Karm Torr
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Ah ! Vous devez être Maxence.

Une conclusion à laquelle il n’était pas difficile d’arriver.

Entre l’heure prévue pour l’atterrissage.
Et puis la tête du vaisseau.
Le bras en moins.
L’allure générale.

Sur la piste de l’Enclave Jedi de Dantooine, une [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] attendait en effet la mercenaire, ses longs cheveux noirs agités par le vent des plaines de la planète agricole et le souffle des réacteurs.

Nata, dit-elle en tendant la main à Maxence. Nata Arpalin. Je suis Auxiliaire Jedi dans le Corps d’Exploration et j’assiste Maître Karm dans…

D’un geste de la main, elle désigna les bâtiments derrière elle.

… tout ça.

Assister, ce n’était certes pas en ces termes que l’Ark-Ni aurait décrit la fonction de la jeune femme.

Il est à l’infirmerie, expliqua-t-elle, mais rien de grave, je vous assure, un très léger accident. Venez, je vous guide.

Le Temple lui-même avait un aspect étrange, qui tranchait avec les constructions d’Ondéron et de Coruscant. Comme des feuilles ou des morceaux d’écorce gigantesques, qui se dressaient au milieu des champs.

Il y régnait une activité bourdonnante, des dizaines d’espèces s’y croisaient, et pour la plupart, les gens, à l’instar de Nata elle-même, ne portaient pas la bure traditionnelle des Jedis. Pourtant, certains d’eux devaient en être, à en juger par le sabre laser qui était accroché à leur taille.

Il vous fera visiter lui-même, je pense, poursuit Nata, qui marchait à grandes enjambées, par habitude d’être pressée et d’avoir tous les jours mille choses à faire. C’est fou, j’ai l’impression de déjà vous connaître : il parle de vous tout le temps. Par ici.

Elles pénétrèrent tous les deux dans l’un des bâtiments, pour remonter un plan incliné, avant de bifurquer dans un couloir au fond duquel une porte portait le symbole presque universellement admis des infirmeries. Elle s’ouvrit bientôt pour les laisser entrer dans une vaste pièce à demi-circulaire, dont tout le mur du fond était occupé par une baie vitrée donnant sur les champs dorés, et baignée de soleil.

À l’intérieur, deux droïdes médicaux et un jeune homme qui ne devait pas avoir plus de seize ans s’occupaient de patients qui ne semblaient pas souffrir de beaucoup plus que d’une mauvaise entaille. Nata les salua d’un signe de tête, avant de se présenter devant une autre porte automatique, qui s’ouvrit sur deux hommes en pleines conversations.

Je dis simplement, arguait alors un Quarren qui, lui, portait la bure des Jedis, et plus particulièrement celle des Guérisseurs, que tu ne peux pas te contenter d’ignorer ces…
J’ignore rien du tout, coupa Karm qui lui faisait face, un peu sur la défensive.

Lui ne portait pas grand-chose, à part un boxer, et des bandages qui entouraient à gauche son épaule et une partie de son torse nu.

Je m’entraîne. À ma manière.
C’est bien ça qui…

Le Quarren s’interrompit en se rendant compte qu’ils n’étaient plus seuls et Karm se retourna à son tour vers la porte.

Désolée, s’empressa de dire Nata qui, toutefois, en surprenant la conversation, n’avait pas esquissé un mouvement pour se replier et les laisser finir de parler en toute discrétion.
Max.

Et ce fut…

… un sourire ?

(Qu’on appelle la police, Karm a été remplacé par un reptilien !)

T’inquiètes, Nata, ça va, c’est cool. Maxence, j’te présente le Chevalier Zluburg, qui est notre guérisseur en chef, ici.

Les tentacules faciaux du Quarren s’agitèrent et il se courba de façon un peu maladroite.

Une révérence, s’étonna Karm ?
Oui, hé bien, je suis médecin de guerre, moi, pas diplomate !
Maxence non plus. Enfin bref, voilà, du coup…
On va vous laisser seuls.

Le Quarren pointa néanmoins un tentacule sur le Maître et insista :

Mais prenez tout ça plus sérieusement.

Karm se contenta d’un haussement d’épaules et, quelques secondes plus tard, Nata et Zluburg avaient déserté les liens.

Désolé, expliqua le Jedi en entreprenant d’enfiler un pantalon, pour notre plus grande déception collective, je faisais de la musculation, j’essaie d’acquérir plus de puissance… ‘fin, d’explosivité. Bref, tu vois… Ça fait un moment depuis ma blessure…

Il effleura à titre indicatif la cicatrice discrète mais bien présente sous son nombril, là où Tavaï lui avait enfoncé un sabre laser.

… et y a toujours zéro progrès malgré l’entraînement, du coup je tente des trucs plus intensifs. Mais j’ai eu, euh… Un léger moment d’égarement, les poids me sont tombés des mains, bref, ce sont des choses qui arrivent.

Pas vraiment.

Après une ou deux tentatives infructueuses de remettre son tee-shirt, ponctuées par une grimace contrariée, l’explorateur se contenta de son blouson.

T’as fait bon voyage ? Viens, je te montre ta chambre.

Ils sortirent de l’infirmerie et, dans la grande salle, le Chevalier Zluburg ne manqua pas de suivre son patient d’un regard à la fois protecteur et réprobateur. Une fois dans le couloir, Karm expliqua :

Donc, ici, c’est l’Enclave de Dantooine. C’est en gros un temple expérimental, destiné aux gens qui ont plus de mal à s’intégrer dans l’Ordre Jedi traditionnel, mais qui ont pas envie de partir pour autant. Les règles sont un peu différentes. Et d’abord, typiquement, y a des civils qui vivent ici. Toute l’année, genre des familles d’agriculteurs avec qui on s’occupe des champs, ou pour un moment. Des gens qui viennent pour des formations, ou faire des expériences, ou se reposer, ‘fin ça dépend.

Ça expliquait sans doute l’agitation un peu chaotique, le désordre vibrant, qui régnait dans les lieux.

Et globalement, c’est très tourné vers les Corps Auxiliaires. Disons que de base, dans l’Ordre Jedi, y a la Chevalerie et les Auxiliaires. Les Chevaliers sont… Les mecs avec des sabres qui se battent ou négocient ou mènent des enquêtes. Dans les grandes lignes, hein. Et les Auxiliaires ont des fonctions plus… Disons calmes ? C’est des gens qui ont été formés au sein de l’Ordre mais qui se sentent pas forcément équipés pour une vie hyper dangereuse ou trop instables. Parfois que la Chevalerie a tout simplement refusés.

Ils avaient quitté le premier bâtiment pour traverser un jardin manifestement dédié aux herbes médicinales, si l’on en jugeait par les étiquettes holographiques soigneusement projetées à côté de chaque plante, et qui en décrivaient les propriétés.

Y a quatre Corps d’Auxiliaires, où tu trouveras des Chevaliers, des Maîtres et, ben, par définition, des Auxiliaires. Le Corps d’Éducation, qui est chargé de la formation des autres Jedis. Le Corps Agricole, qui est chargée d’appuyer les planètes qui ont… Du mal à se développer, ou subi une catastrophe naturelle, ou sont en cours de colonisation. Le Corps d’Exploration, que ce soit archéologique ou naturaliste, où je suis moi. Et le Corps Médical.

Les deux amis pénétrèrent dans un nouveau bâtiment, plus calme que le premier durant la journée, parce qu’ils abritaient des chambres et des appartements.

Y a pas mal de gens qui considèrent que finir dans les Corps Auxiliaires, c’est un peu moins bien, poursuivit le Jedi. Mais moi, je trouve que c’est hyper intéressant et ici, j’essaie de transformer un peu leur image. Enfin bref, voilà en gros le principe de l’endroit. Et ta chambre.

Il sortit une carte magnétique de son pantalon pour la passer devant un lecteur mural, avant de la tendre à Maxence. De l’autre côté, c’était une chambre assez spacieuse, parce que Dantooine ne souffrait pas des mêmes contraintes d’espace qu’Ondéron, mais somme toute sobrement meublée. Une corbeille de fruits frais tirés des vergers de l’Enclave trônait sur le bureau installée en face de la baie vitrée, et donc des champs.
Maxence Darkan
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L'appendicite. À vingt-deux ans. Rien d'anormal en soit, mentalement, ça faisait mal. Elle souleva son t-shirt en grimaçant, la cicatrice de son opération encore visible, elle n'avait pas eu droit à des soins médicaux hospitaliers, mais bien ceux de Fély. Sans kolto, elle était restée trois jours à ne rien glander avec l'interdiction formelle de boire de l'alcool, trois jours d'enfer, donc, à regarder des séries et préparer un petit cadeau rapide pour Karm. Enfin, « cadeau », pas à proprement parler, simplement de quoi l'aider dans sa vie de tous les jours. La blondinette redressa la tête.

-Joli salopard.

Admit-elle en retirant le datadisk de son tableau de bord, coupant net l'hologramme du beau blond qu'elle admirait depuis son atterrissage. Attrapant gros sac en bandoulière, prête à passer des vacances d'enfer dans un temple aux allure balnéaire, sans plage, elle bondit hors du cockpit. L'accueil était... délicieux, si j'ose dire.

-Enchantée.

Des étincelles dans les yeux, le ton de la blondinette ne semblait pas avoir touché quoi que ce soit chez cette chère Nata. Pas à dire, l'endroit était fabuleux, premièrement, la lumière, le temps, les rayons frappant la nuque, deuxièmement, les gens charmants, Maxence se laissa porter par son hôtesse d'accueil improvisée dans les locaux.

-Ouais, j'ai tendance à faire parler d'moi.

Pas en bien, en général. En entrant dans l'infirmerie, c'était une belle surprise qui les attendait.

-Putain, nan, pas désolée, j'arrive au meilleur moment. J'peux aider à encu... ausculter si vous voulez.

Toujours aussi classe chez les Darkan. Elle se contenta de saluer tout le monde d'un geste de main rapide avant de suivre Karm dans les locaux. Silencieuse, elle l'écoutait parler des raisons de la présence de ce temple atypique tout en admirant les lieux par lesquelles elles passaient. Maxence en apprenait un bout sur les Jedi, peut-être ce qu'essayer de faire comprendre son ami auparavant : tous n'étaient pas des emburés sans émotion, suivant aveuglement leur code parce qu'on leur disait de le faire. C'était beau, c'était cool et pour le peu, très agréable.

Dans sa chambre, elle n'avait toujours pas dit un mot, considérant les lieux lentement. Ses yeux parcouraient chaque coin de la pièce, chaque meuble, puis, elle posa son sac à côté du bureau pour fixer l'Ark-Ni.

-J'aime bien cet endroit.

Entre Karm qui sourit et Maxence en train d'apprécier un temple Jedi, tout le monde était sous champignon hallucinogène, ou les gens se permettaient d'être heureux ? Du grand n'importe quoi. Sans plus, elle le prit dans ses bras. Alors qu'elle le serrait un peu trop, oubliant presque qu'il venait de se blesser en essayant d'en imposer plus, la blondinette s'écarta.

-Wops, pardon. J'dois aussi y' aller mollo à c'qui paraît. Elle lui montra sa cicatrice au bas ventre. Appendicite. Crois-moi, j'ai passé un voyage d'enfer à m'morfondre sur mon état d'santé. Puis un sourire malicieux égailla son visage. Mais j'ai des nouvelles pour toi... bon, c'est pas forcement des bonnes nouvelles, alors j'vais commencer par les pires, puis j'te file les bonnes.

Maxence se pencha vers son sac pour sortir une petite boite en bois gravée d'une crois, un petite pochette en cuir et une autre boite, en plastique renforcé, cette fois.

-Premièrement, j'ai fait tourner quelques contacts dans la galaxie pour te dégotter la plus fine fleur de l'information. Sa prothèse dégaina un datadisk soigneusement rangé dans un boîtier sur lequel était collé une étiquette nommée : Stalker. C'est pour toi. J'ai repensé à ce... Absalom et j'me suis dit qu'j'pouvais te faciliter la vie. Dois y avoir des infos qu'tu connais déjà et j'ai pas pu trouver d'moyen d'en récolté venant de Hapès parce que... bah, c'est Hapès. Mais t'as tout son passé. S'il est dans l'espace Hutt, par contre, je sais pas où il est, c'est comme trouver une aiguille dans une botte de foin.

Quant à Flakstaff, dans cette histoire, c'était un peu compliqué. Ce type restait un joli fantôme sur une toile blanche. Quelques noms d'emprunt utilisés par ce dernier avaient fait surface dans des histoires étrange venant tout droit de l'Empire, des histoires qui puaient salement la merde. La blondinette se tourna ensuite vers la boite en bois.

-Deuxièmement... c'est assez morbide. J'suis allée voir ma famille sur Corellia, j't'arrête tout d'suite, c'est pas la partie morbide. Donc, j'ai des cousins... et des des cousines, longue histoire. Bref, avant de devenir contrebandier, mon père était mercenaire, il faisait équipe avec son frère... avec tonton quoi. Ça en imposait sacrément moins. Y' a eu des tensions, mon oncle voulait arrêter et mon père le prenait mal... puis y' a eu la goutte d'eau de trop.

Elle ouvrit la boite pour lui montrer l'intérieur. Le manche d'un sabre. Coupé en deux.

-Mon père a tué un Jedi, y' a... quoi ? Trente ans, maintenant. Tout ça pour dire que j'l'ai récupéré et que... bah ça appartient à l'Ordre. J't'embête pas plus longtemps avec ça, on passe aux bonnes nouvelles.

Elle s'était déjà promise de s'occuper elle-même de régler le compte de son père. Si son oncle avait raison, qu'il avait appris à manier sa vibro-lame pour se battre contre les sabreurs, alors elle allait réfléchir à deux fois avant d'embarquer les Jedis dedans.

-Donc, j't'ai dit qu'j'ai visité ma famille, mais j't'ai pas dit c'qui faisait... t'avais raison, j'ai un côté campagnarde, mes cousins sont des cul-terreux, cultivateurs de beuh. La blondinette attrapa la pochette pour lui montrer l'intérieur, comme dit : de l'herbe. Totalement légal en République et pas dégueu.

Maxence s'écroula dans la chaise de son bureau, arborant son plus bel air de fierté.

-Maintenant, la dernière nouvelle. Ça s'pourrait bien qu'j'ai terminé mon premier prototype de culasse pour mes blasters après tout c'temps, y' m'manque plus qu'un établi et des outils pour assembler l'tout. Si c'est t'y pas beau la vie ? Évidemment, si t'as ça dans l'coin, j'dis pas non.

Effectivement, en ouvrant la boite en plastique renforcé, une belle culasse flambant neuve trônait dans de la mousse, plus qu'à l'enfoncer dans l'arme et le tour était joué.

-Alors ? Qu'est-ce que t'as prévu pour moi ? Une 'tite visite guidée ? Du bizutage de Padawans ? Des séances de méditation suivis par des cours de philosophie fondamentale ?
Karm Torr
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Moi aussi j’suis content de te revoir mais là je sens plus mon bras…

Étreinte relâchée, Karm jugea qu’il sentait beaucoup trop son bras, mais flegmatique et viril comme…

Oui, d’accord.
Surtout flegmatique.

Flegmatique comme il l’était, il cacha pudiquement sa douleur et se pencha pour admirer la cicatrice de son amie.

J’ai eu ça quand j’étais gosse, enfin, moyen, quoi, j’pensais pas que ça pouvait arriver si tard. T’as encore tes dents de sagesse ?

Ce serait bien la seule chose de sage chez Maxence.

Absalom, lui, avait encore ses dents de sagesse, si jamais ça intéresse quelqu’un, une information capitale peut-être contenue dans le datadisk que Karm récupéra. Le jeune Maître eut un hochement de tête.

Nos propres infos sont relativement lacunaires, après sa trahison. Enfin, sa première trahison. C’était un Chevalier Jedi, avant. Genre, petit prodige de la Force, avant de passer à l’Empire. C’est un peu la croix et la bannière d’en savoir plus sur lui, parce qu’il opère toujours aux marges. La grande Bordure républicaine, les régions fraîchement intégrées tout au bout de l’Empire. Et là, Hapès. Le genre d’endroits où quand t’as deux témoins, ils te filent six versions des faits.

Et puis personne n’arrivait à lui dire précisément si Noctis était ambitieux ou complètement à l’ouest, manipulateur ou très malchanceux, impulsif ou patient.

Quelque chose me dit qu’il me trouvera le premier, soupira l’Ark-Ni en empochant le boîtier.

Ou alors il kidnapperait Maxence, c’était bien son style, pour lui offrir une journée au spa, ça aussi, c’était bien son style. Les psychopathes, de nos jours, n’ont même plus l’amabilité d’être sadiques dans les règles de l’art.

Les traditions se perdent.

Pour l’heure, ils n’en savaient pas beaucoup plus, alors Karm se concentra sur les histoires de famille de Maxence. L’opération exigeait un effort particulier pour lui, parce que tous ces concepts, les cousins, les oncles, étaient au fond bien éloignés de ceux qu’il avait assimilés dans son enfance et qui façonnaient depuis sa manière de penser la famille.

Les cousins, demanda-t-il pour vérifier, c’est les gens qui ont été engendrés par la personne qui a été engendrée par les mêmes personnes que ton père, c’est ça, hein ?

C’est sûr que dit comme ça, c’est tout de suite beaucoup plus clair.

Je vois je vois.

Dans les grandes lignes.

Heureusement, la partie sur le meurtre de l’un de ses confrères était beaucoup plus transparente. Le visage du Jedi avait repris son inexpressivité habituelle quand il récupéra avec des gestes précautionneux les deux morceaux du sabre. Des armes brisées comme ça, il en avait ramassées déjà plusieurs, les lendemains de bataille, dans des villes ou des champs dévastés, à la frontière entre l’Empire et la République.

Merci, murmura-t-il d’une voix un peu lointaine.

Le Maître referma soigneusement la boîte pour la poser sur le bureau à côté d’eux.

C’est pas vraiment mon domaine, reconnut-il. Mais j’imagine pas que les Sentinelles de l’Ordre, ‘fin, nos… Enquêteurs, quoi. Restent les bras, ou tentacules, ou pattes croisées en récupérant un indice pareil. Je sais que t’as tes propres trucs à régler avec lui et… Ben, je suis mal placé pour me représenter ce que ça fait. Enfin non. Pas tant que ça. Si quelqu’un avait arrêté Tavaï à ma place, je pense que ça m’aurait méga saoulé.

Toujours un vocabulaire émotionnel d’une rare précision descriptive.

Mais je doute qu’ils soient très réceptifs si je leur dis de te laisser faire les choses dans ton coin. Les Sentinelles et moi, on a pas précisément une relation très, disons, fusionnelle.

La méfiance était réciproque. Karm les voyait comme des inquisiteurs en puissance, elles le voyaient comme un dangereux hérétique aux fréquentations suspectes.

J’vais tâter le terrain, je te dirai.

Encore une conversation avec ses confrères qui s’annonçaient sous les meilleurs auspices. Pour se consoler, il prit le sachet d’herbe, l’ouvrit et en huma le délicat bouquet.

Ça a l’air cool. Si tu veux, je peux te faire participer à une séance de méditation par les plantes. C’est pas exactement la technique favorite des mecs les plus réacs de l’Ordre, mais c’est une tradition millénaire et c’est… ‘Fin… Fort, quoi. Significatif. Vivant.

