Evadné Publius
Evadné Publius
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Amos était un homme de parole. Comme tout cadézien, il avait honoré une dette et n’était désormais plus lié à Camina Ashford. Il espérait qu’ils en seraient quittes dès qu’il avait débarqué ces trois passagers étrangers dans l’un des nombreux spatioports de la ville. Cinq jours d’un trajet intersidéral avaient permis au trio de se rapprocher et de renforcer les liens qui avaient commencé à les unir – comme en témoignait cette partie de dés dans la cabine qui leur avait été allouée. FX67 avait tout de même triché une ou deux fois, provoquant l’indignation des deux autres. Et s’ils avaient pu bénéficier d’une hygiène corporelle correcte grâce à la douche dont était équipée leur local, ils durent se résigner – au bout du deuxième jours à « emprunter » des vêtements de l’équipage du Zhang Fei. Ils auraient eu beaucoup d’anecdotes à raconter sur le quotidien à bord du cargo, de la nourriture lyophilisée qui avait un goût de carton et de graisse dans la bouche ou des check-up de santé obligatoires qu’Evadné avait fait subir chaque jour au métis dès qu’Amos avait autorisé l’utilisation de l’infirmerie.


Aucune prostituée à l’horizon, un pilote consciencieux et un vaisseau en état de fonctionnement…le Zhang Fei avait été une parenthèse agréable, un havre de paix confiné et presque reposant qui contrasta franchement avec le monde ouvert qu’était Coruscant. Dès leur arrivée sur la planète urbaine, ils durent solliciter à nouveau leurs réflexes. Tout allait si vite et bouillonnait de vie. La toute blonde se désola de se réhabituer si vite à l’air pollué et aux bruits incessants des navettes de transports. Un taxi speeder les déposa au quartier de Fobosi, l’un des plus nantis de Galactic City mais certainement pas le plus huppé. Il abritait l’Université où Evadné avait étudié, mais également le centre universitaire de soins médicaux qui accueillait son internat. Et à sa bordure, de riches buildings aux sommets vertigineux qui couvaient des résidences pour les biens-nés de Coruscant. Celle où logeait la jeune politicienne était vaste et somptueuse comme l’exprimait son hall d’entrée rutilant, astiqué sans cesse par des droïdes protocolaires qui ne firent pas attention à eux. Après une hésitation de la part de Ja’ar, et face à l’argument que l’appartement qu’ils visaient se situait au 1320ème étage, ils prirent un turbolift.


Lorsque les portes de son logement coulissèrent, elle le retrouva exactement dans le même état que quand elle l’avait quitté. Tout était exactement rangé à sa place. Il régnait une propreté élégante supportée par une décoration sobre. Face à eux, le salon baigné dans la lumière nocturne grâce à l’immense baie vitrée qui courait sur tout sa longueur. La vue sur une partie de la cité valait le détour. C’était un vis-à-vis urbain et on arrivait à décerner quelques bouts du ciel – ce qui était un luxe précieux. L’ombre des véhicules volants traçaient parfois une mosaïque éphémère sur les vitres. L’air y était plus respirable qu’à l’extérieur uniquement grâce au concours d’un diffuseur de parfum dans le circuit d’aération. Evadné avait toujours opté pour l’effluve des Inisia, sa fleur préférée.

-Maîtresse ! Voilà qui faisait longtemps…

Un droïde d’hospitalité de la série GG émergea de la cuisine. Son métal était poli de manière impeccable et sa voix désincarnée traînait légèrement.

-Vous avez reçu énormément de messages holographiques sur votre terminal individuel durant votre absence.

FX67 bipa toute une série d’insanités et se dépêcha vers l’autre droïde, visiblement fou de joie. Les deux étaient copains comme cochons et leur retrouvaille arracha un sourire attendri à la jeune politicienne.

-FX67 est toujours aussi bavard, Maîtresse.

-Droïde, déclara-t-elle doucement à son intention. Nous avons un invité pour un temps indéterminé. Voici, Ja’ar. Je te prierai de ne pas trop l’importuner et de veiller à ce qu’il ne manque de rien.

-Bien, confirma mécaniquement l’humanoïde. Monsieur Ja’ar, bienvenue.


Il était désormais l’heure de la visite. Et elle-même avait besoin de retrouver ses repères familiers. La pièce de vie principale était cet immense salon dans lequel ils se trouvaient. Non loin de l’entrée, dans une alcôve, on apercevait un espace qui fut aménagé pour un bureau. Sur la droite on accédait à la cuisine et à la buanderie, et sur la gauche une double-porte fermée qu’Eva actionna prudemment coulissa sur l’immense chambre. La baie vitrée du salon se poursuivait dans cette pièce et devenait une large terrasse.


-Faîtes comme chez vous, dit-elle timidement à Ja’ar.


Elle portait encore l’uniforme du Zhang Fei – de modèle féminin, qui allait mieux à sa taille que celui du Vestyr. Sa chevelure souffrait du carcan d’une longue tresse dont la pointe frôlait la chute de ses reins. Sur une commode laquée, près du mécanicien, traînaient toute une série de cadres holographiques. L’un d’entre eux la représentait, à l’aune de son dix-huitième anniversaire, posant devant l’Hypérion. Elle portait une combinaison de vol qui lui allait à ravir et un casque sous le bras. Elle souriait de toutes ses dents. C’était après une énième défaite contre Valérian Hélix. A côté, sur un autre support holographique, une image de sa génitrice. Si Evadné était belle, sa mère – purement hapienne, dégageait une beauté plus grande encore. La blondeur de ses cheveux, la pureté du lapis-lazuli de ses yeux et son air farouche étaient autant d’éléments qui accentuaient son charme. Elle partageait une ressemblance certaine avec sa progéniture, à cela près qu’elle portait un fusil blaster et une armure de l’armée du Consortium d’Hapès. Ja’ar se trouvait désormais au cœur de l’intimité de sa compagne, dans sa tanière confortable et élégante. Sur la coiffeuse, près de l’ouverture menant au balcon, trônait toute sorte de cosmétiques et de bijoux.


-La salle de bain se trouve derrière le lit, on y accède par une entrée dérobée dans le mur, informa-t-elle, laissant son regard vagabonder sur la silhouette du métis.


Durant cinq jours, elle l’avait côtoyé de près dans l’espace exigüe de leur cabine, mais elle se surprenait toujours à l’admirer comme lors de leur première rencontre. Et à chaque fois, son rythme cardiaque se précipitait de la même manière. La présence permanente de FX67, les couchettes trop étroites avaient été autant de frustrations pour l’attirance qu’elle éprouvait envers son héroïque sauveur. D’un autre côté, elle espérait que ce ne soit pas « trop » pour lui. Elle craignait d’être envahissante. Aussi, pour détendre l’atmosphère, elle le guida vers l’ultime pièce de sa demeure.


Il leur fallut accéder à la terrasse, d’où ils pouvaient aisément apercevoir le trafic et la vie bouillonnante de Coruscant, puis parcourir quelques mètres pour atteindre une porte à vérins hydrauliques. Sitôt cette dernière ouverte, ils furent enveloppés par une atmosphère à l’éclat fluorescent et bleuté. Certaines plantes, chinées sur des planètes exotiques, diffusaient un halo luminescence qu’elles avaient synthétisé toute la journée sous la clémence du soleil. Le dôme en verre permettait de filtrer les rayons solaires avec efficacité pour en nourrir la plupart de plantes. Celles qui nécessitaient de l’ombre ou de l’obscurité grandissaient sous des tables ou dans des coins qui ne connaissaient jamais le jour. Evadné connaissait cet endroit par cœur et les lumières végétales lui permit de déceler certains contours. Le seul endroit dans cette Galaxie où elle ne craignait pas les ténèbres.


-Je ne suis qu’une amatrice en botanique. A vrai dire, c’est un passe-temps qui me détend. De plus, certaines plantes ont des propriétés en pharmacopée non-négligeables pour le médecin que je suis.


Les talons de ses bottines de voyage claquaient sereinement sur le dallage alors qu’ils évoluaient parmi les herbacées et les fleurs. Et les endroits de sa peau pâle, ceux qui étaient mis à nu par le design de sa tenue, reflétaient l’azur phosphorescent de la pièce, comme s’ils étaient recouverts de paillettes.


-Saviez-vous que…certaines plantes étaient sensibles à la Force ? Je l’ai appris, par hasard, lors d’une de mes visites sur Ondéron.



Finalement, ses escales au Temple n’avaient pas eu que de mauvais côtés. Elle eut un ravissant sourire au souvenir de sa rencontre avec un vieux Maître Jedi botaniste. C’était en partie grâce à certains de ses conseils qu’elle avait pu améliorer cette serre. Elle s’arrêta devant un arbre minuscule, au centre d’une des tables où étaient cultivés les plantes. De ce dernier semblait s’évaporer de minuscules poussières blanches, semblable à de la neige. Et un seul bourgeon frémissait sur l’une de ses branches. La toute blonde fit face à son amant, un bonheur sans nom affiché sur son minois.


-C’est un blumflush, d’Endor. Je suis impatiente qu’il donne ses fruits.


En cette soirée, la plupart des fleurs nocturnes de la serre s’étaient ouvertes et répandaient des parfums audacieux et agréables. Ses mains trouvèrent refuge contre l’abdomen de Ja’ar et remontèrent lentement vers son torse, dans un frôlement délicat, jusqu’à s’arrimer à ses épaules. Bientôt, leur visage ne furent séparés que d’une dizaine de centimètres et leur souffle se mêlèrent.


-Je serai heureuse si vous acceptiez de faire ce nouveau bout de chemin avec moi, Ja’ar, dit-elle d’un ton bas.


Camina attendrait, Véragan Publius également. Ils devaient déjà être au courant de son arrivée, mais qu’importait. L’ultimatum posé par Ashford ne serait atteint que dans deux jours. Deux jours pour qu’Evadné mette de l’ordre dans sa vie et y accueille le semi-arkanien. Elle était dos à la table qui soutenait l’arbuste et autres plantes. D’une impulsion, elle s’assit dessus – bousculant quelques pots, et attira son compagnon entre ses jambes galbées pour un baiser passionné. Evadné s’était rendu compte qu’elle aurait pu mourir sur le Vestyr en loupant tout un pan de sa vie. Elle ne voulait plus rien rater des plaisirs de l’existence. Un feu dans ses entrailles lui intimait de ne plus temporiser les petits choses du quotidien. Sans quitter les lèvres du mécanicien, à l’ombre luminescente des plantes, elle abaissa la fermeture éclair de sa propre tenue. Son décolleté mis à nu refléta le phénomène phosphorescent de la serre et d’un geste fébrile elle s’attaqua à l’uniforme de Ja’ar.


Quelques secondes plus tard, le son des pots qui se brisaient au sol céda le pas aux gémissements lascifs. La toute blonde n’était plus sûre d’être en pleine possession de ses capacités cognitives. Un instinct ardent avait pris le dessus. Le moindre contact physique avec le métis la transformait et elle ne se serait jamais imaginée capable de prendre les devants comme elle le faisait alors que leurs vêtements échouaient au sol avec hâte. Plus de possible retour en arrière. Elle sentait l’extase et la fureur de ses sentiments lui faire perdre pied. Et elle n’avait pas l’envie d’atterrir. Pas avant qu’il ne la possède. Elle lui offrit son innocence avec ferveur et tandis que les cheveux argentés du demi-Kiffar effleuraient son minois angélique, elle souhaita qu’il ne les coupe jamais. Leurs complaintes frappèrent le dôme de la serre. Leurs dermes, luisant de cette phosphorescence bleutée qui illuminait l’atmosphère, s’appliquèrent à s’étreindre jusqu’à l’extase. Au-delà des convenances, dans une bulle hors du temps. Tout près de leurs corps entremêlés, sur la branche du bumflush…le bourgeon frémissait toujours.



La douche ne fut qu’un prétexte pour réitérer leurs ébats. Et face au terminal de communication de son logement, les cheveux encore humides, elle tentait vainement de se concentrer sur les nombreux messages envoyés par son père depuis Cadezia. D’un geste fébrile de la main, elle afficha la communication la plus récente.

Evadné,


Je désapprouve l’aventure dans laquelle tu as décidé de te lancer. Je n’ignore pas qu’elle est fondée sur ton désir de liberté et d’indépendance, mais il y a certainement encore de la place pour un peu de prévenance. Je te contacte une nouvelle fois pour te prévenir, où que tu sois, que je suis rentré dans une nouvelle phase de consolidation de nos biens, et j’envisage de vendre l’Hypérion. Je sais ce que ce chasseur stellaire représente pour toi, à une époque, mais j’imagine que nous avons tous abandonnés l’idée que tu allais refaire des courses. Actuellement, il s’agit d’économiser sur les frais de stockage, et il n’y a aucune raison de se montrer sentimental.

VP.



La jeune politicienne étira un sourire contrit sur son faciès de porcelaine. Les extorsions parentales chez les plus riches n’étaient pas des plus subtiles. Si tu ne fais pas comme on te dit, nous nous débarrasserons de tes jouets. Si tu ne donnes pas tes nouvelles. Si tu ne reviens pas. Si tu ne nous aimes pas. Elle lança l’ébauche d’une réponse :


Ministre Publius, puisque Père est un nom que vous vous donnez mais que vous ne méritez pas.
Merci beaucoup d’avoir gâché mes rêves, une fois de plus. Je n’arrive pas à croire que vous soyez aussi égoïste et mesquin. Je n’arrive pas à croire que vous réussissez à dormir la nuit ou que vous ayez seulement pensé que je pourrais…



Elle effaça l’esquisse de réponse et prit une grande inspiration. La confrontation directe était inutile face à Véragan Publius. D’un doigt tremblant, elle lança un nouveau brouillon de réponse :


Père,
Je suis désolée que nous nous soyons tellement éloignés ces dernières semaines. Je sais que cela a été dur pour vous. J’espère que vous le comprendrez, les décisions que j’ai prises n’ont jamais eu pour but de vous faire souffrir.
Pour ce qui est de l’Hypérion, je souhaiterais que vous reconsidériez ce que vous envisagez de faire. C’est le cadeau de mon dix-huitième anniversaire, mon premier chasseur, et je…



Une nouvelle fois, elle supprima sa réponse. Elle devait se calmer.

Monsieur Publius,
Faîtes ce que vous avez à faire.
Evadné.



Véragan avait très bien su frapper là où ça faisait mal, comme toujours, et Eva avait accusé le coup. Un soupir échappa à ses lèvres crispées tandis qu’elle se détendait enfin. Elle devrait gérer la tempête à venir, sans doute envisager un retour éphémère sur Cadezia pour confronter son père. Paresseusement, elle consulta le reste de sa messagerie holographique. L’inauguration de la station orbitale, sur laquelle elle avait modestement travaillé. Une invitation destinée à Camina Ashford pour l’investiture d’une nouvelle Sénatrice. Les fronts allaient être nombreux. Elle s’intéressait à l’invitation élégante d’une certaine professeure Cala Thorn du Consortium d’Hapès lorsque Ja’ar émergea de la chambre. Elle ravala péniblement sa salive, troublée par son charme qu’elle commençait pourtant à connaître. Eteignant la console de communication, elle se releva.

Ja'ar Austhis
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Coruscant, le centre des systèmes républicains. Une ville gigantesque répartie sur totalité de la surface de la planète. Une jungle de métal dans laquelle il était quasiment impossible de poser le pieds sur la terre ferme. La nature avait perdu ses droits plusieurs milliers d'années auparavant. En ces lieux de pouvoir, seul l'argent prévalait et tandis que le Zhang fei pénétrait lentement l'atmosphère saturée de vaisseaux de la planète, Ja'ar repensait à sa dernière venue dans la capitale. Cela remontait à des années, dans la période de guerre face à l'empire. Il avait effectué une longue mission d'entretien à bord d'un vaisseau militaire. On l'avait embauché pour assister l’ingénieur en chef sur le trajet car la main d’œuvre manquait et c'était l'occasion de se faire un peu d'argent facile. Le trajet depuis la bordure extérieure avait été long, mais c'était l'occasion de se faire la main sur un croiseur de classe Hammerhead et d'en apprendre un peu plus sur l'état de la galaxie au contact des soldats en cette période troublée. Il s'agissait du « Dominant », un vaisseau qui avait subi de nombreuses avaries suite à la bataille de Gravlex Med, l'un des rares qui avait survécu et réussi sa retraite. Bien que Ja'ar s'était distingué par ses compétences en mécanique, il avait refusé la proposition d’enrôlement de l’ingénieur en chef et avait quitté le bord lors de l'escale sur Coruscant tandis que le croiseur continuait vers les chantiers de réparation de Corellia. Son choix avait été judicieux, le « Dominant » vivant sa dernière bataille quelques semaines plus tard. Le séjour du mécanicien n'avait pas excédé la semaine, mais il en avait assez vu. Il était resté dans les bas-fond de la ville et avait vite compris que ce n'était pas le meilleur des endroits pour un porteur de sabre laser même déguisé en mécanicien. Combien de temps resterait-il cette fois ? La vision de la jeune femme à ses côtés le plongeait dans l'incertitude. Il n'était jamais resté plus de quelques mois sur la même planète depuis le décès de Kalis et maintenant il envisageait de vivre aux cotés d'une politicienne dont la carrière imposait une présence régulière sur une planète qu'il identifiait comme la somme de tout les dangers : Une cible stratégique pour les Sith, où il avait toutes les chances de croiser un Jedi qui viendrait lui demander des comptes ou un chasseur de prime venu lui prendre son sabre. Une caresse affectueuse de sa partenaire lui rappelait les raisons de sa présence alors que le Zhang Fei atterrissait. Tandis qu'il répondait à son sourire par un baiser, il acceptait l'évidence : Qu'importe les risques à partir du moment où elle serait à ses côtés, cela vaudrait le coup.

Ja'ar n'avait jamais mis les pieds dans la ville haute. Elle surplombait les nuages la majorité du temps, donnant l'étrange impression que la ville était bâtie sur ses amas de gouttelettes flottantes, masquant aux plus riches la crasse des bas fonds dans laquelle elle plongeait pourtant ses racines. Il observait avec attention tous les détails d'un environnement qui lui était totalement étranger. Sa nervosité se remarquait aisément, trahit qu'il était par ses œillades méfiantes et la prise ferme de sa main sur celle de sa dame. La ville grouillait encore de vie alors que le soleil disparaissait à l'horizon, forçant le couple suivi par leur droïde à moitié rafistolé à un bain de foule dont ce serait bien passé le métis. Il avait l'impression de faire partie d'une toile de maître harmonieuse dont il était le seul élément peint par un amateur, une tâche que tout le monde toisait. Sénateur, actionnaires, présidents de corporations multimilliardaires, membres de conseils administrations, riche héritiers, courtiers d'affaires et haut fonctionnaires évoluaient en une chorégraphie parfaitement millimétré et il lui semblait enchaîner les faux pas. Ses angoisses atteignirent leur paroxysme quand, arrivés à l'entrée de l'immense tour qui abritait les appartements de la jeune Publius, cette dernière lui présentait un turbolift trop étroit à sa goût afin de gravir les quelques dizaines de paliers les séparant de leur destination.

L'ascension semblait durer une éternité, et Ja'ar dû puiser dans toutes ses ressources pour éviter d'appuyer sur le bouton d'arrêt d'urgence. Il tentait en vain de profiter du panorama qui s'offrait, les parois du turbolift étant majoritairement en verre permettant aux passager d'admirer la vue sur la place en contrebas. Dans un geste attentionné, Evadné le serrait contre lui. Il avait eu l'occasion de lui parler de sa claustrophobie pendant le voyage durant leur nombreuses parties de dès, et sa réaction pour apaiser l'anxiété du mécanicien était exemplaire. Il fut soulagé une fois descendu de cet engin infernal et s'engageait à la suite de la politicienne alors qu'ils pénétraient du logement, accueillis pas un droïde protocolaire. Un modèle GG dont le métal rutilant contrastait largement avec l'apparente vétusté de FX67 qui était ravi de retrouver son collègue. Ja'ar observait comme à son habitude l'environnement durant les retrouvailles des droïdes avec leur maîtresse et s'avançait prudemment dans l'immense salon. Les lieux tranchaient radicalement avec tout ce qu'ils avaient connus ces derniers jours. C'était déjà agréable de passer une porte si bien entretenue que les vérins s'entendait à peine, mais ce qui se cachait derrière était sans commune mesure avec les logements habituels du Demi-Kiffar. D'une propreté étincelante, l’appartement courrait sur toute la largeur du bâtiment. Chaque pièce jouissait d'une décoration simple mais fastueuse, attestant du rang de la fille de Veragan Publius. Tableaux et sculptures, répartis intelligemment pour ne pas surcharger la pièce habillaient l'endroit de façon à rappeler aux visiteurs l'importance et le pouvoir dont pouvait jouir son hôte. C'était un apparat surtout politique plus que fonctionnel. Sur l'invitation de la demoiselle, il déposait ses affaires dans un placard et lui emboîtait le pas pour une visite guidée.

Ils naviguaient de pièces en pièces, surprenant toujours plus le mécanicien par l'opulente richesse qui transpirait dans chaque salle. Il avait compris qu'Evadné était une fille bien née, mais n'en imaginait pas tant. La grande baie vitrée qui courait le long de l'appartement offrait le luxe de profiter d'un morceau de ciel malgré le vis à vis. La chambre était à l'image du reste de l'appartement quoique plus sobre dans sa décoration. Quelques supports holographiques déposés ci et là permettait d'aviser l'entourage proche de la jeune femme. Nul besoin de poser des question tant il était facile d'identifier de qui il s'agissait. Cet homme à l'air fier et au visage dur qui n'apparaissait qu'une seule fois devait être son père. Il partageait avec sa fille l'or de sa chevelure gominée, et l'azur de ses yeux. Un peu plus loin trônait une représentation de ce que Ja'ar identifiait au premier coup d’œil comme une version un peu plus âgée de sa douce. La ressemblance était si frappante qu'elle avait trompé l’œil du mécanicien qui ne comprenait pas pourquoi sa belle était en tenue militaire avec un fusil sur l'épaule. La mère d'Evadné était à l'image de sa fille, belle et séduisante. Ils n'avaient pas eu l'occasion tout d'eux de parler de leur famille respective, lui n'en avait hélas plus, il savait seulement qu'elle était comme lui issu d'un métissage. Tandis qu'elle lui indiquait où trouver la salle de bain, qu'il se figurait aussi luxueuse que ne l'était l'appartement, ils continuaient la visite sur la terrasse. Spacieuse et avec la possibilité de profiter d'un brin de soleil en journée, c'était l'endroit idéal pour profiter d'un peu d'air, certes vicié, en dehors de la foule étouffante de la ville. En cette soirée, la température était relativement fraîche tandis que s'allumaient tour à tour les appartements des bâtiments voisins. Ja'ar était surpris de constater que la visite n'était pas encore terminée tandis qu'ils pénétraient tous deux dans un serre aussi vaste que la terrasse. Elle baignait dans une atmosphère bleutée qui n'était pas sans rappeler les reflets phosphorescents des tunnels hyperspaciaux. De nombreuses variétés de plantes différentes étaient représentées, toutes plus intrigantes les unes que les autres. Ici une fleur dont les pétales ressemblaient à des plumes, là des bourgeons irradiant d'une lumière violacée un arbre nain aux feuilles oranges, et plus loin un spécimen qui ondulait légèrement telle une algue brassée par un courant invisible. Sa curiosité était tellement sollicitée qu'il n'avait pas remarqué que sa partenaire le dévorait des yeux.

- Je ne suis qu’une amatrice en botanique. A vrai dire, c’est un passe-temps qui me détend. De plus, certaines plantes ont des propriétés en pharmacopée non-négligeables pour le médecin que je suis.

Il tournait la tête vers son hôtesse. La lumière tamisée couplée aux reflets iridescents que produisaient certaines plantes créait une intimité qui galvanisait Ja'ar. Il contemplait la beauté de la jeune femme pour la première fois depuis leur entrée dans l'appartement. L'uniforme du Zhang Fei ne la mettait pas aussi bien en valeur que sa robe grenat qu'ils avaient acheté sur Enarc, mais il était analogue à celui du Vestyr, rappelant un bien agréable souvenir.

- Cette endroit est impressionnant, je ne suis pas sur qu'amatrice soit le mot.

- Saviez-vous que…certaines plantes étaient sensibles à la Force ? Je l’ai appris, par hasard, lors d’une de mes visites sur Ondéron.


La réflexions le décontenançait. C'était le première fois qu'elle évoquait volontairement la Force, elle qui semblait pourtant la rebuter. Peut-être s’agissait-il d'une main tendue, comme une première étape d'acceptation de ce qu'il était. Il lui souriait.

- Ce n'est guère étonnant. La Force est présente chez tous les êtres vivants en fait. Elle nous entoure, nous connecte et nous unis. Ce qui diffère, c'est la possibilité que nous avons d’interagir avec elle, d'être à son écoute et d'apprendre à s'en faire une allié.

Il se rendait compte qu'il risquait de se lancer dans une longue diatribe qui ne serait pas des plus passionnante et changeait de sujet en désignant le minuscule petit arbre devant lequel ils venaient de s'arrêter.

- De quelle espèce s'agit-il ?

- C’est un blumflush, d’Endor. Je suis impatiente qu’il donne ses fruits.

- D'où proviennent ces fameux Blumfruits je suppose ? Je suis impatient également alors !


La jeune médecin s'était retournée vers lui, glissant ses mains douces contre le torse de son invité et approchant son visage du sien. Il sentait le souffle de la demoiselle contre son menton, et s'enivrait de sa présence. Il glissait à son tour ses mains sur les hanches de la jeune femme, prêt à l'embrasser.

- Je serai heureuse si vous acceptiez de faire ce nouveau bout de chemin avec moi, Ja’ar.

Nul besoin de réponse. La jeune femme s'asseyait sur la table derrière elle et attirait vigoureusement le métis contre elle, le ceinturant avec ses jambes et l'embrassant passionnément. Il sentait le désir monter en elle et le sien résonnait d''un même enthousiasme. Elle abaissait la fermeture éclair de sa tenue, invitant le mécanicien à prolonger ses baiser sur sa poitrine mise à nue. Une envie brutale saisissait le couple et Ja'ar aidait sa partenaire alors qu'elle le débarrassait de sa tenue d'un geste en premier lieu hésitant, puis d'un mouvement preste et impérieux. Il voulait la posséder et serrait son corps nu contre le sien. Quelques pots valsèrent, s'éclatant sur le sol, maculant de terre les uniformes des deux amants enlacées dans une étreinte exaltée. Les caresses cédèrent la place à une prise ferme et endiablée tandis qu'il plongeait son regard dans les prunelles de sa douce allongée sur la table, dévoilant toute l'étendue de sa féminité. Sous le dôme étoilée de la serre et au milieu d'une flore exotique baignée d'azur, ils se donnèrent l'un à l'autre, s'abandonnant dans un union romantique et bestiale bercé par leurs gémissements jusqu'à l'extase. Plus rien n'importait, ils étaient désormais liés, plus qu'ils ne l'avaient jamais étés avec d'autres jusqu'alors.

Que m'arrive-t-il ?

Sentir l'eau contre son derme n’apaisait pas son désir. Evadné était sortie de la douche la première, laissant le bon souvenir d'une étreinte réitérée dans cette salle de bain opulente. Il n'avait jamais été préparé à cet instant. Quel en seraient les conséquences ? Il voulait poser son cerveau mais en était incapable. Il chérissait ces moments d'intimité comme une nouvelle drogue. Cherchant à se vider la tête, il tournait lentement le robinet d'eau froide comme pour apaiser un feu inextinguible. Il ignorait s'il devait s'en satisfaire ou en avoir honte. Une semaine auparavant, il était encore un mécanicien solitaire que les affres de l'amour n'avait jamais abîmé. Que serait-il demain ? Il sortit lentement de la douche, s'ébrouant face au miroir. Il souriait en remarquant les quelques traces rouges sur son torse et s’évertuait à essayer de penser à autre chose qu'aux formes voluptueuses de la politicienne. Il fallait réparer FX67 qui s'était mis en veille après avoir fêté plus que de mesure ses retrouvailles avec le droïde GG, vérifier la mise à jour de son software, remplacer les servomoteurs de ces bras chirurgicaux, caresser sa douce carcasse et embrasser son front, jouer avec sa chevelure et...Merde. Il sortait de la salle de bain, une serviette nouée à sa taille pour unique couverture. Les vêtements étaient restés dans le salon, souillés par la terre et ses affaires sales avaient été embarquées par le droïde protocolaire pour les lessiver. Il cherchait la jeune femme du regard, et dû sortir de la chambre pour la trouver. Elle avait enfilée un peignoir d'un noir de jais qui faisait ressortir la blondeur de ses cheveux et le bleu de ses yeux. Ses jambes nues titillaient encore l'imagination du mécanicien tandis qu'il s'approchait lentement, vérifiant machinalement qu'ils étaient bien seuls.

- Vous auriez une tenue pour moi, le temps que la mienne soit propre ?

La réponse de la jeune femme l'amusait, suggérant qu'il était très bien ainsi. Elle n'avait rien à lui proposer, et en un sens cela le rassurait. Pas de vêtement d'homme qui traînaient dans l'appartement, ce n'était donc pas une habitude pour elle de laisser venir n'importe qui ici. Il faisait tard et elle l'invitait à la rejoindre dans le lit. Alors qu'il s'y installait tout deux, il portait ses yeux sur les hologrammes de sa famille. Il désignait ses deux parents.

- Ce sont vos par... Il se reprit. Il était probablement temps d'arrêter ses éléments des langages forcés. Il s'agit de tes parents ? Sont-ils sur Coruscant ?

Il posait ses yeux sur son amante qui lui expliquait succinctement l'histoire de ses géniteurs. Il la regardait avec des yeux tendre, buvant ses paroles. Il rebondissait en évoquant les siens.

- Je n'ai jamais connu mon père. C'était un Kiffar du Clan Bhast, chargé de gérer les relations des gardiens avec les Jedi. Il a été arrêté et enfermé sur Kiffex quelques semaines après ma naissance, il a dû y finir ses jours. Son crime avait été d'aimer ma mère. Elle, s'était une Jedi. Je tiens d'elle tout ce que je sais faire, je n'ai pas été formé par l'ordre. Une hérésie pour certains.

Il ouvrait le placard à distance et attirait à lui son holocron qu'il activait sous les yeux étonnée de la jeune femme. Une représentation de Kalis se manifestait, le gardien de cet holocron qu'elle lui avait légué.

- C'est elle. L'ordre l'a exilée pour le même crime que mon père. Les Jedi ne sont pas censés avoir de famille.

Il posait l'holocron sur la table de nuit, et le refermait.

- Ma naissance à été la cause de la ruine de mes parents à cause des carcans idéologique Jedi. C'est pour cela que je ne les porte guère dans mon cœur. Je sais qu'ils tendent vers le bien commun, mais leur philosophie me semble archaïque, voire parfois dévoyée. Ils sont probablement sur un trop gros piédestal, c'est pour cela qu'ils sont parfois traqués par des chasseurs de prime. Mon sabre est une armer redoutable autant qu'une cible dans mon dos, c'est pour cela que personne ne doit savoir ce que je suis. Sans ses histoires d'exil, ma famille existerait encore. Je m’égare, bref j'espère qu'il ne t'ont pas causé trop de tort.

Il serrait la jeune femme contre lui, puis ajoutait.

- Quel est le programme de demain ? Ne devrions nous pas aller voir la sénatrice ?

Il n'en n'avait pas spécialement envie. Il savait qu'Evadné allait devoir répondre de sa fugue, et appréhendait les réactions d'une femme qui semblait particulièrement autoritaire. Elle pourrait peut-être même exiger le renvoi du mécanicien. Cette idée le terrifiait désormais. Il serrait un peu plus fort la belle blonde dans ses bras, et se laissait lentement rattraper par la fatigue.

Evadné Publius
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- Vous auriez une tenue pour moi, le temps que la mienne soit propre ?

Elle pencha la tête sur le côté, laissant ses longs cheveux bonds dévaler sur son épaule droite. L’amusement illuminait son minois angélique alors qu’elle le contemplait.

-J’ai bien peur que non, mais est-ce une mauvaise chose ? Cette tenue-là vous va très bien, souffla-t-elle d’un ton malicieux, désignant la serviette de bain du regard. Elle met vos yeux en valeur.

Et tout le reste de son anatomie, pensa-t-elle en rougissant légèrement. Abandonnant définitivement l’idée d’explorer davantage sa messagerie, elle avisa l’heure tardive. La fatigue trahissait son envie de retrouver le confort d’un repos mérité au creux des bras de son compagnon.

- Ce sont vos par... (…) Il s'agit de tes parents ? Sont-ils sur Coruscant ?

Assise en tailleur, près de lui, elle dévia sa figure vers les hologrammes qui brillaient à la surface de la commode. Une triste nostalgie avait soudainement assombri l’azur de ses yeux. Avant de répondre, elle se glissa contre lui, aux creux de la literie propre et soyeuse. Son peignoir gisait sur le siège de la coiffeuse.

-Mon père réside à Cadezia. Il en a été élu dirigeant voilà peu de temps. Cadezia…c’est de là que venait Luka, tu..tu te souviens ?

Se souvenait-il de Luka ou du créole cadézien ? Elle n’était pas sûre de ce qu’elle lui demandait, finalement. Une partie de sa chevelure dorée coulait sur le torse du métis et elle sentait les fleurs d’Inisia, comme tout ici. Evadné avait cette impression étrange et soudaine de connaître Ja’ar depuis des années. Elle s’ouvrait si facilement à lui, de corps comme d’esprit.

-Il se nomme Véragan. Il m’a élevé lorsque ma mère est morte. J’avais…six ans.

Sa voix n’était presqu’un murmure. Elle finit par dévier ses pupilles des hologrammes pour glisser sur les traits agréables de semi-arkanien.

-J’ai grandi sur Cadezia, avec lui. J’ai peu de souvenirs de ma mère, elle était simplement surprotectrice.

Les souvenirs concernant sa génitrice étaient flous et disparates. Peu importe l’effort qu’elle fournissait pour tenter de se remémorer, c’était vain. Elle se sentait particulièrement coupable. Quel genre d’enfant pouvait oublier la voix de sa propre mère ?

-Elle adorait Mariner Valley. C’est une cité cadézienne nichée dans les canyons pourpres. Elle aimait me mener à l’une des nombreuses baies d’observation de Mariner Valley et me montrer l’étendue des chantiers navals. Mes parents se sont séparés peu avant la disparition de ma mère. Je crois…que…mon père l’aime toujours, tout de même. Il ne s’est jamais remarié. Il aimerait que je le remplace à la tête de la Stellaire Compagnie et que je m’occupe des affaires politiques quand il ne sera plus de ce monde. Et je n’ai pas le cœur à le lui refuser…je…en vérité, il ne me reste plus que lui et…il n’a plus que moi. Beaucoup disent que ce n’est pas un homme bon, ni recommandable. Je présume que…il fait ce qu’il a à faire, avec les moyens qu’il juge justes ou adaptés.

Fais quelque chose. Il n’y a pas besoin que ce soit la bonne chose, Il suffit que ce soit quelque chose, lui avait un jour dit Caleb Inaros, son instructeur de pilotage. Et elle imaginait que son paternel suivait la même philosophie. Jusque-là, il ne s’en était pas trop mal sorti.

-Je désapprouve souvent ses opinions. Je suis à peine en train de me faire les miennes. S’il savait à quel point un homme tel que…toi est plus valeureux que Valérian Hélix.

Le long de la mâchoire hirsute de son amant, elle laissa courir la pulpe de ses doigts, admirative.

-C’est…une connaissance d’enfance. Sa famille est très influente et riche sur Cadezia. Elle souhaitait que je l’épouse. Mon père a fini par se ranger à mes côtés dans mon refus de m’unir à lui. Les…lois cadéziennes sont à l’avantage des hommes. Il ne souhaitait pas voir sa fortune dévorée par son principal rival. Tel est mon père…conclut-elle avec un sourire résigné.

Elle aurait aimé lui peindre un autre tableau de sa vie : des parents aimants, une fratrie nombreuse. Depuis la terrasse, la brise polluée de Coruscant s’engouffra, charriant l’odeur d’Inisia diffusé dans l’appartement. Les sons urbains de la vie nocturne leur parvinrent en même temps, dans une symphonie à la fois agréable et étrange.

-Comment était…le tien ? osa-t-elle demander, curieuse.

Là tout de suite, rien ne lui semblait plus important que de savoir s’il ressemblait à son père ou à sa mère.

- Je n'ai jamais connu mon père. C'était un Kiffar du Clan Bhast, chargé de gérer les relations des gardiens avec les Jedi. Il a été arrêté et enfermer sur Kiffex quelques semaines après ma naissance, il a dû y finir ses jours. Son crime avait été d'aimer ma mère. Elle, c'était une Jedi. Je tiens d'elle tout ce que je sais faire, je n'ai pas été formé par l'ordre. Une hérésie pour certains.

Elle abaissa ses yeux pour cacher sa compassion qu’elle ne souhaitait pas qu’il prenne pour de la pitié. Cependant, l’idée qu’il eut été conçu d’une idylle sincère mais réprouvée lui ajouta davantage de noblesse. Comment aimer pouvait être un crime ? N’était-elle pas en train de goûter à ce sentiment ? Rien de ce que cet amour lui procurait ne méritait d’être traité de criminel.

Contrairement à elle, il avait été élevé par sa mère. La Force était donc tout ce qu’il lui restait d’elle ? Pas que. Elle le découvrit en témoignant de l’arrivée de l’holocron. Elle s’était légèrement redressée, encore échevelée, surprise et contempla la figure de Kalis, qu’elle trouva magnifique. Les traits maternels et arkaniens survivaient encore en Ja’ar. Et elle ne put s’empêcher d’étirer un sourire attendri en le constatant.

- Ma naissance a été la cause de la ruine de mes parents à cause des carcans idéologique Jedi. C'est pour cela que je ne les porte guère dans mon cœur. Je sais qu'ils tendent vers le bien commun, mais leur philosophie me semble archaïque, voire parfois dévoyée. Ils sont probablement sur un trop gros piédestal, c'est pour cela qu'ils sont parfois traqués par des chasseurs de prime. Mon sabre est une armer redoutable autant qu'une cible dans mon dos, c'est pour cela que personne ne doit savoir ce que je suis. Sans ses histoires d'exil, ma famille existerait encore. Je m’égare, bref j'espère qu'ils ne t'ont pas causé trop de tort.

Alors qu’elle retrouvait la sécurité des bras du métis, elle lui répondit avec douceur.

-C’est pour cette raison que tu souhaitais que je garde le secret ?

Les pièces du puzzle qui demeuraient esseulées sur le Vestyr terminèrent de se rassembler avec cette dernière information. La question étant purement rhétorique, elle enchaînait :

-Ils ont voulu comprendre ce qui était arrivé à leur consœur. J’étais la seule à le savoir. Ils sont rentrés dans ma mémoire, mais n’ont rien trouvé. C’était pour moi une double-peine, je me sentais coupable de ne pas avoir pu aider l’enquête et…j’avais l’impression que mes souvenirs ne m’appartenaient plus.

A tort, elle reprochait à leurs méthodes d’avoir effacé les mémoires de sa mère. A tort, parce qu’il n’en était rien et qu’elle avait besoin de responsables pour ne pas sombrer davantage dans la culpabilité. Désormais, ses lèvres étaient proches de son cou et son souffle tiède courait sur la peau de Ja’ar. Elle aurait aimé lui dire que sa famille existait encore, que FX67 et elle en faisaient désormais partie.

- Quel est le programme de demain ? Ne devrions-nous pas aller voir la sénatrice ?

Elle se pinça les lèvres, partagée entre l’amusement et l’appréhension.

-Camina n’attendra pas que nous venions. Tu peux être sûre qu’elle viendra à nous. Mais ma priorité est de te permettre d’avoir un second diagnostic sur tes problèmes de santé. Je ne suis pas pneumologue, mais au centre universitaire de soins médicaux…je connais un médecin spécialisé dans les bronches et les poumons. J’essaierai de t’avoir un rendez-vous bientôt. C’est sans doute ancré dans ta génétique.. Cependant, je suis persuadée qu’…un traitement efficace pourrait être envisagé et…

Elle s’interrompit, levant son faciès délicat vers lui pour remarquer qu’il s’était endormi. Elle eut une moue incrédule, puis l’affection qu’elle lui portait reprit le dessus. Et elle ne tarda pas à le rejoindre.


Ni cauchemars ni rêves n’étaient venus perturber son sommeil et elle accueillit l’aube sereinement. Avec étonnement, ses prunelles rencontrèrent celles de Ja’ar et elle se mit à rougir. L’avait-il observé pendant qu’elle dormait ? Elle porta une main instinctive contre la joue de son partenaire, comme pour vérifier que tout allait bien, qu’il était réel. Sentir la tiédeur de son derme contre sa paume provoqua un sourire soulagé. Ils ne quittèrent pas la couche avant que l’astre solaire de Coruscant n’inonde la chambre de sa bénédiction, reflétant sur leurs peaux les quelques perles de sueur nées d’une étreinte matinale.

Il n’aurait pas été raisonnable qu’elle le suive dans la douche. Evadné se demandait comment l’être cher pouvait à ce point nous manquer alors qu’il se trouvait juste dans la pièce adjacente. L’idée de devoir retourner à son quotidien chargé la désespéra. Les séparations à venir seraient nombreuses, se comptant en heures, en jours…peut-être en semaines, dans le pire des cas. Ces perspectives la terrifièrent.

-Maîtresse.

La voix désincarnée du droïde d’hospitalité la tira de ses contemplations et elle se précipita hors du lit.

-Il y a une invitée pour vous, Maîtresse. Madame le Sénateur Ashford.

Pardon ? Camina ? A cette heure? Dans un réflexe élégant, elle se drapa de son peignoir sombre et s’engagea dans le salon où la silhouette cadézienne d’Ashford refroidissait déjà l’ambiance. Cette dernière prit le temps d’analyser sa protégée d’un regard aussi noir que ne l’étaient ses cheveux de jais rangée impeccablement dans une natte stricte. Elle avisa d’abord la chevelure ondulée et emmêlée de Publius, qui cascadait librement sur son corps peu vêtu si ce n’était ce déshabillé de soie noire. Visiblement, elle la surprenait au saut du lit.

-Oye Camina..salua-t-elle d’un souffle précaire. Droïde, s’il te plaît, saurais-tu préparer plusieurs collations et des boissons chaudes.

Le robot disparut dans la cuisine pour exécuter sa besogne et les deux femmes s’installèrent autour de la table, non loin de la baie vitrée. Un silence pesant flotta dans l’air plusieurs minutes que la voix sèche de Camina brisa d’un claquement de langue :

-Tu sens la femelle fécondée à des kilomètres.

Une manière comme une autre de dire bonjour. Sur les joues d’Evadné, le rouge de l’embarras se mêla à celui de l’humiliation. Elle n’avait pas encore fait de toilette, pour ne pas être « fécondée » davantage, justement. Rien ne servirait de nier.

-Il est encore là, qué ?

-Pourquoi…êtes-vous là ? Je me serai présentée demain, comme prévu.

-Je voulais avoir une discussion en un lieu moins formel. Pour que tu m’expliques ce qui s’est passé avant le Zhang Fei.

-Namang keng da peng mi finyish vedi.

-Véragan finira par le savoir, répondit Ashford, les lèvres pincées de contrariété. Mieux vaut que ce soit par ma bouche, et moi par la tienne.

La dureté dans le ton de la sénatrice ne laissait aucune ouverture à la négociation ou au récit fantaisiste d’une balade de santé sur Naboo pour se changer les idées. Et puis, ce serait insulté l’intelligence de la cadézienne qui avait très bien vu l’état déplorable de FX67.

-J’étais sur le Vestyr, débuta Evadné après avoir pris une grande inspiration.

Camina n’avait pas encore regardé les nouvelles, trop occupée à boire sans doute. La toute blonde lui présenta les flashs-infos sur l’incident via son datapad. A la fin du récit rocambolesque, sa supérieure éclata d’un rire désabusé. La gamine de Publius ? Survivre à un sabordage et faire atterrir un vaisseau comme le Vestyr sur une planète étrangère ? Impossible. Ce n’était pas la Evadné naïve et fragile qu’elle connaissait.

-Et…je présume que le pashangwala qui t’a « « sauvé la vie » », c’est lui ?

Elle eut un geste du menton vers les portes de la chambre. La jeune politicienne se détourna lentement vers Ja’ar qui, serviette nouée autour de la taille, venait d’apparaître. Ashford fit couler sa rétine sur le torse nu du mécanicien sans aucune retenue ou décence, comme si par ce simple regard, elle pouvait atteindre son âme et savoir ce qu’il valait. Déjà plus que Valérian Hélix, aux vues des quelques cicatrices qui se partageaient l’espace avec des marques plus récentes qu’elle identifia sans peine. En plus d’aimer le risque, la petite Publius semblait être tout ce qu’il y avait de plus nymphomane. C’en était trop. Evadné allait parler mais la sénatrice le lui déconseilla, d’un geste autoritaire.

-C’est pas très gentleman de pashang les demoiselles qu’on sauve de la mort, qué ?

Dans cette atmosphère tendue, le droïde d’hospitalité fit sont apparition, tenant un plateau chargé de mets en tout genre qu’il vint déposer sur la table. Camina se redressa, tirée à quatre épingles dans son uniforme militaire de l’armée cadézienne. C’était une tenue d’officier noire, bardée de différents galons. Sur la manche droite, au niveau de l’épaule, on y avait brodé un cercle coupé – signe de son appartenance à l’Alliance des Classes Extérieures.

-Je suppose qu’on ferme les yeux pour cette fois-ci, parce qu’il t’a sauvé la vie et que tu as décidé de rentrer comme une grande. Mais tu puchoye, sabakawala. Tu puchoye bien que cet emmerdeur de Publius va pas apprécier.

Elle prit une grande inspiration.

-T’es quand même une fille facile.

-Facile ? s’indigna Evadné d’une voix qu’elle avait pourtant douce.

-Je vois pas d’autres mots. Et habillez-vous davantage que ça tous les deux. C’est gênant, vraiment.



Ja'ar Austhis
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Une nuit paisible. C'était la première depuis longtemps. Ja'ar s'éveillait lentement, tandis que quelques timides rayons de soleil perçaient au travers des volets de la chambre et que l'on percevait le ronronnement lointain et étouffé des speeders. Une petite gêne le titillait : il ne sentait presque plus sa main et avait cette sensation de fourmillement désagréable qui lui parcourait le bras. Il tentait de le bouger, en vain. Alors qu'il ouvrait lentement les yeux, il constatait l'origine de la gêne et la formidable réalité des choses. Entièrement nue comme lui et fermement accrochée à son bras gauche gisait la belle politicienne, toujours endormie. Il entreprit de dégager lentement son membre afin de ne pas perturber le sommeil de sa douce et caressait amoureusement ses cheveux d'or. Son bras une fois libéré, la jeune femme privée de son appui laissait échapper un petit soupir et se saisit machinalement d'un coussin en lieu et place de son compagnon, toujours somnolente. Ja'ar effectuait quelques mouvements difficiles du poignet privé d'irrigation, luttant pour refermer ses doigts les uns sur les autres quelques minutes durant. Il était toujours amusé par cette impression de membre mort qu'il ressentait parfois au réveil en s'endormant sur l'un de ses bras. Il se souvenait de sa première fois alors qu'il était encore petit : Au réveil, il lui avait été impossible de bouger la quasi totalité du membre. Il avait cru en avoir perdu l'usage et paniqué avait hurlé à l'aide, réveillant Kalis qui s'était jetée dans sa chambre sabre allumé avant de se rendre compte qu'il ne s'agissait qu'une d'une petite frayeur d'enfant. Il chérissait ce souvenir, comme tout ceux impliquant sa mère. Réussir à replier entièrement les doigts de sa main sonnait comme une victoire et il se redressait s'adossant à la tête de lit décorée qui devait valoir le prix de FX67 au vu de la qualité de l'ouvrage. Non, probablement plus... Il se levait discrètement, souhaitant soulager une envie pressante et tombait nez à nez en sortant de la chambre avec le droïde d'hospitalité.

- Bonjour Monsieur Ja'ar ! J'espère que vous et maîtresse Evadné avez bien dormi. J'ai pris la liberté de nettoyer vos vêtements et de recoudre votre pantalon, j'espère que cela vous conviendra.

Il désignait une chaise sur laquelle était pliée soigneusement sa tenue de travail.

- Merci euh... Ja'ar se penchait sur le coté pour vérifier l'immatriculation du droïde qui était visible sur sa gauche au niveau du cou....GG86. Peux tu m'indiquer les toilettes, cet appartement est tellement grand...

- Bien sur, suivez moi.

Après avoir mené Ja'ar devant la bonne porte, le droïde s'inclinait dans une révérence maladroite et partait en direction de la grande baie d'observation avec l'intention de la nettoyer au point de la rendre invisible. Son envie soulagée, le métis revint dans la chambre non sans d'abord avoir récupéré le collier qu'il avait acheté sur Enarc qui était toujours dans sa poche de manteau et qu'il déposait sur la table de nuit de la belle endormie. Il se glissait ensuite dans les draps et fut assailli presque immédiatement par la toute blonde qui jetait son coussin en un geste mou pour l'échanger avec la chaleur du torse du mécanicien sur lequel elle posait sa tête. Il l'enlaçait en retour, déposant un baiser affectueux sur son front et laissant ses pensées vagabonder en cette matinée des plus inhabituelle. De temps à autre, il posait les yeux sur la beauté qui se blottissait contre lui et dont la nudité était parfois révélée par un pli de drap rebelle. Il la recouvrait d'un geste tendre, s'assurant de limiter ses mouvements pour ne pas la réveiller bien que l'envie qu'il avait de réitérer les exploits de la veille se faisait de plus en plus présente. Le tissu fin qui la recouvrait mettait en valeur sa féminité, titillant le désir brûlant du mécanicien qui se demandait encore comment il avait pu vivre toute sa vie sans avoir auparavant profité d'une expérience si puissante et galvanisante. Il voulait la posséder de nouveau, la couvrir de baiser elle et ses formes sensuelles, elle qui dégageait une puissance érotique proportionnelle à sa beauté et sa gentillesse. Lorsqu'elle ouvrit ses yeux, revenant lentement à elle, il lui adressait un sourire radieux et répondit à sa caresse par un baiser langoureux qui dérapait en de nouvelle folies retardant d'une heure le petit déjeuner.

Seul sous la douche, il réalisait encore difficilement l'implication de ce choix. Était-ce cela finalement la simplicité d'une vie normale ? Se réveiller aux côtés de son amante, sans aucun stress induit par le danger, s'unir encore et encore et vivre paisiblement sans se soucier de quoi demain serait fait ? Son cœur battait la chamade, il découvrait tout juste ces nouveaux sentiments et s'étonnait de se sentir à ce point dépendant de la présence de quelque d'autre. Il avait toujours été solitaire jusqu'à présent, n'avait plus eu d'attache depuis la mort de Kalis. Tandis qu'il s’ébrouait, il lui semblait entendre une nouvelle voix dans l'appartement. Evadné n'était pas seule, et elle semblait discuter avec quelqu'un. Toujours conditionné par des années à penser que le danger se cachait partout, il nouait une serviette autour de sa taille et sortait rapidement de la salle de bain. Il s'agissait d'une voix de femme, et Ja'ar se demandait qui pouvait bien venir aussi tôt dans la journée. Ses armes étaient dans le salon, ainsi que ses affaires. Il devrait sortir ainsi à moitié dénudé avec la force pour seule alliée, mais tant pis. S'assurer qu'Evadné était en sécurité devenait une priorité désormais, une pulsion qui lui paraissait toujours irrationnelle.

- Il est encore là, qué ?

- Pourquoi…êtes-vous là ? Je me serai présentée demain, comme prévu.

- Je voulais avoir une discussion en un lieu moins formel. Pour que tu m’expliques ce qui s’est passé avant le Zhang Fei.

- Namang keng da peng mi finyish vedi.

- Véragan finira par le savoir, mieux vaut que ce soit par ma bouche, et moi par la tienne.

- J’étais sur le Vestyr


La voix inconnue était autoritaire, le ton ferme. Ja'ar étendait ses perceptions, cherchant à ressentir dans la force le moindre écho pouvant lui donner un indice sur l'identité ou l'intention de la personne qui se tenait dans la pièce attenante. Il sentait de l'agressivité, bien que dans des proportions mesurées et aussi... une sensation familière. Un sensitif ? Il décidait de franchir tout de même la porte menant au salon malgré sa demi-nudité, craignant qu'il ne s'agisse d'un Jedi venu demander des comptes à la jeune femme.

- Et…je présume que le pashangwala qui t’a « « sauvé la vie » », c’est lui ?

