Karm Torr
Karm Torr
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Ouais, fit Karm, après avoir mâchonné pensivement une branche de salsifis, façon cow boy abonné à Vegan Magazine, c’est difficile d’être une étrangère parmi les siens. Cela dit, c’est pas trop mal. S’inviter dans d’autres univers. Faire une parenthèse dans le genre de vie qu’on mène. Peut-être même qu’il faut apprendre à tourner régulièrement la page. Qui sait, ça se peut qu’un jour, tu finisses aussi fermière. J’te vois très bien défendre ton bout de terrain avec ta vieille carabine blaster, quand tu regardes pas pousser les haricots.

C’était dit du ton le plus sérieux du monde, mais tout ce que disait Karm ou presque était dit avec le ton le plus sérieux du monde. Il n’empêche. Maxence avait beau sembler convaincu que sa trajectoire menait irrémédiablement vers une mort violente et précoce dans quelque lointaine fusillade, le jeune Maître, lui, se plaisait à l’imaginer à la retraite.

Si tu veux, ici, on fait des formations à la culture céréalière, expertise combinée de l’AgriCorps et des fermiers de Dantooine, c’est de la bombe, tu adorerais ça. On peut même te prêter une salopette et un chapeau de paille, histoire de faire couleur locale.

C’était tout de même rassurant de savoir que Maxence avait une famille. Un peu d’ancrage, dans le chaos de sa vie. Karm espérait lui offrir ça, aussi, à sa façon. Que son amie comprenne qu’elle pouvait revenir se poser sur Dantooine quand elle le souhaitait. Se reposer, nager dans les lacs, engloutir des tartes aux saumons.

Quant à la vibrolame… Qui pouvait être tenu responsable des choix de ses parents ? Le Gardien se contenta de hocher la tête. Sans doute aurait-il dû poser plus de questions. Élucider un crime qui restait peut-être impuni. Mais les réconciliations les plus difficiles exigeaient parfois de détourner le regard, et il se préoccupait plutôt de l’avenir que du passé.

J’vais pas trop les voir parce que…, commença-t-il quand elle l’interrogea sur sa propre famille, avant de hausser les épaules. Je sais pas. C’est hyper loin, déjà, et on parle pas de gens faciles à trouver. Puis je les connais pas si bien que ça. Je suis parti très jeune. Étrangement, je me souviens surtout de la langue, ma langue maternelle, des histoires, de… La culture, en général. J’ai fait des recherches sur ça, c’est peut-être pour ça. Mais les gens, c’est un peu plus le brouillard. Et l’Ordre est pas hyper chaud sur les liens familiaux, c’est clair, mais ça reste plus ou moins toléré quand on devient adulte. De loin. En partie parce que ça fait sens, stratégiquement.

Une famille, c’était aussi un réseau et des contacts, et les Jedis en avaient cruellement besoin. Karm savait que les règles variaient en fonction des espèces. Les Corelliens s’étaient ménagées leurs petites particularités au sein de l’Ordre, et d’autres cultures également.

Bref. C’est pas vraiment une famille. Ils sont pas vraiment condescendants non plus. Juste… Hyper xénophobes. Mais pas… C’est pas une question de sentiment de supériorité ou rien. C’est une société fermée, c’est tout, et avec une population très faible. La plupart d’entre eux passent toute leur vie sans jamais parler à quelqu’un d’autre que des Ark-Ni et sans jamais mettre le pied hors d’un vaisseau spatial. Ils ont… Leur religion à eux, leur musique à eux, dans une certaine mesure leur technologie à eux. Ils parlent une langue que personne d’autre ne parle et qui a cessé de ressembler à d’autres langues depuis des siècles. La plupart capte pas un mot de basic. Donc ça veut dire que pour eux, l’Holonet, c’est sans intérêt. ‘Fin, t’imagines le degré d’isolement.

Karm commença à se sentir coupable, alors il éprouva le besoin de préciser :

Bon, là, je te fais le tableau le plus négatif. C’est aussi une société sans chef, sans crime, en fait quasi sans violence, et très… Libérale à bien des égards. Y a un privilège de l’éloignement et de l’isolement, c’est qu’on peut un peu tracer son chemin sans se soucier des autres. Je serais surpris que la majorité d’entre eux ait ne serait-ce qu’entendu parler des Siths ou de l’Empire. Typiquement. Du coup, la vie est quand même plus tranquille, quand on n’a pas conscience de la monstruosité.

