Il était clair maintenant que le colosse qui me faisait face était comme une huitre : fermée aux propos visant à destabiliser l'autre. Devait-on s'en étonner, lorsque l'on savait la race de l'individu, une race aussi fermée qu'il l'était lui-même ? Fiers pouvaient être les épicanthix d'avoir dans leur giron un représentant aussi taciturne de leur engeance, ou alors c'était que ce dernier était muet.

Pour autant, je devais reconnaitre que plus cela avançait, plus ce défi qui s'imposait commençait à me plaire de plus en plus. L'obscurité n'était que de plus en plus présente, et mes sens s'en enivrer instant après instants. Le reste ne serait qu'une mélodie, une valse à mille temps au son des sabres lasers qui s'entrechoqueraient, jusqu'à ce que la Lumière ou les Ténèbres l'emportent. Et alors que mon adversaire revenait de son "instant héroïque", qui l'avait malheureusement abimé m'enlevant ce plaisir, le voilà qui activait enfin l'intégralité de son arme et ce uniquement pour moi.

C'était trop d'honneur, vraiment. Se rendait-il compte de ce qu'il insinuait en moi comme bonheur, m'offrant un combat digne des plus grands ? Même lors de ma rencontre avec celui qui portait le nom de Seigneur Fou, je ne me rappelais pas avoir ressenti ce genre d'excitation, mais il fallait reconnaitre que cette rencontre datait et que ma mémoire du chien qu'il avait été s'était peut-être un peu émoussé.

Un sourire parcourant mon visage, le déchirant d'un air malsain devant cette arme, beauté de technologie et sa lame à la couleur violette tranchant l'air, j'appréciais presque la course de ces lames avant de venir y placer la mienne. L'objectif était simple : il attaquait, et je défendrais chaque parcelle de ma peau, jusqu'à trouver le point faible dans sa danse, jusqu'à trouver le talon d’Achille qui le ferait trébucher, ou jusqu'à ce que l'Obscurité soit complétement mienne et que m'y abandonnant, je réveilles de sombres pouvoirs en moi afin de les anéantir tous autant qu'ils étaient.


Il fallait croire qu'il était difficile de contrer une attaque aussi bien exécuté, surtout avec une arme aussi meurtrière que celle-ci. Et alors que des lesions apparaissaient sur ma peau en lieu et trajectoire des deux lames, la douleur ne venaient que parfumé la joie que je ressentais. Etais-je malade d'apprécier la douleur ? Peut-être, mais je m'aimais clairement ainsi. J'étais après tout une Zeltronne.

-"Petits canailloux que vous êtes, vous avez réussi à me blesser. Vous n'auriez vraiment pas du..."

J'allais devoir les punir. Sévérement et durement. Tous les deux, même si la crinière rouge n'y était pour l'instant réellement pour rien. Mais j'avais passé assez de temps ici que pour encore m'amuser à perdre du temps. Il allait sincèrement falloir trouver la parade et leur inculquer le respect, à ses deux insectes servants de la Lumière.

Et dans le son de nouvelles explosions à l'extérieur, je revenais à la charge sur mon ennemi, dans l'optique d'une seule chose : le démembrer. Je ne m'arrêterais qu'une fois sa tête ailleurs que sur ses épaules...

Tout en écartant d’un geste presque machinal, comme on écarte un moucheron un peu turbulent de son chemin, le sabre rouge de la jeune fille en face d’elle, Alyria ne put s’empêcher de se dire avec un brin d’agacement qu’elle retrouvait presque toujours les mêmes forces et faiblesses, les mêmes discours chez ses adversaires, dans une sorte de monotone cours des choses, qui semblait ne jamais devoir se renouveler.

Des jedis qui avaient sabré, elle en avait connu quelques-uns, évidemment, souvent jeunes, car la jeunesse rendait vulnérable à la facilité et à l’amertume, à l’image de son adversaire du jour, qui prêchait arrogance et autres mots du même genre tout en pleurant à demi-mots sur son sort, ce dernier n’ayant forcément rien à voir avec ses propres décisions. A vrai dire, c’était même assez fascinant de s’entendre accuser de… Quoi en fait ? Non-assistance dont on ne savait rien du devenir ? Ils étaient sensibles à la Force, pas devins. Les pertes de contact durant des missions éloignées étaient fréquentes, et l’Ordre n’envoyait du secours que s’il était capable de savoir ce qui était arrivé, en général. Ou plus exactement, il envoyait un secours plus consistant que les sentinelles réparties à proximité et chargées d’enquêter au départ. Mais cela fournissait en quelque sorte l’excuse nécessaire pour se dédouaner personnellement, elle le devinait aisément. Ainsi, plus de culpabilité ou de questionnement à avoir sur son propre cheminement : ce que cette fille sous-entendait, c’était au fond qu’elle avait trouvé sa voie par elle-même car elle n’avait pas eu le choix. Soit. Qu’elle le croit si cela lui permettait de soulager sa conscience et de suivre la folle qui lui servait de maîtresse.

Cette dernière, toujours aux prises avec Lorn, exsudait une telle aura malveillante que des serviteurs du côté lumineux moins expérimentés auraient pu en être gêné. Mais en fait, outre un entraînement particulièrement sévère sur la résistance à de tels effluves dont les deux maîtres avaient pu bénéficier avec l’expérience, Alyria trouvait ses propos tellement en contraste qu’elle ne pouvait s’empêcher de trouver l’ensemble un peu ridicule. D’ailleurs, son ultime saillie, alors que l’épicanthix venait de lui effleurer le corps de ses lames, lui arracha un sourire un brin moqueur. Des… canaillous ? Sans rire ? Elle n’avait pas entendu une telle expression depuis le jardin d’enfants. Non vraiment, le contraste entre les promesses de mort atroce et cette appellation était tellement ironique que la jedi aurait presque pu en rire.

