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A la voir préférer des techniques clairement offensives et prendre des risques pour placer une contre-attaque fatale quitte à encaisser quelques coups en retour, beaucoup oubliaient qu’Alyria avait été formée prioritairement à la défense en toutes circonstances. L’âge et l’expérience lui avaient permis d’élargir l’arsenal à sa disposition, évidemment, et son esprit pragmatique savait jauger quand il convenait d’ériger une barrière infranchissable autour d’elle et quand rompre cette dernière. Mais elle n’était pas arrivée où elle était au sein de l’Ordre jedi sans faire montre d’un certain talent pour repousser ses adversaires, même si elle préférait les surprendre en leur donnant l’illusion qu’ils contrôlaient le combat avant de se murer soudainement pour attendre l’ouverture finale.

Simplement, contrairement à beaucoup de siens, sa garde ne reposait pas sur les katas traditionnels du Soresu, dont la stance défensive était aisément reconnaissable et contraignait à un certain immobilisme, mais sur l’esquive souple privilégiée par les bretteurs adeptes de la forme II et se reconnaissant pleinement dans l’usage de la position de duel, protéiforme et capable de se dévouer à l’offensive comme à la défensive en un quart de secondes. Après tout le Makashi avait toujours eu une double philosophie : porter le coup fatal le plus rapidement possible, ou bien faire durer le combat suffisamment longtemps pour analyser en détail le style de l’adversaire et trouver la faille. Or, qu’on se le dise, cette dernière partie supposait, outre un esprit relativement fin, une excellente endurance et la possibilité de se muer en une citadelle absolument imprenable, n’offrant aucune aspérité détectable par l’ennemi.

Ainsi, déjà en garde, Alyria cherchait d’un bref coup d’œil à reconnaître les mouvements de la créature en face d’elle pour les anticiper. Jusque-là, l’ensemble proposé à la gardienne aguerrie était somme toute assez routinier : une frappe tout en puissance pour forcer à parer et exposer son corps, puis le déchaînement d’éclairs destinés à incapacité le duo de jedis, pour permettre à la seconde réplique d’enchaîner à son tour. L’ensemble était bien rôdé, efficace avec l’effet de surprise, mais une fois utilisé une première fois, il devenait plutôt prévisible. Du moins, à ses yeux expérimentés, évidemment. Par conséquent, il allait falloir briser cette logique en mettant à mal l’un de ses éléments.

Alors que le sabre rouge allait s’abattre sur elle, la maîtresse d’armes éleva brutalement son bras pour contrer l’assaut dans une parade haute, s’engageant brièvement dans un pur duel de force, obligeant la sith en face d’elle à appuyer encore un peu plus sa frappe. L’espace d’un bref instant, l’ombre d’un sourire passa sur son visage. Puis la demi-echanie avança sa main gauche, ouvrit sa paume recouverte de son gant toujours immaculé, et laissa la Force l’imprégner, la submerger, la modeler à son image. Elle se fit son interprète, son support vers le monde matériel, l’appelant pour réaliser son entreprise, la joignant à sa volonté pour les mêler intimement, filtrant les ténèbres l’obscurcissant pour ne plus conserver qu’une luminosité intense, palpable, presque trop pure. Une onde de choc sans commune mesure avec celles qu’elle avait produit auparavant se déchaîna alors au bout de ses doigts, gonflant, agglomérant les l’espace autour d’elle pour produire une véritable lame de fond.

Heurtée de plein fouet, la chose en face d’elle explosa, disparaissant soudainement, comme balayée par cette Vague qui ne s’arrêtait pas, emportant tout sur son chemin, jusqu’à s’écraser contre ce qui était donc la véritable sith. Et cette fois, elle ne l’arrêta pas, ne la dévia pas mais dut la subir pleinement, jusqu’à reculer de plusieurs mètres. Son alliée d’illusions perdue, la zeltronne se retrouvait désormais seule contre deux maîtres jedis déterminés à en finir et pour la première fois, de façon ténue, l’ancienne Chancelière huma brièvement l’odeur de la victoire.

Encore qu’il ne fallait pas la crier trop tôt. Quelque part, elle avait pensé qu’eu égard à son comportement présomptueux, leur adversaire ne tenterait pas d’appeler ses hommes, de les sacrifier pour stopper l’avancée du duo. Apparemment, alors que le danger se faisait de plus en plus vif, que la mort n’était désormais plus une chimère mais une réalité douloureusement tangible, la raison lui revenait un peu. Il n’y avait pas besoin d’être un prophète jedi pour comprendre ce qu’elle disait en parlant au creux de son communicateur. Elle voulait des renforts. Sauf qu’il ne serait pas si facile de les obtenir. Cependant, il fallait pour qu’Alyria puisse agir que son comparse empêche la sith de bouger plus avant. En somme, qu’il grappille quelques secondes pour lui permettre de gagner des minutes précieuses.

Sentant que Lorn en appelait à la Force et voyant l’ennemie plier le genou sous la gangue qui venait de l’enserrer, bridant ses mouvements, la sang-mêlée n’hésita pas. En un bond, elle fut près de la porte centrale, juste en face du système d’ouverture. Le mettre hors service correctement lui aurait pris un temps fou, surtout au vu de ses talents ridicules en informatique. Cependant, c’était précisément parce qu’elle était catastrophique dans ce domaine qu’elle demeurait un génie du court-circuit. Sa méthode préférée confrontée à l’ingénierie avait toujours été d’une brillante simplicité : taper, et voir ce que ça donnait. Et à force, on finissait par engranger un sacré savoir en matière de surtension de système…

Avec violence, son poing métallique s’écrasa contre la commande d’ouverture, la pulvérisant littéralement, alors que les fils connectant la porte, brutalement détaché, crépitaient doucement. Avoir une force supérieure à la moyenne aidait aussi. Avoir une main ne craignant pas les chocs encore plus. Etre un maître jedi apte à augmenter l’espace d’un instant sa force de frappe était la cerise sur le gâteau électronique.

