Karm Torr
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… et même, une fois, hé ben, j’ai sauté par dessus la barrière et puis ensuite il m’a poursuivi et…

Le voyage était long.
Très long.
Karm puisait dans toutes les vastes réserves de sa patience de Jedi pour ne pas craquer face au flot ininterrompu de son voisin d’en face, sur le vol commercial qui les conduisait, Luke et lui, de Coruscant à Bakura.

Mais le petit garçon parlait.
Et parlait.
Et parlait…

Sa mère, à côté de lui, des écouteurs vissés dans les oreilles, se captivait pour son datapad, sans prêter attention à sa volubile progéniture, et si Karm avait eu moins de scrupule, il l’aurait endormi à travers la Force, pour s’assurer un peu de quiétude.

Hélas, la plupart des vaisseaux personnels de l’Ordre, en temps de guerre, étaient réquisitionnés pour des missions autrement plus urgentes que celles qui pouvaient s’accomplir grâce aux liaisons galactiques ordinaires et, qui plus est, naviguer seul vers Bakura n’était pas un exercice aisé en chasseur, parce que la planète encadrait strictement l’utilisation des droïdes. Blip avait dû rester sur Ondéron, pour son plus grand malheur.

La vaste barge de transport intersidérale consentit cependant enfin à sortir de l’hyperespace, pour entamer ses manœuvres orbitales autour de la planète tropicale qui constituait, ce jour-là, la destination du couple de Jedis. L’enquête des unités anti-corruption de la République, menée sur Ala Galadaa, après l’intervention de Luke et Karm, avait réussi à démanteler la quasi totalité du groupuscule terroriste Action Secrète, lequel était responsable de l’explosion du cargo bakurien à bord duquel le Consulaire et le Gardien s’étaient rencontrés la première fois.

Action Secrète avait servi de gros bras à différents commanditaires, une manière pour l’organisation de développer de ses propres fonds et de financer ses opérations sur la station spéciale qui formait le coeur de son réseau. C’était d’une entreprise bakurienne, AHB Mining, qu’elle avait reçu l’argent pour mettre en œuvre l’attentat contre le Trépidant, cargo infortuné. Depuis, selon les enquêteurs républicains, AHB Mining avait été radié des registres de la chambre de commerce de Bakura et les membres de son conseil d’administration fantôme s’étaient tous révélés fictifs.

L’enquête n’avait pour l’heure pas progresser plus loin, mais Karm et Luke, pour qui cette affaire était aussi personnelle, avaient décidé de se rendre sur la planète de la ceinture extérieure pour se faire leur propre idée. Le gouvernement bakurien, soucieux de montrer patte blanche et ne pas laisser croire qu’il couvrait des activités terroristes, s’était empressé d’assurer l’Ordre Jedi comme la République qu’on donnerait les moyens nécessaires, sur place, pour poursuivre les investigations.

Préparez-vous pour l’entrée dans l’atmosphère.

Le cliquetis des sangles de sécurité se fit entendre sur tout le pont et la mère du petit garçon consentit enfin à retirer ses écouteurs pour vérifier que l’enfant était solidement harnaché. Captivé par la silhouette de la planète de l’autre côté du hublot, celui-ci avait de toute façon enfin laissé tarir ses récits jusque là inépuisables. Une demi-heure plus tard, la barge se logeait sur l’un des quais publics de l’astroport central et les deux Jedis pouvaient débarquer.

Contrairement aux halls de débarquement des planètes plus centrales de la Galaxie, au coeur du réseau enchevêtré des grandes routes commerciales, ceux de Bakura offraient un spectacle curieusement homogène : presque que des humains, partout. Luke et Karm constituaient déjà des voyageurs exotiques, dans la population peu bigarrée de la planète, l’un à cause de sa beauté surhumaine et l’autre en raison de son regard si particulier, et de ses cheveux.

Le gouvernement bakurien leur avait réservé un petit appartement de fonction dans l’une des casernes de gendarmerie de la capitale, en gage de bonne volonté, et, à leur arrivée, sur la table, ils trouvèrent toutes les cartes d’accréditation nécessaires à la poursuite de leur enquête. Karm n’en fut pas surpris au demeurant : la corporation qui gérait la planète était singulièrement attachée à la sécurité, qui était source de stabilité, elle-même favorable à tous les profits. Choyer à moindre coût deux enquêteurs de la trempe de Chevaliers Jedis pour déloger d’éventuels criminels, c’était pour ainsi dire une affaire en or.

Karm et Luke avaient déjà épluché, sous la tutelle du Consulaire, l’essentiel des documents administratifs qui survivaient de la période où AHB Mining avait été en fonctionnement, quoique les activités réelles de la société parussent bien théoriques. Il s’agissait probablement d’une entreprise écran, pour dissimuler l’origine réel des fonds qui avaient servi à l’attentat, mais il restait qu’à défaut d’opérer de véritables mines, elle avait loué une centaine de mètres carrés de bureau, dans un immeuble d’une zone industrielle.

Il était peu probable qu’il y restât quoi que ce fût de significatif, mais pas impossible, en revanche, que les autres occupants des lieux, employés d’autres entreprises, se souvinssent d’éventuelles allées et venues. C’était une piste ténue, mais une piste tout de même.
Luke Kayan
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C'était un flot flou qui allait, venait, accompagnant le mouvement presque imperceptible de la barge. Luke avait relégué dans un coin de sa tête, les mots du garçon, au point qu'ils en perdent le peu de sens qui leur restait. Même s'il aurait préféré parler avec Karm, le jeune homme se contentait de suivre le courant des circonstances, s'adaptant avec patience aux bruits incessants du garçonnet. Il avait fermé les yeux, et, la tête appuyée contre la vitre, voyageait intérieurement. Ses pensées dérivèrent irrémédiablement vers leur première rencontre, à Karm et à lui. Il était alors emprunté, gêné face à cet homme dont la voix si basse contrastait avec l'assurance qui se dégageait de sa personne -et de son curriculum.-. L'explosion du vaisseau avait tout précipité: la vie de l'équipage vers une mort prématurée, leur rapprochement, aussi. Parfois, le Hapien se demandait si sans cette tragédie, ils auraient fini ensemble ou se seraient quitté en bons termes après la mission, de base assez simple et destinée à être plutôt rapidement exécutée. Son côté idéaliste aimait penser que oui, mais celui réaliste plus fort songeait que non. Luke n'aurait pas offert grand chose de plus que cette image de petit fonctionnaire coincé, amoureux des certificats et autres paperasseries injustement rejetée par la majorité des habitants de cette Galaxie. L'Ark-Ni n'était pas non plus du genre frondeur malgré l'expérience qui coulait dans ses attitudes, ses décisions ou même ses blagues sarcastiques. Aucun d'entre eux n'aurait fait un pas vers l'autre, mais la Force les avaient réuni, teignant leur belle rencontre de noir. À moins que ce ne soit la tragédie qui ait été baigné de la lueur, faible mais tenace que pouvait représenter leur amour naissant.

Les songeries du Jedi presque somnolant le menèrent à des idées plus concrètes, de l'organisation du transfert, des papiers triés à ceux qui restaient à explorer, de leur arrivée sur Bakura, de l'appartement qui leur serait prêté aux premiers pas à la recherche de la vérité. Luke ne pouvait s'empêcher de craindre une autre action d'un groupe de terroristes à l'encontre de Karm, voir de lui. Il ne pouvait supporter l'idée qu'encore une fois, son ami subisse les pires tortures, d'ailleurs penser que cette mission le lui rappellerait peut-être le faisait déjà souffrir. Néanmoins, ils étaient Jedis, pouvoir enquêter sur cette affaire relevait de leur devoir, un devoir au goût de chance parce qu'ils pouvaient enfin essayer de clore ce chapitre douloureux. Les membres de l'équipage innocents le méritaient amplement, ne sachant se satisfaire en guise de justice, de l'Amour que leur mort avait fait naître.

Cette fois, les débuts de l'enquête étaient en apparence plus prometteurs, parce que le Gouvernement Bakurien avait décidé de se montrer coopératif alors qu'ils avaient abordé la Cité des Deux Soleils en toute discrétion -Ou presque vu le tee-shirt (très?) moulant de Karm qui avait attiré le regard d'une gamine interrogée et probablement bien d'autres.-. Ils auraient du matériel et des ressources à leur disposition même si Luke n'était pas sûr que cette réception soit des plus honnêtes. D'ailleurs, fallait-il réellement se fier de cette volonté? C'était à double tranchant et le Consulaire le savait. Celui qui les aidaient pouvait aussi les espionner ou chercher à les entraver. Le monde n'était, hélas, l'avait-il découvert avec le temps, pas beaucoup plus coloré que son propre champs de vision.

La barge s'ébranla d'une manière imperceptiblement différente. À force de prendre divers vaisseaux avec son compagnon, traîné d'expéditions en aventures, le Chevalier avait fini par anticiper certains bruits ou mouvements, lui qui naguère n'y connaissait absolument rien en "choses" volantes. Ainsi, il devina que l'atterrissage se prépara juste avant que le micro n'annonce l'approche de la destination. Il se redressa et frotta légèrement sa tunique comme pour retirer d'éventuels grains de poussière, de toutes manières invisibles. La voix du gamin redevint plus nette mais la mère, par chance, l'avait fait taire en s'occupant de vérifier sa ceinture. Luke fit machinalement de même -après tout c'était dans les normes énoncées par la barge et dont il avait attentivement lu les instructions en braille qu'on avait consenti à lui apporter suite à de longues recherches dans le fin fond de la cabine.-. L'aventure commençait.

***

La sortie de l'Astroport ne fut guère chaotique, parce qu'il y avait peu de monde supposait à tort Luke. En réalité, il ne se rendait pas compte que les badauds les plus proches s'écartaient sur leur passage, s'étonnant du concentré d'exotisme qu'ils représentaient à eux deux. Comme à son habitude, le jeune Hapien n'utilisait pas sa canne lorsqu'il revêtait ses habits Jedis, désirant éviter d'apporter une image honteuse à son Ordre. Il suivit donc sagement l'aura de Karm, restant si bien dans son sillage qu'on aurait pu croire l'exercice simple alors que c'était surtout une question d'habitude. L'Ark-Ni était capable de le guider sans en être conscient ou à peine, tandis que lui captait n'importe quelle instruction à la volée, réagissant une fraction de secondes avant de rencontrer l'obstacle inattendu.

Ceci dit, la voie commune demeurait la plus reposante, et il choisit de déplier son bâton blanc à peine le gendarme les eût-ils laissé pour découvrir leur logement. Non sans un léger soupir de soulagement, Luke fit glisser sa lourde toge brune le long de ses épaules et la déposa soigneusement sur un dossier de chaise. Un petit vaisseau, simple babiole oubliée par un ancien locataire lui tomba sur la tête, le Hapien le récupéra, passant ses doigts sur la silhouette effilée, sans équivoque, d'un chasseur Républicain commun une place. Le détail lui fit penser à Eckthor, son Padawan qui avait prolongé son séjour dans l'école de pilotage rattachée à l'Ordre Jedi. Il se demandait parfois si le garçon allait finalement choisir un autre Maître car malgré leur entente, tous deux restaient différents. Eckthor souhaitait devenir Gardien et Luke avait du mal à répondre à ses besoins, devant faire appel à Karm ou quelqu'un sachant conduire pour parfaire ses habiletés au vol. Même si l'adolescent avait le droit de partir étant donné leur statut spécial - Le Consulaire était sensément un Maître de transition.- il serait déçu quelque part, tout en comprenant, mais c'était sans doute pas le moment de songer à ça. Dès qu'il rencontra un meuble à portée de sa main, Luke déposa le petit vaisseau et continua la visite, sommaire, du petit logement modeste.

Un chambre avec deux lits étroits, bordés au carré, sans un pli, les attendaient pour cette nuit, et les peut-être nombreuses suivantes que requéraient la mission. Une salle de bain attenante toute aussi humble comblerait leurs besoins primaires. Le carrelage n'était pas trop glissant, même s'il y avait des marches traîtresses, sans oublier le plateau de douche surélevé. Il faudrait songer à se souvenir de bien lever les pieds.

- Karm? Ça te dis de faire une petite promenade?- Le Hapien apparut avec des habits sur les bras, les siens, civils, du reste très communs. Repérer les alentours pour cette première journée bien entamé paraissait un bon compromis. Visiter les entrepôts qui avaient vu l'entreprise écran s'installer puis déguerpir, se faire une idée des lieux, des échappatoires surtout et peut-être rencontrer des témoins. Tout ça sous le couvert de l'incognito car mieux valait, pour une première arrivée, ne pas trop alerter les locaux et peut-être des sympathisants de ceux qui se cachaient derrière ABH Mining.- Je sais que tu meurs d'envie de mettre la tenue favorite de Ronomokoyo? Rokomono? Ah comment s'appelait cette enfant déjà?- Mais qu'importe au fond. Un sourire malin plaqué sur le visage, le blond disparut comme il était apparut dans l'encadrement de la porte afin de se changer. Il retira ses vêtements, les plia soigneusement puis enfila un jean bleu très commun, une chemise grise du même acabit, le tout relevé par une veste noire classique. Aucun risque, bien que Luke aurait préféré conserver sa tenue large qui cachait si bien sa taille et représentait son cher Ordre.

- Penses-tu que nous devrions commencer à enquêter en tant que touriste un peu perdu, journaliste curieux ou Jedis sévères et imposants?


Interrogea-t-il en haussant légèrement la voix tout en continuant de s'habiller. Lui-même opterait pour la troisième option même si ni Karm ni lui n'avaient l'air imposant. Toutefois, sur le terrain, c'était l'Explorateur qui avait le talent du contact, pour preuve, la collaboration de la gamine, aussi futée qu’affûtée sur la Cité des Deux Soleils.

Malgré ses inquiétudes, en tout cas, la voix du jeune homme était empreinte d'une certaine légèreté. Sans oublier la tragédie du Trépidant, il se réjouissait de se retrouver en mission avec Karm. Depuis le départ d'Eckthor pour perfectionner ses talents en pilotage, il était bien seul, terré au fond de son bureau si on ne comptait pas ses projets en commun avec le Chevalier Turquoise.
Karm Torr
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Hmm hmm, répondit l’Ark-Ni, quand Luke proposa de se promener.


Depuis le temps, l’Hapien devait savoir que le laconisme de son ami n’était pas une preuve d’indifférence. Karm alternait entre les grands discours pensifs et les déclarations elliptiques. C’était sa manière. Pendant que le Consulaire exposait leur programme, lui inspectait soigneusement l’appartement à l’aide d’un petit appareil de détection de la surveillance électronique, leur expérience passée ayant entretenu en lui la même méfiance envers les autorités que celle dont faisait preuve son ami.


Il finit par pousser la porte de leur chambre, alors que Luke finissait de se changer.


Comme des Jedis, répondit-il encore. Déjà, j’suis pas spécialement un as quand il s’agit de jouer la comédie…


Il s’y était plié sur Coruscant, pour enquêter sur les humains extrémistes, mais ce n’était pas un souvenir qu’il chérissait particulièrement.


… et ensuite, y pas de raison de se priver des avantages que ça présente.


Sur une planète républicaine, être des Jedis ouvraient somme toute bien des portes.


OK, c’est bon, déclara-t-il finalement, en éteignant l’appareil, après avoir visité la salle de bain. Pas de surveillance.


Peut-être fallait-il croire en la bonne foi du gouvernement.


Karm entreprit de se changer rapidement à son tour, laissant ses vêtements de voyage de côté et, après avoir attiré Luke contre lui avec une assurance bien plus virile que ses traits androgynes ne pouvaient le suggérer, pour lui offrir un baiser où la tendresse se mêlait de passion sensuelle, il quitta avec son partenaire leur petit appartement de la gendarmerie et gagna le garage où un speeder banalisé avait été mis à leur disposition.


Le véhicule s’éleva bientôt dans les rues régulières et soigneusement entretenues de la capitale bakurienne. Ici, loin des fermes et des mines toujours en activité, loin de la jungle tropicale où une partie des activités de l’ancienne colonie se déployaient toujours, la prospérité de la planète se faisait clairement sentir. Bakura n’avait pas le gigantisme des grandes cités du Noyau, mais son urbanisme tranchait malgré tout avec les installations parfois beaucoup plus spartiates d’autres planètes de la Bordure.


Bientôt, les deux Jedis atteignirent l’une des zones industrielles qui, avec la baisse du rendement des mines, avaient fait depuis longtemps la réputation de la planète : c’était là que l’on fabriquait les fameux répulseurs, pour les speeders et les plateformes en tout genre, que Bakura exportait abondamment dans toute la République, et même au-delà. Au hasard des investissements et des nouvelles recherches, l’activité se déplaçait à telle ou telle endroit de la périphérie de la ville.


La zone qu’ils visitaient ce jour-là avait accueilli jadis bien des usines, mais tout avait été reconverti désormais en bureaux, parce que la ville s’était encore étendue, qu’on avait repoussé les industries à ses marges nouvelles et que les anciens lieux de fabrication avaient été reconvertis en fonction support, qui risquaient moins de décourager l’installation de nouveaux riverains. Karm rangea leur speeder dans les derniers étages de l’immeuble qui l’intéressait.


Devant l’ascenseur qu’ils attendaient, il égraina pour Luke, dans un murmure, le nom des différentes entreprises qui occupaient les lieux, gravés sur une plaque. Autant qu’on pouvait en juger à des appellations parfois impénétrables, il y avait là surtout des courtiers en assurances, des armateurs pour l’export et un incubateur de start-ups, de seconde zone, probablement, à en juger par sa situation périphérique. Les nouvelles entreprises les plus prometteuses devaient se créer beaucoup plus près du centre-ville.


Le d’AHB Mining figurait encore dans les étages intermédiaires. Dans l’ascenseur, une musique d’ambiance accompagna les deux Jedis. Karm n’y prêta qu’une attention toute relative, occupé qu’il était à détailler du regard la silhouette de Luke.


Très jolie tenue, dit-il d’un air dégagé. Très sexy.


Et sur ces bonnes paroles, il sortit de l’ascenseur, comme les portes s’ouvraient.


Devant eux, un long couloir, avec des bureaux. La porte qui menait à la section occupée jadis par AHB Mining était évidemment fermée. Un homme, qui sortait du sien pour aller aux toilettes, déclara :


Ah, ceux-là, messieurs, ils sont perdus depuis plusieurs semaines déjà. Ils doivent toujours louer, cela dit, parce que sinon, quelqu’un d’autre se serait déjà installé à leur place.
Bonjour, répondit Karm, en se retournant vers le Bakurien, qui fut un peu surpris de l’étrange regard de l’Ark-Ni. Vous êtes sûr ? Peut-être que les lieux n’ont pas trouvé de repreneur.


L’employé, qui devait avoir dans la cinquantaine, la moustache, les cheveux poivre-et-sel, secoua la tête.


Notre directeur cherche à étendre nos bureaux, si ceux-là étaient disponibles, on les aurait déjà investis.
Vous les connaissiez bien, les anciens occupants ?


L’homme parut hésiter. Était-il bien censé répondre aux questions de deux étrangers ? Karm écarta un pan de sa veste, pour révéler son sabre-laser, et déclara :


Nous sommes de l’Ordre Jedi et nous enquêtons à leur sujet.


L’employé se détendit aussitôt. Son expression trahit à la fois un mélange de soulagement, parce qu’il n’avait pas affaire à des espions industriels, et de fascination, parce que c’était bien la première fois de sa vie qu’il voyait des Jedis de près.


Ah ! Hé bien, non, pas trop. Ils étaient trois ou quatre. Quatre. Trois hommes, une femme. Ils sont restés quoi ? Trois semaines, environ. Ils n’étaient pas bien causants.
Ils vous ont fait quelle impression ?


L’homme haussa les épaules.


Pas très sympathiques. Mais pour ce qu’on les a côtoyés, vous savez…
Il y a des gens dans votre entreprise qui les ont fréquentés de plus près ?
Je ne sais pas. Peut-être ma manager, pour des histoires d’occupation des parties communes. Troisième bureau sur la droite.
Merci, monsieur.
Luke Kayan
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- humpfgrrblmdireavant.

Pour la forme, Luke grogna un reproche à peine audible -et pas du tout crédible- concernant la réponse de son ami. D'accord, c'était lui qui avait commencé à s'habiller en civil avant que le premier ne choisisse son option favorite mais tant pis, et puis râler, ça faisait toujours du bien. Le nuage passager. cependant, se dilua vite sous la brise câline, un baiser auquel le blond répondit avec beaucoup plus d'ardeur que d'autres fois. Sans doute parce que partir en mission comme ça lui manquait énormément, que cette affaire les concernait personnellement ou que Karm embrassait trop bien pour rester insensible.

Toujours est-il que c'est avec un mélange de joie et d'inquiétude que le Jedi sortit de l'appartement, une fois n'est pas coutume, donc, en tenue civile. La ville quoique nettement moins impressionnante que Coruscant n'en restait pas moins bruyante, vivante pour ne pas dire un peu chaotique. Instinctivement le jeune homme rapprocha le sac en cuir qu'il portait en bandoulière de sa poitrine. Y dormaient les différentes accréditations qui leur avaient été confiées à Karm et à lui, son sabre-laser ainsi que sa canne blanche pliée.

- Tu dis ça pour me consoler. - Une fois n'était pas coutume, Luke avait répondu à son ami alors que ce dernier le "provoquait". Mieux encore - ou pire?- il appuya sa fausse plainte d'un glissement de hanches vers son ami. Calculant mal l'art de flirter en ascenseur, le Jedi rougit violemment lorsque les portes commencèrent à s'ouvrir. Une fraction de seconde de chaste mais sensuel frottement contre la hanche de Karm et les auraient vus. Mais qu'est-ce qui lui prenait pour cette mission?

Peu habitué à être chaleureusement reçu, y compris sur une planète Républicaine, le Chevalier se raidit légèrement lorsque Karm les présenta comme des membres de l'Ordre à un homme aux cheveux couleur poivrée. L'interlocuteur changea, comme prévu, d'attitude, mais de manière positive, contrairement aux politiciens qui n'aimaient pas trop voir des Consulaires mettre leur nez dans leurs affaires. Les grands Commerciaux se méfiaient aussi des Jedis, surtout les fouines comme Luke qui traquaient les incohérences bancaires avec le même acharnement que les Gardiens affrontaient les Siths. C'était donc presque inédit d'obtenir si rapidement et si gentiment des réponses, surtout face à face. Comme quoi, pour certains aspects, rien de tel que le terrain.

Pendant que le Chevalier Turquoise interrogeait l'employé, le Hapien laissait courir ses doigts le long des murs, une habitude assez utile pour se repérer mais aussi récolter des informations. Si la pancarte d'AHB Mining n'avait même pas été retiré, il y avait des chances pour que d'autres traces demeurent.

- Cette porte donne sensément accès au sous-sol, c'est bien ça? Ici c'est marqué "laboratoire".