Cependant, la trentenaire se doutait bien que ce genre de petite déclaration avait sans doute pour but de les déconcentrer, aussi elle se contenta d’en rire intérieurement et de ne pas lâcher sa propre proie des yeux, cherchant la faille décisive. Le temps lui manquait. En d’autres circonstances, peut-être aurait-elle continué cette conversation pour distraire l’apprentie et ébranler ses défenses psychologiques. A ce petit jeu, elle n’était pas forcément la plus mauvaise. Sauf que ce genre de stratagème demandait que l’échange s’installât dans la durée, et ce n’était pas possible. Chaque minute qui s’écoulait constituait des vies perdues supplémentaires, et surtout le renforcement potentiel des deux combattantes siths, Alyria le sentait à l’aura obscure tourbillonnante qui prenait peu à peu de l’ampleur autour d’elle. Surprises au début par leur arrivée impromptue, nul doute que ces deux-là commençaient à puiser à leur tour dans leurs propres réserves pour augmenter leurs forces et se débarrasser de leurs gêneurs. Il était même possible que ce bouillonnement de la Force autour d’eux soit une sorte de dérivé malsain de l’apaisement de l’obscur utilisé par les jedis et dont la plus vieille était à l’origine. Vu la puissance qui émanait d’elle, la maîtresse d’armes jugeait son hypothèse relativement plausible.

Autant dire que ce qui avait constitué dès le début une évidence devenait une nécessité impérieuse. Il fallait que l’apprentie se rende, ou soit mise hors combat. Par respect pour toute vie, la sang-mêlée savait qu’elle éviterait de la tuer autant que faire se peut, mais si les circonstances ne lui laissaient pas le choix, elle était également consciente qu’elle n’aurait guère de scrupules à lui passer sa lame au travers du corps, pour peu qu’elle en ait la possibilité. Le tout était donc désormais de se la créer, cette possibilité, et vite. Pas question de finasser, il était temps de passer à certaines de ses combinaisons les plus violentes, qui à défaut d’être vraiment fines, avaient au moins le mérite d’être suffisamment brutales pour mettre fin à un combat… dans la plupart des cas, car chaque affrontement était une danse différente, une nouvelle équation avec des inconnues encore jamais rencontrées.

L’arkanienne semblait l’attendre au tournant en ce qui concernait le duel au sabre pur, et elle avait sans doute raison. Surtout que si elle les connaissait effectivement… Eh bien oui, ce comportement était logique. En revanche, étant donné sa réaction à sa première vague de force, Alyria pouvait envisager deux possibilités : ou bien elle avait été surprise, comme sa maîtresse, et touchée à un degré plus élevé car moins expérimentée, ou bien elle avait moins d’aisance dans les arts de la Force que du sabre. Avec cette théorie en tête, la jedi commençait lentement à échafauder un plan d’action audacieux, qui aurait pourtant quelques failles en terme d’exécution. Enfin, au point où ils en étaient, autant prendre des risques.

Forte de cette résolution nouvelle, la gardienne décida de partir à nouveau à l’attaque, mais avec un but bien précis derrière la tête. Cette fois-ci, pas question de préparer le terrain pour une botte à placer, mais pour une manœuvre bien précise. Lentement, par des coups détournés, sur le côté, la jedi forçait son opposante à se déplacer, et telle une araignée tissant sa toile, elle l’attirait exactement là où elle la voulait, soit dans une ligne directe avec sa maîtresse qui ferraillait toujours contre Lorn. Elle les voulait exactement alignées. Voilà qui était désormais presque fait. Restait l’ultime touche à apporter à cette édifice d’escrime.

D’un coup sec, Alyria bondit soudain en avant, son bras droit se détendant pour fermer l’angle gauche de l’arkanienne et fuser vers le côté opposé, pour la forcer à ne pas pouvoir se dégager. Dans le même temps, sa seconde main se détendit autour de son sabre, et de ses doigts de métal une onde commença à se propulser en avant, tandis que sa bouche s’ouvrit simultanément pour donner le code de l’attaque, comme ils l’avaient fait sur Byss contre l’autre arkanien et le chagrien.

« Huit. »

Aussitôt une Vague de Force fusa, enveloppant l’apprentie de son poing métaphysique tandis qu’il se répercutait jusqu’à la rouge, Lorn ayant juste le temps de s’écarter pour ne pas être visé. C’était risqué, cela nécessitait une parfaite exécution, et la jedi savait qu’elle manquait encore d’un certain retour à la pratique concernant ces feintes et bottes cumulées. Et elle sentait que l’ensemble manquait de son tranchant d’antan. Pour autant, il serait peut-être suffisamment gênant pour leur accorder l’avantage un bref instant et permettre à son amant de porter le coup décisif sur sa propre adversaire.

[ Jet d'agilité pour défense contre l'attaque et jet de sagesse pour bloquer la vague de Force. ]

Cette femme semblait différente de la plupart de celles ayant croisé la route du jeune colosse, d’accord cela semblait très cliché de sortir une phrase pareille – surtout en de telles circonstances – mais ça n’en restait pas moins véridique. Alors qu’avait-elle en plus que ses autres congénères, cette demoiselle versée dans les arts du côté obscur ? Ah oui, elle était folle ! Hein ? Je sais ce que vous allez sans doute penser mais ce n’était en rien un préjugé ou une quelconque exagération.
Au cours de sa carrière de jedi et mêem au cours de sa vie d’avant, le jeune colosse avait affronté largement plus que son lot d’adversaire et il savait qu’il y avait autant de combattants différents qu’il y avait d’être doués d’intelligence dans cette galaxie. Certains se battaient pour vivre un jour de plus, d’autres prenaient les armes pour défendre une cause plus grande qu’eux ou des êtres qui leurs étaient chers, d’autres encore étaient guidés par leur soif de sang. Mais cette demoiselle-là faisait partie d’une autre catégorie à part, celle des gens qui ne prenaient jamais autant leur pied que lorsque leur vie était mise en jeu lors d’un affrontement brutal et sans pitié. Ce n’était pas la première sith qui croisait sa route, certains de ses congénères étaient simplement arrogants ou mégalomanes mais c’était bien la première fois que, grâce à la Force, Lorn ressentait le plaisir que son adversaire éprouvait en mettant sa vie en jeu face à lui.