A peine avait-il franchit la porte qu'il était déjà pointé par l'arrivante. Il avait entendu suffisamment souvent Luka jurer pour reconnaître que l'expression utilisée était peu flatteuse. Il reconnaissait les sonorités du Cadézien : Evadné avait tenté durant leur voyage sur le Zhang Fei de lui apprendre quelques mots, plutôt des adresses affectueuses. Elle ne lui avait pas appris de grossièreté, mais le mot favori de Luka ayant été prononcé suffisamment souvent qu'elle dû lui expliquer la signification de « Pashang ». Il détaillait celle qui l'insultait : c'était une femme, Cadézienne manifestement, approchant probablement la quarantaine. Son visage sévère laissait apparaître des marques que son sobre maquillage ne permettait de dissimuler correctement. Les cernes mal camouflées laissaient penser à une fatigue physique réelle et ajoutait de la noirceur au regard déjà sinistre qu'elle adressait au métis. Son uniforme sombre, assortit à ses cheveux anthracites pouvait donner l'impression qu'elle se rendait à un enterrement. Des décorations laissaient penser qu'il s'agissait d'une militaire, le mécanicien étant alors incapable d'imaginer qu'il avait à faire à la sénatrice de Cadézia. Elle dévisageait Ja'ar comme s'il s'agissait d'une bête, posant son regard inquisiteur sur la moindre parcelle de peau du métis. Décontenancé par cette inspection incommodante, il ne sut quoi rétorquer.

- C’est pas très gentleman de pashang les demoiselles qu’on sauve de la mort, qué ?

Le geste qu'elle fit en direction d'Evadné pour lui imposer le silence couplé a sa réflexion étaient de trop. Le visage pourtant habituellement avenant de Ja'ar se durcissait soudainement.

- De là où je viens se présenter est la moindre des choses. J'avais cru que la politesse excessive d'Eva était culturelle et inhérente aux Cadéziens, mais vous me prouvez que finalement ce n'est qu'une affaire de bonne éducation, ce dont vous semblez cruellement manquer.

La sénatrice soutenait un instant le regard du Semi-Kiffar dans une attitude impassible, avant de reporter son attention sur Evadné, sans plus aucune considération pour lui. Elle se relevait, toisant sa protégée.

- Je suppose qu’on ferme les yeux pour cette fois-ci, parce qu’il t’a sauvé la vie et que tu as décidé de rentrer comme une grande. Mais tu puchoye, sabakawala. Tu puchoye bien que cet emmerdeur de Publius va pas apprécier....T’es quand même une fille facile.

- Facile ?!

- Je ne vois pas d’autres mots. Et habillez-vous davantage que ça tous les deux. C’est gênant, vraiment.


Ja'ar serrait les poings et les dents, renvoyant un regard noir. Il voulait s'avancer, prendre cette militaire par le col et l'envoyer valser dans l'escalier. La colère montait plus rapidement que d'habitude, il l'avait déjà remarqué ces derniers temps. Il savait qu'il ne fallait pas y céder, Kalis l'avait mise en garde contre ce genre de sentiments destructeurs. Une œillade rapide vers sa bien aimée lui fit comprendre qu'il ne devait pas continuer, mais c'était plus fort que lui. Il haussait légèrement le ton, utilisant toute sa patience pour s'empêcher de hurler sur cet intrus malpolie et rétorquait d'un ton ferme et impérieux.

- Être insulté de la sorte c'est gênant ! Vous faites irruption brutalement ici et venez donner des leçons, regardez vous avant de faire vos réflexions ineptes.

Il traversait le salon prestement, manquant de bousculer la sénatrice sans un mot pour s'emparer de ses affaires. Une fois ces dernières récupérées, il repartait en direction de la chambre. Avant de franchir la porte, il adressait une dernière remarque à la brune désagréable.

- Et pour information, c'est elle qui m'a sauvé la vie. Je ne vous doit rien et n'ai cure de votre jugement insipide.

Il s'habillait calmement, non sans vérifier d'abord ses côtes. Evadné avait fait de son mieux depuis le crash et notamment à bord du Zhang Fei pour qu'il se soigne correctement, mais les galipettes répétées avec sa partenaire avaient réveillés les douleurs. Il en aurait encore pour une bonne semaine voire deux. Alors qu'il enfilait lentement son pantalon, sa belle pénétrait à son tour la chambre, le visage empourpré comme jamais. Il se redressait et allait enlacer sa douce. Il ne tressaillait plus au contact de sa joue sur son torse nu, signe qu'il s'habituait désormais à ce genre de contact avec elle.

- Qui est-ce ?

La réponse le fit pâlir. Il redoutait précisément de rencontrer Camina, sachant pertinemment qu'il serait jugé sur sa condition et voulait absolument éviter tout problème avec cette dernière pour ce faire accepter du mieux possible. Il avait réagi au quart de tour, voulant défendre l'honneur de sa belle sans imaginer un seul instant que cette femme pouvait être la sénatrice Ashford. Il s'en voulait d'avoir été aussi incisif et s'excusait auprès d'Evadné tandis qu'elle se détachait de lui. Elle se débarrassait rapidement de son peignoir pour enfiler des vêtements propres sans pudeur devant lui et il n'en perdait pas une miette. Alors qu'elle enfilait sa lingerie et choisissait une robe, il enfilait son maillot et s'adressait à la maîtresse des lieux d'une voix timide.

- J'ai merdé sétarà mali mé ?

Sa prononciation n'était pas encore parfaite, mais il était presque sûr de lui. Alors qu'elle se retournait, il désignait le collier sur la commode en lui souriant.

- Pour me faire pardonner. Je l'ai acheté sur Enarc, mais les perles viennent de Naboo.

Il n'espérait qu'une chose : qu'elle ne lui jette pas à la figure suite à cette première rencontre plus que tendue avec sa supérieure.

Evadné Publius
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Camina avait fermé les yeux un court instant, grimaçant sa colère. Elle avait hésité à attraper le bras de Ja’ar au vol, mais s’était contenue. Elle réprouvait recourir à la violence physique si cette dernière n’était pas indispensable. Sa protégée demeurait tétanisée non loin de la table garnie de mets divers. Le thé fumait encore et son parfum sucré n’avait pas tardé à conquérir la pièce.

-Je suppose que..vous ne prendrez pas de thé ? déclara la toute blonde dans une tentative d’apaisement.

-Sabaka, jura-t-elle en serrant les dents, Ton vieux va pas l’apprécier et moi, bien….je ne l’apprécie déjà pas.

-Il ne pensait pas à mal, souffla Evadné et ses yeux magnifiques avisèrent sa supérieure avec sincérité, nous sommes tous les deux un peu à cran depuis…

-Oh, fodagut, Evadné ! Comment tu peux être aussi naïve ?! Tu as ramassé ce type à bord d’un vieux cargo de croisière parce que t’étais en manque d’attention et lui a flairé la bonne affaire.

Derrière ses airs rudes et sévères, la sénatrice couvait un instinct protecteur envers son assistante. Elle avait à cœur de l’endurcir et de lui faire ouvrir les yeux sur les réalités de ce monde. Rien n’était plus important pour elle qu’Evadné le comprenne enfin et cesse d’accorder trop facilement sa confiance. C’était une question de survie. L’ombre d’une navette caressa la baie vitrée, les recouvrant de pénombre une courte seconde qui parut durer une éternité.

-Un beratna a sacrifié sa vie pour le sauver, c’est suffisant à mes yeux.

-Ca, c’est ta version des faits. Je pourrais très bien dire qu’un beratna est mort par sa faute.

-J’ai pris des risques et…enchaîna l’héritière, le visage légèrement empourpré par l’indignation.

-Personne ne t’a demandé d’en prendre. Si tu étais restée bien sagement sur Coruscant, tout cela ne serait jamais arrivé. Tu veux une médaille pour avoir fugué, embarqué sur une conserve volante à rabais et avoir eu un coup de bol incroyable ?! Pashang fong!

L’insulte fut douloureuse pour Eva, dont le cœur s’était pincé. Elle abaissa sa figure au sol, espérant cacher les quelques larmes qui avaient pris possession de ses yeux. Camina n’était pas obligée de comprendre les raisons qui l’avaient poussé à fuir en avant une vie en apparence confortable. Elle ne lui demandait pas non plus d’accepter son union avec le mécanicien, mais elle n’aurait pas craché sur un minimum de bienveillance. La sénatrice était bien trop semblable à un animal en chasse, qui ne lâchait jamais sa proie, même quand elle avait les dents profondément plantées dans sa chair. Argumenter ne mènerait qu’à plus de violence.

-La vérité est la vérité, Evadné. La façon dont tu la gères, eh bien, ça ne dépend que de toi.

- Vous jouez le jeu de mon père,

Eva releva son visage avec dignité pour planter ses pupilles dans celles de sa supérieure.
Un silence, qui laissa place aux rumeurs étouffées de la cité que la baie ne pouvait filtrer entièrement. Les ronronnements subtils des moteurs de GG86 qui, indifférent aux drames de cette maison, arpentait mécaniquement la pièce pour combler son devoir. Ashford cligna des yeux, laissant transparaître une émotion et son faciès glacial y était si peu habitué qu’il en parut déformé.

-Ja’ar…poursuivit la jeune politicienne en désignant la direction de sa chambre, Ja’ar est comme vous. Ni moins différent, ni davantage. C’est un mécanicien qui travaille dur pour poursuivre son chemin.

-C’est parce qu’il est du même monde que moi, que je te mets en garde. Et même si j’approuvais cette relation et ce destin vers lequel il te mène. Je serais bien la seule. Publius lui versera une récompense pour t’avoir sauvé la vie, puisque cette dette te tracasse tant. Vous serez quittes. C’était pas utile de lui ouvrir tes jambes.

-Evidemment. Le Ministre Publius le paiera. Je suis curieuse de savoir combien de crédits valait ma vie.

-Evadné, prévint Camina d’un ton mauvais, Xídawang da wowt da ultim. Inutile de me raccompagner.




-C’était la sénatrice Ashford, soupira-t-elle contre son aimé.

Finalement, mourir sur le Vestyr, contre lui…avec pour ultime sensation la chaleur de ses bras aurait été préférable. Elle avait toujours redouté le moment où ses opinions, ses pensées, se heurteraient à l’autorité de son père. Retardant cette croisade familiale improbable, elle s’était complu dans une docilité relative qui n’avait jamais nui à ses aspirations personnelles. Jusque maintenant. Ses yeux vagabondèrent sur le lit défait que l’empreinte de leurs silhouettes passionnées hantait encore. Le vague écho des excuses de Ja’ar se mêla au bruissement soyeux de son peignoir qui dévoilait ses courbes féminines. Elle sourit d’embarras en se remémorant cette cabine d’équipage sur le vaisseau maudit. La proximité avec son sauveur, cette vieille combinaison, son souci de pudeur qui avait contrasté avec l’urgence du moment. Elle se rappelait qu’il avait détourné sa vue, puis quitté la pièce. Et désormais, elle souhaitait plus que tout qu’il dévore son corps dénudé du regard. Ses envies de s’offrir à lui étaient multiples et en croisant les prunelles vaironnes de son compagnon, elle rougit comme si elle avait été prise sur le fait.

Elle avait jeté son dévolu sur une robe au bleu pâle, sans corsage et à la tulle légère pour supporter la chaleur urbaine de Coruscant à ce moment de l’année. L’étoffe était encore au creux de ses bras lorsqu’elle se retourna vers lui. Elle se rapprocha de la commode et son attention fut immédiatement attirée par la modeste rivière de perles qui coulait aux pieds de l’hologramme de sa mère. Ses doigts délicats effleurèrent le nacre des germes et elle éprouva une sensation vertigineuse. D’autant qu’elle se souvienne, c’était la première fois qu’elle recevait un vrai cadeau. Un présent sincère. Pas un chasseur stellaire hors de prix qui justifiait une rivalité orgueilleuse avec le clan adverse. La valeur sentimentale qu’elle porterait à ce bijou vaudrait bien plus que toutes les parures coûteuses fournies par son père.

En silence, elle tenta d’en parer son cou, après avoir détaché le fermoir artisanal. Le poids de sa robe qu’elle tenait sous le bras et sa chevelure indomptée compliquèrent le geste. Ja’ar vint à son secours, la soulageant de sa maladresse et tandis qu’elle soulevait avec élégance ses cheveux à la senteur fleurie, il noua le collier autour de sa gorge gracile.

-Merci…j’en prendrai soin. Il est…

Elle n’avait pas de mot assez conséquent et avorta sa phrase dans un baiser ardent. Les cadres holographiques tressaillirent quand l’élan qu’il lui rendit lui fit heurter la commode. Détachant ses lèvres d’un souffle lascif, elle admira le visage de son amant, qu’elle tenait jalousement entre ses mains.

-Mais pour vous faire pardonner…il faudra donner de votre personne, Monsieur Ja’ar.

Et son sourire tenace ne quittait pas ses lippes adorables. Ses paumes glissèrent vers le maillot du métis et il aurait pu croire qu’elle allait l’en débarrasser, mais se montrant désespérément raisonnable, elle ne fit qu’ajuster quelques plis, amusée. A charge de revanche, il l’aida à enfiler sa robe et il se montra moins doué que pour la lui retirer. Une fois la dernière bretelle ajustée, leurs gestes complices cédèrent le pas à un silence religieux.

-Quelque chose ne va pas, Ja’ar ? demanda-t-elle avec une moue malicieuse.

Elle avait capté les pupilles dépareillées de son compagnon dévaler la ligne de son décolleté plongeant et d’une partie de sa taille mise à nue par la coupe de la tenue. L’ensemble n’était ni vulgaire, ni ostentatoire, mais dévoilait une grande partie de la féminité lascive d’Eva. Se demandait-il si elle allait sortir ainsi ? Si d’autres verraient la même chose que lui ? Elle se mordit la lèvre inférieure, toujours amusée.



Plus tard, ils étaient attablés devant le petit-déjeuner que Camina avait refroidi. Elle n’était plus présente, mais son fantôme glacial semblait persister dans la pièce. Elle sirotait un thé tiède avec élégance. Les affaires du mécanicien encore posées dans un coin du salon donnaient presqu’une impression de désordre dans son appartement tiré à quatre épingles. Elle fut loin de s’en désoler. La présence de Ja’ar apportait un peu d’humanité à cet endroit trop riche, trop lisse.

-Camina était un officier de l’armée cadézienne. Elle a été propulsée Sénatrice un peu par la force des choses. Je ne veux pas t’embêter avec de la politique…mais son attitude est simplement l’attitude d’une femme qui se déteste d’abord elle-même. Je pense que…tu l’aurais déçue si tu n’avais pas pris notre défense.

Elle reposa calmement sa tasse et plongea son regard dans celui de son partenaire.

-Tu avais raison. Tu n’as pas de comptes à lui rendre. Ni à moi d’ailleurs. Je ne laisserai personne affirmer le contraire. Tu…as ta place ici, à mes côtés. Avec FX67…

Un sourire gêné ponctua sa réplique et elle détourna sa figure douce vers la baie vitrée, témoignant de l’activité inarrêtable de la ville-monde. Elle n’avait pas coiffé sa chevelure, qu’elle portait librement tombante dans le dos.

-Je pourrais aménager une partie de la serre en atelier de mécanique…mais avant toute chose. Nous devrions rendre visite à ce marchand de spécialités de Blumfruits. Et te trouver des vêtements. Oh et, les jardins botaniques du Skydome. C’est…un peu plus impressionnant que ma serre et j’ai le sentiment que tu sembles à l’aise au milieu des plantes.

Sa dernière phrase s’était échappée de ses lèvres sur un ton taquin.

Ja'ar Austhis
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- Quelque chose ne va pas, Ja’ar ?

Au contraire, tout allait remarquablement bien. Cette robe sublimait sa compagne et ce n'était qu'au son de la voix de cette dernière qu'il se rendait compte qu'il se rinçait l’œil plus que de mesure. Son emprise sur lui était totale et il n'y avait rien a y faire. Il plongeait son regard dans les prunelles azurée de la jeune femme et passait une mains sur sa joue en ajoutant :

- Rien, tu es juste...ravissante.

Ja'ar était heureux de constater que la sénatrice avait quitté l'appartement. Après la confrontation un peu sèche et sa gaffe, il ne souhaitait pas revoir la sinistre brune de si tôt. Un souhait illusoire, il le savait : Elle lui mettrait des bâtons dans les roues dès que l'occasion se présenterait, il en était certain. GG86 avait apporté tout le nécessaire pour un copieux petit déjeuner : Il y avait des jus de fruits et quelques mets chaud savamment préparés par le droïde. Un repas sain, équilibré et savoureux comme il en partageait rarement: il était plutôt habitué à la nourriture souvent grasse et bon marché des mess et des cantina bas de gamme, quand il ne mangeait pas simplement un sandwich sur le pouce entre deux soudures. Ce monde était vraiment aux antipodes de ce qu'il connaissait. Gourmand, il gouttait à chacune des préparations de GG86 qui vint demander s'il devait cuisiner davantage.

- Sans façon, je n'ai déjà plus faim. Mais c'est excellent GG !

- C'est pourtant un peu frugal. Ne m'en voulez pas, j'ai dû improviser. Je ne pensait pas que maitresse Evadné ramènerait un invité, ce n'est pas courant.

Tandis que GG86 s'éloignait en dissertant tout seul sur la frugalité du repas, Evadné souriait en observant son amant se régaler. De la colère qu'il avait exprimé quelques minutes plus tôt, il n'en restait rien. Juste ce charmant métis qui se réjouissait face à ce qu'elle considérait comme étant un « peit déjeuner classique ». Il profitait de cette instant simple de partage, de tranche de vie qu'il n'avait jamais eu depuis le drame.

- Camina était un officier de l’armée cadézienne. Elle a été propulsée Sénatrice un peu par la force des choses. Je ne veux pas t’embêter avec de la politique…mais son attitude est simplement l’attitude d’une femme qui se déteste d’abord elle-même. Je pense que…tu l’aurais déçue si tu n’avais pas pris notre défense.

- Tu crois vraiment ? Je n'ai pas fait montre d'une politesse exemplaire...


- Tu avais raison. Tu n’as pas de comptes à lui rendre. Ni à moi d’ailleurs. Je ne laisserai personne affirmer le contraire. Tu…as ta place ici, à mes côtés. Avec FX67…

Surpris, il s'arrêtait momentanément de piocher dans son assiette et regardait sa partenaire. Elle détournait la tête vers la baie derrière laquelle circulait inlassablement les véhicules prestigieux des résidents de la ville haute. Il n'avait pas envisagé de rester vivre ici immédiatement et pensait négocier une location dans la ville basse en monnayant son savoir faire. L'invitation à rester lui plaisait, mais il ne voulait pas que cela deviennent un problème. Et si l'on découvrait qu'il se droguait ? Ou qu'il était liés aux Jedi ? Cela replongerait la jeune femme dans une tourmente qu'elle ne supporterait pas. Il lui faudrait être prudent.

- Je pourrais aménager une partie de la serre en atelier de mécanique…mais avant toute chose. Nous devrions rendre visite à ce marchand de spécialités de Blumfruits. Et te trouver des vêtements. Oh et, les jardins botaniques du Skydome. C’est…un peu plus impressionnant que ma serre et j’ai le sentiment que tu sembles à l’aise au milieu des plantes.

Il affichait un sourire complice et terminait sa bouchée avant de répondre.

- Hé, ne t'en fais pas pour ça. Garde ta serre telle quelle, elle est magnifique et c'est ta passion, quelle homme serait-je pour t'en priver ? Je trouverais un atelier. Je ne veux pas m'imposer dans ta vie...ni causer de problèmes.

Il prit un gorgée de jus de Lidahré, un fruit aux couleurs violacée qui poussait sur Felucia. C'était un peu acide, mais particulièrement sucré et désaltérant. Ce n'était pas une boisson courante, sûrement pas à la portée des bourses les plus modestes.

- Camina...ce n'était qu'un avant goût non ? J'ai bien compris dans son regard la valeur qu'elle m'accordait. Et tu dis qu'elle est pourtant de basse naissance, alors imagine que diras-t-on  lorsque que l'on te verra à mon bras dans les dîners mondains, fréquentant ce que certains estiment être le bas peuple ?

Il tendit la main pour s'emparer de celle la jeune femme, qu'il caressait affectueusement. Dans le fond de l'appartement, les bips de FX67 retentissait, indiquant qu'il était au beau milieu d'un débat philosophique avec GG86.

- Je suis prêt à encaisser les coups parce que je t...tiens à toi, énormément, et que je ne veux pas me séparer de toi. Mais toi, seras tu prête à encaisser cela ? Les regards, les jugements ? Je ne veux pas que ce soit source de soucis pour toi. Je peux très bien trouver un logement le temps que les choses se tassent...même si ma seule envie est de rester à tes côtés. Ce que je veux dire, c'est que je serai ravi de faire partie de ta vie Eva, mais que j'ai peur du prix qu'il t’en coûterait. Je veux que tu sois sûre de toi, je ne veux que ton bien.

Elle le dévisageait quelques secondes durant, ne disant mot avant de lui adresser un hochement de tête franc suivi d'un sourire. Il resterait donc et adviendrait que pourras. Dans un premier temps, il resterait en retrait. Elle partirait en mission diplomatique seule et il s'en faisait une raison, le temps pour lui d'appréhender les codes d'une société qui ne lui ferait pas de cadeaux au moindre faux pas. Il trouverait également de quoi s'occuper et sa première mission serait de remettre en état la machine à bip infernale qui venait de se remettre en veille pour cause d'avarie. Son assiette a peine terminée, GG86 s'était jeté dessus débarrassant aussi sec la table, en pleine crise de zèle, Il se levait de table, enfilait son manteau et grimaçait légèrement à cause de ses côtes. A l'extérieur, le temps était magnifique. La place en contrebas grouillait de personnes et Ja'ar appréhendait ce nouveau bain de foule. Cela dit, la perspective de ce qui l'attendait ensuite était des plus motivante.

- Bon, tu m'amènes goutter des Blumfruits alors ?

Evadné Publius
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Alors qu’elle allait franchir les portes, FX67 sortit péniblement de sa veille pour émettre un bip de désapprobation. Elle lui opposa une moue navrée et alla flatter sa carcasse encore bien bosselée.

-Nous reviendrons vite, fais attention à GG, d’accord ?

En cette matinée ensoleillée, le quartier de Fobosi grouillait de beau monde. Des étudiants hâtés, principalement, mais également des hommes d’affaires qui luttaient pour attraper un taxi speeder ou une navette. La circulation aérienne se faisait de plus en plus dense, sous les éclats de voix des coruscantis qui débutaient leur journée. Ils avaient traversé l’Esplanade de l’Université de Coruscant, presque main dans la main. Habituée des lieux, Eva savait exactement où trouver un taxi disponible. A ses premières années sur la ville-monde, son inexpérience en la matière lui avait occasionné tant de retards en cours qu’elle s’était rapidement improvisé experte en dénichage de transports.

Son derme était sans cesse frappé par la brise chaude et polluée de la cité qui tractait des odeurs mêlées de nourritures et d’ozone.

-Je pense que tu te sentiras plus à l’aise au District CoCo. Sans vouloir, tu sais…dire que tu n’es pas assez…souffla-t-elle maladroitement avant de regretter ses paroles.

Elle avait, en premier lieu, jeté son dévolu sur le Centre Commercial des Ambassades, situé en plein cœur du District Législatif…mais se remémorant la conversation qu’ils avaient eu à propos de leur différence sociale, elle préférait ne pas lui imposer les endroits fastueux qui l’auraient mis mal à l’aise. Ils atteignaient la limite du quartier Fobosi lorsqu’elle crut reconnaître son nom, charrié par le vent urbain. Evadné se détourna vers la source du son familier et elle remarqua un petit être, haut comme trois pommes courir vers elle pour se jeter dans les plis de sa robe, étreignant ses jambes avec force. Derrière lui, une mère essoufflée tentait de le rattraper, marmot sous le bras, ventre arrondi par la perspective d’une mise à bas prochaine.

-Doteur Evané !

Le garçon, d’à peine six années, releva son minois aux joues rondes vers elle. Et la jeune politicienne reconnut immédiatement ses pupilles délavées comme étant celles d’un de ses petits patients au centre universitaire de soins médicaux.

-Jed ! s’écria la mère en arrivant à leur hauteur, à bout de souffle avant d’aviser le couple. Oh, Docteur Publius. Navrée…

-Bonjour Madame Avasa, je ne vous avais pas reconnue. Bonjour, Jed, ponctua-t-elle en déposant une paume attendrie au sommet du crâne de l’enfant.

-Nous allions au centre de soins médicaux…quand Jed a lâché ma main. Jed, tu sais bien que tu ne peux pas me lâcher la main, réprimanda-t-elle en ajustant sa prise sur le second fils qu’elle portait dans ses bras.

La toute blonde leur offrit un regard bienveillant et détacha doucement le garçonnet de ses jupes pour s’accroupir à sa hauteur, vérifiant qu’il allait bien.

-Comment tu vas, depuis la dernière fois ?

-Mieux ! Mais maintenant, Shen est malade, répondit-il en montrant du doigt son cadet.

-Juste une petite fièvre, tenta de rassurer la mère, j’ai contacté le centre tôt ce matin pour avoir rendez-vous. Je pensais que…je l’aurais avec vous, comme d’habitude, mais on m’a dit que vous étiez absente.

-J’ai pris quelques jours de congé. Mais je peux venir avec vous et…ausculter Shen.

Madame Avasa prit un temps de réflexion. Ses grands yeux verts passaient d’Eva à Ja’ar, tandis qu’elle calmait sa progéniture qui s’était à mis à geindre. Sous son regard clair, les cernes qu’une vie à s’occuper de deux enfants malades avaient creusé. Elle était humaine, avec un certain charme, habillée à la dernière mode ce qui trahissait son appartenance à une classe sociale aisée. Elle n’avait que vingt-six ans, si Publius se souvenait bien, et l’épuisement lui en donnait dix de plus.

-Oh, je ne voudrais pas vous déranger pendant vos moments en famille. J’ai de toute manière mon rendez-vous avec le docteur Erinwright. Je ne savais pas que vous étiez mariée ?

Et les prunelles verdâtres d’Avasa ne cessaient de détailler le mécanicien avec curiosité. L’ombre du jugement planait sur sa figure humaine quand elle s’attarda sur la tenue du métis. Tout en se redressant, Evadné eut un sourire poli.

-Je vous présente, Ja’ar. Mais nous ne sommes pas mariés, enfin…je veux dire nous..

-Je vois, la coupa-t-elle dans un rictus entendu, et un ton complètement hypocrite. C’est très moderne le concubinage. Enchantée, Monsieur Ja’ar.

Jed tira avec insistance sur la robe du médecin, afin d’attirer son attention. Ses quatre petits doigts enserraient la tulle bleutée avec acharnement.

-Dis, dis, Doteur Evané, FX n’est pas avec toi ?

-Arrête d’embêter le docteur Publius, Jed.

-Non, mon petit Jed. FX67 est un peu malade, mais tu le reverras bientôt. Votre grossesse se passe bien ? ne put s’empêcher de demander l’héritière.

-Si je n’avais pas à m’occuper de ces deux-là, ce serait plus simple. Leur nourrice m’a lâché pas plus tard qu’il y a une semaine, figurez-vous. On ne peut vraiment pas dire que les Twi’Lek soient des employés fiables. Je n’ai pas encore eu le temps d’en trouver une nouvelle.

-Vous devriez vous ménager, c’est important, conseilla avec évidence la toute blonde qui tendit une main vers le front brûlant du bébé dont les geignements devenaient plus insistants. Elle grimaça son constat. Laissez-moi vous aider au moins jusqu’au centre universitaire

Ce dernier n’était qu’à quelques pas d’ici, dans l’aire piétonne. Si ce n’était pas une urgence, les speeders et autres véhicules volants étaient priés de décharger les patients et le personnel plus loin.

-C’est aimable, mais cela ira…vraiment. Allez, Jed. Dis au-revoir au docteur.

Le petit s’exécuta en réclamant un baiser qu’Evadné déposa sur sa joue rebondie avec bon cœur. Il en profita pour l’enlacer une dernière fois et reprit la main protectrice de sa mère qui le traîna vers le centre médical. Publius les contempla disparaître dans le building hospitalier avec un pincement dans la poitrine.

-Je le suis depuis le début de l’année universitaire en cours. Je pensais que son petit frère serait épargné par les complications, mais…visiblement non. C’est un brave petit.

Elle prit un moment pour décrire du regard l’immeuble du centre médical qui lui était tant familier désormais. Les heures de gardes, les rendez-vous pris sur le tard à cause du manque de médecins, les enfants qu’elle avait vu défiler et avec qui elle nouait des liens affectifs qui rendaient l’établissement de diagnostics tellement pénible et douloureux.

-C’est ici que je travaille quand je ne suis pas auprès de Camina. Jed…tu l’as peut-être remarqué, est à moitié Arkanien, comme toi. Son père travaille dans le District Législatif, dans le restructuring de sociétés, si je me souviens bien…ou peut-être comme juriste…


A CoCo Ville, Dokos Igul tenait une modeste échoppe de vêtements. Ce Baragwin connaissait le district comme sa poche après dix longues années à y prospérer. Sa boutique ne se démarquait pas spécialement des autres. Il vendait en majorité des contrefaçons de grands couturiers galactiques, assemblées à bas coûts dans la Bordure médiane. Parfois, il lui arrivait d’avoir des habits de qualité à proposer et il en gonflait démesurément les prix. Ce n’était pas un commerçant inné, mais il se débrouillait bien après avoir raccroché une dangereuse carrière de contrebandier. La plupart du temps, il passait ses journées assis sur un tabouret devant sa vitrine et inspectait les passants d’un œil moribond. Quand on lui prêtait attention ou qu’on tendait l’oreille, il vociférait inélégamment quelques remords à propos de sa vie passée. Vraisemblablement, il ne possédait plus toute sa raison. L’arrivée d’un jeune couple devant son enseigne l’avait fait redresser sa carcasse ramollie. Il ne leur adressa pas la parole et rentra dans sa tanière pour prendre place derrière le comptoir, comme s’il voulait donner l’impression d’être investi dans son commerce.

L’ambiance au district Commerce Collectif était assez unique à Coruscant. C’était l’un des rares quartiers populaires qui peuplait les plus hauts niveaux de la ville-monde. Situé non loin du district sénatorial, il attirait une population à l’origine sociale variée. Evadné avait trouvé ce cadre parfait pour envisager sereinement des emplettes avec son compagnon. Elle les considérait à l’image de cette partie de la ville : en sus de leur métissage, de leur différence sociale, ils se mélangeaient avec la plus grande simplicité. Elle avait repéré en premier le magasin de vêtements de Dokos Igul, coincé quelque part dans une des artères peuplées de la zone dont l’atmosphère lui rappela Enarc. A ce souvenir particulier, elle noua ses doigts à ceux du mécanicien et le guida vers la vitrine où différents hologrammes de mannequins présentaient des tenues vestimentaires.

-Je vais te laisser choisir, sourit-elle, les yeux pétillants d’amusement. Après tout, je te dois une robe.

-Benvenu’ chez Dokos Igul, avait prononcé d’un ton barbant le Baragwin sans même lever les yeux vers eux.

L’endroit était exigu, tant les rayonnages débordaient de marchandises qui sentaient l’amidon. Ils durent se frayer un chemin d’étales en étales. Elle dénicha un pull sombre qu’elle examina.

-Je trouve que, contrairement à moi, le noir te va bien. Enfin moins bien qu’une serviette de bain mais… !

Elle sursauta vivement, plaquant une main sur son cœur en apercevant le visage déformé du marchand à quelques centimètres d’elle. Il était apparu sans prévenir, en silence et l’examinait de ses petits yeux plissés. Et franchement, à cette distance-là, elle constata qu’il n’avait pas très bonne haleine.

-Dîtes, si vous dépliez quelque chose, faut le replier hein.

-Ahm…oui, très bien…

-Alors vous le prenez ?

-Pardon ?

-Le pull. Sinon, faut le replier, insista-t-il en se rapprochant, comme si cela pouvait aider Evadné à mieux comprendre. Elle recula contre Ja’ar, embarrassée.

-Oui, oui, nous le prenons, répondit-elle à la hâte, avec le vif espoir de se débarrasser de lui.

-Bien.

Satisfait, il disparut à l’angle d’un rayonnage, laissant la malheureuse soupirer son soulagement. Au-dessus des cabines d’essayage, les néons clignotaient paresseusement, allant sur leur fin de vie. Situés au fond du boui-boui de Dokos Igul, elles étaient étroites et alignées, ne comptant pour séparation qu’une simple cloison en plastacier. La jeune politicienne passait mécaniquement les tenues à son amant, au travers du rideaux, tandis que ses prunelles azurées se baladaient aux alentours. Elle fut surprise quand, à la place des vêtements, Ja’ar attrapa son poignet et la tira fermement dans l’espace réduit de la cabine. Elle heurta son torse nu et leva son minois vers lui. Au terme d’un baiser passionné, qui manqua de déraper, ils firent un bond tous les deux en découvrant le visage sombre du Baragwin à proximité des leurs. Il avait passé sa tête dans la cabine et les observait avec attention.

-Dîtes. S’il vous faut d’autres tailles…

Un peu plus tard, alors qu’il faisait le compte à la caisse, le commerçant s’adressa à la demoiselle.

-On se serait pas déjà croisé quelque part ?

-Je ne pense pas, non, dit-elle avec un sourire démesurément poli pour cacher son malaise.

-Attendez, c’était y’a deux semaines. On avait trop bu Chez Dexter. On a couché ensemble, c’est ça ?

-Mais…ce n’est pas ça du tout. Désolée vous devez me confondre.

Et sacrément.

-Ah.

Un long silence plana, interminable et il prenait un temps tout aussi éternel pour plier les habits et les ranger dans un sac.

-Mais votre tête me dit quand même vachement quelque chose. Vous êtes pas actrice ? Attendez..sur ce holosite pour adultes…

-Non.

Le ton était plus sec, bien que le sourire diplomatique demeurait. Il finit par taper du poing sur le comptoir, comme si une illumination venait de le frapper. Sa mémoire était défectueuse, mais sur ce coup-là, il était sûr.

-Je me rappelle maintenant ! C’était un avis de recherche !

-C’est ridicule, souffla-t-elle sans paniquer, je vous dois combien ?

-100 000 crédits…

-Pardon ?

-La prime, c’était 100 000 crédits, reprit-il en arquant des sourcils qu’il n’avait pas. Il se pencha vers eux pour mieux les examiner. Ja’ar avait déjà enfilé une nouvelle tenue peu après avoir fait son choix et il n’avait plus l’air d’être un mécano au chômage. Eva avait d’ailleurs mis un long moment avant de réussir à détourner les yeux de lui, bien trop conquise. Son cœur avait loupé plusieurs battements.

-Pouvons-nous régler, s’il vous plaît, trancha-t-elle.

-Ahm, oui, oui, confirma-t-il en lui transmettant la note qu’elle s’empressa de régler. Mais vous êtes sûre hein, pour l’holosite ? Attendez, je l’ai sur mon datapad

-C’est bien gentil, mais nous avons à faire. Merci pour votre accueil. Tu viens…Ja’ar, déclara-t-elle en attrapant le bras de son compagnon qui récupérait la marchandise achetée. Et alors qu’ils traversaient les portes, Dokos Igul s’exclama :

-Attendez, j’aurais aimé un autographe !


La baraque à blumfruits n’était pas loin. Ils n’eurent guère besoin d’un taxi pour l’atteindre et firent le trajet à pied. Située en plein milieu d’une place qui donnait un panorama grandiose sur le district sénatorial, elle était boudée par la plupart des visiteurs présents, qui préféraient les spécialités du concurrent d’à côté. Evadné se dépêcha d’entraîner le métis à sa suite, trop impatiente de savourer à nouveau le goût du blumfruit. Et quand, enfin, ils approchèrent de la petite baraque, que l’odeur enivrante du sucre et du fruit embauma l’air environnant, assez pour chasser le parfum de la pollution, elle se remémora le Vestyr. Le temps avait suspendu sa course pour la ramener une semaine auparavant, au pont numéro 7, alors qu’elle reprenait conscience contre Ja’ar. Elle avait soudainement peur que cela ne soit pas à la hauteur, qu’il n’aime pas le blumfruit, que la vue sur une partie de la cité lui déplaise.

-Mademoiselle Publius ! s’exclama la tenancière, brisant son retour en arrière pour la ramener à la réalité. Je m’inquiétais, deux semaines que je ne vous avais pas vue dans le coin ! Je croyais avoir perdu l’une de mes meilleures clientes !

La patronne était une jeune pantoranne tout à fait charmante qui alliait parfaitement le blanc de sourire avec l’azur de son derme. Elle portait un tablier fleuri et ses grands yeux les couvaient tous deux avec bienveillance.

-J’avais…beaucoup de travail.

-Oh, Mademoiselle. Il faut vous ménager. Vous travaillez trop. Avec ce temps, je pressens que vous vous laisseriez bien tenter par un sorbet aux blumfruits.

-Alors, ce sera deux sorbets, souffla-t-elle timidement en levant son regard bleuté vers Ja’ar. Enfin, si cela te va…

-Ah mais vous êtes accompagnée, c’est rare ! Je crois que la dernière fois, c’était avec ce jeune homme pompeux qui…

-Et bien, la coupa tout de suite Evadné pour éloigner le spectre sordide de Valérian Hélix en cette si belle journée, il y a du monde sur la place aujourd’hui.

-Oui, mais comme vous pouvez le voir. Je partage désormais mon vaste territoire avec un type qui fait des gaufres.

-Tant qu’il n’en fait pas aux blumfruits, vous pouvez être assurée que je ne viendrai qu’ici.

Finalement, le métis pouvait avoir un vague aperçu du quotidien de sa compagne. Loin de son appartement luxueux, elle semblait mener une vie plutôt paisible et normale, loin du faste et de l’ostentatoire. Des enfants à guérir, une amitié légère avec une vendeuse de spécialités aux blumfruits…tout était : normal. Tandis que la pantoranne préparait leurs glaces, elle agrippa le bras de son amant pour se lover contre lui, admirant la vue lointaine d’un horizon sans verdure, gangréné par les gratte-ciels et le ballet incessant des navettes. Autour d’eux, touristes et locaux flânaient sur la place.

-Et vous ne me présentez pas ce charmant garçon qui va finir dévoré par vos yeux ?

Elle se détacha doucement de lui pour récupérer le premier cornet, amusée et le lui tendre avec tendresse. Une fois qu’il le prit, elle répondit à la commerçante :

-C’est Monsieur Ja’ar, mon compagnon…depuis peu. Mais il est aussi un mécanicien très doué.

-Quel nom original, Monsieur Ja’ar. Enfin, si vous me permettez la remarque. Je vous fais don des glaces, si vous me promettez un jour de jeter un coup d’œil aux moteurs d’un de mes congélateurs.

Evadné la remercia chaleureusement tandis qu’elle prenait possession de sa glace et après des adieux à la marchande, ils poursuivirent vers le panorama, au bord de la place. Incapable de résister, la jeune politicienne n’avait pas tardé à plonger ses lèvres dans le sorbet qui garnissait le cornet. Il avait une couleur pourpre, une texture onctueuse et glacée. Des morceaux écarlates de blumfruits fondaient contre les dents, libérant une saveur sucrée et légèrement acide. Elle avait l’impression qu’elle n’en avait pas mangé depuis des siècles…et si elle n’avait pas connu une nuit des plus exaltantes avec Ja’ar, elle aurait volontiers qualifié ce moment d’extatique.

De retour à Fobosi, dans l’appartement luxueux, elle passa une communication rapide avec le centre universitaire de soin médicaux afin de prendre des nouvelles du petit Shen. Le métis put l’entendre discuter avec le docteur Errinwright, concernant la mauvaise santé du garçon. La fièvre était visiblement due à un système immunitaire défaillant. Il faudrait envisager un traitement du même acabit que celui suivi par Jed, et elle s’en désola. Son confrère ne vit aucun inconvénient à lui transmettre le suivi du plus jeune frère. Elle en intégrerait les résultats à long terme, à son doctorat de spécialisation. La discussion dura quelques minutes au cours desquelles, elle justifia son absence comme elle le put et annonça son retour dans les jours à venir, mit l’avis de recherche sur un malentendu déplorable et tout passa comme un hologramme sur un datapad, ou presque.

Elle demeura pensive, devant le dossier médical de Jed, admirant la bouille du jeune patient sur l’un des écrans de sa console de travail. A peine six années, pensait-elle attristée. Elle se sentait tellement inutile. Mais les frères Avasa n’étaient pas les cas les plus préoccupants. Elle fit défiler quelques autres dossiers, de ceux qui brisaient le cœur et ne put s’empêcher de penser à Ja’ar et elle. Non seulement parce qu’ils étaient à l’image des deux enfants, métis, mais également parce que…elle secoua la tête pour chasser ces idées noires et alla retrouver la compagnie de son amant, sur le sofa au moment où GG leur apportait des rafraîchissements. Ils avaient la vue de la baie vitrée pour eux seuls, et elle posa sa tête sur l’épaule du mécanicien, apaisée.

Lorsqu’elle se décida, dans l’après-midi, à ranger les dégâts qu’ils avaient occasionné dans la serre, la veille…elle se rendit compte avec bonheur que le blumflush avait donné d’autres bourgeons et que certains fleurissaient. Elle repensa à la Force, à Ja’ar…et se demanda si les deux pouvaient être liés. Elle eut un sourire béat en ramassant les morceaux de pots cassés. Le droïde ne venait jamais dans la serre, sur ordre de sa maîtresse. C’était un lieu où elle s’autorisait tout le travail manuel possible et même aspirer la terre au sol, était un geste dans lequel, elle trouvait un peu de paix.



Dix jours plus tard, elle rentrait d’une visite scientifique sur Hapès. Elle avait décidé de reporter son rapport à Camina Ashford afin de voir comment se portait Ja’ar et surtout, parce que sa compagnie lui manquait terriblement. Elle fut inquiète de ne le trouver nulle part. Passant de pièce en pièce, son angoisse augmentait.

-Ja’ar ?

GG86 passa sa tête robotisée dans l’encadrement de la cuisine.

-Il est dans la serre, Maîtresse.

Elle se dépêcha de traverser la chambre pour gagner la terrasse qu’elle longea à la hâte jusqu’aux portes de la serre. Quelques jours d’éloignements insupportables rendaient chaque seconde d’attente plus pénible. Le bruit de la cité n’était plus qu’un bourdonnement désagréable dans sa tête, et l’air frais du début de sa soirée l’étouffait. Elle pénétra le dôme que les derniers rayons du soleil frappaient encore de leur lumière.

-Ja’ar ?

Elle progressa à travers les rangées de plantes, cherchant du regard, le cœur battant trop fort. Un cri mourut dans sa gorge quand deux bras ceinturèrent sa taille et la surprise laissa place au parfum familière de son amant, qui surpassait toutes les odeurs végétales et fleuries de la serre. Entre deux réprimandes, elle riait. Qu’est-ce qui lui prenait de lui faire peur ainsi ? Mais elle était déjà plaquée contre le mur le plus proche et les doigts du métis avaient couru dans sa blonde chevelure pour en défaire les attaches. Elle l’embrassa avec fougue. Dès que leurs lèvres se séparèrent, elle souffla un murmure llascif :

-Je suis de retour…

Et la réponse ne tarda pas, il la souleva dans ses bras et prit la direction de la chambre où il avait dormi seul bien trop souvent ces derniers temps. Il lui fit payer la séparation et elle lui fit regretter de ne pas l’avoir accompagné, et chacun se satisfît bien de la punition de l’autre. GG86 et FX67 ne les revirent que deux heures plus tard, les cheveux humides et certains endroits visibles du corps encore marqués de passion. Le droïde médical fut le premier à s’agiter, bipant des insultes improbables vers le mécanicien qui « abîmait la carrosserie de sa maîtresse. » Il lui fit bien comprendre aussi, qu’il était magnanime (pour autant qu’un robot ait une âme) de le laisser loger ici. Evadné rit. Chaque jour, FX reprenait du poil de la bête grâce aux soins de Ja’ar. Il n’était pas encore opérationnel, mais quelques principales avaries avaient été réglées. GG tenta de raisonner son homologue :

-FX67, Monsieur Ja’ar est l’invité de maîtresse. Ne pourrais-je pas suggérer que nous lui portions un respect déférent ?

FX lui signifia par une série de bip de se mettre son respect bien profond dans les circuits imprimés.

-FX67 est toujours aussi vulgaire, Maîtresse.

-FX67, soupira-t-elle sans s’arrêter de sourire, tu sais que je n’aime pas t’entendre jurer. Sois gentil avec Ja’ar, et reconnaissant. Il s’occupe bien de toi. Le petit Jed est aussi impatient de te voir, alors n’abîme pas tes circuits avec toutes ces insanités.

Le droïde grommela quelques sons qui s’apparentèrent à une approbation. Si GG86 avait pu lever des yeux au ciel, il l’aurait fait. Mais comme le lui commanda sa programmation, l’heure du souper approchant, il regagna la cuisine, son collègue sur les talons.

-Comment va ta toux ? demanda enfin Evadné, avec le retour au calme, des préoccupations plus réalistes émergèrent. Tu..as pu utiliser les seringues anti-toussif que je t’avais ramené du centre de soin médical ? Nous devrions peut-être trouver le temps d’y aller pour…voir un pneumologue…


Ja'ar Austhis
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- Arrête de bouger !

- WEEEEEB !

- Comment veux tu que je travaille correctement si tu bouges sans arrêt !

- WIIIB BOOP !

- Ce serait tout de même beaucoup plus simple si tu restais en veille.

- BLEET !

- Par la Force ! Qui m'a flanqué d'un droïde aussi têtu ! AÏE

- WOOB WOOB WOOB.

- Comment ça je t'ai fait mal ? J'ai désactivé tes récepteurs de douleur ! Et quand bien même ce n'était pas une raison pour m'envoyer une décharge, espèce de boite de conserve bornée !

- Monsieur Ja'ar, si je puis me permettre pourriez vous faire un peu plus attention lorsque que vous bricolez. A ce rythme là je vais devoir faire changer le tapis, ces tâches me semblent irréparables.


Le mécanicien baissait les yeux vers le sol, effectivement taché de cambouis et d'huile. Il s'était installé dans un coin du salon devant la terrasse pour continuer de bricoler le droïde médical. Il avait commencé sur la terrasse, mais le déluge torrentiel et l'orage qui l'accompagnait avait poussé le roboticien et son patient à se mettre à l'abri. Trop pris par son travail, il en avait oublié de tendre une protection sur le sol.

- erf...Merci GG, je vais essayer de rattraper ça.

- Vous savez que Maîtresse Evadné rentre aujourd'hui. Je ne pense pas que vous ayez le temps de..

- OUI MERCI GG ! Je sais...

- BLOOP !

- Exactement FX67. Je pense aussi qu'elle ne sera pas contente du tout.

- Hé ! Laissez moi un peu d'air.

- BOUBLEEEP

- Je te l'ai déjà dit, soit plus agréable avec notre hôte. Prends exemple sur moi qui suis...


Le métis s'éloignait du duo infernal, tentant de faire fi de leur débat sur la politesse et l'accueil d'invités. Il se dirigeait vers la grande baie vitrée sur laquelle ruisselait des torrents d'eau. C'était le matin, mais le soleil ne s'était pas décidé à se montrer. Même ici, à plusieurs kilomètres du sol, le ciel était noir du nuages. Et quand la ville haute était plongée dans cette atmosphère, cela n'augurait rien de bien agréable. La démarcation habituelle entre les deux mondes s'effaçait lors de ces rares événements météorologiques : les nuages qui d'ordinaire agissaient comme une frontière grossissait et remontait au point d'envelopper toute la ville. La seule distinction provenait de la possibilité qu'avait les riches de jouir du spectacle offert par les éclairs iridescents qui zébraient régulièrement le ciel. Ja'ar aimait la pluie. Il se perdait dans cette contemplation, impatient de retrouver sa belle. Elle était partie depuis plus d'une semaine en mission scientifique sur Hapès et il avait du rester sur Coruscant. Elle lui manquait horriblement et il n'était pas rassuré de la savoir loin de lui, sans pouvoir s'assurer de sa protection. La seule compagnie du métis était celle des deux droïdes qui devenaient de plus en plus épuisants, tantôt à se chamailler, tantôt à débattre inlassablement sur la légitimité de la présence du Semi-Kiffar auprès de leur maîtresse. FX67 était presque entièrement remis neuf, cela avait occupé une bonne partie de ses journées. Il restait encore un peu de travail, mais le gros était fait. Il avait également trouvé un petit job qui lui permettait de s'aérer les idées : Il était passé voir la vendeuse de la Baraque à Blumfruit pour réparer son congélateur et avait constaté d'autres petits problèmes sur ses droïdes de nettoyage. Il avait donc proposé ses services pour remettre à neuf son commerce. Ce n'était pas un gros chantier, et il lui faudrait probablement trouver quelque chose de plus rémunérateur afin de ne pas trop peser sur le budget de son amante, mais c'était déjà pas mal. Hypnotisé par la danse frénétiques des vaisseaux qui bravaient la météo capricieuse, il repensait aux derniers moments qu'ils avaient passés ensemble, avant son départ. Des moments de vie heureuse, des partages de sourires, de bon moment sans inquiétudes quelconques. Hormis ces fameux Blumfruits, effectivement succulents, il avait entrevu le quotidien de la femme avec qui il partageait sa vie. Une femme aimée de son entourage, qui se préoccupait du bien être des autres, une médecin impliquée, un quotidien finalement assez éloignée du faste et la superficialité de le politique. Lui réparait les machines, elle réparait le vivant. Finalement ils étaient bien assortis. Il souriait en se souvenant des remarques que les gens leur avaient adressés, les considérant comme un couple marié. Serait-ce leur destin ? Ja'ar n'avait jamais envisagé de s'unir à quelqu'un...et il était déjà bien trop tôt pour envisager cela. De plus, leur différence sociale serait probablement un problème au regard de l'entourage de la jeune femme. Il se surprit à imaginer l'espace de quelque secondes à quoi elle ressemblerait dans une robe blanche immaculée, en train de découper un gâteau aux blumfruit gigantesque avec l'aide de GG qui serait déguisé en maître de cérémonie et FX67 en demoiselle d'honneur. Il laissait échapper un rire tandis que le droïde d'hospitalité venait s'enquérir du bien être de celui qu'il qualifiait encore d'invité.

- Monsieur Ja'ar, j'espère que vous ne tiendrez par rigueur des manières déplacées de mon camarade. Il est parfois vulgaire, malgré toute mes recommandations, mais il reste un bon serviteur.

La vision de GG86 le renvoyait dans son imaginaire, et il riait de plus belle.

- Puis-je savoir ce que j'ai dit pour déclencher cette hilarité monsieur ?

- Rien...rien du tout ne t'en fait pas.

- Allez vous vous absenter aujourd'hui ?

- Non, je ne vais pas prendre le risque de ne pas être là a son retour.

- Dans ce cas, puis-je suggérer à monsieur de changer de tenue ?

- C'est ce que j'avais prévu. Mes vêtements son bien propres ?

- Comme tout les jours Monsieur, vous savez à quel point j'excelle dans les tâches quotidiennes.

- Parfait. Aide moi juste à récupérer ces autres tâches alors.


L'orage finit par se calmer et le soleil commençait seulement à poindre entre les nuages quand ils eurent enfin fini ce qui semblait être une épreuve impossible. En ce début d'après midi, la majorité des tâches étaient parties, mais le tapis demeurait quelque peu abîmé. Ja'ar s'en voulait et alors qu'il se changeait, enfilant la tenue qu'elle lui avait offert le lendemain de leur arrivée, il réfléchissait à une manière de se faire pardonner. Elle serait sûrement fatiguée en rentrant de son voyage et l'accueillir avec une mauvaise nouvelle n'était pas envisageable. Une idée lui vint et il s'engageait dans la serre. Avant qu'elle n'arrive, il aurait le temps de lui bricoler un petit quelque chose. Le système d’irrigation était l'une des rares choses qui n'était pas encore complètement opérationnelle et certaines plantes nécessitaient un apport précis. Il entreprit d'améliorer le système, réparant plusieurs fuites mineures et calibrant minuteurs et comptes gouttes afin que la flore la plus sensible ne soit plus impactée par les longues absences de la jeune politicienne. Plus il passait de temps dans la serre et plus il comprenait pourquoi elle appréciait cette endroit. Calme, loin des droïdes, il y trouvait une certaine sérénité au milieu de toutes ses fleurs et leurs parfums si agréables. Il entrait dans un état méditatif durant quelques minutes et en sortait quand il percevait la présence de celle qui obsédait ses pensées. Il sentait une petite pointe d'inquiétude alors qu'il entendait les vérins de la porte de la serre se déclencher, et entreprit de faire une petite farce. Il surprit la jeune femme en arrivant dans son dos qui sursautait avant de se jeter à son cou.

- Je suis de retour

- Tu m'as terriblement manqué


La suite de leurs retrouvailles se passait de mots et ils fêtèrent ces dernières en une folle étreinte dans l'intimité de la chambre. Deux heures plus tard, au sortir de cette dernière, le mécanicien fut agressé par les adresses vulgaires de son patient droïde qui hurlait tout un tas d'insanités que GG ne su tempérer. Ja'ar se contentait de laisser échapper un soupir, ayant assisté à des scènes similaires quasi-quotidiennement. Il allait s’asseoir dans le canapé confortable qui faisait face à la baie, invitant sa douce à le rejoindre. Elle vint se lover contre lui, jouant avec ses mèches argentées.

