Cette seconde journée de combat a commencé depuis plusieurs heures déjà sous l’œil des Seigneurs Sith rassemblés sur les immenses estrades de pierre encadrant la large zone de combat circulaire et de la jeune Impératrice. Celle-ci, à ciel ouvert, est principalement constitué du sable rougeâtre témoignant des combats de la veille .

L’estrade centrale, particulièrement travaillé, est réservé à Ysanne Ha'mi et aux membres du Conseil Noir. Autour de celle-ci se trouve les sièges réservés aux seigneur Sith de moindre importance. S'en suit les zones réservés aux guerriers Sith et aux aspirants Sith encore trop jeune pour participer au tournoi. Les apprenti Sith ayant déjà été éliminé et en état d'assister au second tour du tournoi se sont vu attribuer des places dans les gradins.

Pour les autres toujours en course la nuit a été courte et la plus part d'en eux ont pris soin de soigner leurs blessures afin d'être au top pour cette seconde journée !


Guidé au cœur de l'arène, l'ancien Padawan Kolin et le Gungan Yulpi se font à présent face pour juger qui d'entre eux a le niveau de passer à la suite de la compétition. Entre eux, un vieux maître d'arme officiant à l’académie Sith commence à leur énoncer les règles du combat à venir, mais elles les connaissent déjà l'une comme l'autre.

" Les règles sont simples, ceci est un combat où tous les coups sont permis ! Usez de tout ce que l'on vous a appris pour prendre le dessus sur votre adversaire et la terrasser ! La gagnante passera au prochain tour et attirera sans doute l’œil des divers seigneurs et guerriers Sith présent ! La perdante quant à elle aura raté une occasion unique de se faire bien voir, si jamais elle survit au combat bien évidement ! "

S'écartant du centre de l'arène, l'homme fait signe aux combattants qu'il est l'heure.

Pendant le combat, Yana s'était plainte à plusieurs reprises alors qu'elle s'était pourtant inscrite au tournoi. Le combat, soi-disant, n'était pas son truc, elle se voyait plus comme une diplomate. Alors elle n'avait rien eu à faire ici. Yulpi avait essayé de la provoquer, pour redonner du sel dans un duel plus qu'ennuyeux où il n'avait fait que dominer un adversaire qui mettait de la mauvaise volonté à se battre. Seul résultat : Yana avait jeté l'éponge. N'importe quoi.

Yulpi avait donc été déclaré vainqueur de son premier combat du tournoi mais ça n'avait eu aucune saveur. Juste un arrière-goût de frustration. Il était Yulpi Bepads, un champion en devenir, il méritait de meilleurs adversaires ! Les premiers matchs du tournoi avaient sans doute été tirés au sort, de toute façon, personne n'avait choisi de lui coller Yana comme premier adversaire. C'était juste mal tombé. D'autres Apprentis à sa place auraient été plutôt contents d'avoir un adversaire facile pour commencer ; mais Yulpi aimait le combat, non, il adorait ça, tant que ça ne finissait pas en giclées de sang, et il voulait des défis à sa mesure.

Pour le match présent, il allait être opposé à un certain Kolin. Yulpi fit son entrée dans l'arène, saluant la foule et exécutant une roue suivie d'un saut périlleux avant juste pour se la péter. C'est qu'il fallait savoir réussir ses entrées... Bon, c'était très subjectif. Certains y verraient du panache, d'autres une frivolité ridicule.

Il observa son adversaire de la tête aux peids. Kolin était un Humain, inutile de préciser qu'il était jeune. Sa musculature était fine et sèche. Il n'avait pas du tout l'allure d'un cogneur. Plutôt celle d'un gars qui au contraire avait trop souvent été cogné... mais qui avait toujours su encaisser. Kolin n'était pas le genre de gars à fréquenter les salles de musculation ou les salles d'entraînement, mais à se forger une volonté de fer par des confrontations directes. C'est en tout cas ce qu'il inspirait à Yulpi. En résumé : un adversaire semblant faible au premier coup d'œil, mais qui n'allait pas se laisser terrasser facilement. Et puis, après tout, à partir du moment où ce jeune Humain avait su se faire une place à ce stade du tournoi, c'est qu'il valait quelque chose en combat. L'arène, il n'y a que ça de vrai. Ca ne ment pas.
Alors il fallait se méfier de lui.

Yulpi plissa les yeux en fouillant dans sa mémoire. Ce visage... Il l'avait déjà vu, il en aurait mis sa main à couper. Mais pas moyen de se remettre où et quand. Et si ce visage lui disait quelque chose, c'est pas simplement parce qu'il avait dû le voir à l'Académie. Oui, Kolin était un Apprenti comme tous les autres participants de ce tournoi, Yulpi avait dû voir au moins une fois le visage de chacun des concurrents. Seulement, Yulpi était sûr de n'avoir croisé cet Humain que très peu dans les couloirs ou même en salle de cours. Mais alors, où ? Pourquoi cette certitude de l'avoir connu ailleurs ?...

YULPI – Hey, on s'connaîtrait pas déjà ? On se s'rait pas vus en-dehors de l'Académie ?

Bon, au final, ça n'avait aucune véritable importance. Autant se concentrer sur le combat. Yulpi alluma son sabre-laser pendant le récapitulatif des règles. Puis, quand le début du combat fut sonné, il s'approcha de son adversaire. Puis s'éloigna. Puis le contourna. Puis s'approcha. Puis s'éloigna. Puis bougea, se rapprocha, bougea encore, fit une feinte...