Le colosse savait qu’une bataille pouvait faire naître chez certaines personnes un sentiment de puissance au moment de la victoire, au moment de décider de la vie ou de la mort d’un adversaire implorant sa pitié, il ne pouvait pas nier avoir déjà ressenti pareille sensation grisante, mais jamais encore il n’avait ressenti une quelconque excitation malsaine lors d’un tel moment. Alors qu’il était en train de se demander ce qui pouvait provoquer une telle excitation chez cette sith, Lorn se rappela de la fois où il avait avoué à sa moitié qu’il fallait arrêter d’essayer de comprendre tous ces tarés car certaines choses ne pouvaient être expliqué. Pourquoi amusé ? Parce qu’il était justement en train d’essayer de faire l’inverse, face à cette mystérieuse femme.
Alors oui la femme tenait exactement le même discours que ses petits camarades à base de vaines moqueries et de menaces plus risibles qu’autre chose, mais le roc d’Aargau restait imperméable face à ce discours vide dont il commençait à être coutumier. Ce discours ressemblait à celui d’un enfant voulant en effrayer un autre par de vaines menaces qui ne seraient jamais exécutées, peut-être aurait-il pu marcher dix ans plus tôt ou sur un padawan inexpérimenté mais ici la demoiselle faisait face à un tout autre spécimen. Le savait-elle seulement ? Le maître d’armes ne savait pas jusqu’où s’étendait sa réputation depuis Aargau et Byss, mais il gageait que la demoiselle était capable d’évaluer le niveau de son opposant rien que par les rapides petits échanges effectués un peu plus tôt.

Balayant toutes ces futilités de son esprit, essayant de ne pas se laisser déconcentrer par le combat de sa camarade à côté afin de ne pas réitérer l’erreur de tout à l’heure qui lui valut une légère estafilade, le jeune homme repartit à l’assaut et parvint à blesser son adversaire. Alors qu’il était sur le point d’en rajouter une course, il entendit sa camarade prononcer un seul mot et, d’instinct, il bondit en arrière pour éviter l’attaque presque immédiate. À force de travailler ensemble les deux jedis avaient créé un certain nombre d’attaques combinées et d’enchaînements qui étaient numérotées, lorsque le huitième chiffre arriva aux oreilles de Lorn ce dernier sut immédiatement quoi faire.

Une fois l’attaque de sa camarade passée, le colossal jedi empoigna son double sabre de nouveau et bondit vers son adversaire, tournoyant son sabre devant lui en envoyant des attaques rapides et sèches de temps à autres, espérant que cela suffise à briser la défense de son adversaire. Le combat allait bientôt rentrer dans sa phase la plus acharnée, la fatigue commençait à se faire ressentir d’un côté comme de l’autre : the show must go on !

Si le premier était imperméable à la critique, la seconde semblait réellement réagir. A nouveau, pendant qu'elle malmenée ma pauvre Apprentie, elle surprit son lot de combattant en invoquant une nouvelle vague de Force. L'attaque était calculée, c'était évident. Preuve en était de ce code qu'elle venait de dire à son acolyte : Huit. J'étais tellement prise dans la passion de mon combat que je ne chercha même pas à l'éviter, et je n'en aurais d'ailleurs pas eu le temps.

Mon corps recula, mais je gardais néanmoins le contrôle de mes membres. Ce n'était pas la première fois que je faisais face à cette technique basique de combat, et je savais à l'instar d'un félin retomber sur mes pattes. Et avant même que je ne puisse reprendre mon souffle, voila que mon très cher épicanthix revenait à la charge tel un Iliaz en furie.

Je devais être définitivement folle, me direz-vous, mais même si j'aurais là par contre réellement pu éviter la première de ses attaques, je la laissa porter. Certains auraient prétendus que j'avais été destabilisée par la dernière attaque de la rouquine, mais ça aurait été bien mal me connaitre. La vérité était que laisser cette première attaque porter, c'était pour moi la certitude de parer complétement la suite de celle-ci. Et alors que le rouge de mon sabre percuta la lame de mon adversaire, mon regard rencontra le sien. Il était muet, et je me tatais à lui retirer sa langue pour m'assurer qu'il le soit à jamais, mais j'avais plus envie d'encore souligner leur erreur.

-"Tu manques d'attention, beau brun. C'est un comportement dangereux face à moi..."

Et alors qu'un sourire fendait mon visage, une autre version de moi-même, tout aussi meurtrière venait à la charge de celui dont je venais de repousser la dernière attaque, fendant l'air d'une nouvelle lame rougeoyante. Une attaque qui se voulait aussi vive que précise, empreinte d'un autre style pourtant que celui que j'avais utilisé jusqu'à maintenant : le Juyo. C'était agréable de voir une autre version de moi-même, mais c'était encore plus jouisif de la ressentir. Et sa noiceur à elle me laissait admirative. Etait-ce réellement cela que l'on pouvait ressentir de moi maintenant ? C'était merveilleux.

Mon double cependant me surprit, sautant ensuite d'un bon en arrière et tendant le bras avant que de ce dernier ne s'échappe des éclairs dans la direction du couple de Jedi. D'ailleurs... Du couple ? Alors que l'expression se dessinait dans mon esprit, je comprenais certaines choses. Mais était-ce possible ? Etait-ce réelle ?

-"Franchement ? Tu l'a protégée tout à l'heure pour ça ? Et moi qui te croyait valeureux, tu n'as donc fait que protéger la donzelle vers qui ton coeur chavire ? Est-ce possible ? "

Je n'en attendais pas plus de réponse. Juste un rire s'échappa de moi, s'accentuant dans la noirceur de mon âme. La partie n'était pas terminée, et j'allais jouer chaque note de cette mélodie avec plaisir.
___

Pas de Jet de sagesse pour contrer Alyria. Pas de jet d'Agilité pour contrer la première attaque de Lorn.

Jet d'Agilité pour contrer la seconde attaque de Lorn.
Jet de Sagesse pour activation du pouvoir Création de Double.

Si le jet de sagesse est réussi, voici les jet du double :

Jet d'agilité pour une attaque sur Lorn et Jet de Sagesse pour Eclairs de Force niv 2 sur Lorn et Alyria.