- Comment va ta toux ? Tu..as pu utiliser les seringues anti-toussif que je t’avais ramené du centre de soin médical ? Nous devrions peut-être trouver le temps d’y aller pour…voir un pneumologue…

Incorrigible qu'elle était. Il n'avait pas l'habitude que l'on s'inquiète pour lui et il trouvait toujours cela attendrissant. Un pneumologue, ce n'était pas une mauvaise idée. Il n'avait jamais pris le temps de passer des examens pour la toux, restant fixé sur l'idée que c'était quelque chose d'incurable car inhérent à son métissage. Il avait essayé maintes fois de se soigner grâce à la force, mais n'avait jamais obtenu de résultat. Et l'idée de se faire manipuler par quelqu'un ne l'enchantait guère. Il avait réussi à vaincre son aversion pour le contact avec Evadné, mais il s'agissait d'une exception nourrie par l'affection qu'il lui portait. Laisser un inconnu l’ausculter serait un autre paire de manche. Enfin, il redoutait qu'une prise de sang ne trahisse sa consommation illégale. Il avait pris son dernier bâton de la mort la veille, il en resterait probablement encore un peu dans son sang. Il ne voulait pas qu'elle l’apprenne de la bouche de quelqu'un d'autre, mais n'était pas encore prêt à discuter de cela avec elle. Certes, elle était médecin et serait plus compréhensive que n'importe qui d'autre, mais il ne voulait pas que son opinion sur lui change. Ses yeux magnifiques dans lesquels il se perdait, ce regard tinté d'admiration, d'amour et de tendresse. Il ne supporterait pas de ne plus y avoir le droit. Il embrassait tendrement le front de sa belle avant de lui répondre.

- Ça va mieux. Les seringues aident, mais j'ai tout de même fait une crise il y a quelques jours. Rien de grave ne t'en fait pas. Voir un pneumologue me semble une bonne idée tu as raison, mais seulement si c'est toi qui me m'ausculte. Toutefois... il la serrait contre lui, l'enlaçant amoureusement ...j’aimerai que nous profitions un peu de cet après midi pour nous. Je...c'est difficile de t'avoir loin de moi aussi longtemps. Je te veux que pour moi le reste de cette journée, nous irons demain.

Il lui prodiguait quelques caresses affectueuses tandis qu'il s'enfonçait un peu plus dans le canapé, sa compagne dans ses bras. Dehors, il n'y avait plus de traces de l'orage de la matinée a l'exception de quelques gouttelettes qui dévalaient lentement les vitres de la baie. Le ballet des speeders avait reprit son court, comme si rien ne l'avait vraiment interrompu.

- Pour ma part, j'ai réussi à m'occuper, j'arrivais même à dormir sans avoir à me battre pour avoir un peu de couette et profiter de toute la place ! Il souriait en constatant qu'elle avait presque prit sa taquinerie au premier degré. J'ai passé pas mal de temps avec FX67, ce satané droïde est de plus en plus vulgaire. Je me demande si une mise à jour de son circuit synaptique n'est pas à envisager. Ha et j'ai été embauché par ton amie qui tiens la baraque à Blumfruit. D'ailleurs...

Il fit un signe de la main en direction de GG86. Ce dernier se déplaçait jusqu’à la cuisine avec célérité et revint avec un plateau garni de deux blumfruits de taille remarquable, ainsi qu'une tarte aromatisée au fruit favori de la jeune femme. Cette dernière utilisait l'excuse qu'il lui donnait pour l'embrasser fougueusement puis se jetait avec des étoiles dans les yeux sur la surprise offerte par son amant. La voir aussi enjouée lui réchauffait le cœur.

- Tu ne m'as pas raconté ton périple. Comment vis-tu la reprise ? Tu as revue Ashford ? Ou ton père ? ou... sa gorge se noua légèrement... ce Hélix ?

La tenancière de la baraque à Blumfruit avait laissé échapper le nom de Valérian au cours d'une discussion. Sans en comprendre totalement les raisons, il avait ressenti cette petite pointe au ventre à l'évocation du nom de cet homme qui revenait souvent et qui avait manifestement lui aussi partagé des blumfruits avec la belle blonde. La réponse qu'elle lui donnait effaçait ces mauvais sentiments et elle détaillait son voyage alors qu'ils partageaient la tarte. Rapidement, le soleil se couchait tandis qu'ils échangeaient des banalités du quotidien. Ja'ar lui présentait ses excuses pour les taches sur le tapis pour ensuite lui montrer les améliorations qu'il avait apporté dans la serre. Ils planifiaient ensuite leur journée du lendemain avant de fêter de nouveau leur retrouvailles la nuit tombée.

Elle fut agitée, un odieux cauchemar l'avait tiré de son sommeil au beau milieu de la nuit. Il avait perdu de vue sa douce et avançait seul, paniqué, dans un lieu flou qu'il méconnaissait a la recherche de cette dernière. Un guerrier en armure beige, le visage caché par un casque rappelant les armures traditionnelles mandalorienne se jetait sur lui, arme au poing. Il n'avait pas eu le temps de sortir son sabre et criait de peur qu'il ne s'en prenne à son amante. L'homme était menaçant, mais il ne se souvenait plus du résultat du pugilat qui s'en suivait. Les songes sur les agressions par une chasseur de prime n'étaient pas nouveaux, il les détestaient. Il se levait silencieusement et allait se rafraîchir les idées dans la salle de bain en s'aspergeant le visage d'eau froide. Il s’inquiétait toujours, mais sans être capable de comprendre pourquoi. Il ne put s'empêcher de sortir de la chambre et d'inspecter méthodiquement l'appartement. Il sursautait en croisant GG86 au détour d'un couloir, ce dernier lui proposant une infusion pour l'aider à se rendormir. Ja'ar acceptait, tout en continuant son inspection. C’était stupide, il le savait, mais il avait besoin de vérifier que tout était en ordre, même dans la serre. Au dessus du dôme circulait encore nombre de véhicules. Les lumières des phares des speeders se reflétaient parfois sur la vitre et quelques appartement situés dans les tours en vis à vis étaient également allumés. Il était impossible de voir ce qu'il s'y passait, la grande majorité ayant des vitres suffisamment teintées pour garantir l'intimité des occupants. Un luxe de plus inhérent à la caste dominante de cette ville-monde. Ja'ar restait quelques minutes au milieu des plantes phosphorescentes, se souvenant de leur première étreinte. Quand il redescendit, l'infusion l'attendait sur la table du salon. Il allait chercher son holocron qu'il activait, et dégustait la préparation du droïde en navigant au hasard dans les souvenirs de Kalis. Il connaissait par cœur son contenu et ne fut pas surpris de ne pas trouver de réponses à ses questions.

Tu ne m'a pas appris à gérer l'amour m'man...

Une fois l'infusion terminée, il rangeait l'holocron avec ses affaires puis retournait retrouver la chaleur de sa belle. Ces quelques minutes d'absences avaient suffit pour lui laisser l'opportunité de gagner du terrain et Ja'ar dû faire preuve de toute sa souplesse pour se faxer dans les draps sans la réveiller. Avant de s'allonger, il la bordait correctement elle qui avait les épaules mise à nue hors de la couverture, puis déposait un doux baiser sur son front. Le repos serait cours, la demoiselle ayant insisté pour qu'ils soient tout deux à la clinique au premières heures de la matinée.

Evadné Publius
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L’orage était de retour. La pluie battait inlassablement les portes vitrées de la terrasse et son eau froide ruisselait. Le long du dos d’Evadné, de timides perles de sueurs faisaient écho. Les nuages sombres qui avaient recouvert Coruscant étouffaient la lueur de l’Aube et les lumières tamisés de la chambre aveuglaient ses beaux yeux azurés. Mais elle n’avait pas besoin de voir, il lui suffisait juste de sentir, de toucher. Les ténèbres ne l’effrayaient plus. Et si son souffle était saccadé, ce n’était pas la faute d’une nouvelle crise d’angoisse. Les grondements sourds du tonnerre firent vibrer la baie du salon, mais elle n’entendait que la voix de Ja’ar qui expirait son prénom au creux de son cou. Et les battements de leur cœur perçaient l’air encore plus fort que les éclairs ne striaient le ciel coruscanti. Elle aurait aimé lui avouer qu’elle adorait quand il enracinait ses doigts possessifs dans sa chevelure blonde, mais elle était trop occupée à mêler leurs lèvres. Elle n’avait besoin d’aucune lumière, car elle connaissait la position exacte de chaque cicatrice qui gravait le buste du métis ; leur taille, leur profondeur. Et malgré tout, elle repassait inlassablement ses mains sur chacune d’entre elles pour apprendre encore. Contre le verre des fenêtres, les gouttes d’eaux semblaient avoir suspendu leur chute vertigineuse et la tempête orageuse galopait déjà au loin.

Il s’était rendormi contre sa poitrine dénudée et elle admirait le soleil conquérir les hauts sommets urbains de Coruscant. La respiration régulière de son compagnon contre sa peau encore chaude l’apaisait. Dès que les speeders furent trop nombreux, gâchant le spectacle, elle détourna son attention vers sa commode où les cadres holographiques familiaux contemplaient, jour après jour, l’ouragan passionnel. Ses joues rougirent légèrement et elle se demanda si…une holographie d’eux viendrait compléter la collection. Avec tendresse, elle dégagea plusieurs mèches argentées qui encombraient le front de son aimé. Le temps d’un battement cardiaque, elle eut envie de le réveiller pour lui annoncer qu’ils partaient. Ils pourraient reprendre la route galactique, embarquer sur un cargo…s’installer loin dans la Bordure Extérieur. Ils ouvriraient un hôpital, elle soignerait le vivant à l’étage, il s’occuperait des machines en bas. Ce serait sur une planète où le soleil régnait en maître, où les paysages brutaux couperaient le souffle. Elle ferait pousser d’autres plantes, dans une nouvelle serre. Quand les portes s’ouvrirent sur GG86, elle lui fit signe – d’un index contre ses lèvres, de ne pas faire de bruit.

-Maîtresse, et il avait réglé le volume de sa voix d’automate assez bas pour ne pas réveiller Ja’ar, mais assez conséquent pour être entendu, FX67 ne se sent pas très bien.

-Il…est encore fâché ? Il a encore le mal des blocs opératoires ?

-Non. Mais il vous réclame.

Elle poussa un soupir discret et avec toute la délicatesse du monde guida la tête de son amant vers un oreiller proche. Sitôt glissée hors du lit, elle enfila sa lingerie et faute de mieux – où parce qu’elle avait un plaisir coupable à être marquée de l’odeur du métis, elle emprunta un haut à ce dernier. Le pull était trop grand au niveau des manches qui baillait, mais épousait ses hanches rebondies avec indécence. Cela suffirait pour aller dans le salon où le droïde médical émettait d’irréguliers bips de plainte. Elle arqua ses sourcils, pleine de compassion et s’approcha de lui, flattant son métal froid. Il lui expliqua qu’il n’arrivait pas à ouvrir un de ses compartiments de stockage. Elle fit une tentative, forçant manuellement l’ouverture, sans succès. N’étant pas une fonction vitale du robot, Ja’ar n’avait pas sans doute pas encore regardé à ce genre d’option.

-Ne t’en fais pas, il s’en occupera. Laisse-lui un peu de temps

Et Luka lui manquait, surtout. En fait, c’était la principale raison de son spleen et elle fut surprise qu’il se soit attaché si vite et si profondément au défunt cadézien. FX67 lui exprimait combien le jeune homme avait été un bon partenaire d’aventure et lui avait appris à braquer des placards. Il doutait, culpabilisait : deux sentiments que son programme d’intelligence artificielle lui dictait, parce qu’il aurait pu sauver Luka, le réparer.

-FX67, il nous manque aussi, mais tu sais…Il n’y avait sans doute rien à faire. Je suis persuadée que si Luka avait eu la moindre chance de s’en sortir, de guérir de ses blessures, Ja’ar l’aurait aidé, comme il t’a aidé à te remettre sur pied.

Il émit un son virulent qui la fit sursauter. L’un de ses bras chirurgicaux se déploya pour cogner le sien et l’éloigner de sa carcasse métallique. Elle se massa la main, complètement abasourdie. C’était la première fois qu’il actait un geste d’une telle violence. Peut-être que Ja’ar avait raison, qu’il y avait une nécessité de mettre à jour…mais FX interrompit ses pensées pour l’accuser, elle. Il lui en voulait terriblement de ne pas avoir vengé Luka. Les responsables de la RTF n’avaient pas été poursuivis, ni jugés pour leur gestion inhumaine et profondément catastrophique de leur entreprise. Il n’arrêtait plus de biper, haussant le volume, agitant son bras mécanique. Cette « colère », elle l’avait partagée dès leur atterrissage sur Enarc.

-FX67 ! avait-elle crié et le silence se fit.

C’était la première fois qu’elle hurlait et les deux droïdes n’auraient jamais pu imaginer que sous le visage angélique de leur maîtresse se cachait une résolution aussi autoritaire. Elle regretta immédiatement et abaissa ses yeux brillants de larmes vers le sol.

-Je suis en colère contre la RTF, moi aussi, déclara-t-elle tout bas, mais…la vie est injustice, tu le sais aussi bien que moi. Tu sais que des gens ne sont jamais ressortis vivants des blocs opératoires dans lesquels tu as assisté, tu sais que…j’ai des jeunes patients qui sont morts des suites de leur maladie, tu sais qu’on ne peut pas sauver tout le monde…qu’on ne peut pas rendre justice pour…chaque décès que c’est…

Ses derniers mots moururent dans un éclat sanglotant. Elle s’était mise à pleurer, parce qu’il l’avait poussé à bout. Il lui avait remémoré ce qui hantait parfois ses nuits : le Vestyr, la RTF, le commandant désespéré, Luka. Tout ce qu’elle essayait lâchement d’enfouir dans les profondeurs de sa mémoire. La culpabilité était comme le sel….on en saupoudrait un peu et cela cachait toute l’amertume du plat. A travers la vision brouillée par ses larmes, elle aperçut la silhouette déformée de Ja’ar. Elle sentit bientôt son torse nu qu’elle souilla de ses sanglots, ses bras familiers qui l’enlaçaient, le réconfort de son parfum. Elle se trouvait ridicule. Ce n’était pas ce qu’elle souhaitait lui montrer d’elle. Elle crut l’entendre parler à FX67 et que le calme revenait progressivement. Depuis le lointain, elle s’entendait également souffler des excuses à son compagnon, désolée qu’elle était de l’avoir réveillé.

Est-ce que…j’aurais dû assumer ma présence sur le Vestyr et traîner la RTF en justice ? Aurais-je eu la moindre chance ? Le jet apaisant de la douche avait remplacé les larmes le long de ses traits hapiens. Elle s’interrogeait inlassablement et avait fini par laisser ses interrogations épuiser ses pensées jusqu’à ce qu’il n’y eût plus rien. Elle n’était pas de garde aujourd’hui, mais enfilerait tout de même son uniforme médical : une combinaison blanche d’une pièce, dont les mesures moulaient timidement ses formes féminines. Dans le dos était imprimé le logo du centre universitaire de soins médicaux de Coruscant et au-dessus de son sein gauche, on avait brodé son titre professionnel et son nom. Sur le coin de sa coiffeuse, elle avisa le datapad à l’écran défectueux de Luka. Se pinçant les lèvres et agacée à l’idée que les questions se remettent à harceler son esprit, elle l’attrapa et le jeta dans le tiroir du meuble comme on se débarrassait d’un indice compromettant.

Avant de quitter l’appartement, elle saisit un bout de la manche de Ja’ar. Il se retourna vers elle et put admirer son sourire magnifique, ses yeux brillants de l’amour qu’elle lui portait. Ils restèrent quelques secondes à se contempler l’un l’autre, laissant les pensées les plus audacieuses et affectueuses traverser leurs esprit et se confrontant à la tentation de retarder l’échéance vers laquelle ils allaient aujourd’hui.

-Sache que…

Ses doigts glissèrent de la manche vers ceux du mécanicien, pour les capturer.

-Mi du ámolof to.

Elle avait hésité avant de prononcer ses mots de son accent cadézien excellent. Et si elle ne lui traduisit pas le sens de cette phrase, il aurait peut-être pu la deviner rien qu’à l’intonation émue qu’il l’avait porté hors des lèvres de sa douce.



Le docteur Ann Fayë était une humaine approchant la quarantaine et très élégante. Elle enseignait depuis peu la pneumologie aux étudiants de l’Université de Coruscant. Ses lèvres avaient l’habitude d’être pincées, mais cette manie n’enlevait rien au charme mature qu’elle dégageait. Elle les accueillit dans une salle de consultation du Service de pneumologie. Un département qu’Evadné connaissait mal puisqu’elle n’y mettait, à vrai dire, jamais les pieds. Assise derrière le bureau, Ann ouvrit un dossier dans le terminal de travail holographique et lut à voix haute les informations qu’Eva avait transmise sommairement au moment de prendre rendez-vous.

-Un mélange Arkano-kiffar ? Ce n’est vraiment pas courant, commenta-t-elle avant de détailler Ja’ar avec attention. Il faut savoir que…ce n’est pas parce que deux espèces sont proche-humaines, qu’elles sont biologiquement compatibles. Enfin, parfois des miracles arrivent, n’est-ce pas ?

La toute blonde eut un sourire crispé mais approuva d’un hochement de tête.

-J’ai besoin d’une imagerie holographique des poumons de Monsieur..Ja’ar ? Vous vous nommez juste Ja’ar ? Bien. Je vais transmettre la demande d’imagerie et vous pourrez y aller, les résultats me seront transmis rapidement. Je vais également appeler une infirmière afin de procéder à une prise de sang. Habituellement un droïde s’en charge, mais vous savez les coupes budgétaires…on se partage désormais les droïdes entre services.

-Je vais le faire, s’empressa de rebondir Evadné.

C’était le marché qu’ils avaient convenu, personne d’autre qu’elle ne le touchait. Et si l’idée flattait le côté possessif du jeune médecin, elle la consolidait dans sa volonté de mettre son amant à l’aise.

-Pardon, vous êtes ? Je n’ai pas bien saisi, rétorqua le docteur. Son assistante de vie ?

-Sa compagne, et je travaille ici également, en tant qu’interne au Service d’obstétrique et de pédiatrie.

Fayë fit de gros yeux réprobateurs en tapotant sur un datapad proche.

-Vous ne comptez pas avoir d’enfants, j’espère ? Parce qu’ils n’auraient pas qu’un problème de poumons. Le matériel pour la prise de sang est sur le chariot automatisé près de la porte. Nous nous revoyons dans une heure, après l’imagerie.

La pneumologue se releva en soupirant, déjà en retard pour sa prochaine consultation. Quelques instants plus tard, Eva relevait la manche de son compagnon, un sourire complice aux lèvres et installait le garrot. Finalement, elle était plutôt satisfaite que les finances du centre universitaire ne puissent pas suivre la commande d’assistants médicaux. Ses doigts glissèrent contre la peau du métis, à la recherche d’une veine. Et il put sembler au mécanicien qu’elle mettait beaucoup de temps. Chercher un vaisseau sanguin n’était qu’un prétexte pour lui prodiguer des caresses affectueuses qu’il fallut bien abandonner pour planter la seringue et collecter le sang.


Au service d’holo-imagerie médicale, elle lui avait expliqué comment se placer dans la machine qui cartographierait avec précision ses organes pulmonaires. Elle avait failli se perdre dans des explications scientifiques poussées s’il ne l’avait pas arrêté avec humour. Tout cela pour dire, avait-elle assuré, qu’il ne devait pas s’inquiéter outre-mesure et qu’elle serait là, toute proche dans la cabine du technicien à surveiller les écrans holographiques qui seconde après seconde, feraient émerger des données. Elle était d’ailleurs concentrée sur ces dernières lorsque son comlink grésilla. Elle prit la communication, observant Ja’ar derrière la baie vitrée qui séparait la cabine de la salle où l’imagerie avait lieu.

-Interne Publius, c’est le Docteur Erinwright. J’ai appris que vous étiez dans les parages, je dois absolument vous voir, c’est important.

-Mais je…

-Je sais que vous n’êtes pas de garde, mais c’est urgent. C’est à propos de Shen Avasa.

Les doigts qui tenaient son comlink tremblèrent légèrement à l’évocation du nom. En contrebas, le mécanicien remettait son haut et sa veste. Elle activa le microphone pour lui parler à travers la vitre :

-Ja’ar…j’ai un souci. Je te rejoins vite. Tu…peux regagner le bureau du docteur Fayë, elle ne devrait pas tarder à avoir les données. Le temps de les exploiter, elle pourra te communiquer un premier bilan…

-Interne Publius ? sollicita Erinwright toujours dans le comlink.

-J’arrive.

Elle posa une main contre la vitre qui la séparait de son compagnon. Le nom de Shen avait fait déferler une multitude de mauvais pressentiments.



Erinwright était un corellien habituellement assez imbus de lui-même, sauf en de pareilles circonstances. Son visage croulait sous le poids des rides de l’âge vénérable. Il supervisait l’internat de Publius et dès qu’elle pénétra son bureau, il joua carte sur table :

-Je viens de recevoir de nouveaux résultats concernant Shen Avasa.

-Oui vous m’aviez dit, un système immun…

-Interne Publius. Il va mourir.

-Pardon?

-C’est une maladie du sang. C’est courant chez…et bien les hybrides comme lui, vous le savez. Ecoutez, je ne vous ai pas fait venir pour tergiverser sur les conclusions, mais parce que j’aimerais que vous préveniez Madame Avasa. Elle devrait revenir, avec lui. Son état va empirer. Mieux vaut ici, que chez lui. Sa mère n’est pas en état.

-Non…non, je ne peux pas, répéta Evadné.

-C’est votre patient, cela fait partie de votre métier. Alors vous utilisez cette console de communication et vous prévenez Madame Avasa avec tout le tact et la vérité qu’une telle situation exige.

Avant de quitter, il posa une main paternelle sur l’épaule de son étudiante. Lui, il était vieux, il avait vécu. Des décès, des mauvaises nouvelles, il en avait annoncé à des proches que l’optimisme avait commencé à gagner. Il enserra l’épaule de la semi-hapienne pour lui faire comprendre que tout irait bien. Evadné alla s’asseoir derrière le terminal de communication, toute blême. Shen n’avait que deux ans. Elle prit une grande inspiration et chercha dans le répertoire les coordonnées de Madame Avasa, déclenchant une demande de communication quelque part dans un quartier huppé de Coruscant. Elle réfléchissait à quoi lui dire, comment le lui dire. Non, elle commencerait par demander des nouvelles de Jed et Shen, en douceur. Sur le bureau, un datapad traînait avec les résultats des tests effectués sur le plus jeune. Un bip caractéristique lui annonça que la ligne avait été établie.

-Madame Avasa…c’est le Docteur Publius..




Joseph Vankrayn
Joseph Vankrayn
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Coruscant...
Ce nom suscitait la même image dans l'esprit de presque tous les êtres civilisés de la galaxie. Coruscant: centre étincelant de l'univers, pierre angulaire de l'ensemble des mondes habités, joyau des systèmes du Noyau. Coruscant, siège du gouvernement d'une myriade de planètes de la galaxie. Coruscant, modèle de culture et de savoir, synthèse de millions de civilisations différentes.



[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Coruscant...
Observer la planète depuis son orbite était le seul moyen d'apprécier le gigantisme de ses constructions. Pratiquement toute la surface du globe était recouverte d'une métropole aux paliers multiples constituée de tours, ziggourats, palaces, dômes et minarets. 
De jour, les multiples niveaux croisés de circulation aérienne et les milliers de vaisseaux qui rejoignaient et quittaient l'atmosphère bloquaient la vue de ce vaste paysage urbain.
De nuit, Coruscant révélait sa véritable splendeur, dépassant en intensité les plus spectaculaires des nébuleuses ou des amas gazeux qui constituaient le Noyau Galactique, tout proche.



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Coruscant...
Un anneau sans fin de gratte-ciel titanesques encerclait l'équateur de Coruscant. Certaines de ces constructions étaient assez hautes pour frôler les couches supérieures de l'atmosphère. Même si l'on rencontrait de nombreuses structure beaucoup plus basses, seuls les niveaux élevés en milieu raréfié correspondaient à la vision idéale que la plupart des personnes se faisaient de la capitale galactique.

Mais... toutes ces visions de richesse et de grandeur devaient bien être construites sur quelque chose, quelque part, là, en bas. Le long du bandeau équatorial, bien en deçà de la strate la plus inférieure du trafic aérien, sous les passerelles illuminées et les façades étincelantes, avait germé une autre vision de Coruscant. Là où les rayons du soleil ne brillaient jamais, la nuit urbaine et éternelle n'était que parcimonieusement éclairée par les enseignes holographiques au néon d'attractions douteuses et de commerce peu recommandables. 

Les araignées-blattes et les lourds rats-tatous infestaient les recoins les plus obscurs. Les chauves-faucons, dont l'envergure pouvait dépasser un mètre cinquante, hantaient les chevrons de certaines structures désertées. Là se trouvaient les entrailles de Coruscant. Un monde invisible et inconnu des riches et puissants. Un monde qui n'appartenait qu'aux reclus et aux maudits.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Coruscant...
Un monde que Joseph avait adopté comme résidence temporaire le temps d'un contrat.
 
Cela faisait maintenant presque un mois que Joseph était arrivé sur la planète. Pendant la première semaine il vérifia les informations qu'il avait reçu via le contrat et commença à installer un poste de surveillance sur ses cibles. Ledit contrat étant de récupérer une marchandise égaré après un incident meurtrier ne laissant que ses deux cibles comme piste.  

Et qu'elles cibles... 
Une assistante sénatorial doublé d'une étudiante en médecine fille d'un riche magna et un inconnu des plus louches ayant des compétences d'ingénieures.

C'était ce qu'il avait put en conclure après vérification des informations et de sa surveillance journalière sur le couple.
Leur passage à l'Université de Coruscant et leur rencontre avec l'un de ses patients, qui était un gamin accompagné de sa mère enceinte et son jeune frère. Il prit soin de noter toute information qu'il pouvait sur la petite famille et prit une photo pour pouvoir rechercher plus tard des informations sur eux.
Leur rendez-vous amoureux au district Commerce Collectif ou Coco Ville comme les habitués l'appel. Notant la passion de la jeune femme pour les spécialités aux blumfruits ainsi que l'amitié qu'elle semblait avoir avec la vendeuse dudit stand. Là aussi il se fit une note mentale de rechercher toute information sur la vendeuse Pantoranne.
Plus par sécurité qu'autre chose.

La semaine passa rapidement sous sa vigilance journalière... Cependant, malgré tout ce qu'il avait put voir rien ne semblait indiquer la présence de la marchandise. Il n'était pas entré par effraction dans leur appartement car l'endroit où ils habitaient avaient un niveau de sécurité assez élevé du fait des grosses têtes habitants dans le quartier rendant la tache plus difficile.
S'il ne pouvait pas aller dans l'antre de la bête, il suffisait juste de tendre un piège et de l'obliger à sortir.

Se fut donc durant la deuxième semaine qu'il commença a créer différant plan pour essayer de créer un environnement où il aurait l'avantage tout en les obligeants à obéir à ses directives ou tout du moins réussir à leur soutirer des informations... Ou mieux la marchandise s'ils l'avaient.

Coïncidence, cela tomba avec le départ de la "Publius", lui permettant de se concentrer uniquement sur son "amant" dont il ne savait rien. Cela pourrait peut-être aussi lui permettre de voir la face caché de l'homme, sa compagne n'étant plus là.
Il fallait dire que pendants quelques jours, il fut déçu. Il semblait se plaire à passer ses journées dans l'appartement de sa belle ou aller faire quelques menues services pour la vendeuse de blumfruit. Il pensait qu'il n'allait rien trouver d’intéressant sur lui avant le retour de la blonde jusqu’au jour où il alla dans les bas-fonds de Coruscant.

Quand il le suivit dans le monde du dessous, il su qu'il allait enfin voir quelque chose de nouveau qu'il pourrait certainement utiliser plus tard. Et il ne se trompa point...
La raison de son voyage ?  Aucune idée !
Malheureusement, Joseph avait beau l'avoir suivit dans les entrailles de la planète et surveiller l'homme il ne réussit pas à comprendre la raison de sa visite. 
Il était passé dans plusieurs cantinas, auberges, maison close et d'autres endroits en tout genre mais il ne semblait pas trouver chaussure à son pied.

Cependant, il n'était pas venu pour rien car le fait d'avoir fait un tour dans la face caché de Coruscant lui inspira une idée qu'il trouva idéale pour régler son problème actuel. Néanmoins Joseph se demandait bien ce qu'il cherchait... Est ce qu'il cherchait quelque chose à acheter ? A vendre ? Si c'était à vendre est ce que ça aurait un rapport avec la marchandise recherché...
Peut-être ?

Cela ne lui empêcha pas de commencer à organiser le rendez-vous qu'il aura avec le duo. Tout d'abord il devait trouver un moyen de les contrôler tout en pouvant les diriger selon son bon vouloir vers la zone préparé à l'avance. 
Comment faire ? 
Autant, il était vrai, qu'il n'avait aucun moyen de pression sur l'homme à part sa belle. Dans le cas où il l'aimait réellement. Autant il avait un large choix de possibilité avec la Publius...
Il y avait son amie la vendeuse...
La liste de ses patients...
Et dans cette liste deux patients qui sortaient du lots.

Les frères Jen et Shen qui d'après leurs dossiers qu'il avait piraté du serveur de l'Université, semblaient être des cas graves qui nécessitaient un suivit constant. Rajoutait à cela une femme enceinte et vous avez un paquet complet pour un chantage réussit.
Il était vrai que réussir à faire disparaître la famille ne fut pas de tout repos mais une fausse communication de cette même Publius fut plus que suffisent pour sortir la famille de leur nid douillet pour se faire intercepter par Joseph.

Nul doute qu'ils n'avaient jamais pensé qu'un tel endroit existerait sur leur planète ou qu'ils en feraient un jour passage dedans. Mais le chasseur de prime les avaient gentiment relocalisés pour servir à ses plans.

Il avait depuis attendu le retour de leur médecin en charge pour déclencher la suite d'événement qui amènera, il espérait, à sa réussite.

"Bibouuu..."
"Hmm.. Enfin pas trop tôt..."

Se redressant de la chaise sur lequel il avait décidé de patienter pour la journée, il s'étira à nouveau sous le regard méfiant et terrifié des trois autres personnes présentes dans le réduit dépourvu de fenêtre dans lequel le groupe vivait depuis quelques jours.

Il était clair que l'endroit et l'air qui était loin d’être aussi pure ou propre avait affecté les enfants qui c'étaient mis à tousser depuis quelques jours. Rien qui ne semblait mettre leur vie en danger pour l'instant... Le comble si ses otages mourraient avant même qu'il aurait put les utiliser.

Il les regarda tour à tour, laissant sonner le moyen de communication dans le vide, avant de s’adresser à la mère.


"Silence totale..."

Nul doute qu'elle avait comprit qu'elle ne pouvait rien faire dans sa situation et que l'homme armuré et armé en face de lui devait être prit au sérieux car elle acquiesça dès qu'il finit de parler.

Il prit le communicateur et l'activa.


-Madame Avasa…c’est le Docteur Publius..

"Bonjour Docteur Publius... Madame Avasa est indisponible pour l'instant... Ainsi que ses fils."

Un silence lui répondit. Il s'imagina certainement le visage que la blonde devait faire et ne put s’empêcher un sourire sous son casque avant de continuer ne lui laissant pas le temps de dire quoi que ce soit.

"Si vous voulez les revoir elle et ses bambins suivez mes instructions. Vous avez deux heures pour vous rendre Niveau 1313, au "Corridor Écarlate". Vous viendrez avec toutes informations ou possession qui appartenait à Luka. Homme, 18 ans, Cadézien qui était avec vous dans le vol du RTF Vestyr où il est mort. Une fois sur place, vous leur direz que vous venez voir le mandalorien. Si vous ne savez pas comment y aller, demandait donc à votre compagnon, lui le saura."

Il venait à peine de finir sa phrase qu'il coupa la communication et détruit l'objet d'un tir de blaster. Il pointa ensuite son pistolet blaster vers le groupe de personne et leur fit signe de se diriger vers la porte du taudis.

"Allez on bouge ! Soyez content votre liberté est proche."

Il sourit au trio avant de les faire sortir en passant un bras autour de l'épaule de la femme.
La "famille" passa devant des camelots qui proposaient des hologrammes pirates, des stupéfiants et toute une panoplie d'articles illicites. Des mendiants de toutes espèces, emmitouflés dans des haillons, tendaient la main sur leur passage. 
Il faisait doux à la surface. Ici, en comparaison, c'était l'étuve. Le mélange des odeurs corporelles d'innombrables individus à l'hygiène inexistante, combiné à la puanteur moisie qui s'échappait des murs, avait quelque chose d'hallucinogène.

Ils tournèrent dans un passage étroit dont le plafond et les murs n'étaient qu'un enchevêtrement de tuyaux, de conduits et de câbles.Des bandes couvertes d'une substance luminescente, installées à intervalles plus ou moins réguliers, fournissaient une illumination ténue. Assez pour pouvoir éviter d'écraser les limaces à granit qui rampaient sur le sol.

Finalement, ils sortirent du passage qui donnaient sur une rue beaucoup plus animée et donc dangereuse avant de se diriger vers le lieu de rendez-vous qu'il avait fixé.
Un immeuble sordide qui ne sortait du lot que de par son néon rougeâtre géant "Corridor Écarlate."

Derrière la porte s'ouvrait un petit hall d'accueil. L'espace était en grande partie occupé par un kiosque de plastacier jaunissant dans lequel on vendait des tickets. A l'intérieure de la caisse, un humain qui perdait ses cheveux était affalé dans un fauteuil automoulant.
Il releva la tête, sans le moindre étonnement, à l'arrivée de Joseph et du trio.


"La cabine 5 est libre." Grogna-t-il en indiquant du pouce une série de portes qui s'ouvraient derrière lui dans le mur du hall circulaire. "Un crédit par demi-heure, si vous voulez emmener votre famille avec vous, il va falloir me signer une décharge."

Joseph sortit d'une de ses poches de sa ceinture une épaisse liasse de crédits républicains qu'il jeta sans compter sur le comptoir.

"La cabine de luxe, accès backstage, sans décharge." Dit-il d'un ton qui laissait entendre aucun refus.

Le propriétaire les observa à nouveau, changea de position dans son siège et appuya sur un bouton d'un doigt crasseux.

"Cabine neuf. A qu'elle nom ?"
"Le mandalorien..." Dit-il en dirigeant le trio d'une main de fer.

Qu'elle était le business du Corridor Écarlate ? 
Officiellement ? C'était des location de sale pour voir des holo vidéos pour adultes ou des danseuses derrières des vitres... Voire plus si crédit.
Officieusement ? Il servait de zone de transite et de réunions pour toute affaire illégale, que cela soit pour de la vente d'information, drogue ou arme... Si les cabines pouvaient parler, ils le feraient pendant des jours sans s’arrêter.

Il fit passer la famille du coté "danseuse" et asseoir autour de la barre de dance pole tandis qu'il se posait contre le mur en attendant que le duo n'arrive dans la salle du coté "client". Il avait choisit cette endroit pour plusieurs raisons.

Tout d'abord c'était le bâtiment dans lequel l'amant de Publius était venu se procurer quelque chose. Ensuite, il avait passé assez de temps dans la zone pour comprendre le labyrinthe de ruelle qu'était les bas-fonds de Coruscant. Pour finir la salle lui permettra de montrer qu'il avait bien les otages, dicter avec le couple en étant derrière la vitre et utiliser le tiroir qui servait pour les pourboires comme moyen de transpirer les possessions du défunt.
Sans oublier la porte de service qui donne sur une sortie secondaire...

Il ne leur avait pas donné deux heures par hasard. C'était un calcul de Ruug'la sur le temps moyen qu'ils mettront s'ils allaient devoir retourner à leur appartement avant de venir ici. Après tout, il serait bête de les faire venir à vide ici.

D'ailleurs ne parlant de Ruug'la celui-ci faisait le guet à l’extérieure dans une ruelle proche, à coté d'un air speeder camouflé sous une bâche ayant vu de meilleur jour.
Préparer son moyen d'exfiltration était une habitude acquise avec son expérience dans le milieu de la pègre.
Ja'ar Austhis
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- Mi du ámolof to.

Bien que Ja'ar ne maîtrisait pas encore toutes les subtilités du créole Cadézien il comprenait l'essence de sa confession au regard de l'expression tendre de sa douce. Même en tenue de travail, elle était hypnotisante et il lui répondit d'un baiser langoureux couplé à une étreinte bienveillante qui se passait de mots pour lui exprimer à son tour son affection.

Rejoindre le service de Pneumologie avait été une torture pour le mécanicien. Il avait fallu emprunter l'interminable turbolift de la résidence de la jeune femme, se mêler à une foule étouffante en traversant la place sous un déluge des plus désagréables, subir encore plusieurs turboélévateurs que le mécanicien trouvait trop étroits et patienter de longues minutes dans une salle remplie de patients riches qui dévisageaient le couple entre deux toussotements allant du plus sobre au plus inquiétant. Ja'ar n'aimait pas les hôpitaux. De longs couloirs blancs, aseptisés, impersonnels, trop bien rangés où l'odeur des produits désinfectants se mêlaient aux ambiances parfois mortifères de ces chambres qui devenaient souvent la dernière demeure de personnes en fin de vie, que la raison soit naturelle ou prématurée. Le métis avait plusieurs fois voulu faire demi-tour, mais il avait donné sa parole à Evadné. Enfin, si cela pouvait la rassurer et lui faire plaisir, alors il s'y plierait. Elle était tellement ravie de faire découvrir son lieu de travail à son amant qu'elle avait passé tout le trajet à lui expliquer le fonctionnement des lieux : où était situé son département, les relations que les différents services entretenaient entre eux, les coupes budgétaires, son premier cas compliqué, l'administration discutable du directeur ou encore quelques potins juteux sur ses collègues de travail. Il en découvrait toujours plus sur sa vie et était fier d'être au coté d'une femme qui se donnait tant de mal pour faire le bien autour d'elle. Elle n'était pas si éloignée de la philosophie des Jedi finalement, érigeant la vie au pinacle de ses priorités mais il gardait cette réflexion pour lui, connaissant l'aversion de la demoiselle pour l'ordre séculaire.

Le docteur qui prit en charge le Semi-Kiffar était bien moins agréable que celle qui se tenait à son bras. Son élégance contrastait avec la rudesse son élocution et de ses réflexions. Elle ne dégageait pas cette bienveillance qui devrait être l’apanage des soignants, probablement trop usée qu'elle était par des années de pratique dans un environnement si compliqué. Sa voix dégageait une forme de suffisance des plus déplaisantes et il contenait son envie de rétorquer quand elle insistait sur les origines contre nature de son hybridation. Il n'avait pas choisi ses origines, ses parents n'avaient pas choisi non plus de s'aimer et il ne supportait d'en entendre parler sur un ton de reproches. Mais il avait fait montre de trop de colère ces derniers temps et ne voulait pas créer d'esclandre qui pourrait ternir la réputation du docteur Publius. Il se contentait simplement d'acquiescer d'un hochement de tête de temps en temps, silencieusement, laissant Evadné gérer l'entrevue. Elle avait suffisamment ausculté Ja'ar, en détail même, pour être au final plus apte que lui à expliquer avec les termes précis inhérents à la profession les problèmes dont ils souffrait. Il se permettait de compléter parfois les détails et répondait sobrement aux questions du docteur Fayë. Il sursautait quand elle abordait le sujet des enfants. Il n'avait jamais envisagé jusqu'alors de partager sa vie avec quelqu'un d'autre, alors avoir une descendance...Tandis que la pneumologue sortait, il contemplait sa partenaire qui commençait à s'affairer méticuleusement pour effectuer la prise de sang et il lui souriait. Peut-être qu'un jour...il ou elle aurait les yeux probablement bleus, sûrement les cheveux blancs. Devrait-il apposer les marques du clan Bhast ? La piqûre de la seringue le ramenait au présent et une fois cette dernière terminée, il embrassait affectueusement sa belle avant qu'elle ne l'emmène au service d'holo-imagerie médicale. Sur le chemin et encore sur place, elle s'était lancée dans longue diatribe technico-scientifique et bien qu'il n'en comprenait qu'une infime partie il la laissait continuer faire l'étalage de sa passion un long moment avant de la couper avec un sourire taquin.

- Je vois je vois. Mais du coup, on fait quoi là déjà ?

Elle tapa affectueusement son compagnon sur le bras en dénonçant la moquerie, puis lui intimait de se déshabiller pour passer le scanner tout en le rassurant une énième fois sur l'absence de risques. Les différents pictogrammes d'avertissements poussaient pourtant à l’interrogation, mais il avait toute confiance en sa belle. Il se dénudait sans se faire prier, laissant choir au sol dans des gestes lascifs ses vêtements à l'exception de son caleçon, laissant la jeune médecin se régaler de sa plastique. Elle en profitait pour caresser furtivement son poitrail et déposait un baiser dans son cou avant de le pousser dans la cabine d'imagerie. Ils avait voulu gagner un peu de temps, en vain. Ils régleraient cela ce soir.

La cabine était tout ce que redoutait Ja'ar : un endroit confiné, étroit, dans lequel il devait se tenir immobile, sans aucun contrôle sur les événements. Il fermait les yeux, cherchant à s'évader et à ne pas réfléchir à la situation dans laquelle il était. Il respirait profondément, s'accrochant à la voix de la jeune femme qu'il entendait à travers les haut parleurs et cherchant à ignorer le vacarme peu rassurant des vérins de la machine dont les nombreux bras d'analyses tournoyaient dans une chorégraphie saccadée autour de lui. Il sentait les battements de son cœur augmenter lentement et n'osait ouvrir les yeux de peur d'y voir les parois de la cabine se resserrer sur lui. Sa respiration devenait de plus en plus difficile et une forme de vertige s'emparait de lui. Le besoin de se mouvoir devenait impérieux et l'envie de sortir de cette enfer se faisait de plus en plus pressante.

Calme toi, calme toi, y'a aucun risque...pense à la plume.

Les secondes parurent des minutes jusqu'à ce que le supplice ne prenne fin. La machine venait de s'arrêter et un petit voyant vert indiquait au patient qu'il pouvait sortir. Il n'en fallait pas plus pour que le métis ne se rue hors de la cabine, cherchant du regard sa belle qui était derrière une vitre en hauteur. Son comlink en main, elle faisait signe à son amant de se rhabiller alors que sa mine était des plus inquiétantes. Tandis que le mécanicien exécutait, elle l'avertissait de son urgence.

- Ja’ar…j’ai un souci. Je te rejoins vite. Tu…peux regagner le bureau du docteur Fayë, elle ne devrait pas tarder à avoir les données. Le temps de les exploiter, elle pourra te communiquer un premier bilan…

- Rien de grave ?

Il n’eut pour réponse qu'un sourire crispé avant qu'elle ne disparaisse. Ja'ar était parcouru par un étrange sentiment. S'agissait-il des résultats de son examen qui venait de plonger la jeune femme dans une telle tourmente ? Il se hâtait de renfiler sa tenue, espérant pouvoir la rattraper dans les couloirs, mais une fois à l'extérieur du service, impossible de la retrouver. Elle avait disparue dans les couloirs et sa tenue accordée à toutes celles du personnel soignant rendait la tâche encore plus ardue. Une lueur d'espoir pointait quand il remarquait au fond d'une allée sur sa gauche la chevelure blonde de son aimée. Il pressait le pas pour la rattraper, mais dû ralentir pour ne pas renverser un robot qui déplaçait un malade sur un brancard. L'androïde pestait, sermonnant le métis.

- C'est un hopital ici, on ne coure pas dans les couloirs monsieur !

- Oui pardon.


Rongeant son frein, il avançait en allongeant le pas bien décidé à rattraper la jeune femme. Sa déception fut grande quant il constatait, une fois à quelque mètre seulement qu'il s'était trompé de blonde : Les cheveux noués à l'identique et l'uniforme similaire avaient trompé son acuité et il se retrouvait désormais seul dans un endroit qu'il n'appréciait guère. Il voulait revenir sur ses pas, mais dans sa précipitation il n'avait pas pris soin de vérifier son chemin. Le centre hospitalier était un vrai labyrinthe et il n'osait interrompre la course d'un soignant pour lui demander de l'aide, trop occupés qu'ils semblaient être. Il tournait un long moment avant de retrouver le bureau du docteur Fayë. Il entrait après avoir frappé et constatait qu'elle était en consultation avec un Ardenien.

- Monsieur Ja'ar ! Vous êtes en retard, et comme vous le voyez j'ai du passer au rendez vous suivant ! Vous serrez bien gentil de patienter dans la salle à coté, je vais voir si je peux vous recevoir entre deux autres consultations.

- Oui, pardon. Toujours aussi agréable

De retour en salle d'attente il envoyait un message à sa belle blonde lui signifiant qu'il l'attendait devant le bureau du docteur Fayë. Il lui demandait également si tout allait bien, inquiet qu'il était par la réaction qu'elle avait eu, puis il s'installait sur l'un de nombreux sièges inconfortables. Il avait toujours l'impression de faire tache dans cet environnement. Tout les patients arboraient des tenues attestant de leur rang social élevé et bien qu'il était actuellement habillé à leur mode grâce au relooking imposé par sa douce, il avait toujours cette impression d'être dévisagé en permanence. Comme si la précarité de ses origines et de son mode de vie se lisait sur son visage. Il détachait lentement ses cheveux argentés les laissant cascader sur ses épaules et prit un datapad faisant mine de consulter les articles du moment. Il espérait passer un peu plus inaperçu, son visage voilé par sa chevelure et caché par l'écran de la tablette. Ses pensées étaient toujours dirigé vers Evadné et il consultait régulièrement son comlink dans l'attente d'un message de sa part et lisait pour patienter.

« Le Muna Gala fut cette année encore une franche réussite. Des millions de crédits ont de nouveau étés récoltés au profit des associations de préservations des œuvres culturelles menacées lors des conflits armés. Une réussite imputable notamment à la présence marquée des personnalités les plus influentes de l'actualité politique de ces derniers mois. Si la présence de la Primadona de Ralltiir, éblouissante comme toujours, ainsi que celle de la nouvelle sénatrice Ranya récemment élue, furent assurément remarquée, c'est bien la vue de l'ex-chancelière déchue Emalia Kira en compagnie de l'actuelle vice-chancelière Keto qui fut l'objet de toute les discussions. « Nulle doute qu'il s'agissait là de manœuvre politique d'avantage que d'acte de foi » déclarait notre spécialiste sur place... »

La politique...Il ne s'y était jamais intéressé, mais devrait s'y plonger un jour ou l'autre. C'était l'autre partie importante de la vie de sa compagne, il lui faudrait en comprendre les rouages. Il lui faudrait l'accompagner sûrement à quelques occasions et il devrait faire montre d'un minimum de culture politique car le jour venu il serait testé, à n'en pas douter et les retombées impacteront durablement la carrière d'Evadné. Alors qu'il approfondissait sa lecture, il fut coupé par l'arrivée de cette dernière. Ses yeux étaient rouges et il ressentait son trouble.

- Que se passe-t-il ?

Elle lui faisait part succinctement d'une urgence. Ils leur fallait quitter les lieux au plus vite et elle lui expliquerait tout en chemin. Elle s'arrangerait avec le docteur Fayë pour récupérer les résultats de l'holographie ainsi que son diagnostic, mais il fallait se presser. Bien qu'il était ravi de quitter l'endroit, il ne pouvait s'empêcher de réfléchir à l’enchaînement des événements. Il ne l'avait jamais vue aussi inquiète, hormis peut-être sur le Vestyr. Dans le turbolift, il serrait la jeune femme dans ses bras afin de la rassurer, tandis qu'elle sanglotait. Le trajet retour fut plus rapide et elle lui expliquait la fameuse urgence une fois arrivé à l'appartement. Ses explications étaient confuses et il dut la stopper pour qu'elle reprenne son souffle ainsi qu'un fil de parole plus cohérent. Il reformulait pour être certain d'avoir bien compris.

- Des patients à toi ont étés enlevés par un homme qui se fait appeler le « Mandalorien » et qui réclame les affaires de Luka ?

Merde, quelqu'un sait pour le Vestyr...S'agirait-il du même homme responsable de l'attaque à bord du vaisseau ?

- Écoute Setara Mali, respire un bon coup. On va y aller tout les deux, je refuse que tu ailles là bas toute seule et je ferais en sorte qu'on puisse les sortir de là. On a pas grand chose qui appartienne à Luka, je ne vois que son Datapad. Par sécurité, on va en faire une copie qu'on gardera, et on va amener ce truc à ce Mandalorien ou quoiqu'il puisse être.


Il marquait une pause et réfléchissait un cours moment avant de continuer.

- Par contre Eva, si l'on veut que tout se passe bien, je vais avoir besoin que tu me fasse intégralement confiance, d'accord ? Et aussi... Je sais que tu n'aimes pas ça mais il est possible que je soit obligé de faire...ce que je sais faire si les choses tournent au vinaigre. Tu acceptes cela ?

Tandis qu'elle lui répondait, il se changeait. Il fallait se rendre dans les bas fonds de Coruscant, et son « costume » d'amant riche serrait un fardeau plus qu'autre chose. Il enfilait sa tenue habituelle, remise à neuf par GG86. Il conseillait à la jeune femme de trouver une tenue moins tape à l’œil également, un peu plus passe partout. Avant de s’exécuter, elle lui demandait comment il en savait autant, et était étonnée de l'insinuation du Mandalorien sur la connaissance de Ja'ar sur les Bas Fonds et notamment sur le Corridor Écarlate.

- Je suis descendu quelques fois pendant ton absence pour récupérer des pièces pour FX67.

Devant la moue renfrogné de la demoiselle, il enchaînait. C'était suspect et pourtant il n'avait rien fait qui aurait été répréhensible. Il developpait pour rassurer sa belle.

- Et non, je ne suis pas allé me rincer l’œil! Je cherchais une veille connaissance, un mécanicien que j'ai connu la dernière fois que je suis venu ici, et on m'a indiqué qu'il bossait là bas. Je l'ai pas trouvé et je suis reparti illico, je t'assure Setara mali !

Il prit les mains de la jeune femme et déposait un baiser sur son front.

- Écoute, je ne ferais jamais ça je t'aime trop pour...

C'était sorti tout seul. Il rougissait, les paroles avaient dépassés ses pensées. Il ne savait plus où se mettre et cherchait une alternative. Il repensait au Mandalorien et tiquait soudainement : L'homme semblait étrangement bien renseigné sur eux deux. Peut-être les suivaient-ils depuis un moment. Il s'écarta brutalement d'Evadné et réfléchissait à haute voix.

- C'est de là que venais mon pressentiment cette nuit ! Bon sang...ce type nous observait, c'est peut-être d'ailleurs le cas en ce moment !

Devant le regard incrédule d'Evadné, il précisait.

J'ai mal dormi cette nuit, j'avais une sale impression. J'ai fait le tour de tout l'appartement dans le doute. J'ai cru à un simple sentiment suite à un cauchemar, mais plus j'y pense et plus cela ressemblait à un avertissement de la Force. Je sais, c'est bizarre, mais pas autant que ta capacité à t'étaler dans le lit en mon absence.

Il souriait pour détendre un peu l'atmosphère, et entamait un inspection. Il se mis à faire le tour de toutes les fenêtres de l'appartement, scrutant les vis à vis vainement pour y déceler une présence suspecte. Par précaution, il commanda la fermeture des volets mécaniques, plongeant lentement l'appartement dans le noir et s'empressait d'allumer la lumière pour ne pas laisser sa moitié dans l'inconfort.

- A priori, il n'a pas dû rentrer ici, les droïdes nous auraient avertis. Comment est-il au courant pour le Vestyr ? Et pour Luka ?

A ces mots, le vieux droïde médical se mit à biper de plus belle. Usant toujours de son langage fleuri, il signifiait qu'il fallait le débarrasser d'un encombrant dans sa carcasse, un objet que le jeune Cadézien lui avait refilé à bord du Vestyr. Ja'ar se penchait sur le vieux tas de boulons, cherchant à calmer l’excitation du droïde et remarquait le compartiment coincé dont il avait remis l'inspection à plus tard. Il courrait s'emparer de ses outils et revint avec de quoi ouvrir la cache pendant que la jeune femme se changeait sous les yeux envieux du métis.

- Qu'a-t-il mis là dedans ?

Le compartiment s'ouvrait sous les yeux du couple qui découvrait l'objet de convoitise du ravisseur de la famille Avasa.

Evadné Publius
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Des haut-le-cœur avaient secoué péniblement sa poitrine. L’inconnu venait de couper la communication, mais ses mots occasionnaient des vertiges dans l’esprit de la toute blonde. La famille Avasa….Elle se pencha subitement, prête à vomir son angoisse. Un sursaut de lucidité la fit se reprendre bien que sa tête tournât encore. Elle devait rassembler ses esprits, digérer intelligemment ce que le « Mandalorien » lui avait expliqué. La panique reprit vite le dessus. C’était pire que le noir. Pire que tout. Son souffle était précaire et bruyant. Elle hyperventilait. Le bureau d’Erinwright lui parut soudainement trop petit. Une main tremblante attrapa son datapad, et elle dicta péniblement au logiciel de notes : Mandalorien. Niveau 1313, au "Corridor Écarlate". Son doigt glissa hâtivement sur l’écran pour accéder à l’Holonet. Corridor Ecarlate. Les premières informations affichées ne firent que creuser davantage son angoisse. Ses sanglots éclatèrent comme un orage d’été dans le bleu de ses yeux. En sortant de la pièce, elle bouscula Erinwright qui tenta de la retenir, en vain.

