Elle avait réfléchi déjà à notre situation…Et s’était figurée que nous n’aurions spas à vivre cacher notre relation. C’était touchant, et…un peu naïf cependant. Car je doutais qu’il soit de bon ton qu’une jeune femme mariée qui se destinait à une carrière politique soit vue avec son amant en public. Qui plus est…savoir qu’un autre puisse poser ses mains sur elle me révulsais. Alors que si je deviens un de ses prétendants officiel, j’entrais dans ce jeu ridicule qui voulait la faire miroiter devant des mâles venus choisir une poupée à exhiber. Et cela c’était hors de question également. Si je pouvais là soustraire à cette comédie, la libérer du joug paternel, et la garder près de moi par la même occasion…pour moi seul…

Malgré tout, je me doutais que je ne pèserai pas lourd sur la balance d’autres prétendants peut-être mieux nés. Après tout j’étais un Mirialan apatride et dont le nom tombait dans l’oubli. Mais qu’importait, je devais essayer…et je me surpris presque à espérer réussir. Un sourire fiché sur mon visage je répondis :

- Je sais…je suis surprenant…et je me surprends moi-même. Mais…même après l’avoir dit, je ne regrette pas. Donc c’est que je suis sûr de moi et totalement sincère…

Et ce malgré les effets de la dose qui circulait joyeusement dans mes veines. J’avais cependant un parfait contrôle de moi-même, ma concentration était accrue, je n’étais donc pas dans un état second, et je ne rêvais pas tout cela. Mes prunelles sombres fixaient le joli visage qui me faisait face. D’un geste lent, je vins essuyer de mon pouce une larme qui coulait sur sa joue, trahissant les émotions que je venais d’attiser en elle. Mon sourire s’élargissait devant son regard totalement épris dont elle m’enveloppait.

Elle me rappela que je ne cessais de lui montrer que je l’aimais, et elle me vola un autre baiser, comme elle savait si bien y faire, pour souffler doucement que je pouvais continuer de le faire autant de fois que je le voulais. Elle se lova de nouveau contre moi, alors que je mes bras vinrent l’enlacer. Je levais les yeux vers ses frères qui revenaient. Mon sourire s’était effacé, j’avais repris une attitude neutre. Mes yeux s’étaient parés d’un sérieux qui laissait comprendre l’intensité de ma détermination.

Ga’Hyus eut un petit sourire, tandis que Yul’Hyus se permit une petite constatation sur un ton affectueux. Oui…à l’évidence Halex acceptait le rendez-vous arrangé que je venais de réclamer. Elle confirma, non sans préciser qu’elle refuserait tous les autres prétendants. Je ne pus réprimer l’esquisse d’un sourire du coin de mes lèvres. Ma cage thoracique se souleva un peu plus fort en cet instant. Je m’entendis demander à Ga’Hyus :

- Quelle est la suite de la procédure ?

Oui…on sentait presque le psychorigide de la procédure doublé de l’aspect militaire, tant qu’à faire autant faire les choses bien…et en respectant les us et coutumes metelliennes. Si on m’avait dit que je rempilerai dans ce domaine…je ne l’aurai pas cru. Mais comme quoi, il n’y avait que les imbéciles qui ne changeaient pas d’avis, et il ne fallait jamais dire « jamais ».

Décidément…je déclenchais un sacré sens de l’humour chez les frères d’Halex. Entre Ga’Hyus qui me demandait si je voulais savoir la procédure pour le rendez-vous ou pour les fiançailles…Yul’Hyus qui enchainait…et mon espèce de petit enfoiré d’interne, j’ai nommé Tyberr’Hyus…qui outre le fait de se marrer comme la saucisse qu’il était a cru de bon ton de venir claquer devant tout le monde, et surtout Halex, que je lui avais demandé une liste de restaurant.