Trop tranquille, selon lui.

Pour le reste… Non-binaire, si je comprends ce que tu veux dire, oui, c’est le cas. J’suis déjà hyper viril pour un Ark-Ni, alors ça te donne une idée du niveau d’indistinction. Les gens sont organisés plutôt par vaisseaux que par famille. Comme y a pas… T’sais, d’exclusivité sexuelle, ça veut dire que c’est difficile de définir un noyau dur. Généralement, tu sais qui sont tes parents, mais ça veut pas dire qu’ils passent énormément de temps ensemble. Attends, je vais te donner un exemple.

Le Gardien sortit son datapad pour y tracer une série de quatre idéogrammes complexes, tout en lignes entrecroisées. Entre le troisième et le quatrième, il y avait un espace vide. Il se mit à les pointer successivement de son stylet.

Karm, c’est le nom que portent tous les enfants de ma mère. Abd, c’est le nom que portent tous les enfants de mon père. Oni, c’est… Ce qui se rapproche le plus de mon prénom, en vrai, c’est le nom que je suis censé porter pour les personnes qui me sont proches. Là, il y a un autre nom…

Il venait de désigner l’espace vide.

… qui est le nom secret, qu’on choisit quand on est ado, et que l’on relève aux personnes dont on est passionnément amoureux, ou à celles qui sont près de nous au moment de mourir. Et Torr, c’est le nom d’un ensemble de vaisseaux. Et en gros, c’est comme ça que la société fonctionne. Tu appartiens à différents groupes, différentes lignées, mais ça change en fonction de l’endroit où tu te trouves ou de la personne avec qui tu parles. Y a rien qui soit vraiment fixe, dans tout ça. Pas de liens familiaux à proprement parler, pas d’identité contenue dans un seul prénom, pas de genre, pas de couple en fin de compte…

Inutile de préciser que Karm se faisait régulièrement harcelé par ses collègues ethnographes de l’ExploCorps, désireux d’en apprendre plus sur les rouages singuliers de la société ark-ni.

Mais bon. Je me suis fait aux usages de la République, en gros. Un prénom, un nom de famille, c’est plus facile pour les gens si je présente ça comme ça. La plupart des gens me voient comme un mec aussi, c’est aussi plus facile pour eux, ça… Me perturbe un peu. M’a pas mal perturbé. Je sais pas trop. Mais enfin, je me suis fait une raison. En tout cas, sache qu’à côté de mes congénères…

Il désigna son visage de ses deux index.

Ça, là, c’t’une débauche d’expressivité, OK ?
Maxence Darkan
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-Les salopettes me vont super bien. J'ai un corps à salopettes.

Elle adorait les salopettes. L'idée de défendre son bout de terrain à la carabine n'avait rien de si rébarbatif en y pensant posément. Elle, son champ, sa petite bicoque et son accent Coruscanti à couper au couteau... la belle vie.

-C'est moche comme prénom Oni.

Très sympa. Ce bordel de généalogie, Maxence prit un long silence en secouant les yeux dans tous les sens, scrutant de long, en large et travers l'idéogramme de Karm. Donc, de ce point de vue, son prénom : Karm, n'était pas un prénom comme Maxence considérait le nom commun : prénom. À partir de là, c'était terminé pour elle, tout ce qui lui était possible de retenir, c'était de se dire qu'il y avait littéralement une branlée de Karm dans un vaisseau, se baladant dans tous les coins en faisant la gueule avec leurs petits minois androgynes vraiment craquants.

-Vous êtes un peu comme des Hapiens, mais en moins chiant et en moins tête à claque.

Sacré parallèle, pas du tout de quoi vexer qui que ce soit, ah ça non. Foutre con qu'elle détestait les Hapiens. Eux et leurs gueules tellement parfaites qu'elles en devenaient flippantes. La blondinette en venait même à les trouver aussi dégouttant que les Hutts... et pourtant, elle ne s'était pas rendue compte que Luke en était un.