Sous l'inscription invisible pour lui, en trônait une autre, ignorée par la majorité de la population. Encore neuve mais ne correspondant pas à la disposition des nouveaux locaux. De fait, les petites pancartes en braille n'avaient jamais été retirées, c'était un détail évidemment, surtout que les deux Jedis pourraient obtenir -en réquisitionnant- la disposition des locaux occupés par AHB pendant ces trop courtes trois semaines, pas de quoi rentabiliser un seul mois de loyer dûment payé. Néanmoins, cela permettait de confirmer ce qu'ils pensaient déjà. Les grosses têtes de l'entreprise fictive avaient rapidement fui, avant d'être radiés du registre de la chambre des commerce, sans doute. S'ils avaient laissé de vieux panneaux indicatifs, Karm et lui pouvaient-ils espérer récolter d'autres miettes? La précipitation n'était jamais de bonne augure pour des fuyards, du moins à long terme, parce que c'était la meilleure façon de laisser des traces, sur le carrelage mais aussi dans les papiers.

Karm sembla lire dans les pensées de son compagnon en demandant à parler à un supérieur. La visite de prime abord s'était transformée assez rapidement en une enquête de fond vu l'occasion. Tout à fait d'accord, le Consulaire élabora une série de questions pour la fameuse Manager. Puisque son ami et lui venaient en tant que Jedi, la femme dû les ouvrir. La soixantaine, le corps maintenu à renfort de séances sacrifice au gymnase, souligné par un tailleur gris anthracite, des cheveux mi-longs resserrées en un chignon peu généreux, Marie De La Plaine répondait au cliché de la femme d'affaires toujours pressée. Obligée d'interrompre son travail parce que les deux Jedis l'avaient exigés, elle s'efforça de leur offrir un sourire poli. Poli mais glacial. Malgré son ambition, cette femme tenait à montrer patte blanche face à l'autorité, Bakurienne comme Républicaine, au nom de son entreprise bien sûr mais aussi des valeurs que ses parents lui avaient enseigné avant de lui léguer l'affaire familiale. Elle était ici depuis très longtemps et avait vu passer de nombreux colocataires. D'abord en tant que gamine qui se promenait dans les couloirs, ensuite comme stagiaire dans les locaux de son géniteur puis en tant que dirigeante.

L'expérience lui avait apprit à ne pas se mêler des affaires d'autrui expliqua-t-elle sommairement aux Jedis après leur avoir rendu leur carte d'accréditation, laquelle avait été d'abord minutieusement observée. Marie essayait de détacher, avec beaucoup de peine, son regard du visage de Karm, ceci dit, et bien longtemps après avoir rendu les papiers.

- Est-ce que vous avez le contact et les noms des anciens gérants d'AHB?
- Les gérants non mais la directrice des Ressources Humaines éventuellement. Je ne pense pas qu'elle était d'ici. -Marie renifla, son regard qui penchait entre le gris et le bleu se posa sur un cadre doré aux bordures riches qui trônait sur son bureau. Il soulignait une photo de famille parfaite: un mari dodu mais souriant enlaçait une directrice en tenue chic, à peine plus décontractée, de son autre main il enveloppait un garçonnet rondouillard adorable et une adolescente à l'air sombre. Une adolescente quoi.- [color:30a7=#pink]Mais je vous l'ai dit, j'ai dû lui parler à une ou deux occasions seulement. On m'a appris à ne pas me mêler des affaires d'autrui. Je suis allée chez eux une fois, rapport à des histoires d'espaces commun. Une fois à cause de nuisances sonores qui continuaient jusqu'à tard après la fermeture alors que je faisais mes comptes.

Luke laissa la femme fouiller dans des tiroirs bien rangés mais terriblement alourdis par des tonnes de papiers. Elle ressortit étrangement vite un petit dossier, signe qu'elle contrôlait parfaitement son environnement. D'une main vive elle tendit les données personnelles de Melle Carlson, la fameuse "étrangère" qui servait de DRH à AHB Mining. Le Consulaire les rangea dans sa sacoche sans trop d'espoir. Le numéro de Comlink ne serait certainement plus attribué.

- Ces locaux appartiennent donc au même propriétaire?
- C'est exact.
- Et nous avons appris que vous cherchez à vous étendre, auriez-vous donc déjà déposé une requête pour louer les locaux abandonnés?
- C'est à nouveau exact.- Marie avait gardé ses petits yeux intelligents plantés dans ceux de l'Ark-Ni tout le long, fascinée par la lueur qui y brillait. À moins que ce ne soit le regard absent et bicolore de l'autre qui ne la dérange, mais elle répondait avec précision pour en finir au plus vite. Un point pour elle.- malheureusement il a été presque immédiatement refusé. Le propriétaire qui nous connaît depuis très longtemps nous a confié en sous-main qu'en fait, AHB avait versé le loyer pour le prochain mois à venir et qu'ils n'avaient pas démontré l'intention de quitter définitivement les lieux.

Luke sentit un certain découragement l'envahir, bien qu'il fut passager. Ce serait juste un peu plus long mais Karm et lui devraient se munir d'une autorisation pour pénétrer les bureaux vidés par l'entreprise, et ce serait peut-être long. Le gouvernement avait beau se montrer collaboratif, il y avait des lois et il fallait des suspicions tangibles pour pénétrer chez quelqu'un ou dans son local. D'ailleurs AHB devait continuer de payer pour cette raison, afin d'occulter les dernières éventuelles preuves qu'ils n'avaient pas eu le temps de faire disparaître.

- Je suppose que vous avez encore accès aux zones communes?
- Hum. À certains bureaux, oui.
- Avec votre autorisation nous pourrions y entrer.
- Je ne veux pas d'ennuis.

En fait le mieux serait de profiter de ce petit passe-droit pour se glisser mine de rien dans les locaux non partagés, de s'y perdre -quel dommage, mais Luke n'était pas de ce genre, voyons. Il n'aurait en fait même pas du en avoir l'idée. L'influence d'un certain explorateur peut-être?

- Vous n'en aurez pas, c'est une procédure normale, très courte et peu invasive. Une visite sur le vif.- Précisa Luke, conscient que venant d'un aveugle, le concept de visite devait paraître bien étrange. Restait cependant le regard aiguisé de l'Ark- Ni, et la Force, évidemment.- Et les sous-sols?
- Les sous-sols? Ce sont des hangars, nous les partagions le nôtre avec AHB mais il n'y a rien d'extraordinaire.

Le Jedi se souvint de l'incohérence entre les pancartes, celle qui indiquait une sorte de salle de travail ou de laboratoire, et l'autre, en braille, plus ancienne qui parlait de laboratoire.
- Y a-t-il eu des travaux dernièrement
- C'est prévu, le sous-sol ne couvrait qu'une partie des dessous du bâtiment, la partie sur AHB Mining était totalement inaccessible, privée. Le propriétaire projette de l'ouvrir et de prolonger le hangar, d'ici quelques jours il se peut que les travaux commencent


La Manager ne cacha pas son contentement. L'entreprise -et celles alentours- grandissaient, des places en plus ne feraient pas de mal pour garer le speeder du plus modeste des employés ou son gros transport, un cadeau de Charles, son mari, pour leurs trente ans de mariage.

- Si vous pouviez mettre à notre disposition les données du propriétaire ce serait parfait, merci.


Il faudrait en parler avec Karm songeait Luke qui penchait pour une approche discrète, ne mettre la puce à l'oreille de personne et certainement pas du propriétaire qui pouvait être un complice d'AHB ou une éventuelle victime. Une décision si d'un si gros hangar en si peu de temps laissait entrevoir un désir de balayer tout ce qui pouvait se trouver avant sous la tutelle du nom "laboratoire".

Luke laissa son ami interroger la femme s'il le voulait, ou l'inviter à partir pour continuer. Il proposerait bien d'entrer dans ces fameuses zones communes tant qu'ils y étaient, cependant le terrain, c'était l'affaire de son ami et le Hapien avait bien plus confiance en ce dernier pour l'organisation, la discrétion lors d'une enquête en situation réelle et les subtilités de ce genre.
Karm Torr
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Les bureaux communs se révélèrent décevants. Pour l’essentiel, ils étaient occupés par un guichet de réception, installé là dans le temps, mais qui ne servait plus guère, parce qu’aucune des deux entreprises n’avaient véritablement de visiteurs. Pour le reste, il y avait deux salles de bain, pour les hommes et les femmes, et un espace encore vide, où personne ne s’était senti à l’aise de s’installer, sous le regard de l’autre société. De toute évidence, les travaux projetés par le propriétaire étaient bien nécessaires : beaucoup d’espace perdu.

Par acquis de conscience, les Jedis parcoururent néanmoins l’espace comme pour le passer au peigne fin, après avoir laissé la manager à ses affaires. Karm était désormais pleinement concentré sur leur enquête, mais si les réactions de Luke à son baiser et à sa provocation l’avaient agréablement surpris — c’était un euphémisme.

Comme les Jedis avaient fait chou blanc, ils décidèrent de gagner les sous-sols. Les speeders des employés de De La Plaine s’alignaient dans le hangar mal aménagé, tandis qu’une cloison métallique les séparait de la partie réservée à AHB Mining. Une main sur la paroi, les yeux mi-clos, Karm laissa sa perception se déployer dans la Force, comme s’il avait cherché à manier de l’autre côté, par la télékinésie, des objets éventuels, mais avec le seul dessein d’en percevoir au moins les contours et le poids.

Mais tout résonnait vide. S’il restait quelque chose, ce ne serait que des traces infimes.

Bon, finit par conclure placidement l’Ark-Ni, qui n’était pas homme à se décourager pour si peu, La société de sécurité et le propriétaire sont nos prochaines étapes.

Il avait pris soin de relever le nom de l’entreprise chargée de la surveillance de l’immeuble de bureau, qu’on trouvait inscrit sur les holocaméras disposées un peu partout. Les images montreraient peut-être le visage de l’un des employés d’AHB Mining. Les Jedis regagnèrent l’ascenseur, pour remonter jusqu’aux garages supérieurs, sur le toit de l’immeuble. Datapad en main, Karm vérifiait les informations du propriétaire des lieux, dans les bases de données bakuriennes.

J’envoie un message à la caserne pour demander à l’officier de liaison de contacter la société de surveillance et récupérer les enregistrements, expliqua le Jedi, qui jugeait que les autorités locales se montreraient peut-être moins intimidantes. Et j’propose qu’on aille voir le proprio en se faisant passer pour deux jeunes qui montent une start-up. Au cas où.

L’homme possédait une agence immobilière dans le centre-ville. Il ne leur fallut qu’un quart d’heure pour rejoindre un parking des environs, et une dizaine de minutes pour gagner l’agence elle-même à pied, au septième étage d’un vaste centre commercial. Alden & Fenlorm gérait pour l’essentiel des immeubles de bureaux un peu partout dans la capitale, dont une bonne part appartenait directement aux deux fondateurs, tandis que les autres leur avaient été confiés par différents particuliers.

À peine eurent-ils passé la porte d’entrée qu’une jeune réceptionniste laissa courir un regard rêveur sur le profil apollinien de l’Hapien. Karm aurait eu du mal à lui reprocher. Comme tous ceux de son espèce, Luke était un canon, ainsi qu’il s’employait régulièrement à le lui souligner.

Le Jedi dut se racler la gorge pour tirer la jeune fille de sa rêverie bien légitime.

Salut. Moi c’est Karm et lui c’est Luke. On est intéressés par des locaux dans l’un des immeubles du quartier Kalfik ou Zokal.
[purple]Ah ! Oui ! Bien sûr. Alors… À Zokal, nous n’avons rien, mais à Kalfik, il y a l’immeuble de M. Alden et celui d’un autre de nos clients.[/purple]

La réceptionniste afficha une carte tridimensionnelle du quartier, qui se mit à flotter au-dessus de l’holoprojecteur du comptoir. Karm fit mine de l’examiner quelques instants, avant de pointer l’immeuble d’Alden, précisément celui qu’ils venaient de visiter.

[purple]Très bien. Vous avez rendez-vous ?[/purple]
Pas vraiment, non.

Mais ils avaient l’air cool et décontractés, comme deux de ces innombrables jeunes entrepreneurs sur lesquels reposait une partie de la stratégie d’innovation de la capitale, et la réceptionniste ne s’en formalisa pas. Un appel plus tard et elle les invita à patienter une petite demi-heure, le temps pour Alden de se rendre disponible. Les start-upeurs avaient toujours le droit à des égards particuliers : une récente loi du gouvernement municipal défiscalisait entièrement les locaux qu’ils occupaient pendant les deux premières années et ils constituaient, à ce titre, une manne pour les propriétaires.

Trente minutes plus tard, Ben Alden, type même du quarantenaire cadre dynamique, sourire étincelant et poignée de main énergique, se présenta à eux, pour les inviter dans son bureau. À vrai dire, l’homme inspirait spontanément confiance, même à travers la Force. Il aimait les affaires et l’argent, sans aucun doute, mais tous ses projets étaient bâtis sur un principe solide : quand on restait correct avec tout le monde, quand on évitait les coups fourrés, on s’épargnait bien des mauvaises surprises et tout fleurissait. Dans les déjeuners entre businessmen, il faisait passer cela par du pur pragmatisme, mais en vérité, c’était aussi un témoignage de son sens moral bien ancré.

Alors vous êtes intéressés par l’immeuble du quartier Kalfik ?

Karm hocha la tête.

On veut un endroit bien situé, mais loin de toute l’agitation des pépinières d’entreprises du centre-ville. Pour travailler tranquillement.
Je comprends. Mais vous… enfin, pardonnez-moi la question, mais de toute évidence, vous n’êtes pas du coin…
Non, mais on travaille sur les répulseurs anti-gravité, alors forcément, Bakura…
Forcément.

Même Karm parvenait à naviguer des mensonges aussi simples.

Hélas, dans l’immédiat, je crois n’avoir pas d’espace disponible. Dans un mois peut-être.
On est allés faire un tour sur place, pour se rendre compte, il paraît qu’il y a des locaux inoccupés.
J’ai des locataires un peu fantomatiques, c’est vrai, confessa Alden. Mais bons payeurs, jusqu’à présent, et qui ont renouvelé pour un mois. Ils n’utilisent pas l’espace mais vous savez ce que c’est, parfois les entreprises ont besoin d’une solution de repli.
Vous croyez qu’on peut les convaincre de sous-louer ?
Ça ne vous offrirait pas beaucoup de stabilité.
C’est toujours ça pour commencer.
Vous savez qu’on a ailleurs d’autres propriétés disponibles…
Luke Kayan
Luke Kayan
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[HJ: En espérant avoir su rester logique et ne pas m'être trop avancée... Mais je ne voulais pas tout te laisser faire... I love you Si quelque chose ne va pas, dit-le moi et je changerai!]

Luke sentit la Force employée par Karm résonner dans son esprit, couvrant le vide qui habitait les lieux. Aucune cache, aucun secret à dévoiler, les zones communes étaient fades, sans intérêt. D'un côté, il fallait s'y attendre, les auteurs d'un tel attentat ne pouvaient pas être assez stupides pour laisser des preuves se promener là où n'importe qui aurait pu les trouver.

- Rien non plus -Confia Luke à Karm dont le sérieux ne l'étonnait guère. Malgré son caractère peu conventionnalisme, parfois provocateur, c'était un Jedi très impliqué dans son travail, une des facettes qui avait séduit Luke, étant donné qu'il possédait la même. Tout aussi concentré, loin des espiègleries dans l’ascenseur, c'est docile qu'il suivit son compagnon sur le toit de l'immeuble puis à travers le centre-ville pour gagner l'agence Immobilière tenue par deux co-propriétaires, bien que ce soit apparemment Alden qui soit chargé des installations qui intéressaient les enquêteurs. Le trajet fut heureusement assez court parce que Luke commençait à se sentir mal à l'aise en centre-ville, même s'il comptait sur son point de repère favori.

Occupé à faire attention où il marchait sans trop ralentir la marche, le jeune homme se contenta d'hocher doucement la tête, les caméras: toujours demander s'il y en avait, affiliés à l'entreprise ou à des magasins environnants. Bien qu'il ne saisisse pas vraiment le concept, le Jedi avait appris que c'était important, au point de pouvoir être présenté comme preuve au tribunal voire résoudre l'affaire en entier.

En attendant de recevoir la bande qui pourrait leur apporter des éléments, ni leurs yeux ni leurs sens ne leur offrirent quoique ce soit d'intéressant. Luke cacha sa déception avec un certain professionnalisme puisque seule une légère moue réprobatrice s'afficha sur son visage angélique.

- L'infiltration, finalement on y revient.

Taquina gentiment le Hapien tout en trouvant une maigre consolation à sa tenue, selon lui à peine correcte en service. Il aimait être impeccable -du moins autant que son handicap le lui permettait- et malgré les commentaires plutôt agréables de son ami, être habillé en civil et se présenter comme Jedi le chagrinait un peu. Au moins allaient-ils retrouver un domaine où il pouvait agir, à défaut de l'exploration des zones communes entre AHB et leurs ex-colocataires. Les connaissances du jeune homme en économie restaient toutefois limitées, aussi prit-il garde à laisser son compagnon -qui se débrouillait vraiment bien-, tant pour parler à la secrétaire, la convaincre de leur permettre le passage, que pour s'adresser au propriétaire des locaux qui les intéressaient. Malheureusement le quadragénaire était plutôt fidèle, honnête même puisqu'il avait décidé de ne pas jouer double-jeu et de leur sous-louer les locaux délaissés par ses étranges locataires. Sans quoi ils auraient au moins pu visiter des zones personnelles, maintenant ne restait plus qu'à ruser ou attendre le fameux papier de perquisition qui leur ouvrirait les portes. Un document assez difficile à obtenir, surtout sans preuve tangible pour justifier le viol de la vie privée de particuliers comme de commerciaux.

- Le problème est que la situation géographique aussi bien que les installations en soi nous intéressent... Mais vous dites que ces locataires pourraient éventuellement arrêter de payer le mois prochain, je voudrais donc vous proposer une solution. Vous nous faites juste visiter les locaux, et nous nous engageons à prendre la place de suite après vos actuels locataires, que ce soit dans un mois voire deux, ce qui vous éviterait une période à découvert, le temps de chercher de nouveaux intéressés. En attendant, nous pourrions aussi envisager d'emménager dans d'autres bureaux, du moment qu'ils soient proches et que les installations soient fonctionnelles afin de pouvoir emménager à moindre frais et pouvoir changer de local dès que les précédents cesseront de payer.

- Nous avons des propriétés vraiment bien placées, j'admets avoir du mal à saisir votre insistance pour ce lieu précis.
- Pour des raisons professionnelles diverses: la disposition des bureaux, la localisation, tout. Nous cherchons un type vraiment spécifique. Réfléchissez, vous n'avez rien à perdre -Suggéra Luke en haussant un peu les épaules.- D'autant plus que je sais que tout l'immeuble ne vous appartient pas et que cette partie, sous votre local vide, est exactement pareil que le vôtre. Nous sommes pointilleux mais pour un étage nous ne dirions pas non. Une simple visite et vous avez tout à gagner. Nous ne souhaitons pas perdre de temps, et si investir d'autres bureaux pour une certaine période ne nous dérange pas, nous ne voudrions pas avoir à changer de propriétaire. Trouver, de nous jours, un partenaire correct n'est pas facile. D'où notre désir à anticiper.
- Si je vous organise une visite, donc, vous seriez prêts à signer un contrat de pré-location même si les actuels payeurs partent dans six mois? - Interrogea le quadragénaire un peu sceptique. Mi-conquis par l'idée d'avoir des locataires prêts à remplacer les anciens et mi- suspicieux, il jugeait désormais les deux soit-disant entrepreneurs d'un air attentif pour ne pas dire perçant.-
- Si le local nous plaît oui. Il serait question de prendre une autre de vos propriété en attendant, puis de déménager. Nous sommes une petite équipe et nous nous tiendrions prêts. Trois cartons, deux signatures et ce serait bon. Monsieur Alden, nous avons parcouru beaucoup de chemin pour en arriver jusqu'ici, sur Bakura, en ces lieux précis, et beaucoup cherché aussi. C'est pourquoi un ou deux sacrifices de plus ne nous fait pas peur.

Luke joint ses deux mains, conscient que sa proposition pouvait paraître étrange bien que ce ne soit pas impossible non plus. Certains entrepreneurs tablaient tout sur l'emplacement, parfois de manière un peu obsessionnelle et à tort, ils finissaient par couler, mais ces deux étrangers semblaient posséder assez de caractère. Malgré leur jeune âge, ils avaient voyagé et roulé leur bosse. Pour preuve, leur interruption effrontée quoique courtoise dans ses bureaux. Ils avaient vraiment l'air déterminés, propres sur eux, même si quelque chose le faisait douter encore. Leur silhouette, leur maintien, leur regard -enfin surtout celui bleuté et lumineux du jeune homme aux cheveux argentés- respiraient une sorte d'authenticité pourtant nuancée d'autre chose. Clairement, ils étaient plus que ce que ne pouvait le laisser penser leur "gueule d'ange androgyne". Ben devait-il leur faire confiance?

Rendu curieux, il évalua la situation, finissant par choisir d'accéder à leur demande. Une visite d'une heure ne dérangerait pas les absents, cela se faisait parfois, y compris en présence d'occupants qui partiraient bientôt. Cette fois, ils pénétreraient juste le territoire de fantômes mais ce n'était, après tout, pas comme si ces deux gamins étaient des voleurs ou de la police. Une visite, il ne perdait pas grand chose, ce n'était pas non plus un crime puisqu'en tant que propriétaire il avait le droit de rentrer dans ses locaux -à condition de ne pas le faire de manière abusive ou répétitive.-, notamment pour veiller à la maintenance, aux travaux ou à la propreté des lieux. AHB le savait, et il l'avait déjà fait pour s'assurer que tout allait bien en revenant de soirée, accompagné de sa femme.

- Juste une visite rapide, on ne touche rien, de surface. Nous ne pouvons pas nous permettre d'abuser même si c'est partiellement inhabité. Nous regardons la disposition des pièces, vous prenez quelques mesures rapides si vous voulez mais hors de question de visiter à fond, il y a peut-être encore des documents là-bas. Je ne peux vous offrir que ça.

Affirma Ben en s'humectant légèrement les lèvres. Il était un peu nerveux car sa moralité le titillait, malgré le droit qu'il avait de se servir de ses clés, inviter ces futurs entrepreneurs était légèrement tendancieux. Malheureusement perdre un mois de loyer creusait les finances et il n'était pas toujours simple de trouver quelqu'un pour reprendre un local si éloigné du centre-ville, tranquille ou non. Rencontrer deux entrepreneurs aussi acharnés n'arriverait pas avant longtemps, et puis ils avaient promis de louer un autre local en attendant que celui-ci se vide si jamais il leur plaisait. Les affaires n'étant pas excellentes en ce moment, cela lui assurerait un autre loyer et la reprise de l'ex AHB Mining dont les rumeurs ne disaient rien qui vaille -si bons payeurs soient-ils.- et qui semblaient prêts à partir du jour au lendemain, quitte à le laisser planté sans préavis. En y réfléchissant bien, il y avait une occasion d'assurer un peu ses arrières à moindre coût.

- Il faudrait organiser cela, mais j'aimerais d'abord consulter mon collègue afin de trouver la meilleure date. Nous avons de multiples rendez-vous avec des banques, des actionnaires, enfin vous connaissez la musique.
- Moi aussi de toutes manières, je dois prendre des dispositions, je vous laisse rejoindre le salon d'accueil et vous proposerez une date à ma secrétaire qui répondra selon mes disponibilités, néanmoins, ce serait mieux hors horaires. C'est légal mais un peu gênant donc...
- Nous comprenons.
- Autre chose?

