Darth Hope
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Rites Sacrés

Surtout quand elle faisait de grands yeux de biches, aussi innocente – en apparence, qu’un oiseau tombé du nid.





Korriban était froide, Korriban était mordante. Dana la savait impitoyable, monde Sith parmi les mondes Siths, elle en gardait un souvenir amer et grisant. Amer parce qu’il faisait remonter en elle la douleur de l’échec. Grisant parce qu’elle y avait survécu en rencontrant Lloyd Hope. En foulant la terre gelée de Korriban, elle se pressait davantage vers un destin qu’elle espérait vainement maîtriser. Et le Côté Obscur était puissant dans l’atmosphère de la planète, grisant les sensitifs venus apprendre à l’Académie Sith ou à ceux dont les intérêts convergeaient vers ce lieu sacré. A travers la baie du cockpit du Sans-Visage, elle admirait les paysages désertiques et une appréhension amère teintait son regard doré. Ses prunelles atypiques demeuraient le seul héritage de son ascendance Sith, le seul vestige génétique épargné par des siècles de métissages et préservé – peut-être, grâce aux pratiques incestueuses de sa lignée. Elle détourna sa figure vers la présence à ses côtés et se laissa absorber dans la contemplation du profil parfait de Lloyd Hope, qui semblait tout autant préoccupé qu’elle. Il avait conservé son uniforme de capitaine, plus impeccable que jamais. Elle se pencha et arrangea doucement le col qui n’avait pas besoin d’être arrangé, mais c’était une manière de dire quelque chose. Il comprendrait en croisant son sourire, fugace, aussitôt né sur ses lèvres maquillées, aussitôt éteint.

- Dis à Mumkin de ne pas sortir du vaisseau, ni de faire son malin. Ici, l’Inquisition règne en maître absolu et on ne pourra rien faire pour lui, ok ? Inutile, également, de te dire de tenir ta langue devant le Grand Inquisiteur. Je sais que tu ne la délie que pour moi.

Elle croqua un sourire, les yeux pétillants de sous-entendus avant de quitter le siège de copilote pour disparaître dans le vaisseau. Elle avait pris peu d’affaire. Sous la bure d’Inquisitrice qu’elle avait revêtue pour braver le froid de Korriban et faire bonne impression devant ses supérieurs, elle portait l’une de ses tenues aguicheuses qui faisait d’elle Dana Shar. Elle avait définitivement remis son uniforme d’enseigne en quittant sa mission sur le Melantha. Tout bonne chose avait une fin, disait-on et toute mauvaise chose un commencement. En général, elle évitait Korriban autant que possible afin de ne pas raviver les souvenirs désagréables des années passées à l’Académie. Sa dernière visite remontait à sa prise de fonction en tant qu’Inquisitrice, deux années auparavant.







- J’ai cru comprendre que le Seigneur Khorog et toi vous connaissiez, souffla-t-elle alors qu’ils étaient accueillis à l’entrée du Grand Temple par des soldats inquisitoriaux déférents et silencieux, qui les avaient salué avec respect. Face au regard interrogatif de Lloyd, elle ajouta : - Mumkin.

Mumkin qui vendait parfois la mèche sur telle ou telle partie de la vie de son patron. Dana avait bien compris comment le dévaronien fonctionnait : un peu de glace, un peu d’alcool et un peu de patience et il finissait par parler, surtout quand elle faisait de grands yeux de biches, aussi innocente – en apparence, qu’un oiseau tombé du nid.

- Vaynai hein ?

Et il ne rêvait pas, il y avait un petit ton moqueur derrière cette question. Et il pourrait s’imaginer ce que Mumkin avait avoué, ou non et se torturer avec ça. Dès qu’ils furent engagés dans le hall imposant, un prête les accueillit, également vêtu d’une bure sombre – d’une facture toutefois différente de celle de Dana. Après un bref salut, il les invita à se diriger vers l’un des turbolifts de l’édifice. Il n’avait pas pris la peine de consigner leur identité. Il était parfaitement au courant et se contentait d’obéir à son maître, le Grand Inquisiteur dont il connaissait l’emploi du temps par cœur. Dans l’étroite cabine du turbolift, un silence épais s’étaient mis à appesantir l’air. Discrètement, au travers de la longue manche de sa bure, Dana frôlait les doigts de Hope. Ce geste sonnait comme un reliquat d’insouciance qui serait bientôt avalé par les ténèbres.

Le prêtre les mena donc au sommet du Grand Temple, à l’étage le plus haut où se situait l’office du Grand Inquisiteur. A cette hauteur vertigineuse, on dominait les décors secs et glaciaux de Korriban, ainsi que ses millénaires d’Histoire. Devant les portes imposantes du bureau, le prêtre les abandonna et avant d’entrer, l’Inquisitrice se détourna vers Lloyd, soudainement.

- T’étais pas obligé de venir. Mais je pense que, c’est important que tu le rencontres, c’est ce qu’on a décidé. Ca fait partie de l’alliance formelle.

Et elle fixait le capitaine avec assiduité, se perdant un moment dans ses traits à la génétique parfaite, dans la couleur de sa chevelure claire, dans l’éclat émeraude de ses yeux intransigeants. Aujourd’hui, Korriban, demain le Conseil Noir, se disait-elle. Et les portes du bureau s’ouvrirent lugubrement. Il était temps de rencontrer une nouvelle fois le Seigneur Khorog, loin du faste et de la comédie de Ch’Hodos, loin des cauchemars paradisiaques de Vaynai.









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A l’intérieur du Temple, les symboles rappelaient la grandeur des Sith du passé : statues, sculptures, peintures à l’effigie de tel ou tel évènement pré-impérial.




Le Grand Temple n’avait guère changé depuis la dernière visite du hapien : un édifice à la silhouette menaçante qui se découpait dans le ciel clair de Korriban, comme un roc symétrique ayant poussé dans la terre sèche, entre de longues failles rocheuses où les caveaux des anciens Seigneurs Sith attendaient les apprentis les plus téméraires, leurs gueules béantes tournées vers le ciel. A l’intérieur du Temple, les symboles rappelaient la grandeur des Sith du passé : statues, sculptures, peintures à l’effigie de tel ou tel évènement pré-impérial. Des draperies rouges sang étaient mises en valeur sous des flambeaux qui réchauffaient les couloirs et crépitaient. Du personnel en bure ne cessait d’aller et venir, vaquant à leurs occupations, et Lloyd ne pouvait s’empêcher de jeter des regards suspicieux à ceux qui s’approchaient trop d’eux. Il n’appréciait pas de ne pouvoir clairement distinguer leurs visages sous ces capuches, lui dont l’uniforme et les cheveux clairs le faisaient apparaître trop saillant dans cet espace d’obscurité et de foi. Une odeur d’encens régnait, qui lui rappela brusquement le bureau de Darth Runà. Lloyd fronça le nez en jetant un coup d’œil vers le ciel, à travers une arche vitrée. Celui-ci était d’un bleu qui s’assombrissait lentement, la nuit se pressant aux portes de l’horizon. Il se demanda si la silhouette de Melantha serait visible depuis le sol, mais c’était probablement impossible. La frégate était dans le système Horuset, mais pas suffisamment proche de l’atmosphère de la planète.

- Oui, Vaynai, reprit le hapien pour répondre à Dana. Mais je te rassure tout de suite, on n’y était pas pour se prélasser sur la plage. D’ailleurs, j’ai bien peur que Darth Khorog n’ait pas gardé un très bon souvenir de notre dernière rencontre.

Le hapien haussa les épaules. Leur aventure sur la planète balnéaire n’avait été plaisante pour aucun d’entre eux, mais il n’en était pas responsable. Il avait fait tout son possible pour ramener le Seigneur Sith vivant et il n’était pas étonnant que Mumkin se souvînt bien du draethos puisqu’il avait contribué à en ramener le corps inerte, inconscient, jusqu’à l’astroport.

- Mais si tout va bien, il devrait davantage me considérer comme un appui que comme une menace.

Ses lèvres pincées trahissaient cependant une certaine préoccupation. Devant les double portes massives, Lloyd posa un instant les yeux dans le regard de l’Inquisitrice. Une étendue dorée, balayée par il ne savait quels doutes. Il acquiesça d’un bref mouvement de tête tandis qu’ils se faisaient face, comme pour la rassurer.

- Il faut bien qu’on commence quelque part, souffla-t-il sérieusement. On verra vite si c’était ou non une bonne idée.

Il parlait à voix basse. Dans un Temple comme celui-ci plus qu’ailleurs, les murs avaient des oreilles, des yeux, du flair. Mais ils étaient prudents. Lloyd sourit un bref instant, le coin de ses yeux se pliant en petites rides que l’on voyait rarement.

- Ça va, ajouta-t-il sur un ton plus léger. T’inquiète pas. Je serai sage.

Ce n’était pas une promesse. Dana savait qu’il ne pouvait pas toujours en faire, qu’il ne pouvait que rarement les tenir lorsqu’il en faisait. Mais ses intentions valaient mieux que rien, lui semblait-il.
D’un geste de la main, le hapien l’invita à le précéder. Il imprima son pas à la suite de la bure de l’Inquisitrice, qui flottait dans son dos, calquant sa trajectoire sur la sienne. A ses côtés mais en retrait, à la manière d’un loup apprivoisé, dont les yeux perçants fouillaient l’environnement, à l’affût de la moindre menace.








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Darth Khorog
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Darth Khorog observait Dreshdae depuis la grande fenêtre de son bureau. La planète semblait morte de prime abord, pourtant elle était en train de revivre. De là où il était, le seigneur Sith pouvait voir l’Académie Sith de Darth Odium et la nouvelle en construction bien plus loin. Il pouvait voir le spatioport et les nouvelles résidences des nobles Sith qui revenaient sur la planète. Le Grand Inquisiteur, jeune et ambiteux, regardait son petit paradis avec une pointe d’inquiétude. Combien de traître profitait de son labeur et de celui des vrais Sith ? Les renégats hantaient les ruelles étroites de la capitale. Ils grimpaient quatre à quatre les escaliers du Temple et écoutaient aux portes. C’était un fait, Darth Khorog en était persuadé, n’en déplaise à Nostos qui n’hésitait pas à lui sussurer que tout cela n’était que paranoïa.

Le Grand Temple Sith de Korriban était une fierté, un édifice à jamais dressé au-dessus de l’immensité de Korriban, au-dessus des Sith et il était en possession de l’Inquisition. De ce fait, cet endroit fortifié et modernisé ne saurait tomber face à la barbarie des Jedi ou des pseudo-Sith. Un édifice de cette prestance était absolu.
Depuis qu’il était devenu Grand Inquisiteur, Darth Khorog n’avait de cesse de surveiller cet immense empire. Les services secrets étaient sensés l’aider aussi dans cette tâche. Et pourtant, il ne pouvait pas s’empêcher de se demander comment cela était-il possible qu’il n’ait rien vu venir ? Il avait eu un soupçon à l’époque où il avait affronté Ervin Holtz. Mais celui-ci ne semblait pas lié à cette affaire. Tout était trop différent. Le draethos continuait de chercher et ses doutes le poussait de plus en plus vers une sortie radicale qui lui faisait peur. La solution à cette énigme était-elle si terrible ? Il avait beau penser, réfléchir, se projeter, la situation était catastrophique. Mais malgré cela, le Dépravé lui continuait de rire comme un tordu en son for intérieur.

- Soit heureux, aujourd’hui tu vas recevoir la visite de cette damoiselle. Tu sais, Dana …

Nostos était un individu méprisable. Darth Khorog ne le supportait pas. Il était éruptif, changeant, lunatique. Totalement décérébré, un vrai malade avide de sensation forte, sans aucune loyauté ni même de piété. Il n’avait que deux mots à la bouche : Chaos et Plaisir. Cette erreur de jugement à Vaynai avait été fatale pour Khorog. Le Draethos doutait de pouvoir vivre très longtemps avec un Esprit Sith dans son esprit aussi fermement ancré.

- Je t’interdis de tout foutre en l’air. La dernière fois je suis passé pour un con devant un vulgaire serpent. Alors tient toi tranquille.

- Oh oh ! Le Prêtre est devenu sensible ? Attends un peu que je la tripote ta petite préféré … De toute façon ce n’est pas comme si tu pouvais me tuer !

- Essaye un peu pour voir, et je te jure que je vais me …

Un homme toussota derrière le draethos. Celui-ci se retourna vivement, comme en colère. Darth Verum, le Sorcier Sith Zeltron se tenait là. Un sourcil levé, il semblait avoir entendu toute la conversation … ce qui signifiait aussi que Darth Khorog et Nostos avaient parlé à voix haute.

- Maître Khorog, Dana Shar et Lloyd Hope sont arrivés. J’ai fait envoyer quelqu’un les escorter jusqu’ici. Mais vous … vous semblez plus fatigué qu’à l’ordinaire. Je peux leur demander de revenir demain si vous le souhaitez. Ou en fin d’après-midi. Il n’est pas tout à fait midi et vous n’avez rien mangé.

Le draethos coupa Darth Verum d’un geste de la main.

- C’est gentil mais je vais les accueillir dans mon bureau. Inutile de les faire attendre plus longtemps.

Le zeltron acquiesça puis sortit hors de la salle pour attendre le duo invité. Le Grand Inquisiteur lui pris place derrière son imposant bureau. La salle était très haute de plafond. Sobre, la pierre nue était sculptée de motifs, de fresque récitant la gloire des grands Sith du passé. L’apologie du côté obscur dans toute sa pureté. Des bustes de Sith célèbres étaient disposés ici et là. Une bibliothèque protégée par un caisson de sécurité en verre laissait voir des manuscrits de papiers, des codex anciens que le Grand Inquisiteur gardait là. Deux armures Sith anciennes étaient disposés des deux côtés du bureau de bois épais. Un crâne d’Adari et un autre d’humain y étaient posés et faisaient face à Khorog, l’observant de leurs yeux vides.

Soudainement, Darth Verum ouvrit la porte et présenta ses deux invités.

- Mon seigneur, Dana Shar, souveraine légitime de Ch’hodos et Prêtresse du Collège de la Purification. Lloyd Hope, Capitaine dans la Marine Impériale et apprenti du Castellan Noir.

Le zeltron s’écarta et laissa passer les deux Sith, non sans adresser un regard concupiscant à Dana. Le draethos resta de marbre mais intérieurement Nostos tentait de gratouiller la surface pour parler.
Le Sith fit un geste en direction des deux jeunes gens et les fit s’asseoir sur les deux chaises disposées devant son bureau. Il attendit patiemment qu’ils s’exécutent, sans rien dire. Puis, lorsque ce fut fait, il prit la parole.

- Dame Dana, Lloyd. Inséparable comme toujours je vois. J’espère que vous avez fait bon voyage, Korriban est un monde sûr, mais son accès est devenu quelque peu … mouvementé.

Le Sith avait l’air fatigué, la physionomie du visage d’un draethos n’était clairement pas celle d’un humain, pourtant son teint blafard et ses gestes plus lent qu’à l’ordinaire pouvait trahir cet état de fatigue, malgré les efforts du Grand Inquisiteur pour les maquiller.

- J’ai beaucoup entendu parler de vous, vous avez bien travailler en dépit de votre jeunesse et de vos … handicaps, Dana. Comme vous pouvez vous en douter, au vu de votre présence ici, j’ai lu votre demande pour devenir une Maîtresse Inquisitrice. Nous allons en discuter, mais avant j’aimerais que vous me parliez de vous, vous-même. Que vous est-il arrivé ces derniers temps ? Surtout vous Lloyd, Nostos et moi sommes curieux d’apprendre ce que vous êtes devenu …

Lorsque le draethos prononça le nom du Dépravé, une lueur magenta passa rapidement dans ses yeux.

- J’ai entendu parler de beaucoup de choses, vous concernant. J’aimerais que vous me confirmiez ce qui est vrai et ce qui est faux. Même si, quand je vous vois tous les deux, certaines rumeurs semblent être vraies.

Le Sith claqua des doigts et un serviteur apparu. Un beau jeune mirialan vint aux côtés du draethos.

- Apporte-moi de quoi manger et à boire. La même chose que l’autre jour.

Puis il congédia le jeune mirialan sexy qui sortit de la pièce en remuant son fabuleux popotin que Khorog ne quitta pas des yeux. Puis il fit à Dana et Lloyd :

- C’est compliqué d’évaluer quelqu’un le ventre vide. Hélas une guerre civile ça ne laisse pas le temps pour des choses aussi triviales. Sachez Dana que d’ordinaire ce n’est pas moi qui m’occupe d’évaluer les nouveaux Maîtres Inquisiteurs. J’ai clairement autre chose à faire. Mais comme je vous l’ai dit la dernière fois, j’ai des projets pour vous. Et il me faut m’assurer que j’ai eu raison à ce sujet.

Darth Khorog replaça le crâne adari qu’il avait fait bouger accidentellement.

- Voilà que je me mets à parler autant que LUI. Reprenons où nous en étions. Que vous est-il arrivé depuis la dernière fois ? Oui j’ai lu vos rapports, mais j’aimerais entendre vos impressions, vos doutes et vos fiertés par votre bouche. La votre Dana mais vous aussi Lloyd. Nous avons du temps avant de passer à ce qui nous occupe vraiment.
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Il fallait consentir à un peu de vérité.





L’office occupé par le Grand Inquisiteur était bien différent du bureau de Darth Runà. Il lui semblait que le temple kaasi était plus moderne, moins traditionnel. Ici, pas de décoration épurée, pas d’encens à en perdre la tête et la raison, pas de thé amer, pas de grand vide qu’il fallait remplir de doute ou d’appréhension. La princesse de Ch’Hodos avait largement ignoré l’œillade concupiscente qui avait glissé sur elle et loua plutôt le Maître Inquisiteur zeltron d’avoir trouvé l’imagination nécessaire à deviner ce que pouvait cacher sa bure. Et le discours de « bienvenue » du Draethos l’avait laissée quelque peu perplexe. Elle avait cligné des yeux plusieurs fois, ahurie par les insinuations dissimulées au sujet de l’équipe qu’elle formait avec Lloyd Hope et puisque l’éclat des yeux du Seigneur Khorog s’était posé sur elle, elle se sentit dans l’obligation de répondre en premier. De toute manière, elle avait bien trop peur que Hope dise une bêtise à ce propos, ou plutôt qu’il dise quelque chose qui puisse la blesser. Alors, elle prit les devants, pour que ce soit clair, pour que ce soit moins rude.


- Seigneur Khorog, c’est un honneur d’être reçue par le Grand Inquisiteur en personne.

