Balian Atraïde
Balian Atraïde
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Je le sentais quelque peu dubitatif quant au secret médical. Ils l’étaient tous. Je ne bronchais pas alors que je prenais son identité complète : « Ja’ar Austhis, trente ans, mécanicien ». Je notais les données tandis que je l’entendis poursuivre au sujet de ses doses. Bien…au moins ne cherchait-il à me prendre pour un con et me cacher la chose. Certains, même pris la main dans le sac, continuaient de nier sur leurs grands fathiers qu’ils étaient « clean »…

- Une fois par semaine…hum…

Je me disais qu’il n’était pas « irrécupérable » que cela finalement, alors qu’une toute petite voix songeais en mon fort intérieur « petit joueur » une voix que je renvoyais des tréfonds démoniaques de mon esprit d’où elle avait surgit, échos d’un passé douloureux et lointain…(ou pas).

– Le secret professionnel…c’est donc que tout ce que nous dirons ne sortira pas d’ici hein ? Absolument rien ?

- C’est l’idée…

Je ne m’étais pas attendu à cela…Je voulais dire à une réelle coopération d’une telle envergure. Généralement lorsque les gars venaient me voir, et que je devais suivre leur cas de traumatisme qui avait engendré un syndrome de stress post-traumatique, peu se « lâchaient » pleinement dès le premier entretien. Ils avaient besoin de temps pour comprendre que je souhaitais les aider et donc me faire confiance. C’était un travail qui pouvait même être long et fastidieux, que me demandais de tout d’abord les apprivoiser, avant de les aider à se reconstruire.

Mais dans le cas présent, le semi-kiffar venait de m’expliquer les bases de son soucis physique disons. Donc comme prévu il était bien « croisement » génétique entre un arkanienne et un kiffar. Tu parles d’un mélange. Mon regard obscur s’était finalement levé de mon datapad pour observer le sang-mêlé. Les caractéristiques des différentes espèces étaient là…J’analysais, scrutais chaque détail dans un silence pesant, écoutant la suite au sujet de ses poumons et d’Evadné. Mes yeux se plissèrent quelques instants en même temps qu’un sourire fugace s’était esquissé sur mes lèvres pincées. Un cas pour le moins étrange. Je sentais en moi comme un début d’effervescence, la curiosité scientifique faisait son office et mon profil de diagnosticien prenait le dessus. Une toux mystérieuse, dont il n’y avait pas grand doute sur l’origine. Quand on joue aux apprentis généticiens voila ce que cela donnait.

Oui ma vision de la procréation était assez simpliste…que voulez-vous…

Sans doute le croisement entre ces deux espèces bien qu’humanoïdes mais aux caractéristiques bien spécifiques avaient engendré une mutation maligne chez ce Ja’ar. Voilà qui était fâcheux…D’un ton monocorde je repris :

- Je suis doué…certes…mais je ne suis pas magicien. Je verrai ce que je peux faire. Que vous ont dit ces…spécialistes.

Moi méfiant des diagnostics des autres ? Si peu.

Une autre information parvint de la bouche de l’homme à mes oreilles…Il avait été engendré de l’amour entre deux jedis. Je comprenais mieux sa présence dans la Force. Et j’allais bientôt comprendre cette gêne que je ressentais quand je le « sentais » à travers la Force. Sa question sur le fait que je puisse être un Jedi me sortis de mes pensées. Il se foutait de moi ? Un jedi ? MOI ? La bonne blague…Quoique…vue les conneries que certains de l’Ordre pouvait cumuler, un taré de plus ou de moins en son sein, cela ne ferait pas de différence ? Oui, oui je sais…j’étais de mauvaise foi. Voila pourquoi sous le coup de la surprise je ne pus réprimer un sourire et ma réponse fusa avec une pointe d’ironie :

- Sérieusement ? J'ai l'air d'être un Jedi ? Je redescendis d’un ton : Je ne suis pas un Jedi...je n'ai qu'une faible connexion...une once de faculté qu'Elle m'a accordé à ma naissance. Je suis médecin militaire, sergent Balian Atraïde. Je suis...de passage dans ce Centre médical.

Et puisqu’on était dans les confidences je lui demandais s’il était lui-même un Jedi. La réponse fut sans appel :

- Non, certainement pas. Un jedi ne torture pas les gens.

J’haussais un sourcil…Je me demandais bien ce qu’il entendait par là et il compléta :

- J’ai découpé un Twi’lek.

Ha…effectivement…Pas très « charitable » comme acte. « En cinq »… A ouai…carrément. « Brulé un Lekku »…ca doit pas faire du bien. « Je l’ai battu presque à mort »…classique… « ravagé son esprit »…bravo l’utilisation de la Force…Elle n’est pas faite pour cela ! « Je lui ai perforé les yeux avec mes pouces »…tiens ca me rappelle une holo-série Fantasy que j’ai pu voir par miracle entre deux insomnies…Une Montagne qui écrase une Vipère…mais passons). « l’ai pendu à un lampadaire ». Hum…de la torture, mutilation, écrasement mental, et exposition à la vue de tous…Cela ressemblait fortement à une vengeance.

- J’entends encore ses hurlements et le craquement de mes poings sur le os de son visage…

Des remords ? Et alors que j’allais lui demander ce qui lui avait pris de faire un carpaccio de Twi-Lek il m’expliqua…c’était pour elle…Evadné…Mais cette justification sonnait avec une forme d’horreur à mes oreilles. Non pas que j’étais choqué ou horrifié par ce spectacle qu’il me dépeignait. Des horreurs j’en avais déjà vu dans ma vie…Non…c’était bien plus que cela. Il avait utilisé sa puissance, ce don accordé par la Force, pour un désir de vengeance…Pire…il avait fait souffrir sciemment un être, certes mauvais, mais avec un tel acharnement que nous étions loin d’une forme de justice quelle qu’elle soit.

Devant ces révélations mon visage s’était obscurci, mes yeux durcis…Je l’observais avec sévérité. Ja’ar cherchait à se justifier, il cherchait même mon avis, qu’aurai-je fait ? Ces actes étaient contraires à mon serment de médecin. Mais il soulevait un point intéressant : l’amour. On disait que l’amour était à la fois une bénédiction et une malédiction…Je ne pensais pas avoir déjà aimé à ce point…Je songeais à mon ex-femme. Même si au départ j’avais de l’affection pour elle, ce n’était qu’un mariage arrangé…et je n’avais plus que de la haine pour elle. Mais ce n’était pas pour autant que je souhaitais lui faire du mal. Je secouais la tête…et soupirais…Je posais le datapad et m’approchant de la fenêtre j’observais Coruscant…Non…je n’aimais pas…Et pourtant…à l’instant où je me fis cette réflexion une autre image se dessina dans mon esprit…Halex…Pourquoi ? Je m’étais certes attaché à elle, mais…cela ne voulait pas dire que cela irait plus loin. Que pouvait-elle bien trouver à un individu tel que moi.

Sans quitter ma contemplation de la Planète-Ville qui s’étendait devant moi, je répondis au métis :

- La question de ce que j’aurai fait dans une telle situation n’a pas sa place ici. Vous devriez plutôt réfléchir aux conséquences…Car ce qui est fait est fait. Et il est impossible de revenir en arrière…Croyez-moi…j’en sais quelque chose. Je ne suis pas là pour vous juger, quant à vos raisons…ce sont les vôtres et à vos yeux elles sont justes. Mais à présent vous vous retrouvez confronté à la dure réalité des conséquences de vos actes. Et vous allez devoir vivre avec.

Je me tournais vers lui…je m’étais adouci…Non je n’étais pas là pour le jugé, du moins pas sur le fond. Car j’avais moi-même mon lot de conneries.

- Vous revoyez cette scène en boucle dans votre tête…demandez-vous pourquoi ? Que ressentez-vous ? Regret ? Culpabilité ? Ou colère et satisfaction de votre devoir accompli ?

Faire s’interroger les gens pour mieux les faire avancer, une manie qui était devenue une habitude dans mon travail…Le tout avec simplicité, je n’étais pas un philosophe, juste un toubib en charge de cas désespérés, généralement.

- Vous m’avez demandé mon avis…Et bien que je n’aie jamais été dans une telle situation, je ne saurai vous répondre selon vos espérances…Toutefois, je suis médecin. La vie est plus précieuse que la mort. Et la violence acharnée et disproportionnée ne fait pas partie de mes habitudes. Il en est de même pour Evadné…cela fait partie de notre métier. Nous sommes là pour sauver des vies, pas pour les raccourcir, ou les ôter. Voila pourquoi elle a fui lorsqu’elle a réalisé ce que vous avez fait. Et…vous prétendez avoir voulu le faire souffrir comme elle a souffert…Mais…était-ce ce qu’Evadné voulait ? Vous avez fait cela cela en son nom…pour elle…Or jamais elle n’aurait souhaité une telle chose. Enfin...il me semble.