Le directeur posa ses yeux perçants quoique dénués de malice sur l'autre jeune homme, celui qui avait commencé la discussion et l'avait guidé sur la voie de la confiance, de part son ton calme, plus bas que la moyenne aussi. Luke pendant ce temps consultait la même personne mais à un autre niveau, beaucoup plus intime et discret via la Force. Il se demandait s'il ne s'était pas un peu précipité avec cette idée soudaine, jaillie de son esprit alors qu'il voulait de prime abord laisser Karm mener. De toutes manières d'ici peu, ils pourraient parler plus librement. Restait à voir si la visite serait trop brève ou trop cadrée pour trouver quoique ce soit.
Karm Torr
Karm Torr
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C’était bien volontiers que Karm avait laissé Luke naviguer une discussion dans laquelle, à tort peut-être, il estimait qu’il se serait pour sa part perdu. Le jeune homme avait employé ce temps-là à démêler les intentions d’Alden. Percer les esprits à travers la Force n’avait jamais été sa grande spécialité mais, comme tout bon Chevalier bien entraîné, il en savait assez pour percevoir des intentions, et les dispositions générales d’un caractère. En somme, quand l’entretien fut terminé, il avait plus confiance en Alden qu’Alden n’avait confiance en eux. En quelques mots, ils remercièrent l’agent immobilier et, ayant regagné le secrétariat, fixèrent une visite pour le surlendemain, dans la matinée.

Dans les vastes allées surpeuplées de l’immense complexe commerciale où Alden tenait boutique, les deux Jedis ne s’entretinrent guère, de peur que leur conversation fût surprise. Ce n’était qu’un assentiment informulé qui passait entre eux deux à travers la Force, le temps de rejoindre le parking, leur speeder et les voies aériennes de la capitale de Bakura. Ils prenaient la direction de la chambre de commerce, où les attendait une part singulièrement plus administrative de leur enquête : se plonger dans les registres relatifs aux entreprises et tenter d’y retracer l’histoire d’AHB Mining.

La chambre de commerce occupait un bâtiment flambant neuf, dont l’architecture futuriste disait assez la prospérité bakurienne. Pour un monde excentré, Bakura jouissait d’une économie fleurissante, qui avait su reconvertir les forces vives des premiers temps de sa colonisation vers une technologie de pointe, dont la galaxie avait besoin constant. Le speeder s’engouffra dans une large coursive qui conduisait au parking du sous-sol et, plusieurs niveaux sous terre, il se rangea à côté d’un autre véhicule, dans la section réservée aux visiteurs.

Nouvel ascenseur.

Karm conservait le silence, comme il arrivait souvent, mais il n’avait pas besoin de parler pour que Luke sache qu’il tenait leur visite à l’agent immobilier pour une réussite. Du bout des doigts, l’Ark-Ni effleura la main de son compagnon, caresse fugitive avant que les portes de l’ascenseur ne s’ouvrissent sur l’un des étages occupés par les archives de la chambre. Devant eux, un guichet de réception, à droite, une immense salle de lecture, occupée pour l’essentiel par des avocats, des huissiers et des analystes financiers, par quelques journalistes aussi, que leur devoir professionnel avait conduit là. À gauche, des baies de serveur clignotaient, apparemment interminables, et on y conservait précieusement les données publiques et privées que les entreprises devaient transmettre à l’administration commerciale et qu’on ne communiquait pour la plupart que dans la salle de consultation.

L’archiviste en charge de la réception ce jour-là était une femme d’une quarantaine d’années, aux cheveux relevés dans un chignon sévère, aux gestes précis et méthodiques. Tout le sens de l’organisation nécessaire à sa fonction s’exprimait dans son attitude.

Messieurs, demanda-t-elle en levant vers eux un regard d’une politesse curieuse, dans lequel passa, comme presque toujours chez les Bakuriens, un instant de surprise, en considérant leurs deux physiques atypiques ?
Chevalier Torr et Chevalier Kayan, répondit Karm, en glissant son badge sur le guichet, en mission pour la République.

L’archiviste se redressa un peu plus sur son siège. Des Jedis ! Elle n’en avait jamais vu ! C’était un honneur. Mais elle n’était pas femme à tout croire sur parole et elle prit le badge de Karm pour le scanner et consulter, sur son écran, ses accréditions républicaines et les documents que le gouvernement de Bakura y avait joints. Finalement, la femme hocha la tête et lui rendit le badge.

Que puis-je faire pour vous ?
Nous enquêtons sur une société fantôme, probablement écran, AHB Mining. Elle a été incorporée ici, dans la capitale, mais nous avons du mal à savoir par qui et dans quelles conditions. Est-ce que je me trompe en imaginant qu’à un moment, quelqu’un a bien dû donner son nom ?
Pas du tout, confirma l’archiviste. Toute société a effectivement des fondateurs qui sont des personnes physiques, même les succursales d’autres sociétés. Leur identité est confirmée par le bureau d’enregistrement, au moment de l’incorporation au registre.
Et à quel point ce serait difficile d’utiliser une fausse identité ?

L’archiviste s’appuya contre le dossier de sa chaise, les mains croisées, l’air pensif. Après un moment de réflexion, elle concéda :

Pour être honnête, je ne suis pas exactement une spécialiste du travail des faussaires, mais j’imagine que dans l’absolu, ce ne serait pas très difficile. Une fausse pièce d’identité, c’est tout ce qu’il faudrait. Les vérifications à l’incorporation sont minimales, des centaines de sociétés sont enregistrées chaque mois. Mais nous gardons une copie in extenso des données de la pièce d’identité.

Karm se tourna vers Luke et suggéra :

Peut-être suffisant pour remonter jusqu’au faussaire au moins.
AHB Mining, vous dites ?
C’est ça.
Je vous charge les dossiers publics et les dossiers réservés aux autorités.
Merci.

Quelques secondes plus tard, l’archiviste leur tendit une datacard en prévenant :

Il n’y a pas grand-chose. Juste les formulaires de base. La société n’a pas l’air d’avoir eu beaucoup d’activité. Vous pouvez copier.

C’était cohérent avec son rôle de société écran. Après avoir à nouveau remercié l’archiviste, les deux Jedis s’installèrent dans la salle de lecture. C’était à peine nécessaire. Le dossier s’en tenait, en effet, au strict minimum : le formulaire d’enregistrement et la copie de la pièce d’identité. Dans le premier, on apprenait que la société avait été fondée par un certain Waldo W. Townsend, de Bakura Centre, que son objet était le développement de nouvelles technologies minières et ses capitaux de départ d’un crédit symbolique. La pièce d’identité de Waldo W. Townsend montrait un homme de trente-cinq ans, au physique plutôt avenant.

C’était tout.

Karm interrogea la base de données de l’administration municipale. À sa surprise, il découvrit que Waldo W. Townsend existait bel et bien, qu’il habitait effectivement à l’adresse indiquée et qu’il ressemblait trait pour trait à la photographie de la pièce d’identité.
Luke Kayan
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Les ascenseurs: La montée ou la descente pouvaient sembler soit court, soit long et l'impression ne correspondait pas toujours à la réalité du trajet. Luke sentit ses propres phalanges resserrer celles de son ami sans pouvoir se contrôler. S'il était de nature réservée, de si nombreuses journées seul dans son bureau l'avaient rendu anémique de contact. Malgré le temps passé ensemble à travailler leurs projets, le Hapien demeurait isolé. Naturellement, Saï était occupé par son rôle de chef de Conseil, si bien qu'il ne paraissait même pas avoir le temps de vieillir, alors s'offrir le luxe d'un repas de cantine en compagnie de son ancien Padawan? Quant au Padawan de Luke, précisément, il n'avait émergé de ses classes de pilotage que pour lui demander l'autorisation d'allonger son séjour. S'il appuyait ce désir d'approfondir cet apprentissage -et tout autre d'ailleurs- le Consulaire n'en demeurait pas moins bien isolé. Après avoir goûté au travail en duo, c'était un peu lourd à porter. Ces longues journées au bureau ne lui paraissaient plus aussi agréables qu'avant et il en viendrait à les qualifier d'ennuyeuses au lieu de paisibles. Parfois, évidemment, car Luke restait un gratte-papier amoureux de ses trouvailles chiffrées, émoustillé à l'idée de lire une série de nouvelles normes. Aujourd'hui néanmoins, il ressentait pleinement l'envie d'aventure accompagné d'un besoin de contact qui rendait les ascenseurs très intéressants.

Après la manifestation chaste, physique et mentale de sa tendresse, Luke délia sa main de celui qui avait, à l'origine, seulement effleuré ses doigts. À nouveau, son esprit se dédia à la mission. Entouré de tous ces gens, des bruits feutrés de vaisseaux de haute technologie qui atterrissaient en douceur ou du silence d’ascenseurs Higth- tech, le Hapien se sentait un peu perdu. Ils passèrent devant une façade recouverte par un hologramme publicitaire énorme qui vantait les qualités d'un nouveau propulseur rapide mais sécurisant pour tout public, jeunes comme personnes âgées. Une lueur bleutée légère les enveloppa, Karm et lui, le temps qu'ils passent devant pour pénétrer dans la chambre de commerce.

La salle était pleine d'âmes que Luke percevait tels des points quasi-immobiles tant ils étaient centrés sur leur étude. L'ambiance des bibliothèques lui avaient toujours plu. Le calme alentour n'était pas synonyme de vide, au contraire. Toutes ces personnes appliquées convergeant vers un même lieu pour réfléchir, noter, lire donnaient au Jedi l'impression d'appartenir à un tout sans devoir trop s'impliquer, donner de soi ou se mettre en danger. Inutile de soutenir une conversation désespéramment banale pour rompre la solitude. Personne ne l'était, seul, dans une bibliothèque ou des archives.

Installés dans l'immense salle, les deux Chevaliers parcoururent chacun dans la mesure du possible, les documents que l'archiviste leur avait donné avec un certain plaisir. Encore une fois, Luke avait été agréablement surpris par l'accueil chaleureux. Si seulement tous les Républicains pouvaient accueillir l'autorité de cette façon, civilisée et consciencieuse, leur travail serait nettement simplifié. Hélas, pour de nombreux citoyens, la police, les Jedis, tout ce qui avait attrait à la loi ressemblait à une punition sur pattes, un risque pour leurs petites affaires louches, du moins dans les sphères où le Hapien évoluait.

Tandis que Karm reconnaissait le dénommé Waldo, Luke s'occupait de passer au scanner les données économiques d'AHB Mining, sans surprise très peu actives. Un écouteur sur les oreilles, le volume au plus bas, il écouta la voix robotique énumérer quelques chiffres, non sans butter contre les virgules. Ce n'était plus à prouver, avec de tels rendements, une entreprise normale aurait couler, impossible de s'offrir le luxe de continuer à payer un loyer pour protéger ils-ne-savaient-quoi dans les locaux d'Alden désertés. C'était bien un société écran, même si fait étrange, Waldo n'avait rien d'un fantôme. Un éventuel coup de chance pour les Jedis.

- Penses-tu qu'il pourrait être une victime aussi? Le bouc émissaire des créateurs d'AHB Mining? Une vraie personne pour représenter une fausse société.- Dans ce cas, le trentenaire devait crouler sous les ennuis judiciaires et les demandes de comptes, tandis que les coupables continuaient de trafiquer sans être vus, voire s'apprêtaient à quitter les lieux.- Si c'est ainsi, il doit avoir des griefs contre AHB Mining car le jour où l'entreprise a fermé, il a perdu son travail et... Bien plus encore, parce que j'imagine que tous ceux qui réclament des comptes à l'entreprise convergent vers lui.- Policiers, éventuellement des huissiers si les comptes de l'entreprise avaient été vidés, ne leur restait comme piste des vrais fraudeurs, que les paiements de loyer.- Je propose d'aller le saluer.

Si Townset était une victime, il serait heureux de collaborer avec les seules personnes aptes- ou simplement intéressés- à faire la lumière sur les dessous de l'affaire. S'il était coupable, c'était le seul témoin physique dont les Jedis disposaient et ils ne devraient pas le lâcher. Le jeune homme rattrapa une pile de papiers qui s'échappait pour essayer d'en scanner une. Malheureusement pour dix inintéressantes, il tombait sur une feuille qui en valait la peine. La majorité n'étaient que des énumérations de normes, des adresses probablement fantômes et des références qui l'étaient davantage encore. Mining semblait uniquement reposer sur Waldo W. Townsend qui avait dû se réjouir bien peu de temps de sa promotion de directeur. À défaut, Luke s'intéressa au CV de ce dernier. Rien de remarquable, comme de nombreux Bakuriens dédiés au commerce, il avait fait ses études dans une école réputée du Centre, allant jusqu'à effectuer un stage de 6 mois sur Coruscant dans une filiale d'import- export de propulseurs anti-gravité citadins pour des races disons exotiques, incapables de se mouvoir de leur propre fait à une vitesse normale et en surpoids: les Hutts entre autres faisaient partis de leurs meilleurs clients.

À 30 ans, il avait réuni les économies familiales, ses premiers actionnaires ayant été ses parents. Manque de chance, son entreprise avait rapidement fait faillite, incapable de concurrencer l'entreprise déjà bien installée de propulseurs anti-gravité citadins (pour toutes espèces), et il avait dû chercher du travail. Après avoir galéré deux ans parce qu'aucune entreprise ne lui faisait confiance à cause de son échec, il avait trouvé un travail providentiel chez AHB Mining qui lui avait directement proposé le poste le plus élevé avec l'option, dans le futur, de devenir co-propriétaire. Aujourd'hui cette occasion en or avait dû devenir cauchemardesque et elle pouvait encore empirer. Au fil du temps, si les rumeurs sur l'entreprise écran se diluaient au sein de la population mercantile, toutefois, Waldo aurait perdu tout ce qui lui restait de réputation. Il était donc dans son intérêt de collaborer.

- Désespéré au point de soutenir AHB Mining avec son propre argent. Tu crois qu'il est au courant que c'est une société écran?

L'homme désespéré, selon son compte bancaire -auquel Luke avait accès grâce à son accréditation- versait de l'argent pour aider à payer les crédits engagés par une entreprise désormais inactive. Une option un peu plus tordue mais qui s'était déjà vue, l'homme pouvait être payé en sous-main par Mining sur un compte défiscalisé pour supporter la pression et attirer le regard des autorités, le temps que tout ce petit monde disparaisse avant d'espérer fuir aussi.
Karm Torr
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Ça me paraît difficile de l’ignorer, non ?


Karm n’avait pas l’air tout-à-fait sûr de lui, parce que tous ces chiffres lui parlaient en vérité bien moins qu’à Luke. Ses notions de comptabilité, jadis parfaitement inexistantes, il ne les devait qu’à une formation brève mais intensive au sein de l’ExploCorps, quand il avait été question de lui faire superviser des expéditions. Mais entre la gestion de fonds publics et de subventions gouvernementales et les aventures commerciales d’une société suspecte, il y avait tout un monde et le Gardien était perdu.


Il s’en remit donc à l’avis de Luke et approuva la visite à Waldo. Après avoir restitué la datacard à l’archiviste et l’avoir remerciée de son aide, les deux Jedis reprirent le chemin de l’ascenseur, la main de Karm se glissa encore, pendant quelques secondes précieuses, dans celle de Luke, et puis ce fut le garage, le speeder, les rues de Bakura. Le trajet jusqu’à l’appartement de Townsend fut bref. Un immeuble semblable à tous les autres, bien entretenu sans être moderne, abritait une série d’appartements peuplés par des managers et des avocats.


À l’entrée, au lieu des traditionnels droïdes de gardiennage, évidemment interdits sur Bakura, un concierge en chair et en os ne fit aucune difficulté à leur indiquer l’appartement de Waldo, après avoir précisé, par conscience professionnelle plutôt que par conviction réelle, qu’à sa connaissance, l’homme n’avait strictement rien à se reprocher. Pour l’essentiel, l’immeuble était sans histoire, décor type de l’ennui citadin.


Sauf pour des Jedis.


Ils s’étaient à peine engagés dans le couloir qui menait à l’appartement de Waldo que, dans la Force, ils perçurent une menace.


Couvre la sortie, murmura aussitôt Karm, habitué à prendre le contrôle de la situation, quand les choses se compliquaient sur le terrain.


L’Ark-Ni s’élança au pas de course vers l’appartement. Il tendit la main et la porte, percutée par une vague de Force, se tordit sur ses gonds avec un grincement sinistre avant de s’ouvrir, juste assez pour que le Jedi se faufile à l’intérieur de l’appartement. Sous ses yeux, avant qu’il n’ait pu réagir, Waldo s’écroulait au sol, le front transpercé par un trait laser, tiré par un drone en vol stationnaire au milieu du salon.


La caméra du petit appareil se tourna vers le Jedi. Karm tendit la main et une nouvelle vague de Force prit la machine par surprise, en la propulsant contre le mur, où elle s’écrasa pour retomber au sol, inerte. À travers la Force encore, Karm appela son compagnon à lui, alors qu’il s’agenouillait auprès de Waldo. Mais c’était inutile. Le cerveau du Bakurien avait été carbonisé instantanément et une profonde lésion l’avait tué sur le coup.


Tué par un drone, expliqua laconiquement le Gardien, quand Luke surgit à son tour dans l’appartement. J’te laisse appeler la police, je vais examiner l’appareil.


Le flegme de l’Ark-Ni, doublé du calme du Jedi, donnait l’impression que l’incident était presque sans important, et surtout fort prévisible. En réalité, Karm ne croyait pas aux coïncidences : si on avait décidé de liquider Waldo, c’était probablement parce que la présence des Jedis resserrait singulièrement l’étau d’une enquête républicaine qui, jusque là, s’était pour ainsi dire arrêtée aux portes de Bakura. La mort de l’homme d’affaires était assurément regrettable, mais elle trahissait aussi une panique montante chez ceux aux manettes d’AHB Mining.


Accroupi face au drone, les mains désormais gantées — comme quoi, il ne dédaignait pas tous les protocoles ! —, Karm commenta :


Fabrication locale, modifié pour y fixer le canon laser.


Les drones étaient à la frontière de ce que la loi bakurienne tolérait en termes d’intelligence artificielle : une machine indépendante, mais dont les algorithmes soigneusement définis n’autorisaient que quelques tâches bien précises. D’ailleurs, Karm soupçonnait ce drone-là d’avoir été téléguidé, pour ne rien laisser au hasard. Il tira de ses débris la puce de transmission, pour la connecter à son datapad.


Signal faible, déclara-t-il sobrement. Ah. Plus de signal. J’ai eu un quartier, au moins.


Bakura Centre. Décidément, le périmètre de leurs recherches se précisait.


Le drone a encore son numéro de série, clairement, ils s’attendaient pas à ce qu’il se fasse attraper.


C’était sans compter sur la Force qui, selon le mystique Karm, avait guidé les Jedis jusqu’à Waldo précisément au bon moment. Le Chevalier nota soigneusement le numéro de l’appareil, avant d’entreprendre de chercher l’adresse de contact du fabricant.


Quelques minutes plus tard, les deux Jedis furent rejoints par les officiers de police.
Luke Kayan
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Luke haussa les épaules. Un homme désespéré pouvait très bien, défense psychologique fascinante, se cacher la vérité. Du peu d'articles qu'il avait parcouru, le Jedi avait appris que certains, au-delà de toute logique, croyaient en ce qui les arrangeaient. C'était déjà arrivé à des hommes d'affaires sur le point d'être ruinés et qui finissaient effectivement par l'être -en plus de perdre leur liberté, car on les arrêtaient.- parce qu'ils avaient insisté jusqu'au bout. L'histoire d'AHB Mining était tendancieuse, surtout pour quelqu'un qui ne voulait pas apprendre la triste réalité, mais qu'importe au fond, puisque comptait surtout le dilemme de son statut: victime ou complice? Luke penchait pour la première version, même si aucun dépôt de plainte n'avait été enregistré de la part de Waldo. Peut-être craignait-il pour sa vie?

Les deux Jedis le sauraient bien assez vite. Une montée en ascenseur -et en émotions- plus tard, ils se retrouvaient dans les garages puis au Centre de Bakura. Encore. Le Consulaire sentait ses jambes fatiguer un peu à force de piétiner, manquer de se cogner mais ce n'étaient là que de petits inconvénients qui s'accumulaient. Il en fallait plus pour le déstabiliser. Comme... La mort de Towsend par exemple? Tout s'était très vite déroulé. Tandis que son esprit enregistrait avec quelques secondes de retard la menace -sans doute à cause de la fatigue mentale qui commençait à s'acharner sur lui.- Karm lui l'annonçait à haute voix. Aussitôt, Luke se plaça dans l'encadrement de la porte qui donnait accès à la cage d'escaliers ainsi qu'à l’ascenseur. Par chance, il n'y avait qu'une sortie de ce côté. L'autre, l'Explorateur s'en rapprochait en se dirigeant vers l'appartement de Waldo. Le Hapien sortit son sabre-laser de son sac, le maintenant, fermé, serré entre ses doigts. Il se plongea dans la Force, l'assemblant autour de sa personne pour s'en servir si besoin. La menace ceci dit, semblait se diluer dans l'air invisible auquel Karm et Luke avait accès. Le courant s'affaissait doucement. Soit ils avaient interrompu l'incident, soit ils étaient arrivés trop tard. L'appel de Karm fit céder Luke aussitôt, il délaissa le seuil de la lourde porte coupe-feu pour s'enfoncer dans le couloir relativement étroit recouvert de marbre rouge.

Le Jedi retrouva son ami en se servant de son aura. Pendant ce temps, les ultimes résidus de danger retombaient comme de la poussière bien installée que l'on aurait soudainement dérangée. Par chance, les locataires ne semblaient se rendre compte de rien, d'ailleurs aucun bruit n'avait filtré à travers les murs insonorisés de Townsend. À la limite, la vague de Force que Karm avait utilisé avait crée plus de remous, mais pas suffisamment encore pour inquiéter les Bakuriens assoupis de sécurité. Aucun n'avait côtoyé ce type d'attaque directe. À la limite, les coups entre avocats tordus, les divorces difficiles ou des accusations entre d'ex-partenaires d'une société en faillite, la mort, cependant, cette violence physique, celle qui projetait une âme dans un monde inconnu de tous.

Luke pénétra plutôt calmement dans l'appartement, préférant ne pas faire de remous. Le protocole aurait exigé d'évacuer l'immeuble mais Luke ne voulait pas créer de mouvement de panique. La zone de crime étant bien définie et réduite à un lieu privé que personne ne pourrait contaminer, le Chevalier décida de laisser la population à l'écart, d'autant plus qu'il valait mieux laisser la police agir. Elle connaissait mieux les locaux et saurait que faire.

- Commissariat de Bakura? Ici le Chevalier Jedi Luke Kayan, rattaché au Temple d'Ondéron, matricule 25 353, je vous appelle pour une agression via drone dans un appartement. Je vous envoie l'adresse ainsi que les données disponibles pour un rapport préliminaires.

Le Chevalier appuya sur son comlink pour lire l'heure exacte et ainsi pouvoir déterminer le moment de l'attaque. Il envoya quelques codes indiquant la gravité de l'agression, les risques post-attaques -minimes puisqu'il y avait une cible précise.- ainsi que le résultat tragique: la fin de Waldo avant de raccrocher.

