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La Chiss prit quelques gorgées de son café en écoutant l'étrange mécano. Il donnait l'impression de transmettre des secrets qu'on lui avait fait jurer de ne jamais révéler, et qu'il se faisait un plaisir de raconter quand même.

Le problème du malheureux M. Jakobi était donc le temps, seul ennemi contre lequel un guerrier ne pouvait rien, ou si peu. L'humain était sur la pente descendante, un déclin inévitable et dont il était certainement le plus conscient. Gyro s'inquiétait visiblement pour son ami, mais Nyoko comprenait toute l'étendue de l'horreur que pouvait ressentir le mercenaire : voir son corps s'atrophier, ses capacités péricliter, s'amenuiser comme un torrent dont on a épuisé la source à force de trop y puiser. Un vol graduel, inéluctable de ce qu'il est, juste sous les yeux et sans aucune échappatoire. Oh oui, la Chiss imaginait sans peine la panique, la peur, la résignation amère.

"Une main ? fit-elle avec un sourire en coin entre deux gorgées de café. Je le forcerai à sacrifier bras et jambes, pas moins."

Une pique bravache et idiote, mais la chasseuse appréciait d'être jugée assez dangereuse pour pousser l'humain à sacrifier le restant de ses forces pour la vaincre. Elle ne pouvait pas faire moins que de proposer une bataille à la hauteur d'une telle fin de carrière.
Nyoko se surprit à imaginer à quoi l'énigmatique M. Jakobi pouvait ressembler dans sa jeunesse. Déclin ou pas, il était en l'état déjà digne des meilleurs soldats chiss et même la bleue n'envisageait pas de rester intacte face à lui en combat singulier. La vieillesse faisait son office, mais elle avait encore largement de quoi grignoter pour un sacré moment. Et pourtant, ce n'était rien face à ce qu'il était deux décennies auparavant ? Qu'était-il, à l'époque ? Un monstre ? Avait-il gagné des guerres à lui seul, comme dans les holovids ?

"J'aurais aimé l'affronter à l'époque, marmonna-t-elle, songeuse. Ca aurait été un honneur."

La brusque décélération la secoua sur son siège. Levant les yeux vers les traits lumineux qui redevenaient rapidement des points sur le noir de l'espace autour de la gigantesque cité-planète, ses sens l'alertèrent aussitôt. Avant même qu'elle ne puisse bouger, le "mécano" s'était glissé si près d'elle qu'il aurait tout aussi bien pu être un assassin, et elle un cadavre en sursis.
L'approche était parfaite. Silencieuse, rapide, sans un seul mouvement superflus. Pile dans l'angle mort qui s'était dessiné au moment où son attention s'était concentré un bref instant sur la planète devant elle. Assez leste pour prendre son instinct de vitesse, un instinct qui l'avait gardée en vie à travers toutes ses batailles. La Chiss aurait volontiers salué la performance, s'il n'y avait eu cette sensation tenace de danger imminent.
Elle sentait sa main frémir et ses lèvres s'étirer en un rictus, la crainte de la mort se mêlant à l'excitation. Un autre homme dangereux. Un autre adversaire de valeur. Une bonne journée, décidément.

"Je vais voir ce que je peux faire" répondit Nyoko en tournant la tête vers l'humain qui entrait dans le cockpit. Il avait l'air encore un peu frêle. C'était presque gênant de voir un guerrier comme lui dans un tel état.

La chasseuse se leva en cachant du mieux qu'elle pouvait ses émotions, envoyant un clin d’œil au mécano étrangement expert en furtivité.

"Eh bien votre mécano par intérim va aller se désaltérer le gosier dans un endroit tranquille et loin des quartiers chics. Ca fait longtemps qu'on ne m'a pas offert à boire, je serais folle de refuser."

Son maigre matériel rassemblé dans un grand sac, Nyoko descendit la rampe en compagnie de Jakobi. Il y avait de meilleurs hangars, de meilleurs quartiers, de meilleurs étages complets de la cité, mais elle se sentait à l'aise dans celui-ci. On pouvait s'y perdre facilement, d'ailleurs nombreux étaient ceux que l'on "perdait" à dessein. Pas aussi glauque que les étages les plus profonds, pas aussi rutilant que les étages supérieurs. Et pas beaucoup de questions du moment qu'un crédit s'égarait dans la poignée de mains.