Contrairement à ce qu’avait pensé initialement Alyria, son attaque porta, et plus qu’elle ne l’aurait espérée, envoyant l’apprentie à terre, sa jambe touchée. Sans doute pas suffisamment cruellement pour l’empêcher de marcher, mais le muscle avait dû être titillé assez pour rendre chaque mouvement douloureux. En tant que tel, la jedi ne se réjouissait pas vraiment du visage contorsionné de douleur de cette jeune fille à terre en face d’elle, qui faisait le dos rond pour ne pas se faire balayer par sa Vague de Force comme précédemment. Simplement, elle savait qu’en continuant ainsi, elle finirait par l’incapaciter et l’empêcher de continuer le combat, afin de pouvoir prêter main forte à Lorn autrement qu’en contenant une adversaire au demeurant inférieure à son niveau en terme de puissance brute, mais qui compensait par une certaine maîtrise d’elle-même qui lui faisait perdre du temps.

Silencieusement, la trentenaire attendit que l’arkanienne se relève, peu désireuse d’assaillir une ennemie au tapis. Malgré tout, elle restait une jedi, et une suivante des règles strictes des duels sportifs. Son propre code d’honneur n’aurait pas toléré de prendre avantage d’une telle faiblesse pour achever la sith, peu importe la justification. Si elle n’avait aucun problème à lui passer son sabre à travers le corps au cours du duel, elle n’éprouvait que répulsion pour la facilité du meurtre lâche. C’était bon pour les traîtres et les adeptes du côté obscur. Certains pensaient que ce genre de comportement était typiquement responsable de la supposée faiblesse des jedis. La maîtresse d’armes pensait au contraire que c’était ce qui faisait leur force : quand il était impossible de se reposer sur les manques d’un opposant, cela signifiait que chaque victoire serait gagnée grâce à ses propres forces, et à rien d’autres. Par conséquent, pour espérer apporter la justice, combattre pour ses idéaux, il était nécessaire de s’exercer et de se renforcer constamment, sans relâche et sans pitié pour son propre corps. Là se tenait l’exigence. Là résidait l’excellence.

Le second duo était toujours au corps à corps, dans une furie guerrière qui semblait vouloir redoubler de violence. Cependant, du coin de l’œil, Alyria vit la sith reculer face à sa propre attaque, avant de se faire atteindre par le sabre mauve de Lorn. Voilà qui devait faire mal. Enfin, apparemment pas suffisamment pour la faire taire dans ses élucubrations grotesques. Dommage, la demi-echanie devait bien admettre que très honnêtement, elle aurait adoré trouver la touche stop dans ce disque rayé. Et alors qu’elle la voyait ouvrir la bouche encore une fois, elle attendit la nouveauté du moment. Après la vermine et les canailloux, elle prenait les paris sur pas mal d’expression ! Cependant, le spectacle qui s’ensuivit n’était pas du tout celui auquel elle s’attendait. En effet, sous ses yeux médusés, une ombre commença à apparaître aux côtés de la démente qui grossissait, grandissait, pour devenir une réplique en tout point semblable à cette dernière. Au début, la jedi eut la pensée que ce n’était qu’une illusion destinée à leurrer Lorn, sans forcément de consistance, mais quand elle la vit brandir un sabre et attaquer l’épicanthix, quand elle vit et entendit le fracas qui s’ensuivit, la gardienne sut qu’il n’en était rien, et que tous deux combattaient à présent trois ennemis : deux de chairs et d’os, et un empli de Force matérialisée. Les choses se corsaient. Une maîtresse et son apprentie, c’était à leur portée. Mais l’équivalent en terme de puissance de deux seigneurs siths et une apprentie, ce n’était plus du tout la même équation.

Que faire alors ? Continuer à noyer la plus jeune sous un déluge d’attaques qui finiraient par la faire ployer, puis venir au secours de Lorn ? Se détourner de sa cible première pour tenter de balayer le clone le plus vite possible, quitte à laisser le champ libre à sa propre adversaire pour que cette dernière ne profite des espaces créés pour se montrer bien plus dangereuses qu’elle n’aurait dû l’être ? Les deux solutions avaient leurs avantages et leurs inconvénients. Pour autant, elle n’eut pas le temps de réfléchir plus avant. Le clone avait apparemment décidé de lui forcer la main.

Subitement, une vague d’éclairs emplit la salle, se déchaînant contre les deux jedis. Frappée sur le côté, Alyria tenta de rabattre son sabre, mais trop tard. Déjà, la foudre déferlait sur elle, mettant à mal son corps. Serrant les dents, la jedi inspira profondément, tentant de se souvenir de la douleur autrement plus intense ressentie sur Ossus contre ce sith étrange qui avait fini par la faire plier avec son abominable déluge d’électricité malsaine. A côté, ce n’était qu’un échauffement, désagréable, certes, mais nécessaire. Elle recula sous l’impact, sabre momentanément baissé, attendant simplement que la souffrance s’arrête.

Extérieurement, son aspect physique devait être particulièrement inquiétant. De la fumée s’échappait de ses gants, particulièrement le gauche, et machinalement, elle secoua sa main pour vérifier que la prothèse n’avait pas trop souffert. Apparemment, non, ou du moins, elle restait opérationnelle. Bien. Un sourire amusé fendit alors son visage, et elle siffla :

« Eh bien, eh bien, vous n’arrivez tellement pas à nous vaincre, nous, de si faibles vermines jedis, qu’il vous faut recourir à un bretteur supplémentaire pour espérer tenir la distance. Quelle décadence…

Franchement, j’attendais autre chose après tant de rodomontades. A moins que vous n’ayez peur que votre chère apprentie ne finisse en très mauvais état. Oh, mais alors… Serait-ce… Oh, moi qui prenait cela pour de la sollicitude, c’était le grand amour ! »

Le sarcasme coulait de sa bouche avec facilité, comme toujours. Contrairement à Lorn, Alyria adorait répondre à ses adversaires, ne se démontant jamais, même dans une situation délicate. Surtout, rien ne lui plaisait plus que de retourner les arguments de ses adversaires contre eux. Reprenant son sérieux, elle ajouta, sans aucune once de pitié, d’hésitation ou de sympathie dans la voix, mais sur un ton tranchant, dur, sans concession, froid comme la glace de Hoth :

« Ne ramenons pas tout à de futiles envolées. Que diriez-vous d’un vrai combat, maintenant ? »

Se rapprochant de son adversaire d’avant, mais aussi du duo de seigneurs siths, elle étendit la main, mobilisant ses forces… Pour constater avec agacement que la Force se refusait à elle. Peut-être qu’en définitive, la prothèse et ses nerfs avaient été plus endommagé que prévu. Pour autant, cela lui fournissait un avantage. Sans doute qu’ils avaient tous cru, comme elle, que la jedi allait encore une fois recourir à son arme fétiche, la Vague de Force… A défaut, elle comptait bien frapper aussi fort qu’elle l’avait annoncé.