Quant à ce prénom, elle avait peut-être dû le voir, lors de la mission avec Luke. Elle avait pris son datapad avec l'intention d'envoyer des photos d'elle nue à son ami pour rigoler avant de fouiller dans les messages et comprendre qui ils étaient réellement l'un pour l'autre. Cependant, impossible de se rappeler, sur l'instant, elle était tellement prise par la découverte de leur amour qu'elle n'eut pas vraiment l'attention suffisante pour remarquer ce qui, à ce moment là, ne devait apparaître que comme un simple détail sans importance.

-Ah mais je n'peux qu'imaginer le genre de monstre expressif que t'es comparé à eux. Déjà, depuis qu'tu t'es mis à sourire, j'commence à m'poser des questions sur la possibilité d'avoir traversé une autre dimension sans m'en rendre compte donc... nan franchement, quand tu souris, suffit pas simplement d'montrer tes dents, faut... elle présenta sa tête, aussi faire un truc avec le visage. On dirait un exercice d'étirement des lèvres sinon. 'fin bref, par contre j'pige absolument pas comment vous pouvez vous parler si y' a pas de... sexe ? Genre ?

Maxence n'était pas fermée à cette idée de non-binarité, même si pour son ami, il s'agissait de la base de l'identité. Simplement, voilà, le concept la dépassait énormément, sans compter son éducation faible sur le sujet qui la bloquait complètement à l'envie de réellement s'impliquer dedans. Alors oui, Maxence considérait complètement Karm comme un homme et aussi injuste cette idée pouvait-elle paraître, elle n'arrêterait pas si tôt de le considérer comme un homme.

-T'sais, j'ai découvert y a pas longtemps qu'un fichier « Ark-Ni » était apparu sur mon bracelet et mon vaisseau. J'croyais qu'j'avais trouvé des pornos sur vous quand j'étais complètement défoncée, mais nan, Eos t'espionne comme une petite salope.

-Je ne vous permets pas, j'étoffe simplement mes connaissances grâce aux dires de Karm et aux faibles études menées sur les Ark-Ni. Et si vous vient l'idée de perdre un peu de temps pour en discuter avec moi, n'hésitez pas.

-Mais oui, c'est ça, il hésitera pas.

-Balance.

-Mouchard.

En voilà un de plus à ajouter à la pile des ethnographes de l'ExploCorps. La blondinette goba donc complètement son désert avant de s'adosser lourdement sur sa chaise en laissant échapper son rot le plus délicat.

-J'adore imaginer ta famille qui risque sûrement d'avoir pas mal de problème de consanguinité -elle en revenait toujours à ça-, mais ça m'dépasse carrément. Heureusement -si on pouvait dire « heureusement »- qu't'es arrivé tôt dans la culture Républicaine, sinon... sinon j'ai aucune idée de c'qu'y' serait arrivé à ta belle gueule. Le suicide, la fugue ou l'hôpital psychiatrique, pour ne nommer que les possibilités les plus gaies. Pour ma part, j'aurais aimé t'dire que tu rencontreras un jour ma famille, mais mon père tentera sûrement d't'arracher les yeux à la première occasion et j'connais aussi bien mes cousins qu'tu les connais.

Il y avait la mère en prison pour rattraper le tout. Maxence allait, pour le moment, se contenter de réfléchir un peu plus sérieusement à son avenir au sein de son arbre généalogique... surtout par rapport au sang qu'ils se trimballaient tous sur les mains. Ses yeux balayèrent la salle sur les quelques têtes plantées devant leur repas, soit de bonne heure, soit tardifs.

-Ok, je sais qu'je change un peu d'sujet, même si je sais aussi qu't'adorerais encore écouter plus d'histoires tordues d'la part de la famille Darkan, mais, sérieusement, les Padawans, ils font quoi pour s'amuser ? Ils ont... genre, des jeux vidéos ? Des jeux d'société ? Des films à regarder ? Me dis pas qu'ils lisent des livres pour « s'amuser ». … Et ne m'dis surtout pas qu'ils prennent les devoirs et les leçons comme une source d'amusement.

Si tant est que les Padawans avaient droit à une source de distraction journalière.

-Pis, de base, toi, quand t'as du temps libre, tu fais quoi ? T'as une sorte de hobby à part ton œuf chéri ou t'envoyer en l'air avec Luke ?

Et à cette instant, elle priait pour qu'il ne lui sorte pas que s'instruire était super amusant.
Karm Torr
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Ben pour rien te cacher, Oni, j’suis pas fan non plus. Karm, j’aime bien. Y a un petit je ne sais quoi de je sais pas trop.