Se cacher derrière des « c’est pour elle ou lui que je l’ai fait » ou encore « je n’ai fait qu’obéir » …voilà des répliques qui me débectais. Tout comme Madame Kira lors de son procès…Les gens avaient cette tendance à ne pas assumer leurs actes…et tendaient de se planquer derrière des justifications branlantes et bancales. Au lieu d’admettre qu’ils n’ont fait que révéler leur véritable nature…et surtout le formidable penchant pour la violence…l’argent…ou pire…le pouvoir.

- Vous avez utilisé votre lien avec la Force à des fins néfastes…et à présent la Force vous le payer d’une certaine façon. Me voilà à parler comme mon père…cela dit n’allais-je pas prendre sa succession en tant que Patriarche et Chaman de mon Clan ? C’est désormais à vous de prendre votre destin à bras le corps et décider de ce que vous souhaitez faire de votre vie. Allez-vous réparer vos torts ? Ou allez-vous vous morfondre et vous complaire dans le marasme de vos erreurs ?

Oui je sais…c’était l’hôpital qui se foutait de la Charité…Mais j’étais passé maître en la matière du « faites ce que je dis et pas ce que je fais ». Car moi-même j’étais loin d’avoir réglé tous mes problèmes.

Je pouvais l'aider...Mais il fallait que cela vienne de lui. Et Evadné allait devoir apprendre à comprendre ce garçon...Et il allait falloir voir son soucis de poumons...J'étais tombé sur un sacré cas!
Ja'ar Austhis
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- La question de ce que j’aurai fait dans une telle situation n’a pas sa place ici. Vous devriez plutôt réfléchir aux conséquences…Car ce qui est fait est fait. Et il est impossible de revenir en arrière…Croyez-moi…j’en sais quelque chose. Je ne suis pas là pour vous juger, quant à vos raisons…ce sont les vôtres et à vos yeux elles sont justes. Mais à présent vous vous retrouvez confronté à la dure réalité des conséquences de vos actes. Et vous allez devoir vivre avec. Vous revoyez cette scène en boucle dans votre tête…demandez-vous pourquoi ? Que ressentez-vous ? Regret ? Culpabilité ? Ou colère et satisfaction de votre devoir accompli ?

Un mélange de tout ceci …Non, surtout de la culpabilité en fait. J’ai ruiné une vie

- Vous m’avez demandé mon avis…Et bien que je n’aie jamais été dans une telle situation, je ne saurai vous répondre selon vos espérances…Toutefois, je suis médecin. La vie est plus précieuse que la mort. Et la violence acharnée et disproportionnée ne fait pas partie de mes habitudes. Il en est de même pour Evadné…cela fait partie de notre métier. Nous sommes là pour sauver des vies, pas pour les raccourcir, ou les ôter. Voilà pourquoi elle a fui lorsqu’elle a réalisé ce que vous avez fait. Et…vous prétendez avoir voulu le faire souffrir comme elle a souffert…Mais…était-ce ce qu’Evadné voulait ? Vous avez fait cela cela en son nom…pour elle…Or jamais elle n’aurait souhaité une telle chose. Enfin...il me semble. Vous avez utilisé votre lien avec la Force à des fins néfastes…et à présent la Force vous le payer d’une certaine façon. C’est désormais à vous de prendre votre destin à bras le corps et décider de ce que vous souhaitez faire de votre vie. Allez-vous réparer vos torts ? Ou allez-vous vous morfondre et vous complaire dans le marasme de vos erreurs ?

Ja’ar écoutait patiemment la longue diatribe du médecin militaire. Il ne le coupait pas et se contentait de baisser les yeux vers ses poings à demi serrés, ces mains que le côté obscur avaient souillées du sang d’un voyou. Bien qu’il paraissait peu attentif, n’adressant aucun regard vers Atraïde, il n’en manquait mot. Un silence pesant prenait place tandis que l’Arkano-Kiffar ruminait. Il ne pouvait ignorer les remarques pertinentes que le docteur venait de faire et qui résonnait en écho dans son esprit. En effet, il ne s’était pas demandé si Evadné aurait voulu cela. Il avait agi par égoïsme, par vengeance. Il avait laissé ses émotions le guider, son cœur parler sans raison garder. Et il avait aimé cela, et c’est ce qui le terrorisait le plus. Réduire en charpie ce Twi’lek en laissant libre cours a ses pulsions les plus sombres avait été presque galvanisant, libérateur. C’était cela, le vrai danger de l’obscurité : comme une drogue, elle s’insinuait vicieusement, offrait un sentiment de puissance, d’invincibilité et de bien être libérateur mais au prix de toute lucidité pour au final pousser au ravage et à l’autodestruction. Les leçon de Kalis résonnait encore dans sa tête, comment avait-il put s’oublier à ce point ?

« Méfie-toi de tes émotions. Ne t’interdit pas de les ressentir, tu deviendrais comme l’un de ces trop nombreux robot décérébrés du temple incapable d’ouverture. Mais prends le temps de les appréhender, d’en faire une force mais de jamais n’en devenir l’esclave. Comprends ce qui t’habite, suis tes instincts mais garde toujours la raison. Sans cela, tu sombreras. Sans cela, tu deviendra ce que j’ai toujours combattu. Suis la Force. Parce qu’elle nous a choisi, nous avons une responsabilité, mais aussi le devoir de ne jamais sombrer. »

Il valait mieux que ça, il le savait. En prenant cette vie, il s’était en réalité totalement opposé au choix de carrière d’Evadné qui elle en sauvait, et il l’admirait pour cela. Il lui fallait demeurer un écho à cela, se poser en protecteur et surtout pas en destructeur. Il n’était pas un Jedi, n’en serait jamais un, mais ce n’était pas pour autant que sa destiné le mènerait inéluctablement vers les ténèbres. Kalis l’avait élevé avec pour mot d’ordre de combattre ces dernières et de ne jamais leur céder un pouce. Il fallait qu’il se reprenne. Le mécanicien serrait les poings à s’en faire rougir les paumes : Plus jamais il ne devrait se laisser guider par la rancœur, plus jamais ces mains ne s’empourpreront d’un autre sang que le sien. Il relevait lentement la tête vers le Mirialan qui l’observait avec un once de sévérité dans le regard. « Allez-vous vous morfondre et vous complaire dans le marasme de vos erreurs ? », la phrase resonnait de nouveau dans son esprit. Il y répondait comme s’il s’agissait d’un défi.

- Non.

Ce simple mot venait de percer un silence depuis trop longtemps installé, si bien que Atraïde levait un sourcil d’étonnement en se demandant à quoi ce « Non » faisait bien référence. Il allait s’apprêter à demander « Non quoi ? » mais un bruit métallique issu du couloir attenant résonnait derrière la porte le retint. Le genre de bruit que ferait un plateau repas renversé a la suite d’un bousculade. Le léger brouhaha, suivi de quelques échanges étouffés et incompréhensibles meublèrent les quelques secondes de pause qui suivait le « Non » de Ja’ar. Puis un second silence, plus court cette fois, pris place avant que le roboticien n’enchaine.

- Vous avez raison Doc. Se morfondre n’apportera rien, il me faut avancer mais surtout reprendre la voie qui était la mienne, celle héritée de ma Mère. Et puis l’avantage quand on a touché le fond, ce qu’on ne peut que rebondir n’est-ce-pas ?

C’était ce qu’elle répétait souvent. Toujours une façon de voir le positif dans les moments les plus durs.

- Plutôt que de fuir cet écart, autant s’en servir et s’en faire une force. Connaître l’ennemi est un atout indéniable pour mieux le reconnaitre et le combattre. Vous êtes plus sage que moi.

Le Mirialan haussait son second sourcil, probablement encore plus étonné du résultat de son sermon que de l’étonnante coopérativité de son patient. Ce dernier tentait vainement de se redresser sur sa couche, mais la douleur dans les cotes demeurait trop vive. Il laissait échapper un soupir. Il avait repris le moral, il était temps de foncer. Il voulait courir, rattraper sa belle et lui expliquer tout. A quel point il était désolé, lui prêter le serment de ne plus jamais abattre son sabre sur une vie, de demeurer auprès d’elle pour l’éternité. Il voulait réclamer sa deuxième chance au plus vite, mais son corps ne le permettrait pas. Il soupirait une nouvelle fois et se résignait a saisir son communicateur dans l’espoir d’arriver à la contacter. Tendit qu’il tendait le bras pour attirer à lui son terminal de communication, il demandait :

- Quand pourrais-je sortir ? J’ai quelqu’un à aller conso…

L’ouverture soudaine de la porte le coupait. Dans l’encadrure, elle était là, essoufflée, emmitouflée dans un vieux plaid miteux, de ceux réservés au personnel de garde. Son teint était rougi par l’effort et l’absence de maquillage ne pouvait masquer les sillages creusés sous yeux par ses cernes, témoins d’une fatigue pesante. Pour ceux qui ne connaissait que l’assistante de la Sénatrice de Cadézia, héritière de Véragan Publius, elle était méconnaissable, loin du strass et de la classe inhérente au beau monde de la politique. Mais lui connaissait l’amante aimante, celle qui se réveillait lovée dans ses bras, non apprêtée et pourtant redoutablement désirable et séduisante. Celle là même qui pénétrait la chambre penaude, fixant de ses prunelles azurées encore humide un métis en convalescence. Ja’ar n’entendait pas la réflexion cynique que balançait Atraïde. A l’encontre de la jeune femme ou à la sienne, il n’en avait cure. Son attention était simplement portée sur elle. Il était dans l’incertitude totale quant à la motivation de ce retour. Venait-elle en finir définitivement avec lui, ou au contraire lui accorder une seconde chance ? Tandis que ses battement de cœur augmentaient significativement, faisant biper jusqu’à l’inconfort le moniteur chargé de surveiller ses constantes, un simple échange de regard suffit à répondre à son interrogation.