Je m’étais tourné vers lui, ouvrant de grands yeux, avec la folle envie de lui faire bouffer ses putains de binocles. Mais avec Halex contre moi, pas facile. Je grognais – non sans un petit sourire en coin et un pétillement amusé dans les yeux :

- Ha ben excuses-moi de pas passer ma vie à écumer restaurants et bars hein ! puis je repris ma position initiale en pestant doucement : je sens que y’en a un qui va aimer se taper l’inventaire en matériels en plus de la pharmacologie…et pondre le rapport pour le commandant pour l’avant-veille…

Bien sûr que je me vengerai…et copieusement…En temps et en heure…quand j’aurai repris du service. Ga’Hyus entra enfin dans le vif du sujet et me révéla ce que je voulais entendre. Je n’étais pas le gendre idéal ? Sans déconner…à se demander ce qui pouvait bien poser problème ? Mon côté insubordonné ? Où le fait que j’avais un caractère de rancor ? Ma tendance à la consommation de stupéfiants ? Peut-être ma position aussi : quarante ans à présent et une carrière dans le civil tronquée, et guère d’avancement coté Armée. Avec un petit ton sarcastique je repris :

- Pas le gendre idéal…j’imagine bien … Comme vous dite notre but est identique… Content d’avoir su vous convaincre sur ce point.

Au moins Ga’Hyus avait-il vu ma sincérité à l’égard de la jeune femme. Tout comme il avait vu qu’elle semblait heureuse à mes cotés autant que je l’étais avec elle. C’était suffisant pour ses frères. Seulement comme Ga’Hyus le fit remarquer, il y avait un hic…un écueil de taille…leur paternel. Et vu comme ils en parlaient depuis un moment, celui-là je n’avais pas la moindre envie de le rencontrer. Et apprendre qu’il était en mesure de détruire socialement Halex et la couper de ses frères ne fit qu’accroitre mon ressenti à l’égard de ce géniteur. Je soupirai…

- Charmant personnage…fis-je remarquer non sans masser doucement mes sinus. Dire que je trouvais mon père chiant…Le vôtre en tient une sacrée couche.

A dire vrai Balérion était un ange d’altruisme et de bonté à coté de ce « géniteur ». Comment pouvait-on en arriver à traiter de la sorte ses enfants ? Je n’étais moi-même pas du tout porté sur la question d’être père…j’allais devoir m’y faire cela dit…Mais tout de même j’avais une autre conception de la paternité que cet individu. Finalement les catilinaires de mon père sur la Force…et ses longues harangues sur les bienfaits de suivre la voie du Destin…et ne faire qu’un avec la Force…J’eus un nouveau soupire…

Insoumis ? Une marionnette ? Moi ? La bonne blague. Un sourire amusé se dessina sur mes lèvres à cette mention de Ga’Hyus sur ce que son père attendait du gendre parfait. Effectivement je n’entrais clairement pas dans ce genre de critères. Je fus néanmoins surpris d’apprendre que mon côté… « addiction » n’était pas un problème pour leur géniteur.

- Il est vrai que j’ai la fâcheuse tendance à…l’insubordination face à un ordre complètement débile…Ou dire tout haut ce que les hommes pensent tout bas…Cela ne plait pas toujours chez les… « huiles » ….

Mais…parce qu’il y avait toujours un mais, Ga’Hyus renchérit, donnant son propre point de vu…Pour lui c’était l’inverse, mon côté « râleur » et « insoumis » ne lui posait aucun souci du moment qu’on se mettait d’accord pour le bien d’Halex. Et pour cela je ne doutais pas que nous parviendrons à nous entendre. Ce qui le préoccupait en revanche, c’était précisément mes besoins de substances illicites. Il n’avait nullement haussé le ton, et conservait une attitude qui n’était pas sans me rappeler celle de Tyberr’Huys, mais puissance dix. Mon sourcil gauche s’arqua…j’étais dubitatif, hésitant entre lui rentrer dans le lard ou l’ignorer totalement.

Cette putain de capacité à vous balancer des perches de ce genre le tout avec un aplomb déconcertant, cela avait le don de m’agacer…terriblement. Un trait de famille sans doute…Mon regard s’était intensifié et ma mâchoire grinça. Au même titre que Yul’Hyus manifesta également un petit désappointement à la remarque de son frère ainé…Mais celui-ci préféra poursuivre…toujours sur ce même ton tellement…posé.

