Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


La chaleur du corps de Dana contre le sien, l’odeur de Dana dans ses draps, la silhouette de Dana qui se découpait devant le hublot.







C’était la plus longue trêve qu’ils avaient connue. Chaque jour, Melantha enchaînait les exercices en bordure de l’Empire, loin des yeux et des oreilles du monde civil, et chaque soir, le Capitaine se hâtait à sa cabine pour tomber dans les bras de la sorcière qui l’avait envoûté. Une nuit, il la dévorait avec hargne, et la suivante, il la cajolait avec tendresse. Mais toujours, il revenait à la tanière, pris de cette obsession de vérifier qu’elle l’y attendait toujours, et ses multiples vérifications des déplacements de la nanopuce sur son datapad le tranquillisait à peine.

T'as jamais navigué, Lloyd... tu bricoles dans l'vent et ton vaisseau dérive.

Max avait peut-être raison. Il n’avait peut-être jamais navigué. Il avait peut-être bricolé des vaisseaux dans le vent, bricolé des bijoux dans le vent, bricolé un filet dans le vent où une princesse égarée s’était échouée. S’il n’y avait eu cet Empire à défendre, cette frégate sous sa responsabilité, il aurait accepté, et même désiré cette dérive : laisser Melantha l’éloigner de plus en plus de la civilisation, avoir l’illusion que sa vie ne pouvait être que cela ; des nuits les unes après les autres, la chaleur du corps de Dana contre le sien, l’odeur de Dana dans ses draps, la silhouette de Dana qui se découpait devant le hublot.





- Mon Capitaine ?

Lloyd sortit de sa rêverie avec un frisson. Il était devant la baie, sur la plateforme du pont de commandement. Il passait à cet endroit presque autant de temps, chaque jour, que dans son bureau. Il y veillait aux résultats des exercices, contrôlait les constantes du navire, apprenait par cœur les dispositions de bataille testées, les performances. Il restait désormais moins de deux semaines avant l’évaluation terminale de Melantha. Les chiffres techniques de la frégate s’étaient beaucoup améliorés, ces derniers jours, mais c’était le volet du commandement qui le faisait douter. Il avait beau eu essayer d’oublier ces soucis dans les bras de Dana, il savait que les meilleurs chiffres ne pourraient permettre de rattraper les erreurs de jugement, les morts déjà survenus, la réputation sulfureuse, les fuites. L’humiliation du combat avec Rishna.

Que dirait-il à Dana si on le remerciait ? Il avait toujours très mal vécu l’échec. Mais cette fois, avec la sorcière qui posait parfois sur lui ce regard admirateur, l’échec était devenu intolérable.

- Mon Capitaine, répéta patiemment le lieutenant Subol.
- Oui, pardon. Qu’y a-t-il, Subol ?
- Votre planning affiche un rendez-vous avec le Major Arboghast. Objet : entretien d’évaluation. Dans cinq minutes.

Le duros avait relevé les yeux de son datapad pour soutenir le regard blasé du capitaine. Ce dernier acquiesça en silence.

- Je sais. Je vais y aller. Différez les appels, ça risque d’être un peu long.
- Entendu, mon Capitaine.








Exceptionnellement, ce n’était pas le Major qui se rendait dans le bureau du Capitaine, mais l’inverse. Arboghast était assis à son bureau et salua le hapien d’un bref mouvement de tête. La pièce était plongée dans l’obscurité. Un faible néon blanc encadrait le hublot qui donnait sur l’espace, et les yeux du hapien y dérivèrent, évitant ainsi les écrans qui jetaient sur le faciès du Major des reflets placides. Ce dernier indiqua poliment le siège devant lui, mais Lloyd refusa d’un bref mouvement de tête.

- Je ne vais pas m’asseoir, je préfère qu’on ne s’éternise pas. Vous savez qu’il me reste beaucoup à faire, dit-il d’une voix tranchante, en se dirigeant vers le hublot.

Il s’y posta pour tourner le dos au Major, ses mains nouées derrière lui, le regard froncé dardé sur l’océan noir.

- Comme vous voudrez, fit Arboghast comme s’il s’y était attendu. Bon, hé bien commençons sans attendre. Parlons d’abord de cette… Expérience récente de commandement. N’y voyez pas une offensive de ma part : c’est le protocole d’un entretien d’évaluation.

Le Major s’était redressé sur son bureau pour faire défiler, sur le datapad qu’il tenait entre les mains, une liste d’entrées. Les lettres bleues se reflétaient dans les prunelles sombres et acérées du militaire. Il semblait y décrypter des secrets qu’aucun autre ne serait capable de percevoir. Ses lèvres minces s’étirèrent.

- Alors alors… Mort de deux officiers pendant la période d’essai, activités illicites à bord, recours sans permission hiérarchique à un transfert d’agents chimiques depuis un laboratoire réservé aux opérations spéciales…
- Ça va, ça va, le coupa Lloyd avec agacement. Vous connaissez les faits aussi bien que moi. Arrivez-en aux questions.
- Bien, fit le Major en posant donc le datapad devant lui, et en s’emparant d’un stylet pour pouvoir prendre des notes. Comment expliquez-vous les difficultés qu’a rencontré Melantha dans sa période d’essai ?

Lloyd laissa échapper un soupir. Finalement, énumérer les faits, c’était plus agréable que de réfléchir aux causes. Il s’humecta les lèvres avant de débuter.

- Les équipes ne se connaissent pas encore bien et ne se font pas tout à fait confiance. Ils ont besoin de temps. Le matériel est neuf, il y a beaucoup de réglages à réaliser, ce qui met de la tension dans toutes les unités.
- Cela peut expliquer certes les faibles performances des premières semaines ; mais pas la mort de deux officiers.
- Non, non. Ça, c’était un traître. Melantha a été infiltrée par les renégats. Elle n’est probablement pas la seule dans notre flotte, mais le traître a été démasqué et éliminé.
- Comment un traître peut si facilement faire son chemin dans un tel bâtiment ?
- En nous manipulant, Major, rétorqua Lloyd en se tournant vers Arboghast, agacé. Les renégats ont infiltré tout l’Empire et personne n’y a rien vu. Comment pourrait-on me reprocher qu’il se soit produit la même chose ici ?
- Parce qu’aujourd’hui la guerre civile a déjà éclaté et que la présence de traîtres était un risque connu. Qu’avez-vous fait pour vous assurer la loyauté de vos troupes à l’Empire ?
- Je…

Le hapien pinça les lèvres, défia Arboghast du regard. Il ne savait pas quoi répondre, en réalité. A part des beaux discours, qu’avait-il fait concrètement ? Il se retourna pour faire face, de nouveau, au hublot.

- Il est inconcevable d’interroger mille individus pour s’assurer de leur loyauté, grommela-t-il. Et même en le faisant, un assassin comme Pyke aurait passé ce genre de test haut la main.
- Mmh-mmh, fit pensivement Arboghast en prenant des notes. Pourtant, vous avez permis à l’Inquisition d’être présente.

Lloyd jeta un nouveau regard sur le Major. Etait-ce une perche tendue ou un nouveau piège ?

- Oui.
- Vous avez souvent recours à ses services ?
- Je n’ai pas eu recours à ses services. Je n’ai pas demandé d’aide. L’Inquisition a envoyé son agent sans que je n’en sache rien.
- Pourtant, c’est grâce à cet agent que le traître a été démasqué.
- L’Inquisition a fait son travail.
- Vous avez souvent recours à ses services ?
- C’est un entretien ou un interrogatoire ? aboya le hapien en fronçant les sourcils.
- J’exécute toujours les entretiens avec beaucoup d’implication, capitaine Hope, répondit Arboghast avec un soupir de lassitude. Cessez de botter en touche : oui ou non, vos liens avec l’Inquisition sont-ils étroits.
- Non.
- Mais vous avez reconnu Dana Shar immédiatement.
- Oui. Je connais bien une Inquisitrice, cela ne veut pas dire que je suis proche de l’Inquisition généralement.
- Mais vous savez comment fonctionne l’Inquisition : elle place ses pions. Dana Shar est un pion comme un autre.
- Et après ? L’Inquisition défend le même Empire que la Marine.
- Mmh-mmh.

Le Major s’était remis à pianoter, concentré, pendant que Lloyd ruminait. Et quoi ? Ses supérieurs avaient-ils peur qu’il ne roule davantage pour l’Inquisition que pour la Marine ? C’était fort possible. Les concurrences internes étaient fréquentes dans l’Empire.

- Abordons maintenant vos compétences personnelles, annonça tranquillement Arboghast. A quoi attribuez-vous vos lacunes en matière de leadership ?
- Quoi ? Quelles lacunes ?

Il avait répondu spontanément, un peu sur la défensive.

- Hé bien, les trafics et autres activités illicites dénotent à bord de Melantha un manque d’obéissance de la part des troupes. J’aimerais comprendre d’où vient cette faiblesse, et ce que vous comptez faire pour y remédier.

Le hapien retourna devant le bureau d’Arboghast pour s’asseoir en face de lui. Il soutint le regard du Major avec un regard sombre.

- Ces activités ont cessé, martela-t-il. Le prochain que j’attrape sur ce genre de sujets sera sanctionné par mes soins. Et à ce que j’en sais, depuis l’exécution de Pyke, il n’a plus été relevé quoique ce soit de ce type.
- A ce que vous en savez, répéta calmement le major. C’est peut-être le problème : avez-vous suffisamment de remontées d’informations informelles ?
- C'est à dire ?
- C’est-à-dire, avez-vous suffisamment de contacts dévoués à votre cause dans vos troupes.
- Vous voulez dire, est-ce que j’ai assez de taupes pour balancer les coupables ?
- Appelez ça comme vous voulez.
- Comment en aurais-je ? Je viens d’arriver ! Je ne connaissais personne parmi ces troupes !
- J’essaie juste de trouver ce qui pourrait vous aider, ne le prenez pas mal, commandant. Mais vous êtes là depuis bientôt six mois. C’est habituellement assez pour apprendre à connaître des équipes.
- Mille hommes !
- Mille hommes, ce n’est rien pour un commandant. Que devrait dire alors le commandant d’un croiseur ?

Lloyd pinça les lèvres. Il avait raison. Mais son capital sympathie avait fondu au soleil depuis son arrivée sur Melantha. Il avait fini par commencer à régner par la terreur, ce qui ne lui valait pas les oreilles et les yeux des hommes du rang.

- Ok, ok. J’ai des contacts. J’en trouverai d’autres. J’ai besoin d’un tout petit peu plus de temps.
- Je vois, acquiesça Arboghast. Et enfin, j’aimerais entendre votre point de vue sur votre situation personnelle. L’Empire a à cœur de soigner la vie personnelle de ses agents pour qu’ils puissent combattre au front sereinement.

Le hapien resta immobile, attendant une question plus précise, qui ne venait pas.

- Hum… Je ne comprends pas ce que vous attendez.
- Hé bien, votre vie privée ?
- Il n’y a rien à dire au sujet de ma vie privée. Je n’ai pas de vie privée.
- Ah bon ? Mais, sur le fichier des renseignements, on m’informe que vous avez une compagne, ou bien une esclave, ce n’est pas précisé : une twilek femelle. Et que vous cherchez à acheter une maison sur Toprawa, que les premières visites n’ont pas été fructueuses… Vous envisagez d’avoir des enfants ?

Lloyd écarquilla les yeux. Sa bouche s’était entrouverte tant il était stupéfait. Il chercha à déceler quelque chose dans le regard d’Arboghast ; de la provocation, de la menace, mais non, il n’y avait rien d’autre qu’une lassitude neutre.

- Hum, non, se reprit-il. C’est… C’est juste…

C’est juste quoi ?

- Ma vie privée n’a pas d’importance. C’est juste pour avoir un pied à terre quelque part, pour mes périodes de repos. Mais ça ne m’intéresse pas. Je dédie ma vie à Melantha, désormais.
- Si vous le dites… Vous voulez ajouter quelque chose ?
- Quoi, c’est terminé ?
- Oui. Vous pouvez ajouter quelque chose, mais je vous préviens, l’Etat Major n’aime pas quand les ajouts sonnent comme des excuses.

Lloyd resta silencieux un moment. Puis il se leva.

- Je n’ai rien à ajouter, décida-t-il.












Le hapien ressassait toujours cet entretien, deux heures plus tard, en remontant la coursive qui conduisait aux quartiers privés des officiers supérieurs. Il avait passé le reste de la journée dans son bureau, à lire les derniers rapports, sans pouvoir se concentrer pleinement. Deux fois, il s’était interrompu pour allumer son datapad et afficher l’application de la nanopuce. La flèche pointait vers le ventre de Melantha. Il redoutait le jour où elle pointerait vers l’extérieur.

Lorsqu’il atteignit la porte de sa cabine, il passa son badge sur la commande, et l’écoutille coulissa avec le même son feutré que d’ordinaire. Au-delà, son appartement de fonction baignait dans les quelques lumières discrètes qui étaient restées allumées, comme si quelqu’un avait voulu lui laisser des veilleuses plutôt qu’un noir absolu. Tout au fond de la cabine longiforme, le hublot découpait une pièce d’espace, comme un morceau de puzzle isolé.












Et bien sûr, aucune trace d’une quelconque sorcière.













Il referma derrière lui avec une pointe de déception. La veille au soir, Dana avait préparé ses affaires. Son absence de plusieurs jours avait commencé à susciter des questions, et ils avaient décidé que ce serait, pour le moment, leur dernière nuit complète ensemble, le temps en tout cas que Dana Hickpens reparût suffisamment auprès des équipes. Le hapien avait plus ou moins boudé une partie de la soirée, puis il l’avait fait sienne, il avait tenu le visage de la louve entre les mains en l’embrassant pendant qu’il s’enfonçait entre ses cuisses humides, l’écrasant sur le bureau, à l’endroit exact où il n’avait soudain plus pu attendre, où le désir et le besoin d’elle étaient devenus impérieux.


En passant devant le bureau, désormais, il revoyait cette dernière étreinte, brûlante, étrange. Il ne restait rien de la sueur qu’il y avait laissé : Dana ou le droïde ménager avait nettoyé. Heureusement, à côté de l’entrée de la salle d’eau, la soie rouge du kimono était suspendue, et les fils dorés y miroitaient comme une autre de ces guirlandes que laissait l’Inquisitrice pour qu’il ne fît pas de cauchemar.

Le hapien se laissa tomber sur sa couchette avec un soupir. L’odeur du parfum de Dana flottait encore dans les draps. Il s’y réfugia, entièrement vêtu.












Vous envisagez d’avoir des enfants ?
Bien sûr. Je vais remplir les sous-sols de Jabiim avec des petits corps d’enfants morts.
Quel con.






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Darth Hope
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La Rage de Melantha

. Le temps qui passait et qui ne lui laissait pas le luxe du choix. Il fallait prendre le risque de s’en prendre à une innocente, ou permettre à un autre traître de sévir grâce au bénéfice du doute






Dana observait méticuleusement son reflet dans le miroir des douches communes. Penchée au-dessus de l’évier, elle rapprochait la figure de la vitre. Au-delà de son regard légèrement cerné, de sa peau fraîchement humide, de se cheveux qui repoussaient, elle essayait d’imaginer l’endroit exact où quelqu’un avait inscrit le mot « saloppe » avec son propre rouge à lèvres. Elle fronça les sourcils et pencha la tête sur le côté, grimaçant imperceptiblement alors qu’elle se concentrait. Cette insulte, avec une faute d’orthographe flagrante ne venait pas de Pyke. Son instinct était clair là-dessus. Des portes claquèrent et des éclats de voix féminines percèrent l’air vaporeux des douches communes du troisième pont inférieur.

Ce « retour à la normal » était difficile à encaisser pour l’Inquisitrice, quitter la peau de Dana Shar, se remettre dans le rôle de Dana Hickpens. D’ailleurs, les deux femmes étaient-elles vraiment différentes ? Dana jouait-elle vraiment un rôle ? Après tout, ce n’était peut-être qu’une autre partie de sa personnalité qui émergeait, simplement. Des silhouettes floues apparurent dans le reflet du miroir et elle se détacha de ce dernier.

- Salut Hickpens, claironna Keshna avec un sourire un peu trop franc. Tu vas mieux on dirait !
- Ca va, répliqua-t-elle, un peu tranchante.
- Ca devait pas être facile…
- Ca va, répéta-t-elle avec plus de brutalité. C’était un simple empoisonnement.
- Non, je veux dire…avoir dormi dans la même cabine que…Pyke, ça doit être…

Le sang de Dana ne fit qu’un tour avant de se figer dans ses veines. Elle se détourna vers Keshna qui se rendait seulement compte de sa maladresse. Alix, qui l’accompagnait, lui bourra les côtés d’un coup de coude. Ca se faisait pas, semblait dire l’attitude embarrassée de la zabrake. Toutes deux avaient des serviettes sombres nouées autour de leurs corps, comme la Sith qui n’arrivait plus à penser correctement. La remarque de Keshna lui avait remémoré cette salissure dont elle ne s’était pas encore débarrassée, malgré la mort violente du coupable, malgré les nuits passées avec Lloyd. Il faudrait encore beaucoup, beaucoup de nuits pour oublier qu’elle avait partagé la cabine de ce connard.

- Euh..Hickpens ? tenta Alix.
- En parlant de ça, reprit Dana ravalant son acidité, comment va Mallory ?
- Bien…elle est…ben elle est très discrète depuis tout ça, la pauvre elle était proche de Pyke, quand même.
- Et les exercices lui prennent beaucoup de temps. Elle est dans l’équipe qui gère l’armement lourd du vaisseau, c’est stressant.

Discrète, analysa l’Inquistrice. Agent dormant. Proche de Pyke. Agent dormant. Exercice, armement lourd. Et le spectacle qu’offrait Melantha depuis la cabine du commandant, ces explosions silencieuses de couleurs. Les canons. Le raisonnement lui noua les tripes.

- Ok.
- Tu sais…si ça va pas trop…
- En fait, la coupa la zabrake en faisant un pas vers la Sith. On voulait s’excuser pour…pour t’avoir accusée pour Bloem c’est…c’était pas cool. Mais on était choquée.
- Excuses refusées, trancha-t-elle sans leur accorder un regard.


Elle attrapa ses affaires et disparut ensuite.















Une heure plus tard, elle pressait le pas dans la coursive principale du troisième pont inférieur. Elle rabattit sa chevelure encore humide en arrière, dévoilant la forme agréable de sa figure nacrée. Elle avait appliqué une touche de maquillage afin de paraître en meilleure santé aux yeux de tous. Elle frappa la commande d’ouverture des portes de l’infirmerie et s’engagea du même pas pressé dans le hall du centre médical. Chet, qui discutait avec un sous-officier, la remarqua immédiatement et alla à sa rencontre.

- Enseigne Hickpens, salua-t-il, mais son regard prudent caché sous ses épais sourcils et derrière ses lunettes semblait la saluer par son titre d’Inquisitrice. Vos résultats viennent d’arriver. Votre corps est complètement remis. Le repos est une réelle vertu.
- Merci, je peux reprendre mes fonctions donc.
- Oui, ahm à ce propos…je dois vous parler de quelque chose.

Il l’invita à lui emboîter le pas et tous deux se retrouvèrent dans l’intimité du bureau désordonné du docteur Chet. L’Infirmerie de bord avait beau être neuve, le lieutenant Chet y avait emménagé des années d’expériences militaires et médicales ; cela se traduisait par les carcasses de vieux droïdes médicaux, des datapads empilés en vrac, des instruments et du matériel qu’il n’avait pas correctement eu le temps de ranger depuis son arrivée. De toute manière, Dana n’était pas certaine que les rangements de l’office permettent de contenir autant de bordel. Elle trouva une place pour s’asseoir face au bureau empli de désordre. Le médecin s’installa sur un siège à son tour et déverrouilla son terminal holographique. L’écran se refléta dans le verre de ses lunettes vieillottes. On était dans une époque où la science et la technologie permettaient de corriger sans peine les problèmes de vue, grâce à tout type de chirurgie laser. Il fallait croire que certains étaient vieux jeu.

- Vos analyses sanguines ont révélé une concentration de…

D’un doigt préoccupé, il remonta le cadre de ses lunettes sur son nez et plissa les yeux.

- Drogue, je vous épargne le nom scientifique et compliqué.
- De drogue ? s’étonna-t-elle.
- Plutôt une molécule addictive pour l’organisme, bien que les doses soient légères dans vos résultats. Prenez-vous un traitement ?
- J’ai…un contraceptif, articula-t-elle, partagée entre la gêne et l’agacement. Et un médicament que le docteur Vega de Kaas City m’a prescrit après mon accouchement. J’ai cru comprendre que c’était pour l’humeur.
- L’humeur ? interrogea-t-il doucement.

Elle déglutit, observant la face pleine de bonhommie du docteur Chet qui était bien différent du docteur Vega. C’était comparable au jour et à la nuit. Il portait sa blouse médicale par-dessus son uniforme d’officier impérial avec sérieux, mais surtout, il semblait à Dana qu’aucun jugement ne teintait le regard sympathique du médecin.

- Après mon accouchement, j’ai eu des difficultés à reconnecter avec une vie normale. Ca a inquiété mes supérieurs et j’ai reçu ce traitement.
- Je suis navré de vous l’apprendre, mais ce n’est pas un anti-dépresseur qui vous a été prescrit, si je me fie à vos analyses. C’est un calmant, assez agressif qui peut déclencher une addiction. On l’utilise en général dans les établissements psychiatriques, pour rendre les patients instables plus dociles.
- Je…, commença-t-elle tout en digérant l’information. Je ne le prends pratiquement plus.

Elle n’avait pas besoin d’en dire plus. Chet savait, n’est-ce pas ? Plus besoin de prendre quoique ce soit quand elle était arrivée à trouver une tranquillité d’esprit relative à proximité de Lloyd Hope. Ces derniers jours, terrée au fond d’une tanière jalousement gardée, elle avait complètement arrêté de prendre l’anti-dépresseur prescrit par Vega et que Darth Runà lui avait servi à toutes les sauces, sans réelles explications. Que son Maître eût voulu la droguer, pour la rendre plus docile, pour lui faire passer l’envie de se rappeler des traumatismes, n’aurait pas dû être une surprise. Et pourtant, elle tombait de haut d’être encore abusée à son insu.










En sortant de l’infirmerie, elle n’était plus aussi hâtée qu’auparavant. Ses pensées mises à mal s’organisaient difficilement, comme des pièces de puzzle qui refusaient de s’imbriquer. Elle mit du temps à se souvenir : Mallory, les soupçons qu’elle retenait contre elle. Le temps. Le temps qui passait et qui ne lui laissait pas le luxe du choix. Il fallait prendre le risque de s’en prendre à une innocente, ou permettre à un autre traître de sévir grâce au bénéfice du doute. Oui, voilà, pensa-t-elle en grimaçant alors qu’elle bifurquait vers le pont supérieur. Elle croisa un groupe de pilotes dont les voix résonnaient fort dans la galerie. Ils s’envoyaient des boutades au sujet du dernier exercice.

- Dana ?! émergea son nom.

Le lieutenant Graymes s’était détaché de ses camarades pour trotter jusqu’à elle, un large sourire aux lèvres. Mais dès qu’l fut assez près, il sembla se rappeler que l’enseigne était en fait, une Inquisitrice. Son sourire s’amoindrit un peu et il présenta un salut adroit et protocolaire.

- Stan Graymes, répliqua-t-elle en le contemplant, étonnée.
- Stan suffit, dit-il après avoir passé une main nerveuse dans sa chevelure claire. Vous avez cinq minutes ?
- Ahm, non…je m’apprêtais à..
- Sans vouloir vous manquer de respect, Dana. Vous vous rappelez ce jour où je vous ai couvert auprès du Major ?
- Mh, mh.
- Vous me devez cinq minutes, c’étaient les cinq minutes durant lesquelles on devait boire un café.

Elle se pinça les lèvres pour réprimer son agacement. Autour d’eux les soldats allaient et venaient, il lui fallait paraître le plus naturel possible. Elle engagea un pas et son souffle s’écrasa contre le visage du pilote, pour qu’elle puisse parler franchement, à voix basse, sans que les passants ne puissent saisir ses paroles. Et Stan semblait s’être égaré dans l’étendue dorée, si proche.

- A mon tour de vous faire un rappel, Stan Graymes. Je ne suis pas là pour boire le thé ou je ne sais pas. Vous connaissez très bien les raisons de ma présence à bord.
- Alors, quand vous aurez fini, Inquisitrice Dana ? murmura-t-il et ses lèvres frôlèrent presque les siennes, ce qui la força à reculer d’un pas, comme si un insecte l’avait piqué.
- Eh Stan ! héla un officier en uniforme de pilote. Arrête de flirter et dépêche-toi, Momik a sorti un nouveau parfum de crème glacé !

Dana se décala d’un pas pour ouvrir le passage, invitant Stan à écouter la voie de la raison que représentait son homologue. Le lieutenant la salua avec un clin d’œil. Ce n’était visiblement que partie remise.





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Foutue Inquisitrice



Lloyd,

Faut absolument que tu mettes l’enseigne Mallory loin des canons. Genre, vraiment.
Vraiment, vraiment.

Vraiment.

Je cherche un moyen de la coincer. Mais…fais vérifier les trucs des canons là, je sais pas. Fais des contrôles, que tout va bien.

PS – Tu me manques. : (





Elle rangeait son datapad dans sa poche quand elle s’engouffra dans le bureau du Major Arboghast. Ce dernier l’attendait, assis sur son siège, l’allure impeccable, le regard perçant. Avant même de la saluer, il lui désigna un vêtement soigneusement plié à la surface du bureau. Elle se rapprocha et découvrit sa veste d’enseigne, celle que Pyke lui avait subtilisé dans le but déloyal de la faire porter par Bloem.

- Inquisitrice Shar, dit-il enfin. Vous semblez remise sur pieds.
- J’espère que vous ne comptiez pas trop sur le fait que je m’en sorte pas.
- Non. Mais j’ai eu une conversation intéressante avec votre maître. Une femme charmante, au demeurant.

Tout le monde trouvait Runà charmante, jusqu’à ce qu’elle les piège dans l’une de ses mises en scène sordides.

- Il me reste encore une grosse semaine d’évaluation et je pense que vous pourriez mener certains entretiens, me seconder, plutôt. Du moins, pour les profils qui vous paraissent suspects.
- Parfait, vous pouvez convoquer l’enseigne Mallory sur le champ alors.
- Elle a déjà été évaluée.

Dana darda un regard noir sur le Major. Elle se dépêcha de retirer son débardeur et derrière son mouvement félin et sensuel, il y avait un soupçon de provocation dont Valor ne perdit aucune miette. Il n’avait pas détourné les yeux et la contemplait maintenant enfiler sa veste d’enseigne, sans rien en-dessous si ce n’était un bout de lingerie impudique. Et quand il croisa enfin les prunelles de Dana, il crut y déceler un défi. Qu’il vienne inspecter, qu’il ose seulement lui faire la moindre remarque maintenant qu’il savait qui elle était.

- Alors, vous l’évaluerez une deuxième fois, décida-t-elle froidement.
- Vous la suspectez.

Ce n’était pas une question.

- Vous êtes perspicace, lâcha-t-elle avec un sarcasme mordant.
- Sur quelle base ?
- Je n’ai pas à me justifier.
- Bien sûr que si, fit-il calmement. Voyez-vous…votre petit numéro d’intimidation aurait pu marcher, sans l’intervention de votre Maître.

Il eût un soupir las.

- J’ai deux rapports. L’un, un petit peu accablant mais positif pour le commandement de Lloyd Hope. L’autre franchement…ne lui permettra hélas pas de rester à la tête de cette frégate. Et que j’envoie l’un ou l’autre, ne changera strictement rien à mon sort, j’ai la parole du Seigneur Runà à ce sujet. Alors…vous allez vous asseoir, et me dire sur quelles bases vous soupçonner l’enseigne Mallory. En fait, vous allez être clairement coopérative, pour tout ce que je vais vous demander. Ou bien j’enverrai le mauvais rapport à l’Etat-Major.

Elle ne chercha pas à négocier et fit un geste vers l’un des sièges, pour s’asseoir mais il l’en empêcha d’un geste brusque :

- Attendez. Avant cela, je vous prierai de vous mettre en ordre, au niveau de votre uniforme.

De ses mains tremblantes de colère et de frustration, elle commença à défaire les boutons de sa veste.


Jusqu’à ce qu’une lueur attire son attention, par-delà la baie d’observation du bureau. Sa veste retomba lourdement au sol tandis qu’elle écarquillait les yeux en comprenant. Trop tard. La lueur était devenue une déflagration silencieuse qui frappait de plein fouet l’un des flancs de Melantha. Les boucliers externes encaissèrent sans peine, mais l’onde de choc absorbée secoua le monstre d’acier qu’était la frégate. Il déséquilibra l’Inquisitrice, peu préparée, les systèmes gravitationnels du vaisseau cessèrent de fonctionner un court instant. Elle flotta dans l’air, aperçut le Major se tenir d’une main au bureau et tendre l’autre vers elle, dans l’espoir vain de la rattraper. Encore trop tard. La gravité fut rétablie brusquement et Dana retomba avec violence. Elle eût l'impression que l'impact venait de lui briser les os.