Evadné Publius
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Des pleurs d’enfant brisèrent le silence des ténèbres.

-Jed, Shen ! Se réveilla-t-elle en sursaut avant de découvrir le calme de la chambre d’hôpital dédiée aux soins de Ri’ina.

Les phares puissants des airspeeders perçaient l’épaisse couture des rideaux roses. La nuit était tombée comme une chape de plomb, sans prévenir. Les bips réguliers de la machine et ses nombreux voyants verts rassurèrent Evadné sur l’état de sa patiente, bourrée d’antidouleurs afin de faire taire cette souffrance irradiante au sternum. Elle se conforta dans le plaid puisqu’il lui semblait que l’air de la pièce s’était rafraîchi.

Elle tentait de se souvenir de son rêve. Il y avait un enfant. Jed,, car elle se remémorait une chevelure argentée, mais elle n’était pas sûre. Son visage demeurait occulté par une lumière vive et blanche qui étincelait. Elle entendait un bruit étrange, des vagues qui s’échouaient paresseusement sur une plage. Il n’y avait pas d’océans sur Cadézia, elle avait donc très peu expérimentée ce son, cette odeur salée, ce vent frais et timide. Elle tentait de comprendre. Pourquoi un enfant, pourquoi la mer ? Elle l’avait suivi au bout d’une jetée. Elle l’avait appelé. Et le climat s'était brutalement inversé. La lumière avait cédé le pas à l’obscurité. Les nuages noirs avaient tout avalé, même les reflets opalins de la tignasse du garçon se gorgeaient d’encre. Les pleurs arrivèrent et elle s’était réveillée en catastrophe.

Au souvenir de son songe, une grande tristesse lui serra la gorge. Elle ne sut pourquoi et au-dessus du petit lit de la cathar, elle se mit à pleurer. Et elle sanglotait tant qu’elle avait l’impression d’exorciser des milliers de démons . Le soulagement ne vint qu’après les deux derniers hoquets.

-Vous devriez vous reposer docteur, intervint la voix de l’infirmier besalisk qui était entré discrètement et avait assisté au spectacle pathétique.
-J’ai l’impression de n’avoir fait que ça, souffla-t-elle.
-Nan, je veux dire. Pour de vrai. Rentrer chez vous, faire couler un bon bain, devant une holosérie romantique. Je suis sûr que vous aimez ça.

Rentrer chez elle. Mais sans Ja’ar, ce n’était plus chez elle. L’appartement de Fobosi ne serait peut-être plus le foyer qu’elle avait connu. Elle s’imaginait déjà laisser dépérir ses plantes, ses droïdes, puis elle-même.

-Ah non, pas de ça, dit-il avec sévérité comme s’il venait de lire dans ses pensées. En réalité il avait simplement remarqué qu’elle s’apprêtait de nouveau à pleurer. C’est la chambre numéro 202, service de pneumologie. Deuxième étage, à droite…
-La chambre 202..répéta-t-elle, les lèvres saisies de fébrilité.
-J’ai pas pu m’empêcher de traîner l’oreille lorsque vous étiez à la réception, avoua-t-il,penaud.

En fait, sa ronde passait par l’accueil et son assistant médical l’avait alerté en braquant ses senseurs vers Publuis. Encore elle et sa maudite fièvre. Il avait voulu intervenir, lui demander de regagner son lit, mais la voix pleine de détresse avait eu raison de lui. Alors qu’elle repartait, il s’était discrètement mis à la recherche de ce fameux Ja’ar Austhis.

-Je veux dire, j’suis pas quelqu’un de bizarre hein, c’est que…
-Oh merci. S’exclama-t-elle en se jetant sur lui pour l’étreindre. Il rougit jusqu’aux oreilles, incertain.




Elle n’avait jamais couru aussi vite, frappant à de maintes reprises sur le bouton du turbolift. Elle courut encore, jusqu’à ce que sa blessure récente se rappelle à elle. Son rythme ralentit et elle dût reprendre son souffle. Une petite tâche écarlate s’étalait lentement sur son uniforme, à l’endroit de sa plaie suturée. Tant pis. Le plaid encore lové autour de ses épaules. Tant pis, aussi. Tant pis les regards étonnés ou outrés qu’on lui lançait, comme les remarques désobligeantes qui volèrent au-dessus d’elle à la vitesse de l’indifférence. Un mur se serait dressé sur son chemin qu’elle serait passée à travers. Ce fut simplement un chariot repas renversé et des dizaines de plateaux de nourritures éclatés à terre qui firent office d’obstacles. On l’empêcha de passer. Zone sinistrée. Son cœur battait trop fort et elle chercha désespérément des indications sur les panneaux holographiques qui balisaient le couloir. Une déviation s’imposait.

Chambre 202.

Elle avança une main tremblante vers la commande d’ouverture des portes avant de se raviser. L’adrénaline retomba d’un coup et elle en eut des vertiges. La fièvre et une pression basse n’aidant pas. Il ne restait plus que ses grands yeux abîmés par des litres de larmes et des sillons salés sur ses joues pâles. Et si jamais…il…

Ses doigts pressèrent l’ouverture et ses prunelles se figèrent sur lui. Sa vision périphérique enregistra la présence de Balian, les moniteurs, mais elle ne voyait réellement que Ja’ar. Et son cœur se tordit d’inquiétude et de culpabilité. Un pas, puis un autre. Et une seconde plus tard, ses bras étreignirent le métis. Le vieux plaid tomba à terre et elle plongea son minois dans la chevelure argentée qui sentait l’antiseptique.

-Je suis tellement désolée…

Elle pleurait encore, comme elle était irrécupérable Tant désolée d’avoir laissé éclater sa colère, de ne pas l’avoir compris, d’avoir pris peur. Elle souhaitait dire toutes ces choses qui se bousculèrent en même temps à ses lèvres. Ne sortit qu’un nouveau sanglot. La drogue…ce n’était pas si grave. Elle l’aiderait, elle était médecin. Son médecin. Elle ne disait tout cela qu’en pensées et dans sa confusion pensait parler. Elle serra son étreinte plus fort, ignorant la douleur à son prope flanc, oubliant celle qui pouvait tancer celui du mécanicien.

-Je voulais être là, mais le bébé cathar…son cœur, l’opération. J’étais morte d’inquiétude. Je ne te quitterai plus, setara mali.
-Bon ! C’est très touchant et émouvant tout cela...vous allez presque me faire pleurer. Mais c'est mon patient, il vient de subir une chirurgie qui est tout sauf anodine. Alors laissez le respirer Publius!

Balian s’était approché et elle se détacha à contrecoeur de Ja’ar. Elle tenta de reprendre contenance, passa quelques mèches blondes derrière ses oreilles et fixa le miralian s’affairer autour du métis.

-Des nouvelles de la boule de poils ?

Elle eut un soubresaut en comprenant qu’il s’adressait à elle. Ses pensées s’ordonnèrent lentement.

-Son état est stable. A part une chute de tension…aucun incident notable durant l’intervention. (Elle ne quittait pas son amant des yeux et s’exprimait d’une petite voix.) J’ai suspendu les doses de bêtabloquants afin de ne pas risquer l’arrêt cardiaque. Elle reçoit des antidouleurs par voie intraveineuse pour pallier à l’inconfort de l’ouverture du sternum faite durant l’opération. Elle semble plutôt bien y réagir. Quatre heures trente deux minutes d’opération. Le professeur Erinwright les bouclait en trois heures et onze minutes.

La dernière remarque avait été soufflée sur un ton pensif et elle se ressaisit la seconde suivante :

-J’espère qu’elle sortira vite pour rejoindre sa famille. C’est toujours un déchirement d’être loin de ceux que l’on aime.

