Luke Kayan
Luke Kayan
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Tandis que Karm retirait son haut, Luke passa une main sous sa propre chemise pour presser son épaule. Un nerf ponctuellement bloqué daigna se dénouer, arrachant une légère grimace de douleur suivie d'une autre de soulagement. Là où un Gardien s'en serait sorti avec de brèves égratignures, les malfrats étaient parvenus à bien l'abîmer. Ceci dit, un an plus tôt, Luke n'aurait probablement pas réussi à se défaire de la majorité de ses ennemis avant l'intervention de l'Ark-Ni, encore moins avec une simple canne et sans l'usage intensif de ses dons. Il s'estima donc chanceux de n'avoir que des courbatures, une jolie collection de griffures ainsi qu'une blessure courant la naissance de son dos. Un amoncellement de plaies gênantes, néanmoins superficielles bien que l'endroit où le tir avait frôlé son épaule-tuant net un autre garde.- le cuisait.

- L'arme parfaite. Elle passe les Spatioports, se plie et les vilains ne la soupçonnent jamais. - Fit-il avec un léger sourire qui s'affadit, son regard s'alluma d'une expression plutôt étrange où se mêlaient une certaine gêne et l'amusement.- Par contre, je ne sais pas si tous ces efforts valaient la peine. En leur rendant les deux morceaux de cette pauvre canne, je vais me faire assassiner par l'association. La directrice est un vrai rancor.

Kate Livingthon était la copie de Solona, l'infirmière en chef du Temple, version humaine. Depuis un an environ, par pur hasard, alors qu'un bénévole -voyant- de l'association avait été interrogé sur un crime auquel il avait partiellement assisté depuis les locaux, Luke avait rencontré la directrice, victime indirecte de la cécité puisqu'atteint d'une maladie génétique grave, son fils était né sans yeux. Elle avait fini par le convaincre de parler au rédacteur d'un magazine afin de transmettre un peu d'espoir aux personnes atteintes de cécité. Avec d'autres non-voyants aux métiers inattendus, le Jedi avait offert un brin d'espoir à ceux qui pensaient ne plus pouvoir rien faire de leurs dix (ou 5 selon leur race) doigts depuis leur accident ou leur maladie. L'écho n'avait pas été extraordinaire puisque ce magazine alternatif rédigeant de longs articles extrêmement bien nourris n'avait que peu de lecteurs -des intellectuels ou des partisans d'une politique très sociale.-, néanmoins pour le remercier Kate avait tenu à l'inscrire dans l'association.

Son "cadeau" ne pouvant souffrir aucun rejet de la part de son nouveau protégé, ce dernier, tant qu'à faire, avait appris à mieux manier sa canne au lieu de toujours user de la Force, par le biais d'audios explicatifs, d'exercices ou de petits cours envoyés par l'association, très active. Depuis presque un an désormais il avait fait quelques progrès et reconnaissait l'utilité de se reposer parfois sur le matériel au lieu de s'épuiser à tricher avec ses pouvoirs ou des astuces faites maison. Son inscription lui offrait bien peu d'avantages 8en même temps ce n'était pas du tout ce qu'il cherchait), mais l'un d'eux était la mise à disposition gratuite de ces fameuses cannes blanches. Luke en ayant déjà détruit deux en moins d'un an risquait de se faire joliment enguirlander par la directrice, et autant dire que son statut de Jedi adoucirait à peine cette femme dévouée au caractère enflammé. De fait, son entraînement non plus ne servirait pas beaucoup question contrôle de soi. Oui, Kate Livingthon faisait peur!

- Mais j'admets que pour de l'improvisation, ça s'est bien passé. Et je me suis senti curieusement plus à l'aise qu'avec le sabre-laser, tout en utilisant des techniques que tu m'as enseigné... Enfin de toutes manières, il était grand temps que tu arrives.

Confessa le jeune homme avec un sourire. S'il complexait encore légèrement sur le fait de ralentir Karm en pleine action, il n'avait aucun mal à accepter une faiblesse -raisonnable- au combat. Aujourd'hui Luke était au moins parvenu à préparer le terrain pour que le Gardien arrive sans avoir à tout faire, y compris se mettre en danger plus que d'habitude encore au nom de ses jolis yeux. Il était donc plutôt satisfait, même s'il comptait continuer à travailler.

Tout en parlant, Luke examinait donc Karm attentivement, il profitait de passer ses mains sur ses épaules pour exercer des pressions, plus légères ou plus fortes selon les points à activer. Sa formation avait un peu versée sur les massages, autant soulager les muscles de son ami, d'autant plus que question blessures il y avait peu à faire.

- Pas tant que ça -souffla Luke d'une voix teintée de tristesse et de honte mêlées.- Je n'avais rien senti pour Jason. Rien soupçonné. C'est peut-être aussi une des raisons pour laquelle l'Ordre préconise la plus grande prudence avec les relations sentimentales et les interdisaient avant. Je pense que l'amour peut anesthésier le bon sens comme la Force. Si on ne tombe sur le conjoint adéquat et qu'il sait cacher sa malveillance, il nous entraîne dans sa chute. Concernant Jean, il ne devait pas être ainsi au début, ça a évolué au fil des frustrations...

Car il avait beau pencher du côté de Jasmine, éprouvant un certain dégoût pour le traître à sa plaque, Luke savait que l'épouse rude, au point d'en devenir humiliante et cruelle avait précipité la chute de son mari. Les psychologues hésitaient encore sur ces cas de maltraitances, plus ou moins voilés. Le bourreau provoquait-il le changement chez sa victime ou ne faisait-il que révéler des tendances qui existaient déjà, lesquelles auraient pu se déclencher via un autre traumatisme ou peut-être jamais. Pourquoi certains enfants maltraités choisissaient-ils de faire souffrir à leur tour, tandis que d'autres faisaient tout pour éviter que d'autres vivent un calvaire semblable? La question était singulièrement intéressante mais curieusement le Chevalier n'eut pas le désir de s'étendre. S'il l'avait éprouvé, ceci dit, l'occasion ne lui en aurait pas été donnée de toutes manières. Pas avec la bombe qui explosa hors des lèvres de son aîné. Plus rouge encore que ce dernier, peut-être, le Hapien cessa son travail -inutile au passage, mais où diable étaient les plaies de cet Ark-Ni en béton? Pourquoi le laisser l'ausculter s'il n'avait rien?-

- Euh. Hum... Oui je vois très bien... Enfin je comprends. Je... Oui dans une autre vie parallèle. Je veux dire, d'autres circonstances.

Cette impression d'étouffement soudain venait peut-être du fait qu'il avait oublié de respirer pendant environ une minute, avant de jeter sa phrase très éloquente de diplomate doué dans un dernier souffle d'expiration. Luke se concentra donc pour attraper l'air facétieux qui semblait décider à échapper à ses poumons. Comment faisait-on déjà? Ah oui utiliser son nez, voir sa bouche lorsque dans un cas tel que celui-ci la première option était difficile. Et voilà, de l'oxygène neuf remplissait à 50% son sang, son système respiratoire encore trop affecté ne pouvait accomplir sa mission dans sa totalité, mais c'était mieux que rien. Une seconde inspiration, très proche de la première, suivie d'une autre et on lâchait finalement ses pensées. Avantage d'un cerveau qui manquait d'air, le jeune homme put répondre -presque- spontanément sans cogiter sur les conséquences, contrairement à d'habitude.

- J'aurais probablement. Sans doute. Dit oui.

Mais la question ne se posait pas, évidemment.

- Mais je ne mettrais pas de robe.

Drôle. Raffiné et tellement pas attendu. M'enfin il faisait de son mieux, comme l'handicapé d'oxygène -et accessoirement de neurones- qu'il était devenu.

- C'était nul.

Finit par dire le Jedi, histoire de bien s'enfoncer. Rien de tel en effet pour achever de creuser sa tombe que de commenter le niveau minable de sa propre blague après l'avoir fait.

- Tu vas bien... Enfin je veux dire, c'est une affirmation. Tu t'es très bien battu aussi, ils n'ont même pas eu l'occasion de te toucher.

Termina Luke dans un souffle épuisé. Il délaissa les épaules et la poitrine de son ami pour s'enfoncer dans le dossier du sofa. Deux paramètres l'avaient un peu bloqué dans une éventuelle initiative dérivant de la fameuse auscultation inutile: La présence de Jasmine dans un logement juste à côté, habillé de parois relativement fines et la proportion de gêne qui peinait à refluer dans ses veines, sachant que pour empirer le tout, il se sentait finalement bien flatté que Karm lui ait lancé cette affirmation.

Une autre raison pour laquelle l'Ordre avait du mal avec l'Amour... Il liquéfiait le cerveau et rendait idiot. Probablement. En tout cas c'était ce dont avait l'air Luke en cet instant, les joues encore rosies et les prunelles davantage égarées que d'habitude.
Karm Torr
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Oui, c’est ça, murmura l’Ark-Ni d’une voix un peu lointaine, dans un monde parallèle…


De la douceur se mêlait à son amertume. Luke aurait dit oui. Bien sûr. Ils auraient pu vivre, « dans d’autres circonstances », l’un avec l’autre, quelque part sur une planète tranquille, mariés, et heureux. Karm fixait la table basse. Il était heureux. En général. Mais parfois les contraintes qui pesaient sur eux, et qu’ils jugeaient dans l’ensemble profondément injustes, et parfaitement infondées, se rappelaient à lui avec une cruauté singulière.


Sa peau frissonna d’un froid qui venait de l’intérieur de son coeur.


Pour une fois, il ne songea pas à discuter, ni argumenter. La politique de l’Ordre, en la matière, ne souffrait aucune interprétation, même de la part d’esprits aussi inventifs que le sien, quand il s’agissait de s’affranchir des règles. Le mariage était strictement prohibé. Il n’était pas inédit. Des Jedis s’étaient mariés. Des Jedis se marieraient toujours. Mais, au mieux, ils avaient fait l’objet d’une violente réprobation du Conseil et, au pire, ils avaient été tout simplement exclus.


Désolé, finit par murmurer l’Ark-Ni, en s’arrachant à ses pensées tant bien que mal. J’aurais pas dû parler de ça…


Il se détourna enfin de sa contemplation mobilière pour poser un baiser sur la tempe de Luke et souffla tout bas un je t’aime, avant d’entreprendre de déboutonner la chemise de l’Hapien.


Pour te soigner, précisa-t-il, tout-à-fait sérieusement.


La douleur de son ami ne lui avait pas échappé.


Et après, dîner, ici. Obligé. Il faut reprendre des forces. Pas de négociation possible.


C’était de la tyrannie !


Tourne-toi.


Les mains de Karm se posèrent dans le dos de Luke. Il ne profitait même pas du spectacle, puisqu’il avait fermé les yeux, se plongeant dans la Force, pour mieux sentir le corps du Consulaire et comprendre comment il avait été affecté par les combats. Heureusement, les blessures de l’Hapien étaient superficielles et, par conséquent, elles ne dépassaient les compétences encore modestes de Karm en la matière.


En silence, l’Ark-Ni laissa la Force affluer dans ses mains et se répandre en Luke, comme une vague bénéfique et généreuse. Ses mains se déplaçaient lentement, en une caresse progressive, à mesure qu’il se concentrait sur une partie nouvelle de ce corps qu’il connaissait désormais par coeur, à cause des entraînements plus encore que des étreintes. Petit à petit les griffures disparaissaient, les courbatures se dissipaient et les blessures se résorbaient.


Dans cet exercice qui exigeait toute sa concentration, Karm trouva pour sa part un calme salutaire et, quand il rouvrit enfin les yeux, tout le tumulte que sa déclaration malheureuse avait éveillé en lui s’était apaisé et il se sentit rasséréné.


Comme neuf, dit-il doucement, en déposant un nouveau baiser, sur la nuque de Luke, cette fois-ci.


Ses mains restèrent quelques secondes à la taille de Luke, avant qu’il ne se relève pour investiguer les placards — tous vides. Il en fut réduit à revenir s’asseoir dans le canapé à côté de son compagnon et à visiter les services de livraison de l’Holonet bakurien. Son choix s’arrêta rapidement sur un restaurant végétarien sain et diététique, dont les plats étaient susceptibles de remporter le suffrage de Luke.


J’leur donne une adresse à deux pâtés de maison d’ici, par sécurité, j’irais chercher. C’est probablement un peu parano, m’enfin, c’t’une prudence qui coûte rien.


La commande passée, il reposa son datapad sur la table basse.


Après avoir hésité un instant, l’Ark-Ni passa son bras dans le dos de Luke pour l’attirer contre lui.


Tu sais, à propos de ta canne…


(Ce n’était pas une métaphore.)


Si tu te sens plus à l’aise avec qu’avec un sabre-laser, c’est une piste à explorer. Il y a une très, très longue tradition au sein de l’Ordre de combattants qui choisissent des armes alternatives, c’est très bien documenté, les procédures d’entraînement ne manquent pas. Une petite section des Gardiens est même dédiée à parfaire notre maîtrise dans ces armes. Ça tourne souvent autour du blaster ou de variations du laser, genre la lance ou tout ça, mais y a du combat au bâton, par exemple, qui pourrait te convenir.


Karm, d’ailleurs, se sentait idiot de ne pas y avoir pensé plus tôt.


Y a pas mal de fabricants de bâtons martiaux dans la République, pour que tu puisses tester les modèles disponibles, avant qu’on fasse du sur mesure. C’est une arme efficace et tout aussi noble que le sabre laser. On peut la rendre télescopique, pour favoriser le transport. Ça n’a pas toutes les possibilités du sabre, notamment pour rediriger les tirs de blaster, mais ça a ses avantages aussi.


Le sujet enthousiasmait manifestement le Gardien, qui avait une passion sincère pour toute la diversité des traditions martiales au sein de l’Ordre. Et puis tout cela était moins embarrassant que la question de leur mariage qui n’existerait jamais.
Luke Kayan
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Luke se retint de hausser les épaules, comprenant très vite que l'idée de mariage semblait plus sérieuse que prévue. Cette simple évocation avait eu l'air de rendre l'Ark-Ni triste, et le connaissant, le Hapien comprit plus ou moins pourquoi. Une de leur grande différence voir sujet de discorde était- ou du moins aurait pu le devenir- la révélation au grand jour de leur relation. S'ils n'avaient pas été chacun raisonnables, sans doute serait-ce une source de tension encore. Néanmoins, malgré l'autorisation prudente de Luke pour parler de leur amour à leurs proches amis, ce dernier pressentait que cela ne suffisait pas. Était-ce par simple désir de partager sa joie, parce qu'il voulait donner l'exemple aux couples- accessoirement homosexuels- cachés et les inviter à se libérer de leur secret? Ou peut-être par besoin d'être plus proches? Toujours est-il que Karm avait une vision différente de leur relation. Une vision plus Jedi d'un côté puisqu'il s'agissait d'être altruiste, d'offrir au monde leur expérience, d'un autre côté, c'était Luke, dans la maîtrise et la pudeur qui illustrait l'idéologie de l'Ordre. Ne pas se mettre en avant, demeurer discret, s'effacer pour mieux souligner la vie, les besoins de ceux qu'ils protégeaient.

