Balian Atraïde
Balian Atraïde
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Centre de Formation Initiale des Militaires du Rang et des Sous-officiers
Morgue de l'Aile Médicale



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Ce devait être un cauchemar...

Oui…

Cela ne pouvait être réel, j’étais endormi et j’allais me réveiller et tout ceci ne serait qu’un mauvais souvenir. J’étais assis…prostré à l’entrée de la morgue du Centre Médical de la base militaire où je travaillais. See’Ryl avait été emmenée - trainée plutôt - par Tyberr’Hyus pour être soignée. Elle avait été largement atteinte en retournant au cœur de la tourmente. Fortement exposée à un cocktail de drogue dangereux, sans oublier l’incandescence de la situation brûlante dans tous les sens du terme.

Moi je demeurai assis dans ce couloir que je trouvais étonnement plus glacial que de coutume. Allez savoir pourquoi. Je venais d’identifier le corps. Non pas que ce soit véritablement utile, mais…c’était la procédure. Surtout compte tenu des circonstances douteuses qui avaient causé le décès de Balérion. La tête dans mes mains j’étais perdu dans mes pensées…Essayant de comprendre comment tout cela avait pu arriver. Soudain je fus tiré de mes pensées par un voyant sur mon datapad combiné à mon comlink. Mon oncle avait reçu mon message.

D’un geste vif, j’essuyais mes yeux humides et tâchait de me redresser avant d’activer la communication. Aerion Arrakis apparu devant moi. Je ne l’avais pas vu depuis bien longtemps, il n’avait guère changé. Ses yeux jaunes reflétaient la panique dans laquelle il se trouvait. Ses cheveux sombres apportaient une touche de sévérité à sa personne.

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- Theíos (mon Oncle) murmurai-je.
- Balian ! J’ai reçu ton message…je…ce n’est pas vrai n’est-ce pas ?

Je soupirais…j’aurai bien aimé aller dans ce sens. Mais je répondis d’une voix implacable :

- Je crains bien que si.
- Mais…que s’est-il passé ?
- Je te raconterai tout de vive voix. Pas comme cela.
- Bon…je comprends. Je prends la première navette en partance pour Coruscant. Je serai là demain. Il marqua une courte pause…et finalement osa me demander : comment vas-tu ?

J’haussais les épaules…et ne répondis rien. Ce fut suffisant pour Aerion. Il m’avait toujours soutenu, et compris au sein du Clan. Nous n’avions que dix ans d’écart, et nous nous étions toujours bien entendu. Même si j’étais loin d’avoir été le neveu modèle. Je n’avais cependant nul besoin de m’exprimer pour qu’il comprenne mes ressentis. Il hocha la tête…et me salua du geste traditionnel entre membre d’un clan en terminant d’une voix qui trahissait sa tristesse :

- Je vais rassembler le Clan. Nous devrons songer aux funérailles. Il aurait voulu qu’on respecte les traditions. Repose-toi…Je serai là demain…nous discuterons. Le Clan doit avoir un nouveau Patriarche...et tu es le Kléronomos de Balérion...


Je validais d’un signe de tête et la communication se coupa. Les funérailles…bon sang…Je n’y avais même pas songé. Mais comment les organiser en dehors de Mirial ? Ces question pratiques me dépassaient totalement, et j’espérai qu’Aerion répondrait présent sur ce point…Les funérailles Mirialanes répondaient à des codes et des coutumes précises…s’étalant sur plusieurs jours. Je secouais la tête. Je n’étais pas prêt pour cela…je refusais de laisser partir mon père. Prenant ma tête entre mes mains, les coudes sur mes genoux, je n’avais pas remarqué la présence de quelqu’un qui se rapprochait…

[Edit: changement de couleur pour les paroles du PNJ Aerion]

See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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J’aurais aimé que cela soit un mauvais rêve… Même une réminiscence de Dubrillion serait la bienvenue, songeais-je en m’asseyant sur la table d’auscultation. J’entendais l’interne de Balian s’affairer dans la pièce pendant que je balançais mes jambes dans un mouvement impatient. Je n’avais pas mal, il était inutile que l’on me fasse faire des examens. Je rouvris les paupières, ne grimaçant même pas au changement de luminosité.

-Tout va bien, répétais-je pour la je-ne-savais combientième fois.

Un silence mécontent me répondit, m’arrachant un haussement d’épaule indifférent. Oh, il boudait… probablement parce que je lui avais échappé bien plus qu’il ne l’aurait voulu. Il s’approcha en tirant une tablette après qu’il y ait disposé ses instruments. Je le contemplais.

-Je n’ai pas toute la nuit.

Il rajusta ses lunettes non sans m’honorer d’un regard agacé.

-Votre bras. Je vais faire des analyses de sang. Nous devons doser ce que vous avez inhalé.

Par automatisme, j’avais tendu mon bras pour le laisser faire. Les tubes remplit, il me tendit autre chose en m’ordonnant de souffler de toutes mes forces… Et je toussais. Ouais bon, avec la fumée, ce n’était pas étonnant. Il consulta l’appareil avant de faire claquer sa langue sur son palais. La seconde suivante, j’avais un masque à oxygène et ordre de respirer profondément. J’obéis sans cesser de bouger. J’allais bien, pourquoi donc me prenait-il autant de temps alors que Balian m’attendait ? Mon impatience fut soulignée par le tapotement de mes doigts… bientôt interrompu par une poigne ferme.

-Stop. Je prendrais le temps qu’il faudra et plus vous vous agiterez, plus je prendrais du temps. C’est clair ?

Je le fusillais des yeux.

-Je pourrais vous assommer et sortir d’ici…

-Vous oseriez ?

Oui. Non. Je n’en savais rien. C’était tentant. Il se permit un sourire en coin. Voilà qu’il osait me narguer. J’inspirais profondément et… toussais. Bon ok, j’acceptais de ne plus bouger le temps que cette toux disparaisse. Le temps me parût particulièrement long pendant qu’il agissait. D’abord devant moi, au niveau de mon épaule gauche… puis dans mon dos.

-Je ne sais pas ce que vous faites mais je ne sens strictement rien.

-Les Lares soient loués.

Il eut le culot d’être soulagé. Je ne comprenais strictement rien et je m’en moquais. Je ne restais calme que pour perdre moins de temps. Je finis par bouger de nouveau les jambes… sans même m’en apercevoir. Enfin, il revint face à moi…

-Je devrais vous garder ici… Mais étant donné votre propension à l’évasion, je préfère vous arracher la promesse de vous revoir demain matin.

Il tendit la main. Je la contemplais avant de relever les yeux vers lui.

-Votre sabre.

-Alors là, vous pouvez aller jouer sur la voie hyperspatiale la plus proche.

Il rêvait. Je ne laissais mon sabre qu’à Légion. Je retirais le masque et me remis sur mes jambes, tout à fait prête à sortir de là.

-Votre sabre sinon je fais en sorte de vous hospitaliser.

Je lâchais un chapelet de jurons dans ma langue maternelle. Je considérais un instant mes options non sans me demander ce qui pouvait bien me retenir de l’envoyer faire de beaux rêves. Finalement, j’essayais. Echec. Il sourit. Je retentais… Echec. Bordel. Etonnée, je penchais légèrement la tête, me demandant ce qui pouvait bien m’arriver. Et ce putain d’interne en profita pour me retirer mon sabre qu’un abrutit avait accroché à ma tenue empruntée. Les yeux écarquillés, j’hésitais sincèrement à lui sauter à la gorge. Il me désigna la porte. Bien lui en prit.

-Allez-y. Je fais parvenir notre rendez-vous à votre droïde. Ainsi que les instructions pour vos soins. A demain matin.

-Plutôt mourir que de revenir.

-Mais oui… j’ai votre sabre, vous vous souvenez ?

La minute plus tard, j’étais hors de la salle. La porte avait claquée dans un son réjouissant pour mes oreilles.

-Le Docteur Atraïde est l’étage en dessous.

J’accusais réception du message qui me fit aussitôt oublier l’interne. Je me hâtais de rejoindre Balian, calmant mon pas que lorsque je l’aperçu. Je m’approchais doucement, finissant par glisser mes doigts – dépourvus de gants – dans ses cheveux.

-Je suis là…

Je percevais sa douleur et j’essayais vainement de la prendre pour moi. En désespoir de cause, j’en étais réduite à tâcher de le réconforter d’une manière totalement nouvelle pour moi. A savoir « normalement ».
Balian Atraïde
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Une porte coulissante en verre, un sas, et une autre porte coulissante en verre me séparaient du corps sans vie du Patriarche mirialan. Son corps avait été disposé dans un des caissons de la chambre mortuaire du Centre Médical. Je venais de le voir, Artas s’était éclipsé, je n’avais plus rien à faire ici. Et pourtant je ne pouvais me résoudre à partir d’ici. Un contact dans mes cheveux…des doigts qui s’enroulaient autour de mes mèches décolorées, je tressautais. Et une voix, dans un souffle qui me sortit de ma torpeur. Je levais la tête vers l’origine de cette voix. Mes yeux se posèrent sur See’Ryl. Je fus surpris de la voir…Ne devait-elle pas se soigner ?

- Tyb t’as laissée…partir ? Tu as été…salement touchée…tu dois…

A moins qu’elle ne se soit « échappée », mais j’en doutais. Mon interne pouvait être aussi obstiné que moi quand il s’agissait de traiter un patient. Mon regard s’était tourné vers le sas de la morgue. J’eus un petit rire nerveux…

- Je ne me souviens pas être venu ici déjà…J’évite ce genre d’endroit, ils me rappellent mes échecs. Je ne pensais pas que finalement…je me trouverai dans une pareille situation.

Qu’aurai-je pu faire de toute façon ? Balérion était déjà mort lorsque nous avons investi les lieux. Ce n’était comme si j’avais pu le sauver…Et pourtant ce sentiment d’échec était présent. Je me sentais responsable de la mort de mon père. J’aurai dû mieux le protéger…Mieux…je ne savais plus trop.

- Pourquoi a-t-il rompu le silence exigé par la protection à laquelle il était assigné. Comment cette foutue tête de mule s’est retrouvée là ? Et comment…

Comment était-il mort ? C’était l’évidence même pourtant. Un sabre laser l’avait traversé de pat en part. Difficile de survivre à cela…surtout lorsque le cœur était touché. Pas besoin d’avoir fait l’internat de médecine pour comprendre cela. Je soupirai. C’était trop tard à présent.

- Je…j’ai contacté mon oncle. C’est…le bras-droit de Balérion. Il…sera là demain.

Dans ce genre de moment de simples banalités nous venaient toujours en tête. Me voila en train de parler de mon oncle…Aerion Arrakis était le bras droit de mon père. Il gérait le clan à ses côtés. L’aspect administratif du moins, mon père étant plus accaparé par le domaine du spirituel depuis quelques temps.

- Une partie du Clan s’était installé sur Naboo…Chez un de mes cousins.

Des banalités vous ai-je dit.

Mais la réalité n’allait pas tarder à me rattraper. Et avec elle mes responsabilités. Et je n’étais pas prêt à les endosser.

- Ils…ils vont vouloir faire la passation de pouvoir. Je ne peux pas. Je refuse…Ce n’est pas comme cela que cela devait se passer ! Je l’ai toujours repoussé et maintenant…maintenant c’est trop tard.

Je sentis alors quelque chose de chaud rouler sur ma joue…et s’écraser sur ma main…Bordel…je pleurais ? Sérieusement ? Tel un automate je levais ma main et essuya machinalement la trace humide et salée laissée par cette larme. Mes yeux embués se levèrent vers mon amie…

- Qu’est-ce que je vais devenir sans lui ?
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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« Nous avons trouvé un compromis. » Oui… « compromis ». Disons que l’interne avait compris qu’à moins de me faire dormir, il ne pourrait me retenir. Etant donné le cocktail qui circulait dans mes veines – paraîtrait-il – il n’était clairement pas judicieux de m’ajouter une quelconque substance pour me calmer… Et puis, j’allais parfaitement bien. Je ne précisais pas que ce foutu interne avait mon sabre en sa possession… Ni même le fait que j’avais été incapable de le manipuler en usant de la Force. Je devrais peut-être m’en inquiéter… Plus tard.