- C'est étrange. Du fait maison, un drone sur lequel on parie un peu trop facilement. - Preuve en était, les deux Jedis l'avaient finalement attrapé et ils disposaient d'un numéro de série.- Ça ne ressemble pas au professionnalisme auquel nous avons été confronté jusque là. Soit ils ont recours à une "entreprise" qui agit en sous-main une fois de plus, beaucoup moins compétente mais qui leur permet de gagner du temps, soit ils ont agi dans l'urgence, ce qui laisse croire que nous sommes vraiment sur leurs talons.

Dans le second cas, en accélérant encore le mouvement, ils pourraient peut-être espérer rattraper ceux qui se cachaient derrière AHB Mining. Derrière cette bonne nouvelle, toutefois, résonnait un avertissement inquiétant: il leur faudrait faire attention car non seulement l'ennemi était au courant de leur présence, mais connaissait probablement leur position et l'avancée de leur enquête. Plus terre à terre que Karm en ce sens, le jeune Chevalier avait tendance à penser que la Force ne les avaient pas mené à Waldo à temps-d'ailleurs ils étaient arrivés tard.- mais qu'on les avaient précédé de justesse. Si leurs faits étaient surveillés, ils allaient devoir se préoccuper de la sécurité des gens qui les entouraient (à la caserne, dans des bâtiments publics ou des contacts comme le propriétaire du local d'AHB) et de la leur.

- Je ne sais pas s'il est sage de maintenir le rendez-vous pour visiter les locaux de l'entreprise, Ben Alden risque sa vie si quelqu'un se rend compte qu'il va les ouvrir pour deux entrepreneurs déterminés.- Soupira le Consulaire qui suivait évidemment le protocole que leur dictait leur Ordre. La vie était plus importante que les indices et s'il fallait renoncer aux seconds pour protéger la première, il n'y avait guère à hésiter. En outre, ils avaient peut-être une piste avec le numéro de série du drone, sauf si c'était un piège. Quoiqu'un piège, ça constituait parfois aussi une piste.-

Mais tandis que Luke réfléchissait à leur mission qui se précipiterait probablement davantage dans les heures à venir, des agents de police firent leur apparition. Malgré leur rang d'officiers ils ne semblaient pas très à l'aise, surtout l'homme, rubicond et atteint d'une calvitie plutôt envahissante. La femme, de son âge possédait un corps tout en fibre, son visage sévère ne l'empêchait pas de posséder une certaine beauté, un peu spéciale certes. Son teint hâlé soulignait des origines probablement non-Bakuriennes. En réalité le lieutenant Morris était une métisse qui avait dû se faire une place parmi les locaux, méfiants à défaut d'être racistes au sein de cette communauté. Sa mère était une gigantesque Thyrsian que son père, agent de police Inter-galactique avait rencontré lors d'un voyage. Elle était née sur Bakura mais n'avait pas la tête de l'emploi. Malgré une enfance tout à fait acceptable, faire face à un rejet relatif de ses petits camarades, plus tard de ses employeurs ou collègues avaient forgé son caractère. Sa nervosité d'aujourd'hui était dû à une certaine excitation alors que son camarade était du genre inquiet comme le démontraient ses yeux bleu-gris qui furetaient partout hormis là où se trouvait le cadavre encore chaud... Et la policière.

- Lieutenant Jasmine Morris et voici l'agent Jean Morris.- Elle balaya d'un lancer de main énergique l'éventuelle surprise légère qu'avait pu exprimer Luke, cherchant à lui prendre ses doigts d'office, qu'il soit d'accord ou pas. Elle essaya aussi de prendre le poignet de Karm pour le secouer vivement sans compromettre la pièce ou les gants de ses empreintes. Ses yeux chocolatés fuyaient la silhouette de son apparemment compagnon d'armes et mari.- Nous ne sommes pas habitués aux crimes de cette ampleur ici, mais nous avons été formés pour réagir efficacement. Notre collaboration sera certainement très instructive, enchantée.- Elle ne s'attarda pas sur le physique d'étranger des deux hommes, pas plus que leur aspect moins impressionnant que le sien. Jasmine avait appris depuis sa naissance que juger les gens sur l'apparence était aussi inutile que trompeur. Elle se fichait de l'aspect androgyne de ces Jedis, leur accréditation suffisait.

Toujours sans daigner jeter un regard à Jean, elle fouilla la pièce à la recherche, presque fébrile, d'indices. Elle n'hésita pas à plonger ses prunelles sombres dans ceux de la victime. Dans le même temps la femme avait sorti son comlink pour inviter le Médecin Légiste, une femme, à "bouger son derrière" pour "enfin faire ce pour quoi elle était payée".

- Bonjour Lieutenant Morris, Monsieur Morris. Comme indiqués lors de mon appel, nous sommes les Chevaliers Jedis Karm Torr et Luke Kayan. Nous enquêtions sur AHB Mining et nous nous apprêtions à interroger l'ancien Directeur lorsqu'un drone est arrivé et l'a attaqué dans le salon. Il est mort sur le coup.
- Curieux. Pensez-vous que votre arrivée a pu précipiter la fin de Waldo W. Townspend? Et je croyais que les Jedis ne versaient pas dans ce domaine. AHB Mining c'est plutôt une affaire nationale. Non? - S'interrogea Jasmine, abrupte mais efficace. Luke avait hésité à entrer dans des détails, mais il se retint au dernier moment. Non pas à cause d'une stupide concurrence inter-service, sinon pour des raisons de sécurité et parce qu'à ce point, tout tenait plus de la spéculation que des faits. Pour finir, il n'avait pas envie d'expliquer avoir fait partie avec l'Ark-Ni des naufragés du Trépidant. Les seuls survivants.-

En réalité, cette affaire a eu une résonance interplanétaire, notamment à cause de mouvements monétaires illégaux et d'éventuels crimes que l'on attribue à AHB Mining hors territoire Bakurien.

En songeant que la femme ne se satisferait guère de ce résumé très condensé, Luke eût raison, toutefois elle s'en contenta pour l'instant, désormais intéressée par le jeune homme ganté qui notait le numéro de série du Droïd, passionnée et envieuse d'être invitée à lire les notes. Son mari, effacé se taisait, elle le frôla et lui jeta un "fais ton boulot" dédaigneux qui tomba dans l'oreille aiguisée du Chevalier, ce dernier crut même entendre un "c'est comme à la maison, aucune initiative" qui lui fit se demander si Karm et lui offriraient un jour cette image de couple fissuré qui devait se supporter au travail. Jean se recroquevilla tant et si bien que même aveugle, Luke ne put que le remarquer, à travers la Force en tout cas.

- Comme je le disais, on doit vraiment toucher au but pour que les commanditaires en viennent à de tels extrêmes.

Repris Luke d'un ton où perçait une légère gêne. Il n'était pas habitué à travailler avec autant de gens, surtout des inconnus. De plus lorsque Karm et lui étaient réunis, ils évoluaient en un duo assez fermé. Enfin il avait pensé que tous deux se dirigeraient directement vers le quartier incriminé que Karm avait tracé mais la police avait une idée assez différente du programme à venir. Émoustillée Morris femme se dirigea vers le cadavre, elle dû se retenir pour ne pas le toucher. D'un air vif, la trentenaire se tourna vers l'Ark-Ni, devinant en bonne observatrice qu'il n'y avait pas grand chose à attendre du blond aux yeux vairons.

- Bon, si je comprends bien, vous êtes aussi témoin... Alors que s'est-il passé, étiez-vous déjà dans le salon lorsque le drone a pénétré les lieux? Aviez-vous déja engagé la conversation avec Mr Townspend?

Demanda-t-elle, en tirant de sa poche un carnet et un stylo plus vite qu'un Gardien ne l'aurait fait avec son sabre-laser. Misérable, Jean s'était presque collé à Luke et faisait mine de scruter les meubles à la recherche d'indices.
Karm Torr
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C’est clair qu’on peut annuler la visite, déclara Karm d’un ton égal, en se redressant. On devrait pas avoir trop de mal à obtenir un mandat, maintenant.


Même sans autre élément, l’assassinat du directeur d’une société était un motif amplement suffisant pour leur ouvrir les portes des locaux commerciaux. Alors que les Morris surgissaient sur la scène du crime, l’Ark-Ni, relativement indifférent à leur présence de prime abord, visitait les autres pièces de l’appartement, à la recherche d’indices. Son datapad prenait consciencieusement des clichés de tous les documents qui lui passaient sous les yeux et qu’un logiciel de transcription rendrait plus tard intelligibles pour Luke, bien plus apte que lui à en déterminer l’importance.


Quand il revint dans le salon, il donna son témoignage succinct : comment il avait perçu le danger, comment il s’était élancé vers l’appartement, comment il avait défoncé la porte et avait surpris le drone au moment où le trait laser atteignait le crâne de Townsend. Comment, enfin, alors que celui-ci s’écroulait sans espoir, il avait projeté l’appareil contre le mur. Le laconisme de l’Ark-Ni était si évidemment une part de son caractère que Jasmine Morris ne parut pas s’offusquer de son côté peu expansif, mais la vérité c’était que, pour une fois, les silences de Karm étaient délibérés. Comme Luke, il préférait ne pas s’étendre sur les détails de l’enquête.


Bref, affaire nationale, désormais, déclara-t-il abruptement. On vous laisse gérer.
Et que comptez-vous faire ?
Un rapport à nos supérieurs.


Jasmine fixa l’Ark-Ni qui soutint sans ciller son regard, puis le Jedi se détourna, entraînant Luke avec lui. Il attendit que les portes de l’ascenseur se fussent refermées sur eux pour murmurer :


On était partis pour que ça dure une éternité.


Tout en parlant, il composait un message à l’attention du fabricant de drone, comme il l’avait fait quelques heures plus tôt, pour la société de sécurité de l’immeuble où se trouvaient les locaux d’AHB Mining. Les Morris seraient bien récolter les indices accessoires par eux-mêmes, et même investir les bureaux de la société. Pour leur part, Karm considérait qu’ils devaient prendre des mesures plus énergiques.


Bientôt, leur speeder s’élevait à nouveau dans les airs et Karm le conduisit dans les voies aériennes supérieures, peu fréquentées, jusqu’à survoler en vol stationnaire le coeur de Bakura Centre. Le signal ne leur avait donné qu’un vaste périmètre qu’il aurait été illusoire d’espérer explorer de manière traditionnelle, mais le Gardien comptait sur une autre alliée. Aussi, tout en verrouillant la position de l’appareil, déclara-t-il tout simplement :


La Force nous guidera.


C’était le genre d’assertions qui laissaient bien des Padawans sceptiques. Bouger des objets par la pensée, faire des sauts périlleux et guérir des blessures, pourquoi pas. C’était du tangible. Mais cultiver les impressions renfermées dans la Force, les instincts surnaturels, les révélations, c’était une tâche autrement plus complexe, et incertaine. Il fallait accepter de se détacher de ce qui était strictement raisonnable et, en quelque sorte, faire preuve de foi.


Ensemble, souffla Karm.


Et les deux Jedis se plongèrent petit à petit dans la Force. Karm fit abstraction de la rumeur de la ville, le passage des speeders en dessous d’eux, le bruit lointain des vaisseaux qui gagnaient l’astroport, le fourmillement de vie, dans les étages innombrables des immeubles qu’ils survolaient. D’abord, il chercha la présence de Luke, pour lier leurs pouvoirs. Peu à peu, leurs auras s’entremêlaient inextricablement : elles se tressaient comme deux lierres sauvages, se pénétraient l’une l’autre, réunies par le lien de Force.


Quand ils se sentirent suffisamment affermis, l’Ark-Ni convoqua le souvenir du signal localisé et, en se concentrant intensément sur la question, laissa la Force répondre à son inquiétude. Les secondes passaient, dans le silence de leurs âmes. La concentration était entière, mais elle avait aussi quelque chose de reposant, après l’agitation des dernières heures. Bientôt, une intuition se forma, d’abord fugitive, et l’intuition devint une idée, puis l’idée une certitude.


Là.
Le coupable était là.


Karm ouvrit les yeux.
Le speeder plongea.


Les étages défilaient de chaque côté de l’appareil qui se réengageait vivement dans les voies les plus fréquentées. Il n’y avait pas de temps à perdre. L’appareil fit une soudaine embarquée, avant de s’engouffrer dans les baies béantes d’un immeuble encore en construction, pour se garer dans ce qui serait peut-être, dans quelques mois, de nouveaux bureaux. Pour l’heure, le chantier était désert, le temps pour le gros œuvre de passer le relai aux entreprises en charge des travaux intérieurs.


Le Gardien bondit hors du speeder avec une agilité qu’il ne devait pas entièrement à ses muscles. Dans ce vaste étage où manquaient encore toutes les cloisons, avec ses fils électriques qu’on n’avait pas encore dissimulés dans les faux plafonds et ses murs de béton nu, il courut à toute vitesse, puis s’arrêta dans un dérapage, ses bottes crissant sur le sol brut, pour s’interposer, in extremis, entre un fuyard et l’ascenseur de chantier.


Chevalier Torr, Jedi de la République, ne bougez plus.


L’homme en face de lui avait vingt-cinq, peut-être vingt-six ans. Son visage aux traits typiquement bakuriens surmontait un corps puissamment charpenté et Karm devinait intuitivement en lui l’ancien militaire. C’était un homme probablement courageux et déterminé, qui avait servi dans l’armée de la République. Or, s’il y avait bien une chose que les soldats découvraient dans ces circonstances, c’est que les Chevaliers Jedis constituaient des ennemis redoutables.


Malgré son tempérament, il eut donc un instant d’hésitation.


Je veux pas vous faire de mal, mais je vous laisserai pas vous enfuir.
Tout ça, ça vous concerne pas, dit finalement l’homme, dont la main avançait aussi insensiblement que possible vers le blaster accroché à sa ceinture. C’est une affaire bakurienne.
Le Trépidant ne transportait pas que des Bakuriens, répliqua Karm d’un ton calme.


En une fraction de seconde, le blaster fut dégainé, il y eut un éclair bleu et vrombissant, puis plus rien, et le canon de l’arme tomba tout fumant par terre, sectionné nettement par un sabre laser déjà éteint, mais toujours logé dans la main de l’Ark-Ni.


L’homme calculait rapidement ses chances.
Un jour, sur le terrain, pendant une bataille, il avait vu un duo de Jedis en pleine action.


Un soupir lui échappa.
C’était perdu d’avance. Ces gens-là étaient des sorciers.


Je me rends, dit-il d’une voix pleine de réticences.
Luke Kayan
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Luke soupira doucement, il aurait préféré avoir à se battre contre l'administration pour obtenir un mandat plutôt que présenter un cadavre afin de les convaincre. Il demeura aux côtés de Jean, mélancolique quelques secondes, l'esprit plongé dans la Force, le Jedi chercha Waldo, mais soit l'homme était déjà parti dans un monde inaccessible, soit la Force était réservée aux Sensible -une théorie à laquelle Luke ne croyait guère.- soit la barrière entre morts et vivants s'élevait quelques fractions de mili-secondes après que le défunt eût cessé de respirer. Il ne restait plus de Townsend une empreinte déjà tiédie qui tendait à refroidir, étendue sur le sol, avec une présence de plus en plus semblable à celle d'un des objets qui les entouraient.

Karm les détacha de la scène en déclarant que le crime requérait les compétences de l'État Bakurien. Si la déception de Jasmine se répercuta en un brutal écho au sein de la Force, la peur de Jean explosa tel un pauvre verre envoyé contre un mur. Luke ne pouvait cependant rien faire pour le policier quelque peu inepte qu'il planta après des salutations courtoises. Morris murmura quelque chose de pas très gentil entre ses dents, laissant entrevoir combien son époux avait raison de la craindre. Ce type dure à cuire retournait sa veste assez rapidement lorsqu'on n'obéissait pas à ses exigences. Elle venait de perdre l'occasion de travailler avec deux Jedis qui disposaient probablement de méthodes nouvelles, issues de la République parcourue de long en large, sans parler de ce fameux point de vue qui avait longtemps fait débat: la Force. Les pressentiments qui en découlaient étaient chaudement ou frileusement accueillis selon le tribunal, en ce sens, Bakura y semblait prudemment favorable, plus par esprit Républicain que véritable conviction avait-elle l'impression.

De toutes manières incapable de retenir les Chevaliers, elle glissa sur eux un regard courroucé, les traitant tout bas de beaux parleurs. Apparaître en preux héros via de multiples cabrioles, assister au meurtre, attraper un indice au vol pour finalement témoigner en quelques lignes et se défiler. Était-ce de l'incompétence ou du mépris envers la police locale? Laissant la trentenaire et son imagination seuls avec le pauvre Jean, Karm et Luke rejoignirent le terrain.

Depuis le temps qu'il voyageait en speeder derrière son aîné, le Consulaire avait appris à avoir confiance en sa conduite, jugée fluide et relativement prudente. Il eût donc un peu de mal à accepter de travailler les pieds toujours en l'air, sans sol solide pour se repérer mais s'exécuta finalement de bonne grâce. Encore une fois, le Hapien s'étonna de la facilité avec laquelle leurs auras se trouvaient et se nouaient, formant une liane solide, complémentaire. Leurs dons s'échappaient, fines cordelettes vivaces, luisantes de vie, un peu partout, accrochant le vide ou des indices au passage. L'une d'elles s'enfuit loin de son épicentre, projetée par Karm, soutenue par Luke. Son bras agile et impalpable caressa l'espace, frivole, insouciante et sans apriori. Sans information à rapporter, elle était destinée à se diluer, à s'éteindre doucement dans ce vide, pour laisser place à une nouvelle cordelette. Pourtant, elle se raidit, se crispa et revint, flagellant presque l'esprit des Jedis, aussi bien pour les prévenir que les sortir de leur transe.

Le danger était là.

Karm réagit quelques micro-secondes avant Luke, qui, surprit, s'accrocha à la taille de son ami au dernier instant. Il ferma les yeux, n'appréciant guère la sensation de rapidité qui achevait de lui faire perdre ses repères. Le bruit du moteur devint assourdissant et même les images qu'il ne voyaient pas semblaient apte à lui donner le tournis en défilant autour d'eux. Ils avançaient seuls dans ce paysage immuable, laissant sur place toute logique de gravité et de sens. Le jeune homme ferma les yeux pour se concentrer sur la Force qui l'enveloppait, volant à ses côtés, il essayait d'anticiper chaque virage pris en épingle, se concentrant sur les muscles du Gardien qui se crispaient juste avant que l'appareil ne se braque. Cette précaution couplée à son entraînement et à sa connaissance personnelle du conducteur lui permirent de rester assis sur son siège, jusqu'à ce que les rats- enfin l'Ark-Ni en l'occurence- quitte le navire. Muni d'un système de sécurité, l'engin commença à perdre de la vitesse, destiné à s'arrêter à partir du moment où personne ne pressait l'accélérateur. Néanmoins, cela pouvait prendre un certain temps et, incapable de savoir où le speeder se dirigeait, Luke préféra aussi sauter. Il atterrit beaucoup moins gracieusement que son camarade, agissant dans l'urgence et surtout, sans avoir la moindre idée d'où il se trouvait. Un roulé-boulé, moins élégant donc mais efficace offrit au Consulaire une arrivée sur le sol sans trop de dommage malgré une réception un peu dure. La poussière le fit éternuer alors qu'il se redressait sur ses coudes, encore couché sur le flanc. Un léger crépitement, presque inaudible le convainquit de ne pas poser la main sur les murs afin de se guider. Le sol meuble, les courants d'air s'infiltrant entre les brèches, ce bruit continu, parfois interrompu de minuscules grésillements irréguliers indiquèrent au chevalier qu'ils étaient dans une zone en travaux.

Le jeune homme se redressa en prenant garde à ne rien toucher. Ses vêtements civils l'avaient moins bien protégés que sa tunique, aussi portait-il des égratignures aux articulations mais ce n'était pas grave. Sa chemise avait davantage souffert, en partie déchirée sur le bas. Sans y prêter attention, Luke se laissa guider par l'aura de Karm. Le danger demeurait et il était hors de question de le laisser seul, si débrouillard soit le Gardien. Bientôt les oreilles du Hapien confirmèrent ce que la Force lui soufflait: un dialogue sec, un échange tendu prouvaient que les ennemis se faisaient désormais face. Malgré le fait qu'il se soit rendu, indéniablement l'ex-militaire éprouvait une furieuse envie de fuir. Son espoir renaquit, mélange de folie et de désespoir en voyant l'autre débarquer.

Pouvait-il espérer bousculer le nouveau qui venait combler le trou qui s'étendait, séducteur, sur le côté. Il eut un doute quant à l'identité de celui qui s'approchait, habillé en civil, une lueur de satisfaction aussi en le voyant se déplacer avec quelques difficultés. Il semblait faire attention où ses pieds se posaient, et sans être extrêmement lent, il restait beaucoup moins dangereux que son collègue, bâti de la même manière -petit donc, y compris androgyne.- mais rapide comme l'éclair. Un instant il fut tenté de juste répondre au Sorcier, cependant l'ouverture qu'offrait le blondinet et le souvenir de la dangerosité de son groupe le poussèrent à tenter une échappée. Il se déroba soudain après avoir levé les mains face à Karm, preuve de résignation.

Comptant littéralement sur sa silhouette baraquée de jeune entraîné, le Bakurien fonça sur le Jedi qui redressa la tête juste assez tôt pour s'apprêter à recevoir cette charge vivante sur lui. Ses oreilles, la Force ou les deux, qui sait, venaient de l'avertir d'une arrivée beaucoup trop rapide. Les pas de l'ancien militaire craquaient sur les débris de construction, avisant le jeune Chevalier. Luke plongea sa main dans sa sacoche pour en retirer son sabre-laser, il l'alluma tandis que le terroriste feintait pour le bousculer et passer à côté. La lame verte jaillit de son fourreau, frontière de lumière qui dissuada le fuyard. Ce dernier ralentit son début de course avorté dans l’œuf, stoppant à quelques centimètres du faisceau.

- Merde.- Grogna-t-il autant de surprise que de frustration. Il plongea son regard dans celui approximatif du second Jedi qui semblait pourtant percer son âme. De vrais sorciers. D'accord, une bonne fois pour toutes.-

- Il est interdit de courir sur un chantier à cause des risques de chute ou d'éboulement si ledit chantier est situé en hauteur., c'est écrit sur un des panneaux qui vous entoure. - Déclara tranquillement le Chevalier avec, tout de même un intérêt à peine voilé. Il était de ces prédateurs administratifs capables de vous arrêter pour mise en danger involontaire d'autrui afin de gagner du temps et de remonter jusqu'aux vrais chefs d'accusation. Et puis, Karm avait fini par contaminer un peu son sens de l'humour. -

- Le Trépidant , ça ne serait jamais arrivé si la République ne se mêlait pas de nos affaires, à nous les Bakuriens. Jamais tout ça n'aurait dû prendre une telle ampleur.
- répondit l'homme en s'humectant les lèvres, ignorant quel regard - bleu et fluorescent de Cheveux-Gris ou celui bicolore de l'aveugle- le mettait le plus mal à l'aise. Son discours en tout cas sentait le prémâché. On avait dû lui servir cette soupe pour faire passer la pilule des morts non-Bakuriens.