Une alarme assourdissante retentissait.


Melantha était sous feu ennemi.





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Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


- Une coïncidence ?
- Certainement pas. Plutôt un tir de haute précision : ils nous avaient dans le viseur depuis un moment.







Le hapien était retombé à côté de sa couchette avec un choc sourd. Sa mâchoire avait heurté le coin du meuble voisin après que Melantha eut retrouvé sa gravité artificielle habituelle et il avait émis un grognement de douleur aussitôt noyé dans les alarmes assourdissantes qui s’étaient déclenchées dans la cabine. Son datapad lui avait échappé des mains et il rampa pour l’attraper, son esprit fuyant dans toutes les directions à la fois. Il y avait un exercice de ce genre de prévu ? Non, non, c’était une vraie alarme. Alors, quelqu’un l’avait déclenchée par mégarde ? Non plus, il avait entendu le bouclier déflecteur encaisser la charge. Il se relevait en toisant le hublot mais dans cette direction, il ne vit d’abord rien d’autre que l’espace au-delà d’un léger voile bleu, signe que les boucliers étaient en pleine charge – réaction automatique du vaisseau lorsqu’il avait reçu un premier choc afin de se protéger – avant que de nouvelles déflagrations déchirent la noirceur galactique.
Lloyd courut vers l’entrée de la cabine, son uniforme avec lequel il s’était étendu un peu froissé, et enfila ses bottes en martelant le panneau de commande de l’écoutille. Au même instant, son comlink dans sa poche intérieure se mit à grésiller.

- MON CAPITAINE !
surgit la voix du lieutenant Narih. Nous sommes sous feu ennemi ! Canons en charge pour la riposte ! Les boucliers sont opérants mais il y a une faiblesse sur l’avant-droit suite à l’impact d’attaque surprise ! Mon Capitaine ?
- J’arrive, j’arrive, grogna le hapien, qui courait déjà dans les corridors où pulsait des lueurs rouges. L’ennemi est visible ?
- Le vaisseau qui a attaqué vient de sortir d’un écran de camouflage, je ne comprends pas comment… il était indétectable sur nos radars ! Nous sondons les alentours au cas où il y en aurait d’autres !
- C’est quoi ? Vous pouvez les identifier ?
- Une frégate lourde, ça ne se cache tout de même pas comme ça ! s’écria Narih avec une pointe de colère dans la voix.

Lloyd s’engouffra dans un turbolift en même temps que deux autres officiers eux aussi pressés par le temps. Tout Melantha s’agitait soudainement comme une fourmilière dans laquelle on avait donné un coup de pied.

- Un message ? Quoique ce soit qui nous donne une indication sur le commanditaire ?
- Non, rien du tout pour le moment. Mais de fortes chances que ce soit les renégats, mon Capitaine. D’où ma crainte d’autres vaisseaux cachés…
- Oui. Ne déchargez pas tous les canons sur la cible, gardez de la force de riposte au cas où d’autres assaillants arriveraient et envoyez le signal d’alarme à l’Etat Major.
- Immédiatement, mon Capitaine. Nous vous attendons sur le pont !








Lloyd était arrivé quelques instants plus tard, au pas de course. Le pont de commandement était submergé par la tension. Les officiers dans les fosses aboyaient des informations et des ordres en tâchant de maîtriser leurs voix pour ne pas céder à la panique, mais on sentait la nervosité des paroles. Sur la plateforme, les lieutenants Narih et Utuzz contrôlaient un large hologramme représentant Melantha, tandis que le capitaine Nande lançait des ordres concis pour manœuvrer la frégate.

- L’équipe de navigation s’est lancée dans une rotation pour ne pas mettre le flanc affaibli de Melantha en danger, expliqua Narih dès que le hapien eut grimpé les marches quatre à quatre.
- Affaibli ? Quels sont les dégâts ?
- L’impact a touché les boucliers avant droit et latéral droit, précisément à la jointure, répondit Utuzz avec plus de calme que la lieutenante, et son respirateur filtrait un air régulier, assuré, tandis qu’il pointait l’endroit en question sur l’hologramme de Melantha pour indiquer le point de faiblesse. Ce n’est rien d’irréversible, mais cela a vidé complètement la charge à cet endroit. Il nous faudra de longues minutes avant de refermer la faille.
- Une coïncidence ?
- Certainement pas. Plutôt un tir de haute précision : ils nous avaient dans le viseur depuis un moment.

Lloyd fronça les sourcils en adressant à Narih un regard courroucé.

- Ils nous attendaient ! grogna le hapien.
- C’est ce que je pense, mon Capitaine.
- Or, Pyke était mort avant que nous prenions la décision de cette destination.
- C’est ça.

Les officiers échangèrent un regard inquiet. Il y avait une taupe à bord. Un autre traître. Était-ce Mallory ?

- L’Etat Major a reçu notre appel ?
- Oui, ils nous ont mis en attente, cracha Narih avec une pointe d’amertume.
- Nous nous défendrons, ils finiront pas nous envoyer de l’aide et les renégats fuiront.
- S’ils ne reçoivent pas d’aide avant nous.
- Si c’est le cas, on avisera. Où en est la charge ?

Utuzz baissa les yeux sur un écran.

- Les canons à ions sont à 88%, les turbolasers à 100%, les canons lasers à 62%.
- 62 ?! s’exclama Lloyd, ahuri.
- Oui, un retard technique… fit Utuzz avec un soupir d’excuse.

Le hapien expira un souffle exaspéré. Ces putains d’artilleurs, ils avaient bossé comme des maalraas depuis sa prise de fonctions, c’étaient eux qui avaient eu les meilleurs scores depuis le début… Et soudain ils se plantaient, le jour de leur première opération réelle ?
Mais le capitaine n’avait pas le temps pour la théorie. Il se détourna pour aller se placer devant la baie, sous les écrans où toutes les données s’affichaient. L’ennemi était encore à des kilomètres et on devinait à peine la forme de l’appareil. C’était une frégate toute en longueur, bien plus effilée que Melantha. Bien plus grosse, aussi.
Lloyd se tourna vers Narih. Trois enseignes l’avaient rejointe, et ils se mirent un bref instant au garde-à-vous.

- Nous attendons vos ordres.

Le hapien acquiesça d’un mouvement bref tandis qu’Utuzz se rajoutait à la ligne qu’ils formaient pour prendre lui aussi ses directives.

- Ouvrez les soutes, armez les chasseurs, annonça-t-il d'une voix autoritaire. Ne les faites pas sortir avant mon signal, je ne veux pas les risquer inutilement : nous allons d’abord les affaiblir avec les turbolasers. Ouvrez le feu avec ceux-ci dès que possible. Pas des tirs de sommation : des tirs offensifs. Verrouillez deux canons à ions sur le vaisseau ennemi, attendez mon signal pour faire feu ; prévenez-moi lorsque leur charge est à 100%. Réservez les autres.
- Bien, mon Capitaine.
- Reçu, mon Capitaine.

Avec de brefs gestes, à voix basse, Narih dispatcha les ordres entre les trois enseignes présentes et celles-ci se dispersèrent en un instant, tandis que la lieutenante se hâtait vers le poste des communications. Le kel dor, quant à lui, agissait directement via un petit écran où il transmettait l’inclinaison des canons, leurs charges. Les données étaient directement reçues par les artilleurs qui ajustaient le matériel, loin dans les entrailles de Melantha. Utuzz allait valider les modifications quand le hapien leva vers lui un index soudain qui le fit interrompre son geste.

- Une dernière chose ! Utuzz : extrayez-moi l’enseigne Mallory de son poste. Faites-la remplacer : elle vient ici.
- Ici ?
- Oui, sur le pont. Elle est convoquée en urgence.
- Bien, mon Capitaine.

Le kel dor envoya un message pour compléter les ordres de modification d’orientation des canons pendant que le Capitaine retournait devant la baie en se mordant la lèvre inférieure. Il sentait son col devenir chaud dans sa nuque et d’un geste qui ressemblait à un réflexe, il y porta ses doigts pour ajuster le tissu épais plié. Il sentit un petit relief sous son derme.

L’instant d’après, il sortait son datapad de sa veste pour pianoter aussi vite qu’il le pouvait.





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H.----------------


Ça va ?

Je m’occupe de Mallory. Mais il faut que tu me dises pourquoi au cas où rapport avec attaque en cours.
Ennemi nous attendait, connaissait notre position. Une taupe lui a indiqué notre trajectoire.
Mallory ?

Si besoin tu peux la cuisiner dans mon bureau. Arboghast au courant ?







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La Rage de Melantha

Dans le vaisseau, un chaos ordonné régnait, une sorte d’agitation semblable à un essaim bourdonnant.








- Inquisitrice Shar ? Inquisitrice Shar. Oui, lieutenant Utuzz, attendez.

Arboghast avait un comlink près des lèvres et était penchée au-dessus du corps étendu de la Sith. Le front de cette dernière saignait. Le liquide écarlate et poisseux tranchait avec sa peau irisée. Il semblait provenir d’une plaie à la tête, occasionnée par le choc. Progressivement, la voix glaciale du Major la tira de l’inconscience et des ténèbres ; elle quitta brutalement le bureau du capitaine, au cœur d’une tanière sombre. Elle dut gémir en ouvrant les yeux, accusant la douleur, accusant l’incompréhension. Puis les souvenirs affluèrent comme le vent d’une tempête soudaine. Constatant qu’elle se réveillait enfin, Valor reprit la communication.

- Lieutenant Utuzz, que se passe-t-il exactement ?
- Nous avons été pris pour cible par une frégate, probablement renégate. Je dois absolument joindre l’enseigne Mallory sur ordre du capitaine, mais elle n’est pas à son poste. Est-elle chez vous ?

L’officier laissa tomber son regard sur Dana.
















- Attendez, Inquisitrice Shar, où allez-vous ?

Dans les coursives du pont inférieur numéro trois, Valor talonnait Shar qui s’était relevée quelques minutes plus tôt pour claudiquer hors du bureau, ne se souciant pas qu’elle fut seulement vêtue d’un soutien-gorge et d’un treillis, ne se souciant pas de sa blessure qui l’élançait. Mallory n’était pas à son poste et son instinct l’avait tout de suite aiguillée vers la baie où était amarré le Sans-Visage. Dans le vaisseau, un chaos ordonné régnait, une sorte d’agitation semblable à un essaim bourdonnant. Les soldats se bousculaient pour regagner leur poste respectif, on se hélait, on marchait d’un pas cadencé vers un destin incertain. Et la baie n’échappait pas à cette activité extraordinaire. Les chasseurs étaient déjà prêts à s’engager et sur les visages des pilotes, la même nervosité que celle qui dépeignaient les gestes des techniciens chargés de préparer des futurs décollages. On attendait les ordres du capitaine d’un moment à l’autre.

Mais Dana n’avait d’yeux que pour le Sans-Visage, immobile et détonant dans cet univers brutal. Elle boîtait toujours. Sa chute lui avait visiblement causé du tort à la cheville. Pyke s’était réfugié sur le Sans-Visage au dernier moment, elle était persuadée que Mallory ferait de même.

Arboghast perdait patience, il s’apprêtait à attraper fermement le bras de Dana quand les hauts-parleurs de la baie crachotèrent des nouvelles inquiétantes.

- Sans-Visage, vous n’avez pas l’autorisation de quitter la baie !

Un nouveau bourdonnement. Les réacteurs du vaisseau venaient de rugir. Valor fut aussi surpris que l’Inquisitrice qui accéléra le pas.

- Mumkin ! hurla-t-elle, folle de colère.
- Sans-Visage, dernier avertissement ! Eteignez vos réacteurs ! Nous sommes en plein sous le feu ennemi !

Mais la carcasse du vieux vaisseau s’éleva de quelques centimètres avant de s’engager vers le couloir de sortie dépressurisé.

- Merde !

Dana se mit à courir malgré le mal de chien que cela provoquait dans son pied. Elle tira son datapad de sa poche et pianota de manière chaotique. Valor, quant à lui, avait rebroussé chemin, direction le pont de commandement.




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Foutue Inquisitrice



PUTAIN ! Mum se fait la malle !
Mallory doit le prendre en otag

Merde merde merd


La tête lui tournait, ou peut-être était-ce le sol ? Elle sentait le sang chaud sécher sur son front, sur sa joue, échouer sur ses lèvres fébriles. Elle repéra soudainement, dans sa panique, les veines chargées d’adrénaline, une alcôve à l’autre bout de la baie où étaient alignés des combinaisons de pilotages en prévision de sortie dans l’espace. Elle grimaça au moment de courir vers elles. Sous le regard effaré de rares soldats, elle se débarrassa de son treillis et sauta dans l’une des combinaisons. Plus haut, les hauts-parleurs tentaient en vain de retenir le Sans-Visage, mais ce dernier avait déjà emprunté le couloir de dépressurisation. Dana se hâta d’aller plus vite, de boucler la ceinture, de remonter la fermeture éclair, de saisir un casque et se remit à courir à travers la baie.

Un scénario se dessinait dans sa tête. Après avoir saboté les canons lasers, ou se rendant compte qu’elle serait prise avant Mallory avait dû se jeter vers sa seule porte de sortie : le Sans-Visage. Avec un Mumkin sans défense. Et elle pariait que le vaisseau se dirigeait droit vers la frégate ennemie, où Mallory souhaitait – peut-être regagné, l’asile de son camp. Putain de renégate. Dana arriva essoufflée près d’un chasseur et s’écria vers le pilote :

- Je monte ! On va suivre le Sans-Visage !
- Quoi ? répondit l’humain, dans la vingtaine, à la fois ahuri et n’ayant pas bien entendu puisque la baie retentissait d’alarmes en tout genre, d’ordres braillés à travers les comm’. La tension était montée d’un cran avec la fuite subite du vaisseau personnel du capitaine qui avait pris tout le monde au dépourvu.
- JE MONTE ! hurla-t-elle en mettant son pied douloureux sur la structure permettant d’atteindre le cockpit.

- Hein ? Non mais…

Trop tard, elle venait d’escalader péniblement et d’échouer, sans élégance, dans le siège arrière – celui du co-pilote. Elle attrapa le harnais, les mains tremblantes.

- Décolle !
- Je peux pas sans…
- DECOLLE OU JE TE TUE !

Les comm’ du chasseur se mirent à grésiller.

- Enseigne Rascal !

Et Dana écarquilla les yeux, reconnaissant la voix de Stan Graymes.

- Mon..mon lieutenant !
- Je rêve où je viens de voir Dana Hickpens grimper dans votre appareil ?! Au rapport ! Je vous rappelle qu’on est sur le pont de guerre.
- Oui…oui mon lieutenant elle…
- Stan !
- Dana ?! Va falloir m’ex..
- Ordonnez à ce putain de pilote de décoller ! Maintenant ! Mumkin est en danger ! On doit le rattraper !

Il y eût une courte seconde de latence.

- Ok, enseigne Rascal vous m’entendez ?
- Oui mon lieutenant, dit courageusement l’enseigne.
- Ce n’est plus un exercice, Rascal. Mais ça reste les mêmes consignes, tout le monde rentre au bercail, ok ?
- Oui, mon lieutenant !
- Alors décollez, et vous ramenez tout le monde au bercail. Je vais sortir avec vous et vous couvrir.

Dana enfila enfin son casque, soulagée. Le pilote fronça les sourcils, pressa des commandes sur le tableau de bord. Les réacteurs du chasseur pulsèrent brusquement. La procédure de check-up et de sortie parut interminable à Dana. A chaque seconde passée, Mumkin et le Sans-Visage s’éloignaient. Enfin, avec l’insistance de Graymes, le pont de contrôle de la baie d’atterrissage autorisa le départ de quatre chasseurs. Celui de l’enseigne Rascal à bord duquel Dana était monté. Celui du lieutenant Graymes et de deux autres pilotes afin de couvrir la sortie du premier. Dana sentit la poussée l’enfoncer dans le siège au moment où ils longèrent le couloir de dépressurisation vers la sortie. Les lumières laissèrent soudainement place au vide immense, au vide absolu, à l’espace sidéral et sidérant. L’Inquisitrice manqua de vomir, sa légère commotion n’avait pas supporté la poussée brutale.

- Accrochez-vous, enseigne Hickpens, je mets les gaz, le Sans-Visage a déjà beaucoup d’avance, avertit le pilote, concentré sur sa tâche.
- Ne le perdez pas de vue !
- Je compte bien lui coller au cul.
- Vous pensez pouvoir ouvrir un faisceau de comm’ vers le Sans-Visage.
- Je vais essayer, mais la frégate ennemie risque d’intercepter la communication également.
- Faîtes-le !

Et quand ce fut fait, elle se dépêcha :

- Mum ?! Mumkin tu m’entends ? Tu vas bien ?!

Un long silence pendant lequel Rascal passa la vitesse supérieure et manœuvre. Il suait sous son casque. Ce n’était peut-être qu’une question de secondes avant que la frégate ne riposte et ne les prenne pour cible.

- Il va bien.

Mallory.

- Mais vous en revanche, ça risque d’aller moins bien.
- Je viens pour toi, pétasse.
- Il va falloir faire mieux que ça. Faire mieux que ce que t’as fait avec Pyke, salope de loyaliste.

Et la communication se coupa.

Soudain, le chasseur fit une embardée sur le côté. Un tir venait de le frôler et Rascal avait manœuvré de justesse pour l’éviter. Ses yeux étrécis par le stress surveillaient le radar.

- Des chasseurs ennemis, ça va nous corser la tâche.
- Stan s’en occupe ! Vous vous chargez du Sans-Visage !

Et l’habitacle s’éclaira de brusques lueurs quand, derrière eux, les chasseurs de Graymes et ses hommes répliquèrent aux tirs ennemis. Mais Dana n’eût pas le temps de s’émouvoir du spectacle. En face, à des kilomètres, la silhouette ténébreuse d’une autre frégate se découpait dans les étoiles. Elle voyait le Sans-Visage se diriger vers le ventre de cet autre monstre.






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Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


- Ah ! Ouuuh ! Oh la la la…







- NARIH !

La lieutenante penchée au-dessus de l’épaule d’une enseigne, dans la fosse, sursauta. Elle se hâta de remonter les marches de la plateforme de commandement pour rejoindre le hapien qui l’avait appelée sur un ton rude. Le visage du capitaine était figé dans une expression de contrariété qui donna à Narih une bouffée de chaleur qu’elle tâcha d’ignorer.

- Oui, mon Capitaine ?
- C’est quoi, ça.

Lloyd s’était à demi tourné vers elle, les lèvres pincées, et il pointait du doigt la bataille qui se jouait devant eux.

- Heu, hé bien… Notre ennemi ?
- NON. JE PARLE DES CHASSEURS ! Vous n’avez pas compris mes ordres ou quoi ?!
- Ben, c’est que… Je n’comprends pas non plus, je n’ai pas donné l’ordre de sortir, au contr…
- Lieutenante ici Graymes ! Avons décollé de toute urgence !

La voix provenait du comlink de Narih qui porta automatiquement sa main à sa poitrine, où le dispositif était accroché sur le revers de la poche de sa veste d’uniforme.

- Lieutenant Graymes, dit-elle d’une voix glaciale en appuyant sur le bouton principal. L’autorisation de décoller ne vous a pas été donnée, le commandant attend des explications.
- Ahm, oui. Justement, nous essayons de porter secours à Momik, le vaisseau personnel du commandant a été dérobé…
- QUOI ?! Comment ça ?! Par qui ? intervint Lloyd dans un rugissement stupéfait.
- Bonjouuuur mon Capitaine, oui alors, oups, une seconde j’évite un impact, COLLE LUI AU CUL RASCAL LE LACHE PAS ! Pardon, voilà. Donc je disais ! Aucune idée par qui, l’enseigne Hickpens a repéré l’anomalie avant nous tous, juste avant que le Sans Visage force le barrage de sortie ! Elle en saura peut-être plus, vous pouvez vous brancher sur la fréquence de Rascal pour lui poser la question !

Narih et Hope échangèrent un regard ahuri.

- Oh non, fit subitement le hapien en se couvrant le visage d’une main.
- Lieutenant Graymes, reprit Narih sans quitter le hapien des yeux. Voulez-vous dire que l’enseigne Hickpens est à bord d’un chasseur… Avec l’enseigne Rascal ?!
- Non mais non, gémit Lloyd.
- Affirmatif mon lieutenant. Il faut que j’vous laisse, on va tenter une manœuvre en tenaille ! L’ennemi arrive !
- Mais c’est pas possible.
- Chasseurs ennemis en approche ! cria une voix depuis la fosse. Quatre escadrons de douze ! Attendons les ordres de riposte !

Lloyd retira sa main de ses yeux pour mieux voir les nuées d’ennemis arriver. Il prit une grande inspiration pour retrouver la maîtrise de lui-même.

- Cessez le feu, rechargez l’ensemble des canons, ordonna-t-il d’une voix forte. Sortez sept escadrons de chasseurs, deux pour aider au rapatriement du Sans Visage, le reste pour abattre les chasseurs ennemis. Le Sans Visage ne DOIT PAS être abattu, quoiqu’il arrive ! Dites à Graymes que le Sans Visage est équipé de canons dissimulés à l’arrière, qu’ils ne se laissent pas surprendre !
- Oui mon Capitaine ! claironna Narih, soulagée de reprendre une chaîne de commandement habituelle, et elle tourna les talons pour redescendre dans la fosse.
- Nande ! Rétablissez un angle de front ! Activez les rayons tracteurs dès que les chasseurs seront sortis pour les aider à rattraper le Sans Visage.
- Reçu mon Capitaine !
- Les comms, ajouta-t-il en se tournant vers l’enseigne mirialan dans la fosse, je veux recevoir en direct la radio de Graymes, réception comme émission.
- Tout de suite, mon Capitaine.

Le bourdonnement avait repris sur le pont de commandement, comme un essaim en plein travail. Les radios diffusaient des communications provenant de toutes les fonctions de Melantha, et plusieurs enseignes entraient des données, prenaient des notes, transmettaient des fiches à leurs voisins. A côté du hapien planté devant la baie d’observation, de grands holos se mouvaient, représentant pour l’un Melantha et les principaux signaux la concernant, et pour l’autre la situation tactique avec des symboles pour représenter, sur un plan à trois dimensions, la position des vaisseaux ennemis. Une multitude de petits points rouges se mélangeaient désormais avec une autre multitude de petits points bleus.

- Mon Capitaine, la frégate adverse nous imite et a cessé les tirs lourds ! l’alerta Narih depuis la fosse.
- Ils ne nous imitent pas, ils essaient de préserver leurs forces et ne veulent pas tuer leurs propres chasseurs, maugréa-t-il. Des nouvelles de l’Etat Major ?
- Aucune, mon Capitaine.
- En gros, on se démerde tous seuls comme d’habitude, hein, grinça-t-il entre ses dents serrées, à voix basse pour ne pas être entendu.

D’une main fébrile, il extirpa son datapad de sa veste pour le consulter. Il tomba sur le message de Dana qu’il n’avait pas vu un peu plus tôt, mais il bascula aussitôt sur l’application de la nanopuce. La flèche pointait devant lui, vers la bataille où les chasseurs avaient commencé à s’affronter. Des traits lumineux striaient l’espace en tous sens, et il y eut une brève explosion quand un chasseur ennemi fut détruit, se transformant l’espace de quelques instants en une boule de feu incandescente avant de disparaître complètement, aussi rapidement que la flamme d’une bougie sur laquelle on aurait soufflé.

Il éteignit le datapad avec un regard sombre.












- Ah ! Ouuuh ! Oh la la la…
- Mais tu vas la fermer ou je te grille la cervelle !

Dans le cockpit du Sans Visage, les explosions et les traits d’énergie multicolores qui apparaissaient dans le champ du transparacier jetait sur les visages de Mumkin et Mallory des éclats de lumière inquiétants. Le dévaronien était ligoté au fauteuil de copilote et il ne cessait de gigoter. Pas pour se défaire de ses liens, mais juste parce que l’angoisse était à son comble et ses yeux globuleux n’arrêtaient pas d’aller du spectacle à la console, sur laquelle les mains de Mallory œuvrait de façon un peu malhabile. Elle avait pris les commandes juste après que Mumkin les eût fait sortir de la baie de Melantha, un blaster sur la tempe, après quoi elle l’avait attaché avant de reprendre elle-même le pilotage avec des gestes un peu maladroits – cela faisait un bail qu’elle n’avait pas piloté et elle n’avait de toute façon jamais été une experte, mais elle ne pouvait pas faire confiance au dévaronien plus longtemps. Elle ne le conservait maintenant en vie que parce qu’elle savait que sans le pilote en vie, le commandant de Melantha ordonnerait certainement la destruction de la petite navette qui essayait de se faire un chemin entre les chasseurs. Ils étaient bringuebalés en tous sens en essayant d’éviter l’impact avec des alliés ou des ennemis, et heureusement personne n’essayait de faire directement feu sur eux. Mallory serrait les dents, l’air concentré.

- Oh la la la la la la… continua Mumkin d’une toute petite voix, incapable de se taire vraiment.

La crainte de percuter un chasseur l’emportait visiblement sur celle de se faire griller la cervelle.

Subitement, il y eut un impact et Mumkin ferma les yeux avec un cri aigu. Il se sentit irrémédiablement attiré vers le côté, et l’une de ses cornes frappa le coin de la paroi du cockpit tandis qu’à travers le transparacier, la scène de la bataille s’était mise à tournoyer follement. La silhouette énorme de la frégate impériale apparaissait et disparaissait dans un rythme endiablé. Quand il rouvrit les yeux, Mallory peinait à ne pas glisser de son siège et s’accrochait désespérément à une poignée. Des alarmes s’étaient mises sonner et les boutons du tableau des commandes clignotaient de rouge et d’orange peu rassurants.

- ON VRILLE ! cria Mumkin. REDRESSEZ ! REDRESSEZ VITE AVANT QU’ON S’ECHOUE VERS MELANTHA ! REDRESSEEEZ !

Mallory comprit enfin et tenta de lâcher une de ses mains pour l’abattre sur une manette. Elle tira de toutes ses forces et peu à peu, la rotation folle du Sans Visage devint plus lente et l’attraction qu’ils ressentaient moins intenses. Bientôt, Mallory réussit à se remettre complètement en position de pilotage et à redresser tout à fait la trajectoire. Elle haletait le visage couvert de sueur, mais son sang froid avait repris le dessus et elle appuya sur une commande pour foncer vers la frégate renégate avec un air de concentration sur le visage.

Une nouvelle alarme retentit, et on entendit les moteurs du Sans Visage s’arrêter subitement. Il régna dans l’appareil un silence de mort, seulement troublé par les alarmes encore allumées. Mallory fronça les sourcils et réessaya d’activer la manette, mais rien ne se produisit.

- Qu’est-ce qui s’passe ! cria-t-elle à Mumkin.

Le dévaronien consentit à rouvrir un œil – il les avait refermés pendant la vrille de peur de se mettre à vomir – pour zieuter le panneau de commande. L’alarme provenait d’un voyant qui indiquait…

- … C’est le réservoir, glapit-il.
- Quoi, le réservoir de quoi ? Qu’est-ce qu’il a ?
- Ben, de carburant ! J’sais pas, il a dû être touché, ça a dû fuir… On a dû prendre un tir perdu, c’est pour ça qu’on a vrillé…
- Quoi ?! Mais vous avez bien un réservoir de secours, non ? Tous les vaisseaux ont ça ! Pourquoi est-ce qu’il ne s’enclenche pas automatiquement ?
- Ah ben, c’est-à-dire que le patron, le réservoir de secours il l’avait débranché pour stocker des bidons, alors moi je lui ai toujours dit hein, que quand même le deuxième réservoir s’il existait c’est parce qu’il avait une fonction et…

Il s’interrompit car Mallory avait écrasé son poing sur les commandes avec un cri de rage. Elle chercha ensuite furieusement dans le moniteur des communications pour entrer une fréquence.

- Corrupteur ici Agent XI-4 ! Corrupteur est-ce que vous me recevez ? Avons besoin d’un tractage urgent, le vaisseau utilisé pour le rapatriement est inutilisable ! Nous allons dériver dans la mauvaise direction ! Pouvez-vous envoyer l’un de vos chasseurs avec un filet !
- Agent XI-4 ici Corrupteur. Négatif Agent, vous n’êtes pas la cible prioritaire. Veuillez rester en attente, l’objectif primaire est la destruction de Melantha.
- QUOI ?!
- Je répète, Agent, vous n’êtes pas l’objectif prioritaire. Veuillez rester en attente, nous verrons ce que nous pouvons faire après la bataille.
- AAAaaah !

Mallory avait éteint la communication avec un nouveau cri de rage. Elle quitta subitement le poste de pilotage pour marcher dans la coursive à l’arrière, laissant Mumkin qui déglutit, toujours attaché, en voyant un chasseur allié les frôler. Quand Mallory revint, il n’avait pas bougé et elle se laissa tomber à côté de lui avec son blaster en main, une grimace mauvaise sur le visage en toisant le dévaronien.