Tout ça pour tester les réflexes des Kolin, et se faire une première évaluation de ses capacités. Puis il porta sa première attaque.

Le premier combat s’était bien déroulé. Malaco une ancienne padawan comme lui avait été une adversaire courageuse et opiniâtre. Indomptable mais téméraire et brouillonne, la victoire avait été facile à obtenir, aveuglée par sa rage la combattante n’avait pas pu échapper aux assauts méthodiques et chirurgicaux d’un Kolin au sommet de sa forme. Il avait fait bonne impression aux Seigneurs qui s’agglutinaient au bord de la tribune où siégeait l’impératrice mais l’ancien gamin des rues n’en ressentait aucune fierté, il n’avait rien à prouver à personne, à part à lui-même.
Torse nu, vêtu d’un simple pantalon de toile, l’ancien padawan avait pu profiter d’à peine quelques minutes de répit pour méditer silencieusement dans un coin de l’arène le temps que le second tour débute. Les cris du public ou les râles de douleurs des vaincus qui s’écrasaient blessés sur le sol de sable ne lui faisait pas même cligner des paupières tant il était en osmose avec la Force, quelque part dans l’ombre du côté obscur.

Finalement la voix rauque d’un Kel’Dor en charge des combats lui indiqua que le second duel allait commencer. Sans un mot, l’apprenti se leva et se dirigea vers le sud de la grande arène. Le sable était encore humide du sang du précédant combat, l’atmosphère lourde à défaillir, des bruits de tambours raisonnaient et battait la mesure du carnage annoncé.

Un gungan, singulier adversaire pour un lieu qui l’était tout autant. Un simple haussement de sourcil accueillit l’entrée remarquée de son adversaire. A une époque il aurait ri de bon cœur devant le panache de ces acrobaties, une époque lointaine. Il dévoilait déjà de précieux indices, Yulpi était agile, rapide et explosif et ne serait pas aussi simple à défaire. Les gungans était racialement avantagés sur les humains grâce à leur souplesse naturelle. De plus, il était sorti victorieux du premier tour ce qui le rangeait dans la catégorie des apprentis dangereux et qu’il fallait traiter comme tel. Le premier tour était un simple échauffement de ce qu’il avait entendu dans les couloirs.

Sobrement, Kolin alluma son sabre et gratta ses orteils nus dans le sable pour asseoir ses appuis pendant qu’un assistant expliquait les règles aux combattants qui savaient qu’elles pouvaient se résumer en une phrase : « il n’y a pas de règle ».

Tu as raison, nous nous sommes déjà rencontrés, je te laisse chercher, je suis sûr que ça te reviendra. Au fond tu es toujours là où ne t’attends pas.

Le coruscanti l’avait reconnu immédiatement, la formes de son visage, sa voix, ses mimiques. C’était l’apprenti Sith qui s’était joué de lui dans les souterrains de Lorrd deux ans plus tôt alors qu’il était en mission d’évacuation des civils. Le Sith s’était fait passer pour un civil et avait presque réussit à se faire conduire auprès des poches de survivants. Les deux s’étaient ensuite brièvement affrontés pour récupérer un enfant dont les parents étaient morts sous les bombes impériales. Une ironie du sort avait fait écrouler les souterrains conduisant Kolin à l’extérieur, l’endroit même où il avait été fait prisonnier, l’endroit où l’idéal qui l’animait avait été fissuré.

En position de défense, les deux mains serrées sur son sabre vert, il suivait des yeux les mouvements rapides anticipant une attaque. Tous ses sens étaient en alerte, comme à chaque combat, depuis des années il sentit cette pointe d’adrénaline lui remonter l’échine.

Explosif, comme prévu, Yulpi attaqua mais manqua son coup. L’occasion rêvée pour débuter ce combat. D’un geste de la main alors qu’il se déplaçait sur le côté, il utilisa la télékinésie pour attirer à lui le sabre du gungan, une technique qui avait parfaitement fonctionné avec Malaco


Dans un second pas rapide, il banda son arme pour frapper son adversaire à l’aine en poussant un grand cri. Il visait bas pour la handicaper rapidement, le coup fut vif, précis.



Kolin ne lui en voulait pas pour les souterrains, plus maintenant. Il n'y avait pas de vengeance, simplement une victoire à aller chercher.

Tu es plus facile à atteindre quand tu n’es pas dans les égouts.

Cracha ensuite le padawan avec un sourire carnassier.

Tout ce petit manège servait juste à tester les réflexes de Kolin, et le résultat fut assez cinglant. Yulpi s'était plus perdu lui-même qu'il n'avait perdu son adversaire. A trop vouloir faire le malin, à trop vouloir montrer à quel point il était mobile et agile sur ses pieds ronds et nus, Yulpi ne s'était pas suffisamment concentré. Contre Yana, encore, ça aurait peut-être pu passer, mais Kolin s'annonçait comme un adversaire d'un tout autre niveau. L'Humain, lui aussi pieds nus dans le sable, restait très sobre dans ses gestes, mais au moins, lui, était parfaitement concentré dès le début du duel. Une bonne leçon pour le pétulant Gungan.

Grâce à cette concentration, Kolin désarma Yulpi d'une Télékinésie parfaitement exécutée, et contre-attaqua avec beaucoup plus de précision... et de sournoiserie : en effet, l'Humain visa l'aine et réussit à l'atteindre, et Yulpi put juste s'estimer chanceux de ne pas être un mammifère, car en tant qu'amphibien ses parties génitales étaient internes. S'il avait été un congénère de Kolin, cette attaque aurait été autrement plus vile.