Il nota ma capacité à me contrôle…Ouai…j’y parvenais…mais ce n’était pas sans de gros efforts. J’essayais d’espacer mes prises. Bien sûr que je voulais décrocher et mettre cette merde derrière moi. Mais…c’était compliqué. Et même si j’appréciais sa proposition d’aide… J’eus un soupire…et admettais d’un hochement de tête ses propos. J’avais pris le parti – pour Halex – de ne pas faire un esclandre sur ce soi-disant non jugement qu’il portait sur mon addiction. Mes yeux avaient dévié vers Yul’Hyus, comme en quête d’un soutien éventuel. Personne d’autre ne pouvait comprendre après tout. Personne n’était en mesure de comprendre ce que c’était…quel effet cela faisait quand vous vous retrouviez en état de manque…et la solitude dans laquelle cela vous plongeais. Les souvenirs de ma cure de désintoxe étaient toujours présents dans un coin de ma tête…J’aurai préféré ne jamais avoir à revivre cela.

Mais le Metellien enchaina, passant au vif du sujet, la liberté d’Halex. Mais pas que…car avec celle d’Halex il y avait la nôtre à tous les deux. Nous serions libres d’être ensemble, sans nous cacher, ou craindre pour la vie d’Halex. Un moyen pour que son père n’ait plus de pouvoirs sur elle. Un moyen de la rendre heureuse…Perdu dans mes pensées sur le sujet, qui ne manqua pas de m’arracher un sourire à l’encontre de la jolie jeune femme toujours lovée dans mes bras, j’entendis la mention d’une autre femme.

Je levais la tête vers Ga’Hyus, affichant une grimace rien que de songer à mon ex.

- Ho…mon ex épouse…Elle m’a soutiré la planète avec son putain de procès. Il était étonnant de voir comme mon vocabulaire pouvait aisément tendre vers le familier dès qu’il était question d’elle ou de son clan…J’imagine qu’elle a dû se trouver un riche et prestigieux mâle, au bras duquel elle peut se pavaner sans peine, pour peu qu’il achète son affection…Cela ne l’empêche pas de continuer à me saigner au nom de je ne sais quel grief dont il était question dans ce procès merdique que j’ai autrefois perdu.

Moi ? Enervé dès qu’on parlait d’elle ? Je ne voyais pas ce qui permettait de dire cela.
Mon coude sur la table j’avais laissé ma main passer sur mon front, comme sir masser cette partie de ma tête allait alléger mon aversion pour cette femme que j’avais en horreur depuis des années. Dire que...je l’avais sans doute aimée…au début. Enfin…j’imaginais cela…elle était belle et plutôt gentille avant. Jusqu’à ce que sa vénalité prenne le dessus.

La question suivante de Ga’Hyus me ramena à la situation. Je posais mes yeux sombres dans la clarté des siens…Je laissais planer un petit silence…après le trait d’humour de Max. Finalement je répondis simplement :

- On commence quand ?

Pour ce qui était du Jedi…j’avais déjà une petite idée…

L’inquiétude de Ga’Hyus à mon encontre était justifiée. Déjà que sans être drogué j’étais de nature explosive, mais en plus sous les effets de la méthamphétamine qui circulait dans mon corps j’étais encore plus instable. Pire qu’une bombe à retardement. N’avais-je pas déjà ouvertement pété les plombs en repoussant Halex, la poussant à un geste désespéré ? N’avais-je pas mis la vie d’un patient en danger ? Une nouvelle fois…et seule l’intervention de Tyberr’Hyus m’avait évité d’être repéré comme le parfait récidiviste que j’étais.

Alors oui…il était normal qu’il soit inquiet. Cela dit, malgré toute sa bienveillance, et toutes les bonnes intentions dont il pouvait être paré, je ne pouvais m’empêcher d’être vexé sur ce point. Mais nul nécessité d’en faire étalage. J’avais cherché le soutien visuel de Yul’Hyus, il comprenait. Parce qu’il avait traversé la même chose que moi. Nous avions nos raisons d’avoir sombré dans l’enfer de la drogue. Bonnes ou non les raisons étaient là. Et à nos yeux elles avaient de la valeur. Et décrocher de tout ceci n’était pas évident. Ce n’était pas quelque chose qui pouvait se régler en un claquement t de doigt. Alors oui, Ga’Hyus voulais m’aider, et protéger Halex. Mais en pointant ce défaut qu’était le mien…il me renvoyait à la tronche toutes ces choses contre lesquelles je luttais désespérément pour ne pas perdre pieds définitivement. Les doigts fins et délicats d’Halex sur la peau de mon bras me firent tressaillirent alors que je me crispais aux remarques de Ga’Hyus. Elle était présente, comme toujours et voulait me témoigner son soutien indéfectible.