Mes doigts ne quittèrent pas les mèches décolorées de Balian. Sans mes gants, je percevais leur douceur mais au-delà de cette simple constatation, c’était surtout parce que je voulais lui faire sentir physiquement ma présence. J’écoutais ses mots et chuchotais. « Ce n’est pas un échec. »

Même si, je devais bien l’accorder, cela en avait tout l’air. Aucun de nous n’était parvenu à sauver Balérion. Ils étaient arrivés trop tard et moi… Sans l’appel de Luke, je n’aurais jamais su… jusqu’à ce que quelqu’un m’appelle. En un sens, cela aurait été un échec si le plan de l’une des victimes avait été jusqu’au bout. La mort de Balérion avait été rapide et quelque chose me disait que ce n’avait pas été… prévu. Tout cela, je me gardais bien de le dire. Balian ne l’accepterait pas… Tout comme il le faisait à ce moment-là. Je n’avais pas de réponse pertinente à lui offrir. Sauf peut-être les mots typiques d’un membre de l’Ordre Jedi… Des paroles que Balérion lui-même n’aurait pas reniées. Son fils, en revanche…

« Je lui parlerais. » Un jour, j’avais promis à Balian que je serais toujours là. Le fait était que je tenais parole. Notre lien à travers la Force m’y poussait, même si je ne voulais pas être ailleurs. J’aurai pu demander où était passée la teigne qui lui servait de petite amie mais là aussi, je restais silencieuse. Autant ne pas remuer le couteau dans la plaie. Je m’accroupis devant lui au moment où il leva les yeux vers moi. Mes doigts glissèrent de ses cheveux à sa joue.

« Tu vas devenir l’homme qu’il a toujours vu en toi… », murmurais-je. Et celui que je voyais aussi d’une certaine manière. Je me permis un sourire léger, plus réconfortant qu’autre chose. Remplis d’espoir aussi. « La passation de pouvoir attendra… il n’est pas temps de s’en inquiéter. Je m’occuperais du clan avec ton oncle jusqu’à ce que tu sois prêt. » Une promesse. Notamment parce que j’avais l’intuition que si l’on forçait Balian dans ce domaine, il ferait tout pour échapper à ce rôle. Son adhésion complète à ce dernier était cruciale. Par respect pour le défunt, j’étais prête à me charger d’une tâche supplémentaire pour donner à Balian le temps nécessaire à son deuil… puis à se faire à l’idée. Je l’entendais déjà me dire qu’il n’en serait jamais capable… et me balancer toute une liste d’arguments plus faux les uns que les autres. Délicatement, j’essuyais la larme qui roula jusqu’à mes doigts.

« Nous ne pouvons pas passer la nuit ici, Balian… » murmurais-je doucement. « Laissons-les faire leur travail. Nous reviendrons demain matin. »

L’une des portes coulissantes s’ouvrit pour laisser passer des individus qui s’immobilisèrent en nous voyant. Le message était clair mais encore fallait-il que Balian accepte.
Balian Atraïde
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« Trouvé un compromis » …Des mots qui sonnaient étranges à mes oreilles, mais je ne doutais pas que compte tenu des circonstances Tyberr’Hyus ait été capable de mettre la Jedi en garde si elle ne prenait pas soin d’elle. A vue de nez elle semblait aller…Je ne pouvait soupçonner qu’il en fut autrement. Je ne pris pas garde au changement de la Force en elle, au chaos qui finalement s’était immiscé dans notre « lien » à travers Elle. J’étais trop préoccupé pour cela…Et j’étais incapable de me « battre » ou d’entrer dans une joute verbale avec See’Ryl sur sont état de santé. Elle était, après tout, assez grande pur avoir conscience de ses limites non ? Et je connaissais suffisamment son coté borné pour savoir qu’elle ne ferait bien que ce qu’elle désirait.

Ses doigts dans mes cheveux témoignaient de sa volonté d’être présente pour moi. Et je ne pouvais que la remercier pour cela, mais j’en étais incapable. Les mots ne venaient pas…pas pour cela du moins. Pas encore. A la place je ne sus faire qu’une chose…mettre un mot sur toute cette merde. Et celui qui me vint fut : échec. Et malgré le démenti de See’Ryl je ne pouvais pas me résoudre à la croire totalement. Les faits étaient là et le résultat aussi. La conséquence de ce fiasco était allongée sur une plaque de métal dans la pièce glaciale devant laquelle nous nous tenions. Un éclair de colère avait scintillé au creux de mes paupières. Pas contre See’Ryl. Mais bien contre moi-même. Je ne pus retenir mon sarcasme :

- Tu trouves que ce n’en est pas un ? Franchement je vois pas ce qu’il faut de plus. La mission de coffrer les membres de ce Cartel est une réussite…mais c’est trop cher payé…Nous n’en sommes même pas responsable de ce massacre. Et le meilleur des hommes que je connaisse dans cette foutue Galaxie de merde a perdu la vie.

Un beau merdier…je soupirais évacuant – en quelque sorte – ma colère et repris :

- Excuse-moi…Ce n’est pas contre toi.

Je ne voulais pas que See’Ryl s’imagine que je puisse la rejeter. Elle poursuivit sa quête de me réconforter ou du moins d’alléger ma peine…J’esquissais un petit sourire en l’écoutant…Elle venait de me promettre de m’aider à gérer le Clan en attendant que je sois prêt…Un homme d’honneur aurait probablement refusé. Mais en cet instant j’étais tout sauf un tel homme. J’avais baissé les bras…sans aucun scrupule…ni le moindre doute.

Elle s’était mise à la même hauteur que moi, posant un genou à terre, pour essuyer cette larme qui roulait sur ma joue.

- On dirait père…fis-je doucement face à ses propos et sa douceur à mon égard. Oui…c’était bien le genre de mots que Balérion aurait dit. Et je ne savais si c’était une bonne ou une mauvaise chose de constater que See’Ryl, en si peu de temps, l’avait perçu bien mieux que moi en quarante ans.

Je ne répondis pas de suite à sa suggestion de nous en aller. Je ne pouvais me résoudre à Le laisser seul. Mais je n’avais pas le droit d’entrer…pas seul…La porte coulissante s’activa, cédant le passage à notre ami des forces de l’ordre qui m’avait déjà sévèrement tapé sur le système précédemment. Il était accompagné d’une femme – charmante selon le commun des mortels - que j’avais entraperçu mais sans avoir qui elle était. Seule sa tenue trahissait sa position : corps médical. Assez grande, longiligne, ses cheveux noirs relevés en un chignon strict contrastaient avec le blanc de sa tenue. Elle me tendit une main que je ne pris même pas la peine de serrer alors que je me levais.

- Qu’est-ce que vous avez fait au corps de mon père ? fis-je vertement.

L’OPJ prit la parole :

- Sergent Atraïde, voici le docteur Cuddy, elle a effectué les examens externes sur le corps de la victime.

Je ne lui accordais pas un regard, mes yeux sombres plongés dans le noisette de ma « collègue ».

- Je vous répète…qu’avez-vous fait au corps de mon père ?

Campée sur ses longues jambes, dissimulées jusqu’aux genoux par une jupe droite, elle répondit avec un flegme affligeant :

- Vous n’êtes pas tenu de connaître les conclusions de cette levée de corps Monsieur Atraïde.
- Plait-il, fis-je en arquant un sourcil, elle commençait à me gonfler celle-là, C’est docteur Atraïde…je suis médecin…Et je vous ai posé une question, j'exige une réponse.

Elle eut un sourire pincé :

- Monsieur Atraïde (connasse), je suis médecin légiste…vous êtes le fils de la victime, rien de plus dans cette affaire.
- Je…
- Docteur ! S’exclama l’OPJ, Votre supérieur vous a pourtant ordonné d’être coopératif. Les conclusions médico-légales ainsi que le rapport d’autopsie – une fois que celle-ci aura eu lieu – vous seront transmis quand je le jugerai bon. En attendant tenez-vous en à votre rôle de fils…

- Autopsie…murmurai-je…je levais des yeux rageurs vers lui : vous avez besoin d’une…autopsie…pour…Mais enfin il n’y a pas besoin de dix ans de médecine pour poser une expertise sur les conditions de la mort de mon père !
- C’est la procédure…Et nous ne savons pas ce que votre père faisait là. Nous avons besoin de plus de détails. Peut-être est-il mort d’autre chose et que cette blessure fut faite après sa mort pourmasquer autre chose. Nous allons faire des analyses anatomo-pathologiques pour vérifier s’il ne souffrait pas d’une maladie ou s’il ne se droguait pas.

C’était trop pour moi :

- Vous osez insinuer que…Mon père ne se droguait pas ! hurlais-je
- Nous verrons. En attendant Sergent, laissez-nous faire notre travail. Ou je vous fais arrêter pour entrave à la justice !

Ils s’éloignèrent alors que je les fusillais du regard…

- Salopards…murmurai-je…

See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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J’en fus gré à Balian de ne pas chercher en quoi pouvait bien consister ce « compromis » qui, en vérité, tenait plus du chantage que d’un réel équilibre entre nos positions. Finalement, peu m’importait vraiment : j’étais là où je voulais, où je désirais être. Alors pour le coup, qu’importe qu’un interne ait la garde de mon sabre ? Surtout qu’il devait penser m’éviter des dégâts… Sans savoir que j’étais bien plus douée dans l’usage de la Force que dans le maniement du sabre. Un « détail » que j’avais « oublié » - volontairement ou non – de lui rappeler.

Mes doigts dans les cheveux de Balian intensifiaient notre lien doublement malmené par chacun de nous. Nous échangeâmes quelques mots et je ne bronchais pas à l’étincelle de colère qui illumina brièvement les prunelles sombres. Le sarcasme me glissa dessus comme de l’eau sur les écailles de n’importe quel animal aquatique.

-Ce qu’il faut de plus ? Le prix à payer aurait pu être infiniment pire, Balian. Le cartel avait un plan pour toi. Et il semble que cela incluait ton père.

Ouais… pas très… habituelle comme réponse, même venant de moi. Elle m’était venue naturellement et je n’avais rien fait pour la retenir. Le ton, en revanche, était parfaitement monocorde. Du grand art, m’est d’avis. Je fus surprise par les excuses qui ne tardèrent pas à suivre.

-Je sais, ne t’inquiète pas de ça.

C’était on ne pouvait plus vrai. Sa colère se dirigeait essentiellement sur lui. Balian culpabilisait d’ores et déjà pour la mort de son père… et je n’y pouvais rien tant qu’il refuserait d’entendre ce que je lui disais. J’en profitais pour lui promettre de le remplacer temporairement en attenant qu’il soit prêt à prendre la tête de son Clan. Il m’épargna un refus qui m’aurait forcé à négocier. Au lieu de cela, je me retrouvais un genou à terre, caressant sa joue tant pour l’apaiser que pour sécher ses larmes.

-Merci du compliment, murmurais-je avec un léger sourire.

Je ne bougeais pas de ma position tout comme je n’insistais pas pour partir aussitôt. J’avais lancé la corde, Balian avait besoin d’un peu de temps pour accepter l’idée. La porte coulissante s’activa dans mon indifférence totale… mais brève. Mon attention fut attirée par les deux présences que je perçus. Je me levais en même temps que Balian. Je reculais d’un pas… pour rapidement me réavancer, captant l’attention des deux individus.

-Je crois que faire preuve d’empathie envers le docteur Atraïde ne vous retarderait pas, soulevais-je. En tant que représentants de l’autorité judiciaire de la République, cela fait aussi partie de votre rôle.

-Vous êtes ? demanda le médecin.

-See’RylLun’SaAsho’Tye…, commençais-je. Et avant qu’elle n’ajoute quoique ce soit, je précisais : Maître Asho’Tye pour être précise.

Autant dire que j’en connaissais un rayon à propos de l’empathie… et du système judiciaire républicain. Ne serait-ce que parce que je travaillais parfois avec l’un de ses représentants. Mon regard se posa sur l’OPJ, aussi glacial que je pouvais l’être.

-Ce rapport, ce ne sera pas quand vous l’aurez décidé mais le plus vite possible. Je vous rappelle que je vous ai autorisé à accéder à la mémoire de mon droïde pour analyser les données qu’il avait recueillies… Dans le but d’être coopérative et de permettre d’accélérer quelque peu les recherches. Si cela est inutile, je peux aussi retirer mon autorisation et le mettre sous statut diplomatique… Arkanien, pas Jedi. Et vous savez que jamais mon peuple d’origine ne vous autorisera à toucher à un droïde sans que vous soyez passé par des années de bataille politique. En parallèle, ne me forcez pas à appeler votre supérieur pour accéder à ce que tout citoyen de la République a droit.