L'aine restait quoi qu'il en soit une zone sensible. Yulpi recula de deux pas, un peu choqué de se faire punir si tôt dans ce duel, dès la première action en fait. Il resta un instant plié, mais eut plus l'esprit à méditer sur la réponse orale de Kolin que sur cette première douleur. Kolin semblait, lui, parfaitement se rappeler à quelle occasion ils s'étaient déjà rencontrés. Sa façon de lancer à Yulpi qu'il « était toujours là où on ne l'attendait pas » sonnait comme un indice, mais pas suffisamment précis pour raviver d'un coup le souvenir de leur rencontre.

Yulpi se passa nerveusement une oreille derrière l'épaule, écoutant les clameurs du public installé dans l'arène. Il espérait vraiment ne pas se ridiculiser dans ce duel, mais Kolin venait déjà de le faire douter.
Bon, allez, il fallait se reprendre !
Yulpi se remit à sautiller, quoiqu'un peu moins que dans les premières secondes, et durcit son regard.

KOLIN – Tu es plus facile à atteindre quand tu n'es pas dans les égouts.

Les égouts... Les égouts... En voilà un sacré indice ! Mais voilà aussi de quoi faire gamberger Yulpi en plein pendant un duel.
Du coup, le Gungan réattaqua sans réelle conviction ; alors qu'il venait de se dire qu'il devait se concentrer à fond sur son combat, il ne l'était qu'à moitié, l'autre moitié de son esprit occupée à essayer de faire remonter le souvenir d'une rencontre dans des égouts. Il enchaîna trois coups de poing en forçant Kolin à reculer, puis un coup de pied direct dans le buste. Enfin, il tendit le bras pour essayer d'étrangler son adversaire avec la Force. Quelque peu vexé d'avoir encaissé une attaque dès le début du duel, il eut la volonté de s'acharner, en quelque sorte, sur cet adversaire pour ne pas le laisser reprendre l'avantage.

Tout alla très vite, Kolin sentit sa poigne se refermer sur l’arme du gungan alors que son coup de sabre faisait mouche dans la zone visée. Yulpi fit un pas en arrière pour reprendre ses esprits permettant à Kolin de reprendre son équilibre.

Le combat s’annonçait sous de bonnes auspices, l’expérience avait montré que le premier coup porté était le plus important. Car qu’importe la douleur physique, le doute était une arme bien plus redoutable. Pernicieusement ce doute prendrait peu à peu forme dans l’esprit de Yulpi, le faisant douter, le rendant moins alerte, moins sûr de ses propres capacités. Kolin l’avait déjà constaté à de nombreuses reprises, la force de l’esprit était infiniment supérieure à celle des poings ou des pieds. Paradoxalement, l’apprenti n’en tirait aucune fierté et gardait en tête qu’un animal blessé et acculé pouvait être encore plus dangereux. Ce combat était loin d’être terminé et la concentration devait rester intacte. Il n’en voulait plus à Yulpi, chacun avait son combat à mener, la vie était ainsi faite.

Tu me remets pas ?

Nota le jeune adulte en faisant un pas de côté imaginant sans peine que son adversaire d’un jour ne se souvenait pas de cette pénible expérience dans les sous-sols de la capitale de la ville gelée. Une pénible expérience qui s’était soldée par la mort des milliers d’innocents et par celle d’Orian, un jeune garçonnet abandonné à la rigueur de la vie que Kolin avait bien maladroitement essayé de sauver des griffes impériales. Un gamin qui avait rejoint les rivières de la Force, de là où on revenait jamais.

Nous n’étions pas dans le même camp à l’époque. Ma rencontre avec toi m’a laissé un sentiment glacé.

Un nouvel indice de quoi faire fonctionner à plein régime l’esprit du gungan pour qu’il se concentre sur autre chose que sur le combat, peine perdue. Le combattant faisait ce pourquoi il existait, attaquer. Kolin ne vit rien venir et pris les coups de poings assenés avec violence comme autant de souvenirs du passé. Il réprima un cri de douleur au dernier assaut qui lui fendit la lèvre d’où s’échappa un mince filet de sang. Blessé et légèrement sonné, il fit un pas en arrière.

Le regard cadavérique de l’humain plongea droit dans celui de Yulpi quand il sentit la pression de la Force se resserrer autour de son cou. Suffoquant, il concentra sa propre aura de Force pour résister à l’assaut. Le combat précédent avait laissé des traces.

Jet de sagesse pour se défendre d’étouffement = échec

Crachant par terre il finit par se dégager et tomba à genoux en massant son cou meurtri par l’attaque et toujours imperceptiblement sonné par les coups de poing.

Je savais que ça ne serait pas aussi facile qu’au premier tour. Maugréa-il en se relevant en prenant appui sur le sable chaude au sol.

Calme-toi, calme-toi, reprend le contrôle, reprend le contrôle, murmura pour lui-même l’apprenti, pour retrouver la pleine conscience de ses perceptions et ses capacités alors que l’adrénaline était à présent totalement en possession de son corps. Il n’était pas mort, loin de là. A peine relevé, il fit un bond spectaculaire en avant, sabre tendu sur le côté pour frapper au niveau du torse.

Jet d’agilité pour attaque au sabre sur Yulpi

Il n’avait rien à prouver aux Seigneurs qui se repaissaient de ces combats, rien à prouver à son valeureux adversaire mais tout à se prouver à lui-même. Ce n’était qu’en combattant des ennemis puissants que l’on devenait puissant. C’était ce pourquoi il se battrait, jusqu’à la mort s’il fallait.