Elle marqua une courte pause et s’évertua à ne pas contempler Lloyd, à garder son regard fixe – mais déférent, vers la silhouette du seigneur Sith. Le hapien et elle renvoyaient-ils ce genre d’image ? Celle d’un couple. Elle eût soudainement l’impression que tout était inscrit sur sa figure : pas seulement les déboires de leur collaboration professionnelle, mais toute leur intimité, tissée au fur et à mesure des mois. Elle eût soudainement l’impression que Darth Khorog était là, dans la cellule du Grand Temple kaasi où elle et Lloyd avaient échangé une première fois. Si le draethos savait, mentir ne servait à rien. De plus, sur Ch’Hodos, elle avait eu un aperçu de sa maîtrise de la Force pour pénétrer les esprits. S’il était un bon télépathe, il le devinerait tôt ou tard. Il fallait consentir à un peu de vérité.

- Le capitaine Hope et moi-même avons été…fortuitement réunis lors de certaines missions. Face à la traîtrise, nous nous sommes rapprochés, bien sûr. Afin de...pouvoir donner le meilleur de nous-mêmes et vaincre chacun des ennemis de l’Empire que nous avons croisé. J’pense que les rumeurs….s’accordent à dire que le Clergé Sith et l’Armée Impériale sont, genre…des fers de lance de l’Empire, des piliers qui soutiennent le même toit. Bref, le capitaine Hope a été un soutien indéfectible envers l’Inquisition Sith, conclut-elle sincèrement.

Elle s’humecta les lèvres et ajouta :

- Quant à mes doutes, je n’en ai pas Seigneur Khorog. Je ne doute pas de la puissance des Siths, ni de ma loyauté envers mon héritage et envers l’Empire.

Franchement, elle mourrait d’envie de demander à Lloyd qui était ce Nostos, mais elle n’osa porter aucune interrogation à ce propos.

- J’assume chacune de mes réussites et j’assume autant mes échecs, reprit-elle sur un ton calme. Je pense avoir pris les bonnes décisions en tant qu’Inquisitrice Sith. Je ne regrette rien, si ce n’est d’avoir permis par ma faiblesse que Ch’Hodos tombe entre les mains des renégats.

Elle repensa subitement aux statues de Shar Dakhan sur Ch’Hodos, à leur regard impitoyable et intemporel. Elle sentait, soudain, le poids d’être une Shar et d’avoir échoué. Les missions s’étaient enchaînées, avec des succès parfois retentissants, grâce au capitaine. Mais, elle avait eu la responsabilité de Ch’Hodos, seule. Il fallait qu’elle s’efforce de penser à autre, sinon son esprit allait dériver, vers la cité loyaliste dans les montagnes, vers une chambre abandonnée, vers sa grossesse désastreuse. Ses yeux tombèrent dans les orbites vides du crâne d’Adari et elle trouva, dans tout ce noir, de quoi se focaliser à nouveau.

- Mais le capitaine Hope, vous confirmera sans doute ces impressions, déclara-t-elle pour passer le flambeau au hapien.

Et elle adressa enfin une œillade à Lloyd. Ses yeux dorés dissimulaient un sourire provocateur et un avertissement. Parce que le bureau du Seigneur Khorog était assez isolé du froid mordant de l’atmosphère de Korriban, elle commença à défaire sa bure pour en extirper son corps féminin. Le cuir noir de sa robe refléta les lumières de la pièce et elle croisa les jambes, s’installant, comme au holociné, prête à réagir au moindre faux pas que prononcerait la si jolie langue du capitaine.










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Lloyd Hope
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Disait-on que le capitaine Hope et Dana Shar complotaient ? Ou bien plus prosaïquement que le Chien du Castellan était devenu le toutou d’une Inquisitrice ?



La promesse de sagesse allait être difficile à tenir. C’était bien pour cela qu’il n’avait rien promis, d’ailleurs.

Le hapien pianotait du bout des doigts sur ses genoux en un discret geste nerveux. Il avait pincé les lèvres, serré les mâchoires. Il continuait à soutenir la vision du draethos – toujours aussi effrayante – mais peinait à dissimuler sa contrariété. Le zeltron qui avait reluqué Dana avait écopé d’un regard noir de sa part, mais visiblement les mœurs du Clergé étaient ainsi, à ce qu’il en percevait du mirialan venu apporter son déjeuner au seigneur Khorog : hypersexualisées, vicieuses. Et on se demandait d’où Dana tirait ses provocations constantes. A elle aussi, il lui avait jeté un regard noir quand elle s’était dévêtue. Il ne faisait même pas si chaud que ça, d’abord.

Il n’avait jamais aimé les Temples. Cette visite-là n’allait visiblement pas le faire changer d’avis.

Alors, quand il entendit évoquer ces rumeurs puis les propos de Dana concernant Ch’Hodos, il avait froncé les sourcils en croisant le regard de l’Inquisitrice, interloqué, avant d’affronter de nouveau le visage du seigneur Sith.

- Dana Shar n’est pour rien dans la perte de Ch’hodos, corrigea-t-il d’une voix un peu abrupte. La planète fait partie des premiers mondes que nous récupérerons : de l’intérieur par l’Inquisition, de l’extérieur par l’Armée, pour une prise totale.

Lloyd avait serré le poing sur son genou en parlant, puis parut se rendre compte qu’il faisait probablement preuve de trop de véhémence au regard des tons plutôt courtois que les membres de l’Inquisition avaient eu jusqu’ici. Il eut une œillade interdite vers Dana avant de s’efforcer de prendre une posture plus détendue. Mais lorsqu’il darda de nouveau ses prunelles émeraudes sur le faciès hors normes du draethos, il crut voir un bref instant une lueur étrange dans les iris de celui-ci et il ne parvint pas vraiment à se décrisper.

- Je veux dire que l’Inquisition et l’Armée sont complémentaires, reprit-il d’un ton plus calme, et nécessaires l’un à la survie de l’autre. Dana Shar et moi représentons cette alliance en chair et en os.

Il lui semblait que le crâne qui trônait sur le bureau les scrutait désagréablement. Il évita de le regarder, et se redressa un peu.

- Quant à moi, j’ai pris le commandement d’une frégate de guerre qui intègrera sous peu l’une des flottes officielles de l’Empire, expliqua-t-il, non sans une pointe de fierté, mais ensuite, il ne sut qu’ajouter.

Lloyd s’humecta les lèvres, embarrassé. Il ne s’était pas attendu à devoir vraiment parler de lui, de toute façon. Ils étaient là pour Dana.

- Je confirme que nous avons effectué plusieurs missions ensemble, la plupart couronnées de succès, dit-il prudemment. Mais… Est-ce que les rumeurs disent autre chose ?

C’était une piètre tentative. En matière d’interactions avec les vivants, il était bien plus doué pour donner des ordres que pour les discussions courtoises. Mais il ne pouvait s’empêcher de se demander exactement ce dont il s’agissait. Des rumeurs. Que pouvaient dire les rumeurs ? Disait-on que le capitaine Hope et Dana Shar complotaient ? Ou bien plus prosaïquement que le Chien du Castellan était devenu le toutou d’une Inquisitrice ?
Il sentit une bouffée de chaleur désagréable l’envahir à l’idée que l’on put dire d’eux qu’ils avaient procréé.
Et que leur progéniture était morte, comme maudite.

Il s’était installé un silence gênant. Lloyd le brisa comme pour fuir le poids d’une conversation qu’il n’était plus sûr de vouloir avoir.

- Je ne savais pas que… Nostos était toujours en vous, suggéra-t-il du bout des lèvres.

Le hapien avait envie de porter la main à son sabre, histoire d’être réactif, si besoin, mais il savait que ce geste pourrait être mal interprété. Il s’efforça donc de demeurer ainsi, sagement assis. Les yeux du loup guettaient ceux du draethos, comme un chasseur aurait fixé une proie potentielle.






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Darth Khorog
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Darth Khorog avait remarqué le manège de Lloyd, visiblement il était inquiet vis-à-vis de Nostos. C’était compréhensible, le hapien avait été quelque peu abimé par l’Esprit la première fois qu’ils s’étaient vu. Mais ce n’est pas tellement une raison pour se méfier autant des capacités mentales supérieure du Grand Inquisiteur.

- Lloyd je vous en prie, inutile de vous montrer aussi hostile. Si Nostos avait pu vous sauter dessus il l’aurait déjà fait avant même que vous n’entriez dans cette salle, et croyez-moi il en brule d’envie. Ce n’est pas un vulgaire esprit, aussi vieux soit-il, qui risque de briser les formidables défenses mentales d’un draethos. Mais cela vous le savez déjà, n’est-ce pas ? Après si vous souhaitez lui parler je peux faire l’intermédiaire. Lui de son côté adorerait discuter mais je n’ai cure de son avis.

Nostos, toujours aussi indésirable et malsain, ne pu s’empêcher de rajouter dans la tête du draethos :

« Tu ne dirais pas ça si tu étais moins con, tronche de poulpe »

Le Sith l’ignora royalement. Il se concentra sur ce que lui disait Dana et Lloyd. Effectivement les deux jeunes gens semblaient rayonner ensemble. Leur relation allait au-delà du pur professionnalisme. Le draethos demanda d’un ton détaché :

- Ainsi donc Dana, votre relation est d’ordre purement professionnelle, n’est-ce pas ? Aucune appréciation mutuelle qui risquerait de provoquer des tensions vis-à-vis des intérêts des seigneurs Bekhaar et Ladium, c’est cela ?

Appuyant son coude sur le bureau, le Sith fit tourner le crâne de l’adari d’un air pensif pour leur laisser le temps de répondre. Puis il reprit immédiatement après en répondant à Lloyd.

- Les rumeurs il y en tous les jours sur tous les propos. Mais quand on vous voit tous les deux ensembles, il faut être aveugle pour ne pas se faire des idées sur l’étendue de votre … rapprochement.

« Je suis sûr qu’il y a des rumeurs affirmant que tu es le sosie d’un Hutt »

Là encore, Darth Khorog ignora la remarque de Nostos. Ce qui fit inexplicablement rire l’esprit.

- Pour ce qui est de Ch’hodos, vous êtes une Inquisitrice. C’est votre rôle que d’établir les impiétés et les manquements à la Foi, Dana. Le gouvernement de votre époux et le peu de respect qu’il prête à la Foi aurait dû vous mettre la puce à l’oreille. La Foi ce n’est pas qu’un ensemble de règles jugé à tort comme dépassé par les ignorants. C’est aussi un moyen de discerner ceux qui sont propice à la trahison et ceux qui ne le sont pas. Il est toujours plus facile, lorsqu’on est un seigneur, de chercher à ne plus respecter la Foi sous prétexte que nous sommes supérieurs. Se soustraire à la Loi et à la Foi, c’est prouver sa duplicité et son manque de loyauté.

Darth Khorog n’était pas du genre à laisser ce genre de situation perdurer, mais il fallait mettre les points sur les i. Lloyd semblait vouloir défendre Dana mais il n’avait pas voix au chapitre. Autant qu’il le comprenne tout de suite.

- Dana étant la souveraine légitime de Ch’hodos et une Inquisitrice, elle est en partie responsable de ce qui est arrivé Lloyd. Et sur ce point ce n’est pas à vous d’en juger mais à moi seul ici. Hélas Ramken nous a prit de court. Il n’y a plus qu’à frapper maintenant.

En réalité la trahison d’un membre du Clergé Sith n’étonnait qu’à moitié Khorog. Lorsqu’il avait purgé l’Inquisition, il avait découvert nombre de traître de cet acabit. Il avait fait un nettoyage complet. En revanche, le Sith se demandait pourquoi Dana venait le voir maintenant pour cette « promotion ». Elle aurait pu solliciter un entretien avec n’importe quel autre prêtre pour manifester sa motivation.

- Dana, dites-moi pourquoi vous souhaitez devenir une Maîtresse Inquisitrice ? Ce n’est pas vraiment comme si vous passiez chef d’escouade, c’est une responsabilité majeure. Je sais bien que vous avez rempli de nombreux objectifs, même votre échec vis-à-vis de Darth Orcus est sensiblement cuisant et regrettable … mais d’un autre côté la dirigeante de Galidraan fut satisfaite de votre action et son soutient nous est précieux dans la guerre civile. Aussi je me demande ce que vous souhaitez obtenir avec cette position. Vu votre relation avec Lloyd, est-ce que vous espérez obtenir un contrôle sur les forces armées de l’Inquisition ? Ou bien peut être sur les atouts politiques que nous détenons pour votre quête personnelle ?

« Une gentille petite chienne. On pourrait lui ordonner le lécher le carrelage ? Cette lécheuse faisait déjà ça chez son époux, elle pourrait recommencer ici ! »

Darth Khorog poussa un soupir de désespoir. Cet esprit ne racontait que des anêries à longueur de journée. C’était d’un frustrant !
Décidé à ne pas penser à lui, le Sith tourna sa tête vers Lloyd.

- Quant à vous Lloyd, pourquoi vous rapprocher de l’Inquisition. Vous pourriez gravir les échelons des armées impériales facilement si vous le vouliez, à moins que vous ne sachiez pas comment faire, mais j’en doute.

Le draethos n’était pas dupe. Le Castellan cherchait à obtenir un contrôle sur les rangs de l’Inquisition avec Lloyd et Dana. Quelque part Lloyd n’était qu’un chien obéissant et Ladium détenait un pouvoir absolu sur le hapien. Le Sith se demandait s’il devait effectivement satisfaire la demande de Dana ou bien la rejeter. Sa relation privilégiée avec Lloyd mettait en péril la justesse de son intégrité cléricale.

- Mais dans tous les cas c’est étrange ce soudain intérêt pour le Culte Sith. Vous n’aviez pas manifesté cet intérêt auparavant. Vous seriez vous trouvé une vocation pour la Foi ?

Ce serait une surprise mais qui ne contredirait pas le fait que Lloyd restait un pion du Castellan. Ce dernier avait beaucoup perdu en influence avec la guerre civile. Tenter de récupérer Dana et éventuellement Ch’hodos au travers d’elle et de Lloyd serait un atout singulier pour contrôler la vieille noblesse.

« Il a surtout trouvé ce que Dana cache sous sa bure ouais héhéhé ! »

Qui ne rêve pas de soulever la robe de Dana Shar …

« Ah tu vois ! Tu l’avoue ! Espèce de dégénéré ! »

Non mais quel mauvaise foi !
Darth Hope
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. Elle reconnut le même désarroi que les nuits où elle l’avait ensorcelé pour qu’il dorme d’un sommeil sans cauchemar





Darth Khorog n’avait pas tort. Dana le reconnaissait avec une amertume douloureuse. Elle avait réellement manqué à ses devoirs d’Inquisitrice en permettant à Akusha et sa clique de lécher les bottes de Ramken, mais comment elle aurait fait autrement engluée dans des missions détestables confiées par une Runà qui refusait que son apprentie reprenne ce qui lui revenait de droit. Puis, au fil de ses missions, il y avait eu le retour de Lloyd dans sa vie et Ch’Hodos n’était devenue qu’une planète lointaine, presque chimérique comparée aux urgences de ces moments où ils avaient tous les deux failli perdre la vie. Comment expliquer cela au Grand Inquisiteur sans paraître encore plus inapte qu’elle ne l’était déjà ?

- C’est parce que je souhaite servir l'Empire en récupérant Ch’Hodos que je postule au rang de Maître Inquisiteur, répondit-elle avec aplomb, les sourcils légèrement froncés. J’ai besoin de moyens, de pouvoirs, j’ai besoin d’avoir de quoi raser chaque obstacle qui se dresserait sur la route du Clergé Sith auquel Ch’Hodos appartient aussi. Je suis aujourd’hui pieds et poings liés par mon simple statut d’Inquisitrice. Je n’ai pas pour ambition de contrôler l’armée inquisitoriale, j’ai besoin de savoir que l’Inquisition est du côté de la descendance de Shar Dakhan. Donc oui, je pense mériter ce titre. Chacune de mes cicatrices m’en a rapproché, alors je n’ai fait que réclamer une ascension qui me paraît possible. Je souhaite simplement pouvoir continuer de porter le nom de Shar Dakhan. Être une vraie Sith.

Et la dernière cicatrice en date, elle l’affichait fièrement sur sa joue droite : une petite auréole sombre, de la taille d’une puce électronique. Cette marque, un peu disgracieuse, en plein dans son charme, disait à la face du monde qu’elle ne reculerait devant rien. Toutefois, les insinuations de Khorog à propos des « plans » de Lloyd Hope la laissa perplexe et frustrée. Autant que Lloyd avait eu cœur à la défendre, elle ne pouvait pas laisser le blond être malmené par des accusations fondées sur une paranoïa étrange bien que justifiée. Ils étaient des Siths, après tout.

- Le capitaine Hope est plutôt bel homme, reprit-elle sans ciller, sans accorder un regard à Lloyd qui – elle le savait, commencerait à être sur la défensive dès cette première révélation. On ne peut pas vous cacher que succomber à son charme a été inéluctable. Je reste une femme. Il reste un homme. Alors, oui, il se pourrait que les rumeurs aient raison sur ce point. Se rapprocher de l’Inquisition, c’était surtout une manière pour lui de se rapprocher de moi et de réussir à me mettre dans son lit. Il…

Elle prit une grande inspiration et détourna enfin son attention vers le hapien dont elle affronta le regard intransigeant. Mais dans l’étendue dorée qui se confrontait à lui, il y avait une sincère admiration, une honnêteté qui dépassait ses paroles un brin déloyales. Dana offrit un sourire tendre au capitaine, qu’il ait au moins cette vision vraie d’elle avant qu’elle ne laisse la Force prendre le dessus. Combien de fois avait-elle utilisé son don contre Lloyd Hope ? Des dizaines de fois peut-être ? A chaque fois, c’était mourir un peu plus, mais user de la sorcellerie Sith contre lui signifiait qu’elle avait atteint une impasse. Et elle tissa patiemment la Force, construisit un chemin jusque dans l’esprit du loup dont elle connaissait les contreforts. Elle reconnut la même résistance qu’il lui avait opposé dans le bureau de Darth Runà. Elle reconnut le même désarroi que les nuits où elle l’avait ensorcelé pour qu’il dorme d’un sommeil sans cauchemar. Et elle insista, jusqu’à ce que les yeux verts de l’officier se ternissent, jusqu’à ce que la Force de Dana gagne et contrôle la moindre parcelle de lui. Jusqu’à ce qu’il n’entende plus que la Force, obscure, qui le repoussait loin.