Surtout en agissant ainsi elle forçait les troupes qui arriveraient à trois choix, tous plus mauvais les uns que les autres : contourner le système manuellement et commander l’ouverture de cette façon, attendre… ou pulvériser la porte avec des explosifs, quitte à blesser leur chef. Etonnamment, au vu de son caractère et du manque de considération manifestée pour ses hommes, Alyria était prête à parier que presque aucun de ses subordonnés n’oserait prendre une telle décision avant une longue concertation. Et quand ils le feraient, elle avait bon espoir que la sith soit neutralisée, et de pouvoir mettre la main sur son communicateur pour prendre le contrôle du vaisseau. Qui serait assez fou pour affronter deux maîtres jedis venant de vaincre leur redoutable commandante ? C’était tout le problème d’un système aussi hiérarchisé et basé sur la puissance : si la tête tombait, cela voulait dire que personne en dessous n’avait les capacités pour riposter.

Ce problème temporairement résolu, Alyria se tourna à nouveau vers leur opposante. Elle s’était relevée apparemment, et en voyant son propre bras s’étendre, elle comprit ce qui allait se passer… Et n’hésita pas, consciente qu’il fallait sacrifier quelque chose pour se sortir de cette nasse et espérer pouvoir encore inverser le cours de la bataille qui continuait à faire rage au dehors. Son premier sabre fermement tenu dans sa main gauche, le second calé dans son poing droit, légèrement en retrait pour armer sa frappe, la jedi s’élança, serrant les dents et se préparant à l’impact tandis qu’elle bondissait vers son adversaire. Elle sentit les éclairs la toucher… Mais ne sentit rien à leur contact, tandis que leur couleur était plus proche d’un bleu pâle que de l’intense mauve qu’ils dégageaient habituellement, comme s’ils étaient privés de leur charge dévastatrice. Etait-elle parvenue à la limite de ses capacités, incapable de déchaîner son pouvoir pour les blesser, de puiser au plus profond d’elle-même pour tenter le diable une ultime fois ? Manifestement. Peut-être avait-elle réellement été atteinte par son attaque précédente ? Dans ce cas, les choses n’en seraient que plus rapides. Pour une fois, la jedi ne s’en plaindrait pas.

Tandis qu’elle abattait son propre sabre, Alyria guettait du coin de l’œil Lorn, veillant à occuper la sith pour lui laisser l’opportunité de la prendre en tenaille. A eux deux, ils pouvaient en finir, ici et maintenant, et accomplir ce pour quoi ils étaient venus : mettre en déroute un croiseur à seulement deux maîtres jedis. Leur entreprise insensée et tellement folle avait finalement la possibilité de se réaliser.

Il ne tenait qu’à eux d’y parvenir dès à présent, ensemble.

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Le combat touchait à sa fin, même Lorn n’aurait su expliquer pourquoi cette certitude grandissait en lui en ce moment-même mais il savait que la majorité du combat était derrière-lui et qu’il ne lui restait plus qu’à porter le coup de grâce à son adversaire. Le coup de grâce ? Non bien sûr même si ça ne lui aurait pas déplu il savait bien qu’ôter la vie ne correspondait pas au credo des jedis et qu’il devrait se contenter de neutraliser son opposante, mais il savait que ce n’était plus qu’une question de temps avant que cette mystérieuse femme ne soit plus en mesure de contenir les assauts combinés des deux maîtres d’armes. Après tout, qui le pourrait ? Le combat avait été déséquilibré depuis le départ, mais Lorn reconnaissait au moins à son opposante sa pugnacité typique des plus fiers adeptes de la voie des ténèbres.
Peut-être qu’en d’autres circonstances ils auraient pu être de formidables partenaires de combats, peut-être que Lorn aurait pu apprendre une chose ou deux de cette femme en des circonstances un peu moins obscures et pressantes, mais malheureusement le temps jouait contre le jedi qui n’avait nullement le temps de refaire le monde à coup de « si ». Bon nombre de jedis diabolisaient les déchus – ceux qui avaient choisi la voie de la facilité en se détournant de la lumière – et affirmaient qu’ils ne pouvaient plus être sauvés et devaient être combattus avec acharnement, mais Lorn savait bien qu’il aurait pu apprendre de cette sith tout autant que de n’importe lequel de ses confrères du Temple. Pourquoi ? Parce qu’il s’agissait simplement d’une affaire de choix et d’opportunité, la vie avait mené cette femme vers une existence de souffrance et de pouvoir tandis que le colosse, de son côté, avait été secouru par un homme lui ayant enseigné que toute récompense nécessité un dur et régulier labeur.

Il avait beau le savoir, il avait beau espérer le contraire, il savait que la Force n’avait rien à voir là-dedans et que sa vie ne fut qu’une question de bon ou mauvais timing. Si un sith avait été plus proche de cette planète que son maître alors Lorn serait devenu un seigneur sith, si son sauveur était arrivé un peu plus tôt alors peut-être que ce serait son frère qui serait rentré dans l’Ordre et pas lui…ou peut-être que son caractère diamétralement différent d’aujourd’hui ne lui aurait pas permis d’atteindre la position qui était la sienne actuellement. Certains y voyaient là l’œuvre de la Force, l’œuvre du destin pour ainsi dire, mais dans ses moments les plus cyniques l’épicanthix n’y voyait là qu’un simple hasard.