Seul, donc, le dialogue savait apaiser les deux parties qui, tout en ayant certaines convictions diamétralement opposées continuaient de s'aimer avec passion. Aidait aussi, la délicatesse toute naturelle du Hapien et celle acquise de l'Ark-ni sans verser dans l'hypocrisie. La douleur passagère de son compagnon ne souffrant aucune discussion ou expérience philosophique, le blond se contenta de respecter la sorte de recueillement dans lequel s'était plongé Karm. Il accéda même à passer sa main sur son épaule en ajoutant quelques mots de consolation, un peu conventionnels mais non moins sincères.

- Il n'y a pas besoin d'être mariés pour être unis.

Souffla doucement le Jedi sans oser ajouter que le mariage était tout au plus une institution, et pour qui souhaitait le considérer comme tel: une pile de papiers visant à protéger son aimé(e) en cas de malheur, ou soi-même d'ailleurs. Un contrat, en bonne et due forme pour lequel le Hapien éprouvait un respect relatif. Malgré son amour pour la paperasserie, il avait vu de trop nombreux cas d'intéressés par les assurances vie ou le partage des biens auprès de la police pour croire cette union artificielle très solide. Il savait que la majorité des couples étaient sincères lorsqu'ils se mariaient, que beaucoup demeureraient ensemble mais restait convaincu qu'ils n'en auraient pas eu spécialement besoin pour rester unis. Exactement comme eux qui avaient déjà l'immense chance de continuer à servir l'Ordre Jedi en maintenant leur relation.

Dans une vie parallèle, donc, Luke aurait probablement dit oui, parce qu'il aimait Karm et que cela lui semblait réellement important. En silence, il se laissa dépouiller de ses habits, soupirant de soulagement lorsque son compagnon commença ses soins. Bien que ses blessures n'étaient en soi pas très graves, l'accumulation l'épuisait, aussi fut-il reconnaissant envers l'Ark-Ni qui lui prodiguait des soins plus que personnalisés, aromatisés d'un baiser sur la tempe puis dans la nuque. Un frisson le prit là où ses cheveux prenaient racines pour galoper dans toute sa tête et finir par courir les traits de son visage, chaque fois plus détendu. Il répondit au Je t'aime par l'équivalent au sein de la Force. Oui, vraiment, qui nécessitait un mariage quand on avait ça? Cet amour sincère, sans preuve, sans témoin, sain et naturel. Finalement cela n'importait guère. Luke par pure tendresse aurait accepté la bague -et sans doute aurait-il été tout de même ému lors de la cérémonie-, mais ce serait un rêve qui ne se réaliserait jamais. Autant se contenter de celui qui leur était accordé.

- Je ne le savais pas. -Fit le jeune Jedi qui suivit le plus naturellement du monde la conversation pourtant très différente. Ils avaient l'habitude de sauter d'un sujet à l'autre sans se perdre.- Je ne sais pas si je devrais me lancer dans quelque chose de nouveau, encore . - Il rit un peu, faisant référence à tous les nouveaux domaines explorés depuis qu'il était avec Karm. Entre la cartographie, le combat à mains nues, le lien si spécial qu'ils développaient, son cerveau pourrait-il suivre? Et puis, de base il ne pensait pas s'être si bien battu avec sa canne, ça avait tenu de l'improvisation saupoudré de chance. D'autre part, l'Ark-Ni semblait si enthousiaste qu'il était presque tenté. - J'y réfléchirai, le sabre-laser, c'est quand même... Enfin, Jedi. Je ne veux pas dénigrer les autres armes évidemment, mais j'ai lutté toute ma vie pour m'améliorer avec mon sabre, et puis il m'est précieux depuis que quelqu'un l'a imprégné plusieurs semaines de suite. Ceci dit, je sais que tes compliments ne sont pas vains, alors ce doit être que je ne suis pas mauvais. Hum... Faut voir.

Petit sourire, accompagné d'un léger frisson, de froid. Il n'était pas fermé à la proposition. Avec Karm, jamais de toutes manières. Il redressa sa tête posée sur l'épaule de Karm depuis que la main de celui-ci était dans son dos. Ses yeux commençaient même à se fermer un peu. Fatigue ou langueur entraînée par le réconfort de leur proximité.

- Merci. En tout cas, tu as fais des merveilles.- Il fit paresseusement jouer de ses muscles, appréciant de ne sentir que des traces de courbatures.- Manger donc. Humpf. mais comment es-tu si mince, goinfre? Tu ne penses qu'à ça!

Fit le jeune homme en se rappelant des propos -et accessoirement de l'appel- passé par son ami. Avec un faux grognement de protestation, il chercha sa veste pour l'enfiler, sachant très bien que malgré son envie de dormir, beaucoup plus forte que celle de manger, il n'échapperait pas au dîner en tête à tête.

- Tu as bien fait. Et par pure parano', je vais t'accompagner. Je pourrai te protéger avec ma super canne. M'enfin, mes deux bouts de canne.

S'amusa Luke.

- Et surtout tu pourras me parler un peu plus de ces fameux bâtons. Je sais que je ne suis pas très versé combat, mais quand même je n'en ai jamais entendu parler. Y compris lors d'une discussion avec un Maître à propos, je me rappelle, d'un Padawan incapable de manier le sabre-laser à cause de sa constitution.

Certes, ce n'était pas son truc, seulement l'Amour c'était aussi cela, s'intéresser, se passionner pour un domaine juste parce que l'autre s'y épanouissait. Luke acheva de s'habiller. Avoir hésité avec sa tunique lui rappela que leurs affaires étaient restées à la gendarmerie. Il espérait que Jasmine aurait l'idée de les emmener avec elle ou que Lyre les fasse transmettre dans son commissariat. Certes, ils avaient alors laissés peu de traces puisque la mission à ce moment n'avait que peu avancée et que tout s'était précipité sur le terrain, de même les ordinateurs étaient bien protégés mais quand même.

***

La nuit était tombée, assez sombre pour rendre les rares passants presque aussi aveugle que Luke, s'il n'y avaient pas eu des lampadaires dont la lumière chiche les guidaient. Celui sous leur appartement clignotait de manière irrégulière mais en soi, le quartier semblait sécurisé. Une vieille dame et son chien se tourna vers eux, au point de faire craquer les os de son cou, un courageux quinquagénaire en jogging passa devant sans les voir. Peu de gens vivaient dans cette zone plutôt réservées aux grandes entreprises.

Luke entendit le bruit étouffé d'un speeder de haute technologie, une de ces machines presque silencieuses qu'il n'appréciait guère. Une fois n'est pas coutume sur Bakura, ce fut un Rodien dont les antennes dépassaient du casque qui s'annonçait tandis qu'ils s'approchaient. Le blond se rappela sans vouloir de leur repas dans un petit restaurant. Où était-ce déjà? Sur Coruscant? Ils avaient ensuite projeté de prendre une glace avant d'y renoncer à cause d'une mission. Athénaïs sa demi-soeur aussi avait commandé une de ces gourmandises gelées lors de leurs retrouvailles fortuites. Poussé par la froide nostalgie, Luke attrapa le coude de son ami et se colla à lui. Il avait hâte de rentrer avec leur repas, dans l'intimité relative de cet appartement qui leur était étranger.
Karm Torr
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En face d’eux, les lignes impersonnelles d’un hôtel d’affaires se dessinèrent bientôt. Sur quelques dizaines d’étages, l’immeuble accueillait tout le nécessaire pour les salons professionnels, du centre sportif aux salles de congrès, des chambres à la restauration. Dans cette immense centre des affaires qui s’étendait sur tout un quartier de la capitale bakurienne, la nuit, les rues se dépeuplaient et l’on se réfugiait dans les hôtels.


Luke et Karm empruntèrent une passerelle aérienne pour traverser la rue, sous laquelle circulaient encore quelques speeders, rien à voir avec les bouchons de l’heure de pointe.


Donc, reprit l’Ark-Ni, qui était resté silencieux d’abord, le temps de se repérer dans ces rues peu familières, j’disais qu’il y a un subdivision des Gardiens, consacrée à [url=la][Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien] maîtrise des armes[/url], et pas seulement du sabre traditionnel. On trouve d’un peu tout. Si tu y réfléchis, c’est une nécessité, pour l’Ordre.


Les portes automatiques de l’hôtel s’ouvrirent et ils pénétrèrent à l’étage 17, dans lobby secondaire, qui débouchait sur la galerie commerciale au coeur de l’établissement. On y trouvait essentiellement des magasins de service : salles de sport, spa et coiffeur le disputaient à un casino, un réparateur informatique et d’innombrables restaurants. Des hommes et des femmes d’affaires, voyageurs de commerce ou avocats, conseillers en tout genre, vaquaient là à leurs occupations, après une journée de travail.


Ils étaient presque tous humains mais, dans l’hôtel, comme à l’astroport, quelques silhouettes plus atypiques se dessinaient malgré tout, rarissimes dans le reste de Bakura.


Une nécessité pour deux raisons. D’abord parce qu’on peut pas développer des théories et des entraînements martiaux si on a pas parmi nous des gens qui ont une connaissance pointue de toutes les armes qu’on pourrait affronter. Une bonne part de notre rôle, à nous, Gardiens, c’est d’étudier les traditions militaires, les équipements et tout ça, pour bien préparer l’Ordre aux réalités multiples du terrain. Et nécessaire ensuite parce qu’évidemment, y a toutes sortes de morphologies au sein de l’Ordre, et faut prévoir des programmes d’entraînement pour tous les cas. Plus la République s’étend et se diversifie, plus ça devient important.


Lui-même ne jouait qu’un rôle périphérique dans cette activité qui constituait une part importante de la mission de ce corps de Jedis auquel il appartenait, mais il ne manquait pas de faire part de ces observations consciencieuses, quand il mettait telle ou telle arme à l’épreuve sur le terrain.


Alors y a des trucs très… euh, non, c’est deux étages plus bas. Là, y a un escalier automatique.


Karm guida en douceur son compagnon sur les marches qui se déboîtaient dans le vide. La conversation s’interrompit le temps de négocier ce passage difficile puis, deux étages plus bas donc, l’Ark-Ni poursuivit :


Y a des trucs très exotiques, j’disais, mais il y a des choses standards. Blasters, principalement. Mais bâton aussi. C’est une arme traditionnelle dans tellement… c’est ici.


Les deux Jedis pénétrèrent dans un petit restaurant sobre et bien éclairé, dont les quelques tables étaient désertes, l’établissement prospérant presque exclusivement sur la vente à emporter. Il proposait des plats végétaliens légers et équilibrés, surfant sur la mode de la nourriture saine. Une jeune Bakurienne souriante accueillit les deux nouveaux clients, de toute évidence pas désarçonnée le moins du monde par leur apparence atypique.


’Soir, murmura Karm. Commande Torr.
Commande Torr, commande Torr, répéta la demoiselle en examinant son écran. Ah ! Voilà ! C’est prêt ! Vous êtes ici pour les affaires ?
Hmm hmm, fit un Ark-Ni toujours très communicatif.
En espérant bientôt vous revoir au Palais du Légume !


Le jeune homme adressa un vague sourire à la vendeuse, avant de quitter l’établissement avec Luke.


Ouais, donc, j’disais. C’t’une arme traditionnelle dans tellement de sociétés… ‘tention, on reprend l’escalator… que fatalement, les Jedis s’y sont intéressés depuis une éternité. Y a même un manuel entièrement consacré à la question. L’escalator se finit. Voilà.


Ils reprirent la direction de la passerelle aérienne.


Un manuel entièrement consacré à la question. Rédigé y a sept cents ans par un Chevalier Jedi, qui considérait que le bâton est une arme plus noble que le sabre-laser, parce que plus simple technologiquement, et donc plus humble. J’suis pas persuadé que la logique et l’idéologie sous-jacentes soient bien inspirées, mais le côté pratique du manuel est assez solide.


Lui ne voyait pas le problème avec la technologie qui consistait à améliorer des outils pour les rendre plus fiables. Les sabres lasers continuaient à faire des progrès au fil des générations — lames de longueur variable, résistance à chocs magnétiques ou à l’eau — et c’était très bien comme cela.


Après, c’est pas nécessaire de s’en tenir aux bâtons basiques. On peut imaginer un vrai bâton de combat, qui diffuse des chocs électriques paralysants ou puisse projeter des projectiles. C’est ce qu’on trouve en général sur le marché de l’armement, aujourd’hui.


La conversation avait quelque chose d’étrangement inédit. Même si les armes constituaient l’une des spécialités fondamentales de Karm, en tant que Gardiens, il les évoquait rarement auprès de Luke. L’occasion ne se présentait as, et puis c’était un sujet souvent délicat, au sein de l’Ordre. C’était la première fois que l’Ark-Ni rentrait dans les détails d’un équipement.


Alors qu’ils pénétraient à nouveau dans l’immeuble de la CFB, Karm conclut :


Et c’est pas forcément nécessaire de choisir. Tu peux très bien avoir un sabre et un bâton. En fait, tu peux même probablement intégrer ton sabre au bâton. Avoir un côté de ton sabre dédié à l’émission d’une lame laser, et modifier le manche pour que, de l’autre côté, puisse se déployer un bâton télescopique. Par exemple.
Luke Kayan
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S'étant finalement décanté pour aller chercher leur repas à la source, les deux jeunes gens entrèrent dans un bâtiment autrement plus peuplé que la ville à ces heures-ci. Une multitude de présences accompagnées de leurs voix perspectives s'engouffrèrent dans la Force alors même qu'elles en ignoraient tout. Luke s'octroya un instant pour la sonder, un peu à la manière d'un animal qui hume un parfum trop subtil pour que d'autres n'y aient accès. L'endroit, malgré son agitation, était plutôt paisible, les gens étaient détendus après une lourde journée de travail. Ils déambulaient à la recherche d'un dîner appétissant et facile ou faisaient du lèche-vitrine. L'énorme immeuble réunissait toutes sortes de magasins dont la majorité partageait l'excentricité de ne pas fermé. Ainsi, lorsqu'ils passèrent devant un gymnase, les pédales de vélos statiques résonnaient férocement, les tapis ronronnaient et en y prêtant l'oreille, on pouvait même distinguer les grognements d'hommes d'affaires décidés à rester en forme, quitte à rogner sur leurs heures de sommeil. C'était tout un étalage d'étrangetés, de luxe étranger aux Jedis habitués à la simplicité. Dans la mesure du possible, ces derniers suivaient le cycle général de la nature, se levant avec le soleil ou à peine plus tard. De la même manière, si une mission ne les en empêchaient pas, ils avaient l'habitude de se coucher avec l'Astre Lumineux. Hormis quelques exercices qui requéraient l'intervention de droïdes complexes, excellemment construits, capables de les entraîner au-delà de duels organisés, de nombreux Jedis priorisaient la pratique sans autre artifice que leur sabre-laser. Le Consulaire était en ce sens, assez traditionnel, même s'il en oubliait, de ce fait, le paradoxe de préférer une arme technologiquement avancée, aux circuits enchevêtrés de morceaux de gemmes rares. Rien de très modeste finalement, mais c'était un illogisme difficile à remarquer puis à accepter après de longues années de conditionnement.