- Donc, vous savez parfaitement de quoi nous parlons. Ça s'appelle complicité d'acte terroriste, ou d'entrave à la justice. Au minimum.- Reprit Luke d'un ton calme et néanmoins glacial. Il n'avait aucune amitié pour le témoin, y compris indirect d'un tel acte. Malgré sa petite silhouette élancée, il imposait, dans ces cas-ci une certaine forme de respect.- N'aggravez pas votre cas, répondez à mon collègue. Il a encore moins de patience que moi.

Acheva le jeune homme toujours aussi sérieux. Par réflexe le terroriste regarda à nouveau l'Ark-Ni, jaugeant les muscles homogènes, discrets mais efficaces qui formaient un corps aussi agile qu'entraîné. S'il aurait eu une petite chance en y opposant sa force brute, contre la Force avec un grand F, il n'en avait clairement pas. Cette fois, il mit ses mains en l'air et revint vers Karm, gardant une certaine distance -celle que lui permettait un mur à demi-construit mais déjà haut du chantier.- pour poser à ses pieds, son arme.

- Je peux coopérer, si on m'intègre au programme de protection des témoins ou un truc de ce genre, vous avez bien ça non? Vous ne savez vraiment pas à quoi vous vous attaquez.

Parce qu'ils pouvaient être sorciers, ces Jedis, ils avaient des principes que son groupe n'avait absolument pas. D'ailleurs, il le savait, Eux aussi possédaient la Force de leur côté. Ça parlait dans les couloirs, vaguement, mais ça parlait.
Karm Torr
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Karm réprima un sourire en voyant le sabre laser de Luke barrer le chemin de l’ancien militaire. La démonstration n’était peut-être pas spectaculaire, mais il savait que pour son ami, sortir son arme était toujours tout un symbole, et en quelque sorte une épreuve.

Mais l’heure n’était pas aux compliments.
L’homme revenait vers lui.
Karm aurait de loin préféré que Luke se charge de l’interrogatoire : ce n’était pas vraiment son domaine. Lui, il se battait. Il intervenait. Il bondissait du speeder, il arrêtait le suspect, il pulvérisait les drones. Mais cuisiner les gens et démêler l’écheveau compliqué de cette vaste affaire, voilà qui le tirait bien malgré lui de sa zone de confort.

Déjà, c’est quoi votre nom ?

Le terroriste hésita. Une nouvelle fois, il jaugea, d’un coup d’oeil, le physique de Karm et de Luke et, une nouvelle fois, il songea à toutes les histoires que l’on racontait à propos des Jedis, et à ce dont il avait été témoin lui-même, dans les rangs des soldats de la République. Un soupir s’échappa de ses lèvres et il lâcha simplement :

Job.

Sans se tourner vers Luke, mais en effleurant par la Force l’esprit de son compagnon, Karm déclara :

Appelle-nous un fourgon de transport de prisonniers qu’on…
Surtout pas, s’exclama aussitôt le jeune homme.

Karm haussa un sourcil.

Y a des flics qui sont avec nous.

Tentative de réduire leurs moyens ou déclaration véritable ? Karm plissa les yeux, en tentant de sonder l’esprit du suspect. Il eut l’impression qu’il disait la vérité, mais c’était une impression si fragile et si fuyante qu’il n’en conçut aucune certitude. Simplement, elle lui inspirait un peu de prudence.

Admettons.

Le transporter à deux serait autrement plus compliqué. Karm inclinait à penser que les autorités bakuriennes, qui s’étaient montrées fort coopératives, n’étaient pas dans l’ensemble impliquées dans les actions de ce mystérieux groupe. Mais si l’institution était saine en général, cela n’excluait pas que les individus qui la composaient ne fussent parfois corrompus.

L’Ordre Jedi vous protégera, déclara simplement Karm.
J’aimerais bien avoir ça par écrit.
Moi aussi, mais le temps que ça arrive, tes potes se poseront des questions, répliqua l’Ark-Ni en passant naturellement au tutoiement, et je parierais pas que ça joue en ta faveur.

Il y eut un silence pendant que le terroriste réfléchissait. C’était un coup de poker du Gardien, qui avait senti la peur lancinante de son interlocuteur à l’égard de ses propres camarades et qui supposait que l’ordre était tenu au sein du groupuscule avec une certaine violence. Les épaules de l’ancien militaire s’affaissaient. Karm avait vu juste.

Pourquoi avoir fait exploser le Trépidant ?
Question de concurrence.
Mais encore… ?
Le Trépidant appartenait à la flotte de Millenium Transport, qui convoie des marchandises bakuriennes dans toute la galaxie. Millenium Transport est le sous-traitant principal du Conglomérat Milles, de Hepor Milles.

Karm interrogea Luke du regard et de la Force.

Un géant de l’extraction minière, précisa Job, devant la confusion évidente de son interrogateur.

Donc tu bosses pour la concurrence et vous sabotez les activités de Milles ?
En gros, confirma Job.

Le Jedi avait l’air sceptique.

Y a de grosses prospections en cours dans l’hémisphère sud de Bakura. On creuse très profond, dans la mer et au milieu de la jungle. C’est un peu une zone de non-droit. Tous les coups sont permis. Les bénéfices seraient énormes.
Et personne surveille ça ?

Job haussa les épaules.

L’océan est immense, la jungle aussi. Les drones percent pas facilement la canopée. Y a pas de droïdes. Pour contrôler toutes les activités minières, il faudrait des moyens humains immenses. Y a des patrouilles et de la surveillance satellite, mais c’est dérisoire. Bref. Ceux qui arrivent à décrire et délimiter convenablement des filons se voient attribuer des concessions. Ça a crée depuis quelques années une guerre commerciale. Une guerre tout court, en fait.

Karm, qui avait été témoin de choses similaires sur des planètes moins développées que Bakura, quand les prospecteurs s’invitaient sur un monde nouvellement cartographié, était désormais tout-à-fait prêt à croire ce qu’on lui racontait.

Donc t’es un genre de mercenaires ?
Y a pas des tonnes de boulot ouverts aux soldats de rang qui quittent l’armée.

L’Ark-Ni doutait qu’une carrière de terroriste à louer fût la seule qui se soit offerte à Job à la fin de son contrat militaire, mais il ne répondit rien sur le sujet.

Tu reçois tes ordres directement de Milles ?

Job secoua la tête.

Je bosse par un mec, qui m’a recruté de façon perso. Lui, j’imagine qu’il bosse pour quelqu’un d’autre. Et ainsi de suite.
T’as combien de noms et d’opérations à donner ?
J’pense que j’en ai dit assez pour justifier un accord en bonne et due forme…
Luke Kayan
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- C'est un...

Luke se tut de suite car Job avait dû voir l'hésitation de Karm et semblait disposer à expliquer qui était Hepor Milles. Au sein de la Force, une onde chaude traversa le peu de distance qui séparait les deux Jedis. Confirmation. D'après les informations que le Hapien avait potassé avant et pendant les rares trous que l’exigeante mission leur avaient laissé, ce conglomérat était un incontournable.

Une brise légère s'était levée, embellissant la scène d'un peu de dramatisme, malvenu étant donné le contexte. Luke laissait son compagnon interroger l'individu qu'ils venaient d'arrêter, comptant sur son influence. En effet, Job de son étrange prénom semblait plus craindre l'Ark-Ni que l'autre. Le temps qu'il se recompose, décide que se taire était finalement la meilleure solution ou n'exige des preuves de l'engagement des Jedis, mieux valait le faire parler. Luke savait d'expérience que le premier jet de confessions était en général le plus honnête, raison pour laquelle il valorisait beaucoup ce moment où on prenait le criminel en flagrant délit. Bien sûr, les circonstances rendaient les propos de Job irrecevables par un tribunal, parce qu'aucun des deux Chevaliers ne lui avait lu ses droits, pour autant, aujourd'hui cela n'avait guère d'importance, ils cherchaient à piéger un plus gros poisson.

La lame toujours activée du Hapien fredonnait doucement, sur un ton égal et continue une menace diffuse pour l'ex-militaire, s'il lui venait à l'idée de chercher à profiter de la faiblesse de son propriétaire. Elle illumina le sol poussiéreux ou dansaient encore des particules -après avoir été dérangées par la course du fuyard- pendant une longue minute, jusqu'à ce que le Jedi s'assure que son aîné avait la situation en main. Job, à demi convaincu de collaborer, il rangea son sabre dans sa besace, demeurant toutefois concentré, presque tendu au sein de la Force afin de réagir si besoin. Histoire de verser encore dans le drama-holofilmique, Job serait bien capable de se jeter du haut du chantier afin de se suicider et échapper à ses employeurs qu'il semblait tant craindre.

- Les raisons n'étaient donc qu'économiques? - Interrogea Luke, à la fois sceptique et déçu.- Apparemment, son ancien côté ingénu aimait encore le laisser croire qu'on ne tuait pas tout un équipage et la Force savait encore combien d'autres victimes pour de l'argent.-

Impatient devant les demandes de Job, le Chevalier émit un léger grognement à peine audible tout en sortant son comlink. Une lueur bleue s'activa dans son dos et sembla scanner la zone. En réalité, il filmait la zone et la transformait en format holographique pour le retransmettre à souhait par la suite. Automatiquement, l'application passa de l'autre côté, face à Luke donc qui laissa l'objet sauvegarder sa silhouette pour ensuite la projeter en trois dimensions.

- Message du Chevalier Jedi Luke Kayan, rattaché au Temple d'Ondéron, matricule 25 353, justificatif de pré- inscription de Job ?

- Job Turner.

- De Job Turner au programme de protection des Témoins, arrêté sur Bakura car soupçonné de tentative de meurtre par le biais d'un tiers non-organique, alors qu'il tentait de fuir. Si le citoyen soupçonné apporte des informations vérifiables, permettant l'avancée notable dans l'enquête ouverte pour Attentat contre x, inscrite au numéro 6B 342, référence A54 au Tribunal de Coruscant je m'engage, moi Luke Kayan, chargé de ladite enquête, envoyé par le Temple Jedi d'Ondéron et la République via les Autorisations jointes au document vidéo, à fournir au suspect, toute l'aide, matérielle ou personnelle possible afin de préserver sa vie, pour laquelle il craint, nous a-t-il officieusement confié.
En témoin et de part sa présence, le Chevalier Karm Torr, matricule 68 972 également en charge de l'enquête, rattaché au Temple Jedi d'Ondéron, confirme la mise en place préventive du programme de protection, tant que les PARTIES PRÉSENTES, le présumé Coupable Job Turner et les représentants de la Loi Karm Torr et Luke Kayan respectent les termes prévus à cet effet dans la convention Républicaine, le programme continuera de lier les PARTIES PRÉSENTES ci-dessus citées.


De loin, le jeune homme retourna le Conlink afin de montrer la transcription écrite qui s'était enregistrée en même temps que le Jedi envoyait le document audio aux archives du Ministère de la Justice de Coruscant. À la fin, le sceau républicain s'étendait en parallèle avec celui de l'Ordre, promesse suffisante espérait Luke.

- Ce n'est pas par écrit, mais ça a le même poids, sinon plus. Continuons. Maintenant, l'homme qui fut recruté par quelqu'un qui l'a recruté qui vous a recruté, a-t-il un nom?

- Je pense qu'il faudrait surtout descendre. Si on reste au même endroit, ils vont nous repérer, ils ont des yeux partout.
- Et qu'est-ce qui nous assure que vous n'allez pas nous jouer un mauvais tour, quand nous serons occupés à conduite, par exemple?
- J'ai pas envie de mourir.

Le Hapien réfléchit, l'homme avait parlé contre la promesse d'un programme de protection des témoins, il serait louche, certes, qu'il cherche à fuir. Ce serait complètement contradictoire. La peur, transportée par le vent et la Force étaient comme une bouffée d'air qui claquaient à son visage. Luke se tourna vers son compagnon, lui rendant son interrogation. Devaient-ils se séparés puis se rejoindre ensuite afin de conduire le Bakurien en sécurité? Mais où, puisque les terroristes avaient apparemment infiltré la police. Encore une fois, les deux amis s'étaient mis dans une situation bien particulière, mais Luke était décidé à ne pas se démonter.

- Que penses-tu de le ramener, moi je vais appeler quelqu'un. - Une légère inflexion dans la Force précisa ses mots : il appellerait quelqu'un de la gendarmerie locale qui les avaient accueilli. Ça les occuperait ailleurs et il pourrait toujours leur servir un mensonge comme le fait d'avoir perdu un suspect en route, ou de s'être égaré tout court d'ailleurs. Enfin, le jeune homme prendrait la température pour voir si la Force, son intuition ou quelques indices pointeraient du doigt d'éventuels complices parmi les garants de la paix, histoire de faire le ménage avant de rentrer dans leur appartement de fonction.- Je vous rejoindrai après.

Et il en profiterait certainement pour effectuer un petit passage par la bibliothèque qu'ils avaient vu auparavant afin de se plonger dans la biographie de ce cher Job Turner. Au moindre souci, Luke savait que Karm le contacterait, par Comlink ou via la Force, même à l'autre bout de la ville. Leur lien était assez bon pour ça.

Une nouvelle onde voyagea jusque Tam, plus personnelle, elle contenait les félicitations de Luke pour cet interrogatoire préliminaire excellemment mené mais aussi beaucoup de tendresse. Sans doute pas très réglementaire, mais le Hapien commençait à vraiment le remarquer: salutaire. Sans ce lien, ils ne pourraient pas si facilement se séparer pour se retrouver, se guider, se compléter pour arrêter ou interroger des suspects. Karm était évidemment autonome, plus que lui, mais le Consulaire aimait penser qu'il apportait son soutien et qu'il renforçait les projets de carrière de son ami.
Karm Torr
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Le speeder des deux Jedis filait à nouveau dans les airs, mais, cette fois-ci, c’était Job Turner qui était accroché à Karm, alors que l’appareil se faufilait dans la circulation de la capitale bakurienne. D’un hochement de tête et d’un assentiment communiqué à travers la Force, Karm avait approuvé le projet que Luke avait su sceller à la satisfaction relative du suspect, grâce à des documents en bonne et due forme.


La suite s’annonçait délicate. Évidemment, à deux, à trois en comptant leur indicateur, il serait difficile de démonter toute une machine qui servait autant à l’espionnage industriel qu’au sabotage et au meurtre. Compter sur l’aide de la police, cependant, était exclu, tant qu’ils n’auraient pas une petite idée d’à qui s’y fier. Il n’y avait peut-être que deux ou trois agents corrompus, dans tout le système de la capitale, mais il suffisait que l’information arrive jusqu’à eux, et l’enquête échouerait sûrement.


Comme souvent, Karm se sentit submergé un instant par la complexité du travail qui les attendait. Il ne manquait pas d’esprit de méthode, mais s’il voyait toujours clairement comment on procédait à l’exploration même des planètes les moins connues et les plus hostiles, s’il lisait sans peine dans les enchevêtrements des écosystèmes, il n’en allait pas de même dans ces circonstances.


Le Jedi se calma.
Il avancerait petit à petit.
Tout simplement.


Le speeder finit par s’engouffrer dans le parking de la caserne où les deux Jedis étaient descendus. En pleine journée, les couloirs de l’immeuble résidentiel était désert et Karm n’eut pas de mal à faire rejoindre leur petit appartement à Job, en toute discrétion. Le temps du trajet de speeder, l’anxiété avait laissé chez celui-ci la place à une sorte d’abattement, alors qu’il considérait l’ampleur des changements qui l’attendaient. C’était toute une vie qu’il lui faudrait reconstruire.


Karm croisa son regard et, soit par l’effet d’une perspicacité naturelle, soit parce qu’il comprenait confusément les sentiments du jeune homme à travers la Force, il déclara :


C’est l’opportunité pour vie de faire table rase du passé. Peut-être avoir une carrière plus sûre, par exemple.
Je suppose, concéda Turner d’une voix lente.


De retour de l’armée républicaine, il avait eu l’impression que les choix qui s’offraient à lui étaient fort limités. Ce n’était pas tant qu’il n’aurait pas pu trouver du travail ailleurs, mais plutôt qu’après avoir été témoin, et même acteur à part entière, de la violence incroyable de la guerre contre les Siths, les métiers les plus ordinaires avaient comme une étrangeté douloureuse.


Il est vraiment aveugle, votre collègue, demanda brusquement l’ancien militaire ?


Ce que Luke considérait comme une infirmité ne faisait au contraire qu’en ajouter au mystère des pouvoirs des Jedis et, souvent, la conscience populaire associait une forme de sagesse supérieure à ceux qui ne voyaient rien. Karm se contenta de hausser prudemment les épaules.


Alors, ce nom ?


Job s’installa à la petite table du salon-cuisine, qui faisait aussi office d’holoprojecteur central pour l’habitation et tira la tablette pour commencer un schéma.


Alors, ça… C’est Monsieur Zebra, j’pense pas que ce soit son vrai nom, mais c’est comme ça que tout le monde le connaît, dans le milieu des mercenaires de Bakura. C’est un intermédiaire de longue date. Les clients viennent le voir, les mercenaires se font connaître à lui, il met les gens en contact les uns avec les autres. Pas que des trucs illégaux, d’ailleurs. C’est lui qui m’a mis en contact avec Lee et c’est Lee qui m’a donné des ordres. J’ai travaillé en équipe avec cinq autres personnes, pas toujours en même temps, mais au fil des mois. Et j’ai vu Lee parler à deux autres personnes, un homme et une femme, qui avaient l’air de décider. Je sais pas si eux bossaient directement pour Herpor Milles.


Assis sur l’accoudoir du canapé, Karm observait l’arbre des relations qui flottait au-dessus de la table.


T’a fait quel effet, ce Lee ?


Job haussa les épaules.


Le mec connaissait son histoire, quoi. Efficace, pas colérique ou sanguinaire, comme on croise parfois. Un pro. Pas, genre, un génie, ni particulièrement inventif, mais disons le bon choix pour le job en question.
Bakurien ?


Hochement de tête.


Tous.
S’il est pas sanguinaire, pourquoi tu les crains tant ?
J’ai dit pas fou furieux, pas que c’était un enfant de choeur. Il préconisait toujours des méthodes expéditives. Je sais pas si c’est directement sa façon de faire ou si ça vient de plus haut dans la hiérarchie.


C’était un point crucial, que les procureurs en chargent du dossier auraient à élucider. Est-ce qu’au sommet d’Herpor Milles, on avait conscience de la violence de ses exécutants, ou bien était-on dépassé par la tournure prise par les événements ?


Mais pour les deux enquêteurs, c’était une question annexe.


J’imagine que vous avez une base d’opérations.
Une ancienne station de retraitement des eaux usées, confirma le témoin, asséchée depuis longtemps et désaffectée. Dans le sud de la capitale.
Luke Kayan
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- Re b-onjour.
- Agent Morris?

Le moteur tonitruant de la vieille machine se tut avec, semblait-il, un soulagement certain. Les cheveux blonds de Luke retombèrent un à un sur son visage, il les chassa d'un geste vif pour replacer les mèches rebelles derrières une de ses oreilles. Les traits du Hapien exprimaient une surprise, légèrement diluée par des années sans référence miroir pour savoir comment s'y prendre. Il n'empêche, qu'instinctivement, un de ses sourcils s'était arqué, et il avait gardé la bouche entrouverte. Son air concentré, enfin, soulignait une tentative de réellement bien identifier la personne de profil à lui, à cheval sur un speeder de bonne facture mais visiblement -très- proche de la retraite. C'était bien Jean. Son aura constamment apeurée et sa voix oscillant entre la gravité masculine et les tonalités chevrotantes d'un enfant pris en faute ne trompaient pas.

- Je fais partie du Corps des Volontaires de la Gendarmerie Locale. -Expliqua le trentenaire d'un ton voilé, non sans un temps d'hésitation, comme s'il avait attendu la permission de sa compagne avant de parler, mais Jasmine était absente.- Ça aide bien, parce que ça bouge pas mal sur Bakura ces temps-ci, au point que même les drôles d'affaires sont remontés jusqu'ici, dans le centre, comme par exemple... Vous savez.

- Oui. Cette drôle d'affaires là.

Le lourdaud hocha la tête de manière frénétique avant d'ajouter un "hum hum" soit-disant illustratif. Il poussa un soupir profond, les yeux plantés sur le Jedi qui lui, restait toujours planté sur son sol poussiéreux, attendant des directives. Évidemment, ce n'était pas aussi simple qu'avec Karm qui lui aurait indiqué, mine de rien, quel type de transport les attendaient afin qu'il sache y monter, ni où ce dernier s'y trouvait.

- C'est un speeder ?
- Hum hum. - Donc Luke se servit de l'aura toujours imbibée de peur de Jean pour repérer le véhicule et grimper derrière. Le policier se décala vers l'avant, son léger embonpoint finissant scotché contre l'avant.- Pardon. J'ai écrasé vos doigts?
- Ce n'est pas grave, je suis prêt.
- Il y a des euh... Mesures de sécurité à prendre, je ne savais pas que c'était vous, la centrale m'a juste signalé qu'un des nôtres appelait depuis ces coordonnées... Si j'avais su je...
- Du moment que vous ne me demandez pas de conduire, et que vous le faites prudemment, ça ira.

Jean poussa un nouveau soupir avant de décoller. Ils naviguèrent à la limite de la vitesse autorisée, frôlant le nombre de km heures minimum pour ne pas trop déranger le trafic. Derrière eux, navettes, cargos en partance et autres speeders exprimaient leur impatience.

- Vous savez, je ne suis pas encore paralysé des bras. Vous pouvez avancer plus vite. S'il vous plaît.
- Oh ce n'est pas vous, je n'aime pas trop conduire.

Luke soupira à son tour, longuement. La Force lui avait envoyé l'incompétent pour tester sa patience,. L'explication aussi mystique que tirée par les cheveux à la Karm eut le mérite de faire sourire le Chevalier.

- Merci d'être passé me prendre. J'aimerais aller aux archives s'il vous plaît.
- D'accord.- Au moins le chauffeur improvisé ne semblait pas émettre d'objections. Par contre s'il pensait que ce dernier agirait sans demander quoique ce soit, il se trompait visiblement. Timide mais décidé, le Bakurien commença à l'interroger, profitant de leur vélocité plus que réduite pour entamer la conversation.- Et sinon, l'enquête avance, vous faisiez quoi sur ce chantier? Il est où votre collègue?
- Nous n'avons rien trouvé, alors nous avons décidé de diviser pour mieux régner. Lui de son côté, moi du mien. Le chantier, nous pensions que l'entreprise de feu Waldo Townsend s'y intéressait.
- Et il ne vous a pas ramené en ville avant?- Finalement, derrière ses petites lunettes rectangulaires rétros, le Gardien de la paix local ne manquait pas de logique, pourvu que Jasmine, sa femme et collègue le laissa parler, ou même vivre.-
- Vous savez, nous travaillons dans des branches différentes. Ce n'est pas tous les jours que nous voyageons sur Bakura, alors nous profitons pour régler d'autres affaires.
- Des genres d'annexes de mission?
- C'est ça.
- Vous savez, Jasmine, enfin l'Agent Morris, elle n'était pas très contente que vous la... Nous laissiez en plan. C'est elle qui le dit!
- Pourquoi? Nous avons simplement su que nous pouvions vous faire confiance. J'ai de suite ressenti votre... Capacité pour gérer ce type de situation. Nous nous serions marché sur les pieds. En plus, c'est l'occasion de vraiment marquer votre carrière.
- Vu comme ça. Je lui expliquerai, parce qu'elle voulait vraiment continuer avec vous.
- Il n'y a certainement pas de quoi vraiment continuer.
- Bah. y'a eu un mort quand même.
- Et quelle est votre sensation à ce propos?
- Du mort?
- Oui, de pourquoi et qui?
- C'est pas commun ici, à Bakura. Pas commun du tout.
- Mais encore?
- Bah ça doit être un crime personnel, peut-être passionnel? C'était un coureur de jupons. Et sa femme est un vrai dragon à ce qu'on dit. Elle est connue pour ça, aussi bien en affaires que dans la vie privée. S'il a dépassé les bornes.
- Hum hum.
- Ou alors c'est commercial. Vous allez poursuivre l'enquête?
- Juste vérifier deux ou trois choses pour le rapport peut-être, parce que de base, nous on travaillait sur des malversations d'une entreprise.
- AHB Mining? Les infos ne parlent que de ça. Et c'est bien elle que dirigeait Waldo.
- Oui, c'est ça.
- Tsss
- Pardon?
- Rien rien, nous sommes arrivés.