- J’sens que j’vais pas aimer, couina Mumkin tandis que Mallory changeait la fréquence de communication.
- Hé, la salope, grinça-t-elle quand elle fût de nouveau connectée à la fréquence de Rascal. J’ai le canon de mon blaster en plein sur la tempe de ton petit amoureux. Si tu veux pas que je repeigne le cockpit du Sans Visage avec sa cervelle, je te conseille de faire en sorte qu’on obéisse à mes instructions. Tu vas te débrouiller pour que deux chasseurs s’approchent avec un filet entre eux, c’est une manœuvre qu’ils savent faire. Qu’ils me catapultent vers la frégate adverse, et je te promets que je laisserai repartir ton chéri avec sa navette de merde s’il me dépose sain et sauf !
- L’ECOUTE PAS MA CHERIE ! cria subitement Mumkin, pris d’une bouffée d’adrénaline. VA-T-EN TANT QUE C’EST ENCORE POSSIBLE ! SAUVE-TOI !!



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La Rage de Melantha  

.Il était temps pour chacun de panser ses plaies pour mieux revenir sur le ring galactique.






Les yeux de Dana étaient écarquillés tandis qu’elle saisissait la mesure du message de Mallory. Sous son casque, ses cheveux, détrempés par la sueur du stress et de l’adrénaline collaient à sa figure pâle, se mêlaient inélégamment au sang de sa blessure. Un gémissement de rage échappa à ses dents serrées de contrariété. Rascal avait ralenti maintenant que leur cible dérivait, réacteurs éteints et il s’efforçait d’esquiver tirs ennemis qui les frôlaient parfois de trop près. La liaison radio était toujours ouverte. L’Inquisitrice s’agita dans son siège et fronça les sourcils :

- Si tu penses que j’suis pas capable de tirer sur le Sans-Visage…tu te trompes, connasse.
- Vraiment ? Tu tuerais ton petit copain ?
- Non.

La voix de la Sith était aussi glaciale que cassante.

- C’est toi que je vais tuer.

Elle leva son attentio. vers la vitre du cockpit au moment où un chasseur ennemi avait saisi une figure audacieuse au-dessus d’eux, dans l’espoir de les prendre en tenaille.

- Merde. Enseigne Hickpens, accrochez-vous, je vais devoir me sortir de là.
- Rascal, qu’est-ce que vous attendez pour vous dégager ?! grésilla la voix furieuse de Graymes qui avait gardé un œil sur eux, malgré le combat.
- J’y suis mon lieutenant !

Et Dana laissa échapper un cri de stupéfaction quand elle se retrouva subitement la tête à l’envers. L’appareil avait effectué une vrille acrobatique pour s’engager dans un point de fuite. Elle plaqua une main contre l’une des parois proches, s’empêchant de vomir au moment où le vaisseau reprenait une posture normale.

- Bien joué, Rascal ! Canardez-moi ce bâtard, maintenant.
- Reçu, mon lieutenant ! obéit l’enseigne en enclenchant les canons une fois son adversaire verrouillé dans le faisceau de ciblage.

L’explosion silencieuse qui suivit éclaira leurs visages. Dana déglutit et chercha du regard le Sans-Visage à travers l’habitacle, en vain. Il n’y avait que l’océan galactique dans lequel une houle sans bruit les ébranlait. Elle se pencha vers l’avant, tentant de voir par-dessus l’épaule de Rascal, de déchiffrer en vain les écrans radars, les monitorings holographiques, les voyants lumineux, les alarmes.

- On est toujours en comm’ avec le Sans-Visage ?
- Affirmatif, Hickpens !
- MUMKIN ! cria Shar. Mumkin, si tu m’entends…fais quelque chose ! Te laisse pas faire ! Trouve un foutu moyen, c’est TOI le véritable patron du Sans-Visage !

Elle n’avait jamais été aussi sincère de sa vie.

- Très émouvants ces adieux romantiques, ricana la voix de Mallory. Tu as cinq minutes pour dépêcher les chasseurs ou t’es bonne pour te trouver un autre amant, enfin, si tu survis à tout ça.

Et la communication se coupa.

- Enseigne Hickpens ? Qu’est-ce qu’on fait ?
- On attend.
- Quoi ?
- On attend cinq minutes, insista-t-elle. Si dans cinq minutes on a pas de nouvelles, vous allez me canarder le Sans-Visage jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que des fragments aussi petits qu’un grain de sable, pigé ?
- Je…c’est contraire aux ordres…
- Qui est aux commandes de ce chasseurs ? Le capitaine Hope ou vous ? Prenez les foutus bonnes décisions. Si le Sans-Visage regagne la frégate ennemie, Mallory leur livrera beaucoup trop d’informations, assez pour nous anéantir.














A bord du Sans-Visage, Mumkin demeurait ahuri. Il encaissait encore les paroles de l’Inquisitrice. Il lui semblait que le temps où elle avait débarqué dans cette « conserve volante » pour le traiter d’alien faisait partie d’une époque lointaine. Elle l’appelait désormais par son prénom et avait une espèce de foi en lui. Elle, l’Inquisitrice capricieuse, la princesse du patron et tout un tas d’autres surnoms qu’il lui avait donné en secret.

- Cette pute…
- Ben euh, elle va le faire, dit-il soudainement.

Mumkin n’avait certainement pas la sorcellerie de Dana, ni la puissance de Lloyd, mais il avait le bagou. Le bagou de Jabiim.

- Ramener ce foutu filet, y’a intérêt ou tu crèves.
- Ah non, non. Nous tirer dessus.
- La ferme.
- Non mais, vous connaissez pas ma Dana, renifla-t-il, pris d’un courage soudain. Elle est vraiment folle, complètement…elle est comme du feu et du gaz à la fois. Elle déteste perdre, et franchement bon. Fallait voir ce qu’elle a fait subir à l’autre là, Poke.
- Tu veux dire Pyke, s’énerva Mallory dont le stress et la tension rendait folle.

Contrairement à Pyke, elle n’était ni un Sith, ni un assassin. C’était un simple agent de liaison des renseignements renégats, son mental et ses ressources étaient limitées. Elle avait embrassé la cause de Ramken, mais n’était plus sûre d’être prête à mourir pour. On lui avait beaucoup trop promis, beaucoup trop fait miroiter. On lui avait dit que Ramken, une fois vainqueur, libérerait son époux, retenus quelque part dans l’une des geôles de l’Inquisition du Clergé Sith loyal. Elle avait sincèrement cru pouvoir sauver cet homme à qui elle avait lié sa vie. Était-il seulement encore de ce monde ? On disait que peu de gens sortaient vivant des geôles inquisitoriales.

- Ah oui, Pyke, pardon, oulalala. Paix à son âme quand même.
- Qu’est-ce qu’elle lui a fait subir ? Qu’est-ce qui peut être pire que se faire arracher la tête par un barbare loyaliste HEIN ?!
- Ben…j’devrais pas dire ça parce que bon, c’t’un secret…
- PARLE ! cria-t-elle en agitant le blaster sous le nez du dévaronien.
- Elle lui a fait ses trucs d’Inquisitrice là.

Choc. Mallory recula soudainement, prise d’un vertige soudain. Pourquoi Pyke ne lui avait-il rien dit à ce sujet ?! Dana Hickpens était une foutue Inquisitrice, qui expliquait maintenant l’intérêt maladif que Pyke lui avait porté, lui le Sith, l’être supérieur. Elle comprenait soudainement les difficultés qu’il avait pu rencontrer avec cette sale Hickpens. Une Inquisitrice, du même genre que celui qui avait mis au fer son mari. Sa rage déculpa, mais sa raison aussi. Si c’était une Inquisitrice, elle n’hésiterait pas à l’anéantir, quitte à sacrifier Mumkin. Les pensées de Rose-Ann devenaient brusquement un ouragan déstabilisant. Mumkin avait le cœur au bord des lèvres et le cerveau prêt à exploser tant l’adrénaline vrillait dans ses nerfs. Mallory, en revenant de la coursive, était dans l’encadrement de l’écoutille. Il lui faisait face parce que le fauteuil pouvait pivoter sur lui-même, dans un souci d’ergonomie. On arrêtait plus le progrès.


Il décida un peu au hasard, un peu par désespoir de propulser ses jambes contre elle. Elle ne vit pas venir l’impact et bascula à la renverse dans la coursive. Le blaster lui échappa des mains et il l’entendit se répercuter dans la coursive. Mallory lâcha un cri de colère, mais le dévaronien avait de nouveau pivoter vers le tableau de bord, il pencha maladroitement la tête pour que l’une de ses cornes enclenche la fermeture et le verrouillage intérieur de l’écoutille du cockpit. Les poings de l’enseigne s’abattirent furieusement dessus de l’autre côté. Parce qu’il était toujours attaché, il pencha encore sa tête et grimaça au moment de tirer sa langue pour actionner du bout de celle-ci les comm’ :

- Dana, ma chérie j’ai REUSSI !rugit-il, tout fébrile d’avoir vaincu. Mais euh…Mallory est toujours là donc euh…vous pouvez venir m’aider svouplaît ? J’suis attaché…c’est pas…le top top.
- Mumkin ?! s’exclama Dana. Et bon, il rêvait peut-être, mais il croyait déceler du soulagement dans la voix de cette dernière. Comment ça Mallory est toujours là ?
- Je l’ai enfermé hors du cockpit ! T’aurais dû voir ça et…



























- Rascal ! souffla-t-elle.

Ce dernier suait à grosse goutte, les cinq minutes venaient de s’écouler et il avait son pouce sur la commande de tir au moment où la voix de Mumkin avait surgi dans leurs casques.

- Et…fallait voir je lui ai envoyé mes deux pieds dans la figure, ceinture noire d’arts Ecchanis ici ouais ouais, j’en ai fait un peu quand j’étais petit mais bon…rhollalalal heureusement elle m'a pas attaché les jambes du coup...mais euh t'allais vraiment tirer ?
- Je dois parler à Stan !
- Ok !

Un grésillement plus tard et :

- Dana ?! Vous allez bien ?
- Oui ! Stan, va falloir deux chasseurs et euh une espèce de filet là…un filet.

La voix grave de Graymes se mit à rire alors qu’il manœuvrait allégrement dans une course poursuite insolente avec des chasseurs ennemis.

- Je vais devoir vous donner des cours de pilotage, Dana. Ok, je transmets.
- Ils pourront tracter le Sans-Visage vers Melantha, mais il faut faire vite, Mallory risque de s’en prendre encore à Mumkin.
- Depuis quand le capitaine du Melantha s’appelle Dana Hickpens ? J’ai dû louper votre prise de fonction, plaisanta-t-il.
- J’espère que les cours de pilotage seront gratuits, répliqua-t-elle dans un sourire soulagé.

Et elle s’enfonça dans son siège, laissant le stress retomber. Autour d’elle, l’espace avait perdu ses couleurs vindicatives. Les escadrons du Melantha semblaient sortir victorieux de l’affrontement. Dans les comm’, Stan avait transmis l’ordre de tracter le Sans-Visage vers leur frégate tandis que le reste des chasseurs couvraient cette retraite.

- Tout le monde rentre au bercail, hein ? s’agita Rascal, tout aussi satisfait.

Dana s’apprêtait à lui répondre, le front nonchalamment posé contre la paroi proche, le souffle court quand leur appareil se mit à trembler brutalement. Une alarme rugit à leurs oreilles et l’enseigne aux se raidit en agrippant les commandes.

- Merde !

L’adrénaline revint douloureusement dans le corps de Dana qui était secouée par les turbulences soudaines.

- Rascal ! cria Graymes dans la radio. Vous venez d’essuyer un tir ennemi, bordel !
- J’ai remarqué, grinça le pilote. Mon réacteur tribord supérieur est foutu ! Je vais vriller !
- Du calme, ordonna le lieutenant. Eteignez ce réacteur, basculez toute la puissance sur le reste des réacteurs et prenez le contrôle manuel complet. Oubliez les ennemis, vous aurez droit qu’à une seule poussée vers Melantha.
- Ok, mon lieutenant ! On se revoit à bord.
- Sans faute, Rascal.

Suite aux manipulations conseillés, leur chasseur fit une poussée vers le ventre de Melantha, à une vitesse qui cloua Dana à son siège. Elle avait l’impression qu’un géant s’était assis sur sa poitrine et cherchait à lui pulvériser le torse. Elle fit de son mieux pour rester consciente. Plusieurs autres tirs les frôlèrent mais Rascal ne se laissait pas démonter et Graymes couvrait désormais personnellement ses arrières. Le reste des chasseurs du Melantha bourdonnait autour du Sans-Visage pour lui permettre d’être rapatrié sans dommage. Petit à petit, la bataille s’éteignit à l’image d’une flamme en manque d’oxygène. Les rares survivants du camp ennemi regagnèrent leur base dans un repli stratégique. Il était temps pour chacun de panser ses plaies pour mieux revenir sur le ring galactique.










Rascal réussit à pénétrer le couloir de dépressurisation du Melantha non sans mal, il arriva en catastrophe dans la baie d’atterrissage, et le ventre de son chasseur râcla le revêtement des quais avant de s’immobiliser. Cinq minutes plus tard, c’était au tour du Sans-Visage et du reste des escadrons qui n’avaient pour le moment subi aucune perte. Graymes fermait le convoi, prenant à cœur de revenir en dernier, de ne laisser personne derrière lui. Sitôt immobilisé, il se déharna, retira son casque duquel jaillit sa chevelure clair et humide de sueur. Il sauta hors de son appareil et courut vers celui de Rascal qu’il félicita avant de grimper pour aider Dana à s’extirper du siège du copilote. Il lui retira son casque, remarqua le sang, la pâleur.

- C’est un abonnement annuel que vous avez pris chez le docteur Chet ? J'espère que vous avez eu un tarif intéressant.
- La ferme…soupira-t-elle.

Il sourit et la souleva afin de la faire descendre avec lui.


Autour du Sans-Visage, le caporal Joras avait mené ses soldats selon les ordres reçus pour intercepter l’ennemi qui se terrait lâchement dans le vaisseau. Ils formaient un cordon de sécurité autour de l’appareil. A travers le cockpit, on voyait la silhouette ligotée du dévaronien.






CSS par Gaelle

Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


Huit sphères d’énergie brute traversèrent l’espace, couplées deux par deux. Sur le pont de commandement du Corrupteur, on attendait avec la même sueur les résultats de jets de dés qui avaient quitté les mains des commandants des deux frégates.







- Chasseurs et navette Sans Visage réintégrés ! Aucune perte, claironna Narih avec une voix victorieuse.
- Canons lasers chargés à 100% mon Capitaine, enchaîna Utuzz à quelques pas d’elle.
- Parfait, ouvrez le feu ! Couplez avec les canons à ions ! Nande, avalez la distance entre nous, je ne veux pas qu’ils s’échappent !
- Reçu !

Le pont de commandement s’illumina de vives lumières blanches et oranges, comme les canons de Melantha s’étaient remis à gronder. Les traits lumineux filaient dans l’océan noir et certains d’entre eux s’écrasaient sur les boucliers de la frégate lourde avec une certaine magnificence. Pendant ce temps, le hapien avait tiré son datapad de nouveau, pour y consulter une application : la flèche pointait de nouveau vers l’intérieur de Melantha et il put respirer plus sereinement.

L’assaut dura encore de longues minutes. La frégate adverse commençait à se voir plus précisément à mesure qu’ils s’en rapprochaient. La vision par la baie était néanmoins régulièrement voilée des écrans bleus qui se matérialisaient lorsque les boucliers encaissaient les tirs adverses. L’équipage de Melantha retenait parfois son souffle, lorsqu’un canon ennemi faisait mouche et secouait toute la frégate. L’instinct de survie essayait parfois de prendre le dessus, soufflant aux cœurs des membres de l’équipage qu’il fallait faire demi-tour : l’ennemi était plus imposant, avait probablement plus d’expérience, mieux valait fuir… Mais comme le commandant ordonnait encore des ajustements, demandait à ce qu’on focalise aussi les turbolasers sur la cible, tout Melantha s’activait et continuait sa dérive lente vers l’ennemi qui crachait en réponse une myriade de représailles énergétiques.

- Mon Capitaine ! revint enfin Narih au pas de course vers la plateforme. Ça y est, le cordon de sécurité autour du Sans Visage est prêt.

Lloyd se retourna avec un regard soucieux.

- Ça en a mis du temps, c’est quoi cette fois ?
- Une des équipes n’était pas prête, hem… Une histoire idiote de regroupement en salle des douches du pont 5, soupira-t-elle.
- Quoi ? En plein assaut ?! Qu’est-ce que c’est que cette histoire.

Narih fit la moue, embarrassée.

- En fait, je n’en sais pas plus, sinon qu’ils étaient plusieurs à s’y être regroupés quand l’assaut a frappé. Ca a mis un peu la panique, ils ne s’attendaient pas à un assaut et…

Le hapien émit un sifflement de rage.

- Evidemment, c’est le principe d’être attaqués, on nous prévient pas avant en général, gronda-t-il. Dites à Arboghast de me tirer au clair cette affaire !
- Bien, mon Capitaine. Et pour le Sans Visage ?
- Envoyez une escouade pour faire prisonnière la dissidente. Ils ne doivent pas la tuer : elle doit être interrogée par l’Inquisition. Faites-lui miroiter que nous pourrions être cléments si besoin. Si ça se passe mal ou si cela devient trop risqué, temporisez. Je préfère que l’on sécurise en priorité la situation de Melantha dans cet assaut.
- Bien, mon Capitaine.

Narih allait partir mais le capitaine leva un doigt en signe de précaution supplémentaire à prendre.

- Et faites dire à Dana Hickpens qu’elle ne se mêle pas de cette capture ! Qu’elle rejoigne son équipe !
- Oui, à ce sujet, elle a pris une sacrée initiative, fit la lieutenante avec les sourcils froncés. Elle est intenable ! On devrait peut-être la sanctionner pour…
- On verra plus tard pour les sanctions, ce n’est pas le moment, la coupa Lloyd. Dites au lieutenant Graymes de la tenir hors de portée du Sans Visage, puisqu’apparemment il est jamais loin.
- Entendu, mon Capitaine.

Cette fois, la lieutenante tourna les talons et redescendit les marches quatre à quatre. Le hapien se repositionna devant la baie pour contempler la bataille qui se déroulait toujours sous leurs yeux.

- Des cours de pilotage, maugréa-t-il à voix basse. Non mais j’vous jure.





Lloyd n’eut guère le loisir de ruminer longtemps. Quelques minutes à peine après l’intervention de Narih, Melantha encaissa un choc plus difficile que les précédents. La frégate entière fut secouée, les objets renversés. Chacun essayait de se tenir à ce qui lui tombait sous la main, et la peur faisait battre le cœur aux tempes de tous les officiers sur le pont de commandement. Le capitaine s’était tenu à la barrière de la plateforme et il se tourna vers les holos représentant Melantha. Une partie de la frégate, tout en bas, clignotait d’un orange vif.

- Utuzz ! Qu’est-ce qu’il se passe ?!
- Il y a eu une percée ! cria le kel dor en se redressant à son tour depuis la fosse. Bouclier inférieur latéral droit endommagé ! Toute la zone est à découvert ! Un impact sur le flanc pourrait causer des dégâts lourds mon Capitaine !

Lloyd pinça les lèvres en se tournant vers les autres officiers, qui le regardaient avec des grands yeux atterrés. Tous attendaient que l’on sonne la retraite. Mais le hapien fit non de la tête.

- Nande ! Peut-on continuer à avancer de biais, en présentant le flanc sécurisé ?

Le capitaine chargé de la navigation affichait une moue mauvaise, accroché qu’il était à un moniteur dont l’écran s’était incliné sous la force du choc précédent.

- On peut, mon Capitaine ! aboya l’officier avec une fureur dans les yeux que le hapien ne lui avait jamais vu : était-il possible que Nande fut tout autant que lui prêt à poursuivre la bataille ?

Rien n’était moins sûr, mais Lloyd y vit néanmoins le signe qu’il n’était pas si impossible de poursuivre.

- Alors c’est parti ! On avance de biais ! cria le hapien. Rechargez l’ensemble des canons ! Tous feux sur l’ennemi, on ne réserve plus !

Un nouveau brouhaha se mit à remplir le pont de commandement. Plus bas, dans les entrailles de Melantha, où l’on ne savait guère ce qui se décidait dans le détail sur le pont, on appliquait les ordres à la hâte, avec la peur qui nouait les ventres, et l’espoir qui faisait agir vite. Chaque nouvel impact sur les boucliers faisaient gronder la frégate entière, et les alarmes ne cessaient de rugir.

- Mon Capitaine ! Frégate ennemie en rotation ! cria une enseigne depuis la fosse.

Le hapien se retourna vers la baie pour voir effectivement la silhouette de la frégate lourde – très à gauche, puisque Melantha pivotait elle aussi pour protéger son flanc droit endommagé - effectuer une manœuvre qui faisait dévier son nez de côté. Le capitaine fronça les sourcils.

- Que font-ils ?!
- Je n’sais pas, fit Narih à quelques pas de lui.
- Ils essaient de prendre la fuite ! intervint Nande avec une pointe de victoire dans la voix.
- NON ! Ils ne doivent pas en réchapper ! cria le hapien. Visez leurs hyperdrives ! Ils sont à l’arrière sur ce modèle, Utuzz ?
- Affirmatif, mon Capitaine, recalcul des trajectoires, nouvelle cible enregistrée !

Tous les regards se verrouillèrent de nouveau sur la frégate ennemie. Peu à peu, celle-ci dut cesser ses tirs lourds, son orientation ne lui permettant plus de viser Melantha, mais elle crachait encore des nuées de traits d’énergie avec ses turbolasers, saturant le tableau de lumières qui striaient les visages des observateurs sur le pont de commandement. A tout instant, on s’apprêtait à voir cracher à leur tour les canons à ions de Melantha, ou bien à voir les réacteurs de l’ennemi s’embraser pour propulser la frégate dans l’hyperespace. Lloyd serrait tellement les poings qu’il s’en écrasait douloureusement les doigts.

Soudain, on aperçut les auréoles bleues des moteurs d’hyperdrive. Au même moment, Melantha était secouée des déflagrations causées par ses propres canons.
















Huit sphères d’énergie brute traversèrent l’espace, couplées deux par deux. Sur le pont de commandement du Corrupteur, on attendait avec la même sueur les résultats de jets de dés qui avaient quitté les mains des commandants des deux frégates.





















A l’instant où les réacteurs atteignaient leur pleine puissance, le bouclier encaissa les deux premières sphères d’énergie. Les deux secondes le fragilisèrent. Les deux suivantes le transpercèrent. Les deux dernières s’écrasèrent dans les moteurs lancés à plein régime du Corrupteur.



















Sous les yeux de tout le pont de commandement de Melantha qui retenait son souffle, on vit dans un silence presque absolu une brusque explosion. Le Corrupteur sembla s’être subtilisé pour laisser place à une boule de feu gigantesque, et des pans entiers de métal furent propulsés en tous sens.
















De drôles de crépitement parvinrent aux oreilles du hapien, resté figé devant la baie. Il se retourna, hébété, avant de comprendre ce qu'était ce bruit étrange : les officiers du pont de commandement s’étaient mis à applaudir.
Oui, c’était la coutume impériale. On saluait l’ennemi bravement mort au combat en même temps qu’on louait la chance d’être encore en vie. Le hapien sentit l’adrénaline refluer peu à peu dans ses veines tandis qu’il applaudit doucement à son tour, croisant les regards entendus de Narih et Nande.







Quelques secondes plus tard, de nouvelles données apparaissaient sur les écrans, en même temps qu’une silhouette se profilait aux côtés de Melantha. Une autre frégate, un peu plus ancienne. Chacun sentit un peu le stress revenir mais bientôt, on confirma qu’il s’agissait bien d’un appareil impérial.

- Mon Capitaine, Eclaireuse essaie d’entrer en contact. Je vous mets en relation ?
- Allez-y, souffla le hapien, qui ne s’était pas encore remis de ses émotions.

Sur la console de communication à ses côtés, une silhouette se matérialisa. Un petit homme en uniforme, aux mêmes barrettes que celles du hapien, effectua un salut impérial. On ne distinguait pas bien ses traits car l’holo n’était pas d’excellente qualité, mais la voix de l’officier lui parvint clairement.

- Capitaine Hope, ici le capitaine Heernt, commandant de l'Eclaireuse nous sommes venus en renfort pour former un groupe de combat sous votre commandement. Rapport de situation ?

Lloyd soupira, poings sur les hanches, en même temps quelques rires, de soulagement ou d’amusement, se faisaient entendre dans la fosse.

- La bataille est terminée, grinça le hapien, taciturne.
- Ah… Vous voulez qu’on fasse quelque chose quand même ou… ?
- Je sais pas moi, apportez-nous des chips et des boissons fraîches ?
- Heu…
- C’était de l’humour, capitaine, reprit sèchement Lloyd. Retournez à vos patrouilles, il n’y a plus rien à voir.
- Oui, Seigneur.

Et la communication se coupa. Le hapien resta interdit en fixant la console de communication éteinte.

Seigneur ?

Il haussa les épaules. Sûrement une erreur de quelqu’un qui ne savait s’adresser aux Sith. Il balaya ce détail de son esprit pour mieux se tourner vers ses équipes.

- Félicitations à tous, fit-il en croisant les visages dont certains le gratifiaient d’un sourire ou d’un regard fier. Mais l’opération n’est pas tout à fait terminée. Envoyez-moi des chasseurs en reconnaissance pour vérifier qu’il n’y a pas de survivants.
- Bien mon Capitaine !
- Utuzz, faites faire le tour des dégâts reçus par Melantha pour consolider toute fragilité au plus vite.
- Immédiatement, mon Capitaine.
- Ensuite, je veux l’état de situation dans la baie d’atterrissage A4, pont inférieur n°3. Une fois la dissidente neutralisée, on pourra tous se détendre, mais il y a encore un petit effort à faire. Allez !

Et le pont de commandement bourdonna de nouveau d’activité.



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Darth Hope
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La Rage de Melantha

Il avait un regard aussi acéré qu’une vibrolame de haute-qualité et cette lame la transperçait jusqu’à dépecer son âme.






L’infirmerie de bord du pont inférieur numéro trois était saturée, comme toutes les autres infirmeries. On dénombrait plusieurs blessés à la suite de l’attaque surprise qui avait déstabilisé les systèmes de gravité artificielle. Alix était débordée et tâchait de dispatcher les blessés du mieux que son expertise le permettait, en fonction du degré d’urgence. Et elle ne pouvait pas compter sur le docteur Chet que le Major Arboghast venait de monopoliser. A l’entrée de l’infirmerie, Dana Hickpens se tenait appuyée sur la carrure de Stan qui fixait la file interminable vers les box d’auscultation. Soudain, n’y tenant plus, il entraîna l’Inquisitrice vers les silhouettes des deux gradés qui discutaient près de l’accueil.

- Major. Doc’…

Valor se détourna vivement vers le duo qui semblait revenir d’une zone de guerre. Entre la transpiration qui auréolait la combinaison de Graymes et le sang qui tâchait le visage de l’enseigne, la comparaison ne pouvait être exagérée. Comme convenu, le lieutenant avait éloigné Dana du Sans-Visage sitôt les ordres reçus. Avec une cheville en charpie, une commotion légère, elle n’avait pas trouvé beaucoup d’énergie pour résister et avait mis tous ses efforts dans un regard noir adressé au pilote.

- Lieutenant Graymes, déclara Chet en fronçant les sourcils avant de se diriger vers Dana.
- J’vous en apporte une de plus, grimaça-t-il parce que sa plaisanterie ne sonnait pas juste au milieu du flux tendu de l’infirmerie.
- Merci, mais je n’ai pas de box de libre.
- Pas même à une autre infirmerie ?
- On est un peu débordé partout. Beaucoup n’étaient pas préparés à cette attaque, y’a eu des dégâts humains plus importants que ce que les exercices prévoyaient. Faudrait vraiment revoir le système de gravité artificiel et les procédures de sécurité en cas d’attaque.
- Le capitaine va râler.
- Certainement, admit Chet avec philosophie, enfin, en attendant essayez de lui trouver une place où elle pourra s’asseoir.
- Ca va, intervint enfin Dana du bout des lèvres, un peu essoufflée. J’ai pas besoin de ça, je dois rejoindre Mallory pour l’interroger.
- Le capitaine vous a ordonné de réintégrer votre équipe, Dana, insista Stan très sérieux.

Elle finit par se dégager de lui, un peu agacée.

- Plus tard.
- Les ordres sont les ordres. Dana, vous pouviez saper l’autorité du capitaine quand la vie de Momik en dépendait, mais maintenant, c’est plus possible.

Dana croisa trois regards : celui de Chet, celui d’Arboghast, celui de Graymes et tous tenaient le même genre de discours. Inquisitrice ou pas ici elle se trouvait sur le Melantha, et la hiérarchie primait.