La chasseuse conduisit d'abord son compagnon dans une petite boutique d'une ruelle transversale. L'intérieur faisait plus penser à un bric-à-brac qu'à une armurerie - si l'on excluait le fait que c'était un bric-à-brac fait d'armes et d'armures en tous genres. Le sac contenant son armure atterrit sur le comptoir d'une Togruta au teint verdâtre dont l'expression se para d'un dégoût qui laissait entendre qu'elle avait vu mieux accroché à la semelle de sa botte.

S'ensuivit une discussion houleuse où la bleue et la verte tentèrent chacune de convaincre l'autre que la réparation lui incombait. Des mots furent échangés, puis des menaces, suivi par des compromis prudents et finalement par un nombre savamment équilibré de crédits. Le sac disparu dans l'arrière-boutique avec un "BLONG" indiquant le degré d'implication de l'armurière.

Enfin arriva la partie la plus agréable : la cantina. La première qu'ils avaient croisé, et ça suffirait amplement. La salle était petite, assez éclairée pour qu'on voie la présence d'autres clients, et les discussions se faisaient à voix basse.
Une serveuse arriva et attendit en silence que le duo se décide. Ce genre de cantina ne s'encombrait pas d'une carte.

"Une bière lum, commanda Nyoko de son côté. Elle n'avait pas toujours le raffinement de ses compatriotes, même en matière d'alcool. Alors, dites-moi Jakobi : qu'est-ce que vous allez faire de cette paie, une fois encaissé ?"
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Tanlo ne dit pas grand chose lorsqu'il suivit Nyoko dans la ville. Elle maîtrisait son sujet et savait ce qu'elle devait faire, lui, n'y connaissait pas grand chose. Servir de silhouette musclée, se taire et laisser vagabonder ses pensées lui allait très bien.

Lorsqu'elle se disputait avec la Togruta, Tanlo resta approximativement 10 secondes auprès d'elles. Ensuite, totalement perdu dans leurs termes technique, il les abandonna, se contentant de flâner dans l'armurerie, se faisant parfois corriger par la verte lorsqu'il touchait trop une antiquité. Tanlo n'ayant ni armure, ni arme autre que son blaster, il n'y connaissait pas grand chose... beaucoup moins que la Chiss en tout cas, vu ses échanges avec la Togruta. Lorsqu'ils ressortirent, Tanlo était le plus souriant, content de pouvoir se reposer.

Finalement, ils allèrent dans une Cantina, une comme des millions d'autres, avec ce qu'il faut de bruits et de clients, sans être assourdissant. Nyoko commanda de la bière, il commanda une boisson sucrée.

" Je n'ai jamais tenu l'alcool. " se justifia t-il. " Un simple verre de vin me rend somnolent, et au second, je dors dans un coin en suçant mon pouce. "

"Alors, dites-moi Jakobi : qu'est-ce que vous allez faire de cette paie, une fois encaissé ?"

Il se mit à rigoler.

" J'économise pour ma retraite ! Faut bien cotiser... plus sérieusement, je suis en train de me construire une belle propriété sur Tatoiine, loin des villes afin d'y être tranquille. Une belle piscine, un petit golf une fois ce maudit désert transformé et de quoi me balader sous le ciel étoilé. "


Il remercia la serveuse lorsqu'elle lui amena leur verre.

" Bref, j'ai bientôt assez d'argent pour terminer les travaux et vivre comme un pacha le restant de mes jours ! Et si des jedi, des sith ou mandaloriens viennent toquer à ma porte pour régler mon compte, qu'ils le fassent ! Je n'ai aucun regret ! "

Il lui fit un clin d'oeil.