Pour le Gardien, le rapport à la Force n’était jamais celui de l’abstraction des purs esprits et, de la même manière qu’il était un grand adepte de la méditation par le combat, il lui paraissait tout naturel de se mêler intimement à la nature pour atteindre des degrés de conscience supérieurs.

En tout cas, pour les flingues et l’atelier, pas de problème. L’Ordre à des Artisans Jedi spécialistes des armes, mais pour le coup, ils sont plutôt ailleurs. Ça n’empêche qu’ici, on devrait avoir tout ce qu’il faut, surtout si c’est des finitions. Moi-même, je commence à me dire qu’il faudrait que je réfléchisse sérieusement à des genres de protection.

Cela dit, comme Maxence avait pu s’en rendre compte, entre ses cabrioles et son sabre, Karm n’était certes pas le type le plus facile à atteindre avec un blaster.

C’est pas vraiment mon domaine mais ma Padawane a une passion pour ce genre de choses. ‘Fin bref, si t’as des idées… En attendant, ouais, ce que je propose, c’est un tour de l’Enclave pour commencer, histoire que tu voies où tu peux trouver quoi pendant ton séjour ici, puis ensuite, on prend un speeder et on va pique-niquer dans les collines. Si on s’éloigne pas trop, c’est assez calme.

Rassurant.

Après ça, si ça te tente de rencontrer des gosses, on peut s’incruster dans un atelier de travaux pratiques, un entraînement, un truc du genre. Sinon, je te montre les animaux. Y en a qui sont…

L’explorateur prit un air très grave.

… vraiment beaucoup trop choux.
Maxence Darkan
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Non, Maxence n'avait plus ses dents de sagesse, comme la plupart des gosse, elle était passée par la phase appareil dentaire et petite opération pour les retirer. La gamine avait une gueule de Quokka pendant cinq jours avec des joues bleu-jaune, un très joli moment de sa vie qu'elle essayait d'oublier par tous les moyens... au moins, ses dents étaient bien arrangées.

-Vraiment beaucoup trop choux, dis-tu ?... Tentant... tentant. La mercenaire se caressa le bout du menton. J't'avouerai, j'ai du mal à faire mon choix... mais botter l'cul d'une branlée de gosses pendant un entraînement, tu m'connais trop bien pour savoir que j'peux pas refuser. Si y a d'la course à pieds, j'les balayerai. Laisse-moi une seconde.

Elle enfonça sa main à l'intérieur de son blouson en cuir pour en sortir sa vibro dague, de l'autre côté, un couteau de cuisine, puis, alors qu'elle croyait avoir terminé, elle haussa les épaules en ricanant. Sa main passa dans son dos et elle dégaina son blaster avant de le poser sur le bureau. De base, elle paraissait désarmée, mais une Darkan ne peut pas se permettre de sortir de son vaisseau sans emporter des armes. Le deuxième blaster était dans son sac.

-J'l'oublierai presque celui-là. Me demande pas d'où sort le couteau d'cuisine, je sais pas non plus. J'me suis réveillée un matin avec la gueule de bois et aucun souvenir, il était déjà dans la poche du blouson.

Ça faisait plus d'une semaine qu'il traînait dans la poche intérieure pour aucune raison. Le reste des armes, c'était uniquement un manque de confiance léger envers un temple rempli de moines policiers et des antécédents judiciaires compliqués. Elle sortit quelques affaires pour les poser sur une étagère, la seule de la chambre. En posant sa trousse de toilette dans un coin, elle soupira, satisfaite.

-Comme quoi, il en faut peu pour se sentir chez soit. Elle se tourna vers Karm. En passant, par rapport à mon père... si tu peux m'chopper des infos, genre, des antécédents avec les Jedis, j'dis pas non, mais ouais, évite d'impliquer des sentinelles dedans.

Elle avait déjà compris la leçon avec ces précédentes « proies ». Il fallait se montrer patiente, récolter toutes les informations utiles à l'approche de son père, puis lui sauter dessus pour forcer ses dents à forniquer avec du béton. Maxence attrapa le bras droit de Karm, coude sens dessus-dessous pour se diriger en dehors de la chambre réservée. Elles suivirent les couloirs vides pour se diriger à l'extérieur. La mercenaire, durant ces pérégrinations, avait pu découvrir toutes sortes d'endroits, des villes, des villages, des fermes, mais l'Enclave était quelque chose de fort nouveau pour son œil. Le tout semblait être récent, avec une architecture qui, malgré une ressemblance avec d'autres, n'avait rien de commun dans la galaxie.

-J'te l'dis, reprit-elle égaillée, c'est le premier prototype fiable de culasse. J'suis sur à cent pour cent qu'il fonctionnera, j'y ai mis du cœur. Puis elle formula la manière de l'expliquer dans sa tête avant de se lancer. Tu vois l'gamin du parc de jeu qui porte toujours le même t-shirt noir à l'effigie d'un sport de combat et chaque jour à l'école il te pousse par terre, te crache dans l’œil et insulte ta sexualité ? Bah, c'est à peu près l’énergie qu'j'essaye de faire transparaître dans ce prototype.

Dans les faits, et pour expliquer de façon plus efficace, le ionisateur à particules circulaires de Maxence, bidouillé dans tous les sens, se permettait de dégommer des boucliers en deux-deux tout en gardant la même puissance de feu. Elles venaient d'arriver à l'extérieur du bâtiment.

-D'ailleurs, ta Padawane qu'à une passion pour... les blasters ? Le bidouillage technologique en général, je suppose.

Elle avait du mal à imaginer un•e Jedi avec des blasters, mais des gens qui aimaient trifouiller toute sorte d'objet, elle en connaissait... principalement parce qu'elle faisait partie de ce cercle particulier. Son expertise restait penchait plutôt côté astromécanique, cependant, comme vous pouvez le constater, la blondinette en connaissait un rayon sur les armes de poing.

-Tu m'as jamais vraiment parler d'elle... j'l'ai jamais vu non plus, mais j'dois t'l'avouer, les Padawans me saoulent.

Injuste de sa part étant donné qu'elle n'en avait jamais vraiment rencontré, ceux qu'elle avait rencontré lui avaient foutu des frissons. Des gamins tous plus louches les uns que les autres avec leurs croyances et leurs idées... un peu comme des premiers de la classe qui ne veulent pas te filer leurs exercices pour dépanner. Rien de tel qu'un bon harcèlement quotidien pour leur remettre leurs idées en place. Non, vraiment, ne faites pas ça.

-Tu gères tout ça avec elle, un truc du genre ? D'ailleurs, c'est toi le big boss des lieux ? Depuis quand tu t'occupes de l'Enclave ?
Karm Torr
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On demandera à Loé. Pour ton père, j’veux dire. C’est pas un Sentinelle et puis surtout, on peut lui faire confiance.


L’ancien Padawan de Karm avait appris à ses côtés qu’il fallait parfois jouer un peu avec les règles, pour en atteindre l’esprit sans en appliquer la lettre. Une leçon dont d’autres Maîtres auraient certes préféré qu’il se passe, mais que le jeune Consulaire trouvait désormais fort utile dans son quotidien de diplomate des frontières, loin des salons à tapis rouge de Coruscant où il avait reçu la première partie de sa formation.


C’est pas un enquêteur ni rien, mais il pourra poser des question aux Archives sans que ça paraisse immédiatement suspect. Allez, viens.


Dehors, c’était le début de l’été sur Dantooine : la chaleur n’était pas encore oppressante, comme les jours où les rayons du soleil brûlaient presque l’herbe des collines. Dans la grande cour rectangulaire qui longeait les bâtiments alignés, des adolescents, parfois en bure, le plus souvent non, s’exerçaient apparemment à monter et démonter un engin agricole, sous les instructions d’un homme à qui il manquait plusieurs doigts.


Thann, ma Padawane, précisa Karm, alors qu’il était question des blasters. Mais son truc, c’est plutôt les vêtements, et j’imagine plus ou moins les armures, enfin, si ça l’intéresse, que les blasters eux-mêmes. C’est l’autre branche des Sentinelles. Les Sentinelles font dans la police, le contre-espionnage, ce genre de choses, mais y a tout un pan qui est aussi consacré à l’ingénierie et les techniques. Là où on trouve les Artisans Jedi, par exemple.


C’était bien entendu de ceux-là dont Karm était au fond le plus familier, parce que c’était avec eux qu’il avait le plus d’affinités, et par ailleurs il les retrouvait dans les opérations de soutien aux réfugiés lorsque, au moment de la colonisation d’un nouveau monde, les Artisans venaient transmettre leur savoir-faire à une population déboussolée.


Après, y a des maîtres d’armes jedi qui sont spécialisés dans les blasters. C’est assez rare de nos jours et la guerre avec les Siths rend ça… Moins pratique. Mais ça existe. Pareil pour le combat à mains nues. ‘Fin bref, donc, Thann, elle est hyper cool, hyper… Tu sais, c’est un esprit en train de se construire, qui se saisit de ses expériences et de ce qu’on lui enseigne pour réfléchir par elle-même. Tu lui donnes un truc, elle décortique pour se l’approprier. Elle est spéciale sans faire d’efforts pour être spéciale, et ça, c’est un peu la classe.


L’affection du Jedi était évidente, mais chacun sait désormais que sous dehors de glaçon fraîchement sorti du congélo, Karm est un petit coeur sensible plein d’amour et de paillettes.


Je te présenterai un jour, quand elle sera dans le coin, mais j’essaie de faire en sorte qu’elle puisse suivre des formations un peu partout. C’est bien d’avoir un Maître pour se guider, mais je peux lui apprendre que certaines choses et elle a besoin de côtoyer d’autres spécialistes. Perso, j’ai été enfermé dans un tout petit monde quand j’ai été formé, et jamais j’imposerai ça à mes Padawans.


Ils s’étaient éloignés des bâtiments et, en face d’eux, ils commençaient à apercevoir sur une colline une dizaine de silhouettes disparates.


Là-haut, c’est un entraînement. Et donc… C’est plus Nata, qui gère tout, concrètement. Elle refuse toujours de se l’admettre, mais… T’sais, c’est le genre de personnes, quand moi je vois un bordel logistique sans nom, des emplois du temps contradictoires, des approvisionnements qui viennent pas, elle, elle jette un œil et en deux heures, tout est carré, tout va comme sur des anti-grav, c’est… Un genre de sorcellerie, je soupçonne.


Et une forme de perversité, parce que Nata avait l’air de se complaire dans ses tableurs holographiques à quintuple entrée, mais il faut de tout pour faire une Galaxie.


Luke gère pas mal des aspects… Légaux, et disons relationnels, avec les pouvoirs républicains, le gouvernement planétaire, les autorités de l’Ordre Jedi. Thann a conçu les bâtiments avec l’aide des architectes, et par conséquent ce qu’on en fait, un peu l’esprit du lieu, tu vois ? Moi…


Il haussa les épaules, l’air soudain un peu mal à l’aise.


Je sais pas trop, disons, euh… J’ai eu la motivation de départ, voilà. ‘Fin bref, peu importe.


C’était ce qui s’appelait botter en touche précipitamment et de façon pas très discrète. Mais ils étaient arrivés en haut de la colline où une femme tirait sur un groupe d’adolescents quasi à bout portant.


Hey, Mademoiselle.
Maître Karm, s’exclama la Gotale avec enthousiasme, en baissant son blaster.


Parmi les jeunes gens, qui devaient avoir tous entre quinze et dix-sept ans, un murmure se répandit. On se poussait même du coude, en montrant Karm, parfois Maxence, et il était manifeste que la présence de l’Ark-Ni suscitait une certaine ferveur parmi la nouvelle génération.


Mademoiselle, je te présente Maxence, Maxence, Mademoiselle.
Enchantée.


Mademoiselle tendit une main calleuse à la mercenaire.


Mademoiselle est une ancienne des forces spéciales républicaines, expliqua le Gardien. Elle cherchait à se mettre au vert, je lui ai dit que sur Dantooine, les locaux sur un peu tous les continents cherchaient des gens pour organiser la sécurité, et du coup, ensemble, on organise une formation mixte, pour Padawans et pas Padawans. Ça roule, les jeunes ?


Ce fut un carillon de « oui, Maître ».


C’est quoi le programme du jour ?


Ce fut un autre carillon, guère compréhensible.


Esquive de tirs de blaster, intervint Mademoiselle, pour clarifier la situation. Sans la Force.


Et son regard se posa intensément sur un Bothan qui essayait de se faire discret.


N’est-il pas ?


Le jeune homme marmonna quelque chose dans sa barbe (littéralement), mais n’en hocha pas moins la tête. Mademoiselle se retourna vers Maxence.


À ce que raconte le chef…
Le chef, le chef, exagérons rien…
Le chef, insista l’ancienne militaire, vous avez un petit côté as de la gâchette. Vous voulez les faire passer au niveau au-dessus ?
Maxence Darkan
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Les vêtements disait-il, ça tombait plutôt bien, elle avait une robe de gala un peu trop grande pour elle qu'il fallait rajuster. Maxence aurait pu en faire part à Karm, mais elle gardait une certaine fierté masculine à rejeter les vêtements féminins... malgré cela, elle devait se l'avouer, la robe en question était fabuleuse et elle espérait un jour la porter sans faire dépasser un bout de sein d'un côté ou d'un autre.

-J'pense que tu surestimes pas mal les Siths, beaucoup ont plus de mal à affronter un blaster qu'un sabre.

Elle n'avait pas spécialement fait face à beaucoup de sabreurs dans sa vie, mais c'était une mercenaire qui rencontrait du monde et des qui entendait des histoires dans tous les sens. Abraham, un de ses compères Djiilo était, jadis, un grand spécialiste des emmerdes avec les Jedis, il en avait perdu son bras et voué une certaine rancune envers l'Ordre depuis. Et oui, le Jedi coupable de son amputation n'avait pas spécialement fait ça par plaisir, principalement parce que l'homme en face ne lui avait pas donné d'autre choix.

L'Enclave relevé d'une grande organisation et, décidément, Nata et Thann étaient des femmes pleines de surprises. Dommage que le tout fut gâché par l'intervention de Luke dans le rôle de capitaine relation. Pour Karm, Maxence était prête à revoir ses préjugés sur les Jedis, pas sur Luke, je sais, c'est dommage, mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs. C'était de l'humilité, ou de la honte que Maxence essayait de comprendre par cette esquive de question façon matrix ? Aucune idée, mais elle le piégerait un jour ou l'autre là-dessus.

-Mademoiselle.

Fit-elle solennellement en lui serrant la main. Le destin, tout le monde s'appelait Mademoiselle avec bien plus d'années derrière que devant, tandis que Maxence était une Mademoiselle alors qu'elle voulait se faire appeler Madame... tout ça pour des histoires de nomination après mariage. Quoi que, Mademoiselle était peut-être tout simplement un prénom et dans ce cas... pas de chance.

-Vous êtes sérieusement en train d'me proposer de tirer sur des adolescents avec un blaster à bout portant ? Elle était sérieusement en train de lui proposer de tirer sur des adolescents avec un blaster à bout portant ? Putain, évidemment qu'j'vais l'faire. Elle attrapa l'arme pour l'examiner. Le chef ne ment pas, je tire plus vite que mon ombre. Alors les gamins, moi c'est Maxence, mais appelez-moi Max.

« Bonjour, Max ! » s'exclama la troupe d'hormones tourbillonnantes. C'était comme un rêve qui se réalisait, tirer sur des enfants... avec un blaster d'entraînement, évidemment, quand même, Maxence n'était pas non plus une monstre.

-Alors, qui veut commencer ? Pas de précipitation, visiblement. Bah quoi ? Vous avez peur de moi ? Vous avez raison. Toi, le tricheur avec la Force, tu passes en premier. Aller, tout le monde s'écarte, c'est ton moment. Il se plaça en face d'elle, les autres sur la droite. Ok, dis moi quand t'es...

Elle lui tira dessus sans sommation et l'adolescent tomba en posant sa main sur le choc qu'il venait de prendre au torse. La mercenaire éclata de rire -cette sadique- avant de reprendre dans le plus grand des calme.

-Tu crois vraiment qu'on t'demandera si t'es prêt ?

Un coup de coude l'interrompit durant son enseignement qui témoignait d'une morbide réalité.

-Allez-y doucement, sur le niveau supérieur.

-Ah, ouais, z'avez p't'être raison. Ok, debout soldat, ton heure n'est pas encore venue. Il se redressa, lui faisant face à nouveau. Ok, cette fois je vais te dire très clairement quand te tenir prêt. Prêt ? Signe de tête. Alors... ça commence.

Elle brandit l'arme pour tirer. Au début, elle tira dans les pieds, remonta vers le torse, puis, quand il commençait à s'habituer à la cadence, elle y alla à fond. Ce qui se termina par un laser dans le ventre et un Bothan au sol au bout de trois tirs à la Maxence.

-C'était... elle jeta un œil à la Gotale qui hocha la tête, pas trop mal. Suivant.

La mercenaire se prit très vite au jeu. À son attitude, difficile de dire si elle appréciait donner des leçons d'esquive de tirs à des adolescents, ou si elle aimait simplement leur tirer dessus. Pour certains, elle était carrément en train de frimer, passant l'arme dans son dos, sous sa jambe, jonglant avec pour toucher sa cible... enfin, Maxence quoi.

-Suivante et dernière. Ouais j'parle de toi, j't'ai gardé pour la fin, t'as une gueule à m'impressionner. Les jeunes gens chuchotèrent entre eux, étonnés de trouver une chouchoute commis d'office. Prête ? Alors c'est parti.

Maxence tira sur son flanc droit, puis le gauche, puis le reste s'enchaîna rapidement. Le moins que l'on puisse dire, c'était bien qu'elle avait l’œil pour repérer les professionnel•le•s en esquive de tir. Finalement, elle n'y manqua pas, une balle dans le ventre, cependant, la blondinette lui offrit son enthousiasme sur sa performance par une grimace approbatrice.

-Vous vous débrouillez pas trop mal. Ils ont pas utilisé la Force ? Demanda-t-elle naïvement à Mademoiselle qui, au moins, ne semblait pas l'avoir remarqué. Le problème, c'est qu'vous vous fiez trop à l'arme et pas à moi. Regardez les yeux avant le canon. Elle tendit le blaster à leur vraie professeure. Mademoiselle, me ferez-vous l'honneur de me tirer dessus ?

-Avec grand plaisir.

-Je sais pas trop comment j'dois l'prendre, mais j'vais m'contenter d'un merci. La cible dégaina une cigarette, sans l'allumer, elle plaça le filtre entre son pouce, son index et son majeur. J'vous préviens, j'vais m'la péter. Vous pouvez y aller.

Alors, la Gotale, forte de ses connaissances en arme de poing en tant qu'ancienne membre des forces spéciales, lui tira dessus le plus sérieusement du monde. La mercenaire évita les tirs avec une simplicité déconcertante. Un pas sur la gauche, un autre sur la droite, un petit bond nonchalant, une roulade acrobatique en passant. Il fallut une dizaine de tirs, près d'une vingtaine pour touche la blondinette qui s'attendait à un choc plus dur venant d'un blaster d'entraînement. Elle se tourna vers les adolescents.