Ce simple hasard faisait-il croître une forme d’empathie face à cette sith blessée et acculée dans un coin, tel un animal pris au piège ? Pas le moins du monde, malgré le fait qu’il sache qu’il aurait pu aisément finir comme elle, le maître d’armes avait depuis longtemps embrassé le côté lumineux et savait que l’entente avec ses cousins déchus était vouée à l’échec. Voilà pourquoi il ne discutait pas avec cette femme contrairement à sa partenaire, voilà pourquoi il ne voyait aucun intérêt à la narguer puérilement, cela n’arrangerait en rien la situation et ses mots ne la blesseraient jamais autant que son sabre-laser.

Lui qui avait toujours été si franc et brusque par le passé était étrangement taciturne depuis quelques temps, était-ce la sagesse ou la lassitude qui croissait en lui de la sorte ? Certains y auraient vu un savant mélange des deux, Lorn, lui, essayait de ne pas y penser car il se doutait qu’il n’aimerait pas forcément la réponse qui viendrait. Il faisait exactement l’opposé de ce qu’on lui avait enseigné pendant tellement d’années, il se forçait à ne plus rien ressentir pour simplement se concentrer sur la mission…Alyria l’avait-elle ressenti ? Aucune idée, cela n’avait pas d’importance de toute façon.

Il n’avait pas gagné son surnom de « roc » uniquement pour sa carrure et son côté inébranlable.

Alors que le jeune colosse s’efforçait de tenir tête à son opposante, il sentit que l’attaque de sa camarade réduisit en miettes le double qui s’évapora aussitôt, faisant pencher de nouveau la balance en faveur du dos, mais finalement la sith alluma son communicateur pour appeler de l’aide. Malgré tous les beaux discours de tout à l’heure elle se décidait enfin à jeter sa fierté de sith aux orties pour tenter de sauver son joli petit cul et, peut-être celui de son apprentie. Oui, son apprentie, celle qu’elle disait vouloir laisser crever quelques secondes plus tôt : amusante hypocrisie, n’est-ce pas ?
Effectivement, si Lorn ne s’était pas coupé de ses émotions le temps d’un combat il aurait sans doute trouvé très amusant cet appel à l’aide et n’aurait pas hésité à s’en moquer, il était d’ailleurs étonné que sa camarade ne l’ai pas fait, mais une question demeurait dans son esprit. Si les rôles avaient été inversés, aurait-il jeté sa fierté de guerrier pour appel des soldats à l’aide ? Oui, des soldats, des soldats qui se feraient inutilement taillés en pièce à coup de sabre-laser et qui se révèleraient inutiles comme renforts. Il ne savait pas et espérait ne jamais se retrouver dans une position où il aurait à faire pareil choix.

L’arme à la main, voyant la femme à la crinière de feu défonçant le panneau de contrôle de la porte du hangar à coup de poing – voilà une femme qu’il ne valait mieux pas énerver – Lorn empoigna sa lame violacée et bondit vers sa proie comme un puissant félin, ses pas lourds martelant le sol en rythme, comme un compte à rebours annonçant la fin de cette sith. Ce ne fut que lorsque les éclairs de Force vinrent caresser sz peau sans dommages qu’il eut la confirmation que le combat touchait à sa fin, cette femme était tellement épuisée qu’elle n’avait même plus l’énergie nécessaire pour lancer une attaque digne de ce nom.

Bondissant une toute dernière fois en direction de cette femme, l’arme brandie verticalement sur son flanc droit, Lorn asséna un puisant coup oblique avec la nette intention de briser la garde de son adversaire et la neutraliser une bonne fois pour toute. Quand tout ceci serait terminé il récupèrerait le sabre de l’apprentie et de la sith, non pas comme trophées mais simplement pour les déposséder de leurs dangereuses armes. Deux précautions valaient toujours mieux qu’une.
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Attaque de Lorn réussie!

Isobel peut se défendre avec un jet d'agilité si elle le désire

Apaisement de l'Obscur toujours actif, PF de Lorn : 2/110.
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Le bien doit-il toujours triompher du mal ? C'est pourtant ce que l'on ne cesse de répéter à nos enfants, au travers des contes fantastiques exposant les aventures extraordinaires de ces Jedi aux pouvoirs inimaginables. Alyria et Lorn auraient-il écrit, en ce jour, une nouvelle page de cette histoire ? Possible.

Quoi qu'il en soit, les Maîtresses de l'Obscur sont défaites, blessés, acculées, obligées de fuir pour sauver leur vie (rayez la mention inutile). Pendant ce combat titanesque, bien des choses ont évoluées à l'extérieur, et sur la planète. D'abord engagé contre l'Armada Hutt, le navire amiral d'Isobel dût rejoindre rapidement le reste de la flotte, suivant les ordres d'une Impératrice bien décidée à détruire l'opposant Républicain coûte que coûte. S'en suivi une bataille acharnée, pratiquement au corps à corps entre les deux flottes entremêlées pour tromper les systèmes de visée des défenses planétaires capturées. Or, sans un véritable meneur à bord, les officiers de plate-forme firent des choix hasardeux, conduisant le croiseur d'Isobel à subir des dommages importants... Mais fort heureusement pour tous ses occupants, le cessez-le-feu vint de sauver leur vie d'un anéantissement certain...

Reste à voir ce que les Jedi veulent faire à présent... Si la sagesse leur imposerait plutôt une retraite stratégique, le courage et la témérité pourrait les pousser à prendre le contrôle de cette carcasse flottante.

ALYRIA ET LORN REMPORTENT CE COMBAT !