Kolin voyait bien dans le regard de Yulpi que ce dernier pataugeait dans ses souvenirs. Non, Yulpi ne le remettait pas. La question n'attendait pas de réponse, c'était plus une remarque qu'autre chose. Le problème avec ça, c'est que Yulpi n'était plus tout à fait dans son combat. Encore qu'il venait de réussir son enchaînement de coups mixtes, faisant légèrement saigner la lèvre de l'Humain qui avait envoyé un crachat dans le sable de même couleur, celle de leurs sabres-laser, en sortant de l'Étouffement de Force.

Les sabres-lasers... Il faudrait bien que Yulpi récupère le sien, en y repensant. Il était tellement à l'aise en se battant sans, qu'il pouvait oublier que dans un combat décisif, il valait quand même mieux se battre avec. Il restait encore à saisir la bonne opportunité. C'était peut-être trop tôt : Kolin était un bon combattant, manifestement, et il devait encore anticiper une tentative de Yulpi de lui reprendre son arme dérobée. Si Yulpi s'y prenait maintenant, il tomberait dans le piège. Il fallait attendre une erreur de Kolin pour saisir l'opportunité.
En espérant que cette erreur ne tarde pas trop à se produire...

KOLIN – Je savais que ça ne serait pas aussi facile qu'au premier tour.

Flatté, Yulpi sautilla avec le sourire.

YULPI – Ah bah tiens ! T'as un futur champion en face de toi, hé ! Et je vois bien ta tentative de me déconcentrer !

Car Kolin n'avait pas seulement noté que Yulpi essayait de se souvenir de leur première rencontre au risque de se déconcentrer tout seul : il avait essayer d'en tirer avantage en distillant un ou deux indices, notamment le fait qu'ils n'étaient pas dans le même camp à l'époque. Cela sous-entendait-il que Kolin avait été un Jedi ce jour-là ?

Même en voyant bien la manigance de son adversaire, Yulpi ne pouvait pas s'empêcher de tergiverser. Or ce n'était pas le moment. Il n'imaginait pas Kolin essayer de le tuer dans ce tournoi mais il devait rester sur ses gardes, et puis de toute façon, il voulait gagner ce tournoi ! Tisjess doutait suffisamment de lui, de ses prises de décisions en tout cas, alors Yulpi devait au moins prouver à tous les Seigneurs Siths ici présents qu'il valait cher au combat ! Au moins ça ! Son domaine de prédilection !

Yulpi réussit à rester suffisamment concentré pour voir l'attaque de Kolin venir, peut-être pas assez pour la parer proprement. Il en tira une estafilade sur la poitrine. Il était bon pour remplacer sa bure.

Le Gungan ne pouvait pas se permettre de porter des coups libres, lâchés, alors que son adversaire se défendait au sabre-laser, ce serait des coups à se faire trancher un membre. Il tenta donc, maintenant qu'il s'était reconcentré à fond sur le combat, sur l'instant présent, au prix d'un grand effort mental, de dégager le bras directeur de Kolin, puis de porter un coup de pied en crochet derrière le crâne.

La dernière attaque du tumultueux ancien padawan fit presque mouche. Yulpi était agile, autant voire plus que lui-même l’était. La comparaison était pourtant injuste. Kolin avait toujours été beaucoup plus rapide et vif que la grande moyenne des humains, c’était d’ailleurs de cette explosivité volcanique et de son imprévisibilité qu’il tirait sa force. Toutefois, il avait en face de lui un gungan, une créature dont les traits raciaux lui donnait un avantage qu’il n’aurait jamais même en travaillant encore et encore. La Force se chargeait du reste.

En général ce sont les juges qui désignent les champions.

Sentenca l’humain en faisant plus pas de côté, sabre tenu à deux mains pour se préparer à déjouer une nouvelle attaque pernicieuse de son adversaire du jour. Une attaque qui vint. Le gungan lui fonça dessus, c’était ce à quoi il s’attendait. Solide sur ses appuis, l’apprenti laissa son bras choir sur le côté emporté par la pression de Force et fit un mouvement en arrière pour éviter le coup de poing qui lui frôla la pommette. Dans le même temps, il rabattit son bras directeur et armé vers le corps du gungan décidé à en finir. Un cri de rage contenu accompagna son attaque, attaque qu’il espérait mettrait fin au combat.

Son coup porté, avec la vitesse d’un félin en chasse, il fit un salto en arrière pour prendre un peu de distance et atterrit avec souplesse créant une trainée de sable. Un feu ardent dévorait ses prunelles océanes alors que l’intensité du combat gagnait en puissance.

Les actions simultanées du coup de poing de Yulpi au salto avaient été incroyablement rapides à l’image des deux combattants aguerris qu’ils étaient, se rendant coup pour coup avec la même implacable placidité. La haine et le côté obscur dévoraient se repaissaient de ce qu’ils étaient mais chez Kolin on ne pouvait déceler aucune manifestation de colère, une simple tranquillité, celle de ceux qui étaient assurés de remporter la victoire.

Le nom d’Orian ravivera peut-être ta mémoire. Il repose à présent dans la Force, loin de tout ce merdier.

Un nouvel instant répit lui donna le temps de scruter le sabre du gungan. Puis, un imperceptible sourire aux lèvres, il le jeta en direction de son adversaire. Un acte de pitié ? Une preuve de fair-play ? Nullement. L’humain était ici pour lui-même pas pour prouver à une bande de Seigneurs qu’il était le plus fort. S’il devait échouer face à Yulpi, il le ferait dans les règles. Que vaudrait par ailleurs une victoire face à un adversaire désarmé. Ce combat, comme le reste n’était qu’un test.