-Vous pourrez jamais esquiver les tirs pour l'éternité. Puis elle posa sa cigarette allumée par un tir attrapé discrètement au vol entre ses lèvres. Mais vous pouvez frimer. Alors ? Des questions ? C'était bien plus de mains que prévu qui se levèrent. Ok, euh, toi, la petite qui ressemble à la pute qui me harcelait quand j'étais p'tite. Silence. C'est bon, j'déconne, vas-y, lance-toi.

-Vous vous êtes déjà faite tirer dessus ?

-J'aurais préféré qu'on m'demande si j'avais déjà tiré sur quelqu'un avant, mais oui et ça fait mal. Pour aller plus vite : oui, j'ai déjà tiré sur des gens et non, j'ai pas la Force. Des mains se baissèrent. Bon, toi.

-C'est quoi votre travail ?

-Mercenaire, je bosse pour beaucoup d'gens. Suivant. Toi.

-Comment vous avez perdu votre bras ?

-J'suis tombée dans les escaliers. Bah quoi ? Bon, d'accord, un Sith me l'a coupé. Il y eut un « Oooooh » général. C'est pas incroyable : un peu moins d'un pour cent d'la population galactique a perdu et va perdre un membre comme moi... c'qui fait qu'un d'vous aura sûrement la même chance, c'est cool, nan ? Nan ?... Bon, d'accord. Toi.

-Comment vous avez connu Maître Torr ?

La blondinette lança un regard complice à Karm. Évidemment qu'elle se souvenait de cette petite planète printanière et de son histoire de trafique de drogue. Elle reposa son regard sur le groupe d'adolescent.

-Dans un club de strip tease, il m'a demandé une danse privée. J'vous jure, j'ai rarement vu un Jedi avoir une telle gau...

-Je crois que c'est suffisant pour les questions. Merci Maxence, votre intervention fut plus qu'instructive.
Karm Torr
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C’est quoi une gau ?

Un fils de marchands de Dantooine, plus informée que les jeunes Padawans, se pencha à l’oreille de la jeune fille pour lui transmettre dans un murmure un précieux savoir à l’oreille.

Oooh…

Une trentaine de paire d’yeux (dont cinq de la même personne) se braquèrent sur le Maître de l’Enclave.

C’est vrai qu’avant on l’appelait le Chevalier au Slip, murmura quelqu’un d’un ton pensif.
Bon, les jeunes, le passé c’est fascinant, mais je dois faire disparaître Maxence dans un incinérateur à ordures.

Les trois adultes — dans lesquels je compte Maxence, par charité — s’éloignèrent de quelques pas et Mademoiselle considéra le duo d’un regard rieur.

Il a bien changé, le petit.
’Suis pas petit.
Bien sûr, fit la Gotale, avant de se tourner vers la mercenaire. Quand je l’ai rencontré, il n’avait que quinze ans, il était encore moins grand et il était très…
Viril ?
Coincé.
Sage.
Coincé.
Pffff…
Allez, je ramène la jeune génération traumatisée au Temple.

Elle leur serra la main, avec la poigne vigoureuse d’une ancienne militaire, avant de s’en retourner à ses élèves, tandis que les deux autres poursuivaient leur chemin sur le flanc de la colline.

Elle m’a sauvé la vie trois fois, expliqua l’explorateur quand ils se furent un peu éloignés. C’est à elle que je dois beaucoup de ma compréhension de ce que c’est qu’un vrai champ de bataille. Tu sais, le concret de la chose, pas la théorie et les salles d’entraînement. D’un point de vue républicain. Tavaï, elle…

Il haussa les épaules et conclut simplement :

Monomaniaque.

De retour à l’esplanade de l’Enclave, ils pénétrèrent dans un nouveau bâtiment, dédié tout entier celui-ci aux nécessités de la vie commune : c’était là que l’on trouvait la bibliothèque et le réfectoire, l’amphithéâtre et les grandes salles polyvalentes, et tous les jardins intérieurs, ceux qui abritaient les plantes les moins susceptibles de s’adapter seules au sol et au climat de Dantooine.

Reviens ! Re… Mais reviens, enfin !
Bzzbzbzbzzbzzz !

Maxence et Karm furent obligés de se plaquer contre le mur alors qu’un robot tripode d’un mètre cinquante passait à toute vitesse à côté d’eux, en gambadant dans une démarche maladroite le long du couloir, poursuivi par une jeune femme échevelée.

Qui interrompit néanmoins sa course dans un dérapage plus ou moins contrôlée en croisant les deux visiteurs, pour se retourner vers eux.

M… m…
Inspire expire, suggéra l’intéressé ?
Maître Karm, fit-elle enfin, en se tenant le côté de sa main gauche, une prothèse cybernétique à dix doigts constellée de voyants, qui ne ressemblait à rien de ce que l’on pouvait trouver sur le marché. Je, bonjour, il fait beau n’est-ce pas ?
J’imagine que c’est pour ça que l’autre était pressé de sortir.
La situation est entièrement sous contrôle.
J’ai vu ça.
Je vais, euh…
Oui ?
Me promener par là-bas.

Krrrbrrmbrrrm.

Clash.
BANG.


Bzzzzzzz…
Herm.
Tout est entièrement sous contrôle ?
Tout.

Et la cyborg s’éloigna à reculons, avec une sorte de révérence maladroite, avant de faire volte-face et de reprendre sa course.

L’une de nos roboticiennes les plus talentueuses, pour la jeune génération, expliqua-t-il. Une jeune Sentinelle. Elle est un petit peu… herm… excentrique.

Et l’hôpital s’étant ainsi moqué de la charité, Karm acheva de remonter le couloir avec son amie pour pousser la porte des cuisines, à la recherche d’un pique-nique. À l’intérieur, il régnait une activité fébrile alors que l’heure du repas approchait : des robots-cuisiniers assistaient quatre jeunes gens, sous le regard attentif d’un vieux Bothan à fourrure blanche. Parfois, des ingrédients volaient d’eux-mêmes au-dessus des plans de travail et d’autres fois, un garçon tranchait des légumes avec une rapidité beaucoup trop fulgurante pour être vraiment naturelle.

Venu voler de la nourriture, Maître Karm, n’est-ce pas, fit le Bothan en descendant du tabouret sur lequel il était perché, pour s’approcher des deux nouveaux venus avec une lenteur délibérée ?
Moi, s’offusqua l’Ark-Ni ? Quand est-ce que je fais ce genre de choses ?
Ce matin ?
Une fois, quoi.
Et hier soir.
Ou deux.
Et puis…
Maître Ninden, je vous présente Maxence. Maxence, Maître Ninden, notre Maître Cuisinier.

C’était probablement moins digne d’un holofilm que les maîtres d’armes qui combattaient les Siths à travers la galaxie sabre laser à la main, mais à en juger par les regards qu’on lui adressait, le Bothan jouissait en ces lieux d’un respect infini.

On venait voir si…

Du bout de sa canne, Maître Ninden tapota un carton posé sur une étagère à côté de lui.

Pour un pique-nique. C’est ici.
Comment vous saviez ?

Le Bothan se pencha vers Maxence et lui glissa d’un air conspirateur :

Je vous ai fait la tarte que vous aimez bien, jeune fille. Avec la petite pincée de sel qu’il faut.

Puis le regard du Bothan revint sur l’autre Maître et il déclara d’un ton espiègle :

Je sais tout, Maître Karm. Tout.

L’explorateur s’empara du carton, désormais plein d’espoir quant à son contenu.

Et je sais que vous devriez être plus sincère avec votre guérisseur.
Je…
Car celui qui se rend seul au milieu des siens, celui-là se prive des autres et les prive de lui-même.

Sur quoi, Maître Ninden donna un petit coup de canne dans les mollets du Gardien.

Allez ! Oust ! On est occupés ici ! On a toute une Enclave à nourrir.

Il ne s’en pencha pas moins vers Maxence une dernière fois pour rajouter :

Et vous me direz ce que vous avez pensé du fromage dans la salade.
Maxence Darkan
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La mercenaire restait, reste et restera toujours une grande inspiration pour les jeunes générations, fait scientifique.

Maxence avait presque oublié, Karm était très sédui... Karm avait fait la guerre. Il avait connu les champs de bataille et elle ne savait pas vraiment si la façon dont il voyait les choses, la fatilité, était due à sa nature d'Ark-Ni ou simplement son éducation au sein de l'Ordre, plus précisément en compagnie de Tavaï. Étrange. Un homme, une femme, une personne dans son intégralité, pouvait-elle réellement restait sans aucun séquelle vis-à-vis de tels événements, pour la blondinette, la réponse restait non et elle se contenta de le regarder d'un drôle d’œil.

L'Enclave était pleine de vie, des vies bizarres, mais des vies, pour sûr. Elle avait presque envie de se mettre à courir après le droïde pour voir où cela la mènerait.

-Joli prothèse. Y' a vraiment de tout ici.

Finit-elle par admettre simplement avant de reprendre son chemin. Ça avait l'air sous contrôle, de toute façon. L'odeur des cuisines l’envoûtait, une sorte de madeleine de Proust inconnu, ça lui disait quelque chose, quelque chose venant de son enfance, mais elle n'arrivait pas à se rappeler.

Mais il y avait un mais : comment savait-il pour la tarte ? Comment saivait-il pour cette putain de tarte ?! Je suis le narrateur, c'est moi qui lis dans ses pensées ! Moi ! Lisait-il l'avenir dans le gras de cochon ? Ces sorciers Jedis, ils ne survivront à personne. Maxence grimaçait des sourires et hochait la tête en se demandant quel genre de type était réellement Maître Ninden, elle en conclut un psychopathe qui enfermait des enfants dans la chambre froide de sa cuisine en leur offrant des bonbons.

La blondinette pencha la tête en avant pour le saluer et bégayer un merci avant de s'en aller avec le chef.

-Karm. Fit-elle d'un ton fébrile. C'était une des expériences les plus terrifiantes et agréables que j'ai jamais vécu.

Et pour peu, c'était carrément flippant. Elles s'engagèrent dans un couloir qui longeait le bâtiment avant de sortir par une petite porte latérale. Un speeder les attendait à l'extérieur. Maxence laissa Karm poser le carton sur la banquette arrière, tandis qu'elle s'installait à la place passager.

-Alors en route pour notre joli rencard. J'me doute que t'appelles ça un « pique-nique » pour te donner bonne morale, mais tout l'monde sait comment ça va se terminer.

C'était fou, même après un an et demi de rejet de ses avances, elle gardait espoir de se retrouver dans un lit avec lui, pour une fois, je vais être en accord avec le fait que... l'espoir fait vivre. Le speeder s'élança sur la route, empruntant un chemin de campagne tout mignon. La blondinette admirait la vue alors qu'elles s'approchaient des collines.

-« Celui qui se rend seul au milieu des siens, celui-là se prive des autres et les prive de lui-même ». Belle mémoire. Ça m'fait penser à des paroles d'une chanson... et d'un mec que j'ai rencontré en soirée. On était complètement défoncé en-dessous d'un arbre et on des trucs perchés pour rigoler. J'suppose que c'est une forme de méditation par les plantes.

Les plantes et l'alcool, principalement. Elle n'avait pas compris ce que Maître Ninden voulait dire par là, mais elle trouvait la phrase très jolie. Quelques minutes plus tard, elles montèrent au sommet d'une colline où la vue était somptueuse. Posant une nappe à carreau rouge et noire sur le sol, Maxence s'allongea en soupirant. Des fois, des nuages passaient devant l'étoile de Dantooine, rafraîchissant l'air sur l'instant.

-Dis, j'ai une question bizarre. Quand t'utilises la Force... 'fin, quand quelqu'un utilise la Force, c'est pas automatique ? Non, la blague sur les antibiotiques n'est pas drôle et ne l'a jamais été. J'veux dire, il faut de la concentration, si t'es sous pression dans des moments tendus, ça marche pas aussi bien ?

Elle marqua une pause en touchant ses lèvres du bout de son index avant d'avouer.

-Bon, ok, en fait, j'essaye de comprendre comment me battre contre un sensitif. Je sais qu'j'aurais p't'être jamais affaire aux embu... j'veux dire, aux Jedis, juste, les Siths, y' a des chances que j'retombe un jour sur un Sith. Vous êtes pas si différents ? Hasarda-t-elle avant de se rendre compte du double sens. Dans l'sens où, 'fin, la Force quoi. J'sais pas, putain j'panique là.

Ricana la blondinette en se frottant les sinus. Un ricanement qui relevait par ailleurs de la nervosité : elle savait qu'elle se retrouverait une nouvelle fois contre l'un d'eux, un jour ou l'autre. On lui avait appris de quoi se défendre contre ces gens au corps à corps et elle maîtrisait les blaster mieux que quiconque, mais ils maintenaient tous ce mythe de l'invincibilité qui lui trottait gentiment dans la tête.

-J'aimerai qu'tu m'expliques comment fonctionne la Force. Mais dans les grosses lignes, me sors pas des pensées philosophiques à la con.
Karm Torr
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Maître Ninden peut être très déstabilisant, oui, confirma le Jedi qui avait lui-même l’impression de ne jamais ressortir tout à fait indemne de ses rencontres avec le vénérable Artisan. C’est un maître de la scrutation. L’art de lire le passé et l’avenir. Il nous a beaucoup aidé au moment de concevoir l’Enclave, pour ce qui est du… Quotidien. Tu sais, en faire un lieu de vie, un lieu que les gens habitent et s’approprient, et pas seulement un ensemble de fonctions.

Le Bothan était un homme étrange qui, aux yeux de Karm, appartenait de bon droit à la légende de l’Ordre Jedi, mais dont les prouesses étaient largement ignorées, même de ses coreligionnaires. Maître Ninden n’allait pas sur les champs de bataille, ni dans les grands sommets diplomatiques. Il ne pourchassait pas les criminels et il ne triomphait pas des Siths. Mais, depuis des générations, de repas en remarques, d’observations patiemment couchées par écrit et de leçons de choses, il façonnait petit à petit ce que l’Ark-Ni considérait comme un Ordre meilleur, plus inclusif et plus progressiste.

Le speeder les avait emmenés sur les collines. Un peu plus loin, près des falaises rocheuses, Dantooine se faisait plus sauvage. Même après toutes ces années au sein de la République, le monde, avec sa petite population de fermiers, n’était pas entièrement quadrillé, domestiqué et mis en culture. Karm avait assez fréquenté les paysans du coin, ces dernières années, pour comprendre que c’était une situation dont ils faisaient plus que s’accommoder : ils l’entretenaient, en un certain sens, pour garder leur distance avec une civilisation dont les nouvelles, quand elles leur parvenaient, avaient toujours quelque chose d’un peu effrayant.

Bientôt assis en tailleur sur la nappe, l’explorateur déballait leur repas pendant que Maxence l’interrogeait. Les effluves d’un plat fermenté et épicé qu’on trouvait habituellement chez les vendeurs de rue des bas quartiers d’Ondéron, et que Maître Ninden avait perfectionné après l’avoir longuement étudié, vinrent se mêler à l’odeur de l’herbe et des buissons sauvages, tout autour d’eux.

Hmm… C’est pas si compliqué que ça, tu sais, finit-il par répondre. La Force, c’est un peu comme… Des ailes. Y a des espèces qui en ont, d’autres pas. Tu peux t’en servir pour voler, tu peux t’en servir pour mettre des coups, et si on te pousse d’une falaise, probablement que tu vas t’en servir instinctivement. Ça paraît bizarre et grandiose, parce que c’est invisible et impalpable.[/color]

Karm avait un mystique convaincu, et il ne croyait pas qu’il fallait entretenir face à la Force une sorte de distance respectueuse, une révérence froidement religieuse : au contraire, de son point de vue, son devoir était de la rendre aussi familière, présente, quotidienne, intime que possible.

Donc. Y a des usages de la Force qui vont être instinctifs. Un peu comme quand t’entends un bruit suspect quand t’es dans une ruelle sombre, tu sursautes et tu dégaines direct ton blaster. Idem. Ça peut être tout et n’importe quoi. Une ultime poussée télékinésique pour se sortir d’un tir de blaster. Des éclairs quand on est sur le point de mourir dans un dernier espoir de repousser ses adversaires. Ensuite, y a ce qui se passe tout le temps. Les trucs permanents. La longévité naturelle de certains Jedis, c’est un exemple d’usage passif. Plus l’utilisateur est puissant, plus ça peut être impressionnant. Ça va de… une sorte de sixième sens qu’on retrouve chez beaucoup de gens qui sont pas des Jedis ou des Siths. À une sorte de protection naturelle contre les attaques. Contre ça, y a pas grand-chose à faire, et de toute façon c’est assez rare.

Lui-même n’était pas certain d’avoir croisé beaucoup de sensitifs aussi puissants, mis à part Maître Don.

Mais le gros de ce à quoi tu peux être confrontée, ce sont des usages intentionnels et ponctuels de la Force. Ce que tu m’as vu faire 99% du temps. Et ça, ça demande de la concentration. Ou plutôt…

Il y a encore quelques années de ça, il aurait été incapable de fournir des explications même d’une vague clarté, mais avec l’âge, et les cours dispensés aux Padawans, le Chevalier prisonnier de son propre petit monde avait appris à s’exprimer pour les autres.

Ça demande de l’investissement psychologique. Tu vas voir, c’est une différence qu’est pas sans importance. Mais donc, typiquement, quand je fais pousser des plantes, je prends la décision de le faire. Ensuite, je dois me concentrer pour sentir la Force, dans les plantes. Comme quand tu plisserais des yeux pour distinguer quelque chose au loin. Et ensuite, je dois me concentrer pour la manier pour obtenir l’effet désiré. Plus la personne est entraînée, plus ça va vite, plus les effets peuvent être considérables et plus elle est capable de faire ça malgré des distractions extérieures.

Karm s’octroya une pause pour avaler une bouchée d’une sorte de ragoût végétarien fort peu engageant, mais depuis qu’elle le connaissait, Maxence l’avait probablement vu tester des plats tous plus bizarres les uns que les autres.

Mais c’est pas toujours une affaire de concentration. L’investissement psychologique, ça peut être… De l’émotion. Les Siths font des trucs impressionnants sous le coup de la colère, par exemple. Y a un gros débat philosophique au sein de l’Ordre sur la place des émotions dans le Côté Lumineux, mais je t’épargne ça. Ce qui faut retenir, j’pense, c’est que c’est pas parce que ton adversaire est complètement submergé et incapable de se concentrer, qu’il pourra pas avoir une réaction brusque et spectaculaire. Mais… Ben disons que quand la situation est désespérée et que tu es pressée de partout, tu peux tirer dans le tas pour te battre de toutes tes forces, mais tu peux pas vraiment faire froidement un tir de sniper bien calculé. Ben c’est pareil.

Certains Maîtres seraient probablement consternés de l’entendre ramener ainsi toutes les expériences de sensitifs à des réalités profanes.

Parce que tous les pouvoirs de la Force sont pas interchangeables et tous les sensitifs ont pas accès à tous les pouvoirs. Y a des trucs qui sont plus compliqués que d’autres. Et y a des trucs qui correspondent à des spécialités. Et ça, tu peux l’apprendre, même sans être très sensible à la Force. Tu peux en apprendre assez pour cerner ce que ton adversaire est susceptible de faire après quelques manifestations. Tu jettes un œil à un mec, tu vois son équipement, t’as une idée de ce qu’il peut faire. C’est dans le même genre.