" Et toi, qu'est ce que tu va en faire ? T'es jeune, forte et pleine d'avenir. Tu ne compte pas juste t'acheter de nouveaux joujous et de continuer des missions foireuses j'espère ? C'est quoi tes ambitions ? "

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La chasseuse prit quelques gorgées de bière, un bras sur le dossier de sa chaise. A défaut de se détendre, elle pouvait au moins se relâcher un peu maintenant que l'astéroïde, les pirates et l'espace étaient loin au-dessus d'elle.
Un petit coin de terre sur une planète perdue loin de tout, tel était le rêve de son collègue. Plutôt simple, mais après tout rares sont les guerriers qui parviennent à savourer leur retraite. Bien évidemment la question revint à l'envoyeuse, qui bascula la tête en arrière en fronçant les sourcils.

"J'imagine que j'ai un genre d'ambition en tête, ouais. Rester en vie, essentiellement, ce qui inclue acheter de nouveaux joujoux, ce qui veut dire faire plus de missions foireuses." Nyoko se rassit, fixant le goulot de sa bouteille de lum."Je n'ai jamais trop eu le loisir d'avoir des ambitions. Pour le moment, taper sur des mercenaires et m'habituer à votre République m'occupe largement assez. On verra plus tard pour la suite."

La bouteille se renversa brièvement au-dessus de la chasseuse qui en prit une bonne lampée. Ce sujet n'était pas neuf, mais il fallait se rendre à l'évidence : quiconque vivait de bastonnades et d'échanges de tirs n'était pas tout-à-fait bien dans sa tête, qu'elle soit rose, bleue, ronde, à tentacules ou en forme de toast. A la réflexion, quiconque avait une tête de toast ne pouvait être bien dans sa tête de toutes manières.
Un jour, la chasseuse reviendrait lasse d'une chasse, avec un frisson qui ne serait pas dû à l'excitation à l'idée de la prime suivante. Ce jour-là, sa carrière serait terminée. Mais pour le moment elle ne savait rien faire d'autre, ou si peu, et ses... penchants... n'entravaient pas son travail - mieux, ils le facilitaient.

"Mis à part devenir critique d'holovids, je n'ai rien d'autre à quoi m'occuper. Et franchement, je ne vois pas qui serait assez fou pour m'engager. Tu as été jeune aussi, tu te souviens comme on se sent à la fois invincible et complètement étranger à l'univers, pas vrai ? La sensation de squatter une place qui ne nous revient pas ? Ben, j'en suis encore là." La bouteille s'agita en cercle entre ses doigts longs. "J'imagine qu'en trouver une, de place, c'est mon ambition du moment. Ca et m'acheter mon propre vaisseau. Mais je n'ai pas envie de devenir chef de guerre, assassin ou dictatrice d'une colonie paumée, donc ça limite mes choix de carrière."

Les yeux de la Chiss papillonnèrent dans la salle, où quelques silhouettes semblaient s'agiter à leur table. Contrebandiers dont le deal se passait mal ou pirates venant de trouver un tricheur aux cartes, ce n'était que monnaie courante dans ce genre d'établissement. Rester vigilant suffisait à éviter le gros des soucis, en général, et sa vigilance soufflait que sous peu, des armes que personne n'avait vu jusque-là fleuriraient comme par magie dans les mains et tentacules des clients.
Nyoko esquissa un sourire. Pour l'instant, il n'y avait encore que de l'excitation dans le frisson qui lui remontait l'épine dorsale.

"Un jour, je deviendrai adulte, Jakobi. Ou pas. Pour le moment j'ai une bouteille qui va très vite être brisée sur le bord de cette table." Le sourire malicieux de la Chiss s'accompagnait d'un ton du même acabit tandis qu'elle terminait ladite bouteille."Ou j'irai peut-être aux poings. Ce sera plus honnête de ma part, ça laisse une chance à certains."

On commençait à entendre des raclements de chaise sur le sol, d'autres regards scannant également la pièce et faisant la même évaluation de la situation.

"Il paraît que vous avez un adage qui dit qu'on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Alors dis-moi Jakobi, est-ce qu'une chienne de guerre peut oublier la soif de sang en vieillissant ?"
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Tanlo regardait sa partenaire pendant qu'elle parlait, pleine de force et d'assurance. Il se dit qu'il aurait aimé la rencontrer il y a 20 ans. Enfin, pas quand elle était un bambin, mais avoir le même âge qu'elle. Ils se seraient bien amusés tous les deux. Elle était même encore plus tête brûlée et téméraire que lui. Tout en ayant cet instinct de conservation qui fait défaut à trop de gens.