Kolin se testait pour lui, quels enseignements tireraient-ils d’une victoire un peu trop facilement arrachée. Ce combat comme tous les autres était idiot, abject et sans intérêt. Kolin méprisait durement les apprentis qui n’avaient eut de cesse d’en parler les jours précédents. Ceux qui espéraient gagner le respect des Seigneurs étaient les pires de tous. Le respect ne se gagnait pas, il se prenait, en se respectant soi-même.

A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.

Ne prend pas ce geste pour de la pitié. Je ne veux pas combattre un futur champion
désarmé voilà tout.

Précisa le jeune guerrier avec un sourire amusé ne sachant pas encore exactement dans quelle catégorie place Yulpi. Un fanfaron, un arriviste, autre chose ? Un peu tout à la fois ?

KOLIN – En général ce sont les juges qui désignent les champions.
YULPI – Quand j'aurai foutu à terre tous mes adversaires jusqu'à la finale, le jugement sera vite fait !

Après tout, dans ce tournoi, le vainqueur n'était-il pas le dernier adversaire debout ? C'était factuel, nul besoin d'un jugement subjectif pour désigner le vainqueur. Yulpi avait l'habitude des arènes, et il n'avait que rarement été surpris par les décisions des arbitres. Mais après avoir bourlingué dans plusieurs arènes à travers la galaxie, sur Nar Shaddaa ou ailleurs ; mais c'était la première fois qu'il se battait dans celle-ci, la plus importante de toute, celle qui ferait que chaque Apprenti serait enfin obligé de reconnaître un Gungan comme un grand champion et un adversaire d'estime. C'était le seul moyen pour Yulpi de se rendre crédible à l'Académie.

Kolin put parler car il avait évité le pire avec le coup de pied en crochet porté par le Gungan. En se reculant, il avait été frappé à la joue plutôt qu'à la nuque, de façon superficielle. Cela faisait toujours ça de plus parmi les coups qu'il avait pris, et Yulpi se sentait sur une bonne lancée. Tout sautillant, le Gungan semblait reconcentré sur son combat, ne cherchant plus trop à réfléchir aux circonstances de leur première rencontre. Cela lui permit de voir l'attaque suivante de Kolin venir, sans parler du cri de rage annonciateur : Kolin y mit de la puissance, mais Yulpi se déroba sur le côté puis fit un pas en arrière par précaution pour éviter toute réplique. Il ne devait pas oublier qu'il se battait à mains nues contre un adversaire armé d'un sabre-laser, et ce désavantage lui interdisait toute imprudence jusqu'à ce qu'il parvienne à récupérer sa propre arme.

Indéniablement Kolin était très agile, mais Yulpi ne l'était pas moins que lui. Ce duel allait sûrement se jouer sur l'endurance. Yulpi espérait avoir sur ce terrain-là un avantage un peu plus sensible sur Kolin. Ce duel était en tout cas de toute beauté pour les spectateurs, chaque Apprenti se rendant coup pour coup, se montrant dangereux à chaque instant, aucun des deux ne se laissant dominer par l'autre. Bien malin était celui qui à cet instant pouvait prédire qui allait sortir vainqueur. De plus, Yulpi était bien revenu à l'instant présent, de nouveau concentré... mais il fallut que Kolin en remît une couche pour le distraire :

KOLIN – Le nom d’Orian ravivera peut-être ta mémoire. Il repose à présent dans la Force, loin de tout ce merdier.

Orian... Orian...
Orian ! Un jeune garçon Humain ! Oui ! Les souvenirs remontèrent à la surface de façon soudainement très limpide. Se rappeler le nom puis le visage de ce garçon, permit à Yulpi de repenser à tout le contexte autour, et donc, à Kolin, et à leur première rencontre. En effet, Kolin avait été un Jedi. Ils s'étaient rencontrés dans des souterrains. Des égouts. L'indice de Kolin. Les égouts, le comportement impardonnable de Kolin envers Orian, tout revenait en tête à Yulpi.

YULPI – Purée, oui ! Orian, Lorrd, toi, un Jedi, ça y est j'y suis !

Mais pourquoi Kolin disait-il qu'Orian reposait dans la Force ? Yulpi fut envahi d'une émotion de tristesse en repensant à la façon dont il s'était séparé de l'enfant quand ce dernier avait fini par découvrir son appartenance au camp sith. Son œil s'humidifia.

YULPI – Mais qu'est-ce qui te fait dire qu'Orian « repose dans la Force » ?

Les bombardements. Orian n'avait peut-être pas survécu aux bombardements.
Voilà en tout cas qui venait de suffire à Yulpi pour se déconcentrer du combat. Il sursauta presque quand Kolin lui balança un objet. Mais pas n'importe quel objet : son sabre-laser. Kolin lui rendait son arme ?! Un peu au dernier moment avant que le manche ne tombe par terre, Yulpi l'appela par la Force dans sa main droite, et l'alluma, perplexe.

KOLIN – Ne prend pas ce geste pour de la pitié. Je ne veux pas combattre un futur champion désarmé voilà tout.
YULPI – Oh, je vois. T'essaies de te racheter après ce que t'as fait à Orian ? Tu devais vraiment pas te sentir bien dans tes habits de Jedi pour te comporter comme ça !