Quelques insectes s’étaient aventurés sur la nappe. Karm fit un léger geste de la main dans leur direction et, après un instant d’hésitation, les minuscules animaux se décidèrent à rebrousser chemin.

Donc, par exemple. Ce que je peux faire avec les plantes, les animaux, tout ça. Tout le monde y arrive pas. Mais de la même façon, ces histoires de télépathie et de contrôle mental, là, j’y connais que dalle. L’immense majorité des utilisateurs de la Force vont pas être capables de faire dix milles choses avec. Ça demande de l’étude et de l’entraînement, ils vont être relativement spécialisés dans quelques domaines choisis. Si t’es bien renseignée, c’est possible d’avoir relativement peu de surprises quand tu les retrouves face à toi.
Maxence Darkan
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-Hmm !... putain, cette salade est un bordel de délice.

Maître Ninden avait dû sourire de cette réaction avant même qu'elle n'arrive. Là où la Force l'ennuyait pas mal, la plupart des pouvoirs se montraient très inintéressant aux yeux de la blondinette, la scrutation dont avait parlé son ami avait un côté fascinant. Celui de l'esprit lui faisait peur.

Tout en dégustant sa salade, la mercenaire se montra plus qu'attentive à ce que lui raconter son petit Maître chéri.

-C'est c'que j'me disais. Son ton se plaçait entre déception et mépris. C'est facile pour vous. Elle échangea un regard rapide avec le Jedi. Si j'déteste la Force, reprit-elle de façon plus dégagée, c'est principalement à cause de ça. Y' a une branlée de types que j'ai rencontré, des guerriers d'exceptions, biens meilleurs que deux ou trois chevaliers Jedis réunis, des médecins, comme Fély, qui font typiquement c'que t'es capable de faire, mais sans la Force... bon, d'accord, j'exagère un peu, c'est quand même moins rapide. C'est juste... un ressentiment général. Vous faites de l'ombre, beaucoup d'ombre. J'm'en plein pas forcément, j'trouve ça pratique qu'on m'sous-estime uniquement parce que j'suis une gamine sans la Force, mais des fois, c'est triste.

Bien évidemment, elle n'en voulait pas à Karm, c'était loin d'être sa faute et elle lui avait avoué ça par pure sincérité. Cependant, le constat restait toujours le même, la Force, c'est pas si compliqué que ça, et pourtant, on trouvait des emburés et des Siths sur le podium des plus grands combattants : du gâchis. Si Karm espérait incorporer la Force à la galaxie, Maxence, elle, la voulait pointée du doigt, pour qu'elle détourne le regard, qu'elle soit plus discrète. Comme un curé homosexuel.

-Vous êtes pas si différents des gens normaux et pourtant, vous faites tout pour l'être. Je sais qu't'es pas d'ce bord là, que tu voudrais des Jedis plus en accord avec la société, blablabla. Sauf que pour l'instant, j'trouve ça... sectaire.

Une simple idéologie de la Force, et toute la galaxie se retrouvait dans une guerre qui s'embourbait toujours un peu plus. Puis il y avait des hommes et des femmes qui jouaient les chairs à canon pour arrêter une bande d'illuminés en rouge, des gens à qui on jetait des fleurs au retour des champs de bataille, sans se préoccuper des dégâts collatéraux, c'en était pathétique.

-'fin bref, merci pour la réponse. Elle reprit une bouchée de cette fantastique petite salade. Ceux qu'j'ai rencontré, les Siths, y' fonctionnaient pas qu'à la colère... en fait... ils étaient terrifiés. J'ai p't'être que vingt-deux ans, mais je sais reconnaître les différents regards, si tant est que le regard appartient pas à un Karm sauvage. Ricana-t-elle en reprenant une bouchée, puis son sourire s'effaça en regardant son bras. J'suis sûre que tu l'as eu aussi, ce regard. Sans aucun doute que elle, de son côté, l'avait eu. Et ils avaient les yeux d'une bête prise au piège, c'était bizarre.

Sur le moment, ce regard était plutôt compréhensible. Les Siths fonctionnaient par les émotions, ce qui les rendait bien plus humain que les Jedis quelque part. Pour Maxence, qui n'était pas fine psychologue, c'était bien plus simple de comprendre ce que pensait, ou pouvait penser un Sith comparé à un Jedi. Finalement, pour comprendre Maxence en elle-même, si vous voulez tous un conseil, là, maintenant, alors arrêtez d'imaginer une Jedi ou une Sith à sa place. Elle fonctionnait avec humanité... une humanité iconoclaste anarchique, rien de plus.

-J'ai des réponses, pour le contrôle de l'esprit, venant d'la source. Quand ils le font, ils se limitent. J'veux dire, c'est pas aussi simple que ça de faire de quelqu'un un pantin, y' a... une question d'volonté. Qu'est-ce qu'elle disait ? Ah, ouais, les gens sont des putains d'égoïstes qui tiennent plus à eux-mêmes qu'aux autres... un truc du genre. Ils sont vulnérables quand ils le font, moins attentifs, moins... moins dangereux, en fait.

Elle en avait tellement peur qu'elle avait tout fait pour savoir ce qu'était ce pouvoir pour l'appréhender. Si sa faible et peu fiable connaissance de ce pouvoir Sith pouvait aider Karm, c'était offert. La blondinette en connaissait plus sur les Siths que les Jedis au final, parce que pour l'instant, elle savait qu'elle n'avait pas d'emmerdes avec eux, mais ce jour arrivera, on parle de Maxence, évidemment que ce jour arrivera. Elle mangea en silence, continuant de regarder l'horizon, appréciant la brise dans ses cheveux et les rayons chauds de l'étoile au-dessus. En passant à la tarte, un nouveau « hmm ! » d'extase lui échappa.

-Faut qu'on retourne à l'Enclave et qu'j'm'envoie en l'air avec Ninden, c'est une putain d'demande en mariage cette tarte.

Là aussi, il avait dû sourire... ou avoir un peu peur.

-Pour ma part, continua la blondinette en s'empiffrant, j'ai toujours un peu fonctionné à la peur, 'fin, pas la peur qui te tétanise, plutôt, celle que tu ressens quand tu regardes un film d'horreur. Si t'en as jamais vu, le seul but de les regarder, c'est d's'offrir des sensations fortes. J'dirais qu'c'est une bonne peur, une peur qui m'excite : j'ai moins mal, j'cours plus vite, j'suis plus précise, j'ai mes sens en éveil, j'tape plus fort... comme une meilleure version de moi-même.

Cette peur en question ne pointait pas le bout de son nez à la première bagarre de bar, il fallait une situation précise, tendue, qui impliquait un réel danger.

-Tu carbures à quoi, toi, quand tu t'bats ? Me répond pas à la foi, parce que j'vais t'faire goûter ma tarte par l'mauvais trou sinon.
Karm Torr
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Y a pas de mauvais trou quand on s’amuse.


C’est poétique, c’est beau, c’est cadeau.


J’ai pas la foi dans le sens où la plupart des gens se la représentent. Je pense pas que la Force ait… Une personnalité, ni même une volonté. Je pense même pas que la Force soit une réalité distincte, un élément même impalpable de la fabrique de l’univers. Je pense que les gens et les animaux et les choses sont reliés, et interdépendants, qu’il y a une harmonie dans leurs relations, en tout cas une harmonie possible, et j’essaie de danser avec la musique.


Le jeune Maître esquissa un sourire d’excuse.


Désolé, c’est pas bien clair, mais d’ordinaire, je donne des cours de sabre, pas de religion. Ce qui me fait carburer… Dans la vie, en général, c’est la recherche de la justice. Pas la justice avec les lois, même si je pense que parfois elles sont bonnes, parfois pas. Mais disons l’ordre d’un monde où les faibles ont le droit de vivre. Quand j’explore des planètes, c’est aussi pour leur trouver des refuges. Quand je me bats, c’est pas pour l’Ordre, ou la République, ou même pour triompher des Siths et du Côté Obscur, c’est pour… les boulangeries, la fête des voisins et la lecture sur les bancs publics. Si tu vois ce que je veux dire. J’aime pas les choses qui sont nobles et grandioses. J’aime les réalités qui sont toutes petites, trop petites pour les holofilms et les romans.


Du bout des doigts, il caressa le tissu de la nappe de pique-nique. Le vent roulait sur les collines et dissipait les derniers fumets de leur repas. À quelques centaines de mètres, la silhouette d’un speeder agricole avançait lentement, pour ramener une récolte vers une grange voisine.


Et si ta question, c’est comment je fais sur le terrain… Je suis pas sûr d’avoir une réponse très simple, enfin très clair. J’ai pas souvent peur. J’ai pas souvent d’émotions très fortes ni très variées, je crois. Pour une part, c’est de… l’adaptation génétique et culturelle, chez les miens. Pour une part, c’est mon éducation. Pour une part, c’est… Du câblage. Quand je me bats, que je suis en pleine guerre, quand j’explore un désert et que les rations se font rares, quand tout ça, je pense pas tellement à moi, j’écoute ce qui se passe autour de moi, j’essaie de trouver le bon rythme, j’essaie de trouver le moment de grâce où je fais ce qu’il faut, quand il faut, comme il faut, et ça, pour moi, c’est la grâce, c’est la Force.


L’Ark-Ni laissa échapper un soupir, avant de s’étendre sur la nappe et de croiser les mains sous sa nuque, pour observer les très rares nuages s’effilocher dans la clarté d’un ciel d’été, sur Dantooine.


Je suis d’accord que les Jedis, c’est hyper sectaire. Je sais pas trop quelle est la bonne solution, parce que la sensibilité à la Force, de base, c’est pas un choix. Ce que je veux dire, c’est que sans Jedi, sans Sith, y aura toujours des gens avec ces pouvoirs, et le truc, c’est pas… Y a une limite à mes comparaisons. C’est pas comme un outil qui t’appartient. On est autant possédé par la Force qu’on ne la possède. Et si on s’entraîne pas, et qu’on apprend pas, alors… Ça peut être la réaction en chaîne. Mais je pense que cet entraînement et cet apprentissage pourraient être faits très différemment. Je sais que j’y arriverai jamais, cela dit.


Il tourna la tête vers son amie.


Les gens d’ici, de cette Enclave, j’veux dire, ils sont… Plus ou moins d’accord avec moi. Pas sur tout, mais disons dans les grandes lignes. Mais pour le reste de l’Ordre, c’est très différent. J’avance prudemment, j’y vais pas à pas, je clame pas sur tous les toits que je pense que la sexualité est une voie pour explorer la Force ou qu’il faut apprendre à s’attacher plutôt qu’à tout rejeter. Je préfère être un réformateur qu’un hérétique. Mais les gens se méfient. Un jour, je vais crever en sachant que j’aurais accompli qu’une infime partie de ce à quoi je croyais, et que peut-être il en restera rien du tout.


Il se disait d’ailleurs qu’il était le moins bien placé pour porter ses idées. Pas assez intelligent, pas assez charismatique. Que ne pouvait-il se dégotter un Consulaire éloquent pour haranguer le Conseil ?


Tu sais, je me dis souvent que si j’étais né vingt ans plus tôt, avec des Siths hyper discrets, pas de grande guerre, j’aurais quitté l’Ordre depuis longtemps. J’aurais fait mon bout de chemin ailleurs. Tout seul. Ou à former des gens là où l’Ordre n’est pas, dans la Bordure, au-delà des frontières de la République. Pas mal de ce que tu penses sur les Jedis, je le pense aussi, et j’aurais été peut-être plus heureux comme ça.
Maxence Darkan
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Maxence venait de finir sa tarte, délicieuse. Elle ne comprenait pas ce à quoi carburait Karm quand il se battait. C'était bien, s'adapter, mais elle ne concevait pas le fait de ne pas forcément ressentir le combat émotionnellement. Elle aurait presque pensé qu'il aimait se battre. Comme toujours, elle était un peu en désaccord avec ce qu'il disait... un peu beaucoup. Pour elle, avoir la Force n'obligeait en rien à l'utiliser, comme avoir une bouche n'obligeait en rien à l'utiliser... c'était surtout qu'avoir la Force n'obligeait en rien d'avoir une place importante dans la société.

-J'crois... j'crois qu'j'te trouve un peu gonflé. Réalisa la blondinette en fixant son ami. Genre, carrément gonflé même. 'fin, pas physiquement, tu fais pas une allergie, juste... t'es gonflé. J'veux dire, p't'être que t'as raison, sur la Force, qu'il faut que les gens puissent découvrir et comprendre leur sensibilité, j'peux au moins t'admettre que tu t'y connais plus que moi là-dessus. Mais c'est pas pour ça qu't'es gonflé.

Maxence regarda une seconde ses pieds étendus, dépassant sur l'herbe, puis elle se mit à glousser, puis à ricaner, puis à rire. Des fois, en rigolant, elle lui lançait des petits regards qui lui faisait reprendre son rire. Heureusement pour la patience de Maître Torr, elle se calma avant de sortir une cigarette, zippo dans la paume de la prothèse, la mercenaire l'alluma comme elle l'avait toujours fait avec son ancienne main.

-Tu sais c'que c'est la différence entre toi et moi ? La plus grosse différence, là, maintenant. Si vous avez répondu le pénis ou les nichons, vous êtes dégueulasse. C'est qu'tu peux m'arrêter. Tu peux prononcer ton plus beau : « Au nom de la République, je vous arrête » et t'as une branlée de raisons pour le faire. Et pourquoi tu peux m'arrêter ? Parce que t'as un sabre et tu fais pousser des plantes par la pensée. Un nouveau ricanement lui échappa. J'suis pas là pour t'engueuler ou m'foutre de ta gueule, mais j'trouve ça gonflé de chercher une justice quand ta place dans la société est injuste.

C'était un peu con de voir les choses comme ça, Karm avait toutes les notions nécessaires pour se placer presque au même rang que les autorités. Elle ne doutait absolument pas qu'il avait dû suivre un apprentissage, avoir des cours, des notions sur la justice, plus qu'elle, sans aucun doute. Cependant, il possédait ce droit, uniquement parce qu'il avait la Force. Sans compter que le système de l'Ordre sur les valeurs et le choix de leur novices ne paraissait pas infaillible, son stalker, Absalom, en était la preuve vivante.

-Y' a des mercenaires dans la galaxie qu'ont jamais eu l'opportunité de suivre des études pour, par exemple, entrer dans la police, pourtant, ils sont pas « faibles », ni fous, ni stupides, en fait, certains ont des putains d'valeurs. Ils acceptent que les contrats pour aider les gens dans le besoin, baissent leurs prix si nécessaire, font preuve d'altruisme, des fois, ils sont bien plus compétent qu'un Maître Consulaire, et là, j'exagère à peine...

Peut-être pas les têtes blondes mercenaires, mais il existait des hommes et des femmes, assagi•e•s par l'âge qui savait faire preuve de la plus construite des diplomaties pour éviter des bains de sang, des blessés et des décisions inconsidérées.

-...sauf qu'ils ont pas la Force, donc ils valent rien. Alors ouais, j'trouve ça carrément gonflé.

Même beaucoup des Djiilo étaient de fervents défenseurs de l'abolition de l'esclavage à l'intérieur de leurs frontières en plus de dépenser les ressources du Cartel pour aider des familles dans le besoin, peut-être que s'ils se mettaient à porter des bures en faisant voler des dildos par la pensée, on ne les considérerait plus comme des criminels. Après tout, ça n'empêchait pas Karm de penser ça, c'était tout à son honneur, juste que la blondinette en avait entendu des histoires sur des Jedis prêts à donner leur vie pour les « faibles et les opprimés » et franchement, ça lui donnait à chaque fois la gerbe. Un peu comme apprendre par les holonews qu'un riche banquier avait offert un million crédits à une association pour aider les enfants souffrant de malnutrition, quand bien même il était l'un des acteurs principaux de leur situation.

-Pis, si aider les faibles revient à prendre des enfants des mains de leur famille pour en faire des soldats sans attache... c'est... comment on appelle ça ? Une question épique intéressante.

-Éthique. Souffla discrètement son bracelet.

-Une question éthique intéressante.

Oui, bon, on en revenait toujours aux enfants soldats, c'était l'argument coup de poing par excellence pour les anti-Jedis... n'empêche qu'il n'en perdait pas moins sa valeur.

-'fin, j'dis tout ça, mais j'pense que t'es un super Maître et qu't'aurais fait un paquet d'jaloux du côté de l'Ordre en te tirant pour former tes propres... Padawans ? Apprentis ? Adeptes ? 'fin, voilà, t'as l'idée.

Maxence eut un moment d'égarement en remontant sa braguette ouverte depuis son arrivée sans que personne ne s'en rende compte.

-J'vois pas c'qui t'empêcherait d'le faire. Dans l'sens où... bah... elle pointa la direction supposée de l'Enclave, t'es déjà en train d'le faire. Et ça a l'air de plutôt bien marcher de c'que j'vois, tu penses pas ?
Karm Torr
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Heureusement que toi t’es pas gonflée, répliqua Karm sans détacher son regard du ciel bleu de Dantooine, parce que sinon, tu serais capable de suggérer en même temps que l’Ordre Jedi est horrible parce qu’il a des enfants-soldats, qu’il fait donc affreusement souffrir ceux qui le composent, et qu’il est injuste, parce que ceux qui le composent sont tous de gros privilégiés. Ce serait hyper paradoxal comme attitude, pas vrai ?


Il se redressa sur ses coudes pour adresser à son amie un sourire de chenapan.


(Oui.)
(Chenapan.)
(Ici, c’est réservé au plus de 90 ans, OK ?)


Cela dit, plus sérieusement, j’suis d’accord. Être plus sensible à la Force que la majorité des gens, c’est un privilège. J’ai jamais dit que c’était un poids. Et c’est un privilège qui est injuste, parce qu’il est de naissance. Le truc, c’est que… Ben c’est pareil pour un peu tout, non ? Y a des mecs qui naissent avec des QI astronomiques, et donc ils ont pas mal de chances d’avoir des carrières extraordinaires. C’est clair qu’ils vont s’éduquer, s’entraîner bosser pour transformer leur privilège et, genre, le rentabiliser, mais ça n’empêche qu’à la base, c’était la loterie de la naissance. Machin va avoir des parents pétés de thune, Bidule va se trouver à la bonne bataille au bon moment. Et cetera.


Le jeune Maître se rassit, pour fixer la mercenaire.


Mettons toi, là. T’as énormément de talent. OK, tu t’entraînes dur, t’en baves, tout ça. C’est certain. Mais des meufs qui atteignent ce niveau dans un kajidic, qui sont capables de faire ce que tu veux avec un flingue, ou tes poings, sans avoir une hygiène de vie impeccable, y en a quoi ? Une sur cent milles ? Une sur un million ? Tu prends la majorité des filles de ton espèce et de ton âge, tu les fais s’entraîner comme toi, j’pense pas que y en ai des masses qui s’en sortent comme toi. T’as été privilégiée par la nature, ou la génétique, tu prends ça comme tu veux, et tu vis dans une société qui t’a ouvert une voie de carrière où ce privilège est rentabilisable. ‘Tention, j’dis pas que c’est facile, ni que c’est enviable, ni rien. J’dis juste que conceptuellement, c’est pas si différent.


Comme de petits animaux commençaient à rôder à quelques mètres autour d’eux, Karm entreprit de remballer les restes de leur repas.