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La Force choisissait ses champions. Du moins, certains le pensaient dans les rangs de l’Ordre jedi, et parfois même dans ceux de leurs némésis obscures. Alyria n’avait jamais partagé énormément avec les mystiques de sa propre confrérie, que ce soit sur le plan spirituel ou intellectuel. Malgré les années, elle restait une matérialiste, une rationaliste prudente qui aimait analyser les événements sous l’angle des faits. C’était cette façon de penser qui en faisait une diplomate douée et une politicienne finalement plus rompue à ce monde que nombre de ses frères et sœurs d’armes. C’était aussi ce qui faisait sa spécificité de penser sur de nombreux points dogmatiques. Peut-être qu’elle était, finalement, une scientifique au milieu des croyants, et que la principale différence se tenait là.

Pourtant, sa relation avec la Force n’avait pas moins d’intensité que chez les autres jedis. Il y avait évidemment une certaine spiritualité à l’intérieur de cette dernière, mais qui n’aurait rien renié d’un panthéisme naturel plutôt que d’un déisme basé sur une foi ardente. Elle croyait dans la Force comme elle croyait dans les valeurs de l’Ordre : c’était un idéal, et en même temps un fait dans son existence dont elle avait des preuves tangibles, qu’elle sentait autour d’elle, à travers elle. Ainsi, elle n’était pas sûre que la Force choisisse réellement ses champions. En revanche, la gardienne aimait à penser que les âmes pures étaient récompensées pour leur engagement. Il n’y avait là rien qu’une envie sincère de croire que l’équilibre résidait dans cette balance entre bien et mal, entre obscurité et lumière… Et que les plus fervents parfois, parvenaient à vaincre.

Déjà, la trentenaire sentait la noirceur qui avait enserré l’air dans une gangue putride pendant toutes ces interminables minutes refluer sourdement, s’infiltrer par les interstices extérieurs comme pour fuir, défaite, tandis que son pendant lumineux gagnait en puissance et rayonnait peu à peu plus fortement, se dégageant de l’aura de Lorn pour envahir les moindres recoins de la pièce et grignoter l’espace. Cette présence apaisante, revigorante la rendait sourde aux cris d’agacement qui leur parvenaient de derrière la porte à présent condamnée, alors que la soldatesque impériale se retrouvait coincée et se perdaient en palabres inutiles pour savoir s’il était judicieux ou non de placer une charge explosive pour détruire l’obstacle, quitte à blesser leur terrible cheffe. Amputé de sa tête pensante, le corps avait bien du mal à se mouvoir et à coordonner ses mouvements. L’affrontement avait, de ce point de vue, duré le temps qu’il fallait pour désorganiser la machine sith si bien huilée.

Surtout, privée de son apprentie, malmenée par les assauts continus de l’épicanthix, harassée par la tenaille jedi qui refermait ses bras sur elle, abandonnée par ses pouvoirs et son clone, celle qui s’était présentée face aux deux maîtres jedis avec l’assurance de vaincre était désormais proche de sentir le coup âcre de la défaite. Ce n’était plus une question d’intelligence ou de dextérité : même le meilleur des maîtres d’armes n’aurait pas tenu dans une telle posture, en étant seul contre deux bretteurs aguerris et experts dans le maniement de deux armes, blessé et exsangue.

Alors, sentant la fin inéluctable se rapprocher, Alyria visait désormais les points vitaux de tout duelliste, tentant de mettre un terme à ce combat comme elle l’avait fait auparavant avec l’arkanienne qui gisait à quelques mètres d’eux, et dont la respiration de plus en plus heurtée rendait compte avec une acuité douloureuse de sa volonté de se raccrocher à la vie, de faire entrer de l’air dans ces poumons perforés. Peut-être qu’elle pouvait encore être sauvée. Sans doute pas. Mais peut-être. Une fois sa maîtresse mise hors d’état de nuire définitivement, la jedi était réellement prête à se précipiter à son chevet pour tenter d’endiguer ce qu’elle avait provoqué. C’était une vie égarée, certes. Mais jeune, et qui ne méritait pas forcément de souffrir ainsi. Oui, la sang-mêlée avait tué plus que son lot en ce monde. Elle n’en éprouvait que rarement des remords. Cela ne signifiait pas qu’elle y trouvait un quelconque plaisir, et qu’elle ne préférait pas conserver ses adversaires en vie. Là était la limite imposée par son éthique.

Bientôt, son œil aguerri décela une faille dans la défense de leur ennemie qui ployait, mais avec un panache qu’elle lui reconnaissait sans mal, face au duo jedi. Comme deux corps commandés par un seul esprit, ils agissaient en parfaite synchronisation, d’une manière qui aurait presque pu l’étonner si elle n’avait pas été focalisée sur ce duel. Ils avaient toujours été capable de combattre en duo… Mais ce qu’il se dégageaient à cet instant de leurs deux silhouettes se mouvant avec grâce et fermeté, c’était une harmonie profonde, presque palpable. On eut dit qu’un filin invisible les reliait et armait tour à tour leurs bras, animait leurs jambes pour qu’ils anticipent les moindres décalages de l’autre. C’était aussi vertigineux qu’euphorisant, de se sentir à ce point en communion avec un partenaire, presque mêlés dans la Force en un tout.

Sans même se regarder, les deux jedis échangèrent leur position pour abattre leur enchaînement majeur, leur botte conjointe favorite. C’était l’estocade finale, l’ultime mouvement d’une symphonie jouée à quatre sabres et dont les dernières résonnaient alors que des étincelles sortaient de la rencontre entre le rouge et le mauve. Ensemble, ils s’avancèrent et levèrent leur bras, assurés d’en finir … Quand une explosion retentit, balayant les protagonistes dans une puissante onde de choc, alors que le sol paraissait tanguer sous leur pied et que tous venaient s’échoir contre les murs de la pièce hermétiquement close devant eux. Ballotée, Alyria se sentit décoller avant de voir sa tête heurter avec violence la paroi métallique derrière elle, l’assommant presque.