Alors, une fois que le contrôle fut total, elle s’adressa de nouveau à son supérieur, articulant calmement, concentrée :

- Il est un peu bête. Et j’ai de nombreux moyens de le contrôler, que ce fut par la Force ou…par d’autres atouts, moins spirituels. En fait, vous devriez vous dire que c’est plutôt l’Inquisition qui s’est rapprochée de l’armée, que c’est l’Inquisition qui mène le jeu.

Elle se résigna à faire bouger son pantin. Lloyd se leva, maté par le contrôle de la sorcière. Elle le contempla, prit son temps comme le lui avait si souvent conseillé Runà lors de leurs longues séances de pratique de la sorcellerie Sith. Prendre le temps d’étendre sa volonté à l’esprit contrôlé. Ce fut rude, parce qu’elle combattait autant la réticence de Hope que la sienne. Mais elle avait envie de prouver à Khorog que Lloyd n’était pas un obstacle, ni un problème quelconque : qu’il était au mieux un allié, au pire un simple outils au service de l’Inquisition. Et Dana entendait son propre cœur marteler contre sa poitrine quand le corps du hapien ploya enfin comme elle l’exigeait. Quand il tomba à genou, aux pieds de l’Inquisitrice et qu’il se courba laborieusement. Quand il rapprocha sa jolie figure de la bottine de la Sith. Quand il tira la langue pour en lécher le cuir scintillant. Shar se força à contempler le spectacle, le toisant, légèrement fébrile, profondément désolée.

- Je suis devenue une sorcière sith presqu’accomplie, dit-elle enfin vers le draethos. J’ai bien retenu votre leçon sur Ch’Hodos, Seigneur Khorog. Moins d’impulsivité. C’est pour cela que j’ai appris les subtilités de la Force.

Elle libéra enfin Lloyd de son étreinte. Elle sentit sa tension baisser et sa vision se brouilla un court instant, mais elle réussit à rester consciente, cette fois. Les portes de l’office s’ouvrirent au moment où le mirialan revenait avec un plateau chargé de victuailles et de boissons. Dana envoya une œillade au capitaine qui reprenait ses esprits.

- Je pense que le Seigneur Khorog a raison. Vous avez trouvé une réelle vocation pour la Foi, capitaine Hope. N’est-ce pas ?








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 A genoux.

Avec dans la bouche, ce drôle de goût.





Lloyd avait serré les dents en écoutant les propos du Grand Inquisiteur. Il avait refusé d’un sec « ça ira, merci » la proposition de Darth Khorog d’entrer en communication avec Nostos, qu’il préférait imaginer contrôlé loin sous des barreaux mentaux. Qu’arriverait-il si le Seigneur Sith faiblissait et que soudain Nostos prenait le dessus ? Le hapien avait l’impression d’être face à une bombe qui menaçait à tout instant d’exploser et d’être le seul qui se rendait compte du danger. Il ne quittait plus le draethos du regard, ses yeux verts dardés sur ce faciès intimidant jusqu’à ce que Dana commençât à parler de lui. Il avait tourné la tête, froncé les sourcils en la fustigeant du regard. Plutôt bel homme ? La mettre dans son lit ?! Mais à quoi jouait cette foutue










Le sol de la pièce était brusquement si proche. Il sentait l’odeur de la cire avec laquelle la pierre avait été lustrée, voyait de près le cuir de la bottine de Dana et sur sa langue légèrement asséchée, un goût désagréable, artificiel. Il cligna des yeux en relevant le visage, les propos de l’Inquisitrice complètement incompréhensibles à son oreille. Un moment, il crut qu’il s’était évanoui et il chercha Dana des yeux, pour y croiser l’étendue dorée, y trouver des réponses, mais le visage de celle-ci était professionnel, calme. Pas du tout comme si son amant venait de s’effondrer à terre, pris d’un malaise. Il ouvrit la bouche, hébété, avant de se redresser, toujours à genoux, vers le Seigneur Khorog qui avait aussi baissé les yeux sur lui, avec quoi – pitié ? étonnement ? Il ne lisait jamais bien les visages aliens.

- Que… Qu’est-ce que… ?

Mais il avait parfaitement reconnu la sensation, maintenant : quand il s’était éveillé à genoux devant Darth Runà, dans son bureau du Grand Temple, avec cette sensation odieuse d’avoir été pénétré, manipulé au-delà de ses défenses mentales.

A genoux.

Avec dans la bouche, ce drôle de goût.


Le hapien bondit brusquement sur ses pieds, s’écartant de quelques pas et cette fois, il porta effectivement la main à son sabre. Il l’en sortit de son attache à sa ceinture pour l’allumer, plus par réflexe que par réelle volonté d’affronter qui que ce fut.

- QU’EST-CE QUE VOUS AVEZ FAIT ! cria-t-il.

Son visage brusquement était furieux, sa bouche déformée par la colère et ses yeux gratifièrent Dana d’un regard outré, partagé entre la fureur et l’incompréhension.

- C’EST QUOI VOTRE MANEGE A TOUS LES DEUX ! A QUOI VOUS JOUEZ HEIN ?!

Sa voix s’écrasa dans le bureau, et le mirialan resté à quelques pas d’eux rentra légèrement la tête dans les épaules. Le hapien regarda tour à tour le draethos et l’Inquisitrice, la bouche ouverte, la respiration haletante. Une chaleur désagréable avait empourpré son visage d’habitude si pâle, lui laissant des rougeurs sur les joues, dans le cou. Il avait reculé encore d’un pas et il heurta une vitrine dont le contenu tinta légèrement. Il n’y fit pas attention. Ses yeux s’étaient de nouveau verrouillés sur le visage de Dana comme il sondait l’étendue dorée, la sommant silencieusement de lui dire qu’il se trompait sur ce qui venait de se produire.

- C’est toi qui as fait ça ?! balbutia-t-il, abasourdi.

Il avait peine à y croire.

- C’est toi ? demanda-t-il encore, parce qu’elle mettait du temps à répondre, mais aussitôt il regarda le draethos ensuite pour pointer le manche de son sabre vers lui. Ou c’est vous ?

Sa voix s’était subitement chargée de menace, mais sa poitrine qui se soulevait et s’abaissait de façon précipitée trahissait autre chose que la colère, et il pinça les lèvres. Il savait au fond, qui c’était. Il se souvenait soudain de ce sourire tendre, juste avant son absence. Un sourire qui était complètement déplacé au vu du contexte. Un sourire du même genre que l'étreinte qu'elle avait eu pour lui avant de le pousser hors du canon d'une épave de croiseur, sur Galidraan.

Son bras retomba le long de son corps comme il déglutissait, encore sous le choc.






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Darth Khorog
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Allons bon, voilà que Dana Shar s’amusait à dominer mentalement son … camarade ? Compagnon ? Qu’importe. Le toutou était si aisément manipulable ? Ladium était-il au courant ? Pratiquait-il le contrôle mental ? Que se passerait-il si d’autre que Dana parvenait à entrer dans la tête du Hapien ? Le Seigneur Sith restait pensif, quelque peu atterré devant cette possibilité effrayante. Lloyd était extrêmement proche du Castellan Noir, il avait la possibilité d’accéder à beaucoup d’informations. Bon les télépathes aussi doués que le Grand Inquisiteur lui-même ne courraient pas les rues, et c’était normal puisqu’il était draethos. Mais cela restait tout de même une faiblesse stratégique majeure. Darth Khorog ne pouvait pas laisser cette personne sans surveillance, au risque de voir un renégat … ou pire encore, s’accaparer son esprit pour le retourner contre les véritables Sith.

Le hapien, lorsqu’il prit conscience, eu soudainement très peur de ce qui lui était arrivé. Mais c’était prévisible, il se retrouvait dans une position totalement différente alors qu’on parlait de lui. Une petite maladresse qui pourrait avoir éventuellement des conséquences sur le long terme. Cependant, Lloyd n’était pas un total idiot et connaissait ses véritables intérêts.
Le Grand Inquisiteur, fidèle à lui-même, ne sut pas retenir sa colère fulgurante lorsque Lloyd heurta une vitrine et eu l’audace de sortir un sabre laser ici, dans l’un des Cinq plus prestigieux des Grands Temples Sith. Sentant la colère prendre possession de lui, il se redressa pour tendre le bras et usant de la télékinésie, arracha le sabre laser des mains du hapiens. D’une seule et même voix tremblante de colère Darth Khorog et Nostos Graush ordonnèrent en pointant la chaise vide renversée de Lloyd, qui se réajusta toute seule à sa place :

- Assis !

Étrangement, Darth Khorog et Nostos avait tout deux très mal pris l’attitude du hapien. La puissance de cette émotion partagée fit chanceler Khorog qui se rassit immédiatement, serrant dans sa main le sabre laser qu’il venait d’arracher. L’autre main elle tremblotait, comme à son habitude lorsque la colère se faisait trop forte.
Malgré tout, il parvint à contrôler, à dompter cette émotion. Étonnamment, Nostos ne fit aucun commentaire, il restait silencieux, presque imperceptible derrière sa prison mentale. Le draethos remarqua la présence de son esclave. Il prit le plateau de nourriture, c’était du twi’lek braisé. L’une de ses viandes préférées, et une bouteille de vin Sith. Darth Khorog lui fit signe de se retirer.
Dans le même temps, des soldats inquisitoriaux entrèrent immédiatement dans la pièce en claquant la porte violement, arme aux clairs, Darth Verum et deux Inquisiteurs les accompagnaient, sabres allumés, qu’ils pointèrent rapidement sur Lloyd et Dana. Le Grand Inquisiteur, toujours sous le coup de la colère fit à son disciple zeltron :

- C’est bon merci, ce n’était rien.

Sans chercher plus à comprendre, tout le monde quitta la pièce sans trop se poser de question. Puis le silence revint pendant quelques instants, avant que Darth Khorog ne le brise. Il se tourna vers Lloyd, pointant son propre sabre laser (éteint) sur lui comme un index accusateur. Quelle impudence, péter un câble comme ça, gratuitement dans le bureau d’un Sith aussi important que le Grand Inquisiteur ? Il faut être stupide !

« Oh hey, c’est l’hôpital qui se fout de la charité là ! Ce n’est pas toi qui a attaqué le Haut Inquisiteur parce qu’il était pas assez extrémiste à ton goût ? Ne prends pas trop les gens pour des cons non plus hein. Le pauvre petit tu lui ferais exploser une banane devant lui ça pourrait le traumatiser alors imagine une prise de contrôle mentale. Si j’étais toi je le décapiterais tout de suite. ET puis tu as toujours aimé la cervelle de hapien non ? »

Bon, comme d’ordinaire, le draethos choisi d’ignorer les remarques de son colocataire mental indésirable. Il était plutôt concentré sur ce qu’il disait à son interlocuteur contrarié. Sa voix n’était plus colérique, mais certainement pas dénué de tensions ni de menace.

- Lloyd, si vous êtes encore en vie après avoir été l’apprenti du Castellan malgré toute ses années, ce n’est pas en paniquant vainement pour rien aux plus mauvais moments. Alors canalisez cette colère comme vous l’avez appris il y a tant d’année et cessez de faire le pitre dans mon bureau. Si j’entends encore teinter le contenue d’une vitrine, j’écouterais les supplications de Nostos et je vous y ferai enfermer avec un balai dans le fondement.

« Oh c’est vrai ? Maiis ouiii tu le ferais ! C’est pour ça que je t’aime mon p’tit lapin ! »

Ah bah voilà qu’il était un lapin maintenant. Non mais franchement qu’est-ce qu’il avait fait aux Seigneurs Noirs pour mériter ça ?

- De plus vous êtes intelligent, non ? Enfin vous êtes un Sith je veux dire, pas un Jedi aveugle et déloyal. Alors gardez votre sang froid. Et ce n’était pas un conseil !

Un Jedi n’était rien d’autre qu’un crétin confiant, mais aussi de formidable petite teigne adepte des cachotteries inavouées. Combien parmi eux hésiterais à manipuler l’esprit de Lloyd pour arriver à leur fin ? Très peu en vérité, c’était la réalité de l’Ordre Jedi.

- Je rajouterais à cela que vous n’êtes pas ici pour accompagner Dana. Vous êtes venu me voir pour autre chose qui ne la concerne pas. Vous ne le savez peut-être pas encore alors réfléchissez bien. Mais continuez à vous comporter ainsi et vous le regretterez. Mais je connais quelqu’un d’autre sur Dromund Kaas qui en serait très heureux.

Le Seigneur Sith se demandait si Lloyd arriverait à comprendre à quoi il faisait référence. Le petit chien est-il réellement soumis ou bien est-il capable d’évoluer pour devenir un loup, ou au moins un molosse de guerre réellement prometteur.
Il laissa Lloyd réfléchir à cela le temps de se retourner vers la jeune princesse.

- Dana, pour ce qui est de vous je comprends tout à fait que vous avez beaucoup appris depuis Ch’hodos, mais si je sens encore qu’il y a des progrès à faire. Mais tout cela, nous le déterminerons en temps et en heure.

Le Grand Inquisiteur se doutait cependant qu’apprendre les subtilités de la Force n’avait pas fait d’elle quelqu’un de suffisamment subtil, mais au moins faisait-elle des efforts.

- Vous êtes sans doute encore loin du niveau de votre époux, mais je ne doute pas que vous parveniez à l’égaler suffisamment pour lui couper … ce qui fait de lui un mâle aux yeux de votre espèce. Cependant, je ne saurais vous conseiller un peu plus de … diplomatie dans la façon dont vous userez de votre don de séduction.

Mentalement, le Sith dit à Dana le temps d’un court regard :

« Lloyd Hope est peut-être un chien docile, mais il n’est pas un Jedi inutile. Fait attention à ne pas le prendre pour un idiot, ou il te fera comprendre ton erreur au pire moment … »

Le Grand Inquisiteur allait dire quelque chose d’autre mais Nostos prit le relais immédiatement pendant un court instant avant que le Sith ne le renferme :

« Ce n’est pas parce qu’il a une belle gueule qu’il n’est pas un enfoiré. Toi tu l’as baisé une fois, mais lui te tueras deux fois. Pense à ton délicieux époux … »

Ne souhaitant pas faire de commentaire sur l’intervention, Khorog se retourna vers Lloyd en tapotant du doigt le crâne humain, et non pas adari, qui était posé sur le bureau. Il tourna le visage vers le hapien.

- Vous n’avez pas répondu à la question de votre compagne. Vous êtes vous trouvé une vocation pour la Foi, Lloyd Hope ? Oh, puisque vous êtes sous le coup de la colère et la peur, je vous conseille de bien regarder Hurld Rahnag, qui fut mon maître. Je l’ai tué et je l’ai totalement bouffé après qu’il ait excessivement blasphémé. Alors choisissez bien vos mots.
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Et flirter avec la mort était quelque chose de naturel quand on s’appelait Dana Shar.





La colère soudaine de Lloyd l’agaçait moins que la mention d’Akusha, son époux. Qu’en était-il de ce mariage, d’ailleurs ? Il avait implosé comme l’Empire. Deux époux. Deux camps. Ignorant un instant le hapien, elle s’adressa à Darth Khorog avec un ton un peu impatient, gage de son agacement concernant l’imposteur de Ch’Hodos.

- Mon époux, oui d’ailleurs. J’attends que le Clergé Sith dissolve cette union. Akusha est maintenant un traître et j’ai pas envie d’être associée à ce connard.

J’en ai jamais eu envie. Mais nécessité faisait loi à l’époque où Runà avait mis cette union sur le tapis. Akusha avait été nommé Seigneur de Ch’Hodos par le Clergé lui-même. Il avait représenté une étape obligatoire pour que Dana puisse retrouver un semblant de titre princier et se rapprocher du pouvoir. Elle n’avait jamais douté qu’un jour, elle devrait le tuer ou mourir en l’affrontant. La guerre civile n’avait fait que précipiter les choses.

Enfin, ses prunelles incandescentes se figèrent sur la silhouette du capitaine qui s’était assis, avec autant de docilité qu’un chien bien dressé et ce, sans contrôle de l’esprit. Elle ressentit une nouvelle vague de contrariété à le voir sermonné par le Grand Inquisiteur. Elle aurait aimé qu’il puisse répliquer, lui montrer qu’il était un véritable Sith, un être que la Force obscure avait béni. Elle se remémorait très bien de tous ces moments où Lloyd Hope avait été féroce, fort et puissant : dans l’Arène de Ch’Hodos, face à Akusha quand il avait fallu fuir, dans la baie d’atterrissage du Melantha quand il avait fallu punir un traître. Elle était la seule à pouvoir lui faire ployer le genou. Elle était ce genre de sorcière. Du moins, elle s’en persuadait. Elle se berçait de cette illusion : le privilège de pouvoir commander au blond, comme jamais on ne pouvait le commander, comme jamais Laduim ne l’avait fait.

- Capitaine Hope, intervint alors la princesse afin de laisser du temps à Lloyd de bien choisir ses mots. Des mots qu’elle ne pourrait pas choisir à sa place et qui seraient, elle espérait pour lui, moins maladroit que sortir son sabre en présence du Grand Inquisiteur. C’est moi qui ai fait ça, oui. Je souhaitais démontrer au Seigneur Khorog mes progrès en matière de sorcellerie Sith, merci pour votre collaboration.

Et elle lui accorda un tout autre genre de sourire, semblable à la flamme d’un briquet qui embrasait de manière fulgurante, assorti à son regard le plus provocateur. Et dans tout ce cuir, il n’y avait aucun doute qu’elle l’allumait, en se moquant un peu de lui au passage. Elle le vouvoyait avec un ton révérencieux presque trop suave, le désignait par son grade, par son nom.

- Je disais au Seigneur Khorog que vous aviez un faible pour moi.

Le sourire de Dana ne s’éteignait pas, bien au contraire.


Elle aimait en rajouter des couches, experte en maquillage qu’elle était.

- Ce qui est sans doute à l’origine des rumeurs à propos de l’étendue de notre…rapprochement.

L’Inquisitrice se pencha vers le hapien, transportant vers lui un parfum féminin et sucrée. C’était l’odeur de son shampoing qui s’évaporait dans l’air à chaque mouvement de sa jolie figure. Et elle souffla assez bas :

- Vous pouvez d’ailleurs essuyer le filet de bave qui suinte aux coins de votre bouche et remonter vos yeux, car les miens sont plus hauts.

Le décolleté de Dana n’était quand même si profond ; quoiqu’il ne fallait pas avoir le vertige. Quand bien même il ne regardait pas cet atout vertigineux et dangereux, elle le faisait clairement passer pour un pervers. Bref, un Sith qui n’était pas insensible aux charmes de ces dames et qui savait les prendre et en jouir. C’était un portrait bien plus réaliste qu’une liaison sentimentale. Bien plus acceptable aux yeux de leurs pairs qu’une idylle compatible.