Sans prévenir, elle se retourna brusquement contre l’apprentie, bondissant, ses deux sabres allumés en avant, et Alyria commença une danse typique du Jar’Kai particulièrement enlevée. Sauf que cette fois, ses mouvements ne laissaient aucun doute sur ce qu’elle désirait faire : tenter de porter le coup fatal. Et elle n’aurait aucune hésitation, aucun tremblement. Elle frappait sans relâche, déchaînant toute son expérience, toute sa résolution. Et l’apprentie ployait sous la charge. Bientôt, ses frappes se firent plus précises, plus dangereuses : elle visait au cœur.

Brusquement, d’une torsion du poignet, elle amena sa main droite, directrice, vers le poignet de l’arkanienne… Pour croiser dans un mouvement particulièrement osé son bras gauche par-dessus, sabre secondaire au poing, dirigé en plein vers le cœur. Avec un bruit sinistre, la lame bleue s’enfonça dans la cage thoracique.

L’enlevant rapidement, Alyria se retourna vers l’autre sith, le visage grave, et souffla :

« Votre apprentie va mourir sans soin. Chaque minute qui passe la pousse un peu plus dans les bras de la Force. Et vous savez que sur ce croiseur, il n’y a qu’une seule personne qui est capable de la sauver.

Rendez-vous, avec votre navire, et je la ramène. Continuez dans votre entêtement, et vous la regarderez mourir.

C’est votre choix. »

Ce qu’il y avait de bien avec bon nombre de jedis, de bien et de pathétique en fait, était le fait qu’ils ne perdaient jamais espoir quelle que puisse être la situation dans laquelle ils étaient fourrés, ils ne se laissaient jamais aller au désespoir et réfléchissaient toujours posément à un moyen de se sortir de ce guêpier. Admirable, n’est-ce pas ? Même face à la pire racaille sith ils ne perdaient pas espoir de pouvoir raisonner cet adepte du côté obscur en discutant calmement. Du simple apprenti au plus terrible des seigneurs siths, tous se voyaient offrir une chance et, si bon nombre de jedis s’efforçaient de ne pas condamner d’avance ces êtres qui étaient simplement égarés, le jeune colosse ne voyait en ces dialogues stériles qu’une pure perte de temps. À votre avis pourquoi n’avait-il pas dit un seul mot depuis le début de l’affrontement ? Pas parce qu’il avait besoin de se concentrer, il était plus que capable de faire deux choses en même temps, mais parce qu’il savait d’expérience que raisonner un sith était aussi impossible que de pousser un hutt à faire des pompes.
Oh oui, il était inutile de lui rappeler que la violence n’était pas la voie du jedi et que la diplomatie devait toujours primer sur toute autre action, mais malheureusement l’expérience lui avait appris que tendre l’autre joue face à un individu armé d’un sabre laser ne se terminait que rarement bien, il fallait accepter de faire des compromis en marchant sur ses principes pour sauver un grand nombre de vies. Regrettait-il son choix ? Pas le moins du monde, c’était un sang de guerrier qui bouillonnait dans ses veines et en ce sens il était le moins jedi de ses congénères. Il ne prenait pas vraiment plaisir à se battre, il ne ressentait pas ce même plaisir malsain que certains sith ayant croisés sa route, mais il pouvait envisager sans mal d’avoir recours à la violence quand la situation l’exigeait.

Tard le soir, quand son esprit errait vers des contrées obscures, Lorn ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’il serait devenu si c’était un sith qui était venu le pêcher dans cette arène au lieu de son vénéré maître, serait-il devenu un fier et puissant seigneur sith on aurait-il fini écrasé par ses camarades et concurrents ? Il avait du mal avec l’aspect passif de la voie du jedi, bien conscient que ses camarades – y compris celle qui se battait à côté de lui – voyaient d’un mauvais œil son prompt recours à toute forme de violence physique ou psychologique, mais il ne pouvait pas changer sa nature profonde. Non, il ne le voulait pas, il ne voulait pas oublier d’où il venait ni ce qu’il avait dû faire pour parvenir enfin à contrôler cette énergie débordante qui grandissait en lui. L’enseignement n’était pas pour lui, la diplomatie n’était pas pour lui : il était un guerrier et un meneur d’hommes !

Peu importait ce que penseraient ses camarades, il continuerait de donner sa vie pour apporter à la République et à l’Ordre ce dont ils avaient besoin, il continuerait de se battre encore et encore jusqu’à ce que son corps ne soit plus capable de mettre un pied devant l’autre. À ce moment-là et à ce moment-là seulement il consentirait à rejoindre la Force, à rejoindre sa famille, mais certainement pas avant d’avoir donné son maximum.

Ignorant de ce qui était en train de se passer en dehors de ce vaisseau, Lorn faisant face à une seigneur sith qui avait le mérite d’être plus tarée mais surtout plus coriace que ses compères rencontrés sur Byss auparavant, elle offrait à Lorn un duel de qualité et ne reculait pas même lorsqu’elle était acculée par cette pluie d’attaques déferlant sur elle. Même si elle était folle à lier elle ne fuyait pas et donnait tout ce qu’elle avait dans ce combat, même ses capacités les plus étranges, c’était quelque chose que le maître d’armes ne pouvait que saluer.