Jamais encore je n’avais été aussi directe dans mes menaces. En fait, je n’étais même pas certaine d’avoir un jour agit de la sorte… Je me sentais dans mon bon droit. Je revins au médecin légiste.

-Je ne doute pas que vos examens seront adéquats avec la dignité du défunt qui… je vous le rappelle, était un homme politique de haut rang.

Je soutins les regards et m’écartais pour les laisser passer. Je revins bientôt près de Balian, souriant à l’insulte dont il gratifia les deux individus à qui je venais de donner de quoi réfléchir un peu. Je n’avais pas fait dans la dentelle… et n’en avais cure. Je glissais ma main dans celle de Balian.

-Tu es prêt ?

Balian Atraïde
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J’avais laissé See’Ryl expliquer certaines choses à cet OPJ et la pimbêche qui lui servait de médecin légiste. Je n’avais aucune confiance en cette femme. Et j’espérai au moins qu’elle saurait faire cette autopsie dans les règles de l’art. Il était assez jouissif de voir mon amie se défouler sur ces ceux âmes qui ignoraient à qui elles avaient affaire visiblement. Je l’écoutais assener coup sur coup, prenant ma défense et réclament que le corps de mon père soit respecté. Je fus surpris de l’entendre dire « un homme politique de haut rang »…Je n’avais pas perçu mon père sous cet angle, et pourtant ce n’était pas faux.

J’avais pris le parti de les insulter lorsqu’ils se détournèrent de nous. J’aurai pu les incendier davantage mais je n’avais même pas le cœur à cela. En cet instant je n’avais qu’une envie…oublier. Et puisque je ne pouvais rien faire de plus pour mon père ce soir…je décidais de suivre See’Ryl.

- Sortons d’ici…

Je gagnais l’élévateur, moi qui ne voulais pas laisser mon père « seul » j’étais désormais pris d’une envie de quitter cet endroit, de sortir de la base. Ho je ne comptais pas aller bien loin…un bar ferait bien l’affaire. Je ne pris même pas garde, à la sortie de l’ascenseur, à mes hommes qui s’écartaient sur mon passage alors que je fendais leurs rangs. Je tâchais de faire abstraction aux regards désolés ou effarés qu’on pouvait me jeter. Finalement, les portes du sas d’entrée s’ouvrir sur nous et je pris une grande inspiration, emplissant mes poumons d’air frais.

J’avais une idée bien précise sur ce que je voulais. Aussi See’Ryl ne sera pas étonnée de me voir pousser la porte du premier bar que nous rencontrâmes. L’ambiance était tamisée, dans un style un peu vieillot, avec des vieux holo-portraits de héros d’holo-films qui avaient mal vieillis. Je pris place au fond de cette gargote…dans le coin le plus sombre. Je posais mes coudes sur la table et parus réfléchir quelques instants. Finalement je relevais la tête vers See’Ryl que j’avais entrainé avec moi. J’observais la jeune femme repensant à ses propos à l’OPJ et la greluche…Ce genre de répliques n’étaient pas vraiment dans son habitude…

- Tu es sûre que ça va aller pour toi ?

Un droide s’approcha de nous pour prendre notre commande. Je m’entendis demander :

- Whisky…
- Quelle préférence av…
- Peu importe…

Voilà où j’en étais à cet instant. Je ne buvais jamais de whisky, j’étais plus porté sur la bière. Mais je n’avais qu’une seule volonté, oublier…oublier que tout ceci était arrivé.

- C’est un cauchemar…et je vais me réveiller…N’est-ce pas ? Finis-je par demander à mon amie Jedi qui me faisait face.

C’était la seule explication logique pour mon esprit tourmenté…


See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Plus tard, éventuellement, je me poserais la question de mon comportement pas vraiment normal. Peut-être. Pour l’instant, j’étais carrément satisfaite de ce qu’il venait de se passer. J’étais aussi consciente que je venais d’ajouter une ligne à ma réputation mais qui irait croire que l’iceberg avait manifesté une quelconque émotion ? Peu de gens en définitive. Qu’importe, ce n’était pas le sujet principal de mes préoccupations. Je tenais à ce que l’OPJ et le légiste comprennent qu’ils ne pouvaient pas agir comme s’il s’agissait d’une affaire déjà réglée. S’ils n’avaient pas compris que les Jedis avaient un pied dans l’affaire, le rappel avait été rude.

Je soupirais alors qu’ils se détournaient de Balian et moi. Je venais de leur offrir de quoi discuter et méditer. Il leur serait aisé de retrouver mon identité… deux minutes en lisant leurs rapports. S’ils creusaient, cela serait une autre histoire. C’était compliqué de trouver des infos sur moi… Au-delà même de l’Ordre… Là, j’étais prête à mettre ma main à couper qu’ils chercheraient qui pouvait m’offrir un statut diplomatique Arkanien… Je leur souhaitais de bien s’amuser. J’eus un léger mouvement de tête quand Balian accepta de sortir et le suivi en silence. Je n’allais pas épiloguer sur ce qu’il venait de se passer.

Au passage, je saluais discrètement les personnes que nous rencontrions. Là aussi ce n’était pas vraiment normal mais que pouvais-je vraiment y faire ? Une fois dehors, je plissais les yeux… Par habitude, remarquais-je. Parce que pour le coup, je n’avais pas besoin de mes lunettes… Un miracle s’il en était. Je n’eus pas l’occasion de réfléchir plus en avant à ce sujet, me retrouvant encore à suivre Balian vers une destination qui m’apparu bien assez tôt : un bar. J’aurais dû m’y attendre, en vérité. Je gardais le silence et m’installais non loin de Balian. A la fois proche et assez éloignée pour protéger son espace personnel. Je considérais rapidement les lieux, finissant par hausser un sourcil à la question qu’il me posa bientôt.

-Oui, oui, répondis-je précipitamment mais avec sincérité. Quelques plaies par-ci par-là…

En fait, je n’avais aucune idée de ce que j’avais. L’interne m’avait soignée et je n’avais aucun souvenir de ce que j’avais pu regarder… Si tant est que je l’ai fait à un moment. Le droïde m’interrogea en silence et je passais mes doigts dépourvu de gants dans mes mèches. Hum… une bonne douche, parce que le produit médical ne plaisait pas vraiment à mon odorat. En désespoir de cause…

-Pour l’instant…de l’eau. Beaucoup d’eau. Fraîche. On verra le reste plus tard.

Ouais, ce n’était pas vraiment un bon moyen d’accompagner Balian… Pour ma défense, je mourrais de soif, m’abreuver n’avait pas été dans les priorités à mon arrivée. Le droïde s’éloigna. Nouvelle question de Balian qui m’arracha un soupir navré.

-Non… Je crains que non… Tout cela est on ne peut plus réel, je suis désolée.

Je ne pouvais pas lui mentir ou chercher à atténuer sa peine avec quelques mots qui seraient vides de sens pour lui. J’aurais voulu pouvoir l’apaiser plus que je ne le faisais déjà… Je me souvenais du deuil de Siela et d’Aquilus. Rien… Absolument rien n’avait pu m’apaiser réellement. Hormis le temps. Doucement, je posais ma main sur la sienne.

-Je suis là.

C’était probablement vide de sens aussi. Cependant, j’étais sincère. J’étais tout à fait prête de passer les jours, les semaines qui s’annonçaient avec lui. Le droïde revint et posa notre commande devant nous. J’attirais brusquement mon verre pour le vider et le remplir encore. Je mourrais de soif. Littéralement.




Balian Atraïde
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Le droïde s’était éloigné pour chercher nos commandes…Les coudes sur la table, je passais négligemment ma main dans mes cheveux platines en soupirant. Mes pensées s’entrechoquaient dans mon esprit et j’avais l’impression de sombrer au plus profond des abysses.

Demeurant silencieux, je ne savais pas quoi dire…Encore moins oser lever les yeux vers See’Ryl…Rivés sur la surface usée de la table où nous étions assis, je dérivais dans mes souvenirs. Ce fut le retour du droïde de service qui me tira de mes sombres pensées. See’Ryl, bien plus raisonnable que moi s’était décidée pour de l’eau. Moi j’avais opté pour quelque chose de fort. Me saouler était une idée des plus alléchantes. Cela me permettrait d’oublier.

J’attrapais mon verre d’une main, le levais en guise de « santé » et je bus une gorgé. Le liquide à la couleur solaire descendit le long de mon œsophage, brûlant au passage l’intérieur de ma bouche, et se déversa dans mon estomac. Je ne pus réprimer une grimace. Bordel que c’était fort…Je n’avais pas l’habitude. Le goût n’était vraiment pas au rendez-vous. Mais peu me chaux. Je voulais oublier… Une sensation de chaleur envahis soudainement mon corps…Les premiers effets de cet alcool peu avenant faisaient leur office.

Parfait…

Une seconde gorgée…puis une troisième. D’un geste je commandais un autre verre…Il fut descendu aussi rapidement que le premier. Au troisième, je demandais au droïde de laisser la bouteille et d’aller voir ailleurs si j’y étais. Une vibration de la part de mon datapad me fis grommeler. Qu’est-ce qu’on me voulait encore ? Pas moyen de picoler en paix. Je l’extirpais de ma poche et activais la notification qui venait de se déclencher. Je venais visiblement de recevoir un colis. C’était vachement le moment…hein…Rien à foutre…J’aurai préféré un message d’Halex…D’ailleurs je n’avais aucune nouvelle d’elle. Où était-elle ? Que faisait-elle ? Pourquoi ne me disait-elle rien ? D’un geste agacé j’éteignis le datapad, le mettant sur « silencieux » et le remis à sa place…Je ne répondrai à rien ni personne ce soir. Exit le médecin prévenant et disponible. J’avais assez donné.

Ce fut à ce moment-là…dans un soupire où se mêlèrent les premiers relents d’alcool que je décidais de relever la tête. Ivre ? Pas encore…mais cela ne saurait tarder. Je ne tenais de toute façon pas l’alcool. Ce n’était pas un scoop. Mes yeux fatigués, asséchés et légèrement bouffis en raison des larmes que j’avais déjà versé se posèrent sur mon amie. Désignant son verre et tenant ma bouteille de ma main verte légèrement tremblante, je lui demandais silencieusement si elle souhaitait rester à l’eau où si elle allait se décider à entrer dans la cour des grands ?

Je n’avais toujours pas décroché un mot…je ne savais pas quoi lui dire…Mes questions demeuraient sans réponse pour l’heure, ou du mois les réponses ne me plaisaient pas…Et je n’étais pas prêt à les accepter. Inutile donc que je me foute en rogne et que déchaine ma colère sur la mauvaise personne. See était mon amie. Elle avait mis sa vie en danger pour m’aider. Elle connaissait mon père et je savais qu’elle l’appréciait, tout comme lui envers elle.



See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Un verre. Deux verres. Trois verres. Je les buvais bien plus rapidement que Balian… Mais à la différence, c’est que moi, je tournais à l’eau. J’avais bien vu la grimace à sa première gorgée d’alcool, me souvenant très très vaguement d’une éventuelle information comme quoi il ne tenait pas bien. Ceci dit, j’étais très loin d’en être certaine… Du coup, je partais du principe qu’il saurait quand s’arrêter, non ? En désespoir de cause, le droïde laissa la bouteille d’alcool, m’octroyant au passage une carafe d’eau qui connut un sort rapide et sans douleur. Finalement, ma soif s’atténua enfin et d’un geste, je demandais de quoi grignoter. Je n’avais pas spécialement envie de manger mais mon corps le réclamait. Après des années d’expérience et d’entraînement, alors même que ma maîtrise de moi semblait s’être fait la malle, je gardais certains réflexes. Bons ou mauvais, telle n’était pas la question.

L’assiette fut déposée devant moi, je la poussais entre Balian et moi pour l’inviter à grignoter un peu… tout en ne me souciant pas qu’il le fasse. Le médecin prévenant et disponible n’était pas le seul à être en grève : la Jedi aussi, visiblement. Je m’en moquais comme de ma première bure, c’était dire. Mon regard navigua rapidement autour de nous. Légion était immobile derrière moi, telle une ombre protectrice et silencieuse. Les autres « convives » s’occupaient de leurs affaires dans leur coin. Personne pour nous observer… Ou du moins, m’observer moi… Ma tenue vaguement militaire devait y être pour quelque chose, à la réflexion.