Et elle ponctua sa phrase en offrant un sourire sincère à Ja’ar. Son premier sourire depuis des jours et il était aussi radieux que le soleil qui perçait après une nuit d’orage.

Ja'ar Austhis
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L’étreinte de la jeune femme se trouvait être aussi agréable que douloureuse. Elle s’était jetée sur lui et il l’avait accueillie sans aucune précaution pour leurs conditions respectives. Alors que son flanc blessé ne partageait pas son enthousiasme pour un tel enlacement, Ja’ar laissait échapper une grimace furtive avant d’apprécier pleinement le retour de celle qu’il imaginait avoir perdu pour de bon. L’embrassade, trop courte de son point de vue, fut limitée par l’agacement manifesté par le docteur Atraïde qui intimait sévèrement à Evadné de lâcher son patient. Tandis qu’elle s’exécutait a contre-cœur, les deux compères médecins échangeaient sur la récente opération réalisée par la jeune femme. Le mécanicien l’observait comme s’il ne l’avait pas vue depuis une éternité. Elle était dans son élément, et à l’écoute de leur échange – dont le sens de nombreux termes techniques lui échappaient – elle avait été plus que compétente. Le métis était fier d’elle et elle n’en devenait que plus désirable. Le sourire radieux qu’elle lui adressait lui était plus apaisant que n’importe quelle dose d’antidouleur, et il lui renvoyait le même genre de sourire béat avant qu’elle ne reparte dans une discussion avec son collègue, à moitié compréhensible pour le profane qu’était Ja’ar. Il repensait aux évènements récents, tentant d’y voir avec plus de clarté. Il avait surement été vu lors de cet épisode sur la place. Il fallait espérer que personne ne soit en mesure de décrire correctement la scène de torture à laquelle il avait pris part sous peine de voir débarquer rapidement les forces de police à l’appartement d’Evadné. Ce serait problématique pour lui certes, mais il pensait surtout à l’impact sur la carrière de sa compagne. Cela serait destructeur. Il lui fallait en avoir le cœur net. D’un geste de la main, il attirait à lui le datapad qui trainait sur la commode attenante au lit. Le genre de terminal disposé dans toutes les chambres afin de permettre aux patients de ne pas se couper complètement du monde lors de leur hospitalisation. Il servait de communicateur mais permettait également de se connecter à l’holonet ou de visionner un bon millions de chaine. Une recherche rapide confirmait ses craintes : cela faisait quatre jours depuis leur altercation avec le Twi’lek dans la ville basse et déjà un article de presse concernant les faits été paru. L’Arkano-Kiffar entreprit de lire avec attention l’article d’une certaine « Lyra Mystis » afin de savoir si oui ou non il lui fallait quitter la planète :


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>>UN JEDI FOU FAIT UN CARNAGE DANS LES BAS FONDS


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Coruscant - Niveau 1313 - Corridor Écarlate

C'est dans une atmosphère pesante que les habitants du niveau 1313 se sont éveillés hier matin. Suite à une apparente échauffourée nocturne, deux corps ont été retrouvés sur la place Prestis dans le district 22. Les deux morts correspondraient au signalement de deux criminels recherchés par les forces de l'ordre, Zayck et Urtho Gen'Mareck. Les deux frères, soupçonnés d'être affiliés au cartel de la drogue et déjà mis en cause dans des affaires de proxénétisme ont été découvert au petit matin par la patrouille 22-402.

Bien que les premières hypothèses tendent vers un règlement de compte entre gang, plusieurs témoignages viendraient mettre à mal cette théorie. En effet, quelques habitants affirment avoir été présents au moment du crime, et bien que les déclarations ne soient pas identiques, la majorité convergent vers deux même points : Il y aurait une troisième victime, et les Jedi seraient mis en cause. Extraits :


"J'étais dissimulé derrière une colonne, j'ai tout vu. C'était un Arkanien, il avait un regard de dément. Il venait d’assommer une prostituée, surement pour abuser d'elle. Surement une employée du Corridor Ecarlate. Il brandissait un sabre laser comme ceux d'en haut ! Il a attaqué sauvagement les frères Gen'Mareck, et torturé Var'E. Il a fait de la sorcellerie de Jedi, aucun doute là dessus. J'oublierais jamais ses hurlements...Un cri à vous donner des cauchemars. Et la blonde...Pauvrette....il s'en enfui après l'attaque, en l'emmenant. Je donne pas cher de sa peau. Ces salauds en ont assez de se goinfrer sur le dos des pauvres, il viennent maintenant nous martyriser comme des sadiques. C'est scandaleux !"
Témoignage Anonyme

"De c'quon dit, c'était un client du Corridor Ecarlate. Il aurait violé plusieurs femmes et c'est pour ça que le brave Var'E est intervenu, il fallait faire payer cette ordure. Vous autres journalistes, vous dites que Var'E c'est un criminel, mais nous on sait que c'est un bon gars !"
Témoignage Anonyme

"On a toujours su que les Jedi étaient louches, on est bien content aujourd'hui d'avoir l'opportunité de les dénoncer ! Mais comme d'habitude, l'affaire va être étouffée."
Témoignage Anonyme


L'identité du troisième, actuellement recherché activement, correspondrait donc à celle de Var'E Yatoomba, bien connu également des forces de police. Si les deux frères semblent avoir été tués sobrement, le Twi'lek aurait quant lui subi des sévices insoutenables selon des sources proche de l'enquête.


"Je l'ai vu en allant travailler. Je passe sur la Place tous les matins, et elle était étonnamment déserte. Il était pendu au lampadaire, complètement défiguré, ses membres étaient tranchés et jonchaient le sol. Ha, et ses yeux étaient crevés. Personne ne mérite une telle barbarie m'est avis. C'est moi qu'ai averti les FDP, mais j'ai dû partir embaucher, mon boss aime pas les retard. Mais je vous assure, y'avait bien un Twi'lek sur le lampadaire !"
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J.Utrhen, éboueur.

L'officier en charge de l'enquête est quant à lui beaucoup plus prudent sur le sujet :

"Rien ne nous permet d'affirmer que M.Yatoomba était présent, bien que les analyses attestent bien de la présence d'un Twi'lek sur les lieux. Il nous est impossible d'attester de la présence d'un Jedi non plus, les victimes ne portant aucune trace de brûlure caractéristique d'un telle arme sur eux. Ces témoignages ne sont toutefois pas étonnant, il existe une forte animosité ici bas envers les Jedi. Toutefois, nous explorons toutes les pistes et n’excluront aucune théorie."
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M.Lok'tar, Officier des FDP


D'autres témoignages lient cette agression à une débâcle ayant eu lieu au Corridor Ecarlate plus tôt dans la soirée. Si le propriétaire assure n'avoir aucun enregistrements des événements de la nuit, plusieurs témoins attestent de la présence d'un homme au cheveux blanc brandissant un sabre laser qui se serait battu avec un Mandalorien, blessant plusieurs clients au passage. Pure invention selon certains, comme le propriétaire du Club que certains nomment depuis ce matin le "Corridor Sanglant" :


"Les Mandaloriens ont disparu, il faut arrêter d'croire les bêtises et les vieilles histoires de bonne femme. Le Corridor Ecarlate est un établissement respectable et nous avons un politique stricte concernant les armes dans l'optique de protéger nos employés. Bon, parfois les esprits s'échauffent, mais nous avons à cœur d'assurer la sécurité de notre personnel et de nos clients. Les rumeurs distillés par des abrutis jaloux d'un business florissants sont légions, et elle sont toutes infondées. Quant à vos histoire de Jedi, des absurdité également. Et je connaissait Var'E, mais il a quitté Coruscant y'a presque dix ans. J'veux pas faire vot' travail à vot' place, mais vous devriez vous en tenir aux faits."
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M.Ykarbes, Manager au Corridor Ecarlate


Le doute est donc permis à la lumière de toutes ces informations. Notons que l'Ordre Jedi n'a pas souhaité se prononcer sur cette affaire pour le moment. Si Jedi il y avait, il est aujourd'hui difficile t'en tirer un portrait-robot, les recoupements de temoignage ne s'accordant seulement sur l'espèce du bourreau :un Arkanien. Les habitants du district 22 sont pourtant tous unanimes : ils réclament la tête de celui qu'ils dénomment déjà "Le Jedi Fou".

Lyra Mystis, pour CoruNews.