Le combat gagnait en intensité et, finalement, les deux combattants fracassèrent une fois encore leurs sabres l’un contre l’autre. Alors que Lorn s’attendait presque à un coup foireux de la part de la demoiselle, il ne put masquer sa surprise en voyant un double de son adversaire apparaître. Oh oui il savait bien que le côté obscur et l’alchimie sith pouvaient faire des merveilles, son maître lui en avait brièvement parlé, mais voir l’un de ces prodiges de ses propres yeux était autrement plus impressionnant.
Surpris par ce dédoublement, conscient que cette arrivée soudaine allait considérablement changer la donne dans ce combat, le jeune homme désactiva la seconde lame de son sabre, se concentrant simplement sur la défense face à l’attaque de ce double. Combattre deux adversaires était une chose, mais lorsque le rapport de force d’un affrontement changeait de la sorte, ça compliquait beaucoup plus les choses et désormais Lorn fut forcé de faire preuve de davantage de prudence. Quelques secondes auparavant il déversait une pluie d’attaques sèches et rapides sur la demoiselle, et maintenant il était acculé et forcé à prendre une posture défensive : autant dire que la tournure que prenait ce combat ne lui plaisait pas des masses.

Alors qu’il se dégageait de cette première rencontre avec le double, il brandit son sabre devant lui en espérant que cela suffise à bloquer les éclairs qui se déversèrent sur lui. Que cette attaque porte ou non, le jeune maître se dressa et, sentant son cœur battre la chamade dans sa cage thoracique, il n’écouta même pas ce que sa camarade balança à la sith : pourquoi faire ? Si elle avait du temps à perdre à rentrer dans le jeu de cette sith c’était très bien pour elle, ce n’était qu’une pure perte de temps mais si cela l’amusait alors grand bien lui en fasse !
Quoi ? Évidemment qu’il en avait assez de tout ça et qu’il voulait sortir de ce vaisseau pour vraiment ce rendre utile au lieu de rester tailler le bout de gras avec cette folle, évidemment qu’il en avait assez de voir sa camarade s’amuser à se moquer de cette sith comme deux enfants se chamaillant dans la cour de récréation. N’était-ce pas évident ? Mais au-delà de ça quelque chose l’inquiétait davantage, voir ce combat se prolonger mettait ses nerfs à rude épreuve et il devait se contenir pour ne pas envoyer chier son adversaire et bondir sur elle dans un style bien trop agressif. C’était le guerrier en lui qui parlait, comme toujours, celui qui lui disait de profiter du combat et de le faire durer car les adversaires de qualité se faisaient rares ces temps-ci. Était-ce sage ? Bien sûr que non mais il ne pouvait ignorer cette petite voix qui trottait dans sa tête.

Se redressant, fronçant les sourcils d’énervement tout en retenant une insulte derrière ses dents serrées, Lorn savait que son énervement et sa brutalité croissante pouvaient être aisément perceptibles à travers la Force mais il s’en fichait, tout ce qui l’importait était de mettre un terme rapide à cet affrontement avant que les choses n’empirent…pour lui comme pour les autres.

Eerhia allait mourir ? Eerhia allait mourir ? Réellement ? Et la balle était dans mon camp ? Ce fut alors un rire cynique qui s'échappa de moi, autant que de mon double. Elle allait mourir, et alors ? Dans notre monde d'obscurité, les faibles mouraient et les forts leur survivaient. C'était LA régle, immuable. Et personne n'était réellement irremplaçable.

Eerhia mourait de ma main ou de celle d'une autre, comme elle aurait la possibilité de m'apporter ma propre mort. Mais la compassion n'apparaissait jamais -ou rarement- chez les Sith. La compassion, c'était comme un esclave dans une fête mondaine : s'il venait à être présent, pour le service ou pour le repas dans les fêtes que je préférais, on ne devait que peu s'en rendre compte.

Ce qui importait cependant, c'était que mon attaque avait portée. Ou plutôt mes attaques. Autant que celle de mon double. Une merveille que ce pouvoir que j'avais récupéré. Il avait, malgré la perte de cette chère Eerhia, permit d'équilibrer certaines forces en présence, et visiblement de déstabiliser la rouquine. J'avais senti son appel à la Force, mais l'obscurité des lieux commençaient à faire son oeuvre. Et je comptais sur cette même obscurité pour faire survivre Eerhia. Mais si finalement, l'Arkanienne devait trépasser, alors qu'elle trépasse. Il était hors de question de trainer avec moi une faible.

Mon Double répondit, me laissant loisir de me concentrer sur le combat qui était le mien. Il était bon de voir que même dans ce cas, sa voix était similaire à la mienne. Comprendraient-il qui affronte qui ? Ou seraient-ils désemparés comme c'était voulu ? Le doute viendrait-il s'imiscer dans leur esprit quant à se demander si je pourrais en créer plus ? Probablement pas dans l'esprit de l'Epicanthix. Je le sentais de plus en plus combattif, et je le reconnais, j'adorais ça chez lui.

-"Qu'elle meure, si c'est là son destin. Le vôtre ne sera pas différent tant que vous serez sur ce vaisseau. Vous l'avez abordé, peu m'importe donc les conséquences de vos vies."

Mon arme se porta vers mon ennemi alors, dans une nouvelle attaque pour l'asséner d'un coup d'estoc. La frappe était brutale, bien différente du Makashi que j'avais utilisé jusqu'ici. Je ne comptais plus l'utiliser, pour éviter le coté signature de ma main. Tant qu'ils ne saurait pas lequel de mes deux corps était le double, je préservais ma peau d'un peu de survie. La frappe placée, je ne m'attardais pas à si elle avait portée ou non, je bondissais en arrière, dans le but de mettre un peu de distance entre le Maitre d'armes et moi. Il n'y avait pas là grande distance, mais c'était suffisant pour ne plus être à portée de sa lame sans un mouvement de sa part. Et ce mouvement n'en rendrait que ses gestes plus prévisible, et avec de la chance, plus parable.

Mon double lui, réitéra son attaque au sabre, mais cette fois, se concentrant sur la rouquine quand ensuite, il renvoya sa salve d'éclairs sur les deux. Et je ne pouvais être qu'admirative lorsque les éclairs s'échappèrent de ses doigts. Qu'ils aboutissent ou non, cette foudre était vraiment magnifique à mes yeux. Si lorsque je le faisais, je ressemblais à ça, c'était enivrant. Grandiose.