C’était une bien belle analyse phonologique, on touchait au firmament de la linguistique et ces deux-là étaient prêts à publier leur article révolutionnaire sur les patronymes ark-ni dans la Revue galactique d’ethnolinguistique comparée.

Et pour le genre, ben… Écoute, déjà, y a pas de masculin et de féminin dans la langue, donc ça aide pas mal. Ensuite… Ben je sais pas, tiens, regarde, y a plein de sociétés avec des castes. Pas seulement des clans, des tribus, des familles ou des classes sociales, mais des castes. Vu de l’extérieur, c’est pas hyper simple à comprendre, mais pour eux, c’est vraiment définitoire. Ces gens-là ont probablement du mal à s’imaginer ce que ça fait d’avoir une identité et d’interagir avec les autres sans concept de caste, et pourtant, nous, on le fait tout le temps. Ben voilà, le genre, c’est pareil. C’est juste que c’est un truc plus répandue dans la galaxie.

Sa vie d’explorateur l’avait fait aboutir à une précieuse conclusion : si c’était bizarre, ça existait. Difficile parfois de ne pas sombrer dans le plus pur relativisme culturel, mais au fil des années, Karm avait appris à regarder la société de son enfance et, pour une bonne part, l’Ordre Jedi depuis l’extérieur. En essayant de cultiver le même sentiment de radicale étrangeté qu’il éprouvait spontanément face à certaines des tribus qu’il croisait lors de ses explorations.

En tout cas, j’veux bien discuter avec toi, Eos, des Ark-Ni. J’suis pas contre l’échanger contre deux ou trois fichiers de mis à jour pour Blip. J’pressens que le fabricant va pas tarder à sortir un nouveau modèle et les acheteurs de l’Ordre vont encore me tanner pour que je passe à un astromech plus récent.

Et ça c’était : hors de question. Code Jedi ou pas Code Jedi, Karm était viscéralement attaché à son droïde. C’était en lui qu’il avait confiance et il était persuadé que Blip et lui s’étaient trouvés au sein de la Force, d’une certaine manière. Et puis c’était pragmatique, non ? Le droïde le connaissait bien, il savait les dangers inhérents à une vie d’explorateur et anticipait les besoins. Alors pourquoi en changer ?

Comme leur déjeuner était fini et afin d’éviter que Maxence ne se mette à racketter les autres usagers du self, Karm amorça un mouvement vers la sortie, tandis qu’un droïde glissait vers leur table pour leur dérober leurs plateaux avec ses grandes pinces plates.

Des hobbies ? Ben, ouais, évidemment. Comme tout le monde. M’enfin, c’te question.

Parler aux plantes, communier avec les taupes, des trucs ordinaires, quoi.

Je fais de la musique, déjà, mais je t’avais dit, ça. Si tu veux, je peux te montrer mon instrument.

(En tout bien tout honneur.)

Je continue à m’entraîner pour le pole dance, poursuivit-il le plus naturellement du monde, comme si c’était un loisir parfaitement ordinaire pour un respectable Maître Jedi, depuis que tu m’as fait découvrir ça, là, la dernière fois. Très relaxant. Je crois que j’écrirais bien un petit traité sur la mystique du danseur tournant. Un jour. ‘Fin bref… J’aime bien la cuisine, aussi. C’est assez nouveau, c’est depuis qu’on a fondé l’Enclave, en fait, j’ai découvert ça avec Maître Ninden et c’est assez… Je sais pas, c’est concret, tu vois ce que je veux dire ? Et puis y a une finalité. Sinon, ça m’arrive de regarder des holofilms. Ou des soap operas. Tu connais Le Destroyer des coeurs brisés ? Fascinant.

C’était une blague.
Sans doute.
(Pas vrai ?)

Donc ça dépend des gens. Thann crée des vêtements et elle bricole, elle a toujours plein d’idées, et son propre atelier. Hm… Loé est fan d’un truc… C’est un jeu de stratégie, il m’a montré ça une fois, j’ai absolument rien compris. Ma théorie, c’est que si plus de Siths avaient un compte, on serait vachement plus tranquilles : ça satisferait leurs pulsions mégalomanes sans qu’ils aient besoin de sortir de chez eux. Sinon… Ben y a la plage, le sport, des jeux dans les salles communes, des bouquins pas intellos dans la bibliothèque, une bonne collection holonet, des ateliers de loisirs créatifs. Les gens méditent pas H24, ce serait très mauvais pour le cerveau. C’est bien de s’entraîner et d’être dévoué à la tâche, mais si on se repose jamais ou le corps, ou l’esprit, on progresse pas. En plus, certaines des meilleures idées viennent quand le cerveau est en roue libre.