Il lui fallut plusieurs secondes pour revenir complètement à elle, ses temps l’élançant fortement tandis que son crâne bourdonnait comme rarement. Se relevant avec difficulté, son équilibre temporairement mis en défaut, la jedi comprit aux étoiles de couleur dansant devant ses yeux qu’elle avait été tout de même passablement atteinte. Une main derrière sa tête, elle entreprit de faire appel à la Force pour résorber le petit œdème qui se formait déjà et causait le traumatisme. Rompue aux soins d’urgence, la Guérison étendit rapidement son action bienfaisante. Sauf que dans l’intervalle, leur adversaire, qui avait manifestement eu plus de chance, avait profité de cette fenêtre d’action inespérée pour s’enfuir, et sa silhouette se faisait déjà lointaine alors qu’elle s’engouffrait dans le couloir menant au hangar, celui par lequel Lorn et Alyria avaient arrimés le vaisseau impérial. Sur son épaule, un corps bringuebalé dans tous les sens que la trentenaire reconnut sans mal, malgré la distance. En définitive, la sith n’était pas si insensible au sort de son apprentie, et ce peu importe les bravades prononcées. Même la noirceur avait sa part d’attachement.

Un instant, la demi-echanie fut traversée par l’envie de les poursuivre et d’en finir. Mais une seconde secousse lui fit changer d’avis. Que cette femme préfère la fuite soit. Elle abandonnait donc le bâtiment et son équipage à son sort. Or, ce n’était pas pour combattre que le duo jedi était venu, originellement, mais bel et bien pour empêcher ce croiseur d’abattre plus de victimes innocentes. Le sang de ces deux êtres, aussi sombre soit-il ne devait pas les intéresser. Celui de ceux qui se trouvaient piégés dans cet affrontement passait avant tout. Et ils avaient enfin le champ libre. Eux ne reculeraient pas. Eux ne failliraient pas. Ils allaient tenter l’impossible : prendre un croiseur à deux.

Rejoignant Lorn qui se relevait du côté opposé au sien, Alyria lui souffla :

« Je crois… Que la voie est libre. »

Pas besoin de lui demander s’il allait bien, elle le savait, elle le sentait à travers la Force, leur lien encore plus à vif que d’habitude. Elle avait l’impression de sentir un autre cœur battre que le sien, d’autres connexions musculaires et nerveuses que les siennes, et eut une nouvelle fois un bref vertige en s’immergeant dans cette sensation unique. Et surtout, elle n’éprouvait pas la nécessité de commenter la fuite de leurs adversaires, ni ce qu’il convenait de faire. L’épicanthix savait ce qu’il en était, pourquoi ils étaient là. Ils avaient pris la décision conjointement, au même moment, dans le vaisseau qui emmenait les jedis sur Mon Calamari. La suite ne serait pas différente de ce début.

« Direction le poste de contrôle, alors. Que tout ça cesse.»

La réponse de Lorn vint, claire, directe, rapide. Sans attendre, s’approchant de la porte, la maîtresse d’armes sortit ses deux sabres et les enfonça brutalement dans la porte, découpant un arc-de-cercle en fusion autour de l’empreinte du plasma qui mordait l’ouverture. Dans un imposant fracas, le morceau découpé céda, et les deux jedis se retrouvèrent donc en face d’un groupe de soldats qui les mettaient en joue. Sans paraître se départir d’un calme olympien, Alyria passa à travers le trou grossièrement taillé, misant sur l’effet de stupéfaction mais prenant soin tout de même de s’entourer d’une Protection de Force pour éviter un incident fâcheux. Bien lui en prit.

Un tir retentit, solitaire ? Etait-ce la peur qui empêchait les autres d’agir, ou bien le stress avait-il fait actionné la gâchette trop rapidement à un de ces militaires ? Difficile à dire. Cependant, le résultat fut sans appel, l’éclat s’écrasant sur la gangue tissée autour de la jedi, qui écarta le rebut d’un bref mouvement du poignet, sans dévier de sa trajectoire. Certains essayaient de voir derrière elle, pour constater qu’en effet, la salle était vide de toute sith. L’effet de la sortie était réussi. Restait à transformer l’essai, comme dans une partie de huttball dont l’enjeu était leur vie.

« Vos maîtresses ont été vaincues et ont préféré vous abandonner. Leurs ordres ne valent plus rien. Nous pouvons collaborer… Ou nous battre. Je ne tiens pas particulièrement à cette dernière option, parce que ce vaisseau subit des pertes considérables et que sans personne pour vous mettre en sûreté, il va être détruit. »

Des chocs semblables à ceux ressentis précédemment signifiaient que les boucliers étaient touchés. Il n’y avait pas besoin d’être devin pour le comprendre, et savoir que, privé de direction, l’équipage perdait pied dans son duel spatial. Pour le reste, Alyria espérait simplement qu’ils ne seraient pas suffisamment idiots pour engager tout de même le combat. Mais ce serait leur choix, et leur mort.