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Jet d'Isobel :

Agilité pour attaque au Sabre sur Lorn
Sacrifice du deuxième Jet pour s'éloigner de la portée du Sabre de Lorn

Jet du Double :

Jet d'agilité pour attaque au sabre sur Alyria
Jet de sagesse pour Eclairs de force sur Alyria et Lorn

Décidément, il n’y avait vraiment rien à en tirer. Voilà très exactement les pensées qui traversaient l’esprit d’Alyria en regardant la folle et son double se mettre à rire à l’idée que l’apprentie puisse mourir. Et c’est ce qui allait lui arriver. Ou alors, elle serait cruellement diminuée pendant longtemps, voir-même à jamais. Les coups en pleine poitrine étaient rarement bénins, et la jedi avait fait en sorte de toucher des organes vitaux pour l’empêcher de se relever, notamment le poumon. Mais qu’on ne vienne pas lui dire qu’elle n’avait pas essayé, constamment, au cours de cet affrontement, de raisonner ses adversaires, de leur tendre la main. Elle savait que Lorn considérait cela comme une perte de temps. Pas elle. Taper pour taper n’avait jamais eu aucun intérêt, et comme beaucoup de membres de leur Ordre, elle considérait toute mort comme une défaite, quand bien même elle ne regrettait pas son geste.

Cela dit, la maîtresse d’armes ne pouvait s’empêcher de trouver d’une ironie douloureuse le fait que celle qui gisait à présent à ses pieds avait trahi sa confrérie originelle sous prétexte que cette dernière l’avait abandonné, alors qu’à présent, sa nouvelle maîtresse la laissait crever au sol sans lever le petit doigt, en se gaussant même d’une éventuelle proposition de sauvetage. Comme quoi, elle était bien mal récompensée de sa traîtrise. Non décidemment, jamais Alyria ne pourrait comprendre les raisons poussant ses pairs égarés à s’abîmer auprès des siths qui ne les considèreraient que comme de vulgaires pions jetables et utilisables à merci. Enfin, ce n’était pas sa décision, et avoir sur la conscience la mort d’une femme ayant déserté pour combattre dans les rangs de ceux qui voulaient leur mort ne serait pas franchement un gros problème. Des siths, des jedis noirs, elle en avait tué ou arrêté un certain nombre, quand cela était possible.

Haussant les épaules, la trentenaire se détourna du corps pour s’avancer lentement vers l’une des deux siths identiques qui encerclaient son partenaire. Cependant, l’aura qui se dégageait de lui ne lui plaisait guère. Il exsudait l’agacement, un sentiment qui, avec une telle force pouvait bien jouer contre lui en renforçant peu à peu son adversaire. Céder ainsi, c’était donner la victoire à cette vipère lunatique. Alors doucement, la gardienne joignit sa propre aura à celle de l’épicanthix, les entourant tous deux d’une lumière forte, venant de sa propre personne, afin de renforcer l’Apaisement de l’obscur que son partenaire maintenait depuis tout à l’heure. Le calme était la meilleure réponse à la folie meurtrière, pas le déchaînement.

Son approche fut cependant arrêtée par l’une des deux siths qui lui barrait la route en répondant finalement à sa proposition. Bon, finalement, la version avec rire et sans mots aurait sans doute été préférable. Clairement, le dialogue ne servirait à rien avec celle-là, encore l’apprentie… Mais non, là, vraiment, il n’y avait rien à faire. Et certains se demandaient encore ce qui différenciait les siths des jedis ? Elle allait finir par faire un exposé dessus au premier abruti sénatorial qui poserait la question.

Si la rouge n’avait pas exécuté son maléfice, elle aurait pu prêter main-forte à son camarade, qui subissait à présent ses assauts et venait, comme elle, d’encaisser de plein fouet les éclairs lancés plus tôt ainsi qu’une estafilade au sabre. Bien sûr, la demi-echanie savait pertinemment qu’il était suffisamment résistant pour ne pas se laisser abattre par ces quelques menues blessures, aussi elle ne s’inquiétait pas trop pour le moment. Mais il ne faudrait pas que la sorcière prenne trop d’assurance, à ce petit jeu. Enfin, apparemment, elle était peut-être plus touchée qu’Alyria l’aurait cru puisqu’elle la vit se reculer à l’issue d’un nouvel assaut. Préparait-elle une botte finale, secrète, ou bien était-elle en train de chercher une échappatoire, un moyen de souffler et de soigner ses plaies ? La méfiance la faisait pencher pour la première option, l’optimisme pour la seconde.

Pour autant, ses réflexions furent interrompues par la sith devant elle qui tenta une double attaque, un peu à sa manière, en alliant sabre dans une main et doigts avancés pour envoyer une nouvelle salve d’éclairs sans doute. L’espace d’un instant, la jedi vit le bout de ces derniers crépiter… Puis plus rien. Manifestement, trop d’obscurité tuait l’obscurité. A moins que le maintien de son illusion ne lui coûte trop et que cela puise dans ses ressources au point d’amoindrir ses capacités à en appeler à la Force pour lancer son assaut.

Instinctivement, Alyria se mit en position défensive, prête à soutenir le choc, attendant l’ouverture pour contre-attaquer. Et cette fois, elle espérait que la Force ne se refuserait pas à nouveau à elle !

Pendant longtemps le jeune homme avait hésité à prendre un padawan pour la simple et bonne raison qu’il ne se sentait pas prêt à assurer la formation complète d’un individu quel qu’il soit, mais au fond de lui existait une autre raison un peu plus égoïste et inavouable dont il n’avait parlé à personne, que ce soit son maître ou celle qui faisait battre son cœur. Je ne vous apprends sans doute rien en vous disant que le jeune maître ici présent était un homme d’action avant tout et qu’il ne se sentait jamais aussi vivant et utile qu’au cœur de la bataille, il savait que les jedis devaient éviter les affrontements à tout prix mais c’était au milieu des explosions et du sang qu’il se sentait le plus dans son élément. S’était-il trompé de voie ? Non, il avait été formé à devenir un grand jedi et en était devenu un comme son maître l’avait prévu, mais ce n’était pas à cours de réunions assommantes et de discours enflammés que Lorn imaginait pouvoir efficacement changer les choses.
C’était bien l’arme à la main et la Force à ses côtés que le maître d’armes avait l’impression de pouvoir changer les choses et défendre les faibles comme on lui avait appris à le faire, et c’était sans doute cette partie de lui qui le poussait à ne pas être à l’aise avec le fait d’avoir un padawan. Serait-il aussi efficace dans ce qu’il faisait s’il devait surveiller une bleusaille 7 jours sur 7 ? Le colosse savait que former les plus jeunes faisait partie de son travail mais il craignait qu’un padawan à temps plein ne devienne un boulet pour lui et qu’il ne soit plus capable d’agir aussi efficacement que d’habitude. S’il perdait sa capacité à changer les choses du fait d’un baby-sitting permanent, s’il perdait sa principale utilité, que lui resterait-il ?