Elle se redressa, humectant ses lèvres pour effacer – enfin, son sourire ensorceleur.

- Mais le Grand Inquisiteur attend une réponse à sa question, je pense. Ne le faîtes pas attendre, capitaine Hope.

Et elle profita pour faire signe au mirialan, lui désignait les boissons sur le plateau. Elle ne se risquerait certainement pas à ingurgiter quelque chose, mais il fallait savoir vivre dangereusement. Flirter avec la mort était quelque chose de naturel quand on s’appelait Dana Shar. Le jeune mâle se dépêcha de lui apporter de quoi étancher sa soif soudaine. Elle conserva le gobelet en métal entre ses mains manucurées dont le vernis pourpres rutilait.




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Je t’ai à l’œil.



Lloyd s’était relevé presque aussitôt après s’être assis, après avoir croisé le regard de l’Inquisitrice, auquel il avait du mal à répondre autrement que par un air sévère. Elle avait avoué, bien sûr, avec son habituel aplomb, comme si elle en avait tous les droits.
Pour mieux canaliser cette énergie désagréable qui crispait ses muscles, il se mit à marcher en long et en large, les bras croisés dans le dos pour éviter de faire usage de ses poings serrés.

- Je ne panique pas, figurez-vous, martela-t-il d’une voix tranchante en faisant les cent pas dans le dos de Dana.

Il évitait ainsi leurs regards, les yeux rivés sur le sol devant lui qui défilait sous ses bottes à chacun de ses pas, le visage empourpré de colère. Il secoua négativement la tête, comme pour lui-même.

- Mais je suis outré du traitement qui m’est systématiquement réservé dans un Temple Sith, lâcha-t-il, amer. Vous savez de quoi cela est le symptôme ?

Il s’immobilisa et leva un instant un doigt en l’air pour appuyer son propos, en étrécissant ses yeux perçants vers le draethos. Ses cheveux clairs s’étaient teintés de sueur, mais l’émeraude de son regard semblait glaciale, comme à son habitude.

- De cette stupide méfiance des organes de l’Empire les uns envers les autres. L’Inquisition veut manipuler les militaires, l’Armée veut garder le contrôle absolu pour bénéficier des apports des Renseignements et de l’Inquisition, les Renseignements sont prêts à saboter le travail de l’Inquisition pour prouver leur légitimité. BREF.

Lloyd rompit le contact visuel pour se remettre à faire les cent pas.

- Vous voulez savoir si nous couchons ensemble ? La réponse est oui. Autant que possible. Ça vous va ? Vous voulez savoir si je la manipule ? Autant qu’elle me manipule, certainement. Vous voulez savoir si cela fait de moi – non, de nous, une menace ou un avantage ? La réponse est tout aussi simple : c’est vous qui choisissez.

Il cessa de nouveau de marcher pour indiquer Dana d’un bref mouvement du menton.

- A deux, Dana Shar et moi sommes plus forts qu’un Sith seul. Dana Shar et moi sommes plus dévoués au Culte qu’un Sith seul. Dana Shar et moi disposons de davantage de ressources mentales, physiques, politiques, sociales et même symboliques qu’un Sith seul.

Darth Khorog se considérait-il comme un Sith seul en présence de Nostos ? Le hapien ne le visait pas personnellement pourtant.

- Dana Shar et moi incarnons ce dont cet Empire manque cruellement, poursuivit-il d’une voix tranchante. Ce pourquoi cet Empire a été atteint si sévèrement par la guerre civile : Dana Shar et moi sommes l’union des différents aspects des Sith, nous faisons ce qu’aucun d’entre eux ne réussit à faire : s’allier durablement pour être plus fort face à ses ennemis.

Le hapien baissa un bref instant le regard vers l’Inquisitrice, mais ses yeux étaient chargés d’un avertissement évident. Quelque chose du type : je t’ai à l’œil.

- Alors menace ou avantage : à vous de voir si vous êtes de notre côté ou non, décréta-t-il avant de détourner enfin le regard avec un soupir.

Lloyd s’éloigna de quelques pas en croisant les bras, ses yeux se posèrent sur les fameuses vitrines, où il ne voyait rien d’autre que des vieilleries sans intérêt. Il émit un bref sifflement de dépit.

- Et pour prendre votre décision, ma Foi vous intéresse ? poursuivit-il en élevant un peu la voix parce qu’il s’éloignait en se promenant dans le bureau, comme parti en exploration. Voici deux réponses, toutes aussi pragmatiques l’une que l’autre. La première est celle de l’hapien mortel que vous avez déjà vu, la seconde est celle de l’union de deux Sith que je vous conseille de voir maintenant : seul, je n’ai de foi qu’en mes capacités personnelles. Les Sith ne sont pas ma religion, ils sont une meute d’adoption qui m’a piétiné, et c’est à mes capacités personnelles que je dois ma survie. Avec Dana Shar, je suis un loup prêt à défendre les croyances du Culte Sith, car le Culte Sith me protégera, lui, à cette condition. De même, Dana Shar seule ne pèse rien dans les forces militaires. Avec moi, elle pèse autant que le bras droit du Castellan – c’est-à-dire, potentiellement davantage que vous, Grand Inquisiteur, même si ce constat ne vous plait guère.

Il ne se retournait que de temps à autre, pour croiser le regard du draethos sur les mots qui lui semblaient les plus importants. Ses sourcils froncés, ses lèvres pincées trahissaient sa méfiance malgré la colère qui retombait peu à peu.

- A vous de voir ma foi à travers le prisme qui servira le mieux nos intérêts à tous. Je vous laisse juge de cet aspect-là. Le domaine de la Foi est vôtre. La seule foi qui vaille pour un homme comme moi est celle de la croyance en l’Empire Sith et en la nécessité vitale de le sauver avant qu’il ne tombe en miettes devant une poignée de renégats qui ont profité de notre fragilité. A l’aune de ce constat-là, je vous prie d’avoir un jugement stratégique et pas seulement religieux.

Lloyd revint vers le bureau d’un pas lent, soutenant le regard de Darth Khorog, le menton peut-être un peu plus élevé qu’auparavant, dans une dignité qui rappelait tout des militaires au garde-à-vous sous les drapeaux impériaux.

- Alors, si vous voulez que je reste sagement assis, à discuter de ce qu’il y a à construire, nous mettre à l’épreuve, faites donc, mais il va falloir me traiter autrement que comme votre inférieur. Je le suis peut-être dans la hiérarchie Sith. Mais nous sommes un binôme avec lequel il vous faudra composer, et je suis certain que vous serez suffisamment malin pour ne pas oublier que les positions hiérarchiques changent dans le temps, et prendre les bonnes décisions à cet égard.

Il cessa enfin de marcher pour s’immobiliser devant Khorog et tendre la main vers lui quand seul le bureau les séparait. Sa paume ouverte réclamait le retour de ce qui lui appartenait.

- A commencer par me rendre mon sabre.







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Darth Khorog
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- Hein ? Ah oui le sabre, autant pour moi.

Le Grand Inquisiteur était sincèrement étonné d’avoir encore le sabre en main. Il avait complètement oublié. C’était sans doute l’habitude d’avoir le siens en main quand il réfléchissait sans doute. Dans tous les cas, il le renvoya via la télékinésie à Lloyd qui s’en saisit prestement. Le draethos reprit la parole, avec un ton léger quoique non dénué de tension. Pour Darth Khorog, la colère initiale qu’il avait ressenti vis-à-vis de la réaction du hapien s’était totalement évanouie.

- Faites attention à ce que vous dites, Lloyd Hope. Je comprends que vous soyez vexé mais personnellement je n’ai rien fais d’autre que poser des questions. Je vous rappelle que c’est vous deux qui êtes venus sur ma planète, dans mon bureau afin de me demander de promouvoir Dana Shar. J’ai d’autre choses à faire de beaucoup plus urgent que de gérer des querelles d’amoureux ou votre sensibilité vis-à-vis de l’humiliation personnelle. Je comprends que vous puissiez être en colère, c’est une bonne émotion que l’on sous-estime trop souvent. Mais ici, vous n’êtes pas dans le bureau de votre maître. Vous êtes dans mon domaine alors vos explosions émotionnelles, je vous prie de bien vouloir les contrôler.

Lloyd Hope semblait peut-être prendre sa position auprès de Darth Ladium un peu trop au sérieux. Et surtout Darth Khorog avait autre chose à foutre que de gérer les émotions d’un hapien à fleur de peau. Dana Shar faisait peut-être un peu trop usage du contrôle mental sur lui. Cette façon de réagir au quart de tour, cette nervosité et cette peur de l’humiliation, c’était quelque chose que Khorog connaissait bien pour l’avoir infligé à d’autre.

- Cependant, les Temples Sith n’ont pas vocation à être un lieu où humilier les braves Sith tels que vous Lloyd. Si de telles situations ont eu lieux alors que vous étiez dans votre bon droit, n’hésitez pas à m’en faire part pour que des enquêtes soient menés. Mais dans le cas présent, je n’aurais aucune pitié si vous vous amusez à bafouer les règles dans mon propre bureau. Avant que vous n’éclatiez, à tort ou à raison, je n’avais pas manqué à l’hospitalité et me suis montré cordial.

« Comment ça, on n’humilie pas Lloyd dans les Temples ? C’est pourtant ce que j’ai fais-moi, rappelle-toi ! Si j’avais eu plus de temps … héhéhé »

Le seigneur Sith se rappela la scène. Effectivement, il y avait des souvenirs douloureux pour Lloyd avec Khorog. Cela ne devait pas aider. Mais ce n’était pas une raison pour agir aussi effrontément dans son bureau ! Parler avec autant de défi et d’arrogance !

- Je n’ai pas à me justifier de l’attitude de l’Inquisition devant vous, Lloyd. Cependant, je vous rappelle que les effectifs de la Marine Impériale et des Armées ont subi 40% d’effectifs qui ont rejoint Ramken et ses sbires. Alors que l’Inquisition en a été quasiment exempt. Je me fiche bien de l’attitude des autres sphères du Conseil Noir. Seul nous importe la loyauté de nos citoyens … et visiblement nous avons été trop laxiste.

Darth Khorog prévoyait nombre de sévices pour certains de ces traîtres. Il faut montrer l’exemple et dissuader toute autre tentative de trahison de cette envergure. Plus jamais l’Empire Sith ne doit souffrir de ce genre de situation désastreuse. L’Inquisition avait été nettoyé par Khorog en personne, il en résultait un taux de loyauté exceptionnel.

- En même temps, quand on fait le ménage … ça donne des résultats … BREF ! Pour ce qui est des coucheries, je me moque considérablement avec qui vous baisez, Dana. Mais alors, ça me passe très loin au-dessus de la tête. Tant que vous n’écartez pas les cuisses pour un Jedi, je m’en fiche éperdument. Cependant, vu que nous n’êtes plus des apprentis, me semble-t-il, je ne vous rappellerai pas les dangers des sentiments amoureux. Si de telle absurdités devaient naître entre vous, attendez-vous à une chute rapide et douloureuse. Le côté Obscur ne pardonne pas de tels écarts.

L’amour, Darth Khorog ne comprenait pas cette attitude puérile. Dana et Lloyd pourraient gâcher leur carrière et lien avec la Force avec ce genre de sentiment détestable. Le Sith s’en inquiétait, perdre deux éléments comme cela ce serait très humiliant.

- Il est vrai cependant que vous faites un bon duo, c’est très bien. Gardez la tête froide, le côté obscur dans votre cœur, les bons objectifs en tête et vous irez loin tous les deux.

Le Draethos se redressa sur son siège. Il jeta un regard dans la pièce, comme s’il réfléchissait à ce qu’il allait dire. Lloyd Hope semblait en proie au doute ? Ou bien était-ce de la colère pure ? Ses sentiments était approprié et même souhaitable, mais peut être étaient-ils mal canalisés ? Darth Khorog ne devait pas être source de colère, mais plutôt de crainte à choisir. Cependant, Lloyd en était peut-être imprégné depuis trop longtemps. La colère était ce qu’il lui fallait pour s’épanouir et devenir un Seigneur Sith digne de ce nom. Darth Ladium n’était sans doute pas le genre de Sith à utiliser ses atouts à bon escient. Il préférait mutiler inutilement son apprenti plutôt que de le faire prospérer au risque de perdre sa place. Complètement idiot et digne d’une race inférieure comme lui. Vu la façon dont il avait géré son ministère et les trahisons qui en ont résulté, ce n’est pas étonnant que tout parte à vau l’eau.

- Je comprends que vous vous sentiez en infériorité. Je comprends aussi que vous souhaitiez prendre du galon et établir votre domination. Cependant, traiter avec condescendance un Sith tel que moi, qui vous accueille dans son bureau malgré la Guerre civile qu’il a sur les bras et la possible trahison d’un nombre incalculable de Sith, citoyens ou esclaves … Disons que ce n’est pas une bonne idée. Dans le cas actuel des choses, c’est à vous, et non pas à moi, de déterminer dans quel camp vous êtes Lloyd. Dans celui de Darth Ramken, ou dans le nôtre. Qui plus est, votre influence, à vous deux, est certes naissance et palpable, mais évitez de vous comparer à plus grand que vous. Ce n’est pas ainsi que vous vous ferez des alliés. Si, par exemple, vous étiez dans l’autre camps, sachez que je n’aurais aucun mal à vous enfermer et mettre un frein définitif à votre début « d’ascension ». Et le Castellan Noir, d’où vous tirez encore l’essentiel de votre influence personnelle, n’y pourra strictement rien. Dana Shar non plus d’ailleurs.

Le Sith fit un geste de la main, comme s’il englobait Lloyd dans une bulle. Il parlait avec un certain calme, pour peu que ce terme puisse être utilisé avec l’éternel colérique Khorog. Mais il n’était pas agressif tout du moins.

- Vous l’avez dit vous-même, le Culte peut vous protéger. Mais il ne vous servira pas. Il ne le fera jamais. Nos intérêts sont ceux de l’Empire Sith, et du peuple Sith. Et je n’ai aucune leçon à recevoir de vous quant à la manière de faire mon office. La Religion à toujours eut à cœur de protéger les Sith, contrairement aux militaires qui bien souvent n’en ont cure. Et croyez-moi c’est mon métier, je sais de quoi je parle. Mais je ne vous accuse pas vous bien entendu.

Traquer les traitres et les hérétiques, c’était un travail à plein temps. Considérer Khorog inférieur à deux jeune Sith parce qu’il avait son propre vaisseau, c’était d’un puéril. Le Sith pouvait le mettre à quai et immobiliser son vaisseau pendant des mois, si ce n’est des années en prétextant des contrôles, des enquêtes et finir par une réquisition à durée indéterminée. Mais bien sûr, Lloyd allait mal le prendre si Khorog en parlait en ses termes.

« De toute façon c’est une chialeuse et une pisseuse, un peu comme toi parfois mon grand. »

- Je vous sens un peu tendu. Laissez-moi clarifier quelque chose. Là, je suis en train de donner de mon temps pour évaluer Dana personnellement. Vous n’étiez pas sensé l’accompagner. J’aurais pu ne pas vous laisser entrer dans le Temple au dernier moment, vous laissez à l’entrée et vous auriez été obligé d’obtempérer. Mais je vous ai laissé entrer avec elle et même participer à la discussion puisque je vous inclus dedans. Je comprends que vous n’ayez aucune considération pour moi après ce que vous avez vécu, et croyez-le ou non j’en suis désolé. Vous êtes un excellent élément et moi, contrairement à Darth Ladium, je vous aurai déjà propulsé à un plus haut rang depuis très longtemps.

Dire qu’il était désolé avait failli arracher les cordes vocales de Khorog. Ce n’était pas quelque chose qu’il faisait souvent, et dans son bureau en plus ! Mais il n’avait pas envie de rester à discuter de l’égo blessé de Lloyd toute la journée. Il fallait passer à la suite.

- Dans tous les cas, si vous êtes ici aujourd’hui tous les deux ce n’est pas pour rien. Et si j’avais voulu vous humilier, je m’y serais pris autrement. Et croyez-moi, vous auriez souffert, bien plus que sur Vaynai. Alors écoutez bien parce que je ne le redirais jamais plus. Je vous estime Lloyd Hope. Et je pense que vous avez le talent pour faire mieux que certains dans l’Empire Sith, mais je ne nommerais personne. Alors je vous en prie, arrêtez de jouer les victimes parce que vous n’en êtes pas une et vous le savez. Je ne respecte que les forts, ceux qui ont prouvé qu’ils étaient des survivants, des durs à cuire. Et je sais personnellement que vous en êtes un, ok ? Je dirais même plus, Nostos et moi le savons pertinemment.

Faire des compliments c’était une façon comme une autre d’apaiser un peu les tensions pour mieux manipuler ou tout du moins permettre de discuter sans se foutre sur la gueule. Darth Khorog ne voulait pas mettre Lloyd en prison, briser sa carrière alors qu’il le pouvait assurément. Le hapien était un élément mal utilisé et qui pourrait faire plus s’il était guidé sur la bonne voie.

- Alors la question n’est pas si je suis dans votre camps, mais est-ce que vous, vous êtes prêt à être dans le miens ? Avec Darth Bekhaar nous sommes à la tête des loyalistes, les autres sont dépassés. Si vous êtes dans le miens, je vous aiderais sensiblement à avancer sur votre voie. Maiiiis … comprenez bien que ce n’est pas là l’objet de votre visite. Nous sommes ici pour déterminer si Dana est digne, ou non, d’avancer sur sa propre voie à elle. Nous discuterons entre nous de nos affaire Lloyd, si vous le voulez bien. Si vous souhaitez vous renfermer, libre à vous.

Le Sith prononça ses mots avait un ton léger, presque guilleret. Comme s’il lui tardait que Lloyd prenne sa décision ou que les tests pour évaluer Dana ne commence. Il avait déjà tout prévu et tout était en place pour la suite. Mais rien de ce qu’il avait préparé n’était parvenu aux oreilles de l’un ou de l’autre. Il en avait veillé.
Darth Hope
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Rites Sacrés

Chez les Siths, la loi du plus fort primait.





Dana aurait aimé pouvoir répondre au Grand Inquisiteur dans la foulée de son long monologue – celui dont il avait le secret et dont elle avait assez soupé sur Ch’Hodos, mais ses pensées étaient parasitées par l’intervention de Lloyd. Elle n’arrivait pas à détacher son regard rutilant de la silhouette du hapien et sous son maquillage parfait, sa peau avait blêmi. Le capitaine et l’Inquisitrice n’avaient visiblement pas la même approche de la hiérarchie. Cependant, il aurait été hypocrite qu’elle se crut capable de garder une discipline et un calme à tout épreuve devant Darth Laduim. Elle avait envie de le presser de questions : pensait-il chaque mot qu’il avait offert en pâture au draethos ? Était-ce vraiment la vision qu’il avait d’elle et de lui, de leur équipe. Qu’ils étaient plus forts à deux.