Ainsi, le Chevalier considérait l'idée de se battre avec un bâton comme étrange voire excentrique. Depuis le temps qu'il côtoyait Karm, il avait appris à ne plus se scandaliser pour un rien, d'autant pus que les fondements expliqués par le Gardien étaient justes. Pourquoi pas, finalement. Que ce soit moins connu ou reconnu au sein de l'Ordre -un peu comme les Corps Auxiliaire- ne rendait pas ces fameux bâtons condamnables.

- Tant qu'à faire, qu'il soit simple, sans électricité ou énergie me suffirait. Le plus important, je pense, est la matière.

Fit le jeune homme à voix basse, en pensant à sa pauvre canne brisée. La seconde en moins d'un an. Plongé dans des réflexions induites par Karm, le Chevalier songea au rôle des Gardiens, beaucoup plus complexe, complet que quelques Consulaires à l'esprit clos imaginaient. Les manieurs de sabre, ou de bâton du coup, n'étaient pas des brutes qui voyaient le monde à travers des muscles s'entrechoquant. Bien sûr, l'image était exagérée, ceci dit le Hapien connaissait effectivement des diplomates qui pensaient ainsi. Une certaine joie l'envahit en se disant qu'il avait trouvé un thème intéressant duquel débattre avec son Padawan, Eckthor, qui voulait devenir Gardien. Ce dernier serait ravi que son mentor entame une conversation sur la voie qui le passionnait. Malheureusement, Luke se rappela de la réalité, laquelle lui arracha un soupir quasiment inaudible. Le garçon avait prolongé son séjour à l'école de pilotage, de même qu'il avait des contacts prolongés avec un maître qui allait de cette dite école au Temple. Ces deux-là s'étaient trouvés, chaque fois qu'Eckthor lui demandait un délai supplémentaire, chaque jour passé sans prise de contact mettait en évidence une réalité: Le Padawan qui était prêt à tout pour avoir n'importe quel maître avait probablement rencontré sa vraie âme soeur, et Luke qui ne voulait pas d'apprenti se retrouvait isolé, un peu abandonné. C'était plutôt logique vu combien ils différaient, ceci dit ça ne l'empêchait pas de ressentir une certaine douleur ou d'avoir l'impression d'échec.

La voix de Karm l'avertissant d'un escalator éveilla le jeune Jedi. Il butta légèrement sur la marche mouvante mais se rattrapa à l'épaule de son ami, heureusement sans y mettre tout son poids. Un léger sourire d'excuse plus loin, Luke était revenu au présent, prêt à savourer l'entièreté de cette mission. Après tout, il n'était pas seul dans sa chambre à rédiger son mémoire ou à trier de la paperasse. En -très- bonne compagnie, il était parti pour une promenade apéritive agrémentée d'une belle discussion réflexive comme il les appréciaient, que demander de plus?

- Égoïstement, je n'avais jamais songé aux morphologies diverses, mais tu as raison. Si le Temple adapte les chambres pour eux, il est logique de penser que les armes aussi doivent l'être. Évidemment, c'est difficile pour moi d'en avoir aussi pleinement conscience que toi ou d'autres qui le voient directement, cependant j'ai entendu parler de ce problème, toujours plus récurrent. Sur Coruscant d'ailleurs, ils font attention à bien penser les installations, d'où la lenteur du chantier.

Indiqua le jeune homme alors qu'ils arrivaient dans le restaurant. L'odeur de propre qui se mêlait à celle de la nourriture rasséréna un peu le Hapien, même s'il savait d'avance que Karm n'aurait pas choisi un de ces restaurants abominables de nourriture industrielle appréciée par les jeunes de toutes les classes sociales. D'ailleurs, ils en avaient croisé dans le prestigieux immeuble, l'odeur graisseuse avait même fait grimacer Luke. Après un court échange entre la réceptionniste et son ami, tous deux partirent avec un paquet aux effluves légères. Les établissements carnivores, peu chers s'opposaient à ceux végétaliens souvent targués d’élitiste sans parvenir à gagner l'unanimité. C'était un peu comme les armes finalement, proposer une diversité qui s'adaptait à chacun, la société regorgeait d'exemples. du plus simple au plus complexe. Comment avait-il pu ne jamais chercher à trouver une alternative au Sabre-laser? Pur orgueil ou simple habitude à suivre le chemin qu'on avait tracé pour lui? Faisant pencher la balance pour la seconde option, l'esprit de Luke peinait encore à l'idée de modifier si drastiquement sa manière de combattre, songeant que si Saï Don ne lui avait rien proposé d'autres, c'est qu'il voulait que son apprenti utilise le sabre. Le Hapien se promit de discuter avec le Vénérable Chef du Conseil, car s'il considérait effectivement la proposition de Karm comme valable, il continuait de voir Saï comme son mentor. Cela ne changerait jamais, ils étaient trop liés pour ça, et puis le vieillard le connaissait bien.

- Un sabre-laser et un bâton ensemble. Deux en un, on n'arrête pas le progrès! - S'étonna Luke, tout à coup enthousiasmé par l'idée. Voilà une proposition qui lui permettrait de ne pas vraiment avoir à choisir. Il pourrait conserver son arme traditionnelle tout en profitant de l'option 2 du bâton. Il était d'ailleurs curieux que cette superbe proposition ne soit pas devenu une institution, sachant qu'improviser une bagarre avec ses deux cannes l'avaient sauvé -bon aucun des bâtons n'avait survécu ceci dit.- mais je préfère à la réflexion, ne pas mettre tous les oeufs dans le même panier. C'est quand même l'apparence inoffensive de ma canne d'aveugle qui m'a sauvé deux fois. Tu sais, je pense que si elle avait été un peu plus solide, ça me suffirais à être content. Et je ne veux pas que uses encore plus de temps à tout mon apprentissage pour un bâton électrique ou je ne sais quelle arme sophistiquée. Je sais très bien le sacrifice que cela demande, une formation depuis le début, et tous deux savons aussi qui devrait s'en charger.

à son grand regret, Luke savait déjà qu'il n'aurait probablement pas l'occasion de lire le manuel mentionné par Karm. Ils ne devaient pas trop se disperser pour continuer à être efficace. Avec un bâton juste plus solide que son ancienne canne, le jeune homme pourrait partiellement s'entraîner pour améliorer sa technique qui lui servirait en cas de perte de son sabre. Il améliorerait ses chances de s'en sortir sans non plus tout changer. Ah la belle option! Bien facile, bien commode, mais effectivement basée sur l'envie sincère de ne pas surcharger Karm. L'Explorateur travaillait au moins autant -voir plus!- que lui, sur des projets dédiés aux jeunes du Temple mais aussi personnels, sans oublier de le guider. Il finirait un jour par exploser craignait Luke.

***

Le paquet entre les mains, après avoir de nouveau négocié le passage difficile sur le retour, le Hapien se détacha du bras de son ami qui jusque là, le tenait comme un valide l'aurait fait pour aider un handicapé. Malgré une honte certaine qui fit monter le rouge à ses joues, le Jedi déposa sa main dans celle de Karm, laissant peu d'ambiguïté sur la nature de leur lien. Même si bon nombre de gens se fichaient bien du duo, il ressentit la réprobation contenu d'une éphémère aura qui passait à leurs côtés. Pour autant, le Consulaire ne dégagea pas ses doigts.

- Est-ce que tu as songé, toi à te spécialiser en bâton ou en lance? Et sais-tu maîtriser le blaster? Beaucoup de Jedis le méprisent.

Curieux fait ceci dit, quand on savait que leur Ordre prônait la tolérance. Lui aussi d'ailleurs devait combattre les préjugés inondant sa tête à ce propos. Le blaster était une arme fourbe, vulgaire aux yeux de Luke.

La fraîcheur nocturne les assaillit tandis qu'ils devisaient, le Hapien demandait des précisions à l'Explorateur, intéressé malgré son idée pour l'instant arrêté de juste manier un bâton dans le cas où il égarait son sabre-laser. Il s'intéressait aux techniques, gobant avec intérêt les explications adaptées de Karm qu'il n'aurait jamais saisi d'autres lèvres. Là où les images lui manquaient cruellement, son compagnon parvenait à lui donner un ordre d'idée. C'était approximatif bien sûr, mais le blond parvenait au moins à donner le change.

- Hum. Y a-t-il un domaine où tu exècres? Je ne crois pas. - S'amusa-t-il même si dans sa voix il était facile de noter, pour qui le connaissait, une admiration sincère. Karm l'aidait, prenait du temps pour lui, pour eux, sans dédaigner ses autres projets. Mais que mangeait ce Jedi pour être aussi productif?-
Karm Torr
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La main de Luke dans la sienne.


Le cœur de Karm fit un bond et, aussitôt, à travers la Force, sa joie se propagea de manière si pure et si pleine qu’il ne parvint pas à la contrôler tout de suite. En bon Jedi, il reprit promptement le contrôle de ses émotions, mais c’était assurément un cadeau d’une singulière beauté que venait de lui faire Luke.


Il se sentait bien.
Il se sentait heureux.


Il y a un Maître de l’ancien temps qui se battait avec un bâton qu’il avait imprégné de Force. Un artefact jedi, capable de parer, dit-on, même les coups de sabre laser. J’arrive pas à me souvenir du nom, mais je ferai des recherches.


Sa propre Maître, Tavaï, avait toujours été une stricte traditionaliste en matière de sabre et les quelques excentricités que se permettaient son Padawan, c’est-à-dire le pommeau incurvé et la prise Shien inversée, attiraient déjà sa réprobation. Jamais elle n’avait autorisé Karm à étudier le combat à deux lames et encore moins à se plonger dans l’étude des artefacts jedi. Mais depuis qu’il était libéré de son influence, Karm s’efforçait de rattraper ce qu’il tenait pour un retard.


En tout cas, ça me dérange pas de t’aider, assura-t-il. On apprend toujours en enseignant.


Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur eux, quand Luke l’interrogea sur les blasters.


Euh.


Un vague embarras s’empara de l’Ark-Ni, qui, comme nombre de Jedis, n’aimait guère faire l’étalage de ses capacités.


La plupart des Gardiens se débrouillent bien avec un blaster, oui, confirma-t-il. C’est un prérequis. Des fois ton sabre est hors de portée, des fois t’as besoin d’autre chose, faut savoir faire avec ce qui tombe sous la main.


Lui-même continuait à s’exercer très régulièrement avec les armes de tir, même si, pour le combat à distance, sa prédilection continuait à aller au lancement de sabre. Tavaï lui avait imposé de longs mois de formation aux côtés des Jedis Snipers, ces Gardiens de Temples qui excellaient dans cet art bien particulier, et, chaque semestre, Karm passait encore une semaine à leurs côtés, pour entretenir ses compétences.


Refermant la porte de leur appartement du jour, Karm déposa son sachet sur la table, après s’être débarrassé de ses chaussures et de son blouson.


À vrai dire…


Le jeune homme poussa un soupir. C’était une chose d’être humble, mais c’en était une autre de ne pas donner à Luke une idée satisfaisante de ses capacités. Hors, le Hapien avait besoin de savoir à quoi s’en tenir, pour pouvoir estimer, sur le terrain, ce que son partenaire était capable de faire ou non.


Je suis plutôt très doué aux blasters, reconnut-il. L’entraînement de Tavaï était intensif, dans ce domaine comme le reste. Et je continue à m’entraîner. J’suis meilleur avec une arme de poing, mais je me débrouille avec un fusil sniper aussi. Pas contre, les mitrailleuses lourdes, ça, ça l’fait pas, j’ai pas la puissance musculaire.


Karm avait beau être plus solidement bâti que la plupart des Ark-Ni, sa puissance physique restait fort modeste.


Pour le reste… Je me débrouille avec la plupart des arbres standard, oui. Lance, bâton, étoiles à lancer, divers vibrolames. J’suis pas un spécialiste, pas comme les Maîtres qui en choisissent une et étudient à fond, mais très versatile. C’était une de ses exigences, de Tavaï, je veux dire, et je trouve qu’elle avait raison. Un bon Gardien doit s’efforcer d’avoir une connaissance et une pratique encyclopédiques de ces choses-là. C’est son rôle au sein de l’Ordre, c’est un savoir qu’il doit assimiler et maîtriser, pour le préserver et pouvoir le transmettre, théoriquement et concrètement.


Tous ces confrères n’avaient pas nécessairement le même avis sur la question. Nombre d’entre eux considéraient que le rôle d’un Gardien était exclusivement de se faire le plus efficace possible pour remplir des missions physiques, un choix que Karm respectait, sans l’approuver.


Mais mes deux spécialistes fondamentales, ça reste le sabre et le corps-à-corps. Le corps-à-corps, donc, c’est ce qui me distingue le plus, si tu veux, parmi les Gardiens.


Le repas était déballé et, installé à table, Karm resta quelques instants silencieux, remerciant intérieurement la Force Vivante d’avoir pourvu, par l’ordre naturelle des choses, à la nourriture des êtres de la Galaxie.


Il eut l’un de ses rares rires légers quand Luke insinua qu’il était parfait.


C’est ça, oui, ironisa-t-il. Y a plein de domaines dans lesquels je suis nul. Le droit. L’économie. Le droit, j’ai péniblement compris les trucs nécessaires au mission, mais l’économie, sérieux, je capte que dalle, même quand je fais des efforts. La politique, c’est un peu pareil. La diplomatie. La psychologie, en fait, dans une large mesure. Avec les gens que je connais, je suis pas largué, mais les autres, dès que c’est un peu trop subtil, ça me fait l’effet d’un mystère impénétrable. C’est assez… Pas frustrant, mais perturbant, un peu.


Parfois, il avait l’impression que le monde entier fonctionnait très différemment de lui. Il supposait que c’était une sensation commune, que chaque personne, ayant accès aux profondeurs de sa propre intériorité, mais pas à celles des autres, avait l’impression d’être isolée.


J’suis pas super calé en arts. J’aime bien ça, mais j’ai pas le temps. Je connais plein de choses en musique, mais c’est assez… Sélectif, disons. ‘Fin voilà, en gros, j’ai pas vraiment de culture générale, je crois. Je sais plein de choses, mais sur des domaines spécifiques, qui viennent rarement dans les conversations. Faut pas être assis à côté de moi dans un dîner mondain. De toute façon, je saurais pas quels couverts utiliser.


Rien de surprenant au demeurant : les Gardiens étaient rarement formés aux subtilités du protocole, et les explorateurs encore moins. L’essentiel de la vie de Karm se passait dans de vastes étendues inconnues, où les chances de rencontrer la civilisation, n’importe quelle civilisation, étaient assez minces.