D’où sa passion pour Le Destroyer des coeurs brisés.

Et toi, demanda-t-il alors qu’ils suivaient les couloirs en direction de ses quartiers, au cas où Maxence ait envie de le voir manier son instrument ? À part les bars à strip-tease, qu’est-ce que tu fais ? Tu tricotes ? Je te vois tellement tricoter. J’dis pas ça parce que j’ai besoin d’une nouvelle écharpe, hein. Mais quand même…
Maxence Darkan
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Comme si Eos pouvait se permettre de refuser une telle offre, des informations d'une valeur inestimable pour ceux qui s'intéressent un minimum à cette intrigant peuple que sont les Ark-Ni contre une mise à jour pour un simple astromechano ? C'était comme échanger de l'or contre du cuir à poids égal.

Karm et les Jedis avec des passes-temps somme toute... normaux. Et c'était étrange de comprendre ça, elle avait toujours cru que les Jedis étaient vraiment les gens les moins amusants et les plus vide mentalement de la galaxie. Des cerveaux lavés par la Force sans aucune conception du mot amusement. Mais non. Ils étaient des cerveaux lavés par la Force avec une conception de l'amusement. À l'inverse, Maxence commençait à se poser des questions sur elle-même.

-Tu cuisines, tu fais d'la musique, du pole dance, tu regardes le Destroyer des cœurs brisés et Luke veut pas s'marier ?... Wow. Ça m'étonne qu'à peine finalement. D'ailleurs va falloir qu'on s'refasse un concours de pole dance un d'ces jours parce que... j'ai encore du mal à retirer l'image de la bosse dans ton pantalon.

C'est comme une musique qui tourne dans la tête, il vaut mieux l'écouter pour la laisser partir. Puis la question fut posée. Évidemment. La blondinette essaya de dessiner un sourire timide sur son visage, mais ses lèvres se pincèrent et elle resta silencieuse quelques secondes. Elle se rendait compte qu'elle ne connaissait pas plus les termes de hobby que les illuminés en bure.

-Bah c'est un peu l'truc... j'ai pas vraiment de hobby. À part pour la danse ou les tags, l'art m'intéresse pas... l'art m'emmerde. Je joue pas aux jeux vidéos, je tricote pas, j'suis pas dans une équipe de sport... c'est juste que mes hobbies s'confondent à ma vie professionnelle. C'est pas si mal en fait. Au final, avec du recul, j'pense pas qu'ce soit une mauvaise chose.

Difficile à imaginer venant de Maxence, mêler amusement et travail contribuant à ce qu'elle détestait le plus au monde : la société... après les gens qui disent « Bonjouriiin ». Mais le truc à ne pas oublier, c'était de savoir que Maxence n'était ni une femme d'affaires, ni une caissière, ni même une politicienne, la blondinette se placer sur le podium des mercenaires comme désormais l'une des meilleures de sa catégorie et ce qui tournait autour de son travail éveillait chaque jour un peu plus son esprit.

-Je lis des manuels. Puis soudainement, elle se mit à hausser les épaules en se demandant en quoi cela pouvait être extraordinaire. J'lis des manuels d'ingénierie militaire et spatial. J'crois qu'j'ai pas vraiment l'droit d'les lire, c'est à moitié confidentiel, mais j'connais quatre ou cinq types hauts placés qu'ont intérêt d'me filer c'que j'leur demande. C'est pas si complexe que ça avec le bon vocabulaire, tout s'connecte. J'pense que j'aurais même pu faire une école supérieure d'ingénierie.

Oui, enfin, on la verrait bien dans un amphithéâtre ou dans une salle de classe sans menacer le ou la professeure de lui découper ses enfants pour ensuite éparpiller leurs membres aux quatre coins de la galaxie afin d'en faire une chasse au trésor géante.