« Jamais nous ne rendrons à de sales… »

L’homme qui avait parlé, sans doute un officier au vu de ses galons peints sur l’armure, n’acheva pas. Un tir dans le dos venait de l’empêcher de finir sa phrase. Surprise par ce qui venait de se passer en l’espace de quelques dixièmes de seconde, Alyria regarda sans mot dire l’un des militaires au second rang grogner d’un ton rogue :

« Ta gueule. Je ne crèverais pas pour des siths qui se sont barrées. Si la Main n’a pas réussi à les tuer, quelqu’un ici croit vraiment qu’on va survivre ? »

La Main… Sans le vouloir, le soldat venait de leur révéler l’identité de leur adversaire précédente. La gardienne avait bien compris que la femme était une sith de haut-rang, pour donner ainsi des ordres à tout un croiseur, et ses talents la trahissaient. Cependant, elle ne s’était clairement pas attendue à cela. Ainsi donc, Lorn et elle avaient défait le plus fidèle lieutenant de l’Impératrice et avait donc pénétré dans le croiseur de cette dernière… Voilà qui offrait une perspective symbolique à cet affrontement toute différente. Pour un peu, elle en aurait presque regretté de l’avoir laissé s’échapper… Sauf qu’en y réfléchissant, une défaite aussi cuisante risquait de lui porter plus préjudice au sein de sa hiérarchie que toute autre chose. Peut-être y avait-il de quoi déstabiliser un peu les siths, finalement. Ou en tout cas, clouer le bec à tous ceux qui les disaient invincibles. Tous pouvaient être vaincus… Même les plus puissants.

« Traître ! »

« Non, il a raison ! On va crever ici comme des rats ! »

Mus par ce tir inattendu, les soldats se divisaient en deux petits camps et en quelques instants, tout fut accompli. Les tirs fusèrent, et instinctivement, Alyria et Lorn se jetèrent dans la mêlée aux côtés des mutins. D’un geste rapide, la maîtresse d’armes faucha le loyaliste le plus proche tandis qu’elle envoyait d’une puissante Vague de Force cinq autres soldats contre le mur, que leurs anciens camarades s’empressèrent d’achever.

Bientôt le silence se fit, tandis que les cadavres s’amoncelaient. Les mutins se regardèrent et finirent par diriger leur attention vers celui qui avait parlé en premier, leur meneur finalement. Ce dernier haussa les épaules et enleva son casque, révélant une figure basanée et au nez cassé, l’arcade sourcilière droite fendue par une cicatrice. Ce visage respirait l’expérience d’un vétéran, mais aussi une certaine prestance naturelle.

« Enseigne Trevor Martyns. Et vous, jedis ? »

Un instant, l’œil gris et désabusé dévisagea les prunelles vertes, puis Alyria répondit sur le même ton inflexible, leur échange aimantant l’attention de tous :

« Je suis le Maître jedi Alyria Von. Et voici le Maître jedi Lorn Vocklan. »

Il y eut un profond silence à la suite de cette annonce. Tous les contemplaient, chuchotant légèrement entre eux. Evidemment, ce n’était plus des noms anodins depuis les événements d’Aargau. La gardienne sentait les regards se fixer sur son visage puis sur sa main gauche, comme pour vérifier la présence de sa cicatrice et de la prothèse à son poignet. Puis, enfin, une voix s’éleva, celle de ce Trevor Martyns, qui siffla :

« Le Roc et l’ex-Chancelière… Eh ben, j’imaginais pas qu’on aurait des invités de marque comme ça. »

« Au moins, quand je vous dis que je peux vous aider, vous pouvez nous accorder le bénéfice du doute maintenant, non ? »

Quelques-uns hochèrent la tête. L’un d’eux prit la parole à son tour :

« De toute façon, après ça, y a pas trente-six solutions : soit on vous livre, et on prie, soit on fuit. Et j’ai pas trop envie de tester votre sabre. »


Tous murmurèrent leur assentiment. Un troisième larron, ou plutôt larronne au vu de sa voix féminine, ajouta :

« Et dire qu’on comptait se barrer… Z’êtes arrivés à point, jedis. »

Voilà quelques mots qui pouvaient expliquer un ralliement aussi rapide, ce dernier ayant tout de même quelque peu surpris la maîtresse d’armes, même si elle avait essayé de ne rien laisser paraître. Alors qu’elle s’apprêtait à tenter d’enquêter plus avant, l’Enseigne coupa court à ses velléités en grommelant :

« Allez, faut bouger et s’organiser, sinon on va se faire tomber dessus par plus de gars. »

Cet homme avait un sacré bon sens, Alyria lui reconnaissait cela, aussi elle acquiesça et, une fois assurée que Lorn approuvait aussi, lui emboîta le pas, sabre en main, ignorant les regards que leur lançaient les traîtres impériaux. Finalement, elle souffla :

« Vous avez un plan ? Je recommanderais de nous laisser acquiescer au pont principal pour tenter d’en prendre le contrôle et organiser une retraite vers la République. Nous nous porterons garant pour vous. Mais à ce rythme, ce vaisseau ne va pas faire long feu. »

Pour appuyer ses dires une nouvelle secousse manqua tous les projeter à terre, et plusieurs laissèrent échapper des jurons dans divers dialectes. Retrouvant son équilibre, Mertyns grinça :

« On est pris à la gorge par vos vaisseaux, avec personne aux commandes et la trouille de faire une mauvaise manœuvre puis de se faire découper… J’pense que les off’ paniquent. Mais ils vont pas tous se rendre. »

La gardienne, tout en s’engageant dans une nouvelle coursive, réfléchit un instant. Perturbés par le déroulé des événements, certains pouvaient sans doute être persuadés par la Force de les suivre. Quant aux plus loyaux… Elle avait bien une solution pour ces derniers, même si cela ne lui plaisait guère.