Je captais le regard de Balian et son défi silencieux. Quelque chose me disait que je n’allais pas entendre sa voix avant un bout de temps. Je respectais ce choix. Je ne pouvais pas lui en tenir rigueur : moi-même je ne savais quoi dire. Alors en guise de réponse, je poussais mon verre dans sa direction. Probablement pas la meilleure idée du siècle. Pour ma défense… Et bien c’était comme pas mal de chose ce soir-là : cela me passait bien au-dessus du crâne. J’avais beau partager le deuil de Balian, il y avait des choses qui n’avaient plus la moindre importance….

Et cela commençait par un verre d’alcool, pourtant fort peu toléré par l’Ordre. Durant un instant, j’imaginais ce qu’il se dirait si jamais on me surprenait ainsi… Je pouffais en imaginant la tête des membres du Conseil. Les autres Jedis se contenteraient d’ajouter une ligne à la liste interminable des raisons qui faisaient de moi un « mauvais » Jedi.

-Qu’ils aillent se faire foutre.

Quid de la politesse et de la retenue qui étaient les miennes habituellement. Je levais mon verre et, sans prendre le temps de ne serait-ce que sentir l’alcool ou le contempler, j’avalais cul sec… La seconde suivante, je grimaçais.

-Tu es sûr que c’est buvable ? Je pourrais m’en servir pour décaper un droïde centenaire tellement c’est corrosif.

Reposant le verre, je demeurais perplexe. La brûlure de l’alcool avait été présente, je ne pouvais le nier même si elle avait été moindre par rapport à celle qui semblait envahir mes veines au fil des minutes ou à celle que j’irradiais, inconsciente que j’étais d’avoir été brûlée. Ce qui me plongeait, pour l’instant, dans un abîme de question, c’était l’absence d’effet… Je n’étais pas une habituée de l’alcool. En toute logique, j’aurais dû ressentir quelque chose… un minimum. Mais là… Rien… rien de rien. A la limite, l’eau fraîche m’avait fait plus d’effets.

D’une main, je récupérais de quoi grignoter. Mon attention s’attarda brièvement sur mon absence de gants. Je n’étais, finalement, que peu habituée à voir mes mains nues. De l’autre, la plus faible, je poussais mon verre dans la direction de Balian. Puisque visiblement j’étais immunisée, autant continuer à l’accompagner, non ?


Balian Atraïde
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Les yeux rivés sur mon verre, j’observais le liquide ambré qui y reposait…avant que je me décide de le boire. L’alcool glissa dans ma gorge, brulant mon œsophage au passage, avant de se déverser dans mon estomac. Je grimaçais de nouveau…Bordel que c’était fort…Il ne vint pas une seule seconde à l’esprit que je ne tenais pas l’alcool. Par conséquent j’allais sans aucun doute commencer à en ressentir les effets. Surtout à la vitesse que je descendais mes verres.

See’Ryl enchainait les verres d’eau, avant de finalement commander une assiette apéritive où se retrouvaient une petite composition de biscuits secs salés et des fruits à coque. Je levais les yeux vers la Jedi lorsqu’elle se décida à passer à l’alcool. Non pas que c’était surprenant de la part d’un Jedi. Elle avait vécu l’enfer ce soir. Essayer de penser à autre chose était parfaitement naturel, et normal. Sa remarque sur le fait que le contenu de la bouteille ressemblait plus à un décapant pour droide m’arracha un faible sourire. Je n’avais guère le cœur à la plaisanterie ce soir.

- Ce ne serait pas impossible qu’il ait le double emploi, répondis-je dans un souffle en parlant du whisky qui trônait sur la table.

Combien de temps s’était-il écoulé depuis que nous étions entrés dans ce bar ? Je ne savais plus vraiment…Une heure peut-être ? Mes pensées se bousculaient dans ma tête…nous étions loin de la bienséance et de la morale qui incombaient à nos fonctions…Qu’importait. Je grignotais machinalement un fruit à la coque inconnu. Voyant le geste de mon amie, qui implicitement venait quémander une nouvelle dose d’alcool, je saisis la bouteille et servis un nouveau verre à See’Ryl, sans omettre le mien. Je n’étais pas là pour expliquer à See’Ryl les risques qu’elle encourait à me suivre dans la boisson. Elle était bien assez grande pour connaître ses limites…A moins que – comme moi – elle ait décidé de noyer toute forme d’émotion dans l’alcool.

L’alcool commençait à embuer mon esprit alors que les rasades s’enchainaient. Je me sentais de mieux en mieux…J’étais encore suffisamment conscient pour réaliser que cet état euphorisant résultait de de la libération de dopamine dans le cerveau. La souffrance, aussi bien physique que psychologique, que je ressentais jusque-là s’évanouissait petit à petit. En effet, l’alcool exerce un effet anesthésique et analgésique sur notre système nerveux, c’est à dire qu’il est capable de diminuer la sensation de douleur. Pratique quand on souhaitait occulter ce genre de chose.

Je savais que plus ma consommation allait augmenter, et plus j’allais me retrouver dans un état second. Consommé en excès, l’alcool inhibe ainsi le fonctionnement neuronal, il l’anesthésie… Et les capacités du cerveau sont altérées : le jugement, le discernement, l’attention, la concentration, mais également la coordination motrice, l’équilibre, l’orientation dans l’espace, l’élocution, etc.

Qu’importait en cet instant…

- Je crois…indiquai-je en articulant au mieux…que je suis bourré…(sans blague). Je plane…grave.

La porte du bar s‘était ouverte, cédant le passage à un type que j’identifiais en une fraction de seconde comme appartenant à l’Ordre…Je ris débilement…et reprenant une gorgée de mon verre je fis à l’attention de See’Ryl :

- Attention… Jedi en approche…Prépare-toi à prendre un sermon…On va se prendre une rame…Oui mon vocabulaire était quelque peu plus « dans l’ère du temps » car quand on est bourré on rajeunit…Vous l’ignoriez ? Frottant mes sinus (les habitudes persistaient), je vins me caler, tout en grignotant un biscuit salé, et j’eus un geste, comme pour annoncer un début de round de boxe lorsque le Jedi vint se camper devant nous.

- C’est parti ! fis-je mi- enjoué, mi- sarcastique.




See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Je ne doutais pas que Balian n’allait pas tarder à ressentir les effets de l’alcool. Je n’étais pas très au fait de ce genre d’état ou même de pratique. Lorsque j’acceptais le défi silencieux qu’il m’avait lancé, je soutins son regard comme pour lui demander silencieusement s’il s’était attendu à ce que je refuse. Je n’avais aucune raisons de le faire… En temps normal, j’en aurais probablement… mais là, aucune ne me venait à l’esprit. La première dégustation me fit regretter mon choix. Presque regretter. Je me promis mentalement de ne pas oublier que cet alcool pourrait aider un prochain décapage de droïde. S’il pouvait me simplifier la vie, je n’allais pas m’en plaindre. Je grignotais vaguement sans chercher à entretenir une conversation qui, de toute manière, n’existait pas. Ni Balian ni moi n’étions d’humeur à converser.

J’avais vaguement conscience que je devrais le réconforter mais aucun mot ne se décidait à franchir la barrière de mes lèvres. Y compris pour lui demander un deuxième verre. Peut-être finirais-je par comprendre pourquoi je n’étais pas d’humeur à remplir le rôle de la « bonne Jedi ». En attendant, boire me semblait une option tout à fait viable. Tout en contemplant mon troisième verre, je tâchais de rassembler mes pensées qui, depuis la sortie de l’entrepôt, se faisaient la malle dans tous les sens. Les mots de Balian me firent revenir à l’instant. Je penchais la tête avec un sourire en coin.

-Tu crois ?

Personnellement, c’était une certitude qu’il l’était. Du moins le croyais-je. Quant à moi, j’étais dans un sale état. Avec ou sans alcool. C’était probablement dû à ce que l’interne m’avait injecté… J’étais bien loin d’imaginer que j’étais purement et simplement droguée au-delà du tolérable pour un simple mortel. L’alcool n’arrangeait rien mais ne changeait pas grand-chose non plus… Je grignotais, retournant à mon introspection relative alors que mon ami me signalait l’arrivée d’un Jedi. Il ne manquait plus que cela. Mon soupir dû s’entendre jusqu’à l’autre bout de Coruscant. S’il y avait bien une chose que je ne voulais pas, c’était me farcir mes congénères et collègues. Pourquoi ne pouvaient-ils pas attendre demain pour me prendre la tête ?

-Maître, docteur…

On y était. A peine deux mots qu’il me gonflait déjà. Je levais mon regard blanc, dénué de mes lunettes – fondues- vers lui. Il se raidit, pas le moins du monde habitué à me voir sans mes artifices habituels. Seuls mes cheveux noirs lui étaient coutumiers. D’un vague geste de ma main droite dépourvue de gants – fondus eux aussi – je l’autorisais à parler. Pour les salutations, on repassera.

-Je viens de la part de Maître Waray. Le Conseil a été informé de l’incident d’aujourd’hui.

-Et aimerait m’interroger, le coupais-je.

Il acquiesça d’un bref mouvement de tête. Je pouvais aisément lire la désapprobation dans son attitude.

-Non, lâchais-je avant de boire une gorgée

-Non ?

-Je n’ai pas envie d’être le chien du Conseil qu’il peut siffler dès qu’il se fait chier… Pas très diplomatique ça, See’Ryl.Donc non. Mon rapport attendra. Mon interrogatoire aussi. Luke est tout à fait capable de répondre à leurs questions en attendant.

Et pour souligner mes mots, je terminais mon verre. Il eut claquement de langue.

-Je constate que vous avez oublié vos obligations en tant que Jedi. Ce n’est pas étonnant compte tenu de votre passif.

Il ne fallait pas sortir de la Haute Académie Militaire pour savoir de quoi il parlait. Je ne répondis pas, me contentant de caler mon menton dans ma paume pour pouvoir le contempler, un sourire dansant sur mes lèvres. S’il pouvait savoir combien je m’en foutais de son sermon… il ne perdrait pas plus de temps.

-Dois-je aussi vous rappeler que les excès sont proscrits au sein de l’Ordre ? Vos manquements se multiplient, Asho’Tye. Cela ne va pas arranger mon dossier.

Un léger rire se fit entendre.

-Comme s’il était possible qu’il s’arrange. Je n’ai pas le bonheur de faire partie de ces Jedis qui peuvent massacrer des gens sans êtres inquiétés. Alors pourquoi me faites-vous chier avec mon dossier qui, de toute manière, restera pourri jusqu’à la fin de mes jours simplement à cause de ma planète natale ?

J’avais décidé de me foutre de tout. Enfin « décidé » était relatif. En vérité, rien n’aurait pu m’empêcher de dire ça et de balancer l’un des dossiers connus par l’Ordre seul tout en envoyant chier le messager. Je savais qu’il irait tout répéter, comme le bon lèche-botte qu’il devait être. Il n’y avait qu’à voir son air supérieur pour le comprendre. A un autre moment, j’aurais sans nuls doutes trouvé des arguments pertinents… comme le fait que je devais être présente pour Balian… ou que je devais moi-même faire face à ce qu’il s’était passé. Pas maintenant. Devant le silence désapprobateur et saupoudré du mépris habituel, je perdis le peu de patience qui pouvait encore me rester.

-Avez-vous besoin que je me répète ou vous parviendrez à vous en souvenir jusqu’à l’holo ?

Devant son silence, je répétais.

-Non, je ne viendrais pas. Mon rapport et le Conseil attendront. Luke pourra répondre à leurs questions. Je claquais mon verre sur la table et, finalement, me dressais devant le Jedi. Et vous pouvez ajouter que si le Conseil appliquait les préceptes Jedi comme il me l’impose, il se soucierait de ma santé avant de vouloir m’interroger.

Ah !! Un peu de raison semblait m’être revenue. J’allais ajouter quelque chose quand Légion me coupa.

-Administratrice, dois-je communiquer les données au Conseil ?

-Fais-le. Et accompagnes-le du rapport préliminaire du Docteur S’Trasza… Histoire que l’on ne me soupçonne pas de mentir.