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Bulletin d'information relatant les faits : [Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]

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Son cœur fit un bon. Il y avait eu plusieurs témoins et une enquête était ouverte. Seule chose qui le rassurait : les témoignages semblaient rester flou et personne ne paraissait avoir reconnu Evadné. Enfin, aucun témoins ne semblait capable de le décrire complètement. Au final, cela devrait pouvoir rester qu’un simple fait divers comme il s’en déroule des milliers par jours dans la ville-monde. Une chose toutefois attirait son attention : Quelqu’un avait « nettoyé » derrière eux, puisque le cadavre de Var’E n’avait pas été retrouvé. De plus, la déclaration du Manager du Corridor Ecarlate était en totale contradiction avec les faits de la soirée. Pour une raison qu’il ignorait, quelqu’un semblait vouloir étouffer l’affaire et même si c’était à leur avantage, cela restait curieux. Il leur faudrait rester prudent, et il en toucherait deux mots à sa compagne une fois rentrés. Il continuait ses recherches et fut satisfait de voir que seul CORUNEWS semblait avoir couvert cette actualité. A moitié soulagé, il allait reposer le datapad à sa place mais fut soudainement surpris par la proximité du Mirialan qui voulait l’ausculter. Trop absorbé par sa lecture, le métis n’avait pas remarqué que le médecin s’était approché à son chevet dans l’optique de l’ausculter. Pris de surprise, Ja’ar sursautait légèrement, lâchait le datapad au sol et repoussait violemment le bras armé d’un stéthoscope du Docteur Atraïde. Le visage de ce dernier se durcit soudainement et il s’employait à calmer son patient en usant de fermeté.

- Il Suffit !

Le Mirialan saisi la main du mécanicien, cherchant à calmer les gestes frénétiques du blessé qui continuait de le repousser mécaniquement. Il laissait pendre le stéthoscope à son coup pour saisir de sa seconde main l’autre bras de son patient récalcitrant.

-Ja’ar !

L’interjection paniquée de la jeune femme eut autant d’effet sur lui que du shampoing démêlant sur un Wookie et le mécanicien continuait de s’agiter malgré les douleurs. Ses bras étaient à nus, et le contact de la peau du Docteur sur la sienne ne lui était pas supportable. Il frissonnait encore quand Evadné se collait à lui, et c’était la seule qui avait réussi à obtenir ce passe-droit. Pour les autres, cela demeurait encore et toujours difficile à soutenir.

- Espèce d'imbécile! Vous croyez que c'est le moment de jouer les divas? !

Cherchant à se libérer plus rudement de la prise de son praticien, le Demi-Kiffar perdait l’équilibre et chutait de son lit au pied d’Atraïde, arrachant le monitoring collé sur son torse et son bras. Tandis que sa belle laissait échapper un cri de surprise, le militaire manifestait son agacement par un soupir franc avant de se baisser sur son patient d’un air quasi-menaçant. D'un geste vif, le médecin appuyait sur le côté de Ja'ar lui rappelant le souvenir de l'opération qu'il venait de subir, lequel échappait un gémissement de douleur tout le maudissant.

- Si vous ne voulez pas que je vous colle une dose de tranquillisant vous arrêtez de bouger et vous me laisser faire mon travail!

Paniqué, Ja’ar repoussait une nouvelle fois ce contact douloureux et saisissait la jambe gauche du Docteur pour le repousser. Il était toutefois surpris de sentir la rudesse de cette dernière et se demandait comment se faisait-il que cet homme eu la jambe si ferme avant de comprendre qu’il avait à faire une prothèse mécanique. Sa psychométrie non contrôlée sous l’effet de la panique lui renvoyait à une période lointaine.

Une explosion le faisait sursauter. Il était allongé dans la boue et respirait difficilement un air vicié de particules sombres et de volutes méphitiques. En lieu et place de l’habituelle couleur azurée le ciel affichait une teinte rubis, la lumière du soleil étant filtrée par le panache de fumée qui s’élevait au loin, attestant de la proximité d’un incendie. A ses côtés, une jeune Nautolane en uniforme militaire et dont la respiration saccadée s’accélérait gisait au sol avec une marre de sang à la place de son bras gauche. Le bruit assourdissant des tirs de canon et des chutes de bombes masquait le son de la prière qu’elle adressait probablement à son dieu. Penché sur elle, un Balian Atraïde plus jeune de quelques années et en uniforme s’affairait, jurant à tout va dans l’espoir d’y trouver l’énergie et le courage nécessaire à la réussite des soins d’urgence qu’il tentait de pratiquer. Un gradé Besalisk s’approchait en courant pour le sermonner, fusil blaster à l’épaule. Autour d’eux, plusieurs morceaux de cadavre étaient éparpillés et de nombreux cratères laissaient penser à l’utilisation abusive de tirs de barrage sur la zone.

- Atraïde ! laissez tomber celle-ci et occupez-vous des cas récupérables !

- C’est contraire à mon étique Capitaine ! On sauve tout le monde !

- Vous perdez un temps précieux avec ces conneries Doc’. Si vous avancez pas vers le point d’extraction, vous y passerez et nous avec ! Les Impériaux approchent et z’etes le dernier toubib de la section. Laissez la partir, on aura besoin de vous. Vivez aujourd’hui pour vous battre demain !

- Jamais ! Partez devant je vous rejoins, je peux la sauver.

- C’est un ORDRE Atraïde !

- Avec tout mon respect Capitaine, foutez-vous le où je pense !

- J’vous ferait passer en cour martiale pour ça !

- Et moi je vous dit que..

Le Mirialan n’avait pas fini sa phrase que la tête de son Capitaine explosait dans une gerbe de sang sous l’impact d’un tir bien senti, couvrant le visage tatoué du médecin d’un voile pourpre nauséabond. Sur le sommet de la colline en surplomb, plusieurs silhouettes arrivaient en courant, certaines portant ces fameuses lames rouges qui glacent le sang.

Ja’ar se relevait brusquement en criant et se frottait machinalement le visage et le torse, comme pour enlever l’hémoglobine qui l’avait arrosé. Il se trouvait de nouveau dans la chambre d’hôpital, nez à nez avec les deux médecins qui le dévisageait avec étonnement, l’un avec une seringue à la main, l’autre avec les yeux humides. Tandis qu’il reprenait lentement ses esprits, il comprenait. Il s’asseyait lourdement sur le lit d’hôpital en grimaçant, toujours rappelé à l’ordre par son flanc, et détaillait en retour Atraïde qui le menaçait avec sa seringue.

- Calmé ?

- Sabaka, laissez le respirer Balian ! Comment tu te sens, Sétara Mali ?

Ja’ar reprenait son souffle. Il avait entrevu une fraction de ce qu’avait subi ce docteur zélé et comprenait mieux la fermeté de ses paroles. Le mécanicien avait beau avoir entendu parler de la guerre, savoir qu’elle avait eu lieu et continuait même encore aujourd’hui, il avait beau avoir croisé des soldat jamais il n’avait eu à vivre une telle expérience. Il n’en avait jamais mesuré l’horreur et venait d’en avoir qu’un simple aperçu au travers de la force et des souvenirs de Balian. C’est pour cela qu’il avait horreur des contacts, pour se protéger de telles expériences. Il eut un léger renvoi acidifiant sa gorge et brulant sa trachée. Essoufflé, il faisait un signe de refus de la main au Mirialan tout en s’adressant à lui.

- Nan ne…ne me touchez pas s’il vous plait… Je… Je maitrise mal ma psychométrie.

Tandis que Balian digérerait l’information non sans d’abord adresser une nouveau sarcasme, Evadné s’affairait a repositionner correctement les différents éléments de surveillance afin de garder un œil sur les constantes de son compagnon. Affolée par la réouverture de la plaie de Ja’ar, elle s’était jetée sur l’opportunité de s’occuper de lui au mépris de la réouverture de ses propres blessures. Le mécanicien remarquait à son tour les taches de sang sur la tenue de la jeune femme, et les désignait à Atraïde qui levait les yeux au ciel.

- Quelle belle équipe de bras cassés on forme toi et moi. Lâchait-il dans un demi souffle.

Il repensait au Mandalorien qu’ils avaient affrontés. Il aurait aimé l’interroger pour comprendre pourquoi il avait eu besoin de ce qui avait été caché dans FX76. L’homme masqué avait fui avec cette information, et le seul moyen d’en savoir plus serait d’examiner les données que Ja’ar avait copié. Ce serait la première chose à faire une fois leur autorisation de quitter l’hôpital obtenue.

Balian Atraïde
Balian Atraïde
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Quand je vous disais que je n’avais que des patients spéciaux. Celui-là en était un parfait exemple. Un sacré casse-pieds. Je ne lui avais pas demandé la lune…juste de se tenir tranquille pendant que j’allais l’ausculter. Surtout qu’il venait de faire un « gros calin » à Publius. C’était très romantique, mais je n’avais nulle intention de tenir la chandelle.

Le fait qu’il me repousse m’agaça fortement. J’estimais que l’homme n’avait pas matière à contester le fait que je devais vérifier qu’il allait mieux, et qu’il était capable de supporter une discussion franche avec Publius. Car la miss n’était pas sans reste. Je n’étais pas là pour les juger, simplement ils manquaient de recul l’un comme l’autre.