Physiquement… Ben j’suis pas très grand, comme t’as sans doute pu remarquer, hein… Ça complique parfois les choses sur le terrain. Et pas super costaud. Pour le sabre, c’est pas grave, y a des manières de pallier, mais des fois, dans d’autres situations, c’est critique. Mais enfin bon, sur le plan physique, ça reste quand même pas trop mal dans l’ensemble.


Sacré euphémisme.


Pendant quelques mois, l’année dernière, j’ai pensé que je pourrais peut-être devenu un chercheur jedi, tu sais, genre en botanique. Un vrai scientifique, sur le terrain, comme d’autres à l’ExploCorps. Mais en vrai, j’ai des lacunes immenses, ça prendrait trop de temps à rattraper, ce serait une perte de ressources pour l’Ordre. C’est pour ça que j’avais forgé des shotos à partir d’un cristal vert. Mais aujourd’hui je comprends qu’ils ont un autre sens. Une question d’équilibre. Je me sens plus… Serein. Depuis quelques temps. Par rapport à ma vocation de maître d’armes. J’en apprécie mieux la valeur.


Depuis qu’il s’était intégré à l’ExploCorps volontairement, Karm avait accompli un long chemin existentiel, plein de doutes et d’hésitations, qui avait duré plusieurs années, mais, désormais, comme il avait mûri et beaucoup réfléchi, il était plein d’une assurance qui lui échappait, à l’époque où il avait rencontré Luke.


Et toi ?


Le regard de Karm se plongea dans celui de Luke, dont l’étrangeté ne le dérangeait guère, mais c’était surtout sa présence dans la Force qui plongeait dans celle du Hapien.


Tu ne t’es jamais dit que tu pourrais mettre ta maîtrise des règlements, ta patience pour les détails, ta connaissance du droit, ton esprit rigoureusement méthodique et, faut bien avouer, ta beauté à couper le souffle pour jouer les avocats ? Pas forcément à faire des grandes plaidoiries dans les tribunaux, mais à suivre des affaires importantes pour les petites gens. Pour les droits des communautés, des planètes mineures, ce genre de choses. Je sais que certains Consulaires font ça. Qu’ils conseillent et accompagnent ceux qui se battent grâce aux institutions.
Luke Kayan
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[HJ: Pardonne-moi s'il manque un détail ou autre... Il est 4h00 et je me lève dans 3 h. Youpi.]

On aurait presque dit deux amoureux en vacances, peut-être que ces inconditionnels de Technologies venus sonder les nouveautés ou des associés cherchant de fournisseurs, probablement pour lancer une entreprise de propulseurs anti-grav. Ils s'enfonçaient dans la nuit, à peine éclairés par le réverbère paresseux juste au-dessous de leur logement. Détendus- même si Luke l'était un peu moins à cause de leurs mains reliées.- les jeunes gens montèrent dans l’ascenseur avant de s'engouffrer dans l'appartement. Le Hapien entendit vaguement remuer à côté puis une voix jaillir, une sorte de lamentation contenue qu'il devina appartenir à Jasmine, sans doute appelait-elle quelqu'un de sa famille ou un(e) ami(e) capable de la rasséréner aimait-il à croire.

- Peut-être qu'on apprend, mais ne te lasses-t-u pas d'avoir toujours le même cancre?

Luke savait que Karm prenait à coeur la formation des nouvelles générations, aussi bien que ceux de leur âge d'ailleurs. En fait, il était tellement partout que parfois, le Consulaire en venait à se demander s'il était particulièrement inefficace ou paresseux. Comment son ami faisait-il pour accomplir tous ces projets, faire ces promesses puis les tenir? Au niveau de la patience, de l'abnégation, c'était admirable, même si du coup, le blond se demandait si l'Ark-Ni avait conscience des limites. Sa résilience extraordinaire par exemple lui permettait de résister à des situations inacceptables, en était-il de même pour le reste? Karm ne risquait-il pas tout à coup de s'effondrer et de réagir étrangement comme ce jour lorsque les cristaux l'avaient "empoisonnés"? Le Hapien avait fait face à un jeune démuni, ne désirant plus se réveiller, traumatisé. Il avait eu toutes les peines du monde à le ramener à la conscience, à la vie. Vaguement, le Jedi repassa les nombreuses idées que son ami suivait ou les propositions dans lesquels il s'engageait: la rédaction de son propre manuel, l'enclave, la formation de Thann, celle de ses congénères, souvent Consulaires, ses entraînements avec des professionnels externes au Temple, la construction d'un lien avec lui au sein de la Force. Mis bout à bout, ces preuves d'hyperactivité avaient de quoi inquiéter et le constat venait de brutalement percuter Luke en plein visage. Il retint cependant ses pensées négatives pour quelque chose de plus léger, ils le méritaient.

- Plus sérieusement, c'est une piste à explorer- Suggéra-t-il prudemment, aussi attendri que préoccupé par l'emballement de Karm. Un Maître Jedi qui manie un bâton de telle façon qu'il rejette les tirs de blaster... Peut-être faudrait-il rappeler à l'enthousiaste que son potentiel élève restait dans la norme voir en-dessous? Le blond n'avait en effet rien d'un de ces héros qui sortaient de l'ordinaire grâce à leurs compétences. Tout au plus pouvait-on lui concéder une certaine polyvalence, mais il ne brillait pas, du moins pas autant que son ami, une chose qui heureusement lui convenait à la perfection.

- Hum. Avec ce qui tombe sous la main, je comprends. - S'amusa le Chevalier qui devait justement sa survie à ce type d'initiative un brin farfelu.- La taille, la puissance musculaire. Parle-moi de problèmes que je ne connais pas.- Luke avait semblait-il, les mêmes défauts que son cher et tendre sans posséder ses avantages. Pour l'instant en tout cas, il ne trouvait pas la liste de défauts très grave, ce qui ne faisait que forcer encore son admiration. Karm était sincère, il décrivait bien de véritables faiblesses selon ses critères, mais pour le Hapien ça n'en était pas vraiment.- L'économie et la politique... Dans la première matière j'avais la moyenne tout juste, et je crois que mes talents dans la deuxième s'amenuisent avec le temps qui passe.

En réponse au rire -si rare- de Karm, le Chevalier offrit un éclat, un peu en retard certes. Vrai. La politique l'ennuyait tant et si bien qu'elle parvenait à ronger sa patience pourtant proverbiale et que du coup, ses capacités en prenaient un coup. Quant à l'économie, il était peut-être doué pour percevoir la moindre torsion dans des comptes, pourvu que ces derniers soient bien faits, clairement affichés: le calcul en soi ne faisait pas parti de ses qualités.

- Bon d'accord, admettons que tu aies quelques petits défauts... Mais ça reste injuste, ils ne font que souligner tes atouts.- Fit semblant de se plaindre Luke alors qu'il retenait à grande peine -et visiblement- un nouveau rire. Connaissant son ami, ce dernier avait du mal à vanter ses capacités, une réaction plutôt logique pour des Jedis. Aucun n'avait appris à valoriser la fierté mal placée.- En tout cas je suis réellement ravi d'en savoir plus sur tes capacités. Rassuré aussi, tu pourras continuer de venir à mon secours, avec je rappelle, ce qui te tombes sous la main.

Une vague de tendresse filtra entre ses gentilles moqueries. Luke profita d'un interlude-annoncé par le bruit de sachet que l'on froisse- pour retirer sa veste et la poser méthodiquement sur une chaise. Après s'être assuré que cette dernière était assez proche de la table, il s'installa sans faire son enfant gâté, au contraire plutôt amusé. Une telle journée, riche en déplacements et émotions lui aurait presque donné faim.

- Voyons si tu cumules le talent de critique culinaire capable de repérer les bons restaurants. Le palais du légume ai-je cru entendre donc.

Luke aussi respecta le silence de Karm qui avait déjà déballé le plat, sans prier la Force pour la remercier, il s'attela à penser à tous ceux qui n'avaient ni nourriture, ni d'abri dans la Galaxie et se promit de s'évertuer à rendre justice pour eux. Il attendit que son aîné reprenne la parole, toujours sur un ton assez léger qui le détendait vraiment, si bien que ses habituelles lourdes pensées pour des enquêtes non classées ou des préoccupations chiffrées -surtout lorsqu'il mangeait seul dans sa chambre pour finir des dossiers.- s'envolèrent.

- Tu sais, je suis vraiment heureux que tu aies trouvé ta voie avec les Shotos, mais aussi dans l'enseignement, un domaine qui t'effrayais tant. Aujourd'hui j'entends que les élèves t'apprécient, bon certains chevaliers craignent que tu leur apprenne des idées hérétiques. - Karm n'était pas connu pour sa sagesse, s'il offrait un environnement aussi sécurisé que possible lors de ses classes, il était considéré par quelques rares vieux parchemins comme un laxiste qui laissait trop les rênes à ces arrogants, ignorants Padawans. Les rumeurs les plus exagérées suggéraient que le Chevalier Turquoise encourageait les gamins à titiller l'autorité, remettre en questions certains fondements, faire preuve d'une initiative peu convenable en résumé. Heureusement, ces ronchons n'étaient pas souvent pris au sérieux, même Luke s'amusait d'eux, en secret évidemment puisque devant il aurait tendance à s'incliner, trop effrayé par le sens de la hiérarchie si bien ancrée en lui.- Quant à la psychologie, sauf quelques exceptions, c'est plutôt normal. Rares sont ceux qui parviennent à cerner un inconnu en un temps record, mais tu es plutôt très doué -comme tu dis, ce qui est au passage incorrect grammaticalement mon cher, car c'est plutôt doué ou très doué! Je vous ai enfin trouvé un vrai défaut à Monsieur Torr. - pour certains profils: Tu te souviens du cas de deux auxiliaires: ce garçon, Rakki, et de sa copine qui avaient fini contre un arbre. Je perdais patience quant tu as réussi à faire s'ouvrir le premier, à comprendre ses actes à un degré relatif.

En même temps sur le terrain, ils rencontraient plutôt des caractères trempés, bagarreurs, frondeurs ou totalement décalés. Les philosophes qui auraient pu être sensibles aux arguments du Hapien ne courraient pas les rues. Côtoyer les petites gens pour résoudre des affaires les poussaient davantage à rencontrer des gamines comme celle à la cité des Deux Soleils, laquelle avait été bien plus attirée par le caractère de l'Ark-Ni.

- Avocat?... - Le Hapien remercia la Force de ne pas avoir pris la première bouchée. Il aurait pris le risque de s'étrangler, à cause d'une furieuse envie de rire. Non pas dans l'optique de se moquer de l'Ark-Ni sinon de l'image qu'il se renvoyait en toge, en train de plaider. Une catastrophe selon lui beaucoup trop pointilleux pour mettre le destin entre les doigts d'une personne qui ne se consacrait pas jour et nuit à leur dossier.- Il faut des années de spécialisation en droit. Dédier des journées à ces études là où je frôle la matière du bout des doigts, feuilletant quelques pages comme un débutant. Défendre des gens, combattre une institution ou essayer d'aider une planète mineure à faire valoir ses droits requiert des années de préparation. Je ne me risquerai pas à faire plonger tous ces gens, parce que je crois qu'il faut cesser toute activité à côté et uniquement penser, manger, dormir, travailler droit, trouver la faille, avoir une capacité à plaider, argumenter, se tenir parfaite. C'est trop subtil pour moi, je fais trop de choses à côté. En plus, on en revient toujours à la politique, dans ces affaires, de toutes façons importantes quoiqu'on en pense au début, elle intervient sans équivoque. Enfin, je dois t'avouer que j'ai envie d'aider... Mais pas ainsi. Ce n'est pas... Ce qui me passionne.

Oh non, Luke ne se voyait pas plongé dans ces méandres, ces fils qui formaient une unique toile, solide et fragile à la fois, issu de plusieurs araignées: la politique, l'économie, le droit civil voir pénal, le social. Bref, il ne se sentait pas du tout à la hauteur ni éprouvait le désir de s'enfermer dans cette matière, était-ce égoïste de sa part? Et qu'est-ce qui le passionnait finalement, hormis la Force? (et Karm, d'accord).

- Et la beauté, ce n'est pas pour le mannequinat? Enfin entre ce que j'ai entendu dire une fois et ce que je peux en comprendre.

Finit le Jedi avec une touche d'humour en rapprochant l'assiette de son ami afin de le servir, avec précaution, en calculant bien les distances pour ne pas tout mettre à côté. Il fit de même avec sa propre assiette et accompagna le tout d'un verre d'eau pour chacun.

- J'ai longtemps cherché où me poser, mais finalement, je touche un peu à tout sans me révéler extraordinaire nulle part: la guérison, les enquêtes, un peu de recherche. Ça en deviendrait n'importe quoi, mais finalement, je ne me sens pas plus mal que ça. Là où j'aurais forcé, je me serais demandé quelle était ma voie de manière presque obsessive, je commence à me dire que si ma vraie spécialité doit se révéler, elle le fera et sinon, du moment que je peux être utile à l'Ordre...

* Ou à toi *

La pensée vola doucement jusqu'à Tam. Parce que oui, insistant pour devenir Maître et former une enclave c'était aussi une vocation à part entière et il en était très content.

- Ton discours sur les "petites gens"... Je sais d'où vient le côté révolutionnaire de Thann maintenant! Comment va-t-elle d'ailleurs? Un peu mieux j'espère.

Karm Torr
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Ah.


Sans la bonne humeur évidente de Luke, Karm se serait probablement senti coupable d’avoir voulu jeter son compagnon dans une vocation qui lui déplaisait si évidemment. Tout doucement, il murmura tout de même :


Désolé…


Avant d’enchaîner avec plus d’assurance, pour abonder dans le sens de l’Hapien :


La versatilité, c’est important aussi, surtout dans l’Ordre. Si l’Ordre n’était fait que de spécialistes, la communauté serait fracturée, on pourrait pas se comprendre les uns les autres. Il faut une sorte d’équilibre. Des gens qui puissent parler un peu à tout le monde. Naviguer entre les enquêtes et les négociations, les combats et les explorations. Des gens comme toi.


Et lui, aussi, d’une certaine façon. Pour Karm, la vocation de ces Jedis Snipers qu’il côtoyait si souvent, perchés dans les hauteurs du Temple, tout entiers dévoués à une tâche si précise, pour parer des attaques qui n’arrivaient presque jamais, cette vocation-là était presque incompréhensible. Elle exigeait une abnégation à ses yeux surhumaine.


Thann va bien.


Le sujet ne contribua pas peu à la joie du jeune homme.


Elle est vraiment très chouette, tu sais. Pleine d’idées, déjà en quelque sorte de certitudes, mais prête à tout envisager. Inventive, intelligente, déterminée, mais encore fragile. Columex a été un coup très dur pour elle, mais je lui ai laissé le temps de se réparer, un peu, ‘fin j’espère quoi, et le voyage sur Ilum a permis sinon de tourner la page, du moins de marquer une nouvelle étape.


Karm ramena une mèche de cheveux argentés derrière son oreille.


C’est une responsabilité quand même un peu terrifiante, de prendre en charge tout ça, mais je m’habitue.