En parlant d'instinct de conservation... plusieurs personnes regardaient le "couple" d'un air étrange et hostile. Plusieurs personnes se levaient de leurs chaises pour se diriger vers eux. Il remarqua que beaucoup portaient une sorte de brassard rouge, que ce soit au bras, à la jambe, ou en bandana sur le front. Signe distinctif d'un gang ? Il fouilla dans sa mémoire pour voir s'il avait déja eu des problèmes avec eux. Ils étaient presque une dizaine.

La chasseuse, elle, venait de finir sa bouteille. Elle avait elle aussi cernée la situation. Tanlo commenta d'une voix le surprenant lui-même.

" Je suis las de ces bagarres de cantina. J'aimerais pouvoir me poser et boire tranquillement un jour. "

"Il paraît que vous avez un adage qui dit qu'on n'apprend pas à un vieux singe à faire la grimace. Alors dis-moi Jakobi, est-ce qu'une chienne de guerre peut oublier la soif de sang en vieillissant ?"

Il fit grincer sa chaise et se leva, alors que les autres clients s'approchaient d'eux. Serveuses et hommes de comptoir s'étaient éclipsés comme des fantômes. Il fit signe à la Chiss de se lever elle aussi.

" Les gens peuvent changer. " Il rajusta son chapeau. La Chiss et l'humain étaient entourés par une dizaine de malfrats de race et de gabarit variés, deux d'entre eux dépassant même Tanlo.

Ce dernier fit un clin d’œil à la Chiss et chuchota tout doucement "reste calme", avant de poser sa main sur son épaule. Il se souvenait qu'elle n'aimait pas vraiment être touchée.

" Avant de commencer, j'ai quelque chose à déclarer à mon amie. "

Les malfrats se regardèrent entre eux, haussant les sourcils, avant de le laisser parler. Tous étaient sur leurs gardes. Tanlo rapprocha légèrement la Chiss de lui.

" Ma belle, tu vois tous ces hommes autour de nous ? Et bien je prend celui de droite. "

Avant même que quiconque ne puisse réagir, il frappa. Son bras droit devint flou l'espace d'un instant avant qu'un "CLAC" retentissant, comme le claquement d'un fouet se fit entendre. L'homme devant lui fut repoussé en arrière, son nez et ses deux arcades sourcilières explosées par la droite fulgurante de Tanlo. Lâchant la Chiss, il se précipita en avant, et enchaîna d'un uppercut au foie de son pauvre adversaire. Le coup fut tel que l'humain fut légèrement soulevé du sol, avant d'être projeté contre ce dernier d'un troisième coup au visage, dont le craquement sonore fit reculer les autres protagonistes.

La cantina, qui était devenue silencieuse, sombra dans le chaos. Tanlo n'essayait pas de protéger la Chiss, sachant qu'elle se débrouillerait très bien seule, serait vexée qu'il intervienne, et lui en voulait sûrement pour son geste. Autant la laisser décharger sa colère sur les inconscients en face d'eux. D'ailleur, il cru entendre le bruit caractéristiques des testicules broyées. Compassion. Il écarta avec aisance deux adversaire, avant d'en mettre un quatrième à terre avec un low kick surpuissant qui pulvérisa le tibia.

Ses jambes pouvaient déraciner de petits arbres, que valait un os face à lui ?

Un autre adversaire se dresse face à lui. Un besalisk. Aie. Tanlo n'était pas fan du combat à mains nues face à un adversaire avec plus de bras que lui. Il esquiva sans trop de peine de lourdes frappes, ripostant avec quelques rapides contre-attaques au visage, qui n'eurent pas trop d'effet. Trop focalisé sur son ennemi, il réagit trop tard face à l'attaque surprise dans le dos d'un rodien, qui lui fit une belle entaille au bras avec une machette. Il hurla de douleur et le repoussa contre un des adversaire directs de la Chiss. Le besalisk revint à la charge et lui administra une formidable patate de forain en plein visage.