J’avais saisi la main du mécanicien, cherchant à le maitriser, mais il était encore énergique l’animal malgré sa blessure. Le cri d’Evadné ne fut d’aucune utilité sur le métis. Cette fois je perdis patience et l’enguirlandais copieusement. J’étais assez compréhensif avec mes patients, mais fallait pas pousser non plus.

- Espèce d’imbécile ! Vous croyez que c'est le moment de jouer les divas ? !

Rien à faire…dans la lutte, Ja’ar perdit l’équilibre et tomba du lit, se retrouvant au sol. Il avait arraché ses perfusions et les électrodes qui le reliait au monitoring qui s’éclaira et bipa énergiquement pour signaler qu’il ne détectait plus le patient. Quelle plaie ! D’un geste rageur j’activais le mode silencieux de l’ordinateur de surveillance des constantes. Tout ce tapage pour …rien au final ! Comment aurais-je pus savoir ?

Devant tant de mauvaise volonté de mon patient, la douceur n’était plus de mise. Aussi j’avais appuyé sur la plaie de Ja’ar pour lui rappeler le souvenir cuisant de son opération récente. Un peu sadique de ma part, et pas très éthique, je devais bien l’admettre, mais aux grands maux, les grands moyens. Je n’avais cure des gémissements du gars, et du flot d’injures à mon encontre. S’il se tenait tranquille je n’aurai pas été obligé d’en arriver à une telle extrémité.
Je le menaçais de le calmer, mais à ma façon :

- Si vous ne voulez pas que je vous colle une dose de tranquillisant vous arrêtez de bouger et vous me laisser faire mon travail !

Une injection de lorazépam et on en parlait plus ! Je m’étais emparé d’une seringue pour mettre mon plan en action.

Cette menace n’eut pas l’effet escompté. Au lieu de se calmer, il chercha à me repousser de plus belle. Mais quel crétin ! J’allais donc mettre à exécution ma menace quand il me saisit la jambe…La gauche…Ce n’était pas vraiment « ma » jambe…Je me figeai à ce contact. Je me retins de ne pas lui coller un coup du pied mécanique de ma prothèse dans la tronche. L’expression du visage de Ja’ar était étrange. Ses yeux aussi…Il avait l’air…parti. Que voila une situation des plus particulière. Je n’aimais pas que les gens découvrent que j’avais une prothèse, j’essayais moi-même de l’oublier…De ne plus y faire attention, mais elle se rappelait sans cesse à mon souvenir d’une manière…douloureuse bien souvent. Elle me rappelait trop de mauvais souvenirs, et surtout aux traumatismes que j’avais pu vivre.

Soudain Ja’ar me lâcha et recula, en essuyant son visage et son torse de quelque chose. Il n’y avait rien pourtant.

- Calmé ? demandais-je, seringue à la main, prêt à l’injection s’il lui prenait l'envie de faire chier de nouveau.

- Sabaka, laissez-le respirer Balian ! Comment tu te sens, Sétara Mali ?

Il n’avait pas l’air en forme en effet. Il était essoufflé, comme s’il était en état de choc…Quelque chose était arrivé quand il avait touché ma prothèse. Et j’ignorai quoi. Et son explication ne fut guère plus explicative à mes yeux.

- Nan ne…ne me touchez pas s’il vous plait… Je… Je maitrise mal ma psychométrie.

Psycho-quoi ? Je fronçais les sourcils, cherchant ce que cela pouvait bien signifier. Mon visage affichait clairement mon désappointement. J’étais partagé entre la colère et l’incompréhension. Evadné s’était affairée à rebrancher Ja’ar pour surveiller ses constantes…Moi j’étais coupé dans mon élan, analysant ce qu’il venait de se produire.

- Qu’est-ce que c’est cette psychométrie ? Je comprenais que cela avait un lien avec une forme de contact. Mais je ne voyais pas sous quelle forme cela pouvait se manifester. Je baissais la tête vers ma jambe…Négligemment ma main droite se souleva pour venir effleurer ma mandibule qui portait les stigmates laissée par la guerre… Dans un souffle je demandais : vous aviez l’air...absent...comme déconnecté lorsque vous avez touché ma jambe artificielle…Et ensuite vous aviez l’air affolé…

Maintenant que j’y repensais, Ja’ar avait eut une expression caractéristique des soldats qui avaient vu l’enfer de la guerre. Ceux qui essayaient tant bien que mal de se débarasser de la souillure qui les couvraient, comme si cela allait les soulager après ce qu’ils avaient vu…entendu…ressenti. Mon regard suspicieux se leva de nouveau vers Ja’ar…J’avais la désagréable impression qu’il était entré dans ma tête…d’une manière… « intime ». Cette mise à nue ne me plaisait pas…du tout.

- Que s’est-il passé. Qu’avez-vous vu ? Fis-je un peu fortement, cherchant à me réfugier derrière mon autorité militaire.






Evadné Publius
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Elle esquissa un léger sourire en entendant Ja’ar souffler un commentaire sur le duo qu’ils formaient. Elle faisait mine de se concentrer sur les monitorings, pour lui cacher son air pâle. La réouverture de sa plaie était superficielle mais lui réclamait une énergie qu’elle ne possédait presque plus. La toute blonde était de constitution modeste, malgré une bonne santé effective. Pourtant, ses pensées demeuraient parasitées par les évènements récents. La joie d’avoir retrouvé Ja’ar en un seul morceau n’avait pas effacé toutes les autres préoccupations de la cadéziennes. Ce nouvel épisode surréaliste ayant mis en scène la psychométrie du mécanicien n’avait fait que lui remémorer son impuissance face à ce qu’il était. Elle refusait de le voir comme un monstre, mais elle ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter et de compatir à son égard. Il lui semblait que la promesse d’une vie normale à ses côtés s’éloignait comme le spectre d’un espoir trop ténu pour se concrétiser. Le souvenir de Luka émergea encore, inlassable. Fixée sur les données que les appareils de surveillance faisaient défiler, elle tentait d’établir des liens entre ce pauvre jeune homme, croisé au hasard d’un malheur sur le Vestyr et leur situation actuelle. Beaucoup trop de pièces du puzzle avaient des contours flous et s’imbriquaient mal, l’image d’ensemble lui échappait.

Se soustrayant enfin aux écrans holographiques, elle croisa le regard de Balian Atraïde et d’autres interrogations se manifestèrent. Qu’avait-vu Ja’ar ? Elle savait que le docteur Atraïde officiait pour le corps médical militaire, mais elle lui ignorait une prothèse. Elle était naïve sans être idiote. Elle considérait bien qu’il avait pu, un jour, subir une blessure de type traumatologique sur un théâtre d’opérations militaires. Elle-même grimaça en retrouvant brièvement la sensation atrocement douloureuse d’un tir de blaster. Elle n’osait imaginer toute la détresse dans laquelle notre corps pouvait être plongée, quand des armes de guerres dévoraient nos chairs et arrachaient nos membres. C’était ce qu’elle spéculait et cela la bouleversait. Combien d’hommes et de femmes comme Balian ? Combien de mutilés ? Et ceux qui revenaient physiquement intactes mais psychologiquement détruits ? Non la guerre pouvait être une nécessité, mais elle demeurait une aberration.

-Je pense qu’il y a des choses qu’il vaut mieux taire, docteur Atraïde. Quoiqu’il ai vu, il est préférable que ce ne soit pas verbalisé sans recul, dit-elle avec une bienveillance évidente, soucieuse de leur éviter une nouvelle plongée dans l’horreur.

Elle s’installa au chevet du métis, déposant une partie de son postérieur sur le lit et lui offrir un sourire réconfortant. S’asseoir, même à moitié, lui fit du bien et apaisa sa fatigue physique.

-Il va te falloir du repos et du calme. Il est inutile de se torture avec le reste pour le moment.

Evadné se pencha et laissa courir ses doigts pâles le long du visage tatoué, l’admirant avec toute la douceur dont elle savait faire preuve.

-Tu iras vite mieux ainsi. Je vais devoir retourner au chevet de ma patiente, un petit temps. Ecoute bien le docteur Atraïde.

Les lèvres délicates de la semi-hapienne glissèrent contre celles de Ja’ar. C’était une promesse qu’ils se retrouveraient après. Un dernier sourire et elle quitta la chambre.







Sitôt dans le couloir, elle poussa un long soupir et s’adossa à un des murs immaculés. Elle porta une main à son flanc. Avant de contrôler l’état de Ri’ina, elle allait devoir s’occuper de cette plaie contrariée par le moindre mouvement. Après quelques recherches infructueuses, faites de justifications incertaines et de longues explications, elle trouva un confrère qui souhaita bien la prendre en charge dans un des salles de traumatologie. C’était un proche-humain aux yeux colorés, qui abordait sans doute la quarantaine comme le dépeignaient ses cheveux clairsemés d’un peu de blanc. Assise sur la table d’auscultation, elle releva le tissu de son uniforme souillé de sang, découvrant sa peau laiteuse et douce, qu’une blessure écarlate rongeait sur le côté. L’autre docteur fit une petite moue concentrée, contrit.