L’Ark-Ni hésitait toujours à aborder le sujet de sa Padawane avec Luke, car il savait que pour le Consulaire, les choses ne se déroulaient pas de la manière idéale, et il lui paraissait impoli d’étaler son bonheur dans ces circonstances. D’ailleurs, il conclut sobrement :


Bref, c’est très épanouissant, j’ai beaucoup de chance et j’apprends énormément.


Désormais, il prenait la pleine mesure du sens de cette institution, au sein de l’Ordre. Il avait grandi tout autant à travers elle que Thann ne l’avait fait.


’Fin bref. Pour en revenir à ton époustouflante beauté…


Pendant plusieurs années, Karm avait considéré le sujet tabou. Luke, après tout, était aveugle. Quelle idée pouvait-il avoir de sa propre beauté ? Et peut-être craignait-il que les sentiments de son compagnon ne fussent que le produit de cette puissance mystérieuse qui lui échappait ? Mais ils étaient désormais si proches que ces craintes lui semblaient futiles.


La beauté, ça dispose en général les gens à être sympas avec toi. C’est pas systématique, puis évidemment ça dépend des espèces, mais c’est très souvent un atout de taille. C’est utile quand on a des relations avec le public. Surtout quand on a ton genre de beauté, un peu… Fragile. Ça éveille beaucoup d’émotions.


Karm repoussa son assiette vide.


Mais la beauté, aussi… Comment dire… La beauté est un chemin vers la pureté. La beauté est très proche du bien. Elle dispose l’esprit à contempler des réalités qui surpassent le présent. Elle ouvre des portes vers la Force. C’est vrai que la beauté peut être terriblement dévoyée. Toi et moi, on connaît le pire exemple peut-être de la Galaxie…


Il parlait bien sûr de Darth Noctis, ce puits d’ombre dissimulé par une incomparable splendeur.


Mais c’est rare. Et je pense… Je pense que tu peux comprendre, parce que… Une belle musique… Le parfum d’une prairie en fleurs… Toutes les beautés ne sont pas visuelles. Peut-être que tu sens combien une belle musique dispose l’âme à des pensées hautes et calmes, ou puissantes et vives, qui nous poussent vers quelque chose de plus grand que nous-mêmes, comme la Force ? Ou bien nous inspirent de nobles sentiments.


Il n’était pas rare pour les explorateurs de l’Ordre Jedi de considérer que les beautés des paysages grandioses qu’ils découvraient lors de leurs missions constituaient une invitation à la méditation et que les périples sans cesse renouvelés dans lesquels ils s’engageaient étaient un voyage tout autant au coeur de la Force qu’aux frontières de la Galaxie.


J’sais bien que chez les Hapiens, la beauté puise à des sources discutables, et même terribles, mais les sentiments qu’elle peut inspirer sont aussi sa possible rédemption. C’est une chose compliquée, c’est sûr. Parfois la beauté pousse à faire des choses douloureuses. Parfois elle est dangereuse. Comme tout. Il y a toujours une voie vers le Côté Obscur. Mais elle renferme aussi tant de richesses véritables.


Jusque là, tout cela était, pour une fois, fort orthodoxe. L’architecture élégante des temples jedis, le soin apporté aux robes, les sculptures et les sabres lasers témoignaient assez que l’Ordre n’avait jamais été insensible aux vertus de la beauté, tout au contraire. Certains Chevaliers faisaient le choix délibéré de fuir les apparences et se présentaient volontiers comme des ermites hirsutes, mais ils étaient rares et, en général, c’était plutôt à la sobre élégance, qui était une forme de beauté, qu’on encourageait les membres de l’Ordre.


Et toi… Toi, je te contemplerais des heures durant, je t’écouterais des heures durant, je te caresserais des heures durant. Ta beauté est un don précieux qui m’a ouvert bien des mystères de la Force, tu sais. Je crois que… Je crois que si je te désire tant, c’est aussi parce que près de toi, je me sens plus proche que jamais de la Force. Pour moi, c’est une chance littéralement providentielle que la beauté de ton corps, pour mes yeux, et ma peau, et mes oreilles, résonne avec la beauté de ton âme.


Cette déclaration d’amour était sans doute beaucoup moins orthodoxe.
Luke Kayan
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- Ne t'inquiète pas, cette voie aurait pu me convenir après tout, mais je dois être trop pointilleux, ou... Hum, pas assez suicidaire pour souhaiter m'illustrer dans un tribunal. - Ou lâche aussi, mais ça Luke évita de le préciser parce qu'il ne voulait pas que Karm passe son temps à le rassurer, d'autant plus qu'il ne se sentait pas si malheureux avec sa place à demi trouvée.

Alors que son ami détaillait plus en profondeur sa relation avec Thann, Luke en vint à sentir un pic de douleur, léger, récurrent et irrégulier. Depuis qu'il devinait qu'Eckthor s'éloignait de sa personne, le Jedi avait des fourmillements ou des élancements dans tout son être, lorsque par exemple, le souvenir de son "échec" revenait le hanter. Or, rien de tel qu'une belle relation entre Padawan et maître pour comparer, surtout que l'adolescent aurait tout donné pour avoir Karm en mentor également. Luke le soupçonnait même d'avoir essayé de changer à une époque. Par chance, la jalousie ne faisait pas partie du registre du Chevalier et il choisit bien évidemment d'être heureux pour l'explorateur. De fait, tout ce qui améliorait sa situation, participait à son développement et le rapprochait de ses objectifs rendaient Luke content. Il devina plus ou moins que son ami chercha à couper son propre enthousiasme lorsque la conclusion arriva, positive mais abrupte. Sans doute refusait-il de trop s'étaler sur son bonheur d'enseigner. Le Hapien se chargea de le rassurer subtilement en continuant lui-même sur le sujet Thann.

- Je pense que c'est une bonne élève, attentive et surtout dynamique, très loyale. Je suis content que vous vous soyez trouvés. La tristesse ne sied pas vraiment à Thann, je suis donc soulagé d'apprendre qu'Ilum a su dissiper son chagrin.- D'autant plus que le jeune homme n'oubliait pas que son ami avait eu une apprentie de la même race quelques mois avant et que leur duo n'avait guère fonctionner. Puisse l'énergique, la pimpante adolescente nourrir la confiance de Karm. Après ses années auprès de Tavaï, l'Ark-Ni avait besoin de positif et de douceur.- Je suppose que l'enseignement est comme la spécialisation. Tout le monde ne peut pas être doué dans le domaine.- Conclut-il à voix basse, laissant s'échapper un léger brin d'amertume mêlée à de la résignation. Il avait encore du mal à avaler la "trahison" d'Eckthor, surtout que leur relation avait commencé d'une manière très spéciale. Trop heureux de quitter les corps, le garçon avait encensé son tuteur peu convaincu, et lorsqu'enfin celui-ci semblait accepter son rôle, le futur gardien avait dû comprendre que Luke ne lui convenait pas. Sans doute avait-il servi d'échelle, de trampoline pour qu'Eckthor atteigne son réel but. En un sens, le Hapien pouvait s'estimer chanceux d'avoir participé au bonheur d'un duo qui ne se serait peut-être jamais formé sans lui. Heureusement, le sourire revint vite, un peu plus pâle mais réel. Il lui suffisait d'effacer les pensées trop introspectives, de s'oublier dans une résilience confortable et de se réjouir pour son ami.

- Tu sais, Eckthor t'appréciais beaucoup, j'ai entendu des jeunes dire qu'il confiait m'être reconnaissant mais regretter que tu ne sois pas son maître, il enviait la chance de Thann. Comment lui en vouloir? Il avait choisi une voie semblable à la tienne, et vos caractères se ressemblaient. En fait, définitivement, je suis heureux qu'il ait pu désirer t'avoir. Cette capacité à attirer, comprendre ces jeunes te seras utiles dans l'enclave. Moi je m'occuperai de la paperasserie, alors.

Avoua finalement Luke, pensant que c'était une excellente chose que de donner à Karm, une raison de plus de croire en lui. Son ami revenait de si loin qu'il avait besoin de tous les encouragements possibles, d'autant plus que le Hapien n'inventait pas, lorsqu'Eckthor revenait de ses rares cours avec Karm, il n'arrêtait pas de parler de ce dernier avec des étoiles dans les yeux. Le Consulaire écoutait avec un léger sourire, sans rien laisser paraître de sa douleur. Seule la fierté éprouvée pour son compagnon apaisait un peu la sensation de ne pas du tout être digne de l'enseignement et de s'attacher en sens unique à son élève.

- Hey... Un peu terrifiant, ça ne se dit pas. Terrifiant étant, un adjectif exprimant une intensité absolue, on considère que chercher à diminuer cette dite intensité via un adverbe de quantité relève de l'oxymore.

Fit-il d'un ton qui frôlait le murmure, armé d'un sourire toujours légèrement triste mais qui avait le mérite de se faire plus taquin. Il fallait bien lui trouver quelques défauts à cet Explorateur parfait et s'y arrimer.

- J'aimerais beaucoup que tu me racontes votre aventure sur Ilum, je suis à peu près persuadé, d'ailleurs, te connaissant, que trouver son cristal n'étant pas assez difficile comme ça, tu lui a ajouté bien d'autres épreuves... Et que ta chance habituelle, comparable à la mienne dans le domaine s'est chargée d'arroser le tout d'un peu de dramatique.

Cette fois, l'amusement avait retrouvé ses droits sur son visage aux traits fins. Il connaissait la propension de Karm à se mettre dans des situations incroyables, quelque soit la facilité d'une mission basique, sans danger. Des drones empoisonnés finissaient par surgir de nulle part, à moins que ce ne soit des vengeurs masqués sortis d'un mauvais holofilm qui ne bondissent sur lui. Le Naufrage du Trépidant était l'illustration parfaite -et tragique à souhait.- de cette tendance qu'ils partageaient.

- J'ai aussi perçu la fragilité de Thann, c'est pour ça que je me réjouis d'autant plus qu'elle t'ait toi car je sais que tu sauras gérer ça. Sans la brusquer mais sans non plus l'envelopper dans un étouffant cocon. Agir naturellement avec elle fait partie du remède.

Un autre secteur dans lequel Karm excellait, lui moins, car habitué aux méthodes psychologiques enseignées lors du cursus de Guérisseur, lesquelles étaient parfois trop scolaires et inadaptées à la réalité du terrain. Son ami avait beau prétendre ne rien saisir à la manière de fonctionner des gens, il parvenait à aider Thann et à le préserver lui avec une simplicité "complexe" subtile et délicate bien cachée sous un ensemble en apparence brut, sauvage. Luke admirait, entre autres, la capacité d'adaptation de son ami, persuadé d'ailleurs que son humour Ark-Ni était l'illustration de sa manière générale d'aborder les choses: avec une sérénité digne doublée d'une gentillesse pure. Certes, son aîné avait des défauts comme cette hyperactivité cachant elle-même une certaine fragilité, mais dans le domaine humain, il surpassait le philosophe .

- Une jolie musique... - Un brin rêveur, Luke avait sans s'en apercevoir, mis un coude sur la table, sa tête, comme attiré s'y déposa tandis que ses yeux cherchait dans le ciel, des souvenirs sonores. L'un d'eux revint à son esprit, coupable de son impolitesse soudaine ainsi que de son air un peu éthéré. Sur le vaisseau Ark-Ni, Karm avait joué une très belle mélodie. S'enchaîna la première fois où, encore gêné, son ami avait daigné sortir ses instruments pour lui. Dans ce cas, le blond comprenait le sens de la beauté, oui.- Les sentiments, les intentions et les paroles peuvent aussi être belles. Sincèrement ou en apparence, c'est vrai, mais le physique je suis désolé, ça m'échappe toujours autant.

Et c'était sans doute autant dû à sa cécité qu'à un certain entêtement, le tout saupoudré de son éducation traditionnelle qui refusait le narcissisme. Reconnaître qu'un tissu était agréable, qu'une fresque était bien faite, une matière noble était une chose, se désigner avec ces adjectifs en était une autre. Le Jedi avait toujours jugé le champs lexical de la beauté dangereux lorsqu'on employait un pronom réfléchi. Associée au danger, sa propre "perfection" l'avait mené à souffrir, uniquement à souffrir, aussi bien dans l'héritage qu'il portait en tant qu'Homme Hapien que dans sa prime jeunesse ou son second séjour sur sa planète d'origine, lequel avait d'ailleurs légèrement égratignée sa peau lisse de tout défaut, laissant deux cicatrices parallèles sous l'un de ses yeux.

- La seule chose positive que je retire de cette fameuse beauté est qu'elle ait apparemment contribué à ce que tu me vois... Et que tu me démontres tes talents en lyrisme.

Luke avait du mal à se décider entre le rire face aux paroles un peu convenues -certes!- de son admirateur et la pure gêne. Ses joues avaient d'ailleurs rosi et comme s'il en avait besoin, il "regardait" ailleurs. La tirade de Karm eut aussi l'effet inattendu mais à retenir de le faire avaler quelques bouchées à suivre, plus vite, sans qu'il ne cherche à triturer quoique ce soit. Luke, toujours trop complexe donc, se demandait dans ces moments s'il avait le droit, en tant que Jedi, d'accepter totalement ces louanges qui, il devait le reconnaître, lui faisaient plaisir.- bien qu'elles ne soient guère méritoire, puisque le physique ne s'acquérait pas. Du moins, lui ne faisait aucun effort pour s'arranger, seulement le strict minimum pour être propre.

- Et si on parlait de la beauté de l'âme d'un Ark-Ni qui s'essaye à la poésie?

Absolument confus de ses propres mots, encore plus stéréotypés peut-être que ceux de son cher et tendre, Luke rougit -plus si c'était possible- mais décidé à assumer, il se leva, les jambes légèrement tremblantes pour aller s'asseoir sur les genoux de Karm. Oui... Il l'avait voulu, il l'avait, maintenant, bien installé sur ses jambes, l'objet de son poème. Certes, un brin maladroit, le dit éphèbe resta comme un idiot, bloqué sur le chapitre "on s'assoit d'un air pas très sensuel d'ailleurs, occupé qu'on est à ne pas se casser la figure et lutter contre sa gêne." mais il essayait, hein! Et petit point pour l'effort: il embrassa chastement l'auteur de la jolie prose.

Luke faillit ajouter qu'il aimerait bien que les élèves assistant à ses quelques cours- de plus en plus rares.- écoutent l'Ark-Ni vanter la qualité de ses discours qu'il écouterait des heures, mais une petite voix lui expliqua que parler d'adolescents ingrats n'était peut-être pas le moment. Vu la tournure que prenait les événements, ce serait même un peu, juste un peu glauque.
Karm Torr
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La Force était avec Karm.
La preuve : elle venait de lui offrir un joli Hapien sur les genoux.

Les mains du jeune homme se déposèrent au creux des reins de Luke, pour le tenir tout contre lui, alors que ses lèvres cherchaient, chastement — un exploit, sans doute, pour Karm — celles de son compagnon. Le baiser fut sage, et même bref, mais, dans la Force, il se prolongea, plus intime, et plus évocateur.