-C'est instinctif et logique. J'aime bien. J'comprends. J'lis aussi des trucs de chimie... mais ça c'est uniquement pour connaître les différentes manières de faire exploser des trucs. Incorrigible. Le truc, c'est qu'j'aime aussi trouver une finalité aux choses et... genre, construire mon prototype de blaster ou réparer une motojet, t'as un début, un milieu et une fin. Tu travailles pour trouver un résultat concret.

Et c'était quelque chose que Maxence n'arriver pas à trouver. Si l'art, la cuisine, ou le tricot n'était pas son fort, elle se cherchait encore sur ce genre de points.

-En fait, j'suis hyper terre-à-terre. Le concret importe, pas le reste. À quoi bon jouer aux jeux vidéos si tout c'que t'accomplis reste numérique ? À quoi bon faire d'la poterie si la création reste sur une étagère à rien faire ? Et à quoi bon cuisiner quand, d'une manière ou d'une autre, c'que tu fais termine au fond des chiotte ?

Peut-être qu'au final, la création de sex-toys n'était pas une si mauvaise idée. Une création personnelle qui, si possible, ne se partageait pas et avait une utilité réelle pour le plaisir. La mercenaire penchait salement vers le cynisme. Et c'était d'ailleurs cette pensée qui l'amenait à mépriser la Force et ne pas croire quoi que ce soit sur sa présence. Un truc immatériel qui dirige la vie ? Non. Un blaster dirige la vie, ou la mort. L'argent dans le gobelet d'un sans abris lui rappelle la place que la société lui a offerte, pas la Force.

-Pis franchement Karm, comment j'suis censée tricoter avec un bras-boîte-de-conserve ? En plus, tout l'monde sait très bien qu'les foulards t'iraient mille fois mieux. Même si ça n'avait pas du tout la même utilité. 'fin bref, j'pense que j'vais m'contenter d'creuser les activités qu'j'aime, la danse, la mécanique et la destruction gratuite.

Ce qu'il y avait de bien avec la danse, c'était le concret de l'instant. Son corps bougeait, comme elle le souhaitait, en duo, trio, ou solo, transformant le tout en une méditation évoluée. Le concret, c'était les regards, son corps, les mouvements. Pour la destruction... il n'y avait rien de plus concret que de regarder un orphelinat exploser.

Après avoir discuté dans les couloirs de ce que Maxence faisait de son temps libre sans vraiment qu'elle n'y réponde parce qu'elle n'avait que peu de temps libre et un esprit trop fermé à de nouvelles opportunités, elles arrivèrent pile devant la chambre de Karm.

-Laisse-moi deviner. Un instrument à vent. J'suis sûre qu't'es doué avec ta bouche. Nan. Un instrument à corde. Parce qu'il était doué avec ses doigts, supposément. J'pourrais l'essayer ?

Pourquoi tout sonne soudainement si faux ?
Karm Torr
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Admirez ce héros.
Cet homme à l’abnégation irréprochable.
Celui qui résiste à toutes les tentations.
Le seul, l’unique, le (pas) grand…


Spoiler:


Car en effet Karm venait d’accomplir l’impossible : résister à la tentation de souligner que de vieux Consulaires réacs occupaient leur temps libre de façon plus palpitante que Maxence. À la place, il avait hoché la tête stratégiquement pour montrer qu’il trouvait tout ça intéressant, ce qui au demeurant n’était pas faux. Sauf que ce dont lui parlait la jeune fille, c’était du travail. Du travail. Et encore du travail.

J’vais t’offrir des romans d’aventure, ça te changera des manuels, et ça… euh… te donnera des idées pour des missions d’infiltration. Tu sais, faut savoir interpréter des personnages, tout ça.

La belle excuse.

En attendant, l’Ark-Ni pressa une main sur le lecteur de sa porte et, une fois son empreinte digitale dûment confirmée, le panneau coulissa dans le mur pour révéler un intérieur où régnait un remarquable sens de l’ordre. Pas très surprenant, sans doute, de la part de quelqu’un qui avait passé l’essentiel de son existence parmi les militaires.

La chambre du Maître de l’Enclave n’était pas précisément luxueuse. Un lit double, des étagères, un bureau et une couveuse où trônait un œuf de scyk pas tout à fait sur le point d’éclore. Le privilège résidait dans ce qu’elle dominait l’Enclave depuis le dernier étage de l’un des bâtiments et offrait par sa baie vitrée une perspective tout à la fois sur les collines et l’océan.