La question de l’injustice sociale du rôle qu’est dévolu aux Jedis, ça, c’est différent. Mais t’sais, je pense pas qu’on nous file cette autorité vraiment parce qu’on maîtrise la Force. À mon avis, c’est un bonus. Ce qui intéresse vraiment la République, c’est qu’on est des moines. C’est là que c’est tout bénef pour le pouvoir politique. Y a certes des brebis galeuses, mais disons que 95% des Jedis sont incorruptibles par l’argent, ont pratiquement zéro distraction dans leur vie, un sens du respect de l’autorité névrotique et… Tu l’as dit, c’est sectaire. La secte maîtrise la Force, c’est cool pour le pouvoir en place, mais si la secte était composée de pros de la gâchette, ça leur irait aussi bien. La Force, c’est l’aspect le plus bling-bling de la question jedi, mais socialement, politiquement, je pense que c’est aussi l’aspect le moins déterminant.


Beaucoup des membres de l’Ordre, à ses yeux, confondaient ce qui était le plus important pour eux avec ce que la République cherchait réellement, et Karm était persuadé que c’était bien leur obéissance, et même leur docilité enthousiaste, qui faisait leur valeur aux yeux de Coruscant.


Personnellement, j’pense pas que les Jedis devraient avoir le droit par défaut de jouer les flics. Je pense pas non plus qu’ils devraient élever leurs enfants comme des soldats. Dans mon petit monde idéal, l’ordre fonctionnerait comme une confrérie démocratique autogérée. Les gens vivent leur vie, avec leurs familles, et reçoivent une formation et un enseignement, autour de leurs sensibilités. Ils partagent des idées, des valeurs. Un certain sens de leur rôle dans leur société. Mais ils passent des concours comme n’importe qui pour devenir flics, ou rentrent dans l’armée, ou que sais-je encore. J’voudrais un Ordre Jedi fait de laïcs qui peuvent devenir des religieux si ça les branche, pas toujours composé de moines par défaut.


L’Enclave de Dantooine était un compromis précaire entre ces idéaux et la réalité.


Mais c’est pas la situation qui existe. Je joue avec les cartes qu’on m’a distribuées et les règles en vigueur quand je me suis assis à la table, parce que je pense pas être le prophète charismatique auréolé de légende qui pourrait se permettre de la renverser. Je me débrouille, j’imagine, en effet pas trop mal étant donnée les circonstances. Probablement parce que parmi les privilégiés de sensitifs, je suis encore privilégié par… Mes dons pour la Force. Ou le sabre. Mais voilà, je sais pas trop quoi faire d’autre que de composer avec un monde par nature et par construction à la fois injuste et inégal. Claquer la porte et cultiver des patates sur un astéroïde ? Tu veux raccrocher tes blasters et devenir experte-comptable sur Alderaan, toi ?
Maxence Darkan
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-Hé, j'ai jamais dit qu'vous faisiez souffrir vos enfants soldats, c'est facile de les influencer pour leur faire croire que la vie est belle au temple, c'est des gosses, ils gobent tout c'que tu leur lances à la gueule... à ton avis, comment l'Empire fait pour avoir des esclaves dociles ?

Peut-être que comparer des Padawans à des esclaves étaient... trop ? La blondinette avait déjà eu affaire aux Zyggériens de Kowak qui, eux, récupéraient plutôt la marchandise qui les intéressait, de tout âge, de toute taille. Mais l'Empire avait des familles entières d'esclaves, éduqués pour être des esclave. Éduquez un gosse pour en faire un soldat et il pensera que c'est une façon normale de vivre. Bon, pour des Padawans, c'était différent, heureusement, ils n'étaient pas mal traités, mal nourris ou quoi que ce soit de ce genre, mais pour Maxence, l'éducation de l'Ordre, c'était du conditionnement.

-Ok p'tit malin, t'as pas tort, sauf sur un truc. T'as déjà vérifié mes dossiers médicaux ? J'suis juste une femme lambda sans problème de santé, c'est pas un don, c'est normal. J'ai fait mes preuves, j'suis pas une gamine paumée dans un coin de la galaxie avec un QI supérieur aux autres, ou avec la putain d'Force.

Là où, comme le disait Karm, il a joué avec les carte qu'il avait en main, Maxence, elle, n'avait pas de carte, ni de jetons à poser sur la table pour prendre place.

-Ouais, j'maîtrise mieux les flingues qu'la plupart des militaires de la République et d'l'Empire, je tape plus fort que certaines, même certains sportifs de combat professionnels, je connais aussi des techniques ancestrales de... nan, en fait j'sais pas si c'est ancestral, disons qu'je connais des techniques martiales franchement complexes, mais j'm'y suis simplement mise.

Un peu comme apprendre le huttese sur l'holonet, ça ne faisait pas de vous un•e privilégié•e, juste quelqu'un qui a pris de temps d'être bilingue. Elle présenta son corps dans son intégralité, comme pour qu'il l'admire.

-J'suis pas née comme ça, j'me suis construite moi-même, sans personne pour me montrer la voie et les deux seuls avantages que j'ai, c'est mon groupe sanguin et mes p'tits nichons pour courir plus vite. Ma carrière était pas prédestinée. J'suis une orpheline... 'fin, pas tout à fait orpheline, mais j'avais pas d'tune, pas d'famille, pas de génome exceptionnel, pas d'ami. J'suis une gamine avec une enfance de merde qu'a fait tout son possible pour ne pas mourir.

Elle ne s'était jamais forcée à devenir ce qu'elle était à cet instant, c'était ça, ou mourir. Pour devenir une Maxence, c'était la vie dur dès l'adolescence et évité d'avoir un handicape mental ou moteur, le reste, c'était de la survie pure et dure.

-Conceptuellement, c'est complètement différent, on m'a pas offert de chance, j'ai pas été choisie, on m'a pas aidé à devenir ce que je suis comparé à... toi, ou un mec avec un QI exceptionnel que les universités s'arrachent pour grandir en prestige. Alors non, je veux pas raccrocher mes blasters pour devenir experte-comptable, parce que je peux pas et j'ai jamais pu.

Elle se disait presque qu'il suffisait de balancer une gamine Coruscantie de quinze ans dans la rue, coupée soudainement de sa famille, pour qu'elle fasse tout ce qui est en son pouvoir pour resté en vie. Les paramètres d'une Maxence son très précis, dépendant du niveau des bas-fonds et du salaire du petit boulot qu'elle se trouvera, il y a toutes les chances de construire une Darkan 2.0.

-J't'avouerai que j'suis en train d'comprendre que j'suis privilégiée parce que mes parents m'ont abandonnée. Si c'est c'que tu penses, c'est pas être gonflé, c'est du foutage de gueule mon grand.

Elle planta son regard, presque colérique dans celui de son ami, avant de rigoler et lui filer un petit coup de poing sur l'épaule.

-C'est bon, j'me fous d'ta gueule, j'ai compris c'que tu voulais dire. Mais j'pense qu'y' faut définir des limites au mot privilège. J'suis pas née avec mes abdos, comme t'es pas né avec les tiens, tout l'monde à la capacité de s'en construire avec un peu d'volonté. Sans compter les handicapés moteurs, supposément. Sauf que j'me suis pas réveillée un jour, avec des types qui s'pointent chez moi en m'disant : « Hé, tu peux devenir mercenaire parce que t'es toi », j'ai dû bossé pour ça, j'ai du m'mettre à l'épreuve pour que j'm'en sente capable... et même après ça, j'devais compter mes crédits, dormir dans des motels, dans mon vaisseau, faire gaffe à mes dépenses, tout ça, seule. J'suis pas là pour me jeter des fleurs, au contraire, c'est pas un privilège de vivre comme ça, Karm, c'est vraiment tout, sauf un privilège.

Peut-être que ça mentalité, celle qui lui avait permis de tenir était un privilège ? Là non plus, pour elle se n'était pas le cas. Ça mentalité la tenait en vie, mais c'était la seule chose qu'elle en récoltait.

-Et on en revient à toi. L'Ordre est venu te chercher, parce que t'as la Force, ok. T'as dû bosser aussi pour devenir c'que t'es aujourd'hui, à la différence de moi, on t'as donné toutes les cartes en main pour le faire.

C'était ça, pour elle, un privilège, donner toutes les cartes à une personne, parce qu'elle est née comme elle est née.

-Après, c'est pas d'la jalousie, j'pense que c'est une bonne chose toutes ces histoires de don, de QI supérieur et de fortune familiale qui ouvrent plus de portes, ça facilite la vie... en général. En général. Le truc, c'est qu'y' faut le reconnaître et admettre que y' a qu'une poignée d'types comme ça dans la galaxie. Et faut arrêter d'penser que, parce que les autres n'ont pas cette chance, ils sont faibles, qu'ils peuvent pas s'débrouiller sans toi, ou savent pas s'défendre. C'était plus un « toi » théorique, que directement tourné vers son ami. Et j'pense vraiment que les Jedis ont pas tous capté ça, du coup, y' s'retrouvent à s'immiscer dans des affaires qui les regardent pas du tout. Elle lui lança un regard malicieux. Ça paraît pas, mais on vous a à l'œil chez les kadjidics.
Karm Torr
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’Videmment que t’es hyper privilégié, puisque tu déjeunes avec moi, et que je suis un Maître Jedi, du coup c’est quand même la classe.


Sur quoi, le Gardien feignit de se draper dans la cape qu’il n’avait pas, avant de revenir à un sujet plus sérieux.


Hmmm…


Et de secouer la tête.


J’suis pas médecin, mais je pense que tu sous-estimes considérablement le caractère exceptionnel de tes dons. Enfin, si, je suis quand même vachement médecin à ma manière…


C’était d’ailleurs sa petite révélation de lui à lui-même de la journée, subite, inattendue : maintenant qu’il y réfléchissait, ses talents de guérisseur s’étaient considérablement développés ces dernières années.


… mais ce que je veux dire, c’est que quand à vingt ans et des poussières on peut potentiellement mettre la misère à un mec des forces spéciales sans avoir, justement, eu tous les avantages sociaux d’une éducation militaire en bonne et due forme, c’est qu’on est pas précisément née avec les mêmes facultés que le commun des mortels, hein.


Son amie était jeune, et même très jeune, mais il l’avait vue faire sur le terrain des choses exceptionnelles, déployer des trésors d’énergie et d’intelligence, et elle avait beau les masquer par la mise en scène de sa misère, bien réelle, Karm avait du mal à penser que n’importe quelle jeune fille, placée dans des conditions semblables, aurait abouti aux mêmes résultats.


Mais c’est pas un reproche, hein, t’es un génie dans ton domaine, mais ça enlève rien à toutes les difficultés que tu as affrontées, ni à ton mérite. Avoir des dons, ça rend pas moins méritant, et ça facilite la vie, mais quand la vie est pourrie, elle reste pourrie. Ce que je veux dire, c’est qu’en vouloir aux sensitifs parce qu’ils sont sensitifs, ça revient à en vouloir à la galaxie entière, parce que la loterie de la naissance est par nature profondément inégale.


Et il était bien placé pour le savoir : plus il avançait en âge, plus il pouvait se comparer à celles et ceux qui avaient été Padawans à ses côtés. Combien avaient été nommés Maîtres à trente-et-un ans ? Combien pouvaient se targuer de diriger, plus ou moins, leur Enclave ? Combien excellaient dans la voie qu’ils avaient choisi au sein de la Force ? Karm, avec tous ses idéaux et ses discours égalitaristes, sentait bien qu’il était une incarnation du contraire ;


Par contre, leur en vouloir parce que la société les avantage de façon disproportionnée, ça, ouais, ça me paraît tout à fait rationnel. Je pense cela dit qu’y a des masses de parents qui préféreraient que leur enfant soit pas sensible à la Force. En tout cas les Républicains. Pour pas finir par faire vœu de pauvreté, de servitude et de chasteté, avant de mourir à trente-cinq ans éviscéré par un psychopathe qui fait des éclairs avec les doigts. Je dis pas que l’existence est difficile ici, mais c’est quand même vachement en rupture avec la vie habituelle des gens de la République, et si tu trouves qu’elle est très avantageuse, c’est que tu la compares à ta situation, qui est tout de même hyper spécifique.


Un nouveau speeder passa à quelques dizaines de mètres d’eux, avec quelques coups de klaxon, et pour la forme, Karm salua d’un geste de la main, sans parvenir à apercevoir qui était au volant. En tout cas, une délicieuse odeur de fumier accompagnait le véhicule : l’air frais de la campagne.


Mais ouais, y a sans doute des Jedis qui s’estiment meilleurs que le commun des mortels. Y en a aussi un bon paquet qui complexent. Qui trouvent qu’ils sont mal éduqués, ignorants, faute d’avoir été vraiment à l’école, qui jugent qu’ils sont des inadaptés sociaux et tout ça. Mais bon, forcément, ils se pointent pas à te rencontre pour te parler de leurs états d’âme. Mais t’imagines vraiment que des mecs qui ont été à moitié déscolarisés et qui ont été dans un isolement relatif ont l’impression d’être les rois du monde quand ils mettent le nez dehors ? Ça leur fait une belle jambe de faire pousser les patates par la pensée quand on leur parle du cours de la bourse ou de la réforme des hôpitaux, hein, et la plupart en ont parfaitement conscience.


Lui au premier chef, qui gardait le souvenir cuisant de ses humiliations à répétition devant d’obscures sous-commissions du Sénat, à témoigner à propos de ceci ou cela, en ne comprenant que le quart de ce qui se passait autour de lui.


On est pas des personnages de cinéma et on est pas tous fabriqués sur le même moule. Des snobs, c’est pas ce qui nous manque, mais des complexés aussi. Quant à mettre notre nez partout…


Il esquissa un demi-sourire.


De la part des kajidics qui se font un métier de mettre leur nez partout, c’t’un peu fort, non ? Tes employeurs ils se contentent pas de vendre des endives, que je sache, abolition de l’esclavage ou pas. Pour le coup, on est plusieurs, des groupes à fureter dans tous les coins, et je parierais pas que les Jedis soient les plus nombreux ni les mieux financés en la matière. Un Kajidic, c’est aussi des États, c’est aussi une police, une agence de renseignements, une entreprise d’import-export, un centre de formation et j’en passe. Du coup, franchement…


Haussement d’épaules.


Si tu veux une dose d’humilité, je pense qu’on est tous prêts à reconnaître ici que niveau contrôle social, maintien de l’ordre et influence tentaculaire, vous nous dépassez largement.
Maxence Darkan
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-C'est toujours un avantage d'être nourri, éduqué, logé, blanchi et protégé, quelle que soit la situation à laquelle on la compare... même si c'est pour porter une bure et secouer un bâton lumineux en faisant des trucs mystiques.

Ce qui n'était pas forcément faux, avec un peu de recule.

La mercenaire ne s'était jamais considérée comme quelqu'un possédant un don, en soit, son ami n'avait pas tort, pour son âge, elle était capable de faire bien plus que des soldats entraînés et se trouvait mieux placée que des vétérans du Cartel Djiilo. Mais il y avait un mais. Elle ne se sentait pas prête, pas prête à affronter un véritable ennemi, une personne de taille, comme un Jedi, un Sith, ou un type comme Joseph. Elle avait encore du chemin à parcourir pour monter au-dessus des autres. Il lui fallait de l'équipement, son prototype d'arme et la prothèse était un début, mais seulement un début. Si elle ne pouvait pas surpasser les capacités surhumaines des sensitifs qu'elle allait devoir affronter, parce qu'elle savait que ce jour arriverait, alors elle les surpasserait par la technologie.

Maxence s'allongea sur la nappe après avoir écrasée sa cigarette dans l'herbe. Évidemment, en présence d'un amoureux de la nature comme son ami, elle ne se permit pas de la laisser là, elle avait gentiment fourré son mégot dans sa poche. Les mains derrière sa tête, elle souffla du nez.

-C'pas faux. Puis elle tourna son regard vers lui en haussant les épaules comme elle pouvait. C'pas faux. Mais on est pas aussi mesquin qu'on en a l'air, bon, d'accord, on fait passer des armes illégalement, des droïdes aussi... et des fois on offre une chance à certains d'être heureux. 'fin, on deal de la drogue, quoi. Précisa-t-elle au cas ou. Après, c'est pas un concours, j'préférerai qu'y' ait pas d'influence tentaculaire où qu'ce soit et qu'on arrête de s'forcer à assembler les planètes pour en faire des états galactiques. La République, l'Empire, les Kajidics, c'est un peu la même merde, j'pense juste que les Djiilo, c'est les moins pires.

Un peu comme ne pas voter pour, mais voter contre quelqu'un, la finalité restait à peu près la même, ce n'était pas quelqu'un que vous souteniez qui prenait le pouvoir. Elle gardait tout de même un respect timide envers les Djiilo, le Cartel avait toujours été juste envers elle, lui donnait ce dont elle avait besoin et la laissait faire ce qu'elle voulait. La vie dans un Cartel, du moins, chez les Djiilo, n'était pas si terrible, en fait, il y avait beaucoup plus de libertés qu'autre part ailleurs... des fois trop.

-J'en veux pas aux sensitifs parce qu'ils sont sensitifs, 'videmment, ce serait con d'penser comme ça. J'en veux aux sensitifs parce qu'ils agissent comme des sensitifs, c'est différent... c'est un peu pour ça qu'j't'aime bien. Techniquement, c'est un compliment. T'sais qu'j'ai un cousin qu'a la Force ? Évidemment que non, il ne savait pas. Y' s'appelle Eliott, il a dix-sept piges et il est plutôt doué... 'fin, ça lui a pris presque deux minutes pour faire voler une canette de bière placée à cinq mètres de lui jusqu'à main, mais il l'a fait.

Sous pression, il avait été capable de bien plus, comme l'avait dit Karm, la Force maintenait une tendance à se montrer plus efficace quand le stresse était là. Ce qui faisait toujours peur à Maxence, c'était de savoir que l'Ordre pourrait un jour le prendre dans ses rangs, même avec l'âge qu'il avait, le manque d'entraînement, Eliott restait le petit génie des cousins Darkan et une proie potentielle pour les organisations de sensitifs.

-J'ai six cousins cousines. T'as Klyd, il a genre, vingt-huit ans, ancien militaire, Emma, vingt-cinq, tatoueuse amateure, Emilie et Adam, vingt-trois, cons, mais marrants, Eliott, dix-sept et Maria, douze ans, muette de naissance. Elle se redressa pour commencer à arracher les brins d'herbe, un à un. Mon oncle est cool, il a vécu des trucs de dingues avec papa. Encore plus dingues que les trucs qu'elle avait vécu. J'ai pas trop eu l'temps d'faire connaissance avec tata, mais elle avait l'air de dire que j'ressemblais à maman. Ils était tous super sympas... et y' m'ressemblaient pas mal.

Imaginez l'enfer. Un petit sourire se dessina sur son visage en se tournant vers Karm. Elle haussa les sourcils en continuant d'arracher l'herbe.

-Tu devrais essayer d'revoir ta famille biologique -pas l'Ordre, donc- un jour, si t'en as une. C'est pas aussi dur que ça en a l'air... et ça fait pas si douloureux.