Je n’avais même pas lu ce que l’interne de Balian avait bien pu écrire sur mon état. Un petit son m’indiqua que les informations étaient envoyées. Autant ne plus perdre de temps avec le Jedi devant moi.

-Dégagez. Le Conseil devra se contenter de ce qu’il a pour le moment.

En moins de dix minutes, je venais de rajouter une couche de problèmes à ceux qui existaient déjà… Et je m’en foutais comme de ma première bure.

Balian Atraïde
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-Maître, docteur…
- M’sieur le Jedi…(manquait de subtilité ca…mais je n’étais plus assez frai pour ce genre de choses).
-Je viens de la part de Maître Waray.
- Connais pas… (quand on est con on est con…et quand on veut jouer…ben c’était encore pire)
- Le Conseil a été informé de l’incident d’aujourd’hui.
- Ben voyons…
-Non

Bon ben ca c’était fait…hop emballé c’était pesé, au suivant ! Je bus d’une traite le reste de mon verre pour m’en resservir un autre, et me callai bien au fond de mon siège, dans une posture des plus nonchalante pour mieux « admirer » le spectacle. See’Ryl allait n’en fait qu’une bouchée du blanc-bec de Jedi que le fameux Maitre Waray nous avait envoyé sur demande express du Conseil…haha…la bonne blague.

Je ne fus pas déçu de la suite, et je prenais un malin plaisir à compter les points….enfin…du mieux que je le pouvais, car avec tout l’alcool que je venais d’ingurgiter j’avais tendance à voir double ce qui n’aidait en rien mon calcul.

Je ne relevais pas ce que chacun disait, entre le Jedi qui était d’une mauvaise fois affligeante et See’Ryl pas vraiment dans son état normal, nul doute que la conversation allait faire des étincelles sous peu.

-Dégagez. Le Conseil devra se contenter de ce qu’il a pour le moment.

Cette fois j’en avais marre. Je levais la tête vers le Jedi et fis avec un certain dédain :

- T’as entendu gamin…Maître Asho’Tye t’as demandé très explicitement (c’était le moins qu’on pouvais le dire) de sortir d’ici et de nous foutre la paix.

Il resta planté là, mes prunelles noires vinrent le mettre au défi :

- Je ne sais pas ce qu’on vous apprend coté stratégie…Mais au cas où tu ne l’aurais pas remarqué gamin…t’es en infériorité numérique…On est deux, plus un droïde…Sans vouloir remettre en doute tes capacités de Jedi…t’es dans la merde quand même.(ok...c'est du bluff total! Et...Oui quand j’étais énervé et bourré mon langage devenait…moins subtile que d’ordinaire).

Mon regard noir planté dans celui du Jedi, j’étais on ne pouvait plus clair sur le fait que je n’étais pas non plus à prendre avec des pincettes. J’imagine qu’il le comprit, le Jedi tourna les talons et quitta les lieux. Et pour fêter cela…un verre de plus !

Quelle différence à ce stade.



**



L’heure de fermeture avait sonné et le barman nous avait « poliment » jet…demandé de bien vouloir regagner nos pénates.

Il était surprenant de constater qu’un fois qu’on est ivre nous sommes pris d’un accès d’euphorie qui peut être particulièrement absurde. Dans ces moments vous êtes souvent pris d’une profonde envie de chanter, et lorsqu’on est militaires, les rares chants que l’on connait…ce sont les chants patriotiques. Vous savez, ceux qu’on vous oblige à chanter tout en marchant au pas pendant des heures en "formation Peloton" au mieux…au pire en "formation Compagnie"… (un calvaire pour que tout le monde reste au pas !).

Je n’avais jamais été celui communément appelé « l’élève chant » en charge de donner le « ton » pour lancer le chant. Et bien ce soir…si.

« Petit papa voici mi-Helona,
Car te voici déguisé en soldat
Petit papa dis-moi si c'est pour rire,
Ou pour faire peur aux tout petits enfants ?
-
Non mon enfant je pars pour la patrie,
C'est un devoir où tous les papas s'en vont,
Embrasse-moi petite fille chérie,
Je rentrerai bien vite à la maison.
-
Dis-moi maman quelle est cette médaille,
Et cette lettre qu'apporte le facteur ?
Dis-moi maman, tu pleures et tu défailles
Ils ont tué petit père adoré ?
-
Oui mon enfant ils ont tué ton père,
Pleurons ensemble car nous les haïssons,
Quelle guerre atroce qui fait pleurer les mères,
Et tue les pères des petits anges blonds. »


Et bien que l’ensemble soit assez juste, il m’était cependant bien difficile de garder une certaine stabilité physique. A moins que ce ne soit le sol qui soit en mouvement ? Impossible.

Bref…Il n’était peut-être pas utile que je me donne en spectacle face à toute la caserne, ni même que je réveille tout l’immeuble ou je créchais…Je me laissais guider par See’Ryl qui n’était pas dans un état des plus reluisant…Seulement allez savoir pourquoi c’était moins flagrant chez elle…

Heureusement Légion n’avait pas bu…en même temps…c’était un droide…(quelle logique Balian !)



See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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En entendant le salut de Balian envers le messager, je haussais un sourcil. Ok, il était saoul… Je m’en doutais depuis un moment mais je venais d’en avoir la confirmation. Peut-être devrais-je… intervenir ? Je retins un rire : non. Je trouvais ça assez marrant. Je devais aussi avouer que je n’en avais strictement rien à faire. En l’état, le Jedi serait venu m’annoncer que je passais en jugement, j’aurais eu la même réaction. Ce soir, plus rien n’avait d’importance… En dehors du fait d’être là avec Balian.

-Maître Waray siège au conseil, précisais-je bien inutilement.

Une information dont le Mirialan devait bien se foutre. A raison, d’ailleurs. Avait-on idée de convoquer un Jedi en convalescence ? Même si ce dernier avait « déserté » l’hôpital et passait sa soirée à boire… Au fil de l’échange, Balian s’installa comme pour assister à un match de je ne savais quel sport de combat. Or, je ne comptais pas me battre. Je n’étais pas en état… à la fois pour garantir ma sécurité mais, surtout, pour éviter d’irrémédiablement blesser le pauvre messager. Enfin pauvre… Il se pensait sûr de son bon droit, légitime dans son mépris… La base quand je devais réellement traiter avec mes congénères. On avait ici un excellent exemple de ce qu’était ma vie… Quand je disais que j’étais un chien que l’Ordre sifflait quand il en avait envie…

Finalement, je chassais le Jedi. Un sourire s’épanouis sur mes lèvres quand Balian se décida à intervenir pour accentuer ce que je venais de lui dire. La suite… provoqua un rire amusé que je ne cherchais même pas à retenir. Clairement amusé par la situation et tout autant clairement aidée par les drogues et l’alcool. Mon rire s’accentua lorsque le messager nous quitta. Je n’avais probablement jamais autant ris de ma vie ou du moins, aussi longtemps. Mon verre se retrouva près de celui du Mirialan. Il ne comptait tout de même pas boire sans moi ?

****

Nous étions dehors, mis à la porte par l’heure de fermeture – bien trop précoce – du bar où nous avions élus domicile. Je n’avais pas protesté, soutenant Balian jusqu’à être dans la rue où je l’abandonnais aux bons soins de Légion. J’étais capable de marcher droit – encore – mais pas de le soutenir. Fallait pas pousser… En revanche, dans un éclair de génie, je réalisais qu’il n’était pas vraiment bienvenu que nous nous pointions à la caserne… Notamment parce que mon compagnon avait visiblement décidé de réveiller tout le quarter avec un chant militaire. La bonne idée que voilà… Je lui demandais vaguement de se taire d’un geste ignoré. Tant pis.

-Légion… Trouves nous un endroit où dormir… Pas trop loin, je ne suis pas sûre que Balian reste debout encore longtemps.

La minute qui suivit, j’avais la preuve que la programmation de Légion était excellente – si tant est que j’ai pu en douter : au lieu de me donner la destination, il nous guida, ne s’arrêtant que quand je déviais de la route pour acheter… de l’alcool. Ouais, j’en avais envie et puis je tenais encore debout, moi. Le sac donné à Légion, je pu à peu près faire notre réservation face à un TwiLek désabusé. A croire que nous n’étions pas les premiers soulards à venir chez lui. Sa question quant au nombre de chambre fut chassée d’un geste. Une seule chambre, ça irait.

Arrivée à destination, je soupirais lourdement puis m’écarter pour laisser passer le duo le plus improbable de la planète.

-Elle était pas gaie ta chanson.

Il n’y avait pas eu le moindre temps de latence entre son chant et ma remarque. Pas du tout même. Je passais une main dans mes cheveux et grimaçais.

-Je vais prendre une douche. T’as pas intérêt de commencer les bouteilles avant mon retour. Sinon je t’étripe.

C’était une bonne idée, non ?

Balian Atraïde
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See avait tenté de me renseigner sur le Maitre War-machin – j’étais trop saoul pour retenir un nom d’un sinistre jedi dont je me foutais éperdument en cet instant. Elle remballa bien copieusement le jedi, et j’en rajoutais une couche. Le pauvre fut littéralement expulsé vers la sortie du bar. Nous n’étions pour personne ce soir…pas même les Jedis…

Nous nous étions retrouvés également flanqué à la porte à la fermeture du bar. Nous étions déjà bien entamés – surtout moi à dire vrai – et il fallait trouver un endroit pour pioncer. Et c’est sur mon chant et ma démarche incertaine, et certainement pas au pas que nous nous mîmes en route. Non sans nous arrêter en chemin pour prendre un peu de ravitaillement.

J’avais copieusement négligé le reste de See’Ryl qui me sommais de baisser d’un ton dans mon chant…Pour une fois que je me donnais en spectacle. Forcement ce qui devait arriver…arriva…Et quelques « gentillesses » fusèrent par des sas et des baies vitrées ou autres ouvertures, me demandant sans vergogne de bien vouloir « fermer ma gueule » car je les cite « certains voulaient dormir car ils bossaient le lendemain ».

Et alors ? Keskevouvouléke sa me fasse à moa hein ?

Bordel !

J’étais si absorbé dans mon chant et mes réponses à l’encontre de ces malotrus incapables de comprendre ma performance en matière de chorale, que je ne réalisais même pas que légion nous avait mené à destination sans encombre – un miracle ! See’Ryl qui avait encore un soupçon de contenance sut gérer notre réservation, et nous gagnâmes une chambre peu reluisante, mais ça fera bien l’affaire pour cette nuit. J’aurai pu dormir par terre que cela ne m’aurait pas gêné de toute manière.

Légion m’aida à m’assoir (vautrer serait plus exact) sur un lit dans lequel je me sentis m’enfoncer en raison d’un manque cruel de fermeté de l’ensemble. Probablement pas une sollicitation extrême…allez savoir. A la remarque de See sur la gaité de ma chanson, je répondis avec amertume :

- Nan…en effet…Elle n’est pas faite pour être gaie. Et encore…la suite est pire…mais…j’ai oublié certains couplets.

Ce chant était une sorte d’hommage pour montrer que la guerre impactait les vies des proches de ces soldats qui donnaient leurs vies pour combattre les ennemis de la République. Mais dans cette mélopée bien triste, résonnaient des mots de revanches, et de soutiens pour ces familles qui souffraient eux aussi des conséquences de ces conflits. C’était cela que j’avais essayé de démontrer lors du procès Kira…Je soupirais…perdu dans mes pensées, j’en fus extirpé par les propos de See’Ryl qui m’indiqua qu’elle voulait prendre une douche. A cette heure-ci ? Quelle idée…Il fallait dire qu’avec les relents d’alcool on ne devait pas sentir la rose…L’idée n’était finalement pas si mauvaise…

Ses menaces ne m’atteignirent même pas…m’étriper ? Bof…J’entendis le bruit de l’eau, preuve que See’Ryl avait débuté sa douche.

- Laisse-moi de l’eau chaude ! Beuglais-je soudainement…j’en prendrai une aussi…

Je saisis le sac que tenais légion, et sortis une des bouteilles pour voir ce qu’elle avait acheté…Des bases, de quoi se saouler…Je gagnais le coin où se trouvait le frigo…y’avait bien des verres qui trainaient quelque part…On avait beau être bourrés, pas question de picoler directement à la bouteille…Il y avait encore un peu de retenue dans mon ivrognerie.

