-là. Et puis…

Il remonta sa main, déposa un morceau de mousse sur le nez de Dana dans un geste taquin.

- T’avoir comme mascotte de Melantha m’assurera pas mal leur loyauté je suppose, madame la danseuse des étoiles.


Un sourire étira soudain les lèvres de Lloyd comme ses prunelles percutaient celles de l’Inquisitrice, qu'au coin de ses yeux se formaient ses rares petites rides d'amusement.

- Des fleurs dans toutes les cabines d’invités, se moqua-t-il. Tu t’es crue sur un yacht de croisière ?





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Darth Hope
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.Ses yeux se noyèrent dans ceux de Hope.


















La silhouette écarlate de Dana se découpait dans le paysage noir de l’espace. Drapée de son kimono coûteux à la translucidité sensuelle, elle fumait, installée confortablement sur la banquette. Elle avait ramené ses genoux contre elle. Ses cheveux encore humides étaient plaqués en arrière et sa figure, sans maquillage, paraissait être celle d’une jeune fille qui quittait l’adolescence pour l’âge adulte. Ses lèvres étaient rosées, ses yeux définis par une rangée de cils clairs et irréguliers. Les cicatrices qui parcouraient ses traits indiquaient cependant ce qu’elle avait déjà vécu d’adulte. Le canon d’une arme qui forçait l’ouverture de sa bouche. Le tir d’un blaster qui percutait sourdement sa joue. Sur la table devant elle, qui servait habituelle de bureau, se tenaient deux grands bols fumant qu’elle avait dressée après s’être vêtue en attendant que Lloyd termine sa douche.

Dès qu’il réapparut, auréolé par les lumières tamisées de la cabine, elle réfréna un sourire en se mordant la lèvre inférieure, jouant avec sa cicatrice blanche.

- Soupe de Jabiim au menu. Enfin, une tentative…par les cuisines, quand j’ai commandé avant de te rejoindre, j’ai essayé d’expliquer ce que c’était bon, je pense qu’ils ont fait comme ils ont pu sans s’appeler Ruth. Elle…

Dana se pencha sur son bol et admira la surface du liquide opaque comme si elle assistait au déroulement d’un holofilm. C’étaient ses souvenirs qui jaillissaient à la surface de ce miroir brûlant.

-Quand j’étais sur Jabiim, je supportais toujours pas l’odeur de la soupe au crustacée mais j’aimais trop le goût. Etrange n’est-ce pas ? Alors j’en buvais quand même puis je vomissais tout. Je me disais que c’était parce qu’une des jumelles adorait ça et l’autre non.

Elle se pinça les lèvres en regrettant immédiatement ses paroles. Elle n’aurait pas dû évoquer sa grossesse à nouveau, ni les petites filles. Elle haussa les épaules avec une petite moue embarrassée. Le mouvement déplaça le kimono dont la couture retomba sur son bras, dénudant son épaule, mettant en valeur la naissance de son cou où une marque persistait encore. La marque de l’animal qu’il avait été plus tôt dans une autre cabine. Elle attendit qu’il s’assit à son tour et grimpa sur ses genoux pour s’asseoir de travers sur lui.

- On est une équipe, tu te souviens ? Dit-elle d’u ton bas. Ca fait un an qu’on est une équipe. T’es pas mon toutou. T’es mon coéquipier, t’as une part égale à la mienne dans l’équipe. T’as le droit de recevoir le même nombre de coups que moi (Ses yeux dorés se mirent à rire) lors des missions. Et maintenant que mon coéquipier est capitaine de frégate. Je veux dire d’une vraie frégate. Je peux lui dire que je suis contente pour lui. Fière de lui aussi. T’es un vrai Sith, un véritable impérial. Il se pourrait même, peut-être, que tu sois mon genre…

Les cheveux blonds et humides de Lloyd attirèrent son attention. Elle fronça son minois et se pencha sur la table pour attraper le peigne qu’elle avait utilisé pour sa propre chevelure. Avec précaution, elle commença à le glisser entre les mèches désordonnées, à le coiffer avec ce qui ressemblait à de la tendresse, en profitant pour arranger sa coupe à sa convenance à elle.



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Il ne serait pas désolé, pas cette fois.





- J’ai toujours été ton genre, petite menteuse, grommela-t-il pour toute réponse.