Les premiers pas fait vers sa famille s'étaient montrés faciles, les révélations, moins. Sauf que sa situation était « hyper spécifique », elle-même s'en rendait compte, tout le monde n'avait pas le père de Maxence, heureusement. Un manipulateur, égocentrique, qui prenait un malin plaisir à choisir le destin de sa propre fille, on en trouve pas dans tous les coins... mais on en trouve. Maxence lui en voulait, pour tout ce qu'il avait fait, maintenant, elle voulait le retrouver, mais elle ne savait pas ce qu'elle allait faire une fois en face de lui.

-Ça m'fait bizarre d'avoir parlé d'l'Ordre sans m'être battue avec la personne en face de moi. Un bon débat se termine dans le sang et les larmes, devise Darkan. Maintenant j'me sans toute frustrée et j'ai pas envie d'te sauter à la gorge sans ton consentement. Il la voyait venir ? Je pense qu'il la voyait venir. T'as pas un dojo dans l'Enclave ? Avec des sabres d'entraînement ou un truc du genre ? Petit regard en coin. Ça t'dit qu'on s'foute sur la gueule amicalement pour digérer ? Comme ça j'te montrerai l'étendue d'mes « dons » et toi, ta maîtrise du sabre.
Karm Torr
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Trafiquant de droïdes, c’t’une carrière pour moi, ça.


(Heureusement que Blip n’était pas là pour l’entendre.)


Écoute, si jamais un jour j’suis en quête de reconversion professionnelle et que mon projet de vie d’être ermite sur une planète coupée de tout tombe à l’eau, tu me rencarderas au sein de ton Kajidic.


Comme souvent, c’était dit du ton le plus sérieux du monde, mais peut-être ce jour-là y avait-il encore quelque chose de plus, une minuscule inflexion qui suggérait qu’au fond, cette idée-là n’était pas entièrement hors du domaine des possibles.


La conversation dériva lentement. Karm essayait d’imaginer Maxence en famille. C’était difficile. Parce qu’il s’agissait de Maxence. Parce qu’il s’agissait d’une famille. Au récit de la jeune fille se mêlait le souvenir de sa conversation avec Luke. Sur les enfants qu’ils n’auraient jamais. Sur la famille que Karm avait l’impression de porter au creux de son ventre, Thann dont il aurait voulu dire : c’est ma fille, Nata qu’il regardait comme une sœur, ces idées que son Ordre lui imposait d’enfermer dans le plus grand des silences.


La gorge nouée, il détourna pudiquement le regard et, après quelques instants de silence, le temps d’être sûr que sa voix conserverait le flegme qui lui était habituel, il déclara :


Ça a l’air cool.


Machinalement il passa sa main dans les brins d’herbe. Il sentait la pulsation de la vie au bout de ses doigts.


J’aurais rien contre les rencontrer, un jour. Si tu veux. ‘Fin, tu sais… Je peux me comporter de manière relativement courtoise.


Ses yeux revinrent sur Maxence et il rajouta :


De manière générale, ça me dirait bien de rencontrer les gens qui t’entourent, tu sais. Qu’on ait une vie qui se fasse pas qu’au rythme des explosions.


Puis une nouvelle fois son regard se perdit dans la contemplation des paysages environnants.


J’ai revu ma… oui, ce qu’on pourrait appeler ma famille, en basic. Ou mon clan. Ma tribu. Enfin tu vois, quoi. Une fois. C’était une mission, une question autour des stations spatiales ark-ni dans l’espace profond. C’était… étrange. Je suis attaché à ma culture, tu sais. Notre musique. Notre langue. C’était ma bulle, quand je suis arrivé ici, ‘fin, je veux dire, au sein de l’Ordre. J’en suis jamais vraiment sorti. Mais pour une bonne part, c’est une culture que je me suis reconstitué. J’ai été obligé d’apprendre ce que j’aurais dû recevoir en héritage.

Et cette fois-ci, flegme ou pas, on entendait le reproche dans sa voix et ce reproche était adressé à l’Ordre.


J’me souviens vraiment beaucoup de quand j’étais enfant. Plus que la plupart des autres gens, j’ai l’impression. Mais n’empêche. Et le truc, c’est que… Les Ark-Ni, c’est pas beaucoup de monde. C’est loin. C’est renfermé. Je détesterai vivre là-bas, d’ailleurs, mais ce que je veux dire, c’est que c’est pas comme être né sur Coruscant et ensuite tu vas sur Coruscant et tu réapprends ta ville plus ou moins facilement. La Flotte, tu es dedans ou tu y es pas du tout. Y a pas de dictionnaire ark-ni/basic. Y a cinq ouvrages qui se battent en duel dans la bibliothèque universitaire d’Alderaan. Je suis né dans cette société incroyable, au fonctionnement impensable pour la plupart des humains, à la fois horrible et merveilleuse dans ses logiques, et j’en ai que des fragments que je colle ensemble, comme si j’étais un vieux pot cassé refait à la glu.


C’était sans doute plus facile pour les Initiés qui parlaient le basic. Supposait-il. Lui, il avait été jeté dans l’Ordre, sans rien comprendre à ce qui se disait autour de lui, sans rien comprendre non plus de ce qui s’écrivait sur les murs, constamment malade, constamment endolori, écrasé par la gravité d’une planète pour la première fois de sa vie, brûlé par la lumière de son premier soleil : il avait connu pour la première fois et le froid, et le chaud, les gens qui parlaient fort, les espèces différentes, des choses à la fois infimes et immenses, qui l’avaient convaincu dès le début qu’il serait pour toujours, et partout, un étranger.


Peut-être que j’y retournerai un jour, conclut-il d’un ton faussement dégagé. Mais c’était trop bizarre de revenir à un endroit dont j’ai souvent rêvé et où finalement je me sentais pas à ma place. Possible que je manque encore de sagesse pour ce genre de choses.


Sa mâchoire se crispa légèrement et quand Maxence proposa d’aller au dojo, il bondit à la fois sur l’occasion et ses pieds, pressé de se retrouver dans un univers familier.


T’essaies de profiter du fait que je sois blessé, c’est astucieux de ta part.


La nappe fut promptement repliée, les restes empaquetés et les deux amis restituèrent à la colline son calme ordinaire. Quand ils furent de retour à l’Enclave, le soleil avait convaincu une bonne partie des résidents de se replier à l’intérieur et les grandes cours avaient ce silence des après-midi d’été, qui semblaient attendre, attentives, les premières ombres du soir.


Ils pénétrèrent dans l’un des bâtiments que Karm avait toujours considéré comme des feuilles géantes mais que les jeunes de l’Enclave avaient fini par baptiser les Écailles, et qui était dévolu pour l’essentiel aux activités sportives. Au centre du hall principal, un grand hologramme était projeté, avec une suite de noms et de chiffres, manifestement un tableau de scores.


C’est, hm…


Comment expliquer cela en conservant toute la noble dignité du lieu ?


Le championnat du soufflé de pois chiche.


À la tête duquel trônait à en juger l’hologramme un jeune Mon Calamari dont les talents en la matière devaient être prodigieux, si l’on en jugeait par la distance qui le séparait de la seconde.


C’est une tradition paysanne de Dantooine, ça se pratique avec une sarbacane, tu souffles une sorte de pois, et y a deux types d’épreuves, la précision, façon fléchettes de bar, tu vois, et puis la distance.


Voilà voilà.
(Karm était vingt-huitième.)
(Hélas ! On ne peut pas exceller dans tous les domaines.)


Après avoir sobrement médité sur la médiocrité de son classement, le jeune Maître se détourna de l’hologramme pour conduire son amie le long d’un couloir. Devant chaque porte, il marquait un temps d’arrêt, le temps de sonder l’intérieur de la salle, et ce ne fut qu’à la quatrième qu’il en a trouva une de vide.


À l’intérieur, l’aménagement était évidemment spartiate : un tatami couvrait presque tout le sol et, au mur, étaient accrochées toute une collection d’armes d’entraînement. Des sabres, bien sûr, mais d’autres qui imitaient les vibrarmes les plus communes ou les plus exotiques, ainsi que des blasters de faible intensité.


On a des armes réelles pour les entraînements plus intensifs, expliqua-t-il, mais c’est évidemment garder sous clé. Si tu veux bien enlever tes chaussures…


Lui-même était déjà pieds nus et il décrocha un sabre d’entraînement du mur. La lame, une fois activée, renvoyait une lumière laiteuse et le vrombissement était moins intense que celui d’une arme ordinaire. Karm fit machinalement jouer son épaule endolorie, et une vive douleur le convainquit d’arrêter de la solliciter.


Allez, viens mettre sa pâtée à un nabot infirme.
Maxence Darkan
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Elle ne pouvait qu'imaginer ce que ressentait Karm par rapport à sa flotte natale... bon, elle comprenait aussi en parti. Maxence n'était pas une grande fan de Coruscant, en soit, mais la planète ville pouvait se comparer à une mère abusive qui vous frappe chaque soir. Vivre avec elle est un enfer, on la déteste, on la méprise, mais ça reste une mère. Elle-même en sortant de Coruscant pour découvrir les autres planètes fut frappée ne serait-ce que pas la végétation, qui ne lui était pas inconnue... simplement, voilà, une plaine, ça, elle n'en avait vu que des images.

-Évidemment qu'j'essaye de t'rétamer alors que t'es blessé. Enfin, quand même, tu m'connais. Et j'te mentirait si j'te disais qu'j'allais pas prendre du plaisir à l'faire.

C'était surtout et avant tout un test, elle ne savait pas de quoi était capable Karm, du moins, elle l'avait vu, mais de cours instant et, étant donné qu'il n'était pas un excité du sabre comme Maxence avec les blasters, elle n'avait pas pu vraiment comprendre son potentiel. En plus de cela, l'idée d'un entraînement amical face à un sabre ne lui déplaisait pas.

-Soufflé d'pois chiche, tu dis... j'pense que j'aurais eu mes chances.

Ou pas. Dans la quatrième salle, Maxence balaya la pièce d'un œil aiguisé, toutes ses armes d'entraînement, tous ses dojos, l'Enclave ne manquait pas de financement dans cette affaire. La mercenaire retira ses chaussures ainsi que ses chaussettes, les pieds nues sur le tatami, elle soupira de plaisir. C'était une sensation qui lui avait presque manquée. Elle fit face aux armes proposées, les considéra un instant avant de tourner les talons sans même en prendre une. À la place, la pugiliste en herbe se plaça à un bon cinq mètres de Karm.

-Faut qu'on instaure des règles. Si tu m'touches avec ton sabre, j'ai perdu. Elle retira son blouson pour le jeter. Si l'un de nous tombe au sol, c'est perdu. Les coups dans les boules sont autorisés. Ouais, et évite de trop forcer sur tes blessures, j'ai pas envie d'me prendre un savon d'la part de l'infirmière d'école.

Elle leva ses poings pour prendre une garde très particulière, en général, elle se battait mieux sans arme, même si sa vibro-dague lui permettait souvent de se sortir de situation compliqué, la satisfaction d'écraser ses phalanges contre le visage de son adversaire avait quelque chose de bien plus grisant. Petit signe de tête, puis la blondinette lui fondit dessus.

Elle glissa sur son flanc droit pour élancer un revers de la main qui ne balaya que l'air, alors que le sabre la frôla de peu. La blessure de l'Ark-Ni jouait largement sur ses mouvements et cela reviendrait à mentir de dire que l'Humaine n'en profitait pas. Son jeu de jambes rapide la faisait couler de chaque côté pour trouver des angles d'attaque face à un combattant qui n'avait pas l'intention de se laisser faire. La lame du sabre passa à deux doigts du visage de la mercenaire tandis qu'elle jouait au limbo surprise. Un coup de pied latéral droit, un direct du gauche manqué de peu et un revers de manche plus loin, Maxence saisit le poignet qui tenait l'arme de son ami. Là encore, la blessure biaisait le concours de force, Karm était gaucher et il perdait une grande partie de sa force musculaire... mais il gardait un bras droit -comparé à certaines-.

Elle se fit prendre par surprise. Une saisit du droit, un balayage et, malgré ses efforts pour enchaîner une roulade, se redresser et tenter de reprendre le fil du combat, elle brandit ses avant bras en guise de défense alors que la lame de sabre la toucha.

-Aoutch ! Ça brûle plus que c'que j'pensais. Pauvre chou. Ok, ok, tu gagnes le premier round. Oh... j'ai p't'être oublié d'préciser qu'il y avait plusieurs rounds ? Bon... en garde du coup.

Même blessé, Karm était un monstre au sabre. Elle avait millimétré chacune de ses esquives, mais tout c'était joué à un poil de cul de grenouille, elle pouvait largement s'estimer heureuse de ne pas avoir fait la maligne devant son ami en pleine forme physique. Il était rapide, efficace, comprenait les actions de son adversaire en plus de réagir largement en conséquence. Cependant, Maxence avait toujours une botte secrète.

-Si j'gagne, j'ai l'droit à une nuit en privé avec toi ?

C'était une façon de dire que le combat commençait. Le style violent de Karm primait sur l'endurance de Maxence. Elle continuait d'esquiver au millimètre près, mais elle devait trouver le bon moment d'agir au plus vite si elle ne voulait pas perdre le deuxième round. Alors qu'elle gardait ses distances, un mouvement du Jedi l'amena à s'enfoncer dans sa garde. Elle fit glisser sa main mécanique le long de son bras pour l'écarter, puis sa paume de chair remonta brusquement pour frapper le menton de l'Ark-Ni. Maxence passa sur son flan, donnant l'impression de s'enrouler autour de lui avant d'enfoncer son index et son majeur dans le creux du genou de l'homme.

Un des nombreux points qu'elle mémorisait, encore à ses débuts de la compréhension du Stava, la mercenaire était loin d'être capable de paralyser ne serait-ce qu'un membre, mais il put ressentir son mollet s'engourdir puis se remplir de fourmis.

Sa cheville s'élança pour insister la pression mise et le faire vaciller, terminant cette danse rapide d'un bond accompagné d'un coup de pied direct dans le dos. Elle avait gagné. Elle-même en était étonnée, elle en avait gagné un face à un nabot infirme ! Malgré tout, Maxence avait un point de côté, plutôt dû à sa récente opération qu'autre chose, elle pouvait le savoir car la douleur était un peu plus lancinante.

-Wouh ! Alors ? Tu l'ressens mon talent, pas vrai ? Elle avait du mal à se gérer. Aller, on s'fait la belle ? N'oublie pas, une nuit en tête à tête si j'gagne et si j'perds... je t'offre mon corps pour une nuit.

Techniquement, ce n'était pas la même chose.

-Cette fois tu donnes tout c'que t'as. Mets-y la Force.
Karm Torr
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Hmpf, commenta Karm éloquemment après leurs premiers rounds.


La douleur à son épaule, de lancinante s’était faite perçante, et il aurait juré que la voix du Chevalier Zluburg gargouillait quelque part dans son inconscient pour lui reprocher de s’adonner à ce genre d’exercices, si tôt après les soins de ce matin-là. Mais c’était ce que l’Ark-Ni avait toujours appris à faire. On se plongeait dans sa douleur. On la visitait comme un pays. On y puisait des ressources.


À bien y réfléchir, l’enseignement de Maître Tavaï était difficile à distinguer de celui des Siths, mais par une sorte de petit miracle, son ancien Padawan était parvenu à y trouver son chemin.


Pile tu gagnes, face je perds, fit-il avec un moulinet du sabre qui laissa traîner des arcs lumineux dans l’air autour de lui. Un jeu équilibré comme on les aime. ‘Tends, j’t’aide à te concentrer.


Une aide qui consistait apparemment à éteindre son sabre, puis à retirer son tee-shirt, pour l’envoyer roulé en boule dans un coin de la pièce. L’arme rallumée, le Jedi avait cette attitude nonchalante qui lui était propre sur le champ de bataille. Pas de garde. Pendant de longues années, il avait appris à désapprendre les postures classiques, celles qui annonçaient aux autres combattants trop expérimentés ce qu’il s’apprêtait à faire : le summum de l’art, à ce qu’on disait, c’était paraître en manquer totalement.


Et puis soudain son sabre laser fonça sur Maxence. Tout seul. Propulsé par une énergie invisible, comme un projectile. Et, à peine avait-il quitté la main de l’Ark-Ni qu’un autre se décrochait du mur pour venir s’y loger et que le Jedi s’élançait à la suite de sa première arme. Vite. Très vite. Beaucoup trop vite pour un être humain.


Très jeune, Karm avait pu se comparer à ses camarades et, très jeune aussi, il avait compris qu’il ne serait jamais le plus fort, ni le plus impressionnant. L’agilité et la Force, la ruse aussi, c’était comme ça qu’il devait s’en tirer. Ces derniers, il faisait des efforts pour s’entraîner à la régulière. Développer, en luttant contre la génétique fruit de générations de sélection ethnique, une musculature qui lui permette de ne pas se reposer uniquement sur ses pouvoirs.


Maxence esquiva le sabre lancé et elle fut accueillie de l’autre côté, en une fraction de seconde, par la lame que l’Ark-Ni tenait en main. Précisément dans la direction où la mercenaire avait choisi d’aller. Comme s’il l’avait su avant elle-même. À la première sensation de brûlure, Karm rétracta la lame. Ça a avait été le combat d’un instant, et il avait quelque chose de décourageant : il en avait bien conscience.


Tu te débrouilles hyper bien, dit-il néanmoins. Pour de vrai, hein. Pour quelqu’un qu’a pas l’habitude de… Ce genre de situations. D’adversaires.


Le jeune Maître contourna son ami pour ramasser le premier sabre, qui avait rebondi contre la cloison renforcé de la salle d’entraînement.


Si ça t’intéresse, on pourrait… ‘fin, pas tout de suite, mais tu sais, à l’avenir… se lancer dans un entraînement plus formalisé. Systématique, je veux dire, sur comment faire face à un type avec un sabre laser et la Force. La base, c’est de se rappeler que le sabre, c’est un genre d’épée, c’est sûr, mais c’est aussi une arme qui pèse pas grand-chose, et donc se jette facilement, et une arme qui, maniée par certains, fait office de bouclier énergétique. Bon, après…


Il s’assit sur l’un des bancs étroits qui longeaient le mur et porta machinalement la main à son épaule endolorie.


… j’te rassure, j’suis pas un cas d’école. Je suis ultra-spécialisé en la matière, déjà, et ensuite, tout le monde se balade avec des sabres d’appoint à jeter à la face de ses adversaires. Les Siths qui sont pas des combattants de carrière ont pas forcément des techniques sur le bout des doigts pour te fondre dessus avant que tu clignes des paupières.


Comme lui-même se retrouvait absolument démuni quand il s’agissait d’influencer quelqu’un ou d’apaiser des esprits troublés.


La plupart des combattants au sabre opèrent à partir d’un répertoire de styles et de mouvements. Des poses, des configurations standard, des réponses-types. En cela, ils sont relativement prévisibles si tu as assimilé la théorie. J’pense que t’auras pas de mal à trouver des bouquins sur la question. Probablement même des enregistrements.


On gardait difficilement ses secrets martiaux quand on était de tous les théâtres d’opération depuis des siècles et des siècles.