Chez les Siths, la loi du plus fort primait. C’était la première et seule leçon que le Seigneur Shar Ram lui avait enseigné. Il n’avait eu de cesse de lui répéter que les Shar étaient les plus forts, qu’ils puisaient cette force dans le sang de Shar Dakhan lui-même et dans la pureté de leur lignée sith. A la moindre occasion, le patriarche Shar n’avait cessé de démontrer cette force : à table, lors des apparitions officielles. Il écrasait, soumettait, allumait. Dana avait de qui tenir. Et elle avait en elle, depuis trop longtemps, cette envie de prouver qu’elle aussi pouvait écraser, soumettre, allumer. Elle se pinça les lèvres avant de réussir à décrocher ses yeux de l’officier sith pour s’adresser calmement à Khorog. Les mots se succédaient mécaniquement à sa bouche, portés par la raison, sublimés par un mensonge auquel elle tenta de croire afin que le Grand Inquisiteur ne prenne pas ombrage s’il découvrait réellement ce qu’elle pensait.

- Aucune inquiétude à ce sujet, Seigneur Khorog. J’ai aucun sentiment de la sorte pour le Capitaine Hope. Il n’y aurait aucun intérêt à en développer d’ailleurs. Je sais où sont mes intérêts. Et c’est pourquoi, je vous propose – avec humilité, bien sûr, qu’on puisse débuter rapidement les épreuves auxquelles vous souhaitez ben..me soumettre.

Je me suis entraînée toute ma vie pour ça. Ou toute ma vie, j’ai espéré pouvoir atteindre ce niveau. Il était temps de se confronter à ces dix dernières années de souffrances, de compter chacune de ses cicatrices, d’être prêtes à les rouvrir. La souffrance ne lui faisait pas peur. Quand elle était petite, son père avait pris l’habitude de la punir quand elle montrait des signes de terreur ou d’effroi. La moindre appréhension était sévèrement châtiée. Encore enfant, elle avait eu la peur du noir ; une phobie d’une banalité affligeante. Shar Ram avait fait déménager sa chambre de petite princesse dans les cachots humides de la citadelle, là où aucune lumière ne perçait. De retour dans l’office du Seigneur de Korriban, loin des châtiments infligés par son paternel, elle prit une grande inspiration et força un sourire qui n’en était pas un, mais qui la rendait jolie.

- Je vous remercie, néanmoins pour le compliment sur l’équipe de choc que le capitaine Hope et moi-même formons. Nous mettons nos vies au service de l’Empire Sith. Rien d’autres ne compte. Et nous avons traversé beaucoup d’épreuves afin de permettre aux traîtres de crever comme des chiens kaths. Vraiment, vous auriez dû voir le capitaine Hope arracher la tête d’un renégat infiltré dans l’armée. A mains nues, je précise.

Il y avait un peu de moquerie, et beaucoup d’admiration tout de même. Elle se souvenait du regard qu’ils avaient échangés après la mise à mort de l’enseigne Pyke. De cette espèce d’approbation silencieuse et mortifère que Dana avait accordé à son capitaine. Du réconfort que ce dernier avait ensuite trouvé dans la chaleur de ses cuisses, comme une récompense.

- Ce n’est qu’un parmi une longue liste de traîtres. Il a même affronté Akusha en personne, sur Ch’Hodos. Jusque-là, aucun sith défiant Akusha n’avait pu sortir vivant d’une confrontation direct. Mais c’est à moi, et à moi seule que revient le privilège de tuer mon très cher époux, ou ex-époux…si le collège de la Pureté voulait bien accélérer un peu les choses.

Foutus gratte-papiers.

- Et je pense que bon, on est tous d’accord pour vous suivre, Seigneur Khorog.

Se faisant, elle envoya un regard d’avertissement à son cher binôme. On avait compris, n’est-ce pas ? Il était important de faire profil bas devant le Seigneur Khorog. On n’apprenait pas aux ewoks à faire la grimace, pas plus qu’on pouvait espérer intimider plus intimidant que soi. Et si Dana Shar n’avait peur de rien, ni de personne, elle avait un instinct de survie qui lui dictait que s’attirer les foudres du draethos était une foutue mauvaise idée, surtout sur Korriban qu’il contrôlait totalement.

- Alors, je me soumets à votre jugement.







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Lloyd Hope
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Refermer sur elle tous les verrous, enclencher tous les cadenas, emplir leurs étreintes de baisers et de caresses.





Le hapien s’était laissé choir sur son siège, muré dans un silence interdit, après avoir rangé son sabre laser à sa ceinture. Il déglutissait de temps à autre, les yeux rivés à leurs pieds comme s’il ne désirait plus contempler cette scène qui lui paraissait absurde.

Evidemment, Darth Khorog avait sévi, s’était senti attaqué dans son ego, avait eu besoin de prouver sa supériorité. Mais il avait aussi entendu raison. Le capitaine espérait qu’il eût vraiment entendu le message qu’il avait vainement essayé de faire passer mais il ne cherchait déjà plus les signes de cette compréhension : les propos de Dana avaient balayé ces questionnements pour d’autres. Des interrogations qui semblaient gratter son corps, il ne savait pour quelle raison. Il aurait voulu passer les mains sur son propre torse, comme pour vérifier des choses absurdes, mais ses habitudes de militaire le firent se tenir rigide, immobile.

Elle n’avait aucun sentiment de la sorte pour le Capitaine Hope, avait-elle dit. Il savait que c’était faux. Ça ne pouvait être que faux. Il avait déjà payé cher le fait de croire que Dana n’avait fait que jouer la comédie. Depuis, il avait mille fois énuméré ces petits indices qui lui avaient laissé penser le contraire, comme pour se prouver qu’il avait eu raison de se laisser croire qu’il comptait pour elle au-delà d’une simple attirance physique. Le tatouage, bien sûr. Les nuits de tendresse, les gestes, les mots. Elle s’était attachée à une porte. Il en avait profité pour refermer sur elle tous les verrous qu'il était capable de mettre en oeuvre, enclencher tous les cadenas à sa portée pour s'assurer qu'elle restât près de lui, emplir leurs étreintes de baisers et de caresses pour que le plaisir prît le dessus sur toute raison. Mais tout cet attachement et ce désir, était-ce suffisant ? Était-ce à la hauteur de sa propre obsession, de sa soif sans cesse ravivée pour une tendresse absurde, à laquelle aucun Sith n'avait droit ?

Elle avait menti à Darth Khorog avec un aplomb soudain, alors que lui-même avait été au bord de rétorquer au draethos que cela ne regardait qu’eux. Les mots qu'il avait failli lâcher semblaient toujours reposer au bord de ses lèvres, qu'il humecta comme pour ravaler une phrase qui aurait failli le trahir.

Mais Dana avait raison, essayait-il de se raisonner. Il aurait été absurde de laisser entendre qu’ils pussent être amoureux. Le genre de bons sentiments que les Sith n’éprouvaient pas, ou que pour eux-mêmes. Le genre de sentiments pour lesquels il avait déjà été stigmatisé, piégé, torturé. Il prit une grande inspiration pour chasser le doute et ces questionnements qui n’avaient plus rien à voir avec le sujet de la conversation.

Lloyd resta insensible à la mention de la tête arrachée de Pyke, demeurant mutique et immobile. C’était probablement un compliment. Il ne voulait pas y réfléchir. Il lui était impossible de laisser entrer un doute supplémentaire : cet acte avait-il servi à quelque chose ?

Au bout d’un moment, cependant, le hapien sembla sortir de sa torpeur. Il regarda tour à tour Dana et Darth Khorog, avant d’afficher un sourire amer.

- Bien sûr. On est tous d’accord.

Il avait fini par verrouiller quelques instants son regard dans l’étendue dorée. Mais il demeura interdit et froid. Il croisa ensuite les bras sur sa poitrine, attendant de voir ce dont les tests de l’Inquisition pouvaient être faits, bien décidé à ne plus interférer dans cette entrevue catastrophique. Il ravalait ses arguments de colère, les listait un à un, pour plus tard.






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Darth Khorog
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Darth Khorog se leva de son bureau. Il était disposé à passer l’époque pour cette fois. Lloyd était un peu brut de décoffrage, mais pas dénué d’intérêts. Il fallait juste lui montrer la bonne voie. Avec un peu de temps, Darth Ladium allait bien finir par regretter de voir son poulain le dépasser et le décapiter. Ce Sith, bien que fort, était un incompétent. L’obligation de signer une paix avec la République en était la preuve. Mais qu’importe, ce n’était pas le sujet qui intéressait Darth Khorog, dans l’immédiat. Il tourna son attention vers Dana et Lloyd qui l’observaient tout deux. Le Sith leur fit signe pour qu’ils se lèvent.

- Ne vous inquiétez pas, tout est oublié. De plus, Lloyd, je sais très bien ce que vous avez tentés de faire. Mais nous en rediscuterons tous les deux plus tard, si vous le voulez bien.

Ce n’était bien sûr pas du tout une proposition, mais une affirmation.

- Dans le cas présent, ce qui nous intéresse ce sont les épreuves qui vont dès lors occuper Dana. Si vous voulez bien me suivre.

Le Sith se leva et contourna son large bureau. Il prit les devants et ouvra les portes avec la télékinésie. Les soldats à l’extérieurs se mirent au garde à vous. Darth Verum n’était loin et il fit un signe nonchalant de la tête envers son maître. Il allait les accompagner. Le groupe de Sith marchèrent dans les couloirs pendant un petit moment en silence. Ils se trouvaient dans les plus hauts niveaux du Grand Temple. Ici, les corridors étaient gardés par des statues sinistres de Sith anciens, au visage dissimulé par des casques ornementés ou bien la face déformée par des grimaces de colères. Les plafonds étaient décorés par des fresques représentant les Sith de Korriban, puissants et invaincus. Ces décorations avaient été restaurés, toutes ne l’étaient pas encore. C’était un travail titanesque. Marchant d’un pas cadencé, passant devant les lumières rouge sang qui illuminaient les couloirs obscurs et inquiétants, Darth Khorog reprit là où il en était.

- Dana, je sais bien que votre divorce est urgent, qui voudrait continuer à être lié à un tel énergumène. Mais je vous rappelle que le Collège de la Pureté fait l’objet d’une enquête suite à la trahison de son précédent chef, Darth Ramken.

Le Sith savait à quel point Dana détestait Akusha. En fait il partageait son aversion naturelle à son égard.

- Vous connaissez mon sentiment à l’égard d’Akusha, tout comme envers Ramken. Je ne désire rien de moins que leurs morts à tous les deux. Et nos souhaits seront réalisés, je n’en doute pas une seule seconde.

Darth Khorog s’interrogeait sur Lloyd cependant. Il lui demanda :

- Et vous Lloyd, que pensez-vous de Akusha ? L’avez-vous déjà rencontré ? C’est typiquement le genre de Prêtre que j’ai traqué pendant un bon moment au sein de l’Inquisition. Une période sanglante mais salvatrice. C’est grâce à cela si aujourd’hui il y a eu si peu de traître dans nos rangs.

Le Grand Inquisiteur avait tendance le répéter sans arrêts, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’être fier du fait que l’Inquisition s’en sortait mieux que l’armée.

- Si Ladium vous écoutait plus souvent, je ne doute pas que la situation présente serait bien moins critique qu’auparavant.

Le Sith passa devant une large ouverture dans le mur extérieur. Il ouvrait sur un paysage magnifique, les montagnes de Korriban beignés dans la froide lumière du soleil. Cette dernière illuminait une grande salle flanquée de deux énormes escaliers qui descendaient loin en dessous d’eux.

- C’est par ici, fit le Sith au duo. Les dames d’abord.

Il laissa passer Dana en avant, pour pouvoir se retrouver au niveau de Lloyd.
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Elle savait qu’elle n’avait pris ce rôle d’Inquisitrice que dans l’unique espoir de ressembler à Damaya





Alors qu’elle s’enfonçait dans les entrailles ténébreuses du Grand Temple, marche après marche, que la surface de Korriban s’éloignait au-dessus de sa tête, Dana réfléchissait à ce que signifiait pour elle être Inquisitrice. Trois années plutôt, Darth Runà la recommandait au Collège de la Purification. Shar aurait pu faire le choix de rester dans l’armée impériale, de retourner dans le corps des Lames Rouges, d’espérer s’y faire oublier ou mourir encore, absurdement, sur le carnage d’un champ de bataille. Mais elle s’était rappelée que Damaya Shar avait porté le titre d’Inquisitrice comme on portait une couronne, avec fierté et autorité. La grande soeur Shar s’était mise au service de l’Empire dès sa création. Elle avait profondément cru qu’un Empire Sith uni ressusciterait l’héritage de Shar Dakhan, ferait revivre la culture Sith et à travers elle, tout son peuple. Parce que cet Empire initié par Darth Ynnitach avait provoqué la disparition de son « papa », Dana l’avait profondément détesté et renié. Il avait brisé ses repères, son cocon de confort et permis la mort du seul être qui avait pu la protéger des êtres hostiles. L’Empire Sith avait façonné la solitude de Dana Shar et pour cela, elle l’avait déprécié. Jusque’à la mort de Damaya et pas après pas, tandis que ses hauts talons résonnaient lugubrement sous la voûte basse des escaliers, elle savait qu’elle n’avait pris ce rôle d’Inquisitrice que dans l’unique espoir de ressembler à Damaya, de la faire revivre à travers elle.

Mais tout cela avait-il encore du sens maintenant que sa solitude venait de se fissurer ? Que Lloyd Hope brisait la glace qui l’avait séparé du monde extérieur : millimètre par millimètre. Quand elle avait senti les deux formes de vie grandir en elle, n’avait pas absurdement songé à l’idée d’être une mère et plus une Inquisitrice ? N’avait-elle pas trouvé qu’élever les enfants de Lloyd Hope aurait été un plan de vie autrement plus gratifiant ? Il lui semblait que l’écho de ses pensées et de ses doutes trouvaient une résonance particulièrement entre les murs des souterrains du Temple, qui abritaient sans doute des tombeaux illustres et dont la noirceur imprégnait l’air comme un poison vivace. Parce qu’elle craignait de se noyer dans cet océan obscur, de perdre pied, elle se raccrochait avec désespoir au fil rouge tendu dans la Force, celui qui représentait la présence du hapien.

A la lueur des fanaux rouges qui balisaient les chemins de ce labyrinthe sinistre, son pendentif scintillait avec un éclat étrange. Le bijou était comme un phare en provenance de son coeur, comme un talisman qui repousseraient l’horreur. Il représentait le retour. Elle devait se persuader qu’elle reviendrait de ses épreuves. Elle s’arrêta devant des galléries qui convergeaient, n’étant plus sûre du chemin à suivre. Dans son dos, le bruit des pas de Khorog, Lloyd et Verum se turent également.

- Que se passera-t-il maintenant, Seigneur Khorog ? Demanda-t-elle en scrutant les ouvertures qui s’offraient à eux, invitant à un choix.

Elle se détourna vers eux et ses grands yeux dorés brillaient dans la pénombre.







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Lloyd Hope
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Mais, surtout, surtout, ce nom lui rappelait une chose.





Le hapien fermait la marche depuis qu’ils avaient quitté le bureau du Grand Inquisiteur. Il ne pouvait s’empêcher de jeter discrètement des regards alertes autour d’eux : vérifier que personne d’autre ne les suivait, contrôler les couloirs adjacents comme si des ennemis avaient pu s’y tapir, tout en écoutant d’une oreille les propos de Darth Khorog, qui déambulait, lui, avec beaucoup plus de décontraction.
Comme le sujet d’Akusha revenait sur le tapis, à l’angle d’un nouveau corridor décoré avec faste, Lloyd tâcha néanmoins de se reconcentrer sur la discussion, au moment même où le draethos lui demandait son avis. Le hapien prit le temps de s’humecter les lèvres, préparer ses mots.

- J’en pense ce que je pense de tous les traîtres à l’Empire, finit-il par dire sur un ton détaché. Qu’il a fait de mauvais choix et qu’il le paiera de sa vie, de préférence le plus vite possible et de ma main.

Oh, il en pensait bien plus long sur Akusha, en réalité. Ce nom lui rappelait sa consternation lorsqu’il avait découvert des marques violacées sur le corps de Dana, sous le maquillage que le bain avait lavé dans la demeure des Rhysode. Ce nom lui rappelait sa colère qu’il avait ressenti quand l’Inquisitrice lui avait interdit d’aller le combattre en personne, après qu’il eut pris la vie de plusieurs jeunes femmes. Ce nom lui rappelait sa terreur lorsqu’il avait cru, un bref instant, qu’il n’allait pas réussir à les sauver tous les deux des griffes du Seigneur Sith, à deux pas d’un speeder dans lequel il avait finalement pu s’enrouler autour d’elle, s’assurer qu’on ne la toucherait plus.
Mais, surtout, surtout, ce nom lui rappelait une chose.

Dana était mariée.

Pendant que la hapien ruminait, ils parvenaient en haut de grands escaliers depuis lesquels une vue majestueuse s’offrait à eux. Lloyd regarda à peine les montagnes de Korriban s’étirer sous le soleil, et préféra rapidement poser les yeux sur Dana qui s’était mise à descendre devant eux. Pendant ce temps, le draethos évoquait encore le Castellan en des termes irrévérencieux, et sous-entendait encore la supériorité de l’Inquisition sur l’Armée Impériale.

- Question de point de vue, grommela philosophiquement le hapien, peu désireux d’avoir, là aussi, à partager ses véritables opinions sur le sujet.

Ils s’arrêtèrent tous quatre au bas des marches, le capitaine toujours aux aguets scrutant les galeries sombres, comme s’il s’attendait à tout instant à ce qu’y surgît une bête sauvage – ou pire. Plus ils s’enfonçaient dans les méandres labyrinthiques du Temple, plus nerveux il devenait. Il pinçait les lèvres, toisait parfois de nouveau l’Inquisitrice.

L’Inquisition. Il avait bien su, depuis le premier jour où il avait embarqué Dana Shar à bord du Sans Visage, que l’Inquisition allait lui attirer des ennuis. Mumkin avait eu raison sur toute la ligne, depuis le début. Non seulement il était mené par le bout du nez jusque dans la tanière des serpents, mais en plus avait-il l’impression que Dana y prenait un malin plaisir.