Yulpi eut l'intention de dire cela sur le ton de l'humour, mais son ton se fit beaucoup plus accusateur qu'autre chose, malgré lui. Il faut dire qu'à ce souvenir, il en voulait toujours à Kolin. Et il ne savait pas vers qui exactement il pouvait se tourner pour suivre ses propres valeurs. Les Siths, dans leurs guerre contre les Jedis, bombardaient des planètes et opprimaient voire massacraient des populations innocentes. Et Yulpi était dans ce camp-là ? Mais en quoi les Jedis valaient-ils mieux ? Kolin avait-il été exclu ou s'était-il lui-même exilé des Jedis à cause de son comportement envers Orian, qui n'aurait été qu'un cas parmi d'autres ? Ou bien avait-il eu ce comportement justement parce qu'il ne s'était jamais vraiment senti en accord avec les préceptes jedis et avec sa propre appartenance à ce camp ? Yulpi refusait toujours de considérer Tisjess comme une mauvaise personne, car ça avait été la première et la seule personne à lui avoir tendu la main après le massacre de Flux-Vagan, mais en le regardant, il y avait de quoi se demander si c'était la nature du Côté Obscur d'ignorer la vie d'innocents dans la poursuite d'un objectif.

Et voilà, la concentration de Yulpi n'aurait pas duré longtemps. De nouveau tourmenté par plusieurs pensées, il envoya un coup de sabre-laser rageux, sans aucune technique, sans aucune chance de toucher. Yulpi n'était presque même pas à bonne portée pour toucher son adversaire. Une attaque comme ça ne lui ressemblait pas.

Il devait se reprendre !

KOLIN – Orian est mort gazé au fond des souterrains, je n’ai rien pu faire. Désolé de te l’apprendre.

Pas moyen de se concentrer proprement sur ce duel pourtant très serré et visuel. Kolin ne cessait de dire des choses qui faisait planter l'esprit de Yulpi. Orian mort, gazé dans les souterrains ?! Yulpi aurait été affecté si Kolin lui avait dit avoir vu Orian mourir sous les bombardements après être enfin sorti lui-même des souterrains. Mais mort gazé à l'intérieur, ça n'avait aucun sens. Yulpi avait accompagné Orian jusqu'à la sortie, pourquoi l'enfant serait-il retourné dans les souterrains alors qu'il avait justement compris que Yulpi était un Sith en entendant un message dans son comlink annonçant la diffusion de gaz mortel ? Ca aurait été un suicide.

Kolin devait se tromper. Il avait dû confondre avec un autre garçon Humain. Ou ce n'était qu'une supposition de sa part. Orian et Kolin avait été séparés, ça aurait été un coup du sort qu'ils se retrouvent quelques minutes après.
Mais si c'était vrai ? Yulpi devait en avoir le cœur net. Ca ne semblait avoir plus aucune importance à ce jour, c'était déjà du passé, mais le sujet était là, et Yulpi ne pouvait pas continuer de combattre en se posant des questions sur ce qui avait pu se passer après sa séparation avec l'enfant Humain.

Yulpi ne put prendre la parole tout de suite, car Kolin venait d'amorcer un geste d'attaque. Une attaque grossière et étrangement brutale. Les deux combattants parlaient d'un sujet sensible, qui les plongeaient chacun dans une drôle d'émotion, et ce qui avait jusque là été un duel visuel, agréable à l'œil, composé de belles attaques, mutait en une parodie de bourrinage, alors que ni l'un ni l'autre n'avait la carrure d'un bourrin, bien au contraire.

Kolin était un jeune Humain gracile qui ne devait pas avoir remporté beaucoup de bras de fer dans sa vie. Il pouvait s'excéder rapidement et commettre le pire, Yulpi en avait été témoin. Mais il avait aussi, fallait-il croire, le sens de l'introspection. Il avait quitté le Temple Jedi depuis deux ans, car il avait réalisé que les Jedis ne valaient pas mieux que les Siths.
Drôle de phrase, pour quelqu'un qui justement avait rejoint le camp des Siths, tout bien considéré...

Yulpi avait esquivé l'attaque grossière de Kolin sans aucune difficulté mais voulait contester les affirmations de Kolin avant de reprendre le combat. Seulement, Kolin ne voulut pas lui accorder ce délai. Un nuage de sable s'éleva autour de Yulpi, comme soufflé par un vent provenant de Kolin, sauf que bien sûr, il n'y eut pas de vent, il n'y eut que la Force. Et Yulpi dut y résister. Fermant les yeux un instant, le Gungan s'ancra dans le sol mais aussi psychologiquement. Cette utilisation de la Force eut l'avantage de l'amener à se reconcentrer sur le combat, mais Yulpi se servit aussi du souvenir d'Orian et de toutes les émotions liées pour combattre la Force de son adversaire. C'est ainsi qu'il resta immuable au milieu du nuage de sable. Ce dernier obstruait la vue des spectateurs, mais lorsqu'il retomba enfin, chacun put voir que le Gungan n'avait pas bougé d'un centimètre.

Yulpi ouvrit les yeux en entendant Kolin lui poser une question. Il s'épousseta, ce qu'il faisait souvent d'un air goguenard mais pas cette fois, car il était à la fois étonné et vexé par la question. Kolin s'était permis de penser que la vie ne trouvait pas grâce à ses yeux. Alors oui, Yulpi était perturbé par l'annonce par Kolin de la mort d'Orian, parce qu'il n'y croyait pas ; et dans tous les cas, ça n'avait rien d'étonnant, Yulpi avait suffisamment montré qu'il n'avait pas voulu la mort de l'enfant.