Tanlo fut repoussé contre le comptoir, sonné et le visage en sang. Le besalisk continua son attaque, deux de ses coups étant parés par l'humain. Énerve par sa douleur au bras, il reprit le contrôle, se saisissant de la tête de son adversaire et la plaquant contre le comptoir avec une telle force que le métal s’enfonça légèrement. Il le fit traîner en le maintenant de toute ses forces face contre comptoir avant de se saisir d'une bouteille et de l'exploser sur son crâne.

Son sang bouillait. Son bras saignait et son souffle, bien que maîtrisé, était rauque. Il espérait que sa partenaire se débrouillait bien.
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Le petit jeu du malicieux m. Jakobi produisit son double effet kick-cool : les voyous hésitèrent un instant, à la fois intrigués et perplexes. C'étaient des habitués des bastons brutales, soudaines et courtes. aucun n'aurait pu faire un troufion dans la moindre armée, mais tous savaient donner un coup en traître avant de filer par l'arrière-boutique. Le second effet fut de mettre la Chiss dans le bon état d'esprit, un frisson de réflexe la parcourant au contact de la large main sur son épaule tandis qu'elle poussait un grognement mécontent.

Puis la bagarre démarra, ou dégénéra, ou vira au chaos, il faudrait attendre la décision de l'arbitre pour en être sûr. En bon chien de guerre, à peine son camarade s'était-il propulsé en avant que Nyoko en fit de même, dans l'autre sens. Un coup d'épaule pour profiter de l'étroitesse de la zone de combat, avec le bras plié en V devant elle comme un bouclier des temps anciens. Plutôt que couper le souffle de l'adversaire prit au hasard, la charge l'envoya bouler contre deux de ses camarades trop proches de lui en une mêlée de bras et de jambes.

La chasseuse saisit du bout des doigts l'extrémité du manche de sa vibrolame courte glissée sous sa manche. Lame posée contre l'avant-bras dans un style commando gravé dans sa chair, la bleue jeta des regards rapides autour d'elle pour donner à son cerveau en ébullition le maximum de données. La première attaque fut esquivée et la lame fendit l'espace en réponse, entaillant un bras. Puis l'arme siffla dans l'air pour aller se planter dans un pied qui traînait là, enseignant par la même l'importance des chaussures cloutées au malheureux propriétaire qui avait espéré prendre la chasseuse en défaut.
Un tronc d'arbre s'abattit sur l'épaule de Nyoko, qui serra les dents de douleur et de surprise. Posant un genou à terre, elle leva les yeux vers le bloc de muscles qui la toisait de haut, les bras à nouveau levés au-dessus de sa tête. Pas le genre d'ennemi qui se laisse déstabiliser par un coup derrière le genou, et les chaussures massives à ses pieds pointaient vers une protection fort commode entre les jambes.

La Chiss se décida pour un coup par en-dessous ; non pas un coup du poing, qui aurait nécessité plus d'ampleur et de temps dont elle manquait, mais pour un coup du bras entier. L'anatomie chiss regorgeait de surprises, notamment concernant la musculature, et lorsqu'un bras chiss va quelque part, il ne laisse pas de petits détails l'arrêter. Encore moins quand il est animé d'une envie folle de faire très, très mal.
La coquille fut repoussée vivement vers le haut, allant directement à l'encontre de sa fonction première au grand dam du mastodonte avec un bruit ignoble qui n'augurait rien de bon. Mme Mastodonte n'allait pas être contente. Debout sur la pointe de ses larges pieds, l'homme perdit l'équilibre et s'effondra sur l'un de ses compères qui se relevait à peine. Une seconde femme allait être malheureuse ce soir. Ouch.

Nyoko se saisit de la vibrolame et l'arracha du sol en se relevant, relançant le cri de douleur de sa victime avant de la réduire au silence d'un coup de genou pendant sa remontée qui, la chasseuse devait l'admettre, améliora nettement le profil de la créature. Sans même réfléchir, Nyoko donna un coup derrière elle. Il y avait toujours un sournois qui profitait d'une occasion comme celle-là. Un "oompf..." sourd la récompensa, suivi d'un gargouillement indistinct tandis qu'un de ces êtres à tentacules crâniens dégoûtants glissait au sol en se tenant ce qui devait lui tenir lieu de ventre. Dommage qu'il n'aie pas été plus rapide, ou son goulot brisé de bouteille aurait pu faire encore plus de dégâts au flanc de la chasseuse. Cela n'empêchait pas cette dernière de jurer dans sa langue natale, une main plaquée sur ses côtes. Une éraflure, rien de vraiment profond, mais qui n'en faisait pas moins un mal de chien.