Max avait tort sur un point…certes Halex avait un fort caractère, mais…moi…j’étais un cas désespéré. Et malgré tout…Elle demeurait à mes côtés. Et ça, pour moi, cela n’avait pas de prix. Et l’instant d’après, nous parlions de mon ex épouse. Encore un de mes échec. Ga’Hyus pensait être en mesure de faire invalider le procès. Yul’Huys évoqua l’idée de la soudoyer pour qu’elle renonce à s’acharner sur moi. J’eus un geste rageur…non pas que j’étais furieux contre la fratrie S’Trasza…bien au contraire…Mais parler de mon ex ravivait des souvenirs…et surtout des propos blessants :

- Je vous souhaite bien du plaisir si vous comptez approcher cette peste. Adila sait plaire…se vendre…dramatiser…se poser en une pauvre victime éplorée…J’eus un soupire…sentant bien que je montais dans les tours de ma colère. Je pris une profonde inspiration, frottant négligemment mes sinus…avant de reprendre : pas besoin de mon autorisation. Mais comprenez-moi bien…certes Adila a exagéré…et a su profiter de la situation. Mais j’ai ma part de responsabilité dans cette histoire. J’étais déjà…drogué à l’époque. Toutefois j’estime avoir suffisamment payé pour le…mal que j’ai pu lui faire. Et qui fut clairement moindre que ce qu’elle a pu minauder devant les juges…

Oui…j’avais ce procès en travers de la gorge. Oui je n’avais pas digéré les propos qu’elle avait pu proférer à mon sujet. Elle avait tout de même été jusqu’à dire que j’étais violent…okay...je lui en avais collé une juste une fois…un peu forte…je l’admettais…Mais je n’étais pas dans mon état normal, et en plus de cela elle venait de me reprocher ma négligence et…mon comment avait-elle formulé cela…à oui… « mon impuissance » …Pétasse.

Bref…tout cela pour dire que ces notions acquises, il fallait bien que nous lancions la procédure. Et ce fut Halex qui se manifesta…Délicate et fragile petite Halex qui me stupéfia en me rappelant que la première des choses serait peut-être de lui demander son avis. Un léger détail qui nous avait plus ou moins...échappé à nous…gente masculine. Trop occupé à trouver un moyen de sauver ses jolies fesses. Nous ne pûmes nous empêcher de rire alors qu’elle se parait d’une moue boudeuse, allant jusqu’à croiser bras pour affirmer sa position. Je devais bien avouer que le fait qu’elle emploie le terme « épouser » me fit légèrement planter. Ce simple mot rendait la chose plus concrète. Et…j’en étais presque troublé à l’idée que moi, le râleur de service, anti-mariage, allait demander une femme en mariage…Mais cette fois, la femme en question, je l’aimais, et de cela j’en étais sûr.

- Mes excuses Trésor…je n’avais pas envisagé que tu puisses refuser…bravo Balian, paye ta modestie…je ris, affichant un air mutin, puis repris avec un peu plus de sérieux : en réalité, je songeais te faire une demande un peu plus…officielle dans un environnement plus adéquat…En d’autres termes : seuls ! Et de manière plus…passionnée. Mais si tu veux on peut régler ça de suite…en quelques secondes ?

Je souriais…elle était si mignonne quand elle boudait. Toutefois, à travers mes mots, même teinté d’un certain amusement, se dissimulait mon intention réelle de lui demander sa main.

Ga’Hyus et Yul’Hyus semblaient vouloir m’aider à me débarrasser une bonne fois pour toute de ce maudit lien qui m’unissait encore à Adila Molari. Je ne pouvais que les en remercier. Je déboursais encore des fortunes pour mon ex épouse. Entre le prêt que j’avais du prendre pour payer les frais du procès que j’avais perdu, je versais encore des indemnités à la donzelle. Je soupirais…

- Je n’ose imaginer l’accord que mon père a dû conclure avec la Maison Molari pour faire avaler ce foutu divorce. Le Clan Atraïde a dû sans doute se sentir redevable de dommages et intérêts. Et connaissant Balérion…compte tenu de l’état dans lequel je me trouvais à l’époque, il a dû juger bon de m’écarter de l’affaire. Et…je n’ai jamais voulu lui en reparler.