-Je vais vous faire un pansement au kolto, interne Ilius c’est ça ?
-Publius, corrigea-t-elle dans un sourire reconnaissant.
-Oui voilà, mais il faudra arrêter de tirer dessus après. Mais je ne vous apprends rien. Le kolto est rare, je n’ai pas de quoi en gaspiller à chaque fois.

Un simple cataplasme cicatrisant aurait fait l’affaire, mais le kolto agissait plus rapidement sur les tissus et avec plus d’efficacité. Elle avait besoin de ce luxe afin de poursuivre le suivi du bébé cathare et d’être présente quand Ja’ar irait mieux. Le médecin appliqua de manière consciencieuse le pansement. Ses gestes étaient pourtant raides et abrupts derrière une précision chirurgicale et elle dut mordre ses lèvres pour ne pas trahir des geignements de douleur. Il termina avec une injection de médicaments ordinaires pour prévenir la fièvre et la souffrance. Elle rabattit le haut de son habit.

-Merci docteur.






Marcher était toujours éprouvant, mais elle se sentait moins sur le point de tomber. Quand elle retrouvera la chambre de soin de Ri’ina, dans l’aile pédiatrique, ses parents étaient déjà là ; lovés l’un contre l’autre. Des larmes de soulagements brillaient encore sur les joues de la mère et dans le regard u père, un air grave mais reconnaissant. Elle se déplaça avec grâce jusqu’à eux et toisa l’enfant dont le regard grand ouvert dévorait les silhouettes familières de ses géniteurs.

-Ah docteur, souffla la cathare. Elle a beaucoup pleuré, un infirmier est venu mais…
-C’est la douleur due à l’ouverture du sternum. Nous lui administrons des antalgiques, mais son jeune âge nous pousse à limiter les doses. Elle est déjà très courageuse de supporter tout ça, vous pouvez être fiers d’elle. C’est un bel enfant.

Publius déploya sa main au-delà des vitres de la grande couveuse, pour flatter la joue du bambin rougies par une crise de larmes.

-Quand pourrons-nous la ramener à la maison ?
-D’ici quelques jours, répondit-elle doucement. Nous devons la garder sous surveillance, les complications peuvent mettre du temps avant de se manifester.
-Des complications…

Eva releva ses prunelles bleutées pour aviser la détresse qui éclatait dans celle du couple.

-Toute opération comporte des risques, mais vous devez avoir confiance en Ri’ina. Elle a déjà fait un long trajet et a combattu beaucoup. Tout ira bien.
-Merci Docteur, dit le mari en berçant l’épouse qu’il tenait étroitement dans ses bras. Merci d’avoir sauvé notre petite fille.

Elle n'était pas certaine de mériter ces remerciements. La toute blonde ramena son attention vers Ri’ina qui s’était rendormie.

Elle se demandait si Jed et Shen allaient bien.

Ja'ar Austhis
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Le métis regardait avec une pointe d'appréhension la jeune Publius quitter de nouveau la salle. Elle était encore blessée mais n'en faisait cure comme à son habitude. Elle serait même capable de tomber dans les vapes à trop forcer au mépris de sa propre santé, il le savait et c'est ce qu'il l’inquiétait. Toutefois il rationalisait rapidement ses pensées : ils étaient dans un hôpital, entourés par une cohorte de médecins et d'infirmiers. S'il y'avait bien un endroit où elle était en sécurité, c'était en ces lieux. Il reportait son attention sur le Mirialan qui n'avait cessé de le dévisager malgré la demande de retenue de la jeune femme. Le bougre avait l'air d'avoir saisi, du moins en partie, ce qu'avait impliqué le contact du mécanicien avec sa prothèse et cela semblait le tracasser. Les émotions qu'il émettait dans la Force ne laissait aucun doute quant au fait qu'il était des plus perturbé, gêné par ce contact. Ja'ar devait s’employer à le rassurer.

- Excusez moi Docteur. Je n'ai pas...comment dire. Je ne voulait pas vous effrayer, ou vous gêner. C'est juste que...

Il cherchait ses mots. Comment expliquer à un aveugle le fait de voir ?

- Nous autres Kiffars possédons des dons. Pas tous de ce que m'expliquait ma mère, cela varie en fonction des individus avec un talents plus ou moins prononcé. Nous sommes capable de ressentir des émotions, des sentiments, des sons, des images et parfois même des scènes entières du passé liées à des objets.

La mine de Balian c'était très légèrement adoucie. Il était attentifs aux explications du Roboticien, mais gardait toujours une certaine tension sur son visage. Ja'ar continuait.

- Étant comme vous le savez capable d'utiliser la Force, mes dons se trouvent amplifiés. Cela peut être très utile quand on est capable d'être raisonné, sur de soi ou en pleine forme et ainsi ne pas se laisser emporter par les sensations ressenties. Sachez que je gère très mal tout ceci et que souvent ma psychométrie se déclenche bien malgré moi.

Le métis posait son regard sur ses mains et marquait un léger temps d'arrêt. Le souvenir du jour de la mort de sa mère se rappelait à lui. Il se souvenait de ses mains serrées contre le coup de cet agresseur et cette sensation d'horreur et de froid qui l'avait envahi alors que son opposant rejoignait ses aïeux. Il secouait légèrement la tête comme pour chasser ce morceaux de passé trop douloureux de son esprit et tournait de nouveau son regard vairon vers le Mirialan.

- Dites moi, cette Nautolane... elle à survécue ?

Le visage du docteur s'assombrit l'espace d'un instant. Il fixait Ja'ar, silencieusement, comme s'il regardait a travers lui. Son regard immobile, bien que tourné vers le mécanicien, attestaient de son attention momentanément encrée dans un passé douloureux. Une légère crispation de sa mâchoire suivie d'une inspiration un peu plus bruyante trahissait l'avalanche de sentiments contradictoires qui traversaient l'esprit tourmenté d'un Balian plongé dans les remous d'un passé tumultueux. Quelques secondes encore et il clignait des yeux plusieurs fois d'affilé comme s'il se réveillait d'un rêve. Un mauvais rêve.

- J'ai pu la stabiliser...

Sa voix était légèrement cassée, voilée. Comme si évoquer ce souvenir réveillait des sentiments enfouis bien profondément.

- Avoir un membre arraché n'induit pas forcément une mort certaine...Elle aurait pu survivre si on nous avait évacué plus tôt...elle est morte parce que je ne pouvais rien contre une septicémie...

- Navré.


- C'est la guerre.

Se refermant aussi vite qu'il s'était ouvert, le Mirialan rangeait rapidement sa table de travail et sans échanger d’œillade avec son patient se dirigeait vers la porte de la chambre qu'il ouvrait d'un geste lourd. Avant de la franchir, il jetait un dernier regard sur son patient.

- Je repasserait dans la soirée, reposez vous. Et si vous avez besoin d'aide pour vos...soucis d'addiction. Venez me voir. Je sais ce que c'est.

La blouse blanche disparue derrière la porte laissant le Métis à sa solitude. J'y songerait pensait-il. Un peu d'aide ne serait pas de trop... Il s'en voulait d'avoir ravivé ces mauvais souvenirs. Il n'avait eu qu'un aperçu de ce qu'avait pu vivre cet homme sur le champ de bataille, et cela avait déjà retourné son cerveau. Qui sait quelles horreurs avait-il pu voir ? Cette carapace de Cynisme trouvait probablement son origine là dedans. Ja'ar avait eu l'occasion de croiser quelques militaires dans sa vie. Les soldats ne s'épanchaient que peu sur leur expérience de terrain, encore moins avec des civils et ce n'était pas un hasard... Qui partagerait ces visions cauchemardesques avec le premier venu ? Qui pourrait les encaisser sans broncher ? Plongé dans ses pensées, le Roboticien tournait la tête vers la fenêtre et contemplait l’extérieur. Une épaisse brume blanchâtre occultait l'horizon, ne laissant que peu d'opportunité d'observer les ballets de speeder croisant pourtant qu'a quelques dizaines de mètres de l’hôpital. Tout en laissant vagabonder son esprit, il palpait ses côtes pour évaluer le degré de ses blessures dans un geste naïf. Il faudrait encore rester quelques jours dans cet environnement, quelque chose qui lui déplaisait fortement. Se redressant sur sa couche, il s'installait en tailleurs non sans grimacer. Quitte à rester sur place, autant ne pas perdre son temps, aussi il emploierait celui ci à méditer. Cela faisait bien trop longtemps qu'il n'avait pu effectuer cet exercice des plus reposant. A vrai dire, il ne l'avait plus fait depuis le Vestyr, et il lui fallait s’évertuer à purifier son esprit de l'agitation vécue ses dernière semaines. Cela lui ferait le plus grand bien. Ouvrant ses perceptions, il tendait son esprit et se laisser lentement immergé dans les courants paisible de la Force.