- Bref, trancha Valor en revenant vers le docteur. L’infirmerie de bord du pont numéro 5 est complètement engorgée, alors que c’est notre centre de soin de secours en cas d’attaque. C’est intolérable.
- C’est-à-dire qu’il y a eu plus de victimes au pont numéro 5, justement donc elles ont afflué là, expliqua le médecin après avoir retroussé ses lunettes, embêté.
- Lieutenant Graymes, je vous remercie, je vais m’occuper de l’enseigne Hickpens maintenant. Elle regagne mon équipe, comme prévu.
- Ok, super, fit Stan non sans poser un regard préoccupé sur l’Inquisitrice pour s’assurer qu’elle allait bien malgré sa pâleur. Elle lui semblait toute petite, coincée dans une combinaison de pilotage un peu trop grande pour elle à certains endroits et trop étroits à d’autres, comme au niveau de sa poitrine puisque dans l’urgence, elle avait pris une coupe taillée par les hommes. Les équipements mixtes étaient encore une rareté.














Le kolto synthétique faisait son œuvre trop douloureusement et trop lentement. Dana boîtait aux côtés du Major, en route pour le pont inférieur numéro cinq où ils devaient établir un rapport de la situation. Avant de partir, Chet avait injecté la molécule de synthèse dans la cheville de l’Inquisitrice et avait panser sa blessure à la tête ; des soins primaires afin de pouvoir affronter le travail à venir sans risquer des complications inutiles.

- J’ai reçu un rapport succinct concernant un rassemblement au pont numéro cinq qui a..retardé l’intervention du caporal Joras pour appréhender l’enseigne Mallory. Vous allez enquêter là-dessus, briefa-t-il froidement alors qu’ils s’engageaient dans un turbolift dont la lueur crue des néons creusa leurs visages.
- Vous n’avez pas d’ordre à me donner, je dois m’occuper de l’enseigne Mallory, c’est ma priorité.

Arboghast pressa la commande d’arrêt d’urgence du turbolift. La cabine s’arrêta brusquement dans un léger soubresaut et les lumières basculèrent en mode veille. Ils étaient désormais plongés dans une pénombre colorée et inquiétante, baignés d’un silence mécanique.

- Quel rapport voulez-vous que j’envoie à l’Etat-Major, au juste, Inquisitrice Shar ? Quel intérêt portez-vous à l’avenir de votre poulain, le commandant Hope, que vous sponsorisez au nom de l’Inquisition, sans même avoir l’aval de vos supérieurs ?
- Et quel genre de rapport voulez-vous que je dépeigne de votre gestion catastrophique des effectifs de Melantha, deux traîtres, sous votre nez, dont Pyke votre propre bras droit. C’est quel genre d’incompétence ça ?
- Je suis gestionnaire, pas Inquisiteur, chacun son métier, répliqua-t-il avec un aplomb glacial.
- Je pourrais vous tuer, lâcha-t-elle, à bout de nerfs.

Il ne répondit pas tout de suite et d’un pas sec accula Dana contre la paroi du turbolift.

- Faîtes-le. J’aurais peut-être ainsi la preuve que vous êtes une vraie Inquisitrice Sith. Montrez-moi vos pouvoirs.

En plongeant dans les prunelles mordorées du Major, elle comprit qu’il ne s’agissait ni de bluff, ni de vantardise. Il avait un regard aussi acéré qu’une vibrolame de haute-qualité et cette lame la transperçait jusqu’à dépecer son âme. Dana fronça les sourcils. Elle mobilisa la Force autour d’elle. Ce qu’elle ne pourrait avoir ni par la violence, ni par l’intimidation, elle l’aurait par son don. Elle contrôlerait Arboghast, en ferait un pantin, lui ferait envoyer les bons rapports. Le poison de sa sorcellerie se heurta à l’esprit de l’officier, mais ne trouva aucune faille dans laquelle se glisser. Elle s’agita un peu, pressée contre le mur, tandis qu’il avait plaqué un coude près de son visage étonné, et une main de l’autre, l’emprisonnant avec sévérité.

- Pathétique, acheva-t-il avant de rallumer les commandes du turbolift qui se remit en marche.

Le brusque retour des néons aveugla l’Inquisitrice durant quelques secondes, le temps de se rendre compte que la Force n’avait pas fonctionné, qu’elle avait été piégée. Valor lui tournait maintenant le dos.

- Commencez par interroger scrupuleusement les blessés de l’infirmerie de bord numéro 5. Etablissez-moi des rapports clairs sur les blessures, les circonstances de ces blessures, où était chacun de ces soldats au moment de l’attaque.

La cabine du turbolift s’arrêta au niveau concerné. Les portes s’ouvrirent.

- Quant à Mallory, décréta-t-il, je m’occuperai personnellement de la remettre à l’Inquisition. Disons que c’est un échange de bons procédés.
- Allez vous faire foutre, lâcha-t-elle en le dépassant pour sortir de l’ascenseur.

Il la regarde s’éloigner, songeur et les portes se refermèrent.















Le centre de soin du pont inférieur numéro 5, le dernier pont occupé avant les espaces techniques, avant les entrailles d’acier de Melantha, avait été conçu de manière à échapper aux chocs des batailles et pouvoir accueillir durant le temps de ces mêmes batailles, les blessés graves. C’était comme un bunker dans un vaisseau spatial, une bulle dans la bulle, conçue pour agir vite, pour désengorger les autres infirmeries des cas les plus graves. Un endroit où le personnel de soin pouvait travailler en urgence, sans se soucier des ordres, des comms, des alarmes, des canons. Il était géré, sous la supervision du docteur Chet, par une jeune interne, tout juste promue à ce poste avec la mise en service officieuse de Melantha. C’était une humaine qui avait bien entamé sa vingtaine, aux joues pouponnes et rosées, le corps rond dû à un léger surpoids mais qui lui conférait un certain charme. Elle avait les cheveux roux relevés en chignon désordonné au-dessus de sa figure arrondie et tentait de supplanter de sa voix, les cris d’un soldat dont le bras était cassé. Ici, régnait le même brouhaha que dans l’infirmerie du pont numéro trois. Les soldats infirmiers tentaient du mieux qu’ils pouvaient de traiter les blessures, assistés par des droïdes médicaux dont les servo-moteurs surchauffaient.

Dana boîta au travers de cette agitation, traversa la foule de blessés jusqu’à la femme en blouse blanche qui tentait d’immobiliser le blessé au bras cassé. Elle aperçut Dana et s’exclama :

- Enseigne ! Tenez-moi ce gars, s’il vous plaît, je dois lui injecter du kolto, mais impossible dans son état.

L’Inquisitrice se rapprocha du soldat et reconnut Jamic Vaast dont le visage tuméfié était tordu de douleur. S’aidant de la force, elle plaqua un coude en travers de sa gorge pour le me maintenir en respect le temps que la soignante fasse son œuvre.

- Parfait, mais l’étouffez pas non plus.
- Pas de risque, j’ai beaucoup de questions à lui poser.

Jamic émit un grognement.

- Ok, mais ça attendra qu’il soit rétabli.
- Je crois pas non. Votre infirmerie est sans-dessus dessous. Les supérieurs sont pas jouasses à l’idée.
- Ouais, ben ils comprendront quand ils viendront que je fais ce que je peux.
- Doc’ Rascal ! hurla un infirmier en uniforme. Il va falloir préparer une chirurgie !
- J’arrive ! (Puis elle envoya un regard d’avertissement à Dana.) Pas d’interrogatoire sans ma présence, d’accord ?
- Rascal ? s’étonna étrangement la Sith. Comme l’enseigne ? L’enseigne qui pilote.
- Oui, celui-là même. Nous sommes mariés. J’espère d’ailleurs qu’il est revenu en un seul morceau, celui-là !

Derrière ses airs nonchalants, une réelle inquiétude ridait son jeune faciès.

- Ouais, répondit Dana. Il est revenu.
- Je vais devoir préparer cette opération, souffla l’interne. Vous pouvez m’attendre dans mon bureau.

Ou interroger les blessés.

- A voir votre état, reprit-elle comme si elle avait lu dans ses pensées, ce serait pas du luxe que vous vous asseyez cinq minutes. Vous sentez pas le sol qui tourne autour de vous non ? Il y a une fontaine à eau dans mon bureau, profitez-en aussi pour boire.




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Foutue Inquisitrice



J’suis à l’infirmerie de bord du pt 5.
Franchement, merci pour la réintégration de merde chez Arboghast.
A quoi tu joues ? Je devais m’occuper de Mallory.

Et mes messages, tu les vois pas ?
Genre, quand j’te dis que le Sans-V se fait la malle ?

PS – Et commence pas à m’engueuler d’être partie le récupérer !






CSS par Gaelle




Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


- Que voulez-vous, je suis comme une boussole : toujours dans votre poche pour vous indiquer le bon cap.








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H.----------------



Si, je vois tes messages dans lesquels t’oublies de me dire que tu te jettes dans un chasseur alors qu’on est sous feu ennemi.
Alors pardon d’anticiper, mais j’avais pas envie que tu te jettes aussi à l’assaut d’un nouvel assassin Sith.
Mais je vois que quand je fais passer le message par Graymes, là tout de suite ça fonctionne mieux hein !




Le hapien éteignit l’écran de son datapad en se mordant la langue de dépit, à l’intérieur du turbolift qui le conduisait au pont inférieur n°3, où le Sans Visage était désormais stationné. A ses côtés, la lieutenante Narih se tenait, raide. Elle paraissait petite à côté de la stature du capitaine, mais ses yeux intelligents captaient l’attention dès que l’un et l’autre marchaient ensemble. Ainsi, lorsque les portes du turbolift s’ouvrirent, les membres de l’équipage sur leur passage se mirent immédiatement au garde-à-vous. Narih paraissait lancer des regards scrutateurs, où rodait une flamme d’avertissement : le capitaine et elle arrivaient, et elle aurait à l’œil quiconque ne se tenait pas à carreaux.

Dans la baie d’atterrissage, des soldats en uniforme sombre cernaient le Sans Visage. En-dehors de ce cercle, plusieurs officiers et d’autres soldats surveillaient avec attention le moindre mouvement provenant de l’appareil, mais à part Mumkin qui gigotait à l’intérieur du cockpit, on ne voyait rien. Quand le dévaronien vit son patron arriver au milieu de cette nuée d’uniformes, il s’agita plus encore. Il articulait exagérément en ouvrant grand la bouche, ses yeux exorbités et ses cornes au-dessus de son crâne dansant à chacun de ses mouvements. Le hapien l’aperçut et fouilla l’intérieur de sa veste pour en extraire son comlink.

- Mumkin, du calme. Tu es enfermé dans le cockpit, il n’y a quasiment aucun moyen de l’ouvrir de la coursive. On s’occupe de l’intruse.

Le pilote se pencha pour appuyer sur un bouton avec une corne.

- Vous allez pas tirer ?! aboya-t-il d’une voix affolée dans les communications dès que la fréquence avait été ouverte.
- Mais non, mais non. Tu arriverais à déverrouiller la passerelle ?
- Oui oui, je peux faire ça mais j’entends plus rien, regardez si elle essaie pas de sortir par la soute !
- Ok, on va faire gaffe, merci Mum. Reste calme. A mon signal, tu déverrouilles la passerelle.

Dans l’intervalle, le capitaine et la lieutenante s’étaient immobilisés auprès de deux enseignes qui exécutèrent un salut impérial. Narih avait écouté la conversation d’une oreille et attendit de croiser le regard du hapien avant de prendre la parole.

- Les équipes sont en place. Dès l’ouverture de la passerelle, un commando de six soldats prendra d’assaut le Sans Visage, le fouillera de fond en comble pour neutraliser la dissidente.

Plus personne ne parlait de l’enseigne Mallory. Reconnaître qu’une renégate avait été l’un des leurs était perturbant tant pour les officiers que pour les soldats. Lloyd acquiesça avec une mine soucieuse.

- Je la veux vivante, rappela-t-il sévèrement. Je vais rester à proximité du commando. Au cas où nous aurions affaire à une sensible à la Force de l’ordre de Pyke. Mais restez tous vigilants.
- Oui, mon Capitaine.

Les deux enseignes acquiescèrent avec le même sérieux. Alors, Lloyd se retourna. Les yeux globuleux de Mumkin étaient toujours braqués sur lui. Il lui fit un bref signe et le dévaronien bascula sa tête en avant pour appuyer sur une commande.



La passerelle se déverrouilla et commença à s’ouvrir avec un cliquetis et un grincement sinistre. Les vérins semblaient peiner à supporter le poids de la manœuvre et couinaient parfois pitoyablement. Narih coula un regard vers le hapien.

- Oui, bon, c’est un bon vaisseau, il est un peu vieux, c’est tout, grogna-t-il quand il sentit le visage de la lieutenante tourné vers le sien.
- Ah mais je n’ai rien dit, mon Capitaine, fit-elle avec un sourire.

L’instant suivant, la passerelle touchait enfin le sol avec un choc sourd et une enseigne leva une main pour faire signe au commando. Par habitude, Lloyd avait sorti son sabre laser sans l’allumer, et il ne put s’empêcher de suivre l’équipe à quelques mètres de distance. Six soldats lourdement armés grimpaient déjà par la passerelle en aboyant qu’il fallait se rendre pour rester en vie. Ils coururent dans la coursive principale, ouvrirent les écoutilles les unes après les autres en braquant l’intérieur des pièces de leurs fusils blasters lourds. Quand l’un d’entre eux revint vers la passerelle, que le hapien grimpait avec prudence, il s’immobilisa devant le capitaine.

- Les pièces sont vides mon Capitaine ! Deux soldats envoyés visiter la soute !
- Bien, acquiesça-t-il.

Il n’y avait jamais eu autant de monde dans la coursive du Sans Visage. Lloyd passa devant sa cabine restée ouverte, y jeta un coup d’œil suspicieux. Quelques cartons étaient restés entassés, un drap froissé tapissait la couchette. Le hapien allait s’avancer pour aller vérifier la salle d’eau quand le grincement de la passerelle se fit entendre. Il ressortit de sa cabine pour aller tambouriner à l’écoutille du cockpit.

- MUM ! Qu’est-ce que tu fous ! Ferme pas !
- Mais c’est pas moi ! couina la voix de Mumkin à travers la paroi de métal. J’essaie de rouvrir, j’te jure, mais ça marche pas !

Clong.

La passerelle venait de se refermer. Lloyd fit volte-face, au moment où il voyait disparaître dans la soute l’un des deux soldats envoyés vérifier le compartiment de stockage. Mais l’instant suivant, toutes les lumières du Sans Visage s’éteignirent brusquement.

- Merde.
- Hé !
- Mon Capitaine ?
- Allumez les faisceaux de vos fusils ! beugla le chef de l’équipe.

Il régna une brève confusion. Avant qu’enfin, les lampes des armes des soldats s’allument les unes après les autres, créant des faisceaux blancs semblables à des lampes torches.

- Qu’est-ce que ça dit cette soute ?!
- Rien chef, on vient d’ouvrir les congélateurs, mais c’est que des crèmes glacées…

Il y eut un grondement étrange sous leurs pieds, puis le clac d’une détonation sèche.

- C’était quoi, ça ?
- Ils essaient de nous tirer dessus dehors ou…
- La salle technique, c’est de là qu’elle a coupé le courant et fermé la passerelle, intervint subitement Lloyd. Elle essaie de déclencher une étincelle dans le plasma ! Eclairez-moi le sol, là. Plus loin, la trappe !

Lloyd remontait la coursive le cœur battant la chamade, essayant d’apercevoir quelque chose tout en se cachant les yeux pour ne pas être éblouis par les faisceaux. Maudite vision hapienne. Et si Mallory parvenait à mettre le feu au plasma utilisé dans les canons du vaisseau, ils sauteraient tous dans une belle gerbe d’étincelles. Lloyd se pencha pour attraper le panneau de métal qui dissimulait l’échelle. L’un des soldats illumina le conduit, et le hapien se pencha prudemment. On voyait l’échelle disparaître dans l’obscurité. Il ne lui servait à rien de descendre : l’espace de la salle technique était trop exigu pour s’y battre, et il sentait de toute façon la présence de la dissidente à travers la Force. Il devinait sa terreur, imaginait ses gestes affolés, dans l’espoir de mettre fin à ce calvaire d’épouvante.

- Mallory, appela-t-il. Arrêtez tout de suite vos bidouillages.
- Si vous approchez, je fais tout sauter ! leur parvint la voix enragée de l’enseigne.

Les soldats bougèrent légèrement à côté de Lloyd, nerveux.

- Ce serait raté. Vous mourriez à coup sûr, mais nous, pas forcément, expliqua-t-il d’une voix calme, même s’il y avait en réalité peu de chances qu’ils en réchappent. Mumkin, peut-être, enfermé dans le cockpit, en ressortirait seulement à demi brûlé. Vous avez enfreint les ordres, vous vous êtes liguée contre nous en vous liant à Pyke. C’était une erreur. Grave. Mais peut-être pas irréparable.
- Mon… Mon Capitaine ? demanda la dissidente et comme elle reconnaissait soudain la voix de Lloyd, son timbre s'était subitement adouci. Vous allez me tuer comme lui ?
- Non, assura-t-il. Pyke avait tué deux de mes soldats. Il méritait son sort.
- Alors je… Je peux vivre ?
- Oui, vous allez vivre, si vous vous rendez sagement.
- Mais, mais…

Mallory ne termina pas sa phrase. On l’entendit sangloter. Ses chouinements paraissaient un peu faux.

- Il m’a forcée, je vous jure mon Capitaine, et après j’ai eu peur, je me suis dit que j’allais m’enfuir avant qu’il ne soit trop tard, je me suis dit…
- Ça va, ça va, on discutera de tout ça plus tard. Remontez, je vous promets de ne pas vous tuer.

Enfin, pas tout de suite.
On entendit quelques cliquetis dans la salle technique. D’un geste bref, Lloyd indiqua aux soldats de se préparer à la réceptionner. Puis dans le faisceau lumineux, au bas de l’échelle, on aperçut le minois de Mallory.






L’arrestation se déroula sans heurts. Mallory ne résista pas. Elle était blême, les yeux injectés de sang, le corps tremblant. Au début, elle avait essayé de continuer à servir ses mensonges au Capitaine, puis elle avait laissé tomber. Lloyd était descendu à son tour dans la salle technique, pour remettre lui-même le courant dans le Sans Visage, et on put enfin rouvrir la passerelle. Elle grinça pauvrement, et Narih eut un soupir de soulagement en voyant le groupe de commandos émerger en tenant la prisonnière, bientôt suivi de Lloyd Hope. Elle accourut auprès d’eux.

- Fridkol, vous me l’emmenez au centre de détention ! Enseigne Mirk, vous m’affectez une équipe pour les escorter en toute sécurité, ordonna-t-elle, et du mouvement agita les troupes autour d’eux. Rompez le cordon de sécurité !

Le hapien les laissa partir devant, non sans jeter un dernier regard au Sans Visage.

- Ajoutez une équipe de déminage pour fouiller mon vaisseau, je ne voudrais pas qu’elle ait laissé une mauvaise surprise derrière elle. Elle était dans l’artillerie, après tout.
- Entendu. D’ailleurs, à ce sujet, Utuzz dit qu’elle aurait saboté la charge des canons lasers, d’où le retard que l’on a eu au début de la bataille. On va avoir un sacré débriefing à faire, c’était un bon exercice.

Lloyd sourit en quittant des yeux Mumkin, qu’il surveillait à travers la baie de pilotage. Le dévaronien était resté attaché et il faisait une moue dépitée en constatant que personne ne s’était précipité pour le détacher.

- Vous ne perdez pas la direction du Noyau, vous au moins, commenta-t-il en posant sur Narih un regard scrutateur.
- Que voulez-vous, je suis comme une boussole : toujours dans votre poche pour vous indiquer le bon cap.
- C’est joli. Mais le débrief attendra. Je dois rendre compte au Castellan d’abord, fit Lloyd en agitant son datapad avec un soupir. Et aussi, quelques petites affaires à régler. Disons dans une heure en salle de réunion, je vous laisse convoquer tout le monde ?
- Entendu mon Capitaine. A tout à l’heure.
- Bien.










- AH BAH C’EST PAS TROP TOT !

Lloyd venait de s’engouffrer dans le cockpit sous les yeux du dévaronien, qui lançaient des éclairs.

- J’ai failli mourir ! Et toi tu discutes tranquille ! J’ai cru que vous alliez prendre un café et tout !
- Oh, commence pas, grogna sombrement le hapien en s’affairant sur le veston de Mumkin pour le débarrasser de ses liens. D’ailleurs tu vas me suivre à l’inf… Hé, mais.

Mumkin suivit le regard du patron, qui avait échoué sur la tâche sombre sur le pantalon du dévaronien.

- Ouais hé ben c’est parce que tu vois j’avais pas eu le temps avant de…
- Bon, va te changer fissa, j’t’emmène à l’infirmerie ensuite.

Le dévaronien se leva en faisant des mouvements avec les bras pour se dégourdir les membres, et le hapien fit la grimace en constatant que brasser l’air n’était pas une bonne idée.

- Grouille Mum, j’ai pas toute la journée !
- On va voir Alix ?
- Nan, on va voir Dana.
- Ah chouette !
- Mouais, on verra si tu seras aussi enthousiaste tout à l’heure, grommela Lloyd pendant que Mumkin se dandinait pour courir jusqu’à sa cabine.
- Vous avez bien refermé les congélos au moins ?! lança-t-il une fois disparu à l’intérieur. Nan parce que les crèmes glacées c’est délicat et…
- DEPECHE TOI !










Dans l’infirmerie du pont inférieur n°5 régnait toujours une agitation fébrile. Le docteur Rascal opérait dans une salle dédiée à cet effet et quand le capitaine arriva devant la file, accompagné de son dévaronien de pilote dont le crâne saignait un peu, l’infirmier se confondit en excuses.

- Mon Capitaine tout est plein partout, je suis vraiment désolé, nous pouvons le mettre en attente, ou je peux lui faire un petit pansement vite fait mais…
- Non, non, ne vous inquiétez pas, l’enseigne Hickpens va s’en charger. Où est-elle ?
- Heu, dans le bureau du docteur Rascal…
- Parfait, vous m’excuserez auprès du docteur Rascal, je vais emprunter son bureau quelques instants, merci de ne pas nous déranger.
- Ahm, bien sûr mon Capitaine…

Lloyd attrapa Mumkin par le bras pour le tirer à l’intérieur. Ils passèrent devant la file d’attente, puis le hapien frappa la commande du bureau de Rascal pour pousser le dévaronien à l’intérieur dès que l’écoutille se fut ouverte.

- DANA !!

Mumkin traversa la petite pièce encombrée comme une flèche, sous l’œil blasé du capitaine, pour aller se loger subitement dans les bras de l’Inquisitrice.

- Oh la la la, j’ai eu tellement peur ! Ça va ?? T’as mal quelque part ?

Le dévaronien avait brièvement desserré son étreinte pour regarder le bandage que Dana portait autour de la tête. Lloyd aussi avait posé un œil interdit à cette vue, mais il était resté près de l’entrée, les bras croisés, adossé à l’écoutille déjà refermée derrière lui.

- Ça va, c’est bientôt fini les embrassades ? râla le hapien en les toisant, indigné.
- Hé, elle est blessée !
- Oui j’ai vu, merci Mumkin, tu peux la lâcher, maintenant, c’est bon.

Le dévaronien s’exécuta, non sans couver une dernière fois du regard. Lloyd secoua brièvement la tête avec dépit en le scrutant sévèrement.

- Ben quoi ? On a survécu, on a gagné la bataille, pourquoi t’es pas content ?
- TU PLAISANTES ?!

Lloyd laissa échapper un bref soupir pour se maîtriser en fermant les yeux. Il se massa l’arrête du nez en reprenant avec une voix qu’il s’efforçait de garder patiente.

- Alors. Par où je commence. Non parce que : soit je parle que des évènements du jour, soit je parle de tout ce qui s’est passé depuis que vous – il lâcha son nez pour les désigner d’un index accusateur – avez débarqué sur Melantha ?? Non non, on va parler que d’aujourd’hui, et on va essayer d’oublier votre arrivée fracassante, vos papouilles filmées et diffusées à tout le vaisseau, et même votre petit manège de pseudo-relation…
- Hé, le coupa Mumkin, Dana et moi on s’apprécie vraiment, c’est pas parce que toi t’es pas capable d’être zen avec qui que ce soit deux minutes que…
- TA GUEULE !

Le hapien s’était subitement décollé de l’écoutille en hurlant. Le dévaronien se figea en pinçant les lèvres. Deux minutes plus tôt, il s’était dit qu’il défendrait Dana si le patron s’énervait, mais maintenant qu’ils étaient là, il n’osait plus bouger.

- COMMENT ELLE EST RENTREE DANS LE VAISSEAU CETTE MALLORY ALORS QUE T’ES CENSE FAIRE MONTER PERSONNE A BORD ??

Lloyd tourna son regard embrasé vers Dana.

- ET DEPUIS QUAND ON SE JETTE DANS UN CHASSEUR AU MILIEU D’UNE BATAILLE SPATIALE ?! SANS M’EN INFORMER EN PLUS ??
- Si elle t’avait informé tu…
- OUI JE LE LUI AURAIS INTERDIT ! EXACTEMENT ! INTERDIT D’ALLER PRENDRE PART A UNE PUTAIN DE BATAILLE SPATIALE, INTERDIT DE FAIRE MONTER QUI QUE CE SOIT DANS LE SANS VISAGE, INTERDIT DE SORTIR DU ROLE QUI VOUS EST ATTRIBUE SUR MELANTHA ! MERDE, C’EST PAS COMPLIQUE A COMPRENDRE !!

Il y eut soudain un silence de plomb. Un silence trop épais, qui semblait résonner au-delà des parois, probablement parce qu’à l’extérieur du bureau, on avait perçu les éclats de voix du capitaine et on avait préféré se taire, mais le hapien se fichait désormais pas mal de ce que ses troupes pouvaient penser de lui à cet instant. Il se prit la tête entre les mains, s’évertua à ne pas envoyer valdinguer un meuble dans cette pièce où le docteur Rascal avait proprement organisé ses affaires. Il finit par faire volte-face pour les toiser de nouveau.

- Si. Je. Donne. Des. Ordres, martela-t-il, excédé, c’est pour vous garder en sécurité !





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Le feu et le gaz se percutaient






Dana avait choisi de se réfugier dans le bureau du docteur Rascal. Premièrement, parce que sa tête tournait. Deuxièmement parce qu’elle avait besoin d’un plan de retrait pour réfléchir de manière efficace à la situation. Elle avait repéré la fontaine à eau, avait saisi un gobelet stérile, s’était servie – le regard posé dans le vague, l’esprit ailleurs. L’eau avait coulé dans un bruit matte, percutant le fond du récipient qui avait failli déborder. Puis elle s’était assise sagement, avait consulté le message reçu par Lloyd, avait commenté quelque chose comme : « Sale con ». Un jugement qui dépassait sa pensée, mais elle était fatiguée.


Elle ne s’était pas attendue à voir le capitaine débarqué, flanqué de son pilote. Une grimace avait saisi son minois quand Mumkin l’avait étreinte et elle s’était sentie tendue, prête à imploser. A la place, elle avait trouvé la maîtrise nécessaire pour regagner son siège, reprendre son verre d’eau, boire plusieurs gorgée pendant que le loup hurlait à la lune des insanités, qu’il aboyait sa colère et celle de Dana résonnait en écho.


En sécurité.


Il y eût un long silence pendant lequel ni Dana, ni Mumkin ne prit la parole pour répondre au hapien. Le pilote faisait profil bas, habitué aux crises colériques de son patron. Il avait la technique du dos, dans l’attente que la tempête passe. L’Inquisitrice ne partageait pas cette philosophie. Elle se releva lentement pour se diriger vers le commandant dont les joues avaient rougi sous la contrariété soudaine qui l’avait animé. Elle lui balança le reste de son eau à la figure sous le regard effaré d’un dévaronien qui s’empressa de rentrer la tête dans ses épaules.

- Je me suis jetée dans un putain de chasseur parce que t’étais incapable de le faire pour récupérer TON vaisseau, TON pilote. J’te demande pas une médaille MAIS UN PEU DE CALME aurait été apprécié OK ?! s’écria-t-elle en jetant le verre désormais vide à travers la pièce et il percuta une paroi dans un bruit glacial avant de rebondir pauvrement au sol et de rouler.

Elle se détourna, fit quelques pas dans l’espoir de se calmer, de trouver des mots apaisants, diplomates, justes, mais un voile de frustration était tombé sur sa poitrine, comme une chape de plomb. C’était si oppressant qu’elle ne sentait même plus son propre cœur battre.

- Et je suis une INQUISITRICE SITH ! J’ai pas d’ordres à recevoir d’un capitaine de la Marine Impériale ! Ni même d’interdiction ! C’est mon PUTAIN DE JOB de partir à la chasse aux traitres, c’est MA VIE de me mettre en danger, j’ai été ENTRAINEE POUR CA ! Tu penses qu’on aurait été en sécurité si MALLORY AVAIT ATTEINT SON CORRUPTEUR A LA CON ?! TU PENSES QUE TON VAISSEAU SERAIT TOUJOURS LA ?!