Il se laissait peigner, docile, comme assagi après avoir pu s’assurer combien Dana était bien à lui. L’odeur de crustacés qui émanait de la soupe chaude flottait autour d’eux, rappelant les longues plages près du camp des Serpents, les grains de sable sur leurs corps, la voix de Ruth quand elle appelait à table.
Lloyd était resté silencieux à la mention de leurs filles comme aux compliments qu’elle lui faisait sur sa promotion, se contentant de passer ses mains sur le corps de Dana à travers le kimono, comme pour vérifier qu’elle était bien là, bien réelle contre lui. Comme peut-être aussi une forme de normalité : il lui semblait naturel qu’elle fût fière de lui, qu’il ait une forme de récompense, et il déposait sa joue contre l’épaule de l’Inquisitrice, les yeux clos comme un loup repu. Il resta ainsi de longues secondes, à écouter le cœur de Dana battre, à sentir le peigne dévaler son cuir chevelu, à humer les senteurs de Jabiim. A imaginer qu’ils étaient dans une roulotte, au bord d’une plage, et qu’au dehors on entendait les cris de deux petites filles jouant avec le sable pendant que la louve toilettait son monstre pacifié.

Le hapien s’anima un peu subitement, s’ébrouant presque, comme pour se départir de fantasmes périlleux, du genre de ceux qui pouvaient vous engloutir.

- Arboghast a envoyé les dernières pièces du dossier de Melantha, annonça-t-il de but en blanc.

Cela signifiait, bien sûr, que le rapport sur le commandant de la frégate était lui aussi parti. Les dés étaient donc jetés mais Lloyd ne semblait pas vouloir y prêter trop d’attention. Il avait rouvert les yeux, cherché la main blessée de Dana. Elle n’y portait plus de bandage mais on voyait très clairement la trace violacée que les dents de Lloyd avaient laissée. Il porta la plaie à ses lèvres pour y déposer un baiser avant de relever le regard. Il écarta un peu le kimono, qui retomba une nouvelle fois le long de l’épaule de l’Inquisitrice, pour trouver la deuxième marque laissée dans son cou. Il ne s’excuserait pour aucune de ces deux marques, décida-t-il en levant ses pupilles émeraudes vers l’étendue dorée pour la sonder. Il ne serait pas désolé, pas cette fois.

- Attention à ne pas me rendre trop méchant, à l’avenir, souffla-t-il. Ok ?

Il suffisait qu’elle restât à lui, de toute façon. Qu’il n’y ait plus d’ambiguïté à ce sujet. Lloyd eut un sourire d’avertissement malgré un regard qui, en contre-plongée par rapport au minois innocent de Dana, avait quelque chose de l’idolâtrie.

- J’aime te dévorer mais quand même, ça m’embêterait de m’habituer au goût de ton sang.

Il serait prêt à recommencer, donc, pour qu’elle sût à quoi s’en tenir. A moins qu’elle cherchât précisément à ce qu’il fût cet animal sanguinaire ? Pour leur destin commun, peut-être, pour qu’il restât effrayant face à leurs ennemis ? Tout était possible, venant de l’Inquisition.
Le hapien se désolidarisa à regret de l’Inquisitrice, pour l’asseoir à ses côtés, avant de se pencher vers la table. Il rapprocha leurs bols de soupe ainsi que les couverts. Les contenants fumaient, et Lloyd grimaça brièvement en portant la première cuillère à sa bouche. Un peu trop chaud, mais l’Inquisitrice n’aimait pas manger froid de toute façon. Pour ne pas se brûler, il attendit un peu avant de poursuivre et pendant ce temps, surveillait que Dana consommait bien sa part. Il fronça soudain les sourcils.

- Runà t’a pas fait de difficultés ? Pour rester ici, je veux dire. Je m’attendais à ce qu’elle essaie par tous les moyens de te récupérer dès qu’on serait dans le système.




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Contrôler Lloyd Hope est l’un des moyens d’atteindre Laduim.