Quant à la Force… Honnêtement, la plupart des manifestations peuvent se ramener à des équivalents dont t’es familière. Faut faire abstraction du côté ésotérique de la chose, quoi. Les morts-vivants siths ? C’est des droïdes. Les tentacules surnaturelles ? C’est des bras robotiques. Les champs de mort ? Des grenades explosives. La télékinésie ? Des rayons tracteurs et des tirs de blaster. Y a un effet psychologique considérable à cause de la forme que ça prend et parce qu’on a conscience que ça vient d’un type par sa propre volonté, mais bon…


Pour Karm, la psychologie était une bonne partie du combat, et Maxence l’avait souvent vu jouer avec les nerfs de ses adversaires, pour les déstabiliser.


En revanche, y a deux trucs qui sont spécifiques, voire très spécifiques à la Force. Tout ce qui est télépathique. Là… J’avoue que je peux pas trop t’aider, j’y connais pas grand-chose. Et l’extrême mobilité, comme tu viens de constater. À mon avis, c’est le point sur lequel un non-sensitif doit être le plus vigilant, et c’est d’autant plus vrai que l’environnement est complexe. Plus il y a de surface disponible, plus les gains en vitesse, en agilité, en réflexes, donnent des avantages. Autant que faire se peut, faut essayer de réduire le champ des possibles, tu vois ?
Maxence Darkan
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Elle venait de se faire remettre à sa place en un coup de Force. C'était largement se surestimer que de se dire qu'elle pouvait battre un Maître Jedi... mais l'espace d'un instant, elle y avait presque cru. C'était de bonne guerre, il lui avait montré qui était le patron et elle était prête à subir les conséquences de sa défaite : lui offrir son corps pour toute une nuit.

-Techniquement, j'ai appris à m'battre sans arme face à une vibrolame et esquiver les coups. Mais j'me doute que les techniques utilisées avec un sabre sont différentes, c'est juste un premier pas pour comprendre comment garder ses distances et trouver le bon moment pour attaquer.

Apprendre à éviter au millimètre près, économiser ses forces, garder une distances convenables et maintenir la même idée en tête : la meilleure défense, c'est l'attaque. Cependant, comme le disait Karm, un sabre ne pesait presque rien et les possesseurs de ces armes pouvaient se permettre de la manier avec une rapidité terrifiante.

-Ouais, je vois, enchaîna-t-elle après les explications de son ami, et, pour tout t'dire, c'est c'que j'me dis toujours... mais y' a un mais. En faite, j'suis comme un macaque devant une grenade prête à détonner, dans l'sens où, si je sais pas c'que c'est, je vais regarder la grenade m'exploser à la gueule sans moufter le p'tit doigt. C'est comme tout l'monde, j'entends des histoires, j'regarde c'que tu fais, au pire, j'apprends sur le tas... mais on apprend pas à s'battre contre un putain d'Sith -ou un Jedi, mais on y viendra- sur le tas. Elle leva les yeux au ciel, un sourire en coin en tapotant son bras. C'est un peu l'problème.

Une façon comme une autre d'accepter les entraînements qu'il lui avait proposés pour plus tard. Il fallait d'abord qu'il se remette de sa blessure et qu'il organise quelque chose avec des Jedis peut-être un peu plus spécialisés dans la Force que lui. C'était d'ailleurs quelque chose qui était inconnue à Maxence, l'emprunte des gens dans la Force. Elle savait que certains pouvaient la ressentir et, vu qu'on ne lui avait jamais fait, elle se considérait comme une boîte vide pour eux.

-Tout c'qui travail sur le mental, j'ai du mal à comprendre comment gérer ça, mais le fait qu'un type aille vite... j'pense pas qu'ce soit aussi terrifiant qu'ça en a l'air. Bon, j'veux dire, toi, là, t'allais beaucoup trop vite, sauf que, comme tu l'dis, dans un environnement maîtrisé, ça peut l'faire.

Peut-être que c'était encore une fois se surestimer... cependant, avec ce qu'elle avait vécu, elle prétendait à vouloir foutre des racler aux sensitifs entraînés et il lui fallait de la confiance en soi... ça et de l'entraînement. En fait, elle n'avait jamais vraiment pensé à se spécialiser dans un quelconque art du corps à corps avant de voir de quoi était capable un sabreur du niveau de Karm. Un type capable d'arriver plus vite que le son à ton corps à corps, ça ne facilite pas la visé. Désormais, ce que la mercenaire souhaitait, c'était l'assurance de gardant un rayon de vingt mètres de crainte par rapport à ses adversaires, qu'ils n'osent pas s'approcher sans se brûler les ailes et surtout, qu'ils ne l'atteignent pas avec une quelconque assurance de gagner grâce à ça.

Là où venait toute la subtilité de son besoin d'apprendre des techniques martiales développées, ce n'était pas pour se mettre à courir sur un sabreur tête baissée en se disant qu'elle lui mettrait une raclée. En fait, c'était à cause -ou grâce- à Karm. La distance que lui offrait les blasters restait et restera toujours son plus gros avantage, néanmoins, face à un type dans la trempe du Maître Torr, cela revenait à se tirer dessus. Les grenades, c'était sympa, mais le coup de se les faire renvoyer à la tronche ne lui plaisait pas. Alors elle jouait des poings, pour s'assurer au moins l'échappatoire.

-Mais comme tu l'dis, c'est pas tant qu'ça la mer à boire en ignorant les capacités psychiques et le don pour bouger plus vite. J'veux dire, j'me suis déjà faite électrocuter -le terme adéquat étant « électriser », mais vous avez l'idée- et... bah c'pas si terrible. Froncement de sourcils. 'fin si, c'est terrible, genre, j'étais toute engourdie, j'avais des fourmis partout et sur le coup, ça fait super mal, mais j'ai connu des soirées qui m'ont mises dans des états bien pires.

Sacré journée sur Rishi... pas la journée avec Karm, un peu avant, quand elle avait encore ses deux bras. Le « Côté Obscur » avait ce côté bien plus létal qui rendait les combats grisants... mais les Siths, eux, se prenaient tellement au sérieux qu'ils foutaient toujours l'ambiance en l'air. Les Jedis étaient marrant, parce qu'ils se prenaient au sérieux d'une autre manière, mais leur envie d'épargner les gens rendait le tout d'un ennuie... en général, se battre contre eux n'apportait rien d'intéressant.

-J't'aurais bien proposé un concours de pompes pour la suite, mais on va s'abstenir. Elle le pointa du doigt. Tu devrais voir mes exercices de renforcement musculaires d'ailleurs.

De la torture. Les exercices et entraînements lui étaient complètement inconnus avant il y a peu. En fait, la perte de son bras lui avait détruit son moral pendant quelques semaines et il lui fallut un passe temps. Elle avait pris du muscle avec Tanlo, en avait perdu avec son opération du bras, puis en récupéra une partie au fil du temps. Comme pour prouver quelque chose, elle enchaîna avant, puis une seconde, puis une troisième, terminant son spectacle par un salto... hasardeux... elle n'était pas retombée droite, mais ça restait un salto.

-J'ai appris à faire ça y' a pas longtemps. J'ai compris qu'les saltos acrobatiques ont le chic pour rendre son adversaire confus. 'fin bref. Tu nous as prévu quoi pour cette aprem ? Tu veux qu'je file des cours d'éducation sexuelle aux gosses ? J'connais l'Kamasithra par cœur. … J'peux t'montrer si tu veux.

La position de la Revan-Rage est à vous faire évanouir de plaisir.

-J'peux t'faire un cours de tir sur cible sinon... t'as des cibles avec la tête de Luke dessus ?
Karm Torr
Karm Torr
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On se fera un petit programme, alors. Tu m’appelleras Maître, je te mettrai des notes, tu vas voir, tu vas adorer.

Mais après cette déclaration, le Maître en question s’éloigna de quelques centimètres sur le banc, histoire de préserver son intégrité physique.

Et pour le reste, y a une question d’équipement, quoi. Je veux dire, de protection personnelle. Armures de combat, boucliers énergétiques, ce genre de trucs. Moi-même, ça fait des années que je rechigne à me pencher sérieusement sur la question, mon côté tradi coincé, mais il serait peut-être temps que je me renseigne sérieusement.

Ce n’était pas parce qu’il était difficile à atteindre, entre sa rapidité, ses parades et son agilité, que c’était une raison pour bouder les avantages de la technologie moderne ou même des artefacts jedi. Mais Karm manquait de temps pour se plonger dans ce nouveau puits sans fond où il faudra parler à des dizaines d’Artisans de son ordre ou feuilleter indéfiniment les catalogues des équipementiers de la galaxie.

Maintenant que j’y pense, y a peut-être aussi de l’équipement contre les attaques psychiques. Peut-être pas infaillible, mais un genre de trucs avec des ondes ? Pas forcément des implants, mais… Ouais, je sais pas trop. Faudrait se renseigner. Ça coûte probablement une blinde, mais quand t’auras arrêté de fumer, ça te fera de belles économies, tu pourras investir dans le matos.

Pour l’heure en tout cas, le tabagisme très actif ne l’empêchait pas de toute évidence d’accomplir des prouesses physiques — des acrobaties, en l’occurrence, car pour la sexualité, nous continuerons à la considérer comme un être chaste et pur.

Toi et moi, on devrait se lancer dans un numéro de trapézistes pour un cirque itinérant, on aurait un succès de dingue. Pour ce qui est de l’éducation sexuelle, merci bien, on s’en charge. ‘Fin, plus ou moins. C’est un sujet encore relativement sensible avec les gens d’Ondéron et de Coruscant, et disons que j’essaie d’avancer avec une certaine prudence. Déjà que j’ai une réputation vaguement sulfureuse…

Compensée par ses états de service, mais Karm ne se faisait pas d’illusion : un petit revirement au sein du Conseil et sa situation sur Dantooine deviendrait soudain beaucoup plus précaire, car l’Ordre ne manquait pas de Maîtres rigoristes qui voyaient d’un mauvais œil la doctrine réformiste en train de se développer dans l’Enclave refondée.

Et on tire pas sur mon mec. Il est beaucoup trop mignon pour être abîmé. De toute façon, le principe d’une visite pour se mettre au vert, c’est pas de passer sa journée en entraînement. Viens, on va faire quelque chose de moins constructif et aller voir les animaux.

Le Jedi se releva à son tour et entreprit de renfiler son tee-shirt, avec des mouvements qui le faisaient manifestement souffrir, à mesure qu’il subissait le contrecoup de ce petit affrontement peut-être inconsidéré. Le blouson fut tout de même plus facile et ils purent quitter la salle d’entraînement, pour regagner une nouvelle fois l’extérieur de l’Enclave.

C’était le milieu de l’après-midi, la chaleur avait un peu diminué et les gens recommençaient à sortir. Plus d’une fois, le Maître dut s’arrêter pour échanger quelques mots avec telle ou telle personne, à propos de l’entretien des bâtiments, de l’organisation des cours ou d’une mission en préparation, mais les deux amis parvinrent tout de même à se frayer un chemin vers les jardins botaniques qui occupaient une large partie du domaine et où s’affairaient bon nombre de ses résidents.

C’était là, bien sûr, que Karm se sentait le plus à l’aise, et à en juger par les regards qu’on lui lançait, c’était là aussi que sa présence devait être considérée comme la plus remarquable. Il y avait une sorte de respect silencieux et tacite pour celui qui avait pénétré les mystères de la nature à travers la Force, mais, étrangement, ces témoignages d’une admiration même discrète avaient l’air de le mettre mal à l’aise, et il pressa le pas pour traverser les jardins et rejoindre l’espace plus dégagé où se trouvait un petit troupeau d’éopies.

On a sécurisé jusqu’aux collines là-bas, dit-il en désignant un mur très au loin. Du coup, les animaux peuvent être plus ou moins en liberté. Y a des sections, bien sûr, mais tu as des animaux de ferme, ici, et un peu loin, des spécimens rares, qui ont été secourus lors des missions de l’ExploCorps, et qui s’accommoderaient mal du climat dans nos autres bases, donc on les a amenés ici.

Malgré toute l’amitié qu’il portait à Maxence, Karm restait sciemment évasif sur la localisation de ces autres bases. On n’est jamais trop prudent.

Mais donc, au risque de te décevoir, Salvador est pas dans le coin, je l’ai installé sur Ondéron, c’est plus tropical, c’est plus son truc.

Le fameux prédateur reptilien qu’ils avaient secouru sur Kaal y prospérait d’ailleurs admirablement, non sans effrayer parfois quelques Initiés un peu trop curieux.

En parlant climat, j’ai toujours le projet de t’emmener dans une vraie exploration, un jour. Tu as une préférence, niveau paysage ? Grands glaciers, océans, les tropiques, la savane ? Du volcanique, du luxuriant ?
Maxence Darkan
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-Avec les opérations qu'j'ai eu, je fume moins, j'suis redescendue à... genre... cinq clopes par jour. Du coup j'commence doucement à arrêter.

« Ne pas en fumer du tout c'est mieux », merci capitaine Obvious, saluons les débuts avant d'applaudir la finalité.

-Ah, ouais j'oubliais presque que la plupart des Jedis étaient des coincés du cul incapables de bander ou mouiller, se sentant obligés de faire ressentir cette frustration aux membres de leur religion.

Et sur cette délicate phrase qui nous donnera tous envie d'aller regarder l'intégral de Dora l'exploratrice cinq fois pour oublier, Maxence suivit son ami pour aller voir des animaux. Dans les jardins botaniques, la mercenaire hors de son élément découvrait la flore avec l'intérêt d'une enfant en sortie scolaire. Elle sentait certaines fleurs, toucher les feuilles des étranges arbustes dont la texture était très douce et manqua de se faire gober un doigt par une plante carnivore. Et non, elle n'avait pas fait attention au panneau « ne pas toucher » qui trônait gentiment en dessous du spécimen.

-Aaah, ouais !... Salvador... 'tain il était cool ce truc. Presque mignon.

Presque. Ce gros reptile était une honte, il avait tué un groom d'ascenseur, rapporter son corps sur une île déserte pour le manger et on lui offrait un nouvel habitat sans plus de problèmes. Alors que si Maxence commençait à faire ça, attention ! Mettez vos mains en arrière et crier votre mécontentement... les failles du système, je vous jure.

Elle posa ses coudes sur la grille qui les séparait des éopies en se demandant quel genre d'environnement elle aimait vraiment, si elle en aimait.

-J'crois qu'j'aime bien les montagnes, mais pas les trucs à cinq kilomètres de haut qui t'forcent à avoir un respirateur pendant qu'tu t'pèles les miches au sommet, juste les montagnes normales. Les savanes, les plaines et les forêts aussi. Ça c'est pour les explorations tranquilles, après si tu cherches à vivre une vraie aventure avec moi, -premièrement, ses avances lui laissaient la porte ouverte, deuxièmement- j'ai jamais vu d'planète volcanique. Ça doit puer l'souffre et on passera pas le meilleur moment d'notre vie, par contre ça doit être cool.

Malgré les vingtaines, si ce n'était peut-être trentaines de planètes que Maxence eut un jour foulé, tout les paysages ne lui étaient pas familiers. La galaxie était vaste et toujours pleine de surprises pour elle.

-J'te préviens, pas d'planètes glacières, putain, je déteste les planètes glacières, entre Ilum et Rothana, j'en ai déjà plein l'cul. Le pire, c'est les putains d'endroit luxuriant avec leur jungle et leur animaux à la con, j'ai fait Rishii, Peau d'zob et putain d'Kashyyyk, ça fait partie des pires expériences de ma vie. Je sais pas pourquoi j'me retrouve toujours dans c'genre d'environnement, mais j'suis toujours assez conne pour me faire avoir par les prix qu'on propose pour aller faire des missions là-bas.

Rien ne vaut une belle lune Nar shaddienne ou un Coruscant en ébullition pour la mercenaire. Les labyrinthes urbains l'amusaient toujours autant à chaque fois. Elle se demandait pourquoi Karm était un amoureux de la nature... mais c'était principalement parce que...

-J'me rends compte que j'ai jamais vraiment eu de grands hobbies en dehors de mon boulot. 'fin, j'veux dire, la nature c'est ton boulot, juste... je sais pas. J'aime la mécanique, j'aime les flingues, les explosions, elle lui lança un regard en coin, j'adore les explosions. Son grand péché mignon. J'aime aussi m'battre ou faire des trucs sportifs mais, ouais, j'suis pas vraiment du genre à prendre des pauses et... j'sais pas, me lire un holobook, dessiner ou ce genre de trucs à la con.

Plus depuis un bout de temps, du moins. La blondinette était une femme très prise par le travail, les préparatifs, son rôle de plateforme tournante des renseignements Djiilo ou tout simplement des contrats dans lesquels elle se lançait. Ça, depuis la mort de Taha'san. De temps en temps elle se bourrait la gueule et traînait dans des bars pour rencontrer de beaux et belles jeunes gens pour terminer la soirée en tête à tête et ne jamais les revoir après, mais pouvait-on voir ça comme un hobby ? Peut-être, oui.

Désormais, la Djiilo poursuivait sa reconstruction de l'Estafette avec les dernières ruine : Elle et Fély. Trouver des membres compétents avec leurs spécialités et un endroit où se réunir calmement -si possible discrètement-, c'était un travail titanesque qui, même à deux, nécessitait une énergie de dingue, le tout en continuant son boulot de mercenaire. Pour le coup, voir ce que son ami avait bâti, avec l'aide de ses collègues certes, lui faisait ressentir quelque chose qu'elle ne comprenait pas encore très bien, du respect.

La mercenaire observa les éopies faire leur petit bout de vie alors qu'une idée fantastique lui vînt à l'esprit avant de disparaître pour un objet qu'elle voulait montrer au Jedi.

-Oh, si, j'ai ça. Elle fourra sa main dans sa poche pour sortir un petit jouet électronique avec un Thranta dessus. On m'l'a filé après l'histoire du professeur Proxénète. J'l'ai appelé Connard.

-C'est de ma faute, Maître Torr, j'ai innocemment proposé Connor. Erreur de débutant.

-Ça va, c'est mignon Connard. Regarde, il vient d'se chier dessus. Oh... il joue dans son caca maintenant... il adore faire ça. 'fin bref, toi, t'es des environnements préfé...? Ses yeux plantés sur les bêtes, ça y était, l'idée était revenue. Et puis merde! Laisse-moi une seconde, j'fais un truc et après j'suis à toi.

Elle grimpa au-dessus du grillage en moins de deux, bondit sur l'herbe jaunie par la chaleur avant de se mettre à sprinter à la rencontre des quadrupèdes. Ces trucs là ne couraient pas très vite et Maxence y mettait tellement de cœur qu'elle les rattrapa en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Avec élégance, elle sauta sur le dos d'un animal avant de jouer au rodéo comme une idiote. Dix secondes plus tard, elle fut projetée au sol, tombant lourdement sur son dos, se tordant de douleur en rigolant, elle ne put en conclure qu'une chose.

-Ça valait l'coup...

Maintenant, elle était prête à subir les conséquences de ses conneries. Les conséquences morales.
Karm Torr
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On peut tout à fait faire les deux. Une planète hyper volcanique et une autre avec des montagnes et tout ça. Les volcans, c’est fun, c’est… disons qu’il y a quelque chose de dingue à te dire que tu vois un monde en train de se former. Que ça prendra des milliards d’années mais que ça commence comme ça. De se dire que ces trucs passent de la roche et du feu, complètement invivables, à l’eau, aux animaux, aux plantes…

Le jeune Maître poussa un soupir rêveur, car n’oublions pas qu’il était un illuminé. La nature lui inspirait des émotions mystiques, qu’elle fût luxuriante ou désertique, et il trouvait dans chaque paysage des motifs d’admiration et de réflexion. Il aurait pu disserter sur les volcans pendant des heures, comme sur les montagnes, mais Maxence n’était probablement pas venue pour qu’on cherche à le pénétrer du symbolisme secret des forces telluriques.