« Nous… Trouverons un moyen. Même si en effet, je doute qu’un croiseur complet se rallie… Aussi efficacement que vous. »

L’humain lui adressa un regard farouche, avant de grimacer :

« C’est pas si dur à comprendre. La majeure partie de l’équipage a été recruté sur les mondes annexés récemment. Y a même deux ou trois artoriens et un quartier-maître qui vient de Dubrillion. Enfin lui, c’est une raclure. Mais bref… Je l’ai dit : je risquerais ma peau pour des siths. Surtout celle-ci… »

« Et vous… ? Vous venez d’où ? »

« Céladon. J’étais dans la police planétaire, avant. Alors bon bah, l’armée impériale, c’était un moyen de continuer à bouffer. Marga vient de Mirial, elle, c’est pas une planète récemment annexée, mais y a une partie des mirialans qui veulent garder leur religion bizarre, et ça plaît pas trop à l’Inquisition. Conrad vient de Félucia, il flippe depuis qu’on a reçu des messages inquiétants pour eux, Zern est de Botajef… Et ainsi de suite. Vous voyez le tableau ?»

Il s’arrêta, puis soupira :

« C’était de la folie, on pourra jamais prendre un croiseur complet avec deux pelés et trois tondus… »

Là, la jedi ne pouvait pas franchement le contredire. Quoique, avec deux pelés et trois tondus, comme il le disait si bien, on pouvait faire beaucoup de choses… Le tout était de se répartir les tâches judicieusement.

« Une fois la passerelle de contrôle prise, il va falloir éviter une révolte complète. Vous savez à peu près qui est loyal à l’Empire jusqu’au bout ici ? »

Certains hochèrent la tête, des noms fusèrent.

« Alors trouvez un moyen de les rassembler dans une pièce comme la cantine, puis une fois la prise de contrôle effectuée, nous fermerons hermétiquement les portes pour les contenir avant de lancer un appel général à la reddition. Et puis… nous verrons. »

Ce n’était pas le plan le plus élaboré qu’elle ait jamais proposé, mais c’était toujours ça, et manifestement personne n’avait mieux, aussi, bientôt, tous partirent dans des directions opposées, s’égayant à travers les couloirs et coursives. Le dernier à partir fut Mertyns, ce dernier avisant les deux jedis avant de hausser les épaules et de bifurquer sur sa gauche, les laissant seuls, non sans avoir auparavant précisé le chemin pour parvenir à leur destination, là où toute leur folle entreprise allait se jouer. Un bref coup d’œil vers Lorn, et Alyria souffla :

« Si on y arrive… Je crois que ce sera l’arrivée sur Ondéron la plus improbable de l’histoire de l’Ordre. »

Alea jacta est. Les deux jedis tissèrent un Voile de Force autour d’eux suffisamment épais pour ne pas être remarqués par les impériaux pressés qu’ils pouvaient croiser et arrivèrent bientôt devant la porte du pont principal. La demi-echanie leva la main pour faire signe à son compagnon d’attendre quelques instants, le temps qu’un membre d’équipage arrive. Au bout de deux minutes, une humaine pressée sanglée dans son uniforme sombre pianota sur la console d’ouverture le code d’accès et entra. Aussitôt, telles des ombres mouvantes, le duo se glissa à sa suite. Derrière eux, l’orifice d’ouverture se bloqua à nouveau.

Autour d’eux, plusieurs officiers s’affairaient. Ils pouvaient voir plus précisément maintenant la situation dans l’espace et elle n’était guère réjouissante : le croiseur était entouré de bâtiments républicains qui le pilonnaient, et au milieu de tout cela un petit bonhomme au crâne chauve, rubicond, s’épongeait le front d’un air perdu en hurlant ordres et contre-ordres toutes les cinq minutes, perdant manifestement pied sous l’effet du stress. Tout le monde n’était pas fait pour être un leader, encore moins ceux qui avaient l’habitude d’obéir aux ordres sans discuter, craignant les initiatives car promptes à attirer les foudres d’un supérieur irascible en cas d’échec ou de contradiction avec le plan initial. C’était l’avantage et l’inconvénient des systèmes ultra-hiérarchisés : d’un côté, plus on montait, plus les exécutant se révélaient fanatiquement dévoués à leur tâche. De l’autre, cela avait tendance à annihiler toute tendance à l’initiative et à les rendre inaptes à prendre le commandement en cas de décapitation de la tête pensante. Sans doute que cet homme avait été placé là pour seconder la Main pour ses capacités à obéir scrupuleusement. En contrepartie, cette dernière absente de façon prolongée, il n’avait pas la carrure pour repousser des tirs croisés pendant un si long laps de temps. Il serait leur cible immédiate.

Une nouvelle fois, Alyria croisa le regard de Lorn, et un petit signe de la tête plus tard, tous deux se dirigeaient vers des points opposés : lui vers la console intérieure commandant l’ouverture ou la fermeture des portes, elle vers l’officier rougeaud et vitupérant. Avec une coordination parfaite, tous deux réapparurent soudainement, l’un plantant son sabre dans la console pour provoquer un court-circuit, l’autre pointant le sien directement vers la gorge du commandant, qui, les yeux exorbités, les regardait. Avec une lueur de commisération, Alyria observa une tache grandir sur son pantalon, tandis qu’une odeur particulièrement désagréable vint lui chatouiller les narines : l’homme venait de mouiller son pantalon sous l’effet de la peur et de la surprise.

« La Main de votre Impératrice a été défaite, elle s’est enfuie et vous a abandonné. Je ne tiens pas à vous faire de mal, aussi vous pouvez vous rendre et rejoindre les rangs de ceux qui nous ont rejoint parmi les soldats présents à bord. »

« On ne se… ! »

Le froussard, qui venait de retrouver une certaine contenance, n’acheva pas. Déjà, Alyria fondait sur les défenses de son esprit, mises à mal par le trop-plein d’émotions qui l’envahissait. C’était simple, trop simple. L’impulsion requise pour le contraindre à réviser sa vision, à le plier à sa volonté ne prendrait qu’un instant pour se réaliser. Comme des tentacules de Force, son pouvoir s’infiltrait dans le cerveau dévasté du commandant, appuyant doucement mais fermement là où il fallait pour qu’il rompe. Et bientôt, avec des yeux vitreux, le pauvre bafouilla, la tête tremblante :

« Je… Oui. Bien. »

« Où est le poste de communication ? »

Presque comme un automate, sa victime leva son bras et pointa sur sa droite. La trentenaire se dirigea vers le petit groupe d’ingénieurs et leur ordonna :

« Contactez l’Enseigne Mertyns. »

Assomés par le déroulé des événements, tous se tournèrent vers leur commandant qui se contenta de hocher la tête, l’air complètement ailleurs.