Mumkin ouvrit la bouche, comme un poisson hors de l’eau, espérant en placer une. Il reconsidéra la chose. Mauvaise idée. Et puis, Dana était belle quand elle était en colère, flippante mais séduisante. Il n’avait pas l’habitude de voir quelqu’un tenir tête à son terrifiant patron. Le feu et le gaz se percutaient. Le cornu trouva cela plus impressionnant que dans ses conjectures les plus folles. Il observait, impuissant, la boule enflammée que cela produisait, espérant être épargné.

- Et ça te dérange qu’on soit sur Melantha, dis-le clairement et ON SE CASSE, ok ?
- Alors, moi j’veux pas dire, réussit à souffler Mumkin, porté par une inconscience soudaine, mais Mallorymaprisparsurpriseavecunearmeetoutfranchementjevoulaisobéiratesordreshein…en plus j’aiditaDanadesesauver et depasresterlà.
- La ferme ! explosa-t-elle vers Mumkin. Pourquoi tu te justifies comme un esclave ?! Tu devrais t’excuser auprès du glorieux Capitaine Hope de pas avoir réussi à neutraliser une menace plus forte que toi !

Elle était sarcastique évidemment. Mais ses yeux dorés ne quittaient pas Lloyd et le fustigeaient comme jamais ils ne l’avaient fustigé et si elle avait pu brûler son âme de ce simple regard, il serait mort consumé. Tu vas me réduire en cendres un jour, tu sais ça ? Ce jour était peut-être venu.

Un pas de plus et sa figure furieuse ne fut qu’à un millimètre de celle humide de l’officier impérial.

- Je recommencerai, articula-t-elle lentement, le mettant au défi.








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Son visage dégoulinait de l’eau qu’il avait reçu en plein visage mais, loin de le refroidir, l’affront le rendit plus brûlant de rage.







- Incapable ?! répéta-t-il, outré. Incapable ?! Tu fais quoi là, tu m’accuses de pas être là pour protéger Mumkin, c’est ça ?

Sa voix avait pris une texture acerbe. Le hapien serrait les dents en inspirant et expirant un souffle rageur, qu’il essayait de maîtriser. Son visage dégoulinait de l’eau qu’il avait reçu en plein visage mais, loin de le refroidir, l’affront le rendit plus brûlant de rage. Il serrait les poings et ses mains tremblaient quand il se détourna de Dana pour faire les cent pas devant elle, comme si subitement il ne supportait plus d’en être si proche. Il s’essuya d’un revers de manche avant de secouer la tête, excédé.

- ET JE VOIS PAS LE RAPPORT ! T’AS SAUVE MUMKIN, TRES BIEN, FELICITATIONS ! EMBRASSEZ-VOUS, ET TOUT LE MONDE DOIT ETRE CONTENT ! tonna-t-il. ET CA TE VA BIEN DE PARLER D’ESCLAVE, JE LE PAYE MUMKIN JE TE RAPPELLE QUE MOI J’ASSERVIS PAS LES GENS !

Mumkin pencha brièvement la tête sur le côté en signe d’assentiment. Il sembla réfléchir à ce que valait son salaire par rapport aux risques qu’il avait pris, dernièrement.

- Alors ok, ok ! poursuivit Lloyd en baissant de volume, mais son ton était toujours aussi tranchant tandis que ses yeux allaient du dévaronien à l’Inquisitrice. Ok pour l’arme, t’as été menacé ça va, mais tout le reste, hein ?! Ça vous tuerait de respecter UN TOUT PETIT PEU mon autorité quand même ? J’ai l’air de quoi moi !

Le hapien écarta les mains en signe d’impuissance. Sur la frégate, on commençait ici et là à fêter une petite victoire. Sauf à l’infirmerie du pont n°5, où on n’osait trop rien dire. On ne comprenait pas la teneur de la conversation, mais les échos de la voix du Capitaine ne disaient rien qui allât. Dans le bureau, Lloyd s’était remis à faire les cent pas et sous sa botte se froissa le gobelet en métal fin.

- On est en période d’évaluation ! Vous avez pas compris ça ! Je risque ma place LA TOUS LES JOURS, JE VAIS ME FAIRE VIRER VOUS COMPRENEZ CA ?! Alors oui, bien sûr, allez-y, recommencez, faites-vous plaisir ! Faites ce que vous voulez, vous emmerdez pas à me tenir au courant surtout !

Lloyd avait arrêté de faire les cent pas pour leur faire face, le visage décomposé dans les lumières blanches du bureau. Il grimaça subitement.

- Et puis c’est quoi votre truc, là, cette complicité qui sort de je sais pas où, depuis quand vous vous prenez dans les bras comme ça à tout bout de champ ?? C’est depuis ta grossesse c’est ça ? interrogea-t-il.
- Nan mais ça y est, soupira Mumkin en levant les yeux au ciel, il a bloqué encore.
- Fallait l’dire si t’avais besoin, poursuivit Lloyd, hargneux, en toisant Dana, ignorant Mumkin. J’étais pas là moi, je pouvais rien faire, ok ?! C'est pas ma faute si les choses arrivent quand je suis pas là ! Dès que je suis pas là c’est ça que tu comptes faire ? Aller te réfugier dans les bras du premier venu ?! C’est qui le prochain, Graymes ? Et avec lui aussi ce sera juste des petits bisous comme ça dans un de tes plans machiavéliques ?!

Le dévaronien se passa une main sur le visage en faisant une moue. Le geste attira immédiatement l’œil du hapien et parut l’agacer davantage.

- Et toi là, avec toutes les filles de qui t’es tombé amoureux en dix secondes quand on sortait, est-ce que j’ai déjà essayé d’en séduire une seule, hein ?!
- Nan, c’est sûr, mais c’est pas pareil, Dana et moi…
- ARRETE DE DIRE DANA ET MOI ! Y’A PAS DE DANA ET TOI ! Y’A JAMAIS EU DE DANA ET TOI !

Lloyd se revit subitement face à Mumkin, de longs mois auparavant. La vérité a l’air plus facile à dire à un type comme moi qu’à un type comme toi, avait dit le dévaronien, et le hapien se détourna en secouant la tête. Il retourna s’adosser contre l’écoutille. Il ne sentait plus sa colère si intense en lui, bientôt grignotée par une amertume non moins envenimée.

- Ben je sais pas moi, ouais, peut-être que c’est ça la solution, que vous partiez ! grinça-t-il.

Il se mordit la lèvre inférieure avant de secouer la tête.

- Sauf que non, ajouta-t-il, sur un ton sans appel. Même pas en rêve. C’est trop tard. Vous pensiez quoi ? Qu’on pouvait fréquenter des gens si proches du Conseil Noir et être considérés comme neutres ?! Pouvoir repartir tranquillement vivre votre petite vie comme si de rien n’était ensuite ? Vous avez tous les deux insisté pour entrer dans ma vie maintenant vous y restez. Dehors, autrement, c’est la mort qui vous attend.

Le regard émeraude scrutait l’étendue dorée, avec une touche de défi, et autre chose, peut-être. Une attente.



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La Rage de Melantha

Il n’y avait que le vide absolu qui l’avalait et les étoiles qui tournoyaient autour d’elle, menaçant de la pulvériser.






- Pas là ? Mais c’est toi qui as choisi de pas être là. Pas être la quand j’avais un bras cassé et que je devais me rendre à la clinique, pas là quand je sentais mes bébés bouger en moi. C’était ton choix d’être absent. Et je le juge pas, ok, alors arrête. T’es égoïste ok ? Tu crois penser à notre sécurité mais c’est à ton poste que tu penses, à ta petite place de capitaine qui vaut bien tout le reste visiblement. Mais c’est de bonne guerre, ca va.

Elle était soudainement calme, mais sa voix vibrait d’un ton acerbe.

- J’ai bien compris que t’étais pas un type bien, j’ai bien saisi que tu cherchais pas à l’être. Continue de te comporter comme un connard donc, c’est cool. Mais bon, tu sais quoi ok. Pardon. Pardon d’être montée dans ce chasseur en pleine bataille spatiale. En fait, c’est ton vaisseau, ton pilote. Je vois même pas de quoi je me mêle en fait. De toute façon, ma mission sur Melantha est terminée. Alors, reprends les rennes de ton beau vaisseau, sois un capitaine parfait, auquel tout le monde obéit sans ciller. Et désolée aussi d’avoir insisté pour entrer dans ta petite vie, puisque visiblement tu ne voulais pas de moi dedans. Trouve les traîtres toi-même ou envoie Narih ou Arboghast, qu’est-ce que je m’en fous. Débrouille-toi avec le prochain inquisiteur qu’on t’enverra ou ne te débrouille pas du tout..

Les larmes avaient inondé ses yeux dorés sans crier gare, elle ne les sentit même pas quand elles commencèrent a dévaler pathétiquement ses joues pâles. Elle n’avait que le goût amer des sanglots qu’elle réfrénait. Elle avait l’impression que ses poumons se déchiraient, mais c’était simplement son cœur qui implosait. Et avec lui explosait toute la glace qui avait gelé à la surface de son âme. Cette même glace qui protégeait les souvenirs douloureux, qui maintenait les morts dans le silence et les sentiments dans l’obscurité la plus absolue. Soudain, il n’y avait plus d’infirmerie, ni de frégate. Il n’y avait que le vide absolu qui l’avalait et les étoiles qui tournoyaient autour d’elle, menaçant de la pulvériser.

- Et laisse les Sith de seconde zone comme moi se salir les mains, faire le sale boulot. J’ai passé des années à me demander ce que tu faisais, comment t’allais, des années à survivre, à subir ce qui devait l’être. À être plus forte. Toujours plus forte, pour que le jour où je te reverrais, ce soit moi qui puisse te protéger. Mais à quoi bon, c’était ridicule. Dans ce caveau, tu m’as pas sauvée. T’as jamais vu que j’existais après ça, ni avant. Ouais, c’est vrai, durant tout ce temps j’aurais mendié pour entrer dans ta vie, je crois que j’aurais payé le prix. J’ai été loyale tout ce temps. Quand on parlait du chien du Castellan, j’étais ptetre la seule à éprouver un peu d’admiration et de crainte, là où les autres n’avaient que du mépris et de la moquerie. J’étais la seule à croire que t’étais pas un incapable. Tout ce temps, ça veut dire des années de vie, des heures, des putains de secondes interminables. Aujourd’hui t’as mille hommes qui t’admirent ou te craignent, ou les deux et ils comptent plus que moi. C'est bien, c'est le devoir impérial qui veut ça. Je vais pas m'en plaindre.


Elle se déplaça doucement jusqu’au gobelet à terre et se courba pour le ramasser, comme si elle voulait réparer sa colère. Ses cheveux retombaient sombrement autour de sa figure, cachant pudiquement ses larmes brillantes, son expression atterrée, couvrant ses yeux d’une ombre incertaine.

- Et toi, toutes ces années, tout ce temps, t’avais d’autres objectifs en tête. Et ils n’ont pas vraiment changé, hein ? J’ai pas fait qu’attendre ton retour, ok ? Je t’ai cherché, partout. Au final, je me demande ce que j’ai trouvé. Ah, et je pensais avoir aidé à ton ascension récente, j’étais genre fière d’y avoir un peu contribué. Mais visiblement, c’était encore une illusion et j’ai rien fait de tout cela. Est-ce que t’as seulement été capable de te souvenir de qui j’étais quand on s’est engagé sur Artorias. T’as oublié mon visage, mon nom. Mais bon, est-ce que t’avais déjà su comment je m’appelais ? Est-ce que t’avais déjà pris le temps de me dévisager ? Est-ce que tu t’étais déjà intéressé à Dana Shar ? On va pas se mentir, c’est non, t’as jamais su mon nom. Non, t’as jamais pris le temps de me regarder. Non, tu t’es jamais intéressé à Dana Shar. Dehors, comme tu dis. j'y étais pendant des années. Et si c'était juste la mort qui m'y avait attendu, mais c'est pire que ça. Et si tu penses que je suis pas capable d'y retourner et d'en périr...


Elle déposa le verre sur le bureau, avec une précaution exagérée et complètement en décalage avec la situation, mais se concentrer sur l’équilibre d’un objet permettait à son esprit de ne pas vriller plus qu’il ne le faisait. C’était comme permettre à ses pensées de s’ordonner, de reprendre leur souffle.

- Tu pouvais rien faire, répéta-t-elle. C’était pas de ta faute. Tout ce qui est arrivé jusque-là, c’était pas de ta faute. Donc je présume que c’est de la mienne. C’est ma faute, ma responsabilité. T’as rien demandé, hein ? Parfait. C’est moi qui insistais.

Aucune ironie ne perçait dans sa voix étrangement posée, malgré les larmes qui ne tarissaient pas. Mumkin déglutit. Il ne comprenait rien au discours de Dana ou plutôt, il n’était pas certain de vouloir comprendre. Il sentait qu’il assistait à une confidence dont il n’aurait jamais dû être le témoin.

- Jusqu’à mon départ, t’entendras plus parler de moi. Je vais rentrer dans tes petits rangs jusqu’à ce que tu sois définitivement nommé à ce poste. Je vais respecter ton autorité, c’est ça que tu veux après tout. Je vais plus me mêler de ton commandement. Mais ça voudra dire qu’il faudra plus compter sur moi. Tu pourras te concentrer sur le fait de pas être viré. Tu pourras continuer de payer Mumkin, puisque t’es pas un esclavagiste. Que t’es mieux que moi.

Et Mumkin approuva d’un hochement de tête, parce qu’être payé, ça il comprenait bien. Dana, elle, restait à bonne distance de Lloyd. Elle rabattit ses mèches ténébreuses derrière ses oreilles, dégageant son visage pour prendre une grande inspiration, faire cesser ce flot de larmes, si possible.

- Et c’est pas moi qu’il faut féliciter pour le sauvetage du Sans-Visage, mais Rascal et Graymes. C’est pas moi qui pilotais. A ta place, je leur filerai une médaille ou un truc comme ça. Voilà, j’espère que tu te sens mieux, que ta crise aura valu le coup.

Elle frotta son front, au niveau de sa plaie récente, à travers le bandage. L’épuisement avait vaincu. La résignation avait pris le pas sur les tambours de la colère. Le sentiment d’injustice avait laissé place à une immense étendue de chagrin qu’aucune glace ne protégeait du monde extérieur.

- Attends, j’ai un mouchoir si tu veux, proposa pauvrement Mumkin en fouillant dans la poche de son uniforme de pilote. Ah ben non, je l’ai plus, il est resté dans mon autre pantalon…

Puis il s’interrompit en remarquant que Dana l’ignorait. L’Inquisitrice contourna le bureau de Rascal pour s’asseoir sur son siège, elle s’accouda à la surface propre et se prit la tête entre les mains pour analyser la suite des évènements. Il lui faudrait interroger les patients de l’infirmerie, puis faire son rapport à Darth Runà, espérer que le Major soit assez satisfait d’elle pou récupérer Mallory. Elle la livrerait à Kedrod. Elle n’avait plus la force de la cuisiner ou de l’interroger elle-même. Le zabrak ferait un meilleur travail qu’elle et pourrait soutirer des informations pertinentes. Enfin, elle espérait retourner sur Dromund Kaas, se terrer dans le Grand Temple. Ou non, pas le Grand Temple. Trop de souvenirs. Elle essaierait de trouver un appartement quelque part dans la cité impériale. Un vrai foyer. Une tanière rien qu’à elle, où elle pourrait lécher ses propres plaies et pleurer de tout son saoul. C’était ok de pleurer, se rappela-t-elle, mais la règle importante c’était de pleurer quand on était seul. Elle avait l’envie pathétique que Damaya soit là, que Damaya répare tout comme elle savait le faire, que Damaya gère ses problèmes, les solutionne ; qu’elle puisse juste être la sœur ratée, la plante chétive qui grandissait à l’ombre de l’arbre majestueux. Retrouver le droit d’être faible parce que quelqu’un était là pour être fort à sa place. Mumkin fit de gros yeux vers Lloyd avant de les diriger sur Dana comme s’il tentait de lui faire passer un message à travers cette gestuelle, mais il était juste plus laid que d’habitude.









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L’écoutille se referma derrière Mumkin, qui resta planté là, un peu mal à l’aise.







- Je… C’est pas ce que je voulais dire, Dana.

Lloyd rendit à Mumkin son regard exaspéré. Il soupira en se passant une main dans les cheveux. Soudain le bureau de Rascal lui semblait froid, impersonnel. Il déglutit, entendit la salive du dévaronien. Il fronça les sourcils en regardant de nouveau Mumkin. Ce dernier essayait d’articuler silencieusement.
Pour une fois, le hapien comprit son cirque : EX-CUSE-TOI, articulait-il.

- Mum, laisse-nous, s’il te plaît.

Le dévaronien laissa échapper un gros soupir, mais il s’exécuta en passant devant Lloyd non sans un nouveau regard noir. L’écoutille s’ouvrit, et les yeux au-delà qui la fixaient se détournèrent un instant. Les visages regardèrent au sol, au plafond, comme s’ils avaient été fort occupés à autre chose qu’à guetter la conversation qui se tramait dans le bureau. L’écoutille se referma derrière Mumkin, qui resta planté là, un peu mal à l’aise.

A l’intérieur du bureau, le hapien essayait de trouver des mots pour se défendre, mais sans élever la voix, cette fois.

- En vrai mon autorité c’est pas si… C’est pas si grave, ou alors, si, mais c’est pas de ta faute, tenta-t-il.

Il regardait Dana, ou plutôt les cheveux de l’Inquisitrice puisqu’elle dissimulait son visage entre ses mains. Il aurait voulu faire comme il avait déjà fait plusieurs fois ; aller se frayer un chemin entre les membres de Dana pour s’y réfugier, mais il sentait qu’il risquait de ne pas être très bien accueilli. Et puis, certains des mots de l’Inquisitrice pesaient encore entre eux comme une barrière douloureuse. Il se rapprocha néanmoins du bureau.

- J’ai été absent parce que je croyais que tu voulais plus de moi, que je rendrais ta vie pire que ce qu’elle avait été, que je t’avais déjà apporté trop de souffrance. C’était idiot, ok, je referai plus la même erreur.

Il avait trop de fois demandé pardon, il le savait. Peut-être qu’un jour, ça ne marcherait plus. Peut-être que ce jour-là était arrivé. Ses yeux tombèrent sur le gobelet abîmé et il le regarda pensivement. Difforme, l’objet tenait debout néanmoins. Une jolie métaphore de ce qu’ils étaient ?

- Je flippe Dana, avoua-t-il du bout des lèvres.

En se tenant ainsi devant le bureau, il se faisait l’effet du mauvais élève convoqué dans le bureau de la directrice, une énième fois. Comme un mauvais garçon qui avouait ses bêtises. Faute avouée à demi pardonnée ? Ça ne fonctionnait pas comme ça chez les Sith, ils le savaient tous les deux.

- C’est peut-être pas ce que tu voulais susciter chez moi, j’suis désolé. Mais je flippe grave depuis Artorias. Ça me rend fou que tu passes si près de la mort, si souvent.

Il s’était mis à triturer ses doigts, comme il n’avait rien pour s’occuper mieux les mains. Lloyd se remit à fixer les cheveux de l’Inquisitrice, espérant qu’elle relèverait son visage bientôt, qu’il verrait autre chose dans l’étendue dorée que les reproches qu’il avait entendu.

- Des gens comme Mumkin, comme Graymes, j’ai l’impression qu’un jour tu leur annonceras que tu iras te battre seule contre une armée toute entière, et ils te diront ok, ils te conduiront sur le champ de bataille parce qu’on peut rien refuser à l’Inquisitrice Shar. Alors ça me fait encore plus flipper que tu puisses remettre ta vie entre leurs mains.

Soudain, n’y tenant plus, il contourna vivement le bureau du docteur pour se placer à côté d’elle. Quelque chose faisait subitement battre son cœur à tout rompre, comme s’il réalisait qu’il ne lui restait plus beaucoup de chances.

- Je sais, c’est absurde comme façon de penser, mais avant je dormais pas la nuit à cause du passé. Maintenant, je dors pas la nuit parce que j’ai peur d’un avenir sans toi.

Il s’accroupit à côté du siège, une main prête à se poser sur l’épaule ou le dos de Dana, mais finalement il la retira. Il ne voulait pas être rejeté. Être repoussé dans l’environnement glacé et brillant d’une infirmerie où on lui disait qu’il gâchait toujours tout, de toute façon. Il fronça le visage. Il savait bien ça, c’était pas la peine de lui dire.

- Melantha, Mumkin, le Sans Visage, et même tout le reste. Ni les mille hommes, ni des millions. Rien me consolera jamais si tu meurs, Dana.

Pas après avoir enterré nos deux petites filles. La prochaine tombe que je creuse, elle peut pas être pour toi.

- Reste avec moi, s’il te plaît. Près de moi.

Réintègre ma cabine. Ne la quitte plus jamais ?

- S’il te plaît ? répéta-t-il tout bas.

Son visage était plus bas que celui de l’Inquisitrice et dès qu’elle bougea, il releva vers elle ses yeux suppliants.




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Soit on donnait la vie, soit on donnait la mort.






Non. C’était ce qu’elle aurait voulu répondre. Non. C’était ce qu’elle aurait dû répondre. Une chance leur était laissée d’arrêter les frais. Elle aurait dû tendre la main, saisir l’opportunité de tourner une page dans sa vie, de se désolidariser de ce sentiment addictif qui la liait absurdement à Lloyd Hope. Mais elle fit l’erreur de chuter dans son regard émeraude, encore une fois. Elle ne loupa une marche, mais plusieurs battements de cœur.

- Non, réussit-elle à articuler.

A la surface du bureau, une holographie les jugeait en silence. C’était un cliché du mariage des époux Rascal, quelques mois avant leur engagement à bord du Melantha. L’enseigne posait avec sa nouvelle femme, dans un cadre romantique, paisible, qui rappelait les terres vallonnées et fertiles d’Artorias. L’interne en charge de l’infirmerie de bord numéro 5 conservait cet instant volé puis immortalisé sur son lieu de travaillait, comme si elle pouvait poser les yeux dessus dans les moments les plus sombres et voir une fenêtre d’où jaillissait un peu de lumière, un peu d’espoir.

- Non, je ne resterai pas avec toi, Lloyd.

Elle aurait pu se lever, terminer la conversation ici, sortir de cette pièce qui devenait étrangement étroite et oppressante. A la place, elle s’ébroua doucement pour quitter le siège et s’agenouiller à sa hauteur, tout près de lui.

- C’est toi qui vas rester avec moi. Parce que…tu penses que j’ai pas peur quand tu t’en vas. Tu crois que j’ai pas flippé aussi, quand t’étais pendu sur Astroball ou quand…on voulait te condamner dans l’arène. J’étais morte de trouille aussi, quand on était séparé sur Khar Debla. Terrorisée quand…tu te réveillais plus sur Jabiim alors que j’appelais ton nom. Et j’ai cru que je pourrais plus jamais dormir non plus, quand cette chienne de Djiilo te rouait de coups. Et si j’ai envie d’affronter une armée entière, m’en empêcher ne servira à rien. Il te suffira de venir avec moi, on pourra…on pourra surveiller les arrières de chacun, comme ça. J’suis une Shar, c’est dans mon ADN de me sacrifier pour une cause plus grande.

Elle hésita un moment, le souffle court, suspendu aux yeux verdâtres du capitaine.

- Cette cause plus grande, c’est l’Empire Sith, mais surtout…surtout, c’est toi.

Nouvelle hésitation. Il lui semblait que leurs colères n’étaient désormais plus qu’un orage lointain qui voguait au gré des vents vers d’autres contrées ; qu’ils étaient minuscules dans ce vaisseau immense, dans cette espace sidérale infini. Deux atomes que l’attirance mutuelle rendaient fous. Soudain, il était contre elle. Une main manucurée pressait sa nuque blonde avec force, l’invitant à fondre contre elle. Elle l’avait enlacé sans crier gare pour que leurs parfums se mêlent et que leurs cœurs se percutent à l’unisson.

- Ne t’en prends plus à Mumkin à ce sujet, souffla-t-elle doucement et ses doigts commencèrent à caresser les cheveux blonds, à défaire ce qu’un gel translucide avait tenté de dompter. Il voulait juste savoir ce que ça faisait, pace que sa sœur aussi attendait un bébé, parce qu’il était loin d’elle, parce qu’il a toujours été loin des siens. J’étais déçue aussi. Que ce soit ses mains sur mon ventre et pas les tiennes.

Ainsi, les jumelles n’auront jamais vraiment connu leur père de leurs vivants. Elles avaient rencontré les paumes chaleureuses de Mumkin, les poings des mercenaires, mais pas un seul geste de Lloyd. Finalement, tout le monde était mort. Chechi, les jumelles. Soit on donnait la vie, soit on donnait la mort. Dana ne connaissait que ça maintenant.

- Félicitations, dit-elle alors. J’aurais dû commencer par là. Félicitations pour ta première victoire.

Voilà, elle se remémorait pourquoi elle était triste. Hope montait. Elle était admirative de son ascension. Il avait toujours été fort, elle n’en avait jamais douté. Mais il montait et elle restait clouée au sol. Bientôt, il serait si haut qu’elle ne le verrait peut-être plus. A ce moment-là, il ne la verrait probablement plus, non plus et comme avant, il ne se souviendrait plus qu’il y avait eu une Dana Shar dans sa vie ou tout près de lui. Comme quand il avait quitté l’Académie, parce que contrairement à elle, il avait réussi, il avait un Maître prestigieux et qu’elle s’était retrouvée dans la fange de l’échec, propulsée dans les rangs de l’armée impériale à l’image d’un déchet que l’on tentait de recycler ; une anomalie honteuse pour l’Ordre Sith et pour laquelle il ne fallait avoir aucune pitié. A quoi lui avait servi l’ADN Shar dans ces moments-là ?

- Je suis sûre qu’il y en aura…beaucoup d’autres, reprit-elle. Je serai là pour toutes les voir. Mais si t’échoues, c’est pas grave. Je serai là aussi. Alors, t’en fais pas pour ton poste. Tu le mérites. Si Laduim ne veut pas de toi à cette place, tu seras un commandant chez moi. Je te donnerai une armée sur Ch’Hodos, des vaisseaux, des milliers d’hommes. Et avec tout ça, tu prendras sa place. Et plus personne pourra te virer.


Je vais pas mourir, pas avant que tu sois le plus haut possible.






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Accroché comme si ce « non » qu’elle avait prononcé avait généré un doute : elle était peut-être capable de partir.





Le rythme cardiaque du hapien s’était peu à peu calmé, bien que sa respiration restât un peu précipitée. Il tenait le corps de l’Inquisitrice étroitement serré contre lui, entre ses bras, son visage à demi enfoui dans la chevelure sombre, accroché comme si ce « non » qu’elle avait prononcé avait généré un doute : elle était peut-être capable de partir. Un jour peut-être, elle répondrait vraiment non. Lloyd essayait de se raisonner, de revenir sur Melantha, de ne pas être cet animal pathétique qui courait après la main du maître qui le nourrit. Il se rendait compte, maintenant, à quel point Darth Laduim avait vu clair en lui : il était cette créature dépendante, que l’on pouvait manier à sa volonté si l’on possédait les bons leviers.
Il déglutit, essaya de se dire qu’il s’excuserait auprès de Mumkin, mais il n’en avait pas envie.

- J’aurais juste voulu savoir moi aussi ce que ça faisait, articula-t-il avant de serrer les dents de nouveau. C’est pas juste que lui il a pu et pas moi. C’est pas c’que j’voulais.

Non, non, non. Pas de larmes. Stop, se morigéna-t-il. Elles étaient enterrées depuis maintenant près de deux mois. Dana réussissait à faire son deuil, ou du moins lui semblait-il. Il ne fallait pas garder ouverte les plaies qui devaient être oubliées. Il s’efforça de repousser les images de leurs corps chétifs pelotonnés au fond de la tombe, repousser la sensation que ses mains étaient encore sales, repousser l’envie de vérifier que du sable n’était pas resté sous ses ongles.
Il serra Dana un peu plus fort en basculant d’accroupi à à genoux, et il s’était mis à déposer sur la peau de l’Inquisitrice des baisers concentrés, ses lèvres pressées contre la peau douce, comme s’il avait pu fondre aussi pour se glisser sous son derme, comme s’il avait pu se mettre à ramper dans ses veines. Ce n’étaient pas des baisers de désir sexuel, c’était autre chose. Il ne savait pas quoi. Un moyen de dire quelque chose, il ne savait pas quoi.

- Je vais rester avec toi.

L’alliance. Elle avait raison. S’il ne voulait pas qu’elle lui échappât, il suffisait de rester. D’être présent. Plus présent. Vérifier plus souvent. Veiller comme un loup devant la tanière. Surveiller comme le gardien devant la chambre forte. Non. Oui ?
Il ferma les yeux.