Les lèvres de Dana étaient restées pincées alors qu’elle songeait aux avertissements du loup. Elle le contemplait entre deux cuillerées de soupe, inspectant précieusement sa chevelure bien rangée. Il ressemblait à Luis Raidun, songea-t-elle alors qu’elle contenait une forme d’horreur qui essayait d’engloutir sa poitrine. Pas physiquement. Mais qu’avaient-ils de différent ? Lloyd Hope lui mettait un collier autour du cou, la prenait, l’abimait et ne s’excusait pas pour les marques. Il la menaçait de recommencer, comme Raidun l’avait menacé. Au fond d’elle, un tressaillement lui remémora douloureusement où était la différence entre les deux hommes. Elle acceptait la violence de Hope, pour une raison qui n’avait pas concerné son bourreau d’Artorias. Son coeur parut se briser en milliers de morceaux et elle prit une profonde inspiration, laissant la brûlure du potage remplacer la souffrance qui avait envahi son esprit. Après tout, le capitaine n’était-il pas le seul homme qu’elle craignait véritablement ? Dana était convaincue qu’il ne lui ferait jamais de mal. Malgré deux morsures, cette conviction demeurait absurdement. Petite menteuse. Elle se mentait à elle-même.

- C’est bien, fit-elle d’abord, au sujet du dossier de Melantha. Il a envoyé le bon rapport, j’ai aucun doute là-dessus.

La question sur Runà marqua le début d’un long silence tandis que ses doigts s’étaient pétrifiés autour de son couvert. Elle n’était pas prête à aborder ce sujet. Elle grimaça de désarroi et ses prunelles dorées vacillèrent. Elle avait pali brusquement et son coeur s’était mis à battre trop vite. La question l’angoissait. Elle avait retourné l’équation sous tous les angles, elle n’avait toujours pas trouvé de solutions, ni de compromis. L’alliance informelle trahissait les directives de l’Inquisition. L’Inquisition trahissait l’alliance informelle. Pouvait-elle choisir Lloyd Hope aux dépends du Clergé ? Cela signifierait renoncer à Damaya Shar. Et parce qu’il avait remarqué son attitude, ses lèvres pâles qui tentaient de prendre un peu d’air, elle se sentir obligée de répondre :

-Je lui ai dit que tu avais encore besoin de l’Inquisition à bord.

Et parce qu’elle anticipait les interrogations qui découleraient de cette réponse, elle poursuivit d’une voix blanche :

- Que c’était moi que tu voulais. Elle a accepté. Mais rien n’est gratuit avec Runà. Je présume que je paierai le prix plus tard. Elle ne te fera plus de mal.

Sa cuillière retomba dans un « plop » dans son bol de soupe. L’appétit venait de la quitter et elle se détourna vers le hapien.

- Je te promets qu’elle ne te fera plus de mal. Elle te touchera plus, ok ? C’est une promesse. Je te protégerai d’elle. T'as pas à t’en faire. Je suis officiellement affectée sur ton vaisseau, mais je dois rester disponible pour des missions prioritaires.

Elle se remémorait avec quelle rage et quel désespoir il l’avait comparé à sa maîtresse des heures plus tôt, dans la cabine invité. Elle aurait voulu s’excuser parce qu’elle se souvenait du grand lit défait. Qu’elle avait pensé qu’il…avait une liaison avec la miraluka. Elle aurait dû comprendre. Elle aurait dû être moins naïve, moins….égoïste.

- Je gère Runà. Tu sais comment c’est d’avoir un Maître. Darth Laduim ne t’a pas absolument libéré de son patronage…

Contrôler Lloyd Hope est l’un des moyens d’atteindre Laduim. Elle regretta immédiatement sa remarque. Il fallait changer de sujet. Elle dévia soudainement son attention vers le reste de la cabine et un sourire pâle courba ses jolies lèvres.

- Tu devrais faire installer une barre dans ta cabine, si tu veux assister à des représentations privées de la « danseuse des étoiles ». T’es meilleur poète que Graymes. Et meilleur…botaniste. Quand…je lui ai demandé pour les fleurs blanches, il n’a pas pensé qu’elles étaient d’abord originaires d’Hapès. Il ne le savait pas, je suppose qu’il n’est pas…aussi doué que je le pensais. Mais je me demande lequel de vous deux dessine le mieux.

Son ton était sulfureux et taquin à la fois. Ses yeux dorés pétillaient d’insolence. Ses joues avaient retrouvé un peu de couleur. De deux doigts souples, elle tira une cigarra d’un étui en métal. Dès que le cylindre de toxines effleura ses lèvres, son extrémité s’embrasa alors qu’elle commandait à la Force. L’incandescence et la chaleur qui se dégagèrent de la cigarette ne firent que renforcer son aura provocatrice.



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Tu vas pas voir Graymes, il comprend rien aux Inquisitrices.