YULPI – Nawak ! On est sortis des souterrains ensemble, lui et moi ! J'l'imagine pas y être retourné pour se faire gazer ! Alors si je suis perturbé, c'est parce que je sais pas d'où tu sors qu'il est mort. Et je sais pas non plus d'où tu sors que la vie n'aurait pas grâce à mes yeux ! Tu crois que parce qu'on est Sith, on peut tuer comme ça sans vergogne ?!

Qui essayait-il de convaincre avec cette dernière question, si ce n'est lui-même ?

YULPI – Bats-toi au lieu de raconter des cabotinages !

Yulpi reprit ainsi le combat et de façon moins grossière, ayant bien senti qu'en s'emportant n'importe comment, il n'avait aucune chance d'affaiblir son adversaire. Cette fois-ci, il allait l'obliger à se défendre !

Le tourbillon de sable cause par la vague de Force retombait doucement, l’air était chaud et lourd, l’odeur du sang omniprésente. L’ivresse du combat s’infiltrait dans les bronches de l’ancien padawan qui scrutait l’arène espérant apercevoir un gungan gisant au sol, soufflé tel un fétu de paille sous la toute-puissance de la Force. Le public s’était levé, certains spectateurs toussaient et faisaient de grands gestes pour chasser le sable qui s’était élevé jusqu’au sommet des gradins.

Kolin tâchait de se reconcentrer sur le combat, si au début de l’affrontement il avait été méthodique et chirurgical les souvenirs peu plaisants d’Orian et la rancune enfouie qu’il nourrissait envers Yulpi lui avait fait rater ses attaques. La colère était un catalyseur qu’il avait encore parfois du mal à maîtriser.
La silhouette de Yulpi immobile, profondément ancré dans le sable lui tira une moue de dépit. Ainsi donc, l’apprenti avait résisté à sa furie. Malaco avait courbé l’échine face à cette attaque, nouvelle preuve s’il en fallait une que le gungan serait un adversaire bien plus pénible à défaire.
L’idée d’un échec le traversa comme une lame affûtée sur une gorge innocente. Yulpi était-il plus fort que lui ? Non, non rien ne permettait de le démontrer jusque maintenant. Mais dans ce cas, d’où venait cette appréhension qui jouait avec ses sens ?

Mourir par le gaz ou par le froid, deux choix, un même destin. Quelle importance. A la fin nous rejoignons tous la Force.

Cracha Kolin en offrant un nouveau moulinet avec son sabre en faisant craquer les os de ses bras couverts d’égratignures.

Je crois que les faibles sont faits pour mourir. Je crois que seuls les plus forts survivent. Tu peux mettre à mort qui tu veux, ce n’est pas moi qui te jugerai. Au fond, c’est plus simple de prendre une vie que d’en sauver une. Tu crois pas ?

Répliqua-il aussitôt, transformé qu’il avait été par son année de torture dans les cachots de Korriban. Même s’il n’avait jamais ôté la moindre vie, Kolin savait à présent tout au fond de lui qu’il n’hésiterait plus à offrir à la Force ceux qui se mettraient en travers de sa route. Il en était convaincu. Yulpi n’avait rien fait pour mériter ce baiser de la mort. Au moins lui ne s’était menti toutes ces années.

Il avait anticipé l’attaque, reconcentré et en phase avec son environnement. Il offrit une série de parades adroites aux attaques de Yulpi ne le quittant pas des yeux. Il profita ensuite d’un moment de répit et sauta en arrière de plusieurs mètres pour prendre appui sur le mur qui soutenait les gradins. Il plia les jambes pour se donner de l’élan et s’élança vers Yulpi le sabre en avant, prêt à frapper avec toute la rage qui bouillonnait dans son cœur.

Agacé, perturbé, Yulpi ne sut offrir le sourire goguenard qui serait en temps normal apparu sur son visage en devinant la déconfiture de Kolin face à l'échec de cette vague de Force. Yulpi avait maintenant l'objectif de déterminer si l'assertion de Kolin au sujet d'Orian était un témoignage, une supposition ou même une provocation.

KOLIN – Mourir par le gaz ou par le froid, deux choix, un même destin. Quelle importance. A la fin nous rejoignons tous la Force.

Voilà déjà un bon premier indice. Presque un aveu en fait.

YULPI – Ouais d'accord en fait t'en sais blassba.

Kolin n'affichait aucune certitude que Kolin soit mort gazé, puisqu'il supposait maintenant qu'il pouvait tout aussi bien être mort par le froid... ou ne pas être mort du tout. En tout cas, ça ne ressemblait pas à de la provocation. Kolin ne semblait pas dire des choses comme ça dans le but de troubler Yulpi et de prendre l'avantage, ou dans celui plus sadique de lui causer de la peine tout simplement.

KOLIN – Je crois que les faibles sont faits pour mourir. Je crois que seuls les plus forts survivent. Tu peux mettre à mort qui tu veux, ce n'est pas moi qui te jugerai.

Est-ce chez les Jedis que Kolin avait appris des trucs pareils ? Yulpi avait déjà entendu nombre de Siths suivre ce genre de philosophie, mais il lui semblait justement que ça faisait partie des éléments auxquels les Jedis s'opposaient. Il ne connaissait pas assez bien les Jedis pour ça, cela dit. Il ne pouvait rien affirmer, et à ses yeux, les Jedis ne restaient que des larves condescendantes qui se prêtaient beaucoup de bonnes intentions sans vraiment agir dans le bon sens. Cela ne l'avait pas empêché, pourtant, de croiser parfois un Jedi sans que le ton de la conversation ne montât particulièrement haut.

KOLIN – Au fond, c'est plus simple de prendre une vie que d'en sauver une. Tu crois pas ?