Crois-moi, tu me revaudras ça, semblait gronder le regard émeraude du hapien lorsque l’étendue dorée s’égara quelques instants contre lui.






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Darth Khorog
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Le Seigneur Sith pouvait ressentir l’ambiance, restons honnête, de merde qui planait sur le trio. Le draethos pouvait clairement percevoir la colère refoulée du hapien et nul besoin de lire dans les pensées pour deviner ses états d’âmes. Quant à Dana Shar, elle qui devrait éprouver de la fierté et de la piété, le Sith s’étonnait à voir sur son visage le doute. Rien de plus terrible que cela. Le doute était une faiblesse dans l’armure du Sith, une faille que les ennemis des Sith adoraient exploiter, ou pire encore.

Darth Khorog resta un moment à observer le duo, les deux idiots semblaient penauds, entre l’un qui se torturait mentalement pour une raison x ou y et l’autre qui se demandait à n’en pas douter si elle était à la hauteur de sa pétasse de sœur … Le Sith eu un soupir d’exaspération.

- Maintenant, Dana, nous allons descendre et arriver sur les lieux de … votre prochaine épreuve dirons-nous. Mais je ne vous sens pas très convaincu. Que Lloyd ne soit pas satisfait de sa présence ici je peux le comprendre, mais vous Dana, c’est votre moment-là.

Le Sith contempla un moment le visage de Dana, scrutant ses mimiques et son langage non-verbal, beaucoup plus difficile à contrôler que les mots.

- Je connais votre dossier, je connais votre passé. Vous n’êtes ni votre mère, ni votre sœur et vous n’êtes pas non plus votre père. Vous êtes ma subordonnée et je vous ai choisi pour vos qualités. Pas dans l’espoir que vous soyez semblable à votre sœur, jamais de la vie. Votre sœur est morte et vous êtes vivante. En tant qu’inquisitrice, vous lui êtes supérieure, là preuve en est que je m’apprête à vous faire passer les épreuves des Prêtres Supérieurs.

Darth Khorog savait que ses paroles étaient dure, et présentant l’intervention inopportune d’une tierce personne, il fit un geste à Lloyd pour qu’il se taise.

- Les Maîtres Inquisiteurs représentent l’Inquisition et ont sous leur contrôle des ressources et des vies. Tout cela coûte cher et c’est une lourde responsabilité. Si vous doutez, vous ne ressortirez pas vivante de ses épreuves. Si vous n’êtes pas sûre de vous, alors faite demi-tour.

Le Sith désigna l’escalier qui descendait dans les abysses. Le draethos le connaissait, il avait affronté lui-même ces épreuves et il n’en gardait pas un bon souvenir.

- Vous éprouvez de la colère, de la peur, de la haine, vis-à-vis de votre planète, vis-à-vis de vous-même ou encore de Lloyd. Ces émotions sont salvatrices, nourrissez-vous-en. Mais le doute, c’est là l’arme que nos ennemis utilisent pour nous détruire. Votre sœur en est morte. Mon premier maître en est mort. Les Jedi utilisent cette faiblesse pour nous retourner le cerveau. Alors reprenez-vous, raccrochez-vous à l’avenir et l’Inquisition vous portera vous et Lloyd si vous estimez qu’il a votre place à vos côtés. Parce que si vous devenez Maîtresse Inquisitrice, vous aurez le droit de prendre cette décision Dana.

Il avait l’impression d’être l’un de ces crétins qu’il détestait jadis, ceux qui faisait la morale indéfiniment à raconter des conneries qu’on savait déjà au fond de soi. Mais ici c’était nécessaire, Dana allait passer un moment important de sa vie et pour Darth Khorog, ses plans étaient en jeux.

- Nous avons nos propres raisons, Lloyd et moi, qui sont différentes. Mais nous ne souhaitons pas vous voir mourir ici à cause du doute que je perçois en vous.

Le Sith se retourna vers Lloyd. Son ton, jusque là surprenaient doux, devint un peu plus rude.

- Quant à vous essayer un peu de la rassurer, faite votre rôle. J’ai lu que c’est ce que font les tourtereaux ensemble généralement, non ?

Le Sith tentait de faire de l’humour, c’était un exercice assez difficile en fin de compte … il n’était pas sûr que sa blague porte. Mais Lloyd était trop apathique à ses goûts. Dana doutait et lui restait là a douter tout autant qu’elle, à moins qu’il ne s’amuse à critiquer toute la société, du Clergé jusqu’aux droïdes nettoyeurs. Le Sith n’en avait cure, ce n’était pas pour ça qu’il souhait voir le hapien ici.

Au bout d’un moment, le Sith désigna l’accès au niveau inférieur. Toute cette discussion derrière eux, il fallait aller de l’avant.

- Là en bas, il y a une salle. Dana, vous allez y descendre et vous rendre au centre. Là, sur le petit espace surélevé, je veux que vous vous y rendiez sans arme, ni chaussure. Enlevez tout ce qui n’est pas nécessaire et ne gardez sur vous que le strict minimum. Ensuite l’épreuve va commencer. Ne parlez pas, et survivez à … ce qui va se passer.

Le Sith se retourna vers Lloyd, il voulu parlez mais ce fut Nostos qui le fit à sa place. Le gredin tenta d’imiter la voix et l’expression du draethos en disant :

- Si vous avez une dernière chose à lui dire avant le début de cette épreuve. Allez-y. N’hésitez pas, roulez-lui la pelle de sa vie elle en aura besoin.

Le Grand Inquisiteur se secoua la tête un moment pour chasser l’inopportun, mais laissa les deux amants faire avant d’enfin se retourner vers un autre couloir sombre. Il fit signe à Lloyd de le suivre puis ils disparurent, laissant Dana à son destin.
Ils firent le chemin en silence, le Sith avaient bien envie de briser la glace, mais une petite voix intérieure lui conseilla de n’en rien faire. Ils finirent par arriver devant une porte de pierre que le Sith fit coulisser. Une large salle se dévoila, elle était déjà occupée par quelques prêtres, tous des Inquisiteurs. Darth Verum, Khorog puis Lloyd y entrèrent. Le Grand Inquisiteur prit sa place sur une siège placé là. A côté de lui, il y avait quatre autre Sith, tous sorciers, qui y étaient installés. Ils étaient concentrés. Darth Khorog, avant de fermer les yeux, fit signe à Lloyd de se rapprocher de la fenêtre devant eux, un siège avait été installé là pour lui.

- Venez là Lloyd, je vous en prie. Mais ne faite pas le moindre bruit et n’intervenez sous aucun prétexte, s'il vous plait.

Si de toute manière, le hapien avait décidé d’en faire autrement, des Sith étaient là pour l’en empêcher et protéger le rituel, dont Darth Verum qui ne participerait pas à ce qui allait suivre.
Devant eux, la fenêtre dont avait fait mention Khorog était une large ouverture donnait offrait une vue imprenable sur l’arène en contrebas. Un vaste espace de forme sphérique, décorés par les statues des Seigneurs Noirs d’antan. Au centre, une sorte de plateforme un peu surélevé était clairement visible. Des cercles concentriques, des runes et autres symboles Sith y étaient gravés. Depuis cet endroit où l’on pouvait apercevoir Dana, il était impossible de voir la fenêtre et les Sith rassembler. La sorcellerie empêchait les sens d’en avoir conscience de quelque façon que ce soit. Pour toutes celles et ceux qui étaient sensible à la Force, on pouvait clairement ressentir que la Sorcellerie Sith était à l’œuvre ici, et pas qu’un peu.

Alors que Darth Khorog et les Sorciers se concentraient, les lumières dans l’arène se firent plus faible, jusqu’à n’être que de minces lueurs incapables d’éclairer quoi que ce soit … l’épreuve commençait.
Darth Hope
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Magnifique dans sa robe de princesse dont la tulle pâle ondulait sous les caresses chaudes du vent de Ch’Hodos..





La plante de ses pieds nus frôlait un marbre sombre et ancien tandis qu’elle s’enfonçait, marche après marche, vers ce qu’elle considérait être son destin. Elle n’avait pas voulu faire demi-tour. Elle songeait aux yeux émeraudes de Lloyd alors qu’elle s’était rapprochée de lui, quelques minutes avant sa descente. Peut-être qu’elle ne remonterait jamais. Elle avait fixé avec assiduité les iris verdâtres du capitaine, chutant contre avec la même surprise que lorsqu’on loupait une marche. Elle avait serré le poing pour réfréner son envie de se jeter dans ses bras. Plus d’adieu, c’était ce qu’ils avaient convenu des semaines auparavant. Il l’avait vu se mordiller la lèvre inférieure, indécise. Elle avait beau être à un point de bascule de sa vie, elle ne pouvait empêcher ses joues de rosir légèrement quand elle admirait Lloyd dans les yeux et qu’il l’admirait en retour.

- Je veux être à côté d’elles, avait-elle articulé dans un souffle avant de lui remettre sa vibrodague impériale. Ses doigts avait frôlé les siens avec douceur. Pas d’au revoir.

Elle repensait à ce testament absurde qu’elle lui avait déclaré du bout des lèvres quand elle arriva enfin dans le lieu désigné par Khorog. Elle se positionna selon les recommandations du Grand Inquisiteur, mal à l’aise, les muscles tendus par l’appréhension de l’inconnu. Elle noya la sensation de stress dans l’observation de cette arène fermée dont les lumières se tamisait. Le Côté Obscur oppressait chaque atome et elle le sentait courir le long de son derme, à l’intérieur de ses veines. Elle l’inspirait, le digérait et le vomissait ensuite par tous les pores de sa peau. Elle en éprouva un sentiment grisant, mais le soleil apparut soudainement, aveuglant ses rétines de ses rayons puissants.







L’astre solaire balayait de sa chaleur le sable de l’arène de Ch’Hodos. Le coeur de Dana se mit à battre avec frénésie. Elle n’avait pas souvenir d’avoir bougé de l’étroit espace surelévé où elle s’était tenue et brutalement, elle s’était retrouvé figée dans le décor de Ch’Hodos. La brise brûlante de son monde natal balayait ses cheveux de jais. Elle fronça les sourcils et se mit immédiatement sur ses gardes. Runà ne lui avait jamais parlé des épreuves pour devenir Maître Inquisiteur. Les rituels de passage dans l’Inquisition Sith semblaient garder par un brouillard épais et secret, mais sa foi lui dictait de se méfier. Elle serra les dents, plissa les yeux en scrutant les gradins arides de la somptueuse arène royale de Ch’Hodos. Les légendes disaient qu’elle avait été bâtie sur les ruines d’une ancienne arène Massassi, du temps où Shar Dakhan régnait encore sur Ch’Hodos. Le sang de purs Siths avait abreuvé la terre qu’elle foulait et son père lui avait toujours répété de vénérer ce lieu, qu’y mourir représentait une sorte de consécration, de sacrifice pieux pour le Côté Obscur. Elle se remémorait avec quelle férocité Lloyd Hope avait décapité son adversaire, sous les rugissements immondes de la foule; sous le regard surpris d’Akusha.

Nwûl tash, commença-t-elle à réciter dans un murmure précipité alors que le silence était pesant. Nwûl tash. Nwûl tash.

Elle déglutit péniblement.

- Nwûl tash. Dzwol shâsotkun. Dzwol shâsotkun, répéta-t-elle, Shâsotjontû châtsatul nu tyûk.. Tyûkjontû châtsatu

Tyûkjontû châtsatu…Tyûkjontû châtsatu…Elle paniqua car la suite de la récitation lui échappait.

- …nu midwan, termina une voix familière qui la fit trembler de fébrilité.

Face à elle, la silhouette du Seigneur Shar Ram venait à sa rencontre. Il était auréolé par les puissants rayons solaires de Ch’Hodos. L’alchimie Sith de son épouse avait préservé son apparence et dès qu’il fut assez près, elle reconnut ses tatouages faciaux.- issus d’une longue tradition Sith. Elle crut que ses jambes allaient défaillir.

- Papa…soupira-t-elle, tétanisée.
- Je pensais que tu aurais oublié ce que je t’ai enseigné, Dana.
- Comment…articula-t-elle sans le quitter du regard, fascinée par son apparition. Elle avait tellement prié pour son retour. Elle avait tellement souhaité qu’il revienne.
- Nuyak Dukra, dit-il dans un sithese parlait.

Elle ne se souvenait plus qu’il parlait si bien le sithese. Les souvenirs de son père semblaient lui échapper d’année en année, comme une eau fuyante qu’il était vain d’espérer rattraper. Quel Seigneur de Ch’Hodos ne maîtrise pas la langue de ses ancêtres. Peu avant la perte de son paternel, Dana avait suivi des leçons de ce langage obscur, complexe et éteint. Elle n’en avait gardé aucune connaissance, par manque de pratique, parce que son père avait disparu - était mort, selon les autorités impériales. Nuyak Dukra. Elle avait la vague idée que cela signifiait Ma fille.

- Tu deviens enfin une vraie Sith, reconnut-il. Je pensais que tu mourrais, qu’on se débarrasserait de toi comme on s’allégeait d’un fardeau.
- J’ai…j’ai survécu, expliqua-t-elle absurdement.
- Tu as fui.
- Mère voulait me tuer ! Hurla-t-elle soudainement alors que sa poitrine implosait de tristesse et d’indignation.
- Je t’aurais protégé, intervint une voix féminine qui l’immobilisa de stupeur.

Aux côtés de Shar Ram, Damaya était apparue. Magnifique dans sa robe de princesse dont la tulle pâle ondulait sous les caresses chaudes du vent de Ch’Hodos.

- Tu…
- C’est lui ? Demanda Damaya avec un sourire amusé, scrutant par-dessus l’épaule de sa petite soeur.

Dana se détourna et écarquilla les yeux en apercevant Lloyd avancer vers elle. Chacune de ses mains gantées de cuir, tenait la paume d’une petite fille blonde. Mais elle n’arrivait pas. Elle n’arrivait pas à voir la couleur des yeux de ces deux enfants. Hope arborait fièrement son uniforme de capitaine et ne semblait pas souffrir de la chaleur pesante de Ch’Hodos.

- L..Lloyd…qu’est-ce que
- Tu leur as trouvé un nom ? Demanda Damaya en s’accroupissant devant l’une des jumelles aux boucles d’or.
- Non…non ! Elles sont mortes je…j’ai pas..
- Tu n’avais pas voulu donner mon nom à l’une d’entre elle ? Reprit l’aînée.

Les deux fillettes portaient une robe écarlate. Ca lui paraissait hors de propos. Jamais elle n’aurait laissé ses filles porter un vêtement couleur du sang. Sa poitrine fut engloutie par un sentiment terrible et elle se précipita pour prendre l’une des jumelles dans ses bras. Mais l’enfant n’avait pas d’odeur. Elle essayait désespérément de voir la teinte de ses prunelles.

- Tu les as ramenées ? Hoqueta-t-elle après avoir levé ses yeux vers la figure hapienne. Tu les as ramenées.





Le sol se déroba soudain et elle s’accrocha à sa fille avec la force du désespoir. Le soleil de Ch’Hodos s’effaça subitement au profit d’une lumière plus tamisée. Elle pensait être de retour dans la salle des épreuves, sous les regards invisibles des Seigneurs d’Antan, mais c’était le décor familier de la cabine du Capitaine sur le Melantha. Elle tenait toujours son enfant contre elle, et Lloyd était toujours là, portant l’autre jumelle dans ses bras.

- La cabine…souffla-t-elle en clignant des yeux, admirant autour d’elle cet environnement si familier et sécuritaire.

Elle passa une main tendre dans la chevelure blonde de sa petite fille et même si elle ne distinguait toujours pas la couleur de ses yeux, ce n’était pas grave. Dana se persuadait qu’elle partageait les mêmes iris émeraude que Lloyd Hope.

- Je me rappelle de vous quand vous étiez toutes, toutes petites…à peine sorties de mon ventre, raconta-t-elle doucement et une sensation indescriptible l’envahit.
- Il y en avait deux, dit Lloyd et elle approuva du chef, soupirant de soulagement.

Il y en avait deux et elles étaient vivantes.





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Lloyd Hope
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Mais, surtout, surtout, ce nom lui rappelait une chose.





Le hapien avait serré les poings, contrarié, mais s’efforçait de ne pas prononcer le moindre mot, de ne pas esquisser le moindre geste. Il s’était assis à contre-cœur, et sur ses genoux reposaient les affaires que Dana lui avait confiées. Sous ses yeux, il voyait l’Inquisitrice au centre de cette arène étrange, il la voyait se mouvoir, courir, tomber, se relever, parler à des êtres invisibles – et au-delà de ne pas comprendre, c’était ne pas voir exactement le danger qu’elle courait qui le rendait si nerveux.

Être à côté d’elles. Absurde, maugréait-il intérieurement. Il savait que ce ne serait pas possible. Si elle mourrait là, sous ses yeux, Lloyd en tiendrait Darth Khorog responsable, et s’attaquerait sans doute à lui. Entouré de ses sbires, il n’avait aucune chance de le vaincre. Mais pourrait-il seulement canaliser sa fureur, sa peine ? Non, probablement pas. Dana ne pouvait pas mourir. Dans une perspective idéale, le hapien aurait recueilli le corps éteine de l’Inquisitrice, l’aurait amené sur Jabiim. Il aurait creusé un trou près du grand arbre, un trou suffisamment large pour les contenir tous les deux. Puis il serait descendu avec elle dans le sable, se serait enroulé autour du corps de Dana comme il l’avait fait à l’arrière d’un speeder sur Ch’Hodos. Il n’y avait que dans cette position, enroulé comme un serpent jaloux, certain qu’on ne pouvait lui ôter sa proie pendant son sommeil éternel, qu’il aurait pu considérer la mort comme quelque chose de moins qu’insupportable.

Mais dans la réalité qui était la sienne, à cet instant, il savait qu’il n’en serait pas capable. Il dardait sur la silhouette de la jeune femme un regard acéré. S’il avait pu la menacer, l’intimider pour qu’elle ne mourût pas, il l’aurait probablement fait, mais Dana était loin d’eux et absorbée dans son épreuve.

Le hapien déglutit, parvint un instant à détacher ses prunelles de ce spectacle déconcertant pour se tourner vers le dreathos. Ce dernier était assis lui aussi et Lloyd avait l’impression qu’ils étaient tous les deux assis dans une salle de spectacle, comme si ce qui se produisait n’était qu’un divertissement de mauvais goût. La scène le dérangea plus qu’il ne voulait l’admettre, sans qu’il sût exactement pourquoi, mais il s’efforça de chasser la charge émotionnelle qui lui embrumait l’esprit.