Le hapien avait reposé son bol de soupe et s’était accoudé à la banquette, les yeux dardés sur Dana dans un regard pensif. Il écoutait ses compliments sans les entendre. Tout s’était un peu mélangé confusément et il se contenta quelques instants de continuer à la contempler, voir ses joues se creuser quand elle aspira sur le petit cylindre embrasé.

- Je crains pas qu’elle me touche encore, déclara-t-il comme si même la mention de Graymes n’avait pu remplacer une inquiétude par une autre.

Il hésita un bref instant avant de pincer les lèvres. Il porta sa main à la joue de Dana pour la frôler, rangea doucement une mèche de cheveux sombres derrière l’oreille de l’Inquisitrice.

- Je crains qu’elle prépare encore quelque chose pour me séparer de toi.

Lloyd eut un sourire triste, qui se voulait peut-être rassurant. Il s’humecta les lèvres en baissant les yeux, à la recherche de quelques mots qui remettraient de l’ordre, peut-être, dans les scènes qui se jouaient dans ses souvenirs. Ce n’était pas tant ce que Runà lui avait fait faire qui le hantait. Il avait suffi d’obéir, d’attendre que le mauvais moment fût passé. De ne pas réfléchir. Ne pas y réfléchir, ne pas songer à la sensation d’être utilisé, d’être humilié, d’être… hapien, peut-être.
Non. Ce qui le travaillait, c’était le regard écœuré que Dana avait eu en le découvrant là, dans ce manoir, le visage encore un peu rouge. Elle avait affiché un dégoût de lui peut-être un peu similaire au geste qu’elle avait eu quand, dans une infirmerie, elle l’avait rejeté subitement alors qu’il était là, nu, la main pleine de lui-même, et si vide pourtant, vide de sens et d'identité.

Il détourna le regard pour se passer une main dans la nuque, sembla un instant chercher quelque chose des yeux. Une fuite, peut-être.

- Bon, il faut que j’y aille, déclara-t-il subitement en se levant.

Il s’éloigna de quelques pas, pour aller chercher sa veste, l’enfiler ainsi que ses bottes. Il revint vers Dana quelques secondes plus tard, et se pencha vers elle en boutonnant les pans de tissu sur son torse.

- Tu restes là ? Je veux dire. Tu restes là, tu vas pas voir Graymes, il comprend rien aux Inquisitrices et je devrais être de retour dans une ou deux heures. Ok ?

Dès qu’il put libérer ses mains, il emprisonna le visage de Dana entre ses doigts pour mieux écraser sur ses lèvres un baiser qui empêcha toute réponse.










Lorsqu’il arriva sur le pont de commandement, la mine encore un peu distraite, les lieutenants Narih, Subol et Utuzz étaient rassemblés près des consoles, à échanger à voix basse, le regard intense. A peine s’approcha-t-il que les conversations s’évanouirent et que les trois officiers dardèrent sur lui des regards appuyés. Lloyd fronça les sourcils mais avant qu’il put ouvrir la bouche, Narih s’était avancée vers lui, volontaire.

- Mon Capitaine ! Vous tombez bien. Vous… Le Major vous a prévenu ?

Le hapien s’immobilisa, interdit.

- Prévenu de quoi ?
- Ahm… L’Etat Major a réuni le comité d’évaluation. Ils sont en attente pour rendre leur verdict.

Lloyd eut un mouvement de recul malgré lui, avant de consulter les autres officiers du regard. Autour d’eux, quelques enseignes leur jetèrent des oeillades curieuses – on voyait rarement l’équipe de commandement plongée ici dans une discussion si sérieuse. Mais les trois officiers regardaient Lloyd avec tous le même mélange d’attente embarrassée et de consternation.

- Attendez, déjà ?
- Justement, mon Capitaine, même le Major était étonné. Ça n’aurait pas dû être si rapide, à moins que…

Narih s’interrompit, se mordit la lèvre. A moins que leur décision ne fût déjà prise bien avant, sans qu’il fût nécessaire de réellement lire un rapport sur le capitaine Hope.
Lloyd se raidit imperceptiblement.

- Hé bien, qu’est-ce que vous attendez ? aboya-t-il. Subol, préparez la communication pour qu’elle soit transférée en salle de réunion. Les autres, vous m’y rejoignez. Appelez Nande et Arboghast, ils doivent être présents pour que nous montrions une équipe unie.
- Bien, mon Capitaine.