Sans vouloir me vanter, monsieur le saint éthéré, si j’en juge par la manière dont, dans certaines circonstances peu médicales, tes mains parcourent mes abdos, je parierais pas que tu sois aussi insensible au physique que tu le prétends.

Karm était certes loin d’être un canon de virilité — très, très, très loin, si bien qu’on l’appelait encore souvent « mademoiselle, sans qu’il jugeât jamais nécessaire de corriger —, mais l’entraînement intensif avait dessiné des muscles auxquels l’Hapien avait su rendre parfois hommage. Luke ne voyait peut-être pas, mais il savait toucher.

Ceci étant dit…

Le Gardien laissa la Force affluer en lui pour soutenir l’action de ses muscles jusqu’à être capable de se relever tout en portant Luke contre lui, sans effort. Il s’engagea dans le couloir jusqu’à atteindra le petite chambre, décorée dans le même style impersonnel que le reste de l’appartement. Le lit double occupait à peu près toute la place, à part les deux chevets échappés tout droit d’un hôtel et un tableau qui offrait une vue des jungles bakuriennes, opposant la beauté sauvage de ces arbres entremêlés à la réalité des chantiers qui y ouvraient la CFB.

Karm se laissa tomber gracieusement sur le lit, gardant Luke au-dessus de lui.

C’est pour que tu aies un équilibre moins précaire que sur la chaise, se justifia-t-il d’un ton amusé. Tu sais…

Ses mains se faufilèrent sous le haut de Luke, pour caresser la peau de son dos.

C’est une réalité, disons, statistique, que les adeptes du Côté Obscur finissent souvent durement marqués par leurs pratiques, tandis que nombre de Jedis vieillissent beaucoup plus lentement que leurs congénères de la même espèce et conservent une fraîcheur particulière. C’est pas une règle systématique, évidemment, mais dans une certaine mesure, la beauté est aussi une expression du Côté Lumineux. Comme la silhouette athlétique est une expression de la rigueur de l’entraînement.

Ce n’était pas un sujet auquel Karm avait énormément réfléchi : ces méditations esthétiques étaient en général réservées aux Consulaires qui s’occupaient d’affaires culturelles, aux Sentinelles qui tentaient de mieux comprendre les implications du Côté Obscur et, bien entendu, aux Jedis Artisans. Les Gardiens se préoccupaient certes de manière considérable de la beauté, mais c’était alors celle des mouvements, des enchaînements au sabre, de l’élégance supérieure de tel ou tel style.

J’crois pas t’avoir jamais parlé des implications éthiques de ma spécialisation originelle en Djem So.

Une déclaration fort peu érotique, compte tenu des circonstances.

Cependant, Karm, qui n’était pas homme à se laisser désarçonner par le sérieux de la conversation, était parvenu à retirer son haut à Luke et ses mains exploraient désormais librement la peau du jeune Consulaire.

Au-delà de l’efficacité stratégique, de l’adaptation relative à mes aptitudes, et tout ça, ma manière de pratiquer le Djem So, qui repose sur l’imprévisibilité et les variations, c’est aussi une rupture avec le discours de la beauté qui domine dans les arts martiaux jedis. J’imagine que t’as eu comme moi des instructeurs de Makashi qui en rajoutaient à rallonge sur l’élégance de la forme, la noblesse du duel, et tout ça. Et moi, je trouve que c’est problématique. Pour…

Luke eut le droit à un baiser dans le cou.
(Pour l’encourager à suivre ces explications, sans doute, à propos d’un domaine qui ne le passionnait guère.)

… plusieurs raisons.

Les doigts de Karm frôlaient de plus en plus souvent la ceinture de Luke.
(C’est qu’on en voulait à sa chasteté !)

D’abord, je pense pas qu’on devrait insister sur la beauté du combat. Y a une éthique du combat, on peut y développer des vertus, mais on ne devrait pas l’admirer comme un art. C’est une pente dangereuse.

Les Gardiens, comme tous les Jedis, étaient certes théoriquement des pacifistes, mais en pratique, Karm trouvait l’attitude de nombre de ses collègues fort ambiguë.

Ensuite, insister sur l’élégance, c’est contre-productif. Le but du combat, c’est de le finir de façon optimale. Pour être le moins dangereux, le plus efficace. La recherche de la beauté et de l’élégance martiales amène à combattre pour le combat même. Certains enchaînements efficaces sont beaux, pour des raisons… Géométriques, disons. Parce qu’ils reposent sur des mouvements parfaits. Mais on devrait considérer cette beauté comme une propriété accidentelle, et relativement indifférente.

On était très loin de la valorisation de la noblesse du sabre exposée aux jeunes initiés jedis et qui constituait le tout-venant du discours des Gardiens.

Et à mon avis, c’est là la différence fondamentale. La beauté que l’on recherche est un vice de vanité, mais la beauté accidentelle est une grâce de la Force. La beauté de la nature est admirable parce qu’elle n’est pas une fin en soi, mais une propriété accidentelle de la vie qui s’épanouit. Et toi, tu es d’autant plus beau que tu ne cherches pas à l’être et la spontanéité même de ta beauté témoigne de ta vertu.
Luke Kayan
Luke Kayan
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- Jas...

Oui, Jasmine, juste derrière la cloison plutôt fine, en train de pleurer son mari traître à sa patrie... Mais finalement, admettons-le, Luke avait bien cherché son doux châtiment, surtout qu'il connaissait la promptitude de Karm à répondre aux -rares et d'autant plus précieuses- initiatives de son compagnon. La gêne submergeait encore le coupable qui se débattit 5 bonnes minutes contre ses démons intérieurs. Pendant ce temps, le Chevalier aux cheveux argentés l'avait fait décollé de sa chaise pour l'amener il ne savait où. Une matière molle le reçut, indicatrice du lieu choisi par son cher ami. Ah la chambre, étonnant!

Pour s'aider, il écoutait avec une attention quelque peu exagérée les explications de son ami. Cela faisait si longtemps qu'il était seul -relativement vu que l'Ark-Ni et lui mangeaient et travaillaient souvent ensemble.- dans son petit bureau, cloîtré entre deux missions qu'il se sentait prêt à exploser à la moindre caresse. Se laisser aller aussi facilement, se faire nullement désirer n'était cependant pas dans ses habitudes, alors il ne céda pas, légèrement soutenu par l'idée extrêmement honteuse que Jasmine et son oreille policière entraînée ne les entendent.

- Je suis pragmatique. Tu as un corps efficace, en forme. C'est le côté médical qui m'interpelle. Uniquement. Et oui, c'est c'est une étude médicale. Sur le fonctionnement des muscles. Rien d'anormal Monsieur le Pervers.

Oui. Bien sûr, et sa propre gorge qui modulait une voix plus rauque que l'accoutumée était la première à y croire. Un sourire taquin sur les lèvres du Jedi indiquait toutefois que lui-même, contrairement au début, assumait son mauvais humour et cette réponse joueuse un peu convenue. Il fallait assumer au bout d'un moment. Un point pour Karm, le physique quelque part devait compter, sans quoi Luke aurait probablement cédé aux charmes d'Elora, son amie Miraluka qui semblait décidé à le séduire à l'adolescence. Finalement, tous avaient leurs critères esthétiques, ses goûts si "problématiques" à une époque, encore un peu aujourd'hui en témoignaient. Y aurait-il un jour où Karm n'aurait pas raison? L'idée du Gardien qui offrait les meilleurs arguments et parvenait à clore le bec du Consulaire amusa Luke. Non seulement son ami avait déjà cette prédisposition à la réflexion interne ainsi qu'aux répliques sans appel, mais en plus il l'y avait aidé en le formant partiellement. Une vraie arme polyvalente ce Chevalier Turquoise.

- Oh tu as raison. Moi pauvre aveugle n'ait jamais été sur un élément plus instable, dangereux, que cette chaise, surtout en cette belle journée tranquille. - Non pas du tout voyons, lancé sur un speeder à toute allure allé s'écraser il-ne-savait-où, entraîné dans des ascenseurs, forcé de courir ou de franchir des gravas d'un immeuble en construction duquel s'échappaient des câbles nourris en électricité. Avec tout ça, Karm avait toutes les raisons du monde de se préoccuper pour une chaise dans un logement de fonction. Il se retint de rire trop fort, se rappelant de Jasmine, ce qui eut le mérite de contrebalancer légèrement l'effet d'une main pressante sur sa ceinture. Une douche froide pour calmer les ardeurs et ne pas se précipiter pour aider Monsieur qui continuait mine de rien son exposé. À ce jeu, néanmoins, Luke pouvait aussi jouer, c'était une très étrange habitude entre eux. Ils étaient tout à fait capables de discuter, de philosopher en plein moment de tendresse. Quoique, leur restait encore à tester le débriefing de mission. - Je pense exactement comme toi. Le sabre-laser doit être manié avec prudence, uniquement en dernier recours et donc de façon pragmatique. Lorsqu'un Jedi se bat, il n'est pas élégant, il est en échec car les négociations ont échoué, pire encore ce sera s'il y a une mort.

Le Consulaire leva les yeux au ciel en se rappelant des interminables discours de Thorn, un Mon Calamari beaucoup trop sérieux et impatient qui, à l'époque le terrifiait. Ce dernier n'avait de cesse de vanter la beauté du Makashi, une forme que l'agilité naturelle de Luke aurait dû lui permettre d'adopter si cela n'avait été pour sa cécité doublé de son aversion, à moins que la seconde ne soit directement une conséquence de la première.

- Je n'utilise pratiquement que la forme 3 en partie pour cette raison: efficace, sobre, défensive. Pourquoi penses-tu que tant de Gardiens recherchent l'élégance du combat alors que de toute évidence, elle va un peu contre nos idéaux? - Demanda-t-il le plus sérieusement du monde, très intéressé par l'effet, les raisons psychologiques de ce qui leur apparaissait comme un certain illogisme.-

Quant à la façon de combattre du Hapien, sa technique presque parfaite mais trop scolaire s'était nuancée d'un peu de vie, d'imprévisible et de personnalité grâce à Karm, cependant le Jedi restait limité. En fait, sur ce point là, les deux amants étaient opposés. Là où son compagnon aimait le Djem So, réputé aussi dangereux qu'impressionnant et violent, lui favorisait la base, celle que n'importe quel Padawan connaissait -sans maîtriser toutefois, en général, car la forme 3 était souvent méprisée, et donc oubliée par les apprentis assez rapidement.

- La beauté accidentelle, j'aime bien ce terme.

Décida le jeune homme alors qu'il enserrait le visage de Karm contre son cou -pour avoir plus se baisers.-. Il le relâcha finalement pour procéder à d'autres approches, un peu moins subtiles et sages. Le haut de son ami disparu après quelques farouches batailles ainsi que son pantalon. Lui décida de ne pas se laisser faire et fila une petite tape sur les doigts baladeurs de l'Ark-Ni. Il mourrait d'envie de se laisser retirer sa ceinture, mais ne céderait pas avant d'avoir joué un peu, en se pressant contre le bassin de l'Impatient par exemple. Il voulait prolonger ces retrouvailles après avoir été "isolé", s'assurer que cette chaleur ne repartirait pas de sitôt après que celle -extrêmement différente- prodiguée par Eckthor et son maître -toujours très occupé- aient quasiment disparues.

La saveur du risque, le goût de l'interdit et un brin de culpabilité épiçaient délicieusement ce moment volé.

- Je constate que le côté lumineux et l'entraînement vous embellissent.

Fit-il en un soupir en référence aux propos de Karm concernant le vieillissement accéléré des Siths. Sur le coup il aurait pu essayer d'argumenter, d'enrichir le constat pour l'avoir vécu mais ce serait pousser un peu loin leur capacité à discuter de tout lors de moments intimes.

Quoiqu'il en soit, Luke chercha sournoisement, lui, la ceinture de Karm. Il était joueur aujourd'hui malgré la fatigue qui s’appesantissait sur ses épaules après ces longues heures. Sans doute était-c grâce aux capacités médicales de l'Ark-ni qui s'amélioraient.
Karm Torr
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Hmm hmm…


Le sens de cet « hmm hmm »-là ne fut pas trop difficile à interpréter : Karm, débarrassé de son haut, attaqué à la ceinture, témoignait d’un enthousiasme difficile à manquer. Le Chevalier en Slip, comme on l’appelait parfois depuis ses exploits sur Pakuuni, s’était acquis une petite réputation quant à certains détails de son anatomie. Comme l’avait élégamment expliqué un jour Jalinda Toval, une Gardienne, à ses collègues rassemblés, « l’Ark-Ni, ce n’est pas petit de partout ».


De fait.


Un frisson courut sur le torse nu de Karm, alors que le désir courait dans ses veines et rythmait son souffle. Comme à chaque fois, près de Luke, dans ces moments-là, il sentait avec une clarté singulière la Force Vivante, tout autour d’eux. Se concentrer sur le moment. En déployer les nuances infinies. Pour Karm, ces caresses avaient une portée mystique : elles étaient une voie intime vers les secrets de la Force. Comme une méditation.


… je t’aime…, souffla-t-il, tout bas, d’une voix presque inaudible, avant de tendre le cou pour déposer un baiser sur les lèvres de Luke, et laisser le baiser se faire plus passionné, plus brûlant, que celui qu’ils avaient échangé quelques minutes plus tôt dans le salon.


Dans la Force, ils se mêlaient l’un à l’autre.
Étroitement.
Les sens exacerbés de Karm devinaient le moindre souffle de Luke, il lisait son corps sous ses doigts, en caressant sa peau, et il entendait les battements de son cœur.


Le baiser fut enfin rompu.
Avec un sourire malicieux, les mains sagement posées à la taille de son ami, Karm laissa sa télékinésie déboucler lentement la ceinture du Consulaire.
(Ce n’était probablement pas le genre d’applications auxquelles les Maîtres pensaient en préconisant aux jeunes recrues de s’entraîner à la précision autant qu’à la puissance.)


Les Gardiens, donc, et l’élégance, finit par murmurer Karm d’une voix chargée de désir. En vrai, y a au moins deux bonnes raisons d’insister sur l’élégance en matière martiale.


S’imposer la conversation alors qu’il rêvait de déshabiller Luke pour de bon, et e le posséder, là, sur le lit, de l’entendre gémir dans ses bras, de deviner son plaisir monter et exploser dans la Force, c’était une manière de garder le contrôle de soi-même. Une discipline comme une autre, dont il savait d’ailleurs qu’elle ne ferait que grandir leur plaisir, quand ils s’y abandonneraient, et par conséquent les vertus de cette méditation.


La première, c’est que l’élégance est une discipline. Elle codifie les gestes. Les enchaînements. Elle leur donne de la lisibilité. C’est super utile pour enseigner aux gens. Mon Djem So, il est très difficile à transmettre, parce qu’il est illogique, dans une certaine mesure. Ou sa logique est compliquée. Alors qu’un Makashi harmonieux, ça se déduit de soi-même. Donc, d’un côté, parler d’élégance, ça guide les élèves. De l’autre, s’imposer l’élégance, ça permet de ne se pardonner aucun faux pas. C’est extrêmement formateur.