Qu'est-ce que cette phrase voulait dire ? Kolin considérait-il que le but des Jedis était de sauver toutes les vies et que celui des Siths était de les éteindre ? Non seulement c'était réducteur et assez injuste envers les Siths – même si Yulpi ne pouvait pas nier qu'il avait souvent des désaccords avec son maître sur la facilité avec laquelle il était censé prendre le droit d'ôter une vie, et qu'il ressentait un certain malaise en voyant bien que Tisjess était en fait sur la même longueur d'onde que beaucoup d'autres Siths – mais cela signifiait aussi que Kolin avait donc quitté les Jedis et rejoints les Siths par fainéantise d'esprit. Parce qu'il trouvait plus simple de prendre une vie que d'en sauver une, alors il rejoignait le camp qui d'après lui avait plutôt tendance à massacrer tout le monde.
C'était... cynique, dément, pathétique.

YULPI – Prendre une vie n'a jamais été simple, pour moi.

se contenta de répliquer Yulpi, avant de devoir reprendre le combat. Au moins, le sujet “Orian” était clos. Les coups s'enchaînèrent à nouveau, semblant d'abord unilatéraux, Yulpi sur l'offensive, Kolin sur la défensive mais réussissant à parer tous les mouvements rapprochés du sabre-laser du Gungan. L'Humain sauta en arrière, et ses jambes prirent appui sur une estrade, pour l'élancer comme un ressort droit sur l'adversaire amphibien aux longues oreilles. Yulpi effectua une sorte de roue sur le côté, esquivant l'estoc. Toujours aussi acrobatique dans sa façon aussi bien de se défendre que d'attaquer, le Gungan pouvait presque donner l'impression aux spectateurs mal avisés que le combat était chorégraphié. Il se permit même de s'élancer dans un saut périlleux par-dessus Kolin aidé par un élan de Force, dans une manœuvre inutilement risquée s'achevant par une attaque imprécise, verticale, du haut vers le bas, alors que ses pieds nus retrouvèrent le contact du sable carmin.

Enfer ! Le gungan était une cible bien difficile à atteindre. Le combat était serré, très serré. De quoi aiguiser l’appétit de l’ancien padawan qui, loin de rechercher la gloire ou les louages de Seigneurs, ne venait croiser le sabre que pour s’améliorer et savoir où se plaçait son niveau de bretteur. Ses espérances étaient largement atteintes. Cette joute acrobatique était impressionnante à bien des égards. Par la nature des combattants tout d’abord et ensuite par l’éclatante dextérité des deux bretteurs qui batailleraient jusqu’à la fin avec une certain brio. Kolin n’avait été défait qu’une fois, contre celui qui était maintenant son Maître : Lloyd Hope. Un jour il le dépasserait, un jour ils les dépasseraient tous, il le savait.

Son attaque du ressort fut évitée avec panache et Kolin fit une roulade dans le sable pour limiter l’impact de sa chute prêt à se défendre d’un nouvel assaut qu’il ressentit arriver dans les méandres de la Force.

Le sabre du gungan s’écrasa sur sa propre arme alors qu’il était encore au sol libérant une vague de chaleur à quelques centimètres à peine de son visage. Les muscles du corps contractés, allongés sur le dos, il lutta de toutes ses forces pour repousser Yulpi. Les sabres crissèrent une longue minute. Kolin joua avec le poids de son corps à plusieurs reprises. Il réussit finalement à se libérer de l’étreinte du sabre rouge et fit un salto arrière pour retomber sur ses appuis.

Je n’ai jamais pris de vie, je me suis toujours efforcé d’essayer de les sauver, comme pour Orian.

Grogna Kolin en soufflant, profondément essoufflé par l’intensité du duel qui commençait à durer dans le temps. Un paramètre qui ne jouait jamais en sa faveur. Le coruscanti ressemblait plus à un papillon au combat : brillant très fort mais pas très longtemps. Il n’avait par ailleurs aucune idée des capacités d’endurance de cette singulière race ce qui le désavantageait.

Un pas de côté, pour temporiser, souffler, reprendre ses forces.

Pourquoi participes-tu à ce tournoi, je suis presque sûr que la gloire ne t’intéresse pas. J’ai combattu bien des adversaires, les plus durs à défaire ne sont jamais ceux qui se battent pour les autres. Qui es-tu Yulpi ? Que cherches-tu ?

Un pas de côté, respirer, se calmer, garder le contrôle.

Moi, je suis ici pour me tester. Les Seigneurs peuvent m’acclamer ou me huer je n’en ai rien à foutre. Je veux rendre cette galaxie meilleure et pour cela j’ai besoin d’être moi-même le meilleur.

Dit-il d’une voix sincère en serrant son sabre vert de ses deux mains cherchant une faille dans les défenses. Rendre la galaxie meilleure. Il avait essayé chez les Jedis mais s’étaient heurtés à la cupidité des dirigeants. Kolin avait vu l’hypocrisie des politiques, des dirigeants, des gouvernants. Il n’y avait qu’une façon de protéger les plus faibles, être le plus fort. La raison du plus fort était toujours la meilleure, seul lui en devenant le plus grand saurait débarrasser la galaxie de toutes les sangsues qui pompaient sa force vive à leur seul profil.

L’apprenti poussa un cri sourd pour se donner du courage. Il libéra la Force pour s’élever à trois mètres de hauts, sabre tendu au-dessus de sa tête pour frapper, en espérant avoir plus de succès. Vif comme un aigle, le coup fut chirurgical, pareil à un coup de vent fugitif et assassin.