See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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A peine avions-nous fait quelques pas hors du bar que le moindre souvenir du Jedi et de son message était passé… je ne savais où. Et comme je ne me rappelais pas… Ben je m’en moquais…. Encore plus que je ne l’avais fait face au pauvre messager. Autant dire que les enregistrements de Légion seraient d’une grande aide… Plus tard. Un jour. Eventuellement. Peut-être. En attendant, je devais faire un véritable effort pour me focaliser sur le présent et Balian qui chantait à tue-tête, tout-à-fait inconscient que certains de ses spectateurs involontaires pouvait l’honorer de quelques trophées… totalement différents des insultes qui étaient balancées par les fenêtres. Ceci dit, il fallait pas compter sur moi pour le protéger. La Force était boudeuse ce soir. Etrangement, le Jedi était passé à la trappe mais je me souvenais très bien d’avoir été incapable de l’utiliser face à ce foutu interne.

Bon gré mal gré, en dépit de mes réflexions aussi volubiles que les réponses de Balian à ses spectateurs, Légion nous conduisit à bon port. Enfin bon… tout était relatif. Les lieux étaient décents au moins. J’avais déjà vu infiniment bien pire mais aussi bien mieux. Je jetais un regard à un Mirialan écroulé dans le lit avec la grâce d’un Hutt.

-Ils auraient probablement préféré une chanson grivoise… C’est quoi déjà celle que chantaient les bleus la dernière fois que je suis rentrée dans les vestiaires….

J’eus une moue pensive pour tâcher de rassembler mes souvenirs. Je me souvenais du moment mais alors le reste… Quand, combien, quoi… Le mystère était entier. Contrairement à ma mémoire qui me donnait l’impression d’être en grève, elle aussi.

-Il était question d’attributs génitaux masculins.

Okay, ça je m’en étais doutée. Merci Légion. L’idée de lui demander les paroles fut évacuée à peine celle de prendre une douche avait-elle surgit. Une menace plus tard et hop, sous la douche See’Ryl. J’entendis à peine le beuglement de Balian réclamant de l’eau chaude. Bah en même temps, je prenais mes douches glacées… Mais qui, dans cette galaxie, pouvait demander de l’eau chaude… La blague. Tous des fragiles de toute manière.

-Administratrice, vos affaires de rechange sont posées sur le lavabo.

Ah. J’avais oublié de les récupérer. Heureusement que la porte n’était pas fermée… et que Légion était bien programmé. Fallait dire que c’était moi qui l’avais faite, sa programmation. Elle avait intérêt à ne pas être moins que parfaite. La douche terminée, j’enfilais une tenue qui était fortement éloignée de tout ce que je portais à l’extérieur. Rechange… Comme le nom l’indiquait, c’était plus un truc d’urgence qu’autre chose. Ce n’était pas si éloigné de mes vêtements habituels… Mais bien moins fonctionnels et, surtout, confortables. Il y avait des priorités dans la vie… parfois. Souvent. Rarement.

-Putain, je t’ai dit de pas boire sans moi.

J’avais même pas fait un pas hors de la salle d’eau que je l’avais choppé en train de chercher des verres. Le con…

-Tu fais chier. Vas prendre ta douche.

Je lui avais peut-être promis une vengeance mais je l’avais déjà oubliée. Ce n’était pas non plus vital ou important… Je franchis la distance jusqu’aux bouteilles pour récupérer le butin. Non mais, il manquerait plus qu’il refuse de partager. Au cas où il ne sache pas la direction de la salle d’eau, je la lui indiquais d’un geste.

-Légion, surveilles-le…. On sait jamais, il est tellement bourré qu’il pourrait se casser la gueule comme un con.

Balian Atraïde
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- De base je chante pas…maugréai-je.

Chanter était un moyen d’expression…or s’exprimer n’était pas mon fort. Donc je ne chantais pas. Sauf cas…spécifique.

- Et de base je bois pas…précisais-je…

Il était vrai que d’ordinaire je ne buvais pas. Et je n’étais jamais saoule. Autant vous dire que mon état actuel ne m’était en rien familier. Et je me disais qu’après tout c’était une expérience de plus. Et en parfait scientifique que j’étais, je prenais des notes mentales sur cette expérimentation dont j’étais -pour une fois – le cobaye.

Nous disions donc : « Lorsque le sujet est ivre, il chante/ Note pour soi-même : ne plus jamais être ivre ».

La chanson à boire de peu de vertu dont il était question ne m’était certes pas inconnue. Mais j’allais épargner les oreilles de mes comparses tant sur le fond que la forme de la chanson. Tout à mes réflexions j’avais entrepris de partir en quête de verres. Forcément, je m’étais fait pincer…

- Ouais…alors techniquement je bois pas…je cherche des verres. Y’a une légère…nuance. Pas sûr que faire de l’humour sarcastique en cet instant soit la meilleure idée du siècle. Pas parce qu’on est bourré qu’on doit boire à la bouteille comme des sauvages, marmonnai-je.

See’Ryl m’avait arraché mes précieux fardeaux, me sommant d’aller prendre cette douche que j’avais mentionné un peu auparavant. Je pris la direction de la porte pour gagner la salle de bain…entendant la Jedi indiquer à Legion de me surveiller car je pourrai tomber. J’actionnais l’ouverture basique de la porte tout en râlant à grand renfort de :

- Pas besoin de ton droïde ! Je suis encore capable de… heu...HA! C’est pas la salle de bain ca…

Mauvaise porte.

J’avais atterri dans le placard. Décidément…J’étais peut-être plus atteint que je ne voulais bien l’admettre.

- Aucun…commentaire.

Une fois remis sur la bonne direction, je quittais ma tenue militaire et entrais dans la douche. Un « clang » caractéristique de mon pied synthétique sur le carrelage de la salle de bain venait révéler ma progression dans la pièce. Le jet d’eau chaude vint frapper ma peau verte et nue. Une sensation des plus agréable, et que malgré mon état défaillant j’étais en mesure d’apprécier.

Adossé contre la paroi de douche, j’observais mon environnement…C’était fou comme dans une situation désespérée on s’attachait à d’infimes détails. Dans le cas présent j’avais représenté des fissures dans la faïence qui créaient des craquelures aux représentations abstraites. L’eau chaude générait des panaches de volutes d’eau, qui eurent tôt fait de transformer la si petite pièce en un sauna étouffant. Dommage qu’il manque les huiles essentielles pour donner un petit effet « thermal ». Quoique vu la quantité de whisky que j’avais déjà pu ingurgiter, je pouvais parfaitement faire office de diffuseur de spiritueux.

Blague à part…je réalisais que j’avais totalement perdu la notion du temps. Et la seule chose qui me fis comprendre que je m’étais quelque peu éternisé fut le fait que mon eau ruisselante n’était plus aussi chaude qu’au début. Soit j’avais mis des plombes à me doucher, soit le ballon d’eau chaude était réellement rikiki. Mais passons…Je me séchais rapidement, et passais à nouveau ma tenue militaire. Mes cheveux épais étaient encore humides et hirsutes (merci l’humidité) lorsque je reparu devant See’Ryl et Légion, avec les idées redevenues un peu plus claires (pour l’instant). Et malgré cela, je ne réalisais pas un léger détail…une claudication légère qui s’était installée dans ma démarche.

- Désolé pour l’attente…pas la moindre idée de l’heure qu’il est…Et rien à foutre cela dit en passant…je ris de ma désinvolture cependant. Mon regard sombre et humide se posa sur See’Ryl. M’avait-elle attendu ?

See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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-C’est vrai, pour le coup, tu beugles plus que tu ne chantes, lâchais-je sans vraiment de pitié ou de considération pour son ego.

Quelqu’un aurait pu s’inquiéter de mon état, de ces mots qui sortaient de manière bien plus abrupte que d’habitude… Si seulement la seule personne capable de le faire était bien plus saoule que moi et n’était pas dans les meilleures dispositions pour ça. Il y en aurait probablement d’autres, surtout au sein de l’Ordre… De ceux à chercher la petite bête sans réfléchir plus en avant. Durant un instant, je me demandais qui pourrait bien s’alarmer quant à mon état… Quelques noms me vinrent à l’esprit. L’un était interne, l’autre en plein boulot et le dernier… n’avait pas montré le bout de son nez depuis le hall de l’hôpital militaire. Joli tableau.

Je l’attrapais en pleine quête de verres. En temps normal, peut-être aurais-je concédé la nuance qu’il venait d’illuminer. Mais là, je n’étais définitivement pas décidée. Je croisais les bras, les sourcils légèrement froncés sans pour autant chercher à l’impressionner ou même à paraître mécontente.

-Essaie encore… Tu vas bientôt arriver à me faire croire que tu allais m’attendre avant de boire…

On pouvait presque m’accuser de… ben rien de moins que de bouder. Qu’importe. Je récupérais les bouteilles, les posant sur ce qui semblait être une table basse. J’allais ajouter quelque chose quand je vis Balian faire un tête à tête avec un placard. Je gloussais. Oui oui… Gloussais. Comme quoi, il y avait un début à tout. Légion le suivit, accomplissant la mission que je lui avais donnée sans même s’interroger sur l’avis de Balian. Une bonne programmation vous dis-je.

Seule, je m’installais dans le canapé, inconsciente du fait que sans les drogues que j’avais inhalées un peu plus tôt, je serais incapable de m’appuyer contre le dossier. Dans le silence, je contemplais les bouteilles qui, en l’absence du Mirialan, ne me faisaient pas la moindre envie. Je cherchais à rassembler mes pensées et mes souvenirs sans parvenir à m’alarmer du fait que tous m’échappaient sans exception. Il y avait des choses auxquelles j’aurais dû réfléchir mais lesquelles ? D’autres auraient dû carrément m’inquiéter. Et finalement, dans ma quête, je me souvins du messager du Conseil… et pouffais comme une idiote. Par la Force, c’était presque libérateur de l’avoir envoyé dans les cordes sans, pour l’instant, craindre les représailles qui ne manqueraient pas. Je m’amusais à refaire la scène tout en imaginant ce que j’aurais pu balancer d’autres. De quoi faire passer le temps.

-J’ai cru que tu t’étais noyé… soufflais-je en percevant la présence de Balian. Même si c’est faire injure à ton maître-nageur.

Mon regard fila vers Légion qui s’était installé près de l’entrée en silence. Un soupir passa la barrière de mes lèvres. D’un geste, je désignais les verres vides – que j’avais fini par trouver même si je ne me souvenais ni de quand ni de comment – et les bouteilles encore fermées. Je l’avais attendu… sans même y faire attention.

-Un verre ?

Je connaissais déjà sa réponse mais je voulais l’entendre sans vraiment comprendre pourquoi. Je tapotais la place à côté de moi sur le canapé. Lorsqu’il s’approcha, je plissais des yeux.

-En fait, tu as cru que tu étais dans un sauna ou quoi ? Tu irradies de chaleur comme si t’avais fait trempette dans le chauffe-eau.

Et cela me faisait mal aux yeux. Enfin… ça aurait dû. Je faisais la remarque par simple habitude. D’un coup, tilt… depuis que j’étais sortie de l’incendie, je ne me souciais pas vraiment des sources de chaleur qui, en temps normal, m’auraient fait plisser les paupières de manière quasi continue. Mais là, rien. Certes, je ne voyais pas vraiment bien vu le nombre de sources de chaleur autour de moi et celles auxquelles j’avais été exposées mais je n’avais pas mal. Et alors me direz-vous ?... Et alors rien. L’idée était arrivée et avait filé aussitôt sans laisser de traces. Ça aussi, ça aurait dû m’alarmer.



Balian Atraïde
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Il était évident que See’Ryl n’était pas dans son état normal. Pour preuve : ses propos qui n’avaient rien d’habituels, ni son comportement, et encore moins le ton qu’elle employait. Ma douche me redonna un peu de « vigueur » mais surtout, elle ralluma quelques lumières dans les étages de mon cerveau embué.

La remarque sur le fait qu’elle croyait que je m’étais noyé me fit à peine tiquer. J’aimais l’eau, c’était indéniable. Et puis se noyer dans une douche…franchement…Je savais que j’étais bourré mais … Je réalisais alors que je venais de prendre au premier degré une remarque ironique…impliquant le temps que je venais de passer dans la douche.

La proposition d’un nouveau verre me tira de mes pensées… En guise de réponse je saisis un des verres présents affichant un air comme si c’était l’évidence même que j’allais reprendre ma descente de boisson. J’avais encore trop de capacité de réflexion…je n’avais pas encore oublié ce que je voulais zapper. Et la douche m’avait quelque peu revigoré. Je pouvais donc y aller.