Les trois officiers se pressèrent vers la sortie du pont de commandement. Le hapien les suivit du regard avant de détourner les yeux vers quelques enseignes dont il sentait les visages dirigés vers lui. Mais aussitôt les soldats se reconcentrèrent sur leurs tâches comme si de rien n’était.







Quelques minutes plus tard, l’équipe de commandement était réunie au complet dans la salle de réunion qui jouxtait le pont de commandement. Les néons venaient d’être éteints, plongeant la pièce dans l’obscurité avant qu’au milieu de la table face à laquelle ils s’étaient assis une sphère lumineuse apparût, jetant sur les visages des éclats pâles. Lloyd était assis au centre de la rangée, encadré à sa droite par la lieutenante Narih, à sa gauche par le Major Arboghast. Subol, Nande et Utuzz se tenaient de part et d’autre, leurs datapads préparés devant eux, comme préparés à prendre des notes. Arboghast avait croisé les bras sur sa poitrine, les yeux rivés sur la sphère où des lettres s’étaient formées : veuillez patienter. Narih, elle, fit mine de rajuster sa veste, vérifia son col pour être sûre de bien présenter. Elle jeta un coup d’œil vers le hapien, regarda la sphère ensuite, puis regarda Lloyd de nouveau.

- Vous vous êtes peigné exprès ? chuchota-t-elle.
- Hein ?

Le hapien passa une main dans ses cheveux par automatisme. Il avait en effet les cheveux plus rangés que d’habitude et se souvint du soin apporté par Dana.

- Ahm, heu…
- Non mais ça vous va pas mal, trancha Narih comme pour le sauver de son embarras.

Lloyd grimaça un sourire gêné mais la lieutenante se raidit aussitôt.

- Mais bon, je n’ai rien dit, je n’me mêle pas de ce qui ne me regarde pas, ajouta-t-elle subitement d’un ton sec en détournant le regard vers la sphère de nouveau.

Le hapien lui jeta une œillade interloquée, mais il n’avait pas le temps de s’inquiéter davantage de l’acidité de Narih à son égard. Déjà, la sphère disparaissait et à la place, un hologramme se matérialisa. Une série d’individus se tenaient assis, comme eux, devant une longue table et au centre de cette ligne frontale s’était matérialisée une carrure large, des lekkus reposant lascivement sur des épaules musculeuses dissimulées par un vêtement sombre. Lloyd sentit le frémissement qui agita les membres de son équipe quand ils reconnurent le Castellan Noir en personne, mais le hapien ne bougea pas d’un cil.

- Seigneur Laduim.
- Lloyd, mon apprenti ! claironna le twi’lek avec une familiarité dont il parut faussement se rendre compte. Je veux dire, Commandant Hope.

Le hapien ne laissa aucune trace visible sur son visage qu’il eût été vexé par la manœuvre évidente visant à le rabaisser. Autour du twi’lek, des officiers gardaient eux aussi une mine inexpressive. En présence du Castellan Noir, mieux valait ne jamais trop attirer l’attention. Malheureusement pour eux, les membres de l’équipe de Lloyd n’étaient guère habitués aux tactiques de Laduim et quand Narih jeta un regard effaré à son voisin kel’dor, le twi’lek remarqua immédiatement le mouvement, dardant sur elle des yeux instigateurs. La lieutenant sembla rétrécir, se tassant pour se faire minuscule aux côtés de Lloyd.

- Nous sommes arrivés en orbite de Dromund Kaas hier, intervint le hapien d’une voix désincarnée. Nous attendons vos instructions.

Le Castellan grimaça un petit sourire.

- Nous attendons vos instructions… ?

Lloyd ferma les yeux en prenant une inspiration, les rouvrit.

- Nous attendons vos instructions, mon maître, corrigea-t-il en faisant taire l’acidité qui creusait ses tripes.
- Bien, bien. Tu as failli me faire attendre, Lloyd, précisa le twi’lek tout en croisant les mains devant lui. Vois-tu, je voulais être là en personne pour t’expliquer, ainsi qu’à ton équipe, les conditions particulières dans lesquelles Melantha poursuivra son évolution…

Dis plutôt que tu veux montrer à tout le monde comment tu me domines, grogna Lloyd intérieurement, mais il s’efforça de garder un visage neutre, où ses yeux s’illuminaient malgré lui d’une hargne glacée, que Laduim fit mine de ne pas voir.