La ceinture de Luke s’enroula d’elle-même pour aller flotter sagement jusqu’à la table de chevet.


En fait, chez les Gardiens, y a une théorie comme quoi la maîtrise au sabre est circulaire. Tu commences ta carrière de sabriste en apprenant le base, jusqu’à maîtriser parfaitement et de façon canonique une ou plusieurs formes traditionnelles. À partir de là, tu commences à créer tes propres mouvements, tu développes quelque chose de spécifique, adapté à ton style. Et puis tu vieillis, tu mûris et, fort de tes expériences, tu reviens à une forme orthodoxe, dont tu comprends cette fois-ci de façon vraiment personnelle et intime, pas seulement académique, les règles que tu pouvais croire auparavant un peu artificielles. Perso… J’suis pas totalement convaincu par ça, mais c’est p’têtre que je suis justement encore trop jeune.


En tout cas, il devait bien reconnaître que de nombreux maîtres d’armes célèbres de l’Ordre avaient suivi une trajectoire semblable et que les Formes traditionnelles s’étaient justement perfectionnées grâce à leurs apports.


Donc, ça, c’est la première raison. Ensuite…


Un soupir de plaisir et de désir mêlés échappa à l’Ark-Ni.


… ensuite, y a le fait que ça en jette. C’est idiot à dire comme ça, hein, mais c’est très utile. Des katas parfaitement exécutés, élégants et tout, c’est la classe. Et la classe, ça démoralise l’ennemi. Si l’ennemi a peur, s’il trouve que c’est super impressionnant, il est porté à abandonner plus tôt et ça réduit la durée du conflit. L’élégance est une arme psychologique, de ce point de vue.


Un peu comme les animaux qui, quand ils rencontraient un compétiteur, se lançaient dans une danse d’intimidation.


Donc voilà. Fondamentalement, y a de bonnes raisons. Mais des fois, j’ai le sentiment qu’il est facile d’oublier les raisons pour se laisser emporter, en quelque sorte. Et puis je pose que les raisons contraires l’emportent.


Fort heureusement, il n’y avait pas de dogme exclusif en la matière parmi les Gardiens, et chacun était libre de juger en son âme et conscience.


Pour l’heure, la conscience de Karm était il est vrai occupé à déboutonner le pantalon de Luke.
Pour exercer sa télékinésie !
(Évidemment.)
Luke Kayan
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- L'élégance serait donc précision. Étrange synonyme. Moi, ça me donne l'impression d'une confusion dans les définitions.

Commença Luke dont l'air dubitatif ne se lisait pas facilement sur ses traits. Les yeux fermés, il reçut le baiser et y répondit avec une ardeur qui ne manqua guère, une fois encore, de maltraiter sa chasteté, bousculant au passage sa fameuse timidité. Pour l'instant, ceci dit, le barrage du désir pur fonctionnait, le jeune homme refusait avec succès le flot habituels d'inquiétudes qui pouvaient l'envahir. Pour la première fois depuis longtemps, ses muscles se dénouèrent complètement, il trouva stupide la majorité de ses préoccupations passées, anciennes ou récentes. Pourquoi était-il parfois affecté de cette nostalgie, de cette peine ou, en tout cas, de cet enfermement? Tout avait l'air si simple, s'intégrer à un groupe social, comprendre un esprit, se mêler à la Force. Loin d'être asocial, le jeune homme n'en était pas moins réservé et il n'avait de cesse d'ailleurs, de s'isoler, le semi-échec avec Eckthor n'avait fait qu'empirer la tendance. S'il contrôlait mieux en apparence, ses soucis de confiance, ces derniers demeuraient, se décalant au mieux, s'amplifiant au pire. Avec Karm ceci dit, tout semblait s'envoler, ces ridicules appréhensions envers son destin pas vraiment tracé, ses idées loin d'être claires ou cette direction pour laquelle il ne se décidait toujours pas.

Son seul désir s'accomplissait: combler la solitude, être compris et s'exprimer sans avoir à changer complètement. Avec le Chevalier Turquoise, il demeurait un peu timide, sage -enfin pas maintenant précisément.- tout en prenant de menues initiatives. Lesquelles, de petits encouragements en encouragements le menaient à de nouvelles tentatives jusqu'à ce qui ressemblait à une victoire personnelle. Quant au "dérapage", difficile de le considérer comme condamnable voire obscur en sentant la manière dont la pièce s'éclaircissait, envahie par une aura bienveillante, réparatrice, quoique pimenté de quelques pics de passion pure.

- Tricheur!

La ceinture déliée par le biais de la Force, le Consulaire cessa de lutter, tel un serpent en cuir, elle fila entre ses doigts jusque là posés dessus, maigre protection pour sa chasteté présentement à l'agonie.

- Hum, je t'avoue ne pas m'y connaître suffisamment pour émettre un quelconque jugement, mais il serait en tout cas naturel et plutôt crédible de penser que les formes fondatrices furent crées empiriquement: d'abord le premier coup de sabre, puis le second inventé par un nouveau bretteur. Après un temps d'acclimatation, parfois difficile car la communauté pouvait considérer ce geste hérétique, il devient traditionnel, s'ensuit le troisième etc, jusqu'à ce que les styles se séparent selon les caractères des plus Grands qui ont influencé le maniement de cette arme. Je ne sais pas jusqu'à quel point ni à quelle vitesse changent les formes de combat au sabre-laser mais c'est en constant mouvement et amélioration. Pour moi, cet amoncellement de connaissances de la part de plusieurs Jedis émergeant de différents lieux, différentes époques est la définition de la beauté, voir de l'élégance. C'est le talent d'écouter des dizaines de personnalités diverses pour les réunir ensuite en des enchaînements viables et permettant à notre Ordre de grandir.

Difficile de réfléchir sur un domaine qu'on connaissait si peu, surtout que Luke ne voulait pas sembler arrogant. C'est donc avec prudence qu'il menait sa théorie, non sans quelques arrêts de plus en plus fréquents, témoins de sa difficulté à rester concentré. Entre leur profonde discussion philosophique, la discrétion à maintenir et surtout l'activité en question, ce n'était pas simple de demeurer lucide à un niveau autrement plus élevé qu'une simple conversation de comptoir.

- Après que chacun le pratique de sa propre manière dans une certaine marge d'acceptation tient de la liberté... Resteront les mouvements de ceux qui marqueront l'époque présente. Tu pourrais être l'un d'eux, si "brouillon et illogique" soit ton Djem So. Pour soutenir le processus, il te suffirait sans doute de le scolariser un peu, comme tes pensées, de découper tes mouvements, les reconnaître, leur poser un nom, leur donner une identité afin d'analyser ton propre style pour le transmettre ensuite. S'il plaît, s'il est efficace, il sera repris à 90% par quelqu'un ou plusieurs personnes qui le reproduiront avec une touche personnelle. Ils seront alors plus ou moins élégants selon la notion qu'ils en ont, leurs capacités et bien d'autres critères subtils.

Le Chevalier laissa passer un long silence, lequel fut accompagné de la disparition de son bas. Et du reste d'ailleurs. Dans ces conditions, chaque caresse devenait une délicieuse torture. Ces mains galopantes ne savaient pas seulement manier le sabre, le bâton ou le blaster. De fait, Luke ne se débrouillait pas trop mal non plus bien qu'il lui manquait peut-être une petite touche de fluidité et de mysticisme, mais ses gestes légèrement mécaniques prouvant qu'il luttait encore contre sa timidité pouvaient avoir leur propre charme. En tout cas, le Hapien disposait d'une excellente mémoire et, généreux, il veillait à multiplier les attentions, prenant tout son temps pour faire monter le plaisir. Au sein de la Force, l'union fut si rapide, si immédiate qu'il en eut presque le tournis, perdant quelques secondes sa propre identité. Il se sentit tout à coup brièvement Ark-Ni, Gardien, peut-être même voyant. Un détail bien physique faisant la réputation de son compagnon le ramena sur terre -enfin Bakura- le poussant encore une fois à rougir. Il y avait dans les sous-vêtements de Karm, de quoi fomenter une thèse sur le fait que les rumeurs se basaient sur un fond de vérité. Mais au final, tout ça n'était qu'un bonus, parce qu'ils s'aimaient bien au-delà de cet aspect, qui, si agréable soit-il n'en demeurait pas moins secondaire.

- C'est... Un peu ça chez les Cons... (l'insulte involontaire dû à une interruption inopinée!) les Consulaires. S'il est possible de dissuader à travers la Force pour éviter le combat, c'est la solution intermédiaire entre les négociations et le combat.

L'ultime cartouche avant de faire appel à leur Alliée pour causer du mal physique ou psychique. La carte du jeu qui égratignait le doigt en prévention. Malheureusement les Consulaires sur le terrain affrontaient souvent de grands adversaires, lesquels tenaient la Force prisonnière de leur corps, de leur esprit. À la longue, cette dernière se rebellait, les brûlant de l'intérieur, les vieillissant, mais sur le coup, elles les rendaient puissants, fracassant les frontières que les Jedis s'imposaient. Face à des civils en revanche, Luke avait eu la chance d'éviter plusieurs fois des conflits. Soit en s'appuyant sur une démonstration physique pure, assisté sans le savoir par son handicap -parce qu'évidemment, assister à la ballade et aux bonds d'un aveugle sur un muret étroit, ça faisait "classe" comme l'avait suggéré Karm.- soit de manière plus subtile, plus sournoise aussi via la suggestion. C'était une méthode que Luke et peu de Jedis finalement approuvaient, pour autant elle restait une solution à qui le jeune homme reconnaissait son utilité. Mieux valait une petite manipulation qu'une mare de sang.

De lui-même, se faisant la vague impression de garçon facile mais trop envieux de continuer l'escalade jusqu'au sommet, le blond se coucha sur le lit, il referma ses bras sur les hanches de l'Ark-Ni, essayant de l'amener à lui, sans trop douter quant à la résistance minime que ce dernier lui imposerait.

- Là où ils voient de l'élégance, je vois de la simplicité. Ce beau sans prétention. Voilà l'élégance souveraine.

Décida finalement le Jedi en arquant son corps pour se retrouver collé contre son ami, dans une invitation sans équivoque. C'était le moment de l'union la plus simple, la plus naturelle mais aussi la plus complexe possible.

Tant de chemin parcourut pour en arriver à cette impression de relative facilité, celle avec laquelle leurs esprits, leurs corps se mêlaient, se mélangeaient. Ils avaient dû se rencontrer dans de terribles circonstances, apprendre à se connaître, s'écouter, se connaître puis travailler aussi avant d'en arriver là, à ce point précis, justement. Ce serait peut-être de mauvais goût mais Luke dédia un nouveau baiser beaucoup plus passionné cette fois, à l'équipage du Trépidant. Juste ce baiser légèrement salé, teinté d'une certaine douce tristesse, l'espace d'une seconde intense et vraie. Petit à petit l'idée se dilua dans son esprit, il en revint à Karm et uniquement à Karm, passant sa main dans son dos pour le ramener contre lui. Toujours plus proche.

- Je t'aime... Moi... aussi. Je t'aime.
Karm Torr
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Luke…


Envolées, les considérations sur le sabre et les combats, l’élégance et la diplomatie, les traditions et la nouveauté. Leurs corps étaient pressés l’un contre l’autre et, dans la Force, unis par un lien étroit et singulier, il ne faisait déjà plus qu’un. L’Hapien l’avait attiré à lui, et Karm sentait leurs deux désirs qui se répondaient l’un à l’autre, comme des oiseaux qui chantaient à l’unisson, comme deux arbres qui poussaient ensemble dans une vallée que l’industrie avait laissée intacte : c’était aussi une beauté accidentelle de la Force.


Alors il commença à s’unir à Luke.


Il l’ignorait — à la différence de son compagnon, il n’avait pas eu de Jason, il n’avait pas de point de comparaison — mais leurs pouvoirs mêlés leur offraient un plaisir qui éclipsait sans peine les sensations des êtres ordinaires. La souplesse fauve de Karm trouvait un autre emploi ici que le champ de bataille. Celle de Luke ne servait plus à se défendre. Les sens réveillés par la Force, la conscience particulière qu’ils avaient du corps de l’autre, celle qui servait d’ordinaire à la guérison et cette fois-ci à l’amour, l’intuition dans la Force, qui alertait des dangers et, cette nuit-là, informait des désirs de l’autre, pour les combler avant même qu’ils ne s’expriment, tout conspirait à leur plaisir.


Ils étaient l’un pour l’autre.
Karm était au fond de Luke.
Il ne bougea pas tout de suite, ses mains allaient lentement sur la peau de son ami et ses lèvres se posaient, parfois dans son cou, parfois sur sa joue — elles venaient sur son épaule, sur son torse aussi, avant de rejoindre les lèvres de Luke.


La Force Vivante était là.
L’instant présent, clair, pur, précis, et compliqué.


En se laissant guider par leur désir, grâce auquel depuis toujours et presque partout la Force avait voulu que les êtres aillent les uns aux autres, et vivent les uns pour les autres, ils participaient à cet ordre secret du monde, qui depuis la nuit des temps avait survécu à toutes les guerres et à toutes les tempêtes. C’était une résistance sans gloire, quotidienne, banale, accomplie dans des milliards de chambres par des milliards d’amants, chaque nuit, à travers la Galaxie, mais la seule résistante au bout du compte qui l’emporterait sur la destruction et la guerre.


Ils commencèrent à danser l’un contre l’autre, en ne s’autorisant que des soupirs.
C’était presque le silence qui régnait.


Dans la Force, Karm laissait son plaisir envahir celui de Luke, et se laisser envahir par lui. Pour l’Ark-Ni, l’union était mystique. Sans effort aucun, parce que la Force, la grande, développait sa Force à lui, si modeste, il redressa Luke contre lui et, enfermant l’Hapien dans ses bras, le tint étroitement contre son torse, alors qu’il le possédait avec de plus en plus d’ardeur et qu’il se laissait enfermer par lui.


Leurs lèvres se retrouvaient presque toujours pour s’embrasser.


Dans la chambre, l’obscurité était presque totale, sauf la lumière d’un lampadaire qui, dehors, sortant de la façade de l’immeuble, passait les vitres teintées de la chambre, pour diffuser une sobre clarté qui allongeait les ombres des meubles, et celles de leurs corps. Les yeux de Karm brillaient dans la nuit, comme ceux d’un Ark-Ni. L’une de ses mains glissa entre leurs ventres serrés l’un contre l’autre pour empoigner Luke et ajouter à son plaisir.


Dans la pièce, des objets commençaient à flotter. La ceinture enroulée. Les sabres laser. La lampe de chevet. Karm sentait sa fatigue se dissiper, comme celle de Luke. Le plaisir aurait emporté depuis quelques secondes déjà des amants ordinaires, mais la guérison dans la Force, employée par leur intuition, soutenait leur endurance. Il se coucha à nouveau avec Luke, sur le flanc l’un comme l’autre, et, le front posé contre celui de son compagnon, employa pour le combler une ardeur nouvelle.