- Vous avez des projets précis pour chacun de vos Inquisiteurs ? demanda-t-il subitement.

Bien que sèche parce qu’il était tendu, la question de Lloyd n’était pas une menace. Puisqu’ils avaient visiblement quelques minutes désagréables devant eux, autant qu’il en apprit un peu plus, si possible, sur la façon de fonctionner du Clergé. Dana ne lui parlait que peu de son rôle d’Inquisitrice. Ou bien, elle ne rentrait pas dans les détails et il savait que cela avait tout à voir avec ce qu’elle n’avait pas envie qu’il sût. Comment pouvait-elle ne pas comprendre que plus il en saurait, mieux il serait à même de la protéger ?

- Et vous avez… Des projets précis pour elle, si elle réussit son épreuve ? poursuivit-il.

Evidemment, c’était surtout cela qui l’intéressait. Mais jusqu’ici, les échanges avec le draethos n’avaient pas étét très concluant et il n’était pas très optimiste sur la volonté de Darth Khorog de lui montrer quelques-unes des cartes qu’il avait en main.

- Car il me semblait que c'était surtout sa maîtresse... qui maîtrisait son destin. Darth Runà, crut-il bon de préciser avec une légère crispation.







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Darth Khorog
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Le Grand Inquisiteur et ses acolytes tissaient leur toile autour de Dana Shar, rendant ce paysage mental de plus en plus concret, de plus en plus pertinent. Ils se servaient des souvenirs de l’Inquisitrice, Darth Khorog guidant l’opération, concentré, vers les points les plus critiques de la personnalité de Dana. Bien évidemment, son père et la famille heureuse en faisait partie. C’était un élément clef à n’en pas douter, d’une partie d’elle-même. C’était une faiblesse. Darth Khorog comprenait bien la réalité de l’origine familiale de Dana Shar, une mère pathétique et un père squelettique sans compter un époux odieux doublé d’un traître et … un amant.

Darth Khorog allait se servir de tout cela pour tester les limites de sa jeune Inquisitrice. Ils tissèrent une trame, celle d’une vie avec Lloyd comme père des deux enfants de Dana, à bord du Melantha. Ils avaient leurs enfants dans leurs bras. Ils s’embrassaient tous deux, câlinant dans leurs bras leurs enfants endormis. Une belle famille heureuse.
Dans la chambre, il y avait les vêtements de Seigneur de Guerre Sith de Lloyd et la robe de Grande Inquisitrice de Dana, tous deux posés sur les mains ouvertes du superbe droïde protocolaire qui attendait patiemment. Néanmoins sa voix s’éleva doucement, comme à l’accoutumée :

- Maîtres, nous sommes arrivés en orbite de Dromund Kaas et nous commençons la descente. Vos vêtements officiels sont prêts.

Lloyd se leva, déposant son enfant tendrement dans le berceau qui lui était dédié, non sans avoir délicatement déposé un baiser affectueux sur son front.

- Il va falloir y aller alors, le Conseil Noir doit nous attendre avec impatience après notre victoire sur Ziost. Nous avons mis un terme à la guerre civile, nous pouvons être fiers.

Par la fenêtre, ils pouvaient voir l’atmosphère épaisse de Dromund Kaas que le vaisseau était en train de transpercer. Ils n’allaient pas tarder à se poser au spatioport du palais impérial. Lloyd s’habilla en revêtant ses atours de digne numéro un des forces armées terrestres de l’Empire.

Quelques minutes plus tard … le vaisseau se posa et le couple pu poser pied à terre. Une haie d’honneur les accueilli. Des soldats de l’Inquisition et des soldats d’élite du Castellan en armure de cérémonie brandissaient tenait fièrement leurs armes, au garde à vous.
Lloyd prit la main de Dana et ils marchèrent ensemble sur le tapis, en direction de l’ascenseur strictement réservé aux plus hauts dirigeants de l’Empire. C’était merveilleux, une sensation de félicité et de fierté imprégnait toute choses, jusqu’aux vêtements de Dana. Le bonheur de la famille et le sentiment d’avoir servit l’Empire était partout autour d’elle. Sans parler de Lloyd qui était plus beau que jamais à côté d’elle.

Enfin, la porte de l’ascenseur s’ouvrit sur une vaste salle, quelque peu obscure. Ils virent dans l’ombre des sièges disposés à intervalle régulier tout autour d’eux. Au centre, sur un trône immense, se trouvait un homme. Il souriait, cynique et particulièrement odieux.

L’Empereur Darth Ramken prit la parole d’une voix venimeuse.

- Seigneur de Guerre Lloyd Hope. Félicitation ! Vous avez éradiqué la menace des Loyalistes et avez supprimés les dernières poches de résistances de l’ancien Conseil Noir. C’est du bon travail, n’est-ce pas Darth Magamoth ?

Le Castellan Noir Magamoth prit à son tour la parole.

- Effectivement, c’est une excellente chose. Je suis heureux que tu ais décidé de nous rejoindre dès le début de la guerre civile. Tu as même rallié Dana Shar à ta cause ? Ou bien est-ce une prisonnière.

Le Cardinal Noir, Darth Akusha, souriait d’un air ravi.

- Oui, mon épouse est de retour au bercail. Laissez-lui les chaines aux pieds et aux mains. C’est approprié pour une femme comme elle. Mon Empereur ? Que comptez vous faire de ses enfants ? Vous allez les tuer n’est-ce pas ? Ils sont impurs et nés hors mariages !

Tous les conseillers noirs présents dans la pièce protestaient, allant dans le sens des arguments du Cardinal Noir. Mais l’Empereur leva une main et fit à Dana Shar enchaînée.

- Je suis disposé à laisser un enfant vivre, si tu accepte d’en tuer un et de me donner l’autre comme esclave. Ou alors, tu va tuer Lloyd Hope ici même et tu garde les deux.

Il détacha les chaines de Dana et lui jeta un vieux sabre laser, lourd. C’était celui de Darth Khorog, mais dans un état pitoyable. Il tomba aux pieds de Dana. L’Empereur hurla à sa prisonnière :

- Fait ton choix !

Devant elle, le cadavre de son père suspendu à des chaines, observait de ses yeux morts ses deux petits enfants qui hurlaient en dessous de lui. Il semblait vouloir parler, mais aucun mots ne sortaient de sa bouche cousu.


* * *

Dans la salle d’observation, Darth Khorog et ses acolytes étaient totalement concentrés sur l’exercice mental compliqué qu’ils imposaient à Dana Shar. Lorsque Lloyd s’approcha pour parler à Darth Khorog, celui-ci ne l’entendit pas. Cependant, le zeltron, Darth Verum posa une main conciliante sur l’épaule de Lloyd tandis que lui-même prenait un siège pour s’assoir à côté du hapien.

- Veuillez excuser mon seigneur, mais le Grand Inquisiteur est très concentré, il ne vous entend pas. Mettre à l’épreuve une Sith telle que Dana, ce n’est pas un exercice facile.

Le zeltron afficha un sourire poli. Il était plus diplomate que Khorog, ce qui n’était point difficile il faut le dire. Mais ce séduisant Zeltron savait y faire pour … apaiser les tensions. Zeltron oblige, il avait ses propres dons tout à fait typiques de son espèce.
Il observait Lloyd dans les yeux, se retenant de contempler d’autre partie de son anatomie plus … agréable à observer.

- Pour répondre à vos questions … c’est très indélicat de nous interroger sur le fonctionnement interne de l’Inquisition. Mais je gage que votre inquiétude … qui est clairement visible, à pour origine Dana Shar. Vous la connaissez, elle à toute ses chances, tant qu’elle n’agit pas comme une hérétique.

Il lui adressa un grand sourire, tentant d’apaiser son inquiétude.

- Vous savez, le seigneur Khorog à peut-être été dur avec vous et l’armée tout à l’heure, mais il n’était pas dans son intention de vous blesser. Je n’ai pas pu m’empêcher d’écouter votre conversation oui haha, j’en suis désolé. Mais il faut savoir qu’il est le Sith typique qui ne supporte pas la trahison. Or, il faut bien avouer qu’en ce moment la situation est un peu tendu politiquement dans l’empire. Ce qu’il cherchait à vous dire, c’est qu’il vous proposait de vous aider, dans cette guerre comme dans votre carrière. Il croit en vous et c’est pour cela qu’il vous a permis d’assister à une mise à l’épreuve d’une Inquisitrice au sang si noble.

Il désigna du pouce le Grand Inquisiteur, comme s’il allait raconter une blague salace.

- Il est raide dingue de la lignée à laquelle appartient Dana, il veut en faire la nouvelle Shar Dakhan. Donc ne vous inquiétez pas, il ne cherche pas à la tuer. Si c’était ce qu’il voulait, il aurait pu lui ordonner de tuer seule, Darth Ramken en guise d’épreuve. Mais un paysage Mental ? Pah ! C’est presque du favoritisme de sa part.

Dans la salle, il était le seul à parler, ou plutôt à chuchoter. Il régnait, depuis le début de l’épreuve, une ambiance … lourde. Un peu comme dans une bibliothèque bondée. Le moindre bruit était susceptible de déclencher une marée de « chuuuut ».

- Pour répondre à votre autre question, Dana Shar à des liens avec les armées Sith. Je pense que Darth Khorog veut s’assurer que le fiasco de la guerre civile ne se reproduise pas, alors je pense qu’elle va avoir la charge de leur surveillance et assister au besoin l’armée dans l’extermination de traître relativement compliqué à gérer, comme l’autre abruti là, Mortecouille ou je ne sais quoi. Ah oui, Magamoth. Pour tout vous dire, je pense qu’il comptait sur vous pour tenir les rênes de l’armée. Il vous estime beaucoup vous savez. Après cette histoire sur Vaynai … oui je suis au courant de tout … vous êtes l’un de ceux en qui il a presque confiance. Ce qui est extraordinaire, même moi je n’ai pas un tel degré de « presque-confiance » comme celui que vous avez auprès de lui.

Il fit une courte pause, puis il reprit :

- Et si elle passe maîtresse Inquisitrice, ses supérieurs ce seront les trois Hauts Inquisiteurs et Darth Khorog lui-même. Et elle pourra avoir une cellule d’inquisiteurs sous ses ordres. Sans doute des beaux blonds sexy … attention à la concurrence huhu. Je plaisante bien sûr, détendez vous touuuuut va bien se passer. Enfin ne vous détendez pas trop non plus, nous ne sommes pas des Jedi tout de même.

Il se retint de rire, jugeant l’expression de son interlocuteur. Il était tellement coincé ! Faut se détendre un peu quoi ! Pauvre petit hapien, il aurait bien besoin d’un remontant.
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Il n’y a pas de peur, il y a le pouvoir. Il n’y a pas de mort, il y a l’immortalité. Il n’y a pas de faiblesse, il y a le Côté Obscur.





Un vent glacial avait pétrifié son âme. Autour d’elle tout vacillait et l’incompréhension asséchait sa gorge nouée. Une multitude de ressentiments refluèrent dans son esprit. Il y avait les cris de ses petites filles, la mort au-dessus de leurs visages dont elle ne distinguait pas la couleur des yeux. Une sueur froide imbibait sa nuque rendue moite, comme ses paumes qui enserraient le sabre d’un Darth Khorog déchu. Etait-ce seulement possible ? Où était Runà ? Où était Damaya ? Et Ramken la transperçait du regard, impassible, attendant que son destin se joue; qu’elle offrit un spectacle insoutenable en tuant sa progéniture ou le père de cette dernière.

- Je…je suis une Inquisitrice Sith. Et j’ai pas peur.

Elle avait soufflé ses mots si bas qu’elle-même ne les perçut pas très bien.

- J’ai pas peur répéta-t-elle un peu plus fort, dans l’espoir de couvrir les pleurs de ses enfants. J’ai pas peur.

Il n’y a pas de peur, il y a le pouvoir. Il n’y a pas de mort, il y a l’immortalité. Il n’y a pas de faiblesse, il y a le Côté Obscur.

Elle détourna ses yeux écarquillés vers Lloyd Hope.

- Je suis désolée, Lloyd, je suis désolée.

Et la lame du sabre déchu du draethos déchira l’air sombre, le laser écarlate se refléta dans les rétines de Dana, découpant son regard pâle. Elle avait fait son choix et son coeur battait à tout rompre; creusant un gouffre douloureux dans sa poitrine. Elle avait invoqué la Force comme Darth Runà le lui avait de nombreuses fois enseigné. Malgré la terreur, l’incertitude, il était temps de rectifier ses erreurs et de se concentrer. Elle prit une position de garde, typiquement attribuée aux utilisateurs de la forme Niman; une main occupée par le sabre; l’autre libre prête à user de la Force.

D’un pas souple, elle se détourna vers Ramken, s’éloignant de Hope. Et sans prévenir, elle s’élança dans l’objectif de lui porter un premier coup, mais Magamoth s’était brutalement interposé et les lames lasers crissèrent désagréablement quand elles se heurtèrent. La figure déformée du nouveau Castellan Noir paraissait sur le point d'imploser de rage.

- Traîtresse. Comme ta soeur.
- Oui, assuma-t-elle, les dents serrées et elle envoya une déflagration télékinétique qui repoussa le mastodonte au loin, mais ne suffit pas à le blesser. Il étira un rictus carnassier, déployant toute sa stature, son sabre fermement tenu dans son poing. Dana le fustigeait de ses yeux grands ouverts et la transpiration dévalait son front pâle, l’aveuglait en s’insinuant sous ses paupières.

Et la Force se répandit autour d’elle, construisant une armure solide et protectrice tandis que tout son être appelait le général Sith à la confronter. Elle était prête à mourir, mais pas sans batailler. Ils tournèrent lentement l’un autour de l’autre. Les pas de Dana étaient prudents et exécutait un ballet élégant qui accompagnait les lourdes secondes durant lesquelles les deux adversaires ne se quittaient pas des yeux. L’Inquisitrice brisa leur danse d’une attaque furieuse qui projeta deux boules de feu vers son ennemi. Magamoth les esquiva avant d’observer la silhouette de l’humaine s’abattre sur lui. Elle avait profité de la diversion pour s’élancer. Il eut tout juste le temps de lever son bras armé et les lames se heurtèrent encore, plus violemment. Dana gémit de douleur quand le choc se répercuta le long de ses os mais elle tint bon, serrant les dents.

- Achevez-la, Seigneur Magamoth, mais pas trop rapidement, ordonna Darth Ramken en retournant sur son trône improvisé.

L’air manqua brutalement à Dana quand le pied puissant de Magamoth s’enfonça impitoyablement dans son abdomen. Elle fut projetée au sol et le monde vrilla autour d’elle. Le géant s’approchait d’elle à pas conquérant et elle reculait, rampant au sol, crachant de la bile de manière inélégante. Elle puisa encore dans la Force, mais il résista à la déflagration; esquiva les nouveaux projectiles de feu. Elle hurla sa colère et recommença. Les lames invisibles qu’elle projeta finirent enfin par atteindre leur cible et Magamoth s’immobilisa, surpris par la douleur; l’une des lames lui avait lacéré un bras. Et il observait désormais l’Inquisitrice se redresser, déterminée.

- Vous êtes la fin des Siths, souffla-t-elle après avoir craché à terre, reprenant son souffle. Vous représentez rien.

Cette fois, elle enroula ses deux mains autour de la garde abimée du sabre.

- Et moi je représente Shar Dakhan et tant qu’un Shar sera en vie; l’Empire Sith ne va pas disparaître, ok ?

Ni Magamoth, ni Akusha ou Ramken ne répondirent, les figures fermés. Tout semblait si réel. Elle n’avait même plus la notion d’artifice, avait oublié l’épreuve de l’Inquisition. Elle n’était plus sur Korriban, mais dans un cauchemar froid et impitoyable. Dana prit une grande inspiration et se remit en garde avant de lancer à Magamoth.

- Allez, approche que je t’allume.








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Lloyd Hope
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Le loup noir et la dame...







- Mouais.

Le hapien avait ronchonné entre ses dents. Il ressentait vaguement les émotions qui étreignaient Dana, et ne pas savoir ce qu’elle endurait exactement ne cessait d’alimenter sa nervosité. Il tâchait néanmoins de se concentrer sur les propos de Darth Verum, qui faisait visiblement de gros efforts pour apaiser la situation. Il n’empêchait que le capitaine restait grognon malgré la décontraction que le zeltron essayait de lui insuffler.

- La nouvelle Shar Dakhan, hein ? répéta Lloyd à voix basse, ça ne manque pas d’ambition, en effet.

Le hapien croisa les bras sur sa poitrine avant de darder de nouveau ses yeux sur l’arène, songeur. Les propos de Darth Verum lui paraissaient trop flatteurs pour être vrais. On ne savait jamais à quoi s’en tenir avec les propos du Clergé. C’était l’une des raisons pour lesquelles il détestait tant entrer dans un Temple Sith. Comment pouvait-il les détester autant et s’être pourtant tant entiché d’une Inquisitrice. Il fronça les sourcils en songeant à cette première fois où elle était montée à bord du Sans-Visage. L’aplomb qu’elle avait eu en s’imposant dans la mission, l’irrévérence avec laquelle elle s’exprimait. Comme ici, Lloyd avait béni la rigueur et la politesse auxquelles s’astreignaient les soldats dans l’Armée Républicaine face à un supérieur hiérarchique en comparaison du Clergé. Il soupira.

- Bon, bon, ça va, j’ai compris, vous me brossez dans le sens du poil. C’est un ordre de votre Seigneur c’est ça ? Il a une drôle de façon de proposer son aide en tout cas.

Une silhouette en bure se tourna vers eux, et Lloyd eut le temps de capter un regard courroucé sous une capuche sombre. Visiblement, il ne parlait pas suffisamment bas. Il s’efforça de chuchoter sans bruit pour poursuivre, se penchant vers Darth Verum.

- Ne le prenez pas mal, mais je n’suis pas vraiment prêt à vous faire confiance, ni à vous, ni à votre maître.

Il leva les paumes ouvertes de ses mains gantées en guise de signe de paix avec un sourire contrit.

- Mais je vous rassure, c’est pathologique chez les militaires de mon rang et encore plus chez moi. Je ne me fais pas confiance moi-même, si ça peut vous rassurer.