- … les rapports techniques ont été concluants, ce qui laisse à penser que tous les systèmes sont opérationnels, que le bâtiment ne souffre d’aucune réelle anomalie et que son équipage sait interagir avec cette technologie de pointe.

Le lieutenant Utuzz gonfla légèrement le torse, et cette fois-ci Narih n’osa lui décocher aucun regard.

- En revanche, la gestion de cette frégate a laissé tous les évaluateurs… particulièrement circonspects. Et je dois avouer que je partage leurs réserves.

Laduim avait pris un air contrit, où Lloyd ne voyait qu’une comédie grossière. Il savait bien que son sort était scellé : que son maître eut décidé de le laisser au commandant de Melantha ou non, sa décision était déjà prise, probablement bien avant de recevoir les rapports officiels. Mais plutôt que d’annoncer clairement la couleur, il s’amusait à tirer le maximum de cette situation d’incertitude. Tu sais comment c’est d’avoir un Maître, avait dit Dana. Darth Laduim ne t’a pas absolument libéré de son patronage.
Lloyd se raidit davantage.

- J’ai déjà fait état des difficultés rencontrées et des stratégies pour y faire face lors de l’entretien avec le Major Arboghast, répondit-il un peu sèchement. Nous avons beaucoup appris ; pas seulement sur la conduite d’un bâtiment de guerre, mais aussi sur les ennemis intérieurs de l’Empire.
- Mais j’en conviens tout à fait, Lloyd, acquiesça mielleusement le Castellan. D’ailleurs, les conclusions du comité s’accordent sur l’utilité de maintenir l’actuelle équipe de commandement en place.

Le hapien ouvrit la bouche un bref instant, étonné, avant de la refermer. Il crut sentir le sourire de Narih qui baissait la tête, les épaules de Subol qui s’abaissaient de soulagement. Mais Lloyd gardait ses yeux plantés dans ceux de Laduim. Il connaissait suffisamment bien son maître pour savoir qu’il fallait toujours se méfier des bonnes nouvelles. Et comme pour confirmer ses craintes, le twi’lek poursuivit :

- Il y a juste un petit problème. Nous avons modifié récemment les règlements internes des Armées Impériales.

Lloyd souleva les sourcils. Nous avons modifié ? Le Castellan était bien sûr celui qui signait, et donc assumait seul la responsabilité de toute modification.

- Désormais,
poursuivit Laduim avec une moue contrite, en dehors des diplômés de l’Académie Militaire, seuls des Seigneurs Sith officiellement adoubés peuvent commander les bâtiments de classe moyenne et lourde.

Le hapien sentit comme une pierre tomber au fond de son estomac. Il blêmit mais resta stoïque, serrant les poings sous la table en soutenant le regard de Darth Laduim. Ainsi donc, il n’avait pas été suffisamment mauvais pour être retiré de ses fonctions pour incompétence. Mais le Castellan n’avait pas voulu se séparer de son petit toutou, trop utile pour faire les courses inavouables, les missions honteuses, et avait donc trouvé un artifice pour le retirer en tout confort de Melantha.

- Le nouveau Commandant de Melantha sera donc nommé lors de la cérémonie d’inauguration du bâtiment, que je vous laisserai le soin d’organiser – après tout, elle signe la réussite de cette période d’essai ! claironna Laduim. Elle aura lieu dans deux jours, et nous vous ferons parvenir la liste des invités pour…

Le hapien n’écouta plus la suite. Il restait l’œil vide, à toiser l’image qui s’animait devant ses yeux pendant que ses officiers prenaient des notes – le nombre d’invités, le nombre de navettes à recevoir, les repas à servir, les visites à organiser, le protocole à mettre en place, tout cela n’avait soudain plus grande importance et Subol gèrerait cela de toute façon d’une main de maître. Quant à lui, il lui suffirait de serrer des mains, d’afficher des sourires polis jusqu’à la fin d’une longue soirée.

Lorsque la communication fut terminée, quelques minutes plus tard, l’hologramme disparut au centre de la table et le lieutenant Utuzz se leva à la hâte pour rallumer les lumières. Les officiers restèrent un moment silencieux, à ne pas oser regarder le hapien qui finit par se lever lentement. Il se rendit compte qu’on attendait de lui qu’il dît quelque chose – qu’il fît un commentaire, qu’il s’énervât à la manière d’un Sith, mais à son étonnement, il n’y avait pas plus de colère dans ses tripes que quand Dana lui avait dit qu’il remplissait et vidangeait. Pourquoi pensait-il à cela maintenant ? Peut-être que c’était un peu ce qu’il avait fait ici : il avait rempli Melantha de choses et maintenant, il faudrait se préparer à s’en aller.