Sur les plantes, il y avait surtout des étagères et des datadisks. Guère de bibelots.

Sinon, poursuivit le Jedi en disparaissant dans un placard (magie !), quand tu fais l’amour, c’est pas pour faire des gosses, j’imagine. Y a pas d’autres finalités que le plaisir, ben c’est pareil pour la cuisine, c’est le plaisir du palais. Voilà.

Il refit son apparition avec son instrument à la main et une chose était certaine, c’était que ce truc-là ne s’achetait pas chez les luthiers du commerce. À première vue, il avait fabriqué le contour d’un violon avec une chute métallique récupérée après les réparations d’un vaisseau et des capteurs électroniques étaient fixés un peu partout sur l’instrument.

C’est traditionnel. Enfin… Dans mon peuple, chacun se fabrique un instrument avec des pièces détachées de vaisseaux. Le but, c’est pas forcément de produire un son incroyable, juste… C’est quelque chose de personnel, tu vois ? Et aussi une manière de dire que ce qui est utilitaire peut servir à quelque chose de plus gratuit. C’est la légèreté de l’être.

De l’autre main, il tenait un archet qu’il activa en pressant un petit bouton. Puis il ajuste ses fidèles écouteurs sur ses oreilles, pour les connecter à l’instrument. L’objet se mit à faire entendre un très léger vrombissement électrique, puis l’Ark-Ni ajusta son instrument contre son menton et positionna l’archet au-dessus. Les capteurs électroniques détectèrent sa présence et c’est ainsi qu’il se mit à jouer.

Le son était semblable à celui d’un thérémine, et la mélodie, comme souvent dans le répertoire ark-ni, était d’abord lente et mélancolique, pleine du souvenir de ceux qui sont morts et du passé perdu, puis elle devenait petit à petit plus vive et plus saccadée, à mesure que les nouvelles générations portaient des espoirs eux aussi nouveaux.

Spoiler:

Karm n’était pas un instrumentiste d’exception, mais la musique de son peuple n’était pas non plus d’une grande technicité : simple et populaire, elle était faite pour que chacun puisse se l’approprier. Lui en jouait pour délier ses pensées, parfois comme une forme de méditation, mais c’était une habitude qu’il ne partageait guère. Par pudeur.

Le morceau fut bref, deux minutes tout au plus, il n’avait pas posé imposer quelque chose de plus long.

Voilà…, fit-il tout bas, presque comme s’il venait de faire quelque chose de condamnable. J’y passe pas assez de temps que je voudrais, mais… Il y a des Jedis Artisans dont c’est la vocation. Qui se consacrent entièrement aux arts. Parfois, je me dis que j’aurais bien aimé faire ça et ensuite, je me souviens que je tiens pas en place et que j’aime qu’on me tire dessus.

(Chacun ses plaisirs.)

Le Gardien abandonna ses chaussures pour s’asseoir en tailleur sur le lit, en plaçant l’instrument sur ses genoux.

Et ça, c’est Choupi, mon futur scyk, précisa-t-il en désignant l’oeuf d’un geste de la tête, peut-être pour changer de sujet. Et… Voilà. Je crois que t’as déjà eu un sacré panorama de l’Enclave. Comme tu vois, c’est une sorte de petit village et on y fait pas mal de choses, t’es la bienvenue pour t’y reposer tant que tu veux.

Si tant est que Maxence sache ce que c’est que de se reposer.

Et si tu veux des manuels à lire, on en a plein la bibliothèque. Probablement pas des trucs aussi pointus que ce dont tu parlais, là…

En tout cas pas en accès libre.

… mais si tu éprouves une passion pour la mécanique des engins agricoles, faut surtout pas te priver.
Maxence Darkan
Maxence Darkan
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-Très joli.

Meh, elle n'était pas très douée pour les compliments... mais elle n'était pas très douée pour la critique de musique, alors vous savez ce qu'on dit, négatif plus négatif égal... j'aurais dû dire « fois ». Cependant, ça ne l'empêchait pas d'admirer ses talents de -pas vraiment- luthier et de -vraiment- musicien. Elle n'osa pas plus en parler, étrangement, même si elle eût aimé poser des questions sur son amour de la musique, elle s'abstint parce que... parce qu'elle y pigeait que dalle en musique. À la place, elle se tourna vers son œuf qu'elle toucha avec précaution, juste pour percevoir la sensation de la coquille sur son index de chair.