A gauche la sortie, à droite la coursive impersonnelle menant au département de pneumologie. Elle hésita longuement, plantée au milieu du chemin. Sa raison souhaitait préserver Ja’ar. Ce n’était pas son combat et l’idée de lui faire courir le moindre risque était insupportable. Pourtant, son cœur combattait cette inquiétude avec ardeur. Evadné avait tant besoin de lui. Elle ne pourrait jamais y arriver seule.

- Que se passe-t-il ?

Elle se serait jetée dans ses bras, si les douzaines de paires d’yeux dans la salle d’attente n’étaient pas braquées sur eux avec suspicion. Elle se pinça les lèvres, bloquant un énième sanglot et fit l’effort de mettre de l’ordre dans ses pensées angoissées.

-Nous devons partir. Maintenant. Je…je m’occuperai du reste avec le docteur Fayë. Mais…c’est urgent.

Dehors, l’averse avait repris son règne chaotique. Sur le parvis du centre de soins, les patients et le personnel vaquaient à leurs occupations de manière plus hâtive, espérant échapper aux dégâts de la pluie. Le temps de traverser une partie du quartier Fobosi, ils furent trempés. Et contre le visage alarmé de la jeune politicienne, les larmes se mêlaient indifféremment aux gouttes tombées des cieux Coruscantis. Les droïdes d’entretiens de la résidence se dépêchèrent de nettoyer les traînes humides que leur retour provoqua dans le hall d’entrée. Indifférents à la douleur de l’une et à l’inquiétude de l’autre, ils se contentèrent d’aspirer le tout dans un bruit monotone entre deux dialogues de bienvenue pré-enregistrés. Elle eut dû mal à commander l’ouverture des portes de l’appartement et s’énerva contre le panneau de commande, empêtrée dans une nouvelle crise de pleurs. Ja’ar vint à son secours, l’esprit plus limpide. Il la guida avec précaution vers la chambre et l’invita à s’asseoir au bord du lit. Peut-être tenta-t-il d’essuyer les larmes de sa douce en caressant sa joue. Peut-être était-ce un geste d’affection visant à la rassurer, mais la chaleur du contact la ramena à la réalité et elle dressa ses immenses yeux larmoyants sur lui :

-Je…le docteur Erinwright m’a demandé de venir, parce que…Shen…

Le souvenir du marmot la confondit dans un nouveau sanglot qui noua sa gorge. Durant plusieurs secondes, elle fut incapable de parler.

-Il va mourir, se ressaisit-elle. J’ai voulu appeler Madame Avasa. Madame…Avasa…et un inconnu m’a répondu. Au départ, j’ai pensé que…C’était son mari mais…c’était impossible parce que.

Elle tentait de ne pas dévier ses prunelles de celles du métis, se raccrochant à leur couleur dépareillée, puisant dans ce regard familier un peu de lucidité.

-Il a dit qu’il les avait enlevés, elle, Jed, Shen et…le bébé qu’elle porte. Que si je voulais les revoir vivant je devais aller au Corridor Ecarlate, Niveau 1313. Avec les affaires de Luka. Je ne sais pas…comment il s’appelait…comment il s’appelait, répéta-t-elle confuse avant d’être interrompue les mains de Ja’ar qui avait pris possession de son minois angélique pour l’inviter à respirer un grand coup.

-Le Mandalorien, souffla-t-elle clairement.

Alors qu’il relâchait sa figure et reformulait la situation, elle dévia son attention vers la terrasse frappée par une pluie torrentielle. Absurdement, elle repensa au système d’irrigation de la serre qu’il avait amélioré et se demandait si comme l’ancien, il collectait l’eau de pluie. C’était un point de fuite dans ses pensées terrifiées, une considération surréaliste et impérieuse parce que son cerveau avait besoin de se raccrocher à une idée rationnelle et moins angoissante.

-Par contre Eva, si l'on veut que tout se passe bien, je vais avoir besoin que tu me fasses intégralement confiance, d'accord ? Et aussi... Je sais que tu n'aimes pas ça mais il est possible que je sois obligé de faire...ce que je sais faire si les choses tournent au vinaigre. Tu acceptes cela ?

-Je…bien sûr, Ja’ar, répondit-elle en le contemplant se changer. Elle avait l’impression de ne plus être maîtresse de sa propre âme alors que dans cette déferlante d’inquiétudes et de tensions elle le détaillait, le cœur battant à tout rompre. Figée au bord de leur couche, bien droite, les cheveux pâles et mouillés retombant sur son corps féminin, les éléments tournèrent en boucle dans son esprit rongé par l’incertitude. Elle n’avait écouté que d’une oreille distraite les recommandations sur la tenue à adopter dans les bas-fonds coruscantis.

-J’ai vu ce que c’était le Corridor Ecarlate. J’ai entendu des rumeurs. Ja’ar, ce sont les bas-fonds et…ce lieu, comment connais-tu tout ça ?

- Je suis descendu quelques fois pendant ton absence pour récupérer des pièces pour FX67.

Des pièces ? Au Corridor Ecarlate ? Ou même dans les Bas-Fonds, pensa-t-elle avec incrédulité. Ses yeux encore rougis par ses précédentes crises de larmes fixaient son partenaire et ses lèvres encore trempés firent une moue renfrognée. Toute cette situation la fragilisait. L’inquiétude attirait toujours plus d’inquiétude.

- Et non, je ne suis pas allé me rincer l’œil ! Je cherchais une veille connaissance, un mécanicien que j'ai connu la dernière fois que je suis venu ici, et on m'a indiqué qu'il bossait là-bas. Je ne l’ai pas trouvé et je suis reparti illico, je t'assure Setara mali !

Elle ne fut pas du tout rassurée jusqu’à ce qu’il établisse un contact. Ses mains délicates aux creux de celles du métis, partageant leur chaleur relative, son front gratifié d’un baiser et :

- Écoute, je ne ferai jamais ça je t'aime trop pour...

La déclaration fugace brisa ses appréhensions infondées. Loin de la gêne qu’il exprimait, elle éprouvait une joie, tout entachée qu’elle fut par l’ombre de celui qui se faisait nommer le « Mandalorien ». Son regard azuré enveloppait son compagnon avec une tendresse débordante. Elle conçut un moment hors du temps, comme ils en avaient tant partagé sur le désastre du Vestyr. Bien que remis à neuf, les habits qu’il avait revêtus lui rappelèrent leur rencontre hors du commun. Elle revit le pilier qui s’effondrait et sentit clairement les bras du métis encercler sa taille pour la plaquer loin de la mort. Elle se souvint de la première œillade qu’ils avaient échangé, de ce même pantalon qu’il portait et qu’un tir de blaster avait troué. C’était de cet homme dont elle était tombée amoureuse et elle n’aurait voulu qu’il change pour rien au monde. Evadné se rapprocha de son amant. Elle aurait aimé le presser de répéter, de le lui dire encore et l’embrasser, mais il se déroba vivement. De nouveau livrée à elle-même, l’angoisse revint et l’attitude de Ja’ar n’arrangea rien.

- C'est de là que venait mon pressentiment cette nuit ! Bon sang...ce type nous observait, c'est peut-être d'ailleurs le cas en ce moment ! (…) J'ai mal dormi cette nuit, j'avais une sale impression. J'ai fait le tour de tout l'appartement dans le doute. J'ai cru à un simple sentiment suite à un cauchemar, mais plus j'y pense et plus cela ressemblait à un avertissement de la Force. Je sais, c'est bizarre, mais pas autant que ta capacité à t'étaler dans le lit en mon absence.

Si la situation n’était pas aussi compliquée, elle aurait ri d’indignation. Son sourire amusé laissa place à un regard plein de questionnements. Un avertissement de la Force, pensa-t-elle. Finalement, elle avait toujours cru connaître ce que les Jedis appelaient la « Force », et elle avait catégorisé ce phénomène comme dangereux car imprévisible bien que maîtrisable. Cependant, plantée là, à observer le métis lui expliquer que la « Force » l’avait peut-être averti d’un danger lui fit l’effet d’une claque. Ses yeux avisèrent les volets de sécurité éteindre toute forme de luminosité en provenance de l’extérieur. Elle ne les avait jamais utilisés et il lui sembla irréel qu’un tel mécanisme puisse exister dans cet appartement.

- A priori, il n'a pas dû rentrer ici, les droïdes nous auraient avertis. Comment est-il au courant pour le Vestyr ? Et pour Luka ?

Toutes ces interrogations l’oppressaient. Elles avaient tourné en boucle dans son esprit depuis l’appel du maître-chanteur. Comment avait-il su ? Ils avaient détruit la boîte noire, pris des précautions pénibles sur Enarc. Quelqu’un d’autre aurait-il réchappé du Vestyr ? Dans tout cet imbroglio d’incompréhension, elle en oublia la confidence faite à Camina Ashford, la matinée de leur retour. Les réponses les plus simples devenaient parfois les plus compliquées à envisager.

Sous les plaintes fleuries du droïde médical, elle se mit en quête d’un habit pour leur excursion prochaine. Dehors, la pluie avait cessé de battre inlassablement l’acier des volets. Le fracas de l’averse avait cédé le pas aux ronronnements urbains et familiers de Coruscant. Toutes ses tenues marquaient désespérément son appartenance au monde du haut. Elle découvrit avec contrariété qu’elle ne possédait pas un seul ensemble pouvant se fondre dans la masse misérable des Bas-Fonds. Jusqu’à ce que sa main effleure une robe d’hôtesse de la Stellaire Compagnie. Elle avait oublié qu’elle avait conservé ce vieux vêtement. Son père le lui avait remis à l’occasion d’un gala de la SteCo durant lequel elle avait modestement représenté les couleurs de l’entreprise familiale, vêtue comme l’une des hôtesses parfaites qu’embauchait la compagnie. Elle jeta un regard vers son duo favori et se mit à rougir. La robe moulante remplaça l’uniforme médical. Elle tira nerveusement sur l’ourlet qui lui arrivait à mi-cuisse, pestant silencieusement sur l’indécence de sa longueur. Cette dernière, quasi-inexistante dévoilait volontiers le galbe de ses jambes. Elle compléta l’ensemble avec des bas noirs autoportants qui remontaient bien au-dessus du genou. Quant au décolleté plongeant, il ferait autant l’affaire que le reste. Le tissu robuste était d’un gris bleuté rappelant le bleu de travail. Au mieux on la prendrait pour une travailleuse précaire d’une compagnie de transport. Au pire, on lui attribuerait le plus vieux métier de la Galaxie. Rien de bien choquant dans les Bas-fonds dans tous les cas. Elle termina d’attacher bottines en se rapprochant de FX67.

-Qu'a-t-il mis là-dedans ?

Ramenée à des considérations plus pressantes, elle observa avec appréhension le métis décoincer le compartiment de stockage. Au cœur de la carcasse du droïde dormait une mallette sombre, de quarante centimètres sur trente pour une petite dizaine de hauteur. Elle jeta une œillade perplexe vers son amant et se pencha pour extirper le « colis. ». FX lui demanda de faire attention au « cadeau » que Luka lui avait fait. Elle alla la poser sur le lit, perplexe et tendue. Un système de verrouillage électronique qui protégeait initialement le contenu avait déjà été forcé et pas de la manière la plus subtile qui soit à en croire les vérins cabossés. Les receleurs de l’objet auraient visiblement déjoué le système de sécurité. Elle se pencha et ouvrit le tout d’un geste résolu avant de se figer, surprise.

Ja’ar aurait pu reconnaître le précieux objet, pour avoir travaillé sur des nombreux vaisseaux en tant que mécanicien, bien que le composant qui gisait confortablement dans la feutrine à mémoire de forme de la mallette relevait davantage de l’ingénieur. Pour sa part, lors de ses leçons de pilotage théoriques avec l’Amiral Inaros, elle avait appris à quoi servait cet élément. De toute manière, sur la face métallique polie était gravée au laser et avec minutie : « Propriété de la FSC. » suivie d’un numéro de série « FSC290… ». FSC pour Force spatiale cadézienne.

-C’est un système de faisceaux de communications pour des vaisseaux de guerre cadéziens, souffla-t-elle, abasourdie. De dernière technologie si j’en crois le numéro de série. Le…genre de technologie que l’on démantèle actuellement dans les chantiers navals de Mariner Valley.

Elle se massa le front pour chasser le flot d’interrogation continu qui se déversa dans son crâne. Il fallait voir cela plus tard. A chaque minute qui passait, les vies de Jed, Shen et leur mère enceinte pouvaient basculer. Leur sécurité était une priorité absolue. La jeune politicienne se détourna vers Ja’ar et lui attrapa doucement le poignet pour accaparer son attention.

-Je ne t’en voudrais pas si tu utilises…ce don que tu as, pour la Force, murmura-t-elle avant de cueillir le visage du métis entre ses paumes fébriles pour venir coller son front au sien. Je suis morte d’inquiétude, mais je sais que tu es plein de ressources. Promets-moi de ne pas être blessé. De ne pas mourir. Surtout, promets-moi…que ma vie ne passera pas avant celle des enfants et de leur mère, ni avant la tienne. Si tu as le moindre doute, ton choix doit se porter sur eux et sur toi. Quoiqu’il arrive.

-Tu me demandes l'impossible, répondit-il à la suite d’une hésitation... Je ferais de mon mieux et me battrai jusqu'au bout, ça je peux te le promettre.

Le cœur de la belle s’était serré à l’idée qu’ils allaient droit dans un guet-apens. Peut-être que les otages n’étaient qu’un appât et que l’inconnu derrière le pseudonyme du « Mandalorien » ne cherchait rien d’autre qu’à achever ce que le Vestyr n’avait pas réussi à accomplir.

-Et quand tout ce sera fini. Je veux que tu m’apprennes, ce qu’est vraiment la Force. Que tu me dises ce que tu ressens avec elle, toutes ces choses de Jedis, je veux savoir. Mais je veux que ce soit toi qui m’enseignes, s’il te plaît.

-Nous aurons tous le temps qu'il faudra pour satisfaire ta curiosité Setara Mali, souffla-t-il après un court moment d’étonnement, le ton amusé.

Les doigts de la toute blonde coururent dans la chevelure argentée et elle se détacha lentement de lui, non sans avoir résisté à l’envie de l’embrasser pour oublier le début du deuxième acte sordide du Vestyr. Elle se dirigea vers sa coiffeuse et extirpa le datapad fissuré de Luka du tiroir où elle l’avait enterré ce matin même. Luka…interrogea-t-elle silencieusement en fixant l’écran abîmé. Que faisais-tu avec ce genre de matériel classé par la FSC ? Serait-il un terroriste de l’ACE ? Cela semblait absurde. Aussi jeune…

Alors qu’elle récupérait la mallette et se dirigeait avec Ja’ar hors de la chambre, FX67 leur barra la route de son imposant stature d’acier. Il bipa lentement.

-C’est trop risqué. Tu ne peux pas venir.

Il s’avança pour leur démontrer sa persévérance. Il souhaitait les accompagner, parce qu’il était là, également sur le Vestyr. Il avait bravé la mort à leurs côtés et que Luka lui avait légué le difficile testament de prendre soin de la marchandise et il comptait bien réaliser la dernière volonté de son ami. Il déploya l’un de ses bras chirurgicaux et désigna le compartiment de stockage. Evadné leva ses yeux encore embrumés vers Ja’ar.

-C’est vrai que…nous devrions peut-être élaborer un plan. FX67 peut nous accompagner. Ils te fouilleront sans doute au Corridor Ecarlate, du moins…nous ne savons pas. Tu pourrais sans doute mettre ton sabre dans FX et le récupérer ensuite. Personne ne se méfie des droïdes médicaux aussi vieux que lui. La plupart ne savent même qu’ils ont des compartiments de stockage.

-C' est une bonne idée. En espérant (Il s'interrompit pour observer FX) que ce t'as de boulon têtu ne soit pas trop borné.

Quand la pluie tombait, les quartiers élevés de Coruscant – ceux qui avaient la chance de voir le ciel, bénéficiaient de sa fraîcheur. Malgré un goût ferreux dû à la pollution ambiante de la ville-monde. Avaler quelques gouttes ou danser nu sous l’averse ne rendraient pas leurs habitants malades. Dans les Bas-Fonds, une autre réalité imposait son règne. Le déluge n’atteignait jamais les profondeurs pauvres de la planète. L’eau se condensait dans les conduits d’aération et l’ondée devenait un crachin désagréable et acide dans lequel il ne valait mieux pas rester des heures. Evadné n’avait jamais eu l’occasion de crapahuter dans les coupe-gorges des districts qui ne voyaient jamais la lumière. Les ascenseurs pour piétons étaient malfamés, étroits et interminables. Aussi, ils louèrent les services d’un passeur muni d’un airspeeder rafistolé pour les mener jusqu’au niveau 1313, via un des nombreux portails des bas-fonds ; ces puits d’aérations sans fins qui s’enfonçaient dans la cité urbaine comme autant de boyaux d’acier. Dès qu’ils débarquèrent, la jeune politicienne fut prise d’une quinte de toux. Ses voies respiratoires avaient été attaquées par la pollution étouffante à laquelle elle n’ait pas habituée. Il fallut plusieurs minutes à son métabolisme pour accepter cet air suffocant et elle lança un regard incertain vers Ja’ar.

Les rumeurs inquiétantes du 1313 la désorientèrent autant que les lumières artificielles qui remplaçaient péniblement le soleil inexistant depuis des millénaires. FX67 émit un son dès que ses senseurs remarquèrent le néon pourpre du « Corridor Ecarlate » et ils pressèrent le pas. Les affaires de Luka et celles du mécanicien reposaient dans les compartiments de stockage du droïde et Evadné effleura les doigts de son compagnon, puisant un peu de courage dans cette caresse fugace. Ils avaient trouvé l’hôtel de Sammy peu engageant sur Enarc. Il faisait pourtant office de palace à côté du sinistre bâtiment qu’ils avaient en face d’eux. La demoiselle était affolée à l’idée que Shen, Jed et leur mère puissent se trouver retenus de force dans un endroit aussi sinistre et dangereux.

Dans le modeste hall d’accueil, le kiosque en plastacier jaunissant n’inspirait pas confiance ; pas plus que son occupant qui releva les yeux d’une tablette holographique aux images douteuses. Ses pupilles paresseuses coulèrent longuement sur la plastique d’Eva, mise en valeur par sa robe moulante.

-Si c’est pour du travail ma belle, on a ce qu’il faut ici.

-Non…nous avons rendez-vous avec…le Mandalorien, informa-t-elle laconiquement.

-Ah, lâcha-t-il d’un ton déçu, Bien. Cabine 9.

-Merci.

-Eh, pas si vite. Var’E va vous fouiller d’abord. C’est la règle avec les nouveaux clients, annonça-t-il et il claqua des doigts.

Des portes mécaniques s’ouvrirent péniblement sur la silhouette d’un Twi’Lek au visage strié de cicatrices qui ne faisaient que renforcer son air peu avenant. Evadné se pinça les lèvres redoutant que son amant ne soit confronté à sa phobie du contact, mais le garde de sécurité décida de commencer par elle. Il mima un geste pour lui demander d’écarter les bras. Elle ne sut s’il était muet ou refusait simplement de s’adresser à des étrangers. Elle s’exécuta doucement et les mains caleuses de Var’E palpèrent sèchement épaules de la républicaine, à la recherche du moindre objet suspect susceptible de se cacher sous le tissu de sa robe. FX67 lança une plainte désapprobatrice. Au moment où les paumes rugueuses allèrent se plaquer contre sa poitrine à moitié dégagée par son décolleté, elle s’exclama vers le tenancier du kiosque :

-Si nous payons !

Le dégarni fit signe à son gorille d’arrêter, intéressé par ce début de proposition.

-Si vous payez quoi ?

-Je vous paie, disons…un droit d’entrée pour les habitués. Nous ne serons plus des nouveaux clients. La fouille sera inutile.

L’humain ricana vers le Twi’Lek qui eut un sourire entendu. Il dirigea ensuite son regard vers Ja’ar, amusé :

-Elle a le sens des affaires la donzelle. Mais bon, paraît que c’est courant chez les catins. Var’E va vous montrer le chemin.

Une fois la transaction effectuée, l’homme de main les guida à travers les coursives miteuses de l’établissement. Ils croisèrent quelques clients, dont certains se refroquaient à la hâte après avoir été jetés hors d’une chambre particulière. Eva tenta de faire abstraction des gémissements lascifs qui parvenaient au travers de cloisons insonorisées, ou de la musique rugissante que des haut-parleurs crachotaient ci et là. Il arriva que des sifflements lubriques soient lancés vers la toute blonde et après un périple de quelques minutes, Var’E les abandonna devant les portes de la cabine 9. Ja’ar alla pour entrer mais elle le retint parce qu’elle était morte de peur. Elle aurait voulu lui avouer un millier de choses. A la lueur des lumières noires et des néons crasseux, elle prit le temps d’admirer son visage tatoué d’or. Elle aurait aimé y lire l’avenir ; un avenir rassurant si possible. Mais elle savait que sitôt qu’ils auraient franchi ces portes, la seule chose immuable et certaine serait son amour pour lui. Quoiqu’il advienne.

A l’intérieur de la cabine, côté client, elle brava l'éclairage tamisé, abattant un immense effort pour voir ce qui pouvait l’être. Elle aperçut la vitre, et au-delà les vagues silhouettes de la famille Avasa. Son cœur manqua un battement et elle se dépêcha vers la plaque de verre, apposant ses mains dessus.

-Madame Avasa ?! s’écria-t-elle pour que ses mots porte traversent l'obstacle.

La mère épuisée redressa la tête vers la source irréelle de cette voix, comme si un long cauchemar se précipitait vers sa fin. Elle repoussa doucement ses bambins qu’elle avait pressé contre elle depuis deux heures et se dirigea vers la séparation, d’un pas fatigué.

-Docteur…Publius …

-Comment allez-vous ? Vous n’êtes pas blessée ?

-FX67 ! cria Jed en apercevant le droïde aux côtés du médecin.

Le robot bipa quelques sons de joie.

-C’est votre faute, lâcha amèrement Avasa.

Evadné accusa le coup et abaissa ses yeux teintés de culpabilité. Elle comprenait la réaction de la mère ; ce qu’elle avait dû vivre ces dernières heures : prise en otage par un dangereux inconnu, impuissante face au sort de sa propre chair. Ja’ar attira son attention vers un homme resté en retrait des retrouvailles. Elle dut plisser les yeux pour deviner les contours d’une armure et d’un casque.

-Doteur Evané, la sollicita l’aîné. Il étalait ses petites mains sur la vitre, laissant des traces et son jeune frère, agenouillé à ses côtés l’imitait comme si tout cela n’était qu’un énième jeu d’enfants. Elle envia leur insouciance et s’accroupit à leur hauteur, déployant ses paumes délicates au niveau des leurs, attendrie. L’un avait les cheveux bruns de sa génitrice, l’autre, la chevelure aux reflets argentins de son père, mais leurs traits similaires confondaient leur appartenance à la même fratrie.

-Le méchant Monsieur fait peur à maman. Moi, j’ai pas peuré !

-Tu as été très courageux, Jed.

Le mécanicien avait sans doute récupéré ses affaires. Eva se redressa pour fixer ses prunelles vers le « Mandalorien ». La mère se pencha pour réfugier son plus jeune fils dans ses bras, grimaçant sa douleur. Elle arrivait bientôt à terme et les efforts physiques qu’elle avait dû fournir sous la contrainte n’avaient pas amélioré son état.

-J’ai ce que vous m’avez demandé ! s’écria Evadné vers l’homme. Laissez-les nous rejoindre et je vous donnerai tout.







Joseph Vankrayn
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Coruscant - Niveau 1313 - Corridor Écarlate

Adossé contre le mur, Joseph jeta un regard vers ses otages perdue un temps dans son esprit. Il examina la femme enceinte qui semblait avoir la respiration courte en se tenant le ventre, nul doute que le stress de la situation n'a pas améliorée sa situation. Il espérait qu'il n'allait pas devoir s'occuper d'un accouchement surprise car à part lui ouvrir le ventre pour en sortir l'enfant il ne saurait quoi faire d'autre.

En parlant d'enfant, il regarda les deux gamins qui explorèrent avec leur innocence enfantine la pièce et le verre derrière lequel ils pouvaient voir une autre salle. Joseph les laissa faire sachant pertinemment qu'ils ne pouvaient s'échapper et ne le feraient pas même s'ils le pouvaient.
Ceux-ci s'ennuyèrent rapidement et se regroupèrent autour de leur mère en regardant Joseph avec un regard où la crainte et la curiosité sont mêlés.

Il secoua la tête devant la capacité d'adaptation des jeunots et il se perdit un temps dans son esprit en les comparants à lui même à leur age. Que serait-il devenu si les pirates n'étaient pas chez leur ferme ? Si son père n'était pas mort ? S'il n'avait pas était adopté par un mercenaire ?
Est ce qu'il aurait repris la ferme familial ? Est ce qu'il serait devenu un homme avec une vie des plus calmes et sans danger ?

Peut-être dans une autre vie...


"Pourquoi vous faite ça ?"
La voie faible et claire d'un enfant le tira de ses réflexions.

"Quoi ?"
"Pourquoi vous faite ça ?"
"C'est mon travail."
"C'est quoi votre travail ?"
"On m'engage pour résoudre des problèmes."
"C'est quoi le problème à nous ? Vous avez déjà tué ?"

Il y eu un silence et Joseph s'approcha de Jed, faisant reculer le gamin qui prit peur en le voyant s'approcher de lui.

"Ce n'est pas une question qu'un adiik doit poser... Mais oui j'ai tué."
"Vous êtes donc un méchant !" *Il prit son petit frère dans ses bras comme pour le protéger.* "Maman dit que ceux qui tue sont des méchants. Et puis vous avez fait mal à maman !"

Joseph sourit devant sa démonstration de courage avant de retourner dans l'ombre tel le spectre qu'il était.

"Je suis méchant certes, mais j'ai mon code... Connais-tu les mandaloriens, les guerriers les plus puissants de la galaxie ?"
"Euu... non."

Il pouvait voir la curiosité manifeste de l'enfant caché sous sa peur et sa crainte.
"Alors si tu veux pouvoir protéger ta mère et ton frère des méchants hommes la prochaine fois soit aussi fort qu'eux."

Il pouvait voir que l'enfant semblait perdu avec cette réponse, il allait ouvrir la bouche pour le questionner quand la porte dans la salle de l'autre coté du verre s'ouvrit, attirant l'attention de tout le monde.

La famille fut surpris de voir les personnes entrés mais ce ne fut pas le cas pour Joseph, prévenu en avance par Ruug'la, qui les savaient proche. Pendant que Jed attiré vers le verre comme un insecte en face d'une flamme, commençait a discuter avec la blonde qui c'était tout autant précipiter vers lui, Joseph observa silencieusement la scène.

Il restait dans la zone d'ombre qui encerclait la barre de pole dance contre lequel la mère s'était appuyé. On ne pouvait voir de lui, que les reflets de son armure et la visière en T de son casque dont la forme bipède de son corps se discernait difficilement. Le bout des canons de ses pistolets sortaient brièvement de l'ombre avant d'y retourner, comme la menace silencieuse que leur apparition fugace apportait sur la famille.

Il contempla d'abord la femme qui était à genoux entrains de conforter la famille. Elle était belle nul doute à cela. La couleur de ses yeux miroitants se changeait selon l'angle et la lueur du néon qui éclairait tant bien que mal la pièce dans laquelle elle était. La chevelure d'or qui coulait de ses épaules encadrait son visage comme le cadre d'un objet d'art. On ne pouvait voir nul marque, nul trace sur sa peau blanche et qu'il imaginait douce... Pure de toute négligence ou dureté de la vie comme la maladie ou la faim. La tenu qu'elle portait ne faisait que rehausser tout cela, car celle-ci lui collait au corps comme une seconde peau, ne laissant peut de place à l'imagination.
Et même si Joseph trouvait qu'elle manquait de consistance au niveau de la poitrine et des reins, il ne pouvait critiquer son corps qui semblait néanmoins bien proportionné. 

Il pouvait voir dans sa démarche, son attitude et dans ses yeux, la bienveillance et gentillesse qu'elle porte à cette famille, ainsi que la douleur et peine de leur état. Nul doute qu'elle devait se sentir honteuse ou tout du moins coupable de leur situation mais elle ne semblait pas comprendre la sienne.

  Si elle avait pensé qu'une telle tenue la fondrait dans la masse, alors elle risquait d'avoir une drôle de surprise en sortant du bâtiment. Cela ne faisait que confirmer son hypothèse et le fait qu'elle n'était jamais aller de prêt ou de loin dans un environnement aussi dangereux et de non-droit.

Son dos était trop droit, sa démarche trop franche, montrant qu'elle ne semblait pas porter plus d'attention à son entourage, ce qui démontrait qu'elle avait vécu la quasi-totalité de sa vie dans un environnement sécurisé ou avec des lois strictes... Ou a la criminalité basse.
Sa tenu était trop propre, repassé et neuf. On pouvait voir qu'elle avait été très peux utilisé et qu'elle n'était pas faite avec n'importe qu'elle tissue. De même, seul les prostitués avaient des tenus aussi aguicheuse car celle qui se promenait ici avec ce genre de tenu sans protection finissait à genoux dans une ruelle... Et cela c'était pour les plus chanceuses.
Sa peau... elle était propre, comme son odeur... une odeur de propreté et un soupçon de parfum qui n'était certainement pas bon marché.

Et des yeux... Des yeux qui n'avaient pas vu la noirceur de la vie et qui portaient une certaine innocence.

Oui... Elle avait du traverser le niveau comme une boule de lumière dans un océan de noirceur. Tout le monde avait du la regarder de loin, trop stupéfait par sa luminosité pour faire quoi que ce soit sur elle... Mais cela avait du changé avec son départ. Nul doute que l'information qu'une belle fille de la haute était descendu dans leur terrier et que les personnes concernés devaient préparés des plans à son encontre.

Il se demanda un temps s'ils réussiraient tous à en sortir vivant du niveau quand ils sortiront du bâtiment avant de se tourner vers l'homme.

Oui... Contrairement à la femme... Il était dangereux.
Il pouvait le voir à son attitude et son positionnement physique. Il observait avec attention la salle comme pour vérifier qu'il n'y avait pas de piège avant de se poster sur le coté, comme un garde pour la belle. Ses yeux... montraient qu'il avait combattu et certainement tué.
Il avait quand à lui une tenu de mécanicien qui passait nettement plus dans ce genre de lieu que la dame et Joseph l'avait déjà vu traîner dans les niveaux inférieures. Nul doute que lui savait peut-être que entrer était nettement plus simple que sortir d'un tel endroit.

Il jeta un bref regard vers le droïde médical qui ferma la marche, il se demanda si elle l'avait amené ici pour la famille ou pour une autre raison, mais ne chercha pas à en chercher plus se sentant parfaitement en contrôle dans cette situation.


"Evadné Publius." *Annonça-t-il sans porter attention à son éclat.* "Fille de Veraon Publius et Asphodèle T'Sarran. Voué à suivre les pas de son paternel en politique, malgré son envie dans le domaine médicale et réussit à allier les deux en étant docteur et assistante-sénatrice de Cadezia." *Il fit des aller-retours derrière la famille, restant dans l'ombre comme une bête tournant autour de sa proie acculé.* "Suite à un événement ou crise de nature inconnu, a fugué de son poste ce qui en a résulté d'une mise à prix pour toute information la concernant. Fugue l'ayant amené dans le Vestyr où elle fit la rencontre de son nouveau compagnon et de Luka."

Il s’arrêta un temps pour se tourner vers elle, son casque braqué vers elle.
"Vous m'excuserez, je n'ai pas eu le temps de vous prendre votre sorbet de blumfruits préféré chez votre amie." *Il fera un signe du bout de son blaster vers l'unique divan automoulant qui faisait face à la plaque de verre.* "Asseyez-vous."

Il reprit ses aller-retours en regardant le duo, son arme restant braqué en direction de la famille.

"Vestyr qui subit un incident fâcheux résultant à son crash et la mort de la totalité des passagers et des membres d'équipages... Après examens des passagers et le recoupement de leur information via des sources externes, il ne reste que vous deux dans ma liste... Et il se trouve que vous le connaissez et que vous semblez l'avoir rencontré avant ou durant l'incident." *Il fit un geste lent de la main.* "Nous en parlerons dans un moment."

Il se tourna alors vers l'homme.
"Ja'ar... Na pas de famille, pas de dossier, rien... Un pauvre mécanicien et roboticien toxicomane qui était au mauvais endroit au mauvais moment, mais qui s'en est sortie gagnant au final au vu de sa situation actuelle... Je ne pense pas." *Il regarda l'homme un temps confrontent son regard avec l’anonymat de son casque.* "Trois choses ont attirés mon attention dans l'incident que vous avez vécue. Les droïdes de combats qui ont abordés votre navire, le fait que certains aient étés détruits avec ce qui semble être un cutter laser ou associé et l'ex sergent Kora Falls."

Il s'appuya contre le mur du fond avant de continuer.
"Je tiens à préciser ex-sergent vu qu'elle à était renvoyé pour faute grave suite à ce qui lui est arrivé. Quelque chose de tout à fait surprenant je dois dire... Son équipe étant la plus proche du crash, elle est la première sur zone et commence immédiatement le sauvetage de possible survivant... Et coup de chance l'escouade en trouve deux une fois à l'intérieure. L'ex-sergent escorte les deux survivants vers leur navette pendant que le reste de l'escouade fouille le site du crash. Et c'est là que la situation devient intéressante... Vous savez pourquoi ?" 

Il les regardera tour à tour comme s'il jouait avec eux en ayant déjà gagné d'avance.
"Le crash n'étant pas loin de la ville, elle avait ordonné au pilote de la navette de les déposer au centre de force de police local quand... Sur le chemin, elle ordonna au pilote d'abandonner la navette avec elle pour repartir à pied vers la carcasse en laissant les deux survivants partir avec leur vaisseau." *Il secoua la tête comme sous le choque.* "Le pire étant que quand elle fit son rapport sur la raison de sa décision, elle annonça qu'elle n'avait jamais croisé ni parlé avec deux personnes dans la navette." *Il pencha la tête sur le coté.* "Intriguant, n'est-il pas ?"

Il se redressa et se remit à marcher.
"Elle affirmait ne pas avoir croisé ni parlé avec deux survivants contrairement à tout le reste de son escouade et du pilote qui sous serment disent le contraire. Elle a passé tout examen psychologie, médical qui ne montraient aucun dysfonctionnement ou prise de produit illicite... Cela étant dit, les faits étaient là ! Il y avait bien eu deux survivants de plus, deux survivants qui ont utilisés la navette qui fut retrouvé abandonné au alentour de la ville." *Il semblait prendre son plaisir en racontant l'histoire comme un détective qui semblait vouloir résoudre un mystère.* "Un sergent sans histoire, avec des états de services, ne semblant pas souffrir de maladie mentale et qui ne c'était pas drogué. Alors pourquoi continuait-elle a affirmer qu'elle n'avait pas rencontrer un couple de survivant ? Les connaissaient-elle ? Cela ne semblait pas être le cas pour son équipe... Et c'est là que j'ai comprit !"

Ses pas étaient lents et mesurés et sa voie calme et stable.
"On peut oublier tout ce qui a était cherché précédemment et aussi un contrôle via phéromone vu que personne dans le couple n'était un fallen ou une autre race associé... Mais si on considérait ce mystère avec certaine marque de cutter laser sur les droïdes, alors quelque chose remplirait tous les critères." 

Il s’arrêta un temps, se tournant vers Ja'ar et dit un seul mot comme une accusation.
"Jetii !"

Il était très fiers de l'effort et du travaille effectué pour trouver toutes les informations sur l'incident, ce qui lui permit une découverte majeur et qui aurait put être dangereuse sur lui, si non découverte.

Il reprit alors sa marche lente.
"La pauvre ex-segent fut donc accusé de faute professionnelle grave et viré de son poste. Alors qu'elle n'était venu qu'en faisant son devoir et voulant sauver de possible survivant... Tragique." *Il garda un instant de silence avant de reprendre.* "Je te conseillerais donc de rester assis et de ne pas faire de mouvement brusque, ou je considérerais cela comme une tentative d’agression de ta part... Jetii !"

Il se tourna à nouveau vers Evadné.

"Ma chère... Vous avez dit que vous aviez ce que je cherchais ? Vous allez donc pouvoir me prouver la véracité de votre parole en mettant ceci dans la boite à pourboire que voilà."

Il appuya sur un bouton et un tiroir en plastacier s'ouvrit de leur coté de la vitre en verre. Le "tiroir" était bien entendu suspicieusement large et profond, au point de pouvoir passer des boites et autres objets de grande taille, clairement d'origine et but illégal.


"Une fois que j'aurais vérité que vous dite la vérité, je relâcherais la famille en faisant abaisser la plaque de verre." *Il brandit son blaster en posant le canon de son arme sur le crane de la femme.* "Ceci étant la seul proposition que je vous offre, l'autre étant de voir la famille que vous avez juré de vous occupez et de soigner mourir sous vos yeux."

Il entendait les cries de peur des enfants et le sanglot de la mère, mais il n'y portait que peux d'attention, trop occupé à surveiller la femme et plus particulièrement son compagnon.
Il se demandait s'il allait devoir réellement abattre la femme et les enfants, ne voulant pas au fond de lui s'y résigner. S'il faisait cela, il n'était pas plus propre que ceux qui encerclaient actuellement le bâtiment.

Mais cela le couple ne le savait pas, ce qui était tout à son avantage. Et puis, il pouvait lui tirer dans la jambe... Elle n'en mourra pas.

Ja'ar Austhis
Ja'ar Austhis
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Ja’ar observait avec curiosité l’engin correctement placé dans la mallette qu’il venait d’extirper du vieux droïde médical. L’éclat du métal poli suggérait qu’il sortait tout juste de l’usine, probablement jamais encore utilisé ou tout juste rénové. Il contemplait le numéro de série gravé minutieusement sur la pièce et voyait le reflet des ses yeux vairons dans le métal brillant. Bien qu’il eût une idée du type de matériel dont il s’agissait il demeurait étonné de le voir ainsi emmitouflé, traité comme une pierre précieuse issue des mines de Kessel. Tandis qu’il cherchait vainement dans sa mémoire la signification des premières lettres du matricule dans l’espoir d’en identifier l’appartenance, sa douce lui offrit la réponse.

- C’est un système de faisceaux de communications pour des vaisseaux de guerre Cadéziens. De dernière technologie si j’en crois le numéro de série. Le…genre de technologie que l’on démantèle actuellement dans les chantiers navals de Mariner Valley.

Mariner Valley… sur Cadézia ?

La jeune blonde avait déjà abordé à quelques reprises les déboires politiques qui agitaient sa planète natale. Bien qu’il ne saisissait pas toujours toutes les subtilités des manœuvres politiques, il se souvenait de l’importance économique et stratégique des chantiers de Mariner Valley et de leur production. Eva lui saisit le poignet et il relevait la tête. Il sentait l’inquiétude qui enflait dans son esprit et se redressait, s’approchant d’elle dans l’optique de la serrer contre lui pour la rassurer.

- Je ne t’en voudrais pas si tu utilises…ce don que tu as, pour la Force.

Elle posait délicatement ses mains contre ses joues, caressant furtivement sa barbe argentée et collait son front au sien. Il tressaillait toujours légèrement lors des contacts dont il n’était pas à l’initiative, mais après plusieurs semaines de vie commune la jeune politicienne savait s’y prendre comme nul autre. Elle avait ce don, cette capacité à franchir sans effort toutes les barrières qu’il avait érigé et que des décennies de peur avait rendues impénétrables. Ou presque. Il percevait les pensées de la jeune femme, qui dans un tourbillon d’agitation et d’angoisses s’évertuait à s’accrocher à un point d’encrage solide : lui. Pour cette raison il donnerait toujours le meilleur de lui-même. Jusqu’à l’épuisement, il tiendrait, pour elle.

- Je suis morte d’inquiétude, mais je sais que tu es plein de ressources. Promets-moi de ne pas être blessé. De ne pas mourir. Surtout, promets-moi…que ma vie ne passera pas avant celle des enfants et de leur mère, ni avant la tienne. Si tu as le moindre doute, ton choix doit se porter sur eux et sur toi. Quoiqu’il arrive.

Il décollait légèrement son front du sien, et regardait alternativement ses deux prunelles, aussi magnifiques qu’hypnotisantes. Il n’avait pas encore complètement remarqué la tenue qu’elle avait choisie et qui d’ordinaire l’aurait invité, poussé même, à la plaquer contre la commode sur laquelle trônait quelques holographies qui finirait sur le sol en moins de temps qu’il n’en faut pour FX à balancer un juron bien senti sur les manières brusques du métis, mais dont sa maitresse se délectait. Non, en cet instant il était captivé par ses yeux éblouissants et s’enivrait de l’affection qu’elle lui portait. Cette chaleur qu’il ressentait en elle et qui resonnait en lui-même. Cette sensation qui se transformait en brûlure lors de ces longues absences induites par ses deux métiers. Il ne saurait y renoncer, jamais. Elle passerait toujours en premier, qu’importe la logique et la rationalité.

- Tu me demandes l'impossible… Je ferais de mon mieux et me battrai jusqu'au bout, ça je peux te le promettre.

Son ton était ferme et rassurant. Il posait ses mains sur les hanches de la demoiselle et caressait affectueusement sa chute de rein. Il pourrait la contempler ainsi pendant des heures.

- Et quand tout ceci sera fini. Je veux que tu m’apprennes, ce qu’est vraiment la Force. Que tu me dises ce que tu ressens avec elle, toutes ces choses de Jedi, je veux savoir. Mais je veux que ce soit toi qui m’enseignes, s’il te plaît.

Agréable surprise que cette demande. Depuis le début de leur relation, il s’évertuait à éviter de faire étalage de ses pouvoirs et de son lien avec la Force. Il connaissait le passif de la jeune femme avec les Jedi, sa répulsion envers les adeptes de cette puissance mystique et voulait éviter de faire remonter des souvenirs douloureux. Aujourd’hui elle était en demande et il serait ravi d’ouvrir sa partenaire à ce monde qui est le sien.

- Nous aurons tous le temps qu'il faudra pour satisfaire ta curiosité Setara Mali affirma-t-il en souriant.

Elle baladait ses doigts dans la chevelure opaline du métis puis s’écartait de lui, allant chercher le datapad de Luka dans sa coiffeuse. Tournant le dos à son compagnon, elle ne s’apercevait pas du regard envieux qu’il lui portait. Il venait tout juste de remarquer le choix vestimentaire discutable de sa belle et était partagé entre l’envie de lui suggérer quelque chose de plus sobre et celle de l’effeuiller sur le champ. Il dévorait des yeux les formes parfaitement mises en valeur par la tenue provocante de la jeune médecin et nombre d’idées polissonnes traversèrent son esprit, le poussant à regretter de n’avoir choisi un pantalon plus leste. Il secouait la tête légèrement comme pour chasser ces images de sa tête et reportait son attention sur la mallette. Qu’avait cet objet de si important pour que l’on en vienne à kidnapper une famille pour le récupérer ? Probablement les données stockées dans le cache, a moins que ce ne fusse la technologie utilisée. Peut-être un cas d’espionnage industriel. Essayer de faire une copie des données enfermée dans la mémoire de la machine en guise de précaution ne serait pas du luxe. Il récupérait l’un des nombreux câbles qui trainait dans sa boite à outil et branchait un datacron au faisceau de communication tandis qu’Evadné revenait vers lui, le datapad de Luka en main. Il répondit à son air interloqué par un index levé, comme s’il ne souhaitait pas être dérangé pendant la manœuvre. L’accès à la mémoire cache du système de communication était protégé par une clé de cryptage : Réussir à la contourner prendrait beaucoup de temps et ils ne pouvaient se permettre tous deux de risquer la vie de la famille en poussant l’impatience de leur ravisseur. Ja’ar se contentait de réaliser une rapide copie sur le datacron et s’occuperait du décryptage plus tard, une fois la famille en sécurité. Il reposait précautionneusement le système dans la mallette qu’il tendait à sa partenaire, puis alla récupérer ses dernières affaires. Il enfilait son manteau, sa bandoulière, attacha son holster à la cuisse, vérifiait la bonne tenue de son blaster et plongea sa main dans la poche intérieure de son manteau pour y déposer le datacron à l’abri et saisir son sabre. Il caressait la poignée en cuir avec son pouce et contemplait les reflets Or, azur et rubis du métal constituant son vieil ami. Il préfèrerait ne pas avoir à s’en servir, mais le serrer entre ses doigts avait toujours quelque chose de galvanisant. Il s’apprêtait à le remettre dans sa poche quand FX67 vint bipper à tout va son envie de les accompagner. Le mécanicien laissait échapper un sourire au regard de l’énergie que déployait le vieux tas de boulon têtu pour justifier sa présence à leur côté pour cette dangereuse excursion.

- C’est vrai que…nous devrions peut-être élaborer un plan. FX67 peut nous accompagner. Ils te fouilleront sans doute au Corridor Ecarlate, du moins…nous ne savons pas. Tu pourrais sans doute mettre ton sabre dans FX et le récupérer ensuite. Personne ne se méfie des droïdes médicaux aussi vieux que lui. La plupart ne savent même qu’ils ont des compartiments de stockage.

- C'est une bonne idée. En espérant que ce tas de boulon têtu ne soit pas trop borné.


Confier son sabre à quelqu’un d’autre n’enchantait guère le mécanicien. Il fallait espérer que le vieux droïde n’en fasse juste pas qu’à sa tête. Il tendait son sabre à la vieille carcasse qui le récupérait avec l’un de ses bras chirurgicaux et le faisait disparaitre dans ses entrailles. Il décidait toutefois de garder le blaster attaché à sa jambe, bien en évidence. L’objectif n’était pas tant de garder une arme à portée de main que de donner le change : Laisser penser que la seule arme soit le blaster et qu’une fois confisqué le métis ne représente plus une menace. Un leurre in fine.

Tandis qu’ils se dirigeaient tout trois vers le turbo-élévateur, le mécanicien marquait un temps d’arrêt. Il demeurait marqué par son cauchemar qu’il identifiait comme un avertissement, une vision de l’avenir. Il n’arrivait pas à s’ôter de l’esprit que cette escapade serait plus dangereuse qu’elle ne semblait l’être. S’il s’agissait bien d’un aperçu de l’avenir, il devrait se battre. Il ne se souvenait plus de la fin de son rêve, mais l’affrontement était violent. L’éventualité que cela soit son dernier combat traversait son esprit et son cœur fit un bon. Non pas par peur de disparaître, rejoindre la Force ne l’effrayait pas. Mais être séparé d’Evadné lui était impensable. C’était la première fois de sa vie qu’il appréhendait ainsi avant une situation conflictuelle. Il ne s’était jamais posé la question auparavant, mettre sa vie en jeu n’avait jamais été un problème, et c’ était d’ailleurs ainsi qu’il avait pu faire la connaissance de cet ange blond. Aujourd’hui, il le sentait au plus profond de lui : quelque chose avait changé, il tremblait à l’idée de ne pas revenir. Il l’imaginait seule, dans cet appartement à pleurer sa disparition avec pour seul réconfort les bips maladroits du vieux droïde. Passerait-elle à autre chose ? Leurs sentiments passionnés était une lame à double tranchant. S’il tombait, elle en souffrirait. Il levait les yeux et admirait la jeune femme qui l’attendait dans l’encadrure de la porte du turbo-élévateur. Certes, elle était diablement séduisante, mais c’était autre chose qu’une pulsion érotique qui dirigeait ses pensées. Quelque chose de plus fort que l’appel charnel. Pendant un instant il repensait à cette seconde où il s’était jeté sous elle pour la sauver d’une chute rude sur le Vestyr. Ce précieux moment où, allongée sur lui elle l’avait embrassé et où il s’était laissé aller tout deux à une étreinte passionnée. Il ne vivait que pour elle désormais. Entrant dans la cabine et sans se soucier des prochaines longues secondes de torture que représentait d’habitude l’élévateur, il enlaçait la jeune femme et l’embrassait amoureusement sous les bip réprobateurs d’FX 67. Puis relâchant son étreinte un cours instant, il laissait échapper un timide murmure.

- Je ne veux pas te perdre. Sa voix reprit un ton plus assuré et il enchaînait. Je veux que tu saches que quoi qu’il arrive, quoi qu’il advienne, je suis à toi, à jamais… Il marquait une pose. Si cela tourne mal, si l’on est séparé, on se retrouve à la maison d’accord ?

La demoiselle acquiesçait et ils se perdirent tous deux dans une étreinte rassurante qui effaçait les appréhensions, les doutes, et dont l’emprise sur le temps était aussi surprenante qu’illusoire. Jamais la descente ne parut si rapide, et ils se ne lâchèrent qu’une fois en bas face à la nuée d’habitants qui se pressaient contre les parois des murs dans l’espoir vain de s’abriter de la capricieuse météo. Afin de rejoindre le niveau 1313 ils eurent recours aux services d’un passeur, évitant ainsi d’exposer trop longtemps la jeune politicienne déguisée en catin à la vue de n’importe quel paparazzi officiant sur la place, affamé de photo croustillante et n’ayant aucun scrupule à détruire la réputation d’une figure publique en l’échange d’un gros billet. C’était également une bonne manière de limiter les contacts avec les autochtones et d’éviter un racket facile dans un des nombreux ascenseurs mal famés. Lorsqu’ils virent arriver le speeder, le mécanicien ne put s’empêcher de penser qu’une bonne révision serait nécessaire et se promettait de donner quelques conseils d’entretien au pilote durant la descente.

Entre deux échanges de banalité avec le chauffeur Mon Calamari, le demi-Kiffar observait la ville à travers les fenêtres salles du véhicule tout en tenant la main de sa partenaire dont la poigne trahissait l’inquiétude. La descente était lente et permettait de prendre la mesure de la profondeur des entrailles de la ville monde. Même les nuages noirs qui couvraient la ville en cette journée orageuse disparaissaient lentement au fil de leur plongée le long de l’énorme puit d’aération. Le métal chromé scintillant de la ville haute laissait place au plastacier terne et sali, premier témoin de la différence flagrante du niveau de vie des habitants. Sur les centaines de milliards d’habitants que comptait la planète, la grande majorité vivait ici, au milieu de la crasse. Poussé par des conditions de vies peu réjouissantes, le vol, le racket et le crime y étaient monnaie courant. La loi du plus fort prévalait souvent malgré la présence de milices de quartier privées et de droïdes policiers. Le mécanicien connaissait ce genre d’endroit. Il y était même coutumier, et bien plus à l’aise que parmi les nantis. Il y connaissait les codes, les bons plans mais aussi les erreurs à ne pas faire. Toutefois son appréhension demeurait, ayant peur pour celle qui se tenait à ses côtés. Un fois arrivé, il dissimulant son inquiétude et offrait à sa tendre un sourire chaleureux tandis que le Mon Calamari annonçait le tarif de la course d’un ton aussi agréable qu’une morsure de Tuk’ata. Fx laissait échapper un bip d’insulte et le mécanicien pria pour que leur chauffeur ne comprenne pas toutes les subtilités du langage binaire.

Une fois la note salée réglée, ils s’avancèrent tous les trois devant « Le Corridor Ecarlate » dont la devanture ne laissait aucune place à la méprise. De nombreux néons aux couleurs chaudes mettaient en valeur une façade couverte d’Holo projecteurs diffusant des images au contenu explicite. Devant l’entrée se tenait une Twi’lek et une Zeltronne en tenue aguicheuse officiants comme rabatteuses. A leurs côtés se tenait un Devaronien déjà hypnotisé par les « charmes » des employées du Corridor Ecarlate. Cherchant un peu de réconfort dans l’atmosphère sombre et glauque du lieu, Evadné saisissait la main de son garde du corps tandis qu’ils s’avancèrent prudemment dans le hall d’accueil. Ils ne remarquèrent pas l’astro-droïde dissimulé dans l’ombre faisant le guet pour le compte du criminel qui leur avait donné rendez-vous et s’approchèrent du comptoir. A côté de ce dernier sur le mur jauni était disposé une borne automatique distribuant différentes solutions de contraception, et en-dessous une poubelle pleine de solutions déjà utilisées débordait. Les odeurs fortes de transpiration mêlées aux différentes plaintes lascives retentissantes dans les couloirs achevaient un tableau empreint de stupre et de luxure. Derrière le comptoir, un Faleen en surpoids avait remplacé l’humain. Voyant les deux nouveaux clients le fixer avec insistance, il se désintéressait de son reportage sur la reproduction de son espèce et posait son regard libidineux sur les formes affriolantes de la jeune médecin.

- Si c’est pour du travail ma belle, on a ce qu’il faut ici.