- Vous avez bien travaillé, s’efforça-t-il d’articuler. Bravo.
- Mon Capitaine… commença Narih.
- Il reste beaucoup à faire, la coupa-t-il en se dirigeant d’un pas raide vers le sas de sortie. La cérémonie doit être à l’image des efforts que vous avez fournis ces six derniers mois : irréprochables. Merci.

Il sortit après un dernier regard entendu pour chacun d’eux.









Deux ou trois heures avaient dû s’écouler lorsqu’il revint à la cabine du commandant. Il avait machinalement consulté les nouveaux rapports, validé les premiers documents liés à l’organisation de la cérémonie d’inauguration, géré quelques problèmes logistiques liés à l’accueil de navettes de protocole en toute sécurité. Au-delà du hublot de son bureau, il avait vu peu à peu le pont de commandement se vider, puis les équipes de nuit prendre la relève. Il avait fini par quitter l’endroit lui aussi, non sans un dernier regard pour l’Egide de Krayiss, qui trônait près de l’holocommunicateur.

La cabine était plongée dans une obscurité presque totale, que seules les lueurs de Dromund Kaas provenant du hublot tempéraient, et un instant, le hapien crut que Dana n’avait pas respecté son souhait. Mais à travers la Force il y avait ce fil comme tendu quelque part et en s’approchant silencieusement, il découvrit la silhouette de l’Inquisitrice, endormie, lovée dans les draps de la couchette. De minuscules veilleuses rouges faisaient luire sur la peau de Dana des reflets pourpres qui assombrissaient le teint de l’Inquisitrice, lui rappelant les couleurs qu’elle avait prises sur Ch’Hodos. La princesse adaptée à son royaume avait eu le teint chaud et soyeux quand lui, l’étranger, avait été rossé par les rayons impitoyables.
Il se dévêtit lentement, prenant garde à ne pas faire de bruit, avant d’aller s’allonger près d’elle avec précaution, croisant les bras sous l’oreiller laissé libre, sentant sous le tissu le papier glacé des photos restées dissimulées dans la taie.

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Lloyd regardait le visage de Dana comme un enfant contemple une fourmilière : avec la concentration de l’étude, l’émerveillement devant la complexité de la nature, et ses propres traits parfois se fronçaient brièvement, ses sourcils trahissant tantôt une contrariété intérieure, tantôt un étonnement fugace. Il regardait les longs cils noirs qui tapissaient les contours des yeux fermés et paisibles de Dana, l’arête étroit de son nez court, les petites tâches qui parsemaient ses joues et toutes les autres traces que la vie avait laissé sur elle : la cicatrice qui fendait sa bouche, bien sûr, mais aussi celle qui ornait le coin de son front où le marteau d’une contaminée avait failli lui défoncer le crâne ; la marque un peu plus sombre qui disparaissait peu à peu sur la joue où le canon d’un blaster avait tiré, les petites brûlures à la lisière de ses cheveux, récoltées il ne savait plus où. Combien de fois avait-elle frôlé la mort sous ses yeux ? Et combien de fois avant ? Et après ? Quand la chance tournerait-elle ? Quand la vie lui ravirait-elle sa sorcière, sa louve, sa petite menteuse ?

Le hapien fut pris d’un frisson et entrouvrit la bouche pour inspirer, les yeux toujours écarquillés sur ce visage endormi, cherchant de l’air.
Soudain il lui semblait qu’elle ne bougeait plus, que le médaillon l’avait tuée par son poison, ou que la fatigue l’avait terrassée jusqu’à la mort, ou qu’elle avait perdu trop de sang entre les cuisses en donnant naissance à leurs petites filles.

- Dana ?

Il porta sa main sur le bras de l’Inquisitrice et secoua doucement.

Elle ouvrit les yeux et il expira un soupir bref. Il rencontra un instant l’étendue dorée un peu endormie, un peu étonnée. Il bougea pour se rapprocher, enfouir son visage dans le cou de la jeune femme et y disparaître. Sa voix fut presque totalement étouffée dans les draps et les cheveux sombres de l’Inquisitrice.

- Non, rien.



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