- Pardon pour la crise. J’ai juste eu peur. J’ai eu peur, répéta-t-il un peu bêtement.

Lorsqu’il les rouvrit, ce fut pour mieux s’écarter un peu d’elle. Il desserra son étreinte, croisa le regard doré de l’Inquisitrice. Elle était un peu triste. A cause de lui ? Malheureuse à cause de lui ? Il ne fallait pas. Il fallait qu'elle eût envie qu'il restât toujours. Qu'est-ce qui lui permettrait de rester toujours ?
Les doigts un peu fébriles de Lloyd parcoururent quelques instants le bandage que Dana portait autour de la tête, comme pour vérifier qu’il était bien fait, le regard concentré.

- Je t’ai mis Mallory dans une cellule tu peux aller l’interroger, tu en fais ce que tu en veux, dit-il d'une voix un peu désordonnée, les sourcils froncés. Je dirai à Arboghast de te la laisser. Il sait, de toute façon, que c’est ton travail d’Inquisitrice. J’ai juste eu peur qu’elle puisse être armée, qu’elle puisse te faire du mal. Là au moins je sais qu’elle est maîtrisée. Ok ?

Lloyd cessa son petit manège avec le bandage, non sans hésiter, comme s’il luttait contre l’envie de tout défaire et tout refaire. Ses mains glissèrent sur les épaules de l’Inquisitrice.

- Je pourrais t’aider après aussi, dans ton travail d’Inquisitrice, souffla-t-il en la regardant d’un air brièvement un peu égaré, avant de reprendre un air sévère. Et avec ou sans Melantha, on ira récupérer ta planète.

Il se rapprocha pour que leurs souffles se mélangent. Il effleura les lèvres de Dana du bout des siennes, attendit quelques instants, comme s’il vérifiait que l’Inquisitrice était prête à lui soumettre sa bouche, qu’elle était aussi suspendue à son souffle qu’il était au sien. Ses mains glissèrent dans le dos de Dana pour chuter sur ses reins. Il força du bout des doigts comme pour y laisser une empreinte à travers le tissu noir.

- Je prendrai la tête d’Akusha, chuchota-t-il. Et ensuite, je te porterai et t’assiérai sur le trône. Je me mettrai à genoux entre ceux de ma Reine pour mériter toutes tes armées, et t’offrir ton premier cadeau de souveraine.

Le bout de sa langue traça un bref sillon entre les lèvres de l’Inquisitrice.

- Et ça sera pas des fleurs.




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Comme ce baiser dans le slick, un jour sur Kaas City.






Elle lui avait promis de lui dire quand ça n’allait pas. Elle venait de le faire, du plus profond de ses tripes. Il n’avait pas tout compris, mais il avait écouté. Il avait même répondu. Et même si un résidu de tristesse collait à son âme, cela valait bien un sourire – léger, fuyant, contre les babines dangereuses du loup. Dana passa ses jambes de part et d’autre de la taille du hapien, croisa ses chevilles derrière lui. Elle avait hissé sa croupe sur ses cuisses du capitaine et baissa ses prunelles dorées pour admirer l’infime espace qui séparait désormais leurs bassins.

- Tu joues aux devinettes maintenant, avertit-elle d’un ton faussement sévère.

Ses mains glissèrent le long de la veste impériale qui avait réchauffé tant de nuits froides, qui avait caché tant de fois son corps quand on le dénudait, qui avait enveloppé ses blessures dans le secret et sur laquelle elle avait osé graver une partie de ses initiales. Elle se mit à défaire un bouton, à dézipper une attache.

- Qu’est-ce qui peut être mieux que des fleurs ? souffla-t-elle en se pinçant les lèvres, sans les éloigner de celles du blond.

Elle le déshabilla avec lenteur, sans empressement. Elle lui laissa le temps de retirer ses bras puissants des manches, manipula la veste avec précaution une fois défaite pour la reposer auprès d’eux, sans la chiffonner, sans l’abîmer. Elle avait senti les paumes de Lloyd revenir à la chute de ses reins, froissant le tissu sombre de la combinaison qu’elle portait. Elle avait quitté l’intransigeance du regard émeraude pour admirer le torse de Hope, vêtu d’un simple t-shirt. A chaque fois, elle pensait se faire une petite raison, à chaque fois, elle le trouvait plus beau. Et ce n’était pas seulement une beauté physique, ou sa perfection génétique, non c’était un charme fou, un charisme magnétique et elle était piégée dans des filets faits de muscles, de yeux verts, de bouche pincée, d’air taciturne.

- Des bijoux ? Je serai Seigneur de Ch’Hodos, des bijoux j’en aurais autant que je voudrais…chuchota-t-elle.

Parfois, ses lippes dérivaient et frôlaient la bouche de l’officier avant de s’en détourner légèrement.


Ses doigts aux ongles impeccablement vernis s’étaient agités contre elle. Un son feutré fila entre eux quand elle tira sur la fermeture éclaire de sa combinaison de pilote. Sa peau nacrée se dévoila, centimètres après centimètres. Elle prenait son temps, comme si elle se donnait en spectacle. Au Lagon Noir, elle avait appris à trouver le rythme juste, à ménager le suspense pour faire grandir le plaisir. Lorsqu’elle se déshabillait trop vite, les profits n’étaient pas au rendez-vous et il avait fallu apprendre. Ses cheveux de jais ondulaient autour de sa figure pâle, échouant à peine au-dessus de ses épaules étroites. Elle dénuda l’une d’elle. Plus bas, la ceinture de la tenue de pilote avait arrêté la descente de la fermeture éclaire au niveau du ventre. Alors, elle prit encore son temps pour déboucler la ceinture et écarter les pans du vêtement, jusqu’à révéler son nombril. A tâtons, elle attrapa la main de Lloyd, l’arrachant à elle, pour la guider sur son ventre plat. A cet endroit, plus qu’ailleurs, sa peau était chaude et palpitante.

- T’es comme le capitaine Peep hein ? (Et face à son regard devenu soudainement perdu, elle précisa) l’holoanimé du matin. Le petit bonhomme en uniforme impérial. C’est le capitaine Peep, c’est son nom Peep. En fait, sur Jabiim, quand j’avais trop mal au dos ou au ventre à cause de la grossesse bah, on me mettait dans la roulotte où étaient rassemblés les gamins, les jours de grosses pluies.

Et les jours de grosse pluie sur Jabiim étaient légion.

- Je m’affalais sur une immense pile de coussins, et je devais juste m’assurer que les gamins se mettent pas à se disputer ou à faire des bêtises. La plupart du temps, ils me cassaient la tête pour voir le capitaine Peep, Liam en tête de file. Moi, je les autorisais à deux épisodes de plus s’ils m’apportaient des sucreries.

Aucun scrupule cette Dana, mais chez les Serpents les affaires étaient les affaires et ce, dès le plus jeune âge.

- Les jumelles aimaient beaucoup trop le sucre. En général elles se mettaient à bouger davantage quand j’en mangeais. Et j’crois qu’elles aimaient regarder les aventures du capitaine Peep, aussi. Et c’est vrai qu’il te ressemble un peu avec sa mèche blonde d’un autre âge sur le crâne et son uniforme noir. Tih, elle arrêtait pas de dire que c’était toi. Et un jour, j’sais plus, dans un épisode, capitaine Peep a reçu un tir de blaster…et Tih s’est mise à pleurer en t’appelant, en disant que LLo-ïd était mort. Puis….hormones de grossesse à la con, j’ai chialé aussi. Je sais pas, elle hurlait tellement que t’étais mort que j’ai paniqué, j’ai eu peur. J’ai pleuré devant les mômes. Liam a appel Ruth en catastrophe et finalement Capitaine Peep est ressorti victorieux, comme toujours. Mais bon, on a tous été privés d’holotélé pendant une semaine. Ca a pas plu aux jumelles. En plus, j’ai perdu mes principaux fournisseurs de sucreries avec ces histoires.

Elle souffla un rire parce que le souvenir était amer, étrange mais bienvenu pour elle. Cela faisait partie du processus de deuil.

- Dès que j’ai réussi à avoir accès à une holotélé, j’ai passé des heures à scruter les informations, à espérer que ton nom n’y soit pas annoncé comme mort, disparu ou je sais pas. C’était absurde hein ?

Comme ce baiser dans le slick, un jour sur Kaas City.

- Mais c’est ok d’avoir peur. Alors, pardon, ponctua-t-elle finalement et elle écrasa ses lèvres sur celles du Sith avec douceur, vola une nuée de baisers. C’est à mon tour d’être désolée, ok ?

Dana finit par ajuste son bassin pour qu’il se presse contre le ventre de Lloyd. Elle le surplombait légèrement et ses yeux dorées fondirent dans les iris d’émeraude.

- Alors, ce cadeau c’est quoi ? Je vais devoir attendre de récupérer Ch’Hodos c’est ça ? Parce que j’accepte les avances.







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La Rage de Melantha


Comment tu veux que je résiste ?





Lloyd l’avait écoutée religieusement égrener ses souvenirs de Jabiim, la bouche légèrement entrouverte tandis qu’il semblait guetter les mots que les lèvres de Dana formaient. Il ne savait que dire. Dana avait dû se projeter dans un rôle de mère, alors que pour lui, à cette époque, leurs petites filles n’avaient aucune consistance, aucune réalité. A peine un concept flou de progéniture qui n’aurait rien de prudent. Ce n’était que lorsqu’il les avait enterrées que soudain toutes les éventualités de ce qu’aurait pu être sa propre vie avec elles s’étaient construites dans sa tête, peu à peu. Parfois, il réfrénait ces scénarios impossibles et parfois, il se les racontait au cours de nuits blanches, comme si ces histoires avaient une réalité quelque part, comme si la possibilité même qu’elles eussent été possibles lui faisaient comprendre qu’il aurait pu être un autre homme, avec d’autres choses à aimer follement, à protéger de sa vie, transi de terreur. Dans l’obscurité de sa cabine de capitaine, il avait parfois essayé de résoudre une équation insoluble ; aurait-il mieux valu qu’il ne connût jamais l’existence de ces histoires alternatives du hapien à la dérive ?

Les lèvres de Lloyd s’étirèrent néanmoins doucement tandis que ses mains caressaient la peau douce de l’Inquisitrice, apparue sous ses doigts maintenant que la combinaison avait chuté autour d’elle. C’était un sourire un peu triste, mais ses yeux dévalaient désormais les courbes qu’il pressait entre ses mains, et il retenait son souffle.
Il y eut un silence de quelques secondes avant qu’il ne finît par réagir. Il se détourna quelques instants pour chercher sa veste, et en sortit son bloc de données d’une main tandis que de l’autre bras, il gardait Dana prisonnière. Il baissa les yeux sur l’écran, le temps de pianoter quatre mots et d’appuyer sur envoyer, et il rejeta l’appareil dans sa veste, pour mieux s’intéresser à Dana.

- Même dans une combinaison de pilote, t’as l’air délicieuse, souffla-t-il. Comment tu veux que je résiste ?

Ça n’avait rien à voir avec leur conversation, mais tout s’était un peu mélangé dans sa tête, le cadeau de la Reine, les petites filles sur Jabiim et il pleuvait tellement, il avait peur que la tombe ne tînt pas bien l’érosion, et des bijoux ? Il n’avait pas eu le temps de refaire le collier, il fallait absolument qu’il trouvât une nouvelle chaîne. Il fronça brièvement les sourcils en essayant de sortir du tourbillon de ses pensées désordonnées, s’accrochant subitement à l’étendue dorée comme pour y trouver enfin une rive sèche sur laquelle se laisser choir quelques instants, épuisé après avoir bravé les courants contraires. Il la ramena davantage contre lui, pour qu’il pût sentir le corps chaud de Dana contre son torse. Il inspirait ses odeurs, reconnaissait les effluves de ses cosmétiques et le synthétique que la combinaison de pilote avait laissé sur sa peau.

- Mmh, grogna-t-il en frottant un bref instant son visage contre l’épaule de l’Inquisitrice. Si tu n’as pas compris, je peux te donner quelques indices. Je pensais à… Les mains de Lloyd se pressèrent contre les cuisses de Dana et il interrompit sa phrase pour déposer un baiser dans son cou. Apparemment, vu que t’aimes bien les pilotes, c’est que tu dois aimer qu’on t’emmène en voyage.















De l’autre côté de l’écoutille, Mumkin sortit son datapad de sa poche.


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Le patron------------


Tu surveilles : personne n’entre




Mumkin grimaça malgré lui en éteignant l’écran et à quelques pas de là, depuis un box resté ouvert, on le toisait, morne.

- Ça f’sait longtemps qu’on n’avait pas vu Momik, grogna Ivor.
- Tu parles, il est mort de trouille face au capitaine, il veut pas se faire choper avec nous, cette poule mouillée.
- Faut dire, il est lourd, le capitaine. Et là, il passe encore un savon à Hickpens, alors qu’il paraît qu’il lui a déjà passé deux ou trois savons les semaines passées…
- C’est du harcèlement à ce niveau-là, non ?
- En plus, ça fait un bout de temps qu’elle est là-dedans avec le Capitaine…
- Ben vu ses tarifs, en vrai y’a que lui qui peut se la payer…
- Attends, vous pensez quand même pas que…
- Et tu crois que Momik attend son tour ?

Les trois soldats – Ivor et son acolyte mirialan assis à côté de la couchette où Jamic était étendu – tournèrent à nouveau leurs regards tous vers le dévaronien qui se tenait, raide, devant la porte du bureau verrouillé. A ce moment, justement, le docteur Rascal sortait d’un box la mine soucieuse. Elle retirait ses gants souillés par le sang et les jeta dans un recycleur en se dirigeant vers son office. Mumkin se redressa, interdit, et se hâta de presser l’oreille contre l’écoutille. Il perçut un bref gémissement et lâcha un soupir, mais quand Rascal parvint à sa hauteur, il arborait déjà un sourire embarrassé.

- Ahm alors j'suis désolé heu ils sont dans une discussion confidentielle, là, c’est pas fini, hem… Secret défense…

Le docteur Rascal s’immobilisa, étonnée. Elle fronça les sourcils.

- Heu, qui ? Vous voulez dire, l’enseigne Hickpens a commencé les interrogatoires ?!
- Oui ! Oui voilà c’est ça, et donc là elle interroge le capitaine.
- Quel capitaine ? s'agaça le docteur. Il y a presque une dizaine de capitaines sur cette frégate, monsieur…
- Mumkin. Nan mais Lloyd Hope.
- Ah, le capitaine.
- Ben c’est ce que j’ai dit.
- Aaah… parvint vaguement une voix de l’intérieur et Mumkin se hâta de tousser pour couvrir le gémissement.
- Donc le capitaine, là, est dans mon bureau, demanda Rascal, subitement embarrassée.
- Keurf keurf AHM, oui alors, peut-être sur votre bureau… Ou dessous, ça m’étonnerait pas…
- Zut, vous voulez dire qu’il pourrait tout retourner ? Parce que c’est tout en vrac oh la la j’aurais dû ranger je le savais ça m’a pris par surprise, aussi, cette vague soudaine on dit qu’il est très méticuleux, qu’il contrôle même certaines cabines…
- Oui, oh, vous faites pas trop de bile, Dana va bien l’occuper, ha ha ha, hem.

Le rire de Mumkin sonnait faux.




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La Rage de Melantha

Quoique…








- Rha - !

Rascal sursauta subitement, prise d’un affreux sentiment.

- Oh non, il a l’air pas mal énervé.
- KOF KOF KOF, avait tenté une nouvelle fois Mumkin, plus perdu que jamais, un sourire factice collé aux lèvres. Mais non, mais non. C’est Dana, ouais, voilà Dana l’a énervé il lui passait un savon quand j’suis partie…

Un nouveau cri leur parvint étouffé, plutôt féminin.

- Ils sont en train de se battre ?! La poisse, dans mon bureau en bordel en plus…il faut intervenir…
- Alors AHEM, non c’est….dit le dévaronien, dégoulinant de sueur dû au stress.
- MIRANDA ! hurla une voix à quelques mètres de là.

L’enseigne Rascal fendait la foule encore compacte de l’infirmerie pour se diriger à grandes enjambées vers le bureau du médecin. Il avait encore sa combinaison de pilote, ainsi que son harnais et son casque sous le bras. Son front avait été nettoyé et un pansement corrigé d’une petite blessure. Il portait sa chevelure librement et elle semblait flotter autour de son jeune visage.

- Tomas ! souffla-t-elle, soulagée.

Et ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre dès qu’il fut assez proche. Mumkin se dandinait d’un pied sur l’autre, ça commençait à faire beaucoup de monde devant les portes du bureau. Il se faisait littéralement assiéger, c’était pas bon. Miranda s’éloigna un peu de son époux pour l’examiner d’une œillade sévère, vérifier que le pansement était correctement appliqué.

- C’est la folie dans les infirmeries, expliqua-t-il en remarquant le regard qu’elle lui réservait.
- Tu t’es fait ça en sortant ?
- Ben ouais, c’est un peu mon métier, sortir piloter, sourit-il avec insolence.
- Le lieutenant Graymes a vraiment une mauvaise influence sur toi, geignit-elle.
- Tu devineras jamais ce qui m’est arrivé !
- Plus tard, Tom. J’ai le capitaine Hope dans mon bureau là. J’suis morte de trouille, en plus je crois qu’il tabasse l’enseigne Hickpens.
- Ah ben justement, Hickpens était avec moi ! Ben c’était pour le sauver lui (Et il désigna subitement Mumkin) Comment ça va Momik ? Sacré course-poursuite hein ? Le Sans-Visage a un très beau cul.
- MOMIK !

Ivor venait de sortir du box. Il avait été mandaté par ses petits copains pour s’enquérir discrètement des dernières nouvelles concernant le cornu. Ce dernier blêmit soudainement. Il se dépêcha d’attraper son datapad pour pianoter fébrilement quelques mots. Au moment où il envoya le message, le twi’lek lui envoyait une bourrade sur l’épaule qui manqua de le faire chanceler.

- Ah ben, vous vous connaissez ? s’étonna Miranda, soudainement perdue.

La seule bonne nouvelle : avec tout ce petit monde qui piaillait, on entendait moins les rumeurs étranges qui parvenaient du bureau.





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Crétin de pilote




C le momant de conclure la! On vs entent ds tt le vaisso !




Lloyd avait remis sa veste et Dana l’aidait à ajuster le col, se mordant encore la lèvre quand l’ouverture des portes se déclencha. Le bruit les mit en alerte tous les deux et ils s’éloignèrent l’un de l’autre au moment où Miranda Rascal bousculait Mumkin pour rentrer dans le bureau, talonné par l’enseigne du même nom et un Ivor juste curieux qui passa ses lekkus par l’encadrement de l’entrée. Les époux Rascal se fendirent un salut protocolaire uniforme.

- Mon capitaine !
- Je suis vraiment désolée pour le désordre, je ne m’attendais pas à votre visite, il faut dire que…on a été pas mal occupé depuis l’attaque.
- Ca va enseigne Hickpens ? Vous avez eu l’estomac bien accroché, remarqua Tomas avant de se recevoir un coup de coude de la part de sa femme. Un peu de tenue devant le commandant.

Miranda avait remarqué le pansement défait de Dana, mais se gardait pour le moment d’intervenir. Le capitaine aurait-il osé la malmener au point de défaire les soins qu’on lui avait porté ? Elle jeta un coup d’œil incertain à son supérieur et demeura bien droite. L'inquisitrice quant à elle venait de se figer. Elle venait de remarquer que son soutien-gorge traînait non loin de ses pieds. Elle avait complètement oublié de le remettre. Elle se dépêcha, d'un coup de Force discret, de le repousser sous le bureau à l'abri des regards.






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La Rage de Melantha


- Un truc absurde ? Avec Hickpens ? Etonnant.





Il lui semblait qu’il flottait une odeur de sueur un peu trop persistante, que son propre visage devait être encore un peu rouge et sa respiration un peu trop précipitée. Mais en face d’eux, Mumkin, le docteur Rascal, une enseigne et un twi’lek avec un hématome au coin de la figure les scrutaient tous et l’agacement vint remplacer l’embarras. Mieux, ou pire : l’enseigne qui avait le mauvais goût d’être en combinaison de pilote s’enquerrait de la santé de Dana et le hapien ne put s’empêcher de pincer les lèvres en mettant les poings sur les hanches.

- Elle va bien, aboya-t-il un peu sèchement. Mais elle n’a pas été capable de m’expliquer pourquoi cette foutue infirmerie est sens dessus dessous !

Il y eut des mouvements embarrassés tandis que Lloyd contournait le bureau à pas sévères. Le docteur Rascal, les joues rougies, prit bravement une grande inspiration avant de se jeter à l’eau en lui faisant face, levant vers lui ses yeux atterrés.

- Hé bien, c’est-à-dire qu’on avait commencé un inventaire mon capitaine, et au milieu de tout cela il y a eu la bataille…
- Non, non, la coupa le hapien en fronçant les sourcils. Je parle de cet afflux de blessés !

Instinctivement, Ivor recula d’un pas, mais Lloyd le fustigea du regard et il s’immobilisa.

- Soldat ?
- Heu… Non mais moi, je suis tombé à cause de la secousse, commença Ivor d’une petite voix.
- Votre identité, gronda le capitaine.
- Soldat Ivor’Olgkru, de la troisième équipe de sécurité interne…
- Oh, la sécurité du pont 5 ? Et c’est en prenant des douches avec vos amis pendant qu’on était sous feu ennemi que vous vous êtes cogné alors ? interrogea le hapien avec une politesse feinte.
- Heu ben, pas exactement, c’tait une coïncidence la douche…
- Ben voyons.

Le hapien subitement passa devant eux tous en secouant la tête et le couple Rascal s’écarta pour le laisser sortir de la pièce, mais Lloyd se retourna immédiatement.

- Soldat Olgkru, vous allez me faire une liste détaillée de toutes les personnes qui étaient avec vous dans les douches et la transmettre au Major Arboghast pour qu’ils reçoivent une sanction. Toute personne qui n’est pas déclarée sur cette liste et dont j’aurais eu vent qu’elle était en réalité présente avec vous recevra double peine, alors dites à vos petits camarades de se signaler et fissa. Et profitez-en pour leur dire de dégager la galerie, c’est une infirmerie ici, pas une cafétéria ! Vous encombrez des places pour des égratignures, s’énerva-t-il avant de se tourner vers le couple Rascal. Docteur, Dana Sh- l’enseigne Hickpens n’a pas été correctement soignée, son bandage ne tenait rien du tout, même moi qui ne suis pas médecin je m’en rends compte, vous allez me refaire ça en priorité et lui prescrire quelques heures de repos.

Subitement il se tourna vers l’Inquisitrice.

- Quant à vous Enseigne, c’est la dernière fois que je vous dis d’arrêter d’importuner nos pilotes, c’est compris ?!

Mais il n’attendit pas sa réponse. Il cligna brièvement d’un œil avant de faire volte-face, attrapant Mumkin par le bras.









Quelques secondes plus tard, Mumkin et Lloyd remontaient une coursive. Le dévaronien ne cessait de jeter des regards en biais à son patron. Des soldats les croisaient en sens inverse, les saluaient. Comme le capitaine ne réagissait pas à ses œillades insistantes, Mumkin se mit à lâcher de gros soupirs sonores. Un soldat se retourna sur leur passage étonné, tandis que Lloyd grimaçait. Ils s’engouffrèrent dans un turbolift et dès que les portes se refermèrent, laissant le duo à l’abri des regards, le hapien toisa le dévaronien.

- Ben quoi, je me suis excusé !

Mumkin leva les yeux au ciel.

- Nan mais sérieux t’as abusé là, me laisser comme ça devant !
- Tu voulais quoi, qu’on t’invite ? grogna Lloyd, sans un sourire.
- Mais nan, mais quand même tu sais que j’ai des sentiments pour elle et tout…

Les portes du turbolift se rouvrirent, comme ils arrivaient deux ponts plus haut, mais Lloyd ne fit pas mine de sortir. Au contraire, il fustigeait toujours le dévaronien du regard.

- Mais de quoi tu me parles ? Sérieux là, c’est une Inquisitrice, je te rappelle que t’arrêtais pas de me dire de m’en débarrasser, je pensais t’avoir fait comprendre que je m’en débarrasserai pas et soudain…

Un binôme d’enseignes passa près du turbolift à pas rapides et le hapien s’interrompit un instant de peur d’être entendu.

- Et soudain t’es amoureux ? reprit-il dès que les deux officiers eurent tourné au coin d’un couloir. Mais qu’est-ce que tu me chantes ?! Mumkin, Dana est à moi, j’ai fait un scandale à tout ton clan pour leur faire comprendre, tu vas pas t’y mettre aussi quand même ? C’est quoi votre truc chez les Serpents, d’essayer de séduire les femmes des autres comme ça ?
- Je l’ai pas séduite, ça c’est pas passé comme ça !
- Ah bah non, ça, tu l’as pas séduite, ça m’aurait un peu étonné aussi !
- Qu’est-ce que tu veux dire par là ? s’offusqua Mumkin.
- Que Dana est plutôt du genre grand hapien blond en uniforme, voilà ce que je veux dire. Maintenant c’est bon, tu tires un trait sur Dana et toi ok ? Y’a 600 milliards de femmes dans cette galaxie tu lâches la main de la mienne, merci.

Le hapien fit mine de partir avant de revenir subitement vers Mumkin. Il colla son index sur la poitrine du dévaronien.

- Et je sais très bien ce que tu penses, que toi au moins t’étais là pendant que moi j’y étais pas et patati patata : très bien, merci encore. Simplement, tu t’en tiens là, parce que je suis là maintenant. Je veux plus vous entendre m’accuser de pas avoir été là quand j’étais même pas dans vos petites confidences, persifla Lloyd.
- Ouais, ça va, je vois très bien, grinça le dévaronien. De toute façon, c’est pas comme si moi je pouvais te rendre ce genre de faveur sexuelle pour me faire pardonner, hein ! Moi j'peux séduire personne à côté du grand blond avec une botte noire hein ?!

Lloyd fit les gros yeux à Mumkin pour lui enjoindre de ne pas dire ce genre de choses à haute voix mais c’était trop tard, le dévaronien venait de passer devant lui en un coup de vent princier. Le hapien le regarda s’éloigner en secouant la tête.

- Mais qu’est-ce qu’il a ce crétin de pilote maintenant ?








Quelques minutes plus tard, le capitaine entrait dans la salle de réunion qui jouxtait le pont de commandement. Aussitôt, la lieutenante Narih, présente aux côtés du reste de l’équipe de commandement, bondit sur ses pieds et se mit à applaudir. Utuzz, Subol, Nande, Arboghast et même Lloyd la regardèrent, perplexe, et le sourire de la lieutenante s’effaça légèrement de son visage.

- Pourquoi vous applaudissez ?
- Ben, on a gagné, j’imagine que vous êtes pas venu avec du vin pétillant artorien pour célébrer, alors on peut quand même au moins applaudir, non ?
- Hem.
- Mmh…
- Ouais, non.
- Ah.

Lloyd détourna le regard, jugeant l’incident clos, avant d’aller s’asseoir en bout de table, aussitôt imité par les autres officiers. La salle de réunion était pourvue d’une table sombre centrale et d’écrans incrustés dans cette plateforme. Les doubles portes blindées de l’entrée allaient se refermer automatiquement quand une silhouette bondit à l’intérieur de la salle de réunion.

- TANDANNN ! claironna Graymes, sa combinaison de pilote bruissant tandis qu’il réalisait un pas dansant, qu’il cessa bientôt, le visage interloqué. Ben alors, on n’applaudit pas ?

Lloyd se tordit le cou pour jeter à Stan un regard las.

- Ah, non, ok.
- Mon Capitaine, intervint Narih, j’ai invité le lieutenant Graymes au débriefing pour la partie chasse extérieure.
- Vous avez bien fait. Installez-vous, Graymes. Major Arboghast, le soldat Olgkru, ça vous dit quelque chose ? interrogea Lloyd en se tournant vers le militaire qui arborait son habituel air pincé.
- Bien sûr. Troisième équipe de sécurité du pont inférieur 5.
- Voilà. Bon, il était à l’infirmerie du pont 5, avec sa bande de camarades qui ont retardé la mise en place du cordon de sécurité autour du Sans Visage. Vous avez découvert pourquoi ?
- Non, pas encore, grimaça Arboghast. Ça ne saurait tarder, capitaine Hope. J’ai mis Dana Hickpens sur le coup et…
- Non. Dana Hickpens est de repos pour quelques heures et ensuite, je veux qu’elle s’occupe de Mallory.

Son ton était si sans appel que le Major parut brièvement interloqué. Mais devant les autres officiers, il n’osa pas contredire le Sith. Sur un signe de tête du hapien, Narih se lança dans le récit de tout ce qui s’était passé pendant cette attaque.