Mais en voyant la réaction de la sith face à l’état de son apprentie, le maître d’armes su que sa façon de penser n’était pas si différente d’un sith, lui voyait les padawans comme une gêne potentielle alors que cette adepte du côté obscur n’en avait clairement rien à faire de celle qu’elle était chargée de former. Comment avait-il pu dériver de la sorte sans même s’en rendre compte ? Depuis quand avait-il commencé à se sortir de la lumière pour se diriger vers les ténèbres ? Non, pas lui, ça ne lui arriverait pas à lui, il connaissait bien trop le goût des ténèbres pour se laisser attirer par elles de nouveau, il se devait de faire le vide dans sa tête pour chasser ces sombres nuages qui embrumaient son esprit.

Plait-il ? Évidemment que cette perturbation était facilement décelable dans la sorte, en tout cas pour quelqu’un qui le connaissait assez bien et ces personnes n’étaient pas légion sur ce vaisseau, mais bien vite cette perturbation fut enfermée dans un mur érigée dans son crâne comme il avait l’habitude de le faire. Faire taire ses émotions parasitaires en les enfermant dans un coin de sa tête pour se concentrer uniquement sur le moment présent, ce n’était pas la façon de faire traditionnelle des jedis mais c’était la sienne : s’isoler pour mieux se concentrer, pour que plus rien ne l’atteigne.

Serrant les dents pour étouffer la douleur qui traversait son corps suite aux attaques et éclairs récemment encaissées, Lorn brandit tout de même son sabre pour contrer son adversaire qui l’attaque dans un style plus brutal que celui utilisé précédemment. Pourquoi un tel changement ? Était-ce son baroud d’honneur ou bien son véritable style de combat ? Aucun moyen de le savoir mais l’épicanthix n’allait clairement pas flancher maintenant.

Fronçant les sourcils en voyant son adversaire bondir en arrière pour s’éloigner de lui, peut-être dans le but de l’attaque de nouveau à distance à coup d’éclairs de Force, le jeune maître se concentra et leva sa main gauche vers son adversaire. Faisant appel à la Force pour user de télékinésie sur son adversaire, il espérait bien la fracasser sur le sol ou la déséquilibrer afin de créer une ouverture. Une ouverture pour quoi faire ? Pour que sa camarade puisse s’y engouffrer et pourfendre cette sith.

Lentement mais sûrement le combat touchait à sa fin, chaque combattant encore debout commençait à montrer des signe de fatigue et devait puiser dans ses ressources les plus profondes pour ne pas être distancé dans cet affrontement. Avec la fatigue viendraient les erreurs et avec celles-ci un vainqueur serait décidé. Cela n’allait plus tarder.

La disparition de mon double fut le détail marquant de ce moment, l'élément qui allait faire pivoter toute la suite. Son départ à mes yeux me prépara à ce qui allait arriver, et pourtant aucun de mes bras ne bougea. Et mon corps quittant le sol, je reculais à nouveau dans la zone, propulsé de quelques nouveaux pas. Je comptais me rattraper, mais l'Epicathix en décida autrement. Son propre mouvement à travers la Force me fit plier le genou et le poser à terre.

C'était un geste qui me rappela à moi-même. J'avais échoué sur Byss, je ne comptais pas recommencer. Je savais qu'elle ne le permettrais pas. Et mon regard se posant sur mes adversaires, ma main se porta au bouton activant le comlink à mon poignet.

-"Informez les troupes d'élites qu'ils peuvent prendre possession du hangar commandant."

J'ignorais si mes adversaires auraient entendu, ou même compris mes paroles. Mais le hangar allait être pris d'assaut. Et ces troupes ne feraient pas plus de quartiers que je n'en faisais. La rouquine pensait que je n'avais pas d'assurance médicale pour Eerhia, c'était peut-être faux en fin de compte. Et raccrochant un instant mon sabre à ma ceinture, je me concentrais, profitant de la distance. A travers la Force, je tentais de canaliser l'intégralité de l'obscurité présente, de la faire mienne d'abord pour répondre à ce Jedi et son aura lumineuse, mais aussi et surtout pour alimenter les éclairs que j'affectionnais tant.

Et me relevant alors, j'assurais ma position en avançant mon pied droit, mon corps se mettant de profil. Je ne comptais pas leur laisser le répit de l'arrivée des troupes, ni même arrêter ce combat qui me plaisait. Mais je ne comptais pas que ma Reine perde son combat. Ses intérêts seraient au possible avant ma démence. Pourtant, autant je tentais de m'en convaincre, autant le doute demeurait : n'était-ce pas trop tard ? N'avais-je déjà pas sacrifier une victoire certaine pour profiter à fond de cette euphorie qui avait dominé ce moment que j'avais partagé avec l'Epicanthix ? Peut-être en effet... Qui saurait ?

Je sentis la Force me transcender, mais je ne savais pas si ce serait suffisant pour les atteindre, pour les affaiblir. Ce genre de détail pourtant, je n'allais pas tarder à le découvrir. Mais jusqu'à ce que je sois à terre, je n'allais pas abandonner.

Une autre question demeurait : seule, à quoi étais-je capable de faire face ? Un Maitre Jedi ? Deux ? Visiblement, je n'allais pas terminer à connaitre la réponse à cette question. Et j'étais peut-être suicidaire, mais la peur ne gagnait pas mon coeur. Que du contraire. L'envie était plus là de me jeter dans le coeur de la bataille. Sérieusement, dans une autre situation, ça aurait été avec plaisir que je n'aurais pas appeler ces "renforts". Après tout, j'étais une Zeltronne. Je souhaitais tout vivre à deux mille pourcents, et même une mort mémorable. Rien n'altérerait le sourire malsain qui apparaissait sur mon visage.
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Pas de défense.

Jet de sagesse pour éclairs de force à nouveau.