Il se remit en place correctement sur son siège, recroisant les bras pour fermer la discussion et se concentrer sur ce qui se passait dans l’arène. Il lui semblait que son cœur tambourinait à chaque fois qu’il ressentait, à travers la Force, la frayeur ou la colère de l’Inquisitrice. La future Shar Dakhan… Ces mots-là sonnaient agréablement dans son esprit, comme une jolie comptine. De douces notes lui revenaient étrangement en mémoire, d’une vieille chansion hapienne dont il n’avait plus tous les mots dans sa langue d’origine. Il y était question d’un animal et d’un piège, c’était tout ce dont il se souvenait. Il avait nié tant d’années toute la culture de son enfance, mais depuis quelques temps, au contact de Dana, certains détails refaisaient surface contre sa volonté. Depuis cette fameuse nuit où sur le Sans Visage, contre une écoutille, des choses avaient essayé de sortir, grattant le fond de sa gorge, menaçant de noyer son visage, il n’avait cessé de colmater des brèches, s’autorisant parfois quelques mots en hapani, ou une vieille histoire maladroitement traduite en basic.
Comme pour apaiser cette requête qui bouillonnait au fond de son être autant que pour trouver une occupation pour son esprit angoissé par le sort de l’Inquisitrice pour qui il était impuissant, il se mit à positionner des mots sur la mélodie, et chantonner intérieurement, les yeux clos.




La future Shar Dakhan,
Est tombée dans les filets,
D’un malheureux profane,
A la lame fort effilée.
Le loup noir et la dame,
Tout emberlificotés,
Ont roulé dans les flammes,
Pour mieux se consumer…







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Darth Khorog
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Magamoth était furieux. Sa rage pulsait et menaçait de détruire le dallage de pierre sur lequel il se tenait. Son sabre laser en main, il se jeta sur Dana en l’attaquant par le côté. Il frappa avec son sabre avant d’utiliser une petite impulsion télékinétique pour tenter de la renverser et poursuivre avec un second coup en traitre par en dessous, essayant de percer la garde de l’Inquisitrice.

De son côté, Darth Akusha répliqua :

- Nous ne représentons rien, dit tu ? C’est osé venant de toi. Tu es la dernière-née d’une lignée presque oubliée. Ta planète natale est sous notre contrôle et tu n’as plus rien.

Le combat se poursuivait en fond, alors que Akusha continuait de balancer des insultes bien placé pour décontenancer Dana et la pousser dans la colère aveugle qui rendait tout combattant prévisible. Darth Ramken gloussait sur son trône pendant que Lloyd lui restait immobile et souriant, tel un majordome d’élite ou un quelconque chien attendant son ordre, sans se soucier le moins du monde des enfants qui pleurait à chaude larme, à s’en briser la voix.

Magamoth lui faisait usage de technique fourbes et violente, repoussant doucement Dana. Sa maîtrise du Juyo était proprement étonnante, ou pas vu sa réputation. Il esquivait la plupart des attaques de Force de son adversaire tout en plaçant les siennes de temps à autre.
Si Dana parvenait à le blesser de temps à autre, Magamoth lui collait systématiquement des beignes monumentales en retour.

- Regarde donc le sabre de ton maître. C’était un draethos, une espèce capable de vivre un millier d’année … et où est-il maintenant ? Tu es comme lui, ton nom est millénaire mais tu mourras avant de le transmettre, et tes enfants te suivront dans la tombe.

Akusha se délectait de la situation. Il tournait autour des enfants de Dana. De sombres volutes de fumée noire apparaissaient ici et là, fruit de la sorcellerie Sith. Il semblait être sur le point d’étouffer les pauvres enfants pris au piège. Dans la salle, les sombres statues semblaient rire de la situation, à l’image de Darth Ramken et de Magamoth. Ce dernier se délectait de la souffrance sur le visage de Dana.

- Tes mouvements sont pitoyables. Tu ne crois pas en ta propre foi. Tu ne crois pas en ta propre cause. C’est pour ça que je vais te tuer.

Joignant le geste à la parole, il se fendit et manqua de peu la gorge de l’Inquisitrice, avant de se remettre en garde pour parer la riposte de Dana.
Cependant, il ne parvint pas à parer une attaque de Dana qui l’atteignit au bras gauche. Hors de lui, la douleur attisant sa hargne, Magamoth repoussa l’Inquisitrice qui fut propulsé sur l’une des statues monumentales puis retomba lourdement au sol.

Darth Akusha lui continuait son manège. Tournant autour des enfants qui hurlaient. Ramken de son côté, claqua des doigts et Lloyd vint se placer à côté de son trône, à genoux. La tête incliné, Darth Ramken lui gratouillait la tête comme on le ferait avec un chien dressé.
Akusha reprit parole :

- Darth Ramken est clairvoyant lui. Il va changer l’Empire. Nous allons intégrer la République et nous assoir au Sénat. Tel est notre plan. Pour détruire la République, il faut oublier la Culture Sith et adopter celle de nos ennemis. Mais pour ça … les anciennes lignées des Sith doivent disparaître. Tel est le prix à payer. Donc … Si tu refuse de le faire, je tuerais tes enfants moi-même.

Sur ces mots, les tentacules s’emparèrent de l’un des enfants et commencèrent à l’étrangler. Les yeux apeurés, implorant silencieusement l’aide de sa mère qui peinait à se défaire de la prise de Magamoth. Celui-ci s’était jeté sur elle pour l’immobiliser. Gardant le sabre de Dana loin de lui, mais plaçant le sien sous sa gorge pour qu’elle reste tranquille.

Toujours en train de lui palper la tête, Ramken rajouta avec un doux venin dans la voix :

- Tu vois ce qui est bien avec Lloyd, c’est qu’il est un bon petit chien obéissant. Il a renoncé à ses ambitions pour survivre et il est devenu le larbin qu’il était jadis. Toi tu refuses, donc tu va rejoindre ton père dans la mort. Et la dernière de la lignée des Shar aura disparu …


* * *

Darth Verum lui, assis aux côtés de Lloyd Hope, le vrai, était resté silencieux un moment, pour laisser son interlocuteur assister à la scène d’horreur. Il lui semblait que Lloyd se perdit dans ses pensées un moment, aussi il patienta jusqu’à ce qu’il sorte de sa semi-torpeur pour revenir au présent. A ce moment-là, il chuchota :

- Ne vous méprenez pas Lloyd Hope. Je ne parle pas de confiance. Au sein de l’Inquisition, ce mot n’existe pas. Le Sith qui accorde sa confiance est déjà mort, aussi je vous déconseille de nous faire confiance, car nous ne voudrions pas que vos crocs ne s’émoussent. C’est à cause de la confiance que l’ancien Empire Sith est mort. La confiance aveugle que nous avions en nous-même. Alors continuez ainsi. Il existe milles et une trahison. La pire d’entre elles, sont celles que nous nous infligeons à nous même … et à la cause des Sith bien sûr.

Le Zeltron décroisa les jambes et arrangea sa coiffure, puis reprit, toujours en chuchotant.

- Cette épreuve à pour but d’éprouver la loyauté de Dana. Au vu de ce que nous assistons, j’ai l’impression qu’elle préférerait mourir plutôt que de trahir. C’est un choix peu subtil mais néanmoins valable. Que feriez-vous Lloyd ? Si vous étiez à sa place ? A devoir choisir entre vos enfants, Dana ou bien la cause des Sith.

Verum l’observa silencieusement avant de reprendre le plus prudemment du monde, pour éviter de froisser l’égo de son interlocuteur.

- Vous avez le potentiel pour être un Sith réellement très important. Ne vous méprenez pas quand je dis cela je suis sincère. Je vous parle en tant qu’Inquisiteur, donc spécialiste des rouages de l’Empire. Vous avez du poids, une valeur notable et êtes très proche du Conseil Noir. Cela Darth Laduim le sait pertinemment. Il ne suffirait pas de grand-chose pour que vous puissiez remplacer votre maitre. Mais il vous manque quelque chose … est-ce la Force ? La maîtrise du sabre ? Des ressources ? Un allié ? Ou bien l’ambition ?

Dans la salle silencieuse, Khorog et les autres étaient concentrés, trop occupé pour entendre quoi que ce soit. Verum continuait de chuchoter et il était attentif aux émotions de Lloyd. Essayant de le brosser dans le bon sens. Il semblait mal apprécier la nonchalance du Zeltron, aussi se faisait il plus … discipliné dans sa posture et son phrasé.

- On m’a appris la loyauté aveugle sous condition. Obéir tant que nos supérieurs sont efficaces dans leurs offices et intègres vis-à-vis de l’empire et des Sith. Si ce n’est plus le cas, que nos supérieurs deviennent un danger pour l’Empire, et que nous estimons être capable de mieux faire, il est de notre devoir d’agir. Qu’en pensez-vous Lloyd ? La guerre civile à fait mal aux forces armées dirigées par Darth Laduim et les décisions de ce dernier n’ont pas été exempt de défauts. Seriez vous capable de faire mieux que lui, avec Dana à vos côtés ?
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Elle aurait été loyale jusqu’au bout.





La chaleur du sabre-laser flirtait étrangement avec sa gorge transpirante; le halo rougeâtre se reflétait sur la couche humide qui s’était formée sur sa peau. Elle ressentait à peine la poigne de Magamoth qui l’immobilisait, à la merci de son arme redoutable. Son propre corps résistait, mais elle était moins forte que lui. Ses yeux grands ouverts étaient dirigés à la fois vers Lloyd et vers ses enfants bientôt agonisants. C’était comme si, en face d’elle, le temps avait suspendu sa course pour figer cette scène d’horreur dans son esprit. Elle appela la Force à elle, lentement, rassemblant ce qu’il lui restait d’énergie. Et elle sentait la Force vibrer et répondre à son appel. Elle entendait des voix chanter, irréelles, couvrir les gémissements, les palabres cruels, le crépitement du sabre.

Une voix émergea au-dessus des autres : Elles….ont pas survécu.

- Il y en avait deux, chuchota-t-elle vers Hope dont les cheveux se soumettaient à la paume du nouvel Empereur.

Dans la réalité, au centre de l’Arène assombrie, la silhouette de Dana paraissait immobile, figée comme une statue aux longs cheveux de jais dont les boucles cascadaient sur son corps à l’image de tourbillons furieux. Mais dans le paysage mentale où l’Inquisition menée par Darth Khorog l’avait enfermée, son coeur battait à tout rompre et entre les mains puissantes de Magamoth, ses muscles tremblaient.

Elle ferma les yeux et ses oreilles s’emplirent du chant d’agonie de ses enfants dont elle devinait les gorges étranglées; mais elle ne devait pas réagir. Ses petites filles étaient déjà mortes, loin d’ici. Elle dirigea la Force vers l’ombre brutale qui la recouvrait et se concentra. Le Castellan renégat écarquilla le regard et lâcha Dana d’une main pour la porter à sa gorge. Elle raffermit son emprise dans la Force, maîtrisait sa télékinésie afin de compresser la trachée de l’alien qui finit par abandonner son sabre aux pieds de l’Inquisitrice, reculant, la gueule déformée et entrouverte, à la recherche d’un filet d’oxygène. Il tituba en reculant.

Elle tendit son bras vers le sabre du Khorog et la garde se logea entre ses phalanges.

- La Citadelle de Shar Dakhan est majestueuse quand les tempêtes de sable se lèvent sur Ch’Hodos, récita-t-elle tandis que derrière elle, Magamoth avait fini par s’effondrer. Papa a refusé de se soumettre à l’Empire de Darth Ynnitach, c’est ce qui l’a tué. Il avait souhaité que Ch’Hodos demeure un monde Sith libre.

Ses prunelles dorées se figèrent sur le cadavre de Shar Ram, suspendu sans pudeur, comme un trophée macabre.

- Damaya disait qu’il avait tort. Que les Siths avaient besoin d’être réunis, sous une seule bannière; comme Shar Dakhan les avait réuni jadis aux pieds des contreforts de sa forteresse pour annihiler la République. Mais Damaya est morte également, tuée par un Jedi.

Akusha s’était redressé de toute sa vénérable stature et avait bandé ses muscles sous sa peau ridée par l’âge. Il portait toujours ses bracelets en or aux poignets et aux chevilles et on se demandait comme les articulations d’un vieillard pouvait supporter autant de poids; mais Darth Akusha avait la Force pour lui. D’un pas paresseux il s’interposa entre l’Inquisitrice et Ramken.

- Un père qui abandonne la culture Sith, une soeur qui fait de même par concupiscence envers un Jedi. Il faut que tu vois la réalité en face. Ta lignée est corrompue depuis déjà bien longtemps et vouée à disparaître,siffla-t-il.
- Mais JE SUIS ENCORE LA ! Hurla-t-elle en pointant le sabre de Khorog dans sa direction. J’ai pas trahi ! C’est MOI qui reprendrai Ch’Hodos et la lignée Shar continuera à vivre. Et elle se dévouera à la culture Sith, parce que c’est ce que j’ai décidé. Alors ôte-toi de mon chemin, connard.

Elle se décala d’un pas pour avoir de nouveau Ramken dans son champ de vision, ignorant les répliques cinglantes d’Akusha. Elle avait le goût de sa propre sueur et de son propre sang en bouche et quelque part, cela la galvanisait. Elle sentait le Côté Obscur s’emparer de son esprit, cela la galvanisait également.

- Tu te déclares Empereur des Siths, articula-t-elle vers lui.

Akusha fit un geste, prêt à l’attaquer, mais Ramken lui ordonna d’attendre, la curiosité piquée par cette étrange déclaration. Dana s’efforçait de ne pas voir Lloyd à genou, d’ignorer les doigts du renégat qui courait dans sa chevelure blonde.

- Mais tu connais nos coutumes. Seul le Clergé Sith a le pouvoir de choisir l’Empereur digne de diriger. Je suis une Inquisitrice, je représente le Clergé, au nom du Grand-Inquisiteur, le Seigneur Khorog et du Seigneur Bekhaar. J’invoque un Kaggat. Plie-toi à cette tradition pour mériter ton titre ou demeure un imposteur à jamais.

Le Kaggat. Dana Shar en avait tellement entendu parler durant son enfance et ses années à Korriban. C’étaient des duels légendaires, qui faisaient naître de grands Sith comme ils en tuaient. Une tradition impitoyable, mais juste pour réguler les ambitions de chacun, pour que Clergé Sith assainisse l’Empire. Cette pratique demeurait toute fois rarissime. Pour cause, c’était un rite issu des purs peuples Siths, dont descendait Dana. L’Arène de Ch’Hodos, disait-on, avait été construite sur les ruines de ces rituels; Il n’était pas seulement question de vaincre son adversaire. Dana se remémorait les histoires de lignées réduites en esclavage suite à un Kaggat perdu par l’un des membres de cette même lignée. Des noms oblitérés à jamais de l’Histoire. C’était un rite qui l’avait terrifié quand elle était une petite fille.

- Bien, concéda le Ramken irréel en quittant son trône.

Ca en valait le coup, pensa Dana. Même si elle mourrait, ça ne serait pas vain; même si Ramken vaincrait et effacerait le nom des Shar de l’Histoire; elle aura été loyale jusqu’au bout, n’est-ce pas ? Pas seulement à l’Empire, au Clergé. Ses yeux tombèrent sur la silhouette familière de Lloyd Hope. Elle aurait été loyale jusqu’au bout.

Les cris et les pleurs s’étaient tus. Les provocations du vieil Akusha aussi. Des geignements gutturaux d’un Magamoth strangulé, plus aucune trace auditive. Le silence était pesant et elle tenait toujours son sabre en main.




- Tu sais réciter le code Dana.

La voix de Damaya vibrait dans le désert de Ch’Hodos. Les soleils bas mettaient en valeur les grains de sables chariés par un vent brûlant et dangereux. La tempête devait être loin à l’Ouest, de quelques milliers de kilomètres et pourtant, même à cette distance on en sentait déjà la menace. Perchée au sommet de la citadelle, le sourire d’une Dana enfant étincelait.

- En langue Sith, Papa me l’a appris.
- Ca ne suffit pas, décida froidement Damaya, intransigeante. C’est pas la peine de réciter ça comme une chansonnette. C’est pas ça qui est important. Tu dois aller au-delà des mots.
- J’suis pas aussi forte que toi, geignit Dana, la mine boudeuse.
- Alors entraîne-toi à l’être.




Dana s’écroula à terre dans un bruit sordide. Elle eut le souffle coupé par le choc et la douleur. Au creux de sa main, elle tenait toujours le sabre de Darth Khorog. Le duel avait commencé depuis une dizaine de minutes et sa vision était déjà brouillée. Ramken était plus fort. Et elle savait qu’elle mourait sans doute. Autour d’eux, des tentacules sombres avaient défoncé le dallage pour tenter d’atteindre Ramken. Shar avait usé de sa sorcellerie avec brio, mais il avait su s’en prémunir. Elle avait lancé contre lui des créatures sorties du néant, avait tenté de l’étrangler, de le briser sous la Force; mais il maîtrisait bien le Côté Obscur. Etait-ce parce qu’elle n’avait pas toujours pas compris le Code ? Qu’elle n’avait pas la puissance octroyée par ce dernier ? Elle rampa en reculant quand les pas de son ennemi se rapprochèrent. Haletante, elle souhaita se relever, glissa à plusieurs reprises et réussit à esquiver un coup de sabre in extremis pour aller se réfugier derrière un pilier. Damaya avait eu raison. Elle devait s’entraîner plus, pour l’Empire Sith, pour le peuple Sith qui était le sien. La dilution des gènes Sith, les siècles de métissages n’avaient pas totalement effacé cet héritage.

C’était ce qu’elle pensait, la respiration sifflante, quand la lame pourpre de Ramken lui transperça l’abdomen à travers la colonne qui n’avait représenté qu’un fin obstacle. Elle baissa les yeux sur le sabre-laser qui jaillissait de son ventre. Elle n’avait pas eu le temps de sentir la douleur. Elle sentait plutôt le goût ferrique de son sang chaud envahir sa bouche, être expulsé de ses lèvres. Contre son oreille, les lèvres froides de Ramken soufflèrent quelques mots :

- Accepte mon règne. Accepte-le, et je laisserai Lloyd Hope vivre et se rappeler de toi. Refuse-le, et il t’oubliera. J’ordonnerai qu’on efface toute trace de ton existence.

Elle demeura silencieuse, grimaçant car la souffrance avait explosé dans ses nerfs soudainement.

- Accepte et j’abrègerai également tes souffrances.

Elle tourna sa figure vers Lloyd toujours agenouillé et immobile quelque part dans cette immensité glaciale. Elle avait peur, mais sa foi persistait malgré tout. Elle avait l’impression que, quelque part, la mort était aussi une renaissance et qu’il fallait l’accepter avec son lot de souffrance et ses conséquences. Face à son refus, Ramken rétracta sa lame avant de la lever pour lui asséner un dernier coup. Tout devint noir.




Dans la réalité, le corps de Dana s’effondra au sol, dans l’Arène.








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