Le débriefing dura près d’une heure. Chacun donnait son opinion sous le regard attentif du capitaine, et Subol détaillait toutes les remarques dans un rapport qui contiendrait toutes les erreurs commisses et les faiblesses et vulnérabilités identifiées, pour qu’ils pussent y travailler ultérieurement. On convint que l’issue de la bataille avait été néanmoins particulièrement positive, et que malgré les dégâts matériels – un générateur de bouclier fortement endommagé notamment – le bilan apporterait à l’évaluation finale de Melantha des preuves de sa solidité en matière de commandement. En guise de conclusion, le lieutenant Graymes fit le récit de ce qui s’était produit à l’extérieur.

- … au final, je ne peux que saluer le sang-froid extraordinaire de l’enseigne Hickpens et de Momik, votre pilote. Sans leurs idées, je crois bien qu’on aurait perdu le Sans Visage…
- Des inconscients, oui, grogna le hapien, ne pouvant s’empêcher de faire la moue.
- Totalement, surenchérit la lieutenante avec un grand sérieux, et Graymes décocha à Narih une œillade faussement outrée qu’elle ignora royalement. Mon Capitaine, je crois que nous avons fait le tour de tous les sujets. Je vais transformer ce rapport en une checklist et mettre au travail les chefs d’équipe. Une bonne moitié de ces problèmes peuvent être résolus en quelques heures pour améliorer durablement la sécurité et la force de frappe de la frégate.
- Comme tu fayotes, chuchota Graymes en se cachant derrière sa main.
- Très bien, Narih. On en termine là, du coup. Je n’ai pas encore eu le Castellan, je suppose qu’il me rappellera bientôt. Pour l’Empire, ponctua-t-il en se levant, et il fut aussitôt imité par les autres officiers.

Ils se dirigeaient vers la sortie quand le Major Arboghast s’interposa entre Lloyd et la sortie.

- Mon Capitaine, je peux vous parler une minute en privé ?

Lloyd acquiesça avant de faire signe à Narih et aux autres de leur laisser la salle de réunion. Les officiers s’éclipsèrent, continuant une conversation technique, et bientôt le Major et Lloyd furent laissés seuls. Le hapien croisa les bras en s’adossant à la table.

- Que se passe-t-il.
- Il faut que nous discutions de ce triangle absurde d’autorité qui se produit avec Hickpens.

Le hapien arqua un sourcil.

- Un truc absurde ? Avec Hickpens ? Etonnant. Que voulez-vous dire ?
- L’Inquisition infiltre ses agents partout dans l’Armée, très bien. Mais en tant qu’enseigne Hickpens, cet agent doit rester sous mon autorité, et pas la vôtre directement.
- Sur certains sujets, j’ai besoin de savoir qui s’occupe de quoi, rétorqua Lloyd, qui s’assombrissait soudain.
- Je connais bien mes soldats, s’énerva Arboghast. Je sais qui est à même de réaliser quelle mission !
- Oui, et quand je vous demande de ne pas mettre un agent parce que je ne le sens pas, notamment Pyke, vous le faites quand même, et vous avez vu où ça nous a mené ?!
- C’était une erreur et je l’ai déjà reconnue, grinça le Major. Mais la couverture d’Hickpens sera bientôt brisée si vous lui faites tant de faveurs.
- Je m’assure juste de brosser l’Inquisition dans le sens du poil, figurez-vous que ça pourrait nous aider à avoir une évaluation positive.
- Vous dites nous, mais c’est surtout de vous dont vous parlez.

Lloyd pinça les lèvres. Puis il laissa échapper un bref soupir, se passant une main sur le visage.

- La journée a été longue, Major. Allez droit au but, je vous prie.
- Il serait souhaitable que vous ne croisiez plus aussi souvent sa route, et qu’elle ne se fasse plus autant remarquer. Beaucoup de soldats l’ont repérée comme étant hors normes. On m’a déjà fait remonter qu’elle avait souvent des conversations privées avec vous. Je me doute qu’elle vous fait des… rapports détaillés. Mais c’est d’une totale imprudence.

Le hapien ne répondit pas tout de suite. Ses yeux voguaient vers le sol, où le revêtement brillait, reflétant les lueurs feutrées des éclairages, propices à la concentration. Le revêtement était identique à celui sur lequel il avait couché Dana sur le flanc, au milieu d’une infirmerie, alors qu’à tout moment ses soldats auraient pu entrer et le trouver là, aussi obnubilé par une Inquisitrice que lorsqu’il manquait de slick – la sueur au front, la bouche emplie de râles et de désir, l’esprit en totale extase, loin de toute prudence, de toute raison.

Il pinça les lèvres avant d’acquiescer.

Arboghast avait raison.

- Ca va, ça va, finit-il par maugréer. Vous la gérez, je vous fais confiance. Mais elle doit interroger Mallory.



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Dana n’était pas prête à laisser les soleils de Ch’Hodos s’éteindre.






- Belle commotion, commenta Miranda, concentrée sur le front de Dana. Cette dernière était assise sur le siège du bureau de la doctoresse et ruminait en silence. Au-delà des portes de l’office, un calme relatif était revenu. Conformément aux ordres du capitaine, les blessés « légers » avaient dégagé les lieux. Des soldats infirmiers s’étaient chargés de vérifier les sorties. A la surface de la console de travail, le comlink de Rascal vibra et d’une main hâtée, elle accepta la communication.

- Caporal Rascal, grésilla la voix affable du docteur Chet.
- Lieutenant, répondit-elle sans cesser d’examiner la plaie que présentait l’Inquisitrice.
- J’ai eu écho des ordres du capitaine Hope.
- Nous ne gardons que les blessés nécessitant des interventions lourdes, les autres ont été priés de regagner leur poste de travail ou de trouver repos dans une autre infirmerie de bord, maugréa-t-elle, tendue au souvenir du commandant qui se fâchait dans son bureau.
- Bien. Vous ne devriez pas vous en faire, vous avez été plus compétente lors de l’afflux des blessés.
- Mouais, foutu système gravitationnel.
- N’oubliez pas le briefing des équipes médicales, s’il vous plaît, Caporal. Comment se porte l’enseigne Rascal ?
- Il va bien. Il a été recousu à la va vite, pas même une goutte de kolto synthétique. Ca lui apprendra, pesta-t-elle davantage sous le regard indifférent de la Sith qui écoutait la conversation d’une oreille distraite.
- Il est plutôt solide, rit Chet. A plus tard, Caporal.

La liaison se coupa et les prunelles de Dana croisèrent celles de Miranda. Le médecin avait un léger sourire aux lèvres tandis qu’elle appliquait un nouveau pansement sur le front de sa patiente. L’odeur du kolto synthétique retourna l’estomac de la brune. Elle détestait cette molécule de synthèse dont les effets efficaces se payaient au prix fort. Elle serra les dents quand le faux kolto commença à interagir avec ses chairs à vif.

- Vous faîtes partie des rares personnes qui supportent pas le kolto synthétique ? Enfin rare, le pourcentage ne cesse d’augmenter. C’est quand on s’en administre trop, on finit par devenir intolérant, expliqua-t-elle après avoir remarqué la grimace d’inconfort de la blessée.
- J’ai surtout fait partie des personnes qui ont testé cette merde quand elle était pas au point.
- Et bien félicitations, vous avez grandement contribué à l’avance médicale de l’Empire.
- J’aurais préféré que ça se fasse sans moi honnêtement.
- Mh, mh, concéda Miranda en prenant place de l’autre côté du bureau, attrapant son datapad professionnel. Votre dossier médical est impressionnant. Je n’ai plus de box pour votre convalescence.
- Quelle convalescence ?
- Le capitaine vous a ordonné du repos.
- Ah ça. J’ai une gueule à avoir besoin de me reposer ?

Rascal quitta des yeux l’écran de son bloc de données pour examiner son interlocutrice. Cernes violacées, teint pâle, cheveux défaits, combinaison froissée et tâchée de sang.

- Au hasard comme ça, je dirais que oui. Mais bon, quand le commandant ordonne, on obéit. D’autant plus quand c’est un Sith.
- Vous allez pas vous y mettre aussi. Bien, je vais me reposer dans ma cabine, ponctua l’Inquisitrice en quittant son siège.
- Bonne idée. Et pas de détour hein.







Les yeux impatients de Shar se posèrent sur la rubalise rougeâtre qui condamnait l’entrée de sa cabine. Sur les portes, un hologramme indiquait que c’était désormais une zone sécurisée et interdite d’accès. Il était bien temps d’enquêter et de fouiller les lieux. Elle passa outre les signalisations et plaqua sa main contre le panneau de contrôle pour en activer l’ouverture, son empreinte palmaire servait en général à déverrouiller ses quartiers. Une alarme bipa trois fois et l’accès fut refusé.

- Quelle connerie, soupira-t-elle en reculant.
- Une autre cabine vous a été affectée. Individuelle. Vos affaires y ont déjà été portées, intervint une voix familière dans son dos.

Arboghast se tenait droit comme un i dans la coursive, sa figure blafarde paraissait immuable sous les puissants néons de la frégate. Il avait les cheveux parfaitement coiffés et gominés pour dompter ses mèches brunes habituellement portées librement sur son grand front pâle.

- J’peux avoir le numéro et un plan aussi ou c’est trop vous demandez ? lâcha-t-elle en se retournant pour lui faire face, agacée.
- Comme vous voyez, j’ai décidé qu’il faudrait vous traiter à votre juste valeur.
- Epargnez-moi ça.
- Pont supérieur, quartier des officiers, cabine 1226, dit-il froidement. Je vous conseille de prendre une douche, et de vous vêtir d’un uniforme en règle avant de me rejoindre au pont inférieur numéro 4, dans les prisons du Melantha.
- Vous rejoindre ? J’interroge Mallory seule, fit-elle, un peu bravache, relevant son minois, prête à le mettre au défi.
- Pas tant que vous êtes l’enseigne Hickpens. Il faudra composer avec moi, c’est un également un ordre de votre maître.
- Ca suffit de parler d’elle, ou de l’invoquer comme si c’était un fouet dont je craignais le claquement, ok ? Finalement, c’est parfait que vous soyez-là. Vous apprendrez sans doute comment on obtient des vraies réponses. Ca n’avait pas très bien marché avec…Peet.

D’un pas martial, il avala la distance qui les séparait et darda ses prunelles glaciales dans le regard étincelant de la Sith. C’était la glace contre le feu et Dana n’était pas prête à laisser les soleils de Ch’Hodos s’éteindre.

- Je vous en prie, impressionnez-moi. Mais vu votre dernière démonstration de force, j’ai peu d’attentes.

Le poing de Dana agrippa soudainement le col de l’uniforme impeccable du Major. En un tour de bras, aidé par la surprise qu’avait provoqué cet élan de violence, elle l’avait poussé contre les portes de la cabine condamnée. Une nouvelle fois l’alarme bipa et refusa l’accès. Le dos de Valor avait percuté les parois avec brutalité et Dana contractait muscles et mâchoire, comme si elle avait voulu l’encastrer dans l’acier mais elle ne possédait pas cette force.

- Ca vous suffit, comme démonstration de force ou j’ai besoin de vous faire tomber quelques dents ?
- Reprenez-vous, Inquisitrice Shar, souffla-t-il en lui indiquant le couloir d’un geste du menton. Pour le moment, aucun témoin à l’horizon. Pensez à votre mission. Pensez à l’avenir du capitaine Hope.
- La seule chose à laquelle je pense, c’est de vous voir disparaître.

Il attrapa le poignet qui retenait son col et inversa les rôles d’une clef de bras agile. Dana se retrouva plaquée brutalement contre les portes, face la première. L’alarme grinça à ses oreilles.

- Faîtes attention à ce que vous souhaitez, Dana, articula-t-il froidement dans sa nuque avant de la relâcher.

Des bruits de pas résonnèrent dans la longue galerie des cabines, marquant l’arrêt de l’incident. Le Major réserva un dernier regard glacial pour la Sith et s’éloigna pour quitter les lieux au moment où un petit groupe de soldats revenait des douches communes.






Pont supérieur, quartier des officiers, cabine 1226. Dana plaquait pour la troisième fois sa main contre le panneau de commande de l’écoutille. L’ouverture ne s’actionnait pas. Avec la fatigue, le stress, la colère dirigée contre Arboghast, elle perdit patience et se mit à frapper l’écran tactile, furieuse.

- Tu vas t’ouvrir saloperie de merde ! s’exclama-t-elle, à bout de nerf.

Les portes de la cabine voisine s’ouvrirent sur le minois surpris de Narih, qui avait quitté sa veste d’uniforme et s’était apprêtée à prendre un peu de repos après le débriefing et avant de reprendre les rennes des opérations.

- Euh , Enseigne Hickpens ?
- Quoi encore ?! grogna-t-elle.
- Ben, qu’est-ce que vous faîtes-là ? Ce sont les quartiers des officiers.

Dana n’était pas prête pour une nouvelle confrontation.

- J’essaie de rentrer dans la cabine qu’on m’a attribué, ça se voit pas ?
- On ?
- Le Major Arboghast, parce qu’il a condamné la mienne, en fait.
- Ah vui. C’est temporaire, je présume, parce que vous êtes une enseigne et..
- Ouvre putain de connerie, la coupa Dana en frappant encore sur le panneau.
- Doucement ! s’étonna la lieutenante en s’approchant. Vous abîmez le matériel, c’est une frégate neuve.

Emia s’intéressa aux commandes de l’écoutille et effectua une courte manipulation. Au-dessus des portes, le voyant passer du rouge au vert.

- Essayez, maintenant. Sans vous énerver si possible.
- Ha-ha, ironisa Dana en posant sa paume sur l’écran et, miracle, l’ouverture s’enclencha.
- C’est votre première affectation ? interrogea subitement la cheffe des opérations. Si Dana avait espéré fuir le monde dans ce nouveau sanctuaire, c’était un échec total. Les yeux sombres de Narih la dardaient avec suspicion.
- Pourquoi ?
- Ben, vous semblez pas vraiment familière avec le matériel. Pas familière avec une frégate tout court, et pas familière avec des ordres surtout.
- Oui, ok, céda-t-elle par lassitude profonde, c’est ma première affectation.
- Ah ben voilà. Et puisque nous sommes voisines, je vous rappellerai qu’il y a un couvre-feu en vigueur dans les quartiers, puisque vous n’êtes pas familière avec tout ça. Ca veut dire qu’à partir d’une certaine heure c’est extinction des feux et plus aucun bruit. Mais je vous laisse éplucher le règlement intérieur. Il y en a une copie dans tous les terminaux holographiques des cabines. Et le fait d’être voisines ne vous donne absolument pas le droit d’être trop familière avec moi, je reste votre supérieure.
- Il faut savoir, vous voulez que je sois familière ou pas familière, grinça Shar.
- Ca dépend avec quoi, et avec qui, répliqua Narih, sans se laisser démonter. Par exemple, avec le capitaine, je vous trouve un peu familière et ce n’est pas acceptable. En dépit de votre…passé commun, il est maintenant votre commandant.
- Je crois que j’ai pas besoin de lui lécher les bottes, cela dit. Vous le faîtes tellement bien que c’est pas la peine de passer derrière.
- Tututut, Qu’est-ce que j’ai dit sur la familiarité ? reprit Narih avec une patience à toute épreuve.

L’Inquisitrice serra discrètement le poing, pour encaisser en silence, l’air à la fois candide et sévère de la lieutenante. Cette dernière avait une figure presque parfaitement. Pas de cicatrice, pas de marque de fatigue. Ses yeux avaient la couleur des ténèbres et pourtant, ils pétillaient comme un océan d’étoiles. Et son petit nez retroussé se fronçait davantage quand elle était contrariée, ce qui soulignait son charme. Une pointe de jalousie se planta dans les tripes de Dana, rejoignant les piques de la colère, de l’épuisement, de l’incertitude.

- J’ai besoin de me reposer, lieutenant.
- C’est ce qu’à effectivement ordonné le capitaine. Je pense que ça ne sera pas un ordre insurmontable, n’est-ce pas ?

Elle ne répondit rien et disparut en coup de vent dans sa nouvelle cabine.








Il y avait le luxe d’une douche privative, comme dans tous les quartiers des officiers. Sitôt repérée, Dana se jeta dedans, retirant à la hâte sa combinaison. Elle se rendit compte qu’elle avait oublié son soutien-gorge noir à l’infirmerie de bord du pont numéro 5. Quelle conne. Ils devenaient imprudents, baissaient leurs gardes et semaient des erreurs qui, mises bout à bout, pourraient un jour coûter cher. Ce ne fut qu’en croisant son reflet dans la glace embuée, après une douche méritée, que Dana constata que l’eau avait lavé les marques superflues de son attachement au capitaine. La sueur, les fluides échangés, mais son empreinte demeurait. Les lèvres et les mains avides du hapien avaient traversé son derme et leurs caresses s’étaient figées dans sa chair. Aucune eau, aucun bain, ne pourraient effacer ça. Un nouvel uniforme l’attendait sur le lit, avec le retour de sa veste d’enseigne sur laquelle le nom de Hickpens était brodé avec un soin martial. Elle attacha ses cheveux courts en une couette lâche. Ses yeux vagabondèrent sur l’écran en veille de son datapad. Elle se résigna à passer cet appel.


- Mallory est en attente d’être remise à l’Inquisition, je vais l’interroger en attendant.
- Essaie d’en tirer le plus possible, cette fois, déclama Runà dont l’holographie parasitée flottait au-dessus du communicateur de la cabine. Les salutations d’usages passées, elles étaient rentrées dans le vif du sujet.
- Je comptais en tirer le maximum.
- Bien. Oh, je viens de recevoir une notification du collège de la Pureté, ils acceptent d’examiner le cas de ton union avec Akusha, mais ce n’est pas une urgence, comme tu t’en doutes la guerre civile sert d’autres priorités au Clergé qu’un conflit de ménage.
- Sans blague, souffla Dana en allumant une cigarra. Elle ne portait qu’un t-shirt et était confortablement installée sur le lit en face de la console de communication, les deux pieds croisés sur cette dernière. Vous m’avez poussé dans le dos pour ce putain de mariage, vous allez régler ça.
- Change de ton, Dana. Ce mariage t’a ouvert et t’ouvre toujours les portes de Ch’Hodos, je n’ai fait que t’offrir ce que tu réclamais. Du pouvoir. Quant au plaisir, tu le prends visiblement ailleurs. Les rumeurs courent depuis Galidraan. Et elles me lassent.
- Je fais de mon mieux à ce propos, répondit l'humaine, évasive.
- Et bien, ce n’est pas assez, trancha la Miraluka. Mais la subtilité n’a jamais été ton fort. Tu te fiches éperdument des menaces, des risques, des conséquences vers lesquelles tes erreurs te précipitent. Mais, je te laisse expérimenter la chute que tu convoites tant. Et Hope te poussera bien assez vite dans le vide. J’espère que d’ici là, tu auras appris à voler. Envoie-moi ton rapport concernant Mallory le plus vite possible que nous puissions l’analyser et recouper les informations.
- Bien, Maître.
- Et mange un peu plus, j’ai l’impression que tu as perdu du poids, ça creuse tes joues et t’enlaidit.

La communication s’arrêta sur cette ultime et froide recommandation.




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Foutue Inquisitrice


En route pour cuisiner Mallory.
Tu savais que la docteure de l’infirmerie du pt 5 et le pilote avec qui je suis montée sont genre mariés ? C’est autorisé ça sur ta frégate ? Tu crois qu’ils partagent la même cabine ? Vu l’enfoiré de sa race qu’est Arboghast, il a clairement dû les mettre à l’opposé l’un de l’autre, ce crevard de merde. Il m’a affectée une cabine au pont supérieur, quartier des officiers. J’te dirai pas laquelle, mais j’ai ton petit toutou de garde comme voisine.

Par contre, tu sais me faire un résumé du règlement intérieur ? C’est à quelle heure le couvre-feu dans les quartiers ?






CSS par Gaelle






Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


Ce ne serait pas une si mauvaise nouvelle que tu échoues…





Quand Lloyd se laissa choir à son bureau, la journée était déjà bien avancée selon le standard impérial. Sur Melantha, comme sur les autres navires de la Marine, l’équipe de commandement se couchait et se levait aux heures de l’Etat-Major, sur Dromund Kaas, afin d’être toujours en phase avec le Haut Commandement. Le reste de l’équipage, lui, fonctionnait selon des cycles décalés, de façon à ce qu’il y ait toujours des équipes actives à la navigation, aux machines et à l’artillerie. Ce qui ressemblait le plus à la nuit se produisait donc lorsque les officiers supérieurs disparaissaient dans leurs quartiers, même s’ils pouvaient être éveillés à tout moment par les officiers de garde en cas de problème. Les enseignes étaient alors un peu plus détendues sur le pont de commandement, dont la plateforme restait vide, comme si Melantha elle-même s’apparentait à un vaisseau fantôme pendant quelques heures, dérivant doucement entre les débris sombres qui voguaient dans l’espace. Mais depuis ce pont, ce soir-là, on voyait encore la lumière provenant du petit hublot qui donnait sur le bureau du commandant. On ne serait vraiment détendu que lorsqu’elle serait éteinte.

En l’occurrence, Lloyd arrangeait à la hâte ses cheveux et passait ses mains sur ses yeux fatigués avant d’allumer l’holocommunicateur. L’appareil circulaire posé sur son bureau gazouilla quelques instants, avant que n’apparût le visage régulier d’une jeune togruta.

- Bonjour. Ceci est le numéro privé du Castellan Noir.

La jeune femme avait un léger accent de la bordure extérieure, qui n’était pas tout à fait sans rappeler les habitants de Jabiim – l’élégance en plus. Lloyd fronça les sourcils.

- Je sais bien, grogna-t-il. Je cherche à le joindre depuis plusieurs heures. Lloyd Hope, ça vous dit quelque chose ?
- Ah, Lloyd... Hope ? Le Seigneur Laduim était en réunion, je vais voir s’il peut recevoir votre appel.

La togruta disparut de l’hologramme et le hapien secoua négativement la tête, étonné. Mais enfin, subitement, il y eut de nouvelles tonalités et la silhouette large de Darth Laduim se matérialisa devant lui. Comme par automatisme, Lloyd se redressa sur son siège.

- Maître.
- Ah, Lloyd, fit le twi’lek avec une surprise feinte. Melantha a survécu à l’attaque, à ce que je vois.
- Vous êtes déjà au courant.
- Bien sûr. Tu oublies que je suis à la tête de l’Etat Major à qui tu rends compte. Dès qu’un vaisseau impérial est attaqué, n’importe où dans cette galaxie, j’en suis informé.
- Mmh, grogna le hapien pour tout assentiment. Bon ben, je n’ai pas besoin de vous annoncer notre victoire, je suppose.
- En effet. Plutôt un bon point, je dois dire, cela me rassure quelque peu, les premiers rapports assemblés au sujet de Melantha n’ont pas été… Convaincants.

Le hapien s’humecta les lèvres.

- Je sais. Je n’avais pas l’intention de me pavaner en vous appelant. C’était qui ?
- A toi de me le dire. Des renégats ?
- Les opposants, oui. Une frégate lourde isolée, un peu étonnant ; elle devait être soit là par hasard, en reconnaissance, soit c’était une embuscade. L’Inquisition va se charger d’interroger une renégate infiltrée, nous en saurons peut-être un peu plus. Mais je voulais dire, c’était qui, cette femme ?
- Tu parles de Nashri, qui t’a répondu ?

Les lèvres du twi’lek s’élargirent en un sourire étrange.

- Ma nouvelle assistante. Je la teste un peu dans différents rôles. Elle est sensible à la Force et a beaucoup d’ambition. Elle sera peut-être ma future apprentie.

Lloyd demeura interdit.

- Qu’est-ce que ça veut dire ?
- En dehors du fait que mon habituel toutou est devenu trop occupé pour accomplir les tâches ingrates et que je dois donc en adopter un autre, strictement rien.
- Ah.

Il y eut un silence qu’aucun des deux ne parût vouloir briser. Mais Darth Laduim avait les yeux dardés sur Lloyd, brillants comme s’il s’était attendu à percevoir quelque chose de satisfaisant, et le hapien parut un bref instant mal à l’aise.

- Bon, je n’ai pas d’autres informations à vous transmettre, se hâta-t-il, comme pour terminer la conversation, mais le twi’lek leva une main pour le faire patienter.
- Allons, tu oublies de me raconter comment tu as conduit cette bataille. La première bataille est importante, vois-tu. Elle révèle le style du commandant, marque le vaisseau de son cachet, annonce la trempe qu’elle aura lors des batailles à venir. Je veux savoir. Je veux que tu me l’expliques.

Lloyd soupira et un instant, il leva les yeux au ciel, comme pour demander grâce, ou y chercher l’inspiration. Mais bientôt il pinça les lèvres et joignit ses mains devant lui pour s’accouder au bureau.

- Vous allez être déçu. Il n’y a rien à en dire. Nous avons été attaqués à neuf heures quarante-sept heures standard impérial. Ils avaient visé de loin, ils avaient pris leur temps pour rendre nos boucliers latéraux défaillants et nous avons dû manœuvrer pour qu’ils ne puissent pas exploiter la faille qu’ils ont créé. Il y a encore beaucoup de réparations à faire à cet endroit, d’ailleurs. Ils étaient seuls. Nos canons n’étaient pas complètement chargés, ce qui nous a fait perdre du temps au départ. Nos chasseurs sont sortis dès qu’ils ont été à portée.
- Tu les as directement poursuivis ?
- Oui, il n’était pas question de fuir.

Et aussi, y’avait mon pilote et mon Inquisitrice en plein milieu de la bataille.

- Bien, bien…
- Nous avons concentré nos tirs sur eux. Leurs chasseurs ont été très vite dépassés par la situation. Ils ont essayé de manœuvrer pour fuir au bout de près d’une heure trente de bataille. Ils ont dévoilé leurs arrières à cause de ça. Nous en avons profité pour les abattre.
- Des survivants ?
- Aucun. Nos chasseurs ont patrouillé dans toute la zone, mais nous sommes trop loin de toute civilisation, il n’y a même pas eu de tentative d’évasion en capsules.

Darth Laduim parut un long moment pensif.

- Mmh, mmh. Intéressant. Il faut espérer que cela suffise.

Lloyd arqua un sourcil.

- Suffise à quoi ?
- A rattraper un duel humiliant contre Rishna, deux morts sur ta frégate, des notations pas vraiment exceptionnelles sur certaines performances et… Le rapport de l’Etat Major sur ton profil, qui ne leur est pas encore parvenu.
- J’ai passé mon entretien mais la période d’évaluation va encore durer une semaine ou deux, non ? Le Major Arboghast transfèrera tout ce qu’il faudra d’ici là, fit Lloyd, sur la défensive. Et je pensais que vous aviez le dernier mot sur ce genre de sujet de toute façon ?
- Bien sûr, bien sûr, fit Laduim, un peu trop détendu au goût du hapien, mais je prends mes décisions en leur faisant confiance. D’ici là, cesse de te promener en dehors du territoire impérial, c’est mal vu. Je te veux à proximité de Dromund Kaas d’ici quelques jours grand maximum. Si les évaluations sont positives, il te faudra organiser très vite la cérémonie d’inauguration. Et si elles sont négatives… Nous aviserons, mais je préfère te savoir à proximité. Après tout, je ne suis pas sûr que Nashri soit vraiment à la hauteur des quelques tâches que j’aurais à faire faire ces prochaines semaines, ce ne serait pas une si mauvaise nouvelle que tu échoues…

Le hapien serra les poings sur son bureau mais ne dit rien. Redevenir le chien du Castellan, être de nouveau ce boucher solitaire serait une humiliation à laquelle il ne voulait pas faire face. Il refuserait, se promit-il, il irait récupérer Ch’Hodos, démontrer qu’il pouvait conduire des armées, bouter les renégats hors d’une planète, et l’Etat Major regretterait de n’avoir pas voulu de lui plus longtemps aux commandes de Melantha. Mais de ces projets nébuleux, proches du fantasme, il se garda bien de dire quoique ce fût.

- Je vais faire ainsi, finit-il par acquiescer, les mâchoires serrées.
- Bien, bien, roucoula le twi’lek. Alors longue vie à l’Empire, et longue vie à ses serviteurs.

La communication se coupa sur ces derniers mots. Serviteurs. Lloyd resta longuement assis, à toiser le hublot qui donnait sur le pont de commandement au-delà de son bureau. Quelques enseignes y déambulaient d’un pas tranquille.













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H.----------------



22h, plus de bruit jusqu’à 5h. Interdit de fumer dans les cabines. Interdit d’ouvrir le hublot pour aérer. Interdit d’inviter des pilotes dans sa cabine.

Je serais quand même gonflé d’appeler ma frégate selon une chanson d’amour et interdire à mes soldats de se marier ensuite… Par contre j’attribue pas les cabines personnellement (dommage, sinon tu serais pas là où tu es)

Narih et Arboghast sont de bons officiers. Les embête pas trop stp.