D'autres rapides regards alentours. Encore deux types debout, quelques autres regardaient le puissant m. Jakobi avec une crainte très justifiée. L'humain, vieillissant ou pas, se mit en tête d'envoyer son propre adversaire à la Chiss. Un cadeau des plus chics, mais qui pourrait tout de même être un peu encombrant. Nyoko saisit le malfrat le plus proche, qui glapit d'effroi en gesticulant inutilement sous la poigne de fer de la chasseuse. Cette dernière banda ses muscles, planta son pied gauche au sol et propulsa son boulet humain, ou rodien, ou qu'en savait-elle, en plein dans le dos du Besalisk de toutes ses forces. Certes, cela permit à l'alien de reprendre son équilibre et de retourner s'occuper de l'humain chapeauté, mais le rodien - puisqu'il s'agissait bien de cela - s'effondra avec un sourire niais auquel manquait quelques dents.

Le dernier homme debout avait les genoux qui claquaient. Il y en avait toujours des comme ça dans toutes les bandes, un jeunot qui suivait et lançait des "ouais" et des "mors-z-y la tentacule" mais restait scrupuleusement derrière. S'approchant d'un pas lourd, sa taille projetant une ombre sur le visage terrifié, Nyoko saisit fermement le col du voyou pathétique pour le lever à hauteur de visage - c'est-à-dire à vingt bons centimètres au-dessus du sol. Le gamin avait les jambes qui moulinaient frénétiquement dans le vide.

"Traîne encore dans la rue et je te casse en deux", maugréa-t-elle entre ses dents, ses yeux rouges écarquillés et rivés sur sa victime qui hochait déjà la tête, sans même chercher pourquoi. "Maintenant dégage !"

Le gamin atterrit non pas sur mais à côté du dernier malfrat qui se relevait péniblement de sous le mastodonte qui se roulait au sol en se tenant la coquille et aplatissait au passage les deux malheureux qui n'avaient pas eu l'opportunité de s'échapper. Nyoko n'était pas encore très douée pour discerner la physiologie de toutes ces espèces pensantes, mais le mioche lui avait semblé un peu trop léger. Il n'avait probablement pas besoin d'une coquille, ou alors de deux. Ca aussi, on en trouvait dans toutes les bandes. Bah, ça n'était pas son problème, après tout.
Son problème, à la bleue, c'était ce type encore étourdi autour duquel ses mains s'étaient refermées pour l'immobiliser. Elle glissa son pied gauche entre ceux de l'homme et le força à choisir entre une fracture du tibia en tentant de résister à la projection et un retour sous le rouleau compresseur plus ou moins humain en retombant en arrière.
Le malin garda sa jambe intacte.

Nyoko se frotta les mains avant de les poser sur les hanches, un petit sourire sur les lèvres. Elle se sentait mieux, beaucoup mieux. Son dos et son épaule lui faisaient mal, mais elle avait déjà connu pire et ses côtes ne saignaient plus. Le gamin, ou la, s'était carapaté par la porte de derrière, et le confrère de la chasseuse était présentement occupé à... eh bien à encastrer la tête du Besalisk dans le comptoir avec un sens artistique de la rage que Nyoko ne put qu'applaudir. Jakobi avait même usé du vieux truc du glissé-défoncé, avec fracassage de bouteille en sus. Du grand art, vraiment.
Un bruit de verre explosé plus que brisé se fit entendre derrière elle. Se retournant, elle vit l'un des voyous, enfin relevé, avec un visage blême, une expression horrifiée et une main tremblante pleine d'éclats. Nyoko secoua lentement la tête. On s'imagine toujours qu'il suffit de frapper une bouteille de lum sur un coin de table pour avoir une arme, alors que la réalité est bien plus cruelle pour le novice non entraîné.

Mais on ne dirait pas de Nyoko qu'elle n'était pas sportive, et puis elle était d'humeur sereine. En signe d'amitié, elle serra la main de son adversaire vaincu.