Le ton flegmatique couplé aux œillades peu discrètes mirent immédiatement les aptitudes de contrôle de soi de Ja’ar à rude épreuve. L’employé ne faisait montre d’aucune pudeur, ni d’aucun respect et il mourrait d’envie de lui faire avaler sa langue. Il retenait toutefois sa colère, sachant pertinemment qu’elle menait à un chemin qu’il ne lui fallait absolument pas arpenter. Il savait dans quel endroit ils allaient pénétrer, il avait prévu qu’un tel comportement se manifeste, toutefois l’expérimenter directement était beaucoup plus difficile qu’il ne l’avait imaginé. Le moment le plus difficile arrivait : Sur l’injonction du Faleen, un Twi’lek rouge au visage bardé de cicatrices du nom de Var’E s’avançait pour entamer une fouille. Si Ja’ar redoutait un contact, il n’avait pas envisagé qu’une fouille au corp d’Evadné lui soit encore plus insupportable. Il serrait son poing et rongeait son frein en silence tandis que Var’E semblait s’amuser en parcourant le corps de sa douce à la recherche d’une arme quelconque. Il s’imaginait découper ces mains qui semblait vouloir profiter d’une promiscuité qui lui était pourtant réservé et s’apprêtait à forcer l’arrêt de cette fouille en persuadant le tenancier alors que la jeune femme lui damait le pion en s’attaquant à l’avarice du Faleen, négociant un passe-droit contre des crédits avec succès.

- Elle a le sens des affaires la donzelle. Mais bon, paraît que c’est courant chez les catins. Var’E va vous montrer le chemin.

L’envie de faire ravaler son sourire malsain était quasi-irrésistible mais Ja’ar dû se contenir. Il ne fallait pas attirer davantage l’attention sur eux, et ce hélas au prix d’une humiliation. De plus, il avait pu garder son blaster, ce qui ne serait pas du luxe. Ils s’engagèrent à la suite de Var’E dans les couloirs lugubres de l’établissement. La musique agaçante pourtant déjà trop forte n’était pas suffisante pour couvrir les hurlements de plaisirs qui s’échappaient des chambres. Certaines parois opaques laissaient entrevoir les formes enlacées de danseuses, danseurs ou parfois d’amants en pleine réjouissances. Plusieurs sifflements, adressés à la belle blonde, continuait de tester les nerfs du mécanicien qui faisait un effort surhumain pour se raccrocher aux enseignements de sa mère. Une fois laissé libre par Var’E devant la cabine numéro neuf, Ja’ar se tournait vers sa douce. L’ambiance tamisée du lieu n’était surement pas étrangère à son anxiété et il était fort probable que ce fusse sa première excursion dans un environnement aussi peu avenant, à des parsecs de la sécurité de la ville haute.

- Ça va aller ?

Un simple signe de la tête lui fut retourné. Bien que rassurant, il sentait dans la Force le tiraillement auquel été soumise la demoiselle. Un mélange d’agacement, d’inquiétude et d’empressement. Elle ne voulait pas être là, mais il le fallait pour le salut de la Famille de laquelle elle se sentait responsable. Le Semi-Arkanien se jurait de ne pas faire tarder l’expérience. Il pouvait assurer la sécurité d’Evadné seule, mais protéger tout une famille serait plus compliqué. Non pas que le Corridor Ecarlate fasse partie des lieux dangereux, mais le quartier lui l’était, spécialement pour « ceux d’en haut ». Il enlaçait tendrement sa partenaire puis récupérait son sabre. FX ne s’était pas montré têtu et était même au contraire étonnamment silencieux depuis leur arrivée en ces lieux de débauche. Une fois son plus vieil ami récupéré, il s’engageait pour pénétrer la cabine mais fut retenu par la main de sa belle. Il lisait sur son visage la crainte, effrayée qu’elle était par anticipation de ce qui les attendait derrière cette porte. Sa main tremblait légèrement et il pressentait son envie de lui parler, mais les mots ne sortaient point. Il nouait ses doigts aux siens et souriait furtivement en tentant vainement de rassurer sa compagne. Lui aussi appréhendait mais masquait habilement ses émotions. Son cauchemar le hantait toujours ainsi que la peur d’être séparé d’Evadné à jamais. Il était toujours surpris d’être ainsi affecté par les évènements, mais la présence de la jeune politicienne dans sa vie avait tout bouleversé. Elle comptait sur lui, il devrait se montrer à la hauteur. Il déposait un baiser sur le front de cette dernière, puis répondait à son regard nimbé d’amour et de crainte par une phrase des plus sobre, des plus simple mais qui suffisait à exprimer tout ce qu’il souhaitait lui dire.

- Je sais.

Le mécanicien entrait le premier dans la cabine coté client, sur ses gardes et ses deux compagnons sur les talons. La salle était baignée de lumière violette, bien que certains néons mal entretenus clignotassent par intermittence. Le sol tapissé de matelas pourpre était assorti aux nombreux coussins de taille différentes disposés aléatoirement sur les canapés orangés de la cabine. Son regard inquisiteur identifiait rapidement les trois otages ainsi que leur bourreau tapis dans l’ombre, assis nonchalamment sur l’un des nombreux coussins de la cabine coté danseuse. Il avait pressenti sa présence avant même de pénétrer l’endroit, mais n’avait pas anticipé de quel genre de personnage il s’agissait. Au premier coup d’œil il fut frappé par la tenue que portait l’homme menaçant. Dans la pénombre, Ja’ar ne voyait que la visière du casque, et seuls quelques reflets permettait d’identifier des morceaux d’armures polis, une armure qu’il connaissait.

Cette visière…non !

Il n’y avait pas de doute à avoir, maintenant que ses yeux étaient habitués à la pénombre il apercevait les contours de sa silhouette. Son cœur fit un bon dans sa poitrine, il avait déjà rêvé cette scène la nuit précédente. L’homme de son cauchemar… Un homme dangereux et il n’avait plus aucune réserve quant à la destination du chemin qu’ils venaient tout trois d’emprunter : il les mènerait à un affrontement inévitable à l’issue incertaine. Le mécanicien se positionnait de profil, masquant légèrement sa main droite et le holster positionné sur sa jambe. Tandis qu’Evadné se jetait contre la vitre pour rassurer la petite famille, le semi-Arkanien détaillait avec minutie l’environnement. Les deux cabines n’étaient pas bien grandes, mais la tension qu’il ressentait contenait sa claustrophobie, du moins pour le moment. Une simple vitre les séparait, rien qui n’arrêterait un tir de blaster ou une projection de Force, toutefois il y avait fort à parier que cette séparation puisse s’ouvrir, côté danseuse. Il parcourait du regard cette seconde partie à la recherche de la commande de la vitre et fini par identifier l’interrupteur commandant cette dernière. Il pourrait l’actionner lui-même à distance. Chacune des deux cabines disposaient d’une sortie, permettant un repli rapide pour chacune des parties. Les coussins en revanche n’offriraient qu’un médiocre couvert en cas de joute.

- C’est votre faute lâcha amèrement la mère.

Ja’ar portait un instant son attention sur cette dernière, puis sa sur compagne. Il percevait la colère dirigée à l’encontre de la jeune médecin. Les mots étaient durs, le ton assassin, la réception calamiteuse. Evadné avait tout donné pour cette famille et elle se trouvait désormais pointée du doigt comme une vulgaire vaurienne. Elle venait de perdre toute la confiance que pouvait lui accorder la mère, bâtie sur des années de travail, un dégât collatéral dont le vrai responsable était l’homme dans la pénombre. Le visage du mécanicien se durcissait : il haïssait les chasseurs de prime et celui-ci venait de s’en prendre à ce qu’il chérissait le plus, tout en se cachant derrière une famille d’innocents. La colère se substituait lentement à l’anxiété et en cet instant les leçons de Kalis lui paraissait bien loin. Il bouillonnait lentement intérieurement, et n’avait présentement qu’une envie : sauter à la gorge de ce « Mandalorien ». Cet homme était peut-être le même qui avait précipité la chute du Vestyr, une raison de plus pour justifier l’animosité du Jedi gris. Répondant à l’injonction de la jeune Publius, il prit parole, sa voix légèrement atténuée par son casque de guerrier. Il parlait lentement, articulant à la perfection chaque mot, comme s’il savourait un repas longuement attendu. Il se levait et effectuait des allers-retours dans l’ombre derrière ses otages tout en continuant à les menacer avec son arme. En écoutant son monologue, Ja’ar ne put s’empêcher de remarquer avec quelle minutie ce chasseur avait préparé son coup : il semblait parfaitement renseigné sur les vies et les habitudes du jeune couple, au point que cela devenait effrayant. Il savait même pour les Blumfruits, avait peut-être même menacé la Pantoranne.

Cette enflure nous suit depuis Enarc…

Le semi-Arkanien opposait un léger hochement de tête en guise de refus suite à l’incitation du « Mandalorien » à s’asseoir et allait se positionner contre le mur, croisant les bras sur son torse afin d’être dans la capacité de dégainer son sabre le plus rapidement possible. Sa posture n’était volontairement plus aussi menaçante qu’en entrant bien qu’il se tenait prêt à agir à la moindre agitation. Il ne cachait plus son holster, souhaitant au contraire le garder bien en évidence afin de leurrer autant que possible son opposant. Son sang ne fit qu’un tour une fois de plus à l’écoute des mots du preneur d’otage.

- Ja'ar... Na pas de famille, pas de dossier, rien... Un pauvre mécanicien et roboticien toxicomane qui était au mauvais endroit au mauvais moment, mais qui s'en est sortie gagnant finalement au vu de sa situation actuelle...

SLEEMO POY !

Il avait espéré que dans le flux de parole le mot s’était noyé, qu’elle ne le relèverait pas, mais un simple coup d’œil à sa belle lui confirmait l’inverse. Elle venait de lui adresser un regard furtif teinté d’incompréhension et par le seul fait d’avoir baissé ses yeux sur elle au même moment il venait de confirmer que ce n’était pas du bluff visant à semer la zizanie dans le couple. Le mécanicien serrait les dents, l’envie de tordre le coup à ce fils de chien Kath se faisait de plus en plus forte. Ne souhaitant pas laisser les choses s’envenimer, il prit sur lui d’envoyer ses pensées à la jeune femme. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas usé de télépathie et il espérait être capable d’atteindre l’esprit de la jeune femme sans difficultés. Tout en restant immobile, il posait ses yeux sur sa partenaire et transmettait son message dans la force.

- Nous en parlerons en rentrant, quand je nous aurais sortit de là. Reste sur tes gardes et apprête-toi à fuir quand je te le dirais en emportant la famille, sans discuter. Ais confiance en moi.

Il la vit tressaillir et tourner la tête vers lui avant de reposer de nouveau son attention sur le ravisseur. Le message avait été reçu, mais il savait qu’en survivant à cette rencontre leur vie ne serait plus la même. Le monologue continuait tandis que Ja’ar réfléchissait à un moyen de sortir tout le monde d’ici. L’homme était dangereux, il le prouvait davantage à chacune de ses phrases. Il ne laisserait jamais partir les otages, il en était certain. Il savait que cette entrevue finirait en pugilat, il l’avait rêvé…Il explorait ses différentes options. Il pourrait faire exploser la vitre et projeter l’homme avec la Force, mais cela risquerait de blesser les otages. Ou le désarmer puis le mettre en joue avec son propre blaster, mais il fallait être certain qu’il ne cache pas de projectile dans son armure. Tenter de l’étrangler avec la force ? Ce n’était pas la voie que lui avait enseigné Kalis. Il ruminait tout en écoutant l’homme masqué.

- On peut oublier tout ce qui a était cherché précédemment et aussi un contrôle via phéromone vu que personne dans le couple n'était un Faleen ou une autre race associée... Mais si on considérait ce mystère avec certaine marque de cutter laser sur les droïdes, alors quelque chose remplirait tous les critères…Jetii !

Oris…quelle plaie.

Le mécanicien s’était pourtant évertué à masquer à tout prix sa présence à bord, ne se servant justement pas de son sabre laser pour ne pas éveiller les soupçons. Il n’avait pas pensé au carnage du droïde Sith qui venait de trahir la présence d’un adepte de la force à bord. Son principal avantage, l’élément de surprise venait de fondre en un instant. Pour la première fois de l’entretien, son visage trahit sa surprise.

- La pauvre ex-sergent fut donc accusé de faute professionnelle grave et viré de son poste. Alors qu'elle n'était venue qu'en faisant son devoir et voulant sauver de possible survivant... Tragique.

Il savait qu’il y aurait des conséquences à jouer ainsi avec l’esprit, c’est pour cela qu’il n’y avait recours qu’une fois dos au mur. Il avait été imprudent, n’avait pas pensé aux suites de ces actes. Il avait sacrifié la carrière du sergent Kora Falls pour protéger celle d’Evadné. Ce n’était pas la voie que à laquelle il avait été initié. Si c’était à refaire, agirait-il différemment ? Forcerait-il les pensées d’un autre pour sauver Evadné ? La réflexion déclenchait une illumination dans son esprit : Il venait de trouver la solution à la situation en même temps que la réponse à son questionnement.

- Je te conseillerais donc de rester assis et de ne pas faire de mouvement brusque, ou je considérerais cela comme une tentative d’agression de ta part... Jetii !

Volontiers, sleemo.

N’ayant plus besoin de rester debout, le mécanicien s’installait précautionneusement sur le canapé, croisant une nouvelle fois ses bras sur son torse. Il n’aurait normalement plus besoin de se préparer à bondir, seulement saisir son sabre rapidement. Son discours terminé, le Mandalorien mettait en joue la mère et intimait à la jeune docteur de rendre ce pourquoi il était venu et s’été donné autant de mal. Les enfants se mirent à crier et Avasa leur mère laissait échapper un « pitié » teinté de sanglots tandis que perlaient sur ses joues de nouvelles larmes. Ja’ar demeurait concentré sur le Mandalorien. En posant le canon de son arme sur le crâne de sa victime, il s’était avancé. Les reflets des néons sur ses plaques d’armure dévoilaient enfin l’équipement du guerrier en détail. Elle n’était pas intégrale, privilégiant la souplesse au dépend de la défense. En sus de son pistolet blaster l’on pouvait remarquer une brassière suffisamment épaisse pour y dissimuler une lame, ainsi qu’une ceinture multifonction semblable à celle du mécanicien. Clou du spectacle, attaché dans son dos un fusil de précision de remarquable facture, qui pourrait impressionner n’importe quel féru d’arme à feu ou collectionneur d’objet rare. Cela en disait long sur le prestige du bonhomme et sa capacité à viser juste, en un mot : sa dangerosité.

Tandis qu’Evadné glissait l’objet du litige dans le compartiment prévu à cet effet, Ja’ar étendait ses perceptions. C’était le moment d’agir. Il accompagnait son esprit d’un geste fluide du bras, poussant ses pensées à s’insinuer dans la tête du ravisseur comme il l’avait déjà fait avec le sergent Falls, Luka et pleins d’autre avant eux.

- Tu vas déposer ton arme et laisser les otages partir.

Le ton quasi-impérieux employé par le mécanicien tranchait radicalement avec ses manières habituellement avenantes. Il profitait de l’emprise sur l’esprit de sa cible pour activer l’interrupteur d’un second geste de la main et déclencher l’abaissement de la vitre. Toutefois les craintes du semi-Kiffar se révélèrent justifiées : Le Mandalorien venait de secouer légèrement la tête, et bien qu’il eût décollé le canon du crâne de la mère de famille, le blaster était toujours pointé dans sa direction. La vitre avait presque terminé son ouverture tandis que le chasseur de prime laissait échapper un juron en Mando’an. Devant la résistance de l’homme, Ja’ar réitérait son injonction.

- Tu vas déposer ton arme et laisser les otages partir. Le ton était encore plus autoritaire. Il décrochait son blaster et le donnait à sa douce en même temps qu’il lui soufflait Prends les enfants, et file.

La main du Mandalorien tremblait, et bien que son casque dissimulât son visage, il n’était pas difficile d’imaginer l’expression qui devait se dessiner à l’intérieur. L’homme résistait dans une certaine mesure à la suggestion mentale. L’emprise n’était que partielle, pas suffisante pour implanter un ordre mais assez forte pour brouiller le comportement et l’esprit du ravisseur. Les deux enfants étaient passés de l’autre côté et sortait de la cabine sous le regard attentif de la belle blonde. Elle hésitait toutefois à laisser son homme seul et désignait d’un geste discret et prudent la mère, toujours en situation de danger. Le mécanicien réaffirmait sa consigne en voyant que sa belle n’était pas encore sortie de la salle.

- MAINTENANT EVA !

Tandis qu’elle s’exécutait, il ne lâchait pas le ravisseur des yeux. Ce dernier continuait de secouait la tête légèrement, pointant alternativement le sol et son dernier otage avec son canon tout en baragouinant un mixe de Mando’an et de Galactique. Le semi Arkanien saisissait son sabre lentement tout en continuant ses invectives.

- Dépose ton arme et laisse partir l’otage !

- Sors…de…ma…tête.


Le mental de l’homme était aussi épais qu’un mur en permacier. Les coups de massue répétés de l’esprit du Jedi gris contre les parois réussissaient à en abimer la surface, mais demeuraient incapable de percer le trou nécessaire pour qu’il s’infiltre suffisamment profondément. Il manquait quelque chose, une massue plus grosse, plus destructrice. Il savait où en trouver une, dans une malle bien fermée qu’il avait toujours refusée d’ouvrir. Kalis le lui avait interdit et il se l’était interdit en retour. Mais depuis le début de leur entrevue, elle débordait, ne demandant qu’à être ouverte. Et aujourd’hui pour la première fois de sa vie, il cédait. Plongeant dans la colère qui envahissait tout son être, il puisait la force qui lui manquait pour anéantir les défenses de son opposant. Cela lui faisait l’effet d’une douche glacée, comme s’il plongeait son visage dans un seau d’eau gelée. C’était saisissant, étouffant et pourtant il ne lui semblait jamais n’avoir été aussi réveillé. Comme une décharge dans son esprit qui s’assombrissait furtivement dont il utilisait l’Energie pour ouvrir un passage. Le Mandalorien abaissait finalement son arme, tout en posant sa seconde main sur son casque. Ja’ar en profitait pour faire signe à la mère d’avancer vers lui pour sortir. Tendit qu’elle le dépasser prudemment en progressant à quatre pattes, il lui adressait un sourire encourageant.

- Sortez rejoindre vos enfants.

- NON !


Il n’avait fallu que d’une seule seconde d’inattention pour que l’homme reprenne pleine possession de lui-même. Il venait d’éjecter de son esprit toute présence du Jedi Gris. Il relevait son blaster qu’il dirigeait contre l’otage et fit feu. Le mécanicien allumait son sabre et réussissait de justesse à dévier partiellement le tir qui vint s’écraser sur la cheville de la mère, cette dernière laissant échapper un hurlement de douleur. La seconde salve ricochait pleinement sur la lame, renvoyée vers les néons qui explosèrent sous l’impact du jet de plasma incandescent dans une pluie d’étincelles. Une troisième salve forçait le mécanicien à reculer pour protéger efficacement la victime tandis que le guerrier récupérait la mallette et disparaissait derrière le rideau menant au couloir. Enivré par la colère, le mécanicien enjambait le canapé et se jetait à sa poursuite après avoir lâché un trop sobre « Restez ici je reviens pour vous ! » à l’adresse d’Avasa. Il lui fallait poursuivre cet individu, il pourrait blesser d’autres personnes ou revenir à la charge plus tard. C’était un chasseur de prime assoiffé de sang, il n’y avait aucun doute. Il fallait le neutraliser, s’en débarrasser, lui faire payer ses agissements. Tandis qu’il courait après la silhouette du guerrier en armure, celle-ci fit soudainement volte-face, déchainant une pluie de tir de blaster sur le métis. Quelques mouvements millimétrés couplés à des moulinets de poignets suffirent à dévier les tirs, une spécialité qu’il avait développé au fil des années. Si seulement il avait sur faire la même chose cette terrible soirée dans les grottes de Socorro… Cette fois c’était différent. Il était accompli, prêt à faire payer à ce fils de chutta. Un trait de plasma vint lui brûler la joue, lui rappelant qu’il n’était pas invincible, suivi de près par un second qui lui entaillait la cuisse. Rien d’insurmontable. Derrière lui, des cris retentissait. Catins et gigolo se précipitaient hors de leurs cabines suivis par leurs clients, apeurés par le son continu du blaster du Mandalorien. Mais Ja’ar n’en avait que faire, il voulait le sang de cet assassin. Aveuglé par le débordement de colère qui s’agitait en son sein, il avançait aveuglement, parant tir après tir. Il sentait le métal vibrer à chaque ricochet, mais sa poigne était suffisamment ferme pour ne pas échapper sa lame. Un sourire presque sadique se dessinait sur son visage alors qu’il diminuait la distance le séparant de l’agresseur seconde après seconde. Le couloir fut rapidement criblé de brulure témoins de l’acharnement des deux opposants. Il ne lui restait que quelques mètres à parcourir quand la décharge se stoppait. Le chasseur de prime venait de saisir par la main une Bothan qui sortait tout juste de sa cabine et venait de la projeter en avant sur son poursuivant, contraint d’éteindre son sabre pour ne pas blesser le « projectile improvisé ». Il repoussait immédiatement la danseuse, cet obstacle qui venait l’empêcher d’assouvir sa vengeance et constatait que son opposant avait disparu. Laissant échapper un juron, le métis courrait dans les couloirs, bousculant clients, employés et libéraux à la recherche de sa cible. Un hurlement plus fort que les autres l’attirait dans un cul de sac du corridor écarlate, menant à une fenêtre brisée dont les débris encore fumants ne laissaient aucun doute quant au passage récent de leur bourreau. Agenouillé juste devant, un Togruta paniqué désignait timidement la fenêtre au mécanicien. Ja’ar y passait la tête et se rendait compte qu’il avait été distancé : Dans un speeder qui avait surement était placé en contrebas il observait le chasseur de prime s’éloigner et disparaitre dans la noirceur de la ville basse.

- J’ai rien fait messire Jedi !

Le ton employé par le Togruta laissait pourtant penser l’inverse. Il avait envie de répondre « Je ne suis pas un Jedi », mais il se retint. Il comprenait toute la vérité que porterait cette assertion. Il avait touché l’interdit, s’était laissé emporter comme jamais cela ne lui était arrivé. Il réalisait que galvanisé par ses sentiments il avait négligé la vie d’innocents. Il avait même cherché la mort d’un autre pour satisfaire un désir primaire, laissant dans son sillage une femme blessée qu’il était pourtant venu sauver. Il fut pris de vertige face à son comportement irresponsable. Ce rêve…ce rêve l’avait poussé à agir. Il s’était persuadé qu’un affrontement était inévitable et pourtant il ne l'était pas. C'était lui qui l’avait provoqué, flouté par ses certitudes et par un rêve qu'il n'avait sur décrypter correctement. Rebroussant timidement chemin en titubant pour aller sortir Avasa et l’amener auprès de ses fils, il ruminait. Il n’était définitivement pas un Jedi.

Evadné Publius
Evadné Publius
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Var’E fumait une cigarra. Il adossait sa carcasse imposante contre la paroi de plastacier jaunâtre qui entourait le kiosque dans lequel le Falleen était réfugié. A l’intérieur du guichet, des écrans holographiques retransmettaient aléatoirement des images de surveillance capturées dans tous les recoins de l’établissement. Cependant, il avait pris soin de verrouiller l’un des terminaux sur la Cabine 9. Par curiosité, d’abord et parce qu’il ne pouvait se lasser d’admirer les courbes vertigineuses de la blonde. De temps à autre, il enclenchait une commande pour zoomer sur un plan audacieux et poussait un soupir gras.



-Evadné Publius.

Son propre nom la fit sursauter, comme si elle le découvrait porté par cette voix inconnue. Le chasseur de prime avait tout énoncé et rien n’omit. Peu de personnes pouvaient se targuer de connaître l’identité de sa mère. Le souvenir de cette dernière resurgit, porté par un flot douloureux et brûlant. A travers la vitre, elle aperçut les traits sévères d’Apshodèle. Elle n’avait jamais ri, mais avait toujours débordé d’amour pour son unique progéniture. Ce n’était plus le Mandalorien qui, inlassablement, tournait en rond tel un prédateur en cage derrière la famille Avasa. C’était T’Sarran l’hapienne. Elle projetait l’ombre de sa beauté sur les silhouettes terrifiées de ces innocents et jugeait sa fille d’un regard aussi tranchant que la lame d’un sabre-laser. Les lèvres pâles d’Evadné tressaillirent, tandis que le fantôme maternel l’interrogeait : Pourquoi cet endroit ? Pourquoi Ja’ar ? Pourquoi cette situation ?

-Asseyez-vous.

Elle ne comprit pas pourquoi elle obéit. Joseph était de nouveau présent, plus menaçant que jamais. Elle aurait tant souhaité échanger sa place contre celles de Jed et de Shen. Le siège de la cabine, pourtant confortable, lui parut dur comme de l’acier trempé, mais ce n’étaient que ses muscles qu’elle crispait inutilement. Spectatrice impuissante de cette tragédie, ses prunelles fragiles ne quittaient pas ce qu’elle devinait être le contour d’une arme braquée en direction de ses patients. Son cœur manqua de bondir hors de sa poitrine. Elle se détestait d’être aussi faible. Si elle ressentait la moindre colère, elle serait dirigée contre elle-même. Shen était trop jeune pour comprendre le danger. Il demeurait dans les jupons de sa mère et découvrait avec fascination ce nouvel environnement. Jed avait acquis la maturité nécessaire à une analyse brève mais critique. Il ne serait probablement plus le même après ce traumatisme. Même s’ils les sauvaient et qu’ils s’en sortaient indemnes, elle échouerait. Le soliloque du chasseur de prime arrivait à ses oreilles angoissées et dans cet océan de paroles, elle tentait de naviguer pour en comprendre le maximum. Le dégoût se superposa bientôt à la terreur. Il avait violé leur intimité, découvert leurs points faibles et elle en eut la nausée.

-Ja'ar... Na pas de famille.

Nouveau soubresaut.

- Un pauvre mécanicien et roboticien toxicomane

La suite, elle ne l’écoutait déjà plus. Son minois accablé s’était détourné vers son partenaire. Elle cillait lentement, l’observant. Un nœud d’incertitude nouait ses entrailles alors que le mot « toxicomane » résonnait péniblement dans son esprit. C’était un mensonge, voulut-elle croire. En dépit de toutes ces vérités que le Mandalorien avait acquises de manière sordide, celle-ci ne pouvait exister. Par pitié, pensa-t-elle pauvrement, dis-moi que c’est un mensonge. Cependant, Ja’ar était debout, à la contempler, les dents si serrées, le regard tendu. Non, elle voulait encore croire que c’était faux. Même si les pièces du puzzle affluaient, s’imbriquant parfaitement les unes contre les autres. Des composants pour FX67, dans les bas-fonds que yà ? Elle ne cesserait donc jamais d’être naïve. Saisissant la gravité de la situation, le droïde émit quelques bips bas, les senseurs agités : tantôt braqués sur le couple, tantôt sur les enfants. Il diagnostiqua immédiatement la crise de larmes qui menaçait chez sa maîtresse et qu’elle refoulait de son mieux. Ses grands yeux clairs brillaient de désarroi.

Nous en parlerons en rentrant, quand je nous aurais sorti de là. Reste sur tes gardes et apprête-toi à fuir quand je te le dirais en emportant la famille, sans discuter. Aie confiance en moi.

Un sursaut dérangea sa posture si droite tandis qu’elle accueillait la voix du métis près des contreforts de sa conscience. Ce n’était pas ce qu’elle aurait voulu entendre et elle ferma les yeux pour terminer d’encaisser la réalité. Une courte seconde, celle qui lui fallut pour chercher un peu d’air, tout ce bourbier n’eût plus n’importance. Elle flottait dans l’espace du doute, de ce qui valait encore la peine d’être accompli. Le preneur d’otage poursuivait sa diatribe rôdée. Ses paroles lui parvenaient depuis le lointain, mais celles de Ja’ar résonnaient encore dans sa psyché, s’imprégnant dans sa mémoire ; rejoignant toutes celles qu’il lui avait déjà offerte au cours de leur existence commune. FX67 se rapprocha d’elle. Il bipa fermement. Ses sons aigus racontèrent la détresse de la famille innocente, des insultes envers Joseph et surtout...qu’elle devait faire confiance au mécanicien. Cette dernière injonction la tira de sa torpeur et elle admira son robot médical. La voix de Joseph percuta son ouïe clairement, signe qu’elle était revenue parmi eux.

- La pauvre ex-sergent fut donc accusé de faute professionnelle grave….

Elle se pinça les lèvres et leva les yeux au plafond, inspirant avec difficulté une bouffée de l’air renfermé qui saturait mal la cabine 9. Comme toute construction du 1313, les recycleurs d’air travaillaient a minima et chaque seconde passée ici lui semblait être un petit pas de plus vers une mort par asphyxie. Cependant, cette gêne respiratoire n’avait que peu d’incidence sur son moral. Luka, Kora Falls, Madame Avasa….tous ces noms se succédaient, synonymes de drames avec pour seul point d’ancrage sa rencontre avec le semi-Kiffar. Cette réflexion entraîna une pointe douloureuse dans sa poitrine. Elle aimait tant Ja’ar. Tellement qu’elle, qui n’avait aucune foi en la Force ou dans le destin, était persuadée que sa vie tout entière n’avait été façonnée que pour le trouver. Mais elle ne pouvait se résigner à ce qu’un sentiment aussi puissant et réconfortant que l’amour qui les liait puisse être au cœur d’un engrenage dramatique.

Le sergent Falls. Ja’ar avait usé de la Force pour préserver Evadné. Il recommencerait sans doute en ce jour. Ce fut soudainement aussi éclatant que la clarté diurne d’Hapès ; qui aveuglait ceux qui avaient vécu dans l’ombre trop longtemps. Son attention se focalisa sur l’instant présent et elle avisa le tiroir glisser hors de la paroi vitrée qui les séparait. La mère tremblait comme une feuille sous le canon du blaster qui embrassait son crâne. Eva sentit son rythme cardiaque s’accélérer. Jed hurla, parce qu’il n’était plus si petit et qu’il savait qu’une seule pression sur la détente effacerait à jamais la présence de sa génitrice. En écho, son petit frère donnait le même concert angoissant.

-Je vais vous la donner, supplia-t-elle, mais par pitié…ne leur faîte pas de mal.

Ses mains fébriles ouvrirent le compartiment de stockage du droïde. Elle avisa son contenu, extirpa hâtivement la mallette sombre qu’elle s’empressa de déposer dans la boîte prévue à cet effet. Ses prunelles brûlantes d’inquiétude n’avaient pas quitté la famille. Le stress subi par Avasa était bien trop dangereux pour l’enfant qu’elle portait. Le jeune médecin craignait au mieux un accouchement prématuré, au pire une fausse-couche. Elle aurait aimé avoir la force de briser cette vitrine pour se porter au secours de la femme en souffrance dont les sanglots déformaient un visage rougi par les épreuves passées et à venir. Plus vite, s’acharna la toute blonde en forçant la fermeture du tiroir.

-Tu vas déposer ton arme et laisser les otages partir.

Le temps parut suspendre sa course à cette première sommation et il en fut de même pour le cœur de la politicienne. Clac. La « marchandise » venait d’atteindre l’autre côté de la séparation. Le bruit était semblable à la fin d’un compte à rebours et au début d’un signal. La porte vitrée bascula et elle se précipita vers cette ouverture.

-Jed ! s’écria-t-elle en lui tendant la main. Venez tous les deux, s’il vous plaît.

Les iris imbibées de larmes du gamin se portèrent sur elle. Elle le suppliait si fort, jusqu’à ce que le mécanicien n’agite son arme devant elle :

-Prends les enfants, et file.

Ses paumes tremblantes s’ourlèrent autour de la crosse. Et un flash saisissant percuta sa mémoire au moment où elle redécouvrait la sensation étrange de tenir ce blaster. J’ignore votre nom, mais…vous savez vous servir de ça ? Elle ne pourrait se résigner à fuir, même si cela impliquait le salut de ses patients.

-Doteur Evané ! Shen veut pas ! hurla Jed qui avait récupéré un peu de sang-froid.

Elle cligna des yeux pour observer l’aîné tenter d’arracher son frère aux jambes de sa mère.

-Jed, vous devez venir maintenant ! répéta-t-elle de nouveau. Nous allons sauver ta maman aussi, je te le promets. Alors prends Shen.

Le garçon puisa dans ses meilleures ressources pour entraîner son cadet à sa suite. Il courut vers la politicienne qui récupéra Shen dans ses bras et le plaqua contre elle avec soulagement, malgré ses pleurs incessants. Elle plongea son minois contre les cheveux blanchâtres du bambin et respira le parfum de son innocence. Le danger était encore si proche et ses pensées se dirigèrent vers Ja’ar. Elle avait le blaster en main, elle pouvait encore l’aider et se rendre utile. Elle ne se sentait pas prête à l’abandonner. Jed tirait sur sa robe moulante, la suppliant de sauver « Maman ».

- MAINTENANT EVA !



Var’E adorait fumer, mais il avait toujours du mal à coincer sa cigarette entre ses lèvres, à cause d’un bec de lièvre particulièrement disgracieux qui défigurait le bas de son faciès à la peau pourpre. Il était obligé de tenir le bâton de cigarette entre ses doigts et attendait patiemment qu’un peu d’action égaie sa journée. La fouille au corps de l’humaine s’était terminée trop abruptement et depuis, les clients qui rentraient faisaient profil bas. Dans son kiosque, son acolyte ruminait quelques paroles incompréhensibles. De temps à autre, ses yeux bifurquaient vers l’écran holographique qui renvoyait la tragédie de la cabine 9, jusqu’à ce qu’il pousse un juron.

-Var’E! Cette garce avait une arme !

Le Twi’Lek jeta son mégot au sol et se pencha vers le mécontent.

-Ils nous ont bien roulé ces deux-là. A tous les coups, ils vont nous foutre le bordel. Va me chercher la blondasse.

-On devrait prévenir Gunta.

-Va me la chercher tout de suite ! s’égosilla le Falleen. C’est pas encore le moment de rameuter Gunta.

Le garde s’ébroua, partagé entre l’excitation et l’agacement. Il n’était pas de bons tons de briser le règlement du Corridor Ecarlate. Chaque passe, chaque transaction était scrupuleusement soumise à des règles tacites. Entrer dans l’établissement signifiait les accepter. Les armes étaient prohibées, à l’exception des habitués, comme Joseph, qui avaient montré patte blanche à de nombreuses reprises. Abimer le matériel (prostituées comprises) n’était pas permis. Quiconque avait un problème avec les règles aurait à rendre des comptes à Gunta, le propriétaire de l’enseigne (et de biens d’autres choses dans le Niveau 1313.) Le Twi’Lek finit par hausser les épaules.

-Eh, Var’E. Je me fiche de son visage, mais tu n’abimes surtout pas son corps. Compris ? Allez, dégage.



En sortant de la cabine numéro neuf, Evadné fut saisie par la musique assourdissante et les jeux de lumières désagréables qui secouaient le couloir. L’heure de pointe battait son plein. Cris et rires allaient bon train. D’un bras, elle ramena un peu plus Jed contre elle. Le trio tremblait d’incertitudes à l’ombre de FX67 qui avait fidèlement suivi sa maîtresse. La figure de Shen était réfugiée dans la poitrine d’Eva, et il sanglotait par hoquètement. Elle chercha désespérément un plan, une issue. Le Corridor n’était pas le Vestyr. Les ponts ne se succédaient pas dans un esprit cartésien, mais les pièces et les coursives s’imbriquaient dans un labyrinthe complexe. Or, elle avait prévu de revenir auprès de Ja’ar. Dans cette optique, prendre le risque de s’offrir à cette jungle architecturale était impensable. Le droïde médical attira son attention sur une porte à la peinture écaillée, à quelques mètres sur leur droite.

-Bien vu, FX ! souffla-t-elle en s’y précipitant.

Un cagibi de maintenance, encombré. Ce fut à peine s’ils surent y tenir. Un néon crasseux clignotait paresseusement au-dessus d’eux, n’offrant pas assez d’éclairage à la métisse pour bien visualiser son environnement. Elle s’accroupit au niveau de Jed et lui effleura la joue avec tendresse.

-Je vais retourner chercher votre maman, d’accord. Vous allez rester en sécurité avec FX67. Bientôt, nous allons tous rentrés.

-Evané, Gémit-il en essuyant les larmes qui roulaient sur ses joues rebondies. J’ai mal à la tête. Très mal.

Il ressentait l’un des principaux syndromes de sa maladie : les migraines insupportables. L’enfant avait cette impression horrible qu’un marteau frappait son cerveau et sa boîte crânienne. Il voyait flou et entendait difficilement les sons qui lui parvenaient. C’étaient des crises soudaines, incontrôlées, qui surgissaient avec la même irrégularité que les quintes de toux de Ja’ar. Le résultat d’une malheureuse loterie génétique. Le traitement de Jed s’avérait lourd et régulier. Privé de tout soin depuis la prise d’otage, il devenait difficile pour son métabolisme de combattre ces excès de souffrance. Evadné sentit l’impuissance lui tordre les tripes.

-Je sais, mon cœur, souffla-t-elle après l’avoir attiré contre elle pour lui prodiguer une étreinte réconfortante. Tu es courageux. Nous allons bientôt soigner ta tête, mais c’est très important que vous ne fassiez pas de bruits. Pour ta maman.

De la main qui tenait encore le blaster, elle chercha à tâtons le panneau de programmation du droïde qu’elle connaissait par cœur. Ses doigts glissèrent sur les touches, le geste incommodé par le poids de l’arme. Elle réussit à faire exécuter l’ordre d’injection d’un tranquillisant léger sur l’aîné dans le cas où les senseurs de diagnostic décèleraient un seuil de douleur critique.

-Il va falloir prendre soin d’eux, FX67. J’ai confiance en toi. Protège-les, s’il te plaît. Je vais tous revenir vous chercher. Jed, tu m’entends ? Veille sur Shen. Tu es son grand-frère. Il compte sur toi. Je te promets que tu n’auras plus mal.

Le gamin hocha péniblement du chef et elle le récompensa d’un baiser sur le front. Après une courte seconde d’hésitation, elle lui confia le plus petit. Une partie d’elle se déchirait à l’idée de les laisser ; une autre agonisait en pensant que Ja’ar bravait tous les dangers. Aucun choix ne lui paraissait mener vers le meilleur. Elle se mordilla la lèvre alors qu’elle lança un dernier regard, plein d’appréhension vers la fratrie. La carcasse d’acier veillait à leur côté et dans cette pénombre handicapante…ils offraient le tableau d’un sombre conte pour enfants.


Son retour dans l’arène que représentait le bordel Ecarlate fut salué d’un violent coup à sa figure angélique. La surprise et la brutalité du choc la projetèrent contre un mur proche. Evadné prit appui d’une main tremblante contre la paroi, la mâchoire brûlante de douleur. Elle avait l’impression que sa lèvre venait d’éclater et le goût ferreux du sang envahit sa bouche. Entre chaque éclat de lumière qui irradiait le couloir, elle décelait cette silhouette menaçante à l’origine de l’attaque : l’individu qui l’avait fouillé à l’entrée et il se rapprochait d’un pas leste. Plus que trois mètres les séparaient d’une issue tragique. Elle fournit un effort surhumain pour braquer le chien de son arme vers lui, le bras tremblant. Elle tentait de viser quelque chose alors qu’elle n’était même pas sûre de réussir à tirer. Face à la menace du blaster, Var’E marqua un arrêt, considérant les risques d’être blessé.

-N’approchez pas, lâcha-t-elle, encore étourdie.

Son index caressait la détente. Sa tension artérielle pressait ses muscles. Elle n’était plus qu’un corps raide saisi par la terreur et l’incompréhension. Si elle échouait à se protéger elle-même et qu’il la tuait, qu’adviendrait-il de la famille Avasa ? Elle se remémora les deux bambins entrelacés et fragiles dans l’obscurité d’un abri de fortune. A leur mère pétrifiée. Par-dessus tout, elle pensa au mécanicien dont le souvenir étincela comme un phare puissant dans un océan de noirceur. Une simple hallucination due au stress lui offrit la sensation rassurante de sa présence. Eva, je ne vous laisserai pas toute seule. La main du métis se superposa à la sienne. Faites-moi confiance, respirez lentement. Elle suspendit son souffle. Var’E gagna de nouveau du terrain et elle actionna la gâchette. Le léger recul fut suffisant pour déstabiliser sa visée. Mais la précision n’avait plus d’importance – ce qui importait était de tirer. Elle n’arrêta pas, pressant la détente dans un geste maladroit. Autour du Twi’Lek, la salve de tir ricocha. Il sentit la brûlure d’un trait, par chance plus précis que les autres, sur son épaule. La toute blonde n’avait visiblement jamais tenu une arme de sa vie et était encore moins habituée à son usage. Cependant, il n’était pas transparent et il suffisait qu’un seul des coups de ce feu nourri le touche par pur hasard. Deux choix s’offraient à lui : miser sur la fortune et attendre que le blaster vide sa cellule d’énergie. Ou battre en retraite, car le couloir n’offrait aucune couverture suffisante.

-Pashang fong…jura-t-elle entre ses dents scellées, parce qu’elle appuyait mais plus aucun tir ne fusait. Clouc. Clouc. Elle répétait nerveusement le geste avant de remarquer que Var’E avait disparu. Elle prit une grande inspiration pour réprimer un haut-le-cœur et chancela vers la cabine 9. Gisant à terre, Madame Avasa demeurait immobile. Eva lâcha son arme devenue inutile et s’agenouilla auprès d’elle, soulagée de trouver la proximité du sol car ses jambes cotonneuses n’auraient su la soutenir davantage. Sur les huit néons de la cabine, un seul survivant dispensait sa faible clarté sur le corps de l’humaine. Les autres éclairages rendaient l’âme dans des grésillements sinistres. Bien qu’elle eût dû mal à distinguer les détails de la pièce, le jeune médecin pressentit immédiatement les stigmates d’un combat acharné.

Enfin, son attention ne fut plus dédiée qu’à sa patiente, dont elle analysa la cheville droite. Le muscle du mollet se contractait autour de la blessure béante. Elle en eut le tournis. Elle vérifia le pouls, dissimulant mal son soulagement en constatant qu’Avasa vivait toujours. Le choc, le stress, la douleur étaient autant de facteurs qui avaient dû la plonger dans l’inconscience. La toute blonde respirait mal. Sa poitrine se soulevait irrégulièrement, essoufflée par les épreuves subies. La mère n’était pas dans un meilleur état et depuis sa léthargie luttait pour offrir un peu d’air à ses poumons habitués au raffinement des sommets épurés de Coruscant. Il lui fallait l’aide de FX67. Sans son précieux droïde, elle n’était qu’une mécanicienne sans boîte à outils. Mentalement, elle dressa un semblant de liste et élabora un plan pour la bataille à venir. Il lui faudrait des compresses de gazes grasses, FX en possédait. Et des électrodes et autres instruments de monitoring. FX, les avait également. Elle devait s’assurer que l’enfant à naître vivait toujours, que les paramètres étaient bons. Cependant, un pressentiment horrible saisissait sa gorge.


Le Falleen éructait de rage dans l’inconfort de son kiosque. Il beuglait sur les nouveaux arrivants pour les inciter à faire demi-tour. La situation dans l’établissement s’était détériorée. Sur ses moniteurs de surveillance, des alarmes s’évertuaient à prévenir qui de droit. Une fusillade faisait rage dans l’aile nord. Quand il aperçut Var’E revenir les mains vides, son humeur ne s’améliora pas. Mais son attention fut alpaguée par une énième mauvaise nouvelle. Sur un écran holographique, il distinguait clairement l’arkanien au tatouage facial donner la chasse à un Mandalorien devenu fou de la gâchette.

-Donne-moi le fusil blaster, lui intima le Twi’Lek d’un ton bourru.

-Merde, Var’E. C’est un foutu Jedi. Il a un putain de sabre-laser. On est mort. Si Gunta apprend qu’on a laissé entrer un Jedi.

Son acolyte prit le temps d’analyser les répercussions d’une telle situation. Gunta avait en effet horreur des Jedis, mais d’un autre côté…il se murmurait dans les bas-fonds qu’il adorait en faire des trophées. Dans la noirceur rampante du Niveau 1313, il était rare que des adeptes de la Force fassent l’étalage de leur don extraordinaire. Que l’homme aux cheveux argentins utilise sa lame laser dans un tel contexte, un tel lieu en disait long sur le personnage qu’il était. Depuis combien de temps un Jedi n’avait-il pas combattu dans les tréfonds du 1313 ? De quoi éveiller l’instinct de Gunta. Ce dernier savait tout et avait toujours une longueur d’avance sur ses employés. S’il était tant craint dans les Niveaux Inférieurs, c’était parce qu’on le mystifiait. Il possédait des pouvoirs, disait-on. Peu importe avec quel acharnement ils tenteraient de maquiller ce fiasco, Gunta se réveillerait à l’image d’un léviathan que le sommeil avait engourdi trop longtemps.

-On fait quoi alors ?

-Débarrasse-nous de ce Jedi, répondit le Falleen en se saisissant d’un fusil blaster dissimulé sous son comptoir. Il le jeta contre le buste du Twi’Lek. Mais attends qu’ils soient dehors. C’est assez la merde ici. Plus de bazar va nous attirer le regard de Gunta. Rassemble nos rabatteurs du Niveau.

-Et la femme ?

-Tue-la aussi.

C’était du gâchis, mais plus que les belles femelles et les crédits, le Falleen tenait à sa propre vie. A admettre qu’il réussirait à liquider le Jedi, et la blondasse, il devrait encore justifier les dégâts matériels et leur coût. Une bien mauvaise soirée s’annonçait et elle était pour lui.



Un rayon de lumière se projeta sur les silhouettes lovées l’une contre l’autre des frères Avasa. FX67 déploya un de ses bras chirurgicaux servant à cautériser les plaies, menaçant. Une ombre s’avança dans le cagibi étroit et ses senseurs en alerte reconnurent les paramètres physio de sa maîtresse. S’il avait été fait de chair et d’os, sans doute aurait-il émis un soupir soulagé. Evadné se pencha vers les enfants. Elle réfugia le plus petit contre sa poitrine tiède. Il s’était endormi d’épuisement et sur le derme de son décolleté, elle sentit le souffle chaud et humide du bambin que la fatigue avait terrassé. Elle tendit une main vers Jed qui y ancra la sienne et tous rejoignirent la cabine 9 à une vingtaine de pas d’ici. La terreur de recroiser le Twi’Lek était présente, mais la cadézienne avait dû braver ses craintes afin de réunir la famille et les conditions nécessaires aux soins de la mère.

Dès leur arrivée dans la cabine, elle se détourna vers FX67.

-La plaie à la cheville n’est pas urgente. J’ai besoin que tu me donnes un diagnostic sur son état et celui de son bébé.

Il bipa avec incertitude, mais s’activa autour de la patiente. Contre sa hanche, Jed séchait quelques larmes et leva son minois vers elle :

-Jenna va mourir ?

-Jenna ? Interrogea-t-elle en se pinçant les lèvres

-Oui. Maman a dit c’est une fille. J’ai choisi Jenna!

-Tu as très bien choisi, c’est un beau prénom, lui sourit-elle. Mais la main qui tenait celle du garçon tremblait. Elle ne va pas mourir. Et vous pourrez bientôt la voir. Personne ne va mourir.

Ses prunelles bleutées ne quittaient pas l’écran de monitoring du droïde. Les paramètres n’étaient pas engageants, mais ils n’étaient pas alarmants non plus. Ils devaient simplement rentrer au plus vite. FX67 s’occupait enfin de la cheville d’Avasa, appliquant mécaniquement une substance dérivée du kolto, moins efficace car synthétique. Un craquement, semblable au bruit d’une semelle qui écrasait les débris de plastiques jonchant le dallage, la fit sursauter et elle se détourna en catastrophe vers la vitre de séparation à moitié brisée. Sous les lumières encore éclatantes des backstage, Ja’ar apparut. Le cœur de la toute blonde s’emballa avec force et Shen, pressé contre, devait l’entendre gronder depuis son sommeil. Elle vit tout de suite la chair à vif, au niveau de la cuisse, de la joue et s’en inquiéta. Elle-même avait une lèvre tuméfiée, mais rien ne lui importait davantage que la santé de son partenaire. Il avait l’air un peu hagard, plus pâle qu’à l’accoutumée et elle tenta de capter ses prunelles dépareillées. A peine eût-il franchi la séparation des deux salles, qu’elle se précipita à sa rencontre. Malgré le petit qui pesait dans ses bras, elle étreignit son amant comme elle le put, emportée par le soulagement de le voir en vie. Entre eux, les premiers geignements d’un Shen incommodé percèrent. Mais elle maintenait son étreinte, inspirant le parfum du métis : ce mélange de sueur, d’hormones, d’adrénaline lui conta une histoire inquiétante. Mille et unes questions nourrirent son esprit apeuré : que s’était-il passé ? Pourquoi n’avait-il pu rester auprès de la mère ? Comment avait-elle été blessée ? Et lui...toutes les réponses lui parurent dérisoires au regard de la situation urgente. Il fallait déguerpir et philosopher plus tard. Un éclair de lucidité la frappa :

-Ja’ar…nous devons partir. Je…(Elle effleura la joue striée du mécanicien) est-ce que cela va aller ?

FX67 eut un sentiment de déjà-vécu lorsque Ja’ar lui présenta sa blessure à la jambe. Il bipa des insanités, mais traita la brûlure du blaster avec professionnalisme. Ses réactifs étant complets, le semi-Kiffar n’eût à souffrir d’aucune forme de douleur initiée par l’absence d’anesthésiant. Il termina par une couche généreuse de gel cicatrisant, pulvérisé par l’un de ses sept bras articulés. L’opération n’avait duré que trois minutes, sous les regards préoccupés de Jed et Eva. Cette dernière avait compris la nécessité d’un départ imminent mais à l’instar de leur expérience sur le Vestyr, elle n’aurait refermé aucune porte et n’aurait envisagé aucune fuite tant que son compagnon n’était pas correctement soigné. La sueur et un restant de larmes perlaient au bout des cils d’Evadné ce qui rendait sa vision pénible. Et elle réprimait difficilement le tremblement de ses lèvres moites. Une partie d’elle encaissait encore le choc de ces dernières heures et une autre n’aspirait à rien d’autre qu’au déni. Au plus profond d’elle-même, elle avait su que franchir la porte de cette cabine bouleverserait un peu plus son existence. Elle admira le mécanicien se pencher vers le corps inconscient d’Avasa. Leur existence, rectifia-t-elle, le cœur battant. A terre, la mère geignit faiblement. Sa vue troublée par les affres de l’inconscience se stabilisa au fur et à mesure qu’elle clignait des yeux. Eva tendit le bras pour récupérer le blaster trainant au sol et le confia à son propriétaire légitime :

-Je…il est vide, avoua-t-elle alors qu’il s’en saisissait. Je ne sais pas changer une cellule d’énergie.

Elle n’expliqua pas la raison qui l’avait poussé à s’en servir maladroitement au point de vider un chargeur plasma entier. Elle n’aurait su mettre les mots sur cette épreuve. Et à ce souvenir, sa mâchoire récemment frappée l’élança dans un bourdonnement de souffrance.

-Où…sont mes garçons ? articula péniblement la brune, les cheveux défaits.

-Ils sont là, souffla le médecin, ils vont bien. Tout est terminé maintenant. Votre bébé va bien aussi. Vous pouvez vous levez ? Nous allons vous aider.


Ja’ar semblait mesurer le pour et le contre d’un tel engagement. Elle sut qu’il était en proie à sa phobie du contact si difficile à surmonter. Finalement, il offrit un appui sûr pour qu’elle puisse se remettre sur pied. Sa chevelure sombre flotta dans le vide un court instant. C’était une belle femme, pensa Eva en remarquant sa silhouette fragile. Elle avait dû en faire tourner des têtes dans la Haute société de Coruscant avant de rencontrer son époux arkanien.. Shen s’agrippa à l’une de ses mèches blondes et la douleur l’arracha à ses réflexions.


Le Corridor Ecarlate s’était tu depuis la fusillade. Contrastant avec l’atmosphère de leur arrivée, un silence de plomb s’était abattu dans ses couloirs. Dans le lointain, un éclat de voix fusait avant de s’éteindre presqu’aussitôt. Ja’ar ouvrait la marche, suivi de près par le médecin et ses deux protégés. FX67 la refermait, assurant précairement leurs arrières. Il servait également d’appui de fortune pour Madame Avasa qui boitait, éprouvée par l’effort physique. Elle ne quittait pas des yeux ses enfants et sanglotait encore de temps à autre. A l’angle d’une coursive, des ombres fugaces, des portes qui se claquaient froidement. Atteindre le guichet en plasticier jaunâtre fut un véritablement soulagement. Le kiosque n’hébergeait plus âme qui vive. Le Falleen avait préféré ne pas croiser le chemin du Jedi. Contemplant le dos du mécanicien, la cadézienne hésitait à parler. Elle aurait tant aimé crever cet abcès qui n’avait cessé de croître depuis la révélation du Mandalorien sur sa toxicomanie. Mais elle pressentait que ce n’était ni le moment, ni l’endroit.