Je ne voulais définitivement plus penser à tout ce qui m’attendais désormais. Entre les funérailles qui allaient devoir être organisées…La venue d’Aerion dès le lendemain…Le Clan qu’il allait falloir affronter…Les Anciens et leurs foutues traditions…Bref…trop de choses à penser. Sans oublier ma culpabilité…J’avais vraiment tout merdé.

Alors oui…je pouvais y aller sur la boisson…Et tant pis si j’étais un mauvais buveur…Je ne buvais pas pour apprécier.

Visiblement la vision de l’arkanienne faisait des siennes…Sans oublier le fait que j’avais clairement réchauffé mon corps en prenant une douche brûlante. Sa réflexion me fit esquisser un sourire.

- Je hais les douches froides…Je ne sais pas comment tu fais…Même moi venant d’un monde froid, j’ai toujours aimé l’eau brulante…Les sources chaudes…c’était sans doute ce que je préférais sur Mirial…


Je m’étais approché de See, posant finalement mon séant sur la place qu’elle m’avait indiqué à ses côtés. Pour être plus exact je m’étais littéralement laissé choir sur le canapé. Sans aucun style, ni aucune retenue. Le tout ponctué d’un soupire de lassitude. Les souvenirs de mon enfance ressurgissaient…allez savoir pourquoi.


**

Bien des années avant - Quelque part dans les steppes de Mirial


- Pfoua ! Vous êtes relouds les tétards…
- Allezzzz tonton !
- Teuplait cousin !
- Ok ok ça va…je veux bien vous faire gouter, mais vous ne direz rien à Balérion sinon ça va être ma fête !

Aerion était entouré par deux jeunes mirialans qui avaient les yeux brillaient. Les bambins trépignaient alors que leur aîné avait saisi de sa ceinture une gourde de sa ceinture, et le leur tendait, non sans avoir regardé si aucun mouvement ne provenait de la yourte du Patriarche. Le vent glacial balayait les steppes désertes de Mirial.

Les deux enfants, visiblement du même âge, se regardaient pour savoir qui allait « gouter » le revigorant made in Mirial. L’un des deux paraissait hésiter finalement…

- Je savais que tu ne serais pas cap’ Baba, fit le second avec défi, arrachant la gourde des mains de son cousin pour prendre une gorgée. Il fut aussitôt imité par son comparse.

- Hé ! Doucement sur ce genre de boisson ! Fit Aerion en leur reprenant la gourde. Les deux bambins eurent un temps d’arrêt avant de finalement grimacer, tousser et cracher le liquide âcre et fort qu’ils venaient de boire. Ce qui ne manqua pas de déclencher une crise de rire chez Aerion : Haha je vous avais prévenu ! C’est pas pour les mioches.


**



Sans doute la première fois que je buvais de l’alcool…Et cela m’avais calmé pour un moment d’ailleurs. Et je me souvenais du sermon que nous avait servi mon père tant pour mon cousin et moi pour avoir « gouté » que pour Aerion qui nous avait servi une boisson non adaptée à notre âge. Et je me souvenais que nous entendîmes parler des dangers de l’alcool pendant un bon moment par la suite.

Une réminiscence du passé qui me fit sourire…Avant de finalement prendre une gorgée non sans avoir levé mon verre silencieusement à la santé de See’Ryl.

- Il est sans doute mieux où il est maintenant…fis-je avec une fatalité déconcertante…Une phrase dite tout haut, sans raison apparente. Quand on voit le merdier dans cette foutue Galaxie…il est sans doute mieux où il est…précisais-je…Et pour valider mon propos je repris une rasade de…je ne savais même pas ce que je buvais…jusque c’était un « truc qui arrachait ».


See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Alerte ! Je venais de faire de l’ironie… Et il n’y avait personne pour s’en soucier. Moi la première. J’étais avec Balian. Nous n’étions probablement pas dans la meilleure configuration du monde mais qu’est-ce-qui pouvait nous arriver ? Les lieux étaient un minimum sécurisés et si jamais l’un de nous se blessait, Légion appellerait les secours avant même que l’idée nous vienne à l’esprit. Si l’on retirait le contexte… Bref. A la réponse – muette – du Mirialan, j’ouvris la bouteille et nous servit.

-Y’a des sources chaudes sur Arkania… Mais bon… j’ai passé mon temps sur Ondéron et disons que la vie Jedi n’est pas des plus… confortables. Ceci dit… J’avalais une gorgée d’alcool. Je crois pas qu’on soit là pour réfléchir à qui a eut les conditions de vie les plus moisies.

J’avais sans nuls doutes perdu le fil de mes propos. Je ne m’y attardais pas, accueillant l’effondrement de Balian sur le canapé avec un sourire narquois. Tant de délicatesse, on aurait dit un bantha. Vert pomme. Avec une perruque blonde. Voilà qui me fit glousser. Encore. Ca n’avait pas l’air de choquer Balian alors qu’importe. Il n’y avait personne pour me juger… et quand bien même, je m’en moquais comme de ma première bure. Autant dire… beaucoup. Enormément. Tout-à-fait. Totalement. Je levais mon verre en écho au geste de mon compagnon de beuverie qui semblait avoir retrouvé quelques neurones. Assez en tout cas pour balancer des phrases venues de je ne savais où. Des platitudes qui ne réconfortaient que ceux qui les prononçaient. Ce qui, dans le cas présent, était plutôt bon, non ?

-Il n’y a pas la mort, il y a la Force.

Tiens, t’en veux des phrases vides ? Je venais d’en servir une. La dernière du Code. Celle qui était censée tenir la tristesse et le deuil écartés des membres de l’Ordre. Je l’avais répété un nombre incalculable de fois à la mort de Siela et Aquilus… Et ça n’avait rien changé : j’avais souffert. Seule. Voilà aussi pourquoi je refusais de laisser Balian : je ne voulais pas qu’il traverse ça en solitaire. Mes blessures, mon état… tout m’indifférait et était passé au second plan parce que je refusais qu’il expérimente la même chose. J’achevais mon verre. L’alcool irrita un peu plus ma gorge. Tant pis.

Durant un instant, je me demandais si l’interne avait envisagé que j’allais passer la nuit à boire… L’idée de lui envoyer un message pour le lui dire, en guise de provocation – après tout, il m’avait pris mon sabre ! – germa dans mon esprit… Juste avant une étincelle : ce con serait capable de venir nous chercher. Et là… Je n’avais pas envie de l’entendre nous sermonner. On avait mieux à faire : comme boire le verre que je venais de remplir.

-Si tu veux… je peux te servir tout le sermon habituel sur la mort. Lâchais-je. Mais spoiler : ça n’aide en rien.

Je soupirais et sans même attendre son avis, j’ânonnais :

-La mort n’est que le commencement. Un voyage au sein de la Force. Ce n’est pas un adieu mais un au-revoir. Lorsqu’il serait temps, nous entamerons nous aussi cette épopée et plus rien d’autre n’aura de sens. Les morts ne se pleurent pas. Les morts ne se regrettent pas. Ils se célèbrent, deviennent des souvenirs…

J’arrêtais mon laïus pour résumer :

-En gros : blablabla « pleurer les morts ce n’est pas bien, ça mène au côté obscur »… des conneries, j’te dis.

Et quoi de mieux qu’un nouveau verre pour ponctuer ma diatribe ?


Balian Atraïde
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Les conditions de vie les plus moisies ? Bof…personnellement je n’avais pas à me plaindre.

- Ho tu sais…je ne disais pas cela pour faire un duel au sommet. Je ne déteste pas Mirial. C’est une belle planète. Et le mode de vie que j’avais quand j’étais enfant…Il n’était pas si déplaisant. C’était amusant d’être nomade. Et les paysages étaient à couper le souffle. Des steppes désolées à la toundra, en passant par les monts enneigés. Mirial est un panaché de nuances de couleurs, de textures et de biomes.

Serait-ce de la nostalgie Balian ? Possible. Je repris une gorgée de mon verre, songeant à ces bribes du passé qu’était le mien. Non je n’avais pas eu une enfance pourrie…J’avais été entouré de ma famille, proche comme lointaine. La seule ombre fut la mort de ma mère. Elle qui était si douce et si belle. La perdre fut un coup terrible pour tout le Clan, et principalement pour moi. Perdre sa mère pour un jeune garçon était une tragédie. Mais je m’étais endurci, du moins le croyais-je. Car la mort de mon père venait d’abattre, aussi facilement qu’un château de cartes, le monde dans lequel je gravitais.

Boire pour oublier…Voilà la clé !

C’était sans doute parce que j’étais nostalgique que j’étais passé en mode « philosophe du dimanche ». Je fus rejoint par See’Ryl d’ailleurs :

- Il n’y a pas la mort, il y a la Force.

Ha…ouai…Celle-là je ne m’y attendais pas. La jeune femme avait embrayé sur le fait qu’elle pouvait me servir le sermon classique de la mort made in Jedi. Je fis un geste de la main pour balayer l’idée. Mais elle n’attendit pas ma réaction pour me réciter tout le tralala sur la Mort et la Force.

Gén-ial…

Je bus une rasade de mon alcool non identifié pour l’heure, et fis un peu vague.

- J’ai le même genre avec les traditions Mirialans. « On ne meurt pas, on ne fait plus qu’un avec la Force ». « On rejoint la béatitude, et la plénitude ». « Tel est notre Destin, la Force a donné, la Force a repris ». « Nous retournons à la Force, à sa douceur…C’est l’ultime cadeau ».

Autant dire que ces phrases là je les connaissais par cœur. Le genre de phrase que mon père avait tendance à dire. C’était ce qu’il avait dit pour ma mère. Mais je n’étais pas du genre à les accepter aussi facilement. Il allait me falloir plus de temps pour me résigner.

Là…je n’en avais pas envie de toute manière, et je n’étais pas en état. Je la suivis dans l’action de boire à nouveau. Mon esprit s’embrumait petit à petit. C’était parfait. Je nous resservis, et…cul sec ! C’était pas l’idée du siècle car j’étais déjà bien entamé. Mais cela eut le mérite de me « sécher » sur place. Et en riant comme un débile je posais mon verre et vint m’affaler contre See’Ryl, ma tête tomba mollement sur ses jambes.

- Rien à foutre de ces sermons à cette heure-ci…tu ne crois pas. On a mieux à faire.

Qu’entendais-je par la ? Aucune idée…j’avais dit ça comme ça. Je fixais mon amie dans les yeux…toujours avachi sur elle. Mes pensées étaient floues…j’en avais plus rien à foutre de rien. Sans même comprendre quelle mouche m’avais piqué, ni quelle motivation m’avait animé, je m’étais redressé et…mes lèvres vinrent chercher celle de See’Ryl…Comme ça…sans raison…

Mieux à faire hein…

See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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Un duel au sommet. La blague. Nous n’étions pas en état pour débattre réellement… Si l’on se lançait dans cela, ce serait une conversation sans fin, mâtinée d’alcool et de mauvaise foi.

-Arkania, c’est blanc. De la glace, de la neige… et… Oh ! de la glace.

J’aimais bien ma planète natale, en vérité. J’avais omis d’évoquer les différentes teintes et opacités de la glace, peu à même d’entrer dans les subtilités. Autant embrayer sur un sujet… encore plus déprimant mais fort à propos aux vues des circonstances. Je débitais mon laïus, plus ironique que vraiment convaincue. L’alcool et les drogues n’aidaient clairement pas et puis… Je savais que ces mots n’amenaient que peu de réconfort. Au début, tout du moins. La douleur balayait tout et ce, quoique l’on fasse pour le nier ou la réprimer. J’écoutais vaguement les traditions Mirialans. Non pas qu’en réalité je m’en moquais… Mais là, ouais.

-Je me demande qui peut croire que ça soulage…

Nouveau verre, un peu moins rempli comme si quelque chose me poussait à moins boire. Une sorte d’instinct de survie d’un organisme déjà fortement mis à mal. Je contemplais le verre que Balian venait de me resservir, plein cette fois-ci, et je sursautais presque lorsqu’il s’affala contre moi en riant. Je posais mon verre plein sur la table pour pouvoir glisser mes doigts dans ses cheveux. Une habitude héritée des heures passées à le faire dormir. Quant aux sermons… Je n’allais pas aller jusqu’à dire qu’on avait mieux à faire. J’haussais les épaules, me disant qu’il allait peut-être dormir tant il devait en avoir besoin. Moi… c’était une autre affaire. Je me sentais particulièrement en pleine forme, totalement euphorique et carrément bien. Je ne savais pas par quel miracle j’avais gardé un minimum d’empathie pour le Mirialan étalé sur mes jambes et dont je caressais les cheveux en me demandant comment ils pouvaient être aussi doux.