T’sais que Kashyyyk, c’est une de mes planètes fétiches ?

N’est-ce pas que le contraire eût été étonnant ?

Les Wookies, c’est un peu ma seconde famille, en fait.

Karm avait le chic pour laisser tomber d’un ton nonchalant quelques mots qui dévoilaient une réalité insoupçonnable de son existence, comme lorsqu’un jour, dans une ruelle de Coruscant, il avait brusquement expliqué à son amie que la musique jouait un rôle essentiel dans son existence, sans que jamais jusque là elle ne l’ait vu écouter la moindre note.

J’parle couramment le shyriiwook, la langue des Wookies. ‘Fin, le parler, non, c’est physiologiquement trop difficile, mais je le comprends sans problème. Tout ça pour dire que j’entretiens d’excellentes relations avec les gens du coin, et que si jamais t’es en délicatesse là-bas, y a peut-être moyen de s’arranger.

En revanche, un détail le troublait au plus haut point : comment diable Maxence avait-elle mis les pieds sur Ilum ? La planète perdue au milieu de nulle part était censée demeurer entièrement secrète, effacée de toutes les archives de la Galaxie depuis des générations, et quasi inaccessible pour les navigateurs qui n’auraient accès ni à la Force, ni aux cartes confidentielles de l’Ordre Jedi.

Il eut un regard en coin pour son amie. Était-ce un nom qu’elle avait simplement entendu au hasard de ses contacts avec l’Ordre ? Mais quel Jedi eût été assez inconscient pour la mentionner de la sorte ? Si elle y avait vraiment été, alors c’était plus grave, et l’explorateur aurait besoin de temps pour déterminer la marche à suivre. Pour l’heure, s’il en parlait aux Sentinelles, il avait du mal à se représenter quelles en seraient les conséquences pour son amie.

Heureusement, la conversation dévia vers un sujet moins problématique, Karm se pencha sur le jouet de Maxence, puis il la laissa chevaucher les éopies, en tentant de chasser le pressentiment funeste que l’évocation du nom de la planète glacée avait amené en lui. Quelques minutes plus tard, il franchissait à son tour la rambarde, et l’éopie que Maxence avait tant agitée trottina aussi vers lui, pour fourrer son mufle dans sa main.

Le Jedi posa son front contre celui de l’animal en lui caressant l’encolure. Le petit troupeau se rassembla autour de lui. Quelque chose devait se passer là, quelque chose d’invisible, parce que des Padawans étaient sortis des jardins botaniques pour considérer la scène attentivement. Puis l’explorateur murmura à l’oreille de l’animal et le troupeau se dispersa à nouveau pour vaquer à ses occupations.

Karm, lui, rejoignit Maxence et lui tendit la main, afin de l’aider à se relever.

Si ça peut te rassurer, dit-il, t’as fait une meilleure performance que Loé la première fois où il a mis les pieds sur Dantooine. Quand on me l’a envoyé ici pour être Padawan, il a fini traîné à plat ventre derrière une éopie en essayant d’aider des amis fermiers à moi à rentrer le bétail.

Un souvenir qui avait donné le ton pour les derniers mois de son apprentissage à celui qui était alors un diplomate propre sur lui, habitué aux grands sommets galactiques et leurs salles climatisées. Depuis, le jeune Consulaire s’était pris de passion pour le monde chaotique et salissant qu’il avait découvert auprès de son deuxième Maître et il arpentait la Bordure Extérieure, pour y résoudre divers conflits.

Y a un bar dans le bourg du coin avec une éopie mécanique, si tu veux vraiment t’exercer. Je crois que tu gagnes un truc si tu bats le record. Probablement de l’alcool gratuit.

D’un signe de tête, il incita son amie à le suivre, alors qu’il remontait le vaste enclos.

En tout cas, j’comprends ce que tu veux dire. Pour les hobbies. C’est facile de se laisser prendre par les objectifs qu’on se fixe, mais je trouve qu’on raisonne plus clairement quand on est pas constamment enfermé dans son monde, tu vois ce que je veux dire ? Je sais pas, avec ton talent pour la mécanique et ton expérience de… euh… ‘fin… disons… les choses de la vie, quoi, hein… ben tu pourrais créer des… euh…

Karm s’éclaircit la gorge et fit mine d’observer une volée de papillons.

… des ustensiles d’épanouissement personnel pour les adultes. Par exemple.
Maxence Darkan
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Sans aucun qu'il était ami avec des Wookies ! Évidemment ! Comment la galaxie se porterait autrement? Sans exagération aucune : comment pouvait-on aimer cette planète puante -dans le sens non littéral du terme- qu'est Kashyyyk ? Alors oui, tout le monde s'extasie sur le fait que Maxence eut, un jour, peut-être, de ce qu'elle en dit, une relation charnelle avec un Wookie, mais ça ne voulait pas dire qu'elle aimait quoi que ce soit venant de ses grosses bêtes poilues -et bien plus tendre qu'on ne pourrait l'imaginer le moment venu-. Et d'ailleurs, non, je n'expliquerai pas comment cette situation a pu un jour se dessiner, c'est un secret, comme une branlée qu'elle tient, sauf celui qu'elle avait dit à haute voix sans réfléchir à Karm.

Pour en revenir à nos éopies, Maître Torr joua les amis de la nature avant d'aider son amie à se redresser, toujours aussi convaincue que le bleu qu'elle s’apprêtait à avoir sur les fesses valait le coup.

-Franchement Karm. Fit-elle en se frottant, justement, son douloureux fessier. Qui n'a pas de meilleurs performances que Loé ?

Toujours présente pour le tacler et se taper son frère, mais jamais là pour apprendre réellement qui il était. Soit dit en passant, Maxence eut un grand moment de réflexion face à la « proposition » de hobby de son ami... techniquement, et j'écris bien techniquement, elle était foutrement putain de bien placée pour se permettre de se lancer dans un tel business.

-T'es sérieusement en train d'me proposer d'me lancer dans la création d'sextoys ? Bah merde, t'as des chances de plaire à Abraham. Ce qui, en soit, était un exploit. Oui, la blondinette avait le chic pour fréquenter des intolérants. J'veux dire... putain j'me ferais des nichons en or taille D si j'me lançais là-dedans. Pas une bonne idée. Par contre, va m'falloir un co-créateur pour me donner les inspirations du côté masculin. … J'en ai pas l'air, mais j'm'y connais pas bien en prostate.

Un de ses regrettables défaut au lit, mais heureusement qu'elle sait elle-même se surprendre. Comme en mission, comme dans les moments où sa vie se joue sur un fil, la mercenaire y allait toujours à l'improvisation. Mais pour l'heure, si Karm ne voulait toujours pas voir de quoi elle était capable, elle était prête à tenter le coup de battre des records dans un bar et boire comme la grosse caisse qu'elle pouvait être. Elle tapa sur l'épaule de son ami en emboîtant le pas à l'aveugle.

-Aller beau gosse, on va boire un coup et battre un record de rodéo mécanique.

Elle oubliait vite le fait qu'il avait un bras en sale état... un peu comme elle oubliait souvent le fait que Luke était aveugle. Quoi qu'il en soit, le Jedi prit la tête pour diriger une femme qui n'avait aucune foutre idée de où elle allait pour terminer dans un bar au sein de l'enclave, non loin du -ce que je nommerai- temple DLC.

L'intérieur avait tout d'un bar comme les autres dont l'esthétique se basait sur la chaleur du naturel. Des poutres apparentes, un comptoir en bois et des décorations faites avec ce qu'il y avait de plus naturel sur Dantooine. De quoi tenir une trentaine de personnes, la terrasse se faisait discrète malgré un intérieur étonnamment animé par les locaux. La musique de fond était simple, un groupe inconnu, folk, sans parole, avec des instruments qui, à l'oreille de Maxence -peut-être pas Karm- sonnaient complètement inconnu. La blondinette prit l'initiative de leur trouver une table en tête à tête un peu à l'écart pour qu'on ne remarque pas le Maître qui faisait tant parler de lui.

-Reste là, j'vais nous chercher un truc à boire. T'inquiète, j'te prends un jus d'asperge light sans alcool.

Quelle attention. Guillerette comme pas deux, elle fit son petit bout de chemin, s'accoudant au comptoir en attendant qu'un homme face sa commande. Le barman se tourna vers elle, un simple signe de tête pour lui prévenir sa disponibilité.

-J'vais prendre un whisky sec, un autre avec des glaçons et un... elle jeta un œil à l'argenté, soda sans bulle un peu dégueu.

Alors qu'elle attendait ses verres, le précédent client s'approcha. Pas très beau gosse -selon Maxence- mais bien bâti, il lui envoya son plus beau sourire.

-J'ai cru remarquer que vous étiez rentrer dans le bar avec Maître Torr. Il se pencha en ricanant. Il ne voudra jamais l'avouer, mais ici, c'est une vraie célébrité.

-Ouais, j'ai cru remarquer ça. Il a l'air de s'être sacrément dépassé pour bâtir tout... bah tout c'qu'il a bâti.

-Oh, je n'en ai eu que des histoires, mais c'est indubitable. Vous le connaissez comment ?

-Un peu par hasard en fait. Et toi ?

-Moi, personnellement, je ne le connais pas vraiment... mais j'ai entendu des ragots. À ce qu'il paraît, il traînerait avec un mercenaire peu fréquentable. Il haussa les épaules, comme si ça ne l'affectait pas vraiment. Étrange pour un Maître Jedi. Vous avez peut-être déjà entendu, un certain Darkane.

-Ouais, j'le connais, 'fin, la connais. Elle plongea son regard dans le sien. C'est moi, et ça s'prononce Darkan trou du cul, maintenant tire-toi sinon j'te pète suffisamment les rotules pour te les rentrer dans l’urètre.

L'homme grimaça une seconde prenant ses verres pour tourner les talons, il ne faisait pas fière allure face à cette inattendue découverte. La mercenaire peu fréquentable, elle, sourit en récupérant ses verres. Elle dressa son whisky sec en direction de son ami que ne devait pas se douter de ce qu'il venait de se passer avant de le boire d'une traite. Attrapant ensuite son -même- alcool avec des glaçons et le soda, elle alla s'asseoir en face de son ami, lui glissant son verre.

-Alors, laisse-moi t'poser l'plan avant qu'j'me mette à humilier tous les précédents attardés à être montés sur cette magnifique machine que j'vois en fond. T'es dans un p'tit bar sympa, t'as ta boisson et en face de toi se trouve la plus belle femme que tu rencontreras jamais d'ta vie. Sans aucune exagération. Sans oublier qu'elle boit d'l'alcool en plus d'avoir tendance à t'imaginer à poil de temps en temps, donc crois-moi, c'est l'moment d'te la péter. Comment t'as fait pour arrêter ta Maître ? Elle le pointa du doigt en haussant un sourcil. Attention monsieur : je veux l'histoire dans les détails.
Karm Torr
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Oui, enfin, euh, des sextoys, je veux dire, des, hm, disons, des… Des dispositifs de… De relaxation électro-mécanique des organes, euh, sensoriellement très actifs. Enfin, tu vois, quoi.


Il haussa les épaules.


C’est quand même moins dangereux que de fabriquer des explosifs et je pense que ça ferait du bien à pas mal de gens. Parfois, je me dis que… Enfin, tu sais… Dans une autre vie j’aurais pu faire quelque chose comme ça. Enfin pas ça, précisément, les inventions, c’est pas mon rayon. Mais disons… Masseur mystique sensualiste ? Tu vois le genre.


Est-ce qu’il venait de lui avouer de façon plus ou moins claire qu’il s’imaginait parfois en pourvoyeur de plaisirs charnels à des fins religieuses ? Sans doute. Pour Karm, c’était une évidence : la Force naissait de la vie et la vie s’éprouvait par les sens. On explorait la Force dans l’ascèse, certes, parce que l’ascèse permettait de mieux connaître son corps, mais ce n’était pas la seule voie et il était bien placé pour savoir que les relations sexuelles ouvraient des perspectives inédites, dont à sa connaissance, ni l’Ordre Jedi, ni le clergé sith ne paraissaient vraiment se préoccuper.


Comment la chose était possible, il ne se l’expliquait pas. Des dizaines de milliers d’années de traditions religieuses et ésotériques, et tous ces gens-là s’obstinaient encore à nier ce qui était pourtant au coeur de leurs enseignements : la nature était gouvernée par la Force, et la nature cherchait partout et la reproduction, et le plaisir.


Parfois, je songe à écrire une sorte de petit traité sur la question, glissa-t-il d’une voix un peu lointaine. Mais jamais les autres Maîtres de l’Ordre n’accepteraient qu’il circule parmi nous, alors… Je ne sais pas. Il y a quelque chose d’un peu décourageant dans tout ça. Enfin bref. Et sur les questions de l’anatomie masculine, j’imagine qu’il doit y avoir des sites pédagogiques sur l’Holonet.


Lui-même avait appris tout cela sur le tas — c’est une expression, je ne parle pas du poids de Luke — et encore, son expérience en la matière restait très épisodique. Le Hapien et lui n’avaient pas les mêmes aspirations et Karm tentait de dominer au quotidien, tant bien que mal, sa sensualité naturelle pour ne pas oppresser son compagnon d’incessantes sollicitations.


Allez, viens.


Direction le speeder à nouveau, car l’Enclave n’abritait pas de bar à proprement parler et il fallait rejoindre une bourgade à une vingtaine de kilomètres à peine, le genre d’endroits presque exclusivement constitués de commerces et de petites administrations locales, parce que les gens vivaient dans leurs fermes, éparpillées aux alentours.


Le bar n’en était pas moins fréquenté. Ici, tout le monde se connaissait, au moins de vue. Il y avait parfois des gens qui venaient de plus loin, des villes, ou ce qui en tenait lieu sur Dantooine, là où l’on trouvait les spatioports depuis lesquels les fermiers exportaient leurs récoltes. Mais c’était toujours les mêmes voyageurs de commerce, depuis bien des années.


Karm se retrouva bientôt devant un soda au goût douteux.


Tavaï ?


Il n’était pas retourné la voir depuis qu’elle avait été enfermée dans un hôpital militaire de Coruscant où, à ce qu’il en savait, l’Amarane n’était toujours pas sortie du coma.


Ben, comme tu sais, tout a commencé quand elle est partie en croisade, il y a des années, pour ce qu’elle considérait être l’immobilisme de la République. Façon terroriste. Bref, il y a quelques années, j’étais sur Coruscant pour servir de cobaye à des recherches scientifiques, ‘fin, cobaye, c’est un bien grand mot. Bref, j’étais sur Coruscant, j’ai senti sa présence, j’ai essayé de la choper par moi-même, ou de lui échapper. Honnêtement, je sais pas très bien. Toujours est-il que Luke est venu à me rechercher, et Maître Ekkt, un Trandoshan Sentinelle spécialisé dans les Jedis renégats.


Et qui lui avait toujours lui-même fait l’effet d’avoir une moralité pour le moins élastique.


Tavaï a essayé de me capturer. On s’est défendus à trois, mais… Elle a tué Ekkt, Luke et moi, elle nous a mis HS et elle s’est enfuie. Les années qui ont suivi, je l’ai perdue de vue, puis un jour, des contacts de Luke sur Coruscnat l’appellent pour lui montrer le corps d’un type associé à Tavaï, qui vient d’échouer chez eux. On remonte la piste jusqu’au-delà des frontières de la République, sur Sevarcos II. C’est là qu’on apprend qu’elle a une sorte de petite base là-bas, dans le désert, façon bunker pour intégriste, tu vois ?


Plus jeune, tout cela lui avait paru extraordinaire, cette trajectoire de Maître qui s’enfonçait dans une croisade violente, mais à force de se renseigner sur des cas similaires, dans l’armée républicaine ou les forces militaires locales, il se rendait compte que le parcours de Hol’gan Tavaï avait quelque chose de tristement banal : c’était l’une des conséquences habituelles de la guerre que de faire bourgeonner des groupes de ce genre.


On traverse donc le désert en cette direction. On s’installe dans une grotte pas loin de là et je lui envoie plus ou moins un message. Pour essayer que ça vire pas direct en bain de sang. Elle vient nous voir et elle est… Hyper diminuée. Vieillie, fatiguée, mais genre, plus que de coutume. Éprouvée par le fait que, ben, tout son truc a été un échec, tu vois. Ses actions ont rien changé. Elle est passée de Maître d’Armes presque vénérée à marginale totale sans aucune influence. Psychologiquement, j’pense que ça la détruit. Mais physiquement aussi.


Karm esquissa un sourire mélancolique.


Plus jeune, je m’étais dit que je la capturerais dans un grand affrontement épique digne des holofilms, une confrontation symbolique entre la Maître et l’apprenti, tu vois le genre ? Et en fait, c’était… Du réel. Son combat servait à rien, je l’ai sentie découragée, je lui ai suggérée qu’elle ferait mieux de nous accompagner de son plein gré, qu’au moins elle aurait un procès, que ce serait probablement médiatisé et que là, peut-être, elle arriverait à convaincre les gens de ses idées. Honnêtement, je pense qu’elle a compris que de toute façon, si ça virait à l’affrontement, elle aurait pas le dessus. Du coup, elle s’est rendue, en échange de ce qu’on irait pas poursuivre ses associés et qu’on les laisserait disparaître dans la nature.


La République n’entendrait sans doute pas la chose de cette oreille, mais au moins, lui, il tiendrait parole.


On l’amène à un vaisseau républicain, pour la conduire sur Coruscant. Et là, elle nous fait une crise. Physique, je veux dire. Elle tombe dans le coma, elle y est toujours d’ailleurs, malgré l’intervention de nos meilleurs guérisseurs. Mais à ce qu’elle nous a raconté juste avant, elle a croisé Absalom Thorn, t’sais, l’ancien Seigneur Sith que je t’ai montré en holo l’autre fois, elle l’a croisé sur une planète de l’Espace Hutt, il y a eu un bref affrontement, il lui a fait quelque chose avec la Force, genre à son énergie vitale et… Voilà.


Cette histoire-là de sa vie en était venue à sa conclusion, et pourtant, Karm n’avait pas l’impression d’avoir beaucoup plus de réponses. Pourquoi Darth Noctis se fourrait-il constamment dans son existence ? Sa rencontre avec Tavaï dans l’Espace Hutt tenait-elle de la coïncidence ?


Comme tu vois, tout ça a rien eu de très héroïque en fin de compte. C’est peut-être mieux comme ça. Je crois que si j’avais triomphé au sabre contre elle, j’aurais été un peu… Grisé par la symbolique. Disons que je suis un peu… Enfin…


Son regard se fait fuyant et il avoue d’une voix presque inaudible.


J’aime bien dominer. Sur le champ de bataille. En général, aussi. C’est pas quelque chose dont je suis hyper fier, c’est mon obscurité à moi je crois. Alors je suis content de pas l’avoir affrontée, au bout du compte. J’aurais été beaucoup trop content de moi en gagnant…
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