La Force venait naturellement.
Ils n’étaient pas facilement épuisés.


Les minutes passèrent, de plus en plus nombreuses.
Parfois, Luke était au-dessus de lui, parfois, en-dessous. Ou bien ils étaient étendus ensemble, face à face, ou autrement.
Le plaisir avait dépassé depuis un moment ce que la simple nature aurait rendu seule possible.


C’était la Force qui les gouvernait.


Luke était dos au mur, debout, et Karm le soutenait entièrement.


L’Ark-Ni sentit que leurs deux plaisirs — leur plaisir unique, à eux deux, venu de leurs deux corps comme s’ils n’étaient qu’un seul — il sentit qu’il était prêt à se déployer entièrement. Pas un moment, il ne songea à le retenir. Au contraire, il le poussa de toutes ses forces, pour Luke et pour lui. Au contraire, il le laissa déferler en eux, étroitement enlacés, debout, l’un avec l’autre, et dans cette saine tempête de leurs corps et de leurs âmes, il trouva la Force, la Force Vivante elle-même, comme une quiétude suprême.
Luke Kayan
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À l'instant suprême, il avait rejeté la tête en arrière, pleinement confiant en la poigne de Karm qui ne le lâchait pas. En temps normal, jamais Luke se serait imaginé oser autant de choses. En soi, leur moment d'intimité n'était ni sauvage ni dévergondé, ils n'étaient qu'un couple parmi des milliers d'autres en train de démontrer leur amour. Cependant, pour un jeune homme de nature timide avec pour comparaison ses très sages nuits aux côtés de Jason, rehaussées par des moments piquants rares et classiques, ce soir recelait de détails gênants. Son corps devait avoir usé toute la panoplie d'expressions de cette émotion car, hormis un rose pâle qui s'était déposé sur ses joues, témoin de leur activité intense, il ne rougissait plus. De toutes manières, aucun des amoureux ne prêtait attention à un quelconque message du corps qui ne soit pas tourné vers leur union. Luke n'était pas en peine de protester, les sens mêlés, perdus entre terre et ciel, au point de provoquer un certain malaise, éloigné de tout repère. Comme sur le speeder, mais sans l'impression de chute imminente. L'adrénaline sans le danger.

Un ultime soupir. Désir contenu, à peine exprimé, juste un soupir, un rejet de la tête vers l'arrière au point de rencontrer le mur avec l'arrière du crâne, une douleur soudaine mais bien supportable, en fait, nullement ressentie, effacée par le plaisir intense. Puis, la tempête de bonheur retomba, les objets daignèrent finalement regagner leur place. Luke recouvra la conscience en même temps que son souffle, il embrassa une dernière fois Karm, longuement et un peu plus sagement, envahi d'une fatigue sereine.

- Tam.- Déclara le Consulaire avec une certaine solennité.- tu m'as épuisé.

Après un moment câlin de circonstances -lesquels s'allongeaient alors qu'au début il peinait à accepter cette intimité, peu friand du contact physique qui avait impliqué tant de douleur pour lui.- il alla se laver, laissant le choix à Karm de se reposer, passer avant ou après lui à la salle de bains.

Sous la douche, le jeune homme repensa aux agents Morris. Il retrouva sa capacité à rougir instantanément en pensant à tous les indices de son union avec Karm. Certes, ils avaient été plutôt discrets, mais n'était-il pas, présentement en train de se laver à une heure indécente? Et les policiers avaient du nez, un sixième sens parfois, disaient certains, comparables aux balbutiements d'un lien avec la Force. Le chagrin de Jasmine revint aussi à sa mémoire, la mort de l'équipage du Trépidant et sans savoir pourquoi, Darth Noctis, l'ancien Jedi. Un soupir, cette fois d'épuisement, plus loin, le Hapien chassa ces idées sombres, se concentrant de manière, certes un peu égoïste mais nécessaire sur sa relation avec Karm. Pour eux, tout allait bien, hormis peut-être, le secret qui continuait de hanter son ami.

De fait, Luke restait surprit par cette mélancolie née d'une maladroite "demande en mariage". S'il était vrai que l'Ark-Ni n'avait été que peu influencé par la culture de son peuple, le contraste demeurait fracassant. Les habitants des Étoiles prônaient une liberté extrême, renonçant à l'attachement, un peu comme les Jedis bien que la méthode employée pour y parvenir soit radicalement différente. Le Hapien devait-il s'inquiéter ou se sentir flatté de cette envie de crier au monde entier que l'un appartenait à l'autre? Est-ce que cette idée germerait puis grandirait dans l'esprit de Karm au risque de les séparer? Car bien sûr, au sein de l'Ordre, il n'était pas question de mariage. Tous deux avaient proclamé leur fidélité envers les Jedis, impossible, en théorie, de se dédier à une autre cause ou une autre personne, du moins avec la même intensité. Quelque part, Luke était d'ailleurs plutôt d'accord avec ce principe, jugeant que le Conseil était déjà très tolérant à leur égard. Cette acceptation implicite reposait sur un équilibre: l'engagement des deux Chevaliers à faire passer leur communauté avant. C'était d'ailleurs l'un des ciments de leur relation, cette passion qu'ils éprouvaient pour le prochain, l'envie d'aider, tout en faisant parti d'un ensemble: l'Ordre.

Après un rapide séchage du bout d'une serviette épaisse mais un brin pelucheuse, Luke tâtonna pour retrouver le lit. Rencontrer le bras nu de son ami le rasséréna. Il décida de continuer sur ses précédentes résolutions et de ne pas trop se poser de questions. Laisser la Force agir, leur montrer le chemin, les guider ou les corriger et faire confiance à l'Ark-Ni, aussi. Peu importait l'hyperactivité de ce dernier, ses propres défauts, jusque là, ils avaient toujours colmaté les failles en dialoguant. Les cheveux étalés sur l'oreiller, liasse de rayons de soleil humides, il s'endormit sans tarder après s'être calé contre Karm.

***

Le réveil -à 4h00- ne fut pas simple, bien que régénéré par les soins de son ami, Luke ressentait la fatigue courir ses muscles. La journée d'hier avait été intense et la nuit écourtée. Tant parce qu'ils avaient fait l'amour que parce que Luke avait décidé de préparer le petit-déjeuner, une activité qui lui demandait un certain temps, davantage encore dans un endroit totalement inconnu.

Le calme relatif de la fraîche matinée le sortait petit à petit de sa somnolence et il se réhabituait lentement à la réalité après leur moment d'hier, loin de tout point d'encrage avec les missions, le Trépidant ou l'Ordre. Laissant ses pensées sillonner son cerveau en désordre, le Hapien fut heureux de constater qu'aucune ne reflétait de l'inquiétude ou du chagrin, il était serein, encore imprégné de la Force bienveillante générée la veille. Un long tee-shirt propre oublié dans les placards lui servit aisément de chemise de nuit, recouvrant ses hanches et découvrant ses épaules tant il était large. L'homme qui l'avait laissé là devait être une masse impressionnante de graisse ou de muscles pour que le Jedi -de petit gabarit certes- flotte ainsi dedans. Son esprit d'ailleurs dériva quelques secondes sur la douceur du tissu qui caressait, sans anicroche, son corps qui sentait encore le savon et le shampoing de cette nuit.

Le jeune homme procéda à quelques exercices et chercha ensuite un pot de café. Par chance, il en trouva un, à force de chercher méthodiquement dans les placards. La boisson serait un peu légère vu le peu de poussière brune qui stagnait au fond, mais le Hapien partagea consciencieusement les grains, il fit chauffer de l'eau puis retrouva -non sans mal- le sachet du dîner. Il restait deux petits pains ronds compris avec le repas, qu'aucun d'eux n'avait mangé la veille. Il découpa chacun afin de les mettre sur un grille-pain, trahi par a forme rectangulaire sertie de deux trous. Une brûlure plus loin, le jeune homme parvint à extirper la nourriture, il les posa dans des assiettes et attendit que Karm se réveille.

- Bonjour.

Dit-il doucement en sentant une aura s'approcher. Sourire aux lèvres, il se leva, repoussa une mèche de ses cheveux démêlés mais en bataille. Avec sa tasse de café fade à la main, son tee-shirt chemise de nuit et ses cheveux en désordre, il avait l'air de l'épouse -Selon une légende machiste, c'est la femme qui prépare le petit-déjeuner.- qui attendait précisément son mari avant qu'ils ne se préparent à aller au travail.
Karm Torr
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Bonjour, répondit Karm, dans un murmure tranquille, alors qu’il émergeait, vêtu de son seul boxer, du couloir du petit appartement.


Sa nuit avait été paisible et revigorante.


En quelques secondes, après s’être lavé, le corps encore alangui du plaisir de leur passion commune, il avait trouvé un sommeil guidé par la Force et son repos avait été comme une longue méditation, à laquelle la présence de Luke, réfugié dans ses bras, contre son torse, avait beaucoup contribué.


Peu après le réveil de son compagnon, il s’était levé lui-même, et avait consacré, avec une patience religieuse, de longues minutes à faire tournoyer un stylo entre les doigts de sa main droite. C’était l’un des innombrables exercices qu’il accomplissait depuis plus d’un an pour développer son ambidextrie, afin de pouvoir mettre pleinement à profit les deux shotos qu’il avait forgés. Comme il était gaucher, il s’employait donc à éprouver l’adresse de son côté droit.


On a reçu des messages des confrères, dit-il, en s’approchant de Luke pour déposer un sage baiser sur la joue du Consulaire, dont la beauté ce matin-là, avec tout ce qu’elle avait de fragile, lui sembla plus saisissante qu’à l’ordinaire. Ils arrivent à l’astroport dans une heure et se rendra directement au commissariat.


Les deux Jedis furent bientôt attablés devant leur petit-déjeuner. Comme à son habitude, Karm consacra quelques secondes méditatives à remercier la Force de les nourrir. Puis il poursuivit :


Lyre a dit que la nuit s’était bien passée. Pas d’attaques. Apparemment, ça bouge du côté de Milles, sans surprise, des agents qui enquêtaient sur l’entreprise ont rapporté des mouvements précipités. J’imagine qu’on essaie de faire le ménage, mais ça risque d’être difficile.


Luke et lui étaient désormais les spectateurs d’une affaire qui se jouerait largement sans eux, tout du moins tant qu’ils n’auraient pas à témoigner, des mois plus tard, au procès de ses différents protagonistes.


Karm tourna machinalement le regard vers la cloison qui les séparait de l’appartement occupé par Jasmine, mais il ne sentit pas la présence de la policière. Il n’en fut pas surpris. Dans son état, elle avait dû à peine dormir et elle avait cherché probablement à se consacrer à son travail le plus vite possible, pour chasser de trop sombres pensées.


J’espère que j’aurai l’occasion de revenir sur la planète dans de meilleures circonstances, murmura pensivement l’Ark-Ni.


Ce qui l’intéressait, évidemment, c’était la jungle plutôt que la ville et ses intrigues. Mais pour l’heure, leur devoir ici était achevé et ils avaient tous les deux fort à faire au temple, où leurs compétences respectives seraient mieux employées. Le petit-déjeuner fini, Karm s’employa donc à remettre de l’ordre dans le logement et ils purent s’apprêter à partir.


Luke fut tout de même retenu par le poignet avant de passer la porte et attirer contre le torse de son ami. Karm laissa son front reposer contre celui du Jedi.


Luke, murmura-t-il, comme un mot d’amour.


Ses lèvres trouvèrent celles du Luke en question et leur baiser ne fut pas entièrement sage. Puis il le libéra de son étreinte et ils se mirent en route pour le commissariat.


Il y régnait la même activité que la veille, avec une équipe différente, probablement. Luke et Karm trouvèrent la commissaire dans son bureau, les traits tirés. Elle avait de toute évidence passé la nuit-là. Mais sa fatigue ne cachait pas une satisfaction évidente : celle de pouvoir faire une différence notable sur la corruption dans sa planète. L’idée que le vaste coup de filet qui s’annonçait s’accompagnerait probablement d’une médaille pour elle, et même d’une promotion, ne l’avait même pas effleuré encore : tout ce qu’elle voyait, pour l’heure, c’était le sentiment que quelque chose d’utile et d’important avait été fait.


Vos… collègues… ?


Elle n’était pas certaine du terme approprié.


… interrogent les suspects. Vous voulez que je les fasse appeler ?


Karm secoua la tête. Il sentait la présence de deux autres Jedis dans le commissariat et il n’avait aucune intention de troubler leur travail. Ils avaient d’ores et déjà accès aux dépositions que Luke et lui avaient faites la veille et, de toute façon, ils pouvaient les contacter à tout moment.


Notre mission ici s’achève.


La commissaire hocha lentement la tête.


Merci de votre aide, déclara sobrement Karm.
Merci à vous, répondit-elle.


Ils se serrèrent la main.


L’agent Morris ?
Jasmine ?


Lyre hésita.


Je ne suis pas certaine qu’elle ait vraiment le coeur à vous dire au revoir.
C’est compréhensible, répondit Karm sans se formaliser. On lui enverra un message.
Je lui transmettrai vos solutions.


Sur ces bonnes paroles, les deux Jedis retrouvèrent le speeder et, vingt minutes plus tard, leurs appartements à la gendarmerie. Karm avait craint de découvrir qu’ils aient été visités en leur absence, mais il n’en était rien apparemment : leurs affaires se trouvaient là où ils les avaient laissées. Elles furent promptement rassemblées. Dans la cour du bâtiment, ils rencontrèrent leur sergent qui avait veillé à leur bonne installation.


Il paraît qu’il y a un policier corrompu dans cette affaire, risqua celui-ci.


Karm hocha la tête.
La mâchoire du sergent se serra sous la contrariété. C’était un militaire strict, à l’esprit un peu étroit peut-être, qui n’aimait pas apprendre que tous ne prenaient pas leur dévouement à la patrie et à l’ordre public aussi sérieusement que lui.


Sale affaire, murmura-t-il pour lui-même, sale affaire.


Karm hésita, avant de risquer :


La commissaire Lyre aura besoin de tout le soutien possible.
Naturellement, répondit le sergent.


Il balaya la cour et ses bâtiments du regard, comme s’il essayait de percer à jour les traîtres qui s’y tapissaient peut-être.


Que la Force soit avec vous, sergent.
Ah. Hm. Merci. Et… merci pour votre intervention.


Nouvelles poignées de main.


Une demi-heure plus tard, les deux Jedis restituaient leur speeder de location, à l’astroport, et passaient les contrôles de sécurité, où les agents fixèrent avec une admiration à peine contenu les sabres lasers qui s’alignaient devant eux.


Quand, au début de l’après-midi, la planète s’éloignait par-delà le hublot de leur navette commerciale qui quittait l’orbite, Karm laissa son imagination dériver vers les vastes jungles de Bakura et les secrets qu’elles abritaient encore — peut-être.
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