Enfin le calme revint dans la cantina. Plus ou moins. Il restait toujours des malfrats, mais couchés et gémissants au sol ils ne représentaient plus une grosse menace. La chiss s'affala sur sa chaise en soufflant une mèche de cheveux hors de son visage, jambes tendues et bras ballants, vidée mais heureuse.
Dire qu'il y avait si peu de temps, elle regardait décoller un vaisseau de contrebandier qui l'abandonnait lâchement sur un caillou flottant dans l'espace grouillant de malades armés. Et maintenant elle buvait ici, dans Coruscant, tandis que les contrebandiers dérivaient probablement au milieu de nulle part après avoir perdu un moteur et un bout de carlingue suite à l'ouverture explosive d'une certaine boîte que la chasseuse avait malencontreusement "oubliée". Oups.

Avec un sourire malicieux, elle leva son verre, du moins un verre qui traînait là, pour trinquer avec son camarade humain. Pour la dernière fois, peut-être, et du coup ça se fêtait. Nyoko espérait tout de même retomber sur lui un jour, histoire de s'amuser à nouveau. Et puis elle aimait bien le bonhomme, ce qui était plutôt rare.

"Aux combattants de l'espace complètement fous, m. Jakobi. Et à nous qui le sommes encore plus. Santé, Tanlo." Nyoko siffla son verre d'un trait avant de le jeter à l'aveuglette derrière elle, ajoutant un petit salut tout militaire en signe de respect. "Vous auriez fait un excellent Chiss. C'a été un plaisir, et un honneur. Si vous avez un jour besoin de quelqu'un pour couvrir vos fesses, je serai là."

Pas très glorieux, comme discours d'adieu, mais cela avait le mérite d'être sincère. Il y aurait d'autres missions, d'autres batailles, d'autres ennemis, et rien de tout cela ne changerait leur respect mutuel. Une sorte d'honneur tacite de guerrier, quelque chose d'indéfinissable mais qui les liait désormais tous deux.

Et ça, c'était important.
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Dimitrov tenait le comptoir.

Il avait fait ca pendant 30 ans. 30 ans à surveiller la lie de l'humanité (et des autres espèces) à consommer de l'alcool, emmerder les serveuses et se battre pour rien. Il avait vu de tout, des règlements de comptes entre mafieux aux bagarres générales. Mais le spectacle de désolation qui s'étendait devant ses yeux était sans commune mesure.

Caché derrière le comptoir, il osait à peine laisser dépasser sa tête.

Des corps partout. Par terre, affalé contre le comptoir, sur des tables, des chaises. Beaucoup de morts. Ou vraisemblablement, des blessés intelligents faisant semblant d'être mort. Des plaintes ici et là. Les blessures était parfois horribles à voir.

Et le Besalisk. Assis par terre, dos contre le mur. L'homme l'avait massacré. Il l'avait frappé, encore, encore et encore, évitant chaque coup du lourdaud et ripostant par une frappe à exploser un punching ball. La tête de l'alien était à peine reconnaissable.
L'humain n'avait raté qu'un coup, qui avait percuté le mur et laissé une trace concrète dessus.

Et maintenant... la Chiss et lui s'étaient ré-assis à leur table d'origine, discutant joyeusement, ignorant le carnage autour d'eux. Ils prirent tous les deux un verre et... trinquèrent.

" A notre collaboration fructueuse, chère partenaire ! "

Les deux verres s'entrechoquèrent. Le regard de Tanlo devint nostalgique. Leur rencontre dans la grotte, les tourelles mitrailleuses, l'hologramme, leur séparation et retrouvailles bordéliques, le lézard géant avec ses deux haches, son moment de faiblesse devant elle, et cette bagarre insensée. Il regrettait déja que ce fut terminé, et qu'ils allaient devoir se séparer. Business is business. Si ca trouve, demain, ils seront l'un contre l'autre.

" Ce fut très rapide, et pourtant, j'ai l'impression qu'on a été ensemble une éternité sur cette mission... "

Il but son verre. Cul sec, avant de lâcher un "Ah!" et de cligner des yeux.

" Merci pour tout ma belle. "
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