3 Jours... Un temps qui avait paru beaucoup trop long pour le mécanicien qui brûlait d'envie de rentrer avec sa belle et oublier toute cette histoire. Bien sur, leur conditions mutuelle ne leur avait pas empêcher de passer du temps ensemble. A vrai dire, il avait même fallu les rappeler à l'ordre pour qu'ils limitent tout deux leur déplacement vers la chambre de l'autre. Trois Jours rythmés par les allées et venue de droïdes médicaux et d'infirmiers, par la médication et l'ennui. Le Docteur Atraïde passait régulièrement en coup de vent : sa mine renfrognée l'avait quittée et il s'était montré des plus curieux quant aux aptitudes psychométriques de son patient. Sous couvert de venir pour surveiller l'état du métis, il en profitait toujours pour poser innocemment une question sur ses talents, griffonnait quelque chose sur son carnet et repartait aussi sec, maugréant sur son planning aussi dense que la fourrure d'un wookie. Le troisième jour, Ja'ar accueilli la nouvelle de son autorisation de sortie avec un sourire des plus radieux. Comble du bonheur, la jeune Publius était elle aussi libérée, a condition de se tenir à un régime strict à base de repos, de complément alimentaires et de médicaments pour un semaine « dans l'espoir de n'avoir aucune séquelle » dixit les infirmiers les plus alarmistes. Leur joie de pouvoir mettre derrière eux ce qui n'était qu'un mauvais souvenir s'effondrait brutalement à la vue d'un nouvel article de presse publié par Corunews traitant une nouvelle fois de leur escapade dans les bas fonds. C'était dans le speeder-taxi les ramenant aux quartiers Fobosi que tout deux en prenait connaissance sur un datapad oublié sur la banquette arrière par le précédent client :



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LE MUTISME DE L'ORDRE JEDI CACHE-T-IL UN SOMBRE SECRET ?


Une semaine. C'est le délai qu'il aura fallu au Conseil Jedi pour enfin s'exprimer sur la débâcle ayant eue lieu au niveau 1313 de la cité basse de Coruscant, impliquant trois mort et un "Jedi". Pourquoi un tel silence ? L'Ordre aurait il des choses à cacher ? Le porte parole de l'ordre Séculaire s'est exprimé en ces termes :


"L'Ordre Jedi a été informé des agissements de l'individu armé d'un sabre laser sur Coruscant la semaine précédente. Nous certifions qu'il ne pouvait en aucun cas s'agir d'un membre de l'Ordre Jedi. Les émissaires de notre confrérie ont effectués un minutieux travail de vérification des Jedi présents sur la planète au moment du drame pour conclure qu'aucun d'entre eux n'auraient pu en être l'auteur. Sachez toutefois que nous nous associeront aux efforts de la République pour découvrir l'auteur de ces faits, un individu indéniablement dangereux."
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Grand Maitre Saïen Diethor Don

Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Décryptage par notre expert.

"L'Ordre et ses agents, qui se prétendent pourtant tous comme des alliés et des serviteurs de la république, ont maintes et maintes fois démontrés par le passé leur appétence pour le contrôle absolu. Il n'est pas étonnant que dans une affaire pouvant mettre en cause leur légitimité encore fragile en ces temps de pseudo paix ces derniers prennent des pincettes quant à leur façon de communiquer. Cela fait partie de leur stratégie de tentative de mainmise sur l'opinion publique, comme je l'expliquait dans mon ouvrage "Les Jedi sont-ils dignes de confiance ?" sorti en début d'année. Je ne serait pas étonné que toute cette histoire ne soit qu'une machination visant à remettre sur le devant de la scène leur Ordre de soit-disant sages en se positionnant en tant que "Sauveurs des opprimés". Je pense que ce "Jedi Fou" - et ne doutez pas qu'il s'agisse bien d'un Jedi les témoignages sont assez clairs sur le sujet - est bien un membre de leur temple, chargé de faire du grabuge en secret pour qu'ensuite l'Ordre vienne se positionner en bon samaritain. Vous ne trouvez pas louche le fait que personne ne soit capable d'attester avec précision de l'identité du Tueur ? C'est encore une fois une démonstration irréfutable de la sorcellerie Jedi et de sa dangerosité. Il ne fait aucun doute que tout ceci est une tentative malhabile et ratée d'améliorer l'image des Jedi dans les médias. C'est "Grand Maitre des Mensonges" que Maitre Don devrait porter comme titre."
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Yvel Yrneh Dranreb, Philosophe, Expert en histoire des Jedi et auteur de "Le Jediisme, cette philosophie toxique".

Sur l'holonet, nombreuses sont les réactions qui abondent en ce sens. Nous avons organisé un sondage sur les réseaux sociaux, et il apparaît qu'une large majorité d'entre vous - 21% - pensent qu'il s'agit bel bien et bien d'un Jedi qui aurait échappé au contrôle du temple. 14 % estiment qu'il s'agit là d'une manœuvre volontaire de la part du Conseil et donc d'un complot Jedi. Les rares défenseurs - 3% - opposent qu'il s'agit surement d'un coup monté par l'Empire pour discréditer les Jedi, leurs seuls et plus redoutables adversaires. A noter que 2% d'entre vous ont estimés qu'il s'agirait d'une manœuvre habile de notre grand Chancelier suprême Grendo Sorn pour écarter davantage les Jedi du pouvoir central. Les Forces de police, par le Biais de l'inspecteur Loktar nous offrent toutefois une Théorie que certains qualifieraient de paresseuse et lâche :

"Les dernières expertises nous révèlent qu'il s'agirait ni plus ni moins que d'une altercation entre criminels, un règlement de compte comme il y'en a des dizaines par semaine dans les bas fonds. Aucun Jedi ne semble mêlé à cette histoire, et ce que certains ont pris pour un sabre laser ne serait qu'une vibrolame modifiée. Notre travail consiste à s'atteler aux faits, et rien ne nous permet d'incriminer un Jedi, ni n'atteste de la présence d'un porteur de sabre laser. Les recoupements nous indiquent seulement une chose : Le responsable serait un humanoïde de taille moyenne avec des cheveux long et blanc."
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M.Lok'tar, Officier des FDP

Pour les partisans des "Jedi responsables du carnage", la description collerait avec certains membres de l'Ordre Séculaire, dont la Maître Jedi See'Ryl Lun'Sa Asho'Tye, Arkanienne. Une piste qui semble inenvisageable pour l'inspecteur Loktar.

"Ce ne sont que des supputations, des racontars de couloirs par des gens frustrés qui veulent voir des têtes tomber. J'ai déjà rencontré Maitre Asho'Tye, et il est inconcevable qu'elle puisse être liée de prés ou de loin à cette affaire. Encore fois, laissez les professionnels enquêter !"
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M.Lok'tar, Officier des FDP

Maitre Asho'Tye, connue pour ses prises de positions et méthodes impopulaires au sein même de l'Ordre, serait-elle le fameux "Jedi Fou" ? La principale intéressée, contactée par nos soins n'a pas encore répondu à nos sollicitations.

"Asho'Tye est une Arkanienne. Nous savons tous à quel point c'est une espèce qui a un don pour la manipulation et le secret. Il n'est pas étonnant qu'elle puisse s'épanouir au sein d'un Ordre passé maître dans l'art de la dissimulation et des manœuvre politique. Si j'étais inspecteur de police, j'irais frapper à la porte de cette femme arme et badge à la main."
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Ciré Ruommez, Polémiste

Une seule chose demeure certaine : Ce "Jedi Fou" n'a pas fini de faire parler de lui.


Lyra Mystis, pour CoruNews.

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Un signe discret de la main de la part du mécanicien indiquait à sa belle de ne pas évoquer ce qu'ils venaient de lire tant qu'il ne seraient pas en sécurité chez elle. Ils observèrent tout deux un silence inhabituel toute la durée du trajet, ne souhaitant pas attirer l'attention du droïde chauffeur sur eux. Ja'ar sentait l'inquiétude poindre chez sa douce a travers la Force, et lui même avait du mal à dissimuler son inquiétude. Il saisissait la main de la jeune femme dans une tentative vaine bien que touchante de la rassurer, appuyant son geste d'un sourire qui lui fut rendu. Toutefois, il s'attendait chaque minute à voir débarquer un speeder des forces de polices pour intercepter leur véhicule et jetait des œillades inquiètes dans toutes les directions jusqu'à leur arrivée dans l'appartement la demoiselle. Une fois sur place, il ne s'adonnèrent hélas pas aux retrouvailles sensuelles qu'ils s'étaient promis en quittant l’hôpital, le moral encore miné par cet article et son rappel d'un événement qu'ils avaient choisi tout deux d'oublier, pour leur bien commun.

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