J’en étais là dans mes questions, fascinée par la texture des mèches blondes, lorsque Balian se mit en tête de se redresser. J’eus une moue mais l’aidais à le faire comme la bonne Jedi bien conditionnée que j’étais. En revanche, j’étais préparée à pas mal de chose – ou pas – mais vraiment pas du tout à ce qu’il cherche et trouve mes lèvres. C’était ça le mieux à faire ? Je… J’eus une seconde figée pendant laquelle une foule de pensées passa à vitesse grand V dans mon esprit. Une minuscule petite voix hurla que ce n’était pas une bonne idée. Une autre pour dire que c’était mon premier baiser. Et une dernière…

Tout fut jeté aux orties galactiques lorsque mon corps répondit avec un temps d’avance sur mon esprit déjà fort embrouillé. Je continuais à soutenir Balian… pour mieux l’embrasser, mes doigts perdus au cœur de ses mèches blondes. A chaque seconde qui passait je perdais un peu plus la notion des choses jusqu’à ce qu’il y ait qu’une seule et unique chose qui compte : continuer à l’embrasser.

-Balian… ce… n’est pas… une… bonne… idée… tentais-je sans pour autant cesser de chercher ses lèvres.

Moi qui pensais avoir fait le tour des effets des drogues que j’avais inhalées plus tôt dans la journée… J’en découvris un nouveau. Celui qui me poussait à embrasser Balian à en perdre le souffle et qui mettait mon corps à vif.

Balian Atraïde
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Arkania était une planète gelée, mais semblait-il, différente de Mirial. Des bribes de souvenirs ressurgissaient de mon esprit. Nous avions déjà devisé sur nos planètes respectives. Nous nous étions promis une visite de nos monde respectifs. Quoique pour Mirial cela allait être quelque peu compliqué…Elle était en plein territoire impérial. Quant à Arkania…il fallait montrer plus que patte blanche pour y foutre les pieds quand on n’était pas natif de là-bas…

Le sujet de nos planètes glaciales avait migré sur un autre thème tout aussi frigide. La mort et le réconfort que nos préceptes pouvaient nous apporter. Réponse : nous avions beau réciter nos « mantras » Jedis pour l’une et Chamanique pour l’autre, rien n’y faisait.

- Peut être qu’on ne le fait pas correctement…

C’était sans doute même sûr ! Faire communion avec le Force, le vide en soi, accepter cette épreuve que nous accordait la Force. Mais le souci…le gros souci actuellement : nous n’étions pas en état pour le faire. A dire vrai…je pense que nous avions trouvé un autre moyen de se réconforter. Il n’y avait aucune logique dans ce geste déplacé que je venais d’avoir et auquel elle répondait sans la moindre vergogne.

Je n’avais pas réfléchi le moins du monde, j’avais répondu à une pulsion. De bas instincts. Qui voulaient que le contact physique soit un excellent moyen de se trouver un peu de consolation. Alors certes, je n’y étais pas allé de main morte coté « recherche de contact ». Mais visiblement cela ne semblait pas l’effaroucher. Et…je n’avais pas la tête à songer du bien-fondé ou non de mes actions en ce moment. Même vis-à-vis d’une certaine personne qui, malheureusement pour moi…pour nous, brillait par son absence.

D’aucuns pourraient penser que je profitais de la situation. See’Ryl n’était-elle pas victime d’une bonne dose de drogue qui altéraient ses pensées et ses émotions ? Possiblement. Qu’importait à cette heure-ci ? Voilà donc la raison – ou pas – du fait que nous étions désormais, See’Ryl et moi, enlacés, et s’embrassant fougueusement.

-Balian… ce… n’est pas… une… bonne… idée… tenta-t-elle de souffler. Elle avait raison. Comme toujours. Mais quelque chose m’empêchait de m’arrêter. L’alcool qui me rendait totalement débile ? Ou le fait qu’elle cherchait mes lèvres tout comme moi dans des baisers passionnés et sulfureux ? Je ne saurai le dire. Toujours était-il qu’à cet instant je ne sus que lui dire :

- Tais-toi….

Et j’appuyais mon ordre en la faisant glisser sous moi, sur ce canapé peu reluisant. Mais nous n’étions plus à cela prêt n’était-il pas ?
Mes mains étaient parties à la conquête de son corps et mes lèvres ne cessaient leurs assauts. Moi qui n’étais habituellement pas porté sur ce genre de chose. Je devais bien reconnaitre que depuis peu j’avais réappris à éprouver des émotions. A avoir des sentiments et surtout à les laisser m’envahir. Laisser mon corps répondre à des pulsions et des envies charnelles, cela ne m’était pas arrivé depuis…longtemps. Et c’était grâce à Halex si…

Halex…

Mon reflexe fut de reculer de See’Ryl…Je n’avais pas de nouvelle d’Halex depuis un moment. Ce n’était pas elle qui était là…Justement…elle n’était pas là…Alors que j’avais besoin d’elle. L’alcool avait terminé d’embuer mon esprit…La faute était à l’œuvre de toute manière…Et quelque chose, sans doute de démoniaque, m’empêchais de raisonner. Voila pourquoi je revins à la charge de plus belle, dans le but de briser les derniers vestiges de remparts que See’Ryl pourrait éventuellement ériger contre moi et ce désir malsain qui m’avait gagné.




See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye
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-Il faudrait déjà que l’on soit convaincu… Et en état.

Ce qui n’était clairement pas le cas. Pour aucun de nous deux d’ailleurs. J’étais en train de songer à plein de « choses intéressantes » – comme la douceur des cheveux de Balian – lorsque ce dernier ne trouva rien de mieux à faire que de m’embrasser. Si c’était cela son « mieux à faire »… Pour ma défense, en temps normal, je l’aurais probablement repoussé et pas de la manière la plus délicate d’ailleurs. Mais comme nous le savions tous les deux, il y en avait pas un pour rattraper l’autre : l’un alcoolisée au dernier degré… l’autre – moi – moins alcoolisée mais sous emprise de drogues. C’était, sans nul doute, la meilleure configuration possible pour que rien n’arrive, n’est-ce-pas ? J’eus un sursaut de conscience, pas du tout suivi par le reste de mon corps qui, lui, cherchait clairement autre chose. La réponse de Balian ne se fit pas attendre. Un ordre qu’il appuya en me faisant glisser. Je ne pus même pas retenir la grimace douloureuse. Frotter sur des brûlures n’était définitivement pas une bonne idée…

Mais la souffrance s’éclipsa la seconde suivante. L’étincelle de conscience qui m’avait envahi quelques instants auparavant s’évapora à peine eut-il posé ses mains sur moi. Définitivement pas une bonne idée mais qui allait écouter ? Quelque chose n’allait vraiment pas et m’échappait. En dehors des considérations strictement liées à l’Ordre. Entre deux baisers brûlants, entre deux caresses de mes mains qui cherchaient sa peau, je tâchais de regagner un tant soit peu de capacité de réflexion. Le recul de Balian aurait du m’aider, aurait du me pousser à prendre du recul. J’en profitais pour me redresser. Je secouais la tête pour tenter de mettre de l’ordre dans le bordel qu’était mon esprit. Mon corps lui, hurlait et réclamait quelque chose que je n’identifiais même pas.

Rien au cours de mon existence n’aurait pu me préparer à cela. En quelques instants, j’avais l’impression qu’il était parvenu à allumer un incendie… Bien différent de celui que j’avais traversé quelques heures auparavant… mais qui rendait mon corps tendu, douloureux et exigeant quelque chose d’inconnu que j’étais dans l’incapacité de lui offrir. En désespoir de cause, le seul vers qui je pouvais me tourner, c’était Balian. Il comprendrait peut-être… Et éventuellement, lui parler permettrait de mettre les mots sur ce malaise qui ne me quittait plus. C’était mal, mon instinct le hurlait sans que je sois en capacité de l’entendre ou même d’agir.

-Balian… je…

Je rien. Parce qu’il me fit taire de nouveau et réduisit à néant l’infime contrôle que j’avais pu récupérer sur moi-même. J’essayais encore quelques secondes puis fut contrainte de céder et de me laisser noyer par les sensations. J’haletais entre deux baisers. Je cherchais à faire disparaître son haut et exprimais un râle de satisfaction lorsque je pus enfin réellement le toucher. Je n’identifiais clairement pas ce qu’il se passait et j’avais complètement oblitéré les raisons qui auraient dû me faire reculer. Tout ce qui m’importait, en ces instants, c’était ses lèvres et son corps. Que ce soit bien ou pas m’indifférait. Quoique cela puisse signifier, je le voulais et par je ne savais quel miracle, je parvenais à le lui faire comprendre.


Balian Atraïde
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-Balian… je…

- Non...


Malgré ses tentatives pour se refuser à moi, malgré cette petite voix dans ma tête qui me disait que ce n’était pas bien…J’avais envoyé au diable toute forme de raison. La seule chose qui comptait c’était trouver un peu d’affection en ces heures sombres. J’avouais que je n’étais pas spécifiquement maître de moi-même. Elle avait subi des sévices physiques lors du sauvetage de l’incendie or j’étais – d’une certaine manière – en train de la malmener.

Mais…je n’avais guère le temps de m’apitoyer sur ce genre de « détails ». Son corps en entier était demandeur. De quoi ? Hé bien d’aller plus loin. Pour preuvre : cet acharnement qu’elle mit à m’oter mon haut, mettant ma peau à nue et que ses mains s’empressèrent de venir palper, caresser, éveillant mes sens, réchauffant mon corps et confirmant mon envie soudaine…de me changer les idées.

Pas très glamour je le reconnaissais. Moi complètement ivre, elle pas loin, mais droguée. Disons que pour le coté romantique on repassera. Ce fut plutôt…bestiale même je dirai. Au diable la douleur de nos cœurs et de nos corps. Nos vêtements eurent tôt fait de rejoindre mon haut au sol. Mes mains avaient découvert ses courbes, mes lèvres ne s’étaient pas arrêtées aux siennes. Et j’avais gouté à la chaleur de sa peau. Je ne cherchais même pas à faire attention au fait que le contact de sa peau avec ma prothèse pouvait paraître étranger. Après tout c’était elle qui l’avait conçue.

A mesure que mes caresses et mes baisers s’intensifiaient je la sentais s’enflammer de plus en plus, et moi avec elle. Le désir fut bientôt insoutenable et ce fut sans la moindre hésitation que répondis assez brutalement à ses soupirs, mêlant ses gémissements aux miens.

La suite ?

Hé bien je serai ravi de vous la raconter…si déjà je parvenais à m’en souvenir. Je m’étais éveillé avec l’aube naissante. Déjà j’ignorais comment je m’étais retrouvé dans le lit, nu comme un ver (haha) See’Ryl dans mes bras…guère plus habillée. Il me fallut plus d’une minute pour comprendre que…nous n’avions pas fait que boire et discuter. Il était évident que nous avions franchis des portes plus intimes. Je me redressais doucement. Complètement perdu, et avec un mal de crâne épouvantable. Je me levais, en quête d’au moins un slip ! Il avait volé…au loin.

Ensuite : calmer ce mal de crâne. Le compartiment de ma prothèse activé j’en extirpais ma trousse personnelle et : un anti-inflammatoire. Deux doses d’un coup avec un verre d’eau. J’observais la chambre…et le bazar ambiant, essayant de me remémorer les faits de la nuits…Des bribes me revenaient…et cela m’effrayais…Comment avais-je pu ? Je retrouvais mon tee-shirt au milieu d’un tas de vêtements. Mais alors que je le passais je ne pus m’empêcher de pousser un gémissement. Le tissu me brulait littéralement. Je tentais de passer mes mains dans mon dos…je m’observais…gagnant la salle de bains pour mieux voir. J’étais lézardé de griffures…

Ouai…on n’y était pas allé de main morte apparemment…

Hé merde…Qu’est-ce qu’on avait foutu… ?



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