Oui, je ne doutais pas que mon père avait cherché à arrondir les angles avec ces rapaces de Molari. J’appris que Ga’Hyus, Luss’Hyus et Yul’Hyus étaient les seuls à être mariés de la fratrie. Et visiblement leurs épouses n’étaient pas de tout repos pour Halex. Décidément…les femmes de ce monde étaient étranges. Seule Halex semblait avoir ce désir de « liberté » ?

- Faites comme vous le sentez pour cette peste… Du moment que je ne croise pas sa route…Sans quoi cela risque d’être…explosif. Vous vous doutez bien que nous ne nous sommes pas quittés en bon termes…du tout.

A présent que j’y repensais, ce mariage était un sacré coup de pied dans le train que j’allais devoir me mettre pour reprendre les affaires du Clan. Et bien que je fusse prêt à respecter les règles et le protocole du mariage metellien, je ne pouvais faire l’impasse sur les traditions mirialane. Mon père n’étant plus de ce monde, et n’ayant pas pris encore sa succession deux possibilités s’offraient à moi. Soit, je précipitais la passation de pouvoir…pour être en mesure de faire ma demande en mon nom…en tant que Patriarkhês. Soit je faisais appel à mon oncle, Aerion Arrakis…en tant que tuteur du Kleronomos et See’Ryl, Maître Jedi de son état et…Mon regard s’était illuminé d’une lueur maligne…See’Ryl était un jedi ! Non pas que ce soit un scoop en soit, mais j’imaginais qu’elle serait en mesure de…persuader…les éventuels récalcitrants de la famille d’Halex. La deuxième solution était sans nul doute la plus…efficace pour régler toute cette affaire dans les meilleures conditions.

Et dans nos échanges de « mâles » nous en avions presque oublié la principale intéressée : Halex. Cela dit, elle approuva mon désir de faire les choses « bien », et dans les règles. Ne lui avais-je pas déjà prouvé que cela pouvait être bien de procéder ainsi ? J’avais souvenir d’une situation similaire quand elle m’avait demandé de lui « apprendre ». J’en avait profité pour lui montrer qu’il n’y avait pas qu’un acte purement mécanique, mais également la possibilité d’éprouver du plaisir et des émotions passionnées…Cela dit elle avait parfaitement bien retenu la leçon !

Les frères aînés de ma future…fiancée…nous rappelèrent leur emploi du temps plus que serré. Ils proposèrent donc de nous retrouver le soir même. Pour diner. J’hochais la tête, approuvant la chose. De toute façon, je suivais plus ou moins le mouvement en cet instant. J’étais déjà en train de me retourner le cerveau à « comment faire ma demande » …Tssss…Lorsque j’avais épousé Adila, je n’avais rien eu à faire. Balérion m’avait collé devant elle et m’avait dit « c’est ta fiancée » …Alors qu’à présent c’était totalement différent. J’allais encore me faire des nœuds au cerveau…

Sans oublier que j’allais également devoir contacter mon oncle…Il allait en tomber à la renverse…Je le ferai s’assoir avant de lui annoncer.

Qui gérait mon clan ? Que voila une question tout à fait intéressante puisque la logique aurait voulu que ce soit moi ! Mais disons que…j’avais été incapable de reprendre la succession. Et en l’absence de mon père…Je soupirai…et répondis doucement :

- Les affaires du Clan sont gérées par deux personnes. Le bras droit de mon père, à savoir mon oncle, Aerion Arrakis. Si quelqu’un peut répondre à cette question c’est lui. Il est le mieux placé pour savoir où en sont les affaires du Clan, il a toujours épaulé mon père quand ce dernier s’est davantage consacré à son rôle de Guide spirituel. L’autre personne qui a pris la relève en attendant que je…sois en état de prendre la succession du Patriarkhês est une amie. Le Maitre Jedi See’Ryl Asho’Tye. Tyberr’Hyus la connait.

J’avais tourné innocemment la tête vers mon interne, sachant qu’il avait repris la suite, coté médical pour aider See’Ryl après l’accident dans l’entrepôt et…le fait qu’elle ait besoin d’un certain suivi. Officiellement en arrêt j’avais bien été forcé d’accepter que quelqu’un d’autre gère mes patients, et Tyberr’Hyus avait été tout indiqué pour cela.