Hormis la sueur qui s'échappait des aisselles du policier, Luke sentit la peur constante de ce dernier se muer en autre chose, une sorte de colère maîtrisée, déjà froide et remâchée depuis un certain temps. Il descendit du speeder, en se posant vaguement la question des sentiments du policiers. Par automatisme, il sonda encore une fois l'homme sans rien trouver de très intéressants. Ses émotions étaient simplement mattes, elles manquaient de brillance, mais ce n'était pas si étonnant de la part d'une personne "brimée" par sa moitié, dominante.

***
Bien malgré lui, le Hapien se laissa accompagner par le gardien de la paix qui salua, bonne pâte, tout le monde. La rage incompréhensible mais pas dangereuse qui s'était emparée de lui semblait avoir disparu. Désormais, le bonhomme filait entre les allées, faisant mine de chercher des ouvrages tandis que Luke s'attablait pour lire la biographie de Job Turner, imprimée et en braille, la fiche, de telle sorte que même en passant son gros nez par-dessus l'épaule du Jedi, le policier Rubicond ne pouvait rien saisir. De manière évasive, Luke sentit la colère de l'individu remonter, peut-être de la frustration à l'idée de ne pas pouvoir lire? Sans doute. Quoiqu'il en soit, Jean finit par quitter les lieux, prétextant préférer attendre Luke en dehors -ils font des Donuts délicieux à côté, vous en voulez?-
Nom: Turner
Prénom: Job
Date de naissance: 15 janvier 21 538
Métier: Agent de Sécurité pour Herpor Milles
Nationalité: Bakurienne
Adresse actuelle: 15 rue des Gundarks, 35 650, Bakura

Luke, débarrassé de Jean retourna sur ordinateur, écouteurs enfoncés dans les oreilles afin de chercher des informations sur Herpor Milles. Il déroula plusieurs menus, guidé par la voix vaguement féminine qui énumérait les programmes.

- Faudrait songer à y aller, hein. Je reprends du service ce soir. Vous savez, comme policier.

Le Hapien sursauta, il était si imprégné de la peur lancinante de son "chauffeur" qu'il ne l'avait pas senti revenir. Sa présence, noyée parmi celles des autres lecteurs- majoritairement des étudiants universitaires stressés par l'examen du lendemain.- se matérialisa au sein de la Force. Contraint, Luke ferma la page d'Herpor Milles pour suivre le policier. Étrangement mal à l'aise il s'installa derrière ce dernier pour rentrer.

- Dites-moi, le trajet... Me semble un peu long.

Fit-il au bout d'un moment, ayant l'impression que lents ou pas, le chemin s'était considérablement allongé depuis ce matin, lorsque Karm les avaient fait quitter l'appartement pour venir ici.

- Jean?

S'exclama soudain le Jedi tout en bougeant sur le Speeder, signe qu'il cherchait à descendre en marche.
- Je vous le déconseille, c'est le vide en dessous.

Incapable de savoir si c'était vrai malgré un sondage via la Force, le Hapien renonça à ses tentatives, de toutes manières le speeder qui avait curieusement moins lent allait trop vite. Lorsque l'engin ralentit enfin, il fut projeté par terre et il entendit le déclic de plusieurs blasters.

- Je vous aurais cru différent, mais non. Vous n'avez fait que me mentir tout le long, en pensant que je ne me rendrais pas compte. Régler d'autres affaires sur Bakura, mais oui... Toujours à me sous-estimer, à me mettre à l'écart, malgré tout, je vous aimais bien, enfin ce n'est pas le terme exact, j'avais pitié de vous... Mais vous avez quand même réussi à fourrer vos yeux inutiles dans des fichiers délicats. Ah Chevalier.

Le jeune homme sonda les alentours, pas de Jasmine.

- Vous cherchez mon épouse ?- Le Bakurien eut une espèce de sursaut contrôlé de peur. Même s'il dévoilait son jeu, il conservait cette crainte de son épouse. Il transpirait de plus en plus et jetait des coups d'oeil nerveux aux alentours. Ses moqueries envers Luke servaient presque à le rassurer, lui.- Elle n'est pas là, l'ingénue. Elle ne me croirait pas capable de m'engager, vraiment.

Elle l'avait sous-estimée, lui et son envie de mettre de côté de l'argent, à l'abri dans un compte bancaire bien caché. Sa terreur constante, comprit Luke, était autant due à son caractère de base qu'à celle de se faire prendre et elle avait occulté ses intentions. La colère sourde était l'oeuvre d'une personne extrêmement enragée cependant très bien entraînée à la retenir.

- Si vous pouviez vous taire, Monsieur Morris, ce serait parfait. Où est l'autre?
- J'ai du intervenir, il cherchait des infos sur nous. Il était remonté à l'enreprise.
- L'autre aussi alors, il faut vite le récupérer. Bonjour Monsieur Kayan, vous pouvez m'appeler Monsieur Zebra. Ah et avant de partir, contacte Job. Il a fini son travail et archivé le dossier, mais nous n'avons plus eu de nouvelles ensuite. Bizarre qu'il ne réclame pas ses heures supplémentaires.

Luke se redressa, observant les alentours avec le peu d'indices disponibles. Vu le parcours effectué ils devaient être tout au nord ou tout au sud. Il y avait des relents d’égouts et de vieilles eaux, lesquelles ne coulaient plus depuis longtemps. Le jeune homme recula pour se trouver collé au mur.

- Et si vous appeliez votre camarade pour lui dire que vous vous êtes perdu?
- Non.

Sa sacoche lui fut retirée, Luke n'exécuta aucun geste pour essayer de s'en emparer à nouveau. Pour le moment il ne savait pas combien d'hommes le retenaient et comme Jean Morris, l'une de ses armes consistait à ce qu'on le sous-estime.

- Je n'en attendais pas moins de la part d'un collègue très, très, très fidèle. Vous vous renseigniez sur notre entreprise d'après ce que je vois. Nous n'en prenons pas ombrage, c'est normal. Nous aussi nous nous sommes renseignés sur vous et votre collègue. Quelque chose me dit qu'avec un peu de subtilité, s'il comprend que vous êtes en danger, il interviendra plus vite que pour n'importe qui d'autres.


Le blond se concentra pour garder un visage neutre, lui qui d'habitude, essayait d'exprimer plus de sentiments. Il eut du mal à ne pas laisser transparaître son inquiétude. Zebra allait probablement utiliser leur lien. Comment avait-il su?[/justify]
Karm Torr
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Depuis une bonne demi-heure, Karm étudiait les plans de la station de retraitement, exhumés des archives du serveur central de la municipalité. Il ne doutait pas que les nouveaux occupants y eussent apporté des modifications qu’ils s’étaient soigneusement gardés de rapporter aux autorités. Les souvenirs de Turner dissipaient un peu de ce brouillard et aidaient le Jedi à appréhender la disposition des lieux.


Toutes les cinq minutes, le jeune homme lui faisait des questions sur le programme de protection des témoins. Karm, en vérité, n’en savait pas grand-chose et ses réponses relevaient plutôt du bon sens que d’une connaissance particulière du service. D’autres que lui auraient été agacés sans doute par ces interruptions continuelles, mais il y voyait surtout le signe encourageant que Job se projetait dans cette nouvelle vie. Alors, à sa manière, il s’employait à nourrir soigneusement son enthousiasme.


Luke se faisait attendre.
Karm ne s’en inquiéta pas outre mesure.
Les recherches aux archives pouvaient être longues et le Hapien était un Jedi accompli, pas son protégé.


Un quart d’heure plus tard, ses réflexions architecturales furent interrompues par la sonnette de l’appartement. Job lui jeta un coup d’oeil anxieux et, d’un geste de la tête, Karm lui indiqua la chambre, où l’ancien militaire s’empressa de se réfugier, alors que l’Ark-Ni partait ouvrir.


Agent Morris ? Des nouvelles de votre enquête ?


Karm s’effaça pour laisser l’homme entrer. Fidèle à lui-même, Jean était suant et nerveux. Très nerveux.


Oui. Non, répondit-il un peu brusquement. On a reçu un appel au commissariat.


Il ménageait son effet, mais l’Ark-Ni opposait au suspens son regard ordinairement impassible.


Semblerait-il que quand votre collègue sortait des archives, il a appelé un taxi, mais un speeder s’est brusquement rangé devant la plateforme, des hommes cagoulés en sont sortis et l’ont capturé sans autre forme de procès.


Silence.


Je suis désolé.


L’expression du Jedi n’avait pas changé d’un cil. Jean fut traversé d’un doute. Monsieur Zebra se serait-il trompé ? Mais sans doute, même si ces deux-là n’étaient pas amants, n’importe quel coéquipier volerait au secours de son partenaire sans l’ombre d’une hésitation.


Mais encore, demanda Karm, d’un ton égal ?


La détermination plutôt que la panique avait aussitôt envahi l’Ark-Ni. Ses réflexes de Gardien, solidement ancrés par toute une vie d’entraînement et des années d’expérience, prenaient désormais le dessus. Le danger, la crise, l’action : c’était dans ces circonstances qu’il s’épanouissait le plus.


Les holocaméras de trafic les ont suivis jusque dans le sud, mais le réseau de surveillance est moins dense, là-bas, et on les a perdus de vue.
Je vois.


Il paraissait évident au Jedi que son compagnon avait été entraîné dans la base du petit groupe dirigé par Monsieur Zebra.


Je vous accompagne pour qu’on puisse quadriller le secteur ensemble, enchaîna Jean, qui espérait ainsi refermer son piège sur l’Ark-Ni.
Ce ne sera pas nécessaire, répliqua celui-ci.


Karm ne se méfiait pas de lui, mais il n’avait pas envie de s’encombrer d’un incompétent. Pour Jean, les pensées de cet étranger, un alien qui plus est, étaient si difficiles à deviner qu’il avait l’impression de ne plus avoir d’atouts dans sa manche. Insister paraîtrait suspect. Partir, c’était courir le risque de le voir lui échapper.


Merci de votre aide, conclut Karm, en reconduisant Morris vers la porte.


Celui-ci jugea qu’il n’avait d’autre choix que de partir. Essayer de prendre le Jedi en filature à travers le réseau de surveillance, puis par lui-même, lui semblait la meilleure option.


Quand Job fut sûr que le visiteur s’était éloigné, il refit son apparition dans le salon.


J’ai tout entendu, déclara-t-il de but en blanc.


Silence.


Ça n’a pas l’air de vous inquiéter…
L’inquiétude n’est utile à personne, répliqua Karm, avec une sérénité typique des Jedis.


Job, en homme d’action lui aussi, hocha lentement la tête. Après quelques secondes de réflexion supplémentaires, le Gardien ordonna :


Restez ici. N’ouvrez à personne. Voici un numéro de contact d’urgence pour l’Ordre. Au moindre problème, prenez la fuite, trouvez une nouvelle planque, contactez l’Ordre et on vous enverra quelqu’un pour vous prendre en charge, si Kayan et moi ne sommes pas revenus.
Vous ne pensez pas qu’ils s’attendront à vous voir arriver, après qu’ils ont capturé votre collègue 


Karm haussa les épaules, comme si cette idée lui était indifférente et, après un détour rapide par la chambre, où il troqua sa tenue de ville pour un treillis et un tee-shirt sombre, des gants et une veste militaire, il fourra dans son sac à dos le matériel qui pouvait être nécessaire et quitta l’appartement.


Bientôt, son speeder s’envolait dans le ciel de Bakura, épié par Morris à travers le réseau des caméras.
Luke Kayan
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- Vous pouvez toujours attendre. Il a l'habitude que je me perde, et il en a assez. Ça se comprend.

Déclara Luke d'un ton aussi détaché que possible. Zébra émit un grognement, les yeux rivés sur son comlink.

Jean Morris a écrit:Pas de réponse de Job. J'essaye de tracer le comlink.

Il y avait peu de chance pour que le concerné, s'il était toujours en possession de ses moyens, laisse de tels indices. Zébra ne l'avait pas choisi pour son incompétence, au contraire de Jean qui jouait le rôle de l'infiltré insoupçonnable. L'agent avait soit été capturé après son meurtre, soit il avait décidé de se retourner contre eux. C'était sûrement la première option la bonne, ceci dit, puisque l'homme n'avait pas récupéré la somme rondelette qui l'attendait entre les mains d'un intermédiaire, rentré après ne pas avoir eu non plus de nouvelles.

Pensif, Zébra plongea sa main dans la sacoche du Jedi. Il n'était pas très inquiet quant à la présence de ce dernier, sagement adossé au mur, encore debout. Il s'octroya même le droit de décocher un sourire au jeune homme en sortant un cylindre en métal, à la fois fasciné et fier. Jamais le Bakurien n'avait tenu un sabre-laser entre ses doigts, espérant pouvoir le garder, il le fourra dans sa propre ceinture utilitaire avant de retourner le sac afin de le vider au sol. Le bruit feutré, à peine audible d'une pile de documents rejoignant le sol en désordre fut accompagné d'un "clang". Le regard d'abord inquiet de Zébra s'habilla d'une lueur rieuse, c'était juste une canne blanche d'aveugle qui avait chuté sans douceur au sol.

- Il faudra qu'on m'explique ce paradoxe.

Fit-il songeur en lorgnant le sol puis sa ceinture utilitaire où était solidement accroché le sabre-laser. Comment un individu nécessitant ce type de bâton pour se guider maniait une arme aussi symbolique, puissante que la fameuse épée de lumière? Ne disait-on pas les Jedis... Sages? Expérimenté, Zébra ordonna à ses hommes de ne pas relâcher pour autant leur garde car on l'avait prévenu que Kayan était rusé, et il savait aussi, grand amateur de chasse, qu'un animal agonisant chercherait toujours la sortie avant de s'abandonner à la mort. Même si elle n'avait aucune chance, la proie tenterait. Ceci dit, expert en poursuite de bêtes effarouchés, combattant déterminé ou non, Zébra ignorait beaucoup de choses des Jedis, et des aveugles d'ailleurs.

Dans son coin, Luke avait concentré toute son énergie à canaliser la Force sur les alentours. Il avait repéré en écho, les principaux obstacles qui pourraient entraver une course véloce sur une distance réduite. De la même manière, le Hapien avait saisi au vol le bruit de sa canne qui était tombé sur le bitume, à peine amorti par la légère couche poussiéreuse qui couverait l'ancienne station de traitement des eaux usées. Son oreille entraînée avait transmis à sa mémoire, toute aussi travaillée, le lieu exact d'où était provenu ce son salvateur.

Une aura se dressait face à lui, point énergique aligné à un second puis un troisième et ainsi de suite. Luke faisait face à 4 hommes armés, sans compter Zébra. Un petit commando discret pour se déplacer furtivement dans les rues de Bakura. Sans être Gardien, le Chevalier pouvait tout de même espérer donner du fil à retordre à ses ravisseurs, s'il jouait bien.

Tout d'abord, il avait lutté contre son premier réflexe: appeler Karm, que son onde navigue à travers la ville, fouillant recoins et longues lignes, petites ruelles et grands carrefours afin de prévenir Karm du danger les guettant. Il ne devait le faire qu'une fois la situation sous contrôle. Si Saï était tombé dans le piège où son apprenti jouait les appât involontaires à Korriban, 14 ans plus tard, le concerné refusait que la scène ne se reproduise. Comprendre qu'en tant que "maillon" faible des deux, son rôle prédestiné celui de gruyère alléchant pour son coéquipier sensé se laisser agripper par le piège des rats, mais s'en était une autre d'accepter ce destin comme une fatalité. Décidé à lutter, le jeune homme releva à peine les soupirs d'agacement d'un commanditaire qui avait dû espérer une réaction plus vive, plus ingénue et surtout irréfléchie de la part de l'amant- ou collègue- en liberté.

- Je ne suis pas si sûr qu'il tienne autant à vous. Finalement, votre... Attachement dont on m'a tellement rabâché les oreilles semble surfait.

- Ou peut-être qu'il a confiance en moi?

Zébra n'eut pas le temps de terminer son éclat de rire que Luke avait quitté son pan de mur pour se projeter contre le garde du milieu. Il avait été assez vite pour que malgré une rencontre douloureuse vu sa silhouette de Lutteur Catégorie Enfant, il parvienne à bousculer son adversaire. Désormais au corps à corps avec ce dernier, le Jedi s'assurait au moins qu'on ne lui tire pas dessus.

L'intermédiaire avait cessé de glousser immédiatement, de la même manière qu'il avait repoussé les réprimandes. Ses hommes avaient bien tenu le Chevalier en joue, mais ils avaient négligé la distance, parce que non, un aveugle n'était pas sensé courir se jeter sur son ennemi comme ça.

Luke dirigea sa main vers l'endroit où sa canne était tombée. Elle décolla du sol, accompagnée de quelques gravillons puis vint se loger entre ses doigts. Il y eut un étrange moment de pause, provoqué par l'arrivée télékinésique de l'objet. Si deux hommes de main sourirent, Zébra plissa les paupières, à la fois curieux, inquiet et énervé. On ne le reprendrait plus à sous-estimer le "maillon faible" du duo.

Le Hapien ferma les yeux tandis que les mots de l'Ark-Ni coulaient en lui. Il essayait de sentir les points d'énergie de ses adversaires, le sang qui nourrissaient leurs veines, le point de rupture. L'exercice déjà assez difficile l'était davantage en mouvement et surtout, en combat réel, alors il chute. Plusieurs fois jeté au sol, le blond se relevait prestement avec pour seule idée de se lancer à nouveau dans la mêlée. Hors de question de les laisser prendre à nouveau de la distance.

Placé entre deux gardes restant, la lèvre en sang, les épaules endolories et des hématomes un peu partout, le Consulaire aurait au moins eu la satisfaction, s'il pouvait voir, de contempler les homes de main, tout aussi mal en point que lui. L'un gisait au sol, assommé, le second restait à distance, essayant sans y parvenir de viser le Jedi sans le toucher. Fatigué de la scène qui s'éternisait, Zébra se saisit de son arme pour tirer. La lumière mortelle vola entre Luke et l'un des gardes, le premier, averti par la Force n'eut que le temps d'esquisser un pas sur le côté, réduisant ainsi les dommages. Il serra les dents lorsque la brûlure mordit son bras, L'employé d'Hepor Milles, lui, s'écroula, mort.

L'autre garde eut un moment d'hésitation avant de se jeter sur Luke, ce dernier répondit aux coups, défenseur exclusif jusqu'à ce qu'il décide de faire deux pas en arrière, rompant le contact, à la grande surprise de son agresseur. D'un mouvement sec du poignet, le Jedi déplia la canne qui finit sa course directement dans les tibias de l'homme. Même s'il avait la main au milieu du bâton, Luke s'en servait un peu comme d'un sabre, d'ailleurs ironiquement plus à l'aise avec cet outil que sa propre arme. Évidement, les dégâts causés étaient moindres, mais un bon coup montant bien placé entre les deux jambes fit s'effondrer le Bakurien. Le dernier restant abandonna la scène, arguant que la police allait sûrement débarquer, et si ce n'était pas le cas, l'autre Jedi, autrement meilleur combattant que celui-ci qui avait pourtant déjà presque mis en déroute le groupe.

Ne restait plus que Zébra face à qui Luke se tenait, son bâton toujours entre les mains. Avec rage, le premier se jeta dans la mêlée. Après quelques passes, le commanditaire dégagea l'objet ds doigts de Luke et l'écrasa du talon avec une violence qui ne laissa aucune chance à la pauvre canne en métal.

- La deuxième canne en moins d'un an. L'association ne va pas aimer. Je vais vraiment me faire tuer.


Les bouts du bâton s'effondrèrent au sol, Luke se tenait tout près de son adversaire. Sa propre main était parvenue à s'infiltrer jusqu'à sa ceinture où elle avait reconnu, coup de chance, un autre métal très familier. D'un coup sec, le Jedi tira, retrouvant son sabre-laser qu'il enclencha sitôt que l'espace le lui permis. Zébra qui pressentait l'arrivée imminente de quelqu'un -qui que ce soit, allié ou ennemi, rien ne l'arrangeait- se précipita sur le speeder. Le Consulaire entendit les moteurs ronronner en même temps qu'il prit conscience de la présence de son ami. Présent depuis quelques minutes ou nouvellement débarqué, Luke n'en savait rien. Faisant fi des douleurs qui courraient son corps meurtris -on ne se battait pas contre 5 personnes sans un minimum de conséquences.- le Chevalier envoya une onde de Force à Karm pour le diriger vers Zébra qui fuyait.

Hélas son manque de puissance n'avait pas complètement terminé d'achever les gardes, deux -dont un avait juste été assommé au début et ne portait donc guère de blessure.-, furieux et sans peur s'étaient relevés pour lutter contre les Jedis. Au sol, demeurait le mort.

- Zébra. Le chef, il s'échappe!

Indiqua le Hapien, essayant de faire saisir à son compagnon qui était le plus important de tous.
Karm Torr
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Le speeder enfourché par l’Ark-Ni décrivit un large cercle au-dessus de l’ancienne station de retraitement, et il fallut à Karm toute la patience infatigablement cultivé par ses mentors au sein de l’Ordre pour prendre la peine de reconnaître les lieux et de ne pas se précipiter au secours de Luke. Quand l’architecture réelle eut cependant fini de se superposer, dans son esprit, aux plans qu’il avait étudiés avec Job, le Jedi laissa son speeder en vol stationnaire au-dessus du toit du bâtiment, à une altitude qui cachait le son de ses moteurs, et se laissa tomber dans le vide.


Concentré sur sa destination, il n’avait pas repéré Jean, qui l’avait pourtant soigneusement pris en filature. Au détour d’un bâtiment, depuis son propre appareil, le policier était donc témoin du spectacle surréaliste de cet homme qui se réceptionnait avec une souplesse féline plusieurs mètres en contrebas. Des sorciers. Les Jedis étaient véritablement des sorciers. Déjà, la silhouette presque indiscernable de l’Ark-Ni se faufilait jusqu’à l’entrée d’un escalier de service qui descendait dans le bâtiment.


Jean remit son propre speeder en marche, après avoir envoyé un message à Zebra. Karm gagna des coursives qui surplombaient une vaste salle où deux immenses bassins désormais asséchés étaient bordés par les allées qui y avaient jadis conduit les employés. Au fond, une large esplanade avait dû accueillir autrefois des instruments de contrôle, mais elle servait ce jour-là de théâtre au combat entre Luke et ses quatre gardes.