(C’était une blague pour le hublot y’a pas de risque qu’il s’ouvre, surtout si y’en a pas)

(Allumer des cigarras et des pilotes c’est vraiment interdit par contre)


Il avait reposé son datapad sur son torse, qu’un tshirt gris recouvrait tandis qu’étendu sur sa couchette, les yeux du hapien observaient le plafond de la cabine tandis que son oreiller s’était mouillé de ses cheveux encore humides d’une douche récente. Il régnait un calme presque absolu. On entendait vaguement un grondement lointain, celui du système de ventilation qui garantissait un air respirable pour le millier d’êtres vivants à bord, et Lloyd avait pris l’habitude de l’écouter à la place des moteurs du Sans Visage, mais il n’y trouvait guère le repos espéré. La journée avait été particulièrement mouvementée. Les autres officiers avaient dû tomber de sommeil, tandis que le hapien ressassait les mots de Laduim, entendait les communications de Graymes vers une Dana perdue dans un chasseur au milieu d’une bataille spatiale. Il revivait cette sensation de perte de contrôle, elle lui échappait, comme quand la situation lui avait échappé, quand on avait mis un canon dans la bouche, pour la deuxième fois, qu’elle avait failli avoir la cervelle étalé au sol et –

Le hapien se leva brusquement, rejetant draps et datapad. Il ne servait à rien de lutter contre ces nuits-là. Dans l’obscurité, il chercha à tâtons dans ses tiroirs. Ses mains passèrent brièvement sur les serpents emmêlés, mais finalement se refermèrent sur un autre objet qu’il alla fourrer dans sa veste avant de l’enfiler. Il attrapa un pantalon suspendu pour le mettre et chaussa ses bottes en titubant avant de se diriger vers la sortie. Il faillit oublier son datapad, mais revint sur ses pas pour le récupérer et l’emporter aussi dans le revers de son vêtement d’uniforme.

Quelques secondes plus tard, en passant devant la cabine 1225, le hapien s’arrêta un bref instant. Ses yeux allèrent brièvement à la porte de la 1224, puis de la 1226, indécis, mais finalement il passa son chemin d’un pas déterminé. Le sol en revêtement souple absorbait le bruit de ses pas dans ces coursives feutrées, et les néons bleus jetaient sur son visage voilé par la fatigue des lueurs blafardes.









BANG BANG BANG.

- Mum !

La baie d’atterrissage du pont inférieur n°3 était presque déserte. Un droïde lustrait avec application le sol brillant de Melantha, et le Sans Visage trônait au bout d’une longue rangée de chasseurs. Le transparacier du cockpit ne laissait entrevoir personne, et Lloyd devina que Mumkin devait être dans sa cabine. Il frappa de nouveau la passerelle fermée.

- MUM !

Silence. Lloyd lâchait un soupir quand il sentit une vibration dans sa veste se fit sentir. Il sortit l’appareil, persuadé que ce serait Dana, mais non.





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Crétin de pilote




Le vaisso et fermé o visiteurs. Veuyé revenir unilatéraleman.







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Le patron------------



Ultérieurement. Ouvre, stp. C’est bien que tu laisses pas entrer n’importe qui mais moi c’est mon vaisseau quand même.





Le hapien resta planté devant la passerelle en attendant une réponse, mais rien ne vînt. Il jetait des regards autour de lui. Au loin, un groupe de soldats en patrouille lança des œillades discrètes vers lui, puis poursuivirent leur chemin d’un pas rigide. Lloyd soupira.

Enfin, au bout d’un moment, le grincement de la passerelle se fit entendre comme elle se déverrouillait. Le pan de métal coulissa lentement, laissant peu à peu apparaître le visage de Mumkin. Il avait des petits yeux.

- J’t’ai réveillé ?
- Nan, nan, j’dormais pas, grommela le dévaronien. Par contre j’suis occupé, là, t’as besoin de quelque chose ?

La passerelle toucha le sol avec un Clong inélégant et le hapien grimpa dessus sans quitter Mumkin du regard.

- T’es occupé à quoi ?
- C’est privé.
- Tes crèmes ?
- Nan, nan, mes crèmes j’ai du stock. T’avises pas de m’en prendre, c’est payant, je paye mes ingrédients figure-toi, c’est pas parce que je les prépare à bord qu’tu peux venir consommer quand tu veux.

Lloyd émit un grognement en passant devant Mumkin, qui réactivait déjà la fermeture de la passerelle.

- Mouais. T’inquiète, j’ai pas besoin de toi. Retourne à tes affaires, je me débrouille.
- Tant mieux.

Le dévaronien retourna à pas traînants vers sa cabine, laissant Lloyd au milieu de la coursive. L’écoutille du petit espace du pilote se verrouilla avec un coulissement sec et le corridor fut plongé dans la pénombre. La seule luminosité provenait du cockpit à l’écoutille restait ouverte, d’où filtrait la lumière agressive de la baie.

- Tu vas faire la gueule comme ça encore longtemps ?! interrogea Lloyd en fixant l’écoutille, mais le Sans Visage resta parfaitement silencieux.

Il soupira avant de s’enfoncer dans la petite navette. Il se laissa bientôt glisser dans l’ouverture qui descendait à la soute et alluma les néons. Les deux congélateurs émettaient leur léger bourdonnement, et une odeur parfumée, sucrée, se mélangeait à celle des hydrocarbures en un mélange perturbant. Lloyd se hâta de récupérer quelques outils dans une caisse, d’en fouiller une autre à la recherche de quelque chose qui pourrait faire l’affaire. Il remonta ensuite vers la coquerie et s’installa sur la table – enfin, toujours cette caisse qui faisait office de table. Un autre néon éclairait cette partie, jetait une lumière glaciale sur la photo d’un couple heureux et sur les doigts pâles du hapien qui s’activaient sous ses yeux concentrés.

Les minutes et les heures s’égrenèrent. Lloyd finit par laisser reposer sa tête entre ses bras, au milieu des outils après quelques échecs qui lui avaient causé quelques brûlures au bout des doigts.













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Je dors mal sans toi.








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La Rage de Melantha

King. Vox. Prax






Mallory était recroquevillée au fond d’une cellule. Elle avait refusé de boire ou de s’alimenter durant les heures de captivité. C’était à peine si elle parvenait à fermer l’œil. Elle commençait à avoir la frousse. La peur de subir le même sort que Pyke lui étreignit le cœur, mais elle se raccrochait à l’espoir que, peut-être, le commandant avait entendu quelque chose à ses piètres justifications. Au mieux, elle pouvait espérer rejoindre les terribles geôles de l’Inquisition. Les renégats lui avaient promis de retrouver son époux. Ils n’avaient pas menti. Puisqu’elle avait échoué et avait été capturé, elle le rejoindrait là où aucun soleil ne brillait.

Elle releva sa figure cernée vers les silhouettes qui étaient apparue derrière les barreaux à énergie. Dana toisait la prisonnière avec un air rigide et pincé. Les cheveux blonds de Rose-Ann étaient gras et défaits. Ils filaient par paquet hors de ses tresses habituellement impeccables. Aux côtés de l’Inquisitrice, Arboghast se tenait droit, aussi sombre qu’un corbeau annonçant un mauvais augure. La froideur qui émanait de lui indiquait un danger. La traitresse fit de son mieux pour conserver une figure digne, blême d’inquiétude, mais digne. Un grésillement précéda la désactivation des grilles et d’un même pas les bourreaux entrèrent dans la pièce minuscule. Leurs ombres recouvrirent la silhouette prostrée de la prisonnière.

- J’parlerai qu’à Hickpens, renifla-t-elle entre ses dents.
- La ferme, annonça Dana. Tu t’es cru dans un hôtel cinq étoiles ?
- Montrez-vous coopérative, Mallory et nous verrons, déclara posément Valor.

Mallory sembla reconsidérer les choses et un long silence s’installa. Sa lèvre inférieure trembla.

- Je vous dirai tout, ok. Mais je veux quelque chose d’abord. Pas besoin de vous vider l’énergie à me torturer, j’veux juste savoir quelque chose et je dirai tout.
- Bien, alors…débuta l’officier mais le rire de Shar l’interrompit en plein élan.

La Sith était secouée d’une hilarité soudaine qui s’arrêta aussi net qu’elle avait commencé.

- Vous croyez qu’on me l’a jamais faite ? Oh faîtes-moi une faveur et je vous dirai tout. Puis on fait la faveur et après, le prisonnier ne dit plus rien, on le torture, il crève en paix parce qu’il aura eu ce qu’il voulait. Mais ça marche pas comme ça. Tu veux rien Mallory, t’existe déjà plus. En revanche, moi, je veux des réponses.
- Inquisitrice Shar….
- Laissez-moi faire mon métier, Arboghast, trancha-t-elle sèchement.

Il pinça ses lippes fines, mais ne rétorqua rien d’autre qu’un silence glacial.

- Bien, fit Dana, satisfaite avant d’avancer d’un pas déterminé. Elle attrapa Rose-Ann par le bras et d’une poigne ferme la contraignit à se relever pour la plaquer contre le mur. La seconde suivante, c’étaient ses lèvres maquillées qui se plaquaient à l’oreille de la captive pour y faire tomber quelques mots, murmurés si bas que le Major ne les entendit pas. Il vit simplement la renégate blêmir davantage ; elle en devenait presque transparente. L’Inquisitrice s’éloigna, attrapa une cigarra dans sa poche et la coinçant dans sa bouche.

Mallory leva ses prunelles terrifiées vers le militaire et se dépêcha de se réfugier dans un coin de la cellule, mettant le plus de distance entre elle et lui.

- J’ai….je m’appelle pas Mallory. Enfin si, mais c’est mon nom de jeune fille, expliqua-t-elle la voix blanche, les mains tremblantes. Une sueur désagréable avait envahi sa nuque, son front. J’suis mariée au Capitaine Avon King. Enfin, ex-capitaine. L’Inquisition l’a arrêté…

Le cœur de Dana loupa un battement. La cigarette lui échappa des lèvres sous la stupeur.




































Avon King.





































King. Vox. Prax. Le regard brûlant de Luis Raidun. Le rictus polaire de Stanislas Brilak.




































Artorias.


























- …Ils m’ont promis de le libérer une fois qu’ils gagneraient, c’est POUR CA que j’ai accepté, je…c’est Pyke QUI A TOUT DECIDE, les morts et tout, j’étais pas OK !
- TU MENS ! hurla-t-elle sous le regard surpris d’Arboghast. T’étais prête à TOUT pour revoir ton putain de mari ! ARRETE DE MENTIR !

Dana Shar s’était mise à paniquer. Elle avait l’impression qu’Artorias la rattrapait, le sang des enfants qu’elle avait eu sur les mains, les marques de Raidun qu’elle avait eues dans et sur le corps. Elle passa deux mains nerveuses dans ses cheveux sombres, résistant à l’envie de céder à l’anxiété. Ce fut pire. À tout moment, s’imagina-t-elle, King aurait pu avoir eu vent des exécutions, que c’était une certaine Inquisitrice qui avait appuyé sur la gâchette. Il aurait pu se confier à sa pétasse de Rose-Ann. Tout le monde saurait qu’elle avait exécuté des impériaux loyaux, des gamins, qu’elle avait été jusque-là. Elle fit quelques pas désorientés.

- Inquisitrice Shar…vous..

Dès que la voix de Valor résonna, ce fut comme un signal déclencheur. Elle se précipita sur lui, arracha le blaster qu’il portait à sa ceinture avant de se hâter vers Mallory.

- Non, non, non, non, supplia la prisonnière.
- DANA NON ! s’écria Arboghast.

La détonation sourde fusa dans l’air. Ce fut un tir à bout touchant. La chair grillée par le plasma de Rose-Ann gicla finement sur Dana. Le corps de la dissidente s’effondra au sol. Sa bouche était entrouverte de stupeur et ses yeux suppliant encore ouverts. Arboghast s’élança pour confisquer brutalement l’arme des mains de Dana et l’attraper par les épaules pour qu’elle lui fasse face. Elle tremblait, il le sentait entre ses paumes fermes. La pâleur de son visage, ses prunelles dans le vague. Il reconnut immédiatement les symptômes d’un état de choc.

- Dana, qu’est-ce que vous avez fait ?!
- Je sais pas, je sais pas, je sais pas….souffla-t-elle. C’était pas moi, c’était LA MISSION qui voulait ça ! Je les ai pas tués !
- Mais de quoi vous parlez ? haussa-t-il le ton. Mallory est morte !
- Je sais pas…répéta-t-elle.

Arboghast grimaça. Il garda une poigne contre l’épaule de Dana et d’une main libre activa son comlink.

- Ici le Major Arboghast, j’ai besoin d’une équipe médico-légal dans les prisons du pont inférieur numéro 4.
- Bien reçu Major, grésilla une voix professionnelle.
- Bien. (Il coupa la liaison et observa de nouveau l’humaine) Vous allez regagner votre cabine, vous lavez, et nous allons convenir d’un briefing avec le capitaine. Il va falloir nous expliquer pourquoi. Dana, vous m’entendez ?
- Oui, oui…articula-t-elle depuis un autre monde. Oui.


























































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Foutue Inquisitrice


C’est parce que t’as une face de Mynock.
Mais embrasse-moi quand même..



La passerelle du Sans-Visage avait grincé pour la deuxième fois de la soirée sur un Mumkin bougon. Il avisa une Dana pâle, tâchée de sang. Vision un peu trop banale au goût du dévaronien. Il fut tenté de lui demander si elle allait bien, si elle avait besoin d’aide, mais il se doutait de la raison de sa présence ici. Elle irait dans la cabine du capitaine. Le grand blond hapien en uniforme qui était son genre qui l'attendait sûrement là. Ils pourraient trouver un autre endroit que le Sans-Visage pour leurs petits rendez-vous secrets, mais non il fallait toujours faire ça à la barbe et au nez du trop gentil Mumkin, pestait-il. Gangréné par ses pensées acides, il se détourna et elle était encore trop choquée pour se préoccuper de l’attitude du pilote.





La douche coulait dans la cabine du capitaine. L’eau chaude rinçait une Inquisitrice roulée en boule et tout habillée. Cela ne faisait qu’étaler le sang sur son uniforme et l’eau rosée s’évacuait lentement. Elle se remémorait la douche qu’elle avait prise dans la cabine adjacente, après Artorias, après avoir tué Luis Raidun. Posé sur le bord de l’évier son datapad avait vibré plusieurs fois. Elle sentait bien que Darth Runà tentait de la joindre, sans nouvelle de son rapport concernant Mallory. Que lui dirait-elle ? Qu’elle avait encore échoué. Qu’elle avait vrillé, complètement. Elle réfugia son minois contre ses genoux ramenés sous son menton. Qu’est-ce qui n’allait pas chez elle ?

A côté de son datapad, toujours sur l’évier, une plaquette des médicaments – plutôt de la drogue, prescrits par le docteur Vega.










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Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


Il avisa silencieusement les volutes pourpres qui se mélangeaient à l’eau, puis les affaires de Dana laissées au bord de l’évier.





Le hapien s’éveilla en sursaut. Il s’était endormi entre ses bras pliés, face contre la table, et une douleur lancinante parcourut sa nuque et son crâne comme la position n’avait pas été très appréciée de son corps pour cet instant de repos. Il cligna des yeux sous les néons blancs pour s’habituer à la luminosité, les autres sens aux aguets. Il avait du bruit dans la coursive, le son de la passerelle que l’on refermait. Le pas traînant de Mumkin qui retournait dans sa cabine. L’évier de la cuisine se mit à glouglouter comme de l’eau était tirée du système hydraulique du Sans Visage – un bruit qui prouvait encore une fois l’ancienneté du vaisseau.

Lloyd fronça les sourcils et s’apprêta à se lever mais ses yeux tombèrent sur son datapad, où une notification l’informait que Dana avait répondu. Il s’empara du bloc de données en se levant.










Sur la petite boule de Sith toute vêtue, l’eau cessa subitement de couler. Le hapien se tenait debout dans l’ouverture de la cabine et venait d’éteindre l’eau. Il avait retiré ses bottes et sa veste, comme s’il avait toujours continué à vivre là, dans ce petit compartiment du Sans Visage. Son air soucieux s’était posé sur la chevelure sombre de l’Inquisitrice, dont le visage disparaissait contre ses genoux repliés contre elle. Il avisa silencieusement les volutes pourpres qui se mélangeaient à l’eau, puis les affaires de Dana laissées au bord de l’évier, avant de la regarder de nouveau.

- Dana.

Lloyd s’accroupit subitement. Avec des gestes rapides, il chercha à ouvrir la veste de l’Inquisitrice. Les boutons sautèrent, dévoilant le buste de Dana, mais il n’y avait aucune blessure. Il palpa rapidement ses bras, ses jambes, passa une main dans son cou tandis qu’il relevait le minois de l’Inquisitrice vers lui. Mais à part l’affliction qui assénait l’étendue dorée, il ne découvrit aucune blessure. Ce sang n’était pas le sien, réalisa-t-il. Il laissa échapper un soupir de soulagement avant de se laisser choir à côté d’elle. L’eau humidifia ses vêtements, mais il n’en avait cure. Il passa un bras autour des épaules de l’Inquisitrice pour la ramener contre lui.
Ils se retrouvèrent là, l’un à côté de l’autre, dans un silence seulement troublé par les quelques gouttes qui s’échappaient encore de la douche et s’écrasaient parfois sur leurs cheveux, leurs vêtements. Le hapien écarta des mèches du front de Dana pour libérer son visage humide. Il descendit ensuite sa main pour caresser brièvement la cicatrice qui ornait la lèvre de l’Inquisitrice.

- J’suis venu t’embrasser, murmura-t-il avant de déposer un baiser silencieux contre le cuir de chevelu de l’Inquisitrice. Et te dire de m’allumer.

Lloyd voyait le sang sur les mains de Dana. Il connaissait cette sensation de l’après-meurtre, cet état de choc, cette conscience accrue de sa propre mortalité. Il aurait voulu pouvoir formuler quelque chose à ce sujet, mais il lui semblait que c’était un langage de la mort, un langage que les vivants ne devaient pas parler s’ils voulaient réussir à respirer encore, à ne pas basculer dans le néant. Il prit une inspiration pour parler mais subitement, on entendit vibrer un datapad. Le hapien referma la bouche en fronçant les sourcils et dut bouger pour extirper son datapad de la poche arrière de son pantalon. L’appareil avait l’écran un peu mouillé et il l’essuya à la hâte. Il parcourut les quelques lignes qui s’affichèrent à l’écran, avant de rejeter le bloc de données en dehors de la douche. Il soupira.

- Arboghast vient de m’annoncer la mort de Mallory, souffla-t-il.

Il y eut un nouveau silence. Lloyd pencha la tête pour essayer de voir le visage de Dana. Ses yeux émeraudes s’étaient faits curieux, une étincelle alarmée allumant son regard tandis qu’il cherchait des réponses.

- C’est qu’une renégate de moins, tenta-t-il maladroitement. Tu as sûrement fait ce qu’il fallait, ma petite louve.

Il resserra un instant son étreinte avant de hausser les épaules.

- Après tout, tu es peut-être pas l'amante d'un boucher pour rien, mmh ?

Son léger sourire triste avait transparu dans sa voix. Le hapien se pencha un peu plus pour aller déposer un baiser sur la joue de l'Inquisitrice, qu'une goutte de sang rougissait près d'une marque un peu sombre. Du bout de sa langue, il sentit le goût du métal, entreprit de l'absorber pour en libérer l'Inquisitrice.

Il ne savait que faire de plus. Alors il léchait ses plaies, patiemment, avec application. Une autre goutte sur la pommette, une autre sur la tempe. Tout disparaîtrait, goutte après goutte, alors qu'il appliquait ses lèvres avec tendresse.



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Darth Hope
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La Rage de Melantha

Il était normal qu’un monstre en attire un autre.





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Dana tremblait toujours. Elle n’aurait su dire si c’était encore le choc ou l’eau qui refroidissait sur son derme, dans ses cheveux, sur ses habits sombres. Elle entendait les mots de Lloyd. Elle sentait ses lèvres balayés l’horreur imprégnée sur son visage. Elle ferma les yeux pour se concentrer sur la présence du hapien, sur sa tendresse réconfortante bien qu’elle s’interrogeait avec angoisse. Une tueuse d’enfants avait-elle droit à ce genre d’affection ? Elle avait tué des gamins de sang-froid et elle avait laissé mourir ses propres bébés. Sur l’instant, ça lui paraissait grave. Elle crut être avalée par l’affliction, qu’un gouffre venait de s’ouvrir sous ses pieds et qu’elle y était aspirée. Alors, elle s’accrocha au loup de Melantha. Elle glissa entre ses jambes pour reformer une boule contre lui, l’entourant de ses bras fins. Elle l’invitait en silence à rabattre sur elle son visage si parfait, ses bras possessifs, ses jambes protectrices. Elle le priait, sans un mot, à la recouvrir de sa chevelure blonde, de la couver de ses yeux émeraudes. Elle souhaitait qu’il construise autour d’elle une cage d’où elle ne pourrait plus sortir pour aller tuer des enfants. Une cage dans laquelle aucun Luis Raidun ne pourrait l’atteindre. Et elle plaqua sa joue contre le torse du Sith, laissant voguer ses prunelles dorées dans le vide. Elle humait son parfum familier. Vous êtes un peu trop familière avec le capitaine et ce n’est pas acceptable.

- Mallory savait, souffla-t-elle, elle savait.

Savoir quoi ? Elle n’en était pas sûre. Dans son esprit congestionné par l’anxiété, tout se mêlait. Mallory savait tant de choses ; elle savait peut-être même qu’elle était l’amante du boucher. C’était absurde, mais qu’est-ce qui ne l’était pas avec Dana Shar ? En attendant, elle se raccrocha au souvenir des paroles de Lloyd. Il ne l’avait pas engueulé parce qu’elle avait l’erreur grossière d’abattre Mallory. Il avait répondu au code.

- J’veux t’allumer encore Lloyd, j’veux t’’allumer jusqu’à ce que tu sois réduit en cendres, murmura-t-elle en se pressant davantage contre lui, comme si elle avait pu l’immoler au creux de ses bras féminins. Je t’aiderais à bien dormir, promit-elle ensuite, sur le même ton bas.

Elle n’avait pas d’autres foyers que Lloyd Hope, pas d’autres tanières, pas d’autres étendues dans lesquelles s’étendre avec un sentiment de sécurité parfait. Elle n’avait pas d’autre instinct animal qu’avec lui, pas d’autres hommes avec qui être compatibles, pas d’autres mâles qui méritaient d’être le père de ses petites filles, pas d’autres capitaines auxquels obéir, pas d’autres amants qui valaient le coup de se damner entièrement. Elle se rappelait maintenant. Elle avait préféré exécuter des enfants pour lui offrir un peu de sursis, dans l’espoir vain que Raidun et Brilak détournent leur attention meurtrière de Vance Hickpens, pour leur prouver qu’elle était digne de confiance, assez digne pour s’occuper elle-même de Vance. Elle ne se serait pas arrêtée tant qu’elle n’aurait pas eu la certitude qu’il y aurait une échappatoire pour Lloyd.

- Melantha c’est une chanson d’amour, hein ? fit-elle après, s’ébrouant doucement pour s’agenouiller face à lui, toujours entre ses jambes à l’uniforme humide, toujours entre ses bras et leurs visages étaient si proches que les soleils de Ch’Hodos réchauffaient l’émeraude froide. C’étaient comme deux objets qui gravitaient, qui s’attiraient dans une trajectoire fatale, inévitable et qui se percuteraient. Vole aux vents chant d’amour et de guerre. Vers celui qui un jour s’en alla. Vers celui qui garde nos frontières. Porte-lui l’amour de Melantha.

Elle avait chanté en reposant sa figure pâle contre l’épaule de son officier impérial et fredonnait la mélodie.

- C’est le chant de l’officier impérial. Le soleil vers lui te guidera. Vers celui dont elle garde les lettres. Doux trésor précieux de Mélantha, recommençait-elle et il lui semblait que le chant la berçait, apaisait son angoisse. Elle croyait entendre Lloyd fredonner avec elle et la voix basse et grave du capitaine tranquillisait son esprit. Les lettres de l’officier impérial, celles que gardait précieusement Melantha ; Dana les avait sur son datapad. Tous les messages qu’il lui avait envoyé à chaque fois qu’ils étaient séparés. A chaque fois qu’ils seraient encore séparés et qu’elle attendrait qu’il revienne. Combien de Melantha y’avait-t-il dans l’Empire ? Combien d’officier impérial ? Mais parmi ces milliers de Melantha, ces milliers d’officiers, combien étaient aussi compatibles que Lloyd Hope et Dana Shar ? Lloyd avait raison, il était normal pour un boucher d’être compatible avec une tueuse d’enfants. Il était normal qu’un monstre en attire un autre. Normal, encore, qu’une princesse se retrouve prise dans les filets terribles d’un capitaine qui avait la capacité de se muer en loup.

- Lloyd…débuta-t-elle après que le silence fut retombé, qu’elle soit redevenue assez calme pour entendre ses propres battements de cœur – éclipsés plus tôt par la panique. Melantha. Si j’ai encore une fille, je l’appellerais comme ça un jour. Et je voudrais qu’elle ait des cheveux sombres, comme les pétales de la fleur du même nom. Et qu’elle ait des yeux verts. C’est comme ça que je vois Melantha. Une chevelure libre et sauvage, des yeux intransigeants. Mais ma Melantha, elle attendrait plus. Elle irait chercher son officier, pour le protéger.












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Lloyd Hope
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La Rage de Melantha


- Si elle te ressemble, je vais être bon pour courir dans toute la galaxie dans l’espoir de la protéger et j’y arriverai même pas bien.





Son cœur s’était mis à tonner dans la poitrine du hapien. Il avait refermé ses bras sur elle, comme pour empêcher toute évasion, mais ses yeux se troublèrent un moment. Il s’efforça de respirer calmement, de grimacer un sourire contrit entre les quelques gouttes qui s’étaient écrasées sur son visage.

- Tu… Tu en auras certainement une, chuchota-t-il. Et si elle fait ça, ça veut dire qu’elle sera aussi imprudente que sa mère.

Lloyd resserra sa prise, rapprochant Dana de lui, avec un souffle un peu précipité, les yeux écarquillés comme il regardait droit devant lui en s’humectant les lèvres. Il secoua légèrement la tête.

- Si elle te ressemble, je vais être bon pour courir dans toute la galaxie dans l’espoir de la protéger et j’y arriverai même pas bien, plaisanta-t-il, mais son sourire embarrassé s’effaça peu à peu.

Ce serait absurde. Si Dana faisait d’autres enfants, ce ne serait probablement pas de lui. Il valait mieux, si elle voulait que les enfants vivent, qu’ils aient les cheveux noirs, qu’ils soient forts et imprudents. Et pourtant. Si cette Melantha-là existait un jour, il ne pourrait s’empêcher de la protéger, il le savait. Il s’imagina brièvement une adolescente fougueuse, poursuivie par ce vieux type blond qui se prenait pour son père même s’il ne l’était peut-être pas. Absurde. Il déglutit. Sa tête retomba contre le front de Dana et il ferma les yeux.

- Tu sais quand tu chantes, déclara-t-il soudain un peu vite, comme s'il s'était jeté à l'eau, j’ai l’impression que tu chantes pour moi. Sur Jabiim, tu chantais pour moi ?

Sa voix basse emplissait la petite cabine familière et humide et il rouvrit les yeux en faisant une moue confuse.

- Nan, réponds pas, c’est mieux. Je préfère m’imaginer que tu chantes pour moi. Dis-moi que tu chantes pour moi même si c’est pas vrai, voilà.

Il avait déposé une main sur la joue de l’Inquisitrice et son pouce caressait doucement le derme doux et humide.

- Sur la plage, j’ai cru que tu chantais pour moi, parce que tu me regardais en disant l’officier impérial. C’est prétentieux, je sais, il s’était pas encore passé grand-chose entre nous. Mais on avait jamais chanté pour moi. Enfin, peut-être que ma mère l’a fait, je m’en souviens pas. Mais alors, je me suis dit que si j’avais un vaisseau un jour, je l’appellerai Melantha. En souvenir de ce qu’une princesse avait chanté pour moi une nuit et qu’il fallait pas l’oublier.

Ainsi recroquevillés dans cette petite cabine de douche, il avait l’impression, justement, de ne pas être sur la frégate. D’être de nouveau à cette époque où son seul chez-lui était ce petit appareil aux vrombissements sonores, plein de petites imperfections dont il fallait s’occuper tous les jours. Des imperfections parfaites pour occuper ses mains, pour éviter les nuits hantées, pour oublier le reste de la galaxie. Des années à rester caché dans cette petite coquille de métal, à n’apparaître au monde que pour y accomplir les basses œuvres du Castellan avant de pouvoir se faire oublier de nouveau au fond de la salle technique, entre le filtre à oxygénateur d’air et la batterie de l’hyperdrive, un tournevis entre les doigts quand ce n’était pas une seringue.

Jusqu’à ce qu’une Inquisitrice vienne croiser les pieds sur le tableau de bord du Sans Visage, une cigarra entre les lèvres, un vent de malédiction dans cette étendue dorée qu’elle avait dardé sur lui avec un mépris assumé.

- Elle savait quoi, Dana ? souffla-t-il au bout d’un moment de silence. Mallory.

Le hapien s’écarta légèrement, pour essayer de capter le regard de l’Inquisitrice.



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