A la sortie du bâtiment, le même air vicié les accueillit. Les rumeurs bruyantes du niveau 1313 reprirent leur droit. Les néons des enseignes proches, parmi lesquelles une cantina miteuse, explosaient à la rétine des badauds. Cet univers complètement étranger à la toute blonde ne se composait pas uniquement de sons et de lumières extrêmes ; les odeurs brassées prenaient au nez et nouaient la gorge. Ils s’engagèrent dans l’artère principale, celle qui devait les mener jusqu’aux portails des bas-fonds. Ja’ar négociait avec un passeur Morseerien. Ce dernier possédait un véhicule plus spacieux que la moyenne, apte à transporter une bonne partie d’entre eux. Derrière son masque, les yeux sombres du pilote analysaient la petite troupe. Les négociations furent âpres, mais business obligeait, le passeur finit par abdiquer moyennant des finances conséquentes. Un sourire de soulagement irradia sur le minois d’Evadné

-Tu entends Jed, nous allons pouvoir rentrer et soigner ta maman.

Il approuva d’un geste vif de la tête et elle l’aida à monter dans le modeste transporteur. Sitôt qu’il fut installé, elle lui confia son jeune frère toujours endormi. Sur le morceau de banquette restante, la mère prit place difficilement avant de serrer ses fils contre elle. Il ne restait plus qu’une place à bord. Les deux amants se consultèrent du regard et avant même que le semi-Kiffar puisse parler, elle annonça :

-FX67, tu les accompagnes jusqu’au centre médical. Tu as une liaison avec le communicateur de Ja’ar n’est-ce pas ?

Elle savait qu’il désapprouverait. Ils ne pouvaient avoir confiance totale dans le passeur pour un transport jusqu’aux portes des urgences du centre de soin. Avaient-ils le choix ? La détresse perturbait ses iris azurées, mais un ferme éclat y brillait toujours. Elle ne pourrait l’abandonner ici, et lui ne pourrait partir sans elle. Dès le départ, ils avaient fait le choix de préserver la vie l’un de l’autre, au détriment de toute autre. C’était un non-dit qu’ils n’avaient jamais verbalisé. Elle enchaîna tout en secouant le chef, faisant danser sa chevelure blonde autour de ses traits angéliques :

-FX67 saura quoi faire. Je ne te laisserai pas seul ici.

Même si cela signifiait faire confiance à ce passeur. Le Morseerien râla quand le droïde grimpa dans l’habitacle. Trop lourd, trop imposant, il avait rayé une partie de la carrosserie dans sa manœuvre grossiere. FX bipa une excuse entre deux insanités et le conducteur se perdit dans un laïus interminable sur le remboursement des frais de peinture. Mais la politicienne n’en avait cure :

-Démarrez, s’il vous plait, vous allez au centre de soin universitaire dans le district de Fobosi ! S’exclama-t-elle vers le passeur, sans perdre le métis de vue.

Les moteurs à repulsion vrombirent dans l’air. Leur bruit étouffa le tir de plasma qui fusa depuis le canon d’un blaster. Ja’ar l’aurait sans doute vu, trop tard ou pas assez tôt. Eva s’effondrait déjà contre lui, choquée par une douleur irradiante qui mordait son flanc droit. Le tissu de sa robe rougeoyait encore à cet endroit-là, dévoilant sa chair meurtrie. Elle leva ses prunelles vers le faciès familier du mécanicien. Elle aurait voulu parler, mais la souffrance paralysait ses lèvres pâles. Il était si proche, elle n’avait qu’à tendre la main vers sa joue encore blessée. Le noir envahit ses pensées, jusqu’à les plonger dans le silence.


Var’E étira un rictus sous les ricanements de deux rabatteurs du Corridor Ecarlate. A une demi-douzaine de mètres du couple, il savourait sa première victoire. Dans le véhicule qui grimpait vers la bouche béante du puits d’aération, Jed avait le visage plaqué contre la vitre de l’habitacle. Il avait tout vu et il avait tenté de prévenir. Désormais, il s’éloignait, horrifié à l’idée que le docteur Evadné soit morte et qu’il ne la reverrait plus jamais. Le Twi’Lek fit signe à ses acolytes et chacun sortit une arme de poing des fonds crasseux de sa veste. Autour d’eux, les habitués du 1313 se rassemblaient dans l’ombre, attirés par l’odeur du sang, réchauffés par une curiosité intéressée.

-C’est dommage, on est un paquet qui voulait passer un bon moment avec elle.

Des éclats d’approbation fusèrent.

-Mais les ordres, les gars. Gunta ! Rappela Var’E.

Et le nom insuffla un peu de doute et de crainte aux plus excités d’entre eux. Les moins téméraires reculèrent pour retourner à leur vie marginale, loin des affaires de Gunta. Bientôt, le cercle de spectateurs fut restreint. Ja’ar pouvait sentir le souffle ténu qui animait encore le corps de sa douce et les frêles battements de son cœur. Si elle avait été encore prise de conscience, elle aurait pu lui mentir pour le rassurer; déformer la réalité dans un charabia scientifique pour lui signifier qu'aucun organe vital ne souffrait de cette agression, bien que la plaie soit profonde et son métabolisme mis à rude épreuve. Toutefois, elle demeurait inerte, les yeux clos et le front perlant de sueur, strié de mèches lumineuses et humides. A nouveau, Var’E releva son arme. Il prendrait son temps, cette fois-ci, afin de maximiser ses chances de tuer.


Ja'ar Austhis
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Ja’ar déambulait lentement dans les couloirs presque déserts du Corridor Ecarlate. Le club était bien plus vaste qu’il ne le semblait au premier regard et le chemin du retour jusqu’à la cabine numéro neuf paraissait étonnamment long. Enivré par sa colère lors de la poursuite du Mandalorien, il n’avait pas remarqué qu’il s’était éloigné autant. Les plaintes lascives qui s’échappaient des cabines s’étaient tues, remplacées par le son agressif d’une alarme assourdissante. Un Ithorien torse nu dépassait le métis en courant tout en tentant maladroitement de reboucler la ceinture de son pantalon. Il était suivi d’une Duro qui, larme à l’œil, lui demandait de ralentir la cadence. Cette débâcle renvoyait l’Arkano-Kiffar quelques semaines en arrière, a bord de ce vaisseau de malheur. Il y avait rencontré la femme de sa vie, mais aujourd’hui ils payaient les conséquences de leur présence à bord. N’aurait-il pas mieux valu qu’ils y restent tout deux finalement ?

Idiot…

Broyer ainsi du noir ne menait à rien. Il fallait se concentrer de nouveaux sur le présent, il avait encore une vie à sauver. Reprenant son aplomb, il se dirigeait d’un pas plus précipité vers le point de départ de cette négociation qui avait mal tournée. Il ne pouvait toutefois pas se déplacer aussi vite qu’il l’aurait souhaité, sa jambe lui envoyant des signaux alarmants. Pris dans la frénésie du combat, il ne s’était pas attardé sur sa blessure à la cuisse. La décharge de plasma ne s’était pas complètement écrasée sur cette dernière, mais la brûlure et la douleur qui en résultaient ne permettait pas un appui ferme. Il se maudissait un court instant d’avoir congédié sa médecin favorite, mais se ravisait en estimant que c’était le meilleur choix pour sa sécurité. Il lui faudrait des soins rapides pour éviter une infection dans ces lieux à l’hygiène douteuse, mais avant toute chose il fallait récupérer et sortir Avasa de là.

Avasa…

Il se revoyait poursuivre l’agresseur sans considération aucune pour la femme enceinte. En prenant du recul, il ne pouvait s’empêcher de penser que c’était lui-même l’agresseur. Il n’avait aucun preuve que l’homme allait mettre à exécution sa menace. Il n’avait pas pris la peine de sonder l’esprit de ce dernier, d’essayer de pressentir ses intentions. Peut-être aurait-il détecté un bluff, et les choses se seraient passé différemment. Il s’était convaincu seul que l’issue de la rencontre était prédéterminée, assuré par son rêve. Il comprenait plus que jamais les mises en garde de sa mère sur la prescience et pourquoi même les plus grands Jedi Consulaire ne se risquaient point à jouer aux devins. Lui et lui seul était responsable de cette débâcle dont les stigmates ornaient les murs de la maison close, ce chaos qui retomberait de toute manière sur sa tendre compagne.

Eva !

Comme toujours, la simple pensée dirigée à son encontre fonctionnait comme un déclencheur, un catalyseur d’énergie. Il fallait limiter la casse et se dépêcher de la rejoindre. Elle était surement déjà en sécurité, en route pour la ville haute. Des tirs de blaster retentissait en écho dans les couloirs et le doute s’insinuait dans le cœur du métis. Le Mandalorien n’avait pas pu revenir aussi vite, et les clients étaient systématiquement fouillés. Et si c’était Eva ? L’inquiétude montait et il pressait le pas, s’engouffrant dans un énième couloir. Il remarquait des marques noires sur les murs qui ne correspondait pas à sa joute contre le ravisseur en armure, et son cœur fit un bon dans sa poitrine. Il lui fallait encore parcourir le long couloir attenant à la cabine numéro neuf avant de pouvoir rejoindre Avasa. Il tentait de courir, mais dû se raviser au bout de quelques foulées sous peine de chuter. Il s’appuyait sur le mur, tentant tant bien que mal d’accélérer sa progression tout en grimaçant. Il se trouvait lent et poussait ses muscles jusqu’à leur rupture. Au terme de trop longues minutes il apercevait enfin l’entrée de la cabine. L’avancée était épuisante, mais il ne restait pourtant que quelques mètres. Il forçait une dernière fois et s’effondrait à moitié sur le mur tandis qu’il pénétrait dans la cabine. La salle était dans un désordre total : plusieurs coussins avaient brûlés sous l’impact des tirs du guerrier en armure ou des mouvements de sabre du métis, et l’éclairage violacé se mourrait. Au centre de ce fatras, elle était là, penchée sur la femme enceinte, en train de prodiguer ce qu’elle pouvait de soins pour rattraper les dégâts de la confrontation entre les deux hommes. Il ne portait pas d’attention aux deux enfants et s’avançait en silence. Il voulait la réprimander, lui dire que c’était imprudent d’être restée, mais il n’avait plus la force de parler. Enfin, il en avait assez fait et ne voulait pas aggraver les choses. Elle se jetait dans ses bras et il l’accueillait avec tendresse. Il déposait un baiser sur son front puis arrêtait son regard sur ses lippes abîmées. Son sang ne fit qu’un tour. Il passait un doigt sur la bouche de son aimée comme pour aviser sa blessure.

- Tes lèvres… que s’est-il passé ?

- Ja’ar…nous devons partir. Je …est-ce que cela va aller ? Elle éludait volontairement la question.

- Oui, et vous ne devriez pas être là tous les quatre… La dureté de sa réponse le surprenait lui-même et il adoucissait son ton. Ça va aller pour moi, j’ai juste la jambe en feu.

Il grimaçait en prenant place sur l’un des canapé sous le regard curieux du jeune Jed. Il avait ravalé ces larmes et détaillait le mécanicien comme s’il s’agissait d’une figure mythique. Tandis que FX s’attelait à remettre aplomb le Demi-Kiffar, le jeune garçon ne perdait aucune miette de la dextérité des bras du droïde. Le métis était ravi d’avoir poussé son entretien ses dernières semaines : les soins était rapides et indolores, incomparablement mieux réalisés et plus supportables que l’intervention qu’il avait subi sur le Vestyr. Il posait son regard dans le vide, n’osant croiser les prunelles de sa douce par culpabilité. Le Vestyr…l’histoire semblait se répéter. Une échauffourée, des innocents parmi les victimes, la belle blonde et son droïde qui s’occupaient des soins. Les conséquences de ce chambardement seraient-elles aussi dramatiques ? Étaient-ils coincés dans un cycle pernicieux ? La voix du garçon brisait ses réflexions.

- T’es trop fort toi monsieur !

Le Semi-Kiffar affichait un sourire forcé. Non, il n’était pas « trop fort ». Il s’enfermait dans une boucle de culpabilité dont il ne trouvait pour l’instant pas la sortie. Le petit homme forçait sur ses bras en les repliant, tentant vainement de faire ressortir ses biceps d’enfant. Un façon de faire comme les grands et de détourner l’attention de ses yeux rouges trahissant son inquiétude.

- Quand je serais grand, je serais aussi fort que toi !

- Je te souhaite d’être encore meilleur, p’tit.


Les soins sur sa jambe et sa joue terminés, il se levait et allait s’agenouiller au près de la femme enceinte. Les antidouleurs était particulièrement efficaces, si bien qu’il ne sentait qu’une simple gène dans la cuisse ainsi qu'une perte de fermeté lorsqu’il contractait son muscle, mais aucune douleur. Son équilibre ne serait pas complètement restauré avant quelques temps, mais il pourrait au moins courir et sauter sans grimacer. Il s’attardait sur la cheville d’Avasa. Une œillade entendue avec Evadné lui confirmait que la blessure était moche, mais rattrapable. Il avait joué la vie de cette femme en étant trop sûr de lui. Il ne s’était pas attendu à ce que l’homme résiste ainsi, encore un poids à ajouter dans la balance des mauvaises décisions et des conséquences néfastes. Tandis qu’elle reprenait lentement conscience, la jeune médecin tendait le blaster à son propriétaire.

- Je…il est vide. Je ne sais pas changer une cellule d’énergie.

Il récupérait l’arme, vérifiant que tout était en ordre et vidait la crosse contenant la cellule déchargée pour la remplir avec l’une des nombreuses recharge qu’il trimbalait avec lui dans les sacoches accrochées à sa ceinture. Il mourrait d’envie de lui demander ce qu’il s’était passé, mais Avasa en reprenant conscience venait d’accaparer leur attention.

- Où…sont mes garçons ?

- Ils sont là, ils vont bien. Tout est terminé maintenant. Votre bébé va bien aussi. Vous pouvez vous levez ? Nous allons vous aider.


Un échange de regard suffisait à faire comprendre à la jeune politicienne qu’il n’était pas prêt à porter la dame. Il l’aidait toutefois à se redresser en évitant soigneusement d’entrer en contact avec sa peau, puis à prendre appui sur le fidèle droïde médecin. Il était temps de sortir d’ici. Le petit groupe s’organisait à la suite du mécanicien qui ouvrait la marche, sabre éteint à la main. Il ne prendrait plus le risque aujourd’hui d’être pris de cours par un tir qu’il ne saurait dévier à temps, il n’avait plus le droit à l’erreur. Il faisait son maximum pour ne pas percevoir les sentiments de sa compagne, de peur de ressentir toute l’animosité qu’il supposait qu’elle lui porterait. Il avait failli et il se persuadait qu’elle lui en voudrait à vie. De plus, elle savait désormais pour sa faille, sa dépendance, et il ne voulait pas sentir le jugement qu’elle lui porterait. Une fuite un avant car il savait qu’ils y viendraient, mais ce n’était pas le bon moment. Présentement, il lui fallait être aux aguets et cesser de s’embourber dans des distractions qui l’empêcherait de prévenir une attaque ou un blessure quelconque. Que ne donnerait-il pas pour se réveiller de ce cauchemar dans le lit de sa belle, traîner à ses côtés sous la couette le temps que GG ne préparent le petit déjeuner et ne pas se soucier de l’après. Une image qui lui semblait s’éloigner à jamais désormais. Il avançait en silence, davantage concentré sur l’environnement que sur sa suite jusqu’à atteindre le hall d’accueil déserté. S’engageant dans l’artère principale du quartier, il dissimulait de nouveau son sabre dans son manteau afin de ne pas attirer l’attention, certain d’être en territoire moins hostile. Arrivés sur une petite place décorée d’une fontaine désaffectée depuis des lustres, il attirait l’attention d’un speeder-taxi qui venait de déposer deux Besalisks et leur nombreuse progéniture. Au terme de négociations difficiles, le chauffeur Morseerien ne prenant habituellement aucune course pour la ville haute, il fut convenu qu’il amènerait la famille au quartier Fobosi, à l’abri. Il manquait toutefois une place pour embarquer toute la troupe, et alors qu’il s’apprêtait à insister pour qu’Evadné rentre avec eux, elle lui damait le pion en s’assurant de pouvoir être contacté par le droïde en cas de besoin.

- FX67 saura quoi faire. Je ne te laisserai pas seul ici.

Elle avait son air têtu, celui qui disait « N’essaie même pas de me faire changer d’avis ». En un sens, il était rassuré : ils ne seraient pas séparés et il pourrait veillez sur elle. Après tout, il ne l’avait laissé qu’une dizaine de minutes et elle s’était retrouvée avec un bleu sur la joue et une lèvre fendue. Cette fois ci, il serait là pour prévenir ce genre d’incident et en faire payer le responsable. De plus ils pourraient prendre le temps de discuter tous les deux. Il savait qu’il avait des explications à fournir, et maintenant qu’ils étaient libérés du fardeau de la présence d’étranger ils pourraient parler librement. Enfin, il avait eu son lot de mauvaises décisions et consentait à laisser madame décider de la suite des événements.

Tandis que le speeder décollait, il tournait la tête vers sa belle, plongeant son regard dans ses magnifique prunelles. Ils étaient presque sortis d'affaire. Elle était merveilleuses, affichant enfin une mine soulagée. Il voulait lui dire qu'il l'aimait, qu'importe ce qu'elle avait pu entendre. Qu'elle était sa vie, son monde. Un flash venait de lui couper l'herbe sous le pied. Il n’avait eu le temps de profiter de la beauté de sa douce que ce qu’il redoutait le plus arrivait. Comme si le temps ralentissait, son visage ce crispait, ses yeux se fermaient brusquement et elle chutait dans ses bras, le flanc fumant. L’odeur de chair brûlée ne laissait aucun doute quant à ce qu’il venait de se passer, et il accompagnait la chute de la jeune femme en la serrant contre lui dans une tentative désespérée d’effacer la douleur qu’elle ressentait. Le cri qu’il poussait déchirait la nuit, répercutant sa souffrance jusque dans la force au point que n’importe quel sensitif qui passerait par là n’aurait eu aucun mal à en identifier l’émetteur. Sa colère était telle que son hurlement était appuyé par la Force elle-même, un bruit sourd et effrayant qui poussait les quelques personnes proches à se couvrir les oreilles sous peine de s’évanouir. Une plainte terrifiante, qui n’avait presque rien d’humain. Ja’ar caressait le visage de celle qui était tout pour lui, dans l’espoir de déceler une preuve qu’elle était bien toujours vivante. Il sentait son pouls battre certes faiblement, mais il battait. Il pourrait toujours la sauver comme il l’avait déjà fait à bord du Vestyr. Il se concentrait, puisant dans la Force toute l’énergie possible dans l’espoir de la lui transmettre, quitte à y laisser sa vie. Mais pour une raison qu’il ne comprenait pas, elle semblait inaccessible. Comme s’il essayait de remplir une bouteille d’eau avec une épuisette, l’énergie lui échappait, il était incapable de la canaliser comme il l’avait pourtant fait de nombreuses fois auparavant. Il avait beau essayer, il se heurtait à un mur. Un mur d’obscurité. Il déposait lentement le corps de la jeune femme sur le sol tandis que la foule se dispersait à l’exception d’un Twi’lek flanqué de deux jeunes humains, Urtho et Zayck, des frères. Tous trois étaient armés et tenaient le Semi-Kiffar en joue, prêt à faire feu. Le mécanicien leur tournait le dos, encore trop préoccupé par la santé de la jeune politicienne. Un tir de plasma fusait, s’écrasant à quelques centimètres seulement du couple en guise de semonce.

- Relève toi et fais moi face, histoire que j’n’ai pas l’impression d’achever une bête déjà à terre, Jedi !

La voix du Twil’ek résonnait sur la place désormais silencieuse. Le dernier mot de sa phrase sonnait comme une insulte. Quelques badauds observaient la scène de très loin, se dissimulant derrière des ordures, des colonnes ou des renfoncement de métal, partagés entre crainte et curiosité.

- Tiens bon, Setara Mali mi*, je m’occupe de tout. échappait-il à l’adresse de celle qui s’était évanouie.

Un second tir s’écrasait aux pieds du métis, comme une seconde provocation. Il se relevait lentement, les bras tremblants sous la colère. Elle débordait, le submergeait au point que des larmes perlaient sur ses joues. C’était même bien au-delà de tout ce qu’il avait expérimenté jusqu’à présent, un sentiment qu’il n’avait éprouvé qu’une seule fois dans sa vie, lors de la disparition de Kalis. C’était de la haine. Elle court-circuitait son jugement, obscurcissait ses pensées, et le Ja’ar tendre et bienveillant s’effaçait lentement pour laisser place à une bête rongée par la souffrance, guidée par la malveillance. Il tournait lentement la tête vers les trois criminels qui le maintenait en joue et dévoilait un visage déformé par la démence. Son œil habituellement azur avait viré au pourpre, assombrissant son regard habituellement chaleureux,et un sourire malsain se dessinait lentement sur ses lèvres.

- Allez les gars, dégommez moi ce truc.

D’un geste vif de la main, Ja’ar déviait le bras de Zayck avec la Force au moment où se dernier tirait, le poussant à faire feu sur les jambes de son frère malgré lui. De sa deuxième main, il dégainait sa lame argentée et parait avec aisance le feu nourri que déclenchait Var’E. Un juron plus tard, Zayck reportait son attention sur sa cible aux cheveux opalin et déchaînait à son tour toute la puissance de feu que son blaster pouvait lui offrir. Il fut toutefois stoppé net par un morceau de métal saillant qui venait de lui perforer la gorge, projeté par Ja’ar entre deux parades de tir. Si seulement les rues étaient mieux entretenues, débarrassées des ordures jonchant le caniveau, il aurait pu vivre quelques secondes de plus. Le jeune homme lâchait son arme, portant ses deux mains à sa gorge et ressentant la chaleur de son propre sang qui inondait sa peau et ses vêtements. Il n’arrivait plus à respirer et se noyait dans son hémoglobine tandis qu’il se sentait lentement partir au rythme des litres de fluide qui s’échappait de sa trachée réduite en charpie. Il s’écroulait sous les yeux de son frère qui était déjà à genou, handicapé par le tir qu’il avait subi de la main de sa propre chair. Animé par la même fureur que son opposant, il tentait de se redresser en hurlant, déclenchant un feu tout aussi soutenu qu’inefficace sur le champion de la Force qui déviait les tirs sans efforts. Il n’eut le temps de réclamer sa vengeance qu’une seconde pièce de métal rouillée vint se figer dans son œil droit, crevant son globe oculaire et transperçant son lobe temporal dans un craquement sourd qui résonnait sur la place, ne laissant aucun doute quant à la mortalité d’un tel choc. Var’E se retrouvait en a peine quelques secondes seul face à celui dont il avait déclenché l’ire, et au regard de la facilité avec laquelle il venait de défaire ses deux acolytes ressentait un frisson remonter lentement le long de sa colonne vertébrale. Fusil bien en main, il reculait en jurant et vidait a son tour ses cartouches d’énergie dans l’espoir de stopper la progression inéluctable de sa cible. En vain.

Merde, Gunta me paye pas assez pour finir comme ça !

Ja’ar paraissait inatteignable. Il marchait lentement, boitant légèrement et rien ne permettait d’entraver son avance. Il déviait chaque tir par un geste nonchalant et pourtant étonnamment précis. Il ne réfléchissait plus et se laissait guider pas ce torrent de haine qui le menait à un seul objectif : Le Twi’lek. Ce dernier n’arrivait pas à trouver la faille dans la défense du métis et fut prit de panique en constatant qu’il venait de vider sa dernière cartouche. Seuls quelques mètres séparaient les deux adversaires, et il jetait son fusil au sol pour s’emparer d’une vibro-dague qu’il gardait dissimulée dans sa ceinture. Il ne pouvait fuir, il savait que Gunta le retrouverait. Sa seule issue serait d’en finir avec l’homme aux cheveux blanc et pourtant cette prouesse lui semblait tenir du miracle. Dans un tentative pitoyable de se donner du courage, il provoquait son opposant.

- Allez, amène toi !

Ja’ar ne répondait pas. Il voyait déjà comment il aller s’y prendre. Il en avait fini rapidement avec les deux autres qui n’était que des gênes mais il ne serait pas aussi clément avec celui qui avait tiré sur son soleil, sa lumière, son étoile. Une fois à portée, il abaissait sa garde pour laisser Var’E porter le premier coup. Le Twi’lek se jetait sur lui, tentant l’estoc. Un simple pas de coté suivi d’un moulinet du poignet suffirent à priver le criminel de son arme et du membre qui y était attaché. Var’E contemplait horrifié son avant-bras se détacher lentement de son bras et chuter sur le sol. Il était tétanisé par le regard noir que lui portait le métis, terrifié par cet iris rouge bardé de ligne or qui semblait se réjouir de cette mutilation. Il sentait que c’était terminé, il allait rejoindre ses ancêtres. Hélas pour lui, ce n’était pas les plans qu’avait en tête le Jedi fou. Une frappe de la paume sur le poitrail du Twi’lek lui faisait perdre son équilibre et le mécanicien ivre de sang en profitait pour découper les trois autres membres du criminel dans un mouvement aussi mortel qu’élégant, réduisant à l’état de simple tronc le responsable de la sécurité du Corridor Écarlate. Le choc avec le sol était rude, assommant presque sur le coup Var’E qui avait la malchance de rester conscient. Il n’y croyait pas ses yeux, était persuadé qu’il ne s’agissait que d’un cauchemar. Il sentait chacun de ses membre brûler, comme s’il les possédait encore et pourtant il les voyait clairement détachés de son propre corps. Il voyait ses moignons rougeoyants, carbonisés. Il n’aurait même pas la chance de mourir d’hémorragie, le sabre cautérisant les plaies au fur et à mesure des découpes. La place était plongée dans un silence total. Les quelques courageux qui étaient restés pour observer la scène n’osaient prononcer mot de peur que le « Jedi fou » ne s’en prennent à eux. Personne n’aurait parié sur la survie du Demi-Arkanien, Var’E était connu pour être un redoutable combattant, de ceux qu’il ne fallait pas contrarier dans le quartier, et il venait de se faire étaler sans effort. Ja’ar enjambait les morceaux du Twi’lek et se penchait lentement au-dessus de ce qu’il restait de la « terreur » du Corridor Écarlate comme un Nexu jouant avec son repas. Il s’agenouillait et plantait lentement son sabre dans l’extrémité de l’un de ses deux Lekku, se délectant de la souffrance qu’il prodiguait a sa victime. Sous la douleur, Var’E hurlait comme jamais et les larmes coulaient à flots sous la torture de cet appendice aussi sensible que l'étaient ses organes reproducteurs.

- Tu t’es pris à ce que j’avais de plus précieux au monde…je vais détruire le tiens en retour.

Nul émotions dans la voix. Galvanisé par ses sentiments passionnels, Ja’ar éteignait sa lame et commençait à frapper sans retenue le visage déjà bardé de cicatrice de l’ex caïd. Chaque coup résonnait, chaque impact sur le visage sonnait comme un craquement troublant, brisant de manière dérangeante le silence qui s’était de nouveau installé sur la place. Plusieurs dents se déchaussaient tandis que le sang inondait la chaussée, et l’Arkano-Kiffar ne s’arrêtait qu’une fois ses gants imbibés d'hémoglobine, laissant sa victime qu’a demi consciente. La torture avait eu raison de son énergie, et il n’avait plus la force de crier. Var’E devait rassembler le peu de force qui lui restait pour formuler ce qu’il estimait être ses derniers mots. Ses joues bouffies de douleur ne permettait qu'une articulation médiocre et sa voix s'embourbait dans les reflux sanguinolent de sa gorge meurtrie.

- Aa…Affève…Affève moi…Pitié.. Jedi…Finifonv-en...Pitié…

Piètre choix de mot. Le mécanicien observait ses gants souillés qui le renvoyait aux conséquences de sa propre folie. Il était allé trop loin, il n'y avait plus de retour possible, pas ce soir. Lentement il posait ses deux mains autour du visage tuméfié du Twi’lek, approchait sa tête des yeux gorgés de sang de sa victime et échappait dans un cruel sifflement sa réponse.

- Je ne suis pas un Jedi…

Cruelle vérité. A ses mots, il plongeait son esprit dans celui du Twi’lek. Il avait déjà détruit son corps, il ne manquait plus que son esprit. Puisant dans les forces obscures qui l’animait, il entrait sans aucune subtilité dans sa tête, démolissant tout sur son passage. Comme s’il pénétrait une maison en éclatant la porte d’entrée avec un bélier. Il se déplaçait dans chaque pièce, incendiant les meubles et brisant les fenêtres, semant la destruction dans les moindres recoins. La douleur était telle que les hurlements de Var’E reprirent de plus belle, un hurlement qui glaçait le sang, comme une bête que l’on égorgerait vivante. Les rares témoins encore présents se bouchaient les oreilles devant un spectacle insoutenable, sans comprendre le calvaire dans lequel était plongé l’émetteur de ce son abominable. Avant de briser les dernières décorations de cette demeure spirituelle, le mécanicien gravait un message sur les murs, comme un tag indélébile. « Ne jamais s’en prendre à une Publius ». Son office terminé, Ja’ar quittait l’esprit ravagé de sa cible et en guise d’adieu, plantait ses deux pouces dans les orbites du Twi’lek, écrasant dans une gerbe de sang ses globes oculaires. Il se relevait ensuite, et afin de s’assurer que le message serait bien reçu, hissait avec la Force le tronc du Twi’lek mutilé qu’il attachait au lampadaire le plus proche, tordant le métal pour maintenir en suspension le corps amputé à la vue de tous. Il survivrait à ses blessures et vivraient l’enfer. Silencieusement, il revenait auprès du corps de sa douce, toujours assoupie. La scène n’avait durée qu’une dizaine de minute et pourtant Ja’ar était esseulé comme s’il venait de courir un marathon. Silencieusement et ignorant les regards tétanisés qui se portaient sur lui, il soulevait le corps de la jeune femme et disparaissait avec elle dans les rues à la recherche d’un moyen de remonter à la surface. Personne n'osait s'approcher, et le square demeurait désert pendant plusieurs heures.

Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était allongée dans un lit d’hôpital qui lui était familier. A ses côtés, profondément endormi et affalé sur une chaise inconfortable se tenait son amant, les cheveux blancs maculés de sang séché.


*Setara Mali mi: Ma petite étoile



Joseph Vankrayn
Joseph Vankrayn
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Coruscant - Deux jours après le rendez-vous au "Corridor Écarlate"

"Arr... Tin toujours se mal de crane."
"Biouuu ?"
"Non ça va... Ça va passer, normalement."

Il prit sa boite à cachet qu'il avait acheté juste pour ça avant d'en avaler deux et de suivre tranquillement les instructions et directives pour quitter la planète.

"Fiou... Une nouvelle mission de réussit non sans quelques surprises." *Il tapota la tête de Ruug'la à coté de lui qui émit quelques bruits d’acquiescement.* "Rappel moi qu'il faudra que je trouve autre chose que des otages pour pouvoir immobiliser un forceux."

Il était vrai quand y repensant à ce qui c'était passé dans le "Corridor Écarlate" il y avait quelques erreurs de planification de sa part. La première étant qu'il pensait avoir eu l'avantage, tant psychologique de matériel dans la salle. Après tout que pouvaient-ils faire quand il était derrière une vitre braquant son pistolet blaster sur un otage. Lui qui pensait que l'échange aller se passer tranquillement et qu'il allait pourvoir partir en laissant la femme et ses fils sans blessés ni complication...

C'était bien entendu sans compté sur la folie des forceux. Tout personne normalement constitué aurait suivit les directives et rien tenté de bizarre, mais il avait oublié que les forceux ne se voyaient pas comme des personnes normales et cherchaient par tous les moyens d'utiliser leur pouvoir mystique quand ils en avaient l'occasion.
Comme là-bas...

Dès que Joseph avait été distrait par la caisse contenant hypothétiquement son objectif, l'homme n'avait pas hésité à utiliser son pouvoir pour neutraliser le chasseur de prime.
Rien que dit repensait cela donnait le frisson au mercenaire. Il avait déjà eu affaire aux forceux et à leurs pouvoirs mystiques mais jamais de cette manière là. C'était bien la première fois qu'on avait tenté de le contrôler avec celle-ci et il éprouvait un dégoût mêlé à une crainte fondé.

Il se rappelait encore de la manière dont il avait l'impression qu'une voie intérieure tentait de le convaincre... Comme s'il se parlait à lui même ou à un double qui tentait de lui faire faire quelque chose qu'il ne voulait pas... Mais dont il trouvait cela presque naturel et logique à suivre.
C'était des plus perturbants et pour rien au monde il ne voudrait subir cela à nouveau, cependant trouver un moyen de contrer cela allait se trouver des plus... Difficile pour ne pas dire impossible.

En effet comment protéger son esprit ou son intégrité mentale face à des souilleurs mystiques... Cela sera certainement quelque chose qu'il devra chercher par lui même ou via ses réseaux.

Après l'on pouvait se demander si le toxicomane avait seulement quelque chose à faire concernant les otages, vu comment il avait abandonné la femme enceinte pour pouvoir avoir le plaisir de trancher avec son bâton notre chers Joseph.
Heureusement que celui-ci connaissait les lieux et avait prévu un moyen d'exfiltrer le bâtiment en catastrophe et de fuir les lieux rapidement. La planification était l'un des moyens de survie les plus recommandé, surtout quand cela impliqué des sorciers.

La bonne nouvelle était que la clé de stockage qui était dans la caisse était bien ce pourquoi il était là. Un code de vérification de son employeur lui confirma rapidement l'authenticité du paquet, cependant il ne pouvait pas quitter la planète pour autant et cela pour deux bonnes raisons.
La première étant qu'il devait continuer à surveiller la blonde pour être sur qu'il ne lui arrive rien dans les niveaux inférieures. La deuxième étant qu'il devait se venger du fou furieux qui l'avait coursé et qui avait voulu lui raccourcir les membres.

Au départ quand il avait accepté le contrat, il n'avait pas réellement fait attention à la petite close qui pouvait lui rapporter un petit extra en crédit s'il réussissait à briser le couple... Et franchement Joseph ne comptait pas trop le faire.
C'était pas trop son boulot les problèmes de cœurs, cela ne payait pas beaucoup pour quelque chose qui pouvait se révéler assez complexe. Cela étant dit, après le rendez-vous il avait trouvé que c'était un bon moyen de joindre l'utile à l'agréable. Joseph pourrait ainsi se venger du forceu tout en empochant une petite prime en plus...

Et il avait justement ce qu'il fallait pour cela.

Comme il avait du fuir précipitamment les lieux en prenant le speeder qu'il avait garé spécialement pour cela, il n'avait pas eu le temps de chercher Ruug'la qui était toujours en observation au niveau de l'entré du club. Endroit parfait duquel il avait put voir et enregistré tout ce qui c'était passé après la fuite de Joseph, qui n'apprit lui-même cela que quelques heures après les faits en regardant l'enregistrement.

Il savait que grâce à cela il pourrait se venger et empocher la prime s'il la jouait fine.
Des nombreux jours durant lequel il avait espionner le couple, il avait put remarquer la grande différence de mentalité qu'il y avait entre les deux personnes. 
La femme était plus douce, bienveillante et soucieuse des autres au point de frôler le danger.
L'homme lui était tout le contraire, uniquement concerné par sa propre personne et celle de la femme en l’occurrence et cela même s'il fallait mettre les autres en danger.

Comme le disait une expression; ce qui oppose s'attire, mais c'était peut-être aussi une faille qu'il pouvait exploiter. 

Il savait que même si le carnage que Ja'ar venait de faire se situé au niveau 1313, le patron de la zone n'allait pas laisser passer cela. Il ne le pouvait tout simplement pas, car il risquait alors sa place dans le dangereux milieux qu'était la criminalité dans les bas niveaux. Il allait certainement tirer quelques ficelles et quelques membres de la FDP corrompue pour mettre une prime sur la tête de l'homme. Après tout il avait quand même torturer à mort un twi'lek devant témoin avec une utilisation plus qu'abusive de la force... Peut-être que cela allait même attirer les jedi.

Ce qui était tout aussi bien pour Joseph, plus il y aurait de répercussion sur ces actions, plus il lui était facile de réussir sa vengeance.

Tout ce qu'il lui restait à faire une fois remonté à la surface avec l'enregistrement était de le transférer au propre dans un datapad, rajouter quelques commentaires personnels sur ce qui en aller découler de cela. Puis de se faire passer pour un membre du personnel médicale et de déposer discrètement le panier de blumfruits où était cacher le datapad sur la table basse à coté de la blessé en laissant un petit mot:
 En vous souhaitant un bon rétablissement et à une prochaine fois peut-être. Ps: Les apparences sont parfois trompeuses. Le Mandalorien
Sans oublier le moyen de communiquer avec Joseph à l'arrière du petit mot.

Après cela, il n'était resté sur la planète qu'en observateur. Se cachant dans la masse innombrable qui s'entassait entre les tours pour observer la situation et voir s'il n'allait pas devoir pousser une peut les choses en informant de manière anonyme mais officielle les membres des forces de l'ordre sur un utilisateur de la force psychopathe et sa localisation.


"Je me demande qu'elle tête elle a du faire quand elle à vu la vidéo et mes commentaires sur le fait qu'il allait certainement être recherché par le gouvernement et les jedi."
"Bouuuu..."
"Ouai je sais... Elle a l'air d’être une brave femme, mais la vie est une salope... Qu'est ce que tu veux. Elle s'en remettra surement et puis qui sait, tant elle nous engagera un jour ?"
"Bobubibop ?!"
"Bwahaha ! Qui sait ?"
*Il porta tout d'un coup une main au front.* "Arrr... Putain... Saleté de mal de crane."
Evadné Publius
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Une ombre imposante rampait dans les Bas-Fonds. Elle laissait un épais mucus verdâtre et odorant dans son sillage. Sur son passage, on murmurait avec effroi et admiration le nom de Gunta. Le corps mutilé de Va’E était suspendu depuis des heures au sommet d’un lampadaire. Il ballottait mollement au gré des courants d’air charriés par les puits d’aération. Personne n’avait osé le décrocher par peur de déclencher l’ire du « Jedi fou » dont la présence n’était pourtant plus qu’un lointain souvenir. Le Hutt traversait le 1313 à un rythme lent, bousculant les obstacles qui se dressaient sur son chemin : un container à ordures, un mendiant juvénile..Péniblement, il tracta son obésité jusqu’au lieu du carnage, à l’extrémité du Niveau. Il était essoufflé, le visage bouffi par l’effort et ses grands yeux globuleux injectés de sang. Un collier de fer aux pointes acérées éprouvait sa respiration.

Gunta était là, sous la lumière du réverbère et à l’ombre du Hutt qui le suivait partout tel un chien. Ses talons avaient claqué élégamment sur le dallage crasseux du parvis de l’ancien square. Sous l’obscurité d’un large capuchon rabattu sur sa tête, ses prunelles sombres évaluaient la victime dont il ne restait qu’un tronc pathétique.

-Trouvez-moi Ummo, ordonna sa voix féminine.

Dans l’anonymat des ruelles, son ordre percuta les oreilles de ses fidèles limiers qui s’empressèrent de se disperser à la recherche du Falleen. Gunta tendit le bras vers le Twi’Lek agonisant et d’un geste de la main souleva son corps atrophié. A l’aide de cette même Force qui l’avait terrassé, elle l’attira, concentrée, jusqu’à ce que ses doigts s’enroulent autour de la gorge du caïd. Elle s’ouvrit pleinement à son don et s’engouffra dans la psyché de Var’E pour remonter le fil des événements, minute après minute. Elle contempla la chevelure lumineuse d’une semi-humaine, l’œil écarlate d’un bâtard et cette inscription, gravée à jamais dans la chair de la conscience du Twil’Wek. Après cet effort, elle laissa tomber son subordonné au sol. Son attention avisa toutes ces silhouettés tapies dans des recoins, avec la peur pour seule amante. Qu’importe les pensées qu’elle captait dans cette toile féconde que tissait la Force, toutes renvoyaient à l’effroi. Ces pauvres âmes étaient faibles et ressentaient le besoin de se rallier derrière plus forts qu’elles. Depuis son arrivée dans les Bas-Fonds, Gunta avait rempli ce rôle à la perfection : celui du Roi de la Jungle. Mais cet homme, à la tignasse pâle et à la figure marquée d’or venait de remettre en doute sa puissance en détruisant ceux qui s’étaient rangés sous sa protection. Son Hutt de compagnie beugla un râle grave, ouvrant sa gueule béante. Fut un temps où il possédait un nom craint et dirigeait une partie de ce territoire. Jusqu’à l’émergence de Gunta, celle qui l’avait détrôné pour en faire un animal difforme, plié à ses moindres volontés. Gunta à la voix si envoûtante et au derme aussi terne qu’une roche érodée.

-Publius…murmura-t-elle, en rabattant son capuchon pour libérer sa longue cheveux de jais. Et elle dressa sa figure au teint grisâtre vers le portail d’où de nombreux speeders émergeaient.

Evadné reprenait progressivement conscience, non sans plusieurs ratés. Dans ses songes, des voix éclataient depuis un océan incertain et à chaque fois qu’elle pensait distinguer un mot ou une expression, le rêve recommençait. Avant même qu’elle n’ouvre les yeux, une douleur au flanc droit lui coupa le souffle et elle se sentit nauséeuse. Au creux de la literie impeccable de sa chambre de soin, elle s’agita, le visage encore marqué d’un hématome violacé. Des cernes pesaient sous ses cils sombres, contrastant avec sa peau livide. Ses mèches blondes se ramifiaient de manière chaotique sur l’oreiller surélevé. Sa part humaine semblait avoir repris le dessus lui conférant un aspect fragile. Elle s’ébroua mollement et ses lèvres poussèrent un gémissement d’inconfort, parce qu’elle se sentait engourdie et avait la désagréable sensation que son flanc ses côtes se disloquaient, malgré les antidouleurs qu’on lui injectait par intraveineuse. Elle n’avait jamais souffert d’un coup aussi rude. D’aussi loin qu’elle se souvenait.. Elle cligna des yeux et ses prunelles d’un bleu aussi irradiant que l’hyperespace avisèrent l’environnement familier. Sa gorge lui paraissait être d’un seul bloc, encombrée comme une station de métro-speeder en heure de pointe sur Mariner Valley. Depuis les limbes de son esprit, elle en déduisit qu’elle avait dû subir une intubation, signe d’une détresse respiratoire. Elle tâtait platement son cou désormais libre de toute contrainte et détourna son minois vers une effluve familière, un parfum masculin dans l’air, un mélange de molécules propre à un seul individu et qu’elle reconnaîtrait sans hésitation au milieu de centaines d’autres.

Elle souhaita se pencher vers lui, inquiétée par le sang dont il était maculé, mais son flanc droit sanctionna ce mouvement encore trop téméraire. Elle était incapable de se mouvoir librement. Quelque chose était enfoncé dans sa blessure récente, sous le pansement : un épais faisceau de tubes translucides qui drainait les corps étrangers et morts résiduels depuis l’opération. Elle ferma les yeux et dégageait le drap qui la couvrait. Elle fixait le drain avec entêtement. Elle en avait déjà retiré des centaines. La douleur serait supportable si le geste était rodé et sec. Elle détacha son pansement, les mains tremblantes, attrapa le tube et prit une grande inspiration pour démarrer un compte à rebours de trois secondes. A deux, elle tira brusquement et se mordit violemment la lèvre pour étouffer un cri de souffrance. Essoufflée, elle rabattit la compresse humide sur sa blessure et enfonça son crâne dans l’oreiller parce qu’il lui fallait récupérer.

-Tu as tenté d’éliminer un « Jedi » à toi seul, dans l’espoir que je ne découvre pas l’étendue de ton incompétence. Résultat : Il a tué deux de mes rabatteurs et torturé Var’E. Un choix stupide, des conséquences désastreuses, énonçait Gunta.

Elle était confortablement installée sur le bar d’une des cantinas qu’elle possédait, Ses longues jambes galbées croisées élégamment. A ses pieds, le Falleen avait ployé les genoux et gardait le profil bas. Une musique entraînante battait l’air, mais aucun client à l’horizon. Elle réglait toujours ses comptes importants à huis-clos. Le tenancier du kiosque n’osait parler, pétri de terreur malgré la voix envoûtante de sa supérieure. Dès qu’il trouvait le courage de lever les yeux, c’était pour être frappé par la vue de ce corps féminin drapé d’une robe ténébreuse. A sa taille gracile pendaient quatre sabre-lasers qui ne lui appartenaient pas, arrachés aux cadavres encore tièdes de Jedis vaincus, dont Izavel Hautfays. Il s’agissait de ses précieux trophées, qu’elle collectionnait avec une affection débordante. Elle ne s’en séparait jamais, comme s’ils éloignaient la mauvaise fortune. Elle fit un signe las et un balosar apparut depuis une entrée de service. Le cliquetis rouillé des roulettes qui soutenaient un chariot se surperposa à la musique de fond. Ce qu’il restait du Twi’Lek somnolait faiblement sur cette chaise roulante improvisée. Ummo n’eût pas assez de bravoure pour affronter cette vision d’horreur.

-Sans parler des dégâts matériels au Corridor Écarlate. Var’E t’avait conseillé de me prévenir. Il m’était fidèle.

-Je peux retrouver ce Jedi, tenta maladroitement le Falleen, et vous le rapporter.

Agacée, elle leva sèchement sa main et il fut propulsé contre un mur proche dans un bruit sourd et douloureux. Elle maintint la pression à travers la Force pour l’écraser sur la paroi miteuse de la salle, jusqu’à sentir son souffle en souffrir.

-Ce n’est pas un Jedi, siffla-t-elle avec colère et ses yeux aux profondeurs obscurs furent colorés de haine, C’est un bâtard. Un être faible, perdu, que j’aurais pu écraser aisément si ta bouche n’avait pas prononcé des ordres de merde.

-De…désolé..Gun..ta, bredouilla-t-il péniblement entre deux bouffées d’air. Il ne pensait qu’à sauver sa peau en échappant à la vindicte de la dame. Il aurait supplié, ventre à terre si cela pouvait lui éviter une mort désastreuse. Il ressentit soudainement la pression retomber et échoua au sol, happant de l’oxygène, la gorge en feu. Gunta se détourna vers le Balosar.

-Je veux que Var’E soit soigné, que l’on fasse appel aux meilleurs médecins et cybernéticiens de Coruscant. Je paierai le prix qu’il faut.

Les Bas-Fonds devaient savoir que Gunta ne laissait pas tomber les siens ; encore moins ceux qui avaient vaillamment combattu. Le petit être aux antennes fragiles se dépêcha d’exécuter ces volontés, disparaissant avec la victime encore inconsciente. Les prunelles onyx de la femme revinrent au spectacle pathétique qu’offrait Ummo, toujours en train d’éponger le plancher de sa sueur et de sa lâcheté. Il serait un excellent repas pour son Hutt de compagnie. Elle ferait en sorte que ce dernier dévore le Falleen, membre après membre. Il n’aurait pas droit à la propreté d’une coupe au sabre-laser.


Les moniteurs holographiques suspendus à des armatures complexes affichaient les mesures de sa tension artérielle, les concentrations d’acides nucléiques, son taux d’oxygène, ses pulsions cardiaques. Deux écrans annonçaient des comptes à rebours distincts : l’un pour la prochaine série d’autophagie, l’autre pour le traitement de la douleur. Evadné serrait et desserrait doucement ses poings, agitait la pointe de ses pieds pour habituer son corps à des mouvements réguliers et dès qu’elle se fut assez échauffée, elle se lança dans une nouvelle tentative pour se rapprocher de Ja’ar. Elle souhaitait s’assurer qu’il allait bien, malgré son assoupissement. Elle ne le réveillerait pas, passer le bout de ses doigts le long de ses mèches opalines suffirait à la revigorer. Les souvenirs de leur descente affluèrent dans un désordre complet. Il lui avait encore sauvé la vie, mais à quel prix ? Un mauvais pressentiment assaillait sa conscience. Elle se sentait terriblement coupable autant pour le Vestyr que pour le Corridor Ecarlate. Eva se fichait de ses origines sociales ou de son passé opaque. Cependant, elle digérait péniblement cette prise de risque constante qu’il déployait dans le seul but de la préserver. Qui lui avait pratiquement coûté sa jambe sur le cargo maudit. Et aujourd’hui ? Quelle part de lui-même avait-il sacrifié pour qu’elle puisse être secourue ? Elle grimaça en se rappelant l’injonction jetée dans l’esprit du preneur d’otage. Elle était responsable, indéniablement. Elle l’avait encouragé à user de son don avant leur entrée dans l’arène parce qu’elle avait jugé que tous les moyens se justifiaient pour le salut de la famille Avasa. Elle en avait oublié ce qui comptait le plus : lui.

-Ja’ar…réussit-elle à souffler et elle eut l’impression d’être une muette qui recouvrait l’usage de ses cordes vocales.

Un élan de tendresse la submergea parce que persistaient les braises du feu de leur hymen. Les soirées passées à rire, parfois à se disputer, puis à rire de nouveau. Les journées entières où ils ne devenaient plus qu’un seul être, de corps comme d’esprit. Ce souffle possessif qu’il faisait courir sur sa peau dénudée aux heures les plus indécentes de la nuit. Ces matins à redécouvrir le monde, étendue à ses côtés. Ce nœud douloureux au ventre quand elle le quittait pour ses obligations. Ce soulagement qui brûlait ses reins quand elle le retrouvait après une longue absence. Les Blumfruits. Le mot fut comme un appel et elle détourna son faciès encore marqué par les épreuves vécues vers le chevet où trônait un panier rempli de ses fruits préférés. Revenant à son amant, elle tendit sa paume pour saisir délicatement la sienne. Ce simple contact redonnea un peu de couleur à son minois. Il somnolait toujours et elle se demanda s’il entendrait les paroles qu’elle s’apprêtait à lui confier et si elle pourrait les déclamer à nouveau. C’était comme une légère brise qui se levait et qui brassait les premiers hululements d’une tempête bouleversante.

-Ja’ar, répéta-t-elle dans un souffle, j’ai failli mourir sans te le dire. Je t’aime. Je t’aime plus que ma propre vie.

La tempête emporterait tout sur son passage, parce qu’il lui fallait demander des explications sur sa toxicomanie, ce mensonge par omission qu’il avait couvert si longtemps. Les réponses feraient sans doute voler son cœur en éclat. Mais cet amour aussi sincère qu’insensé avait des attaches si profondes en elle qu’il ploierait avec les épreuves et ne briserait jamais.


Un sordide craquement d’allumette brisa l’air sec. Hill embrasa le bout de son cigarra et remit son feutre en place au sommet de son crâne à la calvitie avancée. Sa peau sombre d’humain reflétait les lueurs écarlates de la cantina où il devait rencontrer Gunta. Des hommes du FDP étaient postés à l’extérieur. Les choses tournaient rarement mal avec la baronne du 1313, mais cette histoire de Jedi puait. Il le sentait comme les ordures déversées par tonnes dans les caniveaux du Niveau. Cette fois-ci, ce serait peut-être différent. Et il était trop proche de la retraite pour s’avouer vaincu.

-Qu’est-ce que je vous sers Inspecteur ? C’est la maison qui offre.

L’ombre féline de Gunta émergea derrière le comptoir, auréolée d’ironie. Sa main aux longs doigts fins agrippa une bouteille de rhum corellien et un verre translucide. Il toussota un peu et ses prunelles claires avisèrent son interlocutrice derrière d’épais sourcils bruns. Elle ne possédait pas la beauté de la plupart des humaines, mais dégageait un charme à l’attraction puissante, souligné par son regard charbonneux qui faisait oublier son derme à la teinte grise. Il se demanda quel âge pour une femme aussi crainte. La trentaine peut être ?

-C’est la merde. Vos gars y sont pour quelque chose visiblement.

-Ah. Les FDP ont fini par trouver des cadavres. Toujours la même réactivité légendaire, dit-elle en lui servant la boisson avec élégance.

-Je ne vais pas tourner autour du pot. J’ai besoin des enregistrements holographiques de surveillance du Corridor Ecarlate.

-En panne.

-Comme c’est pratique…écoutez Gunta,, je…

-Vous êtes las inspecteur, je sais, souffla-t-elle sans le quitter des yeux, flirtant avec les verrous de son esprit de policier aguerri, s’immisçant dans la moindre faille grâce à la Force. La retraite approche. Vous avec une belle vie qui vous attend niveau médian. Cette affaire pue le bourbier. Des histoires de Jedi fou. C’est annonciateur de paperasse et vous êtes las, Hill. Ils n’auront qu’à envoyer un petit bleu pour ramasser les ordures du 1313.

-Ouais, approuva-t-il après une gorgée de rhum, je suis las. Et cette affaire pue.

-Dîtes à vos hommes que c’était une simple échauffourée. Il n’y a pas de Jedis dans ce district. J’ai le contrôle de la situation.

-Je suis fatigué, répéta-t-il en quittant son siège pour viser la sortie.

Les iris ténébreuses de Gunta le suivirent jusqu’à ce qu’il disparût. Du plus profond de sa poitrine, elle émit un soupir impatient. Les FDP ne lâcheraient pas si facilement l’affaire. Il ne s’agissait pas d’un simple trafic de drogue que l’on laissait prospérer en graissant quelques pattes. Publius, se remémora-t-elle avec un fin sourire. Elle n’oublierait pas ce nom. Bien sûr, elle hibernerait, dans les abysses du Niveau 1313, tel le léviathan qu’elle était. Mais à son prochain réveil, ses yeux et ses narines se tourneraient vers une seule proie.