« Enseigne, ici le Maître Alyria Von. Vous me recevez ? »

« Oui. Nous sommes en place. »

« Parfait. Sortez. Et vous, condamnez les portes de ce secteur. »

Le piège s’était refermé. Restait à s’assurer définitivement du contrôle de la passerelle, et ce ne serait pas bien compliqué à faire à présent. S’adressant à l’ensemble des hommes et femmes présents, la maîtresse d’armes déclara :

« Comme vous l’avez entendu, je suis le Maître Alyria Von, et voici le Maître Lorn Vocklan. Nous prenons le contrôle de ce vaisseau. Ceux qui se placeront sous notre protection trouveront un abri au sein de la République. »

Tous se jetèrent des coups d’œil discrets, puis soudain, un des officiers de communication derrière elle sortit un blaster et, vif comme l’éclair, tira. S’il n’y avait pas eu la Protection toujours active autour d’elle, nul doute que la jedi aurait été grièvement blessé. Sauf que ce ne fut pas le cas, l’essentiel de l’énergie du tir se dissipant au contact de la gangue de Force qui l’entourait. Son sabre, en revanche, lui, trouva presque immédiatement le chemin vers le cœur de sa cible, qui s’effondra, transpercée de part en part. L’air mortellement sérieuse, la sang-mêlée laissa tomber :

« D’autres réactions ? »

Cette fois, tous se tinrent cois, peu pressés de se confronter à ces jedis dotés de pouvoirs surnaturels. La tension demeurait tout de même vive dans l’air saturé, et l’arrivée du commando de Mertyns et ses camarades, que ce dernier signala par un appel résonnant dans le silence pesant de la passerelle fut accueillie avec soulagement par la gardienne. Laissant Lorn transpercer la porte pour tailler à coup de sabre une entrée, comme ils l’avaient bloqué en mettant hors d’état la console, Alyria se contenta de resserrer sa prise sur la conscience du commandant, l’enfermant dans un étau cotonneux.

Les mutins pénétrèrent dans la salle et mirent presque immédiatement les principaux officiers en joue tandis que des sirènes retentissaient pour signaler de nouvelles avaries. Il fallait se dégager au plus vite de là. En effet, si les tirs semblaient avoir cessés de part et d’autres, la carcasse volante était désormais considérablement amochée et c’était presque un miracle qu’elle n’ait pas explosé.

« Bien, contactez le vaisseau-amiral de la République. Nous allons le faire savoir que nous nous replions avec eux. »

« Mais… Les ordres de l’Impératrice sont de… »

« Je vous conseille très amicalement de ne pas les suivre. »

Et avec un blaster pointé sur sa tête par l’Enseigne Mertyns, étrangement, son conseil fut immédiatement suivi, le technicien avalant nerveusement sa salive. Bientôt, on leur fit savoir que la communication était établie.

« Ici le Maître jedi Alyria Von, avec le Maître jedi Lorn Vocklan et des mutins impériaux. Nous avons pris le contrôle de ce croiseur et demandons autorisation de suivre l’armée républicaine dans son repli. »

Un long silence suivit son affirmation. Puis son interlocuteur lui demanda un instant, le temps de faire des vérifications, sans doute pour être certain que ce n’était pas un piège. Finalement, le feu vert fut accordé, et la manœuvre commença. Restait un dernier détail à régler…

« Je vais prendre la suite. »

La jedi pianota sur le panneau de contrôle et rentra un numéro de contact précis avant d’envoyer un message :

« Ici les Maître Von et Vocklan. Nous sommes à bord d’un croiseur impérial capturé et allons atterrir à Izziz. Il est particulièrement endommagé, des prisonniers sont à dénombrer et vont requérir une escorte.

Ne tirez pas en nous voyant pénétrer dans l’atmosphère, nous allons vous transmettre l’identifiant du vaisseau. Prévenez le gouvernement d’Ondéron. »


Tandis que la flotte sith refluait vers ses territoires, laissant Makem Te finalement, un croiseur en mauvais état se traînait en sens inverse, se mêlant aux forces républicaines victorieuses avec à l’intérieur, des traîtres impériaux exultant de joie et deux maîtres jedis qui se regardaient en souriant enfin, comme débarrassés de la tension précédemment accumulée. Ils avaient réussi. Ils avaient détourné un croiseur. Qui l’eut cru ? Ou plus exactement, qui les croirait ? Impossible de le dire. Mais il fallait croire qu’avec eux, impossible n’était pas un mot du commun. Ou alors, ils étaient simplement un peu fous, et un peu inconscients. Mais peu importait.

La Force les enveloppait de son aura bienfaisante, s’épanouissant autour d’eux. Elle avait choisi ses champions, et ces derniers rentraient dans leur Temple, à mesure que les navettes et autres vaisseaux apparaissaient aux côtés du croiseur fumant pour se poser sur la planète de celle qui deviendrait la nouvelle Chancelière. Ondéron accueillait ses représentants, et déjà un certain nombre de jedis restés là-bas pointaient de leurs doigts cette ombre grotesque qui planait au-dessus d’eux. Mais qu’ils se détrompent : cette ombre était leur compagne de lumière.
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