Zebra prenait la fuite.
En bon Gardien, habitué des situations critiques, Karm calcula rapidement les enjeux de la situation.


La vie de Luke — de n’importe qui, en vérité — avait plus de valeur qu’un suspect que l’on pourrait toujours appréhender plus tard.
Mais Luke s’en sortirait peut-être très bien tout seul.
Difficile à dire.


Une seconde plus tard, un éclair bleuté fusa dans un étrange vrombissement à travers les airs. Lancé de la main du Jedi et guidé par la Force, le sabre laser de l’Ark-Ni vint se ficher dans le moteur du speeder qui menaçait de s’échapper par les portes de l’entrepôt. Heureusement pour Zébra, le véhicule n’avait pas pris encore assez de vitesse pour provoquer un accident catastrophique et, en tourbillonnant, il partit s’écraser contre le mur opposé, laissant son pilote sinon indemne, du moins en vue.


Karm avait bondi de la coursive et il courait désormais à toute vitesse dans la longue allée qui séparait les deux bassins. Morris l’avait talonné de près mais, incapable de reproduire le saut du Jedi, il était obligé de longer les passerelles métalliques jusqu’à l’escalier le plus proche. Ses tirs de blaster passèrent loin de l’Ark-Ni, parce qu’ils couraient tous les deux. Les deux gardes de Zébra firent instinctivement volte-face vers Karm. On les avait briéfés. Les états de service de ce guerrier modèle réduit faisaient froid dans le dos.


Cesse de tirer, bordel, lança l’un deux à Morris, dont les coups menaçaient tout autant ses partenaires que leur ennemi commun.


Karm s’élança au sol et, au terme d’une glissade précise, tacla le premier garde avant de s’accroupir pour balayer les jambes du second, auquel il asséna un violent coup de coude en pleine cage thoracique. Le premier garde se releva tant bien que mal. Karm para une série de coups de poing, tirés du répertoire le plus populaire des arts martiaux pratiqués par les forces spéciales bakuriennes. Son adversaire était solidement entraîné, mais son orthodoxie le rendait prévisible. L’Ark-Ni en profita pour lui saisir le poignet, le tordre, lui déboîter l’épaule et le retourner dans une clé de bras, avant de l’assommer d’un coup sec derrière la nuque.


Jean avait fait irruption sur le champ de bataille, comme un chien dans un jeu de quilles et, avisant de l’ennemi qui lui paraissait le plus abordable, il mit Luke en joue. Pendant ce temps, Zébra était parvenu à s’extirper de la carcasse de son speeder. Sa jambe meurtrie l’empêchait de s’enfuir en courant. La situation lui paraissait gravement compromise. Les Jedis se battaient à deux contre deux, et Luke avait réussi déjà seul à neutraliser la plupart de ses hommes. La défaite était certaine. La fuite quasi impossible.


On se rend, lança-t-il brusquement, alors que Karm, d’un coup de paume dans le plexus solaire, considérablement amplifié par la Force, projetait son adversaire plusieurs mètres en arrière, le souffle coupé, titubant.


Jean adressa un regard à la fois incrédule et soulagé à son chef. Mais Zébra était pragmatique. La tentative avait échoué. Sa détestation des Jedis était profonde. Mais on ne survivait pas dans son métier sans savoir dépasser ses sentiments et et s’en tenir aux décisions les plus raisonnables.


On se rend, répéta-t-il, en profitant du silence indécis pour claudiquer vers les deux Jedis, les mains levées en l’air.


Un frisson le parcourut quand Karm tendit la main et que le sabre à la lame bleue vint se loger dans sa paume.


Mais le Gardien le désactiva aussitôt.


Vous avez gagné. Je tiens à la vie. Et je tiens à la liberté.


Autrement, comme Job, il s’attendait à pouvoir passer un marché. Karm jugeait que l’affaire commençait à dépasser leurs aptitudes personnelles et qu’ils avaient urgemment besoin d’un soutien fiable au sein des cercles du pouvoir bakurien.
Luke Kayan
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Les muscles du Consulaire se dénouèrent lentement, même s'il garda une longue minute sa lame verte allumée. Cette dernière vrombissait doucement à ses oreilles, sage, dans l'attente d'une réaction de Zébra. Cette dernière ne venant pas, le jeune homme la désactiva puis rangea l'arme à sa ceinture. D'une onde joyeuse quoique teintée de fatigue, Luke salua Karm qui avait trouvé le bon chemin seul, finalement. La Force, cependant, changea rapidement d'émotions. Chargée d'inquiétude, tout à coup, telle une décharge électrique, elle fila vers l'esprit de son compagnon. Sans savoir que le concerné était présent -le Ripou n'avait pas parlé et Luke ne le connaissait pas assez pour reconnaître son aura aussi naturellement.-

- Morris. Jean Morris est un traître et un garde s'est enfui.

Signala le Jedi en se rappelant de l'homme de main qui avait hurlé à Zébra que la police ou des alliés indésirables n'allaient pas tarder. "Tout se sait sur Bakura et vite" avait-il bramé en fuyant. Cette crainte allant au-delà de celle qu'il aurait dû éprouver pour son supérieur signifiait-il que les corrompus étaient plus nombreux que prévu? Ou que les tentacules d'Herpor étaient vraiment très longues. Aucune des deux options n'étant de bonne augure, le Chevalier abandonna l'idée de s'octroyer quelques secondes de repos, comptant naturellement sur Karm pour gérer Job, il récupéra son comlink. La chute de la sacoche ne l'avait pas trop abîmé, et, hormis un grésillement légèrement désagréable, le Hapien put appeler Jasmine Morris, guidé par la voix mécanique de l'application qui le guidait vers les derniers appels.

- Agent Morris, ici le Chevalier Luke Kayan. Nous allons avoir besoin de vous. Comment? Non je ne sais pas où est votre mari. Je vous envoie les coordonnées. Agent Morris?... N'avertissez personne, venez seule.

Lorsque la Bakurienne raccrocha, le Jedi n'avait plus qu'à espérer que son instinct avait été plus clairvoyant en ce qui la concernait que ce qu'il n'avait été pour Jean. Elle lui paraissait être la solution la plus fiable à défaut d'être la meilleure. Peu élevée dans la hiérarchie, la trentenaire ne pourrait pas leur permettre d'accéder aux hautes sphères -car lui aussi commençait à songer, en parallèle avec l'Ark-Ni que cette mission leur échappait. Ils devaient trouver un bon contact pour se confier et avancer, être soutenus.- mais ce serait une alliée honnête et volontaire.

Morris Mâle se mit à trembler de façon incontrôlable, bien que sa peur le maintienne paralysé, les bras levés alors qu'une douleur intense les irradiait. Luke s'approcha des deux individus, réclamant leurs armes. Inquiets à l'idée que Karm et ses yeux aiguisés ne repèrent une quelconque ruse, ni Zébra conscient de son échec, ni Jean ne cherchèrent à occulter quoique ce soit. Le jeune Jedi qui avait enfilé des gants récupéra aussi bien le blaster de service de l'agent -qui avait donc tiré sur eux, une jolie preuve devant un tribunal s'ils retrouvaient les trous laissés par l'arme et les y associaient, sachant que chacune avait son empreinte.- que deux couteaux, dont un appartenait au commanditaire.

- Vous avez le droit de garder le silence, tout ce que vous dites pourra être retenu contre vous.

Énonça Luke, fort de ce droit que le gouvernement Bakurien leur avait octroyé. Autant dire que s'il ne mettait pas un festin sur la table, Zébra et son complice ne reverraient pas la lumière avant un bon bout de temps, à commencer à le premier qui avait pourtant dit "tenir à sa liberté".

- Il y a encore un cadavre fumant sur ce sol, abattu devant témoin.- autrement dit, lui. Sa vue valait ce qu'elle valait mais les preuves ainsi que sa crédibilité en tant que Jedi et victime d'enlèvement à la fois contrebalanceraient.- autant dire que vous allez devoir payer le prix pour avoir la moindre opportunité de la retrouver, votre liberté.

- Vous ressentez du plaisir?
- Hum?
- Je vous ai fait enlever, insulté, je vous ai menacé vous et votre... Collègue ou quelque soit votre lien. Alors ça doit vous faire jouir que les tendances s'inversent. En plus, vous avez cassé du Bakurien.
- Premièrement, on nous a bien plus malmené, insulté et nous avons reçu des menaces encore plus agressives. -Comparé à Karm, la balade avec Jean sur son speeder puis les "bousculades" reçues n'avaient été que ça, une balade. Luke retint un frisson tout en essayant de rejeter les souvenirs des tortures reçues par l'Ark-Ni. Lui qui avait effectivement eu peur lorsque Zébra l'avait acculé, menacé ne pouvait que louer l'extraordinaire courage de son compagnon. Son habituelle tendance à se flageller remonta, cependant, il ne consentit pas à la laisser prendre le dessus. Il n'était plus comme ça désormais, du moins plus autant. Karm ne s'acharnait pas à passer de longues heures pour lui faire reprendre confiance pour rien, il avait changé au point de se montrer plus sûr, d'avoir plus d'initiatives, bien qu'il demeurerait certainement le moins décideur du duo.- Ensuite, nous sommes Jedis, alors nous ne sommes jamais heureux d'arrêter quelqu'un parce qu'il y a eu des morts, de très nombreux morts. Ensuite, étant donné mon Ethnie minoritaire au sein de la République, et celle du Chevalier Torr qui l'est encore plus, nous serions mal placé pour être raciste. - Luke se tourna vers Jean, son regard transperça la silhouette rebondie de l'homme, comme s'il essayait de se souvenir de quelqu'un qu'il avait forcément connu sans arriver à mettre un nom dessus. Vu leur contact court mais plutôt intense, au calme, le Chevalier finit par le reconnaître.- Enfin- Ajouta-t-il non sans un soupir ainsi qu'une véritable lueur chagrine dans le regard.- Je suis atterré de voir des Gardiens de la Paix rompre leur serment...

- Ma femme me...
- Il n'y a aucune excuse à cela. Aucune.

La voix du Jedi s'éteignit, quelques minutes plus tard, enfin apparaissait le speeder de Jasmine. Le temps qu'elle gare l'engin, le Chevalier fit face à Karm, exposant sans le savoir une idée similaire à la sienne. Parce qu'ils étaient unis même sans faire l'effort de l'être et que leurs pensées se promenaient, funambules facétieuses, d'un cerveau à l'autre sans scrupules de pudeur. Et c'était certainement pareil pour les songeries de Luke qui allaient toquer à l'esprit de l'explorateur.

- Je vais voir si je peux avoir quelques contacts.- Commença-t-il en pensant déjà à des noms qu'il connaissait bien ou moins bien. Il faudrait débuter par le bas pour essayer d'arriver en haut. Un cheminement de diplomate, presque de politicien, autrement dit un exercice que le Chevalier n'appréciait guère mais qui se révélerait utile, et puis c'était son domaine.- Mais je doute que ce soir nous obtenons quoique ce soit. Hormis empêcher Jasmine de tuer son époux, tu aurais une idée pour garder au chaud ces deux-là en toute discrétion? J'ai peur que d'autres pourris ne sillonnent les couloirs de la Gendarmerie et ne libèrent leurs petits copains, ou en préviennent d'autres.

Heureusement qu'ils disposaient de la Force, détail non négligeable qui aida Luke à résister au désir de sauter au cou de Karm pour l'embrasser longuement et fougueusement. Parce que l'Ark-Ni avait fait l'impossible pour le rejoindre -d'accord, il aurait fait pareil pour toute autre vie, mais Luke aimait à penser, pic d'orgueil non-commun chez lui- que le speeder de l'explorateur avait gagné en km/h pour ses beaux yeux. Ensuite, il aurait voulu le remercier d'être là, juste là, présent à ses côtés, flegmatique et imposant malgré son gabarit modeste.
Karm Torr
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Le combat était fini et c’était un autre genre de joutes qui s’engageait entre les Bakuriens et les Jedis, une joute dont Karm laissait bien volontiers toute l’arène à son compagnon. L’Ark-Ni, comme ses semblables, ne manquait pas de répartie acerbe, mais il s’agissait de faire preuve de diplomatie plutôt que de répondant. En la matière, Luke l’emportait haut la main, toujours, et Karm s’effaça, se contentant d’exercer une surveillance vigilance.

Bientôt les deux Jedis discutaient à voix très basse.

On contacte l’AntiCor, souffla l’Ark-Ni, en faisant allusion au bureau de lutte contre la corruption de la République, et le Conseil, pour demander des renforts. Ce sera ingérable si on est seuls.

Avec du temps, Luke serait sans aucun doute parvenu à se tisser un réseau de confiance au sein des communautés judiciaires, politiques et policières de Bakura, mais il n’avait pas des mois à consacrer à l’affaire. Job ne manquerait pas de les presser pour obtenir promptement son exfiltration. Au-delà des dangers qu’ils couraient, c’était à préserver ce témoin essentiel que visait leur promptitude.

En attendant, Morris… ‘Fin, Jasmine, connaît sans doute mieux la ville que nous, pour savoir où se replier.

La discussion fut interrompue par l’arrivée de la policière, qui promena un regard d’abord froid et méthodique sur la scène trop confuse pour qu’elle en comprît rapidement les implications. Ses yeux s’arrêtèrent sur son mari, qui fit instinctivement un pas en arrière, mais en voyant Karm qui lui passait des menottes magnétiques, après avoir immobilisé de la même manière Zebra et les deux gardes survivants, elle commença à soupçonner une part de la vérité.

Les explications qu’on lui donna nourrirent une colère froide, terrible, mais calme et, confusément, Karm y perçut comme une sorte de soulagement. Quelque opinion que Jasmine ait jamais eu de son mari, elle s’en était tenue à la stricte morale de son enfance, sévèrement inculquée par ses parents, et n’avait jamais songé à un divorce sur des motifs si légers que la faiblesse de son mari. Sa trahison était horrible, mais elle lui ouvrait, à elle, la perspective d’une liberté retrouvée, puisqu’elle pourrait l’écarter sans scrupule de sa vie. Il y avait comme une satisfaction triste à constater que la répugnance qu’elle éprouvait pour son mari se fondait sur des fautes morales profondes et réelles, et pas un instant elle n’envisagea la possibilité que l’hostilité qu’elle lui manifestait depuis longtemps était peut-être la source de ces travers.

Pas une seule fois elle n’effleura son blaster, mais ce fut moins par charité que par mépris. Hors de question de laisser Jean gâcher une seconde de plus de son existence, hors de question d’être jetée en prison pour avoir exécuté sous le coup de la colère un suspect dont elle aurait pourtant très volontiers fait fumer le cerveau.

Je vois, finit-elle par lâcher d’un ton glacial, en détachant finalement son regard de son mari.

Zébra avait conservé son silence pendant tout ce temps, et il était évident qu’il se livrait à des calculs hasardeux, pour savoir s’il était plus opportun de collaborer ou d’attendre l’intervention d’autres policiers corrompus. La chose était difficile à décider, parce qu’en sentant leur système s’effondrer, les alliés d’hier pouvaient fort bien se retourner contre lui, pour protéger leurs arrières.

Il y a une solution évidente, murmura-t-elle, sans quitter les prisonniers des yeux, alors que les deux Jedis s’étaient rapprochés d’elle, afin de pouvoir conférer sans être entendu. Harpor Milles n’est pas le seul poids lourd dans cette histoire. Il a un concurrent qu’il cherche à déstabiliser et ce concurrent a des moyens comparables aux siens.

Karm se reprocha aussitôt de ne pas avoir vu plutôt cette évidence. Depuis les révélations de Job, il avait considéré le conglomérat Milles comme le seul acteur majeur de leur histoire, en oubliant que celui-ci était précisément entré en jeu pour déstabiliser l’un de ses compétiteurs. Les Jedis disposaient donc d’un allié de poids, qui s’ignorait encore, certes, mais qui disposait de vastes moyens et d’un intérêt pressant à voir l’enquête aboutir.

Son concurrent aura probablement des choses à cacher lui aussi, concéda Jasmine, Je doute qu’il soit resté les bras croisés après l’attaque du Trépidant. Mais il n’a pas la réputation de jouer autant avec les règles du système que Milles.
On parle de qui, exactement ?
La Compagnie de Forage Bakurienne. Une ancienne entreprise publique privatisée il y a près d’un siècle, mais dont l’État est resté l’un des actionnaires principaux. D’où sa marge de manœuvre plus limitée.

Jasmine n’était pas une experte des affaires financières, affectée comme elle l’était à la brigade des homicides, mais elle suivait assez l’actualité pour reconnaître les protagonistes majeurs.

L’enquête sur le Trépidant vous ouvrira probablement les portes de la CFB. Mais avant de leur parler, il est préférable d’assurer nos arrières d’un point de vue légal. Et de faire enregistrer vos prisonniers par un commissariat. Je connais une commissaire de confiance.
Et si d’autres flics corrompus travaillent pour elle ?

Jasmine haussa les épaules.

Vous avez déjà un fuyard, jamais tout ça ne restera secret. Mieux vaut asseoir pleinement la base légale de votre enquête, puis vous appuyer sur les moyens des autorités républicaines hors de Bakura et la CFB sur place, quitte à ce que ces quatre-là disparaissent pour un temps dans le vent, que de tout voir s’effondrer comme un château de cartes.
Luke Kayan
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Luke hocha de la tête. Tout en attrapant son Comlink, il écouta les explications de Jasmine qu'il s'empressa de confirmer. Sous ses aspects tête brûlée, la policière restait prudente, ou trop amoureuse de la loi pour risquer de la défier. C'était une bonne chose car Zébra profiterait de la moindre brèche. Autant agir dans les règles de l'art depuis le début, coucher l'affaire sur un rapport, accompagner les écrits de preuves, de photos -qu'il ne prendrait pas évidemment- et surtout, de documents administratifs adéquats.

Quelques minutes plus tard, le jeune Jedi s'était relativement isolé, plus pour éviter les bruits parasites qu'échapper aux oreilles des deux autres intervenants. Karm pour des raisons de confiance et d'implication plus qu'évidentes, Jasmine parce qu'ils n'avaient pas à l'écarter une seconde fois. Désormais alliée, introduite dans l'affaire, la Bakurienne aurait accès à quelques secrets bien mérités.

Il fallut une dizaine de minutes pour que le Chevalier organise l'envoi d'une équipe sur la planète, cette fois au moyen d'un transport privé étant donné l'urgence. À peine eût-il raccroché qu'il appela le Gouvernement avec qui ledit Conseil avait traité afin de préparer leur arrivée. Toujours dans les mêmes dispositions, le membre de la délégation accepta, souriant, la venue d'autres Jedis. L'exfiltration d'un témoin dont eux-même devait ignorer le nom arracha une toux gênée à son interlocuteur qui maquilla bien sa perte d'enthousiasme. Pas suffisamment pour les oreilles habiles du Consulaire, lequel choisit sciemment d'ignorer le grincement de dents -et d'esprit- pour continuer sur un ton presque badin. Il s'employa à banaliser le processus, gageant que la Planète n'aurait pas à répondre des faits reprochés à l'individu, que cesdits faits ne seraient peut-être pas jugés selon les accords passés, et que non, ceci ne jouerait pas en défaveur de Bakura, au contraire. Faciliter le transfert administratif -inéluctable au final- mettrait la République dans de bonnes dispositions envers la Collaboratrice. Et puis, on se portait toujours mieux avec un bandit en moins sur son sol. L'interlocuteur se détendit, légèrement perdu, comme anesthésié par les paroles du Jedi qui, sans mentir, triait soigneusement les informations afin que les positives apparaissent d'abord. Ensuite, seulement ensuite, lorsque l'accord vocal fut accepté et enregistré, il signala les contraintes, beaucoup moins prolixe à l'heure de partager quoique ce soit.

- Non, je suis désolé, désormais, le témoin est sous la responsabilité de la juridiction du Tribunal de Coruscant, ce qui le libère, selon l'artice 4C J14 du règlement Inter-Galactique, momentanément de ses devoirs de Citoyen de Bakura. Les données concernant l'individu et l'affaire vous seront transmises une fois que les agents assignés à sa protection jugeront le danger passé.

Le membre de la délégation mâchonna ce qui devait être une insulte en Bakurien. À nouveau, Luke essaya de le calmer, brièvement cette fois car ils n'avaient pas la nuit entière devant eux. Au final, ce fut en assez bons termes que le délégué et lui raccrochèrent, le premier admettant s'être précipité dans le grand jeu d'Échec qu'était la diplomatie. L'affaire ne l'empêcherait pas de dormir, aidant en revanche, peut-être les trois protagonistes à le faire. Doucement, Luke sentait qu'il retrouvait ses repères, petit à petit, non seulement parce qu'il n'était plus trimbalé de droite à gauche, mais aussi parce que parler, organiser étaient son domaine, bien que l'idée de Karm les avaient rudement avancé. Sans parler de mois, Luke aurait dû dédier pas mal d'heures et de palabres afin de trouver des accords, un moyen efficace de tenir promesse auprès d'un Job sans doute en danger.

Quant à la proposition de Jasmine, elle semblait plus que viable. Le Hapien se chargea donc de composer le numéro de la commissaire. Il laissa la femme lui parler, décliner son identité ainsi que son appartenance au département des Homicides. Par hasard, expliqua-t-elle, le souffle haletant d'une excitation difficilement contenue, elle s'était retrouvée mêlée à une histoire sortant du territoire. Le Hapien repris le comlink pour demander à la Comissaire de laisser Jasmine continuer, assurant de son utilité. Il savait que la trentenaire leur en serait reconnaissante, or, s'assurer de sa loyauté était précieux vu le nombre d'ennemis croissants qu'ils étaient e n train de se faire.

Le Conseil et le Commissariat furent mis en contact, ce fut au tour de Madeleine Lyre d'être excitée par la perspective de collaboration, bien qu'elle doive se contenter de coordonner l'arrivée de l'équipe Jedi- deux sentinelles humaines dont un homme noir de peau, baraqué quoique petit en taille et une grande quinquagénaire athlétique blonde.- sur le départ pour arriver à l'aube le lendemain.

- Très bien, j'ai envoyé un rapport préliminaire au commissariat, fait enregistrer les cartes d'identité des prisonniers associés à leurs délits. Une équipe arrivera au Comissariat demain à 6h00. Nous pouvons y aller ou laisser la Comissaire Lyre s'en charger, mais Job devra être au -rendez-vous, car les Sentinelles ne pourront pas traîner. Notre Correspondant sur Bakura m'a bien fait comprendre que c'était dans notre intérêt de procéder rapidement et pas un caprice. Je ne le pense pas paranoïaque, à ce niveau, Milles est au courant, nous ne pouvons rien y faire sinon jouer sur à quel point, ils peuvent l'être. La délég... Pardon

Le comlink sonna à nouveau, en parlant du Rankor, c'était son correspondant. Il avait tout arrangé avec la CFB qui leur prêterait des locaux de fonction. Le comissariat en double ligne avisa cependant d'un problème. Sans procureur pour valider l'arrestation éclair, les preuves apportées sur le tas, Zébra et Jean, jusque là jamais recherchés ne pouvaient pas être pris en charge. Luke insista, modifiant son rôle d'enquêteur en victime d'enlèvement pour obtenir gain de cause. À contrecoeurs, la femme accepta s'il allait faire examiner les preuves de ladite agression dans un hôpital, mais eux aussi en tant que Gardiens de la Paix étaient supposés pouvoir s'en occuper, y compris sans locaux adaptés, leur surveillance servant de garantie.