-« Choupi »... oui, « Choupi ». Trente-et-un ans, donc. Karm Torr, Maître Jedi, expert en sabre à la tête d'une Enclave. On en est là.

Il y avait des signes avant coureur à ce genre de choix pour le prénom d'une bestiole dans un œuf, la peluche Voorpak, par exemple, Karm dans son intégralité, pour être plus précis. Elle s'en doutait un peu, c'était la fin de sa petite visite en pleine Enclave, dommage, elle aurait aimé affirmer sa suprématie culinaire au sein du self, mais la vie était une salope et le temps sa chienne. Bref. Maxence se tourna vers Karm en grimaçant un rire sarcastique vis-à-vis de sa petite remarque sur ses « hobbies ».

-Haha, c'est ça, fous-toi d'ma gueule, n'empêche que, hein... j'me cherche et j'te signale que j'rattrape plusieurs années d'études manquées. C'est vrai ! Elle n'avait pas honte ! Arrêtez de penser qu'elle avait honte ! T'sais quoi, j'vais m'mettre au tricot, tu l'as cherché, je-vais-me-mettre-au-tricot mon pote. Et quand j'aurais terminé ma première création super moche qui sera une écharpe, j'te forcerai à la mettre.

Il l'avait cherché, lui et sa future écharpe rose et verte kaki. Après une poignée de seconde à se rendre compte qu'il était bientôt temps de plier bagage et de retourner vaquer à ses occupations parfaitement morales et légales tout en hésitant sérieusement à lui emprunter des manuels d'ingénierie agricole, elle lui sourit, un sourire sincère comme on en trouvait peu -si ce n'était « pas »- venant de la blondinette.

-Hé, sérieux, merci. Puis elle étendit ses bras. Aller, viens dans mes bras mon petit pote taciturne.

Et alors, sans lui demander son avis, mais avec une grande tendresse, elle le prit dans ses bras. Comme elles étaient pas mignonnes à se câliner, mal à l'aise comme pas deux. Vraiment craquant cette histoire.

-Tu m'diras c'que tu penses de la beuh d'mes cousins, elle est pas spécialement incroyable, mais elle est légale.

Lança-elle au-dessus de son épaule en resserrant étrangement plus son étreinte.

***

Toujours aussi beau, toujours aussi ensoleillée, l'Enclave du bord de mer éclatait sous les rayons de l'étoile qui frappait les vagues de sa lumière. Sur le tarmac aménagé, Maxence se dirigeait, accompagnée de son ami, vers son vaisseau pour repartir.

Juste avant de monter, elle se retourna vers son ami pour l'observer quelques secondes, droit dans les yeux avec, visiblement, un regard rempli d'une envie de meur... rempli d'amour. Elle était réellement contente de se court séjour avec lui, après tout, elle avait vu tout ce qui était possible de voir dans les grosses lignes sans devenir barbant. C'était un peu comme connaître les règles menstruels de Maxence, elle avait vu la petite vie Karmesque de chef de l'Enclave et cette comparaison est un peu dégueulasse avec du recule. La seconde d'après, elle le prit de nouveau dans ses bras pour lui chuchoter quelques mots à l'oreille.

-Une dernière chose, c'que j'ai dit sur mon père, c'est parce que j'te fais confiance. Alors si un jour j'apprends qu'les Jedis lancent une enquête pour le retrouver, j'te ferai regretter d'avoir des couilles.

Il fallait principalement retenir de cette phrase qu'elle lui faisait confiance, ce qui n'était pas gagné concernant la blondinette... et aussi qu'elle pouvait, je cite : « lui faire regretter d'avoir des couilles », peu importe ce que ça voulait dire, retenez-le. Puis elle lui colla son plus gros bisou baveux sur la joue, prononçant son plus beau « mouuuha ! » pour le mettre, si possible, mal à l'aise pour ensuite monter dans son vaisseau, la main prête à refermer le cockpit.

-À plus beau gosse, prends soin d'toi et prends soin d'Blip. On en reparlera pour cette mise à jour d'ailleurs, j'ai sûrement pas envie qu'tu remplaces ce bijou d'astromechanique.


[FIN]
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