La respiration de la toute blonde était régulière, mais lente. Entre ses lèvres encore marquées d’un récent combat, ses expirations ressemblaient à des soupirs mélodieux. Elle n’avait pas lâché la main de son amant et réfléchissait à toutes ces choses qu’il fallait se dire. La drogue, la Force. Connaissait-elle vraiment l’homme dont elle était tant éprise ? L’idée qu’il eût une seconde vie, lors de ses absences, la terrifiait. Peut-être l’avait-elle trop étouffé, que tout ce faste ne lui avait jamais convenu ? Camina l’aurait traitée de naïve. Elle détourna son faciès vers le chevet et sa main libre effleura le panier de Blumfruits. Elle se mordit l’intérieur de la joue. Avait-il fait semblant de les aimer ? Du mieux qu’elle put, elle souleva la corbeille et la déposa sur ses cuisses. L’arête d’un datapad reluisit sous la lueur éclatante des néons médiaux.

Ja'ar Austhis
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- J’en veux bien un également.

Le Semi-Kiffar reprenait tout juste conscience et sa voix rompait le chant monotone des bips réguliers émis par les machines de soins chargées d’évaluer et surveiller en temps réel la santé de la jeune femme. Faisant suite à ces quelques mots, deux toussotement légers prenaient la gorge du mécanicien. Ce n’était pas étonnant, la dernière crise remontait à plusieurs jours déjà et il devrait payer ses excès physiques récents à un moment ou un autre. Il ne s’agissait là que d’un avertissement, la crise arriverait plus tard. Dehors, les nuages sombres avaient laissés la place à un soleil radieux, bien que régulièrement barré par les ombres de vaisseaux alignés s’engouffrant dans les couloirs aériens denses de la cité. Tandis qu’Evadné tournait la tête vers lui, laissant échapper un soupir de soulagement, Ja’ar lui offrait son plus beau sourire. Un sourire franc, complice et chaleureux. Il était rassuré de la savoir enfin sauve, éveillée et à en croire les écrans de diagnostic, plutôt en bonne santé. Bien que non apprêtée et la mine déconfite, il la trouvait toujours aussi belle. Ignorant la douleur, elle s’était décalée prestement sur le coté pour l’embrasser sans porter attention aux quelques Blumfruits qui lui échappèrent et tombèrent au sol accompagnés par le mystérieux datapad. Les traits sur le visage du métis trahissait son état de fatigue. Après la confrontation avec Var’E qu’il tentait d’effacer de son esprit, il avait traversé en boitant nombre de rues dans les bas-fonds aussi vite qu’il le pouvait tout en portant sur son dos la belle blonde jusqu’à trouver un transport à même de les ramener dans la haute ville. Il avait dû se montrer désagréable à plusieurs reprises en attendant le taxi pour éloigner les petites frappes trop curieuses et les mendiants insistants. Une fois à bord, il avait tenté à nouveau de prodiguer des soins à sa douce mais en vain, l’obscurité faisant toujours barrière. L’urgence imposait d’aller à la clinique la plus proche et ils n’avaient pas poussés jusqu’au quartier Fobosi, descendant au premier centre de soin venu une fois sorti de la ville basse. A bon port, le mécanicien s’était jeté hors du véhicule laissant un pourboire généreux au pilote Duro et avait puisé dans ses dernières réserves pour porter la blessée jusqu’aux urgences. La prise en charge avait été rapide, mais il avait refusé de s’éloigner de la jeune femme, haussant la voix régulièrement en insistant pour ne plus être séparé d’elle. Il avait refusé qu'on s'occupe de lui, n’avait pas même prit la peine de se nettoyer le visage ou de se changer et était resté au chevet de la belle politicienne dès son installation dans une chambre individuelle. Il était tombé de fatigue après plus de 30 heures sans fermer l’œil, et un Blumfruit serait la parfaite dose d’énergie qu’il lui fallait pour reprendre corps. Alors qu’elle lui tendait l’un de rare fruit succulents rescapé de la bousculade et qui n’avait pas roulé sous le lit, il affichait furtivement un air plus grave. Il voulait caresser le visage de la jeune femme, mais se ravisait. Il se revoyait pressant ses pouces contre les orbites du Twil’ek, et l’odeur du sang de Var’E qui avait imbibé ses gants le renvoyait à des actes qu’il n’assumait pas. Ses mains avaient été meurtrières, pour la seconde fois de sa vie. Il était hors de question de la toucher ainsi, comme si cela reviendrait à salir sa pureté. Il retirait ses gants qu’il rangeait dans l’une de ses poches et se contentait de saisir simplement la main de la jeune médecin. Initialement sincère, son sourire devint forcé, tentant de dissimuler son mal être. Il l’avait sauvée, ainsi que les otages mais à quel prix…et il y’avait toujours ces non-dits qu’ils devraient éclaircir. Sa joie se changeait en appréhension et en tristesse. Par où commencer ? Elle le regardait amoureusement et il craignait que se ne fusse la dernière occasion pour lui d’en profiter. Rassemblant son courage, il brisait le silence.

- Comment te sens tu ?

La voix de la jeune manquait de vigueur, témoignage de son état encore faible.

- J’ai l’impression d’avoir constamment le cœur au bord des lèvres et qu’il me manque des côtes, mais je me sens vivante. Grâce à toi...mais, tout ce sang qui te couvre? Que s’est-il passé ? Je ne me souviens de rien si ce n’est des Avasa qui partaient enfin...

Était-ce son métier qui la poussait à aller directement vers la santé des autres ? Encore aujourd’hui, tandis qu’elle était alitée elle s’inquiétait encore et toujours davantage pour lui que pour sa propre situation. Ce n’était peut-être pas le meilleur endroit pour entrer dans les détail, et il n’en avait pas le courage. Mais il lui devait un minimum d’honnêteté.

- Avasa et sa famille vont bien, FX me l’a confirmé avant-hier.

Il fallait commencer par le positif, la jeune femme ne saurait être attentive sans d’abord avoir la confirmation que leur escapade ne s’était pas soldée par une tragédie. Avant de continuer, il se levait de sa chaise et se dirigeait en boitant vers la fenêtre donnant sur les nuages. Sans soins d'entretien, les douleurs dues au tir de plasma sur sa cuisse rappelait régulièrement à l'ordre le métis lors de ses déplacements.

- Je suis restée longtemps alitée ? lâchait-elle après un soupir de soulagement qu’elle avait accompagné d’un sourire, de ceux qui le faisait craquer. Il n’en profitait hélas pas, concentrer sur la suite de la discussion, la partie difficile.


- Deux jours, presque trois. Le…Twi’lek qui nous avait fouillé à l’entrée…

Sa voix était hésitante. Il se revoyait à torturer le criminel, en parler l’obligeait à faire face à la haine qu’il avait laissé prendre les rennes.

- Il t’a tiré dessus.

Alors que jusqu’à présent il regardait le belle, il détournait désormais le regard vers l’extérieur et observait le ballet des véhicules, une façon de ne pas avoir à soutenir la déception qui poindrait dans le regard de la jeune femme. Elle avait porté instinctivement une main à son flanc, comprenant enfin l’origine de sa blessure, et sa gravité. Lui désignait d’un geste tremblant ses cheveux détachés souillés par les projections d’hémoglobine du Twi’lek.

- Ce…n’est pas mon sang… Ni le tien.

Les craquement des os du visage de Var’E qui résonnaient lorsqu’il avait martelé son visage de coup de poing tintait à nouveau dans son esprit. Il revivait presque la scène, s’observant en train de briser une vie et une larme perlait sur sa joue. Pendant ces deux jours qu’il avait passé à attendre qu’Evadné reprenne conscience, il avait fui cette vision. Il avait nié les événements de cette nuit et s’était concentré sur la survie de la jeune femme seulement, comme si son esprit l’avait protégé de l’horreur qu’il avait commise. Évoquer tout ceci à voix haute lui renvoyait son échec, et dans le reflet de la vitre il semblait voir le regard réprobateur de Kalis.

- Je ne comprends pas....à qui appartient-t-il alors et comment s'est-il retrouvé sur toi ?

La question appuyait davantage la culpabilité du mécanicien qui restait silencieux. Il n’osait plus tourner la tête vers elle, se sentant honteux. Ses bras qu’il croisait d’ordinaire lorsqu’il s’adressait aux autres se retrouvaient ballants et tremblants le long de son corps. Il n’avait pas fait que mutiler la chair du criminel, il avait également réduit son esprit en cendre, le transformant en un légume impotent jusqu’à la fin de ses jours. Et le pire dans tout cela était qu’il y avait presque prit goût. C’était au-delà de son comportement irresponsable dans le Corridor Ecarlate. C’était…

- …l’obscurité. Je te demande pardon mon amour. Je ne suis peut-être pas digne d’être à tes côtés. J’ai failli.

Un silence teinté d’incompréhension s’installait durant de trop longues secondes. Les bruits de pas du personnel hospitalier se mouvant dans le couloir devenaient perceptibles. Quelques chambres plus loin des gémissements retentissaient, signe du départ précipité d’un patient abandonnant sa famille aux affres du deuil. C’était au tour d’Evadné de rompre le silence pesant qui devenait envahissant.

- Pardon ? Comment as-tu pu faillir alors que grâce à toi nous sommes encore en vie? Que la famille Avasa est saine et sau..

Il coupait brutalement la jeune femme et osait enfin affronter son regard.

- Parce que j’ai chuté Eva !

Il venait d'hausser le ton, son débit de parole s’accélérait et un mélange de colère et de tristesse ponctuait sa déclaration.

- J’ai chassé ce mandalorien sans en mesurer les conséquences, et non seulement je ne l’ai pas arrêté, mais en plus Avasa a été blessée par ma faute et mon orgueil ! Et quand ensuite on t’a tiré dessus, je n’ai pas su te protéger non plus !

Il baissait les yeux et avisait ses mains dont il maudissait l’œuvre morbide.

- je…je me suis jeté sur ce Twi’lek. J’ai laissé mes sentiments prendre le dessus sur ma raison, j’ai laissé mon cœur s’obscurcir. Je l’ai…

Soudainement sa gorge se nouait. Prononcer les mots suivants était une tâche bien plus ardue qu’il ne l’avait imaginé.

-…Je l’ai roué de coup. Sans retenue. Je l’ai mutilé… gravement.

Il reprenait un ton plus simple, un débit de paroles plus calme. Sortir cette vérité pesante l’avait comme essoufflé.

- J’ai presque cru qu’il t’avait tuée, que je t’avais perdue pour toujours. Tout ce que je voulais, c’était lui faire mal. De lui transmettre toute la douleur qu’il venait de m’infliger en levant son arme sur toi. Ce n’est pas…ce n’est pas la voie qui m’a été enseignée. Je l’ai toujours revendiqué mais cette nuit-là, ça avait un autre sens. Je ne suis pas un Jedi. Pardonne moi…

La belle blonde n’eut le temps de répondre que la porte de la chambre s’ouvrait avec fracas. Dans son encadrure se tenait un Mirialan qui finissait de houspiller sèchement un infirmier Besalisk. Ses cheveux d’un blanc jauni contrastaient avec l’émeraude de sa carnation et l’onyx de son regard. Plusieurs tatouages rituels, inhérents à la culture de son espèce, ornaient le visage d’un homme mûr aux traits agréables. Une longue cicatrice naissante sur sa mâchoire et courant dans son cou disparaissait sous le col roulé d’un treillis militaire dissimulé en partie par une blouse de médecin sur laquelle figurait quelques décorations encadrant le nom et le grade du charismatique médecin militaire. Ja’ar l’avait déjà remarqué la veille au détour d'un couloir alors qu’il avait dû quitter le chevet d’Evadné pour soulager sa vessie. Ce docteur avait tourné en ridicule un jeune interne Togruta devant toute une équipe pour avoir mis plus d’une minute à poser un cathéter sur un patient Iridonien. Ja’ar observait avec défiance ce nouveau venu et priait la Force qu’il s’agissait d’une erreur, qu’il ne fusse pas le médecin en charge du dossier de sa compagne : Il n’aurait pas la force de supporter un praticien zélé et désagréable. Il fut toutefois surpris de constater de par l’accueil qu’elle lui prêtait qu’Evadné semblait connaître le Mirialan. Ja’ar s’apprêtait à saluer sobrement l’entrant mais il fut stoppé par une quinte de toux. Portant ses mains à sa bouche, quelques gouttes de sang venaient confirmer sa crainte du réveil tandis qu’une nouvelle crise se profilait.

Balian Atraïde
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Journée de merde…je dirai même plus, semaine de merde ! Je devais avoir un karma pourri…J’avais froissé une divinité étrangère…une puissance occulte…la Force elle-même ? Ce n’était pas possible autrement !


**
*

Trois jours plus tôt
Unité Médicale
Centre de Formation Militaire - Coruscan
t


- NON ! NON et NON !

Le Commandant Powel m’observait avec un sourire en coin. Il se délectait de la colère liée à la panique qui se lisait sur mon visage alors que je vociférais littéralement suite à l’annonce qu’il venait de me faire.

- Ce n’était pas une suggestion, ou une requête Sergent…mais un ordre.

Je revins vers lui, m’appuyant sur son bureau à deux mains, pour me pencher un peu plus vers lui, m’assurant d’avoir toute son attention, qu’il ne daignait pas m’accorder, poursuivant la lecture de cette foutue « Demande officielle » à mon encontre.

- Mon Commandant je vous en prie ! Je ferai les permanences pendant un mois ! Je m’occuperai de l’inventaire ! Mais par pitié pas ca !

Il haussa un sourcil et repris :

- Vous essayez de marchander avec moi sergent ?
- Ca fonctionne ? fis-je à la limite du sarcasme.
- J’ai bien peur que non …
- Deux mois ? tentais-je…je soupirais…Mais comment le service va-t-il tourner ici si je ne suis pas là ?

Son sourire s’élargit et cette fois il leva les yeux vers moi, il jubilait cet espèce de salopard.

- Je vous laisserai bien continuer Atraïde pour voir jusqu’où vous êtes capable de mettre votre foutue fierté de côté pour échapper à une mission qui vous débecte…(connard) mais je n’ai pas le temps pour cela. Vous irez donc faire bonne figure au Centre Médical Principal de Coruscant en tant que médecin militaire pour assister nos confrères et leur assurer le soutien du Service de Santé des Armées et ainsi exercer un échange de méthodologies et de pratiques médicales de terrain. Je crois savoir que vous connaissez déjà les lieux n’est-ce pas Doc’ ?

Un peu trop bien même…C'était là que je travaillais en tant que cardiologue et diagnosticien certifié...avant l'armée. J’hochais la tête et il me tendit son datapad pour que j’y appose ma signature pour la prise de connaissance de ma nouvelle affectation temporaire.

- Rassurez-vous Sergent. Le Docteur S’Trazsa se chargera de votre unité médicale ici. Vous êtes affecté aux Service des Urgences… (fait chier !) et ce n’est qu’une petite semaine. Qu'est-ce qui pourrait mal aller ? Rompez.

Je serrai les dents. « Faire bonne figure »…tu parles. Ça voulait dire cirer des bottes et jouer les gentils toubibs affectueux et paternalistes, et réaliser ce que je détestais le plus…ces maudites consultations. L’Enfer…



**
*


En arrivant sur place, je réalisais que mes estimations à propos de mon calvaire étaient en deçà de ce que j’avais pu imaginer. Je me retrouvais donc au Service des Urgences, comme médecin militaire consultant. Mais vu le manque d’effectifs, j’avais une forte dose de travail. J’étais également chargé de l’encadrement d’un petit groupe d’internes. Autant vous dire que c’était le pompon ! Moi qui détestais faire du baby-sitting j’étais servi. Quand je ne les reprenais pas sur leur incompétence lamentable et affligeante, j’assurais les consultations, priant pour qu’une urgence intéressante ou sanglante vienne agrémenter ma journée. D’autant plus que je dénotais nettement avec ma tenue militaire réglementaire sur laquelle j'avais passé ma sempiternelle blouse médicale sur laquelle trônaient mon grade et mon identité.

J’avais eu la (bonne ?) surprise de retrouver un de mes anciens collègues lorsque j’officiais autrefois au service de Diagnostics de ce même Centre médical : le Docteur Paul Culber. Il était ce qui se rapprochait le plus d’un ami pour moi lorsque j’étais encore cardiologue et diagnosticien civil.

Les consultations…cela pouvait être d’un ennui…terrible. Tenez, en voici quelques-unes…gratinées.

> Salle d’examen n°3 : une femme se présente avec un petit « cornet » plastique. Elle prétend avoir un dérèglement intestinal.

Alors que j’examine son dossier, elle me fait un petit topo :

- J’ai pris du psyllium, comme me l’avait dit un autre médecin, et j’ai réussi à aller aux toilettes. Mais j’ai vu quelque chose dans la cuvette que je n’ai pas pu identifier. Alors je l’ai soigneusement emballé pour vous le montrer.

Et soudainement elle me tendit le fameux « cornet » plastique…

Dégueulasse.

> Salle d’examen n°1 : Un homme d’une soixantaine d’années m’explique qu’il a forcement quelque chose qui cloche.


- J’ai tout essayé, les analgésiques, l’exercice physique, même la médecine douce…rien. Aucun résultat. Et puis ce matin, je sors de mon lit, j’ai plus mal du tout au dos. Alors je me suis dit : « vite faut que j’aille à l’hôpital » ….

Affligeant.

> Salle d’examen n°5, un homme d’environs quarante ans se plaint d’un hoquet persistant.


- J’ai hic tout essayé hic !
- Hummm…je lus à haute voix ce qu’il avait renseigné à l’infirmière : « tirer la langue, vous mettre de la glace dans le cou, vous donner des gifles…vous…pincer les parties » ?...Je levais sur lui un regard désespéré. Se fichait-il de moi ? Devant son air niai j’en conclu que non…Alors j’entrais dans son jeu. Oui effectivement vous avez essayé toutes les techniques médicales de base. Hum…les gifles ce sont de vraies gifles avec le plat de la main ou plutôt avec le poing ?
- Le plat de la main…hic! répondit-il avec le plus grand sérieux. (crétin!)
- Oui…c’est…la technique qu’on nous apprend à l’Université de médecine…Violentes les gifles ? (moi un salopard? jamais!)

Et pour me montrer comment il procédait, il s’administra sous mes yeux ébahis et amusés une belle claque sur la joue. Au même moment où le chef des Urgences passait la porte pour requérir ma présence. Devant l’absurdité de la situation, je ne pus m’empêcher d’en remettre une couche (j'avoue c'était petit de ma part) :

- J’ai pas bien vu…vous pouvez recommencer ? Il s’exécuta. ZBAFF! C’est parfait…Je tournais la tête vers mon collègue : le hoquet.

Mais visiblement mon enthousiasme n’était pas partagé et mon chef de service croisa les bras et m’indiqua :

- Il faut que tu viennes pour l’encadrement des internes Balian.

Sauvé par le gong ! Je me levais, et fis à l’attention de mon patient à qui je ne doutais plus qu’il manquait une sacrée case :

- Un tout petit peu plus fort les gifles…Entrainez-vous, je reviens sous peu.



**
*


Heureusement il y avait quelques « urgences » véritables qui nécessitaient véritablement une intervention médicale.

- Urgence médicale : Blessure au blaster, une jeune femme d’environs vingt ans ! Elle perd beaucoup de sang ! Détresse respiratoire !

Il devait être quatre ou cinq heures du matin quand cette annonce retentit. Nous nous étions précipités, mais une autre annonce hurla à nos oreilles :

- Code rose ! arrêt cardiaque pédiatrique ! On a besoin d’un cardiologue !

La logique voulait que je prenne le cas de la jeune femme, en tant que chirurgien de combat j’étais sans aucun doute le plus qualifié pour traiter une blessure de ce type. Mais le chef de service me saisis le bras :

- Balian, occupe-toi du code rose.
- Tu plaisantes ? Je suis chirurgien de guerre, une telle blessure est plus dans mes…
- Nous savons traiter ce type de plaies ! Ton dossier indique que tu étais cardiologue avant d’entrer à l’armée. Alors va t'occuper de cet enfant !

Les urgences pédiatriques étaient toujours délicates à gérer, surtout pour chez les nourrissons. Ce qui était le cas ici. Une petite cathar d’à peine six mois présentant des symptômes spécifiques : maigreur, difficulté respiratoire, muqueuses pâles, tension artérielle basse, tachycardie, bruits cardiaques rapides et assourdis. La réanimation fut difficile. En examinant son dossier, je fronçais les sourcils et réclamais :

- Il faut un bilan cardiaque complet, ainsi qu’un ECG, et une EchoCG. Imagerie de la cage thoracique, et zone intestinale. Je veux voir son foie et sa rate. Programmez aussi une scintigraphie myocardique.
- Vous pensez à quelque chose ? me demanda un infirmier.
- Myocardite révélée par voie virale répondis-je tout en pianotant sur mon datapad pour lancer le processus d’hospitalisation de l’enfant. Qui est le nouveau chef du service Cardiologie ?
- Heu…le docteur Nolo.

Je grimaçais. Je n’avais jamais pu encadrer ce Twi-Lek.

- Nolo…non mais je rêve…cette andouille à lekku est toujours ici. Où est le doyen ?
- Heu…dans son bureau.
- Bon je vais le voir. Ha et trouvez-moi où se trouve la jeune femme qu’on a amenée tout à l’heure en même temps que la petite.


La petite cathar était sauvée pour le moment. Je n’avais qu’une idée, trouver ma blessure ouverte par tir de blaster. Mais j’avais oublié un léger détail…les parents de ma petite patiente. Ils m’assaillirent à la seconde où je quittais la salle de réanimation où se trouvait leur bébé. Je n’étais pas doué pour rassurer les proches des patients. Et allez savoir pourquoi, sans doute le lieu et les circonstances de ma présence ici, mais je n’étais pas du tout d’humeur pour demeurer patient et avenant.

Il m’avait fallut du temps pour me débarrasser de ces… « parasites ». Je comprenais leur inquiétude, mais ma patience n’en demeurait pas moins limitée, tout comme mon empathie. Et ceux qui allaient en payer les conséquences, c’étaient mes collègues. A commencer par le Doyen que j’allais trouver dans son bureau :

- Pourquoi les bilans que j’ai demandés pour la cathar ne sont toujours pas fait ?
- Docteur Atraïde...je vois que vous êtes resté fidèle à vous-même. Toujours cette arrogance et ce ton supérieur. Ce n’est pas à vous de prendre ce genre d’initiative. Je vous rappelle que vous ne faites plus réellement parti de cet hôpital. Et vous êtes ici en tant que consultant.
- Sauf qu’on m’a demandé d’intervenir sur la petite boule de poil en tant que cardiologue alors laissez-moi faire mon travail ! Sinon qui va le faire ?
- Le Docteur Nolo est le chef du Service Cardiologie, il va très bien gérer cela.
- Vous êtes en train de me dire qu’on a donné ma place à ce crétin d’ivrogne incompétent ?
- Ben…vous aviez bien vos petites doses…
- Oui mais moi je suis compétent. Dites à Nolo que je prends la main.
- C’est non Atraïde !
- Très bien, on peut être sûr qu’il passera en revue les raisons courantes qui font que quelqu’un a le cœur qui bats si vite qu’il va éjecter de l’air et non du sang…Moi sarcastique ? jamais. Je pris un air faussement intrigué et repris : non mais attendez, c’est de la science-fiction ca non ?

Je sortis du bureau du Doyen en étant particulièrement remonté.

- Enfoiré…marmonnais-je pour moi-même…a pas changé d’un poil…Suis cerné par des incapables.

L’infirmier qui m’avait assisté au sujet de la petite cathar me rejoignis :

- Alors on fait quoi pour Ri’ina ?
- Qui ? fis-je sans décolérer.
- Ben…le bébé que vous avez sauvé tout à l’heure.
- Ha…la boule de poil…Faites traîner le transfert au service cardio. On va tacher de la garder ici le plus longtemps possible. Le temps que le diagnostic soit posé. On va devoir faire ca à l’ancienne. Tâchez de lui faire faire les examens de base. Il s’éloigna pour exécuter mes ordres mais je le rattrapai pour lui demander : avez-vous trouvé la fille qui a pris un tir de blaster ?
- Ha oui, elle s’appelle Evadné Publius.

J’écarquillais les yeux, surpris :

- Hein ? Vous avez dit Publius ? Comme la blondinette qui sert d’ombre et d’assistante à cette connasse de Sénatrice de Cadézia ? Evadné Publius interne en Pédia…Je stoppais net mes propos. La Force serait-elle avec moi en cet instant ? Evadné Publius était interne en Pédiatrie ! Je bousculais l’infirmier pour trouver la toute blonde, non sans ordonner : transférez-moi son dossier, et le numéro de la chambre où on l’a mise. J’espère qu’ils l’ont bien soigné ces andouilles et qu’elle va être en mesure de servir à quelque chose.

L’infirmier me regardait avec un air des plus dubitatifs :
- Vous…voulez la soigner pour qu’elle…
- … fasse son travail de toubib oui ! Cette fille gâche un talent certain en se contentant de cirer les pompes d’une harpie détestable qui se croit le centre du monde. Ma démarche est certes pragmatique, mais la vie d’un bébé est en jeu. Qui plus est celle de Publius aussi. Je lui donne l’occasion de faire ce qu’elle aime le plus au monde : jouer au docteur. Est-ce un mal ?
- Je…heu…crois que non.
-Alors qu’est-ce que vous attendez ?
- Mais, Docteur Atraïde, la demoiselle en question sort tout juste d’opération. Et vous avez les internes à encadrer sur la chirurgie d’urgence.


La poisse…les internes…je les avais oubliés ceux-là. Et croyez-moi ce n’étaient pas des cadeaux…comme ce Togruta pas foutu de poser un cathéter correctement dans un temps décent.

- Alors vous attendez quoi ? Votre café au pieu ? Il ne va pas se poser tout seul ce cathéter ! Vous êtes d’une lenteur accablante ! Je ne voudrai pas de vous comme assistant sur un champ de bataille ! Le patient aurait dix fois le temps de mourir ! Et moi aussi…d’ennui !

Je m’étais interrompu dans mon élan de colère à l’encontre du pitoyable interne que je venais de rabaisser en public. Je ressentais quelque chose d’étrange…une présence dans la Force ? Un sensible serait-il ici ? Un rapide coup d’œil autour de moi. Ce fut fugace, et j’avais beau me concentrer, je ne sentais plus rien.

Semaine de merde…journée de merde…


**
*



- Docteur Atraïde !

C’était un comble…j’avais ENFIN la possibilité de venir voir Evadné, et je venais une fois de plus de me faire harponner alors que ma main se trouvait prête à activer le mécanisme d’ouverture de la porte de sa chambre. Quand allait-on me foutre la paix! Je me tournais vers un infirmier Besalisk, le regard noir.

- Docteur, voila les premiers résultats sur la petite cathar, mais le docteur Nolo demande le transfert de la patiente.

J’avisais les données qu’il me tendait, les saisis, et ouvris un peu brutalement la porte de la chambre de la blondinette en renvoyant l’infirmier d’où il venait :

- Trouvez une excuse n’importe quoi ! Mais retardez ce foutu transfert ! Mettez-vous les parents dans la poche s’il le faut !

Et j’entrai dans la chambre, fermant la porte plus doucement que je ne l’avais ouverte. Je reconnu facilement la blondinette que j’avais rencontré au cours d’une visite de la station médicale flambant neuve de Coruscant. D’un regard rapide, j’observais ses constantes, elles semblaient bonnes. J’adoucis quelque peu mon air dur et fis à la jeune femme :

- Alors mademoiselle Publius, on joue les gardes du corps ? Ce n’est pas dans un tel état que je pensais vous croiser de nouveau…Au moins votre « charmante » Sénatrice n’est pas dans parages.

Je m’approchais du lit en avisant l’individu qui se trouvait là également. A première vue il ne payait pas de mine et on aurait dit un mécanicien…Un mécanicien sanguinolant cela dit. Mais surtout je réalisais qu’il ne m’était pas inconnu…Du moins pas au sens strict. Cette présence que j’avais sentis dans la Force…c’était lui ! Un Jedi ?

La trentaine, il avait des cheveux argentés – quoique maculés de sang – qui n’étaient pas sans me faire penser à ceux de See’Ryl. Un Arkanien ? A voir. Un de ses yeux était effectivement blanc. Instinctivement mes yeux se baissèrent vers ses mains…Je cherchais les caractéristiques habituelles des Arkaniens. Et je ne fus pas déçu en repérant les quatre doigts. Je n’eus cependant aucun signe qui laisserait sous-entendre une quelconque aversion sur ma découverte. Ma meilleure amie était une enfant d’Arkania après tout. Je remarquais un tatouage doré sur le visage de l’inconnu qui s’était avancé pour me saluer.

Mais il n’en eut pas l’occasion, et je vis son corps se secouer dans une violente quinte de toux. Je fronçais les sourcils en le voyant porter sa main à sa bouche et révéler ainsi la présence de quelques gouttes de sang. Voila qui n’augurait rien de bon, d’autant plus qu’il avait l’air épuisé. En une fraction de seconde j’étais à ses côtés, une main sur son épaule, alors que je débitais mon jargon médical en quête d’un diagnostic à poser :

- Expectorations sanglantes. Ça vous arrive souvent ? Vous avez été blessé ?

Evadné Publius
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Presque trois jours. Elle repensa aux empreintes de l’intubation, à la probable détresse respiratoire qu’elle avait dû endurer. En silence, elle passa tous les scénarios de sa prise en charge médicale. Être opérée sous respirateur artificiel. Ses traits dessinèrent une grimace fugace, bien vite chassée par le souvenir que la famille Avasa allait bien. Progressivement, les pièces du puzzle – qui ne cessaient de changer de forme depuis la nébuleuse de sa mémoire, se replaçaient. Elle s’était toujours crue au-dessus de ce genre de menace. Contrairement à son père, exposé en permanence aux risques d’attentat, elle n’aurait jamais envisagé qu’une personne puisse vouloir la tuer avec autant d’ardeur. La rencontre avec la réalité la percuta plus douloureusement que le poing de Var’E contre son minois. Son esprit baignait dans un océan d’incompréhension. Ils étaient en vie, tous les deux. La page du Vestyr s’était définitivement refermée sur ce lit médical. Pourquoi cette distance ?

- Pardon ? Comment as-tu pu faillir alors que grâce à toi nous sommes encore en vie? Que la famille Avasa est saine et sau…


-Docteur Erinwright.

-Madame la Sénatrice, vous tombez mal. J’ai une urgence, se dédouanait-il en chipotant son comlink. Il engagea une fuite en avant au pas de course et elle le talonna.

-Mon assistante ne s’est pas présentée à la séance d’hier. Ni à celle d’avant-hier. Est-elle ici ?

-Ecoutez, je suis son directeur d’internat, pas sa babysitter. Publius est engagée sur beaucoup de fronts, mais je sais qu’elle manque à l’appel depuis hier matin, élagua-t-il, le ton vif et agacé. Parce qu’il avait fallu trouver un remplaçant sur le pouce concernant les consultations qu’Evadné devait assurer et qu’il avait dû se charger d’une partie d’entre elles. Camina l’attrapa brusquement par le collet. Le plaquage contre le mur proche fut rude pour les vieux os d’Erinwright dont le visage se tordit de douleur. Il croisa les iris ténébreuses de la Senatrice dont l’expression entière n’était qu’un masque de fermeté.

-Sabakawala. Si tu couvres encore sa fuite…

-Lâ..lâchez-moi.

Elle fit l’inverse et resserra sa prise aussi déterminée qu’un aigle qui étouffait sa proie entre ses serres impitoyables. Autour d’eux, le personnel médical se rassemblait et des éclats de voix ordonnèrent à Ashford de relâcher ce pauvre médecin. Il manquait d’air et expulsa quelques paroles :

-Une patiente…est arrivée…il y a..deux jours…elle délirait, que Publius était avec elle, dans les Bas-Fonds. Je…je ne sais rien.

-Qué ?!

Abasourdie par l’information, elle ne résista pas lorsque la sécurité du centre de soin l’empoigna pour l’éloigner du docteur. Elle demeura les bras ballants, indifférente aux cris, aux injonctions et au théâtre survolté qu’était devenu le couloir. Son comlink la sollicita de nombreuses fois et elle ne répondît qu’après une énième crise de déni.

-Ashford.

-Camina. J’ai retrouvé la gamine. Centre Médical de Coruscant. Unité de chirgurie.

Derrière ette intonation nonchalante se cachait un Bothan niché dans une planque quelconque à l’autre bout de Coruscant. Il appartenait au modeste mais vaste réseau de renseignement cadézien. Il était seul pour couvrir les soubresauts coruscantis et ne répondait qu’à Camina. A la demande de cette dernière, il avait écumé avec la plus grande discrétion tous les réseaux informatiques des forces de sécurités et des centres médicaux de la ville-monde. Ce travail titanesque avait été abattu en un jour et demi. Des heures interminables durant lesquelles, il s’était dopé aux stimulants et autres drogues inavouables pour chasser fatigue et sommeil. La dernière fois qu’on lui avait administré la tâche urgente de retrouver Evadné Publius, ce fut un échec retentissant. Aujourd’hui, il n’arrivait pas à croire deux choses. Que la petite avait encore disparu. Et qu’on fasse encore appel à lui.

-Tu veux dire, blessée ?

-Madame, vous allez devoir nous suivre jusqu’à la sortie, intervint l’un des gardes de l’hôpital.

-Ya, mais le dossier n’est pas encore à jour. Visiblement, le personnel se touche un peu la nouille là-bas.

-Pashang fong…

-Madame ! Insista l’agent de sécurité.

La Cadézienne l’ignora et se mit à chercher Erinwright d’un regard paniqué. Elle devait absolument retrouver la patiente dont il avait évoqué le témoignage. L’interface de son communicateur était toujours près de ses lèvres et la voix du Bothan grésilla de nouveau :

-En fait. On a récupéré la paquet de Luka, en état. C’est la felota cette histoire si tu veux mon avis.

-Big felota, fit-elle écho en grimaçant. Taki pour les informations. Tu peux transmettre les informations de la livraison aux coordonnées convenues. Et démerde-toi pour me trouver des nouvelles sur l’état de santé d’Evadné. Je suis retenue autre part.



-Parce que j’ai chuté Eva !

Elle eut un léger sursaut, surprise par le changement de ton. Ses prunelles guettaient la moindre gestuelle de son compagnon, le moindre tremblement et elle s’avoua impuissante devant ce récit aussi décousu que glacial. Elle était encore fatiguée, son corps l’assaillait pour un peu de sommeil, mais elle tenait bon parce que d’eux deux, Ja’ar semblait le plus atteint. Elle aurait aimé croire qu’il racontait les actes d’une légitime défense culpabilisante. Qu’il subissait les contre-coups d’un stress post-traumatique particulièrement percutant. C’était correct, ils avaient vécu l’Enfer tant de fois. Ils avaient le droit de faillir, d’être perdus. Toutefois, elle se remémora qu’il n’était pas un être commun, qu’il avait ce lien avec la Force. « Tu uses abusivement de la Force, et c’est la Force qui te dévore », elle avait déjà entendu cet avertissement dans la bouche d’un Jedi au Temple, à l’adresse d’un des Padawans. Ces mots l’avaient terrifiée. Et aujourd’hui, ceux de Ja’ar commençaient à remuer cette peur. Qu’entendait-il par « mutiler gravement » ? Tant d’interrogations brûlèrent ses lèvres, dans l’espoir que les réponses chassent au loin le doute qu’il n’était pas ce monstre qu’il décrivait sommairement.

L’intrusion d’une figure verdâtre, hélas bien connue, avorta sa prise de parole. Ses mots moururent, formant un nœud douloureux au sein de sa gorge sèche. Elle se rendit compte qu’elle avait soif, malgré la perfusion qui hydratait et nourrissait son organisme depuis bientôt soixante-douze heures standards. Elle n’eut le temps de le saluer, de s’expliquer (comme si elle lui devait des comptes), de lui remémorer qu’il était aussi charmant que la Sénatrice dont il évoquait l’absence bénie. Ja’ar ployait déjà sous une nouvelle crise qu’elle redoutait. Elle repoussa brusquement le drap blanc et son élan fut stoppé net par le fil creux de la perfusion. Elle s’en débarrassa avec angoisse, ôtant l’adhésif qui maintenait le cathéter au niveau de sa main.

-Il faut lui administrer un fluidifiant bronchique …maintenant, murmura-t-elle avec inquiétude.

Mais sa voix trop douce, trop basse et légèrement enrouée ne porta jamais jusqu’à eux.
Elle activa en catastrophe la commande pour abaisser son lit médicalisé jusqu’au niveau du sol. Elle glissa hors de la couche et mit à l’épreuve son sens de l’équilibre. Malgré un vertige saisissant, elle parvint à se tenir debout. Un pyjama stérile, d’un vert délavé, couvrait son corps fragile. Ils étaient si proches et pourtant tellement éloignés. Parcourir les quatre mètres qui les séparaient lui parut un défi insurmontable pour ses jambes cotonneuses et fébriles. Elle tenta un pas mal assuré et son pied nu frôla le datapad tombé à terre plus tôt au milieu des blumfruits. Il ne ressemblait pas à celui de son compagnon. Lorsqu’elle se pencha pour le cueillir au creux de sa main pâle, sa longue chevelure emmêlée coula le long de ses épaules. Un mot était grossièrement collé sur l’écran. Elle le détacha avant de le fourrer mécaniquement dans sa poche et son pouce frôla la commande de mise en route de l’appareil. Les voix occupées de Ja’ar – entrecoupée par une toux persistante, et de Balian résonnaient depuis une autre réalité.


-Vous êtes Madame Avasa ?

La concernée reposait mollement sur un lit de soin, bardées de sondes au monitoring incessant. Sous la couverture qui protégeait son corps, son ventre rond dessinait un relief imposant. Ashford soupira. Elle avait réussi à semer la sécurité avec un discours improbable sur une mission républicaine de la plus haute importance.

-Qui êtes-vous ? Souffla l’humaine.

-Camina Ashford. Sénatrice au Sénat Galactique. Je cherche le docteur Publius.

La mine de mère se ferma soudainement. Une ombre terrifiée pris possession de sa figure aux traits sévères. Après de longues secondes, elle expira lentement :

-Elle est morte. Je l’ai vu, mes fils aussi. Ils sont traumatisés, vous comprenez ?!. Un…Twi’Lek lui a tiré dessus. Je vous en prie, laissez-moi tranquille avec cette histoire.

La cadézienne attrapa un siège et le traîna bruyamment jusqu’au chevet de la patiente. Elle s’assit avec autorité et déploya ses jambes galbées sur le lit, bousculant un peu Avasa. Le message semblait limpide : elle n’était pas prête de lui foutre la paix.

-Elle est vivante. J’en ai eu la confirmation ce matin.

-C’est dommage. J’aurais préféré qu’elle reste à tout jamais dans ces bas-fonds de malheur. Elle et son chien de garde. C’est de sa faute si j’ai vécu l’enfer.

-J’ai besoin d’entendre tout ce que vous savez.

-J’ai déjà tout raconté au docteur Erinwright et à l’Inspecteur Bolt.

Bolt, songea la politicienne. Ce nom lui disait quelque chose. Parfait. De mémoire c’était un membre des FDP à la patte facile à graisser. Elle devrait s’en occuper avant que tout cette histoire ne tourne au vinaigre et que Véragan Publius soit informé d’une manière ou d’une autre. Un instant, elle contempla l’humaine fragile et sa progéniture à naître. Premiers témoins d’une affaire qui semblait dépasser l’entendement.

-Cela tombe bien, je ne suis ni l’un, ni l’autre. Vous attendez un bébé ? Félicitations.

Le dernier mot avait été lâché sur un ton si preste et menaçant qu’il aurait pu signifier : Je vais vous l’arracher du bide si vous ne me donnez pas ces informations. Avasa sonda l’abîme sans lumière qui servait de regard à la Sénatrice et y trouva le même avertissement sordide. C’était un cauchemar. Ravalant un sanglot, elle lui délivra les premières péripéties d’un récit qui ne manqua pas de faire grincer des dents Camina.


Les deux hommes furent interrompus par un bruit sourd. Le corps d’Eva était soudainement secoué par de violents haut-le-cœurs. Il voulait expulser le contenu inexistant de son estomac et elle se précipita vers l’évier pour cracher une bile transparente, l’œsophage brûlant. Le choc et un dégoût sourd l’avaient essoufflée. Entre ses doigts, elle serra le datapad qui diffusait toujours la vidéo des sinistres événements du 1313. Jamais au cours de son existence et de sa carrière, elle n’avait cédé au traumatisme de la vue du sang, des plaies ou des os brisés. Cependant, le spectacle d’un combat au déséquilibre flagrant, la brutalité des enchaînements, de la torture et les lèvres de Var’E tordues par une souffrance innommable lui avaient retourné le cœur. L’enregistrement lui faisait grâce du son mais son imagination avait pris le pas sur le silence. Encore penchée, elle dévia son minois rougi par l’effort vers Ja’ar qu’elle darda d’un regard horrifié.

-J’ai besoin de prendre l’air.

Elle chancela vers la porte de sa chambre. Le mécanicien eut un mouvement et elle lui opposa une mine affligée, lui interdisant de tenter ne serait-ce qu’un micro-geste en sa direction.

-Non, souffla-t-elle. Je pense que. Je pense que tu n’aurais jamais dû me sauver la vie sur ce vaisseau. (Elle leva le datapad à hauteur de ses yeux vairons, tremblante) Rien de tout cela ne serait jamais arrivé.

Elle fit un pas de plus vers la sortie, se mordant la lèvre et se détourna vers eux.

-Ce n’est pas la voie que Kalis t’a enseigné, mh ? Et la drogue, c’est une voie qui t’a été enseignée où ? J’aurais pu t’aider, je…je ne demande que ça. Mais tu n’en as jamais parlé ! Et..si tu m’avais avoué cette part de toi...dès nos retrouvailles au Corridor Ecarlate, peut-être que j’aurais pu empêcher tout le reste. Je t’ai serré dans mes bras et tu ne m’as rien dit, pour Avasa, pour…(Elle s’interrompit soudainement et pointa Atraïde d’un index fébrile) Soignez sa felota de toux, d’accord. Ca ne devrait pas être compliqué pour le brillant médecin que vous êtes.

Elle n’avait jamais éprouvé autant de tristesse et de colère. Elle avait l’impression que son cerveau, son cœur allaient imploser sous ce flot de sentiments désagréables. Elle était complètement perdue et ses prunelles tombèrent à nouveau sur l’écran holographique qu’elle détenait. Elle aurait trouvé n’importe quelle excuse pour justifier les aveux du métis, parce qu’elle n’avait pas mesuré la gravité de ce qu’ils sous-entendaient. Les images, elles, ne pouvaient être déformées par le prisme du déni. Semblable à un animal blessé, elle essayait d’ériger de maigres barrières pour éloigner ce qui pourrait l’achever. Elle réprima ses pleurs et quitta la pièce.

L’infirmier Besalisk effectuait sa ronde quotidienne, bardé d’une unité droïde FX7. Cette dernière bipa une série d’avertissements, les senseurs braqués sur une jeune blonde qui progressait difficilement le long du couloir principal. Elle se tenait le flanc droit et semblait avoir connu des jours meilleurs.

-Eh ! Mademoiselle, que faites-vous hors de votre chambre ? FX711 m’indique que vous avez plus de 39 de fièvre.

L’assistant médical émit un son de protestation

-39,5, précisa le soignant.

Elle s’appuya sur le mur pour reprendre son souffle et s’adressa à l’alien.

-Je suis Evadné Publius, j’aurais besoin que vous…

-Aaaaaaaah. L’interne dont parlait le docteur Atraïde, oui, oui. Je vais vous conduire tout de suite au département pédiatrique. Le docteur Nolo est sur le point de transférer la petite Ri’ina. Mais enfin, vous êtes sûre dans votre état ? J’avais dit au docteur Atraïde que c’était une mauvaise idée.

-Ri’ina ? Dit-elle, désorientée, fournissant un effort surhumain pour se focaliser sur le sens des mots de l’infirmier.

-Bah, le bébé cathar arrivé en urgence hier ? Le code rose. Il ne vous a pas expliqué ?

Au terme « code rose », sa conscience bascula en pilotage automatique et le médecin prit rapidement le dessus au milieu de cette tempête de dépression et de regrets. Le datapad reposait dans la poche de sa tenue de patiente. Cependant les images ne cessaient d’assaillir son esprit. Elle repensa immédiatement à Jed et Shen. Son chagrin fut noyé dans l’obligation de ses devoirs.

-Ordonnez à votre droïde de m’injecter de quoi faire tomber ma fièvre et conduisez-moi à cet enfant, s’il vous plait.

Elle tendit fermement le bras vers le robot.

Ses doigts habituellement précis tremblaient alors qu’elle couvrait son faciès d’un masque chirurgical aux motifs de petits ewoks dans une jungle luxuriante. Elle passa une charlotte sous laquelle elle rassembla maladroitement ses cheveux défaits. Sitôt désinfectée et apprêtée, elle s’engagea dans la salle d’examen où reposait le bébé cathar. Emmitouflé au centre d’une grande couveuse, elle était constamment veillée par les senseurs de diagnostic d’un droïde médical. Elle consulta le datapad que l’infirmier lui avait confié, pêchant des informations essentielles sur le suivi médical effectué depuis son arrivée. Se concentrer était rude. Entre deux valeurs, elle revoyait le sabre-laser de Ja’ar trancher un membre de plus.

-Qu’est-ce que vous faites là ? Gronda une voix dans son dos.

Evadné eut un sursaut brusque en découvrant le visage masqué d’un Twi’Lek à la peau pourpre. Un instant, elle crut affronter le retour de Var’E et demeura incapable d’aligner un mot.

-Répondez ou je vous expulse.

-Je suis le…docteur Evadné Publius, interne en pédiatrie.

-Ca ne me dit rien, bon. J’appelle la sécurité.

-Je travaille au Centre universitaire de soins médicaux dans le district de Fobosi, sous la supervision du professeur Erinwright. Je…le docteur Atraïde m’envoie, réussit-elle à répondre d’un trait.

-De mieux en mieux. Ce toxicomane incompétent est pas capable de faire son travail correctement qu’il m’envoie de la bleusaille. Allez, écartez-vous. Nous transférons le bébé en cardiologie.

-Vous faîtes une grave erreur ! S’exclama-t-elle dans un soubresaut de colère. Vous avez consulté les résultats des analyses demandées par le docteur Atraïde ?

-Inutile.

-Ce bébé a besoin de soins appropriés en unité pédiatrique. C’est une infection virale qui a révélé une cardiomyo…

-Tu veux m’apprendre mon métier ? Et le ton avait brusquement changé.

Elle prit une grande inspiration. Sa détresse psychologique la poussait à bout. Elle n’avait plus la patience, ni la foi du diplomate. Cette petite cathar risquait la mort subite à chaque battement de cœur et cet être prétentieux, qui se disait médecin, se permettait d’insister pour la balader de service en service, jusqu’à ce que le collapsus frappe et qu’il faille annoncer aux parents le deuil à venir. Pour Eva, c’était hors de question.

-Voyez ça avec le docteur Atraïde, je suis sous sa supervision et dont ce bébé est le patient. Voyez également ça avec le chef du service de pédiatrie. Ne revenez pas avant d’avoir eu leur felota de signature sur un document valide de transfert.

-Sale petite….éructa-t-il en s’approchant brutalement d’elle. Leur figure n’était qu’à quelques centimètres l’une de l’autre et malgré la barrière des masques, elle fut assaillie par une forte odeur d’alcool. Une effluve qu’elle ne connaissait que trop bien pour l’avoir sentie de nombreuses fois sur Camina Ashford.

-Une autorisation, le coupa-t-elle, essoufflée, sans baisser le regard qu’elle avait planté avec détermination dans celui de Nolo.

-Je vais revenir, sois en sûre. Les petites internes comme toi devraient tenir leur place.

-Et les pashangwala comme vous devraient revoir la signification du mot déontologie.

Le Twi’Lek lâcha un juron dans sa langue natale et quitta brusquement les lieux. Deux infirmières en réanimation assistaient, pantoises, au spectacle. Le docteur Nolo possédait sa petite réputation qui venait de voler en éclat face à une petite blondinette aux yeux de biche. Avisant leur présence, Evadné s’adressa à elles :

-Comment se fait-il que ce bébé n’a toujours reçu de bêtabloquant ?

-Je…débuta la soignante humaine, prise au dépourvu. Je…le docteur Nolo devait…

-40mg, toutes les cinq heures, jusque demain, insista-t-elle avec autorité.

-B..bien.

La jeune interne se détourna vers la couveuse et déposa une main gantée sur la vitre, affectée par le sort de Ri’ina. Elle contemplait cette minuscule boule de poils se battre pour un peu d’oxygène, malgré un rythme cardiaque élevé. Ses petits yeux boursoufflés par des nuits de pleurs incessants, ses joues creusées par un affaiblissement général, sûrement dû à une infection virale. Et toutes ces tubes qui la maintenaient dans un état précaire mais éloigné d’une mort soudaine. Eva se frotta les paupières du dos de la main, épuisée. Elle n’arrivait pas à oublier les aveux de son amant, ni ces images qui les avaient illustrés plus que de raison. Elle partageait sa culpabilité. Sa conscience était aussi entachée de sang que ne l’était celle du mécanicien. Une grimace d’inconfort contraria ses traits fragiles alors qu’elle portait une paume contre son flanc. Elle plongea ses doigts dans la poche du pantalon verdâtre et sortit le datapad. Elle ignorait encore d’où provenait son origine. Le doute l’assaillit. Si elle souhaitait vraiment briser ce cycle infernal, mettre fin à tout ce drame, permettre à Ja’ar de reprendre une vie saine, loin du destin qui la liait à elle, alors elle devrait remettre cet objet aux forces de police. Elle témoignerait en faveur du métis. Peut-être écoperait-il d’une peine de prison, légère si on réussissait à prouver la légitime défense. Peut-être pourrait-elle demander à son paternel de tirer quelques ficelles pour épargner une condamnation au semi-Kiffar, moyennant l’arrêt de leur relation. Une personne sensée se serait tournée vers ces solutions.

Trois coups portés avec la pointe d’un scalpel chirurgical à l’acier endurci permirent de briser l’écran du datapad, ainsi que ses circuits imprimés. Elle donna un quatrième coup, pour la forme. Un cinquième ne tarda pas et elle les enchaîna, exorcisant tous ses sentiments coupables, jusqu’à réduire l’appareil en morceaux éparses. Elle avait l’impression d’effacer cette partie sombre de Ja’ar en détruisant les preuves de son existence. Elle jeta les restes dans un container à déchets biologiques. Elle venait d’enterrer ce Ja’ar-là. Et elle espérait qu’il ne referait plus jamais surface.


Ja'ar Austhis
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- Expectorations sanglantes. Ça vous arrive souvent ? Vous avez été blessé ?

D’un mouvement vif, le mécanicien dégageait la main que le Mirialan avait posé sur son épaule. Il n’avait pas les nerfs suffisamment solides pour passer outre ses problèmes de proximité charnelle. Il s’apprêtait même à repousser ce nouveau venu avec un peu plus de virulence mais fut stoppé par l’étrange sensation qu’il percevait. Comme une petite brise chaude qui émanait du médecin, une petite chaleur discrète dissimulée en son être.

Un sensitif ?

Il répondait sobrement.

- Assez oui.

Le métis dévisageait avec étonnement ce nouvel arrivant. Il dégageait une forme de magnétisme, a l’opposé de ce que le Demi-Kiffar avait constaté la veille. Le Mirialan était presque souriant, invitant à la confiance. Son regard d’ébène semblait scanner le mécanicien, s’arrêtant rapidement sur les quelques endroit de son corps encore douloureux, comme s’il devinait naturellement les causes de tels maux ou tout du moins leur localisation. Ja’ar n’eut le temps de répondre au Mirialan qu’une troisième toux, plus forte que la précédente, crispait son corps fatigué. Chaque quinte secouait ses organes, rallumant le feu des douleurs en partie éteintes héritées de sa fracture des côtes sur le Vestyr, et plus récemment des contusions suite à leur aventure folle dans les bas-fonds. Ses mains qu’il venait de porter à sa bouche rougissait de plus en plus et il devenait impossible de dissimuler la gravité de la crise à l’entourage. Il repoussait une seconde fois le quadragénaire qui tentait de le soutenir et se dirigeait vers la fenêtre qu’il ouvrait, cherchant vainement à aérer ses voies respiratoires par un air moins aseptisé. Il ne remarquait pas l’inquiétude de sa douce qui venait de descendre de son lit et continuait toussoter à petite dose pendant une longue minute, irritant sa gorge au fur et à mesure des quintes. Les remarques et questions du Mirialan étaient couvertes par le brouhaha ambiant généré par les speeders qui croisaient à toutes vitesses dans les voies de navigations encombrées. Brusquement, le Semi-Arkanien fut tiré en arrière et poussé sur une des chaises attenante au lit. Le nouveau médecin venait de hausser le ton, refermant prestement la fenêtre avant de sermonner le mécanicien. Ce dernier n’écoutait pas : frottant ses mains l’une contre l’autre en espérant d’effacer le sang comme par magie, son attention était concentré sur la belle blonde. Elle venait de se jeter sur l’évier, comme prise de nausée. Il s’apprêtait à aller la soutenir quand il fut stoppé par le regard horrifié qu’elle lui portait. Il percevait l’agitation dans son esprit, mais c’était la première fois qu’elle lui prêtait ce genre d’œillade. Aucune bienveillance dans cet échange visuel, seul le dégoût transparaissait et cela lui faisait l’effet d’un couteau planté en plein cœur. Il avait redouté cet instant, plus que jamais.