- Nous avons des locaux au coeur de la CFB, vu qu'on nous déconseille de retourner à la Gendarmerie, à cause de l'argent Morris, Jean Morris.- Précisa-t-il en étant presque capable de sentir le regard de sa femme percer sa veste. La policière sembla se détendre très légèrement, bien que l'idée d'être encore rattachée à ce bon à rien l'insupportait.- il y a conflit d'intérêt et franchement, ils ne sont guère enthousiastes à l'idée de surveiller un ancien collègue. Le logement n'est pas trop mal placé, au cœur de l'entreprise, utilisé par des invités de marque qui ne veulent pas séjourner à l'hôtel ou le directeur occasionnellement. - Luke les soupçonnait d'être préparés pour certaines situations anormales pour une entreprise semi-privée. Extrême prudence ou expérience? Le Jedi trouvait leur capacité d'anticipation aussi inquiétante que rassurante. Ils avaient au moins un allié de poids sur cette planète.- Nous pouvons choisir de déposer ces deux-là au commissariat arrêtés pour enlèvement et agression sur ma personne, ou les garder, nous. Jasmine, vous devriez aller vous reposer.

La policière posa à nouveau son regard chocolaté sur celui du jeune Jedi, mais la lueur qui y luisait était plus douce. Luke n'avait pas pour habitude d'appeler des collègues ponctuels par leur prénom, aujourd'hui cependant, il voulait dissocier la femme de l'époux ripou.

- Job a été récupéré par le Consulat, il dit ne pas vouloir bouger. La police ou nous-même devront aller le chercher pour le conduire au Commissariat où il faudra régler quelques papiers pour le transfert, lesquels doivent être signés de sa main, pour renoncer à ses droits de Citoyen Bakurien et être mis sous la tutelle de Coruscant.

En résumé, ne restait plus qu'aux Chevaliers à s'occuper de Zébra et Jean, choisir de les emmener avec eux ou de les déposer derrière les barreaux. Luke était partagé. D'un côté il était épuisé, un peu dépassé par l'ampleur que prenait la mission. De l'autre, ils en avaient trop faits, avaient été beaucoup trop loin pour offrir à Zébra et son complice une quelconque porte de sortie.

Cette affaire était la leur, à Karm et à lui. Ils étaient tellement impliqués qu'en se concentrant, le Jedi pouvait se souvenir de l'explosion mortelle au sein de la Force. Composée de toutes les vies qui s'étaient brutalement éteintes, l'énergie sombre avait arrêté les battements de coeur du Hapien pendant quelques secondes. Et s'il parvenait à se souvenir de cette affaire d'une manière légèrement moins amère aujourd'hui, c'était uniquement dû au résultat inattendu: l'amour né de la mort. Karm l'avait, à cette époque, déjà sauvé en partie.

Luke interrogea son compagnon via la Force, prêt à le suivre quelque soit sa décision concernant les prisonniers. Jasmine, elle, n'avait pas bougé. Probablement n'avait-elle pas envie de retourner dans son appartement où tout lui rappelerait Jean, encore moins de croiser les regards de ses collègues qui devaient se douter que quelque chose n'allait pas.
Karm Torr
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Karm fixait les prisonniers. C’était à peu près tout ce à quoi il se sentait utile, après son intervention héroïque. Le consulat, le commissariat, les ambassades, le tribunal de Coruscant ou celui de Bakura, toutes les ficelles qui se nouaient et se dénouaient, entre Luke, Jasmine et la commissaire, lui échappaient à peu près entièrement. Lâché seul dans une pareille situation, il aurait très certainement perdu pied dans la complexité administrative. Il n’avait pas d’avis sur la question, parce qu’il ne comprenait pas. Il ne savait plus qui était censé faire quoi, et pour quelles raisons.

Alors que la conversation mourut et qu’il sentit les regards se poser sur lui, le jeune Jedi fut aussitôt très mal à l’aise.

… eeeuh…

Zébra s’était plongé pour sa part dans un profond silence méditatif. Il avait suivi comme il l’avait pu les opérations judiciaires du Jedi blond et de la policière et, désormais, il tentait de se repérer dans ce labyrinthe, pour savoir comment y jouer son coup au mieux. Déjà déterminé à passer aux aveux, il tentait d’estimer les interlocuteurs à privilégier, des Jedis, des policiers ou des magistrats. Ou même, qui sait, à la CFB. Qui ne paierait pas une coquette somme pour soutirer des informations à l’ancien homme de main de son concurrent ?

J’imagine que… que c’est mieux de les laisser au commissariat, déclara Karm d’une voix mal assurée. J’veux dire, emprisonner des gens dans les apparts d’une entreprise privée, ça me paraît pas super réglementaire, et c’est un coup à voir tout ça cassé pour vice de procédure.

Karm chercha l’approbation dans le regard de Jasmine, après tout la mieux placée d’eux trois pour ce qui était des rouages de la justice bakurienne.

J’imagine, oui, concéda la policière. J’imagine que le plus prudent, c’est de les livrer tous au commissariat de Lyre, tout en rentrant dans les détails auprès des cadres de la CFB. La CFB fera pression sur les politiques pour que les prisonniers soient bien gardés et ça devrait suffire à couper toute ambition d’évasion.

Un regard accusateur se posa sur Jean, comme si elle estimait que son mari était déjà coupable de chercher à s’échapper. En réalité, celui-ci, dépassé par la tournure qu’avaient prise les événements, restait là, comme anéanti, incapable de réfléchir.

Bon, alors, on peut faire comme ça, déclara Karm en se rangeant à l’avis de la policière.

Au demeurant, ça lui paraissait plus légitime. Luke et lui n’étaient que des visiteurs, c’était aux Bakuriens, autant que possible, de régler leurs affaires, grâce à des policières bakuriennes, dans des commissariats bakuriens. Transférer Job à Coruscant ne lui plaisait guère, méfiant comme il l’était à l’égard du centralisme républicain, mais il comprenait confusément que c’était un mal nécessaire.

Jasmine s’éloigna de quelques pour contacter la commissaire et organiser le convoi de transport. Karm se sentait quelque peu désoeuvré. La policière passa un second coup de fil à leur contact à la CFB, pour l’avertir des dispositions qu’ils avaient prises. À peine avait-elle raccroché que l’homme à l’autre bout du fil mettait en branle ses propres relations dans l’administration municipale pour s’assurer que les prisonniers ne leur fileraient pas entre les doigts. Pour la CFB, c’était une véritable aubaine : non seulement les actions de Milles contre eux touchaient à leurs fins, mais ils pourraient jouir de représailles judiciaires de grande ampleur.

Un quart d’heure plus tard, un fourgon pénétra en lévitant à l’intérieur dans l’ancienne station de retraitement des eaux et trois policiers, triés sur le volet par Lyre, en descendirent pour charger les prisonniers.

On vous accompagne, décréta Karm, peu désireux de laisser ces quatre-là sans surveillance.

Jasmine approuva d’un hochement de tête et les policiers ne firent aucune difficulté. Bien au contraire : la perspective d’avoir des Jedis à leurs côtés les rassuraient. On ne leur avait pas donné de détails sur cette arrestation, mais le mystère qui l’entourait leur avait bien fait sentir que l’affaire était compliquée.

Je reste ici pour surveiller la scène en attendant que la commissaire nous envoie l’unité scientifique, déclara Jasmine, déterminée à ne rien laisser au hasard, et de toute façon peu désireuse de se reposer, comme le lui avait suggéré Luke.

Quelques minutes plus tard, le fourgon s’élevait à nouveau dans les airs, embarquant les deux Jedis avec les policiers et les prisonniers. Un silence absolu régnait à l’arrière du véhicule, où Zébra était toujours plongé dans ses réflexions. Jean, le regard perdu dans le vide, s’était comme abandonné au cours de son destin. Les deux hommes de main de Zébra, sortis finalement de l’inconscience, conservaient un silence obstiné, en criminels aguerris, habitués à ne rien révéler aux autorités.

Karm, pour sa part, avait fermé les yeux et s’était plongé dans la Force. Leur mission était presque achevée, mais, au fond, il savait que le soulagement ne viendrait que bien plus tard, dans des mois, une année peut-être, quand l’affaire serait finalement jugée. Leur rôle à Luke et lui s’arrêteraient bientôt, mais, dans cette histoire, ils n’étaient jamais qu’une étape.
Luke Kayan
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S'il était vrai que garder des prisonniers dans un appartement était plutôt bizarre, Luke lui ne s'en serait pas trop formalisé. Il avait entendu ses collègues Consulaires parler de solutions extravagantes en réponse à des situations qui l'étaient davantage. Aux yeux du monde, la diplomatie était ennuyeuse, personne ne soupçonnait que les papiers recelaient bien des aventures, exigeant une inventivité, certes, loin de se refléter sur le visage de ces chers administratifs. Il fallait l'avouer, la majeure partie des Consulaires nourrissaient l'image du petit employé public débonnaire que rien ne savait décontenancer, habitué à suivre la route tracée pour lui. Pourtant nombre d'entre eux avaient obtenu des victoires explosives grâce à d'ingénieux trafics, légaux bien sûr. Entre eux, les Consulaires prolixes se régalaient de ce type d'histoires, s'exaltaient sur le talent d'orateur de leur pair ou sur ce chiffre qui faisait la différence, cette proposition qui changeait tout le sens d'une loi. La navigation habile sur les flots administratifs- certains étant de calmes lacs et d'autres des océans déchaînés.- de diverses planètes était un art sous-estimé.

De l'extérieur, Luke n'offrait guère d'opposition au stéréotype, assis dans la fourgonnette, placide et silencieux. Il ne manquait à sa fine silhouette et sa tenue relativement sage qu'une paire de lunettes sévères sur le bout du nez pour protéger des yeux épuisés par des heures de navigation Holonet. À ce propos, bien sûr, son cas était définitivement perdu, mais hormis les verres correcteurs, Luke donna l'impression d'être davantage un gratte-papier qu'un Jedi. L'autre aux cheveux étrangement argentés ne semblait guère charpenté, son attitude cependant leur offrait une vision plus rassurante. Il y avait quelque chose de Guerrier, de mystérieux, de vraiment épique en lui. Le passager rêvait de communiquer avec et il devait faire des efforts pour respecter l'attitude de repos du Jedi qui avait fermé les yeux.

Quant à Luke, il était tout aussi sage, silencieux et plongé dans ses pensées. Ravi d'avoir facilement cédé devant les conclusions de la policière et de son ami, il s'en félicita vaguement, récupérant un peu de sa chaleur corporelle dans la fourgonnette -il faisait relativement froid dans l'ancienne station et le stress avait achevé de dérégler son interprétation du climat.-. Pouvoir relâcher ses muscles adoucissait ses courbatures et évitait le réveil prématuré de ses blessures, trop fraîches pour être insupportables Se reposer sans vraiment penser -parce que ça allait forcément tergiverser dans son esprit- à surveiller leurs anciens adversaires dont le sagace Zébra leur ferait du bien. Malgré son inquiétude concernant ce dernier, le jeune Jedi décida de lâcher prise, au moins quelques minutes pour s'intéresser à Karm qui paraissait... Vidé.

La présence des policiers et des geôliers l'empêchaient de poser sa main sur celle de l'explorateur mais ils avaient la Force. Par son biais, il essaya de lui insuffler toute la sécurité possible, plus, peut-être que celle dont lui disposait, mais c'était ainsi. Les deux Jedis se complétaient. Lorsque le Hapien se sentait égaré sur le terrain, l'Ark-Ni prenait automatiquement le relais, maintenant, au sein de toutes ces discussions administratives, c'était le Consulaire qui s'affirmait, entourant son compagnon d'une bulle rassurante. Loin de lui l'idée d'imaginer que Karm ait besoin de protection tel un fragile petit être, cependant, il tenait à le soutenir lorsque la tension se faisait sentir. Ces moments-là, chacun les détectait voir les anticipait de plus en plus facilement chez l'autre, parce qu'ils avaient appris à se connaître sans avoir besoin de parler ou de se voir.

- Vous avez dû en voir des sacrées choses.

Commença un des Bakuriens d'un ton bourru -celui qui se retenait jusque là de lancer la conversation. plus parce qu'il voulait se donner un genre d'ailleurs que parce qu'il l'était vraiment. Ses collègues avaient d'ailleurs sursauté, peu habitué à ce timbre de baroudeur. En tout cas, le premier espérait clairement que cette phrase déclenche toute une série de contes épiques et le second dû penser que c'était une bonne idée car il tendait l'oreille avec attention. Luke, lui était attentif aux prisonniers et à Karm. Luke décida de l'ignorer royalement afin de faire passer le message "on se repose", ignorant si cela suffirait. Jusque là uniquement plongé dans ses songeries, il accéda au monde plus profond, secret et intérieur qu'était la Force. Il demanda à l'esprit de son ami l'autorisation de se mêler à lui, transférant toujours une impression de bien-être mêlé à une sorte de sérénité. Une onde légèrement plus épicée et joyeuse visant à démontrer combien il était fier des progrès de son Explorateur d'aîné fila jusqu'à l'épicentre de son cerveau. Des félicitations made by Jedi, ou plus spécifiquement de ces deux-là, puisque leur lien était assez développé pour qu'ils s'autorisent à de légères divergences, outre les transmissions mentales habituelles. Un peu comme le morse, le Consulaire contrôlait la force, la vélocité, la durée de l'Onde, il y ajoutait des sensations, souvent associées à une sensation tactile -une brûlure, le froid, la douceur d'un tissu.- associé à une émotion. Piquante, légèrement bravache, cette fois, il s'était voulu optimiste, un peu goguenard en espérant nuancer la gravité de la situation, tout conscient qu'il fut de l'énormité que cela représentait. Les vrais mandataires des assassinats d'un équipage entier ne seraient peut-être jamais interpellés, et si c'était le cas, cela prendrait beaucoup de temps. Cependant, ils avaient déjà fait un pas.

***

Déposé par la fourgonnette qu'il accompagna, debout sur le parvis, guettant le bruit des roues qui s'éloignaient, le Jedi traversa le hall de l'accueil de l'hôpital avec un goût de tristesse au coin des lèvres et des yeux. La mission s'apprêtait à se terminer pour eux, mais il était déçu comme Karm de ne pas voir la tête de l'hydre, de devoir arrêter si tôt. Du moins pour le moment, sur Bakura. Un peu inquiet pour son compagnon qui devait être éprouvé, il répondit le plus vite possible aux infirmiers de l'hôpital qui reconnurent des blessures défensives sur son corps, pure stratégie pour s'assurer que Zébra et Jean seraient enfermés assez longtemps avant de trouver de quoi justifier le vrai chef d'accusation. Leur garde à vue serait allongé avec une suspicion d'enlèvement et d'attaque sur deux représentants de la loi avait songé le Hapien, un subterfuge tout à fait légal utilisé par les policiers. Le soir même il déposait une brève plainte par hologramme qui suffirait à garder les 4 malandrins au frais. Après quelques soins primaires qu'il aurait pu s'auto-réaliser mais menaçant de le fatiguer davantage, le Jedi retrouva Karm dans le fameux logement de fonction. Séparé par une cloison relativement fine, se trouvait un autre appartement plus luxueux dont hériterait Jasmine en arrivant après avoir accompli son devoir. La femme avait demandé à être également reçu là-bas et personne n'avait eu le cœur à lui refuser, elle dormirait donc dans le logement d'à côté.

Le Hapien déposa son sac sur une chaise et s'écroula presque sur un canapé découvert au hasard de ses doigts se promenant deci-delà. Lorsqu'il reconnut l'aura de son ami, il l'interpella en silence, l'invitant à venir à ses côtés. Ses doigts cherchèrent à s'entrelacer aux siens et il souffla, autant de fatigue que de contentement. En parallèle, le Jedi éprouvait une grande peine pour Jasmine et un peu pour Jean, également.

- Hey je suis fier de toi, et aussi très heureux d'avoir enfin retravaillé sur le terrain avec toi. Merci d'être venu me sauver si vite.

Commença Luke qui sentait au fond de lui que tous deux avaient besoin de débuter avec du positif, histoire d'avaler la pilule concernant la tentaculaire affaire. Il aimait lancer les brieffings sur du positif, même si avant il aurait considéré ça comme une hérésie, une auto-satisfaction très peu Jedi, pour autant il apprenait doucement qu'accepter d'avoir bien fait les choses et de le reconnaître n'était pas une honte.

La porte d'à côté soudain se fit entendre, accompagnée des bruits caractéristiques d'affaires qu'on laisse choir au sol ou sur un meuble. Jasmine venait d'arriver dans son propre "logement" au coeur de la CFB.

- À quel point en étaient-ils arrivés pour que son arrestation provoque une sorte de soulagement chez elle? Je l'ai senti.

Murmura-t-il à l'Ark-Ni, se raccrochant à ses mains avec le message, la supplique implicite qu'ils n'en n'arrivent jamais à ça. Heureusement question corruption ce serait difficile étant donné leur loyauté envers l'Ordre. Mais le reste? En arriveraient-ils un jour à ne plus se supporter au point de chercher la moindre excuse pour justifier une séparation. Probablement pas car ils avaient toujours fini par discuter, s'ouvrir à l'autre et tenter de régler les soucis avant qu'ils ne s'enflamment. Du reste, ni Karm ni lui n'étaient du genre à s'enflammer.

- Bon, il serait temps que je t'examine.

Ajouta gentiment Luke en frôlant l'esprit de son aîné, aussi bien parce que ça faisait parti de leur rituel que pour changer la tonalité de la conversation. Il parlait évidemment au sens propre, après tout l'Ark-Ni s'était vaillamment battu. Dans un prémisse de geste, le docteur -presque- improvisé chercha à retirer la veste du -presque- patient. Au-delà du rituel, bien sûr, il y avait surtout son oreille, attentive, prête à écouter Karm se livre, ou pas, selon ses besoins.
Karm Torr
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Ouais.


C’était la réponse laconique de Karm qui avait d’abord frustré les policiers en charge de l’escorte du convoi, mais, à peine Luke livré à l’hôpital du secteur central, l’Ark-Ni, privé de la présence de son compagnon dans la Force, consentit à sortir de sa propre méditation pour partager quelques-unes de ses aventures.


C’était un instrument à double emploi. D’abord, évoquer ses exploits décourageaient durablement les quatre malfrats de rien tenter d’héroïque. Ils savaient désormais que le Jedi avait affronté des adversaires autrement plus féroces qu’eux. Ensuite, c’était une manière de nouer de bonnes relations avec les policiers sur place. Karm n’était sans doute pas le plus sociable des Jedis, mais son côté peu protocolaire et son tempérament d’homme de terrain lui permettaient souvent de sympathiser facilement avec les policiers et les militaires.


Les formalités administratives, au commissariat, furent largement dirigées par la commissaire Lyre et Jasmine. De ce qu’en percevait l’Ark-Ni, les deux femmes avaient l’une pour l’autre un respect professionnel qui n’était peut-être pas sans être teinté d’esprit de compétition. Mais dans ce monde d’hommes, elles savaient que leur solidarité pouvait être un instrument essentiel, comme l’enquête du jour venait le prouver.


Une fois, deux fois, trois fois, Karm donna son témoignage, précis et laconique, factuel, délivré d’un ton égal, mélange d’habitude et de tempérament. On s’empressa de le libérer néanmoins. Il y avait encore beaucoup à faire, et personne n’avait envie de s’encombrer d’un étranger, Jedi de surcroît. Pas le temps pour expliquer les subtilités du système judiciaire bakurien ou s’étendre sur la jurisprudence.


À peine sorti du commissariat, Karm fut abordé par un homme solidement bâti, dont toute l’attitude trahissait l’agent de sécurité.


CFB. Je suis là pour vous escorter en sécurité.


D’un regard circulaire, Karm confirma la présence de plusieurs drones qui circulaient autour du commissariat. La stratégie de Jasmine était donc payante. Les intentions de son vis-à-vis, sondées à travers la Force, lui parurent fiables, autant qu’il puisse en juger, et d’un hochement de tête, il approuva. Bientôt, il était assis à l’arrière d’un speeder blindé aux vitres teintées, qui filait souplement dans le ciel de Bakura.


Cette fois-ci, personne n’essaya de lui parler. Les agents de sécurité, des mercenaires bien entraînés, ne donnaient pas dans le bavardage. Ils avaient une mission qu’ils accomplissaient avec un professionnalisme mutique et quelque effet que leur faisait peut-être la rencontre avec un Jedi, ils le dissimulaient complètement. Un quart d’heure plus tard, Karm fit son apparition dans l’appartement qu’on leur avait dévolu.


Un sourire éclaira son visage quand il aperçut Luke et il ne se fit pas prier pour le rejoindre sur le canapé. Ses doigts vinrent vite retrouver ceux de Luke et, entorse à son flegme ordinaire, il laissa échapper un soupir de satisfaction. La journée avait été longue, mouvementée, et la satisfaction des arrestations se mêlait à la frustration de savoir que tout, désormais, leur échapperait.


T’avais l’air de te sauver très bien tout seul, murmura un Karm attendri, en tournant le regard vers Luke. Tu manies la canne d’aveugle avec une singulière vivacité, de ce que j’ai déduit en voyant l’état de tes adversaires.


Il regrettait d’ailleurs de ne pas avoir pu assister au combat.


Sa main se libre se posa sur la joue de Luke, pour la caresser du pouce.


J’espère qu’ils t’ont pas fait trop de mal, Luke…


Comme souvent, le prénom de l’Hapien avait été murmuré avec une tendresse brûlante.


En tout cas, les Jedis, eux, leur en avaient fait beaucoup.
C’était toujours ça de pris.


Karm haussa un sourcil quand Luke se proposa de le soigner. Il faillit répliquer qu’il était parfaitement indemne, mais comme le Consulaire commençait à lui ôter sa veste, l’Ark-Ni se ravisa sagement, en songeant qu’il serait bien imprudent de sa part de s’opposer aux examens consciencieux de son médecin en chef.


Très docilement, donc, l’Ark-Ni se débarrassa de son blouson.
Et de son tee-shirt.
(Habitude solidement ancrée.)
(D’ailleurs, s’il s’était écouté, il aurait feint la blessure à la fesse droite pour se débarrasser de tout le reste.)


Je me demande pourquoi elle l’a épousé. J’ai du mal à croire que… je sais pas… elle ait pas senti qu’ils étaient incompatibles… ‘fin, j’imagine, c’est difficile à imaginer, pour nous, qui percevons les gens plus… profondément.


Parfois, Karm essayait de se représenter ce que les êtres ordinaires comprenaient du monde qui les entourait, sans la Force, mais l’exercice était d’une singulière difficulté. Pour un Jedi bien entraîné, tant d’intuitions infimes reposaient sur la conscience toujours renouvelée de la Force, sur une clarté d’esprit qui naissait de sa présence en toute chose, que l’idée de son absence était celle d’un aveuglement autrement plus profond que celui qu’éprouvait Luke.


Moi, en tout cas, poursuivit Karm sans vraiment réfléchir, je sais que je t’épouserais sans l’ombre d’un doute.


Il se rendit compte trop tard de ce qu’il venait de dire et un violent embarras l’envahit aussitôt.


Je… euh… ‘fin… j’veux dire… tu sais, quoi…
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