Halex manifesta sa volonté de rencontrer Adila, j’allais lui demander benoitement ce qui pouvait bien motiver une pareille chose quand je réalisais qu’elle était tout sauf parée de bonnes intentions. Et je devinais une envie de se mesurer à mon ex épouse, comme une manière de prouver que j’avais définitivement tourné la page. Je devais bien avouer que je ne doutais nullement de la capacité d’Halex à remettre la fille de la Maison Molari à sa place. Peut-être même pourrai-je me délecter de ce duel. Mais revoir Adila, et recourir le risque de lui tendre un moyen de me descendre en flèche ne m’enchantais pas.

- Pas sûr qu’elle mérite que tu t’intéresses à elle.

Finalement le petit-déjeuner pris fin, marqué par le fait que les frères d’Halex s’étaient levés pour prendre congé, nous donnant rendez-vous pour le soir même. Halex s’était également mise debout, s’extrayant de mon étreinte. Je les saluais, attendant le retour de ma compagne. Ce fut Max qui nous libéra totalement, nous conseillant de prendre nos marques dans cet appartement, et indiquant quelle chambre il avait prise. Il était vrai qu’avant d’être…pris au piège par les frères S’Trasza, nous étions venus pur visiter un appartement. Et même s’il était désormais acquis, une petite visite s’imposait. J’avais noté le geste de Max l’indiquant de regarder mes messages. Je le ferai…me demandant bien de quoi il pourrait s’agir.

Je me laissais entrainer par Halex, laissant à Max le soin de ranger et de quitter l’appartement. A croire qu’ils s’étaient concertés pour nous laisser seuls. Pour l’heure l’appartement je n’en avais cure…une chose me préoccupais…Halex. Et j’espérais qu’après la décision que je venais de prendre et d’annoncer, lui révélant mes intentions à son sujet, elle ne prendrait nul ombrage face à mon empressement. Et quand je voulais dire « empressement » c’était de la plaquer contre un mur, hors de vue de qui que ce soit, pour sceller cette décision que j’avais prise dans un tendre baiser. La matinée avait été riche en émotions après tout. Finalement je lui demandais doucement :

- Ca va ? Tu as eu beaucoup d’émotion en si peu de temps…

Je ne doutais pas, compte tenu de sa réaction, qu’elle appréciait ma décision. Mais tout de même…

Autant dire que je m’étais attendu à tout sauf à un tel déferlement de taquinerie à l’encontre de Tyberr’Hyus. Je le regardais incrédule, cherchant à comprendre en quoi See’Ryl avait pu le…perturber. Jusqu’à ce que je réalise subitement. Ce pourrait-il que mon interne soit tombé sous le charme de mon amie ? Ce ne serait pas impossible, comme venait de dire Max, elle était particulièrement jolie. Ne souhaitant nullement subir les foudres d’Halex en…confirmant ses propos, je me contentais de lever mon pouce dans le dos de ma compagne. Un geste qui étayait les dires du plus jeune de la fratrie, de la plus discrète des manières. Au moins éviterai-je de froisser Halex en rejoignant l’avis de ceux qui avaient pu croiser See’Ryl.

A dire vrai je n’avais pas voulu mettre Tyberr’Hyus dans une telle situation, je lui jetais un air navré…Je fus surpris à la réplique de Max sur notre ami commun cathar de son état.

- Genre…Vhagar ? Tu rigoles ? Il ne vit que pour l’armée et rien d’autre…

En même temps…n’avais-je pas tenu un discours similaire me concernant ? Ne vouant ma vie qu’à la médecine et à mon travail ? Refusant de « me mettre une bonne femme dans les pattes ». Or…j’allais faire une demande en mariage à une femme qui avait balayé mes aprioris sur la question. Drôle de situation n’était-il pas ? Comme quoi la vie nous réservait bien des surprises.

Je réalisais que pour quelqu’un qui se targuait d’être un excellent diagnosticien, et un fin observateur, j’avais été particulièrement aveugle sur les liens qui unissaient mes amis entre eux. Notamment See’Ryl et Tyberr’Hyus. A ma décharge, je n’avais pas été dans mon état normal ces derniers temps.