- J’ai besoin de prendre l’air.

La dureté de l’assertion le frappait comme un coup de massue. Dans les moments de peur ou de doute, c’était lui son réconfort. Tandis qu’il s’avançait pour la réconforter, elle le stoppait d’un mouvement net de la main ponctué d’un « Non » aussi sobre que percutant. Son timbre devenait plus dur et sa voix trahissait ses émotions, mélange de peur, de colère et de tristesse.

Je pense que… Je pense que tu n’aurais jamais dû me sauver la vie sur ce vaisseau. Rien de tout cela ne serait jamais arrivé.

Elle brandissait sous les yeux effarés du mécanicien l’objet de ces ressentiments. Elle savait. Elle savait et sa réaction était ce qu’il avait hélas anticipé. Elle le rejetait. Les mots suivant sonnaient comme autant de poignards qui l’assaillaient et à chacun d’eux un poids semblait s’abattre lourdement sur ses épaules.

- Ce n’est pas la voie que Kalis t’a enseigné, mh ? Et la drogue, c’est une voie qui t’a été enseignée où ? J’aurais pu t’aider, je…je ne demande que ça. Mais tu n’en as jamais parlé ! Et..si tu m’avais avoué cette part de toi...dès nos retrouvailles au Corridor Ecarlate, peut-être que j’aurais pu empêcher tout le reste. Je t’ai serré dans mes bras et tu ne m’as rien dit, pour Avasa, pour… (Elle s’interrompait soudainement et pointait le doc Mirialan) Soignez sa felota de toux, d’accord. Ca ne devrait pas être compliqué pour le brillant médecin que vous êtes.

Alors qu’elle disparaissait dans les couloirs stériles de l’hôpital, il s’écroulait à genoux, silencieusement. Quelques larmes perlaient de nouveau sur ses joues et il tremblait, incapable de faire face à tout le ressentiment qu’il venait de subir. Les mots étaient dur, mais c’étaient les sentiments qu’il avait perçu qui l’avaient détruit. Dans ce genre de cas, percevoir les pensées des autres étaient une malédiction et Evadné avait émis sa colère si puissamment qu’elle en avait ébranlé son amant. Dans le tourbillon de fureur et de chagrin, il avait discerné sa volonté. Elle avait pensé chaque phrase sans aucun doute et son cœur avait parlé aussi clairement que cruellement. Elle lui en voudrait, probablement jusqu’à la fin de leur vie…si un telle vie commune existait encore. Elle avait raison, il fallait qu’il disparaisse de sa vie. Elle serait mieux sans lui, c’était clair désormais. Il voulait se relever mais une nouvelle quinte de toux vint stopper son élan. La crise était violente, embrasant sa gorge comme jamais. La douleur irradiait son corps, coupant son souffle et privant ses poumons d’une énergie salutaire. Il se retrouvait à quatre pattes sur le sol, crachant de nouvelles gouttes de sang dans des proportions plus graves que de coutume, le rapprochant dangereusement de l’anémie.

Sans se faire prier, le Mirialan se jetait à son côté pour aider le mécanicien à se relever, lequel n’avait plus l’énergie nécessaire pour le repousser. Ja’ar n’en avait cure, il sentait le goût de l’hémoglobine envahir sa bouche, sa trachée se gorger de sang. Cela pourrait l’asphyxier qu’il s’en moquait, rien n’égalerait la douleur qu’Evadné venait de lui infliger. Partir serait la libérer. Tandis que le médecin vociférait des ordres incompréhensibles dans le couloir à l’attention d’autre soignants, leur intimant de venir l’aider, le métis chutait lentement dans les ténèbres, sa vision se brouillant de secondes en secondes. Tandis que le docteur Atraïde lui intimait de rester conscient, Ja’ar lui répondait d’une voix faible avant de perdre conscience, les yeux rougis par les larmes.

- Elle…était mon étoile…

Un plafond d’un gris terne accueillait le Demi-Kiffar à son réveil tandis que dehors la nuit semblait bien entamée et que les lumières de la cité illuminait un ciel qui jamais ne se trouvait totalement sombre. Sa tête était lourde et ses membres engourdis. Il constatait qu’il se trouvait désormais dans la même posture que sa belle quelques heures auparavant. Il était relié à une machine qui bipait monotonement ses constantes et était sous perfusion sanguine, donnant une bonne idée de ce qui lui était arrivé. La tenue de mécanicien, soigneusement pliée sur un chaise à proximité avait été remplacée par un pyjama verdâtre. Sa ceinture et son manteau, rangés également. Il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour ses affaires, et se penchait lentement pour se relever vers ces dernières et vérifier si son sabre et son holocron était bien toujours à leur place mais une douleur saillante saisissait son flanc droit. Il passait sa main dessus et sentait une cicatrice fraichement refermée, témoin d’une opération récente, probablement pour ses poumons. Laissant échapper un soupir, il tendait le bras en grimaçant et attirait tout de même sans trop de difficulté son manteau et sa bandoulière qui voletaient jusqu’à sa couche. Un mouvement dans le fond de la chambre finissait par attirer son regard et il constatait la présence du Docteur Atraïde qui n’avait manqué aucune miette du spectacle.

Merde.

Sa couverture était grillée, et la dernière chose qu’il aurait souhaité était d’être découvert qui plus-es dans un tel état de faiblesse. Faisant comme si de rien n’était, Ja’ar fouillait ses affaires en quête de l’héritage de Kalis et laissait échapper un soupir de soulagement en constatant que les deux étaient bien à leur place. Il y retrouvait également le datacron sur lequel il avait effectué une copie des données codées dans le système de navigation cadézien. Cette saloperie avait été la cause de tout ce chambardement, il lui faudrait passer un peu de temps pour le décrypter et comprendre pourquoi. Enfin, il se figeait un court instant lorsque ses doigts effleuraient un tube en verre dissimulé dans l'une des poches intérieure de son manteau. Son dernier bâton de la mort, qu'il sortait. Tandis qu'il contemplait son reflet déformé par le verre et les couleurs fluorescente du contenu, il était partagé entre l'envie de l'inhaler immédiatement pour oublier l'enfer dans lequel il était et celui de le briser sur le sol, les mots d'Evadné résonnant encore dans son esprit. La drogue, elle ne l'aurait jamais accepté non plus. Il se rappelait qu'il n'était pas seul et remettait à sa place le tube, sans un regard pour Atraïde. Ne cherchant pas a refaire démonstration de ses talents, il laissait plié sur le lit ses affaires. C'était également une bonne façon de garder à portée son sabre, en cas de coup dur. Comme à son habitude, il détaillait son environnement dans l'optique d'y trouver quelques failles. Hormis les néons mal entretenus, rien ne sortait de l'ordinaire, et la seule sortie consistait en une unique porte menant sur les couloirs délavés du centre hospitalier. En balayant du regard la pièce, ses craintes étaient fondées : il n’y voyait pas la présence de sa partenaire. Son visage trahissait sa déception et la tristesse pointait à nouveau. Elle avait vraiment fait ses adieux. Le Demi-Kiffar relevait les yeux vers le Mirialian qui s’avançait. Anticipant la question à venir et ne souhaitant pas y répondre, Ja’ar prenait les devant.

- Que m’est-il arrivé ?

C’était rhétorique. Il avait une bonne idée de ce qui était arrivé : il n’avait pas mangé pendant presque 3 jours, et la fatigue couplée aux blessures, à la perte de sang et à une pseudo asphyxie due à sa crise avait probablement eu raison de lui. En sus de la baisse de tension, il avait surement fallu l’opérer d’urgence pour aspirer le sang qui menaçaient de noyer ses poumons, d’où la cicatrice. Une de plus sur les nombreuses qui parcouraient son corps de technicien. Mais il avait posé cette question pour éviter de poser celle qui lui brûlait les lèvres. Il mourrait d’envie de demander où était passée la jeune femme, mais se ravisait. Il se serait attendu qu’elle se montre à son chevet, comme lui l’avait fait mais son choix était manifestement de couper court à leur relation, et il devait respecter ce choix, aussi douloureux fusse-t-il. Même si ses entrailles brûlaient d’une douleur indicible, même s’il se sentait plus vide que jamais. Même si sans elle, il n’était plus rien.

Balian Atraïde
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Le semi-arkanien était en train de cracher du sang, je m’étais donc naturellement précipité vers lui, posant une main qui se voulait réconfortante sur son épaule. Mais il me repoussa. Habituellement les gens qui souffraient ne faisait pas cela…Je fus surpris, mais je mis cela sur le fait de sa souffrance. Sa réponse me fit froncer les sourcils. Cela lui arrivait assez souvent, voilà qui n’était pas bon.

Il m’était plus facile d’utiliser ma capacité de diagnostic à travers la Force avec le contact physique. Mais puisque l’individu semblait contre, j’allais devoir m’en passer. J’étais loin d’être puissant dans la Force, et loin d’avoir maîtrisé mon don. Mais étonnement je parvins sans trop de difficultés à scanner le semi-Arkanien. Il était difficile pour moi d’expliquer ce procédé…la Force est comme un flux qui nous pénètre, lorsque j’empruntais son pouvoir, je suivais les fluctuations émises par Elle et décelais ainsi les zones qui étaient en souffrance. Le chevalier Jedi Luke Kayan et Maître Asho’Tye m’avaient montré comment utiliser le corps et ses systèmes comme une carte certes complexe, mais que ma formation médicale m’avait permis de connaitre et comprendre.

Le corps du mécanicien fut de nouveau secoué, et j’eus à nouveau le réflexe de chercher à le soutenir. Mais il rejeta mon secours, une fois de plus, et se dirigea vers la fenêtre…reflexe classique d’un manque d’oxygène. Si ce type refusait mes soins, cela ne faciliterait pas ma tâche.

- Je dois vous examiner.

Et pour couronner le tout – comme si cela ne suffisait pas – la tête blonde de Publius avait décidé de ne plus jouer à la patiente sage. J’ignorai quel lien les unissait – même si j’en avais une petite idée – et je soupçonnais qu’elle était mue par une forme d’inquiétude. J’allais devoir gérer les deux. Je soupirais…pourquoi je n’avais JAMAIS les patients faciles ?

- Monsieur ? Hé ! Revenez ici, si vous bougez trop cela ne fera qu’aggraver votre cas…Hey ! Vous m’entendez ? Visiblement pas, le semi-arkanien était toujours à la fenêtre, en quête d’une bouffée d’oxygène salvatrice. Bien…il voulait jouer les durs ? Je n’étais pas mauvais en la matière. En quelques enjambées, j’avais rejoint mon « patient », je l’attrapais par ses vêtements (rien à foutre que le contact ne lui plaise pas) et je l’obligeais à poser son foutu postérieur sur la chaise la plus proche, tout en pestant : HEY ! Vous entendez quand je vous parle ? Bordel vous êtes sourd ? Vous voulez mourir ? Je vous dis de ne pas bouger ! vous avez du sang dans les poumons ! Vous allez faire un œdème pulmonaire…et si je ne fais rien…ce sera une embolie pulmonaire ! Alors vous allez arrêtez de me faire chier et me laisser faire mon travail à moins que vous ne préféreriez rejoindre la Force pour de bon !

Pendant que je sermonnais mon récalcitrant patient, Evadné n’était guère plus sérieuse. Or il me la fallait en forme pour ce que je lui réservais. Mais alors que je me tournais vers elle pour lui signifier que son ami était en danger, je la vis prise de spasme, et se diriger vers l’évier pour …dégueuler lamentablement…de la bile.

Génial…je me permis une petite…remarque humoristique (d’un point de vue médical)

- Ha…merveilleux…formidable ce parfum dont vous nous gratifiez très chère (moi perdre patience ? pensez-vous).

Le regard que la demoiselle tourna vers nous me fit cependant réaliser que ce n’était pas le moment de plaisanter. Ses yeux trahissaient une forme de…dégoût. Et ce n’était nullement dû au rejet de son contenu gastrique. Non…c’était beaucoup plus fort. Elle avait l’air dépitée, et répugnée par quelque chose. L’ambiance était particulièrement dérangeante, je ressentais quelque chose de sombre…difforme…Et pourtant je n’étais pas sûr de ce que cela signifiait ou même de si mes sens étaient fiables. Je tournais la tête vers le mécano qui frottait ses mains l’une contre l’autre…Nervosité ? Signe de traumatisme psychologique ? Mon esprit réfléchissait à toute vitesse, cherchant à poser des diagnostics combinant les éléments que je pouvais avoir. Mais ma réflexion fut interrompue par la voix d’Evadné.

- J’ai besoin de prendre l’air.

« Cheveux-blancs » s’était levé et tentait de la rattraper, mais elle le repoussa (bon sang qu’est-ce qu’ils avaient tous à rejeter l’assistance des autres ?). Elle l’avait envoyé sur les roses avec un « non » implacable. Un coup de massue sur la tête de « Cheveux-blancs ». S’en suivi une scène qui me laissa se marbre…Querelle d’amoureux ? Vu la tête déconfite du semi-arkanien et les propos de la Blondinette, ce devait être ça. Les mots qui me parvenaient ne m’apportaient pas grand-chose de prime abord. Il était question de sauver la vie d’Evadné, d’un vaisseau, d’une certaine Kalis qui aurait formé « Cheveux Blancs »…Son maître ? Un mot cependant me fit tressaillir… « drogue ». Je n’intervins pas cependant. Je laissais la miss terminer sa diatribe de reproches. Jusqu’à ce qu’elle pointe son doigt rageur vers moi :

- Soignez sa felota de toux, d’accord. Ca ne devrait pas être compliqué pour le brillant médecin que vous êtes.

Je la regardais avec surprise :

- « F…Felota ? » fis-je avec incertitude.

Ca voulait dire quoi ce mot ? J’avais l’air d’etre un traducteur ambulant ? Et bien sûr que j’étais brillant, pourquoi le dire avec autant de sarcasme bordel…Soudain, la blondinette quitta les lieux, comme ça…sans demander son reste…

- HEY ! Où croyez-vous aller Publius ! J’ai besoin de vous ! Revenez ici ! J’aurai voulu la rattraper mais l’autre andouille de tatoué cru bon de tomber à genoux. Merde…Depuis l’encadrement de la porte j’avisais la miss qui s’enfuyait. Je tournais la tête vers l’hybride qui semblait de plus en plus mal. Je collais un coup contre l’armature de la porte et pestais tout en rejoignant mon patient qui continuait à cracher du sang. Hinuaeak'a! Pourquoi les pires patients sont toujours pour ma tronche !

Mais en revenant vers l’individu – qui ne me repoussa pas cette fois – je réalisais que son cas s’était brusquement aggravé.

- Fais chier ! Je vous avais dit de rester tranquille ! Et Publius qui s’est fait la malle… Je saisis mon comlink et hurlais sur l’infirmier qui décrocha : ici le docteur Atraïde, urgence médicale ! J’ai besoin d’une salle d’opération TOUT DE SUITE ! Un hybride arkanien, la trentaine, présence abondante de sang dans les poumons. Hémothorax ! Pronostic vital engagé ! Hein ? On n’a pas le temps pour une imagerie médicale ! Il faut opérer…DE SUITE ! Non je vais le faire moi-même ! JE VOUS DIS QUE LE DIAGNOSTIC EST DEJA POSE ! Hein ? Un pneumologue ? Pourquoi faire ?! Je vais le faire moi-même ! ESPECE D’ABRUTI ! Je vous dis que je vais le faire moi-même ! Vous croyez que j’ai un pneumologue à disposition quand je suis sur le terrain ?! Un droïde chirurgien sera suffisant ! FAITES CE QUE JE VOUS DIS BORDEL ! J’allais raccrocher quand je repris : Ha et Publius est quelque part dans le Centre médical, trouvez-la et envoyez-là en pédiatrie. Hein ? RIEN A FOUTRE ! Cette gamine a eu assez de force pour se carapater de sa chambre, alors foutez-là au boulot ! La boule de poil a besoin d’elle ! ET DEPECHEZ-VOUS !

Moi à cran ? Sans blague…il fallait quand même dire que je n’étais pas aidé ! Je raccrochais, fulminant, et reportais mon attention sur mon patient qui commençait doucement à sombrer dans les vapes. Je le secouais doucement :

- Eh ! Restez avec moi. Ca va aller. On va vous soigner. Gardez les yeux ouverts…
- Elle…était mon étoile…murmura-t-il…visiblement très affecté par la réaction de Publius.
- Mais oui…vous inquiétez pas…elle va revenir votre étoile. Moi sarcastique ? Pas du tout volontaire !


***



Pendant ce temps Evadné avait eu la « chance » de rencontrer le merveilleux docteur Nolo. Le Twi-Lek s’impatientait que ses ordres de transfert de la jeune cathar n’aient toujours pas été appliqués. Mais Evadné avait eu le bon sens de se dresser contre lui, réclamant que la boule de poils soit transférée en Pédiatrie.

Le bloc opératoire avait été préparé selon les instructions. Nous devions faire vite avant que le joli cœur ici présent ne se noie littéralement dans son sang. Il fut placé sous anesthésie, et je donnais les instructions pratiquer une thoracotomie dans les meilleures conditions. L’incision à hauteur du 4ème espace intercostal sur la ligne axillaire moyenne fut pratiquée par le droïde médical qui m’assistait. La raison ? Je voulais mettre toutes les chances de mon coté et la précision était de mise. Et je n’étais pas sur un champ de bataille. Il fallait insérer le drain correctement sans rien abîmer. Ce fut mon rôle. Alors que j’étais en pleine opération de l’hybride Arkanien-Kiffar (sacré mélange !) mon comlink n’arrêtait pas de sonner. Ce qui avait le don de me taper sur le système.

- Que quelqu’un réponde et fasse cesser ce raffut de malheur ! Comment voulez-vous que je me concentre !

Une infirmière du bloc opératoire pris l’appel, et revint vers moi visiblement gênée :

- Docteur Atraïde, c’est le Docteur Nolo…Il…n’a pas l’air content.

Je soupirais…Mais sous mon masque chirurgical, un rictus se dessina sur mes lèvres pincées. Je fis un geste pour que l’infirmière mette mon cher collègue sur « haut-parleur ».

- Qu’est-ce que tu veux Nolo ? Je suis en pleine op…
- Atraïde ! C’est quoi ce bordel ! La cathar est à moi ! C’est une maladie cardiaque ! Je dois…
- Une question me taraude Nolo…comment un incompétent tel que toi a pu obtenir ce poste de Chef du Service Cardio…
- Comment oses-tu ! Tu crois quoi Atraïde ? Que tu es intouchable parce que maintenant tu es un militaire ? Je sais ce que tu as fait Atraïde ! Et je sais qui tu es réellement !
- Mais oui…mais oui…Ce n’est un secret pour personne dans ce Centre Médical. Je désignais la représentation holographique de la cage thoracique de mon patient et fis à l’attention du droïde chirurgien : passe par-là. Et je reportais mon attention sur Nolo : vu comme tu es en pétard, j’en déduis que mon interne s’est dressée contre toi. Je te conseille de ne pas l’énerver. Tu pourrais le regretter crois-moi.
- Va te faire foutre Atraïde ! Tu as trop peur que tu m‘as envoyé une gosse ? T’es pathétique !
- Hé…c’est toi qui viens vers moi pour pleurnicher qu’on t’a piqué la boule de poils. C’est moi qui l’ai réceptionnée, elle est ma patiente. Et j’ai décidé de l’envoyer en pédiatrie. Histoire de t'éviter de l'achever. En un sens je te rends service.
- Tu n’as pas le droit ! Tu n’es qu’un consultant ! Tu n’as aucun pouvoir ici !
- J’en ai suffisamment…
- Le doyen me soutiendra !
- C’est ça…voit avec le doyen. Excuse-moi j’ai des vies à sauver. Le rôle d’un vrai médecin…rien que tu ne puisses comprendre…

Je fis signe à l’infirmière de raccrocher. Elle hésitait…raccrocher à un chef de service n’était pas bien vu…mais mon regard trahissait un risque de plus gros soucis si elle refusait de m’obéir. Elle s’exécuta donc. Je soupirai…Je ne doutais pas que Nolo allait essayer de me court-circuiter en passant par le Doyen. J’allais devoir faire vite, mais j’étais coincé ici...Je levais à nouveau la tête vers l’infirmière :

- Joignez Publius. Elle doit être auprès de la gamine cathar…service des urgences. Il y eut un temps d’attente…et finalement quelqu’un décrocha : Publius ? Bon vous avez trouvé la Boule de Poils, on n’a pas beaucoup de temps, et je suis coincé avec votre copain au bloc opératoire. Il faut que cette gosse soit envoyée en Pédiatrie. Vous avez dû voir le rapport ? Elle doit avoir une mononucléose qui a mis à jour une myocardite. Les résultats ont du tombé…de quoi s’agit-il alors ?

J’avais des soupçons, mais dans ce cas il s’agissait d’un nourrisson…les résultats étaient nécessaires pour justifier mon idée de diagnostic et je savais que Publius saurait les interpréter. Sa réponse me parvint :

« - Vous parlez de Ja'ar ? Ou...à quel bloc êtes-vous ? Je...les résultats de Ri'ina oui...c'est une mononucléose. D'après les analyses, assez moche mais...j'ai fait le nécessaire pour la pédiatrie. Je suis avec elle. J'ai déjà ordonné l'administration des premiers antiviraux et des bêtabloquants. J'attends les imageries par rapport au muscle cardiaque pour écarter l'hypertrophie. Je..Par pitié dîtes-moi ce qu'il se passe, Ja'ar est-ce qu'il va..»

Sa voix fut interrompue par un sanglot…Ja’ar…c’est quoi ça « Ja’ar » ? C’était donc ainsi que ce type s’appelait. Et malgré le fait qu’elle lui ait pourri la tête un peu plus tôt, elle était visiblement inquiète pour lui…Touchant…vraiment. Mais nous n’avions pas de temps pour cela, avec une once de sévérité je repris :

- On se calme jeune fille ! Votre ami est entre de bonnes mains. Nous sommes en train de l’opérer, il fait un hémothorax. Je me charge de lui. Mais du coup j’ai besoin de vous auprès de Ri’ina. Alors vous allez vous ressaisir. Vous êtes un médecin ! Vous avez une vie à sauver, vous devez vous concentrer la dessus Docteur Publius. C’est compris ? Vous avez bien agi pour les médicaments. Mais en fonction des résultats vous devrez être en mesure de réagir rapidement si une opération s’avère nécessaire !

Certes j’étais quelque peu sévère avec la jeune femme. Mais je voulais lui faire prendre conscience de ses compétences, et de son véritable but dans la vie. Elle était un médecin, et non l’esclave d’une vielle conne de sénatrice. Et je ne plaisantais pas quand je disais que j’avais besoin d’elle (même si c’était difficile pour moi de l’admettre). Je repris d’une voix toujours aussi sèche (tout en procédant à l’inspection de la cavité thoracique du dénommé Ja’ar) :

- Prévenez-moi quand vous aurez les résultats ! Et tenez-vous prête, il faudra peut-être agir vite.

Je fis signe pour couper la communication et je pus me concentrer de nouveau sur l’opération que je pratiquais. Connecter le trentenaire à une machine pour drainer le sang qu’il perdait fut rapide. Il n’y avait aucune complication en vue. Le processus d’aspiration allait prendre un peu de temps. Mais tout allait pour le mieux. N’étais-je pas un excellent chirurgien ?


***


Ja’ar fut reconduit dans la chambre, et j’avais pris la décision de rester auprès de lui. Je m’installais donc, attendant que le demi-kiffar daigne s’extirper de son sommeil. J’avais eu la délicatesse (allez savoir quelle mouche m’avais piqué) de prévenir Evadné de l’état de son ami ? Copain ? Peu importait. En même temps elle m’avait transmis les résultats de la petite « Minette ». Et ils n’étaient pas bon. C’était bel et bien une cardiomyopathie hypertrophique. Compte tenu de la gravité de la situation et de l’état préoccupant de la petite Ri’ina, Evadné m’avait indiqué qu’elle envisageait une myectomie septale en urgence. Il s’agissait d’une chirurgie à cœur ouvert. En effet, une structure musculaire appelée Septum sépare les ventricules gauche et droit, les deux cavités inférieures du cœur. Dans la cardiomyopathie hypertrophique, les parois du ventricule et du septum peuvent devenir anormalement épaisses. Le septum peut gonfler vers le ventricule gauche, ce qui peut bloquer partiellement le flux sanguin vers le corps. Cela fait travailler le cœur plus ardemment. Lors d’une myectomie septale, le chirurgien retire l’excès de muscle du septum épaissi. Cela permet au sang de s’écouler plus facilement du ventricule. Je n'avais pas eu de nouvelles de Nolo, et j'espérait qu'il ne viendrait pas perturber l'opération...lui, ou le doyen.

Je soupirais…les risques étaient minimes cela dit. Aussi je m’empressais de valider le diagnostic d’Evadné et lui indiquais de pratiquer elle-même cette opération. Ce faisant j’avais l’intention de lui donner un but et de lui changer les idées en pratiquant un art dans lequel elle excellait. Elle avait besoin de se recentrer sur elle-même. Je m’occuperai de Ja’ar. Certaines paroles ayant échappées à Evadné lors de leur dispute m’avais fait tiquer.

Avachis dans mon fauteuil, j’étais resté dans un coin, somnolant. Un bruissement de drap m’indiqua que l’hybride se réveillait. Je ne manifestai pas de suite ma présence. Il semblait chercher quelque chose. La récente cicatrice, laissée par l’opération que je lui avais pratiquée, se rappela à son bon souvenir. Quelque chose se produisit alors, et le semi-arkanien tendit de bras, faisant appel à la Force pour attirer ses affaires. Un sourire s’esquissa sur mes lèvres. J’avais vu juste. La Force l’accompagnait…Etait-il un Jedi ? Le sabre laser dans ses affaires que j’avais rangé allait dans ce sens. Pourtant son aura n’avait rien à voir avec celle de Luke ou See’Ryl. Tandis qu’il fouillait dans ses affaires je m’étais levé et m’approchais de lui pour vérifier ses constantes.

Il sortit quelque chose d’une de ses poches, et je reconnus aisément un bâton de la Mort. Un toxicomane…Mes yeux se figèrent un court instant sur l’objet du désir du semi-kiffar. Depuis quelques temps mes tentations m’avaient repris…Depuis que je participais à l’enquête sur un petit cartel de drogue avec le chevalier Luke Kayan. Être à ce point à proximité de drogues dures devenait chaque jour un peu plus tentant pour l’ancien consommateur que j’étais. Heureusement Ja’ar rangea le diabolique objet et son regard parut balayer la pièce. Il cherchait sans doute Evadné.

Enfin il daigna m’accorder un minimum d’attention…pour me poser une question des plus banales. Bordel…il se foutait de moi ? Je portais mon attention sur les écrans de surveillance afin de vérifier son état. Je répondis avec douceur :

- Vous avez fait un hémothorax. Je vous ai fait une thoracotomie pour drainer votre sang et vous éviter un sort funeste. Je marquais une pause alors que je pris mon datapad pour synchroniser les résultats sur son dossier. Je repris tout en besognant : Elle n’est pas là. Ma précédente visite n’était pas dénuée d’intérêt. J’avais besoin de son statut en tant qu’interne en pédiatrie. Elle doit surement être en pleine opération à cœur ouvert sur le bébé cathar que je lui ai confié. A nouveau une pause…puis je changeais littéralement de sujet : je vais avoir besoin de plus de renseignements sur votre identité pour remplir correctement votre dossier médical…Publius m’a indiqué que vous vous prénommiez Ja’ar, mais…n’est un peu juste pour moi. Votre âge me serait utile…Ainsi que la fréquence de vos prises de drogue. Nul jugement dans ma voix (j’étais clairement mal placé) et aucune variation de tonalité. J’avais demandé cela avec aplomb… Je ne suis pas là pour vous sanctionner. Sachez que tout ce que vous pourrez me dire restera entre nous. Secret professionnel…tout comme votre dossier. Je vous écoute.

C’était presque un ordre…l’armée avait clairement déteint sur mon caractère déjà fortement autoritaire. Mais c’était pour le bien du dénommé Ja’ar.


Evadné Publius
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Face à la lueur bleutée de l’écran holographique, Evadné se mordait fermement la lèvre inférieure. Elle tentait de chasser les pensées parasites qui grignotaient progressivement son esprit jusqu’à la rendre nerveuse. Les images du cœur fragile de la boule de poils défilaient lentement. Le logiciel d’analyse médical pointait les principales défaillances. Des myectomies septales, elle en avait déjà pratiqué dix aux côtés du professeur Erinwright. Mais jamais en urgence, jamais seule. Les portes de la pièce crachèrent la désagréable silhouette du Docteur Nolo dont l’ombre prétentieuse recouvrit la frêle interne.

-Tu as transféré le bébé en pédiatrie et maintenant il faudrait l’opérer du cœur ?

-J’ai juste besoin d’une salle d’opération, d’un droïde d’assistance de type FX6, d’un anesthésiste et d’un chirurgien expérimenté, répondit-elle, les bras croisés et les yeux rivés sur la cardiomyopathie hypertrophique qui apparaissait en filigrane sur l’écran d’imagerie.

-Oui, j’ai bien vu cette demande passée. Et avec ça, un petit stim-thé ?

-La vie d’un bébé est en jeu, je ne sais pas ce qu’il vous faut.

Il détailla Publius, remarqua le sang qui tâchait progressivement le pyjama verdâtre, au niveau de son flanc droit, mais également sa pâleur maladive, ce derme brillant qui trahissait une température élevée. De ce qu’il avait compris, elle sortait d’une chirurgie au service de traumatologie. Elle n’aurait jamais la force d’effectuer une opération d’urgence aussi délicate seule, pensa-t-il avec satisfaction.

-Ce bébé est le patient d’Atraïde et il m’a bien assez cassé les lekku avec ça. C’est à lui de prendre en charge cette opération. Tu auras donc une salle d’op, un droïde et l’anesthésiste. Mais pour le chirurgien, c’est Atraïde ou toi. Et vu que ce con n’est pas près d’être dans les parages, je ne te souhaite pas bonne chance. Elle t’a déjà quitté.

La toute blonde se détourna avec indignation vers le chef de service qui faisait déjà demi-tour. Il se délectait de cette vengeance. La cathar avait trop de risque d’y rester, entre les mains fébriles de cette interne. La faute serait rejetée sur Balian, ce serait parfait pour briser sa carrière. Satisfait, il approuva la demande d’opération en urgence sur son datapad. Elle activa un terminal de communication et chercha à joindre son mentor improvisé.

-Docteur Atraïde, c’est Evadné. Je vous confirme l’hypertrophie de la paroi du septum. Elle est anormalement épaisse. C’est congénital. J’ai fait une demande d’intervention et elle vient d’être acceptée. Mais j’ai besoin que vous validiez mon diagnostic et que vous m’autorisiez à procéder.

- Très bien...Vous vous en chargez. Cela ne vous pose pas de problème ? Je reste auprès de votre ami. Il est en chambre, l'opération est terminée. Je surveille qu'il ne fasse pas de complication. Concentrez-vous sur Ri'ina et faites votre travail Docteur Publius.


-Madame ?! Madame ! s’écria une mère en détresse vers Eva qui sortait de la chambre stérile où avait été transférée le nourrisson. -Où est le docteur Atraïde ? Notre petite Ri’ina qu’est-ce qu’il se passe ?!

-Je…Ri’ina va bien pour le moment, souffla-t-elle en invitant son interlocutrice à s’asseoir. Les examens ont révélé une petite anomalie au niveau de son cœur. Il est nécessaire de l’opérer. C’est ce que nous allons faire. Vous la reverrez très bientôt.

La jeune humaine ne mentait pas. C’était une promesse en bonne et due forme qu’elle comptait tenir. La femelle cathar s’apprêtait à déverser un flot de paroles interrogatives, sûrement soutenu par un torrent de larmes, mais Publius déposa une paume réconfortante sur son épaule. S’inquiéter ne rendrait pas l’opération moins risquée. Elle repensa à Ja’ar, à cette angoisse qui ne quittait pas son ventre à l’idée qu’il ne ressorte pas vivant de ce centre médical. Elle culpabilisait, comme cette mère devait le faire. Les nouvelles rassurantes concernant l’état de santé du mécanicien avaient à peine apaisé ses craintes. La peur persisterait tant qu’elle ne le reverrait pas en vie, qu’elle ne pourrait pas le toucher et sentir son cœur battre sous ses doigts.

Elle s’était injectée anti-inflammatoire dans l’objectif de réduire sa fièvre et les douleurs à son flanc. En procédant au lavage hygiénique de ses mains, elle admirait son reflet dans le miroir. Ses cernes s’étaient alourdis au point de partager la même teinte violacée que les fleurs cadéziennes qui conquéraient Ilus IV lors de la saison du renouveau. Seul le bleu irradiant de ses yeux n’avait pas souffert. Il témoignait de son esprit combatif et éveillé.

-Docteur Publius ? sollicita une Woostoid dont on ne voyait que les prunelles sombres sous sa tenue médicale. Tout est prêt.

-Merci, Docteur Strax. Les paramètres pour l’anesthésie sont favorables ?

-Disons que c’est une opération en urgence. Nolo sait que je déteste ça et il me les colle toujours, râla-t-elle.

Dans la salle d’opération, les puissants néons écrasaient le moindre détail d’une lumière blanchâtre. La petite cathar avait été installée sur la table et un droïde au matricule FX690 s’affairait autour d’elle. Sous son masque, Eva crut étouffer, oppressée par cette solitude soudaine. FX67 manquait à l’appel, Erinwright ne serait pas là pour assurer ses arrières et elle ne connaissait absolument pas les habitudes de l’anesthésiste. L’infirmière avait rasé et nettoyé la zone à opérer. La minuscule boule de poils gisait, inerte et si la machine à laquelle elle était reliée ne bipait pas régulièrement des constantes engageantes, on pourrait la penser morte.

-FX690, procède à l’ouverture du sternum, ordonna Evadné. Docteur Strax, la pompe est opérationnelle ?

-Oui.

Le droïde médical pratiqua l’incision avec une précision et une vitesse remarquables. Son bras chirurgical écarta les parois de chair et de muqueuse pour offrir une ouverture suffisante sur la cavité cardiaque.

-Je vais évacuer le sang en obstruant les deux veines caves.

La Woostoid surveillait avec attention les moniteurs tandis qu’un infirmier tendait à Publius les instruments nécessaires à la première étape de l’opération. En quelques battements, le petit cœur se vida et la pompe prit rapidement le relais pour permettre à la circulation sanguine de se poursuivre. Le ronronnement discret des moteurs du modèle FX, le son grave de l’appareil cœur-poumon artificiel, les indications sommaires et régulières de Strax sur les constantes créèrent un environnement sonore apaisant et familier pour Evadné. Cette dernière savait que le succès de cette opération dépendrait du temps qu’elle mettrait à la réaliser. Les interventions à cœur ouvert présentaient moins de risques si elles étaient courtes.

-Je vais réséquer le bourrelet du muscle cardiaque, annonça-t-elle et l’assistant lui tendit une pince et une paire de ciseaux chirurgicaux. Un peu d’hémoglobine gicla sur son masque aux motifs enfantins lorsqu’elle pratiqua la première coupe du muscle.

-Doucement Docteur Publius, la prévint Strax, la tension descend vite.

-Alors faîtes quelque chose pour qu’elle descende moins vite, s’il vous plaît.

Elle entendit l’anesthésiste soupirer et se concentra sur la résection.

Trois heures plus tard, la petite cathar retournait en salle de réveil et Evadné s’effondrait d’épuisement. Assise à même le sol de la salle d’opération, adossée contre un mur, elle essuya son front perlant de sueur d’un geste de l’avant-bras. Ses mains se mirent à trembler de soulagement et de peur. L’opération s’était bien déroulée, mais le plus délicat s’annonçait : la surveillance en soins intensifs, les complications possibles. Elle ne connaîtrait les fruits de son travail que d’ici trois à quatre jours. Une main chaleureuse se posa sur sa charlotte et elle leva son minois vers Strax.

-Bien joué. Je pense que ce bébé a de grandes chances d’être sorti d’affaire.

-Merci pour votre aide. A…avez-vous un communicateur ?

Comlink fermement tenu en main, la toute blonde avançait vite. Elle se débarrassa de sa blouse opératoire qu’elle bourra dans une poubelle proche et évita deux brancards que des droïdes poussaient automatiquement. Un son grésilla hors de l’appareil :

-Docteur Atraïde, je viens de finir l’opération. Tout s’est bien passé, Ri’ina est en salle de réveil, et sera reconduite en pédiatrie pour la surveillance post-opératoire. Donnez-moi le numéro de chambre de Ja…

-Madame ! gronda une voix grave tandis qu’elle passait les portes vers les couloirs bondés de l’hôpital. Le couple cathar l’attendait de pied ferme et elle ne sut se dérober. Elle dût, à regret, couper court à la conversation radio et s’approcha d’eux. Le mâle tenait sa compagne effondrée dans ses bras. Cette dernière avait les yeux boursoufflés par de récents sanglots. -Informez-nous !

-Du calme, Madame, Monsieur. Votre petite fille va bien. L’opération s’est déroulée correctement, mais nous devons encore la garder plusieurs jours afin d’écarter tout risque de complications. Elle va grandir, les rassura-t-elle dans un pauvre sourire. Il lui faudra sans doute éviter les activités sportives de haute intensité, mais sa pathologie se traite efficacement, surtout après une telle intervention. Vous devriez vous reposer, et revenir plus tard. Ri’ina ne se réveillera pas tout de suite et vous ne pourrez la visiter que dans quelques heures.

Elle s’excusa ensuite et les contourna rapidement, maugréant intérieurement. Arrivée au comptoir d’accueil, elle sollicita l’aide d’une infirmière qui mit un bon moment à détailler la semi-hapienne Une charlotte chirurgicale encore vissée sur le crâne, un masque qui pendait à une oreille et une figure charmante mais qui avait connu des jours meilleurs. L’employée poussa un soupir paresseux.

-C’est pour quoi ?

-Je souhaite que vous me communiquiez le numéro de chambre d’un patient dénommé Ja’ar.

La soignante fit mine de chipoter à son terminal de travail.

-Non, je ne vois pas.

-Cherchez mieux, s’il vous plaît, Ja’ar. Ja’ar Austhis. Il a été opéré pour un hémothorax par le docteur Atraïde.

-Attendez, qui êtes-vous ? On ne donne pas ce genre d’informations comme ça de toute façon.

-Ecoutez. S’il vous plaît, lâcha Eva après une profonde inspiration. On m’a tiré dessus avec un blaster il y a trois jours. J’ai appris que mon compagnon était un toxicomane et je sors d’une intervention de trois heures à cœur ouvert sur un bébé qui a frôlé le collapsus. Alors, vous allez me dire vraiment où est la chambre que je vous ai demandé. Parce que je suis fatiguée, vous comprenez ? Et je suis à bout. Et que je ne voudrais vraiment pas me mettre en colère.

L’infirmière considéra les paroles très sérieuses de son interlocutrice puis secoua la tête en reprenant la recherche sur le terminal.

-Ah là. J’ai bien une opération récente pour hémothorax, mais pas de numéro de chambre. Le dossier ne doit pas encore être à jour.

Evadné voulut insister, mais elle sentit son corps protester. Ce dernier ne participerait pas à un combat de plus sans un minimum de repos. La soif était revenue au galop et ses jambes criaient grâce. L’anti-inflammatoire ne faisait plus effet, réveillant son flanc droit d’une longue stase forcée. Elle grimaça et s’éloigna de l’accueil, reprenant un semblant de souffle. Elle puisa dans ces ultimes réserves pour solliciter à nouveau Balian, via le communicateur :

-Docteur Atraïde, j’ai besoin de savoir où est Ja’ar.

-Pas question ! J'ai besoin de temps avec lui!

-De temps ?! Il…il y a eu des complications ?

- L'opération s'est bien passée. Je veux clarifier certaines choses avec lui. Si vous voulez l'aider laissez-moi faire! Et je pense que vous avez besoin de prendre du recul...surtout après votre coup de sang de tout à l'heure.

-Dîtes-lui que je suis désolée…


Ri’ina était consciente. Après un réveil sans encombre de son anesthésie et un sommeil de plusieurs heures, elle ouvrait les yeux pour la première fois depuis l’opération. Et ils rencontrèrent l’azur infini de ceux d’Evadné. Cette dernière était penchée sur le berceau médicalisé du bébé cathar. La chambre de soin était peinte de motifs colorés, visant à rassurer les enfants qui devaient y séjourner. La toute blonde replaça correctement le cathéter du bambin, avec un geste délicat. Elle avait pris le recul conseillé par Balian et s’était réfugiée de longues minutes sous une douche brûlante. Ses cheveux blonds encore humides cascadaient paresseusement sur son corps revêtu d’un uniforme médical propre. Elle avait bu et l’infirmier Besaslisk lui avait même apporté un de ces plats horribles que l’on servait aux patients récemment opérés. Elle avait tout dévoré. C’était l’estomac rempli et la gorge soulagée qu’elle était revenue auprès de Ri’ina, pour profiter d’un calme relatif et considérer le miracle qu’elle avait produit. Son petit cœur battait toujours sous la fourrure. Il se remettait péniblement de l’intervention, mais tenait bon.

-Tu es une battante, n’est-ce pas ? sourit-elle en flattant la joue rebondie.

Le bébé bailla et finit par s’endormir, indifférent aux paroles du médecin. Eva vérifia une dernière fois les moniteurs de surveillance, s’assurant que les paramètres vitaux se portaient bien. Enfin, elle récupéra une couverture dans l’un des placards et s’installa sur un fauteuil proche, enveloppant ses courbes dans la chaleur relative du plaid. Elle se rendait compte qu’elle aurait aimé avoir les bras du métis à la place de ce tissu impersonnel. Sans doute, n’aurait-elle plus l’occasion de trouver du réconfort auprès de lui. Qu’elle retournerait à son existence pré-Vestyr : cette période lointaine où elle vivait aussi mécaniquement qu’un droïde mais où elle ignorait ce qu’était ressentir l’amour, la douleur. Ses prunelles dévièrent vers la grande fenêtre aux rideaux d’un rose bonbon ; au-delà de la vitrine renforcée, la vie poursuivait son cours. Des larmes brûlantes montèrent à son regard. Ja’ar lui avait encore sauvé la vie et elle ne l’avait même pas remercié. A la culpabilité se superposa le sentiment d’ingratitude.







Ja'ar Austhis
Ja'ar Austhis
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- Vous avez fait un hémothorax. Je vous ai fait une thoracotomie pour drainer votre sang et vous éviter un sort funeste.

Hémothorax…ce n’était pas le premier, certainement pas le dernier. Avec du recul, cela empirait même. Les crises étaient plus fréquentes ces dernières années, et elles devenaient de plus en plus virulentes a chaque fois qu’il forçait trop. Il lui fallait se rendre à l’évidence, il ne pourrait plus continuer à rester dans le déni et la fuite encore bien longtemps. Il était toujours resté éloigné des centres hospitaliers, toujours dans son optique de passer autant que possible « sous le radar », comptant sur ses propres compétences et sur la force pour traiter ses problèmes de santé. Mais il venait de l’expérimenter lui-même ces derniers jours, sa capacité à puiser dans la force pour soigner s’était amoindrie, cela lui semblait être hors de portée désormais.

A moins que…

Il apposait sa main sur sa blessure, dans une tentative d’en accélérer la guérison et fermait les yeux mais la Force semblait lui refuser ses dons. Sa concentration était brouillée par un bourdonnement, comme si des milliers d’insectes voletaient dans la pièces. Il rouvrait les yeux et acceptait à contre cœur ce nouveau constat : il n’était plus capable de s’occuper de lui-même seul. Il lui faudrait se reposer sur les compétences de médecin. Comme elle lui avait suggéré… Il relevait la tête vers la porte, dans un vain espoir de la voir pénétrer la pièce. Rien.

- Elle n’est pas là.

Une assertion difficile à encaisser, battant de plus belle le fer de la culpabilité qui rongeait l’esprit tourmenté du roboticien.

- Ma précédente visite n’était pas dénuée d’intérêt. J’avais besoin de son statut en tant qu’interne en pédiatrie. Elle doit surement être en pleine opération à cœur ouvert sur le bébé cathar que je lui ai confié.

Une opération à cœur ouvert sur un nourrison…Ja’ar eut un soupçon d’optimisme. Si elle n’était pas venue, ce n’était peut-être pas complètement à cause de son ressentiment. Il savait a quelle point elle tenait en haute priorité la vie des autres et la passion pour son travail qu’elle considérait comme un devoir immanquable. C’était d’ailleurs ce qui lui avait toujours plus chez elle, son abnégation et son altruisme sans limites. Elle était la meilleure dans son domaine, il le savait. Toutefois ces pensées positives le ramenait à ses propres torts. Qu’était il en comparaison de cette femme intelligente, magnifique, qui se battait pour le bien des siens et pour sauver des vies ? Il n’était qu’un simple mécanicien vagabond touché par la Force, le produit d’une union contre nature qui avait condamné ses parents et dont il paierait les conséquences toute sa vie, sa probable courte vie. Il n’avait aucune cause à défendre et pourrait disparaitre sans aucune conséquences pour la galaxie. Après tout, les bon techniciens pullulaient… La voix du Mirialan le ramenait sur terre.

- Je vais avoir besoin de plus de renseignements sur votre identité pour remplir correctement votre dossier médical…Publius m’a indiqué que vous vous prénommiez Ja’ar, mais…n’est un peu juste pour moi. Votre âge me serait utile…Ainsi que la fréquence de vos prises de drogue. Je ne suis pas là pour vous sanctionner. Sachez que tout ce que vous pourrez me dire restera entre nous. Secret professionnel…tout comme votre dossier. Je vous écoute.

Inutile de la cacher désormais. Evadné l’avait crié suffisamment fort et il avait de surcroit fait lui-même la bêtise de sortir un bâton de la mort sous les yeux du médecin. S’il était aussi brillant qu’elle l’avait sous-entendu – a moins qu’il ne s’agissait d’un sarcasme – il pourrait peut-être l’aider à régler à la fois ses problèmes de santé, mais aussi ses addictions.

- Secret professionnel donc hein ? Admettons.

Se livrer n’était pas simple, toute sa vie le mécanicien avait eut le comportement inverse.

- Ja’ar Austhis, j’ai trente ans, mécanicien. Les prises sont assez aléatoires, mais généralement de l’ordre d’une fois par semaine.

Il hésitait un instant. Ses instincts le poussaient à s’arrêter là, mais s’il existait une chance infime de récupérer celle qu’il aimait, il lui fallait changer. Il lui fallait combattre ses instincts primaires, et peut-être que tout avouer serait un premier pas vers elle, comme vers une acceptation de ce qu’il était vraiment.

– Le secret professionnel…c’est donc que tout ce que nous dirons ne sortira pas d’ici hein ? Absolument rien ?

Atraïde répondait d’un ton neutre avec pour seul réaction un haussement de sourcil.

- C’est l’idée…

– D’accord. Je suis fils d’une Arkanienne, et d’un Kiffar, tout deux disparus. Je sais ce que vous allez dire, mais j’ai pas choisi, c’est comme ça. J’ai toujours eux des problèmes de toux, d’aussi loin que je m’en souvienne. Si j’en crois les paroles d’Evadné, alors vous êtes probablement capable de m’aider. Je serais preneur d’un telle aide, si vous êtes plus doués que les rares spécialistes que j’ai pu rencontrer.

Le métis hésitait un instant. Était-ce bien prudent ? Il allait à l’encontre de tout ce qu’il était, il le sentait au fond de lui. Ses entrailles hurlait, ses instincts criaient au danger. L’exercice n’était pas simple, mais il fallait en passer par là pour elle. Pour la récupérer.

- Ma mère était une Jedi, mon père un Gardien. Ont les as jugés pour s’être aimés. Elle a été exilée, lui enfermé sur Kiffex quand je suis né. D’ailleurs, je sens que la Force s’exprime à travers vous. Vous ne seriez pas un jedi par hasard ?

Le Mirialan esquissait un sourire.

- Sérieusement ? J'ai l'air d'être un Jedi ? Il lâchait un soupir avant de reprendre plus calmement. Je ne suis pas un Jedi...je n'ai qu'une faible connexion...une once de faculté qu'Elle m'a accordé à ma naissance. Je suis médecin militaire, sergent Balian Atraïde. Je suis...de passage dans ce Centre médical.

Un médecin militaire. Une forme d’oxymore ne pouvait-il s’empêchait de penser. Sauver des vies pour qu’elle soient de nouveau sacrifiables… La maussaderie du Semi-Arkanien le poussait à tout voir en noir. Toutefois, cela expliquait le ton péremptoire et la droiture du bonhomme. Ja’ar avait fréquentés quelques-uns des militaire lorsqu’il travaillait à bord du Dominant : Souvent de bons compagnons, mais aussi têtu qu’une femelle Gundark. Celui-ci n’avait pas l’air de faire exception à la règle. Il reprenait.

- Et puisqu'on en parle, vous aussi êtes sensible ? Vous faites partie de l'Ordre ?

Devant la question innocente du sergent, le mécanicien enchainait avec un rictus. Il ne savait pas, ne pouvais pas savoir. N’avait d’ailleurs aucune idée de ce qu’il était en train de remuer chez le Demi-Kiffar.

- Non, certainement pas. Un jedi ne torture pas les gens.

Mettre ainsi des mots sur ses actes lui renvoyait la réalité de ses faits, aussi atroces fut-ils. C’était toutefois nécessaire, il devait accepter ce qu’il avait fait pour ne plus jamais avoir à le faire. Devant l’expression d’incompréhension qu’affichait le Mirialian, Ja’ar précisait.

- J’ai découpé un Twi’lek.

Son intonation était sobre, étonnamment dénuée d’émotion. Il venait de lâcher son aveu aussi simplement qu’il aurait annoncé qu’il avait réparé un droïde ou bu un verre d’eau. Il continuait avec le même ton, en soutenant le regard du médecin.

- En cinq. Je lui ai coupé ses quatres membres sans aucune pitié. Mais ça ne suffisait pas. Alors je lui ai brulé un Lekku avec ma lame, puis je l’ai battu presque à mort. Et après avoir ravagé son esprit, je lui ai perforé les yeux avec mes pouces et l’ai pendu à un lampadaire.

Il avait continué sur son ton parfaitement neutre, comme si c’était quelqu’un d’autre qui avait effectué tout ceci. Mais l’avouer lui faisait un bien fou. Comme s’il se débarrassait d’un fardeau trop lourd, comme s’il purgeait son corps et son esprit d’un poison déchirant. Il venait d’ouvrir une vanne et se laissait emporter par son propre flux de parole. Il était lancé et continuerait jusqu’à ce que cette obscurité le quitte, du moins il l’espérait. Le regard du Sergent trahissait une forme d’incompréhension qui grandissait au fil des mots.

- J’entends encore ses hurlements et le craquement de mes poings sur le os de son visage… Vous savez pourquoi je l’ai fait ?

Cette question n’attendait pas de réponse. Le mécanicien détournait un instant le regard qu’il posait sur la porte de la chambre. Était-elle derrière ?

- Pour elle. Il lui avait tiré dessus, vous avez constaté les dégâts vous-même non ? Et il en rigolait, il en était fier. Alors… je lui suis tombé dessus. Je voulais lui faire payer. Le faire souffrir comme il venait de la faire souffrir elle, et moi-même. Lui faire ravaler son sourire carnacier. Lui faire regretter ses actes. Si c’était à refaire, je crois que je le referait.

Il reportait son regard vers le Mirialan dont la mine était devenue sévère. Il dévisageait le mécanicien avec appréhension et étonnement. Le ton de ce dernier perdait en sobriété et la tristesse prenait le pas.

- Il méritait ce que je lui ai fait n’est-ce pas ? Elle m’en veut pour cela. Je crois que…je crois que je l’ai effrayée. J’ai peur qu’elle ne veuille plus jamais m’adresser la parole même. L’ai-je perdue à tout jamais ? J’ai peut-être fait une erreur… Je ne sais pas. Qu’aurais-je du faire ? Pardonner à ce criminel qui se félicitait d’avoir abattu de sang-froid la femme de ma vie ?

Il marquait une courte pause avant de reprendre, ses yeux humidifiés par quelques larmes naissantes. Son ton devenait presque accusateur et ses mains tremblotaient légèrement.

- Dites-moi docteur, qu’auriez-vous fait à ma place ?! Qu’auriez-vous fait à cette ordure de Twi’lek, ce fils de Chuta ?! Avez-vous déjà aimé une personne au point de tout sacrifier pour elle ?! Tout, jusqu’à votre intégrité même ?!

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