Les yeux écarquillés, Alysanne observa le va-et-vient mouvementé de la tête du truand contre la table. Elle crut un instant le meuble se rompre tant la gueule de l'autre s'y fracassait avec une violence traumatisante. Pourtant, la Primadonna ne détourna point le regard, elle observa sans émotion la scène tandis que le Mandalorien continuait de frapper le crâne, et de le débiter de son sang. On aurait dit un démon et ce spectacle finit bien par émouvoir Alysanne. Le voyou eut d’ailleurs à peine le temps de voir se dessiner un subtil sourire de satisfaction sur son visage, une forme de jubilation, qu'il était déjà de nouveau plaqué contre la table, sa vision toujours plus empourprée par le flot d'hémoglobine. A vouloir jouer avec le feu, on finissait toujours par se brûler, songea-t'elle ironiquement.

Soudain, la Ralltiirienne se ressaisit et se leva.

- Laissez-le donc maintenant. Je pense qu’il a suffisamment trinqué pour sa bêtise à présent, le voilà même plus laid qu’il ne l’était déjà, vous avez fait fort Mandalorien, mais Ralltiir ne mérite pas qu’une créature comme lui s’éteigne sur son sol.

En réalité, Alysanne espérait pouvoir ainsi s’éviter une enquête intrusive en lui sauvant la vie. Ralltiir n’était en effet pas à ce point sauvage pour ne pas s’intéresser aux habitants qui disparaissent du jour au lendemain.

A ces mots, Joseph lui lança un regard noir qui la transperça. Le Mandalorien ne semblait pas avoir apprécié qu'une bonne femme lui dise quoi faire, en dépit de quoi, il relâcha tout de même sa poigne, laissant l’homme s’effondrer au sol.

- Enlevez moi cette immondice de là… Et il n’y aura pas de second avertissement ! cracha-t’il aux autres.

La scène d’horreur finie, les malfaiteurs s’enfuyèrent hâtivement, laissant goutter dans leur sillon un sang chaud, flaque dans laquelle Joseph marcha pour se rapprocher de la Sénatrice.

L’homme caressa une nouvelle fois la joue de la Ralltiirienne de sa main ensanglantée. Joseph avait indéniablement le contact aisé, ce qui n’avait jusqu’alors cessé de mettre notre héroïne des plus mal à l’aise. Détonant avec cette apparente douceur, il mit la femme en garde, l’avisant à changer fissa d’attitude. Le chasseur de primes n’avait pas non plus oublié l’offre qu’avait formulé la Sénatrice, aussi, il lui refourgua le datapad, somme modifiée.

Alysanne le plaça sous son bras un instant, se relevant plutôt pour se tenir droite face à Joseph.

- Mandalorien ou pas, vous apprendrez à connaître les Ralltiiriennes, personne ne nous muselle, pas même un chauve à la force ô combien surhumaine. Je parle comme il me plaît, où il me plaît, et quand il me plaît ! Et toc ! Néanmoins… Elle ravala sa fierté. Alysanne Méridan tient toujours parole. Surtout car Alysanne Méridan ne voulait pas terminer en marmelade comme l’autre imbécile.

Elle pianota donc sur l’écran du datapad, et un signal sonore suffit pour indiquer que le compte de la femme venait de s’alléger de plusieurs millions de crédits au profit de celui du Mandalorien. Elle fit ensuite tomber nonchalamment l’appareil à ses pieds, avant de déposer un index curieux sur l’armure bien crasseuse de l’homme.

- J’espère que ce sera assez pour le pressing.. Alysanne remit ses cheveux en ordre en secouant la tête, redressa sa robe et tira sur son décolleté. D’ailleurs, auriez-vous au moins l’obligeance de me raccompagner, Joseph le Mandalorien ?