Ga’Hyus semblait surpris d’apprendre que je connaissais un Maître jedi…originaire d’Arkania. J’hochais la tête et lui répondis :

- Oui…Maitre Asho’Tye est arkanienne. Nous nous sommes rencontrés alors qu’elle venait d’être légèrement blessée alors qu’elle formait des jeunes recrues militaires sur la base où Tyberr’Hyus et moi travaillons. Nous avons gardé des contacts réguliers. See’Ryl m’aidait il y a encore peu à trouver le sommeil grâce à la Force et à contrôler ma…légère sensibilité. Et oui, elle est assez peu expressive. Il faut apprendre à la connaître pour être en mesure de décortiquer les rares et fugaces mouvements faciaux qui pourraient troubler son masque d’impassibilité. Je tournais la tête en direction de Max : Cela ne veut pas dire qu’elle ne ressent rien. Bien au contraire. Puis j’avisais Tyberr’Hyus : au moins as-tu eu un aperçu de ce que tu me fais vivre en permanence avec ton imperturbabilité plus qu’agaçante parfois, qui fait que j’ai souvent envie de te faire bouffer tes lunettes.

J’avais eu un clin d’œil amical pour mon interne. Je l’aimais bien quand même mon futur beau-frère. J’avais tourné la tête en direction de Ga’Hyus, songeant que ma remarque pouvait également valoir pour lui. J’allais devoir m’y faire. Je lui répondis avec le plus grand sérieux :

- Je suis sûr que See’Ryl et mon oncle ne protesteront pas pour vous rencontrer. Cela dit…J’eus un temps de pause…cherchant mes mots pour illustrer le caractère de mon oncle…Avant de rependre : je pense qu’il vaudrait mieux que je sois présent, au moins pour la prise de contact. Mon oncle et moi partageons beaucoup de points communs. Et si mon père était de nature particulièrement douce et posée, Aerion est beaucoup plus méfiant et… n’en prenez pas ombrage…mais…il va clairement vous rentrer dedans si je ne le prépare pas.

Aerion Arrakis était de nature explosive, et comme moi, avec la mort de mon père il avait perdu celui qu’il avait toujours perçu comme son véritable frère. Mon oncle était sans nul doute la personne qui m’avait toujours le plus compris dans la vie. Prenant toujours mon parti face aux autres membres du clan. Je ne doutais pas qu’il devait, en ce moment même, jouer de la voix pour faire comprendre aux récalcitrants que j’étais le seul et unique héritier. Je soupirais… Aerion avait parfaitement compris les raisons qui m’avaient poussé à me mettre en retrait du Clan depuis des années, ainsi que le fait que j’avais besoin de temps avant de prendre mon titre et mes fonctions de Patriarkhês. Il appréciait l’aide de See’Ryl et nul doute qu’il appréciera celle des Metelliens. Mais il allait falloir le mettre au parfum de la raison pour laquelle ces « étrangers » venaient en aide à un Clan Mirialan.

Je sentais les doigts d’Halex tapoter sur mon avant-bras. Je savais qu’elle n’aimait pas See’Ryl, et je devinais son désappointement. Il fut cependant chassé à l’idée qu’elle puisse se défouler sur Adila. Une telle rencontre promettait d’être…intéressante. Je ne pus réprimer un sourire à l’idée de voir Halex éclater verbalement mon ex.

Quelques instants plus tard nous nous retrouvions seuls, Halex planquée contre un mur, mes lèvres sur les siennes dans un tendre baiser. Elle continuait de craindre sur mes motivations quant à ce mariage. Compte tenu de la discussion que nous avions eut lors de notre première rencontre je ne pouvais pas lui en vouloir d’être inquiète sur la question. J’avais été plus que clair…Et pourtant…je souris, caressant doucement sa joue…

- Trésor…j’ai donné ma parole…Et je ne regrette pas de l’avoir fait. Te dire que cela ne m’effraie pas serait mentir. Mais je suis sûr d’une chose…c’est que c’est sans nul doute la meilleure décision que j’ai prise depuis des années. Je ne voulais pas qu’elle craigne que je me sente piégé…bien au contraire. C’était mon choix. Et je l’avais fait de manière délibérée, n’hésitant pas à mettre mon nom en jeu pour être en mesure de l’aimer librement. Pour être tout à fait honnête, cette idée m’avait déjà traversé l’esprit…Mais…je ne m’estimais pas assez bien pour toi, et ta famille. C’est d’ailleurs ce que je t’avais dit lors de notre première rencontre…Et Ga’Hyus l’a noté. Je ne suis pas le meilleur parti…et je n’ai pas grand-chose à t’offrir. Mais cela ne devrait pas nous empêcher d’être heureux ne crois-tu pas ?